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K.HIBL. RADCI.
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DICTIONNAIRE ENCYCLOPÉDIQUE
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SCIENCES MÉDICALES
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SCIENCES MÉDICALES
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bfxr, KCAl'CRlxn, BêCLARD, H^IIIKR, BF.RTII.I.OX, BKriMEII, BLAC.HE, BOIMCT, BOtlCHACOUHT, BOUImnOX,
BOCLEV (II.), BOOVIKII, BROCA, BROCIIIX, BllO>K.N-;«liQi;ARn, Bl'rUEZ,
•:aL«EII. r.iMPATIA, CKRf^R, UUnCOT. r.llA!>»AIG:<AC, CUAUVEAI', ciiérbau, cohxil, coclier, codrti,
l»\M.Y, ilAIIEVBERG, OAVAI.ME, DEBOOT, nerinHBltr. (a.), DEUOt'X DE SAVIR.XAC,
toFI.Prj':», DEKO^VILI.IER<«, DEPArL, DID\t, DOLBEAC, lU'PLAV (».), ODTROi'LAP, PALRET (i.)t
"M 11^, FO:«<>«»ftr.illVE», FRITX, (SAI.TIER liOlSbIÈRE, G VVARRET, GinAr[>-TEI]LOX, GODFI.IRR, GRA.M>EAV, GRATIOI.ET,
•'I.E>:%IIIU., GniM>LI.E, Gl'BLEIt, GrÉlUHD, Cl UyS ^F.)» HEGIIT, IIOLI.ARD, ISAMBERT, IaCQI'KVIKR, I.ABBK (i.KOX),
LABOI I.BÈ5R, UGMEAU (G.), I.AMCEREArx, LAVERAN,
urtnr (lkov), legooe*)T, le rov dk méricoikt, i^vy (miciikl). li6geoi^, li.na!», i.uné, (.utx, magitot (r.),
MALAGCTI, MALGAIG.XE, MAREV, MARTIIHS, NILLARI), MOREL (B. A.),
OMJCR, OnriLA a.), PAJOT, P\RCIIAPPR, PARROT, PA>TRIR, PERRI.1 (MAURICE), PETER (M.), P0TM%,
BAIOE-DEIjORMR, river, REG!«Al'I.T, IIEVEli. (0.), REV.tAL, ROBIN (CU.), ROGER (II.),
'"ttn, ROTIREAO, ROOGKT, «4I\TR-CUIRE DRYILLE II.), sCHOTZK.NBERGEn (Cli.), SCII11TXB.\BERGCR (P.), >^.D1I.U)T ,
>tK (MARC), SOttUEin\N (L.), TARTIVRl., TRSTRLl?!, TII.UUX (P.),
TOIIRDES, TR61.AT (a.), VELPKAD.
%RRHEni., vmAI. {Hm.) VOILLEMIER, VOI.PIAX, \V;(RLOVO%T, WORVS (i.), WtrRTZ.
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DICTIONNAIRE
ENCYCLOPÉDIQUE
DBS
SCIENCES MÉDICALES
»A. Genre de plantes de k famille des Acanthacées, extrêmement
^ des Gendarussa {voy. ce mot), dont plusieurs auteurs n'en font avec raison
i|jiBie section, et qui s'en distinguent seulement par le grand développement des
Indées qui accompagnent la fleur, ces bractées se touchant par leurs bords et
enveloppant le calice, autour duquel elles persistent, tandis que, dans les Genda-
mm proprement dits, elles sont petites et caduques. UAdhatoda Vasica de
5ees d'Esenbeck, qui est l'ancien Justicia Adhatoda de Linné, s'emploie dans
llnde, suivant Âinslie, comme amer, légèrement aromatique et antispasmodique.
i'js propriétés résident à la fois dans ses racines, ses feuilles et ses fleurs.
t. Paradis.^ 645.— Nbes aiEsbitbbck, In WalUch. pi, Asiat. rarior,, 11(, 102, 105.
H.Bn.
\. g I. Ahatoiiie pathologique et considérations sur les effets
FATBOLDGiQUES DES ADHÉRENCES. Les adhérences consistent dans l'union accidentelle
de soriaces naturellement contiguês. Par cette définition, nous éliminons la réunion
de surfaces accidentellement contiguês, telles que celles qui résultent de plaies^ de
brûlures, d^ulcères de diverse nature, de fractureSy etc. (Voy, ces mots.) Pour
les sdutions de continuité des os, voyez Cal. Pour les adhérences et cicatrices vi-
cieuses, voyez ce mot. Nous ne traiterons pas non plus dans cet article des adhérences
congénitales qui sont étudiées dans les articles spéciaux de tératologie.
Ainsi limitées aux surfaces qui sont naturellement en contact, les adhérences se
divisent ainsi qu'il suit : 1® Adhérences des membranes séreuses ; 2® Adhérences
des membranes synoviales; 5° Adhérences de la surface interne des vaisseaux;
4* Adhérences des membranes muqueuses; 5^ Adhérences de la peau.
Mode de formation. Les adhérences sont le résultat de l'ensemble des phéno-
mènes désignés depuis Huntor sous le nom d'inflammation ndhésive. Dans toutes les
surfaces cutanée, muqueuse ou séreuse, la première condition nécessaire à une
adhésion est la chute de l'épithélium qui les tapisse h l'état normal. Si l'épithélium
est bcile à détacher, s'il ne forme qu'une seule couche, la membrane sous-jacentc
contractera des adhérences avec bien plus de facilité que si une couche épithélialc
DICT. ESC. II. i
k^u
9 ADHÉRENCES.
solide ou plusieurs couches la recouTraient. C'est ce qui explique oomnieni les»
séreuses, dont la couclie épilhélidle tombe à la plus ié^'ère iiiflammatiou, sont si
souvent le siège d'adlitTcnces, très-nu*es, au contraire, à la surbce des muqueuses.
En même temps que l'épithclium tombe, la membrane s*injecte, se Tascularise, il
se produit de petites eocb\moses dans son intérieur, et sa surface se recouvre bienUU
d'une couche de nouvelle formation plus ou moias épaisse, sous forme d'une mem-
Ijrane, d'un réseau à mailles, ou de granulations. Cette couche nouvelle est compo-
sée de noyaux et de cellules fusiformes, et de fibrilles de tissu iamiiieux ; elle est
inroonrue bientôt par un rèiieau de capillaires en communication avec les vaisseaux
de la membrane qui lui sert de soutien. Lorsque deux pseudo-membranes ainsi for-
mées sur les deux surfaces opposées d'une cavité close restent au contact Tune
de l'autre, elles s'unissent, leurs vaisseaux s'anastomosent, leur tissu laniineux
devient plus dense et tout à fait organisé. Alors une adhérence solide est définitive-
ment constituée.
Telle est l'expression la plus simple des phénomènes qui se succèdent dans Tin-
llammation adhésive ; c'est au moyen d'une fausse membrane qu'elle a lieu ;
mais il faut distinguer soigneusement cette fausse membrane formée d'éléments
jeunes de tissu conjonctif, et qui tend à une organisation définitive, des produits
d'exsudation et de transsudation qui se montrent à la surface des membranes en.
flammées. Ces derniers consistent en épanclienients liquides de nature albumineuse,
et en coagulations fibrineuses qui écartent l'une de l'autre les surfaces qui les sécrè-
tent. Ces transsudatioiis solides ou liquides ne peuvent pas s'organiser, elles soni
résorbées peti à peu lorsque s'établissent les adhérences définitives, et les anatomo-
pathologistes les plus autorisés s'accordent à les regarder comme un produit excré-
mcntitiel dans les phiegmasies. Ces exsudations alburoino-fibrineuses sont fré-
quentes surtout sur les séreuses ; elles sont rares à la surface des muqueuses ou
de la pean ; le caillot fibrineux qui remplit le calibre des veines dans la phlébite
agit comme elles pour empêcher ou retarder l'adhérence des parois vasculaircs.
Forme et structure. Les adhérences, devenues solides et permanentes, sont
très-variables dans leurs formes : tantôt elles sont bornées à un feuillet mem-
braneux plus ou moins étendu, dont les deux faces sont intimement soudées aux
deux membranes primitivement désunies ; l'adhérence est alors immédiate, intime^
et lorsqu'elle est mince et peu dense, elle doit être regardée comme la terminaison
la plus heureuse do l'inflammation adhésive. Mais parfois la membrane inteqneéo
|)cut devenir épaisse et dense, en même temps que les séreuses qu'elle unit s'hyper-
trophient et s'indurcnt d'une façon prodigieuse. C'est ainsi que M. Cruveilher rap-
porte avoir \n des membnuies pleurales organisées qui avaient jusqu'à quatre cen-
timètres d'épaisseur. D'autres fois, et c'est le cas le plus iréquent, les adhéreno»
sont filamenteuses, rubanées, et les sinfaces où elles prennent ioéiertian restent ft
une certaine distance Tune de l'autre. C'est sous cette forme que se montrent le
plus souvent les adhérences du poumon, les brides péritonéales qui jouent un li
grand rôle dans les maladies abdominales ; plus ou moins longues, plus ou moina
denses, ces brides filamenteuses, loi^iu'elles sont peu nombreuses et ceUuleuiios,
IHîrmettent les mouvements dos organes et apportent peu de gêne a leura foudiooa.
La structure des adhérences est celle des tissus do sulislance conjonctive ; on j
trouve des faisceaux de libres, des cellules et des noyaux de tissu lamineux ; soufeof
aussi elles |)ossèdent une asses grande quantité de fibres élastiques. On voit dans
leur intérieur, et on peut injecter des vaisseaux qui sont artériels, veineui ei capil-
Ittires, ciixiulalion qui communique avec celle des deux surlace» où elles s'imph»-
ADHÉRENCES. 5
(ent. Ou lie sait pas si elles possèdent des lymphatiques ; quant aux nerfs de ces
adhérences, ils ont été signalés dans les fausses membranes de la plèvre et du périr
toine sus-hépatique par Yirchow. Leurs propriétés physiologiques sont en rappoil
arec leur structure; elles sont d'autant plus résistantes que leur tissu possède mie
texture plus dense, et elles jouissent, à un certain degré, de la rétractilité qui ap-
partient aux tissus cicatriciels.
Les adhérences peuvent subir diverses transformations de tissu et même devenir
ksi^e de lésions morbides.
(a) On trouve quelquefois, dans les adhérences dues à une péritonite chroni^
que, des granulations sphériques de la grosseur d'un grain de millet à un petit pois,
dues, se laissant très-difficilement écraser ou dilacérer, peu nombreuses, n'ayant
d'importance que parce qu'on peut les confondre au premier abord avec les granu-
btions tuberculeuses ou cancéreuses, dont elles diflèrent complètement à l'examen
microscdpiqiie. Elles sont en effet constituées par des faisceaux concentriques de
tissu laraineux et élastique contenant des corpuscules espacés du tissu cellulaire.
Ces granulations peuvent aussi s'incruster de sels calcaires.
{b) Les adhésions fibreuses peuvent se transformer en un tissu d'aspect carti-
lagioeux ou osseux. Des cellules cartilagineuses se rencontrent fréquemment dans
les adhérences fibreuses qui unissent les surfaces articulaires dans les cas de rhu-
matisme articulaire chronique. Le dépôt de sels calcaires se fait par plaques plus ou
moins considérables. Il n'est pas rare, par exemple, de voir ces membranes ostéi-
formes tapisser à la manière d'une cuirasse la plèvre costale. On trouve souvent
aussi, à la partie inférieure de l'arachnoïde spinale, des plaques minces, dures, na*
crées, ressemblant au cartilage, qui paraissent n'apporter aucun trouble aux ibiic-
tioQs, et sont constitutées histologiquement par des corpuscules allongés de tissu
cellulaire entourés de granulations calcaires.
(c) L'une des altérations anatomiques les plus importantes des adhérences est
œlle qui consiste dans la présence de néo-membranes vascularisées, qui ressemblent
au premier abord à des ecchymoses et qui contiennent des vaisseaux à parob minces
dont la rupture détermine si souvent les épanchements sanguins dans l'arachnoïde^
les plèvres, le péricarde, le péritoine et la tunique vaginale.
(d) Les granulations tuberculeuses qu'on trouve presque toujours à la plèvre
dans la phlhisie pulmonaire se développent très-souvent dans les adhérences pré-
existantes, et peuvent aussi, par leur présence sur la plèvre, déterminer consécu-
tivement une pleurésie limitée et des adhérences. Elles se lient quelquefois à la
présence de néo-membranes vascularisées. On les rencontre, en quantité parfois con-
sidérable, dans les adhérences de toutes les séreuses, et en particulier de la plèvre,
du péritoine et du péricarde. (Pour la structure des granulations tuberculeuses,
voyez le mot Tubercule.)
{e) Les granulations cancéreuses peuvent, comme les précédentes, envahir
les adhérences préexistantes ou devenir leur cause productrice. Elles suivent géné-
ralement ce dernier mode, et sont observées le plus souvent au péritoine, ce qu'ex-
plique la fréquence des cancers de l'estomac, du foie et de l'utérus. Dans presque
tous les cas, la séreuse de l'organe atteint devient le siège de granulations cancé-
reuses qui déterminent la production d'adhérences par péritonite. On peut rencontrer
dans certains cas des adhérences très-épaisses, aplaties ou cylindriques, formées par
un tissu complètement dégénéré, donnant ù la coupe du suc concéveux. (Pour la
structure des granulations cancéreuses, voyez le mot Cancer.) C'est ainsi que par
des adhérences cancéreuses sont unis le mésentère avec les parois abdominales.
4 ADHÉRENCES.
que les anses intestinales adhèrent les unes avec les autres ou avec le Ibie, Tuté-
rus, etc.; que la cavité du petit bassin est complètement remplie par les adhérences
des oignes qui y sont contenus les uns avec les autres et avec les parois osseuses,
d'où la compression des nerfs sacres, celle des uretères, et ses suites, distension
du bassinet, pyélo-néphrite, etc.
La surface interne des veines et même des artères est le siège fréquent d'adhé-
rences et d'obturation complète par des bourgeons et des masses de nature cancé-
reuse qui prennent leur implantation aux parois de ces vaisseaux. Indépendam-
ment de ce mode de formation, nous avons oteervé récemment le suivant : dans un
cas de cancer utérin, la veine iliaque était imperméable ; sa cavité était obturée par
un caillot ancien dense, contenant des cristaux d'hématoidine ; entre ce caillot et la
surface interne de la veine se trouvait une membrane œlluleuse qu'on détacliait
facilement du caillot où elle adhérait d'un côté, et de la membrane interne où elle
adhérait de l'autre côté, et sur laquelle siégeaient de nombreuses granulatioiis
cancéreuses ; les parois de la veine étaient saines.
Telle est la structure des adhérences, que nous allons maintenant étudier suc-
cessivement dans les divers systèmes organiques.
i^ Adhérences des membranes séreuses. Les séreuses où on les observe sont
la plèvre, le péricarde, le péritoine, l'arachnoïde, la tunique vaginale, les gaines
tendineuses et les bourses muqueuses sous-cutanées. Nous comprenons aussi dans
le même groupe les cavités accidentelles qu'on peut rapproclier des séreuses telles
que les kystes, les sacs herniaires, etc.
Les conditions les plus favorables à la formation des adhérences se trouvent
réunies dans les séreuses; la facilité de desquammation, de leur épithélium,
leur contact habituel ; ainsi s'explique leur extrême fréquence, telle qu'on peut
dire que chez les sujets arrives à une période avancée de la vie, la présence d'ad-
liércnces oelluleuses plus ou moins étendues des plèvres est la règle, et leur absence,
l'exception. Il en est à peu près de même des adhésions de la face convexe du foie
avec le péritoine diaphnigroatique; chez les femmes âgées on trouve souvent aussi
des adhérences des annexes de l'utérus au péritoine pelvien. Elles sont presque
toujours le résultat d'une inflammation, qu'elle soit primitive ou consécutive à un
traumatisme, à une plaie pénétrante, qu'elle ait ou non donné lieu à des symptômes
pendant la vie. La fréquence des adh^ences pleurales en particulier s'explique par
ce fait que toute pneumonie, lorsqu'elle atteint la surface du poumon, et même
souvent les bronchites intenses, s'accompagnent d'une pleurésie limitée, avec épaii-
cliement généralement très-minime, de telle sorte que les symptômes de cette pleu-
résie passent inaperçus ou sont difficiles à percevoir ; mais elle n'en laisse pas
moins après sa disparition des adliérences persistantes. Pour M. Cruveilhier (Ana-
tomie pathologique générale^ tome I, p. 276), la pleurodynic simple n'est autre
que l'inflammation glutineuse de la plèvre; mais ce n'est pas le lieu d'examiner cette
question.
Les adhérences de Varachnotde sont très-rares et i*ésultent de méningite simple
ou tuberculeusse, de tumeurs de la dure-mère, des parois osseuses du crâne, etc.
Les adhérences du péricarde sont aussi peu fréquentes ; sur 500 autopsies faites
par Gairdner, il en a trouvé 15 cas; celles-ci peuvent être partielles, filamenteuses,
de telle sorte, par exemple, que la pointe du cœur soit seule ûxée au péricarde
pariétal par une Inide plus ou moins longue, ou au contraire générales, de telle
sorte qu'il en résulte une oblitération complète du |)éricarde.
Au péritoine f les adhéreiK'cs se présentent le plus souvent comme la suite d'une
ADHÉRENCES. 5
péritonite localisée, péri-hépatique, péri-splénicpie, ou pelvi-péritonéale. Dans les
deux premières de ces variétés, elles offrent peu de gravité par elles-mêmes, et
passent souvent inaperçues ; mais il n'en est pas de même dans la troisième, où
elles peuvmt, suivant leur siège, s'opposer à l'accomplissement régulier des fonc-
tions utérines, de la menstruation en particulier, et, lorsqu'elles prennent leur
insertion sur l'utérus, causer des déviations et des flexions de cet organe. {Traité
des maladies de Vvtérusj par HH. Bemutz et Goupil, tome II, p. 459 et suivantes.)
Lorsqu'elles succèdent à une péritonite générale, les anses intestinales, agglutinées
dabord par des fausses membranes moUes fibrineuses ou organisées, deviennent,
par les progrès de l'organisation de ces dernières, intimement unies, d'où résulte
h gêne des mouvements péristaltiques et de la digestion. Ces adhérences aussi
bien que celles qui se forment entre les intestins et l'utéiiis ou la vessie, entre
]*épiploon et les parois abdominales, entre l'appendice coBcal et la séreuse voisine,
peuvent aussi devenir le point de départ de l'étranglement interne. Par suite d'in-
flammation chronique du sac herniaire, il se forme aussi des brides dans sou inté-
rieur, des adhérences de l'épiploon ou de l'intestin avec ses parois qui peuvent
causer l'étranglement herniaire.
Les adhérences s'établissent absolument de la même manière lorsqu'elles résul-
tent d'une plaie par instruments tranchants, piquants ou contondants ayant pénétré
dans la cavité de ces séreuses, ou que, déterminées par 1 inflammation de l'un des
of^nes qui y sont contenus, elles précèdent une perforation par laquelle s'évacuera
le liquide d'un abcès, d'une poche hydatique, de calculs, etc. Si la terminaison de
pareilles perforations est heureuse, les adhérences de l'organe à la paroi n'en per-
Msteront pas moins et pourront devenir le point de départ d'accidents nouveaux.
Les adhérences partielles interceptent quelquefois dans les séreuses des cavités
limitées ou clapiers contenant de la sérosité ou du pus plus ou moins altéré. Cette
disposition anatomique se remarque dans les pleurésies enkystées, dans les périto-
nites sus-hépatique ou pelvienne. On a vu le grand épiploon contracter des adhé-
rences par ses bords, et simuler une ascile dont l'autopsie seule a pu révéler le
>iége. C'est principalement dans les séreuses que s'observent les granulations tuber-
culeuses ou cancéreuses des pseudo-membranes et les adhérences de nature cancé-
reuse par des brides plus ou moins épaisses, dans un état de dégénération plus ou
moins avancé. C'est ainsi que le foie adhère si souvent à l'estomac dans le cancer de
res deux organes ; que des anses de l'intestin grêle , que le rectum et la vessie sont
unis à l'utérus lorsqu'il est aflecté de cancer.
Vinfluence qu'exercent les adhérences générales sur la santé de l'individu varie
nécessairement suivant la séreuse qui en est le siège, et suivant que l'adhérence est
purement celluleuse, sans traces d'inflammation ou, qu'au contraire, il existe en-
core un état inflammatoire chronique. Des adhérences générales peuvent se ren-
contrer à la plèvre sans qu'elles aient donné lieu à aucun symptôme pendant la
vie ; mais si elles succèdent à une pleurésie dont l'épanchement considérable d'a-
bord met très-longtemps à se résorber, de telle sorte qu'en même temps que les
adhérences s'organisent, la plèvre viscérale s'épaississe, alors les parois de la poi-
trine reviendront sur elles-mêmes à mesure que l'épanchement diminuera, et il
eu résultera une déformation des parois costales dont le mécanisme et les effets ont
été parfaitement décrits par Laennec. (Vay. Pleurésie curoxiqoe.)
Pour la séreuse péricardique, plus encore que pour la plèvre, il semblerait a
priori que son oblitération complète par des adhérences celluleuses dût être in-
compatible avec la liberté des mouvements normaux du cœur, et telle est l'opinion
(S ADHÉRENCES.
de Senac, Ilaller, Morgagni, Corvisart: cependant des faits parfaitement concluants
observés par Laennec, Bouillaud et Bertin ont prouvé d'une façon irrécusable que
l'oblitération du péricarde par des adhérences intimes et complètes pouvait ne se
révéler pendant la vie par aucun trouble de la circulation ni de la respiration. Tous
les anatomo-pathologistes ont vu des faits semblables, et nous en avons nous-mème
observé récemment un cas.
Lorsqu'on a noté pendant la vie des phénomènes morbides du coté du cœur, tels
que palpitations, dyspnée, diminution du second bruit du cœur (Aran, Recherches
mir les Adhérences du péricarde. Archives, 3* série, tome IV), etc., ils se rap-
portent moins aux adhérences qu'à une péricardite chronique, ou à des altérations
du cœur lui-même. Ces altérations du cœur, qui n'existent pas constiunment, sont
l'hypertrophie, b dilatation des cavités, la dégénérescence graisseuse et les chan-
gements de position. (Vay. Pébicardite curokique.)
Les adhérences celluleuses générales du péritoine domient lieu à la rétraction
des parois abdominales et à des troubles digestifs, perte d'appétit, constipation, et
souvent aussi, comme nous l'avons déjà dit, à l'étranglement interne. Mais, qum-
que grave, la phlegniasie pseudo-membraneuse du péritoine qui donne lieu à la
formation d'adhérences, est loin de présenter la même gravité que son inflamma-
tion purulente, dont la terminaison presque constante est la mort. (Voy, Périto-
nite GURORIQUE.)
II se forme encore des adhérences celluleuses lorsqu'un corps étranger se trouve
inclus dans une cavité séreuse, et nous avons récemment observé un produit de
grossesse extra-utérine péritonéale, fœtus de cinq à six mois calcifié, qui se trou-
vait depuis nombre d'années dans le péritoine, où il adhérait au grand épiploon.
3* Adhérences des membranes synoviales. Ce groupe comprend les séreusi^s
articulaires, dans lesquelles la formation d'adhérences entraîne l'immobilité
de la jointure on ankylose. Prévenir la formation des adhérences articulaires dans
le plus grand nombre des cas, la favoriser au contraire lorsqu'elle est le seul moyen
de conservation des membres, tel est le double hut que l'art doit se proposer dans
le traitement de phlegmasies articulaires. C'est toujours, en eflot, à une plilegma-
sie, soit aiguë, soit chronique, de cause rhumatismale, goutteuse, scrofuleuse, etc. ,
ou traumatique, qu'on doit rapporter la formation des adhésions des synoviales.
Il i^era pourtant examiné ailleurs jusqu'à quel point l'immobilité longtemps pro-
longée peut être la cause d'une anblose vraie. (Voy. Akrtlose.)
Nous ferons seulement remarquer ici que, dans les articulations immobiles, sur-
tout au voisinage des fractures, il peut se présenter une usure des cartilages et une
formation nouvelle de tissu cellulaire à leur place, processus pathologique qui doit
être rapporté à une inflamnuition chronique. Nous avons obsené cette année, chei
une vieille femme qui avait éprouvé, depuis un grand nombre d'années, une frac-
ture au tiers moyen du fémur avec consolidation vicieuse, un cas qui justifie notre
manière de voir ; chez elle l'articulation du genou présenUit une érosion partielle
du cartilage dont les cellules étaient en régression graimio-graisseuse. A la fhvo
des perles de sulistance du cartila^'c s'était formée une membrane de tissu ct»IIn-
lairc en continuation directe avec la synoviale périphéri(]ue. Les transformations
diverses qui précèdent la formation des adliénMict»s articulaires seront étudiées à
l'article Arthbite, et quant aux formes variables des adhérences articulaiivs,
comme elles restent du domaine de V ankylose, nous nous homeronsàdiiTqu'il existe
deux formes pricipales d'adhérences, Tune (ankylose fibreuse ou par amphiar-
throse) dans laquelle les extrémités o^v-vuses, dépouillées de cartilage, sont réunies
ADHÉRENCES. 7
à l'aide d'un tissu fibreux à la manière des articulalions amphiarthrodiales; Tautre,
((ndafhse osseuse) , qui se divise en plusieurs variétés, tantôt elle est périphériquey
Jes extrémités articulaires intactes, du reste, étant unies par une gaine osseuse com-
plète ou incomplète, formée parfois par des trabées ou jetées osseuses périphéri-
ques; tantôt elle s opère par fusion des deux os, fusion qui peut être telle dans
certains cas qu'on ne peut pas reconnaître où finit l'un et où commence l'autre.
D'autres fois enfin, un disque osseux est interposé aux surfaces articulaires. M. le
professeur Cruveilher rapporte en avoir vu un cas pour l'articulation du genou.
5" Adhérences de la surface des vaisseaux. L'adhérence de la surface
ioteme des vaisseaux constitue leur oblitération, qui joue un rôle si important
dans l'iiistoire pathologique des artères, des veines et probablement des lym-
phatiques. L'adhésion des vaisseaux se fait suivant deux modes : 1° par pseudo-mem-
hrane, ce qui n'a lieu que lorsque la circulation est complètement interceptée, et
S" par caillots sanguins adhérents à l'aide d'une pseudo-membrane qui se développe
rapidement entre le caillot et la paroi interne du vaisseau.
Une adhérence normale à l'état physiologique peut servir de type du premier
mode, c'est celle qui a lieu à la naissance lorsque le sang cesse d'arriver dans
l'ordre de vaisseaux qui est particulier à la vie fœtale, telles sont les artères ombi-
licales et le canal artériel d'une part, la veine ombilicale et le canal veineux d'autre
port. Ces vaisseaux étant vides et à parois contiguës, l'adhésion a lieu; cepen-
dant il arrive quelquefois que la circulation du sang n'ayant pas été complètement
interceptée, il reste des caillots sanguins adhérents dans un certain nombre de
points. Ainsi M. GruveiUier dit avoir vu plusieurs fois le canal artériel oblitéré par
adhésion pseudo-membraneuse à ses extrémités, et par du sang coagulé à sa partie
moyenne, laquelle était restée dilatée, sphéroîdale, d'où l'idée d'un anévrysme con-
génial du canal artériel, idée complètement erronée.
L'adhérence vasculaire pathologique est la conséquence a, de la compression,
b. de la ligature d'un vaisseau, c. d'une altération organique des parois vasimlaircs,
d. delà propagation aux parois vasculaires d'une lésion des parties voisines, e, d'une
inflammation des vaisseaux.
a. La compression des vaisseaux devient une cause d'adhérences lorsqu'elle est
portée au point d'intercepter la circulation en maintenant les parois rapprochées.
Ainsi, par rapport aux veines, les sous-clavièrcs et la veine cave descendante étaient
complètement oblitérées dans un fait d'anévrysme de la crosse de l'aorte observé par
&I. Cruveilher. On peut parfois séparer les parois veineuses acculées, à l'aide d'un
stylet introduit dans la portion de la veine encore libre qui avoisine l'oblitération.
Par rapport aux artères, on a vu des exostoses, des tumeurs fibreuses et autres, qui
comprimaient fortement ces vaisseaux, soit en les aplatissant, soit en les entourant
(iaiilairement, finir par amener leur oblitération.
b. La ligature est le vrai moyen d'obhtèration des artères. Cette oblitération a
lieu par pseudo-membrane, immédiatement au-dessus de la ligature et par caillots
adhérents jusqu'aux artères collatérales les plus voisines. La stagnation du sang est
une cause d'inflammation adhésive; il se forme entre le caillot et la paroi une mem-
brane très-rapidement organisée qui assure loblitération.
c. Valtération des parois vasculaii^es est souvent la cause de leur adhésion,
elle a pour conséquence la formation de caillot et de membrane celluleuse périphé-
ri(|ue au caillot.
d. Les lésions inflammatoires tuberculeuses ou, cancéreuses qui avobinent le
vaisseaux ont souvent pour conséquence leur oblitération ; mais tandis que les
s 1IiB£BE5C£S.
aiims wêL «avMt îaaltcnUcs la flâiieB des iétinf wgmifnrt Ik ykm cava-
bifiUdDftfi», ks veâiff. «i «OBÉnirf , Mot fKwpie UKqBm% aitànee^. Iîba, éHv les
aUx» |Mr ofngwJMi, TaBrle tA imi%età iifare, landi» ^ae h vÔÊÊt «ave est «àfilêm-,
I» tuoieim fyurafad» furff^aal à b kà» nue arUre «1 WÊt vemt^ etÊt^ csft
fvfsiqiie iaajgnn wtUâÊBàe tiiir <}ae rarière étiia|i|ie i la fmuigiiiMi 4i caaoer ;
fTfMiitTff «■ lient tnwvcr anaî k» aitère» dégéoérées H oUitcrôos, «k for îles
eailittls, wil |ar <k» baargeoas t ifx'rcuT, mak trfs^mcaieat. Les iôks, an oon-
t»re, iofll fÊPoqae iaBJ/uan rtmfAits for ds cailioCs catflcm^ farfoû de h n»-
ûère onotreoM', «■ par de» boarg^oBs de même oatnre nés de leois (■rak, avec
«I taa^hfertanàMmit <«fl£»-cL ?So«s avais dit pmédenoie^ <fÊe des çniHil»-
ÛH» caKéreoM» paoraical aiiaû eof^bîr b fisciidoHDeadfaraiie qm «BhMve lecaâl-
lot, 1» fflrottde b «eme resUat uorouks.
r. L'in/kmmclâMK da miiteamx. ipat «tie ■nfammaJiM soit fnmitJTe et qui
eft nre, qa'dle foîl OMbécathe à m traoDtttkoie, i aœ pbie, à «b cailbl qui
pTOHiqK rinfammaJiM des (oroîs, à b résorpùao piinilenle.. Hc., elle a toujours
paur cAl VdtààknÊMm dn Taiaé£ao. Lorsque Tolilitéralîai est ^^«fwf>^^ et panenoe
Ifoa plyf baut degré, le caillot suiçnin, aprê» s'être décoloré, nmoUi, et oTotr
aàà louCeé les traufiirmationi ré^e^éite^ de b ûLriiie, e«t rempboée par une
idlitmaf puiiiiaeMt fonoée de tissa cdlobire, et b Teine, par eiemple.est rakiile
â ■■ fioidoo fiLreiix«
¥ Aikéremeu des WÊewérmme$ wmqÊtutet. Les mtMpMuses, oipuitsres de
bçoB I être en «eotaet eoBliiiael avec deç cxiqis étrangers cooime les matières ali-
■Beotaireft on avec des produits de sécrétion, tapis!>ées par un épithélinm solide, et
géafraleiuent I phiûeurs eondieSy sont rarement le siège d*adhéraioes qui néce^-
«fteat, pour s'y produire, ou une perte de saletance, ou une inflammation a^iex
|«o&Mide pour produire b chute complète de b couche épithéliale et b mise à nu
du cfaorion muqueux. Cest ainsi qu'on a rapporté des cas d'adhérences des pau-
pières aux globes ocnbiresa b suite d'ophthaîmie falennorrhagique, des adhéraiDes
des lèvres, dn voile du pabis avec b paroi postérieure du pharynx, de b niupieuse
des joues avec celle des gencives a b suite de stomatite ulcéreuse et particulière-
ment mereuridle; on connaît le cas si remanjuahle inséré dans le premier Tuinme
des Actes de Copenhague, d'une jeune fille chez laquelle les parois de l'cesopha^c
ftNitraHcrent, a b suite d'une variole, des adhérences qui s'opposèrent â b déglu-
tition. Les poisons caustiques, l'acide sulfurique, par exemple, ont pu déterminer
des ukérations et des adhérences de l'opsophage. Nous avons présenté à la Société
anatomique (BuUeiitit, 1 803; un cas où des adhérences produites sur des ukérations
tuberculeuses de l'intestin avaient considérablement rétréci le calibre de ce con-
duit.
L'oUitération des conduits muqueux est d'autant plus facile que ces conduits
euv-méme» sont plus étroits; aussi rien n'est plus fréquent que l'oblitération dos
conduits lacnmaux,d'oà l'épiphora, du canal nasal, et de b trompe d'EusLtche, mi
une inflammation suflit pour mettre leur surface en contact, favoriser l'établisse^
ment d'adhérences persistantes, et produire ainsi les tumeurs bcnmales, la sur-
dite. Les inflammations si fréquentes des voies biliaires déterminées par les calculs,
se terminent parfois aussi pr des adhérences.
1j mw|ueuse des onzaiies génitaux, celle de l'urètlire dans les rétrécissements
cicatritiels avec brides, celle du vagin a b suite de vaginite intense, d'aocoudie-
ments bborienx et de déchirures, celle du col et du corps utérin â la suite de
métrite nous en offrent aussi des exemples. Ces adhérences de b surface interne
ADHÉRENCES. 9
deluténis ou des trompes, aussi bien que les adhérences du payillon des trompes
soil à Tut^nis, soit à un point quelconque du péritoine pelvien, signalées par Wal ter
et Meckel chez les fiUes publiques, où elles sont si fréquentes, pervertissent tou-
joars plus ou moins la fonction menstruelle et s*opposent à la conception. Dans
fcrtiines formes rares du cancer utérin que nous avons observées deux fois cette
année, le col est seul atteint, ses parois s'hypertrophient, la cavité du col s'oblitère
à tel point qu'on n*en trouve plus vestige, et derrière lui, le corps de l'utérus se
dilate de façon à ressembler à une vessie pleine, ses parois s'amincissent et il se
roDplitdepus.
5® Adhérences de la peau. La peau n'étant contiguë à elle-même que dans
une très-petite partie de son étendue, et de plus les couches épidermiques lui for-
ffluil une épaisse enveloppe, la peau ne saurait être le siège d'une adhésion avec
elle-même que lorsque les deux conditions suivantes seront remplies : en premier
lieu, que Tépiderme aura disparu par une inflammation ou une plaie ; en second
lii^,que cette lésion siégera dans des points spéciaux, comme auprès d'un orifice
naturel, sur des plis, ou aux extrémités. Ces conditions remplies, les surfaces mises
en contact ont une grande tendance à l'adhésion ; c'est ainsi que, dans le traitement
des bnUures des doigts, le chirurgien doit lutter contre elle par l'interposition d'un
corps étranger entre ces appendices; souvent, à la suite de brûlures, les doigts
restent unis | ar une adhérence solide, ou bien ils se renversent sur le dos ou la
paume de la main ; le bras, l'avant-bras peuvent rester fixés au tronc, et même la
nain contracter une adhérence avec un point de la face. Ces faits rentrent dans
ielude des cicatrices vicieuses (voyez ce mot). 11 en est de même des cas de co-
nittationdes orifices naturels, de renversement des lèvres ou des paupières, d'ndhé-
mires des lèvres à la joue, au lobule du nez, etc.
g II. Adbérekces comsidérées cohhe moyen de gué Riso». Nous venons de voir,
en traitant chacune des adhérences en particulier, qu'elles n'ont quelquefois au-
rune influence sur la santé, mais que le plus souvent elles ont des effets nuisibles,
même indépendamment de l'inflammation qui les accompagne lorsqu'elles se
forment. D'autres fois, au contraire, elles sont la seule ressource de la nature pour
sauver les malades, ou plutôt un heureux hasard qui prévient les plus grands dan-
gers ; ainsi l'adhérence de la plèvre pulmonaire avec la plèvre costale peut s'op-
joser à un épanchement sanguin, ou à l'emphysème, lors d'une plaie pénétrante
de poitrine; ainsi quand il y a un abcès dans le foie, l'adhérence qui s'établit entre
ce visf ère et la paroi antérieure de l'abdomen ou le côlon a quelquefois permis de
donner jour au foyer, et a rendu possible le passage du pus à l'extérieur ou son
écoulement dans le canal intestinal, etc., etc. La terminaison même des phlegmasies
des séreuses par l'organisation d'adhérences est heureuse si on la compare k la
temimaison par suppuration ou à la persistance de l'épanchement et des pseudo-
membranes tibrineuses.
Une adhérence peut réaliser le rêve de la cure radicale des hernies, lorsqu'elle
fiie les viscères derrière l'anneau en formant une sorte de barrière qui retient les
inrties dans l'abdomen. Sans l'adhésion de l'intestin aux parois abdominales,
toutes les plaies pénétrantes des intestins, toutes les opérations par lesquelles on
établit un anus contre nature, seraient mortelles. Aussi, dans la plupart des cas,
fart n'a guère d'autre but que de faire naître une adhérence. La méthode de Du-
piiytren pour guérir les anus contre nature est fondée sur l'adhérence qui unit
les surfaces enflammées qui se trouvent en contact.
On n'obtient de guérison radicale de l'hydrocèle qu'en déterminant une vive
1« AD1A9TE.
t, et pu- mit roblHéntioD de la cmié de la bnûqiie mgnale. Cest
de b Dèfiie maiere qu*oa guérit beaucoup de kystes; la caTÎIé des afaeès,
c«Ae 6a dépôls par oongestioQ, le trajet des (istnles, ne dispanisnnt que par
rjdhmme de looles les parois, que par ToUilératioa oomplke des caTÎtés. La
cure 4i hec de Uèvre, el toutes les opérations si Dombreuses el si pefiscti^nnécs
aujondliaî de la chinu^ plastique, sont éisialemeot foudées sur la doctrine de
ridbflHBatîoo et de Tadhésioo qui eo résulte.
Les ligatures appliquées sur les Taisseanx pour arrêter les béeionliagies n*ool
d*«fliet certain qu'en déterminant une adhérence qui les oUiière. Cert encore â
1* onâoB des parois rasculaires, à Toblîtération des vaisseaux qn*oo doit rapporter la
gaagfftoe, b drale el la guérison spontanée de certaines tumeurs.
L'art dnnirgîcal, et prticalièremeiit les opérations d'autopbstie ont «ne grande
puissance contrp les adhérences extérieures pour les laire disparaître on en dimi-
nner les incouTénients, tandis que les adhérences intérieures, celles pur exenpie
àes aiCiUis séreuses, sont destinées â persister indéfiniment, sans aucune chance
de disparition spontanée; mabalorsque l'inflanmiationqui lesacanaéesa&fani»
elles pensent être aaseï molles et lâches, bien qu'organisées, pour ne causer ancone
gène â h fimction de Torgane. Dans certains cas, une gymnastique appropriée et
les moyens orthopédiques auront mie grande influence uiédicatrioe. Nous citerons
comme exemple la cure des scolioses qui résultent d'adhérences pleurales, et
celle des roÂan articulaires. V. Coasa.
rrmU€naiêmie fêOmUpqme 9émértàe. tom. I"-, 3* clase des adhèâons. hàhè-
da péricwde. ^ Fbkhocb. ïnanékmck éer tpeeieUm PmUÊÊiê§ie maé Tfterape von
Tircfaoïr. T« ToL. Il' paitie, p. 258 et suIt. — Adhérences de U plèvre, Wimia, nêne ou-
XTipe, Y* Tc4.. I~ partie, p. 225 et suiv. C.
MBÊMSSïïK iAdiatauM L.). Genre de plantes cryptogames de h famille des
Fougères et de la tribu des Polypodiacées (lojf. ces mots), caractérisé par des spo-
ranges groupés en masses arrondies ou linéaires, nettement séprées les unes des
autres et placées â rextrémilé des pinniiles des feuilles, au niveau du sommet des
nernves. Qiacune de ces sotbs est recouverte d'un indusium ou membrane cou-
time avec le borJ même de la feuille, qui se replie pour la Ibrmer, et s'ouvrant
par son bord interne pour laisser libres les sporanges qui s*ou^Tent chacun a l'aide
d'un anneau élastique à peu près cimdaire. Les sores occupent toujours la f»ce
inférieure des pinnules. Ce genre, tel que Linné laTait établi, renfermait encore
ks genres DapûlUa, UnduBa et Cheilanthes^ qu'on en a séparés depuis : les deux
premiers à cause de h constitution de Vindusiym qui dépend non du bord replié
de h feuille, mais d'une dilatation des nervures, avec déhisœnce extérieure ; et le
diraier par» que les sores s'iusèrent au fond d'un sinus qui unit la roemLnne
au limbe.
Les Adiantes sont des Fougères â ti^e herbacée et ordinairement rampanU*.
Leurs ûondes sont composées ou décomposeras et Irès-rareuieut simples. Les pin-
nules sont on épaisses et cMiices, ou membraneuses et très-délicates, lisses,
gbbres, luisantes, parfois tii^s-minceset truislucides. Leur fonue est variable, mais
souvent invguliàrement polygonale, losaïuique ou trapéioïdale, avec des nervures
partant de b base et rayonnant en éventail, sans s anastomoser entre elles. Ce sont
des plante» communes dans les régions chaudes des deux liémisphères, surtout
dans le nouveau continent, et p!us rares dans les régions tempérées. A ce genre
appartiennent un certain nombre d'espèces emplovées en médeone et auxquelles
ADIPEUX. 11
les pétioles et les pétiolules très-gréles, lisses, noirâtres de leurs frondes ont fait
donner le nom de Capillaires. (Voy. ce mot.) H. Bfi.
L., Cfli., n. 1180 — Etol., Gen., n. 620. — F. Badeh, Gen, Filk , t. LXVI, B.
AMPECX (de adep9y graisse). Les anatomistes ont donné depuis longtemps
(lin du sââàme siècle) le nom de parties adipeuses à celles qui, dans l'économie
uiimaley se distinguent des autres par leur couleur jaune ou blanchâtre, leur
consistance butyreuse, leur solidification très-sensible par le refroidissement qui
luit la mort lorsque la température est basse, et surtout par leur propriété de don*
m de la graisse par ta chaleur.
Aujourd'hui, par suite des progrès de l'analyse anatoroique, dans les parties
adipettsâs comme dans chaque groupe des parties similaires de l'organisme^ on
distingue et doit décrire successivement : V les parties élémentaires ou éléments
anatomiques adipeux ; 2° le tissu que forment ceux-ci par leur réunion et leur
arrangement réciproque entre eux et avec d'autres éléments ; 3® le système anato-
mique que représentent par leur distribution dans l'économie les diverses portions
de ce tissu : système dont Ilaller et plusieurs de ses prédécesseurs avaient déjà
(«nté la description, bien que l'importance du rôle qu'il remplit par rapport à la
nutrition de divers autres systèmes ne fût pas encore nettement connue.
1. CELLULES AOiPEUSEs. Syuouymie : Globuli adipis (Malpighi, Opéra amnia.
Londini, 4686, in-fol. De omento,pinguedine et adiposis ductibus, t. II, p. ii).
Ghbuli pinguedinosi (Leeuwenhœck, Arcatia naturx. Lugduni Batavorum, 1 7!22,
in-4 (t. I ou II, selon les éditions), p. 65, fig. 9, iO et il). Vésicules delà graisse
iFontana, Recherches physiques sur le venin de la vipère. IV^ partie, dans son
Traité sur le venin de la vipère. Florence, 1781, in-4, t. II, p. 257). Granules
de la graisse ou granules adipeux (Raspil, Répertoire d*anatomie et de physio-
logie, Paris, 1827, t, III, p. 165). Cellules adipeuses ou de la graisse (Schwann,
Intersuchungeny etc. Berlin, in-8, 1838, p. 141-149). Tous ces noms ne s'appli-
quent exactement qu'à une seule des périodes d'évolution des cellules adipeuses,
relies de complet développement, la seule qui généralement ait été étudiée jusqu'à
présent.
Bien que les parties constituantes élémentaires du tissu adipeux soient connues
depuis longtemps, ainsi que l'indique la synonymie qu'on vient de lire et même
bien décrites , quant à leurs caractères physiques et chimiques principaux, leur
nature anatomique ou organique n'est réellement exactement déterminée que de-
puis peu d'années. En d'autres termes , ce n'est que depuis pou que l'on connaît
leur mode réel d'apparition , les phases de leur évolution normale et morbide, et
les conditions de leur destruction. C'est ce que fera comprendre la description de
Ces éléments.
Parmi les particularités évolutives les plus remarquables que présentent les
fibres lamineuses en particulier, on doit noter celles qui, tant normalement qu'ac-
cidentellement, amènent un certain nombre des corps fibro-plastiques qui rcpré-
SiMitent une des premières phases de leur développement, à posséder l'état de cel-
lule, ayant paroi et contenu distincts ; et cela sans que cette vésicule cesse d'être
en continuité avec les fibres proprement dites, qui physiquement en forment comme
autant d'appendices. (Voy. Ch. Robin, Mcm. de la Société de Mologie, 1864.)
Quant au contenu, il est formé de gouttelettes .huileuses devenant de plus en
plus nombreuses, avec ou sans interposition d'un liquide hyalin, jusqu'à ce qu'elles
sù réimissent en une seule grosse goutte homogène, donnant à une partie de ces
it
iDIPECr
«fae Vdémeai ot né depok
>^
i|Bi ks Mt £ût appeler eellulei &iifemtn et considérer
Bcnne ne représente ancnntnÎR «pi'nne modi-
une pbase de son déTeloppeaMOft q« dânle alors
longtemps déjà, après qu'O a en les cvactères de
I étoile, et a de plos donné naissance à des fibres
pup «lient dites, e! de loagneorconsîdéfable, mais indéterminée.
Arrité i tel on tel degié, ce déieloppement peot en outre oftir une mairche
inverse qui modifie encore la stractore de h Tésicole, sans qne tontefeis râément
tqncnne les cjr^ai tètes de corps liiirofbstMiQe fosiforme on étoile ipi'Q possécbii
an défaul, flans qne ees modifications nouTeUes reproduisent cdles qoi ont eu lieu
améfieuranent et soient on retoor Ters dies.
Les corps fifaro-piastiques devenus ainsi gnnuleax et vcsîcnleax, bien plus gms
qn'ib n'étaient, eonserrent encore quelque temps une finme de fuseau, ou étoilée
avec de nombreuses variétés secondaires de configuration knangique, omde oo en
masMie qui devient pbs tard , suit qihéroidales, soit polyédriques par pression réci-
proque. Généralement ib ne cessent pasde rester en continuité avec les fibres bnii-
nenses proprement dites, auiquelles ils ont servi de centre de génération. Goosi-
dérés individuellement, ils représentent alors ce
qu'on a appelé des cellules adipeuses, caractéri-
sées pr une paroi trèfr4nince, hvaline, sans
granulations, dont le contenu est tantôt unique-
ment grusseuxy très-réfringent» homogène ou à
l'état de gouttelettes accumulées distendant une
enveloppe pourvue ou non de noyau, arrondie ou
polyédrique par oompressioa réciproque, tantôt eu
partie séreux, limpide, en partie à l'état de gouttes
huileuses réfringentes dans l'enveloppe, qui est
quelquefois plissée et irrégulière [fig. ly fr)-
Les phénomènes d'évolution consécutifs à l'ap-
pdritiondes vésicules adipeuses sont d'abord leur
agrandissement, puis la réunion ou fusion gra-
duelle des gouttelettes en gouttes de plus en plus
grosses ; et pendant tout ce temps-là il existe uu
peu de liquide transparent interposé â la proi
et aux gouttes huileuses {fig. 3, h) jusqu'à ce
qu'il ne reste plus qu'une grande goutte seule,
ou acoompgnée d'un petit nombre d'autres pe-
tites. Chez le fœtus, en effet, à l'époque où le
contenu des cellules est devenu homogène, les
cellules sont plus petites du quart à b moitié
environ que les cellules adipeuses normales de
l'adulte.
Souvent, après la réunion des goutelettes du
contenu en une seule grande goutte, les vésicules
adipeuses continuent à grandir encore, de ma-
nière à dépasser leurs dimensions ordinaires du
, double et même du triple. C'est ce que l'on ol>-
srrvc chez les sujets atteinls d'obésité, presque partout, ou seulement dans les
régions Ira plus chargées de graisse, Icllesque la manicllc, les parois abdomi-
•w_
Fk'.l.
taks, etc. Cette hypertrophie des œllulea adipeuses, qui sous certaines incidences
(le b lumière les rend apercevables à l'ceil nu, comme de petites sphémies
bnllinles, s'observe aussi dans le tissu de quelques lipomes.
Une fois arrivées à leur grandeur ordinaire, les cellules adipeuses peuvent s'atro-
|4uer dans les coiiditions d'amaigrissement. Cette atrophie ne va que l'arement, et
dus quelques tissus
Cette résorption du coiileim des cellules adipeuses ne s'accomplit pas d'uiie
manière uniforme. Elle est souvent bien plus prononcée sur les trainëes de cellules
qui JEcompognent les capillaires du ^ssu lamiiienx que dans cellrs des lobules
adipeui voisins. Cliez les sujets amaigris par une longue maladie chronique, elle
1^ parfois tr뻫vaacée dans celles du tissu adipeux sous-cutané, devenu rougeâtre,
Umlig que les cellules du tissu adipeux inter-muscutairc, séparées des précédentes
pu l'épaisseur de l'aptmévrose d'enveloppe seulement, sont intactes.
Ainsi Dornialemenl groupés par places déterminées en amas arrondis (/ù;. Z,a,b),
etaprt» avoir servi de centre à la génération des fibres lamineuses, les corps iibro-
14 ADIPEUX.
plastiques fusiformes ou étoiles, jusque-là sans cavité distincte de la paroi, de-
viennent naturellement le siège d'une production intérieure de gouttelettes huileubCif
qui établissent, delà sorte, une distinction entre un contenant et un contenu;
qui en changent la forme, les dimensions et les caractères physiques. Que re>
gouttelettes graisseuses soient ou non réunies en une seule goutte liomogène,
elles occupent dans réconomie un espace de plus en plus grand, plein d'une matièn*
qui est inactive, en quelque sorte, au point de vue physiologique réel; si ce n'est
en ce qui concerne la formation assimilatrice des corps gras, formation dont les
conditions directes sont mal déterminées.
Ceux des corps fibro-plastiques ayant servi de centre h la génération des fibn^
du tissu hmineu\ qui restent épars dans les faisceaux de ce dernier, présentent
aussi, à certaines périodes de l'âge adulte, ou dans quelques cas morbides, ces mêmes
p:irticularités, sans qu'on connaisse encore les conditions qui font que ce fait a
lieu dans un grand nombre de régions du tissu lamineux et non dans d'antres, ni
dans les tissus fibreux et tendineux, où restent des corps semblables.
A cet égard, chaque individu présente des diflérences héréditaires ou acquises
reman|uables, ne porUint pas sur la nature du phénomène, mais sur le nombre
seulement des corps fibro-plastiques, qui passent à l'état adipeux, dans diva-sc>
circonstances tenant au régime, etc. Chacun oscille en quelque sorte, à ce point de
de vue, entre des limites variables, pouvant aller jusqu'à déterminer des troubles
fonctionnels.
Ces corps fibro-plastiqucs, arrivés ainsi à l'état de vésicules graisseuses, peuvent
ensuite, dans des conditions morbides ou de simple avancement en âge, perdre
leur contenu en totalité ou en partie, sans jamais revenir à l'état primitif offert pr
chacun d'eux avant le début de la production des corps gras ; car chacun rr>te
avccune paroi flétrie, irn^lière, distincte de la cavité, qui est pleine d'un liquide
incolore, granuleux ou non. Ce nouvel état, qui, à proprement parler, constitue
une altération sénile ou même pathologique de ces éléments, considérés indJM-
duellement, concourt à la production de l'état dit d'amaigrissement.
Chez les individus émaciés dont les cellules adipeuses sont en voie de résorption,
on peut en trouver qui offrent depuis le volume normal jusqu'à 0"»*,012 seule-
ment. Celles qui sont plus ou moins allongées, régulières ou non, ont souvent cr
diamctro-là en largeur, sur une longueur de deux à quatre fois plus grande
(/ig. i,6).
Les vésicules adipeuses sont molles , peu élastiques, à la température du cor|]s
et un peu au-dessous ; elles se laissent aplatir ou comprimer les unes contre V^
autres, sans revenir ensuite sur elles-mêmes lorsque la pression cesse.
A une température qui varie suivant les espèces animales et suivant les régions
du corps, les vésicules adipeuses se solidifient. On peut alors les isoler les unes des
autres sans qu'elles reprennent leur forme sphérique ou ovoîdale ; elles conser-
vent la forme polyédrique si, au moment de l'abaissement de la température, elle^
étaient comprimées les unes contre les autres. Ce sont là autant de partiailarité»,
dont nous rend m compte la connaissance de leur composition imniédiate et de
leur structure. Vues à la lumière réfléchie, les vésicules adipeuses sont blandH-s
ou légèrement jaunâtres. A la lumière (ransmise, elles sont homogènes, transpa-
rentes, incolores chez le jïorc, le mouton, les cétacés, etc.; elles sont légèmnieiit
jaunâtres, de teinte ambrée sur le bœuf, davantage chez l'homme, plus encore sur
le cheval.
Chez l'homme, elles sont loin de présenter b même teinte dans toutes l(^
ADIPEUX.
15
:mmm
farliea du corps : c'est aîi») , par e^ieinple, que celles de la moelle des os en voie
d'ilnfihie par une cause quelconque, celles du tissu adipeux sous-cutané qui se
IruDie dans le même cas, ont une teinte bien plus loitcée qu'à l'état normal. Elles
ul uoe coloratiua orangée ou d'un jaune d'ocie vif à reflet vcnlâlre ou roiigeâtre
tt»{n[^isnte et Irès-
ronarqiiable. Cette \ _ ^
teiole peut facile-
mal être constatée
Aa les sujets éma-
□â, infiltrés ou non,
dunt le tissu adipcui
lit jaune raugeâtrc.
{'aie couleur con-
Irule avec celle des
vésicules adipeuses
uonnales du tissu
«iipcui interposé aux
miucles sous-jacenis
iliiSigiondela peau
où l'on prend les élé-
nenis a}Wit ce ton
(Jus fbocé et cette
leinte plus brillante.
FJJc jure encore da-
<iQ(*ge avec ici le
d'oD certain nombre
it cellules conser-
lui Due teinle pâle
ta DÙlieu des autres
ifuiout la coloration
ÏHKxe d-deasus ni>>
l«. Nous verrons
pliH loin que cette
tnnle n'a]^iartienl
ifin contenu grais-
ma des vésicules.
Cei vésicules ré-
riWeat SjrtéDient la
lumière oomme les
OM]* 8W, de telle
"■tï que, .selon
lu'ttks M iJMùvent
|Jacàs eiadcment
lu tii{(r du niicniKopc ou non, elles oITrent u
''ulrû biillant ou vice versa. Cette particularité est Irès-frappaiite, lorsqu'elles sont
Ul DÛlieu d'autres éléments aiialomîques, et les fait paraître beaucoup moins
"'■■^rentes. Elle est cause de l'aspect opaquequc présentent les amas de coules
i^oiinntiveiiienl aux libres, etc., au milieu desquelles elles sont situées. Si elles
uni no^iniées k« unes coutrc les autres, ayant perdu leur forme arrondie.
Fif, i
net et large et i
k
if. iblPECX.
dkf OMCnl de jouer \t rMe de leatiUet et elles iBaotnat ma naloiir nel, bibte-
neat ombré û ék^ tout eudement m bner du micnitcnpe.
Quelle qoe tôt b perieetioa des loAllaqn'oa emploie, elles prâentenl toujours
niK mréole irâée en defaon de lenr bord ou ccolonr propre nettement limiU:.
CeU une particularûé qu'elles partageut aiec les grannUtioa* ou gimtteletlcs
graÎMevfea libres.
Vnafrasioa que loat épnm«er les cdlaks adipeniei id sens du toodier, leur
(rleor et leur saieor, oe loat nunilestes que kvsqo'eUes aoot rfnnies en tissa. Ce
(oot autant de carslfcres qu'on ne |mt pas constater sur les léNcuies isolées ; ce
n'est que pltu loin, en traitant du tissu adipeux, qu'il en sera question, et alon la
connaissaDce de b composition inunêdiate de us i-léroents noos en rendn compte
et nous pennettn de leur rapporter ce que cetle avcur, celte odeur, etc., prû-
lentent de plus taillant.
L'élévation de b température amène b décotnpositiou des vésicules et donne les
produits emprreuoiatîqae* et autres que fournissent les principes graisseux. L'a-
baissement de température n'a pas seulement pour effet de les durcir, de les Ijîre
paaer de l'état liquide à l'état solide; il a sur elles une adioa mcdécnlaiFe. Il fait
puser à l'état solide quelques-uns seulement de leurs principes immédiats (stéarine
ctmarprinej, et alors un autre d'entre eut (oli'ine), qui ne se solidifie qu'au-des-
sous de 0*, se sépare des précédents, se rassemble en une couchede gouttelettes po-
lyédriques irrégulièresi la suriâce de la niasse que forment les premières. Il en rcsuilc
que le» cellules perdent leur état bcnnogène, détiennent granuleuses, oranme ru-
gueuses ^ opaques. Leur apparence est alora fort singulière et ferait cnxre au pre-
mier abord que l'on n'a plus aiTaire à b ménie espèce d'éléments anatomiques.
si l'clé vatioo de l«Dpcnilurc n'amenait la dissolution de l'déine et ne rt^idail
uax véhicules toute leur homogénéité.
Les cellules adipeuses ont un aspect extérieur si dilTércnt de celui de tous les
autres éléments, qu'on n'a guère besinn de recourir i l'action des agents chimique»
pour les distinguer. Aussi est-il peu nécessaire de s'étendra sur les caractères
qu'elle nous fait connaître. Touterois elle sert à montrer quelle est la structure
réelle de ces éléments. L'alcool et l'élher enlèvent, ^près une heure environ d'é-
bnllition, aux vésicules adipeuses une masse de matières grasses presque égale à la
leur, à ([uelqucs centièmes près. Apris évaporaliou du liquide, elles restent, suivant
les espèces animales, sous forme de graine, de suif ou de teindoiix. Pourtant tout
rèlément anatomique n'a pas été dissous; il a conservé sa forme et son volume,
mais duvenu d'une transparence et d'une délicatesse extrêmes ; car les réactifs pK'-
cédenta, eu enlevant les principes graisseur, ont pris leur place dans la cavité
d'une poche ou vésicule qu'ils ont respectée. Si, au contraire, on maintient les
1.1'liiitL? .>jL[)eijses pendant quelques instants dans de l'acide acétique à 40' ou
l>0", ou plus longtemps à froid, c'est l'enveloppe qui est rétractée, tandis que le
cotilctiu gniisseut reste. Celle vésicule n'est jamais complètement dissoute, surtout
si l'ni'Umi a lieu à la température ordinaire ; mais elle est ramollie, pAlie, et la
uioituln-pi-c'vwn en détermine b rupture avec ccouleuient des principes graisscnv.
(■** ràrtinis montrent qu'il entre dans b composition des cellules adipeusp*
i\n prini'i|N'« inmiédiats de deux classes : 1° graisseux ; 2° arotés ; car l'envelopiie
iMi ii'-Miiilc res)M-ct6e par l'élher et l'alcool, attaquée par l'acide acétique, se
loiiiinirlr l'iHnmv les sulwtiiiK-es organiques aiotées. Cette enveloppe aiotée est très-
|iii>t>,d>U'in<>nl uriio k des |iiinci|ie» salins de la première classe eu petite quaiititc,
l.'fHtflofipe OK )Mm des Cor|w libro-plasliqucs devenus vésiculeui est ex-
ADIPEUX, 17
Ircmement minoe, de telle sorte qu on ne peut pas mesurer son épaisseur lors({uc
Ivs Tésicules sont pleines de leur contenu graisseux, et ab premier alx)rd on }iour-.
rjît les prendre pour des gouttes d'huile. Ou reconnaîtra néanmoins la pai^oi par un
certain nombre de caractères indiqués plus bas. Si, an contraire, elles sout remplies
d'étber par l'ébulliliou prolongée dans ce liquide, on peut apercevoir, à un fort
grossissement deux lignes rapprochées parallèles mesurant Tépaisseur de la paroi,
f|ui est de un demi-millième de millimètre au plus dans l'état normal. Dans
quelques tumeurs hypertrophiques des glandes, etc., renfermant des cellules adi-
icuses , on trouve quelquefois des vésicules dont la paroi est épaisse de 1 à 2 mil-
lièmes de millimètre, et visible avant l'action de quelque réactif que ce soit.
Cette paroi est tout à fait homogène, transparente, sans stries, sans granulations ;
elle se bisse distendre lorsqu'on vient à comprimer les cellules, et ne se déchire
<|ue difficilement dans ce cas. L'acide acétique, ainsi qu'on l'a vu plus haut , Fat*
laque, et le contenu s'écoule lorsqu'on vient à presser sur les lames de verre,
comme dans les cas de déchirure, mais par plusieurs points à la fois. L'élévation
da température amène aussi la destruction de la paroi, qui se plisse alors, devient
irrégulièrement granuleuse ; le contenu s'écoule alors ; c'est là le mécanisme de
l'extraction des suifs, des huiles de baleine, etc. Il ne faudrait pas prendre pour
particularité de structure de cette enveloppe les plis nombreux et souvent fort
élégants que présentent quelques vésicules après l'action de l'éther et de l'alcool
chauds. De la surface de la paroi partent des fibres lamineuses, au nombre de deux
ou davantage, qui se brisent souvent aisément à leur^ point de continuité avec le
corps fibro-plastique devenu vésiculeux.
Le noyau de la cellule siège dans l'épaisseur de la paroi, il est plutôt saillant à
$a face interne qu'à l'extérieur (fig. 2, e^f^g, h). Il est ovoïde, un peu aplati, long
de 9 millièmes de millimètre, large de 4 à 6, épais de 3 à 4. Il est très4ransparent,
(rè»-pâle, à bords nets réguliers, insoluble dans l'acide acétique , à peine graim-
leux, sans nucléole ; aussi est-il difficile à voir. C'est particulièrement dans les
œllules qui par résorption de leur contenu huileux sont devenues partie incolores,
prtie graisseuses, qu'on le trouve (figA^b),k coté des cellules qui ont un noyau,
il y en a toujours qui n'en possèdent plus. Ces cellules dépouniies de noyau rc-
lirésentent parfois le quart ou même les deux tiers de celles qu'on a sous les yeux.
Le contenu des vésicules adipeuses est ordinairement entièrement graisseux.
Chez l'adulte, à l'état normal, il constitue une seule grande goutte de graisse
remplissant exactement la cavité de la vésicule et parfaitement homogène. Nous
iivoiis vu plus haut (p. 16) comment le froid peut faire disparaître cette homo-
l^énéité et par quel mécanisme.
11 est des conditions dans lesquelles les cellules adipeuses offrent une disposition
plus complexe de leur contenu. Telles sont toutes les vésicules adipeuses nouvelle-
ment nées chez les fœtus et les jeunes sujets, dans les tumeurs lipomateuses,
Inpertrophiques des glandes, colloïdes, etc., au sein desquelles se produisent des
corps Gbro-plastiques passant à l'état adipeux et formant des vésicules graisseuses
éparses ou accumulées en masses visibles à l'oeil nn. On observe en particulier ce
bit dans la plupart des cellules adipeuses des végétations hydatiformes intrakys-
leuses de nature glandidaire ou lamineuses gélatiniformcs de certaines hypertro-
pliies mammaires. Dans toutes ces circonsUmces, le contenu n'est pas homogène.
Il est foimc : a, de nombreuses gouttes graisseuses accumulées dans la carité
d'une enveloppe; b, d'un limpide clair, peu réfringent, très-limpide, qui remplit
fintervalle transparent compris entre la paroi de cellule et les gouttes huileuses
MCT. EXC. il. 2
18 ADIPEUX.
{fig. 2). Le fait est surtout évident loi*sque les gouttes d'huile laissent un vaste
espace libre entre Tenveloppe et elles {e, f, g), comme on le voit quelquefois dans
les tumeurs hypertrophiques avec masses adipeuses.
Les gouttelettes sont disposées de la manière suivante : tantôt une grande goutte
de matière grasse remplit presque complètement la vésicule, et ce sont des goutte-
lettes très-petites, ou des gouttes de moyenne grandeur, accumulées d'un coté ou
autour de la plus grande, qui achèvent de remplir b cavité de l'élément anato*
mique. D'autres fois, c'est une goutte moitié moins grosre que la première ou à |>eu
près, accompagnée par plusieurs petites ; aloi^ la cellule est comme déformée et
présente un prolongement du volume de la goutte elle-même. Dans quelques cir-
constances on trouve deux, trois ou quatre grosses gouttes à peu près d'égal vo-
lume, déformées ou non par pression réciproque, et accompagnées par une quantité
plus ou moins grande de très-petites gouttelettes. D'autres vésicules sont remplies
d'une seule goutte ou de plusieurs gouttes sphériques nombreuses, de moyenne
grandeur (O^^jOlS à 0'"'",020), entourées par une quantité considérable d'autres
lrès-))etiles. Enfm il en est qui sont remplies par des gouttes qui sont toutes de
mêmes dimensions, soit de moyenne grandeur, soit fort |)etites. Toutes ces dispo-
sitions entraînent de nombreuses variétés d'aspect des vésicules adipeuses.
Ces particularités de structure sont surtout frappantes dans les divers états suc-
cessifs offerts par les cellules adipeuses qui s'atrophient. Ici le contenu a pris, dans
la plupart des vésicules, .la teinte jaune plus foncée et brillante déjà notée précé-
demment. Il est réduit à une goutte sphérique ou ovoïde qui ne remplit plus exac-
tement l'enveloppe azotée. L'intervalle compris entre cette goutte d'huile et l'cnve**
loppe est rempli d'un liquide incolore contenant quelques fines granulations dont
quelques-unes sont giisâtres et la plupart graisseuses, mais ne dépassent pas 1 à
2 millièmes de millimètre. Il résulte de cette particularité de structure que, dans
les régions du corps où les vésicules se touchent , les gouttes d'huile sont écartées
les unes des autres par les intervalles qui les séparent de leur enveloppe, ce (pii
donne à leur ensemble un aspect très-élégant. La goutte d'huile qui reste au centre
de la cellule peut n'avoir peixlu encore qu'une petite partie de son volume, et i'iii-
tenalle plein de liquide incolore qui la sépare de l'enveloppe est peu coiisidérable ;
d'autres fois, réduite à un diamètre de 6 à 12 millièmes de millimètre, elle est
plus ou moins écartée de l'enveloppe azotée, selon que celle-ci s'est plissée ou non,
est i)OU ou beaucoup revenue sur elle-même. Il est enfin des vésicules dans Ivs-
quelles ce contenu est réduit à deux ou trois petites goutles huileuses brillantes,
avec quelques autres de teinte presque grisâtre, ou même dans losc|uelles il ne
reste pas de granulation graisseuse dépassant 1 ou 2 millièmes de millimètre.
Les vésicules adipeuses sont quelquefois difliciles à bien distinguer des gouttes
d'huile volumineus<^s, des gouttes mêmes de leur contenu éch:ip|)é {mr déchirure
de quelques-unes d'entre elles pendant la préparation. Mais on évitera de prendre
ces gouttes libres pour des vésicules, en observant que les premières sont de forme
Irès-conlonrnée, ou bien parfaitement sphérique et avec un contour (|ui a (|ueh|iie
chose de plus net que dans les cellules. On peut de plus, par la pression et en les
faisant rouler, les déformer de manières diverses ; de telle sorte qu'elles ne res-
semblent pas aux formes que prennent les vésicules mêmes, se pressant récipix)-
quement ou comprimées contre tpielque autre corps. On voit en outre assez souvent
ces gouttes se fondre en une goutte plus grosse ou se déformer après s*être écha|)-
|iées de l'intei'sticc des cellules dont elles proviennent par nipluro de quelques-unes
d'entre elles.
ADIPEUX. iO
Lors même ciuc les vésicules sont solidifiées par le froid et que leur surface est
devenue irrégulièrc, ainsi qu'il a été dit plus haut (p. 16), elles ne ressemblent
1 auain élément anatomique. Les gouttes huileuses qu on trouve quelquefois libres,
mais comme parties constituantes d*un tissu et incluses généralement dans une
matière amorphe, soit de la partie jaune du corpus luteuniy soit de certaines
tumeurs graisseuses du rein, etc., peuvent aussi, lorsqu'elles sont solidifiées à une
Ikissc température, prendre cet aspect irrégulier à la surface , et même strié ;
ittnime leur état solide empêche de les fondre ensemble par pression des lames
iie ^-erre, ainsi qu'on le fait des gouttes liquides, on pourrait les prendre pour des
cellules; mais il suffit d'élever un peu leur température pour qu'elles recouvrent
i'aspect de gouttes proprement dites, et de plus traitées par l'éther , directement
sous le microscope même, elles sont attaquées plus facilement que les vésicules et
ne laissent pas d'enveloppe azotée comme ces dernières.
Les vésicules adipeuses, à l'état de complet développement, se rencontrent cliez
riiomme à partir du cinquantième ou du cinquante-cinquième jour de la vie intra-
utérine, dans le creux de l'aisselle, le pli de l'aine, puis dans la paume des
pieds et des mains. Depuis cette époque jusqu'à celle de la mort on en trouve par-
tout où existe de la graisse visible à l'œil nu dans l'économie. Elles sont en quan-
tité considérable dans toutes ces régions, car elles sont l'élément anatomique
airactéristique et fondamental du tissu graisseux ou adipeux. 11 y en a toujours à
(Dmpter de l'époque de la naissance ou un peu avant, dans le tissu médullaire des
os, mais plus ou moins suivant les individus, les espèces animales et les étiits
morbides. Elles sont quelquefois fort peu abondantes. On en trouve en petite
quantité, comme élément anatomique accessoire, dans un grand nombre départies
du corps où l'œil nu n'en fait pas soupçonner. Ainsi, à la surface extérieure de la
dure-mère rachidienne, beaucoup de faisceaux de fibres du tissu lamineux qui n'ont
|>as l'aspect gralsseiuL du tissu adipeux qu'on aperçoit dans beaucoup d'autres
[«ints de cette région, présentent des amas de 2 à 40 vésicules adii)euses ou en-
viron. 11 en est de même d'un grand nombre de portions du tissu lamineux in-
terposé aux organes ou aux faisceaux nerveux, musculaires striés et lisses, à
Texception de l'utérus, aux lobes des glandes pourvues de tissu lamineux. On en
voit jusque dans les intervalles des culs-de-sac glandulaires des ocintde la mamelle,
de^ glandes salivaires, des glandes Bninner, du pancréas surtout, des glandes
>ajis conduits excréteurs, sauf la rate et les capsules surrénales. Il y en a souvent
d'cparses dans les tumeurs fibro-plastiques gélatiniformes, dans les liyi)ertrophies
;:landubires, et en particulier dans leurs végétations intra-kysteuses gélatiniformes,
où elles sont également disposées à un mtervalle à peu près le même, ou bien ce
>oi)t des amas de trois à quatre cellules qui sont ainsi distribués.
licur présence eiitrc les faisceaux striés des muscles, entre ceux des fibres lisses
de la vessie, gêne souvent l'examen de ces parties du coi*})s.
On en rencontre quelquefois d'isolées ou en séries dans la pic-mère de la moelle
diongce et de la protuljérance annulaire, où M. Bouchut et moi avons observé uu
ii{N)Uie du volume d'un ]K)is.
Elles manquent dans l'épiiisscur du derme même, du chorion des muqueuses
it dans le tissu des tendons. Mais on en trouve dans le tissu lamineux sous-cutané
do la verge, du scrotum et des paupières, soit isolées, soit en séries ; quelquefois il
> en a de petites masses apercevables entre les faisceaux musculaires de la vessie,
cl ^us la muqueuse vésicale on en rencontre souvent d'isolées ou en séries ({ui
d^uboixl n'étaient pas visibles à Tœil nu.
te ADIPEUX.
ParUnl où les: vésicules adipeiuos sont abondantes, elles sont aocaraoléo
sans ordre les unes contre les autres et prennent une forme [lolyédriqne sauvent
très-rcgulière, soit à angles nets quand elles sont camprimées réciproquement,
coomie chez le porc, les cétacés, soit à angles arrondis. Lorsqu'elles oonstituetit
des amas peu considérables, celles du milieu présentent seules cette forme, et
oeiles de la péripliérie sont polyédriques par le coté où elles touchent lc>
autres, tandis que leur face libre est arrondie. Dans le voisinage de ojs petits
amas on en trouve toiqours quelque&-unes qui sont isolées ; elles )iermctteBt de re-
coonaitre que ces éléments sont normalement de forme s{ihérique ou plu^ souvent
cncoie ovoïde, à bords nets et réguliers, sans dentelures. Lorsqu'elles ont cette
ionne ovoïde plus ou moins allongée, leurs deux c^Ltrémilés sont semblables, ou
Tune est plus aiguë que lautre.
Quelques-unes out les deux extrémités confiées presque carrément. Dans !■$
muscles, le long des filaments du tissu lamineux intra-racliidicn, etc., les vcsicult'>
adipeuses sont souvent disfiosées en séries longitudinales très-élégantes en ionnc
de chapelets, simples, doubles, etc. Tantôt elles ne se touchent pas ou presque pa> ;
alors elles conservent leur forme sphérique ou ovoïde : c'est surtout dans ces cou-
ditimis qu'on trouve celles dont la forme est le plus ;dlongée. Dans les muscles
atteints d'atrophie avec substitution graisseuse, la plupart des vésicules offrent oetlo
disposition et cette ii;nu-c allongée ovoïde, fusiformc, etc., fort remarquable pir
MS uonibrcuses variétés oscillant autour des ty})es de forme qui viennent d^étrc
signaléti. D'aitlre foi? elles empiètent un peu Tune sur l'autre par leurs cxtir-
milé%, ou MMi lorienvnt pressées de manière que ceUes du milieu de la série ont
leur plu*^ :miiMJ diamètre fierpendicuUiire par rapport à celui de la rangée. Tantôt
l'uiifd ffli'ift »>uionce dans ses voisines ou en comprime une d'un côté et >c
trouve d«'iirifi«M: d'un autre côté. Celles des extrémités de ces séries ont quelqucfoi>
une iorme pre«(]ue triangulaire à angles arrondis.
Les dimensioru des vésicules adipeuses sont en moyenne de 40 à 50 mi-
liêmes de millimêlit' ; mais ou en trouve, diez l'adulte, qui en ont 20 à cote d^autn^s
qui eu out 75. Dans le ti»u adipeux péri-mammaire, dans certaines tumcnrs de
œtle région, dans les masses adipeuses développées au milieu des hypertrophie^
mammaires, dans œrtains lifiômes, on en vint souvent qui ont 1 dixiènôe ou
^ dixièmes et demi de millimètre à côté de celles qui ont des dimensions ci-des£us
marquées. 11 en est qui, au heu d'avoir cette largeur en tout sens ou à peu prè^,
UMMirenl cette étendue eu longueur, sur 20 à 40 millièmes de millimètre de brge.
Leb vé!»iculeb adipeuses sont généralement un peu plus grandes chez le bœuf, le
|>0R et le^ cétacés ; chez le mouton, elles conservent a peu près 1» dimensions
qu'elles ollrenl chez Tbomme. Elles présentent souvent diez le même individu dt>
dilléi'eiK-ies tiè>-not«ibles de volume d'une région du rorjis à l'autre ; elles sont en
;!éiiéral bien plus |ielites au (hu* du rein, et surtout dans les diflcrents replbdn pé-
ritoiuc, que daiih le tiMUi adi|ieux hou>-cutané on in ter-musculaire.
(>îtte paroi est susceplilile de se rofRoZ/tr an point de devenir presque diflluenle,
de telle sorte qu'un ne peut |Kir\euir alors à |)ré{iarer qu'un petit nomfare de ct?l-
lukb adifieubes intactes. CelleSiKâ même se brisent sous les yeuv de Tofasenalcar à
la niuiudre pieittion. Daii^ lu moelle des os enflammée et sup|iurée b paroi propre
hv iiuiioliit au point de he liquéliur ou de àe réduire sfiontanément en fines gnuiu*
latious; de telle sorU» que le contenu hqui<le des cellules devenu libit» s'écoule
avw le pub ou Li séixteilé purulente sous lormc de gouttes huileuses, résultant de
léuuiod en uiafeMss \iailil«> à l'a-il nu des niaticies giMsses de plusieurs œlhdt^.
ADIPEUX. Si
Dans les gangrènes humides les phénomènes de la destruction de la paroi propre
des cellules adipeuses sont à peu près les mêmes ; mais on trouve un bien plus
grand nombre de gouttes huileuses dont les principes cristallîsables se sont réunis
en groupes étoiles formés d'aiguilles de margarine principalement (voy. Chimie
anaUnnique^ iSBS, t. 111, p. 27 et p. 98 et99, pi. XLÎ, fig. i) que dans les
cas précédents. Beaucoup de cellules qui ne sont pas encore détruites par putré-
faction oiTrent des groupes d'aiguilles semblables.
Dans les cas de gangrène sénile et autres formes de gangrène sèche, le mode de
destruction des cellules adipeuses est un peu giflèrent du précédent. Ces différences
résultent principalement de la saponification du ccmtenu graisseux des cellules par
Tammoniaque résultant de la putréfsiction des principes azotés ; car la destniction
(le la paroi propre d'abord ramollie s'opère comme dans les conditions décrites
plus haut.
On peut, sur des traînées ou séries de cellules adipeuses, passer graduellement
de celles qui sont intactes à des cellules dont le contenu est irrégulièrement granu-
leux, à centre moins nettement jaunâtre qu'à l'état sain, ou presque entièrement
formé de cristaux de margarine diversement groupés. Dans les points plus rap-
prochés de la gangrène confirmée ou de la surface des lobules adipeux lésés, on voit
que le contenu des cellules n'est plus entouré d'une paroi propre ; pourtant il con-
tinue à offrir la forme de la cellule. Il constitue une sorte d'amas granuleux on
cristallin, presque opaque, de même volume et de même configuration ({ueoelle-d,
mais solide ou mieux demi-solide, facile à écraser. Dans ce cas, beaucoup de cel-
lules se réduisent partie en grains irréguliers sans caractères bien déterminés
et en petits groupes d'aiguilles, partie en une ou plusieurs gouttes huileuses qui
occupaient la partie centrale du contenu graisseux de la cellule. Ailleurs des masses
représentant le contenu des cellules sont soudées les unes au bout des autres, de
manière à former des traînées ou cylindres irréguliers et grenus ou cristallins de
^isse saponifiée.
Plus loin, et surtout dans les parties entièrement mortifiées du tissu, les cellules
foai entièrement détruites ; leur contenu forme de nombreuses gouttes atteignant
jusqu'à un dixième de millimètre et plus éparses entre les autres éléments, qui gé-
néralement sont à un degré moindre de destruction. Avec ces gouttes se voient des
cristaux de margarine épars, isolés ou diversement accumulés. 11 sont souvent
disposés en série, les uns au bout des autres, entre les autres espèces d'éléments
qui ne sont pas encore détruits conune les cellules adipeuses.
Les cellules adipeuses jouissent au plus haut degré d'énergie de la propriété de
niUrition. C'est du moins ce que permet de conclure la rapidité de lem* dévelop*
(teroent et celle de leur atrophie dans uu grand nombre de circonstances, ainsi que
leur existence fréquente au milieu de lobules de tissu adipeux, d'un volume consi-
dérable pour le petit nombre des vaisseaux qu'ils renferment.
Un autre fait qui le prouve encore, c'est que leur nutrition continue lors même
que, dans les lobules qu'elles constituent par leur agglomération, elles ne touchent
|X)int de capillaires.
Préparation des cellules adipeuses. Ces éléments sont des plus faciles à
observer et à préparer. Il suffit de prendre une portion d'un des tissus où se trouvent
rcs cléments et de le dissocier à l'aide des aiguilles à dissection comme on le fait
ix)ur toute autre espèce d'élément anatomique. Pour voir de cellules isolées, il
est préférable de prendre du tissu lamineux inter-musculaire, de la tunique adven-
tice des vaisseaux, du névrilème, etc., que du tissu adipeux même. Pour exami-
20 ADIPEUX.
Partout ou les vésicules adipeuses sont abondantes, elles sont accumulées
sans ordre les unes contre les autres et prennent une forme polyédrique souvent
très-régidière, soit à angles nets quand elles sont comprimées i-éciproqucmcnt,
comme chez le porc, les cétacés, soit à angles arrondis. Lorsqu'elles constituent
des amas peu considérables, celles du milieu présentent seules cette forme, et
celles de la périphérie sont polyédriques par le coté où elles touchent les
autres, tandis que leur face libre est arrondie. Dans le voisinage de ces petits
amas on en trouve toujours quelques-unes qui sont isolées ; elles permettent de re-
connaître que ces éléments scmt normalement de forme sphérique ou plus souvent
encore ovoïde, à bords nets et réguliers, sans dentelures. Lorsqu'elles ont cette
forme ovoïde plus ou moins allongée, leurs deux extrémités sont semblables, ou
Tune est plus aiguë que Tautre.
Quelques-unes ont les deux extrémités coupées presque carrément. Dans ks
muscles, le long des filaments du tissu lamineux intra-rachidicn, etc., les vésicules
adipeuses sont souvent disposées en séries longitudinales très-élégantes en fomic
de chapelets, simples, doubles, etc. Tantôt elles ne se touchent pas ou presque pas;
alors elles conservent leur forme sphérique ou ovoïde : c'est surtout dans ces con-
ditions qu'on trouve celles dont la forme est le plus allongée. Dans les muscles
atteints d'atrophie avec substitution graisseuse, la plupart des vésicules olTrent cette
disposition et cette figure allongée ovoïde, fusiforme, etc., fort remarquable pir
ses nombreuses variétés oscillant autour des types de forme qui viennent d'être
signalés. D'autre fois elles empiètent un peu l'une sur l'autre par leurs extré-
mités, ou son fortement pressées de manière que celles du milieu de la série ont
leur plus grand diamètre perpendiculaire par rapport à celui de la rangée. Tantôt
l'une d'elles s'enfonce dans ses voisines ou en comprime une d'un coté et se
trouve déprimée d'un autre côté. Celles des extrémités de ces séries ont quelquefois
une forme presque triangulaire à angles arrondis.
Les dimensions des vésicules adipeuses sont en moyenne de 40 à 50 mi-
lièmes de millimèti*e ; mais on en trouve, chez l'adulte, qui en ont 20 à côté d'autres
qui eu ont 75. Dans le tissu adipeux péri-mammaire, dans certaines tumeurs de
cette région, dans les masses adipeuses développées au milieu des hypertrophies
mammaires, dans certains lipomes, on en voit souvent qui ont 1 dixième ou
2 dixièmes et demi de millimètre à côté de celles qui ont des dimensions ci-dessus
marquées. Il en est qui, au lieu d'avoir cette largeur en tout sens ou à peu près,
mesurent cette étendue eu longueur, sur 20 \ 40 millièmes de millimètre de large.
Les vésicules adipeuses sont généralement un peu plus grandes chez le bœuf, le
|)orc et les cétacés ; chez le mouton, elles conservent à peu près les dimensions
qu'elles offrent chez l'homme. Elles présentent souvent chez le même individu de^
différences très-notables de volume d'une région du corps à l'autre ; elles sont en
général bien plus («tites autour du rein, et surtout dans les diflérents replis du pé-
ritoine, que dans le tissu adipeux sous-cutané ou inter-musculaire.
Cette paroi est susceptible de se ramollir soi point de devenir presque difDuente,
de telle sorte qu'on ne peut parvenir alors à préprer qu'un petit nombre de cel-
lules adi|)euses intiictes. Celles-ci même se brisent sous les yeux de l'observaleur à
la moindre pression. Dans la moelle des os enflammée et supputée la paroi propre
se ramollit au point de se liquéfier ou de se réduire spontanément en fines gnuni-
latioiis; de telle sorte que le contenu liquide des cellules devenu libre s'éooule
avec le pus ou la sérosité purulente sous forme de gouttes huileuses, résultant de
la réunion en masses visibles s\ l'œil nu des matières grasses de plusieurs cellules*
ADIPEUX. 19
Lors même que les vésicules sont solidifiées par le froid et que leur surface est
devenae irr^ulière, amsi qu'il a été dit plus haut (p. 16), elles ne ressemblent
] auam élément anatoroique. Les gouttes huileuses qu'on trouve quelquefois libres,
nnis comme parties constituantes d'un tissu et incluses généralement dans une
matière amorphe, soit de la partie jaune du corpus luteunij soit de certaines
lumcurs graisseuses du rein, etc., peuvent aussi, lorsqu'elles sont solidifiées à une
lasse température, prendre cet aspect irrégulier à la surface , et même strié ;
rfjKDwe leur état solide empêche de les fondre ensemble par pression, des lames
de verre, ainsi qu'on le fait des gouttes liquides, on pourrait les prendre pour des
«Wlules; mais il suffit d'élever un peu leur température pour qu'elles recouvrent
/aspect de gouttes proprement dites, et de plus traitées par l'éther , directement
liousle microscope même, elles sont attaquées plus facilement que les vésicules et
ne laissent pas d'enveloppe azotée comme ces dernières.
Le:» vésicules adipeuses, à l'état de complet développement, se rencontrent chez
l'iiomme à partir du cinquantième ou du cinquante-cinquième jour de la vie intra-
utérine, dans le creux de l'aisselle, le pli de l'aine, puis dans la paume des
jùeds et des mains. Depuis cette époque jusqu'à celle de la mort on en trouve par-
tout où existe de la graisse visible à l'œil nu dans l'économie. Elles sont en quan-
tité considérable dans toutes ces régions, car elles sont l'élément anatomicfue '
aractéristique et fondamental du tissu graisseux ou adipeux. 11 y en a toujours à
compter de l'époque de la naissance ou un peu avant, dans le tissu médullaire des
o^, mais plus ou moins suivant les individus, les espèces animales et les états
morbides. Elles sont quelquefois fort i)cu abondantes. On en trouve en petite
quantité, comme élément anatomique accessoire, dans un grand nombre départies
du corjis où l'œil nu n'en fait pas soupçonner. Ainsi, à la surface extérieure de la
(lun*-iuère rachidieime, beaucoup de faisceaux de fibres du tissu lamineux qui n'ont
(OS rasjiect graisseux du tissu adipeux qu'on aperçoit dans beaucoup d'autres
point!» de cette région, présentent des amas de 2 à iO vésicules adii)euses ou en-
viron. Il en est de même d'un grand nombre de portions du tissu lamineux in-
terposé aux organes ou aux faisceaux nerveux, musculaires striés et lisses, ù
ri'xception de l'utérus, aux lobes des glandes pourvues de tissu lamineux. On en
voit jusque dans les intervalles des culs-de-sac glandulaires des acinide la mamelle,
(i''s glandes salivaires, des glandes Brunner, du pancréas surtout, di^ glandes
>aiis conduits excréteurs, sauf la rate et les capsules surrénales. Il y en a souvent
dcjiarses dans les tumeurs fibro-plastiques gélatiniformes, dans les hypertrophies
izlandubires, et en particulier dans leurs végétations intra-kysteuses gélatiniformes,
«ù elles sont également disposées â un intervalle à peu près le même, ou bien ce
sHii des amas de trois à quatre cellules qui sont ahisi distribués.
lieur présence eiitrc les faisceaux striés des muscles, entre ceux des fibres lisses
lie la vessie, gêne souvent l'examen de ces parties du corps.
On en rencontre quelquefois d'isolées ou en séries dans la pie-mère de la moelle
•i longée et de la protubérance annulaire, où M. Bouchut et moi avons ol)servé uu
h\mie du volume d'un (xiis.
Elles manquent dans l'épaisseur du derme même, du chorion des muqueuses
d dans le tissu des tendons. Mais on en trouve dans le tissu lamineux sous-cutané
d«^ la verge, du scrotum et des paupières, soit isolées, soit en séries ; quelquefois il
> en a de petites masses a[)ercevables entre les faisceaux musculaires de la vessie,
et nms la mii<{ueuse vésicale ou en rencontre souvent d'isolées ou en séries qui
d'abord n'étaient pas visibles ù l'œil uu.
t20 ADIPEUX.
ParUMtt où les vésicules adipeuses sont abondantes, elles sont accumulées
sans ordre les unes contre les autres et prennent une forme polyédrique souvent
trcs-régulière, soit à angles nets quand elles sont comprimées réciproquement»
comme chez le porc, les cétacés, soit à angles arrondis. Lorsqu'elles constituent
des amas peu considérables, celles du milieu présentent seules celte forme, et
celles de la périphérie sont polyédriques par le côté ou elles touchent les
autres, tandis que leur face libre est arrondie. Dans le voisinage de ces petits
amas on en Irouvc toujours quelques-unes (pii sont isolées ; elles permettent de re-
connaître que ces éléments sont normalement de forme sphérique ou plus souvent
encore ovoïde, à bords nets et réguliers, sans dentelures. Lorsqu elles out celle
forme ovoïde plus ou moins allongée, leurs deux extrémités sont semblables, ou
Tune est plus aiguë que Tautre.
Quelques-unes ont les deux extrémités coupées presque carrément. Dans 1rs
muscles, le long des filaments du tissu lamineux intra-rachidicn, etc. , les vésicules
adipeuses sont souvent disposées en séries longitudinales très-élégantes en fomic
de chapelets, simples, doubles, etc. Tantôt elles ne se touchent pas ou presque pas ;
alors elles conservent leur forme sphérique ou ovoïde : c'est surtout dans ces con-
ditions qu'on trouve celles dont la forme est le plus allongée. Dans les muscles
atteints d'atrophie avec substitution graisseuse, la plupart des vésicules oflrent cette
disposition et cette figure allongée ovoïde, fusiforme, etc., fort remarquable psir
ses nomlNneuses variétés oscillant autour des types de forme qui viennent d'être
signalés. D'antre fois elles empiètent un peu l'une sur l'autre par leurs extré-
mités, ou son fortement pressées de manière que celles du milieu de la série ont
leur plus grand diamètre perpendiculaire par rapport à celui de la rangée. Tantôt
l'une d'elles s'enfonce dans ses voisines ou en comprime une d'un côté et se
tiXMive déprimée d'un autre côté. Celles des extrémités de ces séries ont quelquefois
une forme presque triangulaire à angles arrondis.
Les dimensions des vésicules adipeuses sont en moyenne de 40 à 50 mi-
lièmes de millimètre ; mais on en trouve, chez l'adulte, qui en ont 20 à côté d'autres
qui eu ont 75. Dans le tissu adipeux péri-mammaire, dans certaines tumeurs de
cette région, dans les masses adipeuses développées au milieu des hypeiirophies
mammaires, dans certains lipomes, on en voit souvent qui ont 1 dixième ou
2 dixièmes et demi de millimètre à côté de celles qui ont des dimensions ci-dessiis
marquées. Il en est qui, au lieu d'avoir cette largeur en tout sens ou à peu près,
mesurent cette étendue en longueur, sur 20 à 40 millièmes de millimètre de large.
Les vésicules adipeuses sont généralement un peu plus grandes chez le bœuf, le
})orc et les cétacés ; chez le mouton, elles conservent à peu près les dimensions
qu'elles oflrent chez l'homme. Elles présentent souvent chez le même individu des
différences très-notables de volume d'une région du corps à l'autre ; elles sont en
général bien plus |)etites autour du rein, et suiiout dans les différents replis du pé-
ritoine, que dans le tissu adipeux sous^utané ou intcr-musculaire.
Cette paroi est susceptible de se ramollir an point de devenir presque difllucntc,
de telle sorte qu'on ne peut parvenir alors à préparer qu'un petit nombre de cel-
lules adiiieuses intactes. Celles-ci même se brisent sous les yeux de l'observateur à
la moindre pression. Dans la moelle des os enflammée et supputée la paroi propre
se l'amollit au point de se liquéfier ou de se réduire spontanément en fines granu-
lations; de telle sorte que le oonteuu liquide des cellules devenu libre s'écoule
avec le pus ou la sérosité purulente sous forme de gouttes huileuses, résulUint de
la réunion en masses visibles h l'œil nu des matières grasses de plusieurs œllides.
ADIPEUX. 21
Dans les gangrènes humides les phénomènes de la destruction de la paroi propre
des œlhiles adipeuses sont à peu près les mêmes ; mais on trouve un bien plus
grand nombre de gouttes huileuses dont les principes cristallisabies se sont réunis
en groupes étoiles formés d'aiguilles de margarine principalement (voy. Chimie
anakmique, i853, t. III, p. 27 et p. 98 et 99, pi. XLI, fig. 1) que dans les
os précédents. Beaucoup de cellules qui ne sont pas encore détruites par putré-
bctîon offrent des groupes d'aiguilles semblables.
Dans les cas de gangrène sénile et autres formes de gangrène sèche, le mode de
«festnictiou des cellules adipeuses est un peu différent du précédent. Ces différences
nésultent principalement de la saponification du contenu graisseux des cellules par
Tammoniaque résultant de la putréfaction des principes azotés ; car la destiiiction
de la paroi propre d'abord ramollie s'opère comme dans les conditions décrites
plus haut.
On peut, sur des traînées ou séries de cellules adipeuses, passer graduellement
de celles qui sont intactes à des cellules dont le contenu est irrégulièrement granu-
leux, à centre moins uettement jaunâtre qu'à l'état sain, ou presque entièrement
krmé de cristaux de margarine diversement groupés. Dans les points plus rap-
prochés de la gangrène confirmée ou de la sur&ce des lobules adipeux lésés, on voit
que le contenu des cellules n'est plus entouré d'une paroi propre; pourtant il con-
tinue à offrir la forme de la cellule. 11 constitue une sorte d'amas granuleux ou
cristallin, presque opaque, de même volume et de même configuration que celle-ci,
mais solide ou mieux demi-solide, facile à écraser. Dans ce cas, beaucoup de cel-
lules se réduisent partie en grains irréguliers sans caractères bien déterminés
et en petits groupes d'aiguilles, partie en une ou plusieurs gouttes huileuses qui
occupaient la partie centrale du contenu graisseux de la cellule. Ailleurs des masses
représentant le contenu des cellules sont soudées les unes au bout des autres, de
manière à former des traînées ou cylindres irréguliers et grenus ou cristallins de
graisse saponifiée.
Plus loin, et surtout dans les parties entièrement mortifiées du tissu, les cellides
sont entièrement détruites ; leur contenu forme de nombreuses gouttes atteignant
jusqu'à un dixième de millimètro et plus éparses entre les autres éléments, qui gé-
néralement sont à un degré moindre de destruction. Avec ces gouttes se voient des
cristaux de margarine épars, isolés ou diversement accumulés. U sont souvent
disposés en série, les mis au bout des autres, entre les autres espèces d'éléments
qui ne sont pas encore détruits comme les cellules adipeuses.
Les cellules adipeuses jouissent au plus haut degré d'énergie de la propriété de
nHtriiion, C'est du moins ce que permet de conclure la rapidité de lem* dévelop*
|iemeut et celle de leur atrophie dans un grand nombre de circonstances, ainsi que
lear existence fréquente au milieu de lobules de tissu adipeux, d'un volume consi-
dérable pour le petit nombre des vaisseaux qu'ils renferment.
Un autre fait qui le prouve encore, c'est que leur nutrition continue lors même
que, dans les lobules qu'elles constituent par leur agglomération, elles ne touchent
|)Oint de capillaires.
Préparation des cellules adipeuses. Ces éléments sont des plus faciles à
observer et à préparer. Il suffit de prendre une portion d'un des tissus où se trouvent
rcs éléments et de le dissocier à l'aide des aiguilles à dissection comme on le fait
pour toute autre espèce d'élément anatomique. Pour voir de cellules isolées, il
est préférable de prendre du tissu lamineux inter-musculaire,de la tunique adven-
tice des vaisseaux, du névrilème, etc., que du tissu adipeux même. Pour exami-
S2 ADIPEn.
ner les oelliiles dans œ dernier, dans les lipomes, dans la moelle graisseuse'
des os snrlout, il est très-atile de faire la dissociation des éléments dans de l'eaii
mêlée de glycérine on dans de la glycérine pure, parce qu'on est moins gêné
qu'en usant de Teau, pr les médullocelles, pr les gouttes d'huile venant des
oellules brisées que la glycérine pâlit, etc. On peut aussi se servir comme véhiculo
d'alcool ordinaire ou étendu d'eau. Pour étudier les enveloppes des cellules et les
isoler de leor contenu, on fera boudiir de très-petits fragments du tissu adipeux
dans de l'éther au lond d'un tube, ou mieux on examinera ces fragments après
quelques heores on quelques jours de macération dans un tube bouché contenant
une certaine quaiilité d'éiher. Un grossissement de 500 diamètres suifit pour éUr
«lier ces éltmenU ; maii» l'examen de leur enveloppe, celui de leur noyau, dos
|4iases de leor évolution embryonnaire et leur atrophie exigent 500 et 550 dia-
înkre%.
If. Tisnr ABiperi. Les moditications évohitives dont les corps fibro-plastiquos
on rentres de génération des fibres laminenses sont le siège, dans les groupes ou
amas qu'ils forment pr places déterminées à l'état normal, entraînent la production
des grains adipeux Uandiâtres ou jaunâtres si frappnts sur le fœtus ; et peu à peu
elles font que graduellement ces éléments présentent dans ces grains une texturo
qui leur est propre. Cette texture est en rapport avec les changements de stiuctiiii*
«pi'ils subissent, texture différente de celle qu'ils offraient avant, tant au point de
vue du mode de groupement des éléments mêmes que sous celui de la distribution
des capillaires ; puis ces grains, devenant des lobides adipeux, s'associent d'une
manière prticulière aussi. On voit de la sorte apparaître un changement complet
de texture au sein de ces régions du tissu lamineux et se produire un tissu différent
lie celui-ci, bien qu'ayant la même espèce d'éléments pour prtie c:onslituante fon-
ilamentale ^ Nous verrons d'autres faits analogues se passer également, mais dans
un sens différent, lors de la production des tissus tendineux, fibreux et séreux.
L'un et l'autre de ces changements évolutifs qui, comme tous les autres, sont
solidaires des phénomènes de nutrition sunenant dans ces éléments, aitraînent
dans la structure de ceux-ci des modifications qui ont pour résultat de donner au
tissu lamineux des propriétés d'ordre mécanique et ph^'sique seulement, qui
comptent prmi les attributs prindpux de ce tissu. De ces attributs, les uns sont
reiatib à la forme, comme dans le cas particulier du passage des corps fibro-plasti-
ques à l'état adipeux, qui vient de nous occuper ; passage dont l'excès ou la dimi-
nution entraînent des changements de configuration de l'organisme qui par eux
seuls peuvent aller jusqu'à constituer un état morbide; les autres de ces attributs
sont relatifs à la résbtance, à la ténacité, au glissement, etc., de divers organes.
< La prodaction de granules graisseux dans les corps fibro-plastiques fusiformes et étoiles,
finissant par les distendre et les faire passer à l'état de cellules avec noyau et paroi et
contenus distincts, ne confirme nullement l'hypothèse halléricnne, qui fiiisait de la pro-
duction du tissu adipeux un simple dépôt de graisse dans les aréoles ou cellules, préeiis-
tantes ou non» qui auraient été limitées par les lamelles du tissu lamineux. En effet, on
voit que la réalité constitue ici un phénomène très-différent, puisqu'elle consiste en un fait
relatif à la nutrition en général, des éléments du tissu lamineux, et concerne particulière-
ment les phénomènes de désassimilation ou d'assimilation des corps gras ; de telle sorte que
la production de la graisse a lieu dans l'épaisseur môme des éléments anatomiques, et non
entre des fibres ou entre les lames et fiiisceaux qu'elles forment. Les faits qui viennent
d'être rappelés et ceux relatifs aux régions de l'économie où siègent ces éléments, ou con-
cernant leurs réactions chimiques, etc., prouvent également qu'on ne saurait admettre sans
erreur, comme l'ont fait quelques auteurs, que les corps fibro-plastiques fusiformes et étoi-
U^ sont des fibres élastiques en voie d'évolution plutôt que des fibres lamineuses.
ADIPEUX. 25
On commence à aperœvoir le tissu adipeux à partir du soixante-cinquième jour
de la Tie intra-utérine ; les premières régions où il apparaît sont : le pli de Taine,
le creux de Taisselle et le fond de lorbite ; peu de temps après, au-dessous du
inas&éter, on voit naître la boule graisseuse sous-massétérine ou de Bichat. Le tissu
adipeux apparaît toujours par petits lobules séparés, arrondis ou ovoïdes, ressem-
blant à de petits grains de semoule, composés par une masse de cellules immédia-
tement juxtaposées, qui donnent à ces graimles une coloration d'un jaune blanchâ-
tre. A cette époque le tissu adipeux a un aspect tremblotant gélatiniforme que l'on
peat encore observer au fond de Tœil de la plupart des enfants nouveau-nés. Cette
iDâsse gélatiniforme est parsemée de ces petits grains, semblables à des grains de
sanoule, qui, au moment de leur apparition, ont à peu près 0°^,2 à 0'"'",5 et qui
\im lard atteignent jusqu'à 0"", 5 et plus. Cet état gélatiniforme tient à ce qu'entre
ces petits groupes de cellules adipeuses au début de leur production se trouve une
trame de fibres lumineuses avec des noyaux embryo-plastiques et une grande
quantité de matière amorphe ; on peut voir dans cette trame gélatiniforme ,
interposés aux grains blanchâtres, des vaisseaux capillaires très-abondants. Losque
le tissu adipeux commence à se produire autour du rein, il présente le même as-
pect gélatiniforme , seulement les grains ou lobules graisseux y sont plus ou moins
disséminés. Telle est la texture du tissu graisseux à ses premières phases d'apparition.
Chaque lobule est donc formé par des corps ûbro-plastiques en voie de passage â
l'état adipeux, immédiatement juxtaposés sans interposition d'éléments anatomiqucs
d'une autre espèce. Ce fait est important à signaler et se retrouve, même chez
l'adulte, sur les petits grains adipeux de Tépiploon, etc. 11 y existe seulement quel-
ques noyaux embryo-plastiques. Un vaisseau capillaire circonscrit en général chacun
(leœslobuleset on voit dans leur intérieur un certain nombre de subdivisions ; dans
quelque sens qu'on place ces lobules, on les trouve presque toujours entourés par un
capillaire. Ce vaisseau, assez volumineux, forme des mailles presque circulaires qui
ont de deux à trois fois le diamètre des capillaires qui les circonscrivent. Ces mailles à
angles arrondis sont tellement serrées que sur une préparation où les lobules sont
injectés, il est difficile d'apercevoir ceux qui sont sou&-jacents aux plus superficiels,
faute que chacun d'eux est enveloppé par ime sorte de capsule formée par le ré-
seau capillaire. Les capillaires qui pénètrent dans l'intérieur-du lobule forment des
mailles plus larges, chez l'adulte du moifis, que celles du réseau périphérique ;
en un mot, l'épaisseur du lobule adipeux est plus pauvre en vaisseaux capillaires
que la superiicie. Ces mailles centrales circonscrivent chacune des cellules adipeu-
ses; les cellules adipeuses ont de 0'"™,05 à O^^jOC en moyenne; or, les mailles
capillaires qui les entourent ont naturellement le même diamètre. 11 y a ceci de
remarquable qu'un certain nombre de cellules adipeuses n'est directement en con-
tact avec aucun capillaire. Ces cellules se nourrissent en empruntant indirectement et
de proche en proche des matériaux aux cellules voisines, qui, plus favorisées qu'elles,
sont en rapport immédiat avec les capillaires. Il faut donc, dans l'étude de lavascu-
larisation du tissu adipeux, distinguer les mailles qui enveloppent les lobules et
celles qui pénètrent dans la profondeur de ces lobules. Ce que je viens de dire de
b vasculartté des lobules du tissu adipeux dans la période où il offre l'état gélati-
tiniforme se retrouve dans les périodes ultérieures du développement, mais avec
quelques dilTérenccs notées plus loin.
En effet, peu à peu, les lobules ainsi constitués se multiplient et ils s'associent
les uns avec les autres, de manière à former un tissu qui n'est plus gélatiniforme,
mais qui a au contraire l'aspect blanc jaun.1tro qu'on décrit comme l'état ordinaire
24 ADIPEUX.
du tis9u adipeux. A cette période les lobules sont plus gios du double ou du triple
i-omparativement à ce qu'ils étaient primitivement, ils atteignent jusqu'à i milli-
mètre de larf*c. Cette augmentation de volume tient à l'accroissement du nombro
et des dimensions des cellules; il résulte de W que les cellules et les lobules eux-
mêmes deviennent polyédriques par suite de leur pression réciproque ; mais la
configuration des mailles capillaires n'en est pas notablement changée. Entre ces
lobules du tissu adipeux ainsi développés se trouvent de minces cloisons de tissu
lamineux dans lesquelles rampent les vaisseaux capillaires les plus volumineux qiiî
ncnnent s*épanouir à la surface des lobules.
Ciiez l'adulte, les corps fibro-plastiques devenus vésiculeux sont immédiatemenl
juxtaposés dans l'épaisseur de chaque lobule adipeux ; il n'y a entre ces vésicules
que les Gbres lamineuses qui sont en continuité avec leur paroi et qui, en raison do
l'augmentation de volume due à cet état vésiculeux, sont éparses, difficiles à voir et
ne représentent à côté d'elles qu'une masse presque insignifiante.
A la surface et dans l'intérieur de chaque lobule, il y a, en outre, un réseau ca-
pillaire très-él^nt, formant, comme dans le fœtus, à la périphérie de chacun d'eux
une sorte d'enveloppe vasculaire de la face interne de laquelle partent les capillaires
qui forment les mailles profondes de l'intérieur du lobule. Ces mailles sont remar-
quables par les flexuosilés onduleuses des capillaires qui les limitent et par leurs
angles arrondis. Si l'on excepte quelques-uns des gros capillaires qui circonscrivent
les lobules et prennent part à la constitution de leur réseau superficiel, le diamètre
de ces vaisseaux est assez uniformément le même et de 8 à 10 millièmes de milli-
mètre.
Li plupart de ces mailles sont allongées d'une largeur égale à deux à cinq fois
l'épaisseur des capillaires qui les limitent, et une (ois plus longues que larges ;
qnelques-imes sont d'égal diamètre dans les deux sens. Ces particularités les dif-
iérehcient des mailles à angles nets, limitées par des capillaires rectilignes oii a
flexnosités très-rapprochées, qui parcourent les cloissons de tissu lamineux séparant
ces lobules ou les couches ordinaires de ce tissu. Ces dispositions anatomiques ne
se voient bien que sur les lobules adipeux non comprimés, car la compression re-
dresse les capillaires qui limitent les mailles et change la forme et les dimensions
de celles-ci en distendant les vésicules adipeuses et les rendant polyédriques.
IjCs capillaires ouduleux rampent entre les vésicules ou à la surface des lobules
qu*elles composent en passant de l'une sur la (ace voisine de l'autre, sans que leur
configuration soit en rapport avec la forme et les dimensions dos cellules, sans que
l'une quelconque de celles-ci soit exactement circonscrite par un ou plusieurs cer-
cles vasculaires, comme on le figure souvent à tort. Presque toutes les mailles sont
plus larges que les cellules, et il n'est pas rare de trouver certaines de celles-ci qui
ne sont contiguës avec aucun capillaire, tandis que d'autres touchent ces conduits
far 2 ou 5 de leurs faces.
Dans les régions du corps où le tissu adipeux n'est pas séparé en lobules, les i:a-
pillaires se distribent un peu autrement que dans celles où il offre cette disposition,
qui est de beaucoup la plus habituelle. Tel est le tissu adipeux sous-jacent au cuir
chevelu, celui qui remplit l'arrière-fond de la cavité cotyloïde, celui dequelqui^s
lipomes et celui qui se produit dans l'atrophie musculaire avec substitution grais-
seuse. Ces portions de tissu adipeux sont relativement un peu moins \asculaire<
t\tio les autres, parce qu'on ne voit pas comme ailleurs une couche du réseau capil-
laire à la surface de chaque lobule, quelque rapprochés qu'ils soient ; réseau dont les
mailles mêmes sont un peu plus petites que dans l'épaisseur du lobule qu'il entoure.
ADIPErX. 25
Hais, (lu reste, cLins ces œuclies adipeuses privées de la disposition lobulaire, les
mailles offrent la configuration et les dimensions indiquées plus liaut.
Qiez les sujets émaciés, le tissu adipeux reprend Fétat gélatiniforme et change
nubUement de coloration, et c'est dans ces conditions que les cellules perdent une
grande partie de leur graisse, qu'elles se flétrissent et prennent un état chiffonné
tout particulier. Les lobules deviennent eux-mêmes plus petits.
En même temps, dans ces circonstances, les minces cloisons de tissu lamineux
interposées aux lobules s'infiltrent d'une matière amorphe demi-liquide et phis
flu moins fluide, selon le degré et la nature de l'œdème qui se produit dans ces
mnditions. On a signalé la production de cet état, depuis très-longtemps, soit
autour des reins, soit autour du cœur, soit au-dessous de la peau.
A l'état de complet développement le tissu adipeux a pour élément fondamental
\e^ cellules adipeuses et ne renferme comme éléments accessoires que des fibres du
tL<sa lamineux, des nopux embryo-plastiques en petite quantité et des vaisseaux
capillaires. D est facile de le distinguer de tous les autres par sa coloration, qui est
cependant un peu différente d'une région du corps à l'autre, ainsi que selon les
(Hais normaux ou pathologiques dans lequels ils se trouvent placés. Il est d'un blanc
jannâtre, quelquefois d'un blanc pur chez plusieurs espèces animales. Cette coloration
est toujours subordonnée à la constitution des éléments anatomiques fondamentaux.
En effet, elle résulte uniquement de la présence de gouttes d'huile qui remplis-
!^eot la cavité de chaque cellule. Dans le cas où cette huile est incolore, la lumière
(st réfléchie en blanc, comme chez le porc et les cétacés, par ces amas de cellules
«lipeuses. Si, au contraire, il s'y rencontre des principes graisseux d'une teinto
jaunâtre, comme le sont en particulier l'oléine et la margarine, on voit le tissu adi-
])iiix prendre une coloration jaune plus ou moins prononcée. Chez les sujets éma-
ciés ou amaigris, on peut remarquer souvent une couleur rougeâtre ou orangée de
ce tissu. Ce fait coïncide avec cette particularité que les cellules adipeuses ont
perdu une grande partie de la graisse qui les remplissait et que les gouttes huileuses
qui existent encore dans les cellules flétries ont une teinte d'un jaune orangé très-
TJfdont il a déjà été question. Ainsi accumulées, ces cellules forment des lobules
i]iii n'ont plus cette coloration jaunâtre franche et nette du tissu normal, mais bien
une couleur rougeâtre qui est plus ou moins prononcée selon le degré d'atrophie
(les cellules.
La consistance de ce tissu varie beaucoup également. Il est des circonstances
dans lesquelles il est ferme, comme on le voit chez les jeunes sujets. Cette par-
ticularité coïncide avec une réplétion absolue des cellules par la graisse. Alors
elles sont distendues et fortement comprimées les unes contre les autres. On observe
la même particularité chez les sujets bien portants dont le tissu adipeux n'est pas
atrophié. Au contraire, chez les individus atteints de maladie ayant amené
(le l'œdème et de l'amaigrissement, le tissu adipeux présente un grande mollesse,
il devient presque gélatiniforme. Ces particularités sont dues à certaines modifica-
tions de texture indiquées plus loin. Après la mort il n'a plus cette résistance
porticuUère qu'on observe sur lui pendant la vie ; il se laisse déprimer et garde
d une manière persistante la dépression produite par le doigt, tandis que, pen-
dant la vie, aussitôt après la dépression, sa surface reprend le niveau qu'il avait
'isnai. Cela résulte de ce que les cellules adipeuses ont pour contenu un liquide
formé d'un mélange de stéarine, de margarine et d'oléine ; tous ces corps se soli-
diGent par le refroidissement, et toutes les fois que les cellules sont soumises à une
température inférieure â 1 5® ou 1 6^, la graisse passe de l'état liquide â l'état
24
ADIPKLX.
du tissu adipeux. A cette période les lobul
l'omparativeinent à ce qu'ils étaient prirnli
mètre de large. Cette augmeiiblioii i\o \w<
et des dimensions des cellules; il rrsi'*
mêmes deviennent polyédri(]ui's | m
configuration des mailles capiliaii •
lobules du tissu adipeux niii>i <I '
lamineux dans lesquelles ninti>
viennent s*épanouir à ht mu t.<
Cliez Tadulte, les corp- '
juxtaposés dans l'épai^^
que les fibres lami i
Faugmentation i\r -> -
l'S M
uuf. lorsque la tompêratun^
^^Miilification purement phv*
> xi'ijiiiuit, change de consistant
ri- ■•:
fs-.'l.
ne représenleiii *
A la sui la
pillaire Irt
une sorte d
qui foin i« ,
qual»lr<
anî.'!'-
les >
-.r^ iêpasse 16 degrés, lorsqu'elle
^ AT uu liquide, tandis que, aprè>
- . -ortie au moins. Cette particularité
^ il» qu'on trouve une certaine masse*
mule ou d'autres articulations, si on
«^^ aU|KQses bien limitées, comme sur un
. vf^»u i^lement cette fluctuation sur deN
..•i»> qui ont été pris pour des coUectioas
. i\ii.*tintion. On a appelé cela de la fausse
« - xnmk pas un liquide ; mais la fluctuation y
.«>..• j*> d'an abcès; et il est facile de comprendre
^ of internasse de cellules remplies chacune d'un
4. it -vieusible, on puisse y produire le phénomène
. . uK urîsqu'il s'agit d'un liquide remplissant une
^^r {ite b fluctuation ? C'est une ^nsation de pres-
, .. !ii jifttîde incompressible d'un côté à l'autre d'une
^^uk ^iMtf contenu dans une seule cavité ou subdivisé en
^. i.«M&d^« h pression et le choc seront également trans-
lt ie b fluctuation sur un lipome aussi bien que sur
^**>"
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«k •-■
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«»**•>*
•*. >t
!L Jeiise que plusieurs de ceux qui l'accompagnent dans
^■i»*«f «Appuis très-longtemps que les niasses adipeuses pion-
^«i^^fMfi. tamiis que les tissus voisins vont au fond. Cela tient A
iii^ti^nit les cellules graisseuses, la stéarine, la margarine,
A'ttsie^que l'eau.
_v M»»v*M*urtU'* leurraient être signalées par rapport aux caractères
iàii|>^\. Le tissu adipeux résiste plus à la putréfaction que In
>^ {Mftw quo k^ corps gras se saponifient et forment une masse ri>
N\vtM|H)e!ii' \»s ()ar putréfaction à la manière des substances aïo-
!^^. ;*x *it^ vW *H^ K^''"»'0 qï» sont cause que le tissu adipeux résiste mieux
,.^,v » A vk^^tiwliou gangreneuse.
XV NHKiUMisi (m ivtrouve les traînées de tissu adipeux avec son asfjoct
4 X \>4Uih^H Hout encore entières, seulement la stéarine et la mar!>n-
>^%t% x0.xkUliMW tlaus leur centre ou à leur surface, en petites houppes imi-
.VJ4 >^)Nm\ doviont très^fréquemment le siège de productions morbides qui
^^v>^« 4' ik^imIo li|H)mos et qui résultent de son hypergenèse locale. Danseet
» s«v^^'^^^ iHtiiMtuto (|U0 les masses adipeuses présentent identiquement la
. V M.v viM^' jo Mi^Maluin Unit A l'heure. Cependant il y a certaines modifications
vNvSAk^UN»* qu'iMiuil imler. Tne première variété de hjiomes, la plus rare de
...oA» sN*l \H*Uo daui* lm|n«»llo les tumeurs, malgré leur grand volume, cr)nser\enl
,M •;\iUiiiil»M'iuo propn» au tissu adipeux du fœtus. Ces masses gélatiniformes,
.x^iOvkaiOlU^^, |i«iimmui'm»!» de |H'tilîi grains blanchâtres, offrent un aspect tout dif-
.K«v4a ^W«vlul dt»« li|H\nie» proprement dits. Aussi ces productions n'ont jamais
^^ ^KwifcîUi^**»»*^'* It» noMideli|M\!n<»s, mais bien sous le nom de cancers cûllaïdf s ;
• . .V
•«*
ADIPEUX 27
•Moments et leur comparaison au tissu adipeux du fœtus [lermetlent
y aisément la nature.
. PII même temps qu'il y a hypergenèse, il y a hypertropliie
liilfs; il nest pas rare de trouver dans les lipomes des cel-
. ;r )iis.|n'à 0°"",!, et qui, même à un examen attentif, sont aper-
^ - i umI nu avec l'apparence de petites gouttes d'huile; mais sous le
ou \oit qu'elles sont entourées d'un paroi propre.
:iutrc variété de lipomes plus rare, et qui a quelquefois reçu le nom de H-
iijKimo, est ducii ce que en même temps qu'a lieu l'hypergenèse des cellules
[musls, il y a hyi)ertrophie des cloisons lamineuscs inter-lobulaires. Alors la tu-
'.: ur graisseuse est traversée par des cloisons de tissu fibreux plus ou moins blan-
• lùlros ou résistantes qui modifient notablement la consistance et l'aspect lobule
ilo la tumeur.
Il y a encore une quatrième variété de lipomes, quil importe de signaler,
fiarce qah l'œil nu elle n'est pas toujours facile à distinguer. Ce sont des tu-
meurs qui sont formées en proportions à peu près égales, par des cellules adi-
puses et par du tissu lamineux k l'état de corps fusiformes. Ces tumeurs sont
remarquables par leur coloration d'un giis jaunâtre et par leur demi-transpa-
rrnce, caractères qu'on ne trouve pas sur d'autres productions morbides. Il est
nro de trouver ces tumeurs cloisonnées. Elles peuvent atteindre un volume con-
sidérable» tel que celui des deux points, sans se subdiviser en lobules. Sous le rap-
jiort de la texturç, ces tmneurs sont formées par des cellules adipeuses et par des
rorps fusiformes distribués en portions à peu près égales dans toute l'étendue du
tissu niûii)ide.
Les lipomes, quelle qu*en soit la variété, peuvent, lorsqu'ils atteignent un grand
Tolume, être le siège vers leur centre d'une mortification de leur tissu, d'où ré-
^^ulte une cavité remplie d'un liquide d'aspect purulent et qui ne renferme ce-
[^ndant pas de leucocytes.
C'est une mortification loin du contact de l'atmosphère, qui s'opère sans que le
liqaîde qui en résulte aie une mauvaise odeur. C'est une nécrose ou une gangrène
(lu tissu adipeux, et lorsqu'on examine le liquide au microscope, on voit que sa co*
loration jaunâtre est due à une émulsion de gouttes d'huile en suspension dans
une sérosité, parce que les cellules mortifiées se sont brisées et que leur contenu
s'est réduit en gouttelettes ; on y trouve aussi quelques globules sanguins.
m. Système ADiPEOx. On donne le nom de système adipeux à l'ensemble des
parties similaires ou organes premiers formés par du tissu adipeux.
On reconnaît facilement trois ordres très-distincts dans ces parties similaires. Ce
^nt d*abord celles qui, associées â des organes premiers d'autres systèmes, tels que
les faisceaux secondaires et tertiaires des muscles, des groupes à*acini glandu-
i'Hres, etc. , concourent d'une manière secondaire mais réelle à former les muscles,
l<s glandes et autres organes. Ce sont ensuite les parties similaires qui sont
interposées aux organes proprement dits; mais dans ces dernières on distingue :
(i celles qui sont simplement d'interposition proprement dite, ou d'enveloppe quand
il y en a entre toutes les faces d'un organe et les organes qui Tavoisinent; puis
h celles qui sans discontinuité de l'un à l'autre sont interposées à la peau et aux
(»rganes sous-jacents, enfermant ainsi à l'organisme une enveloppe adipeuse générale
Qi commune sous^utanée.
(j» trois groupes de parties similaires présentent de notables différences lors-
<{n on les compare entre elles chez l'adulte, puis d'un âge â l'autre, et d'une espèce
26
ADIPFI
Hh
solide, comme Teau passe de Tétat lic[
s'abaisse au-dessous de zéro, par un pi
sique et chimique. La graisse intra-M^ii •
et modifie celJe de rensomblo du ii> ■■
Pendant la vie, lorsque la l.'in|>' •
atteint 37®,50 environ, lescdlui
la mort, elles le sont par dc^^ < «•
est importante à noter, pMur
de tissu adipeux, cornu ir .«>
vient ii exercer une pi'—
abcès, on sent une (I'im •
lipomes, et il y n d
étudiées ici dans rordre
les descriptions des autours
■> t^oel elles restent, au milieu de
.ri is n ont pas sniW cette mardi •
-^> X
liquides, pan e qii\
fluctuation, pnr
est parfois toit'
que le tissu i-î
liquide r\ i
de la 11 M<
|>rar)(]»'
si(»n •<
m. «f commune sous-cutanée. Ces or-
ttSL jntres et la couche que forme leur
. Celui-K;i est interposé à la peau en
il est séparé de ceux-ci et des autres
extérieures d'enveloppe. Toutefois f*e
, sous le tmpèze, sous le grand dorsal,
le grand fessier par son bord antérieur et
. ^ \afesseaux et les nerfs de cette région . D'autre
i 1^^ médiane du dos, du nez, au niveau des os
.> ^artibges du lobide ; il manque aussi sous celle
ft «en[e et sous le scrotum. 11 s'amincit beaucoup
4», ju i^lernum, au niveau du sommet des apopliyses
>^ le raeromion et de la crête de l'omoplate. 11 s'y
,^v i HT rares lobules, ou même manque complètement.
\â>^ c pMinicule adipeux s'amincit à la face postérieure du
«.k> « «|uelques lobules à partir du bord inférieur du liga-
<« Ht ito de la main, jusqu'aux articulations métacaqio-
^N. V
>^..*
N. •
>^ M la ttâ^MU du tarse, ou seulement aux articulations métatai^^o-
I ÉÉitttcit brusquement. Chez les enfants et quelques sujets
>^ ...«. ^<«^ k'S articulations métacarpo-phalangiennes que disparait
,.^u?<\ Ktle manque au niveau de ces articulations mêmes et des
;>, -*x Ji> Aiigts et des orteils.
. ;i MTiie |iostérieure du cou (I â 2 centimètres), au creux de
AtHturMres), autour des mamelles (1 ù 4 centimètres), au pU de
.«uaa v< Mitoiir du pubis (1 à 2 centimètres), sur les côtés et en arrière
.V tii^iAM' mvuttu, depuis le coccyx jusqu'à l'anus (1 à 4 centimètres),
•kUwum» «4 »ur les côtés, aux fesses jusqu'à la partie postérieure et à
uUMv sk't^ cuisses (1 à 4 centimètres), surtout chez la femme, au creu\
* U4\ wulk^ antérieure et postérieure du pied (i à 2 ^ centimètres). Li»^
V .«u«U^ M^v«imitcs, relatives à l'épaisseur de ce tissu, sont toutes dcmnées
X .A«^ iiktiiiii» Alites par des sujets d'un embonpoint ordinaire. Partout ail-
: i4\H«ml« dtfs épaisseurs moindres, trop variables d'un individu ou d'une ré-
\» < , \u4iv» ol lix>p pou importantes à retenir pour qu'il soit nécessaire de les
vVviK^ ^jiio xitit . du reste, l'épaisseur atteinte, d'un sujet ou d un âge à l'autre, pr
^uèi^H uk« adiiMnu sous-cutané, la masse qu'il constituedans son ensemble, oomme
i 14U Kim* iii^tvui uuUiie que ce soit du corps et des membres, est plus considérable
i4,v vt^KMiiù «e tiwivc autour dos intestins et dans l'épaisseur des orgsmes, situés au-
!k '>\m^ ^K' r«|MJué>rosc d'envelop|)e qui les sépare de ce pannicule. Du reste, il n'y
I u^> MM l'^ipiniil rtJUHtant outre Tépaississement normal graduel de ce dernier et
I vK*» i^« iwrlio* himilairt^s adilKJUscs d'interposition ou de constitution des orgam»..
i\v u\\ \M li^>»-rnq>|mnt chez 1rs femmes, les enfanU et beaucoup d'hommes, tant
^ar MHO liMipo «lofi niombres qu'au Irono, y compris les viscères, et même au cou.
ADIPEUX. 29
Il estoommun, en eiïel, de voir chez des femmes et des cidauts potelés le tissu
adipettx d*interpositioit être très-peu abondant. Ces différences de quantité du tissu
adipeux sous la peau, comparativement à celui qui existe entre les organes ou dans
leur épaissear, quoique toujours manifestes chez les sujets atteints d*obésité gé-
nérale ou seulement abdomimUe, sont cependant alors moins tranchées qu'à Tor-
(linaire.
Les organes premiers de cette portion superficielle du système adipeux offrent
dans trois régions quelques particularités anatomiques qu'il importe de noter ; ce
sont le tissu adipeuse du cuir chevelu, les coussinets palmaire et plantaire et ceux
de la polpe des doigts. Entre le cuir clievelu et la peau du front d'une part, les
muscles de ces régions et l'aponévrose fronto-occipitale d'autre part, le tissu
adipeux a une épaisseur assez uniforme et qui varie beaucoup moins d'un sujet
à l'autre que dans le reste de l'économie. Cette couche est formée de tissu adipeux
à texture serrée, c'est-à-dire à lobules très-petits, plus mous, séparés par des
ckHsons lamineuses plus minces, si ce n'est dans les endix)its où des faisceaux fi-
breux le traversent pour se jeter sur l'aponévrose fronto-occipitale ou sur le tissu
lamineux qui adhère aux muscles frontal et occipital. Ces différences par rapport
ju tissu adipeux de la face sont très-sensibles. C'est dans son épaisseur que se
Irouveiil plongés les bulbes pileux.
A la paume des mains et à la plante des pieds le tissu adipeux est formé de
lobules volumineux, arrondis, mous, composés de grosses vésicules; ils glissent
£icilement les uns sur les autres et sont aisément isolés ou mieux énucléés |xir la
dts^ectiou. Le rôle de coussinets à la fois résistants à la pression et élastiques que
remplissent ces oignes premiers adipeux est dû simultanément à leurs lobules et à
la disposition des nombreux faisceaux fibreux assez riches en fibres élastiques, qui
de la face profonde du derme vont s'insérer sur les aponévroses palmaire et plan-
taire. Incompressibles ou à peu près par eux-mêmes, parce qu'ils sont composés de
gouttes demi-liquides retenues dans des cavités closes, ils remplissent les intervalles
de ces faisceaux, qu'ils maintiennent ainsi que le derme dans un état de distension
permanent, sauf les cas d'énuciation. Aussi font-ils saillie entre ceux-là comme s'ils
CQ étaient expulsés, lorsqu'on vient à inciser le deime et la couche sous-jacente.
 chaque pression palmaire ou plantaii'e ils résistent, et par là entraînent la dis-
tension du derme et des faisceaux précédents, tout en se prétimt à de légers dé-
placements par suite de leur mobilité les uns contre les autres et entre ces faisceaux,
lorsque la nature des efforts exercés l'exige.
Ces coussinets, bien plus épais au pied qu'à la main, offrent des dispositions va-
riées au niveau des têtes des métacarpiens, des métatarsiens, des plis cutanés au
creux de la main et à l'éminence thénar ; mais comme elles dépendent surtout du
nombre et de TaiTaiigement des faisceaux fibreux précédents, c'est l'anatomie des
régions qui doit les faire connaître.
Ces coussinets s'amincissent aux bords de la main et du pied en approchant de
la face doi*sale de ces derniers. 11 en est de même sur les faces latérales des doigts
cl des orteils, où ils disparaissent au niveau des articulations phalangiennes, tandis
qu'au niveau du corps des phalanges ils se réduisent à une mince couche formée
d'une seule rangée de lobules juxtaposés qui s'étend jusqu'aux bords des tendons
extenseurs.
Ces particularités sont, du reste, au fond, les mémos à la face antérieure et à la
|Ndpe des doigts. Seulement les faisceaux fibreux qui leur sont interposés sont plus
liw, plus nombreux et les lobules adipeux plus |)etils.
\ •
^^ ^ iri'^. palmaires et digitales, sont plus minces au
> . cf> plis cutanés de flexions que dans les iiitcnralles.
. . . Hie^eki et de la face antérieure des extrémités, dont
.^ Rr participent que très-peu aux modilications si cou-
'\>£e du pannicule adipeux sous-cutané dans les ais
m
. .V Ht luoîns grand développement du pannicule adipeux
-. ù soient les organes premiers précédents, que sont dus
« «uw iWpuis celui où, à peu près uniformément répandu sous
. .V '^ombl*esju^)<|u'au poignet et au pied, il détermine l'état po-
. «À . (ivsHléveloppé, mais plus encore au tronc que partout ailleurs,
«.vioiuinale, il cause Tétat à*obésité.hi distension du derme (fu*il
.XV.» >vHu\x* lie la gène des mouvements partiels du tronc sur les mem»
. ' v4x Jiutant que la rencontre entre elles de ces parties elles-mêmes.
V «. va 'Au amteiui des cellules adipeuses entraîne au contraire l'amincis-
.. x%.i%«<vulo adifieux et parfois s;! réduction à de rares lobules rougeàtres,
,v ♦uav'5* oiyancs premiers de ce système dont il va être question par-
. s N V wuivMiont î\ cette atrophie. Celle-ci entraîne, inversement à riiyperlro-
.. o v^Hiuiit de la peau caractéristique de la maigreur accidentelle ou sénile.
i, *». .u\5î similaires adipeuses d'interposition et à* enveloppe. Ces parties
jvv»v '^ HMiH|iiont jKîndant toute la durée de l'existence entre certains organes
. \ ,«» vi |v*H entre ceux du système neigeux central qui entourent la dure-mère,
s ivu(uo \\^\\Vt ni sur les côtés et à la face postérieure du pharnix, au pourtour
V ' >^ A\^4ui^o, îion plus qu*entre les muqueuses et les couches musculaires on au-
iv ^, v)u\'lltui tupinsent. Cependant on en voit parfois quelques petits lobules cntic
K\ ui^HinoUHr et la musculeuse vésicale, sous le repli médian labio-gingival et sous
l\ ^MU\luiMiHo, qui, des lèvres et des joues, se réfléchit sur les os maxillaires. On
\\ on litMi\<M'f(alenient pas entre le péritoine et la rate, la surface du foie, à l'excep-
\\\y\\ do MPI ftillons, le corps de l'utérus, les ovaires, les testicules. Partout ailleurs
\\ ommIi' di'H parties similaires adii)euses entre les organes ou autour de certains
dt^ulic (MU, mais qui apparaissent à des époques diverses de l'évolution individuelle.
(!i(pi iH'KiiHes premiers se rattachent euv-ménics à plusieurs groupes distincts {Kir
Il in ili^iNiMlion anatoniiqne et le rôle qu'ils jouent dans l'économie, selon qu'ib
mimI ptin» iiarticulièrement interposés aux muscles et aux nerfs ou aux ^'aisseaux,
ipi'iU |M'cnnent {.art à la constitution des parties molles articulaires, qu'ils adhèrent
a lu Hn|M'Wicie des os ou qu'ils accompagnent certains viscères.
r Organes premiers adipeux d'interposition^ musculaires^ osseux^ nerveux
vi vnin'ulaires. Ces organes premiei's sont particulièrement disposés en couclic>
yh\h At'Uii'ui minces, entre les gaines aponévrotiques propres des muscles et au-
Utm A**s %;ii«»M!iiuv et neris inter-musculaires, ainsi qu'entre les branches des plexus
^\i'\ stu%. Mai% on en trouve aussi pai'fois entre l'aponévrose d'envclopjie et le musr
ik' m*uit% iKirlicnlièrenient au niveau de la jonction des tendons encore élar^i>
ti\*i |i' «i^ntfe musculaire correspondant, et là les couches adipeuses adhèrent forte-
uo Ml U ui» jiarties du muscle. On en voit également entre certiins os et les niu<-
t \in^ ammut h l'extréniité inférieure de l'humérus et du fémur, en quelques Iloint^
ti* Il Hiiba; di'H os des iles, etc.
k U Ut M il existe deux organes premiei's adipeux qui , par leurs caractères
|is4Hiiiitii'ik fiét cHMU'ut une mention spéciale. L'un concourt à la constitution de
i 4\f\t(êîi't\ \U\\v\, c4Mt le coussinet adipeux ou graisseux de l'orbite, l'autre est
ADIPEUX. 51
h boule graUseuse de Bichaty qui joue un rôle dans la constitution et les ibnc-
tioDs dtô appareils de mastication, surtout de la déglutition, mais d une manière
indirecte (Cb. Robin et Gimbert, Gazette médicale, i864, p. 553).
Au cou, le tissu adipeux d'interposition remplit les intervalles qui séparent les
uns des autres les muscles, ou mieu!C leurs gaines aponévroliques, et d'un sujet à
l'autre il rend ces intervalles plus ou moins considérables, suivant qu'il est plus
ou moins abondant.
11 faut signaler en particulier, ici, la couche adipeuse qui sépare le peaucier des
moicles sus et sous-hyoldiens, du stemo-mastoïdien et de l'aponévrose qui relie ce
dernier aux précédents.
Du tissu adipeux, plus abondant en haut et en bas qu'à la partie moyenne du
cm^oxnble, avec les gros vaisseaux et les nerfs profonds, la loge inter-aponévro-
tique de cette partie du corps. Dans ce tissu adipeux il y a en outre des ganglions
lymphatiques, tant en avant qu'en arrière des carotides et de la jugulaire.
Où sait que le tissu adipeux forme des traînées le long des artères et des veines,
de ces dernières particulièrement entre les muscles et à leur surface, aussi bien
que dans les épiploons.
Entre le petit coroplexus et le scalène postérieur, entre les deux scalènes et les
eûtes des vertèbres cer\'icales correspondantes, se trouve du tissu adipeux plus ou
moins abondant, interposé à ces muscles et aux nerfs cervicaux ; il s'étend autour
du plexus brachial et des vaisseaux dans les régions sus et sous-claviculaires jus-
qu'au tissu adipeux sous-cutané axillaire, avec lequel il se continue en dehors, en
prenant un état grumeleux qui se montre toutes les fois que ce tissu existe au pli
des grandes articulations ; en avant et en bas il s'étend entre le sous-clavier, puis
le grand pectoral d'une part, la première côte et le premier espace intercostal
d'autre part ; puis, plus bas, entre le petit pectoial, le sous-scapulaire et le grand
dentelé. En arrière, il gagne entre la deuxième côte et l'angulaire de l'omoplate,
entre celui-ci et le trapèze, et, plus bas, entre ce dernier et le rhomboïde.
il existe aussi entre le grand complexus et la masse musculaire des transversaircs
qtineux et inter-épineux du cou une couche adipeuse, épaisse en haut, qui mé-
rite une mention spéciale. Elle renferme, comme on sait, le plexus des veines jugu-
laires postérieures profondes.
Au oou et dans toute l'étendue du rachis, entre la série des muscles transvcr
saires épineux, d'iAe part, la base des apophyses épineuses et traiisverses, jusqu'au-
tour des» apophyses articulaires et des trous de conjugaison d'autre part, il existe con-
>tamment de petites masses ou traînées de tissu adipeux communiquant les unes
a^ec les autres autour des insertions musculaires, des vaisseaux et des nerfs. Ces
couches sont continues l'une à l'autre, sur la ligne médiane, entre la face inférieure
de chaque apophyse épineuse et le bord supérieur de celle qui est placée au-dessous
et forment là une masse d'épaisseur variable. Elles se prolongent au niveau des
apophyses transverses de chaque côté, entre le bord correspondant de la niasse coni-
liiune, des muscles spinaux et les intercostaux thoraciques, entre le Ijord de cette
inéme masse et les inter-transversaires et le carré des lombes dans la région de ce
nom. Dans toute l'étendue des parois thoraciques et abdominales, le tissu adipeux
d'interposition musculaire est fort peu abondant, il ne forme que de minces cou^'
^les de 1 à 3 millimdtres d'épaisseur et le plus souvent discontinues, même eiiti*e
le» intercostaux. Leur développement n'est pas en rapport avec celui du panni-
eule adipeux sou»cutané et elles ne participent pas aux modifications que présente
ce dernier dans l'amaigrissement avec ou stnis œdème;
» *■
\b\?tll.
li.,ui \vx r^ tU' f4*\*''^ni«Hî diiïuft du (roiic on trouve soureol k iksa adipeux ré-
Ititi t ) Af^ fl^ |^il|i^ ilifflueitie d'aspect cmukii et purulent, ans Icsâon des ooii-
Uvj .tti(«f*.iur« ^/r/'AmiUm^ liten quelles ne soient séparées de oelui-â que par
r )»>tiutf..ti# 4 fiiNt n|ififi/:vniiiC d'envelqipe ou d'insertion. On voit, par eieinplo,
\* i).r^*/ *tff^ du (/t»MMl dorsal insérée au sonunet des apophyses épineuses dorsale^
W^h\M$tf%, Ma* Ui M'ul intermédiaire entre le tissu adipeux sous-culanc f|ui lui
tu^f ; d/lMift |Kir la supiiuration, et la couche adipeuse restée ^aine qui sé})are
ffih. 4\0mi'^tt^'. Ai*% muselles sacro-lomliaircs, sains également. La même paitîcu-
if$ill • fAmt't^it dan» IcH cas de phlegmon superficiel de la cuisse par rapport aux
it -M 4iU\tt*ut fi aiitri.'H, placés immédiatement sous Taponévrosc générale d*eti-
•t\ft\n»t'f Hviceverêa, pour les cas de phlegmons profonds ou 80us«aponé\ToiÎ4|ue>
^fi$ $4\t\iifri k la couche graisseuse sous-cutanée.
Ami fiifrmlin'H, le tissu adifieux d'interposition remplit aussi l'espace qui se|Riie
jr* yi.tUu*M d'enveloppe dos muscles et y forme des couches d'épaisseur très-vari;i*
hli' d'un sujet h l'auttc. Os couclics sont plus considérables à la mciue de>
iuê*m\nvtk^ oh U*n mus<;les s'amincissent près de leurs insertions, que dans le re^tc
di* leur éleiiduc ; r^|H^ndant elles conservent une certaine épaisseur sur le tmjct
di'^ ttuncs vnsctilniivs et nerveux.
(>M couclios d'inlnrposilion s'é[Kiississeut aussi au niveau des plis articuLiires,
eouunt* on le voit outre le |)soas et le pectine, au-devant de l'articulation co\o-
li'nioiale, uu creu\ |ioplilc derrière l'articulation du genou, entre le tendon d'A-
iliilleollnrticulalion tibio t;irsienne, au coude, sous le tendon du biceps et autour
dr lui, ptii^ sous l'articulation de l'épaule. Dans ces régions, à l'exception du
(Miudo et do rmiiculation tibio*tarsicnne, ce tissu adipeux est ordinairement gni-
niuleux, c'osl-à-dirc que plusieurs lobules primitifs sont réunis en |jetits amas |m>-
Ijétlritpu^, séparés \h\t du tissu laniineux lâche, qui fait qu'on les isole facile-
ment les uns Ai^ autres. Cet état est surtout très-maii^ué dans le tissu adipeux du
eivux jwplité.
Miv «lcrni^lT itiuclio graisseuse d'interposition est importante ; elle est assez net-
Icniout sé|inKt' do toutes les autres dans son ensemble; elle enloiuxs toute la partie
inférieuiv du fémur et le ligament postérieur de l'articulation du geuou. EUc es»t
intor|Wv aux muscles xt>isins et au périoste de cette région épaissi par les pro-
loiigeniouts dos insertions ligauiouteuses. EUc est partout grumeleuse sur presque
Imis li^ sigoU ot de nMileur notablement différente de celle du pannicule sou>-
(UlamS dcmt au cixnix {«oplilé elle n'est séparée que par l'aponévrose générale
d\ii>v)o(»|)0 do la ouissio tii«suuincio à ce niveau.
(Vt i^'^.uH^ l'ivuiior sVtotid en axant jusquaupr» du cartilage articubirc, eiiUr
k' |HH H^lo K lo |Mn4ongonHMU ou cul-de-sac siqiéneiu* do la synoviale, entre le
|H*Ut»tool lo niiiH^W toit^'ur do la synoviale lorsqu'il existe. Ce prolongement de la
>\iiiniaio $ô|)arx' iv li;>su aili|HHi\ du loiidoii du triceps qu'il Capi:s&^*; mais ce u*«^t
qu'aink^^us tlo ivtto suioxtalo qm* ce toudiHi ot les muscles alleiaut touchent à
w^tlo a«ti^^io ):i«i>2ini$e qui ivnKinle à 10 ou lâctnitiniètivs lo loii^ du leniur.
tUlo tk^^'x^ii) Mir U's a4'S do:^ cxNiil\k'>, outre le penu4e et b synoviale, nisaL<
N 111x^0 A I Ml r^ uuttiiuoirx^ oiixiixiii do^ l«oi\ls du cartiL&^e julkulaire. Elk^ cou-
tt^iUH' OU qiii*k|iH* MHîo b t^v" extonn* thi lôiuur ot 3<' lOiitiuuo en Arrière sur son
vxlixiuitc ui^'iH'Uiw ol duk'^lAUs oUo oiix\^«' qiiolquoïi protoiçoiiient» dans les titNi<
\.%M'%ibur^ du W^k^i tH« a|^Wx|\«^4f» d'ituii^ioii du ^nraml jkM;>.'ieur. teitc (tMi-
«Ik^ A)q^'H< J«ih^1V AU |%H[^^4c (k* l*ON|\K>r tiMiuuliin.^ huHtô |mi U làfurratiiNi
%k U l^«w i|^o «u luut« À tiHit k' l^jie.Kul |\«4«.ttv*u: du ^> iKM jusfu'ju munie
ADirElX. 35
(iopliié en bas, et aux insei'lioiis condylieiiiies des jumeaux. Très-épaisse dans toute
celte étendue, elle remplit Tespace poplité avec les vaisseaux et les nerfs qui la tra-
versent de haut en bas. J'ai déjà dit que cette portion du système adipeux est ordi-
nairement grumeleuse, formée de lobules polyédriques et s*étend eu arrière jusqu'au
païuiicule sous-cutané, dont l'aponévrose généi*ale d'enveloppe de la cuisse la sé-
pare seule.
A l'extrémité inférieure et postérieure de la jambe on trouve, sous l'aponévrose
jambière superficielle, wie couche de tissu adipeux, épaisse sur les côtés du teudou
d*Âcliille, surtout en bas ; elle est placée entre ces organes, qui sont en arrière,
tandis qu'en avant se trouvent le long fléchisseur du pouce, le flécliisseur com-
mun, les péroniers, les vaisseaux et neris tibiaux postérieurs, puis, plus bas, le
ligament annulaire postérieur du cou-de-pied, et la partie du calcanéum qui est
située sur les côtes et en avant du tendon d* Achille.
Au-devant de ce ligament et sous l'aponévrose qui sépare ces muscles et vais-
seaux du tissu adipeux précédent, il faut noter l'existence d'un organe premier adi-
peux dense, bien limité, qui remplit la loge irrégulièrement pyramidale à sommet
supérieur interposée à la gaine du fléchisseur commun en dedans, du long fléchis-
seur du pouce en dehors, derrière l'extrémité inférieure du tibia.
Aux extrémités, on trouve sous le pied un peu de tissu adipeux d'interposition
pr ooudies ou lobules, selon les sujets, dans le creux de la voûte du tar^e et du
métatarse, en avant de l'extrémité antérieure du calcanéum, entre ces organes et
les tendons fléchisseurs, leur muscle accessoire et leurs lombricaux. Ce tissu adi-
peux s'étend en outre entre le muscle accessoire et le court fléchisseur ; il est tra-
versé obliquement par le tendon du long péronier latéral, par les vaisseaux et par
les nerfs plantaires. 11 s'étend en avant entre les interosseux et l'abducteur oblique
du pouce, etc.
S« Organes premiers adipeux articulaires. On peut diviser ces parties simi-
laires adipeuses en intrinsèques et extrinsèques. Leur description mériterait plus
d'attention qu'on ne lui en accorde en anatomie descriptive. Les organes premiers
intrinsèques sont placés dans la cavité articulaire même, telles que la délimitent
les moyens d'union des os. Us sont interposés à ceux-ci en dehors, puis à la syno-
viale en dedans. Ils tiennent celle-ci poussée, en quelque sorte, contre les surfaces
lisses de glissement ; ils remplissent l'espace compris entre ces surfaces et les liga*
ments qui en sont nécessairement écartés en quelqu&s points de leur longueur,
dans les articulations trochléennes ou ginglymoldales surtout. Us ont tous une
surface d'adhésion aux ligaments ou aux os et une surface lisse de glissement
soulevant la synoviale, lui adhérant intimement. Généralement, le tissu adipeux
de cette surface est très-vasculaire.
Us ont des usages qui se manifestent d'une manière frappante lorsqu'on ouvre
une articulation sur le côté en respectant ces organes adipeux et faisant mouvoir
les os. On les voit alors glisser, se déplacer ou mieux changer de forme de ma-
nière i combler incessamment les cavités que tendent à laisser entre eux les os et
les ligaments pendant la durée des mouvements de flexion et d'extension. Us doi-
vent la possibilité de ce rôle à la mollesse du tissu adipeux dont les propriétés tien-
nent à la fois de celles des liquides par l'incompressibilité du contenu de ses vési-
cules et de celles des solides par la ténacité et l'extensibilité des parois de ces
éléments.
Les organes premiers adipeux articulaires extrinsèques sont au contraire placés
hors des cavités articulaires entre les diverses couches de ligaments ou contre
DICT. ERC. II. 5
^^« )Ai^«/' il2«i' tt^ mut 1:u*'. t ^ inr a ttnyiMf^jm O!»
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i" fff*i**f9r% pf^ifi^fi^ Màtp^itx r^duéiems. La oiit^ 'tKCfikatftiae «t odk de b
/Im#> ffi^f*^ f^h A'ftift^ ^0â *^f 9Ki*smnti. àfymr\ja0^ 6r itan jdlpeux. MûseoCre
|« tw^ ét^^ftf, 4^ ip'\\0^^n *i b br^ %t^jrï¥', 4ii eiiK»l racbkbeii, «a cb mil à partir
An tff « ^M 4f h tt'f>f4^t$^, v^r^X^e ^>rtif:»U^. I/r4 d^nâlioii» qoH y pnrsenle r»-
h ftl '4 fjMi 4*' fii/f^, \ff^ U% Ufhtu^ ynA^Bi toute b «ie, à conptcr de b pRoiière
i^ Ufmn 9i4i\0^m i$df»^rÊtitià'u:n mnOitne antsnl de ooncfaes en forme de demi-
m9Wi0U% #|Mil f 4 A*' \îi(Sf9$$tmU J0iim'% ébfttiques, allant d*one bme verfélnle à
t'iêniff h'n urtyh**^ ^rfi(#^>^it un ftru tor h lame Tertébrale qni est an-dessus et
HM i^t^fnnmn, $$t4in il» tiir b ny^miriffit |»« rn entier; œ sont des rameaux Teineui
HiutMétfiftm/'n H MM ]n*u iU* tiMii lamimfijx I4che, (pii se trouve là, entre le périoste
H Im iImm' mi^m*, I^' rlim|Mi! t'àu\ V4*% ilcmi-anncaux adipeux s'enfoncent directe-
liwult tm rrM« ihtitu*. fU*\t4*iiUr%irn]u(!4*n de lobules graisseux, dans les trous de cou-
jM|^»ii4f)M< Klli*«M' tiTMMMi'Mf Ift, ti à <^; hiveau, dechaquc oôtcde ladure-uiere, elK^
MfMMMMni<|iM'Mt il<« l'uiM' A rnutn*^ |iar des traînées de lobules sembbbles. Hais elles
m'i'MI|mM<'MI |hi« «Mf In l'iic^* onl/'nnun! de la dnrc-mère, contrairement à ce qu'in-
fl)f|MMMl i|Mi«lf|iif*ii ritili!UrN. Crdr tnembranc ndhèrc sur la ligne médiane au surtout
\iUfmm\U*u% \HfnUw\ir \wr iU*n ïnmvaiix allongés, obliques, de tissu lamineux ou
lin IImm flIiinMH, iiMi*/ lAclio vUo'Â IcNrnIiiiih, iiliis mistant cliez l'adulte. Du tissu
IfHMiMMMi h^«IAl'lM^ liiiiiN (l/<|»ourvu do graisse, est interposé aux côtés de b face
iiMl^ iiMMo tli* Im ilui'i''MW*n« et iMix vointm ou sinus racbidiens qui gagnent le sur-
IfMil litfiiMMMili'iiH |Nmli'M'irur, |Hinr s'oiiloiicer sous lui. Ces bandes transversales
«oitti iiniuiliiln*» (II* liicvu mlipiMU ont une i^pisseur de un à deux millimètres de
rltiupio M^tA ; Miut« Hiir la li^nn ni^Mlianc elles s*épaississcnt et s'enfoncent dans
riMi|tl(>nmlriUil qiio rmuMMil Iph ligauuMils jaunes élastiques, entre les bords in-
If^l'lion do ro« (Iciiiiorn.
K |Miiiii du liiiiil do lu iV«gion lomlmiro, w tissu adipeux devient plus abondant,
pluki i^|mi« \ il 110 ItMiiio pluH Houlonioul des luindes transversales, mais une couche
iiMihMuo i|ui i^MO <iur lo^ biHioM vcittHtndos, ixmnne sur les ligaments élastiques;
il iitlli^iv mMixiMil pln« (\ U dlltv>lu^lv qu'A «vs oiy.in«, tindis que plus haut c'est
lo i^MiIhuio l\mlot«M<i, IV li}^sn iir s'a>nmx> )«s au delà des prolongements de b
iImiv nnSv d.ui» lo« Inm^ mobidioiisi ol \w gagm^ |ws om*orc sa face antérieure. Ce
H o«l ^\Wm\ \\\wm\ do l\ «xmplhmo s^u^i^\tMU4iraW et dans tout le canal sacré que
n Mo \Mih \\\> oiiliMiiv nmqilofomoni b duix^iinV^ et ^*inte^pc^s^^ en outre, aux gaines
«|M \\l Mil nM Aii\ \'M iui>a xMMiv« iW la q^HHie tW» chenal, il est ainsi plus aboa-
d.^m U qM\' |>Ml\ml ,MlWuini ; d «V^U^hI ju?«(u i rovtivniité du cmhJ aaè et se
ADIPEUX. 55
continue ici avec lé tissu adipeux, dense, sous-cutané, de la ligue médiane contre
la face postérieure du sacrum.
Le tissu adipeux intra-rachidien est remarquable par sa mollesse et sa friabi*
iité. Il se réduit facilement sous l'influence de la moindre traction en gros lobules
Ikiienient unis par de fins filaments de tissu lamineux très-vasculaire et peu
résistant.
OieE les enfants et les jeunes sujets il est jaune, comme partout ailleurs ;
mais chez l'adulte, swtout sur les sujets amaigris, il est parfois demi-transpa-
rent par suite de Tœdème auvent considérable du tissu lamineux interposé
aux lobules graisseux. Cet état œdémateux est principalement prononcé dans
la région lombaire. Le tissu adipeux est plus ou moins rougeâtre sur quelques
individus, tant par suite de l'état de congestion des tissus et des sinus de cette
région, que par suite des changements de couleur que nous avons constatés
sur les vésicules adipeuses des sujets émaciés. Il est commun alors de le trouver
d une mollesse remarquable et comparable à de la gélatine par sa demi-lranspa-
rrace.
±* Organes premiers adipeux intra-thoraciques. Les uns sont particulièrement
en rapport avec la plèvre, les autres avec le péricarde et le cœur.
Les parties similaires adipeuses pleurales sont toutes sous la plèvre pariétale et
aucune ne répond à la plèwe pulmonaire. Au travers de la première on aperçoit
des traînées adipeuses le long du bord inférieur de chaque côte, autour des vais-
îieaux et nerfs inteixx)staux des vaisseaux mammaires internes ; traînées dont se
détachent des prolongements qui séparent les faisceaux musculaires de l'intercostal
interne. Il forme parfois de véritables couches tapissant tout l'intercostal interne,
Mirtout en avant et en arrière, empiétant même sur les bords des cotes. Quelque-
ibb aussi des lobules aplatis et flottants soulèvent la plèvre vers le fond de la gout-
tière oosto-vertébrale et près du sternum. Des lobules analogues soulèvent plus
fréquemment encore les plèvres diaphragmatiques autour de la base du péricarde
ou même près de sa partie moyenne antérieure, souvent riche en tissu graisseux.
Entre la plèvre et le diaphragme, surtout près de la réflexion de celui-ci contre les
cotes, il existe aussi sur quelques sujets des couches adipeuses minces, d'étendue
vairisd>le.
Ce tissu adipeux forme souvent une couche continue et même épaisse sous la
portion de la plèvre qui tapisse les côtés des vertèbres, et au-devant de celles-ci
entre les deux plèvres, c'est-à-dire autour de l'aorte, des azygos et autres organes
k^ dans le médiastin postérieur. Dès la naissance, il y a des traînées de petits
lobules adipeux, le long des nerfs diaphragmatiques et autour de la base du thy-
mus, tissu adipeux qui augmente de quantité avec Tàge.
Les parties adipeuses intra-péricardiques ou cardiaques se présentent sous forme
de traînées ou de couches parfois lobulées sous le péricarde viscérat seulement
et manquent ft la face interne de la séreuse péricardique pariétale. Elles existent
le long des vaisseaux, des bords droits et gauches du cœur, surtout du bord droit
et à la pointe de l'organe; ces traînées sont assez souvent larges et peuvent s'é-
tendre sur les faces mêmes de l'organe. La quantité en est plus considérable dans
le sillon auriculo-ventriculaire que contre les autres parties du cœur. Là il forme
souvent des lobules ou prolongements coniques, qui soulèvent le péricarde viscéral
ot ont quelque analogie avec les lobules adipeux épiploîques. Ce tissu se prolonge
un peu sur l'origine des gros vaisseaux, sur l'artère pulmonaire particulièrement,
et dans le sillon qui la sépare de l'aorte.
S6 ADIPEUX.
Il en existe presque coustammeni des trainées miuces et étroites sur les
oreillettes; il y en a même souvent des couches assez épaisses à rabouclie>
ment des veines pulmonaires dans l'oreillette gauche; mab tandis qu'on n'en
IrouTe que rarement ou même pas du tout sur l'iiuricule droite, lauriculc gau*
clie en porte des traînées assez nombreuses formant parfois sur les faces, sur
les bords et en particulier autour des appendices digités de son bord inférieur
une couche, presque continue. L'oreillette gauche même, en est alors tapissée com-
plètement.
5"* Organes premiers adipeux introrubdaminaux ou sous-péritanéaux.
Ces organes premiers adipeux sont des plus intéressants. Il faut distinguer ceux
qui sont spécialement sous le péritoine ^lariétal, ou entourent quelquesHUis
des organes contre lesquels passe cette portion de la séreuse, et ceux qui sont sous
le péritoine intestinal ou mieux entre ses feuillets qu'il écarte.
De toutes les parties similaires adipeuses abdominales, la première qui se dé-
veloppe est celle qui entotire le rein. Dans le dernier ou les deux derniers mois de la
grossesse, ce tissu adipeux forme déjà une couche lobulée à la circonférence de
cet organe et vers son bile, avec des tramées de lobules rougeâtres sur le rein
lui-même. La quantité de ce tissu augmente considérablement avec l'âge, mais en
proportion trës^diflérente pourtant d'un sujet à l'autre.
Chez quelques-uns, il entoure complètement ou presque complètement le rein,
autour duquel il forme alors ce qu'on appelle la capsule ou atmosphère adipeuse
du reifiy épaisse surtout en aiTière et en haut. Dans ces circonstances, ce tissu
adipeux est jaune, disposé en lobules, mais ces derniers ne sont séparés les uns
des autres que par de très-minces couches de tissu lamineux lâche, ce qui fait que
la masse est assez homogène, non gnimeleuse.
Il est des sujets, au contraire, qui, morts sans amaigrissement très-marqué,
n'ont que fort peu de tissu adipeux à la circonférence du rein, à ses extrémité et
vers son hile, avec quelques trainées de lobules rougeâtres sur sa face antérieure.
Souvent alors le tissu lamineux péri-néphrétique est œdématié.
En bas, ce tissu adipeux se prolonge dès la naissance dans le sillon qui sépare
le psoas du transverse de l'abdomen et augmente de quantité avec l'âge. Vers le
hile du rein il s'enfonce plus ou moins profondément dans cette dépression en ac-
compagnant les gros vaisseaux artériels et veineux de l'organe jusqu'au point où
ils pénètrent entre ses lobes ou mamelons.
Plus bas et plus en dedans, sur les côtés de la colonne vertébrale on en trouve
des couches ou seulement des traînées le long des branches abdominales du plexus
lombaire; puis, plus en dehors, il y en a une couche derrière le ccscum à droite,
derrière l'S iliaque à gauche, couche qui déborde de chaque côté ces portions de
l'intestin. Elles se montrent dès l'époque de la naissance et même avant, soit sous
forme de trainées de lobules rougeâtres ou de couches plus homogènes et jaunes.
Souvent la couche adipeuse placée derrière et sur les côtés du coîcum se pro-
longe dans le repli triangulaire péritonéal qui unit l'appendice cmcale à la fosse
liaque.
Au-devant de la colonne vertébrale et sur ses côtés, le long de l'aorte et de la veine
cave inférieure, existent soit des traînées, soit une couche unique de tissu adipeux;
cette couche est parfois même très-épaisse, chez les sujets obèses. Elle oommimiqiie
en haut avec le tissu adipeux du médiiastin postérieur, en passant entre les piliers
et l'orifice aortique du diaphragme. En bas, elle s'étale le long des vaisseaux
iliaques de chaque côté et descend sur la ligne médiane, au-devant du sacrnni, et
ADIPEUX. 57
s'aTanœ daos le méavrectuin. Sur les côtés, elle rejoint la couche dont il a été fait
mention, qui accompagne le gros intestin à droite et à gauche et se prolonge dans
1« mésentères correspondants lorsqu'ils existent.
Presque constamment on rencontre des traînées de tissu adipeux le long de
rartère testiculaire, du canal déférent et des veines du cordon dans le canal
ii^inal et au dehors, jusqu'auprès de Tépididyme. Il constitue au-dessous du
rréroaster des flocons amincis et allongés ou des traînées^ d'un jaune foncé
(Kl rougeàtre, séparés les uns des autres par des intervalles dans lesquels il
manque.
Pour terminer ce qui a trait à la disposition du tissu adipeux sous-jacent au
péritoine pariétal, il importe de noter la couche plus ou moins épaisse qui est
fibcée à la face antérieure de la vessie, entre elle et le pubis. Elle va sur les côtés
rejoindre le tissu adipeux qui accompagne les vaisseaux iliaques et s'avance sur les
faces du petit bassin jusqu'à celui qui est en arrière du rectum. Pai*fois, il se pro-
longe contre les faces latérales et postérieures de la vessie même où il y en a
toujours un peu ; dans le premier cas, ce réservoir est comme enclavé dans une
masse de tissu adipeux.
De la £ice antérieure de la vessie ce tissu remonte contre la face postérieure de
la paroi abdominale antérieure, le long dii système ligamenteux sous-ombilical qui
se développe pendant la rétraction de l'ouraque et des artères ombilicales. Il passe
sur les côtés de l'anneau ombilical et quelquefois derrière lui, pour gagner la portion
siis-ombilicale de la paroi de l'abdomen au niveau du ligament falciforme et le long
des ligaments qui succèdent à la veine ombilicale rétractée. Cette couche, assez
épaisse au bord adhérent du repli ou ligament falciforme du foie, remonte ainsi
jusqu'à la face concave du diaphragme, où elle disparait peuàpeuens'amincissant.
(ha quelques sujets, à partir de la ligne médiane elle s'étale en quelque sorte
circulairement sous le péritoine contre les insertions costales du diaphragme. Celte
couche adipeuse, qui accompagne les ligaments succédant aux vaisseaux ombiUcaux,
est couâlante; mais son épaisseur et sa largeur varient beaucoup d'un sujet à
Vautre. Elle soulève le péritoine au niveau des ligaments et parfois forme des
lobules aplatb plus ou moins nombreux, saillants et flottant du côté de la cavité
ventrale.
Le tissu adipeux placé sous le péritoine viscéral se développe après la naissance
en traînées de lobules longeant d'abord les vaisseaux mésentériques et épiploi-
ques. Chez beaucoup d'animaux, il reste pendant toute la vie à cet état de bande-
lettes jaunes ou blanches dont la coupe est triangulaire à base appuyée contre les
vaisseaux, dont elles suivent les branches et les anastomoses. Dans le mésentère
d'abord, puis dans les épiploons, ces bandelettes s'élargissent et se réunissent en
une couche continue entre les feuillets péritonéaux, qu'elles écartent l'un de l'autre
proportionnellement à leur épaisseur. Cette épaisseur, c'est-à-dire la quantité de
ce tissu adipeux, varie beaucoup d'un sujet à l'autre ; ces couches peuvent en venir
à mesurer plusieurs centimètres. Leur tissu est alors bomogène.
Le tissu adipeux du grand épiploon et même celui des épiploons gaslro -hépa-
tique et gastro-splénique peut, i)endant toute la vie ou une partie de l'existence
»'ulement, être disposé autrement qu'en traînées le long des vaisseaux ou qu'en
couches continues. Il est comme dispersé en petits lobules, écartés ou contigus,
))olyédriqnes, bien limités, souvent saillants sur les faces libres des épiploons, au\-
i(uels ils donnent un aspect élégant.
Enfin, il importe de signaler en terminant les apjpendices ou lobules graisseux
5» ADIPKUX.
du volume d'une noisette ou d*une amande, souvent plus petits, d'autrefois, au
contraire, plus gros, qui font saillie en soulevant le péritoine à la surface du ooBCum
et du reste du gros intestin. Leur nombre varie beaucoup d'un sujet à l'autre,
ainsi que leurs dimensions et leur forme , qui est généralement aplatie.
D. Parties similaires adipeuses de constitution. On doit décrire sous ce
nom les organes premiers adipeux, très-distincts de ceux dont il a été question plus
haut , qui prennent part à la constitution d'un certain nombre d'organes seconds
aux lobes ou autres divisions desquels ils sont interposés.
Il est des systèmes qui manquent complètement de ces parties adipeuses ;
telles sont les membranes fibreuses mêmes, les séreuses, l'épaisseur du derme et
du chorion, ^es téguments, le système nen'eux central, les cartilages, les os, le
poumon, les parois de l'utérus, le tissu du foie, celui de la rate, etc. Ces organes
premiers de constitution sont : les uns, intra^musculaires ; les autres, intra-
glandulaires ; les derniers sont ceux qui sont interposés aux faisceaux primitifs des
nerfs périphériques.
1® Organes premiers de constitution intix^musculaires. Ce sont ceux qui
forment des traînées entre les faisceaux secondaires des muscles. Us diffèrenl
notablement d'un muscle à l'autre, et dans un même muscle d'un sujet à
l'autre, selon son âge et son état de maigreur ou d'obésité. Ce sont c^'s traînées
adipeuses, dont le régime de l'engraissement augmente les dimensions, au
point parfois de déterminer un certain degré d'atrophie des faisceaux striés eux-
mêmes.
Chez quelques sujets on trouve de petits lobules adipeux ou des traînées adi-
|)euses entre les faisc^ux musculaires de la vessie jusqu'au-dessous de la muqueuse
de cet organe.
2« Organes premiers de constitution intra-glandulaires. Ces organes pre-
miers sont représentés par des lobules ou même des couches plus ou moins épaisses
d'un sujet à l'autre, qui existent entre les lobes de la mamelle et même enln^
ceux des glandes salivaires et du pancréas.
On en voit également de plus petits entre les lobules de la th^Téoïde.
5° Organes premiers de constitution des cordons nerveux périphériques.
Plus petites que celles dont il a été questioa précédemment, ces parties similaires
adipeuses forment de minces lobules ou filaments graisseux dans le névrilème qui
est interposé aux faisceaux primitifs des nerfs, surtout de ceux qui ont un certain
volume, comme ceux des plexus et des membres. Cu. Robin.
BiHjOGRAraii : MALncHi. De omentOt pinguedine et adipom ductilnu. London. Opéra ommia^
in Epist. anat. 1686, in-fol., p. 55. — Berger (G. A. de). Programma de membrana cellu-
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DiMertatio de Adipe humano. Ultrajecti, 1741, in-4. — Hu^adld. Sur la graisse, in Mémoire*
de l'Académie royale des sciences de Paris, 1752), édit. in-<8, p. 58. -- 0. Grad^i^-». /Mcmt-
tatio de pinguedine. Harderovic, 1767.— Grdetzmacheu (Franc.;. DeOssiummedulla. Gottinga*.
1748, in-4; et in llaller, Disp. Anat. sélect., t. YI, p. 169. — Lorry. Sur la graisse.
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ratio physiologica et pathologica. Lugd. BaUv., 1784, in-8 — Rbobgad. Diss. de Adipe.
Edinburg, 1780, in-8. — Wolf. De Adipe. In Nova Acta Petropol. 1789, in-8, t. Vit» p. 278.
— RiRGKL. De uiu glandarum suprarenalium in animalibus, necnon de origine adipis
disputaiio anat. physiologica. \\aU\\x, 179;). ^ Rrc«sing. De Pinguedine sana et morbosa.
Jentc, 1791, in-4.— IIohk 'Ev.). On the Formation ofFat in the Intestines ofUMng Ammais,
PHlos, Transactions, 1815. P. II, art. 21, p. 227-241. — Bigot (Th.Tb.). Diu.sur lestumeurs
graisseuses extérieures au péritoine. Thèses de Paris. 182i, in-4. — lUrsiiiof». Sysiem der
Histologie. 1822. ln-4, Fett., p. 129.— Béclard/P. A/. Du tissu adipeux. In Anatomie gêné-
^te. Paris, 1850, in*8, p. 125. — Ra^^pail. Hecherches physiologiques sur les graisses et
ADOLESCENCE. ^ 59
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Ditt, sieteiu disquieitio anatomica pinffuedinis animalis. lenœ, 1825, in-4. — Cubvbeul.
Becherches chimiques ntr tes corps gras d'origine animale. Paris, 1825, in-8. — KChw. De
PtMçuedine. Lipsiœ, 1825, in-4. ~ Craigib (David). Adipose Tissue. In The Cydopxdia of
Aaaiomif aad Phifsiùlogff. 1856. 1. 1, p. 56. ~ Brmcdb [Yi. T.). On the Fat. In Cyclop. of
ÀMi. andPhysid. London, 1836, t. II, p. 231. — Paget (James). Heport on the Hesults oh-
teined by the Use ofthe Microscope in the Study of Hum. Anat. and Physiol. 1842. In Bri-
tisk and Fereign Médical Heview, t. XIY, p. 258. — Liaiio. In Ann. der Chemie und Pharm.
1842. t. \lh p. 273.-. U même, ibid , 1843. t. ILVilI. p. 126. — Pbdsox. Note sur la
formation de la graisse dans les oies. In Comptes rendus des séances de FAcad. des sciences,
1845. t. XXI, p. 20. — KôLLiuR. Eistiologische Bemerkungen^ n» 1. Fettzellen. In Zdtschrift
fir WissentàhaftUehe Zoologie. 1850. t. II, p. 118. Boussingault. In Économie rurale,
t* édit. Paris, 1851, ia-8, t. II, p. 604.— Virchow. Ein Fait «on progressiverMusk latrophie.
In Arcktvfdrpathûl.Anatomie, 1855. in-4, t. VIII, p. 538 ei Entwickelung der Schàdelgrûnde.
Berlin, 1857, in-4, p. 49. — Wittich. Bindegewebs-Fett und Pigment-Zellen. In Archiv fur
pathoi. Anatomie. 1856, t. IX, p. 195. - Fobrstkr. Beitràge zur pathologischen Anatomie.
ibid., 4857, 1. 12, p, 203 et suiv., pi, tiii, fig. 4, 7 et 8.^RoBnf (Gh.) Mémoire sur quelques
points du développement et de f anatomie du système adipeux. In Gatette médicale de Paris,
1864, in-4. p. 618 et 633. — Robin (Cb.) et Gimbert. Sur la houle graisseuse de Bichat, ibid.,
1864, p. 235. Cn. R.
AlllPOCmE (adeps^ graisse; cera, cire). Fourcroy a coufoiiriu sous ce
nom trois substances bien distinctes par leur origine, leurs propriétés physiques et
ffainoiques et leur composition : la première est la matière des calculs biliaires, ou
cholestérine ; la seconde est la Céline^ ou hlanc de baleine : et la troisième, qui
seule a consené le nom d'adipocirc, est le gras des cadawes.
Le gras des cadavres se forme par la saponific:Uion des tissus animaux restés
loni^temps dans Teau, ou dans la terre humide ; on Ta surtout observé dans Texhu-
mation des cadavres du cimetière des Innocents, à Paris. Les conditions de sa
formation ne sont pas parfaitement connues ; en eflet, on a cherché vainement à les
imiter en enfouissant des cadavres de chevaux dans les iles de la Camargue. On es-
pérait obtenir ainsi des savons que Ton aurait pu utiliser industriellement ; on n
cité des cas de transformations adipocircuses de cadavres d'enfants, dans des cas de
grossesse extra-utérnie.
Fourcroy considérait le gras des cadavres romme un savon ammoniacal avec
excès de graisse. M. Chevreul a prouvé que c'était un savon à base d'ammoniaque,
de potasse et de chaux, formé en grande partie d'acide margarique, avec très-peu
d'acide oléique. D'îiilleurs, ce conî)X)sé n'intéresse réellement ni la matière médi-
cale, ni la thérapeutique. 0. Réveil.
ABOLESCENCE {AdoUscere, croître, s'accroître, pousser, grandir). Une
des phases de la période d'accroissement, sur les limites de laquelle tous les auteurs
ne sont pas d'accord ; le plus grand nombre cependant lui donnent pour point de
départ la manifestation des premiers signes de la puberté, c'est-à-dire douze ou
treize ans chez la femme et quatorze ou quinze chez l'homme, ei la prolongent
jusqu'à l'époque où le corps a cessé de croître, vingt ou vingt et un ans chez la
femme, vingt-quatre ou vingt-cinq ans chez l'homme. Daubenton la plaçait entre
vingt à vingt-cinq ans; H. Fleury entre sept et quinze ans, il en fait donc la se-
conde enfance de Halle. {Voij. Ages et Puberté.) E. Rd.
ABOIJPHI (CAHstian-lHicluiel). Né à Hirschberg, en Silésie, le 14 août
1676, d'un père marchand. Ses classes terminées à Rreslau, il alla étudier la mé-
decine i Leipzig, puis à Hall, où il suivit pendant quelques mois les leçons de Stahl
40 "^ ADONIOE.
K de Fr. lloflroann ; après avoir voyagé pendant près de deux ans en Allemagne,
eu Suisse, en Angleterre, en France et dans les Pays-Bas, il se fit recevoir docteur
à Utrecbt et retourna à Leipzig, où il exerça et professa la médecine avec distinc-
tion. Adolphi s*est beaucoup occupé d'hygiène publique, surtout au point de vue
de la topographie médicale; dans cette étude, il prit pour exemple Leipzig et les
environs. U a consigné les résultats de ses recherches sur ces questions et sur la pa-
tiiologie en général, dans une suite de vingt>huit dissertations présentées, suivant
la mode du temps, sous la forme académique. Reçu membre de la célèbre acadé-
mie des Curieux de la nature, où il entra sous le pseudonyme d'Aëtius 11, il fut un
membre très-actif de cette société, à laquelle il communiqua de nombreuses obser-
vations. Adolphi mourut à Leipzig le 50 octobre i 753.
Un certain nombre de ses dissertations ont été publiées par groupes de trois, et
dix-huit ont été rassemUées sous le titre suivant :
DiMMeriationeê medko-jUtytkx teleeUe varii argumenii in miveriitaSe UptienH diversù
temparihuê amMcriptx. Lips., 1747, in-4.
Voici quelque»-iinesdecesdi8BerUUoDS. —DUtert. pMlotophica de iideruminftuxu Lips.,
1700, in-l. — De Marborum per wtanuum attrectatione curaiione, Ups., 1711, in-4. — De
EqmiathmU eximio uiu NKtfia». Ibid.. 1715. iii-4 et aueta, Ibid, 1729, iii-4. —De Aert,
$0lû,agwiset locà lipsietuUms. Ibid.» 1717, in-4. ^ De morbit firequeutiûribuiprotexas dif-
fereuim.nÀd, 1717. in-4. — De$aUUfriUiteSUe»x, Ibid., 1719, in-4. — De îneoleiiMi matt-
ImiM/arMiff/r Ibid., 1721, in-l. — Tractelitfdtf fnUibiu qmbuêdem toterus, lips. eC
VTnti^Tis, 1733, iii-8. etc. E. B«o.
àM&fSSm^ (A4#ala L.). Genre de plantes de la famille des Renonculacées,
dont les caractères floraux sont exactement ceux des Anémones (voy. ce mot) et
qui n'en diflèrent que par leur périanthe ; car, dans les Adonis^ comme dans les
liCDoncules, les folioles extérieures de ce périanthe sont d'une coloration différente
de celle des folioles intérieures, et ordinairement verdâtres ; et Ton peut y distinguer
un calice et une corolle. Nous avons toutefois cherché à établir, dans le quatrième
Mlome de YAdûnsoniûy que ce caractère a peu de i-aleur et que les Adonis pour-
raient sans inconvénient être réunis au genre Anémone, Les ovaires présentent
fiirloat, eoomie ceux des Anémones, cette particularité remanpiable qu'ils contieii-
ir^t dans leur jeune âge cinq ovules, dont quatre supérieurs, disposés par paires,
ft'airéCaiit de boone heure dans leur évolution, tandis que le cinquième, situé plus
loi» et sur b li^ie mttliane, devient anatrope avec le raphé dorsal et le micropyle
UMiiué es baut et en dedans.
b» JWk«Mle^. oa plutôt, d*après ce que nous venons de dire, les Anémones de b
4«»Hmi Ademis<, umA des herbes de Thémisphère boréal de Tancien monde, â
S-...W »k>y?«^, tjêMlMtMipées, pinnalipartites, multifides. Les unes sont vivaces;
4»^ (jau%A'^ «« a bit on ^ntwpe particulier, nommé ConsUigo. Leiu*s fleurs sont
j(r'««wfa^ H y*»%. Lh autres ont de petites fleurs bbnchâtres, jaunes ou plus
«Mi-'4»c T'Aj^'fk; ijt »jot les Adonia du même auteur. Les botanistes en ont distin-
^ i^ m ^BTMMd mMiàMe d'espèces ; mais ce sont probablement toutes des formes
i' «1^ «^.^ «i^^r TiL X4tivalU de Linné, appelé vulgairement Goutte-de-
1/4 Ai^mu «6râ yres, îrriUnts, vésicants ou caustiques. Ce sont des plantes
':*'y090n\M^% H. ti^>-dan?ervuse5. On cropit autrefois T infusion de l'A. xttivolis
»^A^A *9mâj>. b («rreet b colique. Les CofiWiiyo, c*e$t4-diiT les A, vematisL.
>• «i^.'Yor.cjM L , Mot emménaiFOigues, et, au dire de Pallas {Vaifage, II, 127 ;
M 2K vi «»% «»(iMr en Sibérie comme abortifs» sous le nom de Starodoubka.
■ ..MMM v»n.tt^ ; ^ C^ «ic^ki»^ de ces |ibntes ont les munies propriétés que l'Ilel
ADR.\GANT1NE. 4!
léiiore. Les apothicaires de son temps les considéraient comme étant le yéritable
Heiléijore d'Hippocrate ; ils substituaient leur souche à celle des Helleborus niger,
viriiis^ odarus et orientalU.
Les mêmes propriétés dangereuses se retrouvent dans un certain nombre d'es-
pèces du Cap attribuées par Linné au genre AdaniSy et dont Salisbury a fait le
genre KnawUania {wy, ce mot). H. Bn.
L. GcH., 698. ~ D. C. Prodrom,, \, 32. — Spach, Sitt/ei à Buffon, VII, 226. — Ekdl. Gen,,
D. 4718. ^ Beotb. et Hoos. r. Gen., 5. — H. Bx., in Adansonia, lY, 27, 52.
ABOdClSSAlVT. Voy. Calmant, Ëhollient.
Genre de plantes dicotylédones, que leurs affinités multiples ratta-
chent d'une part aux Caprifoliacées par les Sambucinées, et d'autre part aux Ara-
liacées par les Lierres. De CandoUe les a placées parmi les Araliacées, et A. L. de
Ju<sieu parmi les Saxifragées. Hais tout nous porte à croire que c'est aux Sambu-
rinces qu'on doit, en effet, réunir les Adoxa. Leurs fleurs sont disposées en une
sorte d'épi court, au nombre de cinq, au sommet d'une hampe commune. La fleur
terminale est tétramère ; les quatre fleurs latérales, décussées autour d'elle, sont
au contraire pentamères. Dans ces dernières, on observe un réceptacle concave,
ce qui fait que l'ovaire est en partie insère ; et ce réceptacle porte sur ses bords,
le calice, une corolle gamopétale et cinq étamines alternes avec les divisions de
b corolle qui les porte, mais à connectif si profondément partagé en deux branches
ascendantes, portant chacune une loge de l'anthère, qu'on serait tenté de croire
à l'existence de dix étamines. L'ovaire est à cinq loges unio^iilées ; et les ovules
insérés dans l'angle interne, sont suspendus avec le raphé dorsal. Le fruit est une
drupe à cinq noyaux minces, contenant chacun une graine pourvue d'un embryon
peu vdumineux, enveloppé d'un albumen abondant.
La seule espèce de ce genre est une petite plante indigène, à rhiasomes charnus,
chargés d'écaillés et dont les petits rameanx , sortant de terre au printemps,
portent des feuilles opposées, découpées en folioles incisées et se terminant par le
groupe de cinq fleurs dont nous avons parlé. C'est VA. Moschatellina L. ou Mos-
cateÙine printaniêrey ainsi nommée à cause de l'odeur musquée de ses fleurs
et de ses feuilles. Cette odeur, que l'addition d'une petite quantité d'ammo*
niaque rend encore beaucoup plus vive, a valu à cette plante ses noms vulgaires de
Mme végétaly Herbe du Musc, Petite Musquée. On a conseillé l'emploi de cette
herbe contre les accidents ataxiques et adynamiques qui compliquent les fièvres
^ves, contre les convulsions et les attaques d'hyslérie. Elle s'administre en
électuaire, siiop, pastilles, pilules et oléo-saccharure. On doit la récoller au pre-
mier printemps, quand elle entre en floraison ; car, après ce temps, toutes les
parties aériennes de la plante dispaiaissent. H. Bif .
AMIACIANTHE (GoMMe). Yoy, GoMME.
ABBACIANTIIVE. nom donné par Devaux au principe gommeux immédiat
de la gomme ndragante. On l'a nommé encore Astragaline, et Guérin, l'ayant
r^xtraite de la gomme de Bassora, lui a donné le nom de Bassorlne; toutefois on
dit fpi'elle se distingue de celle-ci en ce que, traitée par l'acide azotique, elle
donne de l'acide mucique en abondance, tandis que la bassorine produit surtout
de l'acide oxalique ; mais cela pourrait bien tenir à la proportion d'acide azotique
employé, puisque l'on sait que cet acide, transforme l'acide mucique en acide
o\»liqne. Enfin quelques auteurs fjensent que la matière gommeuse qui constitue
4S ADYNANIË.
la gomme du pays, el que i*oii a désignée sous le nam de Cérasiney est analogue
à TÂdragantine. Ces matières se gonfleut beaucoup dans Teau sans se dissoudre â
chaud ; mais elles s'altèrent et deviennent solubles dans Teau froide par une ébul-
lition prolongée, Tacide sulfurique les change en une substance sucrée non fer-
mentcscible. 0. Revsil.
ADULTE (adultus). Age adulte. C'est la période de la vie où Thomme est
arrivé à son état de développement complet, {Voy. Age.) E. Bgd.
ADUIiTÉBATION. Voy. FALSIFICATION.
ADUSTIOW. Voy, Cautérisation.
ADYWAmilE (a privatif, ^Oya^Ai;, iorce, puissance). La signification de ce
mot a sensiblement varié dans le cours des temps. Au sens étymologique, il veut
dire faiblesse^ débilité, impuissance, et c'est dans cette acception qu'il a été
d*abord usité. Il a même été appliqué à Timpuissance de l'art. On a dit, par
exemple, que ïAdynamie de l'art rendait telle ou telle maladie incurable (Blan*
cnrd) ; mais généralement il s'entendait de la faiblesse du corps.
Quelques-uns, considérant que la faiblesse devient le trait prédominant de cer-
taines maladies, en ont fait, mais à des points de vue divers, un élément de classi-
fication nosologique. Ainsi dans la classification de Cullen, les Adynamies fonncnt
le deuxième ordre des Neuroses. Cet ordre, dit-il, comprend les maladies dans les-
quelles il y a « diminution des mouvements volontaires, tant vitaux que naturels,»
embrassant les Leipopsyehies (quatrième ordre de la classe des DAUités, de Sau*
vages) et les syncopes, la dyspepsie ou indigestion, l'hypochondrie ou les ^-apeiirs
{Éléments de médecine pratique), Vogel réunit dans sa sixième classe tous les
modes d'expression de l'adynamie considérée dans les sensations, les mouvements
volontaires et les fonctions naturelles, réser\'ant néanmoins plus spécialement b
qualification d*adynamique aux afiections caractérisées par l'alMittement des forces,
par une extrême diminution de l'énergie musculaire. Vint Pinel, qui imposa l'épi-
Ihète d adynamique à son quatrième ordre de fièvres, jusque-là désignées sons le
nom de fièvres putrides. Quel était, pour le célèbre nosographe, le sens précis de
citte nouvelle dénomination? Dans le seul endroit, croyons-nous, de ses écrits où
il ait donné une définition de l'adynamie (article du Dictionnaire en 60 t^^
/times) , c'est, suivant lui, un terme qui a pourrait être d'une extension illimitée, »
mais < proprement consacré à une diminution très-notable de contractilité mus-
culaire qui distingue particulièrement certaines maladies aiguës ou une dispositioo
particulière à les contracter. » L'adynamie est donc « proprement » une prostra-
tion musculaire ; mais dans la suite de cet article même, et plus encore dans b
Nosographib philosophique , le commentaire du mot emporte une signification
beaucoup plus étendue. En eflet, après avoir donné de l'adynamie la définition
qu'on vient de voir, l'auteur, citant en exemple la fièvre adynamique, montre la
chute des forces s'annonçant par « le coucher en supitiation, la vue éteinte^ h
lenteur de la parole; b et, dans la Nosographie, c'est en partie par Texisteoce
de symptômes étrangers aux fonctions musculaires, tels que la stupeur, le vertige,
le trouble des facultés intellectuelles, qu'il motive son innovation. Aussi, depiii<
cette époque, les symptômes attribués auparavant à la putridité restèrent-ils alla-
rhés à ridée d'adyiiamie ; à ce point que certains auteurs des plus recomman-
dablos, tout eu n'oubliant pas Télymoloj^ie du mot , le rendent positivement
ADYNAIIIË. 43
rangent parmi les caractères de Tétat morbide que ce
^nliginosités et les eschares. Ceux qui ne vont pas
' abattement des traits, la flaccidité des chairs. . . .
oiiltés aflectives et intellectuelles, la fai<*
<. » (Chomel, Des fièvres et des tnala-
Mr répète à peu près cette défmition
'fumes.
hmamie son sens le plus gê-
< 0 mot était le seul qui eût
Mais l'existence d*un autre mot
i.iiblesse et néanmoins n'ayant pas
(ient, nécessite de poser entre les
I as>ez délicate. La différence d'acception
\iiiologie, chacun, on le comprend, ne s'y
> .( In -dessus point de règle absolue. Voici pour-
■ I- ilier le mieux avec la clinique, qui doit être en
' oinme arbitraire le caractère distinctif que certains au-
• r lie l'absence ou de la présence de lésions organiques, ce
.! ilo Tadynamie, et le premier celui de l'asthénie. Adynamie
• • ii\ états de l'organisme qui peuvent et doivent être considérés
, en tant que modes de déchet des forces vitales, reconnaissant
[•aliciilières et réalisant des effets qui leur sont propres. Or, pour
iviiamie se caractérise par les circonstances suivantes :
Llle e>t un état toujours général, n'atteignant pas isolément telle ou telle
.•>ii, comme la fonction digestive, telle ou telle propriété de tissu, comme la
-ihilité ou la motilité, mais portant sur l'agrégat tout entier, et conséquemment
•^iiblant l'ensemble des fonctions et des propriétés, bien qu'elle puisse, selon
" degré actuel d'activité vitale qu'elle rencontre dans les organes et selon la
tiispositioo de santé où ceux-ci se trouvent, ne pas les affecter tous à la fois ni
'également. La fièvre typhoïde, où l'on voit la lenteur des mouvements, l'hébc-
lude, la dureté de l'ouïe, l'hémorrhagie passive, la paralysie de la ves»e coïncider
souvent avec la force et la fréquence du pouls, offre l'exemple sans doute le plus
irappant de la généralisation de la débilité, traversée par la surexcitation de l'ap-
(oreil circulatoire. Et cet exemple montre que < la faiblesse des pulsations du
(tpur et des artères • n'appartient pas aussi essentiellement que le pensait Chomel
à l'état adynamique.
2^ Cet état est toujours pathologique, c'est4-dire qu'il implique la maladie,
HHl qu'il la constitue par lui-même, sans détermination positive de forme nosolo-
gique, comme on le voit sous l'influence de certaines conditions météorologiques
ou de certaines impressions morales ; soit qu'il accomj agne une affection nosdo-
^'iquement caractérisée. Dans ce dernier cas, l'adynamie est une des manifesta-
lions de l'état morbide, elle peut imprimer son cachet aux symptômes et aux
iésions, die peut même en causer d'accessoires ; mais elle n'est pas l'élément
initial, ni le régulateur de la maladie principale. La lièvre typhoïde, le typhus,
(certaines dysenteries, certains érysipèles, quoique adynamiques, ne viennent pas
^ i'adynamîe et ont un processus indépendant de l'adynamie.
•V L'état adynamique est toujours accidentel et transitoire. Il n'est pas inhérent
^ une oonditioa innée et permanente de l'économie. Un individu peut avoir les
44 iEGIPHILA.
cliaii^ flasques, les mouvements lents, quelques-uns même impossiUâSy rintelli-
genoe obtuse ; ce sera un être faible, un paralytique, un idiot; ce ne sera pas un
adynamique. On ne naît pas dans radynamie ; oiî y tcmibe, suivant Texpression
habituelle.
Ces trois caractères principaux, on l'a remarqité sans doute, concourent à une
interprétation de l'adynamie conforme à la vieille signification médicale du mol
grec ^vvapiç, qui est la force , variable suivant les systèmes, par laquelle s'accom-
plissent les actions vitales, et qui a même servi à dénommer un groupe de doc-
trines médicales. Us accusent, théorie à part, une perturbation profonde de Yéco-
nomie tout entière. Par là ils distinguent parfaitement l'adynamie de rasthénie.
L*asthénie, en eifet, telle que nous la définissons ailleurs (vay. ce mot), est le plus
souvent locale ; elle est plutôt un état spécial de l'organisme qu'un état patholo-
gique ; elle règle communément la marche des maladies auxquelles elle est liée,
et peut même en constituer le caractère essentiel ; elle peut enfin être congénitalr,
ou bien, produite accidentellement, se montrer permanente.
Entendue comme nous venons de le dire, l'adynamie est primitive ou consécu-
tive. C'est la principale distinction à laquelle il convient de la soumettre, parce
qu'il en résulte des diflerences dans le tableau symptomatologique du mal aussi
bien que dans le pronostic et dans les indications du traitement. Elle varie de
degrés, d'expression, de valeur sémiologique, suivant diverses circonstances telles
que l'âge, la constitution, le tempérament, les affections concomitantes, etc. Mai«
ces diflérents points de vue, avec ceux qui se rapportent aux autres formes de la
débilité (a>thénie, atonie, ataxie), seront réunis dans mie étude commune à l'article
Forces. Il ne s'agissait ici que d'une caractéristique générale de l'adyn^ie.
A. Deghambrc.
•
iCCiDiUM (Pers), Voyez Ecidiuh.
iCCIACIBOnLE. Voy, ËGAGROPILE.
iCiSiDii;» cesBOUBNSis. Voy, Gilles de Corbeil.
iSQBUTA (Link), Voyez Ëgerita.
iCCilWÉTlB, jEginetia. Nom doiuié par Cavanilbes à un genre de plantes
dicotylédones, appartenant à la famille des Rubiacées, et par Linné (Spec,^ éd. 1",
p. 362) à un autre genre de la Ibmillc des Orobancliées. Ce dernier seul a \m
c^tre conservé, et intéresse seul la médecine. Rheede {Horl, Malabar, ^ X, pi. 47)
ot Roxlnirgh en avaient fait d'abord une simple espèce du genre Orobanche, soii>
le nom de 0. acaulis. Mais Roxburgh i-econnut plus tard (P/. Coromandel., 1. 1,
p. 63, pi. 91) que le genre Mgineiia devrait être conservé comme distinct, à
cause de son calice en forme de sac, enveloppant le reste de la fleur et fendu lat**-
ralement dans sa longueur lors de l'épanouissement, et à cause de sa corolle bilabitV
et de sa capsule qui s'ouvre irrégulièrement en deux valves, portant cliacune les
placentas et les graines. L'espèce usitée dans la niéilecine indienne est Y M, indica
lie Roxburgh ou Tsiem-Cumulu des Halabares. C'est une petite plante à tiges char-
nues, glabres, sans feuilles pi^oprement dites, et ne portant que des écailles cdo-
kVs. On la broie avec du sucre et de la muscade pour composer un médicaoti'iU
antisoorbutique, qui raflermit les dents et corrige la fétidité de l'haleine.
II. Bn.
.CGLE. 45
Genre de plantes dicotylédoues établi par Jacquiu, et apparte-
nant à b famille des Verbénacées. M. Bocquillon, dans la Revue qu il a donnée de
re groupe, place les jEgiphib dans la seconde série des genres de cette famille,
série caractérisée essentiellement par la régularité de la corolle et la présence de
deux placentas pariétaux latéraux biovulés, dans un ovnii'e uniloculaire. Les jEgi-
jéila ont des fleurs tétramèrcs ; cependant Jacquin en a représenté {HaH, Schôn-
kttii.» t. XLVI) qui sont pentamères. Avec le type 4, elles ont un calice gamosé-
file fégulier à quatre lobes, une corolle tubuleuse à quatre lobes également, et
qoaitre êtamines ^les insérées sur la corolle et répondant à Tintervalle de ses
Ânsions. L*ovaire est supère, surmonté d*un style à deux branches, dont l'cxtré-
jnité est stigmatifere. Les deux OMiles que supporte chaque placenta, sont liémi-
(ropes et ascendants, avec le micropyle tourné en bas. Le fruit est une drupe
inlourée da calice persistant ; elle renferme quatre noyaux monospermes , et
chaque graine contient sous son tégument un embryon dépourvu d'albumen. Les
jEgiphila sont des arbustes de l'Amérique tropicale, à feuilles opposées ou verli-
rillées, sans stipules et à fleurs disposées en cymes bipares composées, terminales
ou a\illaires.
La seule espèce qui ait des propriétés remarquables, est originaire de Saint-
Tliomas, sur les bords de l'Orénoque. Humboldt et Bonpiand nous ont appris
qu'elle y est considérée comme un puissant remède contre la morsure des serpents.
Ses feuilles à odeur létide sont mâchées et appliquées sur la plaie, tandis qu'on
en administre à l'intérieur une forte décoction. C'est pour cette raison que Kuntli
a nommé cette espèce jE. salutaris. II. B.x.
Uagm, Mort. SckSnbr,, t. XVIL.— Ofr«. botan., II, 3, t. XIVII.^ IL B. K., Nav. gen.
rt spee, pi. CEquin , l\, 249, t. 150. — Bocquiixos, Revue du gr, deê Verbénacées, O'i,
i. IX.
Genre de plantes dicotylédones, voisines des Oi*angers, mais qui en
tliflerent essentiellement en ce que leurs fleurs ont des êtamines libres et non po-
Uadelphes. D'ailleurs, le nombre de ces êtamines est variable, de même que dans
les CUms; il peut s'élever jusqu'à quarante environ, et leur insertion est hypogyne.
Les pièces du calice et de la corolle sont au nombre de quatre ou cinq , et les loges
ovariennes sont aussi en nombre variable et multiovulées. Le fruit est charnu, â
écorœ dure, multiloculaire et polysperme. Les graines dépourvues d'albumen ont
un tégument extérieur reoouveii de saillies laineuses et baignent dans une pulpe
mucilagineuse abondante. On ne connaît de ce genre que deux ou trois espèces
qui habitent l'Inde, l'archipel Indien et l'Afrique occidentale. Ce sont des arbi-cs
chargés d'épines et de feuilles alternes trifoliolées, parsemées de réservoii*s d'huile
essentielle translucides. Leurs fleurs sont groupées en grappes de cymes à l'aisselle
des feuilles. L'espèce la plus célèbre, au point de vue médical, est l'if. Marmelos
de Correa, appelé autrefois par Linné Cratxva Marmelos, et par lloth Feronia
peltucida. Elle se trouve dans toute l'Inde orientale. Son tronc dressé est recouvert
d'une écorce cendrée. Ses épines sont épaisses et rigides ; ses folioles oblongues,
crénelées, inégales ; ses fleurs larges et blanches. Le fruit est sphcroïdal, avec une
quinxaine de loges qui contiennent ce suc glutineux, transparent, dont le goût est
délicieux, et qui, suivant Roxburgh (Flof\ ind., Il, 579), est nourrissant, apéritif
et légèrement laxatif. C'est le Bilva ou Mahura des habitants; Bauhin l'avait
•ippdé Cydonia exotica^ à cause de la ressemblance du fruit avec un coing. Il est
en outre détersif lorsqu'il est mûr ; tandis que, vert encore, il réussit très-bien
contre b diarrhée et V\ dysenterie. Pour les médecins du Malabar, c'est une sorte
U .ESCUYKOMÈ.NE.
de painfre unnreneHe. La ncine s'administre eo déooetion dans l'hypocfaondrie, la
néfaocofie, les palpitations du cœur. L'infusion des feuilles se prescril flans
Tastlmie. A Cejlan, le péricarpe sert à préparer un pârfmn exquis. En même temps,
le bots est dur, propre aux constructions ; le fruit sert encore à préparer nne
Leiie teinture jaune, et la substance gluante qui entoure les graines s'ajoute au
ciment pour lui donner une plus grande consistance. H. Bfl.
Comnà, in ÎJmt. Traiwut., Y, 2i9. — Ron, Nav. Spee., 384.— Rhbem, MëMûr., III.
pi. 51. — Rnmniri, Ambom., I, pi. 81.— Roxi., PI, Coromand,, II, pi. 143; Fhr. imd.. II.
519. —Yitun ei Anv., Prodrom., \, 96.— D. C, Prodramtu, I, 558. —H. Bx.. DeiaflnmélU
ée$ Awiimiiaeée* .Ibéses de 1855). 18, 36, 54. — Puleira, Mat. méd., II, 3, 549.
. Voy, ÉCOPHOHIE.
Genre de plantes de la famille des OmbelliRares, dont une cs-
|tnic a été employée en médecine, sous le nom de Podctgraire {voy, ce mot).
AiSRATlOM. Voy, Ventiution.
AÉBMVteAriE. Le séjour plus ou moins prolongé dans une euœintc
d^ifit Tair a été artificiellement raréfié, est regardé })ar Jourdanet comme proprt.*
h imprimer dlieureuses modifications à certaines prédispositions ou à certains états
morbides, et ce médecin donne le nom à* Aérotliérapie k l'emploi de cette méthode
|iropli}lactif|Uc ou curativc. — Celte dénomination nous semble impropre pour
\Autmir% mwns : d'abord, les partisans de l'emploi thérapeutique de l'air com-
primé \v (iréconiscnt dans des circonstances à peu prhs identiques à celles qui ,
Miivant Jourdam*t, réclament l'emploi de l'air raréfié. En second lieu, d'après
IV'ljniokigie, l'expression d* Aérothérapie serait plutôt applicable aux effets hygié-
$ùnw% ou théra[ieutiques que le praticien se propose d'obtenir pour le malade, en
Ut faisant clianger d*atr, en le plaçant dans un autre milieu atmosphérique. —
1) après ces considérations, nous croyons devoir renvoyer Texamen des effets de l'air
raréfié, comprimé^ etc., aux paragraphes de l'article atmosphère, oonsacivs ù
l'étude des phénomènes que produit l'air sur les êtres organisés, et, en particu-
lier, sur riiomme. G....D.
.fiBVA. Genre de plante de la famille des amaranthacées. Jussieu a uomnié
Al, lanala YAchyranthes lanaUi de Linné, plantequi fournit la racine de CAoya,
adoucissante, nmcilagineuse, légèrement salée, diurétique et dépurative, oomine
pluMiMirs autres espèces du même genre. (Voy. Acrtrahthes.)
.MCr LACHES, iCHCULI!VÉE9 OU HIProCASTANÉBS. Famille de plante»
qui lire son nom de VjEscultut Hippocastanum ou Maironnier dinde (voy. ce
mol), cl qui doit être supprimée, [rour ne constituer qu'une section de la famille
di*s SapindacéeS) caractérisée par ses feuilles opposées, sans stipules, composées-
illgilécM, ses |)étiiles sans ap|)endiccs, la direction de ses ovules et sa graine à largv
hilo cl i\ gros embryon charnu dépourvu d'albumen.
/MN'HYl^OMèNB. Genre de planlcB de la famille des Légumineuses et de la
trilfti des Pnpiliorlncéos, très-voisin des Gaïega et des Sainfoins (voy. ces mois),
•tivpiels GaTtncr voulait même qu'on luppOrtul les diflerentes espèces d'^Cfc/iy-
nfhfU'Hr, ailniiwM de son lemps. Le genre a néanmoins été conservé à cause de la
£8TUÉS10MÈTHE. 47
forme de sod calke, qui est à deux lèvres, de la brièveté de la carène et de la
fonne de la gousse longue, comprimée et articulée, comme celle des Hédysarées.
Le caractère le plus remarquable estoiTert par l'androcée, qui est diadelphe, mais
dont la diadelphie est égale, les deux étamines étant réunies en deux faisceaux de
dnq éUmines chaque. Tous les ^schynomènes habitent les contrées chaudes de
TAsie ou de l'Aroérique ; ce sont des herbes ou des arbustes à feuilles imparipen-
nées et à fleurs ordinairement jaunes disposées en grappes axillaires ou termi-
nales.
VjE. aspera, L., est une plante indienne employée, suivant Hamillon, contre les
hydropîsies.
Plusieurs autres espèces, notamment YjE. paludosa^ fournissent mie moelle
aixNidante, très-ténue et très-spongieuse, employée à la fabrication de coilTures
très-légères et très-hygiéniques et de quelques autres objets analogues. Mais les
espèces autrefois rapportées à ce genre et les plus usitées dans la médecine des
pays chauds, telles que ÏjE. grandifloi'ay VjE. Sesban, etc., appartiennent main-
tenant aux genres Sesbania, Agati (voy, ces mots).
MM. Mérat et de Lens {Dict. , I, 86) pensent que V JEsàiynomène de Pline et
dWcosta n'est autre chose que la Sensitive [Mimosa ptidica L.). H. Bn.
.fiSdxnvB. Yay. Marron d*Ikde.
{atirOtifTiç, sensibilité; far/dov, mesure). Instrument
pour la mesure de la sensibilité tactile à Tétat normal et dans les cas d'anesthé-
^ et d'hyperesthésie. Les belles recherches d*Emest-Henri Weber sur la sensibilité
tictile ont démontré que lorsqu'on applique simultanément les deux pointes d'mi
compas sur la peau d'un homme à l'état de santé, il les sent comme s'il n'y en avait
qu'une ou bien les sent toutes deux distinctement, suivant la distance qui sépare
ces pointes Tune de l'autre. Ainsi, par exemple, si la distance entre deux pointes
hndiant la peau de la face simultanément est de 12 à i5 millimètres, ou moindre,
les pmntes sont senties comme s'il n'y en avait qu'une ; si, au contraire, les deux
pointes sont' à une distance de 3 ou 4 centimètres ou plus, elles sont toutes deux
distinctement senties. La limite normale de la distance entre les deux pointes (limite
en deçà de laquelle celles-ci ne donnent que la sensation d'une pointe, et au delà
de laquelle elles se font toutes deux sentir) varie excessivement dans les dilTé»
mites parties du corps ; mais elle ne varie guère pour une même partie de la peau
diex différents individus, à l'état de santé. Cette limite normale est la même» ou
à bien peu près, pour les parties homologues de droite et de gauche.
En 1849, j'ai eu l'idée de me servir de ce précieux moyen de juger de la sensibi-
lité tactile dans des cas d'alTections du système nerveux. D'après les faits que j'ai ob-
servés à cette époque, on peut, à l'aide de ce procédé, i" reconnaître l'existence
d'une trè»-légère diminution ou augmentation de la sensibilité tactile, qu'il serait
impossible de découvrir par d'autres moyens ; 2^ mesurer avec précision le degré de
diminution ou d'augmentation de la sensibilité tactile ; o^ enfin constater d'une ma-
nière rigoureuse les changements dans le degré de l'anesthésie ou de Thyperesthé-
>ie. V /Esthésiomêtre est une sorte de compas à l'aide duquel nous pouvons obtenir
«t-s diverses notions, si importantes quelquefois pour le diagnostic ou le prognostic.
Trott aesthésiomètres ont été employés jusqu'ici, deux desquels, celui de M. Sie^*
^eking et le mien, sont à peu près semblables l'un à l'autre, et ne consistent Cn
italilé qu'en un compas d'épaisscm* légèrement modifié. Quant au troisième, que
48 ^STHËSIOUÈTRE.
iious (levons au cloclcui* J. \V. Ogle, de Londres, il se coni|iose d*uii coiu|iiis orrli-
iiiiire et d'une plaque en forme de cadran, sur laquelle se trouve un index lixé |Kir
une de ses eilrémités à Tune des branches du compas. Cette branche, qui est nio-
bile, entraîne l'index avec elle lorsqu'on l'éairte de Tautre brandie, qui est fixe,
et les degrés d'écartement des deux (lointes des branches se mesurent par le mou-
vement de rindex sur le cadran. (Voy. Comptes l'endtisde la Société de Biologie^
1849. vol. I, p. i62.) Nous croyons que Tinstrument de M. Sievekiiig et le nôtre
sont plus maniables que celui de M. Ogle. (Voy. pour la description de cet instru-
ment que l'auteur appelle compas afhémétriqae^ Bealb's, Archives ofMedicine,
1859. vol. I. — Mon aesthésiomètre a été figuré dans le Journal de Phy-
siotogie^ p. 546. i858, et celui de M. Sieveking dans le British and Foreitjn
Med^-Chiiwg., ReviewJSh^, p. 280.)
11 importe que les pointes du compas soient émoussées, parce que la douleur d'une
{Hqûre, même très-l^ère, peut suffire pour troubler la perception des sensaticMis»
tactiles. Une condition, plus essentielle que la précédente, est que les deux points»
touchent la [leau simultanément. Il importe aussi que le malade soit attentif, ci plus
encore qu'il ne puisse pas voir si l'on applique une ou deux pointes. On ne doit faire
couuaitrc au malade toute la portée de la recherche que l'on veut faire qu'aprH
avoir termiué l'expérience. H est bon qu'il croie qu'on appliquera quelquefois uik*
)}ointe, d'autres fois deux pointes de l'instrument, et que l'on désire savoir s'il i*»t
capable de reconnaître s'il y en a une ou deux. Avant de commencer la recherclie
de l'état de la sensibilité dans les parties ou l'on suppose qu'elle est peut-être aile-
réc, il im|)orte d'appliquer sur une partie saine les deux pointes du compas ù
de telles distances l'une de l'autre, que dans un cas le malade puisse les sentir
distinctement toutes deux , et, dans un autre cas, qu'il ne puisse en recevoir que
la sensation d'une pomte. Il arrive quelquefois que le malade, sachant t|ue l'oo a|>-
plique deux pointes, croit les sentir toutes deux, quelque petit que soit l'espace
entre ces pointes. Il faut d'abord n'en appliquer qu'une, et après que le malade
a déclaré qu'il en sent deux, on lui fait regarderie compas, et s'assurer par la vue
qu'ime seule pointe le touphe. Dès que cela a été fait, on peut être sûr que le ma-
bde jugera d'après ses sensations, et non, comme jusque-là, d'après Vidée qu'il
se faisait de l'expérience.
On commence la recherche de l'état de la sensibilité tactile dans l'endroit où
l'on veut s'assurer si elle est altérée ou quel est le degré de sou altération, en a|>-
pliqiiant d'abord les deux pointes à la distance-limite normale. Si le malade n'en
sent qu'une, on éloigne pou ù peu les deux pointes l'une de l'autre, et l'on en lé-
|)cle l'application jusqu'à ce qu'il les sente toutes deux. On reconnaît ainsi Tcxis-
tcnce et le degi'é de l'anesthcsie. Si le malade sent les deux pointes à la distante-
Umite normale, on les rapproche peu à peu, en répétant l'application jusqu'à ce
qu'il déchire ne sentir qu'une pointe. On obtient ainsi la mesure du degré d'h\^!or-
csthésic. 11 importe de ne |)a8 répéter les applications de l'assthésiomètre sur le
même point de lu })eau, car la sensation d'un contact persiste souvent près d'une
demi-minute, et le malade |K)urrait, après une ou deux applications, r^entir deux
pointes alors même qu'on n'en appliquerait qu'une. Dans les cas d'anesthésie ou
d'hyperesthésie occupnt une portion très-peu étendue de la {leau, on devra ne ré-
|)éter les applications qu'après au moins une demi-minute.
Dans les cas d'anesthésie considérable, les deux pointes peuvent être apiiliquiv^
l'une après l'autre et ne donner cepend^uit que la sensation d'mie pointe. Lu lenteur
de la transmission est alors telle, que dans (|uelques cas j'ai observé que le niaLtdr
.ËSTUËSIOMËTRE. 49
ne sentait qu'une pointe, même quand un intervalle de 40 h 50 secondes existait
entre l*appUcation d'une pointe et celle de la seconde. I/aesthésiomëlre peut ainsi
servir à d<mner la notion la vitesse de transmission des impressions tactiles.
Quand l'anesthésie est considérable, les deux pointes sont senties comme une
seule, quel que soit Tintervalle existant entre elles, à la condition cependant qu'elles
soient appliquées sur une même ligne longitudinale. Ainsi, par exemple, j'ai constaté
sur quelques malades qu'il n'y avait que la sensation d'une pointe, alors que j'en
appliquais une vers le poignet et l'autre sur la partie supérieure de l'avant-bras.
(juant à l'hyperesthésie tactile, elle peut atteindre un tel degré, que, quelque rap-
prochées l'une de l'autre que soient les deux pointes, le malade continue de les
sentir toutes deux. Dans un cas de méningite spinale chronique, la sensibilité tac-
tile était tellement altérée, que le malade sentait distinctement les deux pointes
SOT la peau de la cuisse, l'intervalle entre elles n'étant que d'un millimètre, tandis
qu'à l'état normal leur écartement doit être de 5 à 6 centimètres pour qu'elles
soient senties.
Pour ne pas risquer de trouver de l'anesthésie ou de l'hyperesthésie là où il
n'en existe pas, il importe de se rappeler que la strychnine augmente la sensibi-
lité tactile, et que la belladone la diminue. Si donc on désire connaître l'état de la
sensibilité d'une partie du corps chez des malades prenant de ces médicaments, il
faut examiner d'abord l'état de la sensibilité des parties saines et obtenir ainsi le
tjpe temporairement normal, sous Tinfluence de ces médicaments, chez l'individu
examiné.
Je n*ai pas besoin de dire que chez les malades dont l'intelligence est affec^
tée, il iàut se défier des assertions concernant le nombre de pointes senties.
Mais je dois dire qu'il ne faudrait pas conclure que l'intelligence est altérée s'il
arrivait qu'un malade, ne donnant aucune autre indication d'altération mentale,
déclarât sentir trois pointes alors qu'on en applique deux, ou deux pointes quand
aiie seule touche la peau. J'ai vu des cas où ces erreurs ont été commises par des
malades (atteints d'aflections organiques de la base de l'encéphale) chez lesquels Tin-
teiligence était parbile. Ces cas se distinguent de ceux où rintelligence n'est pas
normale, en ce que Terreur, quant au nombre de pointes, n'a lieu que pour une
partie peu considérable de la peau, et qu'elle est constamment commise; tandis
que lorsque l'intelligence est altérée, l'erreur n'est pas toujours commise, et elle
peut l'être tantôt pour une partie de la peau, tantôt pour une autre.
En médecine l^ale, l'aeslbésiomètre peut être d une très-grande utilité : dans
un cas de contusion du rachis due à un déraillement d'un train de chemin de
fer, la malade, qui réclamait des dommages-intérêts, soutenait que les membres
inférieurs étaient atteints de paralysie et d'hyperesthésie. L'œsthésiomètre a dé-
montré qu'il existait effectivement une hyperesthésie tactile considérable. Quand les
deux pointes étaient appliquées sans qu'elle pût les voir à une distance considéra-
blement moindre que la distance-limite normale, elle déclarait les sentir distinc-
trment, tandis que lorsqu'on faisait la contre-épreuve en n'en appliquant qu'une,
elle déclarait sans hésiter qu'elle n'en sentait qu'une.
L'ssthésiomètre est un instrument si utile dans les cas de maladie de la base
de l'encéphale et de la moelle épinière, que, sans son assistance, il serait souvent
presque impossible de porter un diagnostic précis sur le siège ou la nature de Taf-
fcction. Pour moi, il est devenu tout aussi indispensable que le stéthoscope pour
les médecins qui ont à traiter des affections des poumons ou du cœur.
C. Ë. Bnown Séquard.
MCT. E3IC. 11. • ^
50 /ËTHIOPS.
^CTHIOPS OU Éthiops. Ce nom, qui signifie noir, a été appliqué, en français
comme en latin, à divers médicaments qui présentent cette couleur; quelques-uns
sont des combinaisons assez bien défmies, d'auties sont des mélanges pour la plu-
part aujourd'hui inusités, que Ton désignait sous des noms qui indiquaient les pro-
priétés qu'on leur attribuait ; de là les asthiops alcalisalus^ diureticuSy jovialis^
purganSf absorbanSj etc., etc. Nous indiquerons les principaux.
Vxthiops martial = FeH)^ = FeO -+- Fe*0' est une combinaison de protoxyde et
de sesquioxyde de fer; ou le nomme encore oxyde noir de fer, deutoxyde de fer,
oxyde ferroso-ferriquc, safran de Mars de Lemery, baltitures de fer, etc. ; on lob-
tient par le procédé de Trusson et Bouillon-Lagrange, qui consiste à calciner for-
tement dans une cornue de grès huit parties de safran de Mars apéritif et trois parties
de vinaigre distillé; quelques pharmacopées remplacent le vinaigre par l'huile em-
ployée en quantité suffisante pour graisser légèrement Toxyde de fer ; dans les deux
cas, on reproche à ces procédés de laisser un peu de charbon dans le produit; on
suit plus généralement le procédé de M. Cavczzali, que M. Guibourt recommande,
et qui consiste à faire une pâte homogène avec de la limaille de fer pure et de Teau , à
laisser en contact pendant plusieurs jours ; il y a un dégagement d'hydrogène pro-
duit par la décomposition de l'eau, qui est déterminée par une pile résultant de la
superposition de l'oxyde de fer et du métal, le premier étant primitivement pro*
duit par l'oxygène de l'air dissous dans l'eau ; le fer non oxydé est soumis à un
nouveau traitement, et l'oxyde formé est séparé par dilution. Dans cette opération
la température peut s'élever jusqu'à 50°. Geiger conseille de délayer l'oxyde ionné
dans de l'alcool rectifié, d'exprimer fortement et de sécher rapidement dans un
courant d'air sec. U résulte, d'ailleurs, des recherches de M. Austin que l'oxyde
ainsi préparé renferme toujours des traces d'ammoniaque ; il renferme aussi du
peroxyde de fer en excès, parce qu'il continue à attirer l'oxygène de l'air. L'sethiops
martial sert à préparer des tablettes qui, d'après la pharmacopée d'Anvers, ren-
ferment chacune 10 centigrammes d'oxyde; il fait partie, avec l'extrait de l'absinthe,
des pilules de fer de Swcdiaur.
Vœthiaps minéral, poudre hypnotique de Jacobi, improprement appelé proto-
sulfure de mercure et sulfure noir de mercure, est un mélange de sulfure de mer-
cure avec du soufre et quelquefois avec du mercure métallique ; on l'obtient en
broyant pendant longtemps dans un mortier de verre un mélange de deux parties
de soufre sublimé et lavé, et une partie de mercure. Un autre procédé consiste à
faire fondre du soufre dans un creuset, et à y faire loml)cr du mercure sous forme
de pluie, en le forçant à passer à travers une peau de chamois ; on agite constam-
ment jusqu'à parfait refroidissement. Celle préparation, chaulTéc, doit être volati*
li<iée sans résidu. Récemment préparé, c'est un mélange de mercure méUillique, de
soufre et de sulfure de mercure, mais peu à peu la combinaison s'opère, et, d'après
M. Mitscherlich, ce n'est plus bientôt qu'un mélange de soufre et de cinabre ou
bisulfure de mcrcuie.
L'a;thio])s minéral a été employé à faible dose comme vermifuge et antiscrofu-
ieux : c'est un médicament infidèle, qui est aujourd'hui aliandonné; on l'admi-
nistre à la dose de 50 centigrammes à 2 grammes ; il entre dans le sticre vermi-
fuge mercuriel, le chocolat vermifuge, les pilules antiscrofuleuses, Vxthiops
antimonial de Malouin est un mélange de deux parties de sulfure d'antimoine
pulvérisé et d'une |)artie de mercure métallique. On le nomme aussi xthiaps mi-
néral stibiéy et mercure stUjuré stibié. Ce produit se rapproche l)eaucoupde
.ETHUSA. 5i
YaUhiops atUimonial d'Huxarriy qui esl composé de mercure, cent vingt-cinq
parties; sulfure d'antimoine, cent, et fleur de soufre, cinquante, que l'on triture
âisemble.
Vxthiops magnésien ou mercure alcalisc s'obtient en triturant ensemble deux
forties de mercure, deux parties de manne et un huitième de magnésie. Après
extraction, on traite par de l'eau pour enlevei* la manne, et on ajoute au dépôt deux
huitièmes de magnésie, puis on fait sécher.
Vxtkiops saccharin ou mercure saccharin, sucre mercuriel ou vermifuge,
poudre de mercure saccliarin, se prépare en triturant parties égales de mercure et
de sucre sec jusqu'à ce que tout le métal ait disparu.
Vxthiaps graphitique ou mercure charbonneux est un mélange d'une partie de
mercure et de deux parties de charbon.
Vxthiops calcaire ou poudre de mercure crayeux (mercure avec la craie) s'ob-
tient en triturant ensemble neuf parties de mercure et quinze de craie pré-
parée.
Lxlliiops gommeux ou mercure gommeux et mucilage mercuriel, se prépare
en éteignant une partie de mercure dans un mucilage fait avec deux parties de
gomme arabique. Lorsque l'extraction est complète, on iait sécher et on réduit en
poudre.
Enfin, sous le nom iYxthiaps végétal ou de poudre de chêne marin, on em-
plopit autrefois la poudre de charbon du fucus vésiculeux (Fuais vesictUoms),
chêne marin, laitue marine. Gaubius et Baster le recommandaient contre le
M]uirrhe et les scrofules ; Russel l'employait contre le goitre bien avant que l'iode
fût connu.
L'opium torréfié a aussi porté autrefois le nom d'aethiops végétal. Toutes ces
|>réparations sont aujourd'hui inusitées, h part les aethiops martial et minéral, qui
sont encore quelquefois prescrits. 0. Réveil.
^TKIJSE, JEthusa L. Genre de plantes dicotylédones de la famille des Ombel-
lilcres, dont les caractères sont les suivants. Le réceptacle floral concave, en forme
Je sac, porte sur ses bords un calice rudimeiitatre et cinq pétales obovales, cmargi-
n», terminés par une languette pointue inflécbie dans le bouton. Ces pétales sont
égaux entre eux dans les fleurs centrales, et inégaux dans les fleurs de la périphé-
rie, les plus extérieurs y étant plus développés que les autres. Les étamines sont
t'pigynes, à filets infléchis et à anthères introi'ses. L'ovaire, logé dans la concavité
du réœptacle, devient un fruit o\oïde globuleux, caractérisé : 1<^ par la forme orbi-
culaire de sa section transversale ; 2^ par les côtes saillantes et carénées des méri-
carpes, les latérales étant de plus un peu plus larges et finement ciliées ; 3** par
l'existence d'une seule bandelette dîuis les vallécules ; 4*^ par l'aplatissement de la
frrainc du côté de la commissure ; 5° par la columelle Ubre et bipartite. Tous les
autres caractères de la floraison et de la fructification sont ceux communs à tout le
groupe des Ofnbellifêres (voy. ce mot).
Les ifïAttfa sont des plantes herbacées annuelles, originaires de l'EuroiJe. Leurs
tiges sont dressées, et leurs feuilles alternes, multiûdes. Leur involucre est nul ou
monophylle ; leur involucelle est formé d'un petit nombre de bractées latérales,
c'troiles, étalées ou réfléchies, et situées du côté extérieur de l'ombellule.
La seule espèce qu'il importe au médecin de connaître est la Petite Ciguë
i£lhusa Cynapium L.), appelée encore vulgairement Faux Persilj Ciguë des
jardins^ Adie des chiens. Persil des fous. C'est une mauvaise herbe annuelle.
53 iETUUSA.
et passant cependant quelquefois l'hiver, de manière i vivre presque deux ans,
ayant le plus souvent 3 ou 4 décimètres de hauteur, et pouvant s'élever jusqu'à
1 mètre dans un hon terrain. Sa racine est un petit pivot fusiforme, blanchâtre ; sa
tige est dressée, fistuleuse, striée longitudinalemcnt, glauque, et parfois sillonnée
inférieurement de lignes, mais non de taches arrondies, rougeâtres. Ses feuilles
sont d'un vert foncé sombre, lisses, luisantes. I^eur limbe est bi ou tripennati-
séqué, à segments étroits, lancéolés, aigus, découpés en lanières étroites, linéaires,
aiguës ou mucronées. Le pétiole n'existe qu'aux feuilles inférieures, et demeure
très-court ou nul pour les supérieures, dont la gaine s'élargit davantage et devient
membraneuse et blanchâtre sur les bords. Les ombelles de fleurs sont longuement
stipilées, ajant jusqu'à dix ou vingt rayons (axes secondaires) étalés, inégaux,
rudes et striés sur leur bord intérieur. L'involucre est nul. Les involucelles situés,
comme on l'a vu dans la caractéristique du genre, du côté extérieur de l'ombel-
Iule, se composent dans cette espèce de trois, quatre ou cinq bractées linéaires,
sétacées, réfléchies, tantôt moins longues, tontôt plus longues que l'ombelle. Les
fleurs sont petites; les pétales blancs, avec une macule verte à la base. Le fruit est
presque globuleux, glabre, d'un vert foncé. Chacune de ses moitiés porte cinq
côtes saillantes, arrondies, et leur commissure présente deux bandelettes arquées
qui ne se touchent pas à la base du fruit.
V^thusa Cynapium fleurit presque tout l'été. Elle croit abondamment dans
les bois, les moissons, les jardins, sur les décombres, le long des murailles, dans
les rues des villages ; elle recherche surtout les endroits secs. Son odeur est dés-
agréaUe, vireuse et nauséeuse. Elle n'est pas employée en médecine ; mais elle doit
être connue comme constituant un poison très-dangereux ; et le médecin doit sur-
tout savoir la distinguer du Persil cultivé, avec lequel elle a une assez grande res-
semblance, cause de la plupart des accidents qu'elle détermine. Or, même très-
jeune, le Persil a une odeur aromatique qui est assez agréable, tandis que la Petite
Ciguë est nauséabonde et d'une odeur suspecte. Quand la plante est plus développée
et qu'on peut distinguer le bas de la tige, on voit que celle du Persil est d'un vert
uni, sans cannelures et sans taches ni lignes purpurines. Celle de la Petite Ciguë
est au contraire d'un vert un peu glauque, le plus souvent sillomiée de petites
lignes rougeâtres. A cet âge, d'ordinaire, les feuilles sont assez développées aussi
pour qu'on reconnaisse que les folioles de celles du Persil sont larges, deux fois
divisés, partagés en lobes dentés, presque en forme de coin, taudis que les feuilles
de la Petite Ciguë sont partagées en folioles étroites, allongées, aiguës, incisées,
dentées et plus nombreuses. Enfin, quand les deux plantes sont fleuries, on les
distingue même de très-loin, puisque la fleur du Persil est jaune et celle de
V^husa Cynapium blanche.
On pourrait encore confondre la Petite Ciguë avec le Cerfeuil ; mais ce dernier a
aussi une odeur très-aromatique et très-proiK>ncée. Ses feuilles sont tripennécs, à
folioles ovales, incisées, dentées, et d'un vert clair; leur pétiole, concave en dessus,
est couvert de poils blanchâtres. Les ombeliules sont accompagnées d'un involn-
celle qui, au lieu d'être unilatéral comme dans la Petite Ciguë, fait tout le tour
du groupe floral. I^e fruit, au lieu d'être court et arrondi, est au contraire étroit et
«nllongé, cylindrique et terminé par deux petites cornes divergentes.
Nous verrons encore que les caractères ci-dessus énumérés peuvent ser^'ir à dis-
tinguer facilement VAUthtisa Cynapium des autres plantes qui portent également
le nom de Cicufi {voy. ce mot).
UjEthusa Meum de Linné est le Meum Athamaniicum (voy, ce mot).
AETIUS. 53
l.y Ceu„ n. 14t; Spe:„ 507. — Erol., Gen., n. 4424.— M£aAT et Dklbiis, DtW., I, OS.—
GcD., Dnv. «/flip/., éd. 4, III, 203. —A. Rich., Élém , id. 4, III, 180.— Gnni. et Goon , FI.
fr., I, 71i. — LinL., flf. Jf^., 40. H. Baillor.
TosiGOL4iGiB. n existe des exemples nombreux et non équivoques d'empoi-
sonnements produits par la Petite Ciguë, q^i est souvent confondue avec le Persil
et le Ceifeuil. Rivière rapporte le cas d*un individu qui périt après avoir pris une
certaine quantité de cette plante. A Tautopsie, on trouva une sérosité brunâtre
duis Testomac, la langue noire, le foie dur, la rate livide. Dans un autre cas observé
diez nn individu qui succomba une heure après avoir mangé une salade contenant
delà Petite Ciguë, et, après avoir eu des vertiges, des nausées, un état comateux,
des sueurs froides, on trouva, à l'autopsie, toute la surface du corps couverte de
larges ecchymoses, l'estomac et le péritoine enflammés, la rate engorgée, avec un
état de pléthore des poumons et du cœur. Haller rapporte avoir été très-incom-
mode pendant une nuit pour avoir mangé de cette plante.
D'après les (^)servations cliniques faites par plusieurs praticiens, les symptômes
produits par la Petite Ciguë peuvent être réduits aux suivants : chaleur à la gorge,
soif, vomissements, quelquefois diarrhée, dyspnée, pouls petit, fréquent, céphalal-
gie, vertiges, engourdissement des membres, délire. Si les vomissements survien-
nent de bonne heure et s'ils sont abondants, le malade peut guérir.
Pour combattre cet empoisonnement, il faut administrer les vomitifs, puis les
émoUients, les adoucissants ; les bobsons acidulées, lorsque le poison a été évacué
par les vomitifs^u les pui-gatifs. 0. Rbveii.
Rmftu. Sur la Ciguë xthuia (C. N^um Lin.). la Mém. de ManipeHier, 1. 1; Biêtoire,
p. 109. — PlMies vinéneuui de la Suisse, p. 233. In Bull, de Pharmacie, t. YI, p. 330. —
UlC. Ârekhfes générales de médecine, t. XXII. — Orhla. Traité de toxicologie, t. II, p. &45.
> édition. 0. R.
ACnvs. Médecin grec dont l'ouvrage intitulé Bt6>£a îaerpvnà hoLai^nta {De la
médecine en sehe livres) existe encore. Sa vie est peu connue, et c'est lui-même qui
se cfaaige de nous apprendre le peu que nous en savons. H vivait sans doute à la fin
du cinquième ou au commencement du sixième siècle après J. C, car il cite
(IX, U in fine) saint Cyrille d'Alexandrie, qui mourut au milieu du cinquième
«siècle, et il est lui-même mentionné par Alexandre de Tralles, qui florissait vers
le milieu du sixième. Il naquit à Amida, en Mésopotamie, et fit ses études à Alexan-
drie, Tune des plus femeuses écoles de médecine de l'époque. Il parait qu'il était
(4irétien, et qu'il poussa même la dévotion jusqu'à la superstition, puisqu'il adjurait
une arête, fixée dans le pharynx, démonter ou de descendre, au nomde saint Biaise
(VIII, 50), si toutefois ce passage et plusieurs autres analogues ne sont pas inter-
polés par les copistes. Photius nous apprend qu'il exerça à Constantinople et obtint
la dignité de cornes obsequii , qui ne se rattachait nullement au titre de médecin ;
c'étoil plutêt un emploi dans la maison de l'empereur. Les médecins, à la cour de
Constantinople, sont souvent revêtus de semblables offices, ainsi que le prouvent
les exemples de Jean Actuarius , de Siméon Sethus Protovestiarius et de Théo-
phile Protospathiarius. ^ Son œuvre médicale est divisée en quatie parties ou
quatre volumes^ et chaque volume en qunirc discours. Les trois premiers discours
comprennent la matière médicale et la pharmacologie; le quatrième, le régime,
l'hjgiène, les tempéraments, l'éducation des enfants, etc.; le cinquième, la doctrine
et le traitement des fièvres ; le sixième, les maladies de la tête et du cerveau ; le
septième, les maladies des yeux ; le huitième, les aflections de labce, de la gorge,
54 AFFINAGE.
de la trachée, des poumons; le neuvième, les maladies de l'estomac et du canal
intestinal ; le dixième les affections de la rate et du foie ; le onzième, celles des
organes génilo-urinaires; le douzième, la sciatique, la goutte et le rhumatisme; le
treizième, les morsures d'animaux vénéneux, les différents antidotes et les mala-
dies de la peau ; le quatorzième, les ulcères, abcès, hémorrhoides; le quinzième,
les différents remèdes et les emplâtres ; le seizième, les accouchements et les mala-
dies des femmes, etc. Aetius est un compilateur comme Oribase et Paul d'Égine.
Ses Tetrabihles sont tirés en grande partie d'Oribase luinnémc; le plus souvent
Aetius s'est contenté d'abréger le texte du médecin de l'empereur Julien et d'en
changer la rédaction. Le plus grand mérite de l'ouvrage d' Aetius est de combler,
comme le peut faire un abrégé, quelques-unes des lacunes qui existent dans la
ColUdion médicale d'Oribase. — Le texte n'est pas entièrement publié. Les huit
premiers livres ont paru en grec à Venise, chez les Aides, en 4534. Quelques
autres fragments ont été publiés à diverses époques. L'œuvre complète a été traduite
en latin par Cornarius (Basil., 1542, in-fol. Cette traduction se trouve aussi dans
la collection d'Etienne, tffdêca; ariû principes). Voyez, pour de plus amples détails
bibliographiques sur les diverses éditions latines, sur les traductions partielles ou
sur les fragments des livres IX-XVI, publiés en grec, Ghoulant, Manuel pour la
bibliographie médicale ancienne (en allemand). Leipzig, i84i, p. 153*i^5.
A. G. W. Ch. d!
AFPAimBBnNT. Voy. Forces (État des).
AnvCTlON. Voy» Maladie.
AFWECmn BE lé'AHE. Voy. Passion, Psychologie.
AraiNAfiE. (ht«i6iie poblique.) On appelle ainsi l'art d'isoler et de purifier
les métaux ; mais ce mot s'applique particulièrement à la séparation des deux
métaux précieux, l'or et l'argent, de leur alliage avec le cuivre.
Cette opération autrefois très-compliquée a été rendue et plus simple et plus
économique. Elle consiste, aujourd'hui, à traiter dans des chaudières de platinr,
au moyen de l'acide sulfurique bouillant, l'alliage préalablement réduit en gre-
naille afin de faciliter l'action du réactif. L'acide sulfurique dissout l'argent et le
cuivre sans attaquer l'or, et celui-ci étant retiré de la dissolution, on précipite
l'argent à l'aide du cuivre métallique, de sorte que les produits définitils sont de
l'or, de l'argent et du sulfate de cuivre.
Pendant la réaction de l'acide sur l'alliage il se (orme d'abondantes vapeurs
d'acide sulfureux entraînant avec elles de l'acide sulfurique. Or, on comprend k^
inconvénients graves qui en résulteront, d'abord pour les ouvriers placés dans les
ateliers, où il s'en répand toujours une certaine quantité, mais surtout pour le voi-
sinage, sur lequel se déversent les gaz entraînés par les cheminées. C'est ce qui a
fait ranger cette industrie (décret du 9 février i825) dans la première classe des
établissements insalubres ; delà, aussi, des plaintes parfaitement motivées, qui ont
obligé plusieurs fois à faire fermer des usines de ce genre, situées dans l'intérieur
des villes. Cependant, le conseil de salubrité de la Seine ayant été saisi de cette
question en 1 826, Darcet fut chargé de chercher les moyens de remédier à un état
de chose aussi déplorable, et l'ingénieux et habile chimiste eut l'honneur de n>
AFFINAGE. 55
soudre le problème d*une manière aussi complète que possible, à Taidc du procédé
suÎTant :
La dissolution des matières d*or et d'argent ayant lieu dans des chaudières
closes, sous une hotte où s'établit un fort tirage au moyen d'une cheminée échauf-
fée par la flamme des fourneaux de fusion et d'évaporation, des tubes en plomb
conduisseiit les vapeurs sulfureuses dans une série de caisses également en plomb
où s'opère leur condensation ; l'excédant, qui n'a pas été détruit dans les premières
caisses anÎTe dans un tonneau tournant sur son axe, où elles sont agitées avec de
Vhydrate do chaux qui les absorbe complètement. Un tuyau de plomb porte ensuite
dans la dieminée générale les gaz non condensés, et s'établit l'appel qui amène
les vapeurs et les gaz successivement dans les difTérentes caisses. Au total, « on
peut laver les gaz en les faisant plonger dans un courant d'eau ; on peut séparer
les acides en agitant ces gaz avec de l'hydrate de chaux, comme on le fait pour la
fabrication du chlorure de chaux ; on peut encore mélanger de la vapeur d'eau aux
gaz et vapeurs, puis condenser cette eau dans des appareils convenables ; on peut
enfin convertir ces gaz en acide sulfurique, comme cela se pratique dans les fabri-
ques d'aride sulfurique. » (Extr. d'un rapp. au préfet de police in Afin, d*hyg.^
!■• série, t. XIII, p. 219.) Le système de Darcet peut donc être encore simplifié ;
il suffirait, pour cela, de faire arriver les vapeurs dans une chambre de plomb
contenant une couche d'eau de quelques décimètres, dans laquelle ou délayerait
une quantité de chaux suffisante pour faciliter l'absorption du gaz acide sulfureux,
trop peu soluble pour être condensé par l'eau seule. (Rapp. du conseil de salubr.y
des Bouehes-dU'Rh&ne, 1828-30, p. 76.) Les ateliers dans lesquels on détruit ainsi
les émanations sulfureuses, sont seulement rangés dans la seconde classe (déa^et
cité [dus haut).
Voici maintenant, comme pouvant senîr de spécimen, les prescriptions imposées
par le conseil d'hygiène du département de la Seine aux usines d'affinage.
1* La dissolution des alliages métalliques aura lieu dans des chaudières closes.
Les vapeurs acides seront condensées et recueillies ou décomposées de telle sorte
que les produits gazeux sortant par l'orifice supérieur de la cheminée ne donnent
liai I aucune odeur sensible et n'exercent aucune action appréciable dans le voisi-
nage de la fabrique.
2* Les résidus gazeux de la combustion de tous les foyers de l'usine, et de la
décomposition des vapeurs acides fournies par les chaudières de dissolution, seront
réunis dans une clieminée principale ayant au moins 40 mètres de hauteur sur
1 mètre de diamètre intérieur à la base et 0,80 au sommet.
5* Les foyers des chaudières à vapeur et autres foyers alimentés à la houille,
seront disposés de manière à brûler complètement leur fumée.
4* Afin d'éviter que la buée provenant des chaudières à précipiter, à évaporer
les dissolutions salines, etc., ne se répande dans l'atmosphère de façon à incom-
moder le voisinage, le permissionnaire sera tenu, si la nécessité en est reconnue,
de surmonter ces chaudières de hottes avec cheminées et mcme de conduire les
boees dans la cheminée principale.
5* Les machines employées pour le broyage des pots et l'extraction des grenailles
métalliques, seront construites et établies de façon à ne produire aucun bruit incom-
mode pour le voisinage. L'usage des pilons et autres machines à percussion pourra
être interdit par l'administration, s'il est nécessaire.
6* Le permissionnaire devra tenir propres et dégagés de glace, s'il venait à s'en
lonner pendant l'hiver, les ruisseaux de h rue où il versera ses eaux de condensa-
10 AFFINITÉ.
tion. Il lut est ÎDlcrdit de laisser couler des eau\ acides. (Trébuchet, in Trav. du
ConseU d'hyg.,e\c., p. 497. Paris 1861. lIl-4^)
BiiuociAniiB. — Dabcct (J. P. G.)- Insiruciian relative à Fari de raflUiû§e, rédigée ou
nom dm Comeil de $alubritt de la ville de Parti et du département de la Seine. Parts ,18^.
— Gaclher m Claubit. Art. ArrraiGE, in Did, de Finduitrie manuf., t. I (avec fig. de Tapp.
Dtrœtj. Paris, 1S33. E. BiAccaiim.
AFFINITÉ. L'affinité est la force chimique ou la force qui préside aux coiii*
biaaisons. Elle met en mouvement ou maintient les dernières particules des corps,
les atomes; c'est dire qu'elle s'exerce à des distances infiniment petites. Pour
qu'elle puisse se manifester entre deux corps hétérogènes, il iaut donc que ceux-ci
soient en contact. Ce contact s'établit facilement et intimement lorsqu'il s'agit
de corps gazeux ou liquides dont la cohésion est nulle ou iaible. Hais, pour les
corps solides, la cohésion ou la force qui maintient les molécules en contact
s'oppose souvent à la manifestation de l'affinité. De là la nécessité de diminuer
la cohésion pour que les molécules des corps puissent entrer en contact et en
conflit, pour que la force chimique puisse se manifester. Or, on diminue la co-
hésion des corps en élevant leur température ou en les dissolvant dans un liquide.
Lorsqu'on élève leur température, il arrive souvent qu'ils fondent et perdent ainsi,
en très-grande partie, leur cohésion. 11 en est de même lorsqu'on les dissout dans
l'eau, ou dans un autre liquide. Qu'on mélange de la limaille de fer et de la
fleur de soufre sèche, l'aflinité qui existe entre le fer et le soufre ne pourra pas
se manifester immédiatement. Mais qu'on chaufle le mélange, le soufre en-
trera en fusion, et Talfinité qu'il possède pour le fer se réveillera aussitôt: il ^e
formera du sulfure de fer. 11 suffira même d'ajouter de l'eau au mélange de
soufre et de limaille de fer, pour que, le contact entre les particules de ces corps
devenant plus intime, par l'intermédiaire de l'eau, l'action chimique commence
bientôt.
On peut mêler de l'acide tarlrique en poudre avec du carbonate de soude sec et
pulvérisé, sans que l'affinité prépondérante de l'acide tarlrique pour la* soude
puisse se manifester. Hais, qu'on ajoute de l'eau au mélange, les deux corps vont
se dissoudre, et l'acide tartrique va chasser immédiatement l'acide carbonique.
C'est ainsi que la liquéfaction et la dissolution, en diminuant notablement la co-
hésion, favorisent l'exercice de l'affinité. Les anciens avaient reconnu cette influence
de l'état liquide sur les actions chimiques, et disaient, en l'eugérant : Corpara
non agunt nisi soluta.
11 y a des degrés dans l'affinité. Les corps n'agissent pas les uns sur les autres
avec une égale force, et lorsque deux corps s'unissent en plusieurs proportions
atomiques, il arrive ordinairement que l'affinité de l'un d'eux décroît et s'é>
puise à mesure que le nombre de ses atomes augmente. Ainsi» le manganèse
forme avec l'oxygène plusieurs combinaisons dans lesquelles le nombre des atomes
d'ox}gène va croissant : les composés les moins stables sont ceux qui renferment
le plus grand nombre d'atomes d'oxygène.
Voici un élément nouveau et important dans la comparaison des affinités :
1 volume ou 1 atome de chlore s'unit à 1 volume ou 1 atome d'hydrogène
pour former de l'acide chlorhydrique HCl.
1 \olume ou 1 atome d'oxygène s'unit à 2 volumes ou 3 atomes d'hydrogène
pour former de l'eau H'O.
\ volume ou 1 atome d'azote s'unit à 5 volumes ou r> atomes d*li}drogène |KMtr
former de l'ammoniaque Il'Az.
AFFUSION. 57
i atome de carbone {^=\2) s unit à 4 volumes ou 4 atomes d'hydrogèno
pour fonner du gaz des marais H*<G-
L'alBnité de ces quatre corps pour rbjdrogène s'exerce donc d*une manière
IresHUiTérente, si l'on a égard au nombre des atomes d'hydrogène qu'elle par*
Tient à fiier. Elle fixe, suivant les éléments qui entrent en combinaison, un»
deuxy trois, quatre atomes d*hydrogène. Elle est simple ou multiple,, et l'on peut
dire que, tandis que le chlore, qui ne peut fixer qu'un atome d'hydrogène, ne pos-
sède qu'une affinité; l'oxygène en possède deuXy puisqu'il peut fixer deux atomes
d'hydrogène; l'azote en possède trois ^ puisqu'il peut fixer trois atomes d'hydro-
gène; le carbone en possède quatre, puisqu'il peut fixer quatre atomes d'hydnn
gètie. C'est ce qu'on exprime en disant que :
Le dilore est un élément monoatomique;
L'oxygène est un élément diatomique ;
L'axote est un élément triatomique ;
IjC carbone est un élément tétratomique.
Bei^gmann a nommé affinité élective la force qui préside aux doubles décompo-
sitions. Un corps  est uni à un corps B. Un corps C est uni à un corps D. Qu'on
mette AB en contact avej CD, leurs éléments vont s'échanger; A se portera sur
C et B sur D; deux nouveaux corpâ A C et B D vont'prendre naissance. Ce sont là
les réactions les plus fréquentes de la chimie. On les observe très-souvent lors-
qu'on mélange deux sels : l'échange des acides et des bases produit une double
décomposition. Bei thollet a montré quel rôle important la cohésion joue dans de
telles réactions et à quel point elle peut modifier ou contrarier l'aflinité.
Ad. Wortz.
AFFII;*H ou AmoM. On a proposé de désigner sous ce nom le suc épaissi
extrait par incision de la capsule du pavot pourpre, c'est-à-dire l'opium indigène,
mais cette dénomination n'a pas été adoptée . Le mot a/jfiufit, qui est d'ailleurs le nom
persan de l'opium, ou du moins celui que l'on donne aux larmes laiteuses qui s'é*
coulent des incisions faites aux capsules des pavots et qui constituent un opium de pre-
mière qualité, que l'on consente pour les familles riches et puissantes du pays; ce
root, disons-nous, a été employé avec des intentions diverses pour dissimuler la
présence de l'opium dans certains médicaments. 0. Rbveil.
AWWMjmmn. Vaffusion (affuHOy de affundet*e y verser, répandre) est un
procédé de la méthode hydrothérapique, qui consiste à verser sur tout le corps
ûifusion générale), ou sur quelqu'une de ses parties (affusion partielle), une cer-
taine quantité d'eau froide ou chaude. D'où la division des affusions en froides
et chaudes. Notre description s'appliquera surtout aux premières ; nous termine-
rons par quelques mots sur les secondes.
L'afTusion se distingue : i** de Vablutiony lotion partielle empruntée par la thé-
rapeutique à des pratiques religieuses, imposées par certains législateurs dans un
but évident d'hygiène ; 3® du bain ou immersion; Z^ de Yirrigation ou arrosc-
nient local ; 4® de la lotion ou lavage, qui se fait avec un linge, une éponge, oti
iiroplement avec les mains, et qui s'accompagne toujours de frictions exercées à la
surface de la peau ; 5® de la douche, enfin, dans laquelle l'eau, soumise à une cer-
taine pression, tombe, ou est projetée, sous forme de pluie, de jet, de poussière,
df! colonne, de nappe, de lame, etc., d'une hauteur on d'une distance pins ou moins
58 AFFUSION.
considérable, et avec plus ou moins de force, à la surface du corps. {Vay. les mots
Baim, Douche, Immersioii, Irrigation, Lotion.)
L aflusion diffère donc de la douche et surtout de la douche en nappe, aTcc la-
quelle, d'ailleurs, elle présente de Tanalogie, par sa faible force de pression ou
de percussion. Sous cefXe forme, Teau agit principalement par sa température,
tandis que, dans la douche, elle agit à la fois par sa température et par la force de
de pression à laquelle elle est soumise dans les réservoirs ou appareils qui la con-
tiennent. De cette différenZe dans le mode d'action résultent des diflSrenoes dans
leurs effets, comme nous le démontrerons plus loin.
Modus fadendi. Le malade est placé nu, assis ou debout, dans une baignoire
ou dans une cuve vides, et reçoit le contenu d'un ou de plusieurs vases remplis
d'eau que l'on répand sur lui. La forme des vases peut varier, mais, en général, ils
ont un orifice d'écoulement assez large pour que l'eau en tombant forme une
nappe plus ou moins étendue ; une carafe, un pol, une cruche, une casserole, plus
souvent un seau, etc., tels sont, en général, les instruments de l'aiTusion. Dans
certains cas, il est plus commode de se servir d'un arrosoir muni de sa pomme.
Lorsque l'afiTusion doit être partielle, porter, par exemple, exclusivement sur la
tète, être souvent répétée, et que Ion craint, pour le malade, la fatigue d'un dé-
placement trop fréquent, dans ce cas on peut* le patient étant placé en travers
sur son lit, la tête inclinée en bas au-dessus d'un baquet vide destiné à recevoir
l'eau, on peut, dis-je, verser celle-ci à l'aide d'un arrosoir. Mais ce procédé rentre
dans celui des irrigations, souvent confondu avec les allusions, dont il importe
cependant de le distinguer, au double point de vue de la forme et des effets tlié-
rapeutiques. Il convient encore de donner le nom d'irrigation à l'arrosement
d'une partie placée sous le robinet d'une fontaine ou d'un vase quelconque. En
effet, l'irrigation consiste essentiellement en un courant simple ou multiple,
toujours étroit et filiforme ; dans l'affusion, au contraire, le courant s'élargit en
nappe plus ou moins étendi^. Ces distinctions minutieuses seraient puériles si
elles n'étaient pas liées à des différences d'action que nous ferons connaître en
leur lieu.
Il ne faut pas confondre, non plus, l'affusion avec la douche dite en nappe, dotit
nous parlerons à l'article Douches. La douche en nappe, connue sous le nom de col
de cygne dans les établissements hydrothéraptiques, à cause de la forme de
l'appareil élégant d'où elle s'échappe, la douche en nappe présente avec l'affusion,
outre l'analogie de forme, des analogies d'effets. Toute la différence, d'ailleurs im-
portante, qui existe entre l'affusion et la douche en nappe, c'est que, dans celle-ci,
l'eau est animée d'une force de projection qui, bien que notablement aflaiblie par
l'étalement en nappe qu'éprouve la colonne liquide à sa sortie de l'appareil, oon-
sene cependant une certaine intensité. L'affusion, au contraire, n'a de force de
percussion que celle qui dépend du poids de la nappe liquide, d'où il résulte
qu'elle possède, toutes choses égales d'ailleurs, des propriété moins stimulantes et
plus sédatives que la douche en nappe.
Affusiors froides. L'eau destinée à l'affusion, est versée plus ou moins lente-
ment, d'une hauteur plus ou moins grande suivant les cas et les indications, des
vases qui la contiennent sur les diflérentes parties du corps que l'on veut
soumettre à son action, sur la tête, la poitrine, l'épigastre, la colonne ver-
tébrale, etc.
Après rafTusion, dont la durée varie suivant la nature de la maladie, l'état du
malade et les effets que l'on veut obtenir, le patient est essuyé, puis, selon le cas,
AFFUSION. 59
il est reporté dans son lit, enveloppé dans une couverture de laine; ou bien, si la
maladie le permet, après s'être habillé rapidement, il va se livrer à un exercice en
plein air, propre à favoriser la réaction sans amener la fatigue. 11 est bon, avant
l'aiïusion, d'élever la température du corps soit par Fexercice, soit par des moyens
artificiels. Quelques médecins conseillent, lorsqu'on a quelque raison de vouloir
provoquer, pendant Taffusion, une réaction vers les parties inférieures, de faire
placer dans la baignoire un vase rempli d'eau chaude, dans lequel le malade plonge
ses jambes, tandis qu'il reçoit l'aiTusion froide sur les parties supérieures. Telle
était la pratique de Récamier. Priessnitz, en pareil cas, usait d 'un artifice bien
différent. Pendant toute la durée de l'affusion il faisait frictionner énergiquement
les membres inférieurs du malade avec de l'eau suffisamment froide répandue
d'avance à cet effet au fond de la baignoire. Ces frictions d'eau froide détermi-
naient sur les membres inférieurs une réaction plus ou moins considérable, qui
remplissait l'indication dérivative.
Lorsque le malade est trop faible pour se tenir debout ou assis, on le fait cou-
cher sur un drap que des aides tiennent au-dessus de la baignoire. On agit
de même lorsque l'on veut diriger les afîusions sur le ventre ou les parties gé-
nitales.
Lorsqu'<m se propose d'afluser exclusivement la tête, on garantit le reste du
corps du contact de l'eau froide au moyen d'un manteau ou d'une pèlerine de
toile cirée, que l'on attache autour du cou sur une serviette roulée en cravate.
Température de Peau et durée de Vaffusion. Elles varient : 1® suivant l'eflet
stimulant ou sédatif que l'on veut obtenir ; 2^ suivant la température du corps ;
3^ suivant la force et le degré de réactionnabilité du sujet; 4® suivant son impres-
sionnabilité nerveuse.
Lorsqu'on se propose de déterminer les effets stitnulantSf la durée de l'applica-
tion doit être courte, être limitée, en général, à deux ou trois minutes, rester le
plus souvent en deçà, rarement aller au delà de ce chiffre ; la température de
l'eau doit être, en moyenne de 14® du thermomètre centigrade ; plus elle descendra
au-dessous de ce chiffre'et plus la durée de l'application sera courte, plus elle s'é-
lèvera au-dessus et plus l'afiTusion sera longue. Si l'on a pour but l'efTet sédatify
Veau doit avoir une température de 14 à 16® centigrade, et l'afTusion une durée
de cinq à quinze minutes.
La température de l'eau et la durée de l'afTusion doivent être également graduées
d'après la différence de la chaleur du corps. Plus la température du corps est
élevée, plus Teau de l'affosion doit être froide et plus la durée de l'opération doit
être longue. Frôhlich établit à cet égard les rapports suivants entre la température
du corps et celle du liquide.
LA mPÉRATUIlE DCr COIIPS PniSE LA TFMPÉBATURE DK l'eaC
DAXS l'aisselle ÉTANT DE : DOIT ÊTBE CE .*
36« rt C 52« 2 C.
37« 2 29» 4
37« 7 23« 9
38« 3 18» 3 à 21- 1
38« 8 à 39- 4 15» 5 à 18' 3
40- ir.« 5
40» 5 12* 8
41* i 4-4
41* « à 42- 2 !• 6 à 1* 4
43- 3 A 44* 4 !• 4
CO AFFUSION.
Il serait utile de contrôler, sur ce point intéressant, les assertions de Frohlich et
de poursuivre cette étude iiiiportante, le thermomètre à la main.
Enfin, avons-nous dit, la température de Teau et la durée de Taflusion doivent
être mises en rapport avec la force et la puissance de réaction du sujet, et avec
son impressionnabilité nerveuse. Or, celte puissance de réaction est très-variable,
suivant les individus; elle peut être présumée, et non mesurée d'avance; il
n'existe pas de réactùmamètre. D'un autre côté, il y a des malades tellement im-
pressionnables à l'action de l'eau froide, que les premières applications déterminent
parfois chez eux des phénomènes nerveux intenses, très-effrayants en apparence. Ce
sont des palpitations violentes, un sentiment de suffocation extrêmement pénible,
une constriction douloureuse parfois intolérable à la partie postérieure de la
tête et du cou ; il semble, de prime abord, que ces accidents doivent nécessaire-
ment faire renoncer i la médication. Je dois dire, d'abord, que ces troubles ner-
veux, assez fréquents et très-marqués, lorsque l'eau froide est administrée sous
forme de douches, surtout de doudies en pluie, sont beaucoup plus rares et moins
pénibles avec les affusions. Tel malade qui ne tolère pas la douche froide, au début,
supporte assez bien Tautre forme d'application. En ayant soin de se servir, pour
les premières affusions, d'une eau à la température de 14 à 16®, et de ne pas les
prolonger au delà de quelques secondes, afin de tâter la susceptibilité des malades
et leur réactionnabilité, on n'aura jamais aucun accident à craindre ; on arri^-era
infailliblement, au bout de quelques jours, à faire supporter l'eau froide aux si^ets
les plus impressionnables, et à développer une réaction suffisante chez les malades
les plus débilités.
Le nombreàes affusionsest, en général, de deux à trois ou quatre dans les vingt-
quatre heures, une le matin, une le soir, une ou deux dans le milieu de la journée.
Il est rarement utile de dépasser ce chiffre. Cependant, il est des cas où il convient
de les multiplier davantage ; c'est au médecin à se guider d'après les circonstances
dont l'appréciation appartient à son tact et à son expérience. Nous ne pouvons
tracer ici que les rifles générales de l'application du modificateur dont nous
parlons.
Effets de Vaffusion. Comme dans toutes les applications extérieures de l'eau
froide, immersions, lotions, douches, etc., les effets des aifusions présentent des
diflérences essentielles, suivant la température du liquide, et, surtout, suivant la
durée de l'application ; la forme de celle-ci exerce également une action puissante
sur la nature ou l'intensité des effets produits, et il n'est pas indifférent, on le
comprend sans peine, au point de vue des effets que l'on veut obtenir, de sou-
mettre le malade à l'aifusion, à Timmersion ou à la douche. 11 est vrai que ces
diverses formes d'application de l'eau froide ne présentent pas dans leur action
des différences absolues , mais les différences relatives qui existent entre elles
sont assez grandes pour qu'il faille nécessairement en tenir grand compte dans la
pratique.
L'action de l'eau froide sur l'organisme consiste en une modification fiar-
ticulière, ou, si l'on aime mieux, en une impression spéciale sur le système
neneux.
Contrairement aux médecins qui prétendent que « tous les phénomènes produits
par l'application du froid sur le corps vivant peuvent s'expliquer d'une manière
toute pliysique par h condensation qu'il produit daas les tissus et par le retard
qu'il apporte à la progression du sang dans les petits vaisseaux, i nous pensons que
ce phénomènes découlent tous de l'impression et de la modification premières exer-
AFFUSION. 01
cées par TactHm de ce modificateur sur le système nerveux. Perçue ou non perçue,
rimpressioii du firoid donne lieu à des phénomènes complexes, locaux et généraux,
qui ont leur siège à la fois dans la peau , dans les vaisseaux capillaires, artériels et
TÔoeux, dans les muscles de la vie animale et dans ceux de la vie organique, dans
les organes glandulaires, dans le système nerveux central et périphérique; phéno-
mènes qui témoignent d'une modification plus ou moins marquée de Tinnervation
férébro^pinale et sympathique, de la circulation, de la calorificatioii , des sécré-
tions, de la nutrition interstitielle, de la contraclilité musculaire, etc. Ces phéno-
mènes, appartenant généralement à l'action réflexe, sont le spasme des éléments
contractiles du derme (chair de poule), la contraction des vaisseaux capillaires
catanés, d*oû résultent Tarrét de la circulation périphérique, la pâleur de la peau,
reflaoement du relief des veines sous-cutanées, la sensation de refroidissement et
de refoulement du sang vers les organes splanchniques ; c'est encore le ralentisse-
ment du pouls, qui diminue de trois à quatre pulsations, devient dur, petit, con-
centré, presque insensible, tandis que les battements du cœur conservent, en
gén&idy leur force anormale ou bien offrent parfois un accroissement d'énergie ;
ce sont, enfin, les contractions doniques des muscles de la vie de relation (frisson,
tremblement des membres, claquement des dents ; respiration saccadée, entre-
coupée, haletante), et les contractions toniques de certains muscles de la vie or-
ganique (évacuation des réservoirs naturels, de la vessie, etc.).
A ce spasme, en quelque sorte universel, succède une détente plus ou moins ra-
pide; la circulation périphérique, reprenant son cours par suite de la cessation de la
contraction capillaire, fait affluer le sang vers toutes les parties où le contact de
Teau froide l'avait suspendue; la peau se colore, la chaleur revient avec le sang
qui en est la source et le véhicule, la chair de poule, le frisson, le tremblement
général cessent, la respiration devient régulière, large, profonde; le pouls est plein,
large et fort; les mouvements ont plus de souplesse, d'agilité, d'énergie; enfin, si
l'application froide a été convenablement faite, à la sensation pénible, causée par
la première impression du liquide, succède un sentiment général de bien-être qui
dure pendant un temps plus ou moins long.
Tels sont les phénomènes que l'on éprouve dans l'état de santé, à la suite d'une
affusion, d'une immersion, d'une douche, lorsque la durée de l'application n'a
pas été trop prolongée, et lorsque l'eau possède une température moyenne de
10 à 14^ centigrade.
Notons, en outre, qu'en passant de l'eau à l'air, la peau, malgré l'évaporation
du liquide à sa sur&ce, n'éprouve pas de sensation de refroidissement, et que la
réaction produit ordinairement en elle un orgasme tel que le contact du linge et
des frictions assez rudes pour enlever l'épiderme ne sont pas même sentis.
Cest aux phénomènes qui indiquent le rétablissement de l'équilibre organique
rompu par l'action de l'eau froide que l'on a donné le nom de réaction. Il ne
faudrait pas croire cependant que la réaction n'est jamais qu'un retour pur et
simple de l'organisme à l'état où il se trouvait au moment de l'application
du modificateur. Comme le balancier, en vertu de la vitesse acquise dans sa
première oscillation, dépasse son point de départ, puis revient peu à peu à sa posi-
tion initiale de repos, si aucune nouvelle impulsion ne lui est communiquée, de
même le mouvement de réaction organique qui suit l'application de l'eau froide
va au delà du point initial d'équilibre; en vertu de la stimulation imprimée à l'or-
ganisme par le contact du modificateur, la circulation capillaire est excitée, la
chaleur accrue, les fonctions animales et végétatives activées. Hais si une nouvelle
A) AFFUSION.
»|iftlirjitKm fin modiricatour ne vient pas lui communiquer une stimnhtioa nou-
yt^Uv, \*M\tSkumiw V1^i nuiioné plus ou moins rapidement à son état primitif. C'est
fir/!4 lii^fiMsnt, ninni que nous le montrerons plus loin, à ces phénomènes de stimu-
irtlNifi orMiniiqu^s t\ cet excès du mouvement de réaction sur celui de dépression pro-
fliiil |Mi l'i^ii fnmio, que ce modificateur doit la meilleure partie de sa puissance et
il«s «iM (slflrmité Ihérnpeutiques. En activant ainsi chaque jour, par son af^lication
iA|hH^i, l\H*(ion fonctionnelle générale, Teau froide arrive à produire dansTorga-
iilKiiia pluk ou moins débilité les modifications les plus remarquables et les plus
Mitiv il (lit {lossible de s'opposer à l'accomplissement du mouvement réactionnd,
(lii l'arrétii*, do Tempècher de se produire, et de ne plus laisser à Teau froide que
Miii action dépressive, contro-stimulante, antipblogistique, action qui, oianiée à
|iro|MM par une main habile et expérimentée, rend de si grands services dans le
liait^miunt d'une catégorie nombreuse de maladies.
Pour arrêter et mettre à néant l'action excitative, stimulante de l'eau froide,
{lour produire sûrement l'action sédative, il suffit, d'une part, d'élever de quelques
dtJgrés In température du liquide, d'autre part, d'augmenter de quelques minutes
k durée de son application. L'eau froide est donc un modificateur à dotiUe fin,
tantôt stimulant ou sthéuique, quand sa température est très-basse (0*^ à 10*C.)
ot la durée de son application très-oourte; tantôt oootro-stimulant ou asthéniqiie,
lorsqu'elle est douée d'une température moyenne (14"* à 16"*) et que la durée de
son ap|dication est prolongée. Elle est le modificateur qui répond le mieux à cette
célèbre dicliotomie pathologique qui, de Thémis(m à Broussais, en passant psir
Baglivi, Hoflhiann, Brown et Rasori, a joué un si grand rôle dans les théories et
dans la pratique médicales.
Gonmie agent contro-stimulante elle trouve son application, intus et extra,
dans la plup;irt desphicgmasies internes, et dans un grand nombre de phlcgma^ies
externes ou chiruigicales. G>nune agent ntimulanty elle s'applique, avec une effi-
cacité qui n'est plus contestable aujourd'hui, à l'imnaense maforité des affections
chroniques si bien nommées maladies asthénùiues ou de faiblesse.
Enfin, par quelques-uues de ses applications, l'eau froide produit des effets
mixtes^ tenant à la fois de la stimulation et de la conlro-stimulation, cfiels que
j'appellerai taxo-^f/namiques^ pour rappeler que c'est principalemeat dans h classe
des maladies où se rencontrent le plus souvent les phénomènes d'adynamie et
d'alaxio nerveuse, qu'elle lésa manifestés. Elle stimule les forces et calme l'ataxie .
A it*s trois otxlres d'ciïets bien distincts, répondent des formes spéciales d ap-
plication de Tesm froide. Les elTets sédatifs, antiplik^stiques, sont obtenus par
l*usag\« de» Unssons fraîches à hante dose dans les phlegmasies de cause interne;
|Mr les inuuei^ions et les irrigations froides prolongées, dans celles de cause
externe ou ciiinirgicaie, |)lilognKNi, brûlure, etc.
Im'S elTots slinuiLtnls s obtioniKnit principalement par les doudies, qui unissent
aux eiïet^ inxiduiis par Va température, ceux qui dépendent de b forée de percus-
KMW du liquiiio; It^ dmKiies en pluie, en jet» en pouasièn^, constituent les formes
les |)lus iNiissantt's et les plus enficaccs de la méthode hjdrothénpiqiie dans le
tr,iiloment dt^s ntniadit's chroniques.
KutiUi la foniio do>airu>ions ininxieiil surtout au traitement des aflectioRsataxo-
ml\iuiniiqui's. Nous alUtiis \oiri eu eOTel, que c*t^ surtout dans la classe dt^
|i)h>\ieH, dan» la lit^\iv l>phoido, le t\^ii», la lièvre jaune, les maladies éni-
|ili\eii aiHirmalos et ixNupliquiVs, la scartatine, la rougeole, la vsriok, etc.» etc.,
AFFUSION. 63
(jne les afiusioiis froides ont manifesté le plus d'efficacité et compté le plus de
succès.
Je sais bien que Ton peut, sans aucun doute , produire des effets identiques
avec Tune quelconque de ces trois iormes d'application de l'eau froide ; que les
immersions produisent des effets stimulants quand l'eau est très-froide et l'ap-
plication courte ; que les douches déterminent, entre les mains d'hydropathes inin-
telligents, des phénomènes, souvent très-fâcheux, de dépression, quand leur durée
est trop longue ; que les afiusions, enGn, deviennent tantôt uniquement excitantes,
Untôt uniquement dépressives , suivant que l'eau est très-froide et la durée de son
application très-courte, ou que, au contraire, l'eau est modérément froide et la
durée de son application prolongée. Tout dépend en cela, je le répète , de la tem-
pérature de Teau et du temps pendant lequel elle demeure eu contact avec le corps.
Nais il n'en est pas moins vrai que certaines formes d'applications se prêtent plus
facilement que d'autres à la production de tels ou tels effets spéciaux ; les immer-
sions et les irrigations, aux effets antiphlogistiques; les douches, à Faction stimu-
lante, les allusions aux phénomènes mixtes. Et cela se comprend facilement. En
effet. Faction stimulante de l'eau froide a deux facteurs bien distincts, la tempé-
rature du liquide et la force de percussion dont il est animé. Or, dans Finigation,
et surtout dans l'immersion, l'influence du deuxième facteur est nulle; elle est à
son Summum dans les douches en jet, en pluie, en poussière, qui possèdent, en
vertu de la force de projection et de la division du liquide, une grande puissance
de stimulation; elle est faible, enfin, dans FaiTusion, puisque l'eau versée, sous
forme de nappe, d'un vase pjacé à quelques centimètres seulement de la surface
du corps, ne possède d'autre force de percussion que celle qui résulte de sou propre
poids.
Les affusions froides peuvent donc, comme toutes les autres formes d'application
de l'eau froide, produire tantôt des effets stimulants ou excitants, tantôt des effets
sédatifs, tantôt des effets mixtes, suivant la température de l'eau et suivant la
durée de l'application de ce liquide. Mais elles sont plus aptes que toutes les autres
formes à la production des efïets mixtes, et nous venons d'en donner la raison.
Ces effets s'obtiendront plus facilement et plus sûrement avec une eau à la tem-
pérature de 14 à 16® cent., et Iprsque la durée totale de l'affusion ne dépassera pas
cinq à six minutes. Si l'on veut que Faction stimulante prédomine, la température
de Feau de\Ta être abaissée à 12° et même à 10° cent., et la durée de l'affusion
réduite à une, deux, trois minutes au plus ; enfin, si l'on a besoin surtout de Faction
sédative, Feau ayant une température de 14° à 16°, sera versée lentement sur le
oorps pendant un espace de temps qui peut varier entre six, dix et, par exception,
'[uinze minutes. Dans ce dernier cas, si l'application doit être générale et non par-
tielle, il est presque toujours plus avantageux de substituer l'immersion à l'af-
fusion. L'effeî est plus sûr et plus exempt d'inconvénients.
Ces règles générales ne sont pas absolues ; elles devront subir des modifications
suivant le sexe> Fàge, la constitution, Fétat des forces du malade, la nature de la
maladie; le médecin, doué de tact et d'expérience acquise, appréciera ce qu'exigent
ces diverses circonstances et y conformera sa conduite.
Peut-on administrer les affusions lorsque le corps est en pleine sueur, ou vaut-il
mieux attendre que celle-ci se sôit dissipée? Question grave et diversement résolue
par les auteurs. Malgré Fopinion de plusieurs médecins, dont Fautorité a une
grande valeur, je n'hésite pas à proclamer, en règle générale j la complète inno*
cuite des affusions et de toutes les autres applications de l'eau froide, alors que la
G4 AFFCSION.
peau est baignée par uue sueur plus ou moins abondante. Avec M. Flenry, je
pense que les laits inroqués a l'appui de Topinion contraire ont été ou mal obs(T\és
ou mal interprétés. A défaut d'autres preuves, il suffirait de considérer ce qui se
passe dans les établissements hydrothérapiques , où chaque jour de nombreux
malades, au plus fort d'une transpiration provoquée soit par un eiercice mleiit
soit par Tétuve sèche, soit par le bain de vapeurs, soit par l'enveloppement dans
le drap mouillé ou dans la couverture de laine, sont soumis, qui à l'immersion
dans la pisdne, qui à la douche froide générale en pluie et eu jet, qui à raiTusioii,
qui h la friction f2:cnéra1e en drap moniHé, sans que jamais le moindre accident
arrive qui soit imputable à une pareille pratique. Pour mon compte, peudant
huit années d'observation et de pratique hydrothérapique dans des établissements
spéciaux, où passaient un grand nombre de malades, les applications froides géné-
rales, sur le corps en sueiur, ne m'ont jamais donné que d'excellents résultats.
Faut-il rappeler encore la pratique, universellement répandue dans les pays orien-
taux, des bains de vapeura stiivis d'aiïusions froides, coimus partout sous le nom
de bain$ russes^ de bairu à C orientale? Voit-on résulter beaucoup d'accidents de
l'emploi de cette méthode qui tend de {dus en plus à se généraliser dans nos pays?
Non. Les accidents, assez rares d'ailleurs, sont toujours imputables non a Li
méthode elle-même, mais aux vices de son application.
Sans dotitc si, pendant que le corps est en sueur, on £iit une application par-
Uelle d'eau froide, on encore une application générale trop longue, de dix minutes
à un quart d'heure, par exemple, comme le conseillent certains auteurs ; si l'on
s'oppose ainsi, par une prolongation intempestive de l'application frmde, au mouve-
ment salutaire de réaction qui doit suivre, il pourra survenir des accidents ; il est
même étonnant qu'il n'en arrive pas davantage en pareil cas; mais, je le répetr,
c'est le vice de l'application, non celui de la méthode. Toutes les fois que loa
coupe une transpiration en pleine activité, quelle qu'en soit la source, par uue
application froide générale et courte (une à deux minutes au plus), suivie d'une
réaction franchey la suppression brusque de la sueur est non-seulement exem|>te
de danger, mais encore die est, le plus souvent, pour l'organisme plus ou moins
débilité par une déperdition plus ou moins abondante de liquide, un bien réel.
J'ai toujoura vu employer, et j'ai employé moi-même avec avantage , l'affusion , le
bain froid, la douche en pluie et en jet, la friction générale avec le drap mouille,
pour mettre fin aux sueurs, parfois si copieuses et si fatigantes, qui accompagnent
le troisième stade d'un accès de fièvre intermittente. Les malades éprouvent tou-
jours, immédiatement après cette application, un grand bien-être, et on les ^t>it
bientôt s'endormir d'un sommeil paisible et réparateur. Il en est de même dans
beaucoup de cas analogues.
Je ne lerat qu'une exception à cette règle générale, c'est lorsqu'il s'agit d^uiio
sueur présentant les caractères d'une sécrétion critique. Dans cù& £as, lorsque la
transpiration, modérée, n'est p;is ca|iable de débiliter notablement l'organisme, il
convient de s'abstenir, afin de ne pas contrarier ce qui pourrait être un effort
salutaire de la nature.
Maladies dans lesquelles on emploie les affusUms froides. L'emploi dos
afiusions froides dans le traitement dc^ maladies, remonte à la plus luutc anti-
quité. Depuis Hippocrate qui, le premier, la mentionne dans ses ouvrages, jusqu'à
nos jours, cette médication a p;issé par les plus grandes vicissitudes, tantôt accueillie,
prônée, exaltée |Mr l'enthousiasme de ses ])artisans avec les autres usages de Teau
à l'intérieur et à rcitérieur; tantôt reiiousséc et replongée dans loubli prie
AFFUSIOS. 6b
dédaiu de ses détracteurs. Chacun sait, d'ailleurs, que tel a été le sort de la méthode
hydrothérapique, dont les affusious ne sont qu'un procédé particulier.
Les aflusions froides ont été préconisées et mises en usa^e contre les maladies
les plus diverses, et même les plus opposées par leur nature. Maladies externes et
uialadies internes, affections aiguës et affections chroniques, phlegmasies et névroses,,
pyrexies et algidités, pléthore et anémie, fièvres continues et fièvres intermittentes,
phlegmons et brûlures, plaies simples et plaies'par armes à feu, fractures, luxation,
ïiemies étranglées, etc., etc.; il n*est guère de maladies, guère de lésions chirur-
gicales, qui n'aient été plus ou moins soumises à Taction des affusions froides. Si
Ton se rappelle ce que nous avons déjà dit sur les diverses manières d'agir de ce
modificateur et sur ses effets tantôt sédatifs, tantôt stimulants, tantôt mixtes, on
comprendra sans peine qu'il ait pu être appliqué très-rationnellement et avec
succès au traitement des maladies les plus différentes par leurs symptômes et par
leur nature.
La grande classe des pyrexies reufeime les maladies dans lesquelles les aifusions
froides ont surtout signalé leur remarquable influence. Au premier rang de ces
maladies sont les affeclions typhiques, le typhus et la fièvre typhoïde. Tous les
observateurs s'accordent à vanter les excellents effets des affusions froides dans ces
graves maladies. Hippocrate les employait dans les maladies qu'il désigne sous les
noois de caustis^ typhus causodes, dont les symptômes semblent se rapporter à
ceux de la fièvre typhoïde et du typhus modernes. Hais c'est surtout vers la fin du
siècle dernier, et dans la première moitié de celui-ci, que les médecins se sont mis
à traiter le typhus et la fièvre typhoïde par les affusions froides. En Angleterre,
Wright et Gunie font prévaloir la méthode des affusions froides sur toHtes les
autres méthodes de traitement du typhus. Trois seaux d'eau de mer, jetés sur le
corps eu une seule fois, pendant trois jours de suite et deux fois par jour, consti-
tuent la médication qui procure à Wright, à Currie et à un grand nombre d'autres
médecins après eux, les plus éclatants succès. Les affusions étaient pratiquées à
toute heure de la journée, à la condition, cependant, que le malade n'accusât point
de frisson, que la température du corps fût notablement augmentée et que la peau
ne fût point couverte d'une sieur générale et abondante. Telles sont les trois con-
dilions auxquelles, suivant Currie, est subordonné le succès de cette médication
véritablement héroïque. Employées dans les trois premiers jours, les affusions
ont, en général, arrêté la maladie ; du quatrième au cinquième jour, cet heureux
cftet a encore été obtenu, mais plus rarement. Plus tard, elles ont toujours eu pour
résultat de modifier les principaux symptômes, et particulièrement l'agitation et
le délire, de conduire la maladie à une terminaison plus prompte et plus sûrement
heureuse.
En Allemagne, les affusions froides ont été employées contre la fièvre typhoïde par
une foule de médecins, parmi lesquels il faut nommer Frohlich, Reuss et Pistchafl.
En France, Récamier, et, après lui, MM. Bciiu, Andricux (de Rrioude), Tessier,
StaeUer (de Mulhouse), ont obtenu les succès les plus remarquables de l'emploi
des affusions froides, dans la i)ériode extrême de la fièvre typhoïde, dans la période
adynamique de cette maladie.
MM. Guersant et JoUy les considèrent comme un remède héroïque contre les fièvres
tjplioïdes graves. 11 est étrange qu'après les résultats si merveilleux signalés par
tant de médecins distingués de l'Angleterre, de l'Allemagne et de la France, per-
sorme n'ait eu l'idée de faire de cette médiciition une expérimentation méthodique
et suivie.
DICT. BHC. 11. 5
66 AFFIJSIO.N.
La fièvre jaune a été traitée également avec succès par les alTusioiis froides. Les
témoignages de Jackson, Mac-Lcan et d'un grand nombre de médecins anghis,
ayant exercé dans les colonies, en font foi.
Les affusioiis froides ont rendu les plus grands services dans le traitement des
fièvres éruplivcs, principalement dans les fièvres anomales et compliquées. Elles
ont été employées dans la petite vérole, dans la rougeole et surtout dans la scar-
latine, en Angleterre, par Currie, Gregory, Bateman, etc., qui les firent adopter
comme méthode générale du traitement de la scarlatine ; en Allemagne, par Reuss,
Frôhlich, Pistchafl, Nasse et un grand nombre d'autres médecins dont les titivaux
et observations sont consignés dans le Journal d^Hufeland; en France, par Réca-
mier et par M. Trousseau, qui, à peu près seul, a suivi les traditions de ce praticien
illustre. M. Trousseau administre les aCTusions froides dans le traitement des acci-
dents nen^eux ataxiques de la scarlatine. 11 les donne deux fois par jour, le matin
et le soir, pendant quelques secondes seulement. U observe, généralement, une
dimiimtion notable de la chaleur et du pouls, qui tombe de dix ou vingt pulsations ;
une sédation rapide et, en quelque sorte, immédiate, de l'agitation et du délire,
même le plus violent; l'éruption, au lieu d'être répercutée, comme le disent cer-
tains médecins mus par des craintes théoriques imaginaires, l'éruption est rendue
plus facile, plus accusée. Ainsi, exaltation de la lésion exanthématique, sédation
des phénomènes nerveux, de la chaleur et de la fièvre; simplification et retour de
la maladie à ses conditions normales, tels sont les effets des affusions froides obser-
vés et signalés par M. Trousseau dans la scarlatine.
Tel est aussi le résultat des expérimentations de Bateman. Suivant le médecin
anglais, aucune médication ne peut être comparée aux affusions froides, pour l'effi-
cacité, dans le traitement de la scarlatine. Il s*indigne contre les praticiens de sou
temps qui, par une frayeur ridicule du fantôme de la réperaissiou, combattaient
b méthode de Currie et s'opposaient à sa généralisation.
En résumé, les affusions froides exercent la plus heureuse influence sur les
phénomènes si graves que l'on observe dans le typhus, la fièvre typhoïde, la fièvre
jaune, les fièvres éruptives, et, en général, dans toutes les pyrexies à type continu
ou rémittent. Elles diminuent la chaleur fébrile, la soif, la sécheresse de la peau et
de la langue ; ralentissent le pouls de dix \ vingt pulsations, impriment une séda-
tion rapide, en quelque sorte immédiate, aux phénomènes nerveux les plus exaltés,
à l'agitation, au délire, etc. En outre, dans les fièvres éruptives, anomales et oom-
pliquécs, elles favorisent la sortie de l'exanthème, l'exaltent, loin de le répercuter,
simplifient la maladie et la fon' rentrer dans ses voies normales et régulières. Elles
produisent donc à la fois des effets stimulants et des effets sédatifs, une sédation
tonique, si l'on peut ainsi dire.
Après les pvrcxies continues et les fièvres éruptives, les maladies auxquelles les
affusions froides ont été appliquées, avec le plus de succès, sont les fièvres inter-
mittentes. C'est eiicore à un médecin anglais , h Currie , que la thérapeutique
est redevable de l'origine de celte médication. Currie avait recours aux affu-
sions froides pendant le stade de chaleur des fièvres intermittentes. Il a tou*
jours vu, dit-il, l'accès se terminer immédiatement; mais si aucun remède n*élait
prescrit pendant l'apyrexic , la fièvre reparaissait , en général , à son temps
ordinaire. Cependant, ajoute Currie, les accès suivants ont été quelquefois pré-
venus par des affusions pratiquées environ une heure avant l'époque présumée de
leur retour, et la maladie a été complètement guérie après quatre ou cinq affusions
de ce genre.
AFFUSIO>\ G7
Gianiiiiii l'éussit égaleiiieiit à guérir les lièvres inlernutleiiles, en substituant
riminersion auxaiïu.>ions; mais il associait Teau froide au quinquina.
Nous verrons à Tarticle Douche comment M. Fleury, s'inspirant d*uii passage
do Ciirrie, eu a fait le point de départ de ses belles reclierclies sur l'action des
douches froides dans le traitement des fièvres intermittentes, recherches qui Tout
conduit à la découverte de la méthode la plus puissante, la plus efficace, à laquelle
aucune autre ne peut être comparée, pour la guérison radicale de cette catégorie
de maladies.
Dans les algidités, les aflnsions sont utiles pour stimuler Tinnervation, la cir-
culation périphérique, Tactivilé de la respiration, de la calorification, des fonctions
de h peau, et, par ce moyen, tirer l'organisme de son engourdissement fatal. Dans
la période algide du choléra, elles calment les crampes, les vomissements, les
évacuations alvines ; elles favorisent le passage de la période algide à la période de
réaction, elles modèrent celle-ci et la régularisent. Dans la p('^riode de réaction,
elles seront prescrites avec avanUige pour calmer les symptômes cérébraux et, en
général, pour modérer un mouvement réaclioiniel trop violent. Il est inutile d'ajou-
ter que dans la période algide Taffusion devra être rendue stimulante par la kisse
température de Teau et la courte durée de l'application, qui sera plusieurs fois
répétée dans les vingt-quatre heures; dans la période de réaction, au contraire, on
donnera à l'affusion des propriétés sédatives, en élevant de quelques degrés la
température de l'eau et en prolongeant de quelques minutes la durée de l'applica-
tion. En se conformant 2\ ce principe, on n'aum jamais à craindre d'augmenter
les pliénomènes de dépression dans la i)ériode algide, ou ceux d'excitation dans la
période réactionnelle.
Nous ne sachions pas que les applications froides aient encore trouvé leur emploi
iLms le sclérèmet ou oedème algide des nouveau-nés. Il y aurait, cependant, de
œ cùté, quelque chose à Ibire.
Les hémon'hagies sont, après les pyrexies, la classe de maladies dans lesquelles
les affusions froides rendent le plus de services. Depuis Hippocrate jusqu'à nos jours,
il n'est pas de médecin qui n'ait recours à l'eau froide pour arrêter un écoulement
de bang. Ce remède est devenu vulgaire et banal, mais il s'en faut qu'il soit tou-
jours convenablement et méthodiquement appliqué. Le mode d'application dont nous
avons obtenu, et dont nous obtenons tous les jours, les meilleure oflets pour arrêter
une épistaxis, une métrorrhagie, consiste dans une allusion locale, sur les extrémités
inférieures, prolongée de cinq à dix minutes environ, tantôt plus, tantôt moins,
avec de l'eau à %^ ou W. Dans les établissements hydrothérapiques on emploie
aîec avantage, à cet effet, le bain de pieds i\ eau courante, que l'on peut remplacer
par l'irrigation avec l'arrosoir muni de sa pomme. Ce moyen d'hémostase s'emploie
œnlre les béoiorrhagies dites passives, ou encore contre les hémorrhagies actives
qui se prolongent d'une manière insolite et inquiétante. Il faut bien se garder d'y
avoir recours (est -il besoin de le dire?) lorsqu'on a lieu de penser que l'on a affaire
à une hémorrhagie critique ou supplémentaire. Hors ces cas, l'affusion froide pro-
duit toujours les meilleurs résultats, même loi-sque l'hémorrhagie est due à une
iéion organique. Sans doute, alors, l'écoulement de sang se repinxlnit, et l'eau
froide n'est qu'un moyen ptdliatif ; mais du moins est-on assuré d'écarter momen-
taoémenl des dangers parfois très-graves.
Dmis les névroses, les affusions froides trouvent leur application toute naturelle
tt consacrée, d'ailleurs, par d'éclatants succès. La plupart des névroses cérébrales ,
iépilepsie, l'édanipsie, le tétanos, les contractures, les paralysies, le delirium
08 AFFUSION.
tremens, le spasme de la glotte, lasthme nerveux, la toux spasmodique, les palpi-
tations nerveuses, l'angine de poitrine, les névralgies internes et externes, i*hjpo-
chondrie, Thystérie, la nymphomanie, le satyriasis, etc., elc , sont souvent modilîée^
de la façon la plus beureuse par les affusions froides. L'application du modificateur
devra varier suivant les indications.
Dans les névroses primitives essentielles, si Ton peut ainsi parler, c*est-a-dire
dans celles dont on ne trouve la cause ni dans l'altération des organes, ni dans Tallé-
ration de certains éléments du sang, il est indiqué, en général, de chercher à dé-
terminer les effets sédatifs des affusions en prolongeant leur durée. Dans les
névroses symptomatiques d'ime lésion organique ou d'une altération de la compo-
sition du sang, il faut, au contraire, provoquer tantôt les effets sédatifs, tantôt les
effets stimulants ; les premiers, pendant la durée de Taccës, les seconds, pendant
rintermittence. En effet, nous allons voir que les états cliniques auxquels sont
très-souvent liées les névroses sont avantageusement modifiés par les applications
froides stimulantes. Il est donc indiqué de stimuler dans ces sortes de névroses,
mais on conçoit qu'il y aurait de graves inconvénients à le faire pendant l'accès,
alors que la surexcitation nerveuse est portée à Textrénie; il faut donc calmer dans
l'accès, et stimuler pendant Tintermitlence. Dans le premier cas on s'adresse au
symptôme qui indique la sédation ; dans le second, à la cause ou à la nature de la
maladie, qui indique la stimulation.
Ce sont là des considérations essentiellement cliniques et pratiques; faute d*ol>-
server les préceptes qui en découlent, on s'exposerait à de fôclieux mécomptes.
Nous ne pouvons énumérer tous les auteurs qui ont appliqué ou conseillé les
affusions froides dans les névroses ; ja liste en serait trop longue. Nous nous con-
tenterons de nommer, après Hippocrate, qui les prescrit dans le tétanos, les don*
leura, etc., Asclépiade qui introduisit à Rome les pratiques hydrothérapiqueset qui
fit un grand usage de l'eau froide dans le traitement des névroses ; Celse, qui pres-
crit les affusions dans la folie triste et dans la léthargie ; Arétée,daiis la phrénésie.
Citons, parmi les modernes, en Angleterre, Currie, qui a employé les affusioiis
froides avec succès dans le tétanos, les con\iilsions des enfants, l'hystérie, etc. ;
en Allemagne, Frôlilich, dans la mélancolie, la manie; Pitschait, dans le delirium
tremens, les contractures, la nymphomanie, Tamaurose, la mélancolie, la mi-
graine ; en France, Récamier. Dans ces derniers temps, depuis que Thydrotlié-
rapie rationnelle a conquis son rang dans la thérapeutique, il n'est pas de méde-
cin, un peu au courant des progrès de l'art, qui ne prescrive les affusions dan>
les névroses.
Altéralioru du sangoa hernies. Dans les maladies caractérisées organiquement
par l'altération de l'élément globulaire du sang, fonctiounellement par la langueur
des phénomènes de la vie végétative, d'une part, et, d'un autre cÎ5té, par rérc-
thisme du système neneux ; dans la chlorose^ Yanémie, la Moro-anémie^ les affu-
sions froides, par leur action stimulante, ne cessent de rendre les plus grands ser-
vices. L'eau froide guérit le plus souvent ces maladies, qui ont déjà résisté au fer,
au quinquina, etc.; elle les modifie avec rapidité, surtout lorsqu'elle est appliquée
sous forme de daucheSj qui constituent la ïbrme la plus stimulante et essentiel-
lement reconstitutive des applications hydrothéra piques (Voy, le mot Dodcbes).
Dans la pléthorêt les affusions froides amendent certains symptômes pénibles,
entre autres la céplialalgie, effet de la congestion encépliali(|ue. Dans un bon travail
iinalysé par M. Dochanibrc, et inséré dans la Gazette hebdomadaire, M. Mm
Kent Spender, peubc que l'affusion froide agit, dans ce cas, surtout en diminuant
AFFUSION. 69
h forre de contraction du cœur et l'énergie avec laquelle cet organe lance le sang
rors le cerveau.
Ce qui précède nous conduit naturellement au rôle que jouent les affusions
froides dans les hyperémies ou congestions sanguines, soit aiguës, soit chroniques.
Dans le premier cas l'eau froide agit, à la fois, par sédation de la circulation géné-
rale, et par révulsion ou dérivation de la circulation locale dans une partie voisine
ou dans une partie éloignée de l'organe hyperémié ; dans les congestions sanguines
rhroniques, rafliision agit par stimulation de la circulation générale, et aussi,
comme dans les congestions aiguës, par révulsion ou dérivations loc>ales. U est clair
que pour obtenir ces deux ordres d'eiïets des affusions froides, il faudra en modi-
fier l'application, en la manière qui a été déjà plusieurs fois exposée. C'est ainsi
que les aflusîons froides roodiCent les congestions sanguines , soit aiguës, soit
chroniques, du cerveau, de la moelle, des poumons, du foie, de la rate, des reins,
de l'utérus, etc. Nous traiterons plus amplement la question si importante et si
liste des congestions sanguines chroniques, lorsque nous parlerons des douches
froides qui constituent le modificateur le plus puissant et le plus efficace de cet
état organopathique.
Les alTusioDs froides ont été employées avec des succès plus ou moins contestés
dans un certain nombre de phlegmasies internes et dans un grand nombre de
phlegmasies externes ou chirurgicales.
Parmi les phlegmasies internes, signalons la méningite, l'encéphalite, l'Iiydro-
réphale aiguë, contre lesquelles M. Fovillc d'abord, M. Schutzenberger tout ré-
cemment, ont préconisé les affusions froides.
Elles ont été prescrites encore dans la gastrite, la gastro-entérite, l'entéro-^^olite,
U dîsentérie, la diarrhée, la péritonite, etc. Le petit iK>mbre de faits recueillis
IIP permet pas de se prononcer sur la valeur de ces assertions.
Autre chose est' l'emploi des affusions froides dans le traitement d*uu grand
nombre de phlegmasies externes et d'accidents inflammatoires compliquant les lé^
âons chirurgicales ou les opérations.
Ici les témoignages des observateurs abondent en faveur de l'efficacité de ce
mo^en. Les brûlures, le phlegmon simple ou érysipélateux, les accidents inflam-
matoires qui accompagnent les plaies simples ou compliquées de la présence de
coq» étrangers, les plaies par arme à feu , par arrachement, par écrasement, les
pbies d'amputation, les fractures, les luxations, simples ou compliquées d'épan-
cfaements sanguins, de l'issue des fragments, de l'ouverture de la capsule articu-
laire, de la déchirure des ligaments et des muscles ; l'entorse, les tumeurs blanches,
les hernies étranglées ; les ophthalmies simples ou purulentes, les ulcères ato-
niques, variqueux ou autres, etc., etc.; toutes ces lésions ou maladies chirur-
gicales si diverses se trouvent presque toujours plus ou moins favorablement ,
"fnxeni admirablement modifiées par les affusions froides agissant le plus ordi-
uairement comme sédatif ou anliphlogistique, parfois comme tonique et résolutif
(tumeurs blanches, ulcères, etc.). Ici les applications sont habituellement partielles,
locales, et c'est la forme des irrigations, comme se prêtant le mieux aux condi-
tions du traitement, qui a été choisie de préférence par les chirurgiens. Ce sera
donc i propos des itrigationsque nous présenterons tous les développements que
comporte la question si intéressante des applications de l'eau froide au traitement
dn lésions et des affections chirurgicales. Nous insisterons également, à l'article
IHnKiHEs, sur l'application de ce puissant moyen, tonique et résolutif, à la théra*
peiitiqiie des tumeurs blanches et de l'hydarthrose chronique.
72 AFFISION.
Nous avons vit Curric, Bateman, etc., traiter ces craintes de chimères, et Tmi-
ment, les résultats de la pratique d*uii grand nombre de médecins habiles sont
de nature à rassurer sur ce point, et à rendre hardis les plus timides.
A. Tartivel.
BiBLiocAAPHii : ïlkny (J. G.]* Epédemia verna qux Wraliilaviam, anno 1737, ûfjfixit. In
Aeta Aead, nat, euriot., t. X, Appendix. — Samoilowitx. IxHre sur le$ expérienea ée$ firte^
Uanê glaciales pour la guérison de la pesle et autres malûdies putrides, Paris, 1781, in^;
Strasbourg, 1782, in>8. Et Mém. sur la peste, etc. 1783, in-8. — Jackson (Robert). A Treatise
on Ihe Fevers ofJamaica, etc. Lond, 1791, in-8. — Le même. An Exposition of the Praciiee
ofAf/Using Cold Water on the Surface ofthe Body for tke Cure ofPeoer, etc. Edinb , 1808, in-8.
•* Le môme Sketch ofthe History and Cure of Fébrile Diseases, etc. Lond., 1817, in-8. —
Bkaxdrbtr. Ijttler Giving an Account ofthe Benefit ofWashing unth Cold Water and finegar
in Typhus Fever. In Med. Commentaries, 179i, t. XYI, p. 382. — Wsicvr (WiU ]. Practical
Observations on the Treatment ofAcute Diseuses, etc. In Med, Facts and Observation*. 1797.
t. Yll, p. 1. — Ccr«Rii (James). Médical Reports on the Effects of Water, Cold and Waru», as
a Hemedy in Fever and other Diseuses, etc. Liverpool, 1798, in-8; Ibid^ 1804. in-8, 2 vol.
Extr. dans Biblioth. Britannique, t. XVII et XXX, par Odier, qui a publié dans le mènK»
journal plusieurs obsenations sur reflicacilé des aflusions. — llABnuus tk Sitrâ [Honor. .
Disp. Med, inaug, de extema, prseàpue in febribus, aquss frigidx appOcatione Edinb..
1799, in-8. — GiAiniixi (Jos ). Délia natura délie Febbri e del miglior metodo di curarie,
Milano, 18C5-0, in-8, 2 vol., trad. en fr. avec notes et add. par N. Ifeurteloup. Paris, 1808.
in-8. 2 vol. [Sur l'usage des immersions flroides. — Kolbaht (P.). Beobachtungen mber éen
yutzen des lauen undkalten Waschens im Scharlaehfieber. Presburg, 1808, in-8. Fermert
NachridUeUf etc. ibid,, 1808. — Pavct de Gocrlbillb (Cli.). Immersions et affUsions froides.
Tbése. Parts. 1813, in-4. — Redss (J. J.]. Wesen der Exanthème mit Anleitung, allepestar-
tige Krenkheilen eiufaeh, leicht, gesckwind und sicher zu heilen, etc. 1*' Ibeil. AschafTen-
burg, 1814. in-8; 2« Tb., Nurnberg, 1818; 3* Tb., Md, 1818.^Le même. Exanthematitche
Form und Identitdt des anstetkenden Fleckenfiebers mit der orientalischen Pest; Kalte, éas
directe, gleichsam sfecifische Mittel, dieu und aile peslartige Krankheiten einfach, leickt
und sicher zu heilen, etc. Kuniberg, 1815, in-8.— Ue^r die dusserliche Anwendung des
kalten Wassers in hàtzigen Fiebem, I)rei Preisschriften der HH. FrOblicb, Reuss und Pitschafl .
In Huleland*s Journal der practischen Ueitkunde, t. LY. SupplementstQck des Jabr. 182^.
(Dans ces mémoires sont indiqués les travaux particuliers de Horn, Grobmau, llarcus. Iliixli,
Reich et DShne, Ilildebrand, Hufeland. Dxondi, etc., sur les Affusions). — Cvessaht. Art.
Affïision, in Dict. de mai., !'• et 2* édit., 1821 et 1832. — Jour. Art. Affkskn, in IMef. de
méd. etdechir. prat., 1829. ^ Poster, tks bains et des affkmns d'eau tempérée dans le
traitement de certaines névroses. In Bull, de thérap., 1853, t. IV, p. 140. — llARTurcT. De
remploi des affksions froides dans quelques maladies, etc. Ibid,, p. 174. -^ Guiltet (M. J. 1. V. .
Essai sur VempM des affusions. Tbése. Paris, 1834. in-4. — 1% Cormérb. Traité dm f^^id,
de son action, de son emploi intus et extra^ etc. Paris, 1839, in-8. ^ Lavda Jh. Jos.). Die
Behandlung derhOutigen Brâune (inflamro. couenneuse) durch Begiessung mit kaltemWaoser .
In Oesterr. med. Jahrbuch, 1841. Bd. 23, st. 1 und 2 et Schroidt's Jahrb., t. XXIX. p. 322.—
De remploi des affSisions ftoides dans les cas de délire essentiel. In Bull, de thérap , 1842.
t. XXII, p. 210. — Jacques (de Lure). Recherches statistiques sur le traitement de la ftévra
typhoïde par les réfrigérants. In Bull, de la Soc. de méd. de Besançon, 1846, u* 2. Extr.
dans Arch. gén. de méd., 4" série, t. XIY, p. 91. — Beau. Emploi des ablutions fhddes dans
la fièvre typhoïde. In Gaz. deshàpitaux, 1847, p 515. — Tasêiia. Traitement de Im fièvre
typhoïde par les affksions proides. In Gaz. méd. de Paris, 1848, p. 613. — SrAoïxa. Notr
sur le traitement de la fièvre typhoïde au dernier degré par les affusions et les enpelappes
flroides. In Bev. médico-chir., 1850, t. Yll, p. 78. — Lalesooe (A.). Mém. sur les irrigationê
éCeau flroide dans le traitement de Véclampsie chez les enfants. In Bev. médiohckir., 1855,
t. XYII. p. 294. — RsTRin (Alex). De remploi des aff^sii^ns froides en médecine. Ihèsc.
Paris, 1856, in-4.— Troqs^rao. Des Affksions froides dans le traitement des accidents nerveux
ataxiques de la scarlatine et du délire fébrile dans cette maladie. In Union m/dieale, 1857.
p. 411. — SpBifDBR (Jobn Kent). De l'emploi des affusions froides et des affusions chaudes
dans certaines fifrmes de céphalalgie. In Association Médical Journal. 1851, p. 307. Extr.
dans Gaz. heb. de méd. etdechir., t. I, p. 652. — ScauTiEHRBR«i«. De l'emploi desaffusimu
froides répétées dans la méningite et l'hydrocéphale aigu. In Gaz. méd. de Strasbourg. 1855.
t. XY, p. yi.
Beaucoup d'observations isolées sont publiées dans les divers recueils. Voyes, en outra, les
outrages généraux sur l'emploi de Teau et sur THraRomteAP», particulièrenkcnt ceux de
Scoutclten. Scbedcl, Fleury. et, pour la partie historique, les Recherches historiques sur la
psyehroihérapie de A. L. Boyer.
AFFUSION. 71
Les aflusioiis ehaudes sont générales ou locales ^ et, dans les deux cas, on peut
les rendre à volonté sédatives ou excitantes suivant la température du liquide. De
35 à 50* C, leurs effets sont généralement sédatifs ; ils deviennent de plus eu plus
excitants i mesure que la température de Teau s*élève au-dessus de 30*^ C. Dans
et dernier cas, on ne les emploie guère que localement et pour produire des effets
Kvukifs ou dérivatifs, quand il s'agit de porter, dans une partie voisine ou éloi-
gnée de Torgane nudade, ou sur Torgane lui-même, une irritation substitutive.
On les administre de cette manière, dans Thyperémie aiguë, comme«dérivatif; dans
les coi^estioiis sanguines chroniques, comme révulsif ou excitant de la circulation
capillaire languissante; dans les névralgies, dans le rhumatisme musculaire et
articulaire chronique. Dans tous ces cas, la température du liquide doit être assez
élevée pour déterminer sur la partie où on l'applique un afflux sanguin plus ou
moins considérable, une rougeur plus ou moins vive, voire une douleur plus ou
moins aiguë.
On a déjà vu plus haut que Spender fait usage des affusions froides dans la
céphalalgie qui dépend de la pléthore ; par contre, il veut que, dans la céphalalgie
qui tient à des conditions pathologiques opposées, c est-à-dire à la chlorose, à \v
némie , dans celle qui accompagne le début de certaines fièvres, on combatte ce
snnptôme par des affusions chaudes sur la tête. L eau doit avoir une température
3s»ez élevée pour provoquer sur cette partie un afflux de sang capable de modifier
lanémie locale à laquelle est liée cette espèce de céphalalgie. Dans la pléthore, dit
Spender, la céphalalgie tient à un excès de stimulation du cerveau par le sang;
dans Tanémie, elle dépend d*un défaut de stimulation de cet organe ; on remédie
à Tune par Taction sédative de Teau froide, à Tautre par l'action excitante de l'eau
chaude.
Les affusions tièdes ou modérément chaudes de 25 à 30^ G. ont été employées,
pour produire une action sédative locale en générale, dans un grand nombre de
ras. On a traité ainsi la plupart des lésions inflammatoires chirurgicales en
arrosant continuellement, pendant plusieurs heures ou plusieurs jours, avec de
l'eau tiède, les parties qui en étaient le siège. Les irrigations continues d'eau
tiède sont conseillées par beaucoup de diirurgiens de préférence aux irrigations ou
affusions froides, dans les cas où cellesn^i ont été employées. Les affusions chaudes
ont été administrées dans le rhumatisme aigu, mono ou polyarticulaire, dans le
but de calmer la douleur et l'inflammation. On comprend que dans ce cas, comme
dans tous ceux où il s'agit de déterminer une action sédative locale, l'application
lioit toujours être de longue durée.
On a substitué les affusions chaudes aux affusions froides, pour calmer les acci-
dents nerveux, dans certaines fièvres graves, soit que le médecin craignit pour son
malade l'impression trop vive de l'eau froide, soit que le malade, par exception,
ne pût siqiporter l'emploi de cette dernière. On prescrit encore les affusions
chaudes dans tous les cas où, pour une raison ou pour une autre, l'indication
du bain chaud ne peut être remplie.
Enfin les affusions chaudes ont paru à quelques praticiens avoir une influence
fâToraUe, et exempte de dangers, dans les cas de fièvres éruptives, lorsque l'éru-
ption tarde à se faire, ou se fait mal. Il leur a semblé que l'excitation produite par
le contact de l'eau chaude sur la peau favorisait et régularisait la sortie de Texan-
thème. Ib disent s'en être bien trouvés dans quelques cas de variole, de rougeole,
de scarlatine, anomales et irrégulières ; ils les préfèrent aux affusions froides qui
leur inspirent de vives inquiétudes relativement à la rétrocession de l'exanthème.
74 APBlQUe.
IrV rfntffA Mul, nvff; 15* de longitude en moyenne; la ckilnedes monts Kong,â
ïmmi , fit ii^ |il8te:ius inlériean du Zanâlnr, h Test, sont des régions également
^wniiium. 0* Knfin» avec plusiears géographes, nous réunirons sous le nom
M'AfriiiMit ifiMilaire ou maritime toutes les îles de quelque importance, et nous dis-
Uitnupnmn \mrnn elles, dans Tocéan Atlantique, les Açores, Hadère, les Canaries,
lif« Wtm du (Ifli^Vert, lei Iles du golfe de Guinée (Femando-Po, San Thomé, Ile du
Vrum% Aniioljon;, Sainte-Hélène, Ascension ; dans l'océan Indien, Madagascar etsc*s
d/i|)efMlafr^, les Gomores, la Réunion, Maurice, les Séchelles, Socotors ; dans la
mur Itouge, Dlialack.
Ht nous abandonnons l'histoire et les traditions fabuleuses pour ne nous oocu*
pur que de géographie contemporaine , l'Afrique se présente à nous sous un
ospect tout différent de celui que créait notre imagination d'après des récits la
plupart mensongers. Les conquÂtes et les découvertes modernes ont fait voir des
pays riants, fertiles, cultivés et habités par des peuplades sans nombre, là où
l'on se figurait souvent des plaines sablonneuses et de vastes déserts. Essayons donc
d'en donner une idée plus exacte que par le passé. Cette terre est la plus élevée
de tout le glolic, non par ses pics, dont quelques-uns seulement atteignent la
hauteur des neiges éternelles , mais par ses plateaux et ses terrasses superposés eu
étages de In circonférence au centre, et s'élevant à 1500, à 1800, à 2000 mètirs
ot plus au-dessus de la mer. Les massifs et chaînes de montagnes qui les soutien-
nent ou les séparent forment plusieurs groupes ou systèmes distincts. Celui qui
|Nircourt les régions de la bande du nord, formé par les monts Atlas, iuhis est le
plus connu; celui de l'est ou Abyssinien, le plus exploré ensuite, se projette dans le
nord le long de la mer Rouge, et dans le sud-ouest vers les régions centrales; celui
de l'oucsl, ou Nigritien, circonscrivant les bassins supérieurs de la Sénégambie et
du Niger, se dirij^e aussi vers le centre par la chaîne des monts Kong ; le système
rentrai, qui relie les deux précédents, est formé par plusieurs cliaines demi-cirrii-
laires cinxinsmvant des Incs, et par des massifs séparés; quant au système austral,
il est formé, h l'ouest, par les chaînes, souvent interrompues par des vallées et dos
rx)urs d'eau, des montagnes du Congo, et, a Test, par les monts Lupata, courant
do l'un et de l'autre cdté p.trallèleroent à la cote, et séparant les bassins des deux
océans de ceux de l'intérieur ; ils se terminent, tout à fait dans le sud, à une autre
chaîne transversale dont quelques pics sont assez élevés; enfin le système in-
sulaire n'est qu'une succession de culminances volcaniques, reliées par des pro-
jections sous-marines aux chaînes correspondantes du continent, et s'élevant sur
lUusieurs points à des altitudes considérables.
Mais c'est ciK*ore plus en hydrographie qu'en orographie que les voyages récents
ont enrichi la géographie africaine. Depuis l'équateur jusqu'à la bande australe, on
a découvert toute une région de grands bics ou mers intérieures, dont la position
a été détorniinét« exactement et qui semblent les analogues du Tsad, plus ancien-
nement txMUUi. Nous citerons, entre beaucoup d'autres, le Nyanxa, le Tanganpka,
le N'ganii. l«os grands fleuves, dans leurs cours connue dans leurs sources,
ont été explorés non moins fructueusement. On se souvient encore du retentisse-
ment i|u*ini( on Kura|K\ au mnmiencement de 1865, ce télégramme parti d'Alexan-
drie : « \a question du Nil est régliv. • MM. Speke et Grant venaient de s'assurer
que le lac N)anita i«st le gnunl réservoir du Nil blanc Dans la région australe, \v
doi'teur l.i\ings(ou, reuMHitant le cour» du Zamhèse, quelque» années auparavant,
iMiùl arri\^ au lac bilob, d'où sort de sou cùté le Zaiiv, par lequel Tinlrépide vop-
iniHir, i^Hirsuivnnt sa mule, desteinlit jusqu'à b eôle ouest. Au lieu de désert>.
AFRIOrK. 75
il TÎt pnrtout des contrées magnifiques, peuplées d*hoinmes à Tétai de nature. Dans
Touest, le Niger a été exploré dans son bassin supérieur par le docteur Barth, et
ranonté de son embouchure jusqu'à une grande hauteur, et dans ses affluents, par
le docteur Baikie; d'autre part, des relations intéressantes de \oyages accomplis par
des officiers de notre marine dans la Guinée et la Sénégambie, nous ont fait mieux
connaître les fleuves de cette région. Voilà, pour ne parler que des plus importants,
les cours d'eau sur lesquels nos connaissances se sont accrues. Un caractère commun
a tous, et plus particulièrement aux grands fleuves qui prennent leurs sources
sotis les tropiques, c'est de déborder pendant la saison des pluies, formant des lacs
et marigots ou recouvrant des terres souvent étendues, et de présenter dans leurs
cours, à des distances variables de leur embouchure, des rapides ou des cataractes
qui rendent impossible la navigation à grande distance et en toute saison.
Malgré le soin qu'ont pris la plupart des voyageurs de déterminer la nature géolo-
«ixjae des contrées qu'ils ont explorées, il existe encore trop peu de documents de ce
^cnrc pour qu'on puisse en tirer quelques notions utiles sur l'ensemble de la géolqgie
de l'Afrique. Bornons-nous à quelques considérations topographiques, à une sorte de
classification des différents aspects du sol. Tout d'abord se présentent les montagnes
isolées ou reliées sous forme de chaînes par des collines ; nous connaissons déjà
leurs principaux groupes et leur gisement; elles ne dépassent pas, en général, la
hauteur de nos Alpes, les pics couverts de neige sont rares, et l'on parle à peine
de quelques volcans sur les îles et sur le continent. Puis viennent les terrasses,
les platâiux,les plaines, qu'entourent et soutiennent les montagnes, au milieu des-
quelles sont situés les lacs, que parcourent des rivières qui descendent des hauteurs
environnantes pour se jeter dans ces lacs,* et qui, dans la saison des pluies, sont
souvent inondés ; c'est là et sur les versants des coteaux que se rencontrent les
;n"^es forêts, les plantes herbacées, la végétation vigoureuse. D'autres terres
ilistinctes des précédentes, ce sont les coulées, les vallées, les marais et marigots,
alternativement inondés parles pluies et desséchés parle soleil, qu*on rencontre sur
les rives et à l'embouchure des grands fleuves; là, ce sont les alluvions de vase et
de sable qui recouvrent le sol et qui poussent une végétation éphémère, mais active,
quand se retirent les eaux ; partout où existent des terres inondées se rencontrent
aussi des bois de palétuviers. Enfin, se présentent les (erres arides, sablonneuses,
^hes, privées de cours d'eau ou de pluies, ne formant que des reliefs de peu de
hauteur et n'ayant qu'une végétation rabougrie; terres qu'on croyait autrefois
former la presque totalité de l'Afrique intérieure et qui n'en couvrent que le quart
de la surface ; elles se rencontrent plus particulièrement dans les zones voisines
des deux lignes tropicales, et sur les côtes basses qui séparent les montagnes de
la mer ; des vents violents y accumulent sur plusieurs points d'immenses dunes
de sable, mais sur d'autres elles ne sont pas entièrement stériles et servent à l'en-
semeocemeut de diverses graminées.
Le climat de l'Afrique, eu égard à la latitude et aux caractères particuliers du
sol, est peut-être le plus homogène de tous les climats généraux, appartenant
presque en entier aux climats chduds et étant le plus tranché de ces climats. On lui
distingue toutefois plusieurs zones dont les différences tiennent plus aux influences
de voisinage» à la nature des terres et aux conditions orographiques, qu'au degré
de latitude. A ces divers points de vue, il ne faut pas oublier que l'Afrique ne con-
fine à aucun pays froid, et que les contrées dont elle est voisine, au noi*d et à Test,
et dont elle subit plus ou moins l'influence, ont avec ses régions correspondantes
les plus grands rapports de caractères géographiques; que dans ses autres parties,
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AFRIQUE. 77
Toutes ont néaiuuoiiis, plus que les terres continenUiles, le bénélice du climat
marin; h grande ile de Madagascar a, en même temps, les inconvénients des con-
tinents.
Disons tout de suite quel est le résultat de l'action combinée du sol et du climat
n)étéorologique, tels que nous les connaissons, sur la salubrité générale envisagée
>'ncore par grandes divisions territoriales ; elle varie suivant la latitude , la topo-
graphie» les saisons, et ne doit pas se juger seulement par les effets qu'en éprouvent
les indigènes, toujours plus ou moins habitués aux locvilités qu'ils habitent ou
:ipnt des aptitudes particulières de race, mais encore par la santé des étrangers,
réactif bien plus sensible des influences physiologiques et pathologiques. La bande
des États barbaresques passait autrefois pour très4alubres ; mais depuis l'occupation
de l'Algérie par les Français, il a fallu rabattre beaucoup de cette appréciation gé-
ucrale; à côté de terrains rendus salubrespar leur altitude ou leur nature, se sont
Irouvée^ d'autres terres dont les caractères, combinés avec les conditions météoro-
logiques, produisent la plupart des endémies des pays chauds. L'extrémité australe
a conservé, au contraire, la réputation de grande salubrité qu'elle a conquise dès
le» premiers temps de son occupation par les Européens, bien qu'elle ne soit pas
exempte de quelques endémies. Mais que dire de la zone des déseiis, au sud comme
ju DCffd, si ce n'est que la salubrité, régie beaucoup plus par les météores que par
le sol, n'y doit pas avoir les mêmes caractères que celle des autres terres, et que
d'ailleurs l'habitint étranger ou indigène y manquant souvent, on ne peut appré •
cier au juste son degré. Pour ce qui est des régions tropicales, et particulièrement
de celles où se rencontrent des lacs, des terres périodiquement inondées ou par-
courues par des cours d'eau qui débordent, des vallées et des embouchures de
fleuves, nulle autre part ne se rencontre une aussi grande insalubrité ; quelques
altitudes de ces régions sont seules signalées par les voyageurs comme très-sahibres.
?ious dirons peu de chose des productions des trois règnes en Afrique, les détails
sur re sujet appartenant à la géographie des régions. — Parmi les espèces minérales
qui se généralisent le plus, il faut citer le chlorure de sodium, soit en couches,
soit en dissolution dans les lacs et dans les eaux souterraines ; on le rencontre partout
dans le nord, oii il existe des plaines de ssl cristallisé : le Sahara est un ancien lit
de mer; il disparaît en se rapprochant de Téquateur, pour reparaître dans le sud.
Le fer abonde partout, soit en minerai, soit en poussière et en rognons rougeâtres
a la surface du sol, qui en paraît comme formée sur plusieurs points; le cuivre,
largent et quelques autres métaux sont également très-répandus. (Juant aux mines
d'or qu'ont signalées les géographes orientaux, et qui ont rendu l'Afrique si célèbre
dans l'antiquité, leur renommée a bien pâli de nos jours devant les gisements décou*
verts dans le nouveau monde occidental et austral ; les régions réputées les plus
ridies, sous ce rapport, étaient le Sofalah, dans l'est, le haut Sénégal et la Guinée,
dans l'ouest, ob. une division des côtes porte le nom de Côte d'Or. Des gemmes
précieuses existent, dit-on, dans certaines contrées du Congo et du haut Nil; le
diamant lui-même, qui existait, au dire de Pline, dans l'antique Méroé, a été retrouvé
de nos joui s dans les sables aurifères de Constantine (d'Avesac). Diverses eaux miné-
rales sont signalées sur les points les mieux connus. — En appliquant à la flore la
répartition par zones climatoriales, ou constate que sur les versants nord et sur les
iles correspondantes de l'océan Atlantique, elle présente la plupart des espèces du
midi de l'Europe, c'est-à-dire qu'on y trouve les céréales, la vigne, le chêne, le pin,
folivier, le tabac, les arbres fruitiers, les arbustes odorants, etc., et de plus le coton,
Titidigo, la canne à sucre, le dattier. Dans la bunde australe, c|u'on fait remonter
t- iit=t r». ^ !—*..- *^*Vï * *ï«a-^. a.<ijiiic regicMi pliylogpapliique, el
Il •? lî- - - iji -r-..:iiirr:aic:a »ir 1 x>;^>a Indieu, outre le Mé et la vigiic,
tt -II. * -ir- ic li ^i) la .-"aic.arr? ks eiqihorbes, le» crassulacéei, les
'- =^ '--^ *r 1-. -? - i ^iaçi<^:3r t? ^j^res arborescentes et les orclii-
X ^K I ^ m . a Yéc«-:^ÛQii est spéciale, mais varie suivant
'-T^ t- ïte^rti ^ic^:<uMiu et sauisphne, sont diverses espèce»
ir iiT ^••iDiiiii;!>. ]^ plintes cbétives el glauques; mais dans
-* •— 1^ ^ -L5-- -•. -►ir «s- i:r-^ ifrasées, dam» l'Afrique équatoriale, en un
iiA> - 1--=--.. ^ ';'ï>ï-^'^ ^^*tii«iale» et vigoureuses qui donnent ù la végétation
« "-!..-•-* ^aiimiH-î ît !«î> prjfwrtioiis qui la distinguent ; c'est là que se
■orirj:- c •••«aK m .^-^ut v-^rk-il, le baobab. Il faut d'ailleurs faire cette
•he;-— 'li: ■ -. ^tf;r x Ifr? riamiif w«xir le> autres règnes, on constate, dans cette
j»i-. ii_a^ . — niii-* 1Î1L.-Î ei'^«t:-'5» Ju iiofd au sud, que de l'est à l'ouest. —
m 3L3e. nn 1 f^ pu:» nHn^ pn]f«« que la flore et conserve une égale
i." o»- *=^ Tînti^re^ trir>-truu:hês du dimat et du sol. En commençant
BT ^ us- ifc rit «11!. je< espèces les pîii« utiles panni les invertébrés répondue
-ï£r r^ '«•«'V :*Mi i: -rm. rjtc^, lêpintse. ks nudrépores, les corallineset d'autre>
ra. f* 1 juosu! X ^ pas rare, surtout duK^ le» marais de l'ouest ; les abeille»
-»u gjyL'tt i humaucàm de pliisàeors pnipljde». Hais les animaux nuisibles
^ti'. • .s- Riii;*r*>i:L i^^x^ dis» ks cb:âces inîVrieiires; la sauterelle est le fléau
A*- -• •.^. ^■^ x»J^iï> H les îenmte» ikiiuiàeiit tout; les moustiques et les
^^^7 *— ««>> ^in I imrvtnL des êcruk;^?r$; b scolopendre, diverses araignées,
• s;*«^-v*'. :v«ti vr!]iBkf«JA ec diu:<eTvii\. Fsnni lescrustac's, les homards, les
1.^. •fis.^^ r^ .TîJîrs. Vf^ cite^T-œsv 5e renoonlrent SUT plusieurs points. Les
•'^^^ i-^n:nws fi A?^ i«cs i a-i aolt?, iviMument découverts, sonl très-poi»-
^j. tt'. Xsi't wnr: piTK, m »? tr-.Hite plu* de reptiles; partout où il y a de l'eau,
3^--jBs iiv> M ^ ».r.^ M rrtta'^iav à duque pas des crocodiles ; diaque région
ff •v-.e' -v> ^•:cie> j-'ai-racr; >?r>v Pinm les batraciens, peu nombreux, existent
^ ^-^-mms ^«•vmi^ X :*n^ siJara '«hYS'; les oph:diens, moins rares, sont de toutes
«•tto.tft' .• jr:>^iiik'JC Àfse^4^v\rs vtrtiUBeuses: les vipères au Cap, l'aspic en
; -yL Sir >LV .-^ic ,Ti*r ciflc- eswvvs d^otàeaux qu'on trouve en Afrique, cinq cent»
«.:*•« lu uwjrii«wiwfci«r'''1^ cMtesac; les espèces curieuses qui enrichissent
iiu2^'^>> -m^iouTtac ea *î««« xrand nombre; les gallinacés, les palmipèdes
att'.:-ïs» .^v^-^^-s jiim»îuuv-rrs x,»ji!Oc«l sur plosieuis points ; les oiseaux de proie
«Mmm«n î*- H« -i'^- *^ .vkiv^ris â«sDt nombreux et de grande dimension,
.a*: ivK. i n»i^ ^.'Ti^v-i .il ,rt; d er:np eux, se rencontre en troupe dans la plu-
ies V ii%> a nn >. :iâ rak jl> a JcisMièfw, mieux déterminés que les autres
^^^^ i 3iuau*u\ . \rt;i:»r :MSîWÎe u« qwart des espèces coimues, et un sixième
A
V
^ 1 O»*'^
^>uom^*<«- -*- «^ ** ^ii»t >ttr d'autres terres (d'Avesac). Les pach\*
t.-*Ris •iiîiuu^n^s.ni.: ; {>'^,%'5«i*r». i rêtal sauvage ou de domestidlé; la girafe
* -a. la. t^:-"^ tf . 1 vki=x'«i e»t le na\ire des déserts; parmi les non
^^^ '"^..;y^^„ ,^ If ^ ^x\:t •.-«>« rnwfoolrenl partout dans les régioiis de la
irr\>t!«e«: W dr^, lâiie, le sanglier habitent le nord «
... ^^ -AîiT ',• -* ^'«« SrèïHwmhivux ; le chien, assez rare au norrJ,
* *'**'^ \ ; \c*c Nju^jki^ «»r d autre points; les bètts iauves. plu»
. > - •Ktinov Â^-tt^ V «woi ^we duuW sud, sont répandues sous toutes les
^..vvc i->%<^ » ^^^ •iMMOiL-^ c <sl sdiwieni en Afrique qu'ils abondent le
^. .^,^^ o -^«i »•• ^ - ^^ ^^^^ ^ ^Hç ^^ 4 c5té du Boschiman de»
AFRIQUE. 79
fies trois grands types de Thoinme sont représentés, en Afrique , mais très-iné-
plement quant au nombre des ]*aces, de leurs variétés et de leurs individus. Le
type dominant est Téthiopique, dont cette terre et ce climat semblent faits pour
être le berceau, et les races les plus nombreuses de ce type sont les nègres, réunis
dans les régions où le sol et les météores se présentent avec les caractères les plus
tranchés. Gomme partout, d'ailleurs, chaque type, chaque race a son habitat
dans la sone la mieux appropriée à ses caractères anthropologiques. La tradition
a consacré le nom de pays des blancs à toute la bande située au nord de la
limite du Sahara et des Soudans, de la sécheresse et des pluies tropicales; et celui
de pays des noirs à la vaste étendue des terres situées au sud de cette limile, moins
pourtant la bande extra-tropicale ; le type jaune, le moins pur et le moins répandu,
se rencontre sous divei^ses latitudes. Parmi les blancs, il faut d'abord distinguer les
représentants assez rares , si ce n'est en Algérie depuis la colonisation française,
des races indo-européennes, qui sont disséminées sur les lies et sur le littoral du
continent, c'est-à-dire partout où ont été fondées des colonies ou des établissements
commerciaux. Viennent ensuite des races, pures ou croisées, beaucoup plus multi-
pliées et répandues des bords de la Méditerranée aux Soudans, de l'océan Atlantique
jasqu'à Madagascar. Parmi elles se remarquent, au premier rang, la race arabe
[proprement dite et la race berbère, mêlées presque partout, quoique très-distinctes
Fmie de l'autre, et présentant d'ailleurs de nombreuses variétés de couleur sui-
vant la localité qu'elles habitent; on roncontre parmi elles des nègres, qui y ont
été introduits par la conquête ou par l'esclavage. Les races appartenant au type
jaune ou mongolique présenteraient, d'après quelques anthropologistes, des traces
d*infusion ancienne chez les Coptes et les Fellahs d'Egypte (d'Avezac) ; quelques-uns
de leurs traits caractéristiques se rencontreraient chez les Hottentots ; mais la race
malaise, qui en est une branche bien distincte, peuple une partie de Madagascar et
a pénétré, dit-on, jusqu'au centre du continent par la côte orientale. Quant au type
tioirou éthiopique, qui forme, avons-nous dit, la véritable population africaine, il
présente des variétés de caractères anatomiques et de couleur qui le divisent en
plusieurs sous-types ou races très-tranchés. Les nègres, qui forment les peuplades
les plus nombreuses, sont massés depuis le Sahara jusqu'au 20* degré sud environ,
1 l'ouest d*une ligne verticale qui passerait vers le centre. Les autres races habitent
les régions orientales et australes, se distinguant souvent profondément les unes
des autres suivant la latitude où on les observe, et n'ayant de commun que la cou*^
leur diversement noire de la peau, seulement brune en Abyssinie, tout & fait noire
9ur la cote de Zanzibar et de Mozambique, olivâtre dans la Cafreric, couleur de suie
dans la Hottentoliei Au point de vue de la conformation de la tête, qui marque le
rang dans Téchelle des perfections humaines, la dégradation, chez ces peuples, est
sensible et progressive du nord au sud, mais n'est nullement en rapport avec la
couleur : l'Abyssin se remarque en général par la beauté de ses traits et de ses for-
mes, qui le rapprochent de l'Arabe, et quelques tribus n^res du haut Sénégal sont
à signaler aussi sous ce rapport ; le Cafre des montagnes, sauvage et fier, présente le
prognathisme du nègre , mais possède aussi des traits qui rappellent l'homme du
nord ; quant au Hottentot Boschiman, tous ses traits indiquent le degré d'abaissé^
ment physique et moral le plus prononcé : eurygnathe et prognathe à la fois, il
forme, pour M. I. Geoffroy Saint-Hilaire, un type particulier paimi les autres types
humains. On comprend encore que des peuplades, nomades la pluprt, le plus
souvent en guerre, et ne connaissant pas de froin à leurs passions biulales, se
croisent fréquemment et s'absorbent même quelquefois les unes les autres, don-
80 AFRIQUE.
nant naissance à des variétés dans lesquelles les traits primitiis se fusioDiient ou ^e
reproduisent partiellement sur un même individu. Ainsi se modiGent les races et
souvent les types les plus éloignés. Ces modifications sont ordinairement pea sen-
sibles de tribu à tribu voisine; mais on rencontre quelquefois, implantée au milieu
de races appartenant à un même type général, une autre race de type très-difle-
rent et qui a conservé toute sa pureté primitive : les Peuls, par exemple, au mi-
lieu des nègres du Sénégal, et les Foulahs dans le Soudan.
Ce n*est pas ici qu*il convient d'entrer plus avant dans ces considérations an-
thropologiques et ettmologiques, on les trouvera plus détaillées dans les articles de
géographie consacrés à chaque région ; quelques mots seulement sur les mœurs
et la constitution politique ou sociale de ces populations, pour achever Tesquisse de
leurs conditions physiologiques. Comme si tous les contrastes devaient se rencon-
trer sur cette terre, ses prties connues de l'antiquité ont longtemps été le centre
de la civilisation du monde, alors que dans ses parties ignorées vivait rhomme A
rétat de nature le plus primitif. Puis cet éclat s'est éteint sous le souille des con-
quêtes, ne laissant de traces que les monuments de l'histoire ; et les efforts tentés
par la civilisation moderne pour s'introduire parmi les hoi^es sauvages ont échoué
partout ou n'ont abouti qu'à des résultats éphémères. Le long nécrologe de ceux qni
se sont voués à cette entreprise de régénération atteste les (^positions que rencon-
trent l'Européen et ses mœurs dans le climat et les peuples de l'Afrique. Eu fait de
idigion, l'islamisme s'est conservé intact chez les derniers conquérants du nord,
et s'est étendu au loin, mais sans conviction et sans ferveur, malgré le fanatisme des
propagateurs chez les peuplades noires. Le christianisme, que tentent depuis près
de trois siècles d'implanter les missionnaires parmi les nègres, ne prend, au con-
traire, aucune racine, malgré la passivité des néophytes; il n'a conservé non plus,
de sa propagation originaire dans le nord, que des traditions grossières chez lc>
Coptes et les Abyssins. Le judaïsme n'existe et ne se (onserve que chez les descen-
ckmts des Qialdéens, chassés de leur terre première par les Turcs ; il a pourtant
des sectateurs d'origine plus ancienne parmi les Abyssins. Le sabéisme trouve
quelques adhérents à Mozambique et peut-être sur d'autres points. Mais c'est le
fétichisme le plus grotesque, le plus inintelligent, s'exerçant sous toutes les former,
qu'on rencontre chez la plupart de ces peuplades, dont quelques-unes même n* ont
aucun culte. La polygamie s'exerce partout en Afrique, là où règne le christbnisme
eonmie ailleurs, et parait être une conséquence de la courte fécondité des femmes,
comparée à la virilité prolongée des hommes. L'organisation politique et sociale est
en rapport avec ces mœurs religieuses : chez les peuplades nomades, elle est patriar-
chale; chez les nations fixes, elle revêt toutes les formes connues, depuis la monar-
chie jusqu'à la république ; chez quelques hordes de sauvages, on dirait du seul
instinct de sociabilité naturel à l'homme, plutô. que d'une constitution politique
réelle. L'autorité s'exerce d'ailleuissous les titres les plus divers, et il est impossible
de se reconnaître au milieu de toutes les appellations par lesquelles on la désigne ;
un seul caractère lui est commun pai^tout, c'est l'absolutisme le plus radical, s'ap-
puyanl tantôt mr le fanatisme ou la superstition, tantôt sur la force biiitale ou les
actes de férocité. Le cannibalisme, en usage chez plusieurs peuplades, pai-aît moins
ré|)ondre à une perversion ou à un besoin des sens qu'à un apnage de cruautr
résené aux chefs ou à certaines castes; on en cite quelques-unes [)ourtant, qui pa*
raissent faire de l'anthropophagie un genre d'alimenUilion. Quant aux professions ou
aux divers genres de vie, si Ion excepte les |)euples du nonl, où se sont consei-vés ou
introduits des habitudes ou des besoins u\ant quelques rap|K)rt$ avec ceux des |)euplfs
AFRIQUE. S4
ciTÎlisés, tout semble réglé par les seuls instincts de la nature bien plus que par le
désir intelligent des améliorations physiques ou morales. On rencontre peu de
pécheurs, excepté parmi les nègres ; les pasteurs sont plus nombreux, parce que les
troupeaux aboodent sur toutes les terres arrosées; les chasseurs forment plus de la
moitié des peuplades, parce que la chasse, sur la plupart des tenues, est aussi néces-
saire pour la sécurité que fructueuse pour l'alimentation ; enfîn ragriculture n'est
flfoère ai hooneur que là où les produits naturels du sol ne sont que des ressources
insuffisantes pour la vie. La manière dont plusieurs tribus travaillent les peaux et
lesmétaux ou confectionnent divers tissus prouve une grande aptitude pour les tra-
vaiu manuels; dans les colonies européennes, d'ailleurs, les nègres se montrent
(Nnriers adroits et intelligents. L'esprit de commerce est peu développé chez les
noirs ; c'est plutôt le trafic des produits naturels du pays contre des objets de fan-
taisie, et surtout le plus horrible des trafics, celui des esclaves, qui est en usage ; il
&ut remonter dans le Nord pour rencontrer des centres commerciaux où les échanges
se fimt sur une assez grande échelle. Les races africaines sont réputées guerrières
pour la plupart ; quelques-unes, en effet, possèdent ce caractère et sont guidées sou-
vent par un but élevé : la défense de leur religion ou de leur indépendance ; d'au très,
plos nombreuses, ne sont poussées que par leur caractère sauvage et leur instinct
antisocial ; mais combien de peuples ne sont mus que par des motifs beaucoup plus
rils : l'absorption, l'extermination, le trafic des esclaves; ceux-là ne peuvent pas être
dits guerriers. Si Ton excepte les établissements maritimes entretenus sur quelques
points par des nations européennes, il n'existe nulle part de marine. Aux temps
héroïques où les mers se couvraient des flottes armées par les républiques du Nord,
ont succédé les siècles de vol et de rapine, pendant lesquels des pirates infestaient
seuls les côtes barbaresques. Aujourd'hui on ne rencontre plus que quelques barques
iaisant encore ce métier sur les côtes du Maroc et sur le lac Tsad. L'Africain employé
sur ks navires européens se montre pourtant bon matelot ; son aptitude aux tempéra-
tores élevées en fait un auxiliaire utile, indispensable même pour les navires à va-
peur qui stationnent sur les mers tropicales. Les peuples d'Afrique ont paimi nous
la réputation d'être sobres; peut-être ne la doivent-ils qu'au peu d'exigence de leurs
besoins, tempérés par leur climat. Les pasteurs et les agriculteurs du Nord vivent
(dus particulièrement de lait, de dattes, de miel, de céréales, qu'ils possèdent en
abondance; les nègres se nourrissent de racines féculentes ou sucrées, de poisson,
de maïs, de- riz, de mil, de fruits; mais les chasseurs de Natal, de la Cafrerie, de
Honambique, mangent la chair de l'éléphant, du buflle, du lion, de l'hippopotame,
ea même temps que du millet; ceux de la côte de Zanzibar mangent également du
gibier, et la viande crue arrosée de bile entre dans la nourriture de l'Abyssin.
Partout on fait usage de boissons fermentées extraites soit du palmier, soit de
diverses plantes, et toutes produisent l'ivresse. Si, sur cette (erre, le sol est fécond,
le climat est tout aussi destructeur, et l'ignorance lui venant en aide, il se produit
Httvent des famines qui font des ravages énormes, s'il faut en croire les récits
qa'enfont eux-mêmes les indigènes : l'esclavage et la famine senties grandes plaies
de fÂirique. Est-il besoin de faire remarquer que le vêtement de l'homme y est,
fw»)replus que ses aliments, en rapport avec son degré de civilisation, et plutôt
avec b région qu'il habite et les ressources qu'il y trouve, qu'avec le goût et la pudeur?
Les peuples arabes berbères et abyssiniens sont les plus et les mieux vêtus :
leurs vêtements amples n'excluent, encore aujourd'hui, ni l'élégance ni la richesse ;
I ks premiers portent le turban et sont à peu près les seuls de toute l'Afrique qui
«ent h tête habituellement couverte. Les sauvages des régions australes les plus
OICT. BRC. II. 6
S3 AFRIQUE.
reculées, qui ont aussi besoin de se couvrir, se servent surtout de peaux de bétes.
La pagne, diversement tissée, et quelquefois avec art, est le vêtement très-général
du n^e, dont les chefs qui ont des rapports avec les Européens ont l'habitude
de se couvrir d'ornements puérils ou ridicules. Mais la grande majorité des peu-
plades primitives se contentent de recouvrir les parties sexuelles avec divers tissus.
Quant à l'habitation, on remarque que les peuples les plus sauvages ne couchent
nulle part à ciel découvert, ni en contact immédiat avec le sol : la tente est l'abri
des tribus nomades ; la hutte ou la case, d'une forme empruntée, dit-on, à celle
des montagnes voisines, est le logement le plus général des peuples fixes; la mai-
son en bois ou en maçonnerie ne se rencontre guère que dans les villes commer-
ciales ou de quelque importance. Les constructions plus vastes ou plus splendides
appartiennent presque exclusivement aux villes du Nord. Quant aux monuments,
on n'en voit que des ruines sur les divers théâtres de la civilisation disparue. On
comprend sans peine qu'avec de tels éléments, toute statistique des populations
africaines ne peut être que très-conjecturale. Ce qu'on peut dire, en abandonnant
toute prétention à fixer un chiffre, c'est que les découvertes récentes qui ont mon-
tré des contrées fertiles et peuplées, là où l'on croyait à des déserts arides, sont
bien propres à modifier les appréciations qui étaient portées sur la population totale
de cette partie du monde. Quand on songe aux causes de destruction que repré-
sentent les guerres incessantes, les famines, la traite des esclaves, les endémies et
les épidémies livrées au fatalisme, il est permis de lui attribuer aussi une puissante
sève de reproduction.
Entrant enfin dans le domaine de la pathologie, nous nous bornerons à indiquer
les maladies endémiques communes à plusieurs régions ou à plusieurs races, et
qui paraissent dépendre des conditions générales de mœurs ou de climats, passant
rapidement sur les autres maladies. Les endémies qui se disputent la suprématie
sont la dysenterie et la fièvre paludéenne. La première est plus universelle et moins
liée à la topographie que la seconde, bien qu'elle soit moins répandue à l'est et au
sud, qu'au nord et à l'ouest; les îles et les liauteurs volcaniques où manque la
fièvre et qui passent pour salubres n'en son t. même pas exemptes. Elle atteint plus
également aussi toutes les races, bien qu'elle soit plus fréquente ches les étran-
gers que chez les indigènes, chez les blancs que chez les noirs. C'est la dysenterie
qui décimait autrefois les bâtiments négriers et qui, malgré les soins médicaux les
mieux entendus, sévit encore sur les transports des engagés volontaires partis des
côtes d'Afrique. La statistique présente la côte occidentale d'Afrique comme le point
des régions tropicales où la dysenterie fournit la plus forte proportion de décès
parmi les troupi^ européennes (Boudin). La fièvre paludéenne manque sur plusieui^
points où règne la dysenterie et parait plus qu'elle liée à une certaine constitution
du sol, particulièrement aux terres palustres ; clic frappe surtout les étrangers et les
races européennes ; elle n'éprgne pas complètement les autres racos, même les
noirs, qui pourtant choisissent souvent des marais pour établir leurs demeures
Le docteur Baikie en a même vu sur k^ bords du Niger, pendant les inondations,*
qui, semblables à des animaux amphibies, continuaient à habiter leurs buttes aux
di*ux tiers immerg -es. La statistique constate encore que c'est aux côtes occiden-
tales d'Afrique que la fièvre paludéenne donne le plus de décès parmi les troupes
européennes des stations coloniales. C'est à cette fièvre que succombent aussi la
plupart des explorateurs des régions intérieures. Après les fièvres et les dysente-
ries, il faut citer les hé{Kitites purulentes, qui sont fréquentes et occupent un rang
élevé dans la mortalité sur presque tous les points où règne la dysenterie. L*opli-
AFRIQUE. S3
• endcmiqae mérite également une mention , comme maladie mûyersellement
. .u' ; on l'accuse partout du nord au sud, de Test à l'ouest et si elle ne cause
rares décès, elle fait pourtant des aveugles et des borgnes en grand
. L'csclaTagc est la source la plus féconde de Toplithalmie africaine, et les
^ ont souvent été le théâtre de ses épidémies (Boudin). Quel qu'ait été,
.iiticjnité, le berceau de la peste, question que nous n'avons pas à exa-
}rî, nous ne pouvons omettre de rappeler que c'est dans le delta du Nil,
les côtes qui en partent, qu'elle a eu ses plus fréquentes et plus terribles
'ons. La fièvre jaune a fait aussi plusieurs apparitions, depuis le second quart
siècle, sur les cotes occidentales, paraissant avoir son * point de départ aux
>nchures de la Gambie et de la Sienra-Leone. A-t-elle été importée, estrelle née
tanément? C'est encore là une question. La fièvre bilieuse grave de Madagascar
•^ lies voisines n'est peut-être aussi qu'ime maladie du même genre, moins un
'iit étiologique. Les maladies virulentes ne paraissent pas avoir de racine pro-
• en Afrique ; Àrago a signalé l'action antagoniste des vents secs du désert sur
•«i'ption des virus. La variole importée fait pourtant de grands ravages épidé-
4.S sur les îles conune sur le continent ; mais, à la lecture des voyages d'ex-
.^lon à l'intérieur, on ne voit pas que son germe présente la force de persis-
et de propagation que devraient lui donner les conditions de mœurs et d'hy-
; qu'il rencontre. La syphilb est, comme la variole, une maladie de toutes les
et de tons les climats; mais, en général, dans les régions tropicales, et en
' ulier chez les nègres d'Afrique, elle ne présente pas, d'après mon observation
onnelle, la gravité symptomatique, la durée et la tendance à l'infection géné-
qu'on lui connaît dans les riions tempérées; Livingsten rapporte que les
luanas qui ont pris la vérole sur les cotes, en guérissent naturellement quand
t'Qtrent chez eux. Les maladies cutanées sont moins variées qu'en Europe, mais
plupart sont endémiques et spéciales; l'éléphantiasis et la lèpre, communes à
(es les races, rares pourtant dans les régions occidentales, sont les plus graves;
laines aflections ulcéreuses : crabes, pians, ulcères phagédéniques, sont plus
ticulières aux races noires; d'autres affections éruptives : gales, boutons, sont
•ore plus localisées; parmi les maladies parasitaires, le dyst^e d'Egypte, le
nia solium, le dragonneau, méritent d'être signalées; quant aux accidents pro-
lits par les animaux nuisibles ou venimeux, ils sont aussi variés que leurs causes,
aliénation mentale et l'idiotie, les aflections aiguës des poumons et des bronches
' rencontrent chez les nègres (Théveiiot) ; eux seuls paraissent sujets à l'étrange
ffection dénommée hydropisie avec naroolisme, maladie du sommeil. La phthisie,
afin, ne parait ni moins répandue ni moins redoutable sur les îles de l'Océan
indien et dans les régions tropicales du continent, qu'elle ne l'est sur la plupart des
points de la même zone dans les autres parties du monde ; quelques vopgeurs
disent pourtant ne l'avoir pas rencontrée dans les régions du centre. Quant aux
régions septentrionales et australes, malgré quelques divergences dans les statis-
tiques et dans les opinions des auteurs, on peut considérer cette aflection comme y
clant rdativement rare ; nous croyoas même devoir rappeler ici que les climats
bygioiiques reconnus aujourd'hui comme les plus efficaces dans lesphthisies d'Eu-
rope, sont rÉgypte, l'Algérie, Madère, les Canaries, le Cap.
Un dernier mot sur l'acclimatement des races étrangères sous le ciel africain, le
plus indément peut-être, pris dans son ensemble, de tous les climats du globe.
Il est soumis aux règles générales qui régissent l'acclimatement dans les pays
chauds (Foy. Acclihateiiemt) , mais il présente aussi des faits d'acclimatement par-
S4 AGALLOCHE.
ticuiicrs, qui méritent d*étre envisagés à un point de vue un peu différent et
particulièrement pratique. Les races syro-arabes, en pénétrant dans le nord de
l'Afrique , ne changeaient pas de zone isotherme et se retrouvaient presque sur
leur terre, aussi comprend-on qu'elles se soient indigénis.'es avec toute leur
pureté, et que leurs nombreux croisements aient réussi et se soient répandus au
loin. Quelques variétés du même type, mais appartenant au rameau indo-européen,
bien qu'elles ne soient pas pures de mélange syro-arabe : les Espagnols, les Portu-
gais, les Maltais, dont le site géographique est également voisin de l'Afrique, s'ac*
climatcut très-bien aussi sur plusieurs points du littoral et sur les îles, et se
croisent volontiers aiec les indigènes. Hais d'autres races de ce même rameau indo-
européen, plus éloignées en latitude et plus difTérentes de caractères physiques : les
Anglais, les Français, les Hollandais, se comportent tout autrement, et pourtant
pas d'une manière semblable dans toutes les localités. Ainsi, l'expérience a prouvé
à toutes les époques qu'elles ne s'implantent pas, du moins par les procédés employés,
dans la zone septentrionale, et cette même expérience nous les montre, depuis
bientôt trois siècles, se propageant ou se croisant avec succès dans la xone
australe. Il en est de même sur les iles volcaniques éloignées des terres, à la Réu-
nion, à Maurice, à Sainte-Hélène, où elles ne meurent pas plus ou meurent moins
qu'en Europe. Pourquoi cela? Parce que le sol, sur tous ces points, différant de
celui du continent tropical ou septentrional, l'homme n'a pas à y subir l'em-
poisonnement palustre; et qu'à celte condition, comme le prouvent des faits ana-
logues observés dans d'autres régions salubres et même sur les altitudes de régions
dont les terres basses sont insalubres, la santé des Européens, sous le ciel tropical,
est tout aussi bonne, sinon meilleure, qu'en Europe. Toutefois, les diverses
questions d'équilibre entre les naissances et les morts, d'intégrité physique et
morale, de travail de la terre, ne se résolvent pas nécessairement comme celle de
la santé et de la vie, par l'absence des causes d'insalubrité; ce qui fait que l'accli-
matement absolu de race, n'est pas la conséquence obligée de l'acclimatement per-
soimel, dont pourtant il faut tenir compte, à divers points de vue. Sur les côtes
du continent tropical, pas d'acclimatement, même individuel, pour l'Européen
du nord; il ne vit qu'à la condition d'être malade, ou n'échappe à la maladie et
à la mort que par immunité personnelle.
De nos jours, l'Afrique tend à redevenir, pour bien des esprits enthousiastes, ce
qu'elle a été dans l'antiquité : une terre promise n'attendant que les bienfaits de
la civilisation européenne pour produire des merveilles. La géographie médicale
qui met en lumière les conditions de santé et de maladie, de rie et de mort,
d'extinction et de propagation de race qu'y rencontre l'Européen, semble bien
Îropre à contenir ces aspirations dans des limites plus raisonnables et à faire éviter
» écoles du passé. Dutroulao.
BiBiiocRAPHic. •— IIau.£ Jean-Noël), article AmiQine, in Eneychp/die mûhodiqme. Partie
médecine, t. I*% 1787, in-i. — Voyez, en outre, les principaui traités de géographie, parti-
culièrement celui de Maltc-Bruh (dernières éditions) et celui de Karl RrrrER : Géographu
générale comparée (en allemand), traduction française par E. Burat et Ed. Dcsol. Paris,
1155-0, în-8» 3 vol. Ces trois premiers volumes sont tout entiers consacrés à l'Aûrique. —
Yoyei aussi, en ce qui concerne l'Afrique centrale, les relations des Toyatrcs de Muitgo-Park,
du major Denham, du docteur Oudney, du capitaine Clapperton, des frères Lander, de
Caillé et de Raffcnel, de Hichardson, d'Overwcg, de Henri Bartb, et, en dernier lieu, celle
du voyage de John Honning Speke, aux sources du Nil.
ACiAixocBE. On a donné ce nom, ou encore celui A'AgaUodion^ Agalugen^
Agalugin^ à plusieurs espèces de bois employés en médecine :
AGARIC. 85
i* A celui de quelques arbustes de la famille des Aquilarinées, notamment à
YAquilaria Agalhcha (voy. Aquilarea, Garo, Bois d'Aloès et Calahbac).
i^ A une plante de la famille des Légumineuses, YAlœxylwn A^aUodium de
Loureiro {voy. Aloextluh).
5* A un arbuste de la famille des Eupborbiacées, YExcxcariaAgaUocha (wy.
ExcAURU et Stillirgia. Peut-être vaudrait-il mieux ne plus considérer actuelle-
ment comme Bais dCAgalloche que celui de cette dernière espèce, i*éservant pour les
précédentes les noms de Bois d^Aighy dCAloèSy etc.
4' Roxburgh a encore considéré comme un faux Boisd'Agalloche celui du Mi-
(keUa Tsjampaca, arbre de la famille des Anonacées (voy. Michblia). H. Bm.
Pharkacologib. D'après Rumpbius, le Bois d*Agalloche vient des Indes. Le
nom d'Excsscaria (Arbm' excxcans) lui aurait été donné de ce que des matelots
européens envoyés dans des forêts pour couper du bois auraient reçu sur le visage le
bit qui jaillissait de ces ari)res; ils en ressentirent des douleurs atroces, et
quelques-uns perdirent la vue. En efiet, le suc blanc laiteux de YEzcxcaria Agalr
lûcha est acre, résineux ; il est analogue à celui des Euphorbiacées. Le bois consti-
tue le Faux CatambaCy une des trois espèces de bois tTAloès; il est dur, pesant,
très-résineux, brun rougeâtre jaspé de noir ; son odeur, très-aromatique, rappelle
celle de la myrrhe et de la résine élémi mêlées ; il est employé en ébénisterie, en
marqueterie et en parfumerie. Les Anglais l'ont prescrit contre la goutte et le
liiumatisme ; on l'a conseillé comme anthelminthique et stupéfiant : il est inusité
aujourd'hui. Le bois d'Aloès entrait autrefois dans Vopiat de Salomon, la confecr
Iton ott^rtiu^, etc. 0. Réveil.
AfiAMES, Foy. AcOTTlioOKES. *
AlSARic, Agaricus Linn. et Pries, ('A^apcx^v, espèce de champignon, sans
doute de Polypore, que les Grecs tiraient d'Agaria, ville de Sarmatie, d'après
Dioscoride) . 11 est remarquable que la meilleure qualité d'agaric officinal (Polyporus
LarieiSy Dub.) se tire encore aujourd'hui de Circassie (partie de l'ancienne Sar-
matie). Le genre Acaricus, tel que nous l'établissons ci-après (Voy. Agari-
cm^Es, p. 130), sous l'autorité de Pries, se limite surtout par l'exclusion des groupes
naturels et bien caractérisés qui forment autour de lui les 20 genres dont nous
donnerons les caractéristiques (p. 128). Tel qu'il reste constitué maintenant, ce
genre est évidemment provisoire et attend que le perfectionnement de l'observa-
tion permette un démembrement plus complet. En elTet, il n'a guères aujourd'hui
que des caractères négatiis, et il reste encore le plus nombreux en espèces, puisque,
déjà démembré, il compte encore dans VEpicrisis de Pries (catalogue le moins in-
complet) 920 espèces auxquelles il faut ajouter une centaine d'espèces décrites
depuis (je ne parle que de l'Europe) et plusieurs centaines non encore décrites. De
là la nécessité de nombreuses subdivisions.
Cependant quelques esprits, surpris de cette fécondité qu'ils ne soupçonnaient
peut-être pas, et regrettant l'ancienne pauvreté de la flore mycologique, qu'ils
appelleraient volontiers simplicité, prétendraient-ils que, dans un article de ce
genre, même pour un ouvrage qui a titre encyclopédique y on dut s'abstenir de ces
nouveautés et se tenir pour satisfait de l'énumération des 30 à 40 espèces vulgai-
rement tenues comme formant tout le bagage du parfait myoologiste au point de
vue comestible ou vénéneux? Mais, suivant nous, c'est comme si on se déclarait
latis&it des sinistres qui chaque année viennent attrister le public et prouver
86 AGARIC.
rimpuissance du petit et faux savoir qu'on veut retenir, et que, dans Tétat actuel
de nos connaissances, nous regardons comme plus nuisible qu'utile. Si on croyait
celte demi-science, telle espèce (Ag. meUeuê, par exemple) serait, suivant les ca-
prices du sort, tantôt toxique, tantôt alimentaire! Nous nous refusons absolument,
avant positive démonstration contraire, à admettre de telles étrangetés ; et la dé-
monstration non-«eulement n*a pas été faite, mais à peine si je la crois possible
aujourd'hui, tant les caractères propres à chaque espèce sont encore mal détermines
pour certains groupes. Une explication bien plus légitime, quelquefois certaine,
rend parfaitement compte des laits allégués : c'est la tendance naturelle qui porte
le connaisseur*amateur à faire rentrer tout agaric qu'il récolte dans les quelques
espèces qu'il croit connaitre. Les débiles descriptions des Roques, des Dupuis,
des Noulet et Dassier, etc., sont là pour dire si l'on connaU des espèces détriles
d^une façon si illusoire. Avec de tels guides, l'amateur déclarera, en conscience,
variété toute forme nouvelle qu'il distinguera, flattant, par cette diagnose com-
plaisante, sa vanité autant que sa paresse. Nous avons été plusieurs fois témoin de
ces déterminations fantastiques. De là les nombreuses erreurs de gens qui prétendent
s'être empoisonnés avec des AGAaicos campestris, des mousserons, etc.; de là les
nombreuses incertitudes actuelles de la science. D'un autre côté, de prétendues
Instructions pour distinguer les espèces toxiques des espèces comestibles mettent,
pour ainsi dire, à la portée de tout le monde (et en les aggravant beaucoup) Terreur,
la confusion et le péril, que les livres précités réservaient au connaisseurnamateur!
Pourtant de si vaines Instructious seraient accueillies par une incrédulité et une
inattention générales, si, transportant leur insoutenable procédé dans d'autres bran-
ches des connaissances humaines, elles prétendaient faire discerner paiement par
des caractèrçs généraux : en chimie, les sels vénéneux des sels inoflensifs; — en
zoologie, les animaux nuisibles de ceux qui sont utiles ; — en botanique, les pha-
nérogames toxiques de ceux qui sont alimentaires ou innocents ; mais le sens de la
flore mycologique fait tellement défaut que la même prétention a toujours plein
succès quand elle s'exerce sur cette flore : les journaux, même scientifiques, lui
prêtent leur publicité; et jusque dans les régions officielles de teb paradoxes ont
trouvé de l'^ho!
Nous croyons que, pour dégager l'hygiène publique et privée du danger que lui
font courir ces fausses idées sur la création mycologique, il faut changer la méthode
de vulgarisation et ne pins bercer le public du vain espoir d'une diagnose iacile ;
c'est la science qu'il ûiut vulgariser et non la cueillette. Quand les médecins auront
une idée exacte de la mycologie, eux qui sont répandus, distribués, pour ainsi
dire, sur le territoire, ils seront les guides naturek du public. Il faut donc, ici
comme ailleurs, s'adresser d'abord à la méthode scientifique, donner au médecin
un cadre dans lequel les descriptions succinctes d'un nombre sufGsant d'espèces,
types des groupes les plus circonscrits, jalonneront le vaste champ des Agarics,
et montreront, por l'exemple, comment se décrit, se détermine et se classe une
espèce. Alors chaque médecin, possédant la méthode et le langage mycologique
{Voy. pour ce langage, p. lii), pourra facilement dessiner, décrire et classer lui-
même les espèces comestibles, vénéneuses, remarquables, de sa localité, et nos
connaissances hygiéniques et toxiocrfogiques touchant le genre AcAEicoset les genre»
circonvoisins sortiront des inextricables contradictions où elles sont aujourd'hui.
C est le but que nous nous proposons dans ce travail. C'est pour l'atteindre plus
bcilemejit que nous ne donnerons pas toujours carrière à nos sympathies pour la
méthode naturelle pure, que nous l'abandoimerons quelquefois quand elle sera en
AGARIC. 87
fréaeaot de qudqnes ooupares artificielles, mais plus commodes pour se recoa-
flaitre dans k dâale des espèces. C'est ainsi que, guidés par Pries et avec M. de
Sraies, nous diyiseroDS d'abord les agarics en deux grandes séries, suivant que
leurs ^res sont blanches ou colorées. Selon nous, pourtant, cette division est
(oote artificielle; ceux qui, dans ce travail, étudieront avec soin ces deux séries
le recooiiutront facilement; maison retire de cette coupure deux avantages prati-
4pie$(xmgdérables : c*est, d'une part, d'avoir d'abord à se déterminer sans hésitation
pour lune ou l'autre série; ensuite, et surtout, parce que les sous-genres, dans
diaque série, pour ainsi dire coupés en deux par cette première division, sont moins
nooiiliraix en espèces et par suite plus facilement limités, déterminés et subdivisés.
Nous aurons donc :
i''§éfl<le. A€}. IJBIJCOSPOBE8. Agarics à spores blanches ou blanchâtres, je
Teuxdire blanches ou très-légèrement ombrées ou très-faiblement teintées de jaune
OQ d'orangé (à peine couleur de la crème) . Celles mêmes qui sont faiblement teintées
de rose (comme les pâles pétales d'une rose thé)*doivent être renvoyées à l'autre série,
li* Série. A€}. CHBOHOSPORE9. Agarics â spores colorées en rose, rou-
aàktf violacé; ocre, fauve, brun, ferrugineux; fuligineux, noir-pourpre ou noir
(tioy. p. i07 et surtout l'art. cmuKHOsroiiE).
^03 nos descriptions nous acceptons presque constamment la nomenclature
adoptée par Pries dans son EjdcrUis; nous ne citerons communément que les
plincfaes de Bulliard et celles de Paulet, les plus communes en Prance. Nous adopte-
nns quelques abréviations usitées ou très-faciles; ainsi : R. = rare; RR« = très-
nre, etc.; de même, AC. = assez conunun; C. = commun; CC. = très-com-
nnm, etc. D. indique le diamètre du chapeau et d. celui du stipe ; r. la distance
du centre du disque au pourtour; T. est la taille du champignon dans son ensem-
ble et en place ; h. la hauteur du' stipe en comprenant la partie hypogée; quand
l'importance de oeUe-ci l'exige, on écrira deux nombres joints par le signe H-» le
premier pour la partie aérienne, le second pour la portion hypogée ; 1. la largeur de
h lame. Leschiflres qui suivent ces lettres indiquent les dimensions (en centi-
tiêtres =z c. et fraction décimale du c. pris comme unité) des individus moyens
et paraissant normalement développés ; on a rapproché ces mesures pour que l'œii
iûàsse plus facilement leurs rapports qui importent surtout. (Yoy. l'article Agari-
<niÉEs pour tout ce qui concerne l'anatomie descriptive et son langage.)
1** Série. Les AQ. I.BIJCOSPORES peuvent être divisés en deux sections fort
tttorelles, suivant l'homogénéité ou l'hétérogénéité du tissu du stipe, comparé à
<diii de rh}inénophore.
l" SECTION. LEUCOSPORES HOMOGÈNES. Stipe charnu ou fibreux, épa-
nottiâsant son tissu dans l'hyménophore, de soile qu'il y a continuité de l'un à
I aatre. (On ne comprend guère que l'illustre maître Fries, qui a fait sentir l'im-
portance de cette distinction, dise amtiguus au lieu de continuus?). Il résulte de
<xtte continuité qu'on ne peut les séparer que par une déchirure irrégulière, mie
lacération manifeste. Une coupe du champignon, selon l'axe du stipe (coupe très-
importante pour l'étude et que l'on ne doit jamais omettre dans les dessins), montre
manifestement cette continuité de tissu et son homogénéité, quoique souvent le tissu
descendu dans le stipe se tasse pour en former les couches corlicales; mais ces
transitions se font progressivement du chapeau au stipe et du premier âge à l'âge
adalle. Cette premi^e SECTION compiend quatre sous-genres : I. Les Armilla-
Hft, caractérisés par leur collier (quelques espèces (4), que leur collier a fait réu-
nir artifideUement aux Armillaria^ appartiennent vraiment à la seconde SECTION);
88 AGARIC.
II. lesTrieholoma, entièrement charnus, à lames sinoées (arrondies ou émar-
ginées) ; III. les CUioejh^m, à stipe fibreux et à lames décurrentes non sinuées;
IV. lesPiearotM, le plus souvent épiphytes, à chapeau irrégulier (excentrique
ou dimidié). (Voy, p. 103, les Leucospores hétébogères.)
1. ArmiUaria {armilUif coUier). Leucospores, le plus souvent à tissu homo*
gène; collier manifeste (quelquefois cortiné) formé, le plus souvent, par un
vehmi mixte; hyménophore continu avec le stipe dont la surface est plucheuse
ou squameuse au-dessous du collier. Lames sinuées par derrière ou décurrenles.
Voile général manquant ou constituant sur le chapeau, des pluches, des squames
éparses, et non une volve continue. (Fries estime ce sous-genre peu naturel. Il
renfernie, en effet, des formes qui appartiennent aux sous-genres suivants, et
notamment aux CoUybiées de la seconde SECTION ; mais la présence du collier per-
sistant ou caduc les réunit facilement.) Suivant leurs formes et leur tissu, les
Armillaria se divisent eu trois groupes.
m. Tricholomatés subannulés: lames sinuées adnexées, chapeau charnu
ainsi que le stipe homogène et plein ; épigés. Exemple :
i. Ac. ÀRMiLL. scRoposos,Paul, t. 51, f. 2-4. Chapeau épais, charnu, convexe,
obtus, enfin étalé; surface glabre, inégale par des rides contournées, bnniâtre;
chair blanche et ferme. Stipe égal, charnu, plein, ferme, atténué en bas et radi-
cant, concolore au chapeau, ou blanchâtre, muni d'un anneau supérieur blanc et
fugace. Lames blanchâtres, rapprochées, sinuées, attenantes. Odeur et saveur de
farine récente, agréables. Édule et estimé. D. 3 c; h. 5 c, d. 0,8 c, Épigé.
Dans les pâturages du midi de la France.
h. Clitocybiés annulés: lames également atténuées vers le stipe, adnées-
décurrentes; stipe homogène , à intérieur spongieux élastique et extérieurement
cartonné, la plupart en touffe. Exemples :
2. Ag. Armill. melleus, Fr.; Annularius de Bull., t. 377 et 540. Chapeau
charnu, convexe, puis aplani, fibrilleux, ou parsemé de petites squames pileuses
visibles surtout sur le disque, rarement effacées, à marge mince, sulistriée. Les
nuances diverses du miel fin au gros miel donnent une bonne idée des teintes
qu'il revêt; il se fonce en vieillissant. Stipe long, rempU, cartonné extérieurement,
spongieux en dedans, élastique, fibrilleux, plus ou moins c onoolore avec le chapeau,
ceint en haut par un collier mixte, floconneux, membraneux, ordinairement
lerme et droit. Lames adnées à dents décurrentes, subdistantes, pâles, puis fari-
neuses, blanchâtres, enfin maculées, lisérées de brun sur leurs bords. Spores^ en
masse l»ien blanche ; sous le microscope, ovées , lisses, avec un indice de style.
Odeui' lade, saveur styptique et désagréable; passe pour vénéneux aux environs de
Paris. D. o-15 c, T. 7-20 c, h. 8-16, c, d. 1-2 c. 1. 0,5 à 1 c. Solitaire sur
les feuilles, ou, plus souvent, sur les troncs en touffes nombreuses, pressées
et adnées. CŒ.
Nota. — Ce champignon est très-variable dans ses formes, grandeurs et couleurs.
Le plus souvent, odeur désagréable, saveur styptique, mais qui disparaît par la
cuisson.
Il a été longtemps donné pour vénéneux (Paulet, Persoon, Duby, Roques, etc.).
Il est certain que cet agaric entre dans la consommation journalière des paysans
dans les Cévenni-s et ailleurs. Il n'est point délicat, mais il est inoffensif éiantcuii.
Cependant, comme il est ti-ès-protéii'orme, que des espèces fort voisines se fondent
en série avec ses propres variétés, qu'il n'est pas absolument certain que notre
caractéristique ne «'applique qu'à une espèce bien une et étroitement déterminée
AGARIC. 89
(quelques différences dans la kmne des spores que j*ai trouvées ovoïdes chez les
uns, globuleuses cliez les autres, autorise ce doute), il sera sage, pour ce
champignon conune pour quelques autres que nous signalerons, d'essayer avec
prudence les variétés qui sont propres à chaque localité. Le stipe trop coriace
doit être rejeté.
Autour du Helleus se groupent, entre autres espèces fort voisines :
3. AaiiiLL. GMisEO-Fcscos, DC, qui s'en distingue surtout par la surface de son
diapeau lisse, un peu soyeuse, sans écaille ni ponctuation, d'une couleur fauve
très-pale sur la marge, des lames blanches décurrentes à bord convexe.
4. Abhill. MoBio (Batt. t. 10, f. F. — Paul. t. 144. f. 1-7), par son chapeau
m peu visqueux, ses lames un peu plus distantes. Midi de la France, principale-
ment sur les mûriers.
e. Collybiés annulés^ troisième groupe d'Armillaires. Us se rapprochent
des Collybes par leur forme, leurs lames plutôt adnexées que décurrentes, le stipe
subcartilagineux extérieurement. Exemple :
5. Ag. Armill. Coll. uuciuns, Schrad. et Fr. Blanc ou blanchâtre. Chapeau
QÛnce presque translucide, hémisphérique, puis étendu obtus, à rides rayon-
nantes, couvert d'un enduit glutineux épais et tenace, blanchâtre, souvent ombré ou
\tTm;marge finement striée. Stipe rempli, rigide, mince, épaissi vers le bas (d.
en haut 4 à 5 ""., en bas 9 à 10 "".), glabre, blanc; collier blanc, supérieur
et ascendant, à surface hyméniale sillonnée, à limbe redressé , gonflé. Lames ar-
rondies adnexées, à stries décurrentes, distantes, bien blanches (jaunies quelque-
fois par l'invasion d'une mucédinée). Inodore. Édule, selon Chevalier. D. 4 à 8
à 10 c, T. 4 à 8 c. Épiphyte, plutôt en toufl'e, quelquefois solitaire, sur le tronc
de hêtres languissants. GC. dans le Nord.
11. THcholonui {Bpixk, cheveux, lù»na, marge; marge fibrilleuse). Leucospores
homogènes à voile eflacé ou seulement floconneux ou fibrilleux adhérent au pourtour
du chapeau charnu, jamais vraiment ombiliqué, encore moins infundibulé ; stipe
cbmu, non muni d'une couche externe cartonnée (si ce n'est peut-être dans les
derniers de la série, termes de transition), continu avec l'hyménophore ; lames
sinuées en arrière (vers le stipe) . Ëpigés : (les épiphytes correspondants doivent
être cherchés parmi les Pleurotes).
Cesous-genre,très-vaste, réunit la plupart des LEUCOSPORES les plus grands et
les plus remarquables. Us diffèrent des clUocyiics par leur voile dont ils portent
encore quelques traces, parleur stipe décidément solide, charnu ou fibro-chamu,
peu ou pas spongieux, sans écorce cartonnée; par la forme en disque autour de la-
quelle gravite leur chapeau adulte, et enfin, pour toutes les espèces intermédiaires,
équivoques, et en petit nombre, par des lames toujours primitivement sinuées^
adnées ou sub-décurrentes, mais non également atténuées aux deux extrémités et
présentant toujours une rainure ou une gorge vers leur terminaison centrale. Us se
distinguent des CoUyhte surtout par le stipe hétérogène de ceux-<;i fortement
artonné extérieurement ou cartilagineux (excepté pullus, platyphtllus). D'ail-
leurs l'examen des groupes très-naturels de ce sous-genre facilitera sa détermina-
tion. On doit surtout étudier avec soin la constitution anatomique du tégument du
chapeau, selon qu'elle est visqueuse (desséchée par un temps sec), fibrilleuse,
^quJmeuse, soyeuse ou gouttée (marquée de gouttes), lisse et imbue, ou tout à fait
l)}gro[Jiane. Pries déclare ne connaître, dans les Tricholoma, aucune espèce vrai-
ment vénéneuse (Monographia hymenomyc, Sueciœ, p. 49), peu de suspectes
telles que safoiuceus ; mais les spongieux et les hygrophanes mous et insipides
90 AGARIC.
sont à peiiie édules. Pour faciliter la recherche, nous diviserons les sq>t groupes
eu deux séries a et ^, d'ailleurs très-naturelles.
a. Première M/rie det Tridiûlomê. Toile général représenté p«r des fibriUes adnées sar le
tégument, el souvent eflacccs; fibres non détachées, mais lacérées et constituant sur la sur-
face du chapeau, quelquefois visqueux, un fibrilleux inné ou vergetures fîbrilleuses, ou des
pluches, des squames; mais chapeau d'abord non lissé, non Imbu, chair ne s'imbibant pas
facilement.
A. Tricholomata litnacina. Tégument du chapeau humide-visqueux,
souvent vergeté, ou rarement granulé, avec fd)rilles ou squamules innées, souvent
à peine distinctes, mais non lacérées. Chapeau vraiment ferme et charnu, à
pourtour presque constamment nu, Stipe plein et pkis ou moins vctu.
On peut diviser ce groupe en deux sections.
* Lames ne changeant pas naturellement de couleur en vieillissant, ne devenant pas
rousses. Exemples :
6. Ac. Trich. EQOESTRis, Lim. Schâff. t. 4i. Chapeau compacte, charnu,
inégal, convexe, puis plan, Irè&obtus, flexueux, cambré, mais intact (non lacéré),
glabre, visqueux ; marge nue, cendrée ou d un jaune roussâtre; les squames innées
du disque visqueux devenant rousses plus obscures. Chair épaisse, Manche. Stipe
bien charnu, plein, le plus souvent obèse, ferme, squamuleux, sulfuré (var. blan-
châtre?) en dessus, blanc en dedans. Lames émarginées ou arrondies, à peine
adnexées, larges, plutôt ventrues, rapprochées, sulfiirées. Ocl^r nulle, saTcur
agréable ; sans doute édule (Fr.); stature générale épaisse, robuste. D. 8-i2 c. ;
h. el d. 2,5-3 c. (mais il existe des variétés h stipe allongé et chapeau moins
charnu, moins vaste). R. en France? dans les forêts de pins. Tardif.
7. Ag. Trich. sperhaticos. Paul. t. 45, f. 1-5. Blanc. Chapeau i^uiôt charnu,
convexe puis étendu, obtus et cambré, glabre visqueux (ou verni) , marge mem-
braneuse ondulée, d*abord nue et entière (?). Stipe allongé, de plein devient cave,
contourné, lisse. Lames également sinuées, plutôt distantes, molles, érodées.
Od^r vireuse, pénétrante, le distingue de Colombetta. Suspecté (Paulet). Cou-
leur blanc fixe. D. et T. 8 ; c. d. 1 ,5 à 2 c. Dans les bois.
** Lames changeant de couleur, le plus souvent se maculant de roux, de rouille, etc.
Exemples :
8. AcL Tricii. russula, ScbâfT., t. 58, Lelellier, t. 616. Chapeau charnu,
obtus, de convexe déprimé , visqueux, squameux ou granuleux, marge à bords
infléchis puis étalés, cambrés. Stipe plein, ferme, presque égal, blanc taché de rosé,
squamtileux en liaut. Lames im peu aritnidies, puis subdécurrentes, subdistantes;
lames et lamellules presque également atténuées à leurs deux extrémités ; bien
Manclies, puis submacidés, devenant rouge quand on les froisse; lamellules en petit
nombre (de là son nom) , mais les squames roses ne peuvent être confondues avec
la pellicule des Russules. Couleur rose, quelquefois mouchetée, s'éclaireit sur la
marge, ensuite plus ou moins maculée de jaune. Odeur et saveur agréables. Ëdule
D. 10-12 c ; h. 4-8 c, d. 2 c. Dans les bois. R.
9. Ag. Trich. froiie!itaceus, Bull. t. 57i , f. 1 . Chapeau charnu, obtus, convexe,
puis aplani et déprimé, visqueux ou sec, suivant le temps, lisse, glabre, pâle ou
très-légèrement teinté d orangé terne, argilacé, se riolant de roux. Stipe plein,
égal, comme fibrillcux, blanchàtie riolé ou moucheté de roux. Lames arrondies,
plutôt rapprochées et larges, blanches, puis se maculant de roux. Odenr et saveur
agréables de làrine récente. Édule. D. 5-8 c. ; T. 8 c. ; d. 12 c. Solitaireou en
petit groupe dans les bois. R.
■. Tricholomata flocculosa, CutisduC/iapeau sec, jamais visqueux, mais
AGARIC. 91
se séparant, se lacérant en squames plucheuses ou fibrilleuses el absorbant mal
rhumidiké. Chapeau charnu, plutôt mou, non hygrophane ; marge d*aboi*d en-
roulée subtomenleuse. (Ne pas prendre les restes d'un yoile pour les fibrilles ré-
sultant du cutis lacéré caractérisant ce groupe). Odeur nulle ou non désagréable.
Stipe fibroso-chamu, vctu.
* Lames ne changeant pas, ne deyenant ni rousses, ni maculées, ni liserées. Eiemple :
10 Ac. Trich. Colombetta, Fr. Letell., t. 625. Krombh. t. 25, f. 6,7. Blanc;
chapeau charnu ové-bosselé, ensuite aplani, flexueux, rigide, d*abord glabre, ensuite
filffeux, soyeux, lisse ou finement squamuleux ou gercé ; marge d*abord enroulée,
tomenteuse dans une sous-espèce, nue dans une autre. Stipe plein, robuste, non
élastique, irrégulier, inégalement fibro-slrié, presque glabre. Lames subémargi-
nées presque libres, à dents décurrentes, bords érodés, constamment très-blanches.
Qoelquefois stipe difforme, bosselé, atténué-radicant. En devenant vieux, le cha-
peau et le stipe se riolent, se chinent, se maculent de teintes violacées, rousseg
sa pied. Odeur et saveur presque nulles. Édule. D. 4 jusqu'à 10 c. ; T. jusqu'à
5 à 10 c. ; d. 2 à 2,5 c. ; 1. 0,7 à 1 . c. Dans les bois.
* Urnes devenant rousses ou cendrées, à bords devenant ordinairement roux ou maculés
de noir. Exemple :
11. Ag. Trich. terrbus, Schsff. f. 64. Paul. 116. Chapeau charnu plutôt
mince, fragile, sec, de campanule étendu, umboné ; cutis drapé, couvert de squames
pelucheuses, fibrilleuses obscures, innées. Plus grand et recourbé, cambré, squa-
meux-pelucheux, surtout sur la marge; ou plus petit, ponctué de papilles pelu-
dieuses à marge infléchie, presque nue. Chapeau gris plus foncé au centre,
([uelquefois teinté de bleuâtre, de roux (Bull. 515, f. 2), ou livide. Stipe d'abord
rempli, rarement cave, plutôt égal, blanchâtre, chargé de fibrilles appliquées, lisse,
finement pruiné en haut. Chair blanche, scissile. Lames subcrénelées, discor
danles, snbdLstantes, d'un blanc tournant au gris, émarginées, adnexées et à dents
Récurrentes. Une variété nuance bientôt sa marge et ses lames de jaune-orangé;
une autre a les lames et souvent aussi le chapeau tout blancs (Bull. 423, f. 1). D.
>4 jusqu'à 9 c. ; T. 5 à 12 c; d. 1 à 1,5 c, 1. 0,8 c. En troupe ou en touffe, plus
rarement solitaire, dans les champs et les bois surtout de pins, en automne.
C. Tricholomata rigida. Sur le chapeau cutis rigide, ponctué-granulé;
on, étant sec, par l'écartement et la rupture des fibres du cutis, squames fibreuseS)
glabres ou fines lanières fibreuses adhérentes, non visqueuses, exceptionnellement
moUe»4omenteuses. Chapeau rigide, dur dans les compactes, le plus souvent carti-
lagineux, très-fragile quand il est mince, à marge presque constamment nue. On
rencontre souvent, sur les plus petits et les plus jeunes, des fibrilles, restes du
voile et non de la cuticule qui, ch^ les jeunes, n'est pas encore séparée et rompue.
Odeur souvent désagréable.
* Lames blanches ou blanchâtres, pâles, ni rousses cendrées, ni maculées de roux ou de
noir. Eiemples :
12. Ag. Trich. saponaceos, Fr. Bull. t. 602. Odorant. Chapeau plutôt com-
pas, de convexe aplani, disque obtus puis méplat, sec, glabre, ensuite par écar-
iciDeot et rupture de fibres du cutis, ponctué de squamules innées, marge d'abord
nue. Stipe plein, inégal, subradicant. Lames émarginées à crochet, distantes,
minces à bord uni, pâles ou blafardes (quelquefois se nuançant de verdâtre en vieil-
iiaant). Couleur du chapeau très-variable, blanchâtre, cendré, livide, jaune ver-
^tre, iMÛrâtre, non rouge, mais souvent maculé de rouge ; la chair blanchâtre
Lt; lAUL
• •
•<i> imi.-ut. t .£,se^ jaÊût .îi2ùr^ femiâi cbai]^ de aqaamiiles oo de
- — - . .. ;î— 5. «4 .f^^iirr, aMnRRBft i—Iil. (Mfiir très-cancté-
.-. •;«• .•>. ■£ AT«itt iMBBe A -fioieiir. il f A itt wîélés â slipe et lames
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C3. ^rr ÉÉ^i^FT^. 3 .il. ."«^i f, i. R«>eait 9 cvactéristique prin-
i ^ '. dCT' .r:iiiiie jht nn Bâaniint tuai à bit le fond du chapeau
-- -= . .^i — £tir ^ <da i^ét :k»iL ^nir-iHé, et de si.'s lames rapprochées,
«1 HMSKs, plus ordinairemeiit m»-
1 .* jir.
"nu' s /"-*.- .^ i«vâi^ «os -.TUB distinct, d'ahord {Jus ou
.-■::^ . j;^.r? -1 r----^rtiap. ^aiBus Ttgpieuse, sans squames di>-
.a.. -- ^ijr-jsi :ji niiiir. uum^j» munp. i slmbibe, mais sa chair reste
-•- .-. - .n: .mft^. ^ .-:K ^b .-.jriiiiaiie. icipe cfaarau, filireui, ce qui
—■-1 -•sri." ^ L"J5- f.^ .es *jkL ' e*.
!tr -7 I-" jHb u^:?« LU. » -s^Ees^ -? ■j'i'*?. idfnr péoétniite se rapprocbtot
1 ^—^i: ^- Il iBi u^ 1.15 «ri^-at fers;«.j-'raQie. Ce gmape est suspecté et ne
.•- "".xa. -n^^^ET^. '-«é-L . .'•*. Ciiia^in c-hama, d'abord globuleux,
:•■•«. •>.:ii. :n ta j:iL««riRr. -nua ÏKininiê. d'jl)ord soyeux, bientôt
«^ «•.*---«nr!u m: «. ii?i. -«m^i^st -oarbé. slabre, maïs finement strié.
" rw .msî-*^. rTnK»-^. ii^—jici^. mumts^i^», émarsinécs, aiec une petite
-v*>^. uc-ir -mi'.r-fB&fe*. ^•iTvgi Vîntes «le itore ou de roux; chair oon-
iur> f^«!ieMi ^«1. .r^Mss.'K ' 'tu'V pénétrante, fikide. D. et H. jusqu'à
•>. '!u.a. :rpiMw>, *'id. '^r*^ i i. E:*pèce fort voisine, se distingue par
• - ffiis^ te^ •^. j-smàÈen:s. • mt nive pviucheiix ; des lames plus rappro-
•^. i!r>< ^.i-its^ 'Vftr'^^ke- .-«rvitis; t-spàoR inodores et moindres ; rares, luais
• .
* **. "" :• î. .î«iï«:«rrrOw 3uil. L ôoH.
*•* " .•». .^9(aK>x t il. 3^* *. 3.
^ *••. "'^. a. j^:»fct^ 3**il. ^)o3. L t.
-. ^ .-^ «1 ^"^«-«^HM M '^c c*-arnLr«pRseatépariineeoacbeséparable,bicniôt
» . i^Tvr Siu^^M. u-tt viT m temps phniein, glabre, ne présente plus de
^« . ^ - t^. ,î -Hiu*..- > i**^ lui \»xnâam d» libres, rarement même des stries
c ..^^ \ .^ ^«i.«»:'i^ 1k »*iix riÈemx non tonjows bien disUncte) dans la première
-*^..- .j**' 1**^ >|sc«.-t.-.^ u •nfcr^moce et aqiMse , tissu buTard, hygroplianc.
^ ■• -m^. i .ir i:i. Chapeau charnu, fragile, souvent goutté (mou-
r»^ . .. c. X ^t . ->it^-:.^»ie : stipe plein, ferme ; espèce printauière comme
I X. w. *•. -I -v wf M cte. en troupe, bande ou touflc; odeur pcoé-
r-».* tuta. . >;uu4il .iaat sec: tais excellents champignons comestiUes
... ^-v .^^*^f.l«:^ . Bfcii^ as» rares àiaqoe esfèce ayant une régioti de-
• \. -^..n. vi.>iiE5 rr. P5ul.»5f. !-8. CftapMU d'ovoïde ondulé,
.=H... ^"^>. . , ..^m «us. S«rû« i«kue $11 esl encore jeune et en bon étot.
AGARIC. 93
chant; marge mince, d abord fortement repliée, nue; sttpe plein, compacte,
ooart, cylindrique en haut et tuméfié, ové en bas, fibro-strié, blanc ; lames blancbes
à bord lisse, rapprochées ; d*abord étroites, puis assez larges ; atténuées en arrière et
adnexées par une petite dent, elles s*élargissent en avant. Spores oblongues, blancbes.
Mousseron de Pers. de Paulet (aromaticus de Roques). Édule. D. 8 ; T. 5 à 6 c,
d. en haut i, 2 à 1 ,5 c. ; en bas 2,5 à 3 c. Solitaire ou groupé. Dans les bois. Avril.
30. .4g. tricb. Geobcii, L. Se distingue par son cutis, sec, mou, tomenteux
(non goutté) ; sa marge tisse, nue; stipe plein, obèse, subventni, fibrilleux;
lames atténuées, adnexées, rapprochées, d'abord linéaires, puis plus larges en
anière, à bord ondulé ; d'un blanc pâle. Mousseron de Vittadini. Édule. D. 2 c.
Dans les bois. Avril.
31. Ag. trich. gambosus, Fr. Se distingue des deux précédents : par son
chapeau imbu, se maculant d'un nombreux goutté plus sombre, enfin fendillé,
(ooleur de peau de chamois pâle, à marge d'abord très-enroulée et tomenteuse ;
— par son stipe égal et villeux en haut ; — par ses lames ventrues, émarginées,
adnexées avec une dent décurrente, rapprochées et blanchâtres-jaunissantes. D. 1 0c. ;
fa.5à6c.;d. 2 à 3 c.
'* Lames devenant roiiases ou foligineuses, spores arrondies, d'un blanc sale. Exemples :
33. Ag. trich. gravbolens, Pers. Mousseron de RuU. 1. 142, de Paulet, t 94. t.
5 et 6. C/mpeau charnu, compacte, hémisphéricpie, puis convexe, aplani, sou-
Tcnt bosselé, flexueux, glabre, lisse, non goutté, mais étant sec, rigolé; marge
lisse. Stipe plein, ferme, égal, fibrilleux; orangé clair rabattu, se ternissant de
plus en plus, fuligineux ou devenant gris cendré en séchant. Lames arquées,
adoexées, pressées, ténues, de blanchâtres fuligineuses. Odeur pénétrante, saveur
lionne. Édule. D. et T. 6-7 c. ; h. 4, d. 1,2 à I, 5c. Précoce; dans les bois. R.
35. Ag. trich. amethtstihos, Scop. ; Paulet 95 f. 9-11. Se dislingue du pré-
cédent surtout par ses macules violacées, gorge de pigeon ; sa marge plus pâle
:»ubrugueusg. Édule.
34. Ag. trich. ncRiHus, Schâff., t. 89. Se distingue par les larges et irrégu-
lières macules squamulées et noires de sa surface fendillée ; sa marge lisse et son
^ trapu, tuméfié à la base, subpruiné. (Ne pas confondre avec le ttgrinus de
Bulliard qui est un HARASMIUS). Édule. D. et h. 4 à 6 c. ; d. 2 à 3 c. ; 1. 0,5 c.
Groupé dans les bois de pins.
35. Ag. trich. pes olprjb, Fr. Le moins trapu d6 ce groupe, se distingue par
Mm chapeau d*abord conique puis aplani, fendillé, sombre, tigré ; son stipe
allongé jusqu'à h. 8 c; grêle, d. 1 à 1,2 c, nu et blanc ; par ses lames larges
jusqu'à là 1,2 c. ; même odeur de farine. Édule.
F. Tricholomata spongiosa. Le c/iapean de compacte bientôt spongieux,
obtus, charnu jusque dans la marge, lisse, glabre, s'imbibant facilement, alors
humide, mais ni visqueux ni hygrophane. Stipe encore ferme, fibro-spongieux, se
dilatant plutôt vers la base. Champignons vigoureux, très-tardifs. Lames vieillies
imitent les clitocybes par une &usse décurrence, mais elles sont sinuées. Aucune
<le ces espèces ne paraît vénéneuse ; toutes, sans doute, pourraient servir d*aliment ;
niais leur chair spongieuse, aqueuse, leur insipidité, leur odeur insignifiante (Cnista
eiœpté), ne les recommandent guère.
' Qupeau cendré, brun ou grisfttre diversement teinté. Exemples :
26. Ag. trich. Schuhacheri. Cliapeau compacte, chair spongieuse blanche,
nwrginelle infléchie. Stipe robuste, obclavé, striatulé, fibreux extérieurement,
lamef un peu émarginées, droites, étroites, rapprochées, enfin adnées-décurrentes.
94 AGARIC.
D. 7 c. ; h. 8 c., d. 1, 5i2 c. Dans les bois; tardif.
27. ÀG. TRicH. ARCDATOSy BuU. 443. Cliapeau convexe, aplani, lisse, glabre
humide, d*alK)rd compacte, puis mou, spongieux-charnu; marge d'abord infléchie,
marginellée, terne, nuancée de roux, brunie vers le disque, se décolorant par l'âge
eu chamois tenic. Chair bientôt molle, hygrophane, d'abord blanchâtre ternie, en-
suite jaunâtre. Stipe plein, ferme, spongieux en dedans, d'abord à squames fibril-
leuses, ensuite nu; dilaté comme bulbeux et pâle, terne, noircissant vers le pied.
Lames étroites, adnées, arrondies avec ou sans dent décurrente ; bord arqué, pub
droit; bien blanches, fragiles, s'ondulent un peu, ensuite se couchent. Stature et
coloration très-vai'iables (Bull, a mêlé plusieurs espèces voisines). D. 7 c, h. 4 c.,
D. 2, 5 c. Automne ; groupé dans les prairies de gramcn.
** Chapeau, ou vraiment coloré (violacé ou orangé ombrés), ou blanc. Exemples :
28. Ag. trich. acebbus, Bull. t. 571, f. 2. Chapeau charnu, compacte, con-
vexe, obtus, glabre, orangé terni, et quelquefois jaspé de rayures, de chinurcs
rayonnantes plus foncét^s ; marge mince, enroulée, pelucheux-tomenteuse, régulière-
ment déprimée-sillonnée nodulée. Stipe plein, gros, concolore, ponctué de squa-
mules eu haut, tuméfié en bas; puis atléimé (?). Lames émarginées, la plu|uirt
f fourchues»? (Vittad.) rapprochées, d'abord pâles (orangé très-clair à peine
ombre), blanchissent ensuite; enfm les spores étant tombées, elles deviennent
rousses pointillées de rougcâtres. Spores blanches. Odeur ingrate, saveur acerbe.
£dule. Vente autorisée sur les marchés de Trévise. Mais n'y a-t-il certainement ici
qu'une seule espèce? Fiies donne au sien le pied tuméfié, et Vittadini, atténué à
la base ; c'est sans doute celui-ci d'abord qui est édule. D. 14 c. , 11. i 0 c, d. 2,5 à 3.
Tardif, en troupe ou en touiïe dans les bois.
29. .Ag. TRiCH. cnisTA, Fr. ; Paulet, t. 57, f. 4-6. Chapeau charnu, mou, con-
vexe-plan, glabre, humide, non visqueux, blanc ou légèrement teinté d'orangé (sub-
alutacé) s'cclaircissant tout à fait vers la marge infléchie, lisse, nue ; la chair du
disque se continue avec le slipe, mais non celle de la marge sci^ile, mince,
fiiable, blanche fixe. Stipe plein, tenace, égal, lisse, glabre, blanc. Lames arron-
dies, adnexées, connexées-annulées et plutôt séparables de Thyménophore, larges,
veinées transversalement, s'évanouissant vers la marge, se crispent en sécliaiit,
blanches, et cendrées pâles étant écrasées. Odeur de farine récente mêlée de
viande rôtie. Édule? D. 6à 7 c, h. 4à 5 c, d. 0,7 c, 1. 0,6 c. Sur les pousses de
lx>is de hêtre. Bois de Vinccnnes. R.
50. Ag. trich. nudus, Bull. t. 459. Chapeau charnu, plutôt mince, de convexe
aplani, obtus, déprimé, lisse glabre ; cutis manifestement humide par un temps
pluvieux ; peu séparable ? Violet pourpré, se décolorant, roussissant surtout sur la
marge mince, infléchie, nue, ce qui le distingue des CORTINAIRES ; cluir fai-
blement violacée, molle. Stipe plein, éla«^tique, épais, égal, presque nu, fariné en
liant, d'abord violacé, puis ocracé terne ; mycélium ni jaune ni rouge. Lames d'a-
bord arrondies, puis décurrentes à cause du chapeau déprimé, rapprochées, étroites,
concolorcs au chapeau, d'abord mieux violacées, mais bientôt tournant tout à fait
ycTS le roux. Odeur faible, acidulé. Êdule. D. et T. 7 à 8 c. , d. 1 à 2 c. Plutôt soli-
taire dans les bois; tardif.
51. Ag. tricii. persoratds. Fr. Comme le précédent d'abord violacé, puis |ilus
rieux, décoloré ; se disthiguc par ses formes plus é|)Risscs ; plus fort, jamais déprimé ;
la margi' dépasse les lames ; elle est enroulée et villeuse, pniinée, mais non am-
née. Stipe tuméfié en bas, d abord tout pulvémlent. D. 10 à 12 c; h. 5 c.
52. Ag. trich. leucocepualos, Fr.; Bull., t. 556, ex parte^ tlkuÈc, Chapeau
AGARIC. 95
durnn, mince, oonTexe-[AaD, obtus, lisse, mais étant jeune, recouvert d'une
cmicbe Tilieuse, soyeuse, bien Uancbe et tombante, alors glabre ; blanc, sans aucune
teinte alutacée ; marge étendue, nue. Chair tenace, compacte, aqueuse par un temps
humide. iStq^e poli, glabre, cave, subcartilagineux-tenace, d*une seule substance,
atténué radicant. Lames arrondies-libres, ténues, rapprochées, bords très-unis,
bien blanches. Saveur et odeur fortes de farine récente. Édule. D. 4 c, h. 5 c,
d. 0,6 c. Dans les bois.
u. Trieholomata hygrophana. Cfta]t?^ati inégalement charnu, devenant
très-mince sur la marge, de là plus ou moins umbonée ; la couleur très-changeante,
et d'autant plus pâlissante, que le champignon est plushygrophane. Chair humide,
d'abord compacte, ensuite molle, très-aqueuse, hygrophane. Stipe sans racine, mé-
dulleux, constitué par des fibres facilement séparées. Lames ténues et non larges.
Le jeune chapeau est souvent recouvert d'une pulvérulence qui persiste par
on temps sec et qui n'est qu'une dernière trace du voile évanoui. Ce groupe est
bien voisin des Spongiosés, mais les formes qu'il affecte le rapprochent plutôt
desCollTUéa, tandis que les Spongiosés se continuent avec les Oitoeybes.
' Lames blanchâtres, sans taches. Exemples :
33. Ag. trich. GRAimopODius, Bull. t. 548 et 585. Chapeau de campanule
OMiTexe, enfin étendu plutôt umboné, blanchâtre étant sec, et pâle livide humide.
Stipe plein, élastique, élevé, à base tuméfiée, glabre, longitudinalement sillonné,
bbndiâtre. Chair blanche. Lames arquées adnées ou émarginées, également atté-
nuées, rapprochées, intactes; lamellules nombreuses, en arrière subrameuses,
blanches. D. 8 à 15 c. ; h. 7 à 10 c, d. 2 à 5 c. Dans les bois et les champs.
34. Ag. trich. melaledcus, Pers. Bull., t. 443. Chapeau convexe, puis plan,
Stipe rempli, puis cave, nu, fibro-strié, blanchâtre. Lames horizontales à bord
droit (non arquées). D. et h. 5 à 7 c, d. 0,5 c.
35. Ag. trich. brevipes, Bull., 521, f. 20. Stipe très-court J-2 c, en haut
pniiné, en dedans et en dehors de gris â noirâtre. Chair du chapeau grisâtre.
36. Ag. trich. bumilis. Stipe court (h. 5 à 5 c), entièrement villeux-pul-
vendent, blanc cendré. Lames arrondies avec une dent décurrente. Dans l'herbe.
** Lames violacées, grises ou fuligineuses. Exemple :
37. Ag. trich. sobdidus, qui se distingue à peine de nudus par sa chair plus
mince et plus tenace, par son stipe fibrilleux strié, etc.
D'aiUeurs, les hygrophanes ne sont sans doute ni vénéneux ni comestibles; leur
chair rare, aqueuse et insipide, ne peut guère être que dédaignée.
ni. AgmwêtmB «Uioe^riie (xktrbç xxt^n, tète inclinée). Leucospores homo-
gkies. Voile général sous Taspect d'un pruiné, d'un givre micacé sur le cliapeau,
cominnnément e&acé. Stipe rempli d'un tissu spongieux facilement cave, sub-
âastique, extérieurement plus compacte, comme subcartonné, mais fibreux.
U marge du chapeau roulée en dessous. Hyménophore tout à fait continu avec le
Mounet du stipe dilaté. Lames atténuées en arrière^ aiguës, adnées ou décur-
^^l^s, jamais sinuées. Champignons terrestres, charnus, mais à chair molle, flexi-
Ue; le plus souvent plan déprimé ou infundibulé.
Ce type est trèsnlistinct ; il diffère : l^'des types de la SECONDE SECTION par
son stipe homogène et continu avec le chapeau, et non cartilagineux, par son
nidiment de voile ; — 2*^ des Tricholoma par la nature de ses tissus, par leur
forme et par les lames non sinuées; — 3° des Pleurotes {voy. p. 100), peut-être
uttennédiaires, par ses formes généralement régulières et par son habitat (c'est
9G AGARIC.
presque pour ce seul caractère que Ag. ornatds, épiphyte, est renvoyé aux Pleu-
rotes) ; car c'est rarement que les Clitocybes naissent sur le bois (seulement trus-
pourri) et les feuilles mortes, les autres croissent sur le terreau. « Très-peu sont
édules, dit Pries, comme TAg. Glit. kebularis et l'Ao. Clit. opipards de iwtre pays
(c'est-à-dire de Suède), mais beaucoup se signalent par une odi'ur expansîve
pénétrante, que nous n'observons pas dans les Trieholonui ni dans les Mca-
rotes. Les espèces les plus minces et hygrophancs sont ordinairement tardives,
bravent le froid et se rencontrent souvent dans les périodes les plus douces de
Thiver. »
On peut diviser les six groupes des Clitocybes en deux séries, a et |9.
a. Ceux dont la couleur sèche ou moite ne varie pas notablement avec l'état atmosphérique
sec ou humide. Leur chapeau est constamment plus charnu que dans les hygrophanes, qui
constituent le groupe ^.
A. Clitocybes disciformes. Chapeau partout charnu, de convexe-plan
ou déprimé, régulier, obtus; lames d*abord adnées, ou régulièrement adnée^-
décurrentes. Plutôt solitaires.
* Chapeau cendré ou brun, grisâtre diversement teinté. Exemples :
58. Ag. Clit. nebularis, Balsch., f. 193. Bull. t. 400. Letell. pi. 669. Cha-
peau charnu, compacte, convexe (la marge enroulée est villeuse sous la loupe), puis
plan et tout à fait obtus, ou même disque déprimé obtus ; cutis lisse, souvent (êdé-
mateux, d*abord couvert (par un temps sec) d'un piiiiné gris, ce qui le rapproche
d'HUMiLis, mais, adulte et par un temps humide, vraiment nu et glabre, subvis-
queux, fuligineux, enfin gris; chair compacte, blanche. Stipe remipli, ferme,
spongio-élastique, pruiné et par-dessous fibrilleux-strié, obclavé, blanc; mais on
trouve des variétés (?) à stipe couit, égal et même villeux ou squamuleux. Lames
brièvement et également décurrentes, arquées, très-rapprochées, ténues, pâles, mais
quelquefois se teintant d*orangé clair jusqu'à devenir presque alutacé^. D. 10 à
12 c, T. 8àl0c.; h. 5 à 9c., d. 2 c. ; 1. 0,4 à 0,5 c. Sur les feuilles mortes et
moisies; la moisissure est justement le mycélium blanc du mebularis.
Nota. Odeur débile, selon les mis, pénétrante et agréable, selon les autres! J'ai
éprouvé Tune et Tautre sensation, suivant que domine une odeur pénétrante et
suave ou une odeur de moisi. Ce champignon est dit comestible par Fiies,
par le prof. Sanguinetti, de Rome, et d'un goût très-agréable selon Bull. M. Conlier
Ta trouvé vénéneux, et moi d'une saveur pénible! N'est-ce pas parce que le
rbbularis de Fries confine par ses formes à beaucoup d'espèces voisines : le Clit.
geotropus, Bull., Trich. huvilis, Fr. ; Clit. fumosus, Pers. et Fr. ; Clit. polihs,
Fr. ; Trich. Schdmàchbri, Fr.; et sans doute à quelques autres non décrites? Je
crois qu*il faut séparer ceux dont le cutis est oedémateux?
39. Â6. Clit. fumosus, Pers. Se distingue par sa consistmce subcartilagineusc,
tenace. Stipe plus ou moins aspergé d'une farine blanche, vers le haut. Lames
tantôt régulièrement adnées dans les réguliers, tantôt arrondies d'un côté, décur-
rentes de l'autre dans les irréguliers, et dès le principe d'un blanc gris, (kteur nulle.
40. Ag. Cltt. CàRDAkBLU, Batt., f. 16, G. Espèce italienne; se distingue de
toutes les autres du gioupe par un cutis épais et bien séparahle, un chapeau d'im
noir roux brillant, un stipe plein, obèse, égal; des lames décurrentes, arquées,
larges, rapprochées et bien blanches. Édule.
4i. Ag. Clit. auricola, Fr. Chapeau charnu, cx)mpacte, d'hémisphérique
convexe, obtus, lisse, glabre, sans cutis séparable, brun cendré; marginelle nue,
enroulée, concolore. Cliair ferme et blanche. Stipe plein, tout charnu, court, égal.
ÂGÂRIG. 97
glabre, Uanc. Lames décurrentes horizontalement arquées, ténues, rapprochées,
étroites, blanches. Odeur agréable de farine récente. Édule. D. 5 c. ; h., 3à5 c,
d. H2c.
On Toit que cette espèce (et peut-être la précédente) avoisinc les Tricholomata
guttata, et c'est par le caractère conventionnel des lames décurrentes qu'elle
(st rangée parmi les Cutocybes.
** Qiapeaax vraiment colorés, couleur plus ou moins étendue, mais non blanche. Exemples :
42. Ag. Glit. opipàrus, Fr. Chapeau, vraiment charnu, de convexe plan,
obtus, lisse, d'abord tout parsemé de peluches superficielles, bientôt très-glabre,
brillant, sans cutis séparable, non hygrophane, rose ou orangé, incarnat ou gris.
Qmr compacte, blanc fixe. Stipe, plein, charnu, ferme, non élastique, égal ou
atténué en bas, glabre, blanc. Lames également atténuées en arrière, adnées ou
Données par des veines transversales, blanches. Odeur k peine notable, mais saveur
agréaUe. Édule., D. 5 à 10 c; h. 5 à 7 c, d. i à 2 c. ; 1. 0,6 à 0,8 c. Bois
mousseux.
45. Ag. Clit. yiridis, Scop.; Bull., t. 176. Chapeau charnu, convexe,
étendu, disque épais, turbiné, se resserre peu à peu en stipe, obtus épais, sec,
glabre, vert bleu faible. Stipe rempli, égal, glabre. Lames adnées déciurrenles
(bord droit ou concave?), rapprochées, faibles, bien blanches (en Suède, Pries
trouve quelquefois le chapeau blanc et les lames verdoyantes). Odeur suave, mais
pénétrante. Souvent adné avec de plus jeunes. D. 7à9c. ; T. 5 c. ; h. 3 à 4, d. 0,7:
1. 0,4. Dans les bois.
44. Ag. Clit. odorus, Bull. t. 556, f. 5. Chapeau charnu, de convexe pla«
niuscule ; disque mince, plat, d'abord obtus, quelquefois à la fin umboné, lisse,
humide par la pluie, à marge d'abord infléchie et pubescente, verdoyant dans une
variété, vert-de-gris terni dans une autre, ou, enfin, décoloré. Chair peu épaisse
d'un blanc sale. Stipe rempli, élastique, s'évase vite en hyménophore ; court et
ferme, alors à base tuméfiée, ou long et flexueux ; d'abord floconneux-filHrilleux,
bientôt nu, chaussé de blanc. Lames adnées, décurrentes, un peu distantes, à bord
aquéet émarginé? plus larges que la chair, lisses, ordinairement concolores, mais
plus pâles que le chapeau, ou blanches. Tissu tenace, odeur agréable et pénétrante
d'anis), surtout étant sec. Sans doute édule. D. etT. 7 à 8 c; h. 5 à 7 c, d. 0,6 à
0,8; 1. 0,6. Dans les bois. C.
*"* Tout blanc (groupe qu'il faut soigneusement distinguer des Hygrophores et des Paiilles
blancs. Voy. ces mots.) Exemple :
45. Ag.Clit. DEALBÀTUs,Sow.t. 123. Blanc. C/iapeau peu charnu, tenace, de
ooovexeplaniuscule, cambré, très-ondulé ; toujours sec, non imbibé par un temps
pittvieux, glabre, lustré, mais pruiné inné sous la loupe ; chair mince et sèche.
Stipe d'abord rempli, tout fibreux, mais enfin souvent cavé-fistuleux, plutôt égal,
mais souvent courbé et ondulé, fariné en haut. Lames adnées, subdécurrentes,
discordantes, définies; ténues, rapprochées par leslamellules nombreuses, blanches.
Odeur &ihle, plutôt agréable. Sans doute édule. D. et h. 5 à 4 c; d. 0,4 à 0,5 c.
I^ans les champs et dans les prés moussus et insolés. C.
M. Clitocybes difformes. Chap^u à disque charnu, compacte, irrégulier,
enfin déprimé ; marge mince, plus ou moins umbonée, ensuite étendue. Lames iné-
galement décurrentes, brèves d'un côté, longues de l'autre, ailleurs arrondies, attei-
gnantes, comme dans les TrMiolonui. Stipe solide extérieurement, subcartonné,
mais fibreux. Quoique non encore hygrophane, la couleur pâlit un peu par la sèche-
ncT. IRC. n. 7
AGARIC.
I, devient moite par la pluie. Ordinairement en touffes, souvent oonné, dif-
forme, quelquefois solitaire. On divisera cette section comme les autres.
* Chapeaux sombres, cendrés, etc., où dominent les teintes rabaUues. Exemple :
46- Ag. Clit. amplds, Pcrs. Chapeau charnu, presque carlonné-tenax, étant
jeune, plan-convexe, subgibbeux, inégal, cambré, mais non déprimé, enfin lâdie
et fragile ; lisse, glabre, rarement vergeté ; moite, d'abord fuligineux, ensuite livide;
fleCy blanc et presque soyeux. Chair du disque compacte, marge mince. S^tp^ solide,
résistant, dur, presque égal, mais souvent tortueux, nu, blanc viUeuxen haut.
Chair intérieure charnue, fibreuse, — extérieure fibreuse-subcartilagineuse. Lames
arrondies eu dedans, d'un coté ; de l'autre, décurrentes sur le stipe, très-larges,
assez distantes, les plus jeunes souvent crispées, d'abord couleur de corne, fuligi-
neuses, puis blanchissantes. Odeur faible. D. et h. 8à lo c; d. 3. c; 1. âà2,5 c.
Dans les bois. RR.
*' Chapeaux blancs ou peints d'une nuance décidée, plus ou moins étendue, et peu om-
brée. Exemple:
47. Ag. Clit. 0PACiJS,Wilh. Blanc. C/uijieau couvert d'unpelucheux micacé, etc.
c. Clitocybes infundibuliformes. Chapeau à disque charnu ouombi-
liqué, ou tout à fait infundibulé. Sttpe spongieux, fibro-cartoné. Lames longue-
ment et également décurrentes. Ce groupe est important, il renferme de très-
grandes espèces, dont aucune n'est signalée comme vénéneuse, et peu sont réputées
comestibles. On peut le diviser d'abcrd en deux groupes , ceux à chapeau coloré ci
les blancs. La première division, nombreuse, a été encore divisée.
* Chapeaux colorés même faiblement, qui [au moins sous la loupe) présentent des villosités
unies, pelucheuses ou soyeuses, et qui, imbibés, ne prennent pas une teinte moite. Examples :
48. Ag. Clit. GiGàKTBVs,Soiverb., Fr., Letell. 682, caractérisé surtout par son
large diapeau^ plan, bientôt infundibulé, également mince, fissile; maiige enrou-
lée puis étendue, sillonnéeKleprimée ou sillonnée-nodulée, mais non flasque ; sur-
face chargée de peluches agglutinées, Uanchâtre-alutacée. Stipe plein, compacte,
épais. Lames rapprochées, peu décurrentes, blanchâtres, jaunissantes. Spores
blanches. Odorant. D. 25 et 50 c; h. 6 à 7 c; d. 5 c; I. 0,6 à 0,7 c. Dans les bois
insolés. R.
49. Ag. Clit. MÀXiiins, Fr. Dt^^ti^plus compacte, umboné; la marge plus
mince et un peu flasque, lisse; surface soyeuse, lissée ou squamulée. Stipe rempli,
compacte, mais spongieux en dedans, élastique, atténué. Lame^ longuement déov-
rentes, blanchâtres, fixes. Odorant. D. 25 et 30 c; h. 4 c, d. 1 c. Dans les bois;
épiphylle.
50. Ag. Clit. ncFuaDiBULiFoaiiis, Schâiï., t. 212. Chapeau à disque charnu,
marge très-mince, compacte, mou, d'abord convexe, umboné, bien lissé et so]feux
sous la loupe, jamais moite, marge enroulée, enfin infundibulé, flasque, ahitJoé
très-pâle et plutôt mat. Stipe rempli, spongieux, puis cave ou eoœavé, éooroe sub-
cartonnée, éla.stique, rarement égale, se dilalecn haut, asâca ordinairement tuméfié
et chaussé de blanc cotomieux à la base. Lames bien décurrentes, plutôt rappro-
chées, Clément acuniinées aux deux extrémilés, molles, bien blanche. Qiair
blanche. Odeur débile mais agréable. Édulc. (Bull. t. 575, f. F. et H?) Camps*
rez avec Clit. Inversus. D. 6 à 8 c, T. 7 à 9 c; h. 4 à 6 c, d. 0,6c. à 1 c. Dans
les bois. CCC.
" Chapeaux colorés même faiblement, gMres, teinte moite (avivée) par rimbibition Ex. ■
51. Ac. CuT. GioTBOPiTS, BttU., t 573, f. 2. CAApeoK vraiment chamu, de
<ooTexe ooncaTe, mais gibbeox-umboné, lisse, très-glabre, couleur alutaoée faible
et plus ou moins ombrée, quelquefois goutté étant jeune et moite étant imbibé ;
bord de la mai^ge mince, inciu*vé. Chair blanche. Stipe plein, charnu, non élasti-
que, un peu atténué en haut, subfibrilleux ; ooncolore au chapeau, orangé
élendu. Lames longuement décurrentes simples, nombreuses, blandies puis pâles
et oonoolores au chapeau. Odeur? D. et h. 5 à 7 c ; 1. 0,4 à 0,5 c. Dans les bois.
52. Ag. Glit. ihtbbsus, Bull. t. 553. Chapeau plutôt ferme et fragile, nulle-
ment flasque, de convexe plan, obtus, marge d'abord enroulée, enfin infundibulé
et oodolé, très-glabre ; volontiers couleur moite, mais non goutté, couleur brique
(orangé, quelquefois teinté de rouge et ombré). Chair blanchâtre teintée d*orangé
très^dair. Stipe quelquefois rempli, souvent cave; en dehors, un peu rigide et peu
élastique, forme très-variable ; chair et surface concolores au chapeau, mais plus
piles (orangé très^lair). Lames vraiment décurrentes, étroites, pâles; leurs bords
amcolores au chapeau. Odeur spéciale, désagréable, acidulé. Suspect. D. et h. 5
à 7 c; d. 0,8 c. à 1 c; I. 0,4 c. En petites troupes souvent adnées, dans les
bob; très-commun au bois de Boulogne ; tardif. C. C.
55. Ag. Cut. gàridelli, Garid.; Paul., t. 63, f. 2-4. Chapeau cbamu,
plan-oonvexe, d'abord ombiliqué, un peu cambré, glabre, lisse; marge incurvée.
Stipe inégal, court, glabre, tuméfié en bas, d*abord rempli, se creuse dans le haut
par renfoncement de lombilic et forme un entonnoir qui retient l'eau. Lames
«iéauTentes, très-rapprochées, à l^ords couleur de chair (orangé rouge?). Tout ]*t
champignon couleur de chair sanguinolente; le tissu intérieur et les cotés des kincs
plus pâles ou presque blancs. Odeur et saveur agréable. Êdule très-recherché sous
le nom de Pinedo, D. 5 c, T. 4 c; h. 2 c, d. 1, 2 c. En Provence, sous les pins.
**' Chapeau bien blanc, ou semé de petits flocons superficiels, ou glabre. Exemples :
54. Ag. Cli?. catinui, Fr. Bull., t. 286. Très-semblable à Cut. bpuHDiBiLi-
voMiis, même par sa bonne odeur et sans doute par ses qualités; s'en distingue bien
parce qu'il a le cutis incarnat recouvert d'abord d'mie poussière blanche fugitive;
de là, contrairement aux autres, de blanc, il devient alutacé (jaune orangé faible,
ombré) ; non umboné. Chair blanche. Lames droites, décurrentes descendantes,
blanches, un peu plus larges que chez les autres infundibulés. Dans les bois,
«piphylle.
55. Ag. CLrr. ericetobum, Bull., t. 551, f. 1 , qu'il faut distinguer des Hygrih
jphorus fUveus (ce qu'on ne peut faire sur les planches) par sa structure de Clito-
qfae, sec, mou, élastique. Chapeau charnu, de plan-convexe, obtus, brillant
Stipe petit, grêle, rempli, mais d'un tissu floconneux, mou, nu, atténué en bas.
Lames brièvement décurrentes, étroites, plutôt écartées, veinées-connexées à leur
hse. Champignon tout blanc. Odeur agréable, édule. D. 4 c, T. 5 c; h. 5 à4c.,
<1. 0,4 à 5 c. Dans les champs insolés. C. C.
^. Chapeaa charnu, membraneux, vraiment hygfophane (changeant de couleur étant sec),
diair mince, molle, aqueuse; hygrophane. Les blancs de ce groupe sontseulemeut ceux qui,
Mmcs imbus étant imbibés, deyiennent très-blancs [candidi] étant secs. I^s autres ont leur
|4aoe précédemment.
B. Clitocyhe scyathiformes. Chapeaux sub. charnus, membraneux, à
disque non compacte, cpthé par dépression, à chair hygrophane. Lames, d'abord
adnées, ensuite décurrentes, descendantes (non horizontales, comme dans le groupe
suivant). Yoy. Bull., t. 575, f. P. et Q.; t. 248, f. C, etc. Exemple :
56. Ac. Clit. suaveoless, iSchum. Chapeau mince à disque plus charnu, de
100 AGARIC.
convexe plan, eniin déprimé, blanc-imbu avec disque souTent ombré ; étant sec,
très-blanc. Chair blanche. SUpe rempli, ensuite cave, élastique, à base dilatée et
villeuse, nu en haut, blanc. Lames adnées-décurrentes, rapprochées, ténues,
blanches. Ocfeur suave, pénétrante; saveur agréable. Sans doute édulc. D. et h. 4,
d. 0,7. Dans les bois moussus.
E. Clitocybes orbiformes. Chapeau un peucliamu, de convexe apLini
ou déprimé, nu, sans squames ni farines, partout hygrophane, imbu, aqueui.
Lames droites, horizontales, adnées ou décurrentes seulement par une dent, cou-
leur sordide ou pdle, imbues. Beaucoup ne seront bien reconnus que par un temps
de pluie, à cause de leur couleur changeante par la sécheresse et de leur caractère
peu accusé. Ils ont :
* Les lames cendrées et le chapeau d'abord obscur ;
'* Les lames blanchâtres, chapeau p&le. Exemple :
57. Ag. Clit. fiugrans., Sow. Letell., pi. 658. Chapeau mince à disque peu
charnu, planiuscule, d'abord convexe, puis subdéprimé, glabre, lisse ou paraissant
strié par transparence sur la marge humide, blanchâtre étant sec, ou teinté
dorangé, humide; disque concolore (quand le disque est plus obscur c'est sans
doute Clit. suaveolens.) Sttp^ plein, puis cave, élastique, égal, glabre, lisse, à
base souvent villeuse ; obscurément subpniiiié au sommet, blanc. Lames un peu
atténuées en dedans, subdécurrentes, plus larges que la chair aqueuse du chapeau,
blanchâtres. Odeur forte et pénétrante, d'anis? D. 3 à 5 c. ; h. 5 à 6 c, d. 0,7c.
Tardif; sur la mousse plutôt des prairies.
P. Clitocybes versiformes. Oiapeaux ténus, hygrophanes, la plupart squa-
mulcux ou furfuracés, ou, étant secs, brillants ; d'abord convexes, puis formes di-
verses, mais non vraiment cyathés ! Lames adnées (non décurrentes, ou seulement
par une dent), larges, un peu épaisses et le plus souvent écartées et farineuses.
Siipes tenaces. Ce groupe, par l'élégance des formes, des couleurs, se distingue
bien du précédent.
Nous citerons seulement une de nos espèces les plus communes.
58. Ag. Clh*. laccatus,Scop, ;BuU. 571, f. 1. CAapeau presque membraneux,
planiuscule très-variable, bientôt déprimé, subombiliqué, chargé de petites sqiia-
mules connées, pileuses ou furfuracées ; stipe rempli, iibro-tenace ; lames larges,
adnées, écartées, vivement colorées, et enfin blanchies, farineuses. Couleur géné-
rale améthyste étant imbibé, violacée-ocracée étant sec. Sa couleur parcoiut aiibi
toutes les nuances du violet au rouge, du rouge à l'orangé, plus ou moins (m;iis
toujours) ternies de gris plus ou moins foncé! Odeur et saveur nulles. Ëdule. TKs-
variable pour la taille. D. et T. 5à8 c, etc. Dans tous les bois humides.
IV. Af arloM PiMwotea (irÀfvpôv, côté) . Agarics leuoosporcs, à stipes liomo-
gènes, mais eicentriques, latéraux ou nuls ; épiphytes ou épixylcs (à peine un oo
deux épigés, mais alors vraiment dimidiés), irréguliers, charnus ou membraneux.
H suGQt donc qu'un leucospore ait le stipe latéral ou nul, pour qu'il soit PIca-
rote (qu'il soit épiphytc ou épigé). Hais il ne suffit pas que son stipe soit excen*
trique ; alors il faut qu'il soit en même temps épiphyte. — Cette distinction était
utile pour établir une limite ; bon nombre de THcholona, et surtout de cmm-
ejbcaétant, par accident, excentriques. On fera aussi attention à quelques individus
épiphytes, faiblement excentriques, ou même, par anomalie, réguliers, quoiqu'il»
appartiennent à une espèce habituellement excentrique, et, par conséquent, Ptes-
; tels Pl. EaTRGii, Pl. orhatus. Tous peuvent pourrir étant adultes, lcur«
AGARIC. iOi
lames sont minces et molles. C'est pourquoi ceux dont les lames sont flexibles,
tenaces, et qui, par un temps ordinaire, se dessèchent au lieu de pourrir, seront
rqxirtés aux genres Mjtmihm etPaaos, qui ne renferment que des espèces coriaces
et quelquefois styptiques, tandis que les Pleurotes sont très-doux, et plusieurs
(uLMARius, TEssuLikTOS, Erthgii, etc.)édules et recherchés.
A. Pleurotes excentriques et épiphytes. Ondistinguera les stipesles
plus excentriques de ceux qui sont définitivement marginaux en suivant le pour-
tour do chapeau ; dans les excentriques la marge, même très-mince et très-atro-
phiée d un côté, existe encore. D'ailleurs les seuls Pleurotes excentriques qui, dans
des cas indi^idnek, peuvent tromper, et, à cause de Tatrophie de la marge d'un
côté, être pris comme latéraux, sont munis d'un voile devenant collier.
59. ÀG. Pleur (?) orkatus, Fr. Letell., pi. 699, (dit astuaks par erreur.) Cha-
peau charnu, disque d'abord umboné, marge assez mince, les plus petits réguliers,
les {dus grands excentriques, lobés-ondulés, — sec, hérissé et moucheté de squa-
mules pelucheuses et rouiUées. Stipe chwmxi, spongieux en dedans, enfin cave;
lisse, glabre, jaune orangé, subfariné en haut. Chair molle, teintée de jaune orangé.
lamea plutôt adnées, assez larges, écartées et régulières. D. 9 à 10 c; h. 5 à 6 c,
d. i, 5 à 1 , 8 c; 1. 0, 8 c. Sur les vieux troncs de pin.
** Lephtaria, voiie en collier ordinairemeDt lacéré. Voile des Lépiotes, mais lames décur-
RQles des Armillaires. Exemples :
60. Ag. Pleur, corticatus, Fr. C/iop^u compacte, de convexe aplani, en disque
seulement excentrique d*abord couvert d'un tégument tomenteux, épais, gris, qui
par déTeloppement et fissures devient une marqueterie squameuse, pelucheuse, sur
un fond blanchâtre, à la manière du voile général des Lépiotes; bord appendiculé;
chair ferme et blanche. Stip« solide, plein, radicant, plus ou moins excentrique,
atténué et courbé en bas, puis ascendant, muni d'un anneau membraneux lacéré;
tégument drapé squameux, pelucheux, blanc. Lames étroites, longuement décur-
rentes, anastomosées, presque alvéolées en arrière, même rameuses dichotomes ;
blanches, enfin teintées d'orangé clair. D. 5 à 12 c; h. 5 à 7; d. 2 à 3 c; 1. 0, 2
à 0, 3 c. Sur les vieux troncs.
6i. Ag. Plbor. dryikus, Pers.; SchâfT. t. 233 ; Paul. 2j , f. 1. Chapeau com-
pacte, dur, oblique et même dimidié, vergeté de squamules brunissantes, blan-
châtre, teinté de roux. Voile fugace, blanc, plutôt appendu au pourtour. Stipe
presque latéral, obèse. Lames d'abord blanches, puis teintées de jaune, étroites,
un peu décurrentes, presque simples. Odeur et saveur plutôt bonnes. Édule. D.
5 à 10 G.; h. 3 à 5 c. Sur les vieux troncs de chêne.
'* €&nekariû. Yoile nul; stipe excentrique ou presque latéral , mais encore marginé ; deux
groapes : « et ^.
a. Lames définies, sinuées ou obscurément adnées, non décurrentes. Exemples :
62. Ag. Pleob. ulmarios, Bull. t. 510. Chapeau charnu , compacte, hori-
zontal, souTent peu excentrique, de convexe-plan, lisse, glabre ; orangé étendu,
se fonce et se ternit vers le centre, souvent comme marbré par des macules ar-
nMidies. Chair blanche, tenace. Stipe plein, ferme, élastique, courbé puis ascendant,
alors excentrique(il peut être central si, inséré sur une branche horizontale, il se
lève verticalement), à base épaissie, tomenteuse, quelquefois partout villeux, blanc.
Lames horizontales, émarginées ou arrondies par derrière, l^èrement adnexées,
laiiges, blanchâtres, teintées d'orangé. Odeur acidulé, plutôt agréable. Ëdule. D.
10 à 15, etc. c. , h. 10 c. ; d. 2 à 3 c. ; 1. 1,2 à 1,5 c Sur les vieux ormes,
hêtres, chênes, peupliers. AC.
lOS AGARIC.
63. Ag. Pleub. tessellatus, Bull. t. 513, f. i. (Pourquoi Fries écrit41 cou*
stanunent tessulaius qui n'est ni latin ni oonfonne à Bull. ?) Fort voisin du pré*
cMent, moins grand et s'en distingue par son chapeau plus irr^ulier , plus
latéral, plutôt déprimé en arrière (c est-à-dire du côté atrophié), marbré, sur un
fond concolore plus clair, de macules arrondies ou hexagonales ; orangé faible, om-^
bré. Slipe court et plutôt atténué en bas. Lames sinuées, adnées par un petit
crochet. Odeur de farine récente. Édule selon Persoon. D. 7 à 12 c. ; h. 3 à 4 c.^
d. 1 c. à 1,5 c. 1. là 0,8 c. Épiphytes.
64. Â6. Pleub. ole4rius,DG. {Voy. Delile, Bullet. de la Soc. d*agric. deTHé-
rault, 1837, fig. etdescr. — Paul.etLéveiK, t. 23.) Chapeauchanm plus ou moins
excentrique, irrégulier, ondulé-contourné ; d'abord un peu umboné, pois déprimé,
quelquefois concfaoïde ; marron rougeâtre, uni, orangé fonoévers le centre et sur W
bords de la marge. Stipe plein, fibreux, court, trapu, d'un roux jaune doré, non
lisse. Lames décurreutes, longues, falciformes, inégales, d'abord d'un jaune vif
doré, mais bientôt mat, pruinépar les spores, non ferrugineuses ou brunes comme
le croyait Fries, mais Uaiiches i comme de la farine. » Les lames offrent en outre
le singulier phénomène de la phosphorescence pendant la nuit (ou dans Tobscurité?)
iBniqueWessonijeuneseibienportantes, Chair un peu coriace, amère,àsucaque$-
cent rougeatre, fortement purgative, et par suite vénéneuse. D. 8 et 10 c. ; h.
3à7 c; d. 1 à 2,5 c. En loufle adnée, au pied des oliviers. Automne. CC. dans b
région des oliviers.
j9. Lames longuement décumntes. Exemples :
65. Ag. Pleur, aquifolii, Paul. t. 38. Chapeau large, charnu convexe, plan
un peu cambré, sec, ondulé, fendillé, glabre. Une variété à chapeau rouge (Fr.),
une autre orangé faible et terni (Paul.). Sttp^ excentrique droit, ferme, compacte,
fibreux, égal un peu comprimé, blanc. Lames décurrentes, fragiles, épaisses,
plutôt écartées, un peu plus foncées que le chapeau, adnées-annulées. £dule.
D. lOà 14c.;d. 5à4c. Surlehoux. R.
66. Ac. Pleur. Ertugii, DC. Paul., t. 39., Letell., t. 693. Chapeau charnu,
tenace, convexe -plan, enfin déprimé, bientôt iirégulier (restant régulier par
exception); sec, glabre, orangé faible et plus ou moins bruni. Stipe solide, ordi-
nairement excentrique, nu, atténué et villeux à la base, blanchâtre. Loimes éga-
lement atténuées aux deux extrémités, décurrentes, plutôt distantes, larges, blan-
châtres. Édule, très-recherché. D. 3 à 4 c. ; T. 4 à 5 c. ; h. 3 c. ; d. 1 à 1,2 c.
Cespiteux sur la racine des Ei7ngium.
67. Ag. Pleur, ostreatus, Jacq.,6ull. 508. Sow. t. 241. Letell. t. 695 (Yitt.
t. 4?) C/^opeau charnu, mou, d*abord convexe horizontal, ensuite étendu et ascen-
dant ; glabre humide, lisse, mais plus tard cuticule lacérée en srpiamules. Couleur
d*abord noirâtre, bientôt pâlissant, brun cendré, et enfin sur les vieux orangé
grisâtre faible. Stipe ordinairement très-court ou oblitéré (variété à stipe allongé
et presque central) , ferme, oblique, ascendant, s'épaississant en haut, Mancâbase
maigre et villeuse. Lames décurrentes anastomosées en arrière, plutôt distantes,
larges, blanches, jaunissant (mais sans glandules). Spores blanches (Fr.), incar-
nat (Vitt.)! Édule et très-recherché. D. 7àl2 c. Cespilcux, imbriqué, surlesrieut
troncs. C'est peut-être un groupe renfermant plusieurs espèces?
[Ac. Pleur, glardulosus, Bull. t. 426, serait leucospore selon Pries, Epicrisis,
n« 502. Mais M. Maurice Lespiaut affirme (Note stir les champ, comest.
de lot-et'Gar, et des Landes, Agen, 1845), que Ag. glakoulosus, commun
daiiH les Landes sur le chêne-liége, a les spores d'un rose violacé. 11 but donc
AGAniC. iOBi
renvoyer cette espèce, fort seoiUahle à Ag. Pleur, ostrgatcs (nonobstant les gk»»
dules de ses lames), à la série des CHROMOSPORES, aussi bien que losTaBATiB
(le Vitt. t. 4, qui a les spores incarnat.]
Si. Ag. Pledr. salighus, ?&s. Lelell. t. 687. Souvent confondu aveo le précè-
dent, s'en distingue par la nuance moins rabattue de son cliapeau^ par ses lamet
dikaiiTentes, souTent rameuses au milieu, mais non anastomosées sur le stipe rétu
de longues TÎUosités pelucheuses. Spores sordides. Édule.
m. Pleurotes holopleurus, Stipe définitivement latéral. CliapemL di-
midié, non maiiginé d'un côté (par derrière). Exemples :
69. Ag. Pleur, gbogsbius, Paul. t. 25, f. 1-2. DG. Dressé. Chapeau chanm,
semi^niàiidibulé, lisse, glabre, à maiige ondulée et réfléchie, plutôt largemoit
lobé, brun. Siipe latéral, très-court, épais, tuberculeux. Lames décurrentes, rafK
prochées, Inen blanches. Édule dans le midi de la France (de Seynes); « maUaî-
sant • selon Paulet, mais il parle d'une variété blanche. Êpigé.
70. Ag. Plehr. petaloîdes, Bull. t. 226. Chapeau ascendant, diamn, non
compacte, spatule, brun pâlissant, disque déprimé, se continue avec le stipe^ eott^
primé, villeux. Lames décurrentes, linéaires, blanchâtres, se teintant d'orangi>
ombré. Sans doute édule. D. 4 à 8. Épiphyte ; une variété épigée.
c. Pleurotes omphaluria. Chapeau d'abord résupiné (renversé), ei»-
tier, adné par derrière, enfin réfléchi et sublatéral. Lames oonoourant tontes
^ers un point excentrique. On ne signale dans cette section ni aliment ni poison .
Nous dirons seulement que :
Les uns ont le chapeau cliamu (*] et (**);
Les autres l'ont irès-tendreet membraneux (***).
Parmi ceux qui l'ont charnu, un petit groupe (**) se distingue par le chapeau revêtu d'une
pellieule épaisse et gélatineuse.
II* SECTION. LEDCOSPORES HÉTÉROGÈNES. Hyménophore à chair moDe
et lâche, hétérogène avec le tissu ferme cartilagineux ou subcartilagineux du
!»tipe. 11 n'y a pas ordinairement de transition de Tun à Tautre tissu; il en résulte
que souvent on peut séparer assez nettement, et sans rupture considérable, le stipe
du chapeau. Cette seconde section comprend les Collybia, les Hycena, les Omphalia.
Les OMpImlto sont les seuls de cette grande série qui aient les lames vraiment
décurrentes (les lames tout entières vont, en s*atténuant, mourir sur le stipe). Les
■tcoui ont, dès le principe, la marge de leur chapeau ( plus ou moins campa-
nule) droite et appliquée sur le stipe. Dans les Collybia, cette marge est d'abord
plus on moins enroulée ou au moins fortement inculpée en dessous ; de là un
chapeau d'abord convexe, puis étendu, et plus tard ordinairement aplani et
ombiliqué.
V. A^aricos Collybia Fr. Stipe iîstulcux, cartilagineux, ou médulleux a
écorce cartilagineuse, radicant; voile non manifeste ou fibrilleux, homogène et
conné au tégument. Chapeau légèrement charnu, non régulièrement plissé ou
sillonné; marge d*abord enroulée. Lames membraneuses, molles, libres ou faible-
ment adnexées, rarement adnées obscurément, ce qui les sépare des Clltocybeik
Ce point doit être attentivement examiné; car, dans les plus grandes espèces, te
caractère cartilagineux du stipe (à écorce presque membraneuse) est ambigu. 0e
plos, dans ces cas, Thabitat épixyle ou épiphyte décide.
Les espèces de ce sous-genre sont généralement faciles à reconnaître, quoiqu'il
s*en trouve beaucoup de très-petites. Leur végétation est plus lente et pks du«-
rable ; et comme ils sont pour l'ordinaire épiphytes (sur le bois, sur les feuimâB et
104 AGARIC.
même sur d'autres champigiMms), ik varient plus suivant les flores locales tpe les
champignons épigés. Cependant leiu* matrice (point de départ de leur développe-
ment) est souvent hypogée; de là ils envoient une ou plusieurs racines sur les débris
qu'ils préfèrent : c'est ainsi qu'ils sont radicants. Us sont si grêles et à stipe si coriace,
que très-peu sont comestibles; cinq seulement sont signalés comme tels. Un seul
{Coll. emilentus) est printanier; tous les autres sont d'été ou d'automne. Beau-
coup se dessèchent et se conservent très-bien, ce qui les rapproche beaucoup des
maraainfawt mais chez les Marasmes les lames sont très-flexibles et non nipti-
bles; elles sont écartées, et la couche hyméniale partout fertile entre les lames. la
couleur des Colltbia est variable; mais, parmi eux, la quatrième et dernière sec-
tion (d), lesTéphrophanes à lames cendrées, constitue une série particulière
bien distincte des autres, lies caractères des trois premières sections sont tirés
du stipe qui est ou strié, ou lisse et nu, ou villeux ; et les espèces dans chaque
section peuvent être groupées suivant que leurs lames sont étroites et rapprochées,
ou larges et écartées. L'odeur ne doit pas être négligée, surtout dans les Téphro-
phanes. Tous les champignons un peu semblables aux Colljbia, qui ont une odeur
alliacée, doivent être rapportés au genre MmrmmmaÊmm,
m. Collybix striapodes. Stipe robuste, cave ou rempli, bourré quelquefois
de moelle spongieuse facilement séparée; surface sillonnée, cannelée ou fibro-
striée. (Cette section renferme deux ou trois espèces, platyphyllus, pidlus^ à stipe
.plus mou; mais leurs lameSy leur port, leur racine, leur habitat épiphyte, em-
pêchent de les confondre avec les Tricholoma).
* Lames larges, plutôt distantes. Exemples :
71. Ag. Coll. fcsipes, Bull., 1. 106 et 546, f. 2. Tenace. Chapeau charnu,
de convexe aplani, glabre, lisse, quelquefois enfm suriace vaguement ondulée, ridée,
fendillée; umboné presque effacé, roux de vache, pâlissant (orangé ou rouge
orangé, moyen et bruni). Stipe ^ de fibreux-bourré cave, à écorce cartilagineuse,
longuement cannelé-strié, ventru au miUeu et atténué aux deux extrémités, mais
surtout en bas, souvent tordu, roux concolore. Lames d'abord adnexées-annulées,
bientôt séparées du stipe, libres, largos, écartées, fermes, souvent veinées-con-
nexées, de blanches se teintant d'orangé très-faible et légèrement ombré, puis se
crispant, se maculant de roux. Odmr et saveur agréables. Ëdule, mais on rejette
le stipe coriace. D. 4 à 8 c; h. 8 à 15 c; d. 2 à 3 c; en touffe, adnés au pied des
arbres. CCC.
D'après M. de Seynes, il faut rapprocher de pusipes :
72. Ag. soculis et 75. Ag. ilicincs DC; peut-être aussi 74. Gymuopodivs,
Bull., t. 601, signalés comme alimentaires dans le midi (Toulouse, Montpellier).
Fries ne les a pas ^iis, mais d'après les lames rousses, il avait rapporté ces espèces
aux Chr<Mniopor«a. Hais Ag. social» aurait certainement les spores blandies
^Delile). Leur habitat sur la racine des vieux arbres et leur resseniblanee avec
Gill. fusipes les rapprocherait donc de celui-ci, mais leurs lames adnées (iliciaus)
ou tout à fait décurrentes (sociaus et gymmopodids) les reporteraient aux Clito-
cybes. Nous n'avons pas vu ces espèces (non plus que H. de Seynes), nous ne
pouvons décider. Nous les signalons donc provisoirement et jusqu'à plus ample
informé à la suite de Ag. Coll. fusipes.
b. Collybix vestipedes, S/ipe maigre, égal, fistulenx ou fistulo-méduleux,
velu, pelucheux ou pruineux.
* Lames larges, plutôt écartées. Exemple : Ag. Velotims, BuU. t. 344 et 519, f. S.
AGARIC. 105
"* Urnes très-étroites, rapprochées. Exemple :
73. Ag. Coll. bamolobuv, Bull., t. 585, f. 3. Chapeau presque membraneux,
flexible, de convexe campanule, puis aplani, obtus et plutôt déprimé, lisse,
giahre, blanchâtre teinté d'orangé; la marge substriée. Stipe cartilagineux, fistu-
leui, presque égal, un peu comprimé et presque entièrement recouvert d'un velu
un peu laineux et blanchâtre, d'un brun-roux (selon la planche de Bull., orangé
étendu et ombré), seulement nu et pâle dans le haut. Lames d'abord légèrement
adnexées, bientôt libres, très-modérément rapprochées, linéaires blanchâtres.
Odeur pénétrante et saveur douce, agréables. Ëdule (Roques). D. 3 à 4 c; h. 5 à 6
c, d. 0,3. En troupe sur les feuilles dans les bois.
e. Collybix Ixvipedes. Stipe grêle, presque égal, fistuleux, glabre (ex-
cepté â la base), nu et lisse.
* Lames larges, Iftches, pltis ou moins distantes. Exemple :
74. Ag. Coll. escdlektus, Wulf.; Bull., t. 422, f. 2. Chapeauipen charnu,
de convexe plan, orbiculaire, obtus, glabre, tissu, étant vieux, un peu strié,
ocracé argileux, jaune-orangé moyen et ombré ou grisé. Chair tenace, blanche,
apide. Stipe fistuleux étant vieux, tenace, maigre et grêle, fdiforme, égal,
Jisse, très-glabre, même un peu brillant, jaune-orangé fort, plus ou moins
ombré; radix longue, pivotante perpendiculaire. Lames adnexées, même avec une
toati^ petite dent, décurrentes, ensuite séparées ; larges et en segment, lâches, plutôt
distantes, non blanches mais blanchâtres , quelquefois argilacées (orangé étendu et
?ri$é).Édule et recherché en Autriche (Fr.).D. 2à3c.;h. 4à6c.d.s. 2c.; 1. 0,4.
Dans les pâturages montagneux et les hauts bois. R. à Paris.
** l.ames étroites, rapprochées... Aucune espèce réputée édule ni vénéneuse.
4. Collybix téphrophanx. Hygrophanes. Lames cendrées, ternies ou
branies. Cette section avoisine les derniers Tricholoma et Clitocybia; mais le
stipe est cartilagineux. Un groupe a une odeur de vieille farine. Mais jusqu'à ce
jour aucune espèce n'est recommandée par ses propriétés alibiles ou nuisibles.
VI. Agwurîrmm Hycoui Fr. Stipe Gstuleux, généralement cartilagineux étant
fnis et en conséquence ordinairement ruptile. Chapeau submembraneux, phis ou
moins strié, d'abord conique ou parabolique-cylindrique, et dont la marge, droite
dès le principe y est appliquée sur le stipe et parallèle à ce stipe atténué en haut;
subcampanulé, à peine ombiliqué. Lames non décurrentes ou .seulement par une
petite dent en crochet. Epixyles, épiphytes ou radicants grêles. Ainsi ce sous-genre
très-naturel se sépare : des Collybia et des précédents par sa marge tout d'abord
droite, jamais enroulée ou conni vente ; des Omphalia de la section Mycénariés,
pius finement mais encore nettement, par le chapeau de ceux-ci, formé de l'épa-
oouissement du stipe, et de là le chapeau d'abord ombiliqué, ensuite infundibulé
et les lames vraiment décurrentes. Le sous-genre Mycena se compose des espèces les
plus élégantes et peut-être les plus attrayantes pour l'étude : mais la taille mignonne
du plus grand nombre, l'odeur peu agréable de rave, etc., d'un petit nombre
d'espèces plus grandes, ne leur permettent pas de compter comme alimentaires.
Cest pourquoi, rivé au point de vue de ce dictionnaire, nous allons seulement
indiquer les neuf groupes qui entrent dans le cadre de ce sous-genre.
«. Mycense calodonies. Le bord des lames coloré, plus obscur, plus ou
moins denticulé. Stipe non dilaté en plateau à la base et non pourvu de suc laiteux.
7o. Ag. Mtc. pelianthinus, Fr. Berk., t. 6, f. 2. C/utpeau subcliarnu, convexe,
diaphane, hygrophane : car imbibé, il est purpurin livide; sec, il pâlit jusqu'au
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AGARIC. i07
VU. âgagi— •■igihnllB Fr. Stipe cai*tilagineux à l'état frais, fistuleux ou
fistuhHnéduUeax s*é(»dssîs8ant un peu vers le liaut, puis le tube s'épanouit dans
rhjméiioi^re à cause de cela semi-homogène au stipe. Chapeau d'abord ombi-
lîqué (d*où le nom éfufaUa), devenant souvent iniundibulé : de là des lames
Tnimenl décurrentes. Ce caractère du chapeau et des lames sépare les •mpkales
des C>aylii.ii et des Hjeéaes, tandis que la stature, l'habitat, le développement,
h nature des tissus, sont communs aux trois sous-genrcs. LesOniplHdcsont,oula
marge droite des Sycéacs, ou Tineurvée des CoDybcs. Leur diapeau est mem-
i»renenx ou sobmembraneax ; ik sont souvent épixyles, aiment les lieux humides
et imbibés, sont hygropliànes, ce qui les rapproche des djtoeyh^ hygrophanes.
k«r $tipe csulilagineux les en sépare ; pourtant ce caractère, rarement obscur, s'ef-
âce TÎte dans quelques-uns, étant vieux ou fanés ; mais dans la section des Cllto**
tyhmm hygrophanes, les lames ne sont pas d'abord vraiment décurrentes. Le tube du
stipe, qui, chez les jeunes, est souvent médulleux, les distingue aussi des Niycéoes
toujours fistuleux. Nous ne connaissons aucune espèce réputée édule ou nuisible.
m. Omphalix Collybiarix. Chapeau d'abord dilaté, ombiliqiié; marge
incurvée ou enroulée. Section qu'on divisera en trois groupes naturels suivant leur
taille et le degré de largeur et d'écartement des lames. Bull., t. 564, f. B ; f, A ;
554, f. 2 ; 568, f. 2.
k. Omphalix Mycenarix. Très-ténus. Qiapeau d^abord campanule et
marge droite d'abord opprimée sur le stipe. Ils sont difficilement délimités des
Kycéaes. Deux espèces ont les lames en forme de plis, et avoisuient les Caktharelles
)es plus petites; mais le bord est encore aigu. Bull., 563, f. 3; 186 et 550, f. 2.
2"* Série. ACSABICS CHROSMOPORES. On peut diviser environ en cinq
nuances principales les nombreuses teintes offertes par les spores vues en mahse,
telles que le champignon frais les laisse tomber sur une feuille de papier blanc, ou
ntéme telles qu'on les aperçoit comme une poussière recouvrant la surface des lames
de r.4garacinéc adulte, en se gardant pourtant de s'en laisser imposer par la couleur
propre au tissu des lames, quand ce tissu est lui-même coloré. Ces nuances peuvent
à peu près être ainsi définies : 1® le rose plus ou moins clair, plus ou moins terni et
inclinant souvent vers l'ocre; 2® l'orangé plus ou moins concentré, toujours terni
et souvent teinté de rougeâtrc, ce qui produit les nuances dites : ocre, argileuse,
fauve, rouille, rouille foncée ou brune; Z^ une nuance sombre, fuligineuse,
«lans laquelle l'œil ne démêle plus guère d'autre couleur que le sombre, mais
le souih^ qui n'est pas encore devenu le noir; 4^ le noir pur absolu, quand
les spores sont assez épaisses; 5° ce noir, plus souvent encore le sombre fuligi-
neux (5**), quelquefois môme une des nombreuses teintes du ferrugineux (2"),
se revêtent d'un reflet noir-pourpre très-spécial. On comprend cependant que
toutes ces nuances, finement graduées, ne peuvent être nettement déterminées
par le langage vulgaire. Elles le seront, au contraire, quand les naturalistes,
les médecins, les mycologistes auront adopté les précises déterminations des
iouleurs, selon la méthode de M. Chevreul (i;oi/. Couleurs). 11 semble donc
fpi'avec cette imparfaite détermination des couleurs, ce n'était pas le cas de
fjuitter la méthode naturelle, suivie jusqu'ici par Tillustro mycologiste sué-
dois, pour s'eu rapporter d'abord à un caractère unique emprunté aux
mobiles, changeantes et indicibles nuances de la robe iris (indicibles sans la
nomenclature Chevreul). Pourquoi donc Fries, si dédaigneux de ceux qu'il
appelle les c coloristes «, quand il s'agit de demander aux vives couleurs du cham-
pigix» entier quelque aide pour déterminer les espèces, devient-il exclusivement
110 AGARICINËES.
chaque genre traité dans des articles à part, qu'il y trouve la section, k tribu et
quelquefois Tespèce, quand elle est léputée comestible ou vénéneuse ou assez to-
lumineuse pour qu'elle puisse devenir Vm\ ou l'autre. Mais nous voulons surtout
qu'il puisse toujours le dessiner et le décrire méthodiquement, et par suite, per-
mettre à un mycologistc de le déterminer d'après cette description. On comprend
facilement toute l'importance de cette possibilité pour tel cas de médecine légale,
de police médicale, d'hygiène publique, et pour £iire profiter la acience de toutes les
occasions d'observer qui se présentent journellement aux médecins placés dans des
droonstanoes favorables. Il faut avertir seulement que, dans oe cas, les descriptions
doivent être beaucoup moins succintes que les nôtres (art. AGAaiG,etc.), qui portent
sur les espèces dont les traits caractéristiques sont le mieux connus.
Méthode à suivre. Pour arriver fadleraent à ces réanltats, et à roconuaitre les
formes et les attributs qui conviennent aux individus que Ton oonsMère, il suffira,
en ce qui concerne les Agaridnées, de relire la partie descriptive ci-^près, en ayant
sons les yeux soit quelques espèces empiriquement connues, soit des Âgaricî-
nées quelconques et variées. On ne tardera guère, par la répétition de cet eieicioe,
â se familiariser avec les organes, avec les formes qu'il importe de déteftnîner, K
avec le langage qu'il convient d'ado; ter et que l'on enricÛFa suivant les besoins
de l'observation. Chaque médecin pourra donc dessiner, décrire et déterminer snf-
fisamment les Agaricinées de sa localité, ceux qui sont alimentaires, ceux qui ont
causé des accidents, ce qui lui était impossible avec les ouvrages commonément
répandus (Persoon, Roques, Noulet et Dafisier, Lavalle, Dupuis, etc.). Alors aenJe-
ment nous sortirons du chaos où nous ont plongés les descriptions insufiisante:,
les dessins exclusivement pittoresques, et par suite les dénominations fantives,
lesquelles ont fait croire sans doute que telles espèces alimentaires en un lieu
étaient vénéneuses en un autre, etc.
Propriétés générales. Avant de passer ft la partie pm*ement descriptive, il
semble que nous devrions donner des généralités alimentaires, toxicol^giques,
chimiques et thérapeutiques qui se rapportent à notre famille. Mais ces généralité^:,
n'ayant rien de bien spécial pour les Agaricinées, seront mieux placées à l'artidc
Ghampighoii^, car elles comprendront alors celles qui se rapportent aux Bolétacées,
aux llydnées, aux Cla variées, etc. Prévenons seulement, puisque cet article est le
premier en date, qu'on ne devra pas diercher ici, ni flans les articles suivants, ces
vaines caractéristiques générales pour distinguer les champignons vénéneux des
espèces comestibles, attendu que de telles caractéristiques n'existent pont; que
les essais qui ont été tentés en ce genre caractérisent seulement Fétat peu avancé
de la science, dans le temps ou dans l'esprit de leurs auteurs, et ne sont propres
qu'à égarer ceux qui s'y confieraient. En ce qui concerne les Agaricinées, les
e^ièces que l'on peut regarder organiquement comme les plus voisines, telles que
l'oronge, la fausse oronge, l'annanite bulbeuse, présentent souvent l'une on
excellent aliment, l'autre un poison redoutable, tuidis que les espèces les plus
éloignées par leurs caractères botaniques se rapprochent par leurs qualités ali-
mentaires ou vénéneuses.
Enfin, on chercherait vainement, ainsi que nous l'avons démontré ailleurs
(Vnion médicale, mars 1861, et Presse scienUfique des deux mondes^ fi^
vrier 1861 , p. 363), un ou plusieurs caractères, ou une alternative de caractères,
soit botaniques, soit pittoresques, soit même organoleptiques, pouvant «eukmeiit
faire présumer avec quelque sécurité la qualité alimentaire d'un cryptogame.
11 faut que les optimistes « causes-finaliers » en proniient leur parti; ce u*€St
AGÂRIGINËES. 109
son faTorable, feront certainement rencontrer des espèces non décrites, non
classées, non nommées ou confondues avec d'autres ! Quelle facile occasion de se
rendre utile, d attacher son nom à la découverte d'espèces nouvelles, etc. ! Gom-
ment se Giit-il donc que quelque bribe de Tardeur que nos botanistes de phanéro-
games déploient à des créations de genres et d'espèces, un peu artificielles peut-
être, et d'une solidité, d'une utilité contestées, ne se reporte pas sur la myco-
logie ? Nous croyons que cette indifférence peut s'expliquer principalement par la
difficulté d'acquérir les connaissances élémentaires de cette branche si vaste et si
neuve des sciences naturelles.
Quand il faut aborder du premier coup, sans notions préalables, des ouvrages
aussi volumineux et aussi techniques que ceux de Fries, de Persoon, etc. , les in-
connues trop nombreuses qui se dressent entre l'auteur et le lecteur ne tardent pas
à rdkiter oeluFci. Nous avons donc entrepris dans ce travail, tout succinct qu'il
soit, de sortir des banalités que l'on se passe de main en main quand il s'agit de
£iire des articles sur les champignons au point de vue médical. D'ailleurs l'expé-
rience a prouvé depuis longtemps que ces sortes d'écrits ne sont utiles que selon
la qualité ou le nombre des planches coloriées et les recettes culinaires qu'ils
daanent. Or, comme ce n'est le lieu ni de l'une ni de l'autre exhibition, nous
sommes mis en demeure, ou de reproduire les vaines redites sur les champignons
comestibles et vénéneux, aussi faciles à refaire qu'inutiles à relire, ou de resserrer
dans un petit nombre de pages assez d'anatomie et de nomenclature des organes
et des formes pour qu'un lecteur désirant décrire les espèces qu'il rencontre ou se
préparer à la lecture des auteurs spéciaux, y trouve les éléments qui lui sont né-
cesaîres. On comprend que, lorsqu'il s'agit de trouver dans un type ayant autant
d'unité que celui des Agaricinées, les caractéristiques de plus de 2000 espèces et
21 genres, il faut multiplier, affiner l'observation analytique et les dénominations
pour chaque forme élémentaire. Aussi la première et la plus sérieuse difficulté qui
se présente pour un auteur français est celle du langage. Les travaux vraiment
scientifiques et au courant des connaissances actuelles sur les Agaricinées sont
écrits en latin, idiome qui oflrait aux mycologues (outre l'avantage de pouvoir être
lu par les h(Mnmes studieux de diverses nations) une grande commodité pour
créer un langage conventionnel qui n'eût pas été accepté dans une langue parlée.
Vais on doit avouer que le défaut de méthode et celui d'un lexique ad hoc ont fait
payer chèrement cet avantage. Il faut consumer bien du temps et passer par bien
des incertitudes pour acquérir l'intelligence précise des expressions figurées que
Ton a empruntées avec plus ou moins de bonheur à la langue des poètes et des
orateurs latins, et appliquées à des objets, à des attributs auxquels les Latins
n'avaient jamais pensé ; et encore n'y arrive-t-on que par approximation et seu-
lement pour les expressions dont on a pu voir les faits corrélatifs par des exemples
nombreux et sai»ir les amplitudes de signification. Si ce vice jette une grande
obscurité dans les ouvrages des mycologistes, on conçoit qu'il rend également dif-
ficile la traduction de ce langage arbitraire en français. Enfin les délicatesses
de notre oreille et de notre entendement ne permettent pas, comme en latin,
le néologisme, même par métaphore et par mots composés. Qu'on nous pardonne
donc ce que, sous ce rapport, notre essai peut avoir d'incomplet et d'imparfait.
Nous aspirons cependant à ce qu'un lecteur attentif, non-seulement soit vite en
état de lire les auteurs spéciaux, et particulièrement Fries pour les Agaricinées,
mais encore puisse déterminer lui-même, sans autre secours que ces pages, pour
un champignon qu'il a sous les yeux, la famille, le genre, puis, en se reportant à
112 AGARICINËES.
face est en outre tapissée par la membrane fructifère, VHymenium {voy. Champi-
G!ioii), dont les longs replis forment les Lames qui rayonnent de rinsertion ordi-
nairement centrale du stipe au pourtour du chapeau dont elles sont d'ailleurs partie
constituante. Le chapeau sans les lames prend le nom à* Hyménof^wre, L'extrémité
inférieure du stipe est en rapport de continuité avec le Mycélium^ tige souterraine
et seule partie durable de tout le champignon , le chapeau et son stipe n*éLuit au
fond que Ténorme développement d'un bouton à fleur et à fruit : d'où leur durée
éphémère.
Nous avons dit que la face supérieure du chapeau est libre. Cependant le récep-
tacle fructifère, avant son épanouissement, est souvent renfermé dans deux en-
veloppes concentriques , ou Voiles , dont on peut presque toujours constater
l'existence si l'on part des premiers instants et si l'on s'aide de r(rf)servation mi-
croscopique. Le Voile général (vélum universale Fr.) part de la base du stipe et
contient d'abord (avant le déchirement de la parturilion) le champignon entier
(stipe et chapeau). Le second voile, concentrique au premier, ombrage la face infê-
rieure du chapeau et en prot^e les lames ; c'est le Vélum partiel (Fr.) ou simple-
ment Vélum ; il s'attache d'une part au pourtour du chapeau et de l'autre, en
apparence, au corps du stipe vers sa partie moyenne, qu'il entoure comme un
Collier, Ce collier subsiste souvent après le déchirement et la disparition du reste
du Veinm.
Étudions maintenant chacune de ces quatre parties oonstitijkntes propres à une
Agaricinée, en signalant surtout les formes qui acquièrent de Timportanoe dans la
classification : 1^ rilTMéHOPHORE ou chapeau; 2^ les Laxbs rayonnantes qui le dou-
blent par-dessous et leurs Spores; S"" les deuxVoiLRs; 4^ le Stipe. Nous ter-
minons cette partie : 5^ par quelques mots sur le HvcéLiox (mais VHyméninm
et le Mycélium, propres à tout champignon, seront mieux étudiés à ce mot) ;
6** iiar l'examen des propriétés générales ou organoleptiqoes : couleurs, odeurs,
saveurs,
I. Le Chapeau ou mieux HTHéNOPnoRE doit être étudié: A, dans sa taille; ■,
dans sa forme générale et dans les phénomènes de son développement; c, dans les
détaib de structure de sa surface ; D, dans ceux de son tissu et dans sa consistance.
A. Les dimensions du chapeau doivent être indiquées par la longueur de son
Diamètre (D) de projection et dans quelques cas par la longueur de la ligne (r)
qtii va du centre à la circonférence du chapeau et qui deviendrait rayon si on sup-
posait le chapeau toujours épanoui et plan ; mais dans bien des cas cette ligne est
î)eaucoup plus grande que la moitié du diamètre de projection D ; c'est ce qui
arrive dans les chapeaux campanules des Coprins, des Mycena ; dans les chapeaux
infundibulés, etc.
B. La forme générale du chapeau peut être remarquable par la symétrie de
toutes ses courbes et grandeurs autour du centre, telle que toutes les coupes selon
l'axe du stipe donnent des lignes géométriques. Cette régularité effective (du clia-
[leau et du stipe) , assez rare chez les grands champignons, est un des caractères de
prt qui font reconnaître de loin les Amanites, les Lépiotes et les Coprins. Au con-
traire, dans les Tricholomcs, les Russules, les Lactaires et la plupart des autres
grands Agaricinés, si la tendance est encore à la symétrie, il arrive le plus sou-
vent que les accidents de végétation ont inégalement déformé, développé, cambré,
ondulé les lignes du chapeau et du stipe. Enlin dans quelques-uns le délaut de
symétrie est plus prononcé et plus constant : c'est ainsi que, par un in^al déve-
loppement du chapeau, son insertion au stipe devieut excentrique ou latérale;
AGARICINËKS. il3
celte irrégularité nonnale constitue le caractère principal de deux sou8*genres
deFries (Pleurotus et Crbpidotus).
La forme générale du ctiapeau, considérée dans sa surface et son épaisseur, mé-
rite d*étre notée, surtout quand elle s'éloigne de la forme ordinaire en disque : on
iii quelle est fmlvinée (en forme de coussin), turbinée (en toupie), spatulée,
conckoide^ réniforme ; on la dit infundibulée (en entonnoir), cyathée (en coupe à
tiord évasé) ; cupulée ; enfin, concave ^ déprimée ; ou au contraire conique, capu *
chonée (cuculuà)^ eampanuléey ovée (le petit bout en haut), obovée^ hémisphé-
rique; on dira ces formes et les suivantes cftantoum^ef (terme de tourneur) quand
elles seront évidées par une ou plusieurs dépressions circulaires, enlin convexes^
siéconvexes, aplanies, planiuscules(k peu près planes), planes. Les formes moins
symétriques sont dites bosselées, cambrées (répandues) ^ ondulées, La description
[Jas fine du détail des formes et surtout celle des formes successives de développe-
ment, fort importantes à noter, exige que Ton divise rhjinénophore et sa surface en
deux régions à peu près égales : le Disque central, et la Marge^ portion ou zone
circulaire extérieure de la surface du chapeau. La marge, qui limite le disque, se
tennine elle-même par le Contour, ligne périphérique régulière ou sinueuse^ lobée
si les sinuosités sont plus amples, mais, dans l'un ou l'autre cas, toujours planes.
Quand le Disque est saillant, on dit qu'il est : umboné (comme le centre d'un
bouclier) si la saillie est régulièrement et continûment proéminente en cône à
sommet aigu ou arrondi ; gibbeux, si cette saillie, encore large et proéminente,
n'est point conoïde, mais convexe ou aplanie ; on dira, au contraire, que le disque
est obtus, si la saillie centrale est très-apprimée, méplat, si elle est plus plate que
la m;irge qui la borne; enfin, plan^ déprimé, ombiliqué, digité,
La Marge, selon ses formes et ses mouvements, est encore plus importante à étu-
dier. Suivant l'épaisseur de son tissu charnu, elle est épaisse^ mince^ membra-
neuse, translucide ^ hyaline. Selon ses directions, elle est droite on courbée, soit
flédiie (moins de 45"*), soit infléchie (entre 45*^ et 90"), incurvée (plus de èO""),
enroulée ; ou d*abord connivente (recourbée dès le principe, au point que le
bord rencontre le stipe), ou d'abord enroulée ; ou, au contraire, elle est éten^
due , plane ou ondulée, cambrée^ retroussée^ résupinée. Ailleurs la marge, avec
une portion du disque qui lui fait suite, est d*abord droite (rectiligne) et
appliquée le long du stipe, puis le chapeau se déploie comme une ombrelle, la
mnrge restant toujours droite. Considérée dans le sens de sa largeur, la roargo
peut être fendue (rïmosas) , émarginée, êchancrée (plusqu'émarginée), ou in-
tacte. La surface de la marge est souvent marquée d'empreintes allongées, paral-
lèles, se terminant au pourtour ; on la dit : striée, si les empreintes sont fines ;
sillonnée'Striéej si elles sont plus profondes ; déprimée-sillonnée, si ce sont des
sillons larges et plats ; sillonnée-nodulée, si les arêtes en sont granulées on tuber-
culées. Ailleurs, au lieu de sillons ce sont de petites vacuoles, arrondies, creusées
dans un cutis épais, souvent œdémateux ; on dit alors vacuolée. Mais la marge est
lisse, si elle n'a aucune empreinte, comme on la dit nue, quand elle ne porte
aucune des villosités ci-dessous énumérées et qu'elle n'est ni voilée ni frangée ou
appfjidiailée [voy. III, les deux voiles). Mais la cii'conférence de l'hyraénophore
peut dépasser un peu l'ensemble périphérique des lames ; il en résulte une petite
zone de la marge qui avance au-dessus et en avant des lames, comme le bord
d'un toit en avant du mur : Fries l'appelle Marginelle, Enfin le Bord du chapeau,
comprenant Tcxtrémité périphérique de Thyménophore et des lames, est aigu,
épais, obtus.
OICT. CKC II. 8
i\A AGÂRICINËES.
C. Après les formes générales du chapeau il faut étudier les faits de structure et
d*aspect de sa surface. Sous ce rapport, on doit considérer dans Thyménopliore :
1® un tégument, et son tissu saus-jacent ; 2"* les débris étrangers, débris de
voile, qui occupent quelquefois sa surface libre.
1° Le Tégument doit être soigneusement et finement étudié à l'œil et sous la
loupe. La surface libre peut être constituée par une membrane propre comme dans
les Amanites, ou être formée, comme dans les Lépiotes, par la terminaison des
libres constitutives de la chair du diapeau, peu changées, mais souvent dissociées
et colorées seulement par l'air et la lumière ; alors, même par un temps humide,
aucun lambeau membraneux notable ne pourra être détaché : car par une traction
centripète on pénètre bientôt, avec les fibres qu'en soulève, dans la subsUince du
chapeau ; et, par une traction centrifuge, on n'obtient que quelques bribes du té-
gument; enfin, une cou[)e perpendiculaire à la surface ne montrera |)as cette
couche externe nettement limitée et munie d'une organisation propre. Si, au
contraire, une membrane spéciale est évidente, elle sera dite Pelliculey si elle est
mince et plus ou moins translucide (Russula fragilis) ; — Cutis et Cuticule^ si le
tégument est plus ou moins épais et surtout opaque : alors il est ordinairement
drapé, feutré ; mais il peut être aussi sec^ papyracé, parcheminé, quelquefois
céracéj encroûté et cassant. Nous résenons les expressions d'Epiderme et de
Derme pour les cas assez rares, où il y a effectivement deux couches appréciables
dans le tégument. Nous disons Surtout, quand nous voidons indiquer la couche
extérieure recouvrant les sous-jacentes sans en différer essentiellement, sans for*
mer une membrane propre. Eufm nous nous servons du mot général Tégument,
quand nous ne croyons pas devoir décider de son organisation, adirmer ou nier
l'existence d'une membrane.
Il faut maintenant signaler les différents aspects de la surface de ce tégument.
Il ne nous ast pas possible de rapporter ici la variété et la richesse du langage mis
en œuvre par le mycdogiste suédois, d'autant qu'il n'a pas pris soin lui-même
d'indiquer dans un préambule spécial le sens et les gradations dos nombreux attri-
butifs, simples et composés, qu'il met en usage, de sorte que cette richesse n'aug-
mente pas toujours, comme elle le devrait, la précision de sos descriptions.
Selon l'état hygrométrique (qu'il faut noter) et selon les groupes et les espèces,
le tégument est sec, humide (udus), mouillé, guttulé (chargé de gouttelettes,
irroratus); il est gélatineux..,, gluant, visqueux, ou seulement mouillé et
glissant ; par un tem|is sec la viscosité a pu disparaître, mais elle est dénoncée
par la terre et les fétus agglutinés sur le chapeau et quelquefois par un vernis. La
surface est unie, lisse, glabre, lustrée, satinée ; soyeuse (lusti^ et fibrilleusi*) ;
elle peut être mate^ drapée^ feutrée^ tomenteuse dans le cas où le duvet, déplus
en plus visible, est enlacé et non libre ; on ajoutera que ce drapé, ce cutis est
oedémateux, si, mou et comme enflé, il se laisse facilement déprimer, sillomier,
enfin s'il prend l'empreinte de toute pression, comme de la pulpe du doigt oit de ses
stries papillaires. Mais on dira surface velouté.*^ si, comme dans le velours, le duvet
esttrc»doux, quoique dressé et serré; — velue si les |)oils sont rrlativeinenl plus
longs et moins serrés , — poilue^ villeusCy si plus longs et couchés ; — (ibrilleuse^
fibreuse, s'ils sont plus git» et moins doux ; -^peluclieuse, si les villosités sont un
peu mêlées ; — ouatée ou lainée, si elle rap|ielle ces substances ; — a^épue, ht*
rissée, si les poils sont dressés et rudes. Ces villosités, fibrilles et liU'es peuvent
ètTccoudié£s,appriméeSy imbriquées^ agglutinées (etiiro elles), aduées,si, solide-
ment fixées par une extrémité, elles sont libres de l'autre; mais on dira innées si,
AGARICINÉËS. Ii5
tfuoiqiie oiOantes, elles sont adhérantes dans toute leur toogueur et comme faisant
prtie delà cutieole ; — délébileêj si on les enlève facilement ; caduques, si d'elles-
mêmes elles se détachent de bonne heure ; enfin fugaces j si elles sont délébilcs et
odwfÊBS, Au lieu de adnées on préférera cannées pour exprimer l'union intime
des extrémités adhérentes dans le cas où le tégument est un Surtout (où il n'y a
pis de membrane propre). Ces villosités peuvent former conune un chaume, une
fmmarej une couche continue, ou des manipules, des faisceaux, des arêtes, et
former des stries, des cannelures, des sillons; des rigoles, si elles sont moins
régulièrement droites et peu parallèles ; des réticuUUions rameuses ou en réseaux;
en s agglutinant autrement les fibrilles peuvent former des mèches, des houppes
(mèches redressées), des papilles, des squames; les squames seront plutôt dites
ksilles si elles scmt grandes et larges, et squamnUes si ell^ sont très-petites. Mais si,
an lieu d'être saillantes, les fibrilles sont comme imprimées ou connées dans toute
leor longueur et plutôt perçues par la différence des nuances, on dira que la surface
est vergée (fouettée) ; qu'il y a des vergeUures fibrilleuses, parallèles, onduleuses
00 irrégulièresy réticulaires, rameuses, mêlées (suivant les aspects), etc.
Les squtnneSy adnées, pourront être pointues ou arrondies ; et de plus, ciliées,
fiMmeuses, viUeuses, pelucheuses, fibrUUuses, fibreuses ; elles seront retroussées,
ajiprimées, innées, etc. ; molles, fermes, dures, scabres ou douces. Enfin bi
letkure de cette surface pourra encore lui donner un aspect : semé d^ aspérités,
tubercule, iferruqué, papiUé, chagriné, granulé, arénulé, dépoli -, mais furfu-
racéy pulfférulé, fariné, pruiné, si ces aspérités sont délébiles. Le bord de la
marge et le centre du disque sont le lieu d'élection de ces diverses villosités,
squames, pulvérulence et impression ; ils devront être soigneusement étudiés à ce
fuint de vue, a6n de déterminer si la marge est nue ou revêtue.
bGiticule ou Pellicule, en se plissant, surtout sur le disque, pourra y former
des rigoles, des plis, des rides dessinant des ramifications, des réticulationSj des
sréoles. Ce tégvunent, en se fendant, se fendillant, se trésaiUant (fines fissures
iormuit de petites surfaces polygonales), se gerçant si les ruptures très-superfi-
cielles ont toute autre direction, ou se facettant (terme de lapidaire, se décou*
pnt profondément en facettes) ; ou se laciniant (en bmières), se lacérant (en
tous sens), donnera lieu à des crevasses, rigoles, fissures, gerçures, qua-
irillages, etc., déterminant des plaques, des croûtes, des marqueteries, des
squames, des chinures (quand les éraillures superficielles déterminent des
figutes indécises, comme ondulées, non symétriques, mais multipliées et se ré-
pétait avec une certaine régularité), des lanières, des fibres; des granulations
de divers aspects, et par suite une surface fendillée : gercée, granulée ; facettée
(taillée à facettes), écaillée, squamulée ; rigolée; chinée; lacinée; fibrillée, etc.
soivant la profondeur, l'étendue, la régularité, la direction rayonnante, circu-
laire, mixte ou irrégulière de ces ruptures. Il est bon de remarquer que, si ces
niptures se font dans la jeunesse du champignon, elles résultent plutôt d'un arrêt
de développement dans le tégument ; si dans la vieillesse, d'une rétraction de ce
tégument. Le toucher, consulté à son tour, donnera la sensation d'une surface
potie,vdoutée,.,. scabre, rugueuse, etc..
2* Cependant il importe de ne pas confondre ces détails, qui appartiennent en
propre à l'h^inénopliore, et sont connés à son tissu, au moins à son tégument,
avec les débris plus ou moins délébiles, adnexés ou adfixés, qui ne sont que les
restes du voile général ou Volva, Indiquons de suite les principales formes de ces
défans irès-canctéristiqnes. Us peuvent être formés par des plaques larges et memr
lie AGARICINÊES.
branetuet; ils sont alors irrégaliers, peu constants, et pour ainsi dire aocidenleb,
délébiles (Avahita tagihata, Yoltaria, etc.) ; ou ces débris sont régulièrement
dÎTisés en petites masses, ou polygonales, facettées, diamantées (plus petites et
non moins nettes), à sommet obtus ou aigu, mucronè^ etc. ; on sous ibnue de
verrues épaisses, cedémuteuses ou de stfuames légères^ cotonneuses^ fbÊmemses^
micacées y granuleuses, farineuses^,., etc., plus on moins adnexées; — plus
ou moins délébiles ou caduques ou persistantes. Ces débris sont ordinairement
plus rapprochés sur le disque que sur b marge. Celle-ci est plutôt occupée, dans
quelques groupes, par les débris plus on moins aranéeux du voile descendant
(variété du vmle général), dont je parlerai plus bas. Ce Totle laisse sur la marge
{marge voilée), ou sur son bord (bord frangé ou appendiadé) des débris pbis ou
moins réguliers, membraneux, mais plutôt fibriUeuXj aranéeux, flaUants ou
appliqués, diversement colorés, régidiers, et adnexés, débiles, etc.
D. Le tissu de l*hyménophore peut présenter dans ses formes toutes les grada-
tions imaginables. Quelquefois il manque absolument, excepté peut-être au centre
du disque : l'hyménophore est alors formé d'une simple pellicule sous laquelle se
plisse l'hyménium ; il est pelUcnlaire, translucide et même hyalin, la chair de
ï'hyménopliore, con^dérée dans son tissu et dans sa résistance, peut être aussi
variée que celle de la trame ci-dessous décrite (voy, p. 120) ou du stipe (p. i24K
Ce tissu diamu peut être plus ou moins spongieux et capable de retenir l'eau
dans ses mailles, de manière à aviver sa couleur propre en la mouillant; on
dira couleur moite (udus). Si un hyménopbore mince a la propriété d'imbiber, et
par ce mélange avec l'eau imbue, de ternir, d'assombrir ou de changer ses cou-
leurs à un haut degré, Fries le dit hygrophane (couleur imbue). (Voy. p. 127;.
Enfin, s'il peut, par les progrès de Fàge, être séparé ou séparaUe en une ou
deux couches horizontales, présentant comme une sorte de clivage, on dit qu'il
est sdssile.
Nous dirons plus bas, à propos des propriétés organoleptiques, ce qui concerne b
couleur, l'odeur, la saveur. Mais avertissons de suite combien il importe d'obser-
ver les mutations ou l'uniformité, la constance des teintes et des colorations,
i« suivant les âges des individus, 2® suivant la surface : ainsi, les nuances si*
foncent généralement un peu ou beaucoup de la circonférence au centre; on ob-
serve encore sur b surface des macules, des taclies, des gouttes (dessinées), etc.,
ou des bandes régulières ou irrégiilières ; et l'on a des surfaces pointiUêes,
gouttées (terme de blason, gouttes dessinées, ne pas confondre avec guttulées, char-
gées de guttulcs liquides) ; jaspées, mouchetées^ rayées, maculées, marbrées, ti-
grées; chinées, si les figures qui résultent du tigré sont indécises et ondulées, pa-
nachées, si les mouchetures sont un peu allongées et de différentes couleurs ; enfin,
liolées (vieux mot fort élégant, encore en usage surtout au figuré, et qui, pri<
en mauvaise part, a donné bariolé), rayées de diverses couleurs; — zonées^ si les
nuances sont en cercles concentriques, quelquefois seulement indiqués, mais tou-
jours importants à noter ; ^ suivant l'épaisseur ou la profondeur de tissu : il im*
porte, |jar exemple, de noter la nuance du tissu immédbtement'sous-jaœiit au
tégument ; A^ par la rupture artificielle ou l'éraillure naturelle, qui ont pour effet
un changement de nuance immédiat^ subséquent ou tardif.
II. Lames. La partie inférieure de l'hyménophore ou plancher est occupée
par les bmes du chapeau rayonnantes autour du stipe. On appelle vallécules le
fond des sillons qui les séfiarent. La forme des lames et leur constitution jouent
un grand rùle dans la sériation. Elles doivent être étudiées : A, selon kuis
AGAniCINÉES. 117
dimensions et leur nombre ; m, selon leur forme; c, sekm l'aspect de leur sur£ioe
et de leurs spores ; D, dans leur constitution anaioroique et leur consistance.
A. Considérées quant à leur dimension, les lames sont larges, étroites ou Zt-
néaires ; rarement si étroites qu'elles ne forment plus qu'un pli, et on les dit pli-
dfarwteSj ou même une ride, rugiformes. On pourra mesurer directement cette
laiigeur (1.) ou la comparer par une coupe à l'épaisseur de Thyménophore qui
les porte. Les lames, étudiées quant à leur nombre, sont écartées ou rappro*
dk^j ou même corUigués et par suite rares ou nombreuses ou pressées.
B. Quant à leur forme, les lames sont simples ou bifurqiÊées ; dichotomes ou
rameuses ; quelquefois anastomosées. La bifurcation peut partir du stipe ou
d'un point de la longueur, souvent du milieu de la lame entière. La dichotomie
peut être régulière, soit générale (propre à diaque lame), soit de deux en deux,
de trob en trois, etc. ; ou irrégulière, rai^e, presque acddentelle. Si toutes les
lames sont simples, elles sont ordinairement inégales, c'est-à-dire que partant
tontes du pourtour, les unes atteignent la plus grande longueur vers le stipe ; les
autres, ordinairement situées symétriquement entre les premières, s'arrêtent
environ vers les deux tier», la moitié, le tiers, le quart de la longueur des lames
entières. Souvent on les appelle indistinctement demi-lames, mais nous préférons
avec Vîttadini lamelltdes. Ces lamellules se terminent de diiîérentes manières en
dedans : quelquefois tout d'un coup et carrément (plusieurs Amanites), quelquefois
déchiquetées, le plus souvent en pointe aiguë ; cette extrémité intérieure est libre ou
année avec la lame adjacente. Qiaque espace angulaire ou secteur séparant deux
braes (entières) peut ainsi être comblé par 1 , 3, 5, 7, etc., lamellules (rarement
et anomalement par un nombre pair), suivant le développement du chapeau et
récartement des lames entières : le nombre des lamellules peut donc être noté,
mais surtout leur régularité et leur symétrie. Ainsi, dans quelques genres (Rus^
suies), les lamellules ne se rencontrent qu'irrégulièrement, comme exceptionnelle-
ment, ou même manquent tout à fait.
Étudiée isolément, une lame oflre à considérer deux bords, deux faces et deux
eitrémités. Mais nous appelons simplement bord, le bord inférieur et libre ; il est
eidinairement mince ei aigu (Axauite, Agaric), quelquefois épais (Cantuarellb,
NrcTAUs, Xerotus), rarement caneUiculé (Taocu). Ce bord est glabre, lisse et ve-
louié, ou (vu à la loupe) finement frangé, papille, micacé (papille et brillante),
pulvérulent ; intact ou denticulé, dentelé, érodé, déchiqueté, échancré. Suivant
sa coarfaure, ce bord est ondulé (ne pas confondre avec lame ondulée ou mieux
onduleuse, godée, etc., ci-apràs), ventru (irrégulièrement convexe), ar^u^ (offrant
trois courbures en forme d'arc ou de demi-accolade), en segment (régulièrement
convexe comme une portion de cercle), ové (segment irrégulier, bi courbe étant
apbtie vers la marge, proéminente vers le stipe comme la demi-courbe d'un œuf,
dont le gros bout reposerait sur le stipe) , obové (la même courbe retournée, le
méplat ou petit bout appuyé sur le stipe), ou droit. Les bords sont parallèles entre
eai (AnAflrrE, Lépiote, etc.) ou ils sont discordants (Tricholoma).
Les faces des lames sont lisses, mais, vers le bord adhérent, elles sont quel-
quefois veinées, rétiaUées ; ces faces sont libres, ou quelquefois anastomosées par
ces vënes, surtout vers le bord adhérent ou vers une extrémité. Les extrémités
périphériques, dites aussi externes on antérieures (on dit simplement en avant)
^mtot^uêf ou oMuaes (larges et arrondies); le plus souvent elles atteignent le niveau
delà maige de l'hyménophore; ou elles sont dépassées par la marginellc (quel-
ques CopRuiAiBEs), ou elles sont dépassantes (quelques Russules).
ils AGARICINÉES.
Left exlrémités eentrafes /on les dit en arrière) sont particiiUèremetit irapor-
tsnles. Elles atteignent le stipe ou non : dans le second cas, elles sont /tbn»; dans le
promier, elles sont dites adnées si elfes peuvent s'y attacher solidement, en sorte
qu'elles se rompent plutdt qu'elles ne se détachent ; mais on les dira ainexée$ si
elles se déCaclient plutôt que de se rompre; «fatordoiiiti^ indique qu'on les limne
adnées dan» le premier âge ; ensuite ou enfin ainexéeif, qu'on les trouve adnesées
▼ers l'âge adulte ou un peu après. Souvent elles s'attachent et se continuent sur le
stipe, et sont dites déeurrentes (Guhociwl) ; elles peuvent être décurrentes dan»
tonte leur hauteur, allant tout entières se déterminer en pointe aiguë sur le stipe,
alors elles peuvent être entre elles également ou inégalement décurrentes sur
ce stipe , ou bien, étant terminées et arrondies sous fe chapeau, elles sont dénii^
rentes seulement par le prolongement de leur bord adhérent , et on les dit décor-
rentes par filets striant le sommet du stipe. La terminaison de cette faune décurrcnlc
par elle-même ou par filet peut être nettement définie^ ou s'en aller en mourant et
striant le sommet du stipe {décurrenee indéfinie); dans le cas de décarrence
définie^ elle est quelquefois terminée par un liséré^ souvent bfainc, phis ou rooin»
marqué, couronnant le sommet du stipe. Dans la lame adnenée, le filet se détache
du stipe avec la lame, ce petit filet prend alors le nom de dent ; on dit plutôt crochet
si, le bord libre de la lame étant émarginé près de la dent, il en résulte un crochet
plus marqué. Quand les lames sont décurrentes par une dent, un filet, etc., elles
peuvent être en même temps décurrentes et horÎMmUUes (par leur corps) ; autre-
ment elles sont décurrentes descendantes^ ce qui résulte de la forme tarhinée ou
Infnndibulée de l'hyménophore. Ces mêmes extrémités intérieures des faunes
peuvent être entières et adnées ou adneiées au stipe dans toute leur hauteur ; ou,
étant arrondies en dedans et en bas (convexité quelquefois un peu étkancrée),
elles ëoniattenantes au stipe seulement par la moitié ou le tiers supérieur de leur
largeur, et les lames sont dites arrondies; ou bien au lieu d'être arrondies, ces e\-
trémités sont plus ou moins profondément émarginées sur leur bord libre, et les
lames dites émarginées; et, dans les deui cas, lames sinaées.
Quelquefois il est difficile de décider si des lames sont adnées ou adnexées, nous
disons alors attenantes. En comparant les deux extrémités des lames on dit
qu'elles sont également ou inégalement atténuées. Les lames à leurs extrémités
centrales peuvent être connées entre elles et former ainsi un anneau fe plus sou-
vent adnexé au stipe; on dira lames aânexéee^mmulées. Quand les lames ne
sont pas atteignantes^ elles sont quelquefois séparées du stipe par un bourrefet rir-
culairc, charnu, plus ou moins modelé, appelé coUarium (quelques Ltoonts, Aka-
RiTKs et CoPRiKs); le plus souvent elles sont séparées du stipe par un sillon que nous
a|i|ielons Uainure (rainure circulaire comprise entre le stipe et l'extrémité interne
diM lames, que les lames soient libres ou sinuées-arrnndies). Il ne peut donc y avoir
di* Hainure quand les lames sont ou vraiment décurrentes ou décurrentes por
Hlists ; mais il peut y avoir alors, et il y a le plus souvent, mie Gorge dcubiie
diJ<* h r«'margiiiation des lames avant leur adnoxion au stipe. Les lames sont minces
ou épaisses^ onliiuiirement perpendiculaires à rhjménophore, quelquefois cou-
rhérs^ selon lo sens de leur longueur. Enfin ces lames waiplanes ou onduleuses^
godées (ondulées seulement vers le bord), ou crtspées; selon leur lai^geur, elles sont
rarement un peu courbées^ recourbées en conque vers leur bord (ScHnoPHVLUFVK
C^ LamM selon l'aspect de rhj-ménium et des spores. L'Hym^tVffi sera décrit
h Tartide général CHAMPIGNONS. Disons seulement ici que, dans la fiuniHe des
AoÂairiii^.BS, la membrane prolifère ou hyménium porte d'innombrables basides.
A6ARICINÉBS. 4i9
grosses cellules Tésicaitfbrlnes, oUongues, ooufoiméâs à lean» extrémités libres de
quatre pédkeb oh Stytes, portant diaom une Spore (on dit mieux Stylospores
quand on veut marquer la dîflerence avec la spore proprement dite qui naît libre
dans une thèque ; mais toutes les Agaricinées étant ^tylosporées, il ne peut y avoir
dcoonfusioD, et poufiabréger, nous disons selon Tusage spores). Lors de la matu-
rité, ces spores se détachent et forment cette matière pulvérulente, de couleur di-
xme, qui tantôt inonde exclusiremeut les lames et les corps situés au-dessous
dn chapeau (CoinriitAiaEs), — tantôt est lancée aussi ^n peu au delà (Agahic).
Les spores doivent être étudiées suivait leur couleur et leur foime. Avec un peu
d'habitude, on reconnaît le plus souvent sur les lames du diampignon adulte la cou-
leur générale des spores vues en masse. Cependant, quand les lames ne sont pas
Manches, qu'eUes ont elles-mêmes une coloration qui leur est propre, la superpo-
sition des deux nuances peut tromper. U est donc plus sûr de laisser pendant
quelques heures TAgaricinée adulte sur une feuille de papier; on pourra ainsi
eooslater la nuance générale de la poussière séminale tomkmt du chapeau. Cette
déteraiination est de première importance pour la classification de Fries. Le plus
souvent d*ailleurSy en récoltant le champignon, on peut constater la couleur des
spores déjà répandues sous le chapeau.
Couleur des spores en masse. Cette couleur est blanche ou blanchâtre (d'un
libnc très-légèrement jaunâtre ou orangé très-clair) chez les Agaricinées dites
Ledcosporbs. Avec M. de Seynes nous appelons Chbomospores, celles dont les
spores sont décidlément colorées, depuis le rose tendre (mais toujours un peu terne
a cause de la pulvérulence) jusqu'au brun et au noir {voy. Agabic, p. 87, et l'ar-
ticle Chbomospores).
La forme de ces spores n'est pas moins importante pour une étude complète.
Cependant, comme elle ne peut se faire sans le microscope, elle est rarement indis-
pensable pour déterminer la place d'une espèce, mais elle Test pour établir une
bonne classification, pour confirmer la légitimité de certaines divisions, quelque-
Ibis la séparation de certaines espèces : car la forme et le volume des spores sont
très^xmstants et souvent trè&<»ractéristiques. Ainsi, les unes sont petites, lisse^^
presque globuleuses (AiuirtrES, etc.), d'autres sont réniformes, d'autres étoilées,
d'autres régulièrement ou irrégulièrement polygonales, d'autres sphériquesetmûri-
ibnnes (en forme de mûre) (Russules et Lactaires), d'autres grosses, ovoïdes et
lisses (CovBin), d'autres diversement ovoïdes, polygonales, étoilées, fusiformes, etc.
H est donc très-utile de fixer, à côté de la description d'un champignon, un petit
pli de papier conservant ses graines pour un exan\en ultérieur.
ùndeur des lames, La couleur propre des lames, celle qui dépend de la
tfame et de l'Aym^iititm, abstraction faite des spores , ne peut être appréciée
que dans l'enfance du champignon : car, dès qu'il approche de l'âge adulte,
h couleur des spores qui recouvrent les lames nHNlifie entièrement la couleur
do fond. Cependant la couleur de l'ensemble (lames et spores) est la seule
dont on s'occupe ordinairement. On dit en conséquence que la couleur des
lames change avec l'âge de l'Agaricinée (excepté quand les spores ont la
même couleur que le support, quand tous deux sont blancs par exemple) ; et
ee changement est dû à la maturati(m des spores, qui d'incolores se teintent
progressivement des couleurs qui leur sont propres. On aura donc soin de noter
trois ou quatre nuances principales dans la série des Ions chromatiques (voy. Coc-
ucas) que parcourt chaque espèce pour passer de sa teinte primitive prise cliez
les plus jeunes non encore épanouis à celle des adolescents, des adultes mûrs,
IM AGARICI5£ES.
flfes déerépîU. Indépenduninait 4e b détermmation 4e la eoolear, il faut noter les
tné^rales dislrîhations des teintes sur les lames : quelqiies-iines sont marbréetj on
les dit papilionaeèeê; beaucoup oflrait sur leur bord un liséré autrement ooioi^,
souvent blanchâtre, avec la dent décnrrente aussi blanchie, ou les dit Uêérées, En-
fm, il est des lames qui, non entamées, laissent perler et tomber de leur sur&ceet
de leur bord des gouttelettes liquides ; on les ditpfeicniiiles. On dira mieui ^iiOv-
léefj si ces gouttes, aplaties et adhérentes, ne tombent pas.
». CofutUutionanaUnniqueeico9uittaneedesla$Hes. La bune est formée pir
un repli de Thyménium dont les parois, non abaolnment adossées, sont séparées
par une 6ne tranche ou Trame (Fr.) plus ou moins épaisse, qui descend du tt«i
de l'hyménophore et s'insinue entre les deui faces profondes de ce pli hjménial
pour lui donner phis de consistance, et sans doute lui servir de placenta noarri-
cier. Suivant la qualité de cette trame, les lames seront fragileê (cassantes ou dé-
chirables) ou tenaces (résistantes) ; moUes, toupies et flextUei {lentœ, moUes
mais résistantes) ou fermes. En effet, le tissu de la trame peut être : 1* entière-
ment eelUUeuXf lâdie,mou, imbibé (AiiANrrBs, Paxillbs, Gopeiks). Alors les hroes
peu soutenues sont faibles, molles, surtout si elles sont larges : on pourra dire
la trame celluleuse et débile — et les lames moUes- fragiles. Les lames, ainsi
oonslituées, peuvent souvent être séparées du plancher de l'hyménophore sans
(lécliinires appréciaUes (Pàxillds, etc.) : on dit alors lames séparabUs. De
plus, â cause du peu de r^istance du tissu de la trame, chaque lame ou pli hymé-
nial pourra souvent être ouvert, dédoublé en ses deux membranes; on dit : lame
dédotiblable. 2* CelluUhfibrettx, mais à Gbre encore molle et floconneuse, coaum*
une fine ouate plus ou moins serrée, humide et fragile Les lames ont plus de
soutien que dans le premier cas, mais moins de fermeté que dans le suivant ; elles
sont molles, souples, aisément lacérées et encore déboufalables: nous disons laine>
souples^fragiles et la trame floconneuse, quelquefois mêlée de grains, grafiukuse.
3^ Tissu encore celluleux, vâsiculeiix, mais plus sec, compact, granuleux (Rossuus,
HvGROPHORB») ; alors les lames sont fermes-fragiles , et le pli hyménial ne peut
être ouvert ; nous disons cette trame celluUhCompaete. ¥ Le tissu de la trame esc
M^ulement fibreux : alors les lames deviennent très-flexiUes, quelquefois nwile»
encore, mais tenaces, très-tenaces, etc., c est-à-dire résistant aux causes de rup-
ture de déchirure, (lentx)', les lames seront, suivant les cas, moUes-tenaces^
flexibles-tenaces, fermes-tenaces. 5"^ Enfin, le tissu de la trame est coriace, subé-
reux; et les lames deviennent â la fois très^tenaccs et très-fermes (ScmzoMTUCii.
l/i professeur Pries attache une grande importance à cette constitution de b traoH'
et des lames pour rétablissement des genres. D'ailleurs le tissu de h trame est le
plus souvent de même nature que celui de l'hyménophore, dont la trame n'est qu'un
prolongement; c'est donc une solide base anatomiquc que celle choisie par Fries, niai$
difficile h apprécier,à cause de ses transitions insensibles. Il iiiut convenir que l'ilkistrp
mycologiste suédois a exagéré la netteté des importants caractères qu'on peut tin^r
de la trame; ainsi il écrit souvent, dans ses caractéristiques, nutta trama ; or, comme
nous ne connaissons aucun champignon dont la trame soit nnlle, nous remplaçons
rrtte caractéristique par trame dMle, Enfin, il y a des lames dans le tissu di*^
quelles circule une humeur laiteuse, blanche ou coforée; rompues, elles laissent
Mis|>perre lait avec une abondance variable : on les dit lactescentes. Cheid'autns,
f't'^i unt' liqueur claire aqueuse ; on les dit aquescentes (les HTcaornoacsl ■
^1 $^ faut |ins 1rs confondre avec celles dont le tissu, fÎMilement imbibé, prend alors
u$u* Umm \A\\% terne et aqueuse, et qui â cause de cela sont dites tnjgrophanes.
AGARIGINÉES. ISl
La eoéueité des lames est aussi un bon indice de leur ooDstihitîon. Les unes se
dessèchent et se crispent sans pourrir (Mâbasmios) ; d'autres se Tanent ou même
se ramoUisient (Ahaiiitbs, etc.) : les unes et les autres sont dites persisUintes^
par opposition aux liquescenUs^ qui tombent en un deHqnium épais (Bolbitus,
GAuniAy etc) ; et aux diffUientes, qui se ramoUissent promptement en un liquide
ooubnt (Gopanis). On dira déliquescentes pour ces deux degrés différents.
m. Lbs DEUX TOILES. Le Stipe est une colonne plus ou moins charnue partant
du mjoelium hypogé et se terminant à la face inférieure de Thyménophore qu'il
supporte. Ce stipe étant souvent reuêtu des débris des deux voiles, nous éviterons
les redites en décrivant d'abord ces importants appendices.
Il fiiut en eflet, avec Fries, distinguer deux voiles, souvent confondus : le Voile
gi$êérmlaa Vaile^ qui, enveloppant d'abord tout le champignon, se termine et se
perd dans le jriedf et le Vélum partiel ou Velum^ qui, adhérant au contour du
légument du chapeau qu'il anitinue, recouvre et protège les lames, pour se ter^
miner et se perdre dans la Rainure. Bien que l'une ou l'autre de ces enveloppes,
ou toutes dâix, échappent souvent à la vue désarmée, l'observation microscopique
tend à en fiiire retrouver partout la trace, Etudions donc successivement : A, le
vélum pariielj et B, le voile général^ dans ce que chacun a de spécial; puis
€, le collier et les revêtements du stipe, qui en partent et que les deux voiles
conooorent à former.
A. Vélum partiel ou Vélum. Avant l'épanouissement du diapeau, quand il est
encore ap[^ué sur son stipe, à peu près comme un parapluie fermé sur son
manche, on trouve le vélum s'attachant au contour de î'hyménophore et conti-
nuant le t^ument : il se porte d'abord horizontalement en dedans vers le stipe,
puis l'embrasse en se portant en haut, entre le stipe qu'il eugaine et le bord tran-
chant des lames qu'il unit, et il remonte se perdre dans le fond de la rainure cir-
culaire. Lors de l'épanouissement du chapeau, il se sépare le plus souvent sur le
contour de ce chapeau, porte souvent l'empreinte de l'extrémité périphérique
des lames, et reste adhérent au stipe, dont il c(mlinue, par sa portion ascendante^
à engalner la partie supérieure, tandis que par sa portion horiioutale il lui forme
nne sorte de CoUier,
B. Cependant ce collier, débris du vélum, peut être simulé aussi par le Voile
général : car, si ce Voile est très-distinct du t^ment hétérogène et libre chez les
AxAxiTES, les VoLVAiaxs et quelques Coprins, il est déjà adné, mais encore hété-
rogène au tégument, chez les Goetimàires, enfin il est plus ou moins oômié avec
le tégument du chapeau chez la plupart des autres Agaricinées, et même avec la
partie inférieure du stipe, quand elle n'est pas cachée et protégée par le jeune cha-
peau. Bientôt, par le développement rapide et l'épanouissement du diapeau, ces
adhérences sont rompues, déchirées ; et les débris du Voile, dans ce cas plus
souvent aranéeux ou fd>rilleux que membraneux, restent appendus^ suivant le
lieu de la rupture, ou sur la marge du chapeau, marge voilée; ou sur son
bord, qui est dit frangé si ces restes sont régulièrement disposés, et appendi"
adê dans le cas contraire. Ces débris marginaux constituent ce qu'on a appelé la
Cortine. Lerestedu Voile se retrouve vers le milieu du stipe, dont il continue ren-
gainer la partie inférieure^ mais en donnant lieu dans sa partie moyenne à la même
apparence que les débris du vélum sur le stipe. De cette similitude il est arrivé
qu'on a donné les mêmes noms (collier, anneau, etc.), à ces débris de deux organes
différents (voile et vélum), qu'il importe cependant de ne pas confondre.
Toutes les ikris que nous avons pu observer et établir leur distinction, nous di-
MNic, quand le colliisr résulte surtout des débris du vélum, oolUer àscendêtnt, psitc
que dans ce cas ses fibres, engnhuut la partie supérieure d]u stipe, remontent se
perdre dans la rainure ; et, quand il a pour origine le Voile, nous disons collier
descendant, parce que ses fibres se continuent plus ou moins distinctement sur h
inrtie inférieure du stipe pour se pendre dans son pied ; enfin nous disons collier
mixte, quand il paraît formé, en quantité notable, et par des fibros ascendantes rt
par d'autres descendantes.
Le tissu du Voile est très-variable : il peut être membraneux, texêo-membra-
neux, pulvtHnembraneux, pulvéruleni, etc., ou fUnilleux, aranéeux, ou mèroe
glulinetix. Quand il est d*abard membraneux, libre ou faiblement adneié au
chapeau et au stipe (par les viscosités des téguments), il prend le nom de Vcha^
car alors il a la forme d'une bourse (vulva), s'offrant comme une enveloppe ovoide,
dans laquelle s'organise et se forme le champignon, qui^ plus tard, s'en échappe
tout entier. Cette enveloppe, si elle est d'un tissu un peu résistant, se dédiire irré-
gidièrement sur le dis({ue par le rapide développement du champignon qu'elle
renferme ; et le chapeau de celui-ci, 80ulc\'é par lalloDgement progressif de ion
stipe, s'échappe entièrement affranchi des lambeaux delà volva qui se retrouvent phs
ou moins intacts au pied du stipe. Un temps humide, un cutis même fadUenienl
glutineux, un tissu de volva plus friable, pourront changer cette évohition et Useer
des lambeaux du voile sur le chapeau. Nous renvoyons à ce que nous avons dit
p. 1 IT), et surtout aux articles Avanitr et Cophiks pour la description des débris du
Voile sur le diapeau et sur le pied du stipe.
c. Passons aux divers aspects du vélum ascendant et do Voile descendant, dont
les traces se retrouvent sur le plus grand nombre des Agaricinées.
Ces voiles, considérés sur le stipe, présentent : 1' le collier, 2* le refoHemeni
ascendant (vélum partiel) ou descendant (Voile général) dont il enduit la partie
supérieure ou inférieure du stipe.
Le collier offre à considérer sa texture, ferme ou ntolfe, serrée ou lâthe,
œdémateuse; sa forme, sa place, ses dimensions et son port. Il retombe Ofudi/iml,
godant sur le stipe, alors le nom de coUerette lui convient ; ou, ferme et lafge, il
reste dressé, et on dit mieux collet; ou, peu saillant, il entoure le stipe à k
manière d'un anneau spongieux, aranéeux, etc. ; ou enfin il n'est pfais qu'un lona
coloré, plutôt appréciable par un changement de teinte.
Nous conservons la dénomination générale de collier et de stipe annulé pour les
formes intermédiaires ou indéterminées. Si le collier occupe âpen près le milieu du
stipe, il est dit médian; au-dessus, il est supérieur; au-dessous, inférieur. Il est
mince ou épais, aride ou mon ou ctdémateux {tumidus),membraneuz,€elbdeuj,
farifteux ou aranéeux ou subaranéeux; il est caduc (tombant do lui-même), on
persistant y adhérent ou délébile (très-facile à enlever) , ou plus généralement /ti^arr.
Sa face hyméniale, tournée vers les lames, est souvent striée par leur empreinte»
souventcolorécpar la poussière sporalc; son limbe externe diversement iMxmpd.d^*
diiqueté, flottant. Son bord et ssihcestipale concave embrassent le stipe et se conti-
nuent ordinairement avec le revêtement ascendant ou descendant, qui n'est conun.
lui que la suite du même voile. Si le collier est aranéeux, il est alors très-laifale et
Irès-liif^iice, souvent à peine indiqué par quelques fibres flottantes. Le revêtement,
riimme le collier, peut être membraneux, fibrillenx, aranéeux, squameux,turfuno^,
ffff^kpii'fois pulvérulent , quelquefois glutineui. Maisil arrive souvent que. parsuite
iht d/'teio|)|)cment rapide du stipe, le revêtement (Surtout descendant), est rompu
4^ d'MirrnU^ manières, et les lambeaux de formes variées mais constantes dans
AGARTCINÉES. ifà
choque espèce, dessinent des anneaux dédUquetés, des chinures (anneaux sou*
vent iocoDiplete, irr^liers, à contour indécis), des écaiUeSy etc., occupant la
psrtie inférieure du stipe à partir de Tanneau (ou, en son absence, du lieu de con-
nivenee du pourtour du stipe). Le Voile général, comme le vélum, peut être réduit
à one poussière délébile, à un sim|de pruiné^ encore vkiUe sur le chapeau, ou
sur le stipe, particulièrement sous les lames oàlon trouve dessquamules, une
farine, restes délébiles du velum évanoui.
Collier mixte. Le collier, étudié de très-près, a, le plus souvent peut-être, un
canidère miirte (ascendant et descendant) dans lequel prédomine un des deux com-
posants. En effet, les fibres qui forment le collier s'écartent vers son bord interne,
les ones, ordinairement moins nombreuses, plus pâlos, quelquefois promptement
squameuses, furfuraeées, se dirigent en haut sous les lames; les autres, ordinaire-
ment plus nombreuses, en bas, pour former le revêtement descendant. Alors, par
ce double revêtement dont on peut apprécier ordinairement la disposition, le stipe
entier est revêtu.
IV. Le Stipe, comme le chapeau, doit être étudié : A. dans ses dimensions (dia-
mètre et hauteur) ; m, dans sa forme; €. dans le détail de sa surface et de son té-
;*ninent; D. dans son tissu, sa cavité médullaire, sa consistance; fi. enfin, dans ses
rapports avec le mycdium et avec le chapeau.
A. Leg dimensions, diamètre [d.] et hauteur [h.], doivent être mesurées,
noUnt à part, quand die est importante, la longueur de la partie hypogée. Il est
l«n de rendre Timpression générale, résultant de leur rapport avec l'ensemble :
011 dit stipe long ou court, trapu ou élancé, obèse ou maigre, grêle, etc.
■. La forme du stipe est symétrique : droit, rond, soit cylindrique, soit régu-
lièrement atténué de bas en haut (on dit communément alors atténué), on de haut
en bas (on dit atténué en bas) ; on dira stipe clavé, si le renflement de bas en
haut a Ln forme de massue. Au lieu de cette régularité, il peut être aplati ou
ioplatir par les accidents de développement , ou être épais, obèse, ventru; subcy-'
lindrique, bossdé, fléchi, cotirbé; tordu sur son axe. En outre, les extrémités
sont plus ou moins renflées : le haut s'évase peu ou beaucoup avant de se plonger
dans l'hyménophore ; le bas, on Pied, est droit, fléchi, courbé ou même recourbé
en crosse. On le dira obdavé, s'il s'épaissit progressivement et régulièrement en
massue; — épaulé s'il se renfle tout à coup, et turbiné si ce renflement s'atténue
en toupie; — tuberculeux, s'il se tuméfie irrégulièrement; enflé, si, dilaté et
cartonné, il est cave ou médulleux ; — bulbeitx, s'il est renflé et arrondi en bulbe;
— chaussé, nuatéj s'il se couvre de villosités, etc. ; et guêtréj si ce revêtement
monte plus haut. Le pied des espèces épiphpes s'évase en socle (pied de coupe)
on en disque, ou parait comme fiché (sans évasement) dans son support. Enfin,
dans certains groupes, le stipe est d'abord entièrement enseveli sous le chapeau
encore fermé, et la marge de celui-ci, connivente ou appliquée sur le pied, sur le
hiibe, peut y laisser une dépression circulaire, indice persistant de ce rapport
dn premier âge : je dis alors, empruntant un terme au menuisier, pied c/ian-
Ummé,
c. Surface du stipe. Les détails de cette surface sont décrits par les mêmes
«pialificatife que ceux qui servent pour le chapeau. Remarquons seulement que
pour les genres et sections où le chapeau, dans son premier ftge, est connivenl ou
appliqué sur le stipe, les moindres squames floconneuses, furiuracées, etc., doivent
être considérées comme les dernières traces du velum partiel elfacé, et notées
avec soin ; au contraire, la pulvérulence, les fibrilles, peluches, squames, furfurs,
iU AGARICINËES.
viscosités, etc., qu'on troure aurdeêsotu de la nme (marquée ou non par on col-
lier) où le bord du chapeau était luté sur le sUpe, doivent être rapportés au
voile général plus ou moins effacé ; alors ces traces sont ordinairement de màne
luture que cdles qu'on trouve sur le diapeau. Hais quand les chapeaux sont
enroulés dans leur première jeunesse, les lames ne sont jamais appliquées sur le
stipe; on conçoit donc que, dans ce cas, les débris que présente le tégument du
stipe ne peuvent plus être regaiilés conune des restes du vélum partiel ; ib sont
les traces du voile général plus ou moins imparfait. Ces distinctions expliqueront
souvent des similitudes et des ressemblances que l'on observe dans les revêtemenls
superficiels du stipe. Au-dessous de ce revêtement, il y aura k étudier le tégumeul
propre du stipe. Les auteurs l'ont rarement distingué du revêtement. Nous ne
nous ne souvenons pas d'y avoir rencontré une pellicule, mais quelquefois un
cutis, une cuticule évidemment distincte. On peut pourtant, dans beaucoup de cas,
séparer une couche externe, même très-mince; mais, ici, toutes les couches
fibreuses longitudinalement superposées se recouvrent, et ou ne voit pas nettement
que les feuillets superficiels se distinguent par leur organisation des couches plus
profondes. On y reconnaît le même Ussu fibro-cbamu, fibreux, un peu plus tassé,
plus ou moins coloré. Sur cette surface, on notera avec soin les stries, les ràicu-
lotions, qui pourraient n^suller des lames décurrentes; les veinules, vergettures^
cannelures, ruptures, squames, fissures, rigoles, — quelquefois contournées en
spirales, ou spiralées, par la torsion du stipe, etc. (Foy. p. 114, les attributs des
téguments du chapeau et ÀNAMrE pour les débris de la volva sur le pied.)
D. Le tissu du stipe présente toutes les variétés imaginables, depuis la substance
subéreuse et coriace qui résiste aux tractions les plus énergiques, jusqu'à la fra-
gilité et la ténuité la plus complète et qu'un souffle peut abattre. Chez les uns, le
stipe sera donc subéreux, coriace et ferme (Scrizophylluh) ; chez d'autres, encore
fibreux et tenace , quoique flexible et quelquefois un peu mou (Marashios, Lemthus);
chez d'autres, ce sont seulement les couches externes qui sont fermes ou même
rigides, tandisque le tissu interne, ou manque (stipe ftstuteux, cave, excavé)^ ou
est mou» médulleux, etc. (stipe médulleux). Il en résulte une consistance corti-
cale particulière, d'où le stipe est dit cartonné, cartilaginé, suivant le degré; et,
pour indiquer que la couche corticale est celluleuse ou fibreuse, etc., cellulo^...
ou fibro-cortico<ar tonné, ou — cartilaginé, si la consistance est plus marquée.
Si rettf) consist:incc corticale, bien qu'un peu élastique, l'est trop peu pour mé-
riter cfs attributs, on peut dire sm\emeni libro<ortiahélastique ou — ferme;
et enfin spongieux |:our une résistance encore moindre, car des dégradations
insensibles mènent du stipe fibro-oortioo-cartilagineux au stipe fUmhchamu /i
charnu* Il sera d'autant plus charnu qu'il sera plus ruptUe (se laissera mieux
rompre transversalement) en présentant moins l'asfiect fibreux; — d'autant plus
fibreux (|ue, résistant à cette rupture, il sera plus fissile (se laissera fendre sans
ao ronipiv) ; il véi tenace (|uand, non ruptile, très-fibreux, il ne se prête pas sans
oiïorU A cet écartement longitudinal des filnnes, qui paraissent alore enchevêtrées,
foutrées. Il faut avouer que souvent cette consistance cartonnée ou cartilagineuse
M loin d*(Hre aussi constante et aussi marquée que Fries le donne à entendre par
le rAk* ini)iortarit qu'il lut fait jouer. Je dirai dans les cas douteux : pseudo^arti-
haineux. En effet, |K)ur constati^r cette consistance cartilagineuse, il faut le plus
M)nvi«nl que tv soit an moment même de la cueillette du champignon, sans quoi ces
HliiN't iM< liuionl et ne sont plus que flasques et fibreux ! C'est évidemment l'eau qui
1rs gonlle, h^ rend turgescents. On appelle compacte un stipe gros, cliamu, ou
AGARICINËES. 135
même fibreux, mats sec, plein, non ou très-peu élastique ; on dit ipongiettx^ pbro-
spongieux, pour indiquer un tissu mou mais encore élastique. Le tissu charnu,
c'est-à^ire ruptile dans tous les sens, pourra encore être dit fihrchcharnu, si,
malgré une rupture facile, une texture ûbreuse est encore éyidente ; il est alors rup-
tile et fissile (Ahakitss, etc.), ou ceUuUhdiamUy si la texture est granuleuse
|Lactaires, Rossoles, etc.); mais nous disons simplement charnu, lorsque nous
aroQs aflàire à un slipe assez épais et ruptile dont nous ne pouvons préciser aussi
fineniORt la texture, etc. Si le stipe est composé d*une seule et même substance
dans toute son épaisseur, on dit qu'il est plein (solidm) ; mais souvent le stipe
Gbreuxou fibro-chamu offre une cavité médullaire, toujours remplie (farctus) dans
If premier âge, mais bientôt entièrement vide et formant un canal régulier : on dit
alors qu'il est fisiuleux. Mais si la cavité est partielle, si la moelle non évanouie,
régulièrement ou irrégulièrement disposée, occupe encore çà et là des portions du
conduit médullaire, on dit qu'il est cave; et enfin cave, si ces lacunes ne se pro-
duiseot qu'au delà de l'âge adulte ; on dit excavé, si ces lacunes sont dues aux
tanesqui détruisent le tissu médullaire, mais creusé, si ces larves ont détruit
le tissu central non médullaire. Le tissu médullaire est celui qui remplit le centre
de certains stipes. On dit canal et cylindre médullaire, si cette cavité et son con-
tenu sont nettement et brusquement séparés des couches corticales, et seulement
centre médullaire dans le cas contraire. Le tissu médullaire peut être aranéeux,
aréolaire, floconneux (comme de louate légère), spongieux (comme la moelle du
!«reau), fibro-spongieux, fibreux; et le stipe rempli ou bourré (farctus). Enfin,
le stipe de quelques CorRiKs et Coprikàriés atteint le dernier terme de fragilité :
largement ibtuleux et formé d'un tube fibro-membraneux très-mince, transparent,
Taillant, qu'un souffle suffit pour renverser et rompre, on le dit tubuleux, si plus
de la moitié du diamètre est occupé par le canal ; et on exprime les degrés de cette
organisation par les mots submembraneuXj membraneux , et hyaUn quand il
€$t translucide ; — les degrés de fragilité par faible, fragile^ frêle (faible et fra-
gile), fluet (mince et délicat), diancelant,
B. Il ne reste plus à étudier du stipe que les rapports de ses deux extrémités. Nous
a\ons déjà décrit (p. 418) celui de l'extrémité supérieure avec les lames; il s'agit
maintenant des rapports avec l'hyménophore. Ils sont de la première importance,
le tissu du stipe peut se continuer sans changement avec l'hyménophore, de telle
sorte que, sur imc section selon l'axe du stipe, l'œil ne peut saisir aucune ligne de
démarcation entre le cliapeau et le stipe, et qu'ils ne peuvent se sépoi'er que par
uiie rupture irrégulière (Ag. Tricholoma, Clitocybe, Russule, Cantharelle, etc.).
Souvent, dans ce cas, la partie corticale et fibreuse du stipe s'évase et se continue
avec la ooudie iniérieure de l'hyménophore, tapissée par l'hyméniùm, tandis que le
cenlre médullaire du stipe se continue avec la chair et la superficie du chapeau
(CuTocTEc). Dans tous les cas, le tissu du stipe et de l'hyménophore sont évidem-
laent de même nature, homogènes. Nous ne savons par quelle faute de langage
Fries dit alors hyménophore contigu (contignus); c'est continu au stipe qu'il faut
<liœ. hans d'autres cas, le tissu fibreux ou cartilagineux du stipe contraste avec le
l^u spongieux et mou de l'hyménophore, et la divulsion entre deux tissus si hé-
térogènes est nette et facile : le stipe alors est hétérogène et séparable (Collybia,
)Ikeiia). Mais il y a des genres (Avaziitbs, Lépiotes, Volvaires), chez lesquels
u» fait plus remarquable se rencontre. Bien que dans ces groupes un stipe fibro-
Hiarnu et même cliarnu (surtout par son extrémité supérieure) se plonge dans un
livm^'oophore également charnu, cependant le stipe reste, dans presque toutes les
fM AGARICIXÉCS.
phases de «m existenoe, plus od moins daîrement datenuUe à^ llijiiiéoo|4iore ;
avec une sectioa comeoMe sur on jeune sujet, l'ieil suit aam faiea la télé ooa\cie
do stipe plon^ dans Thyioéiiophore qui sera alors éittimi {dûeretu) ; et de
pins, dam on étal de maturité convenable, on pourra aoavenl par un elfori léger
e*. bien diri^ré, «léparer répilîèfenient et sans rupture k stipe de l'hTménophore :
nous dirons alors Thyménophore iuiinei et séparMe du stipe.
La partie inlérienre du stipe, ordinairement tuméfiée et à tissu plus mou, |4us
<(pongieut, s*ins&resnrle mycélium; mais œs rapports sont encore ftirt mal étudié».
V. \om ferons connaître le Miceltov à l'article ûuvpicBon. Disons seuleoieot
que re mycélium, bbnc ou coloré, est ou paraît qœlqucftiis absent (Ahasites), ou
nrflnleux, floeoftneHXj feutré^ fibriUeux, dievriu, (Uamenteux^ ou compose de
longues radicuUii n^istantes, traçantes; ou ce Mycélium est charnu, soit rtanewc,
Mfà concrft (McUroiium) ; on léger ou compacte. Enfin, le stipe se tormine souvent
par une racine unique fusiforme pivotante, quelquefois maigre et comme êrodée,
W. Pionuérés oacABOLBPTiQoes. Couleurs. Il laut que la mycologie sorte du
chaos ou la nomendatiire des couleurs la jetée. Certainement, et quoi qu'en dise et
ipi*cn raille le célèbre mycologue suédois, les couleurs ont une grande imporbocc
pratique; non, sans doute, pour letablisBement des groupes, comme Ta fait
Penmon, mais pour la détermination des espèces. Malheureusement la langue des
couleurs manquait de base, de sorte que, ue pouvant déterminer les nuances, on n'a
reconnu ni l'étendue ni h limite de leurs variations dans chaque espèce, limite
assez restreinte cependant. Le remarquable travail de M. Chevreul nous a fait sortir
de cette indétermination. Mais ce travail est encore peu connu. Nous en donnerons
b clef au mot Couleur. Usons seulement ici qu*iui mycologiste doit s exercer à
oonuaitrc les six couleurs franches : rauge^ orangé^ jaune^ vert^ Ueu^ vioUi^ et
leurs intermédiaires, rouge-orangé^ orangèjaune^ etc. ; qu'il doit se garder, quel
que soit le ton (rintcnsité) de la couleur, de confondre le ja/une (citron) avec l'o-
rangé (carotte); qu'il doit savoir reconnaître à l'œil au moins cinq nuances ou tons
aflerents à chacune de ces douze couleurs, suivant qu'elles sont plus ou moins con-
centrées, que les molécules colorantes sont plus rapprochées; c'est cette gradation
qui constitue la gamme chromatique de Chevreul (divisée en vingt tonsj. Gomnic
la plupart des auteurs ont confondu le jaune (flavus) et l'orangé (luteus)^ nous
écrivons en italique le mot jaune et ses dérivés toutes les Ibis que nous sonunes
sûrs que c'est vraiment le jaune (serin, citron, etc.) dont il est question; nous
laissons le mot jaune en écriture ordinaire, toutes les fois que nous ne savons |as
ii c'est jaune ou orangé que l'auteur veut exprimer.
Nous disons donc, en parlant de chaque couleur, qu'elle est très<Uiir€ (ou que
U'X fond se teinte de,,,), daire; (au lieu de claire nous disons très-faible ^ faMe,
t\u»itA b eonlifur est rabattue d'ombre). Le ton moyen s'exprime par le nom de la
«iMibffir ftoiM attriliut ou suiri du mot moyen', si l'intensité augmente encore, la
é^iUmr m fonce, et on dit foncée^ très-foncée. Or, il résulte de nos obsenations
ynfiutîYthtm et de« remarques de H. J. de Seynes (Essai d'une flore nsycologiqur
en fiardf qne c'eut principalement dans le sens de cette gamme chromaliqiH'
qtf'tiM^ in^i^/*»|i^'/?|N»ut offrir des intensités de couleurs différentes. Nous crofon»
p^i h b Mil^ituti/in fie couleurs vraiment nouvelles dans une môme espèce. Ush
qiV'ip^friH b /fiticul/* ift surtout la pellicule perdant ou diluant sa matière colo-
rante, bHM! «iiir fMr inmfmronce colle du tissu sous-jacent et simule un chan-
fi**ff¥^nî dt' rtfiiU' $r, C#'«t ainsi cpie An. Moscaria, de rouge orangé, devient
^9i0ii%mmy/l'.^mne,
AGÂHICINÉES. 137
Enfin le mjoologiste doit pouvoir appréeier, pour diacune des 60 nuances
(13 X^) que Toeil et la mémoire peuvent facilement s'exercer à reconnaître, cinq
termes de dégradation de ces couleurs par renvahissemcnt de Tombre, ou, comme
ditCberreul, suivant que les nuances sont de plus en plus tef^ies ou rabattues
parie gris de plus en plus foncé. Nous exprimerons donc ce phénomène dj Ten-
Tthissenœnt de l'ombre ou du gris par les attributs suivants ajoutés aux nuances
précédenunent désignées : couleur franche (non mbaltue), — ombrée (ombre
lrès4égère), —grise^ — terne (t^rme moyen), — sombre ^ — enfin éteinte quand
l'omlMie a voilé presque complètement la nuance propre. Dans une môme espèce
hfgropbaoe, quand Timbibition a pour résultat de teniir, d'assombrir la couleur
propre; nous disons andeur imbue. Dans les espèces non hygi ophancs, la nuance est
^gèremeut modifiée, souvent prend plus d'écho; nous disons moite (voy. p. ii6).
Nous tâchons de nous servir quelquefois de cette langue des couleurs dans nos
descriptions, mais à titre d'essai seulement, car il faudrait repasser toute la flore
i ce point de vue, et nous ne l'avons pas fait. C'est pourquoi nous nous trouvons
forcé, quoique à regret, d'indiquer encore les couleurs par les à peu près des gix^s*
<iêres comparaisons en usage. Nous renonçons pourtant à dresser ici la liste longue
et fastidieuse de cette nomenclature, qui, depuis celle de Chevreul, ne nous paraît
pas appelée à mi long avenir. Nous nous servons souvent de pâle pour indiquer un
Uanc très-légiarement teinté de jaune ou d'orangé; mais nous disons blême si le
teiiité est d'un jaune verdàtre (le blanc étant toujours dominant), — chloré^ et,
f^ar un degré de plus, (lave^ quand la nuance plus prononcée appartient vraiment
aQ/oan^; — alutacé, pour dire orangé clair (chamois) ; — ochracéj pour orangé
bible, ombré et mate; — briqueté ((atoràtus), pour désigner la couleur de la bri-
que, ou orangé-rouge, ombré ou terni, etc. — brun est la teinte marron très-
rabattue, éteinte ; — fauve est un jaune foncé très-rabattu ou sombre ; — fuligineux
^ un degré de plus, c'est le jaune éteint par le noir, etc.
Odeur et sAVEun. Les cluûnpignons ont des saveurs, exhalent des arômes très*
<li^ers, très^ispéciaux. Par l'habitude, un bon nombre d'espèa?s peuvent être recon-
nues parleur goût et surtout par leur parfum. Mais comment transmettre à un autre
l'identité de ces sensations fugitives et sans nom? Nous nous bornerons aux infimes
catégories d'usage. On dit pour l'odeur et la saveur : faible (douce ou fade) ou
forte; spéciale (quand très-peu la possèdent) ou ordinaire (de champignon) ; agréa-
Ueoo désagréable. Pour l'odeur on dit particulièrement : aromatique (œillet, etc.);
«vapf (douce et agréable : la rose, la violette, etc.) ; balsamique (musc, ambre,
benjoin); vireuse (solanées, ciguë, etc.) ; alliacée; fétide (moisi, etc.); repous-
sante; nauséeuse. Fries dit souvent expansive (fragrans) pour les odeuns, fétides
ou balsamiques, qui se répandent à distance. Spécialement pour les sensations du
soûl, on aura en outre : poivrée^ piquante, adde ou addule, âpre^ amère^ acre
et brûlante. Nous ne connaissons pas de champignon sucré. Enfin on tii*e d'impr-
l^nU caractères du corps, le plus souvent privé de vie, sur lequel se développent les
A^iricinées : épigée (sur la terre) ; épiphyte (sur les plantes, arbres et troncs) ;
qw^ (sur le bois); épiphylle (sur les feuilles) ; épicarphe (sur la paille); épicopre
(sur le fumier); etc., etc. Il importe encore de noter leur mode de groupement : ils
^t solitûiresou groupés^ soit en troupes (libres) , soit en touffe (seirés les uns auprès
i^ autres, adhérents ou non) . S'il y a certainement adhérence, on ajoutera adnexés,
sdnés ; et enfin oonnés, s'ils partent d'une souche commune. On indiquera toujours
ia saison et le site où a été récolté le champignon; car certaines espèces sont très-
'iclusives : vernales, estivales^ automnales, tardives jserotina;). Beaucoup ne
ISS AGARICINËES.
se trouTent que chez certaines essences 'de bois (c'est ainsi que les Conifères
ont une mycologie assez spécialisée), d'autres dans des plaines humides, mous-
seuses (et dans telle mousse), d'autres dans des lieux insolés, etc. Ce sont des
indications faciles, et ,qu il faut se garder d'omettre, parce qu'elles caractérisent
certaines espèces.
Leur mode de teiminaison n'est pas moins important à signaler. Ils se dessè-
chent, ou se ramollissent, se liquéfient plus ou moins rapidement, en prenant dos
formes, des couleurs, des odeurs qu'il faut noter.
Enfin, dans leur jeunesse, leur âge adulte ou leur vieillesse, ik sont intacts ou
enlamés, ou mangés plus ou moins constamment par des limaces, des larres ou
des insectes divers qui hâtent leur destruction.
ir rASTiB. CLASsmcATioif dbs agariciaébs. On peut diviser les genres de
cette famille en deux grands groupes, suivant la nature intime de leur tissu :
A. Tous ceux dont le tissu, surtout du chapeau et au moins des lames, est diamu-
fragile ou au moins facilement déchirable, et le plus souvent s'altère proroptement
étant cueilli. Noas appelons ce groupe les mAousa wtrwmmmamÊMm,
m. Tous ceux dont le tissu est plutôt fibreux, ordinairement sec, mou ou ferme,
souvent flexible, mais toujours tenace et résistant, même les lames; étant cueillis,
ils ne se pourrissent pas, mais se dessèchent et offrent ensuite, si on les imbibe, la
remarquable propriété de reprendre la forme et la vie. Nous appelons ce groupe
les niACBi mkvrvmcmmm.
Cependant, comme il arrive toutes les fois que des coupures sont pratiquées
dans des séries continues, il y a quelques espèces que l'on est obligé de placer
presque arbitrairement dans l'un ou dans l'autre groupe ; c'est ce qui nous arrive
ici, tant les espèces sont rapprochées. Nous prendrons soin d'indiquer les espèces
ou les petits groupes qui servent comme de termes de transition. Ici, par exemple,
entre les deux termes A et B, il y a quelques Agarics coUybia du groupe A, dont
le stipe tenace ressemble fort à celui de plusieurs Marasmes du groupe B, et qui
même, par un temps sec, peuvent se dessécher, et étant imbibés revivre (Ag. Coll.
posiPEs; — DRTOPHiLE, ctc.) ; et, d'autre part, quelques marasmes (obbades,
— PERONATDs) out Ic port dcs CoUybia, mais les lames de ceux-ci sont constam-
ment beaucoup plus fragiles que chez les Marasmes. De même, quelques-unes des
dernières CanthareUes avoisinent de fort près les Xerotus^ et môme quelques
Auriculatis. Mais dans tous ces cas douteux, les lames consultées, et aussi l'circMte
affinité avec telle espèce voisine non douteuse, décident.
A. Les rsAoun pvnuncniuM peuvent être divisés (difficilement) en deux
groupes inégaux, soit a et |3.
a. Ce groupe a pour caractères communs : un hyménophore absolument continu e€ à peu
prés homogène avec le stipe, la confection et l'apparence des lames céracées ou mkeér&cés»
et emmées avec Thyménophore, une trame également homogène, le plus souvent gruiu*
leuse ou ^iculeuse et fragile, de sorte qu'on ne peut que diflldlement et imparfûtnnent
dédoubler le pli hyménial, constitutif de la lame. Mais les caractères de chaque genre limi-
teront mieui cette section.
RossDLA et ucTABios Ont tous deux un tissu vésiculaire et celluleux (jamais
fibreux), et par suite ruptile et non fissile; des spores globuleuses et mlkrifo^nc^
ou hérissées, le bord des lames lisse et aigu.
I. LseUuriMs, Mich. et Pers. Ce genre se distingue par des lames lactescentes h
lait Uanc ou coloré, (mais par un temps sec une espèce, L. vellbrbus Fr., est
sans kit), souvent étroites, peu épaisses, également atténuées aux deux exirémi*
tés, lames ou simples, et alors lamelltiles nombreuses et ordinairement syméd ^-
VGARICINËES. Vl\)
<|ucs, ou bifurquées; souvent décurrentcs. Spm^e^i blanches, rarement teinté»»
(torangé trètrclair. Chapeau d abord ou enfni déprimé, ombiliqué, d*abonl eii-
rouJé et souvent marge barbue, velue ou tomenteuse, ou vacuolée; quelquefois le
clinj)eau et le stipe lui-même pubescents, tomenteux. (Voy, Lactaire.)
H. AvMvla« l^ers. et Fr. Ce genre se distingue par des lames non lactes-
centes ni aquesceutes, mais plus larges, plus fermes (dans la Russule fraîche),
i-aremeut sul>décurrentes, quelquefois bifurquées, plutôt simples, oixlinai rement
atténuées inégalement aux deux extrémités, plus larges en avant ; lanu'llules
rares y irrégulièrement distribuées ou nulles, Cluipeauà'dhovd connivent et recou-
vert d'une pellicule, quelquefois d'une cuticule, puis souvent aplani, enfin déprimé,
({iielquefois gercé, sans trace de vélum sur la marge nue. (Voy, Russule.)
)1L ■ygrophoms, Fr. Lames céracées, souvent plicifomics, à bords aigus
ou subaigus, plus ou moins aque^centes (non lactescentes), distantes, à base
d'alx>rd ou enfin veinée, souvent rameuses ou à lamellules régulièrement distri-
buées; trame floconneuse mêlée de granulations, fragile. Chapeau chavnu, visqueux
ou mouillé (viscosité représentant le vélum); couleurs vives, nettes, rarement
rjliattues; chair plus ou moins aquescentc. Stipe très-charnu, homogène au cha-
peau. Épigé. Spores globuleuses et blanches. {Voy. Hyghophore.)
IV. Njetali», Fr. Très-charnus, à chair devenant cendrée, puis sombre.
Lames épaisses, aquescentes, subgélalineuses, inégales, non décurrentes ni en
forme de plis, mais à bords obtus ; vélum floconneux piUvérulerU. Croît sur les
Agarics morts. (Voy. >Jyctaus.)
V. CaMtimrell««, Adans. Champignons turbines ou infundibulés , charnus-
libreuxou fibreux et souvent fibro-membraneux. Laines étroites, épaisses, gonflées,
pHciformesh bords obtus, décuiTentes, une ou plusieurs fois dichotomes; vallécules
fertiles. Spores blanches, globuleuses. Aucune trace de voiles. (Quelques Ganta-
relies (ibio-membraneuses et infundibulées sont un peu tenaces et, par un temps
sif, peu putrescibles.) (Voy. Cantiiarelle.)
,9. Le plus grand des deux groupes des Agaricinéet fragiles putrescibles comprend huit
K^'iires.
II a pour caractères génériques d'avoir les lames molles et membraneuses, trame humide
et floconneuse, plus faible que l'hymen'um, et par suite lames dédoublables. Mais la carac-
téristiqae des genres en fera mieux connaître l'étendue.
Vf. Amanita, Pers. Formes symétriques, tégument du chapeau et voile hété-
rogènes, distincts et séparés ou séparables. Volva lexto- . . ou pulvo-membraneuse
ou pulvérulente; rc/ttfn manifeste, persistant comme collier ascendant, ou rare-
ment évanoui. ffi/ni(j'wopft(W'«cellulo-chamu, mou, fragile, distinct et quelquefois
s^parable du stipe, et mtuii d'un cutis pelliculaire nu ou portant les débris adne.Kés
<lela volva. Chapeau d'abord à forme connivente, mais le bord des lames appliqué
sur le stipe, puis convexe. Lames libres, nombreuses, minces, molles, fragiles, à
Ijoitls parallèles. Stipe fibro-charnu, médulleux ou avec canal médulleux, ruptile
et fissile. Spores et Limes blanches à cause de la séparation artificielle des Amanites
à spores colorées (voy. pour elles art. Chromospore.). Épigées. (Voy. Amahite.)
Vil. i^epiota. Fr. Voile homogène ticonné avecle tégument duchapeau, qui à
cause de cela reste écailleux , squameux , ou fibrilleux (quelquefois très-fi uement) . Voi le
concrète aussi avec le vélum, tous deux fonuant un collier plutôt mixte, devenant
((uclquefois mobile, {persistant ou fugace. Hyménophore cellulo-charnu, assez mou
et fragile, quelquefois mince , distinct et plusou moins facileinent séparable du sli|)e.
Lames libres, nombreuses, larges, molles, à bords parallèles, atfcimées en dc«laus
DicT. ESC. II. y
ir>0 AGARlClNËtS.
et aboutissant Iràs-souvent à un collariutn flus ou moins développé. Stipediaruu-
librcux, médullo-lisluleux, à consistance ferme ou un \)cn cartonnée. Quelques
espèces septentrionales ont le voile visqueux . Spores et lames blanches à cause de la
séparation artiliciellc des Lépiotes à spoi-es colorées {voy. pour elles aii. Cuftovo-
si>ore). Épigées. (Voy. Lépiote.)
YIII. Honta^altcs, Fr. Agurieinée anormale. Chapeau nu et lisse en dessous ;
latnes udlixées seulement sur la marge du chapeau, étendues comme des rayou^
libres, nombreuses, rapprochées, se desséchant, à spores noires et globuleuses. {Yoy.
MONTAGRITES.)
IX. CoprliHM, Pers. et Kr. Lames nombreuses, pressées, (Vabord unies entre
elles par leurs bords^ et au stipe par une transformation du vélum ; trame débile.
Plus taixl, Vailles diffluentes, goixilchni un lait noir qui entraine Thyménophorr
plus ou moins membraneux, distinct et bien séparable du stipe , mais d*abord femu'
et appliqué sur ce stiiie. Spores grandes, ovales, noires. Voile manifeste chez les uns,
devenant micacé, pulvérulent et s*évanouissant chez les autres. (Voy. Coprir.)
X. méKhiÈmm^ Fr. Hyménophore presque distinct. Lames roembraneu>cs
molles,'^bientôt pulvérulentes par les spores qui se détachent et tombent sur \e>
lames a la manière des Cortinaires (ces spores ne sont ni quateniées ni noire»),
enfin liquescentes, mais à peine diflluentes; la trame est débile. Champignons fu-
gu( es plutôt épicopres, petits, de printemps ou d*été. Stipe cave ou fistuleux. Cha-
peau teinté d'orangé. Se rapprochent des Copri.is par leur port et leur tissu, mA\<
des Cortinaires par leurs spores et leur lames pulvérulentes. {Voy, Bolbie.)
XI. CorttaarliM, Pers. et Pries. Hyménophore très-généralement continu avif
le stipe, souvent tuniélié à la base. Lames membraneuses, sèclies, u trame flocon
neuse, persisbntes, assez facilement séparables du plancher; leurs liords sont
concolores; elles sont |iersistantcs et se dessèchent, changent aloi-splus ou moins de
couleur, leur surface devient pulvérulente et de couleur cannelle par les s|)ores non
lancées, mais tombant sur les lames. Voile mixte, aranéeux, adné sur le tégument,
mais liétérogène (au contraire, chez les Ag. chrom., h Cortine aranéetise (I^ocibi:
et Flaiimula Fr.), le voile est homogène et continu avec le cutis), devenant oortiiio
ou collier pl::s ou moins délébile. Agaricinées rharaues, putrescibles, épigées (les
individus du sous-genre Ag. chrom, hamiiula qui, p.ir le voile aranéeux et b
couleur des .spores, poun-aient tromper, sont ordinairement épixyles). Les s|ior(*^
couleur cannelle sur les lames deviennent sub-ocracées dans un pli de papier. I u
port très-spécial sépare les Cortinaires des Agarics chromospores ferrugineux, etc.
iDerniini de Fries. (Voy. Cortin aire.)
XII. Paxiilm, Fr. Hyménophore à tissu charnu, mou, continu avec le stipe
quelquefois excentri(|ne on nul, marge toujours enroulée A déroulement indéfini.
Lames à trame débile, menibmneuses, décurrentes, rapprochées, :\ boid aign,
rameuses, ]iai*ais$ant d*aljord anastomosées en arrière, facilentent séparables iXc
Thyménopliore, se teintent par des spores sordides ou ferrugineuses. ( Yoy.
PAXILLE.)
XIII. CoinphMIwi* Fr. Spores fusifonnes , Ihménophore très-clianiu, dmir-
rrnt en ^lipe fibro-charnu, enfin turbiné. Lames subrameuses, d'abord muci-
laginenses et mollo>, à trame notable ou débile et membrane h>méniale facilenieiil
déplissable et scissilc, décurrentes, de claires se teintent par des spores» noiràtit^s.
Voile d'alford glutineux, puis floconneux ou aranéeux. [Voy, Gompuide.)
XIV. AfaitaM, L. et Fr. Ces tmze genres vraiment naturels étant dibtmil^
AGARIGINÉES. 131
de l'aiicieii genre Agaricus L., le reste, assez mêlé et eiRore ù ikmiembrer, admet
difTicilemeiit une caractéristique générale, et se limite surtout par eiclnsion. Il
ne reulermc plas (et indûment) qu*un très-petit nombre d'Agaricinées à liymé-
uopliorc séparé, moins encore à Voileiibre ethélorogène,et seulement dans la série
(1(» Ag. chromospores, dans laquelle nous avons laissé provison-cment les types
correspondants aux genres Lépiote et Amanite des An. Leccospores. Quel([ues
Agai'ics à spores blanches parmi les CoUybes ont encore un hyménopbore séparable
à cause de rbétérogénéité des tissus du slipe cartilagineux et du chapeau charnu.
Pour le plus grand nombre, le slipe est franchement continu avec Thyménophore
mou, charnu ou membraneux, putrescible. Les lames sont persistantes, ordinaire-
ment assez minces, adnées sur l*hyménophore par une trame concrète ou flocon-
neuse, (rarement débile et seulement si la chair du chapeau s'est éTanonie),
à bord d aljord libre et aigu ; elles peuvent se dédoubler avec plus ou moins de
facilité et projettent leurs spores arrondies, ovoïdes (polygonales dans quelques
chroniospores roses). Mais c'est surtout par l'étude des sept formes typiques que
ce genre renterme et qui se retrouvent dans les deux séries^ Leucosporeb et
(iUROMOSPURES, dans lesquelles nous le divisons, que Ton possédera les caractéris-
tiques complexesdu genre Agaricus, aujourd'hui conventionnel. (Voy. Agaric.)
B. Agarioiuées à tissu tewace Mkviviac&KTi elles comprennent six petits genres
rangée dans leur ordre de coriacité piogressivc :
1* Quatre ont leurs lames encore flexibles, au moins étant jeunes.
\V. HttraimliH, Fr. Hyménophore mince, subcharnu ou membraneux, mais
toujours flexible et au moins un peu tenace, hétérogène au stipe tenace et carti-
lagineux ou conié. L*Hymeninm sec, à vallécules fertiles, forme des lames ou des
plis à bords aigus plus ou moins soutenus par une trame connée et semblable a
ï'hyménophore. Spores blanches subelliptiques, chapeau enfin sillonné ou ridé.
Lames obtuses par derrière, plus ou moins adnées-annulées, très-rarement décur-
renles. Le plus souvent épiphyllc ou épiphyte. {Voy. Marasme.)
XVI. lientlniM, Fr. Tissu tenace, flexible; hyménophore homogène avec le
stipe induré, mais quelquefois oblitéré. Lames minces, flexibleSt ^ trame peu
distincte, connées avec Ï'hyménophore, abord aigu, mais denticulées^ déchiquetées.
Spores blanches, rarement teintées d'orangé clair. Champignons réguliers ou irré-
guliers, croissant lentement, persistants. Ordinairement épixyle. {Voy, Lbk-
nivus.)
XVn. PaaiM, Fr. Chapeau d'abord charnu, tenace, enfin coriace mais non
ligneux. Lames parfaites, à bord aigu et bien mii, fermes, inégales, d*abord flexibles,
eniiji coriaces, à trame manifeste, fibreuse, souvent veinées-coimexées. Spores
blanches. Champignons diflbrmes ou latéraux, longtemps persistants. Epixyles.
(Voy. Pa.mjs.)
XVIII. XerotMi, Fr. Chapeau membi^neux; lames dichotomes et coriaces,
pliciformes, à bord obtUs et intact. Ce genre se rapproche du génie CAittHARELLE,
mais il est membranetix-coriace et a les laines moins larges. Il est surtout propre
aux tropiques.
XIX. Troffiai Ft-. Ce genre se distingue par ses lames veinées, pliciformes,
dichotomes, à bdrd épais, longuement canaliculé ou crispé.
2" Deux genres ont les lames toujours coriaces.
XX i HcIdBiiphyUiiiii, Fr. Champignons sans chair, constitués par un tégu-
n:enl tomenteax et sec recouvrant des lames coriaces ramifiées en éventail, et ont
iri2 AGATIIOSMA.
I(! bord lil)i*e des luiiicllules esl contourné. Épi\ylc. L'nc seule c>|jèco daus iiiys
clinialSy Scii. coimuN. (Bull., t. 546 el 581, i. 1 .)
\\l. licasitos, Fr. (Ihampignons sul)ércux,ou ligneux sous les Iropiqucâ. N(>>
es|)èces indigènes, plulot coriaces, vivaccs ou persistantes, dimidiées el sessilcs.
I^mes coriaces, fermes, tantôt simples et inégales, tantôt rameuses et alvéolée>,
anastomosées ]iar derrière ; trame semblable au chapeau; bord des lames tantôt
obtus, tantôt aigu. Toujours épiphytes. (Voy. Lekzites.)
Voy. CiiAiiriGNoifs pour la Bibliographie. HKnTiliLLOff.
ACiATHE, xVgate ; Achates, ixArr,;, L'Agathe est un rpiarlz translucide, à
cassure tenie, susceptible d'un poli brillant, de couleur très-irariable. On nomme*
Chalcèdoine celle qui présente une transparence nébuleuse, uniforme, lilandiâtre,
bleuâtre ou verdâtre ; on donne le nom de Saphirine à une variété que 1 on (rou%i*
à Kapnik, en Pensylvnnie; elle est azurée, et se présente sous la forme decrisiau\
a<îglomérés en plaques plus ou moins épaisses, qui, d'après Haûy, sont des rhom-
boi*dres presque cubiques ; pour d'autres minéralogistes, ce sont des cubes qui
ont appartenu primitivement à du fluorure de calcium qui a été remplacé pr de la
chalcèdoine.
La coloration de la chalcèdoine est souvent due a une matière carbonée qui est
t;uitôt uniformément répandue, d'autres fois elle forme des dendrites, de»
zones, etc., etc. On la dit alors enfumée, ponctuée^ herboHsée, zonée, ruba-
uve, etc. Li variété zonée porte plus spécialement le nom A* Onyx (mot grec i|iii
signifie ongle) ; elle sort, ainsi que beaucoup d'autres, à faire des camées. La Car^
fialine est une agathe rouge orangé, homogène; on la nomme Sardoine lorsque sa
couleur est brun orangé foncé et formée du mélange des deux matières ooUk
nulles de l'onyx et de laconialine. La Praac ou Clirysoprase est une agathe colorée
en vert pomme par de l'oxyde de nickel .
Le quarts agatlie se trouve en Auvergne, en Irlande, en Islande, en Sicile, daiib \c
Palalinat, etc. 11 appartient aux teriains volcaniques anciens de nature Ini-
|)éenne; on en fait des bijoux; on en fabrique des moiliei*s très-pi*écieux pour pu U
vériser les sultsUnices très-dures ; les chimistes s'en servent souvent. Ces divef>
objets viennent de la Pmsse rliénane.Les anciens employaient l'Agathe pour calmer
la soif; on la préconisait œntre le venin des seqients et la ^4?^ofule; elle est aujour-
d'hui inusitée en médecine. 0. Réveil.
AttATHM. Voy, IUmmaka.
ACtATaOHXA. Ik-nre de plantes de la famille des ItuLiovs, éUibli |iar \^*ill-
denow, iKHir un graml nombiv d'opîvo de l'aïKMeii genre Diosma de Linné, ^.*e^l
iv nionie genre que Ibrtling et Weiidland ont appelé Bucco, Un Agathostna, qui
M* i^|)pnK^ient d'ailtein-s luMucoup desDto^iM, ont un c-alîce à cinq sépales égauv
ou inégaux, cinq (vtales étroits, h onglet allongé, souvent charçé de poils. I^eur
diNquet^t iuét'alement loU*, crénelé ; el de leurs dix étimines cinq seulement,
irlh*s qui sont altenu^ a\tv les {tétales. sont fertiles, tamlis que les ciiHj autn-»
NOiil n^présentées par des Inguettes stériles de forme ^^riable. Les carpelles, en
jurtie MiR^ns, sml au nombn^ de deu\ à ciiu] el libres |ar k*ur portion ovarienne,
l nidiN qtio ltMn> sl\ h>s >«» rôuni>senl jusi|u'à leur somn^H renflé en léle sligmatifèrr.
U'> fnuls Hint M?cs. imié|)eiifbni>, coaiine i\»ux des Diosma.
Lo .iÇQiha^mu hni( des ailNis4es ramcux un::iuain:> M*ultiuient du sud de l'A*
AfrATOPHYTUM. 155
'rique et Irèspcomniuns au cap de Bonne-Espérance ; on en compte une centaine
d'espèces. f.es feuilles sont presque toujours alternes, petites, entières ou finement
deiUelées. Elles sont parsemées de points translucides, c'est-à-dire de réservoirs
dlmile essentielle odorante, et les fleurs sont en général réunies au sommet des
rameaux eu ombelles ou en capitules.
Les principales espèces d'Agathosma sont : ÏA. pulchella (Hartogia pulchella
Berg.— Bw^ma pidchella, h,— Bucco pulchella Rom. et Sch.); 2* VA. imbricata
iBucco imbricata Wendl.) ; 3» VA. hispida (Diosma hispida Thg. — Bucco hispida
Rôra. et Sch.). Ce sont toutes plantes à odeur fortement aromatique, surtout
quand elles sont fraîches, et servant à préparer des boissons excitantes, diurétiques,
jieclorales. Toutes entrent, plus ou moins, avec de vrais Diosma, des Barosma et
des Adenandra (voy, ces mots), dans le Buchu ou Bucco (vay. ce mot) qui nous
vient du Cap.
\V.. Enum. pi, hort. Berol., 259. — Bautl. et Wendl., Diosm.^ 121, B. — Wexbl , Coll., t. lî.
-D. C, Prodrom., I, 714.— A. Juss., Rutac, 92, t. 20. — IIarv. et So:a>., FI. Cap., I, 599.
H. B.N.
ACSATMOUBS. Voy. Ophelia.
.4CSATI. Genre de plantes de la famille des Légumineuses, que Rheede a établi
pour quelques plantes rapportées par Linné au genre jEschynomenet et qui s(*
distinguent par les caractères suivants : un calice gamosépale à doux lèvres peu
prononcées ; une corolle papilionacée ; des étaminrs diadelphes aviH'. un faisceau
de neuf fdcts, auriculé à la base; un ovaire multiovulé, stipité, surmonté d*un
style filiforme ; une gousse supportée par un pied étroit; allongée, linéaire, com-
primée et contractée dans l'intervalle des graines, mais non articulée en ce point;
et des graines ovales séparées les unes des autres par des espaces ecUuleux criblés
de petites cavités inégales.
Les Agaii sont de petits arbustes à végétation rapide, originaires de TAsic tro-
picale. Leurs teuilles sont composées-pennées, accompagnées de deux stipules lan-
céolées. Leurs fleurs sont grandes et peu nombreuses sur des grappes axillaires.
L'espèce employée en médecine est VAgati grandifloi'a de Desvaux, que Linné
avait appelée ^^cÂt/TZomene grandiflora. Willdenowl'a rapportée au genre Coro-
nilla, ci Persoon au genre Sesbana. C'est un petit arbuste qui croit rapidement,
iH dont les folioles sont très-nombreuses à chaque feuille. Les grappes ne comptent
guère que deux, trois ou quatre fleurs. Les gousses sont très-développées, cîu* elles
atteignent plus dun pied de long. Cette plante est commune dans toutes les régions
chaudes de l'Inde orientale. Rheede, Rumphius et Roxbur;>h nous apprennent que
son écorce est un toxique très-puissant. Son infusion est extrêmement amère, et
ses propriétés paraissent être fort analogues à celles du Quassia. C'est le Duka des
Bengalais et le Yen*a avesi des Tingalais.
L , Spec, 1050. — W., Spec, TIÏ, 1055. — I'eus., Synop., II, 516.— Rhkede, Hort. Malabar,
l. 95, pi. 51. — Ruiimius, Amboin., I, pi. 76. — Roxb, FI. indic, 507. — Wigiit et Absott.
Prodrom., I, 213. — Desvavx, Journ. botan., III, 120. — D. C, Prodrom., II, 266. — Endl.,
^>»., II. 0555. II. B>.
AGATOPHYLLUM. ^om générique donné par k. L. de Jussicu au Rave.nsara
*voy. ce mol).
AGATOPHYTCilH. Genre de plantes de la famille des Chéno|X)déos, que Mocjuin-
Tnndon avait établi, en 1834, pour lo Bon- Henri (Chetwpoditm Bonus -He^iricwi
154 AGAVE.
L.)> et qu'il fondait sur la direction verticale des semences, les fleurs pDly<>ani<>s,
les stigmates distincts et la brièveté des folioles calicinales. Mais le mOmc auteur,
revenant, en 1 849 , sur cette première opinion, rapporta cette plante, avec C. A . Mrji»r,
au genre Blitutn de Toumefort et de Linué, et n'admit plus les Agaiophytôn que
comme une section du genre Blitutn (voy. ce mot) , caractérisée par des fleurs en
épis denses, terminaux, un calice non charnu, plus court que le fruit, des stigmatis
distincts et des feuilles glabres, farineuses, non glanduleuses. Nous appellerons
donc désormais Blitutn BatiuS'Hettricus la seule plante de ce groupe qui soit mi*
ployée en médecine.
MoQriN-ÎAXiwx. In Afin. êC. nat,, sér. î, I, 291, t. X, fig. C; et in D. C. Prodrom., XIH,
85. H. Bw.
A<}A¥E. Genre de plantes monocotylédones, de la famille des Amaryllidées,
mais appartenant à une tribu distincte de cette famille, celle des Agavées, qui
oflre en même temps beaucoup d'affinités avec les Broméliacées. Les Agave ont
les fleurs hermaphrodites et régulières. I^eur périanthe est supère, tubuleui m
infundibulilorme, vert ou coloré, à six divisions, dont trois extérieures et (roi^
autres extérieures alternes, presque toutes semblables entre elles. Leurs étamînc^
sont au nombra de six, insérées sur le tube, evsertes et munies chactinc d*uiio
anthère biloculaire, introrse, déhiscente pr deux fentes longitudinales, et oscillanlt*
sur le sommet du fdet. L ovaire est infère, a trois loges, surmonté d'un style gi'élc
et creux qui se dilate à son sommet eu une tête stigmatifère trigone ou triloliée.
(Chacune des loges ovariennes contient dans son angle interne deux séries vciti-
cales d'ovules auatropes qui se tournent le dos; et les cloisons intciloculaires con-
tiennent dans leur épaisseur un appareil glanduleux qui vient verser, à la partie
supérieure de l'ovaire, un nectar sucré très-abondant. Le fruit est une capsule
Iriloculaire , à déhisccnce loculicide. Les graines nombreuses renferment sous
leurs téguments un albumen charnu abondant qui entoure l'embryon.
l^s Agave sont des plantes américaines, abondantes dans les régions tropicales
et sous-tropicales. Leur tige est ordinairement courte et trapue, chargée de fenille<
alternes, rapprochées les unes des autres, larges, charnues, aiguës au sommet,
décou(N*es sur les bords en dents épineuses, et concaves supérieurementpour> em-
brasser exactement entre elles dans le lx)urgeon. Le port de ces plantes vsi on
grand celui des Aloès, dont on leur donne souvent , mais à tort, le nom eu
Europe. Ce sont des plantes à deux périodes de végétation bien distinctes. Pendant
une première période, leur tige demeure très-courte, et leurs feuilles forment une
rosette serrée. Celte première période est souvent de très-longue durée ; c'est celle
pendant laquelle la plante amasse dans la base de son bourgeon des sucs abondants
pour pouvoir ensuite subvenir à sa floi^ison. La seconde |)ériode est celle pendant
ia(|uellc la plante, sudlisaniment pourvue d'aliments, les consomme rapidement
pour monter en fleurs et produire des fruits. Dans l'opinion fort erronée du ^iil-
gïiiiv, celte seconde période n'arrive guère qu'après un siècle. L'axe qui doit porter
les fleurs, et qu'on a ap|)elé hampe, s'allonge avec rapidité et forme une colonne
dressée, chargée de cimes multiflores, constituant par leur réunion une soite de
puicule terminale.
U y a plusieurs espèces A' Agave qui fournissent des produits utiles. Les ^4. i^a-
ponaria et tnexicana contiennent un suc visqueux qui a les propriétés de re:iu
de savon. VA. odorata ou cubetisis a des racines cylindriques et grêles, qu'im
Milislitue |:arfois i^ celles des Salse|areilles. I^es i4. fœlida et vivipara de Linné
AfiE (porsioLOGiB). 155
senriraieut, dît-on, à fabriquer une partie de YAÎoês caballin du eommorce. Tontes
ces eqièees ont d'ailleurs les mêmes propriétés que VA. americana L.,,planto dont
presque toutes les parties sont utiles, et qui de toutes est la plus connue ; car elle
a été introduite d'Amérique dans le monde entier , où elle végète maintenant
spontanément, toutes les fois que la température des hivers n'est pas trop hasse. A
F^uris, elle doit être rentrée en orangerie pendant la mauvaise saison ; il n'en est
pas de même dans le midi de la France. C'est une magnifique plante à feuilles
grasses, d'un vert glauque, parfois panachées, atteignant jusqu'à deux mètres de
longueur, et garnies en haut et sur les bords de pointes vigoureuses, qui rendent
la ^nte ti'ès-propre à faire des clôtures impénétrables. L'inflorescence, foimée
(l'un grand nombre de fleurs verdâtres, s'élève à plusieurs mètres de hauteur et
;;rsuidit arec une rapidité surprenante, puisque son développement peut être com-
plet en un peu plas d'un mois. H. Bn.
PsARMACOLOGiE. Si les agavcs sont peu intéressants au point de vue théra-
peutique, ils méritent toute Tattention des médecins, au point de vue industriel et
hygiénique ; c'est, en eliet, avec leurs fibres que l'on fabrique les nattes, les liamacs
et dÎTers autres objets, plus connus sous le nom de fibres d'aloès. Les Agave Ame-
ricana L. et A. cubensis Jacq. fournissent, quand on coupe les feuilles du centre,
une liqueur transparente sucrée, un peu amère, qui, par fermentation, produisent
une liqueur alcoolique nommé pulquè ou poulqiièy très-recherchée des Mexicains,
et qui constitue leur boisson habituelle ; elle ressemble à notre bière ; elle est un
peu laxative, et on lui attribue des propriétés diurétiques et cicatrisantes; les
feuilles, bouillies et appliquées sous forme de cataplasmes, calment les spasmes et
les douleurs.
Le Maguey des Mexicains ou Mett est fourni par ÏA. Mfxicana L. Ce suc vis-
queux et mucilagineux est employé par les Américains en guise de savon ; le jus
^ucré et évaporé constitue le Miel de Magttey, d'après H. de Humboldt (Essai
folU.y etc., t. XXIH, p. 21), on en fait un grand commerce au Mexique; la plante
niltivée en Europe ne donne ps de suc sucré.
V Agave fœiida Ilaw ou Aloès pUte fournit, en Espagne, un extrait semblable à
l'aloès qui est employé en médecine vétérinaire.
la racine del'iï. cubensisi9C(\,, qui rentre ainsi que le Mexicana dans ¥odai*ala
de Persoon, a été donnée quelquefois, d'après H. Guibourt, pour la salsepareille
rouge de la Jamaïque ou de Honduras, avec laquelle elle n'a aucime analogie de
propriétés.
Au Mexique, les vétérinaires emploient comme révulsif cutané le suc frais des
feuilles des agaves ; les Indiens en font usage pour eux-mêmes dans ce même but ;
il produit sur la peau une vive rougeur avec des démangeaisons cuisantes ; l'usage
habituel et prolongé du vin de poulqué occasionne sur la peau l'apparition de ce
méoie exanthème, qu'il est souvent difficile de calmer. Ce fait pourrait être uti-
lisé en méflecine toutes les fois qu'il serait opporlini de porter sur la peau un excès
de vitalité. 0. Réveil.
âCSB. g L «ënénUliés phyalologlqnM. On appelle âges les périodes suc-
ressives qui, chez les êtres vivants, sont marquées par des changements appré-
ciables dans l'état des organes et, par suite, dans les (onctions.
Ces cliangements ne s'accomplissent pas d'une manière soudaine, mais, au con-
traire, avec lenteur et par degrés ; et c'est seulement au bout d'im temps plus ou
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ACiË (physiologie). 157
«v^t^mo, dans notre économie, no se développe tout à coup et no finit de même?
C'est par degrés et successÎTement que chaque partie ci'oU et prédomine, jusqu'à
ivque d'antres viennent prédominer h leur tour. » {Th. cit., p. 14.)
U classification qui répondra le mieux au programme si clair, si précis qui
lient d être exposé, sem donc celle que nous adopterons. Examinons les princi-
pales.
U division la plus connue, la plus générale, celle quia régné le plus longtemps
et qui est, encore aujourd'hui, adoptée par beaucoup d'auteurs recommandables,
M celle qui consiste à partager la vie en quatre époques : Véfifance, la jeunesse
lia adolescence, la virilité ou âge adulte et h vieillesse. Ce classement est de date
hieu ancienne, il s'accordait à mei*veille avec les idées philosophiques des dogma-
tistes successeurs d'Ilipjtocrate, et figurait très-bien à côté des quatre éléments,
des quatre qualités, des quatre humeurs, etc. Aussi, peut*on établir, d'après ce
<iy>tème, la concordance suivante, qui, malgré tout ce qu'elle doit à l'arbitraire et
j la fantaisie, n'est pas sans offrir, sur quelques points, des rapports assez ingénieux
i\&: les faits :
]"" L'enfance : l'air ; Thumide et le chaud ; le printemps ; le sang ; les maladies
âugoines.
^ La jeunesse : le feu; le chaud et le sec ; l'été ; la bile ; les maladies bilieuses.
^'^ L'âge viril : la terre; le sec et le froid; l'automne; Tatrabile; les maladies
di1thé^ales et cachectiques.
i*" La vieillesse : l'eau ; le froid et l'humide ; l'hiver ; la pituite; les maladies
i^tarrfaales.
Les coupes, dans cette classification, ne sont pas assez nombreuses et, l'enfance,
ainsi que la vieillesse, sont présentées sous une forme tit)p générale et trop peu
(«ratique.
In système, non moins ancien que le précédent, est basé sur les propriétés mysté-
rieuses du nombre sept. C'est le système hebdomadaire, que l'on peut opposer au
i)stème quaternaire^ dont nous venons de parier.il est formulé dans l'écTÎt hippo-
cmlique Sur les chairs et développé dans le Traité des semaines, si heurousc-
riient retrouvé par M. Littré. Voici ce que dit l'auteur du livre des Semaines (iient-
t'iir le même que celui du livre desC/iatrs) : « Dans la nature humaine il y a sept
>ûsoiis, qu'on appelle âges; le petit enfant, Teniant, l'adolescent, le jeune homme,
Utriminc fait, l'homme âi^é, le vieillard. L'âge du |)etit enfant est jusqu'à sept ans,
l'imiuedeLi dentition; de l'enfant, jusqu'à la production de la liqueur spernin-
ti«]ue, deux, fois sept ans ; de l'adolescent, jusqu'à la naissance de la barbe, trois
i<Nsse]»t; du jeune homme, jusqu'à l'accroissement de tout le corps, quatre fois
^•pl; de l'homme fait, jusqu'à quarante-neuf ans, sept lois sept; de Thonmie âgé,
jusifua cinquante-six ans, huit fois sept; à partir de là commence la vieillesse. »
iOEuvres d'Hippocrate^ trad. de Littré, t. L\, p. 656.) Voyez à la fin de aH article
Ifs années cliroatériqnes.
Malgré sa Ijase essentiellement hypothétique et mysti(|ue, je préfère ih beaucoup
1"-* système hebdomadaire xles âges au système quaternaire; il se rapproche bien
|*lus de la vérité; mais le second, soutenu par Galien, l'a tout à fait emporté.
(Judques auteurs, dans les siècles derniers, ont propose diverses subdivisions
aui quatre âges (Koy. la Bibliographie), mais leurs eflbrts sont restés à peu près
***'^ile8. Ce|jendant Daubenton essaya encore d'introduire quelques modifications
dans l'ordre universellement adopté. Voici les divisions qu'il proposait : 1* L'enfonce,
<^'Ja naissance à vingt ans; 2** radol«*cence, de vingt à vin«l-cinq ans; S** la jeu*
13H AGK (pHTfsioioGiE).
nessc.do viligt-ciiiq A trente-cinq ans; 4® la virililé, de trento-cinq à qiianinto-ritu]
ans; 5° l'âge de retour, de quarante-cinq à soixante-cinq ans; 6" la vieillesse, de
soixantecinqans àla mort, {Leçons professées aux Écoles normales^ t. Vllf,
p. 514.)
Malgré la durée exagérée qu'il donne à renfancc et Téfioquc singulièrement
reculée à laquelle il place Tadoïescence et la jeunesse, Daubenton mérite des éloges
pour ses dou\ derniers termes. Il y a là une très-bonne division de la période de
déclin.
Mais c'est à Ilallé que Ton doit d'avoir apporté des modifications vraiment srien-
titiques dans la division des âges, par les coupes ingénieuses et pratiques, à la fois,
qu'il y a introduites. Voici cette division. (Art AgesAeYEncydop. méth., P. Hé-
decine, t. I.)
A. Première enfance (infantia) : De la naissance à sept ans, elle est ainsi subdi-
visée : 1° jusqu'à six ou sept mois, c'est-à-dire jusqu'à la première dentition ; 2^ du
septième mois à deux ans, ou vingt-huit mois, c'est-à-dire jusqu'à la fin de la pre-
mière dentition ; 5^ de la fiH de la pi*emière dentition à la septième année, c'est-à-
dire au commencement de la deuxième dentition.
B. Seconde enfance (pueritia) : Elle commence à la deuxième denti ion et finit
à la puberté.
C. Adolescence (adolescentia) : Elle commence à l'apparition des premiers sion<s
de la puWté, vers l'âge de onze à douze nus chez les filles et quatorze ou quinze rht?
les garçons, et s'arrête quand le corps a terminé son accroissement, vingt ou vinst
et un ans chez les iemmes, vingt-(|uatri' ou vingt-cinq chez les hommes. C'est alor<
que se manifestent les facultés reproductrices.
D. Age adulte ou viril (virilitas) : Il prend l'homme à vingt-quatre ou vingt-
cinq ans et le conduit à soixante ou soixante-trois ans ; Halle fait ici trois sous-
périodes : {"^Vinlitécommençantetde vingt-cinq à ( rente-cinq ans; S^^ptri/f té rm?-
firmée^ de trente-cinq à quarante-cinq ou cinquante ans ; «i* viriliiê décroissante^
qui, de la fin de la subdivision précédente, va jusqu'à l'âge de soixante ou soixantr-
trois ans ; c'est l'âge de retour de Daubenton. La facidté génératrice disparaît rlht
la femme et s'affaiblit chez l'homme.
E. Vieillesse (senectus) : Elle présente deux époques : 1* Première vieillesse^ de
soixante-trois à soixante-dix ans, pendant laquelle beaucoup de personnes conservent
encore un certain degré de force et d'intelligence ; ^^ deuxième vieillesse ou décré-
pitude, caractérisée par Textinction graduelle des facultés.
Dans une thèse sur les âges, que Linné fit soutenir, par un de ses élèves, en 1 7fi7«
et dans laquelle il parLige la vie de l'homme en douze sections , à l'exemple d*-^
douze mois de l'année et des douze heures du jour, le célèbre naturaliste cnoit,
avant d'aborder l'étude de sa première section, devoi^dire quelques mots de la li *
embryonnaire. Esprron consacre aussi un article s|)écial à la période intra-ntérivc
ou période fœtale. Fidèle à son point de déprt, il ne pouvait laisser de côté reti *
premièie é|)o<|uede l'évolution de l'être, pcMidant laquelle s'accomplit la formation
des organes. Peu après, H. Barthez a suivi cet exemple dans sa dissertation inau-
gurale. (Montpellier, 1801.) Enfin , l'auteur d'un des meilleurs ouvrages sur
cette question, Lucie, professeur à Marlourg, donne pour première pliasse de la vif
de l'homme, l'âge fœtal (Fcetusalter) ^ dont il développe très-longuement l'histoîre.
r/est en réunissant cette période fœtale à la classification de Halle, légèrement
modifiée, que M. Flenry a constitué le système suivant le plus complet qui ail
été donné sur la division des âges.
AGE (futsiolocie). IôO
i"" Vie fcBtale ou premier âge ; 2^ première enfance, de la naissance îk sept mois ;
3^ deuxième enfance ^ de sept mois à deux ans ; 4® troisième enfance, de deux à
y|i( ans ; 5® adolescence, de sept â quinze ans ; 6® puberté^ de quinze à vingt ans ;
7" âge adulte^ de vingt à trente ans : ces sept âges correspondent à la période d*ac*
rroissement des auteurs ; 8® virilité, de trente à quarante ans, correspondant à la
pt'riode stationnaire ; 9"" âge de retotir, de quarante à soixante ans ; iO*^ vieillesse^
ilo soixante aas jusqu'à la mort. G*estla période de déclin. (Cours d'/ii/<jf., tome H,
p. 257.)
Dans le coup d*œil rapide que nous allons jeter sur les phases diverses qui
roitstituent révolution complète de la vie de Thomme, nous suivrons, à peu de
chnsis pi es, l'ordre adopté par M. Fleury ; nous en rattacherons les diverses sections
ju\ trois grands chefs : accroissement, état, déclin.
A. Période d'accroissement, i^ X dater du moment de la conception, Tovule
teoondé commence à éprouver une série de modifications qui ne pement s'accom-
|ilir que dans le sein de la mère, à laquelle il ne tarde pas à s'attacher par des liens
^asrulaires; c'est d'elle encore que Y embryon va bientôt tirer sa nourriture. Celui-ci
110 vit donc pas d'une vie propre et indépendante ; son existence, ses conditions de
ibrce et de faiblesse, de bonne ou de mauvaise formation, dépendent, on grande
lartiOjde l'individu auquel il est uni. Pendant la période intra-utérine, on consLnte
une arti\ité prodigieuse de la puissance foi*matrice. Mais cette puissance même est
sujette à des aberrations, dont les produits constituent les monstniosités compatibles
011 non avec les diverses fonctions, et quelquefois incompatibles avec la vie. Dans
d'nutres cas, comme nous le faisions pressentir, c'est en dehors du nouvel être que
se rencontrent les causes d'altérations ; elles proviennent alors de la mère : ainsi
<l«^s maladies de cette dernière seront transmises au fœtus, soit p:ir voie de conla-
s'xon (syphilis), soit par voie d'hérédité et h l'état de germes q li se développeront
\i\us tard (diverses diathèses) ; d'autres fois, des violences biusques et subites ou
continues et persistantes, amèneront des vices de conformation. Un état habituel,
individuel ou acquis de faiblesse ou de maladie retentira encore d'une manière
iirheuse sur le produit delà conception et troublera son accroissement.
2<* 1/accouchement a eu lieu ; l'en faut s'est détaché des liens qui l'unissaient h
^ mère; il va désormais, matériellement du moins, vivre d'une vie isolée et indé*
{ipndante. Hais, au moment de la naissance?, l'être humain est complètement inca-
joble de pourvoir, piir lui-même, à S2S premiers besoins : la perception de la dou-
Itiir, l'instinct de la succion sont, à peu de choses près, les seules facultés qu'il
possède. Il est donc entièrement soumis à l'influence des conditions dans lesquelles
)e pbceront ceux qui sont chargés de veiller sur lui. Sortant d'un milieu à tem-
pérature constante et élevée, ses organes si neufs, si sensibles sont vivement impres-
sionnés par l'air extérieur, et surtout par l'action du froid; de là les ophthalmies,
Icsroryzas, les bronchites, si communs chez les nouveau-nés. Pendant les premiers
mois, l'activité de la force assimilatrice, de la circulation et de l'hémato-sc est
jiortée au plus haut degré; aussi les voies digestiveset respiratoires sont-eU(>s parti-
nilièrement le siège d'un excès de vitalité, qui se traduit par la fréquence des
maladies dans ces deux appareils. C'est alors que l'on voit si communément les
^^matites, le muguet, les entérites, les pneumonies. Le croup apparaît déjà, pour
arqnérir son summum d'intensité entre deux et sept ans. Les sens commencent
à répondre aux excitations du monde extérieur, et la structure si délicate du système
nerveux explique la fréquence des alTections convulsives chez les très-jeunes sujets.
<)n comprend aussi quelle doit être, h cette époque, l'action de l'allaitement, et
ii(^ M'tE (pBvsioLOGie).
quels somiit los oflbts lachciix d'un mniivais lait, vi suiioiit de rnsa^odu bilieroii.
Tout le monde siiit combien, sous ces influences variées, la raoïialilé est coa<i*
dérable pendant les premiers mois de la vie.
«1*^ Au bout de six ù sept mois, arrive la première dentition ; elle se lait |Kir
^'oupcs suaessifs et dure dix-huit mois environ. Git intervalle est souvent marqua
par des accidents divers que l'on a très-certainement exagérés, mais qui, en dépit
d'exagérations en sens inverse, n*en ont [las moins une existence réelle. Comme
le disent judicieusement MM. Rilliet et liarlliez, « cette |)énode de Tenfance est
féconde en actes morbides qui, sans dépendre directement de la dentition, s'y i at-
tachent cependant. L'activité du travail physiologique, met alors lenfant dans ini
état notable de susceptibilité maladive. Il y a, en eflet, une plus grande facilité au
développement des maladies chez un enfant soulfrant, que chez cehii qui offre um»
pleine santé.)) {Traité cliniq.etprat, des mal, d^s^w/'.,t.P%p.il,2*édit.J855.j
Suivant la remarque des mêmes auteurs, l'époque du sevrage est une caus4^ plus
i'réquente de maladies que la dentition ; un brus(]ue changement de nourriture peut,
cela est évident, amener une grande perturbation dans la santé de l'enfant, surtout
si le sevrage a eu lieu trop tôt, si la nourriture nouvelle n'est pas appropriée à la
susceptibilité des organes digestifs. C'est ce que l'on voit particulièrement dans le<
classes pauvres, et c'est là la cause 1» plus ordinaire de ci^s entérites qui déciment
les jeunes sujets. Dtîs le commencement de cette période on voit |x>indre les pi-e-
mières lueurs de l'intelligence, on entend les premiers Ix'gayements de la pai\>lf*:
c'est pendant sa durée que l'enfant apprend à marcher.
A^ De deux à sept ans le mouvement de croissance continue avec la même acti-
vité, et déjà, vers la quatrième année, l'enfanta atteint la moitié de lahautotu* qu'il
doit avoir. On voit s'effacer peu à peu les organes transitoires inutiles à la vie extm-
utérine (Thymus, etc.). Les appareils or^'aniques se consolident, les parties encon-
cartilagineuses du système osseux s'imprègnent graduellement de sucs calaiin»>,
les systèmes lymphatique et absorbant, mais surtout la circulation artérielle,
alfictcnt une pi édominance marquée ; la nutrition s'exécute avec une grande éniT-
gie : c'est alors que Ton voit apparaître Us mauifestitlions scrofulenses, les gouniie>.
la tuberculisation. La fièvre typhoïde commence à se montrer. Mais les afl'ertionv
qui donnnentdans cette périoclc et dans la suixante, ce sont les ficvi'es érupttve>.
Le développement rapide et puissant des facultés intellectuelles, déteimine vn^
les (entres nerveux un appel de viUdité qui crée pour l'enfant de nou\eaux dan-
gei*s. On sait combien sont graves et comnmnes, à cet Age, les affections cérébralt>
et spécialement bs ditléivntes formes de méningites. Il est facile de comprendie
de quels soins il faut entourer l'eiiAuit, }H)ur le soustmre aux accidents si nom-
breux qui |)euvent résulter de l'accroissi'ment exagéré de ses organes et du jeu trop
énergique de ses facultés intellectuelles.
.V \jk seconde dentition commence ordinairement vers la septième année et dur;'
jusqu'à douze ans einiron (les dernières molaiix's sortent de vingt à vingt-cinq ou
trente ans). Cette set onde dentition s'accomplit presque toujoui^ sans le motiidn'
accident. Pendant les cinq ou six ans que dure la période que nous examinoiLs, >i
la puissance formatrice s'tst ralentie, elle ne s'arrête [las encore; mais elle «M
dépassée pir l'extension, chaque jourcioissante, de l'intelligence. C'est aloiNqiie
doit commencer V éducation proprement dite, (pii aura surtout pour but d'équili-
brer et de faire mairher parallèlement, le dévelopiiement physique et le développi*-
nient moral.
T)" Veis Tâffe dt» dou^e à treize ans, vWt h s lillrs, vei*s quinze ans r|u*x les iî:»r-
A(fE) (nnsioLOGiE). 141
mu>, sacaiiuplit une luodiiicalioii que l'on peut regarder connue une véritable
li-an&formation : c'est rétablissement des fonctions génératrices ; la première appa-
liliou des règles diez les jeunes filles, de la sécrétion spermatique cbez les garçons.
Nous n avons point à tracer ici le Liblcau de cette importante manifestation, que
luul d auteui-s se sont plu à orner des couleurs de la poésie. Nous devons seulement
'iMistâter que do notables changements dans la configuration extérieure du corps
• t (lt>s organes spéciaux, dans les goûts, les penchants, les aptitudes, ont amené
uiie sé|aration bien trancliée entre les individus des deux sexes. L'homme touche,
iiiJiu, au complet développement de ses organes. Les proportions des diverses
prties de son corps se sont régularisées ; son intelligence s'agrandit et s'élève :
c'est le règne heureux de l'imagination et de ses prestiges ; aussi cette période exi-
:i^l-elle des soins d'un autre ordre que ceux qui étaient réclamés dans les précé-
<iriites. 11 ne faut pas seulement redouter alors les dangers d'une croissance troji
Lipide, mais encore surveiller avec la plus inquiète sollicitude l'explosion des sen-
(iments et des passions que (ont naître les facultés qui viennent de se révéler. Ue
b direction imprimée dès cette époque dépendent souvent, et la santé future et
r.iveuir moral. Relativement à la pathologie, la puberté est remarquable par l'acuïté
ilt^s phénomènes morbides, l'intensité de la réaction fébrile et d'un autre côté, par
• i fréquence de la dolhiénentérie et des tubercules. Les difficultés de la mens-
Inution s'accompagnent souvent, chez les jeunes filles, d'affections nerveuses
'ii\ci^>es et de la chlorose.
iK'puis le moment de sa naissance, le nouvel être a bien eu nue existence isolé<;,
r:i;<is il cst resté, à un autre point de vue, dans une dépendance nécessaire ; il a
iillu qu'il fût, comme le dit Bunlacb, nourri, protégé et dirigé par des individus
pluNmûrs (pie lui. A ))artir de la puberté il se prépare à devenir un membre «ictif
<i«' Icspèce, car il fait des progrès continuels vers l'indépendance et l'individualité,
d il rend de plus en plus complète sa séparation d'avec ses parents. ( Traité de
vhysioL^ Irad. par Jourdan, t. IV et V, passim.)
B. Période d'état» Vers la vingt et unième année, chez la femme, à vingt-quatre
m >ingt-cinq ans chez l'homme, les divers systèmes organiques ont acquis leur
{4«Mn et entier développement. C'est l'époffue que Burdach, dont nous venons de
« iUr quelqnes paroles, appelle la vie à maturité. Il lui donne pour caractère l'iden-
lilication de l'individu à l'espèce. A l'épque de la virilité, dit-il dans son langage
jihilosopliiqne, Thorome quitte l'état de dépendance dans lequel il se présentait
(DoiDie produit de l'espèce, il a enfin acquis sa spontanéité; il faut cependant
'Itnl rentre dans l'espèce, mais alors comme membre actif, et ce nouveau rapport
^'iprime par la formation d'une famille dont il est le chef, et dans la pro-
«réalion, la nourriture et l'éducation des enfants. {Oiivr. citéy t. V, p. 5.)
Pendant la durée de cette phase qui s'éteutl jusqu'à l'ùge de quarante ou qua-
< Jiite-ctnq ans, les facultés intellectiielles ont atteint leur summum de puissance,
1<5 vocations spéciales, bien accusées, ont décidé du genre de vie. L'homme que
f'iin voit aloi^ est l'homme pliysiologique-ty|)e. C'est lui que l'on prend pour mo-
i^y dans les traités d'anatomie, de physiologie et de pathologie.
C. Période de déclin, i'* Comme nous l'avous déjà dit, la période de déclin com-
iikocii généralement vers l'âge de quarante ou quarante-cinq ans. Alors se rompt
I ôpiilibre entre la force assimilatrice et celle de décomposition; les sécrétions sont
nï"ins actives; la circulation se ralentit, les tissus s'indurent ou se couvrent d'une
"luchc plus ou moins ép:iisse de tissu graisseux ; les cheveux, les poils, les dents,
•^Muuieuccnt à s'altérer et bientôt à se détacher. tin même lenips que s'accomplissent
142 A(jH) (iMMbiOLOGIE).
œs dégradutions dans rorganisinc, l'énergie louctioiuielle s atlhibiit, la puis>aikT
génératrice diminue ciicK 1* homme et dispai'nît complètement chez la femme; les
sens s'émoiisscnt, les passions sont apaisées, mais certaines facultés, le ju^enienl,
le raisonnemeut ont acquis leur plus haut degré. C'est la ^KTiode dite âge de retour,
qui s*étend juscpi'à soixante ou «soixante-cinq ans. Les altérations p^oî:res^i\e^quc
nous venons de signaler créent, pour cette époque de la vie, une ]iathologic spéiiale»
opposée à celle que l'action si grande de la puissance formatrice avait créée pmir
Tenfance. Les déterminations morbides ont lieu surtout vei*s les organes centraux.
Alors surviennent les maladies organiques du cœur, du foie, de Tintestin, de l'ap-
pareil gcnito-iirinatre, les apoplexies, les ramollissements cérébraux, les afîectioib
ciitarrhales, en un mot la forme chronique tend à prendre la place de la forme ai;;ur ;
la fièvre s'accompagne d*unc réaction moins vi\e. L'époque de h ménopause c^ une
cause fréquente d'incommodités et de maladies spéciales chez les femmes.
2® Le mouvement de décomposition augmente encore pendant la dernière période
de la vie, la vieillesse. Alors, le plus souvent, l'embonpoint disparait pour faire
place à une maigreur quelquefois squeletlique ; le< tissus artériels et fibreu\
s'encroûtent; la circulation veineuse se fait avec difficulté; la calorificalioii s'alni^!^:
une sorte d'atrophie s'empare des divers systèmes ; la peau 5e plisse sur les orçanos
rétrécis, se sèche, se cou%Tede rides; l'énergie musculaire s'affaiblit chaque jour,
la démarche devient chancelante, la taille se courbe; enfin, l'intelligence subit, en
général, une extinction graduelle, et il survient une décrépitude jiliysiquc et monle
qui se termine par la mort. Les maladies affectent, dans celte dernière |)hase de lu
vie, un aspect particulier de langueur ; la forme congestive et radynaniic en «4Hit
les caractères dominants.
Telle est, dans son ensemble, et envisagée, pour ainsi dire, à vol d'oiseau, h
marche des phénomènes physiologiques et (Kithologiqnes qui se présentent a lob-
sénateur, pendant la durée normale de la vie humaine. Cette durée normale, |)ra{»n*
a l'espèce, peut être fixée, non pas à cent ans, comme l'a voulu un auteur célèbre,
mais auxenvirons de quatre-vingts ans : c'est vers cette époque, quelquefois cepen-
dant beaucoup plus tard (cent ans alors et même au delà), que survient la nv»rt
sénile. Hais, comme nous allons le dire, un certain nombre de causes, à part le>
maladies, (Xîuvent faire varier soit la durée totale de l'existence, soit la durée de
c<Hlaines périodes.
Quelques-unes de ces causes sont purement individuelles. Une faiblesse originelle
de la constitution, tout en abrégeant la durée de la vie et rapprochant l'époque du
déclin, recule, au contraire, les premières périodes. Ainsi la dentition s'eflectue plu'
tard, les premiers phénomènes de la puberté sont rejetés vers la dix-huitième ou la
vingtième année, et l'individu passe, pres(]ue sans intermédiaire, d'une lon^nie
enfance à une vieillesse prématurée. On n souvent cité à cet égard l'exemple tle
Bébéy le fameux nain du roi Stanislas, qu mourut à vingt-trois ans, tombant dvy
dans la décrépitude. Le sexe, le tempérament ne sont pas sans influence ^ur la
dtirée totale ou |)artielle des différentes phase.s qui constituent les âges. Les femiiie^.
même dans nos contrées, offrent lé3 attributs de la vieillesse bobucoup plus tôt tpr
les hommes. Mais, chez elles, la durée moyenne de la vie est aussi plus considérable,
et c'est chez elles que fou rencontre les plus nombreux exemples de longé\ité. b^
iuiets à tempérament hmphatique ont une jeunesse qui se prolonge davantage, et
l'îlgc de déclin vient plus tôt préparer leur décadence, etc., etc.
Parmi les causes prises en dehors de f individu, nous trouverons d'abord les uiau-
vuIm^s conditions hygiéni(]ue8 d'hubilation^dc régime, etc. , qui détériorent latoiHtt-
AGE (physiologie). 145
lution, suiioul pendant Tcuiance et la jeunesse.On sait avec quelle rapidité la misère,
les privations, les grandes fatigues, les chagrins accélèrent l'arrivée de la vieillesse.
Ne Toit-on pas tons les jours des jeunes gens, épuisés de débauches et d*excès de
tout genre, parvenir à Tàge viril avec les symptômes physiques et intellectuels
d'une caducité précoce, et s*éteindre, avant le temps, sous le \màs des infirmités
d des maladies propres au dentier âge. Le séjour dans certaines localités est une
cau$e puissante de détérioration et de vieillesse prématurée; telle est Thabilation
dyit!» les contrées marécageuses. (Fojf. Marais, Miasmes.) Il en est de même de cer-
taines professions, la dorure ou Tétamage au mercure, l'aiguisage, etc. (Vay.
AiGUisEUBs, Doreurs, Mercure, Professiors.)
Les Toyageurs avuient noté depuis longtemps, mais en l'exagérant un peu, la
préooGÎté de l'évolution sexuelle dans les pays chauds, et Monleaquiain'a pas man-
qué de s'emparer de ces exagérations dans l'intérêt de son fameux sptème. u Les
fiemmes, dit-il, sont nubiles, dans les climats chauds à six, neuf et dix ans. Ainsi
l'enfance et le mariage y vont presque toujours ensemble. Elles sont vieilles à vingt.
La RÛson ne se trouve donc jamais, chez elles, avec la beauté. Quand la beauté
demande Tcmpire, la raison le fait refuser. Quand la raison pourrait Fobtenir, la
beauté n'e-t plus, i {Esprit des lois, livre XYI, chap. ii.) C'est par là que Moii-
tes([uicu explique la dépendance de la femme et la polygamie, dans les contrées
équatoriales, tandis que dans les zones froides et tempérées, les femmes étant nubiles
[itubtarJ et conservant plus longtemps leur beauté, elles jouent nécessairement un
pins grand rôle dans la famille et dans la société. Haller a sanctionné ces assertions
de sa grande autorité, en affirmant que la puberté est d'autant plus précoce qu'on
>'avance davantage vers le Midi, d'autant plus retardée que Ion remonte vei*s le
.Nord, si bien qu'elle aurait lieu après vingt ans dans les régions polaires. (Elem.
physioLy t. VU, p. ii, p. 140, Beniae, 1765, in-4<>.) Un examen rigoureux des
biis ne permet pas -aujourd'hui d'accepter ces données trop exclusives. Il est très-
«rai que dans l'Inde les jeunes fdles se marient à l'âge de six à dix ans, avec des
^vçoiis de douie ou treize. Mais c'est seulement quand elles .<$ont nubiles, c'est-à-
dire à onze ou douze ans, qu on les conduit à leur époux, ([ui en a alors quatorze
ou quinze. H. le docteur Bennet-Deperraud, ancien médecin de Hunjit-Sing, roi
de Lahore, qui a bien voulu me doimer quelques renseignements sur cette question,
m'a affirmé que, pour les garçons comme pour les filles, le développement physique
panit seulement de deux ans en avance sur celui des sujets de même âge en
Europe. La maternité, m'a-t-il dit encore, est rare avant quatorze ans» Circon-
stance bien remarquable, cette précocité des mariages n'est pas particulière à la.
une torride, on l'observe également sous le ciel glacé du pôle. Déjà Haller,
ntant un auteur qu'il ne nomme |kis, avait révoqué en doute que les femmes
samoièdea pussent être mères à douse ans {loc. cit,). Eh bien, ce fait, sinon de la
maternité, du moins des unions à douze ou treize ans , nous est affirmé par les
\oyagetu's contemporains (deHumboldl, Parrv, Iloss, Franklin), et il a été surtout
luis en lumière par Robcrton dans une série de mémoires, où il a démontré que
les différences dans le moment de la puberté, suivant les climats, ne sont pas
■KBâi considérables qu'on lavait prétendu. {In (lie Edinb, Med. and Surg. Jowm. ,
l. XXXVm, p. 227, 1852; t. LVllI, p. H2, 1842; t. LXII, p. 1, 1844; t. LIXV,
p. !o6, 257, 425, 1845; t. LXVI, p. 56, 1846, etc.)
Nous pouvons en dire à peu près autant pour les races, à peine peut-on saisir
piusdclrobou quatre années, en moyenne, t^mme diil'éiencc dans l'époque de
1 apparition des règles, diez les différentes variétés de l'espèce humaine. C'est ce
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>GË (statistique). 445
Ge^dim 'A. N/.Of Vinfluence des ûget tur Ui maladies. Th.de eonc, Paris, 1840, iii-4 et in-8 .
— Utcoce (T.). On Annual Vital Periods in the ÎJtncet. 1843^, t. I, p. 85, 253. — Estèvb
(F. G. L. D.). Comidératiant généraleê âur le* dgeâ étudiét dans leurs rapports avec l'ana-
tomie, la physioloffie, la pathologie et l'hygiène. TU. de Paris, 1850. n« 00, ii^l*. Un très-
grand nombre de dissertations ont été soutenues sur cette question depuis deux siècles.
tant en France qu'àl'étrainger; nous avons seulement cité les principales. E. Bxc.
§ H. De !**§:« comMéré •■ point de ▼■« de la démo^aplile (Statistique
hcvauce). L'âge est an des éléments les plus importants à considérer dans les
enquêtes statistiques. Tout relevé des décédés, des malades, des mariages, des tailles,
des poids et des Tolumi's(poids et volume des divers viscères : cerveau, foie, rate.etc;
circonférence tlioracique, etc.), et tout census général ou partiel des Wvants, des
célibataires et des mariés, etc., doivent toujours être faits selon les âges, ou au
moins par petits groupes d'âge, comme de cinq en cinq ans pendant le milieu du
cours de la vie; mais, par année, aux âges extrêmes, avant 5 ans et après 70 ans;
par mois, pour la première année, et par jour, pour le premier mois. Ces détails
seront précieux quand la manière dont s'effectue l'enquête permettra de compter
sur leur exactitude. Avec eux on pomra résoudre plusieurs problèmes de déhocra-
pms (voy. ce mot) encore pendants aujourd'hui, parce que cette analyse nous
manque. Il est bon de prévenir des erreurs qui, dans ces relevés selon les âges,
résultent de l'attraction des nombres ronds 15... 25... 35... etc., et plus encore
20... 30... 40... etc. C'est en groupant les relevés par période d'âge de 17 à 22
de 22 à 27, de 27 à 32, etc., que l'on peut le mieux affranchir les documents de
ces irrégularités; malheureusement, si on tient, comme on lé doit, à publier les
résultats bnits de l'enquête, et si on désire pouvoir les comparer à d'autres relevés,
comme l'usage de ces dernières coupures n'a pas encore prévalu, le rapprochement
avec les autres travaux ne sera plus possible sans un remaniement; mais la formule
sui^-ante le rendra facile. Soit donné : Pi7..it,P99..s7, etc. , le nombre des vivants de
17 à 22 ans, de 22 à 27 ans, etc., on aura, à bien peu de chose près :
f, — ^«o-'S5 ®^ K •"" *•*••», eic.
La succession des Décès par âge présente généralement les mêmes fluxions des
nombres ronds; les mêmes proches (D remplaçant P) en auront raison.
La série des groupes d'âge de 20 à 25 ; de 25 à 30, etc. (c est-à-dire 20-24,
25-29, etc., les deux âges inclus, le second révolu), ainsi régularisée pour les vivants
et pour les décédés correspondants, se rapprochera plus de la vérité que celle don-
née jusqu'ici par les cenms et par les listes mortuaires de l'État ciril (à cause
des erreurs dues à l'attraction des nombres ronds) . Cependant cette correction pré-
sume une progression arithmétique dans la succession des nombres annuels, formant
chaque petit groupe quinquennal, et ce n'est là qu'une approximation ; mais elle
est suffisante dans la pratique {voy. Population et Décès).
VAge moyen des vivants ^ calculé sur la liste de population donnée par les census
(voy. Popdlatioh) est une mesure importante au point de vue économique,
car elle résume bien la force militaire et productive des populations. Nous
dirons, à l'article Population, la manière de calculer cette valeur, et les correc-
tions exigées par l'imperfection des documents ; nous discuterons sa signification
et dirons sa grandeur actuelle pour les principales nations fournissant des docu-
ments suffisants à son évaluation. Cet âge est aujourd'hui (1840-59) de 31 ans
environ pour la France .
VAge moyen des décèdes est une autre moyenne de même ordre, calculée sur
OICT. ENC. II. 10
446 AGE (■ÉDBGINK légalb).
les listes mortuaires^ dont nous examinerons, aux articles HoRTALrrÉ et ScmnE,
la détermination, la signification el les relalions avecles autres valeurs propo-
sées pour mesurer la ^e humaine. Avertissons tout de suite que VAge moyen
des iécédéSy calculée sur les listes mortuaires, ne pourrait être confondu avec
la Vie moyenne des mathématiciens que dans le cas où une Population, non-
seulement deviendrait stationnaire par Tégalité des naissances et des décès, mais
encore dans une Population dont les mouvements migratoires, ou seraient nuls,
ou s'équilibreraient (par le nombre, par Tâge, par le degré de mortalité, des
entrants et des sortants), dont la mortalité à chaque âge serait invariable, el enfin,
chez laquelle l'immobilité de tous ces éléments persisterait pendant au moins la
plus longue durée d une génération, c'est-à-dire depuis plus d'un siècle. Mais
l'on peut dire que toutes ces conditions ne sont jamais remplies ; il en résulte
que l'égalité entre VAge moyen des décédés des listes mortuaires et la Vt>
moyenne n'a jamais lieu. C'est ainsi qu'ai^ourd'hui (période 1840-59), en France,,
la Vie moyenne est un peu au-dessus de 40 ans, comme nous le prouverons aux
mots Mortalité et Survu, tandis que Y Age moyen des décédés, pour la même
époque, est de 35,7 ans. Ces deux valeurs n'ont pas davantage de; relation néces-
saire avec le rapportP/N de la Population auxNaissances, si ce n'est dans l'hypothèse
d'immobilité ci-dessus indiquée. C'est donc une erreur de prendre VAge moyen
des décédés donné par les listes mortuaires comme équivalente la Vt« moyenne et
de lui en donner le nom, ainsi que le font encore aujourd'hui les publicatioas offi-
cielles (voy. encore les mots Poids, Tailles, Marugs, DÉcinis pour les listes el
tables suivant les âges de ces divers éléments).
Bertilloa.
g III. CoHMémOoMi Biédieo-létiac* an Èm «cm. L'étude des âges a sa
pbce marquée en médecine légale : aux âges correspondent des aptitudes diverses,
des droits et des devoirs différents. Chaque période de la vie a des questions qui lui
sont propres, et l'âge entre comme élément dans tous nos problèmes. La médecine
légale ancienne donnait une attention sérieuse à cette étude ; on peut consulter à cet
égard Zaodiias et Fodéré ; certains auteurs ont même proposé de prendre Tordre des
âges comme base de la division des problèmes dont la médecine légale se compose.
Dans nos traités modernes, cette étude est moins en évidence ; l'hygiène publique a
repris les questions qui lui appartiennent ; la médecine légale néglige les pro-
blèmes résolus par le législateur, pour s'attacher à ceux qui forment la pratique de
tous les jours. Les faits de détail sont fondus dans l'ensemble; il n'est pas sans
intérêt cependant de les réunir et d'en présenter le tableau. Certaines questions
sont toujours agitées, comme celles de l'âge du discernement et de la liberté mo-
rale. L'observation médico-légale, en se développant, a donné corps i des pro-
blèmes qui, autrefois, attiraient moins l'attention : citons comme exemple Li
perversion précoce et les violences habituelles dont sont victimes les enfants.
L'étude plus approfondie de la structure intime des organes et des modification^
chimiques qu'ils éprouvent a fourni à la science des signes nouveaux.
A toutes les époques, le législateur a tenu compte de l'âge, pour déclarer une
aptitude, reconnaître certains dnnts, et imposer aux citoyens des devoirs détermi-
nés ; on a établi des limites précises qui ont varié suivant les temps et les p«s,
suivant aussi la sagesse des lob. Le droit romain, le droit canonique ont indiqua
des règles, basées sur l'observation attentive de l'homme physique et moral.
L'échelle des âges se trouve dans la législation française, depuis le moment de
AGE (lliDBCIllK LéGALS). |4<7
ia conception jusqu'au terme le plus reculé de Texistence humaine. La question
de Vige se pose avec une égale importance dans toutes les divisions du droit
Les principales époques de la vie sont mentionnées dans nos lois. Les î^^it^t'ons
sont nombreuses povir la période de développement : vie intra-utérine (C. N. 312 à
515^0-906); nouveau-né (G. N. 58, O.P. 300-345); sept ans (G. P. 348-353)
Imita seiie (loi duSS novembre 1841); treize (G. P. 331); quinze ans (332)
seiie ans (G. 1 C. 30, C. P. 355) ; dix-huit (G. N. 384*478) ; vingt ans (C. P. 66)
vingt el un ans (G. N. 488); vingt-cinq ans (148); trente (152) ; trenteniinq ans
(loi da 11 avril 1861). Le droit commun règle seul le milieu de la vie. Les
dispositions particuliàres recommencent pour la période de décroissement : Gin-
quanteans (G. N. 345-361); soixante (loi du l''' juin 1854); soixantenïinq ans
(C. N. 443) ; 8oixaate4lix ans (G. P. c. 800) et, enfin, cent ans (C. N. 129), der-
BÎer âge mentionné par la loi, à Toceasion de Tabsence. Cest une division légale
des âges qui nous montre les périodes dont Tétude offre le plus dlntérêt. Les
droits, les restrictions, les punitions, les prérogatives, adaptés aux âges, sont
basés sur la connaissance de l'homme physique et moral. La science fiMiniit iâ
des données au législateur, et elle prête son concours au magistrat chargé d'appli-
quer la loi. Deux ordres de questions sont de la compétence du médecin : les unes
se rapportent au fait ^ Tâge, les autres à son influence.
La constatation de Vâge est le bit essentiel, duquel résulte l'application de la
loi; dans nos sociétés régulières,' la preuve de l'âge est fournie par l'Etat civil, et il
en résulte, au premier abord que l'intervention médicale semble bien peu nécessaire
pour moudre une question de ce genre. Mais la preuve légale fait déiaut avant la
déclaration de naissance, avant l'inscription sur les registres de l'état civil ; elle
peut être détruite ; les traces de la personne ont diquuru ; il faut la reconstituer •
vivante ou morte, et établir une identité.
La détermination de l'âge pendant la vie intra-utérine et peu après la naissance,
appartient exdusivement au médecin. La science seule peut résoudre le problème^
etid s'agitent les intérêts les plus graves : en droit civil, la viabilité, la légitimité
des naissances; en droit criminel, les attentats commis contre le produit et la
eono^ion. Dans les expositions et délaissements d'enfants, l'avis du médecin est
nécessaire pour établir l'âge, comme élément de Tétat civil, ou comme limite qui
détermine la criminalité de l'abandon. L'enfant est-il nouveau-né? A-t-il plus on
moins de sept ans ? Telles sont les deux questions importantes, au premier âge de
la vie. Pour toute personne inconnue, accusée ou victime, réclamant un droit,
pour l'absent qui reparaît, à défaut de preuves légales, la question d'âge se pose
comme un des mojens d'établir l'identité. On demande au médecin l'âge fNTobabie,
h poesibiliié de la naissance à une époque indiquée ; on appelle son sAtention sur
une période déterminée de la vie, sur les circonstances qui peuvent modifier les
csraclèreà de l'âge. Rien n'est varié comme l'occasion de ces problèmes.
Vinfluence de l'âge est le point de départ de questions n^oo-l^ales plus
nomfareuses ; les droits, les devoirs, la protection, sont mesurés au développement
phjsique et moral de l'homme. Eu droit civil^ c'est la détermination de l'époque à
^oelle l'homme peut disposer de sa personne et de ses biens. Ce sont les
questions] de minorité, d'autorité paternelle, de faculté de tester, d'émancipa-
tisn, de mariage, de miyorité, d'adoption, de tutelle. ïsi droit crinânelj c'est la
facilité avec bffuelle on peut fiiire disparaître un entant qui n'est pas connu ; c'est ,
le défaut de résistance, de protection, résultant de l'âge, l'inconvénient plus
grave de quelques actes, de certaines lésions, l'adoucissement des peines, ledjsœr*
U8 AGE (MéOBCIRR LéCALS).
ncment, la responsabilité. En efrotlocfifitiiMlriUî/', ce sont l'aptitude à des trataui,
à des fonctions diverses, les lois sur le recrutement, sur les retraites, sur le travail
des enfants dans les manufactures. Toutes ces questions se rattachent à la physiologie
des âges ; mais si les sciences médicales fournissent ici des données utiles, elles ne doi-
vent pas envahir le domaine du jurisconsulte. Le législateur a résolu les questions
qui se rattachent à la ca^iacité civile ; sur beaucoup de points, nous n'avons plus
fpi'à enregistrer ses décisions et à en apprécier les motifs. Nous remarquerons
cependant que ces dispositions ne sont pas irrévocables ; l'âge de la majorité
a varié suivant les temps et suivant les pays, et de bons esprits regrettent
la limite posée par le droit romain. Tout récemment l'âge de treize ans a été
substitué à celui de onze pour les attentats à la pudeur, commis sans violence ;
en 1854, Fâge de soixante-dix ans a été abaissé à soixante pour la tran<^
formation de la peine des travaux forcés en celle de la réclusion. Il est dou-
teux que l'on maintienne jusqu'à soixante-dix ans la durée de la contrainte
par corps. Au jour où les réformes sont proposées, le médecin a le droit d'e\-
primer son avis ; il introduit dans la discussion des éléments utiles ; il peut
même user d'initiative, mais sa part réelle d'action se trouve dans l'application
de la loi. Ici, sa tâche est encore importante.
Si la loi a tout réglé en ce qui concerne la capacité civil^et le témoignage, elle
laisse aux juges du fait l'appréciation du discernement, lorsque l'accusé a moins de
<«izc ans. Un médecin peut être appelé pour examiner l'état mental de l'enfant et
l'expérience montre toute l'utilité de cette intervention. Les questions médico-lé-
gales qui se rapportent à l'influence de l'âge sur les facultés intellectuelles et
affectives, sont les suivantes : degré de développement de ces facultés, discernement ;
'perversion précoce; aliénation mentale chez les enbnts ; puberté envisagée dans
sou action sur l'état mental ; démence sénile, faits decaptation. Aux fonctions de
la génération, se rattachent l'époque de h puissance génitale et de la fécondité, les
attentats h la pudeur commis sur des enfants. L'action de l'âge sur les maladies et
les blessures est appréciée dans l'infanticide, dans les effets de l'exposition et du
délaissement, à l'occasion des violences habituelles dont les enfants sont victimes,
des divers genres de mort, de l'inanition, de la survie. L'hygiène publique rédame
plus spcriaicment les questions d'aptitude physique et morale, mais la médecine
légale inter^'ient encore au sujet des retraites, de la caducité précoce, des effets
réels ou simulés de l'âge. Cette étude se divise en deux parties : la preuve de
Vâge et Y examen de tan influence.
I. D<TERiiiNiiTiO!f DE l'age. En médectnc légale, la question d'âge se pose
â l'occasion d'une personne vivante, d'un individu privé de vie, d'ossements ou de
débris d'organes. Dans le premier cas, le jeu des fonctions s'ajoute aux signes orga-
niques, extérieurs; dans le second, nous usons de toutes les ressourcesque présen-
tent l'anatomie, l'histologie, la chîmiedu corps humain; dans le troisième, la science
fait un appel aux connaissances qu'elle possède sur l'évolution de cerliiins organes.
Nous étudierons successivement : i® les signes de l'âge; 2* les conditions qui
les modifient; 5* les périodes médico-légales ^ en y rattachant des signes préds.
\* Signes de Vâge, Toutes les modiGcations que le cours des années introduit
dan^ les fonctions et dans les organes deviennent des signes d'âge; sur chaaine
de nos fibres, pour ainsi dire, le temps exerce une action insensible et laisse liientiU
son empwinte caractéristique. La biologie retrace l'histoire des âges dont elle
cherche h expliquer la succession ; nous n'avons pas à reproduire re< taMenux
AGE (MéDBCIMK I.É6ALB). 449
d'ensemble, ni à discuter des théoi'ies. La médecine légale doit s'attacher aux
modifications les plus constantes, les plus faciles à reconnaître, à celles qui carre-
lérisent le mieui les périodes.
Les caractères sont anatomiques, physiologiques, chimiques et patholo^ques ;
(les séries d'analyses et d'obsenrations histologiques seraient ici nécessaire. La forme ,
les dimenrfons , la structure, la composition diimique, les fonctions et les mala-
dies des organes fournissent des signes qui se contrôlent et se complètent, et dont
l'ensemble permet d'arriver à des conclusions d'une approximation suffisante.
Â. Vdge pendatU la vie. L'apparence extérieure et le jeu des fonctions four-
nissent les signes.
Vatpeci révèle l'âge; on ne dissimule pas le nombre des années, on en porte le
poids plus ou moins vaillamment. Le médecin observateur ne se trompe guère,
dès le premier coup d'œil, sur l'âge de la personne qu'il examine; l'impression
de l'ensemble est décisive, et malgré les vieillesses anticipées ou la jeunesse
({ui se pt>longe, l'hésitation n'est pas longue, et on désigne un nombre d'an-
nées bien rapproché du cbiflre réel. .4vec l'habitude de ce diagnostic, l'écart
ne dépasse guère cinq ou six années et s'élève rarement jusqu'à dix. C'est de
quarante à smxante ans et dans l'extrême vieillesse que les chances d'erreur sont
plus grandes. La physionomie, l'attitude, la démarche, les gestes, la voix, corres-
pondent aux divers âges de la vie ; cette expression, presque infaillible, est con-
Irolée par l'examen détaillé des signes.
LexprestioH faciale résulte des yeux, des traits, delà couleur de la peau, de la
Airme du visage ; c'est là qu'on voit le mieux, la trace des amiées. La physionomie
se caractérise pendant la période moyenne delà vie ; dans ki vieillesse comme dans
Tenfance, les diflérences individuelles sont moins grandes.
La ffeaUy complètement organisée dès la seconde nuHtié de la vie fœtale, subit
après la naissance des modifications caractéristiques, qui servent à déterminer
l'âge, pendant les premières semaines de la vie. Fine, rosée, soutenue chez l'enfant
par un tissu graisseux déposé dans les fibres les plus profondes du derme, elle
se modifie d'abord dans sa couleur. A la puberté, un pigment plus abondant se dépose
dans l'aréole mammaire, à l'ombilic, au scrotum ; la peau se bâle légèrement ; au
ddà de trente ans, elle n'a plus sa fraîcheur ; les rides paraissent ; la peau de la
lace, du cou, des mains, présente les principales altérations. Le sUlon d'abord
passager, se creuse et devient permanent. L'enveloppe est trop grande pour le
contenu, c'est la graisse placée au-dessus du fasciasuperficialis qui a surtout pour
effet de tendre la peau ; quand elle diminue, les rides commencent. La graisse plus
profonde soutient la peau et empêche les progrès du plissement, qui se prononce
Init à coup, s'il survient un amaigrissement rapide. Les rides diminuent, lorsque
Teoibonpoint reparaît, mais rien n'efface celles qui résultent de l'absence de la
graisse superficielle, celle-ci ne se reproduisant pas. On a essayé de préciser l'âge
d'après l'ordre d'apparition des rides; vers trente ans, ce sont les froncements
péri-oculaires, peu après le plissement du front, puis le trait qui descend le long
<les joues, vers la commissure des lèvres, enfin les plis nombreux qui sillonnent
^ lace et se marquent à la partie antérieure du cou. La sécheresse de la peau est
'ans doute le résultat de l'oblitération d'un grand nombre de capillaires sanguins,
<le glandes sébacées et sudoripares. La sueur est moins abondante chez les [)er-
tonnes d'un âge avancé.
Les veines superficielles sont fortement dilatées, notamment (elles des mains.
L'épiderme est sec, souvent épaissi, couvert d'écailles, siège d'excroissances ; il se
tôO AGE (aiDsciiii légalb).
développe aussi des verrues ptpuleases; des oonerétkms pigmentâires se iorment
sur dÎTers pmnts ; le pigment est brun, forteineat carboné. On notera encore
comme signes d'âge certaines affections, propres à cette période de la Tie, le pru-
rigo, le pemphygus, i'eeaéma chronique et des ulcérations qui semblent résulter de
Tatrophie partielle de la couche épitliélîale de la peau.
Le syâUme pileux oflrc des signes, dès la vie intra-utérine : un préhiier duvet
qui tombe vers l'époque de la viabilité, un duvet analogue dans l'enlance, â
la puberté, l'apparition des poils aux parties génitales, aux aisselles, au sternum,
et, vers dix*huit ans, le développement de la barbe, servent d'indices. Les poils
sont d'abord plus fins et plus plies; ils prennent une teinte plus foncée, et leur
diamètre augmente; les différences individuelles sont notables. L'apparition de la
barbe peut être précoce, tardive ou nulle ; on trouve, dans le Beciwil de l Académie
defteienees (1666-1669), Tobservation d'un enfant chez lequel, à cinq ant, la
barbe eommençait à venir; à six ans, il en avait comme un homme de trente.
Dans d'autres cas, à sept ans, à trois ans, la barbe et les poik du pubis avaient
paru. £liez quelques hommes, la barbe ne pousse qu'entre vingt et ttente ans ; elle
peut manquer; ces exceptions limitent la valeur du signe. On notera ches les
femmes, pour la période de quarante à cinquante ans, la présence d'un duvet pins
épais, de poils rudes, au menton et aux lèvres.
La chevelure s*éclaircit entre trente et quarante ans, et la calvitie^ par ses pnn
grès, fournit un signe de l'âge. C'est par le sommet de la tête, a cervice calvUiet,
a temporibus canities, que commence la chute des cheveux, beaucoup plus précoce
chez l'homme que chez la femme. Les cheveux, avant de tomber, deviennent plus
pâles, plus fragiles; ils se dessèchent, se bifurquent, se fendillent, et ces lé^ïons
annoncent l'alopécie commençante, qui peu à peu gsgne en circonférence, et finit
souvent par envahir la totalité du crâne. Dans l'alopécie sénile, les bulbes des poils
sont affaiblis, atrophiés, mais le plus souvent sans être entièrement détruits ; leur
orifice donne passage à un duvet léger qui rappelle celui du commencement de la
vie. Ces caractères servent à faire reconnaître une simulation. H est très-rare
d'observer la chute de la barbe et celle des poils des autres régions. De nombreuses
causes modifient la valeur de ces signes, qui doivent être mis en rapport avec ks au-
tres caractères de l'âge. La calvitie n'accompagne pas nécessairement la vieillesse;
on a des exemples de centenaires qui ont conservé leurs cheveux et leurs dents.
L'alopécie peut être congénitale. Les archives de Starck renferment l'observation
de deux adultes qui présentaient une absence congénitale de chevoux et de dents ;
les Nciices de Froriep parlent aussi de deux soeurs cliez lesquelles les cheveux ne
s'étaient pas développés. H. Rayer a constaté le défaut absolu de poils, quelques
cheweux à peine, sur un homme de trente- deux ans. D'autres fois, les poils
sont rares ; ils manquent sur une région, ou ne paraissent que très-tard.
Si l'alopécie est prématurée, le médecin doit rechercher les causes qui ont hâté
l'apparition de ce signe. Les maladies locales, favus, herpès tonsurans, vilitigo,
porrîgo docalvans, pourront être reconnues à leurs traces ; il en est de même de
l'alopécie syphilitique ; mais on distinguera plus difTictlement de l'alopéde sénile
le defluvium capiUorum produit par des émotions morales, des contentions d'eaprit,
par l'épuisement de l'organisme, à la suite d'excès ou de maladies graves. Le oom-
mémoratif, les signes concomitants éclaireront le diagnostic. La calvitie est tem-
poraire ou irrémédiable. Los dieveux tombés à la suite de couches, de fièvres
typhoMlos, de maladies générales, peuvent repousser avec abondance ; mais le même
ébranlement, renouvelé deux ou trois fois, détermine la calvitie définitive. On a
ÂGE (nÉDBCIHE LiGALB). i9i
TU des chevelures rares redevenir touffues, des calvities disparaître; mais, évidem-
ment, elles tenaient à un état pathologique et non au pn^rès de l'âge; tous ces
fioiuts de vue trouvent leur application en médecine légide.
La amilie est un signe important; elle peut être oongéniale, prématurée, subite,
temporaire; elle débute entre trente et quarante ans; les tempes grisonnnent, les poils
blancs se disséminent et se multiplient ; la barbe blanchit par places; la décoloration
s étend aux autres régions; elle est plus tardive aux aisselles. De cinquante à soixante
ans, la caaitie £iit des progrès ; devenue générale, elle est l'attrU^ut du dernier âge
de la vie ; il est raae cependant qu'à côté des cheveux blancs on ne trouve pas
un certain nombre de poils ayant gardé leur couleur première. Certains vieillards
conservent une ch^elure abondante, et qui continue à croître malgré sa blancheur,
mois les cheveux blancs tombent peu à peu ; la canitie, jointe à l'alopécie, indique
un âge plus avancé.
Lu canitie amgéniale ou albinisme se reconnaît à l'absence ou à la rareté du
pigment tégumentaire. On a cité d'assez nombreux exemples de ces canities ori-
ginelles qui peuvent être générales ou partielles, se borner à une moitié de la
chevelure, aune seule touffe de cheveux. La canitie prématurée est une chance
d'erreur, mais le plus souvent elle contraste avec les signes de la jeunesse. On
a vu dans leniànce, à l'époque de la puberté, une partie de la chevelure blan-
chir; c'est entre vingt et trente ans que cette décoloration anticipée est surtout
conunune. Elle semble héréditaire dans certaines familles ; elle est plus fréquente
chex les individus secs et nerveux, à chevelure noire ou brune. L'alopécie est plus
hâtive chez les personnes à constitution molle et à cheveux blonds. Certains vieil-
lanls conservent jusqu'à un âge très-avancé une chevelure abondante, avec sa cou-
leur première. Bien des causes hâtent la décoloration des cheveux : les émotions,
Iês maladies, les excès de tous genres; mais alors d'autres signes viennent contre-
dire ces apparences de vieillesse anticipée.
La canitie subite a donné lieu à des discussions médico-légales : on s'est demandé
si les cheveux pouvaient blandiir tout à coup, dans l'espace d'une nuit, sous l'in-
fluenne de la terreur ou d'un violent chagrin. Les auteurs anciens citent des faits
qui semblentconduauts; Haller, cependant, les révoque en doute ; des obsen'ations
plus récentes ont été publiées ; Foumier dans l'article Cas rares du Dictionnaire
des sdsnces médicales^ rapporte, d'après un témoin qu'il affirme être digne de
loi, que chez un jeune homme de vingtrquatre ans, à la suite d'excès, les cheveux
et Ums les poils de la partie droite du corps devinrent blancs en une nuit. On a
dtc des faits de canitie subite à l'époque de la Révolution française; mais ces
observations ont presque toujours été recueillies sous l'influence d'émotions qui
faisaient accepter CMÔlement le merveilleux. H. Charcot a rap|X)i*té, en 1861, dans
la Ga'ieite hebdomadaire^ un nouvel exemple de ces promptes décolorations.
Combien de temps faut-il pour qu'une canitie complète se produise? Il est au
moins certain que les cheveux peuvent blanchir presque en totalité dans un petit
nombre de semaines. Biduit croyait le changement possible eu cinq ou six jours.
Le mode habituel de décoloration des cheveux se concilie peu avec les change-
ments instantanés. Que l'on obsene une tête grisonnante, on n'y verra pas de
cheveux pies, mais des poils noirs ou blancs jusqu'à la peau; à côté se trouvent
d'autres cheveux plus pales, plus secs, destinés à tomber et à être remplacés i^ar
un cheveu blanc. Une chute de cheveux assez abondante précède les canities
promptes; ce sont les cheveux noirs ou blonds qui font place aux blancs. 11 en
résulte que la canitie met au moins à se développer le temps uécessaire à la sortie
i52 AGE (aiDEciiiB lAcalc).
du nouveau poil ; en admettant une croissance de 1 à S millimMres par semaioe,
un ou deux mois suffisent pour rendre la canitie évidente. Beaucoup d'auteun
admettent que le poil blanchit aussi sans tomber; le changement de couleur se
montre d'abord à la pointe, où le cheveu devient plus pâle et plus cassant. L'huile
colorée se desséchant tout à coup expliquerait les canittes subites ; d'autres fois on
a observé que le cheveu blanchissait à sa base ; il poussait blanc ; le reste était noir
ou blond. Villermé rapporte Tobsenration d'une fille de treize ans qui avait des
cheveux mi-partie blancs et mi-partie châtains. Simon a vu chez un homme de
dix-neuf ans des cheveux dont une moitié était blanche, l'autre brune; plusinin
cheveux offraient l'alternance d'anneaux de deux couleurs {HantkrankheiUn,
p. 383). Des maladies graves et prolongées hâtent la canitie; les affections diathé-
siques surtout influent sur la coloration des poils. Ainsi dans la chlorose, dans
la cachexie hydrophthalmique, on a vu jaunir et pâlir la teinte des cheveux, des
sourcils et des cils. A la suite des maladies du cuir dievelu, du fSaivus, entre autres,
les chevaux poussent minces et décolorés. Ces modifications ne peuvent guère être
prises pour des signes d'âge.
Devons-nous placer parmi les chances d'erreur les ciiservations* dans lesquell<>s
les cheveux et la barbe auraient subitement blanchi après la mort? Cullerierra|H
porte des faits de ce genre empruntés aux Êphétnérides des curieux de la nature,
Bartholin raconte que le cadavre d'un homme dont les cheveux et la barbe étaimt
courts et noirs, les offrit longs et jaunes après quelque temps. La croissance des
poils après la mort est hors de doute; mais si le changement de couleur n'est point
démontré, rien n'autorise à le considérer comme impossible.
Des cheveux blonds peuvent-ils devenir noirs et inversement? Des changement
de ce genre auraient été observés d'après Alibert, chez une jeune femme, à la
suite de couches, des cheveux blonds devinrent noirs ; et chez un homme, sortant
de maladie, des cheveux bruns prirent une teinte d'un roux rif. Divers état^
pathologiques produisent des variations notables d'aspect et de couleur; ainsi,
dans la syphilis, les cheveux perdent leur lustre. Une autre question k examiner
en médecine légale est celle du rajeunissement de la chevelure ; on affirme que chez
des personnes d'un grand âge des cheveux blancs peuvent redevenirs noirs ou
blonds. Fournier a réuni, d'après Sinclair, quelques exemples de ces cbangement>
observés chez des hommes de quatre-vingt à cent-dix ans. Des faits de œ genrr,
pour être admis dans la science, auraient besoin de témoignages authentiques.
Si les doutes à cet égard sont plus que légitimes, il est au moins reconnu qu'a
divers âges de la vie, surtout chez les personnes jeunes, certaines maladies ont
introduit dans la couleur de la chevelure des modifications notables mais passa-
gères. Ainsi les cheveux qui ont pâli dans la chlorose reprennent, après la guérisoii,
leur teinte naturelle. Le fer et les préparations sulfureuses contribuent peut-être à
rétablir leur coloration. Dans une observation de H. Ricbelot, chez une jeune fille
chlorotiqiie, les cheveux blanchirent jusqu'à la hauteur de deux pouces, le reste
conser>*ant sa couleur ; la chlorose guérie par le fer, les cheveuz repoussèrent de
nouveau avec la teinte brune, de telle sorte que le haut et la partie inférieure de»
cheveux étaient bruns, tandis que le milieu présentait \m segment de couleur
blanche. Qiez les enfants guéris de la teigne par l'arrachement partiel, on voit mu-
vent les premiers cheveux être d'un blanc pâle, presque blancs; arrachés ou
tombant de nouveau, ils sont remplacés par des poils qui reprennent leur couleur
primitive. C'est sans doute dans des cas analogues qu'a dispani la canitie.
On a encore cherché un signe d'âge dans les modifications qu'éprouve la oom-
AGK (médkcise locale). 453
position cbimiqae des poils; malgré les travaux de MM. Baudrimonl, Bibra, Laér,
on n'est pas arrivé à des résultats bien positifs; quelques différences existent dans
b proportioa du fer et dans celle du soufre, de l'eau et de la graisse, plutôt d'a-
près la couleur des cheveux que d'après l'âge ; ces principes seraient peut-être en
proportioa un peu moindre dans les cheveux gris.
On ne négligera pas d'examiner les ongles, qui, avec les progrès de l'âge,
deviennent plus secs, plus friables, perdent leur éclat, se couvrent de taches
brunes, se recourbent et s*atrq>hient par places.
La IttiUe ei le poids fournissent des caractères d'une grande valeur, surtout aux
époques de développement.
Pendant la vie intra-utérine, l'accroissement est le signe le plus sûr. D'une frac-
tion de millimètre et de milligramme, le produit de la conception s'élève jusqu'à
i9 centimètres et 3S00 grammes. Le progrès est continu, avec des poussées pério-
diques, ainsi caractérisées par Sdmmering : marche plus rapide jusqu'au deuxième
mois, ralentissement jusqu'au troisième, accélération jusqu'au quatrième, croissance
moiiis prompte, nouvelle accélération de quatre mois et demi à six ou sept ; au delà,
progression plus lente, jusqu'à la maturité. La marche est assez régulière pour per-
mettre d'indiquer des moyennes par mois : S, 4, 8, 16, 23, 28, 34, 40, 48 à 49 cen-
timètres pour la taille ; 4, 20, 50, 100, 250, 500, 1500, 2000, 3200 grammes pour
le poids, avec une différence en moins chez les filles. Dans le diamètre bipariétal,
on trouve en centimètres une indication assez exacte du nombre des mois, 7, 8
et 9 centimètres pour les septième, huitième et neuvième mois. Chaque organe,
par son poids et ses dimensions, donne un indice auquel s'ajoutent les signes tirés
de la stnicCiire, et dont l'exposé se trouvera aux articles qui concernent le produit
de la conception.
Le moment de la naissance sera le point de départ de nos recherches ; 48 à 49 cen-
timètres, 3O00 à 3200 grammes, paraissent être, suivant le sexe, les dimensions
mo\ennes, dans nos pays ; les différences individuelles sont notables. Le minimum,
à neuf mois, est descendu jusqu'à 1500 grammes et à 40 centimètres, limite indécise,
ï ciusede la difficulté d'établir la durée réelle de la gestation. Le maximum est plus
sûrement apprécié. Des recherches faîtes à la Maternité de Paris, sur plusieurs milliers
d'accouchements, prouvent qu'un enfant né à terme et bien constiué pèse ordinaire-
ment 6 livres un quart (SI 25 grammes) ; on n'a ^ii, dans cet hôpital, qu'un très-petit
nombre d'enfants de 10 livres et demie (5250 gram.), d'autres du poids seulement
de 5 livres et de 2 livres el quelques onces (Marc) . Les limites extrêmes seraient , d'a-
près Chaussier, 1300 granmies à 4400, et même 6800. « Sur 4000 enfants nés à
la Maternité de Paris, madame Lachapelle n'en a pas rencontré un seul qui pesât 12
liwes. Beaudelooque, qui dit avoir reçu un enfant de 1 3 livres, regarde comme incroya-
ble qu'on en ait observé de plus volumineux. » (Velpeau) . Mauricrau indique 1 1 à 12
livres; Stein parie d'enfants de 12 livres ;Melitsch, de 12 àl5; Sander, del5;Voig-
lel, d'après Hagen, aurait vu un nouveau-né de 1 6 livres , maximum sur*lequcl il est
liien permis d'élever quelques doutes. Pour les longueurs, les différences, quoique no-
bbl^, «ont moins tranchées. Chaussier indique la moyenne de 18 pouces (0'",487),
JTee un minimum de 14 à 15 (0"*,578 à 0"',406), et un maximum qui pourrait aller
jusqu'à 27 pouces (0",73),commeMillot dit en avoir observé un cas ;Rômer indique
2^) à 23 pouces (54 centimètres à 62) . C'est dans les naissances tardives que l'on
renoonlre ces dimensions extrêmes, causes de dystocie, et qui, en médecine légale,
'Ont surtout à considérer au point de vue des suites et de la durée de l'accouche-
ment. Dans le dixième mois, l'enfant continuant à croître, augmente à peu près
154 AGE (MiDiciRi l£galb).
dans la même proportion qne du huitième au neuvième; il peut donc acquérir eii
plus 8 ou 9 centimètres et 1000 à 1200 grammes, et présenter ainsi cesi dimen-
sions anormales de 56 â 57 Gentimètres,Hlc 4 à 5 kilogrammes, mentionnées dan>
diverses observations de grossesses prolongées.
On doit tenir compte, pour Fappréciatioa des dimensions, de la race, du sexe,
de l'hérédité, des conditions hygiéniques ; il importe de multiplier les faits à tvt
égard: à la Maternité de Strasbourg, d'après les observations de M. Sioltz, le$
dimensions maximum ont été, pour deux fœtus masculins, 58 centimètres el
4436 grammes, 59 centimètres et 4625 granunes; ce dernier cas dans une gm^
sesse prolongée de vingt jours. Les maxima )X>ur le sexe fiâminin ont été 53 cen-
timètres et 4240 grammes. Les moyennes se trouvent entre 46 et 49 centimèlres,
3000 et 3500 grammes ; elles sont plus faibles pour les filles.
L'accroissement de la taille, après la naissance, se bit d'une manière aaseï régu*
lière ; Feniant grandit de 0'',20 environ pendant la première année, de 0",l 0 pendanl
la seconde, de 0",06 à 0»,07 de deux à cinq ans, de 0*^,05 à 0'",06 de cinq à
quinze ans; Taugmentation est de O'^yOS à 0",04 de quiuae à vingt ans ; d*un dani-
eentimètie de vingt à vingt-cinq ansetde quelques millimètres de vingtrcinq à trente.
La soudure des épiphyses maitfue le terme de raccroissement. La taille de la nais-
sance est doublée à cinq ans, pour les garçons, un peu avant pour les filles ; â deux
ans et demi la moitié de la taille définitive est acquise aux garçons, elle l'est plus lût
aux filles. La puberté accélère l'accroissement; trop précoce, elle y met un terme.
Quelle que soient les variations individuelles, Tétude d'un certain nombre de type
et la connaissance des moyennes ont, eh médecine légale, une importance incon-
testable. Voici raccroissement indiqué par BufTon pour un homme de haute stature :
Cenlim.
61
«5
A la naissance. .
Six iTiois
Un an
Dix-huit mois. .
Deux ans. . . . ,
Deux ans et demi ,
Trois ans. ...
Trois ans et demi.
Quatre ans.
Quatre ans sept mois.
Cinq ans
Cinq ans sept mois. .
Six ans
Six ans six mois. . .«
Sept ans
Sept ans et demi. . .
Uuit ans
• ■ • •
Huit ans et demi.. . .
Neuf ans
73 Neuf ans sept mois. . .
81 Dix ans
80 Onze ans et demi. . .
OS Douze ans
98 Douze ans huit mois. .
100 Treize ans
105 Treize ans et demi. . .
100 Quatorze ans
111 Quatorze ans et deasi. .
114 Quinze ans
117 Quinze ans et demi. .
1^ Seize ans
193 Seize ans et demi. . .
128 Dix-sept ans
130 Dix-sept ans sept mois.
133
135
130
111
liM
119
151
151
158
l«3
168
173
176
IIH
183
184
186
Nous a^xHis recueilli les mestires suivantes pour un jeune garçon : on an et
demi, 79 centimètres; deux ans, 87; deux ans et demi, 91 ; trois ans, 96; trois
ans et demi, 99; quatre ans, 103; quatre ans et demi, 105; cinq ans liO ; cinq
ans et demi, 1 13 ; six ans, 1 16; six ans et demi, 119 ; sept ans, 131 . L'influence
des saisons sur raccnnssemeiit est notable dans les premières années de la vie.
BufTon remarque que de cinq à dix ans la somme des accroissements a étéde 7 pouce»
une ligne (19 centimètres) en été, et de 4 pouces une ligne et demie (I I oeoli-
mètres) en hiver. Dans le fait que nous rapportons, la somme des aocroiaBemeots
d'un an et demi à six et demi s'est élevée à 2S centimètres pour les scfDesti>»
d'été et à 15 pour ceux d'hiver.
Les moyennes générales fournissent d'utiles renseignements. Les tabieaia du
A6E (aiDECiiiB lIgalb), 155
recratement indiqncsit, pour toute la France, la moyeiuie de la taille des jeuues
gen» âgés de vingt ans révolas et aptes au service militaire; cette moyenne a été»
en 1857 et 1858, de l«,6â3,4ft et de i»,652,84 avec un minimum de 1»,631
pour la Saithe et un maximum de V^filià pour l'Yonne. Dans le Bas-Rhin, pour
dix années, de 1848 à 1857, la moyenne a été de 1%665, avec un écart de
1",644 à 1",670, suivant les cantons ; le maximum, dans deux cas, a été compris
entre 1",896 et 1"',9^. Dans les appeb hâtifs du premier Empire, la taille était
descendue à 1"*,615 et au-dessous. La taille moyenne de la vingtième année, ne
représente pas celle de l*adulte arrivé à son entier développement. Tenon, sur un
[letit nombre de faits, avait fixé œtte moyenne à 1"*,665 pour les hommes et
1",M6 pour les fenmies, avec les maximum de 1">,854 et l'",671 . M. Lélut indique
i",657; déterminant la taille aux différents âges, sur un certain nombre de déte-
nus des prisons de Paris, il trouve, de seize à dix-sept ans, i^^^l ; à vingt ans»
1",647; 4 vingt-cinq aBs« 1"',647; de trente à cinquante ans, 1°',657; de cin-
quante ans et au-dessus, l'OyôâS. Pour des détenus des départements méridionaux,
de trente à cinquante ans, la moyenne était 1"^,650. Ikins le département de la
Haule-Sadne, les moyennes étaient, à- vingt ans, 1"^,558; de vingt àv'mgt-cinq,
l",679;devingt à trente, 1«>,897; de cinquante à soixante, 1",651. A l'époque
de la maturité, la taille atteint environ trois fois et demie la longueur au moment
<]e la naissance. Les tableaux de Quételet et de Zeising doivent être consultés par
le médecin; voici tes résultats obtenus pour les principales périodes :
QUÉTELET.
ZEISir^G.
TAII.LE
POIDS
ACCi,
HOMMES
PEMMB8
BOHIICS.
FEMMES
TAILLE.
m.
m.
Kil.
Kii.
0
0,500
0,400
3,20
2,91
0,485
i
0,008
0,600
9,45
8,79
0.757
2
0,701
0,781
11,34
10,67
0,863
0
0,^8
0,974
15,77
14,36
1,084
7
1,105
1,086
19,10
17,34
1,214
10
l,tf75
1,248
24,52
23,52
1,305
ft
1,385
1,290
29,82
29,82
1,360
15
1,546
1,499
43,62
40,37
1,540 •
18
1,658
1,564
07,83
51,03
1,672
20
1,074
1.572
60,06
52,28
1,715
%\
l,fi80
1,577
62.93
53,28 1
1,751
50
1,684
1,579
63,65
54,33
»
<0
1.684
1,579
63,67
55.23
]»
ÔO
1,674
1,530
03,46
56,16
9
60
1,630
1,516
61,94
54,30
a
70
1,623
1,514
59.52
51,51
»
80
1,613
1,506
57.83
49,37
■
90
1,613
1,504
57,83
49,34
»
D'autres signes sont encore déduits de raccroissement de certains organes et des
rapports qui existent entre différentes parties du corps. L'augmentation de la tête
louniit un des caractères les plus utiles, pendant les premières années de la vie.
A la naissance, sa circonférence est, en moyenne, de 34 à 35 centimètres; elle
s accroît d'environ 15 centimètres, jusqu'à vingt-deux mois ou deux ans, époque
i56 AGE (■iBBCISB LéCALs).
de l'occlusion de la grande fontanelle; pendant le reste de la vie, elle ne gagne
plus que 6 à 7 centimètres. De la naissance à un mois, laocroissemeut est de
2 centimètres et demi ; le même progrès se constate à la fin du tnnsième mois, en
sixième, du dixième, du quinzième, du vingt et unième; de vingt et un a viugt-
huit mois, la tète ne gagne plus qu'un centimètre; de vingt-huit mois i trois ans,
c'est à peine 2 ou 3 millimètres, puis Taccroissement continue d'une maniiTe
insensible jusqu'à un âge marqué sans doute par la soudure absolue des os du
crâne. Le développeinent du thorax présente un signe correspondant. La câroonré-
rence de la poitrine, qui est, en moyenne, de 34 centimètres au moment de b
naissance, s'est accrue de 64 centimètres au terme du développement. Jusqu'à l'âge
de quatre ans elle reste à peu près égale à la circonférence de la tête, mais bieutol
la différence se prononce, elle devient considérable à l'époque de la puberté, b
croissance achevée chez un individu robuste, la circonférence du thorax l'emporte
au moins de 42 centimètres sur celle de la tète. M. liharzik, qui a appdé ratlen-
tion sur ces faits, les résume dans un tableau dont voici l'extrait :
DIMENSIONS COMPARÉES DB LA TÈTB ET DO THORAX
AGES.
Vingt -quatre heures
Six mois ,
Un an
Dix-huit mois. . .
Deux ans.
Trois ans
Sept ans
Douie ans
Quinze ans
CIROONFËRENGE MOYENNE
DE LA lÈn
«ALB
35
4i
46
47
49
50
52
53
5i
m ELUE
34
41
45
47
48
48
51
52
53
va raoRAX
■AU
33
4S
46
46
48
49
55
68
32
38
43
44
46
47
53
60
65
Dans les cinq premières semaines, les diamètres de la tête augmentent d'un
demi à i centimètre. La longueur de la tête est comme 1 à 4 au moment de
la naissance, comme i à 6 à cinq ans. «La situation de Tombilic, les rapports entre
le tronc et les extrémités ont été Tobjet de quelques mesures et sont des laits utiles
à noter ; c'est sur le tronc que la décroissance porte, surtout dans l'âge avaiMîé.
Cuvier indique pour le rachis, cou, 0,1 1 ; dos, 0,50; lombes, 0,46 ; sacrum, 0,14;
coccyx, 03. Sue a noté les rapports suivants, pour la première période de la \ie :
EXTRÉMITÉS
ANNÉES.
TROSC
' — — — ^
S0p£BlEUaC8.
ixrtotiOBEs.
i an
36
24
24
3
51
38
38
lu
65
51
55
li
75
66
73
20àS5
86
81
86
AGE (MfiDKciHK légale). i57
Cams, prenant pour unité de mesure le tiers de la colonne vertébrale, qui repré-
sente h longueur du crâne, a cherché à déterminer les dimensions relatives des
différents organes; elles doivent être toutes un multiple ou une fraction de ce type,
égal à 6 centimètres diez le nouveau-né et à i8 chez Tadulte. Le module ou type
est subdivisé en vingt-quatre parties ou minutes.
HOCYEAD-NÉ.
ModaleOceoi.
s ANS.
10 ceatiD.
6 ARS.
15 centim.
a A!C8.
16 centioi.
AOUITK.
18 centim.
TâiUe
toaàakê.
8
2
5,12
3
2,12
20
1,12
1,0
1
8,12
1,10
3,22
3
2,10
20
1,18
1,18
1,4
9
1,8
3,12
3
2,18
22
2,1
1.23
1.8
9,12
1,5
3,6
3
3.2
1
2,13
2,2
1,13
9,12
1
3
3
3
1
2,12
2
1,12
Longueur du crâne.. . .
Cnrconfiîrence
Longueur du raehis. . .
— des bras. . . .
— de la main
— du iémur.
— du tibia..
— du pied. . . .
Le radiis, d'afvès ces mesures, aurait 18 centimètres à la naissance, 50 à trois
aiis, 39 à six ans, 48 i quinze, 54 à l'âge adulte. Le type, chez la femme, serait
lia peu {dus iaiUe, 0"',i78, et dans les deux sexes il diminuerait avec Tâge. Les
proportions sont d'ailleurs influencées par la race, par les attitudes habituelles et
(ar le genre de vie.
Le maximum de la taille une fois atteint, la décroissance, ne tarde pas à se
montrer. De quarante à cinquante ans, l'homme a déjà perdu l' centimètre et la
feonne un peu moins La diminution totale est de 7 à 8 centimètres; à l'âge de
quatre-vingts ans, elle est produite par les courbures et la déformation du système
osseux, par l'usure des cartilages et notamment par l'affaissement des vertèbres
K du ool du fémur. Tenon signale un raccourcissement de 24 centimètres. Ribes
H Ihlgaigne ont cité des dépressions considérables.
On doit tenir compte, dans les mesures, de l'afiaissement produit par les fatigues
ou par une station prolongée. Du matin au soir la taille peut varier de i à 4 ccn-
limètres. Dans l'exemple cité par Buffon, la diminution a été de 4 centimètres et
iiemi; une éloogation véritable se manifeste chez les enfants, par suite du séjour
Ml lit.
Les variations du poids complètent les signes fournis par la taille. Suivant la
remarque de Chausaier, le poids de l'enfant diminue un peu immédiatement après
U naissance et ne commence à croître d'une manière sensible qu'après la première
semaine. Quélelet a constaté que le maximum de la perte s'observait le troisième
jour. Breslau a noté une diminution d'un quinzième au milieu de la seconde
semaine. Mais cette perte est bientôt compensée, et dans les six premiers septé-
naires, lenfant gagne 5 à 600 grammes. Le poids se tiiple pendant la première
année ; il se quintuple de la naissance à sept ans ; il se double de sept à quinze ; à
la maturité il est égal à vingt fois celui de la naissance L'accroissement est de
^ kilogrammes pendant la première année, de i à 2 kilogrammes par année,
de un an à dix; de 3 à 4, de onze à quatorze; de 5 à 6, de quinze à vingt ans.
La puberté détermjne une prompte augmentation ; à douze ans, le poids, chez
l«s deux sexes, est presque égal. L'homme arrive au maximum de son poids
vers quarante ans, la femme vers cinquante. La diminution devient sensible à
158 AGE (MiDKoiRB Ugalb).
soixante ans; par les progrès de l'âge, elle alteînl 6 à 7 kilogrammes el plus. Le>
variations individuelles sont ici plus oonsidéFables que pour la taille et des chan-
gements notables se produisent sous diverses influences. Chez des en&nks, pesaut
de 6,800 à 15 kilogrammes, nous avons constaté, pendant la période d*éni(Aioii
de la rougeole, des diminutions de poids de 500 à 800 grammes, s'opmul
en trois et quatre jours. On sait les rapides alwisioments de poids que prothiiseut
Tabstinence et les maladies.
La connaissance des moyennes et celle des lois de laccnMSsement aident puissam-
ment à caractériser l'âge; mais, en médecine légale, nous devons tenir compte des
maxima et des minima, ainsi que des faits exceptionnels. Cbex certains honiroes,
la croissance est arrêtée plus tôt, sans état morbide précis qui explique cetlc
' infraction aux lois de la nature. L'histoire des nains présente l'exemple d'individus
dontta taille reste bien au-dessous du type normal, à 2 pieds 9 pouces (0",8H),
â 5 pieds 9puces(l%22) dont la taille, «i quinze ans, peut n'être que de 18pouce$
à 2 pieds 7 pouces (0'",49 à 0'",85) qui meurent jeunes, dans un état de vieillesse
])rématurée ou qui parfois arrivent à un grand âge. La mardie de Toasificatioa
fournit ici la preuve de l'âge ; malgré les faibles dimensions du squelette, les os
peuvent parvenir â nu état complet dorganisation ; on a même vu s'efiaoer le<
sutures frontale et pariétale. L'accroissement précoce de la taille est encore une
cause d'erreur. On a réuni de nombreux exemples de ces développements préina-
tnrés. Voici les plus remarquables : â trois ans et un mois, 59 livres et 1*,05
(Duplessis) ; à trots ans et demi, 57 livres et 1",24 (Dupuytren) ; à cinq ans,
i",58 (Histoire de V Académie des sciences) ; â cinq ans et trois mois, chez une
fille, i",2S (Jotimal de Corvlsart); à dix ans, 4 ",44 (Foumier). L'aooraasemeiil
précoce de la taille est plus commun chez les hommes que chez les femmes.
Les dimensions excessives auxquelles l'homme peut parvenir doivent être notées:
la race a une influence évidente sur la taille, qui n'est pas moins modifiée par le»
conditions hygiéniques. Le médecin légiste dressera ses moyennes suivant les pan.
mais les variations extrêmes, indiquées par les physiofogistes, semblent être ren-
fermées dans des limites assez étroites, entre 1"*,40 et 2 mètres environ. L'ouver-
ture des tombes anciennes constate l'identité de la taille, pour l'époque actuello
et les tempH historiques. Les dimensions extrêmes sont le i*ésultat de dii^Kisition»
indiriduelles, le plus souvent inexpliquées et restant à l'état de rares excepiioib.
Les hommes de 6 pieds (i'^jdoO) sont peu nombreux; 2 mètres forment une limite
qui n'est guèrc dépassée. L'existence de géants de 8 [Meds et de 8 pieds et demi
(2»,60*à 2'",80) paraît constatée, dit Geoffroy Saint-Hîlaire , par l'observatioti
d'hommes dignes de foi. Lecat indique 7 et 8 pieds, Dienierbroeck, 8 pieds et demi;
9 pieds (5"), enfln. d'après d'autres témoignages, formeraient la limite extrême
que la taille de l'Iiomme peut atteindre. On a constaté le développement extraor-
dinaire de certaines régions du corps, de la tête entre autres, fait qui s'expliqnr
le plus souvent par un état patliologique. Les poids extraordinaires sont plu>
fréc]iients. Les moyeimcs de chaque âge peuvent être doublées on triplées. On
a vu un enfant de quatre ans peser 104 livres. Buffon cite les poids de 58<i
livres, 490, 585, 609, 649 livres, poids anglais; les observations d*obéM(i'
précoce ou soutenue, h l'âge de retour, présentent des exemples de ce^ poids mon-
strueux.
La forme du cor|)s xnne comme la taille et le poids; les dimensions ^ebti^e^
des organes, la pro{N)rtion et la disposition de la graisse, k'S modiHcations fh*> o^
impriment à l'extérieur du corps une apparence qui caractérise les âges. Ik'u\
AGE (HéDSCIllK LéOALB). 159
lonoeB de ocmstitiitioa se montrent à un âge aTancé ; lutie molle, où Temljon-
point persiste; l'autre sèche, accompagnée d'une maigreur excessive qui indique
b vieillesBeparTenue à ses dernières limites.
Le syilême dentaire fournit des signes très-nets pendant la période de dévelop-
panent ; an delà il offre encore des indications utiles. Le cloisonnement des alvéoles,
il formation et Tosification des follicules, caractérisent la vie fœtale ; à la naissance,
toutes les dents* de lait et les quatre premières grosses molaires de remplacement ont
leurs points d'ossification; puis on constate l'ossification successive des dents perma-
nentes. L'éruption des dents, malgré les difTérenoes individuelles, est une mesure
eiade des diferses phases de l'enfance. Du septième au trentième mois, les dents
ipparaissent par groupes : les incisives médianes inférieures, puis les supérieures
de segt à neuf mois ; les supérieures latérales, puis les inférieures, de neuf à douze ;
ks petites molaires, puis les canines, de douze à dix-huit ; les secondes molaires
>|ièsdeinans. Bien des exceptions troublent l'ordre et les époques d'éniption ;
aîui les molaires antérieures peuvent précéder les incisives latérales inférieures,
bcuines venir avant les petites molaires. Le médecin appréciera les états patho-
logiques qui retardent ou accélèrent la dentition et modifient la valeur du signe.
Us dentitions précoces sont une cause d'erreur, lorsque cette anomalie n'est
acoompagnée d'aucun trouble morbide ; on a vu des eniànts venir au monde avec
l^osieurs dents visibles aux mâchoires (Meckel) ; ce phénomène, déjà constaté par
Hine et mentionné pour quelques personnages célèbres, semblerait indiquer une
^^fogQT peu commune ; le plus souvent, au contraire, les dentitions hâtives, à
don ou trois moisy s'observent chez des enfants affoiblis et sont accompagnées
d'accidents graves. Le reiard de la dentition, suite ordinaire du rachitisme, peut
aussi constituer une simple anomalie ; on a constaté l'absence absolue de dents,
dautr» fob, plusieurs dents faisaient défaut.
la seconde dentition fournit un signe par l'apparition, entre quatre et cinq ans,
des premières grosses molaires. De sept à neuf ans, les incisives se remplacent ; de
neuf à dix ans, les premières )ielites molaires et les canines; vers onze ans, les
^«condes petites molaires ; de onze à douze sortent les secondes grosses molaires per-
manentes. Les troisièmes grosses molaires ou dents de sagesse forment un caractère
plustanlif; elles n'apparaissent guère qu'après la puberté, de dix-huit à vingt-cinq
^> ou plus tard. Ici diverses anomalies seront prises en considération : le retard
deh seconde dentition, la persistance de plusieurs dents de lait, an delà du terme
ordinaire, sans que les dents permanentes se développent.
Lî dentition terminée, l'âge s'apprécie par l'usure de ces oi^anes. La destruction
de rémail, la couleur qui s'altère, l'apparition de taches jaunes et noirâtres, l'atro-
phie du bulbe, l'ébranlement et la chute des dents, le rétrécissement et l'effacement
desalTéoles, constituent la série des signes. Les dents déchaussées paraissent plus
longues et laissent voir le cément. Les incisives et surtout les canines inférieures sont
^Ifô qui persistent le plus longtemps. D'après Lassaigne et Bibra, dans l'âge avancé
la oompoâtion chimique des dents se rapprocherait de celle qu'elles présentent dans
l'cnbnce; les matières organiques iraient en augmentant; sur un adulte, on a
lnmvéS9pour 100 de matières organiques, et 71 d'inorganiques; les proportions
'»nt été 55 et 65 chez un enfant, 35 et 67 chez un vieillard de quatre-vingt-un
^' Les altérations pathologiques , trop modifiées par les conditions indivi-
*ï^0e5, ne sont qu'un faible indice ; il faut tenir compte cependant de l'ordre
^ lequel les dents sont affectées par la carie. On a vu par exception des hommes
P*ncnir à un âge très-avancé, sans perdre aucune de leurs dents. Iluselnnd cite
160 AGK (MÉnBCisB lbcalb).
Texemple (l*un vieillard qui mourut à cent orne ans et qui avait conservé jusqu'à
cet âge ses dents et ses cheveux.
Les modifications des maxillaires sont caractéristiques ; laiigledes branches a\i'c
le corps, trèâ^uvert avant la dentition, droit après, redevient obtus lorsque Vàge a
amené ta chute des dents. Le corps du maxillaire s'allonge par la seconde denti-
tion. Le rebord alvéolaire, d*abord épais, s'amincit et s eOace. Un changement gra-
duel s opère dans les rapports des trous sou»orbitaires et mentonniers. L'expre»6ioii
raciale qui résulte de tous ces changements est caractéristique.
Le jeu des organes fournit des signes qui n'échappent pas à l'observateur attentif.
Le développement de ï intelligence est un indice utile, dans le cas assez fréquent
où le médecin est appelé à déterminer l'âge d'tiu enlant délaissé. Les premières
larmes et le rire à six semaines; la parole, mot isolé, en même temps que la
marche, à onze mois ; le mot associé, dans le cours de la seconde année ; la séné
des phrases, dans la troisième ; ne sont-ce pas là des éclielons qui correspondent à
des dates assez variables sans doute, mais dont la succession est généralement régu-
lière? Les perceptions deviennent plus nettes, l'attention oonunence , la mémoire se
lorme ; de cinq à sept ans, l'enfant peut savoir lire, indice assez préds d'un nouveau
progrès ; ce développement est surtout utile à apprécier dans les questions de dis^
cernement. Le déploiement successif des facultés de l'âme caractérise les diflèroitec
époques de la vie ; mais ce signe peut paraître subtil ; il est d'ailleurs modifié pr
trop d'influences ; mais si le type est souvent altéré et défiguré, dans le milieu
surtout où la médecine légale opère, il n'eu est pas moins vrai que l'étude appro-
fondie du caractère, des goûts, des facultés d'un homme fournit sur son âge des»
renseignements précieux. Pendant la période moyenne de la vie, ces signes ont
moins de valeur ; au déclin de l'âge, ils devieiment plus positifs.
Les modifications présentées par les organes des sens sont plus évidentes. Lcàl^
dès la vie intra-utérine, olfre des signes caractéristiques : le globe découvert jusqu'au
quatrième mois, les paupières fermées jusqu'au septième. L'ouverture des paupières
coïncide avec l'époque de la riabilité ; il importe de distinguer cette séparation
naturelle de celle qui aurait été faite accidentellement ou volontairement dans le
but d'induire en erreur; un caractère anatomique fournit ici un renseignement
utile ; la peau se continue d'une paupière à l'autre, au-devant de l'œil, au moment
où la division se prépare, les cellules épidermiques changent de foime, elles s'al-
longent, s'atrophient sur la ligne de séparation, gardant au delà leur structure nor-
male; nous avons nettement constaté avec H. Morel cette délormation préalable des»
cellules qui annonce la séparation naturelle des deux paupières. Ou recherchera
les changements qu'entraîne la succession des âges dans la forme, la transpa-
rence du globe de l'œil, la myopie et la presbytie, le pouvoir d'accommodation,
la couleur de l'iris, le pigment de la choroïde, la tâche jaune de la rétine. Le
glaucome ât fréquent à l'âge critique. Les taches grisâtres du fond de l'œil, la
teinte jaunâtre du cristalliu, infiltré de gi*aiâse, indiquent un âge avancé. Nous
avons vu cependant, au-delà de quatre-vingts ans, l'œil conserver toute sa limpidité.
L'arc ou cercle sénile est un signe ti^ès-fréquent et très-net qui mérite d'étrr
examiné avec soin. Vers la soixantième année, la cornée transparente devient souvent
trouble et blanchâtre, sur divers points de sa circonférence, notamment en haut, À
l'union de son bord externe avec la sclérotique. Cette teinte blancliâtrj se montre*
sous forme d'un trait qui peu à peu s'élargit, s'étend d'une manière circulaire et
finit i^ar former un ceixle complet, encadrant toute la cornée transparente Ce
cercle occupe un cinquième environ, un quart, un tiers au plus de la cornée; on no
* AG£ (médigimb légalb). i61
Ta pas vu s'élever jusqu'à son centre, ni être assez krge pour mettre obstacle au pas-
sage delà lumière. Ce cercle sénile, qui est dû à l'infiltration graisseuse des cellules
pbsniatiques de la cornée, est un caractère important, à la dernière période de la
vie. Nous avons essayé, par quelques recherches statistiques faites avec notre col-
lée, H. ^ber, de déterminer la fréquence, l'époque et l'ordre du développe-
ment de ce signe. Sur 158 pensionnaires de l'hôpital civil de Strasbourg, nous
avons constaté les résultats suivants :
CERCLE séNILE
Sur 9 personnes de 42 à 59 ans, nous n'avons pas rencontré le cercle sénile ; sur
88 honmies au-dessus de soixante ans, 60 offraient cet arc plus ou moins prononcé ;
les 2 hommes les moins âgés avaient 60 et 61 ans. Sur 80 femmes, 63 présentaient
le cercle sénile ; les moins âgées avaient 66 et 67 ans. 11 semble que celte altéra-
(km soit plus précoce chez Fhomme; avant 70 ans, les cas ont été plus nombreux
dans le sexe masculin ; au-dessus, les proportions s'égalisent. L'influence de l'âge
est manifeste ; avec les années, le nombre des cas s'accélère rapidement. De 65
à 70 ans, l'arc sénile est déjà commun ; il existe le plus souvent de 70 à 75 ans ;
au delà son absence est une rare exception. On peut donc considérer ce signe comme
caractérisant la seconde partie de la vieillesse. Le cercle est plus ou moins pro-
noncé ; dès 65 ans, nous l'avons vu complet, mais c'est le plus souvent au delà
de 70 qu'il encadre la totalité de la cornée. Le cercle partiel est surtout prononcé
a la partie supérieure de l'œil ; son étendue varie et augmente avec l'âge. Chez
deux hommes de 80 à 83 ans, chez trois femmes de 85, l'iufdtration graisseuse
était commençante ; nous l'avons vue manquer totalement chez un homme
deSi ans.
Nous avons recherché s'il existait quelque rapport entre la fréquence du cercle
et la couleur des yeux. Pour les femmes, les proportions sont identiques; chez les
bommes, les différences ne sont pas notables.
La dureté de l'ouie, plus tardive mais plus complète chez les femmes, l'analgésie
|ttrtidle, les modifications de la voix, en rapport avec les dimensions et l'ossifica-
tioo du larynx, la durée du sommeil, la diminution de force et de précision des
mouvements trouveront leur place dans l'ensemble des signes.
L'évohilion des organes génitaux marque des périodes distinctes. La première
partie de la vie est caractérisée par le peu de développement de ces organes et par
i'ioactivité de la fonction. Plus tard, l'instinct génital s'éveille, la puberté s'an-
oooce par des signes généraux et locaux. Gomme indices d'âge, nous avons à
déterminer l'époque de son apparition et la succession des phénomènes qui la
UCT. INC il. il
i62
AGE (BÉOfiClNfi L£GALE)k
constituent. Dans nos pays, c'est de quinie à dix-huit ans chez les garçons, de
douze à quinze ans chez les filles que cette révolution s'opère. Pdur le sexe ma^
culin, la transition est plus insensible et le signe du développement moins préct».
On recherchera les modifications dont Tordre permet de distinguer la puberté,
commençante, en pleine évolution, ou voisine de la maturité. La puberté précoce
est plus rare chez les garçons que chez les filles ; elle peut paraître, par exœpliou,
entre dix et douze ans ; on cite encore des anomalies plus exceptionnelles, puberté
a deux ans (Dupuytren), à trois ans (Pline), et à cinq ans (Fages). Ici, le dévelop-
pement général, quoique précoce, n*esl pas en rapport avec celui des organes de la
génération. Le retard de l'évolution, qui peut ne se faire qu'après vingt au*», oti
même manquer, n'est pas longtemps une cause d'erreur ; les autres signes de
l'âge ne s'en développent pas moins et souvent d'une manière plus rapide.
Précédée aussi de prodromes généraux et locaux, la puberté chez la femme
est bientôt caractérisée par un signe précis, par la menstruation. L'âge moyen,
auquel cette fonction s'établit, est compris entre douze et quinze ans. Le genre de
vie, la constitution, les états morbides paraissent avoir plus d'action que les cli-
mats ; des menstruations précoces s'observent dans les pays très-froids, aussi bien
qu'entre les tropiques. Le tableau suivant comprend les observations de Guy â
Londres et les faits recueillis par M. Stoltz à la Maternité de Strasbourg, et pai
M. Lévy dans la classe ouvrière de cette ville.
STKASBOlIflC.
U>1IMIS.
8 â lu ans. .
aàTKIliITt.
CLASSK
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17 à 19
551
217
456
22,06
56,16
UJ»
Wà25
42
41
8
2.82
6,85
1,«3
et au-dessus.
1 Total. . .
1,500
600
649
Les âges extrêmes ont été pour M. Stoltz, onze et vingtrtrois ans. I^es âges à Paris
sont, d'après H. Velpeau, quatorze, quinze, treize, seize et douze ans. La menstrua-
tion peut être précoce, on Ta vue s'établir quelques jours après la naissance (Wît-
chead); à trois mois (Gonarmond); à dix-huit mois (Yelpeau); à deux et à trois an^
(Wald). Ce phénomène accompagné ou non du développement précoce de tout
l'organisme, ne peut guères induire en erreiu*. L'exception est rectifiée par les
autres signes. Les menstruations tardives ou qui ne se produisent jamais doi\ent
encore être prises en considération.
La fonction génénitrice, arrivée a son entier développement, caractérise toute
une période de la vie qui est celle de la fécondité ; cette période est plus longue
chez l'honune que chez la fenmie et moins facile à déterminer. Des signes d'âge,
pendant la vieillesse, sont fournis par les modifications des oignes génitaux, qui
tendent à se flétrir et à s'atropliier et par la diminution d'énergie de la fonction ;
mais l'instinct persiste et la sécrétion du sperme continue , même à un âge tii>-
avancé ou il peut consener encore son pouvoh fécondant. Chez lu femme, le teroK
de l'activité génitale est indiquée (ar un signe plus positif, la cessation des rè^le».
L'âge de la ménopause est généralement compris entre quarante-liuit et cinqiiasilr
AGE (MéDECiRE légale). {63
et un ans, plus hitif dans les villes que dans les campagnes el modifié par diverses
influences, mais la moyenne, par sa constance, a une grande valeur comme signe
d'âge. On tiendra ocHopte des ménopauses prématurées, dont tous les médecins
ont observé des exemples, avant quarante ans, entre vingt et trente ans, sans
limible de la santé. La persistance des règles à un âge avancé, à soixante, soixante
cinq, soixante-dou2se ans (Harles), à quatre-vingt-dix-neut (Bemstein), leur réap-
|jarition dans la dernière vieillesse, entre quatre-vingts et cent ans et même au delà
(Haller, Blancardî) , à cent cinq ans (Duvemet) , indiquent plutôt une maladie qu^on
retour de l'onilation ; ces bits diminuent cependant la valeur de la menstruation,
comme signe d*âge, et la question est alors résolue par d'autres caractères.
Les fonctions organiques doivent être passées en revue. La circulation plus
rapide chez l'enfant, diminue progressivement jusque vers la vingtième année, où
elle reste stationnaire pendant une longue période, pour augmenter ensuite, on
notera le pouls sénile, ai canctéristique, qui indique l'artério-sclérose, ainsi que
rétrécissement aortique ; sa vitesse est sous Tinfluence de l'âge, aussi bien que sous
celle de la taille. Il y a moins de sang dans les capillaires et dans les artères et plus
dans les veines qui présentent diverses dilatations. Les parties molles sont plus
pâles, moins pénétrées de liquide et Tunité de poids renferme moins de sang dans
les dernières années de la vie. La couleur de la peau correspond à ces change-
ments. La respiration présente des modifications non moins caractéristiques.
La capacité pulmonaire augmente depuis la naissance jusqu'à la puberté, où elle
prend tout à coup un accroissement notable; elle semble arriver à son maximum
vers l'âge de trente-cinq ans ; alors elle diminue d'année eu année, mais dans une
plus forte pn^rtiott chez l'homme que chez la femme. La moindre flexibilité des
articulations, l'ussitication des cartilages, les courbures et les ankyloses du rachis,
les modifications du tissu pulmonaii*e, rendent, chez les vieillards, les inspira-
tions moins profondes et moins complètes et réduisent la quantité d'air, qui
peut être introduite dans le poumon; il y a nioûis de diffévences que chez l'adulte,
entre l'inspiration habituelle, à l'état de repos et l'inspiration maximum. Le spi-
nmètre de Hutchinson ibiimitàcet égard des renseignements utiles; ses i-ésultats
sont en rapport avec l'âge aussi bien qu'avec la taille.
On cherchera à utiliser les signes fournis par l'activité variable de toutes les
boctions oi^niques. L'atrophie caractérise la période de décroissance ; accompa-
gnée d'aocâération du pouls de la respiration, d'augmentation de la chaleur ani-
male, elle constitue un état appelé fièvre hectique des vieillards, atrophie fébrile,
morbus dimatericus, et plus justement consomption, marasme sénile, l'idée de
maladie ne pouvant être rattachée à celle de la sénescence. L'oblitération des vais»
^ux, la d^enérescence graisseuse, l'induration calcaire, l'augmentation despro
duit carbonés ou hydrogénés, l'appauvrissement en oxygène et en azote, tels sont
les caractères qui appartiennent à la dernière période de la vie.
Pour résoudre la question de l'âge, une seule visite ne suffit pas; il faut, par une
(bservaiion suivie et attentive, interroger tous les organes ; le diagnostic repose
sur l'ensemble des modifications physiques et physiologiques dont l'esquisse vient
d'être retracée.
L'ébt chimique des tissus et des sécrétions est modifié par l'âge ; avec les
progrès de hi science, cette étude promet à la médecine légale des signes impor-
tants.
B. Age après la mort. L'expression de la vie s'est retirée des organes ; le pre-
mier coup d'oeil, surtout pour les âges moyens^ ne conduit plus à une approximation
164 AGE (MiDEClNE LÉCàLE).
aussi exacte. Le médecin constate d'abord comme sur le vivant tous les carac-
tères extérieurs, dans l'ordre anatomique; cet examen détaillé rectifie l'impression
de l'ensemble. L'autopsie fait ensuite oonnaitre les dimensions, la structure, le^
modifications physiologiques et pathologiques des organes; ces signes sont com-
plétés par les recherches histologiques et par l'analyse chimique.
Nous examinerons successivement les principaux appareils organiques.
Système nerveux. Pendant la période de développement, tous les oipuies
augmentent en poids et en volume ; malgré les différences individuelles, il e&t
utile de tenir compte de cet accroissement. Le poids du cerveau augmente npi-
dément dans les premières années de la vie, tout porte à croire que ce progrès, se
continue au delà de la trentième année ; chez le nouveau*né, le cerveau forme le
huitième environ du poids du corps ; chez l'adulte le quarantième. Le poids moveu
est de 12 à 1400 grammes chez l'homme, de 41 i 1500 chez la femme, avec un
rapport de 1 à 9 1 pour le cervelet. C'est vers quarante ou cinquante ans que cet
organe semble atteindre son poids maximum. A un âge avancé, le poids diminue,
ainsi Geist, sur 184\)esées, donne les moyennes suivantes : hommes de soixante-
cinq à soixante-quinze ans, 1064 grammes ; de soixante-quinze à quatre-vingt-dmi
ans, 1031 ; de quatre-vingt-cinq à quatre-vingt-treize, 1025 ; femmes aux âges
correspondants, 979, 975 et 942 grammes. Le cervelet reste à peu près slatioii-
naire, 146 et 143 grammes, suivant les sexes. Le poids spécifique, d'après Andral
et Sankcy, présente quelques différences ; il irait en augmentant, surtout pour la
substance blanche, depuis l'enfance jusqu'à cinquante ans, pour diminuer ensuite;
on a indiqué les variations suivantes: substance blanche 1038, 1040, 1041,
1042, 1045 ; subsUnce giîse 1034, 1057, 1055, 1055, 1029. La pesanteur spé-
cifique serait toujours un peu plus faible chez les femmes.
L'examen de la substance nerveuse n'oflre aucun signe bien positif ; on signale
cependant l'atrophie du cerveau, comme un des effets de l'âge; cet organe esl
affaissé, il semble ne plus rempUr entièrement la cavité crânienne ; une grande
quantité de sérosité ventriculaire ou sous-arachnoldienne comble pour ainsi dire le
vide laissé par la diminution de substance. L'atrophie est plus prononcée sur cer-
tains points, notamment au corps strié. Le parenchyme a une teinte Uruit sur
le jaune ou le blanc sale. D'autres fois le cerveau est volumineux, pâle et exangoe.
Le sable de la glande pinéale est plus abondant vers le milieu de la vie ; on a si-
gnalé la présence de corpuscules amyloides, la fréquence des granulatimis de l'a-
rachnoidc, Tossification des corpuscules cfaoroïdiens, celle des glandes de Piacclnoiii,
prenant avec les années un accroissement notable ; ces produits divers peuvent
se pénétrer de carbonate et de phosphate de chaux. Des plaques osseuses se ferment
sur Farachnoide et la dure-mire.
L'analyse chimique fournit quelques indices. D'après les recherches de Bibia, la
proprlion de graisse dans le cerveau diminuerait avec l'âge; de 19 à S8 ans, mit
9 sujets, la moyenne s'est élevée à 14,45 sur 100 ; elle a été de 15,32, pour ciiii|
cas, entre 59 et 86 ans. La proportion reste à peu près la même dans la moelle
allongée, elle décroit de 16 à 15 dans la substance blanche, de 15 à 12 dans le cer-
velet et le pont de varole. Lia moyenne de l'eau a varié, dans l'âge moyen, de 7a à
76 pour 100 ; dans l'âge avancé, de 74 i 77 ; à 59 ans, c'était 75,80, à 86 aus^
77,65. La substance corticale renfeime plus d'eau, la substance hUndie plus de
graisse. La quantité absolue de phosphore* diminue avec l'âge, mais la propMtkmdi^
ce corps contenue dans la graisse cérébrale parait augmenter. Bibra a coDsIalédaïuB^
la matière graase 1,68 de phosphore pour 100, à 50 ans, 1,72 i 65 ans, 1,95
AGE (mâdecihi lêcalb). 165
à 80. k modle, plus riche en graisse que le cerveau^ renfermant plas de choies-
(érine et moins de phosphore, est fréquenunent, par les progrès de l'âge, le siège
de lésions. Dans le tissu des nerfs on a trouvé moins de graisse et de cholestérine,
et ime plus forte proportion d'eau.
Appareil circulatoire. Ijd poids du cœur va en augmentant jusqu'à l'époque de
la maturité ; de 40 i cO grammiies au moment de la naissance, il s'élève graduelle-
menl à la moyenne de 260 grammes chez les hommes, 220 chez les femmes, a
Tige de h maturité. Aucun organe, dans ses dimensions et son poids, ne subit
plus rînfluenoe des maladies. Après trente et quarante ans, le poids du cœur aug-
mente par l'accumulation de la graisse ; il est probable cependant, qu'en dehors
des élits pathologiques, ce viscère subit comme les autres un abaissement dans
le poids de son tissu propre. Geist, par de nombreuses pesées, a trouvé comme
moyenne entre soiiante et quatre-vingt-treize ans, 292 grammes chez l'homme,
«Tee un minimum de 233 et un maximum de 350 ; chez la femme, 263 grammes,
avec tin minimum de 190, et un maximum de 350 grammes.
La forme de l'organe est modifiée par l'âge ; Bizot, Heuoourt, ont signalé ime
lagmentation à peu près générale des dimensions, surtout de la largeur ; l'hyper-
trophie du Tentricute gauche est le trait caractéristique de l'accroissement du cœur
rhà les vieillards ; toutes les dimensions de ce ventricule augmentent, mais cet
état s'accompagne d'une diminution de la cavité. Le ventricule droit conserve ses
dimensions normales ; les oreillettes peuvent être un peu dilatées. L'hypertrophie
ih ventricule gauche s'observe chez les deux sexes ; elle coïncide avec une indu-
ration des valvules aortiques, avec l'atbéromede l'aorte ; elle existe aussi, sans que
ces lésions soient bien prononcées. Les indurations valvulaires, l'athérome et l'ossi-
fiation de l'endocarde sont fréquents à un âge avancé. Le péricarde est souvent
adhérent, parsemé de végétations, de plaques cartilagineuses ou osseuses. Cette
adhérence coïncide avec la dilatation des cavités.
L'état graisseux du cœur est le résultat des progrès de l'âge ; de trente à qua-
rante ans, une coudie de graisse plus ou moins abondante se dépose sur cet organe
et en augmente le volume et le poids. Plus tard, le tissu musculaire lui-même,
«bit la dégénérescence graisseuse, qui peut ne pas coïncider avec une accumu-
lation extérieure de graisse. Le tissu musculaire devient pâle, friable ; il perd de
<on âasticité et de sa contractililé ; c'est la fibre elle-même qui subit cette transfor-
mation ; l'atophie graisseuse parait être le dernier terme des modifications du cœur
chez le vieillard.
L'athérome des gros vaisseaux débute souvent entre trente et quarante ans ;
on observe alors quelques points blanchâtres, qui annoncent le commence-
ments de la dégénérescence graisseuse. Avec l'âge, l'altération augmente, sans
rapport bien direct avec le nombre des années. Les dispositions individuelles, ont
Kï une grande influence ; des athéromes occupant une grande partie du système
arlàiei, peuvent exister avant la vieillesse. L'induration calcaire prend souvent
une grande extension. L'aorte ascendante, la crosse de l'aorte, l'aorte abdominale,
les artères iliaques, coronaires, spléniques, celles de la base du crâne, sont le siège
le pins oïdinaire de cette lésion, qui peut être considéré comme un des caractères
de Tâge avancé.
Le développement du système veineux a été considérée comme un signe d'âge.
Ln iviees, les hémorrhoïdes, les coagulations fibrineuses dans les veines, devien-
nent pins communes. En général, la capacité des vaisseaux décroît ; de nombreux
<^pillaires s'oblitèrent et l'étendue du cercle circulatoire se restreint.
166 AGE (niDBciNB lIcalb),
La masse des Kquides diminue comme celle des solides. La quantité de sang est
plus faible chez le vieillard et le sang veineux semble prédominer.
Ia composition chimique du sang varie suivant les âges ; chez les enbnts, poids
spécifique moindre, coagulation plus prompte, moins de fibrine et de seb» glo-
bules blancs plus nombreux ; chex les adultes de trente à cinquante ans, richesse
plus grande en fibrine et en globules ; chez le vieillard, diminution de ces âéments
et prédominance de la cholestérine. Ce dernier caractère, constaté par MM. Bec-
querel e( Rodier, est un des pins positif ; la quantité normale de cholestérine
peut âtre doublée.
Appareil respiratoire, L'accrnssement des poumons est rapide dans les pre-
mières années de la vie, surtout à Tépôque de la puberté. Les progrès de l'âge sont
marqués par des changements dans la forme, dans les dimensions et dans la cou-
leur de ces organes. MM. Hourman et Dechambre ont décrit les modifications qui
8*cflecluent dans les deux périodes comprises entre cinquante, soiiante-cinq et
((uatre-vingt^lix ans; peu prononcées d'abord, elles sont bientôt caractéristiques ;
les lobes se confondent ; les poumons comprimés par la déformation du thorax, lonl
refoulés en arrière ; leur partie supérieure devient antérieure. Le parenchyme
desséché, induré, imperméable en divers points, offre à sa surface des tntxi
nombreuses d'emphysâue sénile ; de petites bronches s'oblitèrent, d'autres se dila-
tent irrégulièrement ; on a noté l'amincissement de i'épithélium faronchique. Les
deux lobes supérieurs du poumon droit sont souvent confondus en un seul, et le
troisième atrojphié, semble un appendice, logé dans la partie poatérieure du thorax.
La teinte rose ou gris rosé de l'enfance est remplacée chez l'adulte par une colo-
ra tiou noirâtre, qui devient grisâtre à un âge avancé. Du pigment se dépose dans
le tissu cellulaire interstitiel, surtout au sommet des poumons, et dans les glandes
bronchiques. On rencontre aussi des dépôts d'hématoîdine. Le carbone, suivant b
remarque de M. N. Guillot, constipe en grande partie le pigment noir du poumon.
11 s'y ajoute des grains calcaires et des gouttelettes graisseusses. Ces dépôts char-
bonneux peuvent oblitérer des capillaires et de petites brondies, et dreomcrirp
des Ilots de parenchyme imperméables à l'air.
I^es poumons, avec l'âge, diminuent de volume et de poids. D'après les redier-
ches de Gelst, de soixante-cinq à quatre-vingt-cinq ans; le poumon gauche pesait
en moyenne 438 chez les hommes, 580 diez les femmes ; le droit, 570 et 409 ;
de quatre-vingt-cinq â ({uatre-vingt-dix ans, les poids n'étaient plus, pour le pou-
mon gauche, que 350 et 358 grammes, pour le poumon droit, 438 â S80 gram-
mes, suivant les sexes. Le poids de ces organes, lorsqu'ils sont sains, doit «Hre
mentionné parmi les caractères de l'âge.
liC thymw reste un signe d'âge pendant une partie de l'enfance, pesant 10 à
20 grammes. Chez le fœtus à tenne, il continue â croître pendant la premih'p
année ; alors l'atrophie commence, elle marche de bas en haut, et vers la douzième
année, l'organe a presque dispani.
La glande tliyroide^ plus volumineuse chez la femme, subit un accroissement
vers l'époque de la puberté ; son lobe médian, s'atrophie le plus souvent par ks
progrès de l'âge. Meckel, évalue le poids moyen de cette glande, â 30 grammes.
Sur vingt-quatre enfants, j*ai constaté, comme moyennes : au-dessus d'un an, 1 à
2 grammes, â deux ans, 3 grammes; â trob ans, 4 grammes; â neuf ans,
9 grammes ; le lobe droit étant plus lourd que le lobe gauche. M. Bach, a trouvé
sur trente liommes de vingt â quarante ans, 30 â 40 grammes ; sur trente femme»
dn mémo âge, 55 â 45 grammes.
AGK (■ÉOECiNB l£galb). 167
il digestif. La siUiation du tvbe digestif peut ètr^ modifiée par les
progrès de Tâge, lorsqae le troDc a subi une forte infleiion, soit antérieure, soit
lalérale. L'estomac refoulé daus Thypochondre gauche, se rapproche de la verti-
ale ; les intestins grêles descendent dans le petit bassin ; le côlon transverse est
lire à gauche ; la oocirbure du colon ascendant tend à s'ef&cer, tandis que celle
du oûlon descendant augmente. L*estomac est moins oblique dans le premier âge,
rireonatance qui favorise le vomissement ; plus tard il se caractérise par ]e déve-
loppement de la grande cavité. Deux états ont été signalés, pendant la vieillesse,
b dilatation et le rétrécissement de cet organe. Souvent , l'estomac prend des
dimeasioDs extraordinaires ; la grande courbure descend très-bas dans l'abdomen ;
i organe ne revient plus sur lui-même, et ses parois atrophiées sont minces et
transparentes. Geist a surtout rencontré cette dilatation chez les femmes d'un grand
âge eiches les vidUards qui avaient eu un notable embonpoint. Le rétrécissement
«le l'organe peut exister, par contre à un haut degré, jusqu'à réduire sa cavité de
moitié et aoniessous. Les tuniques sont alors hypertrophiées, la musculeuse sur-
tout; elle peut aussi s'infiltrer de graisse. Les intestins grêles, sont pâles, friables,
anémiques, dibtés ou rétrécis ; ils présentent souvent desdiverticulum, des her*
oies de la muqueuse, à travers les libres musculaires affaiblies. L'atrophie du réseau
^leculaire des villosités, celle de 1 epithélium, des glandes intestinales, des gan*
glions mésentriques, figurent encore parmi les signes de Tâge. On trouve
rarement des entoxoaires dans le tubedigestif des vieillards. L'épiploon s'atrophie;
longtempa il renferme beaucoup de graù^se; mais cette substance finit aussi par
diminuer.
Le foie d'une couleur très-rouge dans la première enfance, jaunit peu à peu et
prend une teinte de plus en plus pâle. La situation et la forme de cet organe sont
altérées par la pression que détermine la déformation du thorax. Le foie n'a plus,
dans la vieiHesse, la couleur rouge brun qu'il présentait à l'âge moyen de la vie.
Iles teintes jaunes et rougeâlres alternent ; bientôt les premières prédominent, par
suite de l'abondance de la graisse. La vésicule biliaire est le plussouvent atrophiée
avec épaifisissementde ses parois; elle contient fréquemment des calculs biliaires. La
iiile moins abondante, renferme une plus forte proportion'de cholestérine. Le poids
du foie, qui chea le nouveau-né, forme environ le vingtième de celui du corps,
n'en est plus que le trente-sixième environ chez l'adulte. Son poids moyen est
alors de 1500 à 2000 grammes; la diminution est évidente par les progrès de
l'âge. De soixante à soixante-dix ans, d'après Geist, sur deux cent vingt pesées, les
moyennes ont été 1257 grammes chez l'homme, 1220 chez la femme; de soi-
xante-dix à quatre-vingts ans, 1293 et 1052 ; de quatre-vingts à quatre-vingt-dix
ans, 825 et 750, pour les deux sexes. L'abaissement du poids est surtout considé-
rable au dernier âge de la vie ; au-dessus de quatre-vingts ans, la limite des
maxima et des minima se trouvait, pour l'homme, entre 771 et 1092 grammes,
ponr la femme, entre 716 et 1008. Le pancréas, dont le poids moyen chez l'adulU'
est de 120 à 180 grammes, diminue par les progrès de l'âge, il s'indure et peut
s'infiltrer de graisse. L'atrophie avec dessèchement s'observe aussi dans los
|ian>tides, les glandes sublinguales et sous^maxillaires.
Ia rate, d'abord très^petite, proportionnellement au foie, augmente pendant la
période de développement, pour s'atrophier pour les progrès de l'âge. Son tissu se
ramollit et devient friable ; sa capsule se durcit et se couvre de concrétions fibri-
neuses et parfois calcaires. Sur une femme de cent quatre ans, cet organe était ré-
iluil aux dimensions suivantes : longueur, 45 millimètres ; largeur, 27; épais-
16X AGE (mkdbcine lêgalr).
seur, 90 ; il ressemblait à un testicule, par sa grandeur et sa (cmae (Ldisteîii,
anat. path.^ t. I, p. 75). Les corpuscules blanchâtres, sont surtout visibles cbei
les enfants. Son poids moyen chez Tadulle est de 200 à 250 grammes ; de nom-
breuses influences le font varier. Nous avons trouvé, dans trente-cinq autopsies,
8 grammes à la naissance, 8 à 23 grammes au-dessous de deux ans, 18 à 47 de
deuxâ quatre; 44 à 74, de six à neuf; 67 à 89, de douze à dix-sept ans; 140 à
177, de vingt-un à trente-un ans ; 258 et 245 à quarante-cinq et soixante ans.
Geist, indique les moyennes suivantes : de soixante à soixante^lix ans, 159 gram-
mes chez rhomme, 140 chez la femme; de soixante-dix à quatre-vingts ans :
97 et 112 ; de quatre-vingts à quatre-vingt-dix ans, 92 et 81 grammes. C'est à
dater.de soixantc^ix ans que la diminution de poids est surtout s^isible.
Les reins semblent naoins sujets que les antres organes à perdre de leurvolnrae
et de leur poids. La moyenne de l'âge adulte, 100 i 120 grammes par rein, ne
diminue pas très-notablement. Geist a constaté, que de soixante à soixantfr^ ans,
chez les hommes, le rein gauche pesait en moyenne, 141 grammes, et le droit,
135 ; pour les femmes, c'était 121 et 115 ; de quatre-vingts à quatre-vingt-dix
ans, on comptait 140 et 132, 101 et 91 grammes, suivant le seie. Le rein gauche,
a toujours été le plus lourd. Les changements dans le parenchyme sont ratrophie
de la couche corticale, qui peut devenir pâle et graisseuse « la formation fréquente
de kystes, la moindre longueur des pyramides. Ces changements coïncident avec la
diminution de la sécrétion urinaire, amenée par les progrès de l'âge.
Les capsules surrénales, dont le poids est n la naissance dans le rapport de un
â trois avec celui des reins, n'offrent plus chez l'adulte que la proportion de
1 à 28 ; elles peuvent s'effacer presque entièrement.
La capacité delà vesrie est considérablement réduite ; souvent elle ne peut con-
tenir que 90 â 100 grammes d'urine ; ses parois sont épaissies ; la membnne mus*
culaire est hypertrophiée, mais elle a perdu en même temps de sa puissance contrac-
tile ; c'est dans l'âge avancé que l'on observe ces vessies i colonne, dont l'aspect
a été comparé à celui des ventricules du cœur.
Organes de la génération. Le peu de développement de ces oiganes marque
l'époque qui précède la puberté. Pendant la vie intra-utérine, la formation et la situa-
tion des testicules ; plus tard, l'augmentation de leur poids et de leur volume, l*ap-
prition des spermatocoaires fournissent des signes d'âge. Au moment de la naissance,
le poids de chaque testicule n'atteint pas un gramme, 0s,80 environ ; â deux ans,
c'est 2 ou S grammes ; puis le poids s'élève successivement jusqu'à 15 et 25 gram-
mes ; le testicule gauche est souvent plus lourd que le droit. Le poids de ces or^
ganes semble stalionnaire pendant une longue période. Les testiailes subissent
moins que les ovaires l'influence des années. Vers soixante ans, le poids diminue.
M. Duplay a trouvé comme moyenne, au delà de soiiante-dix ans, 11>,98 pour
le testicule droit, 11<,52 pour le gauche, avec un minimum de 4,50 et un maxi*
mum de 21 ,50. Les poids constatés par Geist, à la période de soixante à quatre»
vingt*dix ans, sont compris entre 10 et 15 grammes. Des changements se montrent
dans le revêtement épithélial des canalicules ; les cellules sont relativement pe-
tites chez l'enfant; chez le vieillard, elles se désagrègent, s'infiltrent de graisse;
elles peuvent se liquéfier et donner un produit lactescent (Morel). Quelquefois la
dégénérescence graisseuse envahit les parois des vaisseaux. Cliez l'adulte, un grand
nombre de cellules offrent une segmentation nucléaire multiple et se préparent à
b formation des spermatozoïdes. Le tissu de lorgane peut s'altérer, devenir plus
flasque, stibir un commencement d'atrophie, avec dégénérescence graisseirtc, mai<
AGE (MiDKCIKK lkgalb). 169
ce qui indique rintégrité de sa texture, même à un âge aTancé, c'est la persistance
des animalcules spermatiques. Dans cinquante et une autopsies de vieillards, pour
h phipari au-dessus de soixante-dix ans, M. Duplay, a constaté trente-sept fois la
présence des spennatogEo!des,qui sur vingt-sept s^jet$ne différaient pas de ceux que
l'on observe à Vâge mojen de la vie. A quatre-vingt-dix ans, ce caractère existait
«ncore. On a ol»ervé des ossifications des canaux déférents et des vésicules sémi*-
mies, et fréquemment des kystes dans Tépididyine. La prostate, qui chez l'adulte
pè^ 20 à 35 grammes, est hypertrophiée dans ses lobes latéraux. La verge est flasque,
le scrotum a perdu sa contractilité ; les cellules des corps caverneux peuvent être
élaigies.
Vavaire, an moment de la naissance, ne pèse guère que 0*',50 à 1 gr. ; il aug-
mente graduellement, atteint après la puberté son poids maximum de 6 à 10 gr. ,
s'atrophie, retombe à 4 ou 5 gr. vers cinquante ans et se rapproche à un âge
avancé de sou poids initial. L'ovaire, allongé en amande, s'arrondit un peu vers la
puberté. La vésicule de Graaf est déjà distincte peu après la naissance ; à six mois
êk est roanifieste ; à un an au moins lovisac a de notables dimensions et l'ovule
peut être découvert. La surface de l'organe lisse d'abord, se bosselle et devient
inégale par les progrès de l'âge.Des vésicules fortement dilatées, des foyers hémor-
riiagiques, des corps jaunes, des cicatrices, témoignent de l'activité de l'ovaire
pendant la période de fécondité ; à la ménopause, l'organe se flétrit et diminue
npidement; l'ovulation cesse; les vésicules se rapetissent et s'oblitèrent ; le paren-
chyme disparait; il ne reste plus qu'un stroroa fibreux, à surface muqueuse, qui
lui-même devient graisseux et finit par s'effacer. Comme signe d'un âge avancé,
ou peut noter la disparition presque complète de ces oi^ganes.
La nuUrice^ pendant la vie intra-utérine, est large, bicorne, avec une notable
prédominance du col; à la naissance, la longueur du col est égale au quart de l'organe
entier. L'accroissement du corps sert ensuite à marquer les époques; il forme le
tiers de tout l'organe à douze ou treize ans, la moitié après la puberté, les trois
cinquièmes, les quatre septièmes, et plus encore, lorsque des grossesses multipliées
ont diminué la longueur du col. Les rides internes du corps s'effacent peu à peu ;
la surface est lisse vers l'âge de cinq ans. Meckel indique comme signes d'âge,
b variation que présente l'épaisseur des parois, plus prononcée au col qu'à la
partie supérieure, jusqu'à l'âge de cinq à six ans, uniforme ensuite jusqu'à la
puberté, après laquelle le corps surpassa le col en épaisseur ; le tissu de l'organe
est alors mou et rougeâtre. l matrice subit de notables changements de forme,
elle est allongée d'abord, puis le corps s'accroît chez l'adulte et elle prend une
forme triangulaire ; parles progrès de l'âge, elle devient irrégulièrement arrondie,
dure et Uanchâtre, atrophiée, difficile à trouver, au fond du bassin. Des change-
ments notables sont produits par les gestations ; les dimensions moyennes, pen-
ihni la période de fécondité, sont 6 centimètres de longueur, 4 de largeur et
3 d'épaisseur, avec un poids de 35 à 45 gr., pour l'utérus vierge. Les mesures
sont 7, 5 et 5 centimètres, 60 à 70 gr., lorsque les femmes ont été mères. Par les
progrès de l'âge, l'utérus devient plus gld;)uleux, le poids descend entre 1 7 et
^i gr. et même au-dessous. Les parois de l'organe se dessèchent et présentent à
peine quelques fibres musculaires ; la cavité diminue ; celle du corps et du col
peuvent être séparées par un rétrécissement qui a fait désigner cet organe sous
le nom d'utérus bicameratus vetulanim (Mayer). On trouve souvent des corps
fiitreux, sous la tunique péritonéale, des granulations à la surface interne. Les
tmnipes sont presque toujours oblitérées. L'épitliélium vibmlile de l'utérus et des
170 AGE (vioEciNE lkgalb).
trompes parait manquer avant la pnberté et après l'âge critique. Les parties externe^
sont flasques, les nymphes disparaissent avec les rides du vagin qui se raocxnircit
notablement. Les glandes mammaires, chez les deux sexes, deux ou trois semaines
après la naissance, sont fréquemment le siège d'une sécrétion laiteuse qui devient
un des caractères de cette époque. Indice de puberté, le développement des seins
augmente ensuite par l'accumulation de la graisse. Dans la vieillesse les cMiali-
cules s'oblitèrent et la glande se flétrit; cette atrophie peut coïncider avec la persis-
tance du tissu graisseux dans la mamelle.
Système ossettx, A ce système se rattachent les caractères les plus durables ei
les plus sûrs ; l'âge est indiqué par le degré d'ossification, par les dimensions et b
forme, par la structure et la composition chimique des os.
Le développement peut se diviser ai trois périodes qui sont caractérisées
la première par Tossification des corps des os, la seconde par l'apparition de poinU
osseux dans les os courts et plats et dans les épiphyses des os longs, la troisième
par la soudure des épiphyses au corps des os.
Pendant la vie fœtale, le cartilage domine; Tossification est prompte an coq^
des os longs, aux maxillaires inférieurs aux clavicules et bientôt quelques pobiU
d'ossification dans les os plats ou courts, au sternum, au calcanéum, à rasirajsale,
fournissent des signes caractéristiques. Au moment de la naissance, lontcsles
extrémités articulaires des os longs, à l'exception de l'extrémité inférieure du
fémur, tout le carpe, le Uurse moins deux os, la rotule, l'olécrane, les apophyses de
Tomoplate, les épiphyses en général, sont encore à l'état cartilagineux.
L'enfance est caractérisée par l'apparition successive de poinU d'ossificatùm au
centre de tous les cartilages. Les épiphyses qui correspondent aux gyngliroes s'o?si-
fient plus vite que celles des articulations orbiculaires. Voici l'ordre habituel du
développement de ces points osseux. Première année: Cuboide, souvent à la nais^
sance; grand os, os crochu, branches de Thyoïde, lame criblée de l'ethmoîde, léti*
de rhuménis, troisième cunéiforme, tête du fémur, extrémité supérieure du
tibia, appendice xyphoïde; soudure du maxillaire inférieur. Seconde année:
Cornets sphénoïdaux, apophyse odontoide, épiphyse des métatarsiens et des méta-
carpiens, extrémité inf^eure du tibia du radius et du péroné, petite tubérosité de
l'humérus, rotule; soudure de la grande fontanelle, à deux ans et demi. Trois
i cinq ans : Grand trochanter, pyramidal ; premier et second cunéifinrmes, de
deux à quatre ans; souvent trapèze et semi-lunaire, phalanges onguéalesdu ^tii>
orteil. Six à huit ans : épiphyses des premières phalanges des quatre deniicTs
orteils, extrémité inférieure du cubitus, épitrochlée de l'humérus, extrémité sapé*
rieure du cubitus, olécrane, extrémité supérieure du radius. Huit à dau%e ëm :
Pisiforme, Scaphoide du carpe, semi*lunaire, épiphyse postérieure du calcanéum.
trapémide. Dout^ à seize ans : Trochlée humerai, petit trochanter, angle inlerieiir
do l'omoplate, sommet de Tacromion, tête et tubérosité des cotes, fond de la caviU*
rotyloîdes, extrémité sternale de la clavicule, quatrikne vertèbre roccypenne.
A l'apparition des points d'ossilicsition se joint, comme signe de cotte période, h
soudure des os dirisés sur la ligne médiane. L*étendue des points osseux est à
prendre en considération. Les indications fournies par Bédard, Merkel, Friedreirli,
Schwepel, sont parfois divergentes ; il existe des variations individuelles ; nn <M-
tichera à une réunion de signes plutôt qu'à un seul.
La smidure des épiphyses appartient à la période qui s'étend depuis la puberlr
jusqu'au terme de la croissance, lies extrémités vers lesquelles se dirigent les
vaisseaux nourririerw se soudent les premières en général ; relies qui s'ossifient le
AGE (médecine légale). 171
plus tard se rênnissent le plus tôt. L'épiphyse une fois soudée, Vos n'augmente
plus en longueur. Déjà, dans l'enfance, quelques soudures s'étaient effectuées,
telles que celle des pièces qui forment le corps du sternum ; mais c'est à dater de
la pub^é que peu à peu s'effacent les lames cartilagineuses qui se continuent de
la diaphyse à Tépiphyse. De douze à quinze ans : réunion des trois pièces de
Tos iliaque, des vertèbres sacrées, des deux parties du calcanéum, de l'apophyse
ooracoide, de l'otécrane au cubitus. De seize à dix-huit ans : tète et tuberosités
des cotes, cornets du sphénoïde, des phalanges, des doigts et orteils. De dix-huit
à vingt et un ans : trochanters et tête du fémur, épipbyses des métatarsiens puis
des métacarpiens, extrémité supérieure du radius, inférieure du péroné; extrémités
inférieure du radius, supérieure du péroné, inférieure du fémur, inférieure puis
supérieure de l'humérus. De vingt à vingt-cinq ans : les trois pièces du tibia,
l'infêrieure d'abord. Le corps du sternum est complet et cet os est divisé en trois
parties; l'épiphyse interne de la clavicule. De vingt-cinq 4 trente ans : la crête
de l'os iliaque, les vertèbres pelviennes, notamment la première du sacrum, le corps
Au sphénoïde avec l'occipital, les épipbyses du corps des vertèbres.
Le développement terminé, les signes sont fournis par l'altération du système
osseux et par l'ossification de divers cartilages; c'est une quatrième période qui
appartient à l'âge de retour et à la rieillesse.
Diverses soudures se produisent par l'effet de l'âge; celles du coccyx au sacrum,
de quarante à cinquante ans ; du corps à la poignée du sternum ; des grandes et
des petites cornes au corps de l'hyoïde. L'appendice xyphoide se soude au
sternum vers la soixantième année, quoiqu'il puisse, suivant la remarque de
daller, rester isolé et presque cartilagineux, même chez des centenaires. D'autres
soudures se font encore à un âge avancé; ce sont celles du corps des vertèbres, à
leur face antérieure, soit par l'usure des cartilages, soit par une production de
tisu osseux; ces adhérences immobilisent l'attitude courbée des vieillards ; le ra-
rhis s'ankylose ; les deuxième et troisième vertèbres sont souvent réunies.
La solidité et la longuetu* des dentelures des sutures crâniennes appartiennent
à l'âge de la force ; plus tard ces sutures tendent à s'effacer, par l'ossification suo-
rcssive du tissu fibreux intermédiaire. La fusion débute par la face interne du crâne
et elle s'étend ensuite à la face externe ; elle commence par un point pour envahir
peu à peu une grande partie ou la totalité de la suture. Qiez beaucoup de sujets,
i trente ans, l'eflacement est très-avancé à la face interne du crâne ; à la face
<*xteme, les dentelures persistent beaucoup plus longtemps et ne disparaissent qu'à
un âge très-avancé. La suture sagittale diminue plus tôt que la suture lambdoidc.
Les pariétaux se réunissent de bonne heure à leur partie moyenne, puis les tempo-
ram à l'occipital; le coronal aux pariétaux, vers leur partie moyenne; le frontal aux
temporaux, le temporal au sphénoïde, l'occipital au corps de sphénoïde, les soudures
des os de hi face sont beaucoup plus tarrlives. S'il y a une certaine régularité dans
Tordre de l'effacement des sutures, il n'en est pas de même pour l'époque de leur
disparition. Même après trente ans nous avons vu des fractures du crâne accom-
pagnées de décollement des sutures. En général, â moins de conditions patholo-
giques, l'effacement total d'une suture ne s'observe qu'à un âge avancé.
Le périoste, dans l'enfance et pendant toute l'époque du développement, est pl\js
épais, moins adhérent â l'os, plus imprégné de cellules plasmatiques, disposées a
9e transformer en tissu osseux. Chez les vieillards, le périoste est plus fibreux, plus
sec et plus difficile à décoller. Un bon signe d'âge est fourni par la couleur du
^K médullaire (Rirhelot) ; il est rougeâtre chez l'enfant, d'un rouge plus bnm
ITi AGE {uiùKcinE l&calk).
An radultp, et sa teinte eti jaune ches le vieillard, par suite de la prédominance
de la graisse.
Le tissu de Vos offre des modifications importantes. L*épaississement partiel du
crâne a été noté surtout au front et à l'occipital, il porte fréquemment sur la
kme interne. On voit se creuser plus profondément le sillon de l'artire méningée
moyenne, qui peut même par place se changer en un canal, pendant que la lame
externe qui le recouvre s'amincit notablement. Des ostéophytes se déposent ausi»i
sur la table externe des o^.
Avec les progrès de l'âge, les cavités médullaires et les cellules aréolaires aug-
mentent d'étendue ; les sinus s'élargissent, le calcanéum, la tête et le col du
fémur se creusent de cavités médullaires. La cavité cotyloide s'agrandit (Lohstein).
Les os deviennent moins élastiques et plus fragiles. L'adaissement du corps des
vertèbres et du col du fémur occasionnent la diminution de la taille. Des hyper-
ostoses se forment et le plus souvent de l'atrophie, avec amincissement et transpa-
rence partielle des os iliaques et de la voûte du crâne. Les côtes sont minces et fra-
giles, ainsi que le sternum; les os sésamoïdes sont plus gros et plus nombreux.
L'atrophie raréfiante porte principalement sur la partie spongieuse, les lames
eompactes sont moins altérées; il en résulte pour certains os, notamment pour
ceux qui forment la voûte du crâne, une augmentation de poids spécifique. Sur
19 pesées de calottes crâniennes détachées dans des autopsies, nous avons constaté
que le poids spécifique pour les sujets les plus jeunes, était de 1 ,200 à i ,600,
tandis que pour les plus âgés il s'élevait entre 1 ,600 et 1 ,800 ; des exceptions
limitaient la valeur de ce signe.
L'augmentation croissante de la graisse, jointe à l'élargissement des aréoles,
devient l'indice d'un âge avancé; les os sont jaunâtres et ne peuvent plus servir
à la préparation du squelette. L'atrophie graisseusse constitue l'altération sénile
des os, dans lesquels diminuent en même temps les vaisseaux et la proportioa
d'eau et de matières albuminoides. HM. Gosselin et llégnaud ont trouvé dans le
suc médullaire, suivant les âges, les proportions suivantes de graisse : 1,88 pour
déjeunes siyets, 5,32 pour des adultes, 81,20 chez des vieillards.
L'analyse chimiqtœ fournit encore quelques indices ; une légère dilTérenoe paraît
exister entre la proportion des matières organiques et inorganiques suivant les âges.
Rees a constaté que les os d'un nouveau-né contenaient 41 à 44 pour 1 00 de matières
organiques ; ceux d'un adulte de 36 à 45; les maxima cotncidaient,'dans certains
os, mais en général la proportion était plus forte pour le jeune âge. Les recher-
ches de H. Fremy ont fait voir que ces variations ne sont pas très-sensiUes. Le
ra|iport du carbonate au phosphate de chaux n'est pas sans importance. D*après
Lehmann, le carbonate de chaux serait plus abondant chez les jeunes sujets et la
pro|X>rtion de phosphate irait en augmentant avec l'âge ^ il a trouvé une partie de
carbonate sur 3,8 de phosphate de chaux chez un nouveau-né, 1 sur 5,9 ches un
adulte, 1 sur 8,1 chez Un vieillard. H. Lassaigne a constaté 1 sur 3,6 pour un
nouveau*né, 1 sur 5,3 chez un enfant de six ans, 1 sur 6 chez un adulte, 1 sur
6,60 sur un homme de quatre-vingt*un ans. Le carbonate de chaux correspondrait
â une époque moins avancée de l'ossification ; la proportion de se sel terreux aug-
mente en elfet dans le rachitisme.
Les cartilages s'usent et s'atrophient ; ils subissent l'infiltration graisseuse et
rinchiration calcaire. Ces altérations sont surtout sensibles dans les cartilages inter-
vertébraux, qui peuvent être en grande partie transformés et détruits. Les corpus-
cules cartilagineux se. déforment, ils se remplissent de graisse, et sur divers points»
AGE (hëdecisk légale). 175
s*09stfient. De trente à quarante ans on observe l'induration calcaire des cartilages
tliyroide et crycoîde ; elle marche d'avant en arrière et de bas en haut. Les carti-
lages arythéncHdiens ne sont atteints que plus tard ; l'épiglotte ne parait subir que
l'induration fibreuse. La dégénérescence peut envahir les anneaux de la trachée et
des brondies. Il est rare que, vers quarante ans, la première côte ne soit pas ossifi 'e.
Les autres cartilages costaux présentent, avec les progrès de l'âge, des taches d*uit
blanc mat, graisseuses ou calcaires. Les cartilages du' nez et de l'oreille se main-
tiennent intacts. Les fiiHX>-cartilages, les tendons et les ligaments deviennent moins
élastiques et s'infiltrent aussi de graisse. A un âge avancé, des cellules plasma-
tiques peuvent devenir cartilagineuses. On rencontre parfois une induration carti-
lagineuse et même osseuse du centre du tendon d'Achille et du long péronier
latéral.
Les muscles continuent à se développer jusqu'à l'âge moyen de la vie ; entourés
de lames de graisse plus ou moins épaisses, à l'âge mûr, ils perdent plus tard cette
enveloppe graisseuse, maigrissent et s'atrophient. Pénétrés par la dégénérescence
graisseuse, ils prennent une teinte d'un rose pâle ou jaunâtre. Des corpuscules de
graisse paraissent dans la fibre même ; cette altération envahit plus particulièrement
les muscles des extrémités inférieures.
Lorsque la question d'âge se pose à l'occasion de débris d'organes ou d'ossements
les dimensions absolues et relatives, la structure, la composition chimique servent
à résoudre le problème, qui se rattache à l'histoire de l'identité.
S** Modification des signes. Comme tous les phénomènes qui dépendent de la
^ie, les signes d'âge sont soumis à des variations ; ils fournissent des moyennes et
non des dates précises ; il faut multiplier les caractères pour se rapprocher de la
certitude. Diverses influences ont pour résultat de hâter ou de ralentir le dévelop-
pement des organes et leur décadence; les plus actives, sans aucun doute, sont
œlles qui arrêtent la croissance et celles qui précipitent les transformations ultimes.
Le médecin doit rechercher cet élément du problème, constater son existence et
mesurer son action, sans oublier que les lois de l'organisme se maintiennent au
milieu des conditions les plus diverses et que les déviations sont limitées. Les
influences individuelles sont le sexe, la constitution, l'hérédité. Si la femme arrive
plutôt à l'âge du retour, elle se maintient plus longtemps dans une vieillesse sans
infirmité. Une constitution molle ou sèche donne un autre aspect au vieillard.
L'hérédité exerce son influence sur la longévité, comme sur les diverses phases du
développement ; elle peut fournir des renseignements utiles. Les conditions hygié-
niques, climats, localités, habitation des villes ou des campagnes, profession, genre
de vie, pauvreté ourichesse, excès ou tempérance, affections morales, sont à prendre
en considération. Les signes extérieurs ont une valeur tout autre chez la paysanne
vieille avant l'âge et chez la femme de la ville qui sait prolonger les apparences de la
jeunesse. Une part d'action plus large encore doit être attribuée aux états pathologiques
qui troublent le développement dans 1 enfance et amènent la vieillesse prématurée . Ce
%nt des maladies diathésiques et chroniques, le rachitisme qui arrête la dentition
et la croissance, les lésions des os qui modifient la taille, la cachexie palustre, la
syphilis, le cancer, les affections chroniques du tube digestif, les maladies qui
altèrent lentement et profondément l'organisme. Mais les lois de la nature sont
dilBdles i troubler ; les traces de la maladie ne sont pas celles de l'âge ; le phthi-
sique épuisé ne ressemble pas au vieillard. Les signes les plus facilement influencés
sont la dentition, le poids et la taille, l'époque de la puberté et de la menstruation,
l'état des poils et les caractères extérieurs. Suivant la remarque de Zacchias, la
174 AGE ^mkoeci.m: lêcili).
puberté et ia vmUesse ioot les deux éinques de la vie qui peuveol élre le pins
fodlement avancées ou retardées. La vieillesse surtout est hâtée par des causes
multiples, physiques et morales. Les influences perturbatrices agissent le pi»
souvent sur d^ signes isolés, et l'ensemble des carsctèfes rectifie Tappréciation.
Dans la dernière période de la vie, les difTérenoes individuelles sont oonsidéra-
liles et lapproximation offre plus de difficultés. Qui n'a vu des hooDunes conserver
à quatre-vingts ans et au delà un degré remarquable de vigueur physique et mo-
i*ak5, tandis que d'autres, avant soixante-dix ans, offrent tous les traits de b
caducité. Ne cherchons pas nos types dans les hospices, où les effets de la misère
s'ajoutent au poids des années; là aussi, cependant, nous serons frappés du oou-
traste de saines et vertes vieillesses avec les décrépitudes anticipées. L'erreur
peut dépasser dix années et l'autopsie elle-même comporte un pareil écart. Ches
certains individus qui sont parvenus à un âge très-avancé, on n'a trouvé qoft peu
d'altérations. Burdach a réuni plusieurs exemples de ce genre. Tissier n'a rien
trouvé de moiixde chez un homme de quatre-vingt-quatone ans, à l'exception
d'une adhérence des poumons.* Scheuchzer ouvrant le cadavre d un homme de
cent neuf ans, ne constate que quelques plaques cartilagineuses dans la capsule de
la rate, l'ossification des cartilages costaux et l'ampliation du cœur et de Taorte
descendante. Lobstein, ches une femme de cent quatre ans, ne trouva pas d'ossi-
ficatimi dans les artères du tronc, ni dans celles des membres supérieurs, tandis
que les fémorales et leurs branches étaient presque complètement ossifiée»; il
observa le m^e fait sur une femme de quatre-vingt-seisGe ans (Anat, path., i. Il,
p. 557). Le corps du bmeux Thomas Parr qui cultivait son champ à cent treiiUr
ans, qui, dix années plus tard, avait encore toute sa puissance génitale, et qui
mourut d'une maladie accidentelle à l'âge de cent cinquante-deux ans, n'offrit rien
d'anormal à Hai*vey : les muscles étaient prononcés, la graisse abondante, les carti*
lages des cotes, et c'est le fait plus singulier de cette autopsie, ne présentaient pa»
d'ossification. Ces cas exceptionnels prouvent au moins l'absence d'altérations patlio-
logiques ; en multipliant les recherches histologiques et chimiques, en appliquant
les procédés attentifs de la science moderne, il n*est pas douteux que dans des cas
analogues, on ne constaterait aujourd'hui la trace irrécusable des années.
On a discuté, en médecine légale, la question du rajeunissement, grave diflicultc ,
si jamais le fait sortait du domaine de la mythologie. Les preuves suivantes ont étc
alléguées en faveur de la possibilité de rajeunir. Une troisième dentition peut se
produire et être annoncée par les mêmes accidents que la première. D'aM«cx
nombreux exemples ont été publiés d'apparition de nouvelles molaires à 73 an:»
(Serres), à 75 ans (Jahn), à 85 ans (Slave), à 92 ans (Goeze). Huieland cite le
fait d'un homme qui, à 116 ans, eut huit dents nouvelles qui tombèrent pour faire
place à d'autres, et chez lequel le renouvellement fut tellement actif, qu'en quatre
aimées cinquante dents percèrent. Ces nouvelles dents sont principalement des
molaires, elles sont plus petites que celles qu'elles remplacent et durent peu. Le
second signe du rajeunissement est le retour des règles. La menstruation a reparu,
après une longue interruption, à 75 ans, à 78 et 80. Haller rapporte que certaine»
femmes ont eu pour ainsi dire une seconde jeunesse, telle qu'après une longue
suppression, leurs mois leur sont revenus, à 55, 70 et même 90 ans, et que, sui-
vant l'expression de Fodérc, avec les fleui-s tardives, elles ont encore porté des fruits.
Storck parle d'une femme qui perdit ses règles à 46 ans, les recouvra à 59« devint
ensuite enceinte, mit au monde un enfant bien portant qu'elle allaita et qui mounit
à 80 ans. Les cheveux qui reprennent leur couleur, l'intelligence qui se ranime,
AGE (médecike légale). 175
la faculté de voir rétablie (Ruscb, Fournier)» le rétour des forces complètent le ta*
bieau de cette seconde jeiuiesse. Ces faits témoignent du réveil possible de Tactivité
de certains organes, même à un âge avancé ; mais pas plus que quelque pousse
nouvelle en automne ne fait illusion sur le déclin de Tannée, ces signes équivoques
d'un rajeunissement partiel ne peuvent être un sujet d'espérance ni une chance
d erreur médico-légale.
^* Périodes médico-légalei. La division des âges doit reposer sur des bases
physiologiques et être en même temps en rapport avec les classifications admises par
U loi. Zacdiias reconnaît qu'une dirâion multiple est utile aux jurisconsultes; il
admet sept âges : a infantia, pueritiaj fmbertas, juventus, virilitasy senectus et
deerefUas, » L'enfant qui a moins de sept ans,« infam diciiur,minorseptennis.i
Dans b seconde enfance, a puer proprie loquendo dicitur^ minor 14 annis » C'est
mr le dévdoppemeut de l'intelligence que cette premièi-e subdivision est basée ; on
admet encore les nuances : infantim aut pubertati proximus. L'adolescence s'étend
de quatorze à vingt-cinq ans; elle se subdivise en puberté, de 14 à 18 ans, et eu
adolescence proprement dite de 18 à 25. La jeunesse, <( xtas robusta^firmaj inté-
gra^ a commence à 25 ans, mais le développement n'est pariait qu'à 30 ; elle dure
juisqu'à 55 ans. La virilité lui succède, « xt^is carmstens^ cùfistanSy media^ » sans
qu on puisse nettement définir le moment où elle paraît et celui où elle cesse. Les
devoirs et les droits sont les mêmes pour ces deux époqu^ de la vie. C'est l'âge de
k puissance intellectuelle, et de la vigueur physique. Bientôt un changement s'o-
jjère ; « amsisierUes jam declinare incipiunt » A 60 ans la vieillesse commence;
« evidenter patet omnei in illa xtate senes dici ddfere. >» Elle est divisée en trois
fiarties : « cruda, viridisqtie senectus^ a puis la vieillesse proprement dite, et
enfin le grand âge, a ultimasetiectus, » Ici le nombre des années n est plus précise;
bien des causes hâtent ou éloignent cette période ultime ; « xtas non annis sed
viribus xtimatur. i» C'est à 70 ans, dit Zacchias, que l'honune doit s'éloigner des
aflOùres publiques.
La division suivants, avec quelques modifications, est admise dans les traités de
médecine légale, de Hencke, Friedreicli , Krahmer, Bœcker et autres auteurs alle-
mands : l"* la vie intra-utérine, partagée en trois périodes : les 12 premières se-
maines, abortus ; de 13 à 40 semaines, partus immatunis ; de 30 à 40 semaines,
partus prsBmaturus; 2*' le nouveau-né, setus neonatorum; 3? la première enfance,
infantia, jusqu'à sept ans ; 4"* la seconde enfance, pueritia, âge impubère, jusqu'à
14 ou 16 ans ; 5° la puberté, l'adolescence, la minorité, jusqu'à 24 ans; 6^ la vi-
rilité, la maturité, l'âge stationnaire qui finit entre cinquante et soixante ans ;
1" la vieillesse, partagée en deux degrés, sans qu'une limite d'âge puisse être exac*
tement assignée à cette dernière période de la vie.
Les changements introduits par l'âge, graduels et d'abord insensibles, aboutissent
ensuite à une modification évidente qui sert à caractériser une période. Un signe
Niillant et un ensemble de modiCcations servent de base aux divisions qu'il ini"
porte de multiplier, afin d'arriver à une approximation aussi exacte que possible.
Gnq divisions principales avec des subdivisions nombreuses marqueront l'inHuence
du temps sur nos organes. C'est dans la période de développement que les subdi-
visions sont plus rapprochées et plus faciles à établir. Depuis la conception jusqu'à
la mort naturelle, on peut admettre les périodes suivantes :
L Là vie intra-utérine, qui comprend : 1* Yembryon, période plutôt scienti-
fique que médico-légale, 3 mois environ, jusqu'à la formation du placenta et à l'é-
vidence du sexe; 2<' le fœtus non-viable, de 3 à 7 mois, époque de l'avorlement cri-
176 ÂGE (MiDBClRB légale)
luiiiel ; 5* le foetus viable^ de 7 à 9 mois, avec les signes de la maturité crolasaDte.
B. V enfance j de la naissance à 14 ans, période où se multiplieDt des ^mbdiri-
sions importantes : dans la première enfance, jusqu'à 7 ans, 1^* le mmoeau-mé,
époque caractérisée par l'effacement des traces de la vie fœtale, comprenant les si\
premières semaines de la vie extra-utérine, dont les premières heures, la première
semaine, ont un si grand intérêt en médecine légale; 2<* le nourrissùny jasqn*a
7 mois, avant l'apparition des premières dents; 5** Y enfant pendant la première
dentition, de 7 à 28 mois, avec deux époques de 7 à 20 mois, pour les seîœ prenûèrc»
dents, de 22 à 28 mois, pour quatre dernières molaires ; 4^ de deux ans et demi
à quatre et demiy l'âge est indiqué par les dents de lait encore seules : &* de
quatre ans et demi à sept, les premières grosses mc^aires permanentes ont paru
au commencement de la période dont la fin est signalée par la chute des premièR»
incisives ; à ces signes s'ajoutent l'accroissement général et le développement de
l'intelligence. Dans la seconde enfance, 6^ la première moitié, de 7 à 1 1 ans, est
caractérisée par la seconde dentition ; ici encore deux nuances peuvent être sai-
sies: de 7 à 9 ans, le renouvellement des incisives ; de 9 à 1 1 , celui des molaires et
des canines ; enfin la sortie des secondes grosses molaires permanentes annonce
la seconde moitié de la seconde enfance ; 7** de onze à quatorze ans^ approche de
la puberté et rapide développement de l'organisme.
C. La jeunesse^ avec trois époques : l*" de 15 à 18 ans, Y adolescence^ l'établii^
sèment graduel de la puberté, marqué chez la jeune fille par la première menstnia*
tion ; 2* de 18 à 25 ans, la virilité se consolide; 3^ de 25 à 30 ans, l'accroisfie-
ment en longueur cesse, les dernières soudures osseuses se tenninent,.après atoir
marqué par leur succession les quinze années qui s'écoulent entre le commence*
meut de la puberté et le complet développement.
D. La maturité présente des divisions moins précises ; la virilité confirmée^ de
30 à 45 ans ; h maturité décroissante, l'âge de retour de 45 à 60. Ici les caractère:^
extérieurs, les modifications de certaines fonctions permettent de distinguer les
décades 30 à 40 ans, 50 à 60 ans. La cessation de la menstruation donne pour la
ienune une limite assez précise.
E. La vieillesse présente aussi deux périodes distinctes : 60 à 75 ans, 75 à 90
et au delà. Entre 70 et 75 ans, se prononcent avec plus d'énergie les signes carac-
téristiques, la diminution de la capacité respiratoire, et de l'activité des princi-
|)ales fonctions, les modifications du système osseux, du poids et de la structure
des organes. Ici la distinction peut encore être faite de dix en dix ans.
Le problème de médecine l^le se pose ainsi : 1® Quel est l'âge probable de ki
personne? 2® peut-elle avoir tel ou tel âge allégué ou présumé? 3* Peut-on oonfoudr
deux âges séparés par un certain nombre d'années? Ainsi dans la célèbre consulta-
tion de Louis, à l'occasion de Baronnet, dont l'identité avait été méconnue, la ques-
tion suivante a été discutée : Un homme de quarante-six ans peut-il passer pour un
iwmme de soixante? Louis réponditpar la négative. La question d'âge, en définitive,
ne peut être résolue qu'approximativement. Le médecin indique la période, puis
il exprime le nombre probable des années, avec une latitude variable, suivant les
é|KNiues de la vie. Il fait en même temps connaître les circonstances qui, dans le
cas particulier, influent sur les signes. Quelle que soit la manière dont le problème
se po?e, il est résolu par l'eiisemble des caractères, et nos conclusions approxima-
tives suffisent le plus souvent aux besoins de la justice.
11. Influence de l'âge. L'âge influe sur la liberté morale, sur les facultés
I
AGE (véDECiME lécale). 177
•.génératrices, sur les maladies et les blessures, sur les causes de mort, sur lés apti-
tudes diverses; c* est ud élément de tous les problèmes, mais certaines questions se
rattachent plus spécialement à des périodes déterminées. La vie intra-utérine a sa
médecine l^le qui se subdivise en chapitres nombreux. L'enfance et la vieillesse
:ioulèvent des questions particulières ; l'âge mur appartient à la médecine légale
géuérale. Nous jetterons un coup d'œil sur quelques-uns des problèmes qui parais-
sent être plus spécialement sous la dépendance de Fâge.
I* Le discertiement, A quel âge commencent le discernement et la responsabi-
lité ? Certaines législations ont résolu la question en posant une limite fixe ; ainsi
c» Allemagne, au-dessous de huit ans, de dix ou de douze, suivant les .
États ; en Angleterre, au-dessous de sept ans, il n'y a ni condamnations, ni pour-
suites ; les faits sont abandonnés à la répression paternelle, avec ou sans la surveil-
lance des magistrats. En France, le système absolu de la limite d'âge n'a point
prévalu ; au-dessous de seize ans, la question de discernement est toujours posée,
tuais elle peut être résolue pai* Taflirmative ou la négative, suivant les circon-
>taiices du fait. La présomption du non-disceniement est dans l'esprit de la loi ;
en ce qui concerne le témoignage, l'enfant au-dessous de seize ans n'est |ioiut
réputé posséder les qualités nécessaires poiu* déposer sous la loi du serment. Lors-
que le discernement est reconnu et qu'une condanmation est prononcée, il y a
toujours atténuation de la peine ; le légiskteur a admis un degi'é moindre de
liberté morale et par suite de responsabilité. La preuve du discernement doit
donc être laite et le médecin peut être appelé à donner son avis.
Qiaque aimée, un certain nombre d'entants au-dessous de seize ans paraissent
devant les cours d'assises; 27 en 1858, 25 en 1859, ont été acquittés comme ayant
agi sans discernement,, mais renvoyés dans des maisons de correction. En 1859,
5658 enfants, âgés de moins de seize ans, ont été jugés par les tribunaux correc-
tiouneb. Si l'on jette un coup d'œil sur la statistique des colonies de jeunes dé-
tenus, on voit qu'au 1^ janvier 1859 elles contenaient 8921 enfants, 7162 gar-
çons et 1759 filles, et que les motifs de leur détention étaient pour les neuf dixièmes
d«» attentats contre les propriétés, et pour un dixième des attentats contre les |)cr-
^olH]es. Voici la triste nomenclature de ces faits :
Vsfassinat, empoisonnement
leurtre, incendie
Attentats aux mœurs
(knips et blessures
Vols simples
Tels qualifiés
Mendicité
Vagabondage
Itésobéissancc à l'autorité paternelle.
GARÇ05S.
im
181
103
U50
410
749
1,334
(M
PILLES.
3
71
24
892
23
215
349
12G
TOTAL.
9
192
^52
127
3,042
904
1,G83
189
Le plus souvent les magistrats décident la ipiestion du discernement sans inter-
vention médicale, mais, dans un cas douteux, qui est plus apte que le médecin à
apprécier les facultés mentales de l'enfant et les causes qui ont pu les altérer? Une
expertise de ce genre présente comme éléments de conviction : a. Véiai intellec-
tuel^ h faculté de connaître, la conscience, le jugement, la volonté. L'égoïsme e^^
le fond du caractère de l'enfant, qui rapporte tout ik lui et qui s'irrite contre
DICT. ENC. II. 1^
178 AGE (mkdecirb lbcale).
obstacles. Bientôt la conscience s*éveiUe ; avant sept ans, Tenlant distingue le bien
du mal; il sent sa fiaiutc, mais en enfant; il sait qu*un acte est coupable, sans en
comprendre les conséquences. Les instincts sont impérieux ; la volonté faible et
mobile cède à tous les entraînements. La parole semble annoncer une espèce de
raison, l'enfant répète ce qu'il a entendu dire, mais les actes témoignent de l'in-
certitude du jugement et de la faiblesse de la volonté ; b, Y état physique, la taille,
l'embonpoint, la santé, tous les signes de développement général. L'enbnt peut
être petit, chétif, retarda, bien au-dessous de son âge réeL On tiendra compte des
croissances exagérées et subites qui amènent souvent Tengourdissement de l'inlcl-
. ligence ; c. Yapproche de la puberté ; une révolution morale s'opère alors et Tin-
telligence s'accroît' tout à coup. Vers seize ans et au-dessus, on peut (aire \ikir,
comme indice d'une moindre intelligence, l'absence complète des signes de |Mibertê,
arrêt de développement qui porte sur tout l'organisme ; d. la moralité habitmeUe,
l'éducation dont l'influence est capitale. La criminalité précoce a trop souvent pour
cause l'incurie et l'exemple des parentn. Dans certains codes allemands, la mau-
vaise éducation est formellement indiquée comme motif de circonstances atté-
nuantes (BoBcker, Ger. med., p. 59) ; 0. les conditions pathologiques: riiéréditc
des lésions mentales et des propensions au crime peut éclairer le diagnostic. Le^
causes et les signes d'une lésion de l'intelligence seront passés en revue; f. le fait en
lui-même : vol, indiscipline, vagabondage, attentats aux mœurs, parfois incendie
et meurtre. Le médecin apprécie le mobile de l'acte, convoitise enfantine, caprice,
colère, méchanceté, les circonstances du iait, les combinaisons employées par l'en-
fant, sa conduite après la laute. La légèreté du premier âge n'exclut pas rastuce
et la dissimulation. C'est de douze à seize ans que l'appréciation présente le pln>
de difficultés. La liberté morale ne peut êtreoonsidérée comme entière avant h |4é-
nilude de la raison. L'idée d'éducation s'associe nécessairement à celle de ré|llT^-
sion, pour les fautes commises par Tenfiince; toute la difliailté réside dans To^gani-
sation des asiles pénitentiers.
Au-dessus de seize ans, aucune distinction légale n'existe plus pour la responsi-
bilité, si ce n'est en ce qui concerne le rapt. La minorité peut-elle être considérée
comme une occasion de circonstance atténuante? « La loi, dit Fodéré (t. i, p. 7^»«
ne semble-t-elle pas insinuer tacitement que, puisque jusqu'à Tâge de vingt et un
ans un mineur n'a pas la libre disposition de sa personne et de sa fortune, à |ilu>
forte raison doit-il être incapable d'apprécier toute la valeur des combinaisons ipii
entrent dans l'exécution de crimes ou délits très-compliqués. « Sans doute uiir
atténuation peut résulter du développement moins complet de la foixre morale et (i<>
la raison, surtout si l'éducation a été vicieuse ou nulle ; mais la distinction itu
bien et du mal est instinctive, elle n'exige pas le même degré d'intelligence que
la capacité civile, et Ton comprend que l'âge de la responsabilité criminelle ait vU.-
placé moins haut que celui de la msgorité. Si le jury croit que le mineur n*a p»
eu conscience de sa faute, il prononce un acquittement.
2* La pef*versité précoce. Quelle valeur faut-il attribuer à cet ancien ada^ie
du droit romain, adopté en Allemagne par la roiL<;titution Caroline, malitia suppiet
xtatem? Existe-t-il des cas où une pei*versité précoce enlève â l'enfant le bénéfice
de son âge et autorise à considérer et à punir comme d^s crimes les ades qu'fl a
commis? Plusieurs codes allemands, ceux d'Autriche, de Bavière et de Saxe con*
tiennent des dispoi»itions d'après Ies4{uelles la peine n'est pas adoucie pour lc^
jeunes criminels, loi>M|u'iI r^ulte des motifs et des ciiTonstances du fait que IVt<*
a été commisi non par légèreté» mais avec jugement et mé(*hanceté. bi Angle-
âG£ (Héo£CiiiB lâgalb). i79
terre ausa, les enfants de sept à quatone ans sont considérées comme étant prima
fade doli incapaces, mais avec la réserve maiUia supplet sUatem. Devant nos
tribunaux cette question a toute son importance, puisque les jurés ou les juges ont
loojonrs à se prononcer sur le lait du discernement. Sans aucun doute, d'une
manière générale, l'immaturité de la raison exclut Tidée du crime ; la faiblesse du
jugement et de la volonté, inhérente à ren&noe, atténue ou annule la responsa-
bilité. Hais on rencontre des cas exceptionnels où la perversité unie à la précocité
de l'intelligence appellent une répression pénale. Une malice innée , une déprava*
tioQ acquise, avec un libertinage précoce, ont conduit à des actes ou la méchan-
ceté et la cruauté s'associent à la préméditation et à la ruse, ainsi qu'à l'habileté
daus l'exécution; si le médeciu constate en même temps l'absence de lésion mentale
et une maturité précoce du corps et de l'esprit, la preuve de la criminalité est
acquise et il estjuste quelle soit suivie de l'application de la peine, atténuéetoujours
poor renfimt au-dessous de seiie ans. L'idée d'améliorer le coupable dominera
encore dans la répression.
Il existe des exemples heureusonent rares de ces perveraons précoces. Marc
rapporte, dans son Traité de la fdie (t. 1, p. 97), l'observation, d'après Parent
DudKÉtelet, d'une jeune fille de huit ans, livrée à des habitudes d'onanisme
et qui avouait hautement son intentic» de tuer ses parents, pour avoir leurs
bardes, et s'abandonner sans contrainte à ses goûts dépravés. Nous avons vu
une jome fille de neuf ans» édifier avec art ime accusation de vid, qui aurait
été commis sur die par deux jeunes gens, égarer la justice dans de longues
ledierches qui ont enfin abouti à démontrer le measonge et l'immoralité de la
victime prétendue. Citons ici le plus affreux exemple peut-être de crimes com-
mis par un enfant (Wald., Gericht. med,^ t. U, p. 365). « Dans l'après-midi du
"& octobre 1857, les deux enfants F...., âgés de quatre et de huit ans, les trois
enfants d'une voisine, âgés de trois, de cinq et de sept ans, jouaient dans un jardin.
Un jeone garçon de dix ans se joint à eux. Il les conduit dans une pièce isolée,
où se trouvait un grand coffre ; il les engage à y entrer. Les deux garçons plus
âgés se mettent vobntairement dans le coffre, il y place les trois petits. Lorsque les
cinq enfants y sont assis, couchés, serrés, les uns contre les autres, l'accusé abaisse
le couvercle, le ferme à clef et s'asseoit dessus. Il n'ouvre pas malgré les cris et les
gémissements des victimes ; il s'éloigne, quand il n'entend plus rien, et va jouer
avec d'autres en&nts. A huit heures du soir, après de longues recherches, la
femme F trouve les enfants dans le coffre encore fermé; quatre d'entre eux
étaient morts, une petite fille donnait quelques signes de vie ; elle succomba dans
la nuit. Les vêtements des victimes étaient trempés de sueur. L'accusé avoua tout,
il dit qu'il était resté assis sur le coffre; qu'il avait résisté aux supplications des
enfants; qu'une fois, ayant soulevé le couvercle et voyant que la petite fille, qui
était au-dessus, remuait encore, il avait refermé le coffre, ainsi que les volets et la
porte de la diambre. Son motif était que la petite fille F.... devait mourir, parce
qu'elle avait fra|^ sa sœur. Il devint évident qu'il avait fait périr les quatre autres en-
fants, parce que c'était le moyen le plus sûr de les empêcher de sauver la première.
Lejeuneaocusé avait de déplorables antécédents ; à l'audience, il fit preuve encore de
perversité et d'ins^isibilité; ses réponses, ses ruses^ ses mensonges attestèrent qu'il
arait agi avec discernement ; tel fut l'avis des médecins experts. U fut condamné
pour memtre à cinq ans de prison. » Dans uu cas de ce genre, le médecin doit
recberdier si l'enfant n'est pas atteint d'aliénatidn mentale, et le diagnostic se pose
entre la folie et la perversité. On étudiera l'état physique et moral de l'enfant, le
i80 AGE (XKDECIIIE LâCAL£).
degré dedéveloppemeùt de ses facultés, les mobiles de l'acte; quelque odieux qu'ils
soient, la légèreté peut y avoir autant déplace que la perversité. Le bit suivant eu
est un exemple. H . . . . , âgé de onze, déjà atteint de diorée à deux reprises, au mois
de mars 1862, est pris par déjeunes garçons qui le maltraitent et le meiteol dans
un sac et le traînent dans une rue écartée, en lui déclarant qu*ils vont l'enierrer vif.
La victime frappée de terreur est délivrée par des voisins; peu de jours après
éclate une nouvelle et violente attaque de chorée. Ici, c'était un jeu barbare qui pou-
vait avoir de fatales conséquences, plutôt quun acte de perversité. Les antécédents
sont consultés comme indices de la criminalité et la question se traite comme cette
du discernement.
La folie est rare dans Tenfance, mais la possibilité d'un désordre mental doit
être prise en considération. Esquirol, Guislain, West, ont cité des cas de folie chez
des entants âgés de moins de onze ans. M. Brierrede Boismont relève toute l'impor-
tance de la question en montrant que les dérangements de l'esprit observés chez
les enfants constituent plutôt des perveraions des instincts, des sentiments et des
facultés morales, que des types bien caractérisés de la manie et de la monomanie.
Les plus mauvais penchants se révèlent chez ces malheureux êtres ; la méch^n-
œté, le mensonge, l'indiscipline, la turbulence, le désir de nuire, de verser du
sang, accompagnent le désordre mental. Le suicide a été observé chez les enfants;
au-dessous de quinze ans (Esquirol) ; à onze ans età douze ans (Ollivier, d'Angers),
à neuf ans (Taylor) , de neuf à treize ans (Wald) . Nous avons constaté deux 8aiGide»>
de jeunes garçons, tous deux par pendaison, l'un à quatorze ans, par suite de mé-
lancolie, l'autre à onze ans et demi, pour un motif futile. M. Durand-Fardd con-
state dans un relevé statistique, qu'en France, de 1835 à 1844, 154 enfants de
Tàge de cinq à quinze ans se seraient donné volontairement la mort. Les causes de
ces suicides étaient des châtiments, des reproches, des mauvais traitements, son-
vent un trouble de l'intdligenoe. L'impressionnatnlité de l'enfance est esœssivp;
on a vu à cet âge, et West en cite un exemple, la mort être le résultat d'une pro-
fonde émotion morale, sans maladie déterminée.
3® Fonctions génitales et puberté. La puberté exerce une notable influence am-
ies facultés intellectuelles et affectives; elle leur donne une vive impulsion, et en
même temps elle développe les dispositions morbides. Divers désordres de la senM-
bilité et de l'intelligence accompagnent l'établissement des règles.
Les médecins légistes ont appelé l'attention sur des cas d^incendie, d'empoisonne-
ment, de meurtre, de cruauté, offrant pour caractère particulier d'être commis par
des jeunes gens qui paraissaient n'avoir aucun motif d'animosité contre leurs vic-
times. Ces actes ont été attribués à l'influence de l'évolution génitale. On a même
admis, en coïncidence avec la puberté et avec les premiers troubles menslnieb,
l'existence d'une folie instinctive, caractérisée par la tendance à un acte parti-
culier, et la pyromanie a été reconnue comme espèce médico-légale. Fiatner,
en 1797, plus tard Vogel, Hencke, Masius, Friedreich , Osiander, Ollivi<!r
d'Angers, ont publié de nombreux exemples d'incendies allumés par des en£ants et
des jeunes gens, sins qu'on pût pénétrer les motifs de ces actes ; ils y ont vu ks»
résultats d'une impulsion instinctive, accompagnéed'un trouble intellecÂnel, au mo-
ment de la puberté, et surtout de la menstniation. La lésion instinctive dominait ;
elle pouvait même être à elle seule et l'explication de l'acte et le signe candérûr-
tique de la folie. Cette doctrine a été bientôt démentie par les faits. Les travaux
de Hettich, Brefeld, Richter, Casper, ont fait justice de cette fiction. Rien ne dé-
montre qu'il existe un rapport entre le développement irrégiilier des organes gê*
AGK (MéDBCiiiB légale). 181
nitoin et le penchant à allumer un incendie, ni que ce penchant puisse coexister.
avec l'intégrité des fiicultés intellectuelles et de la volonté, sous tous les autres
rapports. Quelques-uns de ces jeunes incendiaires étaient réellement atteints d'alié-
nation mentale, d*accès maniaques, d'épilepsie, d'hallucinations ; chez d'autres, le
diaoemement était diminué par une faiblesse d'esprit coïncidant avec un an-ét dans,
le déTeloppement général. Pour plusieurs, sans doute, il y avait crime ou faute
proportionnée à leur âge, imprudence, légèreté. Ou peut, en effet, admettre un
rapport, suivant la reoaarque de Wald, entre le crime d'incendie et l'âge de la fai-
blesse et de l'immaturité. Aucun acte n'atteint mieux son but et n'a de consé-.
qnenœs pins graves ; aucun n'est plus iadle à commettre et à dissimuler. 11 ne iaiU
ici ni forôe, ni adresse; la méchanceté, la vengeance, le désir de nuire et de dé-
truire, se satisfont sans difficulté. S'il existe une disproportion réelle entre l'acte et.
le motif, on se rappellera la légèreté de l'enfance, la perversité de certaines na-
tures ; la question sera résolue comme tout autre problème d'aliénation mentale,
par la preuve d'un état morbide coïncidant avec l'acte incriminé.
A quel moment de la puberté commence l'aptitude à se reproduire? Cette.
làrullé coïncide, pour les jeunes garçons, avec le développement des sperroato*
aoaires, qui peut être de longtemps précédé par l'érection et par des habitudes
funestes. Cette ^Nxpje pourrait être fixée entre treize et quinze ans ; des auteurs
dignes de foi affirment que des paternités ont pu être attribuées à des eniants de
ret âge; la limite inférieure aurait été neuf ans(B(Bcker, Ger.méd. p. ^58). Au
fieli de cent ans pour l'bonune, on aurait encore des exemples d'un cott fécond. La
(«ssation de la puissance génibi^le à un âge avancé dépend bien plus de l'alfaiblisse*.
ment des organes externes que des qualités du sperme. Chez les femmes, la mens-
truation fournit un indice plus sûr; mais l'ovubtion, et pçir suite une grossesse,
peuvent précéder l'établissement des règles, ou se produire encore après leur cessa-
tion. Taylor rapporte le &it de relations, suivies de grossesse entre une fille de onze
ans et un gargou de seize ; la fille avait été réglée à dix ans. Une femme observée
parCarus, réglée à deux ans, devint enceinte à huit. Huit à neuf ans semblent être
la limite ini&iéure pour la possibilité de la conception. La fécondité se prolonge
parfois jusqu'à un âge avancé, jusqu'à soixante ans et au delà ; ces limites extrêmes
ont leur importance en médecine légale.
4* Yiolenceêy excès contre les enfants. L'exposition d'enfants dans un lieu soli-
taire, sévèrement punie par la loi, soulève des questions médico-légales qui se rap-
portent aux effets du froid, de l'insolation, de l'inanition, et des lésions diverses
qui peuvent accompagner l'abandon. Les sévices et mauvais traitements dont les en-
bnts sont victimes forment un groupe naturel dans l'histoire médico-légale des
blessures. M. Tardieu a mis ces faits en lumière dans un mémoire qui renferme
trente-deux exemples de ces affreux attentats. « La sévérité inflexible d'un maître, la
dnretêd'une patron avide, l'aversion d'unemarâtre peuvent expliquer des châtiments
corporels même excessifs infligés à de jeunes enfants; mais que, dès l'âge le plus
tendres, de pauvres êtres sans défense soient voués chaque jour et presque à chaque
benre aux jivs cruels sévices, soumis aux plus dures privations, que leur vie à
peine commencée ne soit déjà qu'un long martyre, que des supplices, que des tor-
tures devant lesquels l'imagination recule, usent leur corps, éteignent les premières
lueun de leur raison et abrègent leur existence; enfin, chose incroyable, que leurs
bourreaux soient souvent même ceux qui leur ont donné le jour, il y a là un des
plus effrayants problèmes qui puissent agiter l'âme d'un moraliste et la consçi^voe
d'un juge. j> La loi s'arme ici de toute sa rigueur ; elle applique les peines re^ptim»
184 AGE (NiDBGiNB légale).
Le médecin démontre le fait des vidences ; il les rapporte à leurs causes, coups
ou chutes, accidents allégués. L'aspect des enfants, leur physionomie exprimant la
terreur, la répugnance qu'ils éprouvent pour leurs bourreaux, sont des indices ca-
ractéristiques. Les conséquences des sévices sont ensuite af^réciées ; ce sont des
blessures, des maladies, légères ou graves, et souvent la mort. Ia maladie peut
n*étre que de courte durée; TenGaint guérit vite, lorsqu'il est confié à d'autres
mains, et suivant la remarque de Casper, parfois le médecin s'étonne, à l'audience,
de retrouver frais et dispos le pauTre enfant dont son rapport a dépeint l'état dépli>-
rable. La mort est la suite de lésions traumatiques, dont les résultats dirent être
;ippréciés. L'en&nt peut succomber à des maladies aiguës ou chroniques ; aux pre-
mières se rapportent les eflets de l'inanition, du froid et les troubles du systènie
nerveux; aux secondes, les altérations graves de la constitution, les aiTections
scrofuleuses et tuberculeuses, que détermine une infraction prolongée à toutes le»
lois de l'hygiène. Ici le diagnostic médico-légal présente des difficultés ; il faut Sûre
la part des prédispositions morbides et des influences étrangères aux sévices ; l'ap-
pi*rciation est délicate, et l'horreur qu'inspire un crime de ce genre ne doit fos
entraîner le jugement de l'expert.
lia statistique fait voir que les attentats à la pudeur sont plus souvent commi»
contre des enfants que contre des adultes; ce sont de petites filles de trois k huit
ans, de petits garçons impubères qui sont victimes de ces actes odieux. Ici la
séduction est plus fréquente que la violence ; les lésions ph3fsiques sont souveiil
nulles ou peu prononcées; la défloration est incomplète ; c'est par exception que
l'on rencontre d'aflreux délabrements causés par la disproportion des organes. Ces
attentats sont souvent commis par des hommes âgés, parfois par des femmes sur
do jeunes garçons. Des enfants eux-mêmes se rendent coupables de ces actes : de
jeunes garçons de quinze à seize ans ont été condamnés pour tïoI. L'état ph]fsiqui*
et moml de l'accusé et de la victime, la transmission des maladies vénériennes,
rinlerprétation d'états morbides, la simulation, l'appréciation du coiisentemml
forment une série de problèmes où l'âge influe, mais qui se rattachent intimement
à riiistoire générale des attentats de ce genre.
La partie moyenne de la vie n'a pas de problèmes qui lui sont propres ; c*est
le domaine de la médecine légale en général. Mais au déclin de l'âge, des
questions spéciales peuvent se présenter. La vieillesse doit-elle être oonsidt'rée
comme 'diminuant la liberté morale et par suite la responsabilité ? On répon-
dra par la négative. Le législateur n'admet pas de présomption de non-discer-
nement, résultant du progrès de l'âge ; il ne s'occupe de la vieillesse que pour
lui accorder certaines prérogatives et pour diminuer le poids des peines que sa fai-
blesse ne peut plus supporter. De même, au point de vue civil, la capacité légale
reste entière. Si nous analysons les effets de l'âge sur les facultés intellectudles ei
morales, nous voyons la conscience et le jugement demeurer intacts, dies le vieil*
lard exempt de maladie; il conserve la &culté de choisir entre le bien ti le mal.
Il n'en est pas moins vrai que pour tout acte criminel imputé à un vieillard, il
laut soumettre à Texamen le plus scrupuleux l'état de son esprit. Un changement
dans la moralité est souvent le prélude d'une aflection mentale. La maladie a plus
de prise sur des organes aOaiblis ; la démence sénile, la paralysie générale, recon-
nues dès leur premiers signes, expliquent certains faits Uamables et détruisent
toute responsabilité. Des remarques analogues s'appliquent à h captation, aux
divers .actes de la vio civile où le disrememenl et la volonté peuvent faire début ;
AGE (hàdbcihe lécalb). 185
pendaot h saison rigoureuse, Texpositioa directe au froid, déterminent prompte-
menides pneumonies mortelles. A Lyon, une marâtre, au milieu de l'hiver, plongea
une jeune fille de onze ans dans un bain d'eau glaeée, et ly maintint jusqu'à sa
inort. ((hanam, Annal. d*hy,^ t. VI, p. 207.) Dans un des faits que nous avons
recueillis, une mère faisait prendre un bain froid tous les soirs à un petit garçon de
quatre ans, convalescent de rougeole.
L'ùutnitimi, chez les nouveau-nés, amène promptement la mort; la résistance,
riiez de très-jeunes enfants, peut cependant être longue; on l'a vue se prolonger
!«Miante-sept heures (Wihmer). Le plus souvent, l'alimentation est insuffisante, et
te marasme s'ajoute aux antres effets des mauvais traitements. La cause du ma-
rasme est évidente lorsqu'il existe sans être morbide, et lorsqu'une bonne nourri-
ture le fait disparaître promptement. 11 est utile de se servir de la balance poin*
apprécier ce résultat. Chez im eabnt de trois ans et demi, cruellement maltraité
par sa mère, nous avons vu le poids s'élevei* de 7500 grammes à 9200 en un mois,
après que l'en&nt eut été soustrait aux violences. La vacuité, la rétraction, l'amin-
cissement du tube digestif, le petitesse de la rate, se rencontrent chez les vic-
times; on remarquera surtout la disparition de la graisse. L'absence complète de
matière grasse dans tous les viscères a été considérée, par M. Letheby, de Londres,
comme la preuve du g^re de mort, dans un cas où deux jeunes garçons de sept
et de cinq ans avaient été condamnés à ce supplice par la cruauté de leur père et
de sa concubine. Si l'inanition n'est possible que pour les enfants très^jeunes ou
dans les cas de séquestration, l'alimentation insuffisante et de mauvaise qualité,
accompagne presque toujours les sévices. Les aliments sont altérés et souillés
jusqu'à y mêler des matières fécales ; la mère, dans un de nos cas, obligeait l'en-
fant à avaler les matières vomies. L'introduction des aliments peut être faite avec
^Meaeej avec ime maladresse volontaire, jusqu'à donner la mort ; M. Tardieu cite
te cas d'une belle-mère qui étouffa un petit garçon de quatre ans, en faisant
pénétrer des aliments dans les voies aériennes.
La séquestratiofiy plus rare, est accompagnée de faits odieux ; l'eclusion dans
une cave, dans des pièces sombres et humides, dans des armoires, dans des coffres,
enfanU chargés de liens, maintenus dans des positions incommodes.
Les caiq)s et blessures forment les sévices les plus habituels; tantôt c'est
b colère qui éclate à toute occasion; d'autres fois c'est la cruauté systématique
qui chaque jour accable la victime. Les enfants sont frappés avec des instrumenU
de tout genre, renversés, pinces, égratignés, et leur corps oflre les traces irrécusa-
bles de lésions, les unes récentes, les autres anciennes, qui indiquent la succession
des violences. Des fractures sont souvent observées. Les blessures sont faites avec
nifUnement de cruauté. En 1863, aux assises du Bas*Rhin, un homme a été
iiMidamné aux travaux forcés à. perpétuité pour avoir essayé de donner la mort à
un enfant de deux ans en lui introduisant dans l'anus une aiguille à tricoter
longue de 27 centimètres. Le corps fut traversé de part en part, et l'enfant survécut.
Les actes de barbarie, écrasements, brûlures, mutilation, privation do
^iommeil, terreura; toutes les tortures physiques et morales s'accumulent dans les
actes de ce genre. Est-il un fait plus navrant, une page plus honteuse dans l'his-
totrr, que le récit du long supplice infligé au malheureux Dauphin, fils de
Louis XVI? C'est le type des tortures par lesquelles le bourreau amène lentement
b dégradation [^ysique et morale de sa victime. L'illustre Desault, chargé de l'au-
topsie, a constaté chez ce malheureux enfant les ravages de la maladie scrofiileuse,
f-onséquence fréquente des sévices de ce genre, qui avait occasionné la mort.
186 AGGLUTINATIFS.
lequel il y a défaut de déTeloppement ou atrophie d*ua plus ou moins gnuid nom-
bre de parties de l'encéphale, ce qui donne lieu à une altération des fonctions de cet
organe, et surtout à une paralysie plus ou moins étendue et à une contracture des
membres (voy. Encéphale). R. D.
ACiÉNOSOinE, AcéMMooUe (a privât.; yrivAcu, j 'engendre ; vMfMc, ooqis).
Nom créé par Isid. Geoffroy Saint-Hilaire pour désigner l'un des six genres de la
famille des Célosomiens, Les caractères des monstres agénowmet sont : une
éventration latérale ou médiane occupant principalement la partie inférieure de
l'abdomen et un défaut de développement des organes génitaux et urinaires qui
n'existent pas, ou sont réduits à de simples rudiments (voy. Cslosomiers) .
S. DopuY.
A«BKATIJH. Vmj, PlQUERU.
A«HUN WÊLàS^hUmo. Yay. Ahhamr.
AM. Voy. Drihys.
AMUa. Voy. Aloexylom.
AMiLirriNATlFS {agglutifiore, coller). On désignait jadis sous œ nom
des remèdes auxquels on attribuait la propriété de recoller les parties divisées.
On entend aujourd'hui par aggltUinatifs des substances susceptibles d'adhérrr
aux parties sur lesquelles <m les applique, et particulièrement destinées à main-
tenir en contact les lèvres des plaies.
Tous les emplâtres proprement dits sont agglutinatifs ; ceux que l'on emploie
f^énéralement à la réunion des plaies sont : l'emplâtre simple agglutinatif, composa
de 6 parties d'emplâtre simple et de 1 partie de poix blanche ; l'emplâtre aggin-
tinatif d'André de la Croix, contenant 8 parties de poix blanche, 2 de résine
l'Iémi, 1 de térébenthine pure, i d'huile de laurier ; l'emplâtre de diachyloii
gommé, fait avec 48 (larties d'emplâtre simple, 3 de dre jaune, 5 de térében-
thine, a de poix blanche, i de gonune ammoniaque, 1 de bdellium, 1 de galba-
nuni et i de sagapenum.
L'ichtliyocolle, ou colle de poisson, préparée avec la vessie natatoire de Testur-
geou ; la gomme arabique ; le coUodion, formé d'une solution éthérée de culon-
poudre, dans la proportion de : coton-poudre 1 partie, alcool à M*" i partie, éther
à 56*" 16 parties, ont été appliqués au même usage.
Les agglutinatifs sont employés sous la forme de sparadraps^ c'est-à-dire de
feuilles de papier, de pièces d'étoffes, de pelUcules membraneuses oomnoe b
baudruche, sur lesquelles ils sont étendus en couche d'une épaisseur convenable
et avec lesquelles ils font corps.
Le sparadrap de diachylon gommé est le [plus usité des agglutinatifs : il est
prépré en bandes de toile de coton, larges de 10 à 15 centimètres, longues d'un
mètre environ, et enduites d'emplâtre d'un seul côté. II a l'inconvénient de n'être
pas toujours assez adhérent, lorsque la tem|)érature est basse ; de se sécher et de
k'éi'ailler, lorM|u'il est préparé depuis longtemps : aussi faut-il souvent l'échauffer
sur un rét'haud, au moment de l'appliquer, et convient-il de faire varier, sui%aut
la saison, la pro|)ortion de téri'lienthine qui entre dans sa composition, afin de le
n^iidn* |>lu< «Hi moins .soiqile. Le meilleur mo\en de le conserver est de le rouler
AGGLUTINATIFS. 187
tv cylindres que Ton renferme dans des boites en fer-blanc^ après Tavoir préala-
Mement eoveloppé de papier imbibé d*huile de lin. H détermine quelquefois,
dans le Ken m^e de son contact avec la peau, une rougeur érysipélateuse, la
plupart du temps bornée, mais qui peut être le point de départ dun érysipèle
Téritable et étendu.
Le sparadrap à l'ichthyocoUe est composé d'un tissu de soie noire, rose ou
blanche, sur Tnn des côtés duquel la colle de poisson, dissoute dans l'eau mélangée
(TalooDl et parfumée avec le baume de Tolu, est étendue avec un pinceau. Ainsi
préparé, il porte le nom de taffetas d'Angleterre, et se débite en pièces carrées
d'un dédmètre de côté. Le calicot noir ou blanc remplace trè^-bien la soie : il lui
a été substitué dans les hôpitaux militaires, où l'on se sert quelquefois d'un spara-
drap à l'icfathyocolle, comiu sous le nom de percaline adhésive^ et préparé en
bandes oomme le sparadrap de diachylon. Cet agglutinatif se conserve parfaitement,
qualité précieuse poui les approvisionnements des ambulances d'armée; mais
il a besoin d'être mouillé pour être appliqué, et il adhère miqux lorsqu'il a été
mouillé avec de l'eau cbaude qu'avec de l'eau froide : il faut prendre garde de ne
pas le laisser plonger dans l'eau trop longtemps, afin de ne pas dissoudre entière-
ment la coudie de matière adhésive. Il ne donne pas lieu comme le précédent à
l*érysipèle ; il adhère plus solidement, mais son adhésion n'est pas aussi rapide ;
il retient souvent au-dessous de lui les liquides qui s'échappent des plaies; il
dnrdt, se recroqueville sur les bords, devient incommode et rend les pansements
plus longs et plus douloureux, lorsqu'il s'agit de l'enlever.
La baudruche, généralement enduite d'ichthyocoUe ou de gomme sur l'un et
l'autre côté, afin qu'elle ne se recroqueville pas, est moins maniable que les
sparadraps précédents, ne s'emploie guère que pour réunir de très^petites plaies
00 pour mettre de légères écorchures à l'abri du contact de l'air, et n'a d'autre
avantage que sa transparence, qui la rend à peine visible.
Depuis quelque temps on emploie beaucoup comme agglutinatif une étoffe pai*-
ticulière nommée marcdine, enduite de diverses substances adhésives, et plus spé-
dalement de baume du Commandeur tenant en dissolution diverses substances
résineuses. On prépare de la même manière des papiers adhésifs eiépispastiques;
ce que Ton connaît sous le nom de papier (Mimique n'est autre chose que du papier
enduit d'une matière emplastique, et l'on désigne sous le nom de toile de mai du
calicot enduit sur ses deux faces avec le mélange suivant : cire blanche 8, huile
d'obves 4.
Le collodion peut être employé avec ou sans l'intermédiaire d'un tissu. On
Vétend en couche mince, à l'aide d'un pinceau de poils de blaireau ou de charpie,
sur les parties que l'on veut maintenir réunies. Réservé, en général, pour les
plaies superficielles et de peu d'étendue siégeant au visage, il peut servir, néan-
moins, à la réunion de plaies considérables, et même de plaies résultant d'ampu-
tations; à cet effet, on 'imbibe de collodion des bandelettes de linge que l'on
applique de la même manière que les autres bandelettes agglutinatives et comme
nous le dirons tout à l'heure. 11 a l'avantage, lorsqu'il est bien préparé et bien
appliqué, de rester adhérent malgré l'humidité, la suppuration, etc., attendu
qu'il n'est dissous que par un mélange d'alcool et d'éther : mais il est, par cela
même, très-difficile à enlever. Son contact sur les plaies et les muqueuses est fort
douloureux; il fiiut, pour qu'il adhère, que les parties soient parfaitement sèches.
Sa compontion même rend son application difficile ; à peine est-il en contact avec
la peau que l'éther se vaporise ; la couche en rapport avec l'atmosphère se des-
188 ÂGGLUTINATIFS.
sèche immédiatement et forme un yernis au-dessous duquel se déyeloppent des
bulles de vapeur d'éther qui le soulèvent et le décollent. Il n*a pas réalisé les espé-
rances qu'il avait fait concevoir, et il est, de tous les agglutinatifs,cdui dont Tusage
est le plus restreint. Toutefois on a obvié à la plupart des inconvénients qu*on
lui reproche en le rendant élastique par l'addition de 5 pour 100 d'huile de ricin.
Tous les agglutinatifs peuvent être employés en ^siasans^ d'une longueur,
d'une largeur et d'une forme en rapport avec l'étendue de la plaie à réunir, el
avec la région que celle-ci occupe. Les écussons sont pleins, lorsque la plaie est
petite, tailladés en forme de gril lorsque la plaie est plus grande et qu'elle fournit
des liquides qui peuvent ainsi s'échapper, sans obliger à enlever ou à déranger
l'agglutinatif.
Les agglutinatifs servaient autrefois k pratiquer la suture sèche. On collait, sur
chacune des lèvres de la solution de continuité, une bande plus ou moins laiige de
sparadrap agglutinatif dont un des bords, droit ou dentelé, correspondait h la
plaie, et on réunissait les bords opposés, en nouant les fils qui les garnissaient
préalablement, ou f-ar une suture en surjet. Le peu d'action de cette suture l'a
fait abandonner.
Les sparadraps agglutinatifs sont généralement employés sous la iorroe de faai»*
delettes séparées. On découpe le sparadrap de diachylon ou la percaline adhésive
en bandelettes d'une largeur uniforme dans toute leur étendue, variant de un
a deux centimètres, et d'une longueur proportionnée à l'action qu'on veut en
obtenir ou :\ la région sur laquelle elles doivent être appliquées : on lait, eo
général, les bandelettes beaucoup trop courtes, ce qui nuit à la solidité de lour
application.
Après avoir rasé les poils qui s'opposeraient i l'adhésion exacte de la substance ag-
glutinative et dont le tiraillement, à la levée de l'appareil, provoquerait des douleurs;
après avoir convenablement lavé et séché la plaie et les parties voisines, on peut
appliquer les bandelettes de deux manières. Dans la première, une des moitiés de
la Imndelette est collée et maintenue sur l'un des côtés de la plaie ; son plein est
passé par-dessus les bords rapprochés de la division ; enfin, son autre moitié est
adaptée sur le côté opposé de la solution de continuité. La première banddette
doit être appliquée sur la partie moyenne de la plaie ; les autres le sont alterna-
tivement au-dessus et au-dessous de la première, et à une distança suffisante les
unes des autres pour qu'elles ne laissent aucun hiatus dans les bords de la bles-
sure. La seconde manière de placer les bandelettes consiste à appliquer sur la
région opposée à la plaie le plein d'une bandelette assez longue |.our faire une
fois et demie le tour du membre ou de h région lésée : les deux extrémités de b
bandelette ramenées vers la blessure en rapprochent naturellement les bords, sont
entrecroisées au-devant d'eux, puis appliquées et maintenues de chaque côté, (hi
peut, dans ce cas, commencer l'application des bandelettes par la partie moyenne
de la plaie ou par son angle le plus déclive. On obtient, par ce moyen, une coa|^-
tation plus exacte que par le premier ; néanmoins, il expose, par la constrictioii cir-
culaire qu'il exerce, à la gêne de la circulation et au gonflement.
La direction donnée aux bandelettes doit être généralement perpendiculaire à
r^lle de la pbie ; cependant elle peut être oblique et variée, dans le cas où la plaie
est courbe ou irrégulière. Le degré de constriction exercé par les bandelettes ne
floit jamais être assez considérable pour déterminer l'étranglement des parties, ou
b rompff^ion des tissus sur des saillies osseuses, compression qui peut amener
b ffiroi^itinn de petites eschares gangreneuses : afin d'éviter re dernier accident,
AGLAOPHOTIS. 180
oti interpose quelquefois des compresses graduées entre les téguments et les ban-
delettes, au Toisinage et de chaque côté de la plaie.
Les bandelettes aggluiinatives sont souvent laissées en place jusqu'à ce qu'elles se
détachent spontanément. Lorsqu'on veut les enlever, on les décolle isolément Tune
après l'autre, ou toutes ensemble, il est de règle, pour procéder à cette opération,
de soutenir les bords de la plaie avec le pouce et l'index, de commencer à décoller
par leurs deux extrémités, et jusqu'au voisinage de la plaie, les bandelettes que
l'on saisit ensuite par les deux bouts, et qu'on enlève perpendiculairement à la
solatkm de continuité. S'il est nécessaire de mettre de nouvelles bandelettes, un
applique celles-ci comme on a appliqué les premières, ou au fur et à mesure qu'on
enlève les anciennes.
La substance adhésive se détache quelquefois du tissu et reste collée sur les
partie» : un liquide coloré en noir par le sulfure de plomb résultant de la réaction
de rhvdrogène sulfuré fourni par la plaie sur l'emplâtre diachylon, recouvre la
surlaoe des bandelettes, lorsque celles-ci sont restées en place pendant un certain
temps, et la surface de la plaie elle-même. Un lavage à l'eau tiède suffit géné-
ralement pour débarrasser les parties de ces souillures ; de légères frictions avec de
l'huile, de l'essence de térébenthine ou de l'alcool en enlèvent jusqu'aux dernières
tnces. Dans certaines circonstances, par exemple chez les personnes qui fréquen-
tent les eaux sulAu'euses, on substitue les emplâtres à base de zinc à ceux qui
sont préparés au plomb, pour empêcher la formation de ce sulfure noir.
Lesbandelettesagglutinatives, aidées de la position, suffisent, dans la plupart
des cas, pour amener un affrontement exact des lèvres et des parois des plaies peu
profondes. Quand les plaies intéressent les muscles, qu'elles siègent sur des parties
dont la mobilité ou la disposition compromettrait la coaptation, qu'elles peuvent
receler dans leurs anfractuosités des liquides dont l'accumulation donnerait lieu
ï un abcès, elles doivent'étre réunies par d'autres moyens auxquels les bandelettes
serrent d'adjuvants. Cependant les bandelettes sont employées au pansement des
amputations ; si elles n'aflrantent véritablement que les lèvres des lambeaux, elles
maintiennent néanmoins ceux-ci dans toute leur étendue et favorisent la bonne
conformation des moignons.
Les services que peuvent rendre les agglutinatifs ne se bornent pas à la réunion
(les plaies simples. Ils sont souvent mis en usage dans le pansement des plaies
avec pertes de substances, des plaies contuses, des plaies déchirées dont ils
abrègent la durée de la guérison; dans celui des plaies articulaires, des pîaies
{«nétrantes des cavités splanchniques, qu'ils mettent à l'abri du contact ou de
l'introduction de l'air. Les vieux ulcères, certaines plaies suppurantes sont quelque-
fois traitées par des cuirasses immobiles confectionnées avec des bandelettes agglu-
iinatives, qui, dans ces cas, agissent par la compression exacte qu'elles exercent,
en même temps qu'elles participent de l'action des pansements rares. Enfin, les
handelettes agglutinatives sencnt quelquefois à maintenir des topiques ou dc?s
pièces de pansement sur des régions qui ne se prêtent que difficilement à l'appli-
falion d'un bandage. Dans ces derniers temps, elles ont été employées, avec avan-
tage, à relier les attelles de quelques appareils à fractures, et même h construire,
<le toutes pièces, des ap|iareils pour certaines fractures, telles que les fractures de
Tolécrane et de la rotule. Legou kst .
ACaCSUK, AM2I3KJL. Voy. Aloexvi/i.>.
i. Voy, PivoiKE.
190 AGLOSSË.
ABMJBMmvrt». Voy, Eskimaus.
AdUMiSE (â7>e>>79oç, sans langue» et par extension» sans trompe). Genre d'in-
sectes lépidoptères noctunies, fondé par Latreille et placé par Duponchel pantii U
famille des Pyralites; il est caractérisé par la trempe rudimenlaire ou à peine ^isUile,
et par les ailes, formant avec le corps un triangle presque horiamtal. On distingue
aujourd'hui deux espèces à^Aglosse, dont les chaiilles Tiveiit de sulistanoest ani-
males. Je vais exposer leurs caractères différentiels et leurs mœurs.
l*" L'Aglosse de la graisse, Aglossa pinguinalis Linné; Cramlms pingmis Fa-
bricias, a la tête, le corselet et les ailes supérieures d'un gris foncé et bronaé; lei
ailes offrent des taches noirâtres, nombreuses, et disposées en bandes transversales.
Les ailes infcrieiu*es sont en dessus d'un brun noirâtre. Le dessous du corps^ailcd,
\entre et pattes, est d'un cendré jaunâtre. La femelle pond un petit monceau
d œufs tassés les uns contre les autres, et d'où sortent des chenilles qui se Inra*
vent dans les cuisines et les offices, où elles mangent la graisse, le beurre et d'au-
tres corps gras. A l'état adulte, la chenille est rase, luisante, d'un brun noiriliv
avec une plaque écailleuse sur le premier segment du corps ; elle est longue d'en-
viron vingt-sept à trente millimètres. La couleur est d'un bran noirâtre, mois cha-
que anneau, sauf le premier, est partagé en deux parties, dont Tantérieure est d*un
brun plus clair, la postérieure, au contraire, d'un brun noir ; la tète^ la plaque
écailleuse précitée et la partie terminale du corps sont d'un brun roussâtre, ainsi
que les pattes ; celles-<â au nombre de seize. Enfin, le dessous du corps a sur clu-
cun des anneaux, une bande transversale roussâtre.
La chrysalide est d'un rouge brunâtre, ou d'une teinte marron sans édat.
Rolander a donné sur les chenilles de VA, pinguinalis les détails suivants :
elles se nourrissent de lard, de beurre et de viande sèche ; il les a vues mangeant
le beurre et le lard avec avidité ; il leur a frotté tout le corps avec du lard et d«i
beurre sans qu'elles aient paru en souffrir, tandis que les chenilles ordinaire^
meurent dès qu'on bouche leura stigmates avec de l'huile ou une matière grasse, h:
savant suédois lait observer que ces chenilles peuvent cacher leurs stigmates dans le»
replis de la peau, évitant ainsi qu'ils soient bouchés par les matières grasses qui le^
environnent. J'ajouterai que cette occlusion des stigmates explique pourquoi ces
insectes ont pu, après avoir été renfermés dans le tube digestif, être expulsés à
l'état vivant.
De Géer n'a traité ces chenilles qu'au moment où elles grimpaient contre les
murs des appartements et lorsqu'elles allaient se transformer.
Linné a indiqué la présence de la chenille de cette espèce dans resUMuac de
l'homme. M. Hope a rapporté deux nouveaux exemples de ce fait, et d'autres ont
été signalés dans les recueils de médecine.
2* L'Aglosse cuivrée, Aglossa cuprediSy Pyralis cuprealis Huboer, a été ol)-
servée par Réaumur et souvent confondue par les auteurs avec la précédente. Le
papillon est d'une couleur rougeâtreet bronzée, avec des taches disposées en bandes
transversales brunes; le dessous du corps est d'un jaune pâle et bronzé.
La chenille, que Réaumur appelle fausse teigne des cuirs, est d'une couleur
d'ardoise foncée, ou même noire, à peau luisante, avec quelques poils blanc»,
rares et très-espucés. Les chenilles observées par ce naturaliste s'étaieut étaMies
sur quelques livres laisséi» à la campagne pendant l'hiver et en avaient ronge U
surface ; d'autres avaient été trouvées sur de vieux morceaux de cuir. .Viiiîii que
'es iausses teignes de la cire, qui vivent dans les ruches d'abeilles, les eheniiles dt-
AGOME. 191
TA^kkise cuivrée font un long tuyau qu*ielles attachent contre les corps qu'elles
rongent journellement; elles recouvrent ce tuyau de grains qui ne sont autre chose
que leurs eicréments.
Rcaumur a également découvert sous Técorce des ormes, au mois de janvier, des
chenilles parfaitement semblables aux fausses teignes domestiques qui mangent le
niir. n s'est assuré que les cadavres d'insectes, les chrysalides de papillons, peu-
vent leur servir de nourriture; des insectes desséchés et de diverses espèces donnés
à ces chenilles leur ont convenu, aussi bien que* le cuir, servi en même temps.
Pour se transformer les chenilles filent un cocon de soie blanche qu'elles re-
rouTrent de leurs excréments, sous forme de petits grains noirs.
On n'a pas encore signalé la chenille de YAglossa cuprealis comme nuisible à
rhomme, mais cette espèce se trouvant dans les maisons comme VAglossa pitir
guinaUSy pourrait s'introduire comme elle dans le tube digestif avec les matières
grasses.
linné disait que parmi les vers, il n'y en a pas de plus mauvais que ceux de
VAgloêsa jringuinalis. Il conseille de les expulser avec le lichen qu'il nomme
curvatilis. Dans les cas, probablement très-rares, où le médecin croirait ft la jiré-
^ence de ces chenilles dans les voies alimentaires, il devrait se hâter de les faire
rendre au dehors au moyen d'un vomitif. A. Laboolbène.
RiitiDA. Mémmrei pour servir à Vhiêtoire des insectes^ t. III, p. 270 et suiv., pi. 20,%. 5.
à 11. 1737. — RoLixDCB. In Mémoires de V Académie de Suéde. Année 1755, p. 51, tab. II. —
Db GéEB. In Mémoires pour servir à l'histoire des insectes, t. II, p. 371, pi. 6, ti||r- 0 à 12,
1781. — Bon (F. W.). On Insecte and their Larvx occasionaUp faund in Uie Human Body.
In Trânsgctions of the Entomological Society ofLondon, Vol. II, p. 256 et 264. 1840. A. L.
ACaVEAl} WB ScnnmB. Nom donné, au moyen âge, à un prétendu animal
i|u'oD appelait encore Agneau de Tartarie^ et qui, suivant plusieurs voyageurs, au-
rait vécu sous terre dans le nord de l'Asie, en Tartane, en Chine, en Cochinchine.
Lâs populations lui attribuaient des vertus médicales singulières. Kâmpfer fut le
ivemier qui, dans ses Anwmitates exotkx, réduisit toutes ces fables à leur juste
Mknir. Il a démontré, dans le iasciculelll de son ouvrage, que ï Agneau de Scgthie
est une Fougère. Sa tige, longue d'un pied environ, se dirige horizontalement au-
dessus du sol, et elle est supportée par un petit nombre de racines qui simulent
jsroBsièremeAt les pieds d'un quadrupède. Toute sa surface est chargée de poils
soyeux jaune foncé ou brun clair. D'ailleurs, les habitants taillaient et façonnaient
la plante de manière à lui donner plus de ressemblance encoi'e avec un agneau. Les
rryptogamblesont donné à cette plante les noms de Polypodium Barometz L., et
àAtpidmfn Baromeiz W. Ses propriétés doivent être en réalité les mêmes que
celles des souches de diverses fougères employées conune amères, astringentes, an-
thelmintîques. De plus, les poils abondants qui couvrent la surface ont été utilisés
cooune succédanés de l'amadou pour arrêter les hémorrhagies. II. Bx.
AHEVOS-CAflVUll. Nom d'une espèce du geiu^e GATtiLiBB (voy. ce mot).
4a«MlB(â7wv,oombat). La vie peut cesser brusquement, que ce coup vienne
«irpreodre l'homme au milieu d'une santé florissante, ou bien que ce soit lé dé^
noihnent d'une maladie plus ou moins grave et ancienne. C'est la mort subite.
Elle |ieut décroître d'une manière uniforme et s'anéantir par l'afiaiblissement
poussé jusqu'à Textrème de toutes les foncions qui simultanément cessent de
19S AGOME.
.s'accomplir. Ce genre de mort» terminaison des maladies les |ilus diverse»,
a son type dans ce que l'on appelle la mort naturelle. * D autres fois, les demior^
instants de la vie, tranchent nettement sur ceux qui les ont précédés, par uiu-
extinction désharmonique et pourtant encore graduelle, des fonctions vitales.
C'est à cette période, caractérisée par un ensemble de i^énomènes à peu \wv>
identiques, quelle que soit TalTection à laquelle succombe le malade, que l'on a
doinié le nom A' Agonie.
L'agonisant est couché sur le dos, la tète renversée eu arrière, ou bien au cou-
tmre, inclinée en avant. Il a cessé d'étrëen relation avec le monde extérieur; plu»
de connaissance, plus de sensations, plus de voix. Le corps est souvent dans la
résolution, et c'est à peine si, de temps en temps, on observe des contractions
fîbrillaires, des soubresauts de tendons, et du côté des membres, quelques
mouvements faibles et sans but appréciable, presque totgours provoqua par la
sensibilité réflexe, la seule qui ne soit pas encore atteinte. Les yeux, à demi clos ou
largement ouverts, sont immobiles. Il n'y a plus de clignotement. Les oomét>,
de^édiéeset ternes, rappellent celles d'un cadavre. Les pupilles, presque toujours
dilatées, restent insensibles à l'influence de la lumière. Le nez est effilé et froid,
les pommettes saillantes, les tempes creusées et arides. La bouche, béante, sembb*
faire un appel à l'air qui manque au moribond. La cavité buccale est desséchée et le>
lèvres, comme flétries, sont collées sur les arcades dentaires, qui proéminent déme-
surément. La respiration est bruyante, saccadée, et l'on entend à distance deshilc»
et quelquefois un véritable gai^uillement, dus à l'obstruction des voies bronchique»
par d'abondantes mucosités. La température du gaz expulsé par l'expiration sembk*
s'être abaissée, et chez les cholériques, suivant Doyère, la proportion de son acifkr
carbonique tomberait tiu-dessous de la normale. — On voit, à chaque mouvement
respiratoire, le larynx s'élever et s'abaisser alternativement, comme si l'air était
dégluti, la dilatation du thorax étant insuffisante à le faire pénétrer dans les pou-
mons. Le pouls est petit, en général accéléré, parfois irradier et intermittent. Si
l'on vient à ausculter le cœur, on constate Taflaiblissement de ses bruits, et la main
appliquée sur la région préoordiale, ne perçoit plus de choc, bipeau, dont la t4*in-
|)érature habituellement plus basse, est quelquefois phis élevée que dans les autre»
|)ériodes de la maladie, comme Doyère l'a observé pendant l'agonie des choiériqw-^,
se couvi^e souvent d'une sueur visqueuse.
Telle est la physionomie de l'agonisant dans le plus grand nombre di*s cas, r't^t-
à-dire toutes les Ibis que la mort est la conséquence d'une maladie qui a dure un
certain tem|)s; mais si elle est survenue très-rapidement, comme chez qudqur^
a|ioplecti(|ucs il faudrait ajouter plus d'un trait, en atténuer et même en effiîrer
d'autres, et en particulier tous ceux du faciès hippocratique, qui caractérisi'nt l'a^f»-
nie des maladies chroniques.
I)tms a*t aperçu de l'agonie, nous avons omis à dessein un grand nom-
bre de particularités propres à chacune des affections dont elle- est le lenne.
comme incompatibles avec une description générale. Ije tableau que nous %c-
nons d'esquisser ne reste |)as toujours le même tant que dure l'agonie, et ce dernier
instant de l'existence a encore ses périodes.
Tantôt elle succède à du délire, tantôt elle est précédée par une ou plusieui^
|tertes de connaissance que l'on a conibndues avec elle et qui n'en sont que le
prélude. D'ordinaire, après avoir débuté d'une manière insensible, die s'accentue
rapidement. Toute trace de sensibilité s'eflace, ces mouvements conTulsifs dont
nous avons parié, disparaiss(*nt; ceux de Li i*espiration s'aflaiblifvent et s'éloîgmtil.
AtiOMË. 193
ÏÀHi nies tmchéatix et laryngés s éteignent. Le puuls est insensible et l'oreille la
plus attentive a de la peine à constater les derniers frémissements du cœur. La
ÙHx devient cadavéreuse, le souffle (|ui s'exliale par la bouche se raréfie de phis
m plus enfin, tout se termine par un dernier mouvement expiratoire, quelque-
fois 51 fidble, que l'assistant n'ose affirme la mort. Dans d'autres cas, la fin de
lagoiiie est marquée par un cri, un soupir ou par quelques mouvements con-
vukifs, qui affectent surtout les yeux et la bouche. U esl assez difficile d'indiquer
(I une maiiiei-e générale sa durée; elle dépasse rarement vingt-quatre ou quarante-
huit lieures, et nous ne saurions admettre avec quelques médecins, qu'elle puisse
durer |4usieurs jours et même plusieurs semaines, cela, parce que de véritables
mnissions et même le retour à la conuaissance pendant un certain temps, se
manifestent habituellement dans ces agonies à longue édiéance. Qui oserait, en
cfTel, considérer comme un agonisant, celui qui durant plusieurs heures, jouit de
M>s sens' et de son intelligence et dont les mouvements s'accomplissent dans les
timiU» [lei-mises |iar l'ulTection dont il est atteint. C'est là un malade dont la mort
prut être certaine et pix)che, mais dont l'agonie n'a \Kis encore commence, la
continuité des [^lénomènes qui la constituent étant un de ses caracteit^s.
L'idée que se font de l'agonie les auteurs ilout nous combattons la manière de
ym, est beaucoup trop compréhensive et nous semble prêter à la contusion. Sa
iiii est marquée par le dernier battement du cœur, mais son début, temps trës-
rouri, dont nous concevons théoriquement l'existence, ne peut, en pratique, être
déterminé avec précision. Ce n'est qu'après avoir constaté l'ensemUe des phéno-
mènes décrits précédemment, que l'observateur pourra se prononcer; encore,
devra-t-il faire des réserves, si la maladie n'a pas eu une marche régulièrement
froissante et si elle n'a pas duré un certain temps, car nous verrons que l'agonie
peut être simulée par des états morbides compatibles avec un rétablissement quel*
iiuefois assez prompt. Telles sont, pour ne citer qu'un exemple, beaucoup d'uHec-
lioiis cérébrales, surtout parmi celles qui ont été rassemblées sous la dénomina-
timi d'apoplexies.
Y a-t^il des maladies dont l'agonie soit la tenninaison nécessaire? Une
ifue^tion posée d'une manière aussi absolue, ne peut être résolue que |iar la
négative, car un accident toujours imminent pour le moribond, la syncope, peut,
par $a fanisque survenue, donner un démenti aux conjectures les plus solidement
l'Uyées. Cependant, on s'accorde à considérer les alfections cérébrales et la plupart
des maladies chroniques, comme ayant pour terminaison habituelle, celle qui fait
le sujet de notre étude.
Après avoir fait l'histoire objective de cette période ultime de la vie, essayons
de l'étudier d'une manière plus intime ; recherchons comment s'y enchaînent et
»'% subordonnent les phénomènes ; voyous s'il en est un qui , primant tous les au-
tres, puisse servir de base à l'édification une théorie de l'agonie?
Ce mot, coumie les termes grecs «tûv et âycivte dont il est la traduction, signifie
c^Mnbat, angoisse. — Aussi, dans la plupart des définitions classiques, l'idée de
lutte est-elle plus ou moins nettement exprimée ; il s'agit toujours d'un combat
suprême, le dernier que la mort livre à la vie. Cette manière de voir ne nous sem-
Me pas juste. Tant que dure la lutte» on peut espérer que la résistance vitale l'em-
inrtera. Quand l'agonie est commencée, la lutte est finie, les forces qui résis-
taient aux causes de destruction sont anéanties, ])lus de i-ecours, la vie vaincue
Il t^^t plus qu'a|)|)arente, Ja mort triomphe, elle existe vu puissance sinon réelle-
luent, et, si l'on veut nous pernietUc une coni|iaraison ipii donne une Tonne plu^
MCI. EAC. 11. 13
191 AGONlt:.
plastique à noire peuséi;, nouss dirons : l'agonie, ce n'est pas le vent, agitant \io-
lenunent la toitihe euUanuuée, c*est eette iuuiée qui enveloppe la torche incaiiidi*»-
cente encore, mais dont la llaninie vient de s*éteindre.
Nous avons dit que l'agonisant tombait dans la résolution, qu'il [Jeitlait l'usa^*
de SCS sens et de son intelligence, mais que les autres fonctions, y compris cellr^
du cœur et du poumon, bien que notablement altérées, s'accomplissaient encore;
en un mot, que la vie organique survivait à la vie animale; aussi» comme iiou>
allons le démontrer, est-ce dans la mort primitive du cerveau, qu'il lâut cbeivlici
la cause de l'agonie. Le ty|)e de cet état nous est fourni par les apoplexies céré-
brales dites foudroyantes, car certains épanckemcnls, tout en ne détenninanl
jamais une mort instantanée, tuent au bout de quelqut's heures; et si l'on vmil
bien se rappeler l'ensemble symptomatologique que l'on observe en ce cas, on verra
t|ue la maladie toute entière est une agonie des plus iranclies. — Ici l'embarnis <*>l
im]X)ssible, l'anéantissement primitif des fonctions cérébrales peut être seul iiicii-
miné. Il en est de même, toutes les fois que la mort résulte d'une aflcctioii dn
ceiTeau ; car si l'agonie ne se trouve pas alors aussi nettement dégagée de tonte
autre périotle morbide, que dans le cas d apoplexie foudroyante, si an oontrain\ elle
n'est que le ternie d'une maladie plus ou moins longue, si ses phénomènes camr-
téristiques, au lieu de se produire d'emblée, ne se manifestent que tardivement,
c'est encoi'e dans le cerveau qu'il faut chercher leur origine. Que se passe4Hl,
loi-sque le cœur ou le poumon sont primitivement frappés? Si cela a li(*u d'une
manière biiisque et radicale, la mort est instantanée ; mais si de Ci'tte atteinte il
résulte des maladies dont la terminaison plus ou moins rapide est l'agonie, celle-t*i
ne débute qu'avec la |)erte de connaissance et l'anéantissenient des sensations» et
du mouvement, c'est-à-dire avec l'extinction des fonctions cérébrales. Cette remar-
que est applicsdile, quel que soit le point de départ de laA'ection qui déteimincni La
nioii ; ainsi, l'on est autorisé à admettre que dans toute maladie se tenninsuil |«r
un état d'agonie, la mort du cer>'eim précède celle des autres organes.
L'agonie est donc ce temps pendant lequel le moribond survit à la moii lie mmi
cerveau. Nous sommes loin de nous dissimuler tout ce qu'il y a d* imparlait dan>
cette défuiition, et son seul mérite est de résumor en une formule concise, le^
considérations précédentes.
En terminant, nous croyons devoir signaler les diiCcultés que feront suiigir c<*r-
taines questions de diagnostic. On sait, en eflet, qu'en dehors de la période nnN--
bide où la mort est imminente, les manifestations cérébrales peuvent être masquées
à ce point, qu'il en résulte un état simulant l'agonie. Pourra-t-on, le cas écbé.itil,
décider s'il s'agit d'une apparence ou de ki réalité? S'il est iiermis d'alfirmer que
l'on a aflaire à une agonie véritable quand elle se manifeste à la fin d'une maladie
chronique, on ne saurait être trop circonspect dans le cas d'une apoplexie cérâM*ah%
par exemple. — On siiil, en eflet, qu'au moment où celle-ci vient de se produire,
qu'elle soit foudropnte ou qu'elle ait pour conséquence une simple liémiplêgiis il
y a presque toujours résolution des membres, anéantissement de riutelligciice et di>
sensations avec persistance de la vieorgamque, c'est-à-dire agonie apiiarente. — Kt
l'épileptique^ qui, après avoir subi le stade convulsif de son attaque, est plutip«**
dans le stertor, ne pourra-t-il pas être |)ris peur un agonisant? — C'est la diflicullê
que nous signalons, c'est l'impossibilité où l'on est de prendre une décision immé-
diate, qui daiLs les cas douteux, devra nous taire admettix* plus volontiers l'apiin-
ronce que la mdité ; cela, |iour une raison pratique (|u'il est aisj de couqiniidiv :
cor si le véritable agonisant ne peut être seoomii d'une manièi-c eflicace, quvik*
AGRICOLÂ. i95
que ^it la médicalioii employée, il u'cu sera pas de même de celui qui est dans un
état d'agonie apparente; et Tinaction Ihérapeuttque qu'entraînerait la méprise que
iious signalons, si elle n*était pas toujours préjudiciable au malade, porterait à coup
sur une fâcheuse atteinte à la réputation du médecin.
Les considérations de médecine légale et d'hygiène publique dont serait suscep-
\Me l'agonie trouveront plus naturellement leur place à l'article Mort (voy. ce mot).
Parrot.
%âua. De £gro agonisante, Diss. Altdorf; 1675, in-4. — Rostax. 'Art. Agonie, In Dici.
a'JiPoL Tom. I, p. 628: 1859.
ACONISTIQUE (zyovt^uv, combattre). Science des athlètes , qu*il ne faut
pas confondre avec la gymnastique proprement dite : celle-ci faisait partie de Tliy-
;?iène publique, tandis que l'agonistique n'était enseignée qu'à ceux qui devaient
fiffurer dans les jeux publics.
ACSKAPE» Nom doimé à certains instumcnts destinés à opérer ou à main-
tenir le rapprochement des lèvres d'une plaie, sans pénétrer de part en part à tra-
vers les tiasus comme le fait la suture.
Les anciens Romains emplopient jxmr cela une sorte de petite airigne analogue
il celle dont se servent les anatomistes. Cette agrafe se composait d'une petite
plaque métallique en bronase terminée à chaque extrémité par un ou deux crochets.
On trouve au British Muséum de Londres de ces agrafes romaines trouvées dans
des fouilles au milieu d'autres instniments de chirurgie.
En 1846, H. Furnari a vu appliquer en Algérie, fmr les indigènes, un mode do
réunion par l'agrafe très-vraisemblablement conservé par la tradition des pratiques
des chirurgiens arabes. Cette agrafe vivante n'est autre que le Scarite pyracmon,
insecte dont la tète est garnie de deux mandibules aiguës qui restent serrées après
la mort. D'après H. Fiu*nari, on fait saisir les deux lèvres de la plaie entre les
crochets de l'insecte vivant, puis on sépare la tête du corps, laissant ainsi en place
une véritable agrafe.
Le mode de réunion des plaies par l'agrafe métallique est tombé en désuétude.
Cependant on peut regarder comme de véritables agrafes les serre-fines de
M. Yidid dô Cassis (voy. Serre-fikes). La griffe que M. Malgaigue a imaginé pour
faciliter la coaptation des fragments dans les fractures de la rotule est aussi une.
véritable agrafe, quoiqu'elle s'applique à lu réunion des os. L. Lefort.
ACBieoUà (éSeoryc). Né à Glauchen, dans le royaume de Saxe, cercle de
Mimicy le 24 mars 1 494 ; mort à Chemnitz, le 2 1 novembre 1 555, . . . George Agricola
se recommande à la postérité par ses travaux en minéralogie, et surtout en métal-
]ui;^ie. Ce fut eu visitant les riches mines de Chemnitz, et en s'entretonant fami-
lièrement avec les mineurs, qu'il acquit une grande connaissance de tous les pro-
cédés qui ont rapport aux métaux. Ses découvertes en cette partie surpassent celles
qu'on avait faites avant lui, tant par le nombre et l'exactitude des recherches, que
par la manière claire dont il sut en rendre compte. Telle était son habileté à juger
les terrains saxons, que plus d'une fois il assura les ducs que la portion souter-
raine de leurs États valait mieux que tout ce qu'ils possédaient a la surface de la
terre. Et les travaux ultérieurs ont, jusqu'à un certain point, justifié les prévisioas
du savant investigateur. On a peu de détails sur la vie de George Agricola. On sait
i^ulement qu'après avoir lait ses études à Leipzig, où il apprit le grec et le latin,
111(3 AGKll'ADIE.
il |Kiitx)unit l'Italie, selon la boiuie habitude du lciii|>6, etileiidit lu les pluscélcba^
maîtres en littérature et en médecine ; alla pratiquer à Joachimsthal, en Bohèim:,
qu'il quitta bientôt pour sa patrie, au legret des nomlireux amis et admirateurs
qu*ils'y était faits. Voici, d'après Abraliam Merckliu, la liste de ses ouvi-ages :
De Natitra eorum qtœ efUnnnt e terra libri IV. Imprimé à la page 273 de l'ouvrage de
Vcaet De Balneis, — lapiz phUo9ophku$. Colooisc, 1554. — Dere meiaiiica libri duodedm
quibus officia, itutrumenta, machinXy ac omnia denique ad metaUicam speclatUia... detcri-
buntur. Basil., 1561, in-fol.;WiUebcrg:wJ6U, in-8 ; Schwinforti, 1007. in-8; Basil., 1621.
iii-fol. Ouvrage pleiiî d'érudition, depuis l'exploitation des métaux dans les mines jusqu au
travail qui leur donne la dernière perfection, et enrichi de planches représentant toutes lr>
machines relatives â cet objet. — Opu» de fomlUfM, imprimé avec l'ouvi-age de George Fa-
bricius, De metalliciê rebas. Basil., 1657, iu-8. — De Meiuuris et Ponderibus Homanûrëm
atque Grxcorum libri V ; De externu Memurii et Fonder ibus iibri U ; Ad ea quse André
Àleiattu denuo ditputavU de ntentari* et ponderibM, brevis defetuiû, Ub. /; De Mensurit
quitus intervalla iiietuuur Ub, l ; De restUuendii pouderibus atque tneusuris Ub, l ; De hre-
lio nwtallorum et numetiê Ub. III; Basil., 1550, in-fol. — Libri quinque de meMuris et pou-
dtribus, i$i qmbm pleraque a Bud^o et Portio parum animadversa diligenter exctttiuiUHr.
l'arts, 1553, in-8. — Bermauuus, sive de re metallica Dialogus, Bêle, 1519, iii-^. —
De animaniibus subterraneis. Wittemberg, 1611, in-8. — De Peste libri très Ba^il.,
1551, in-8. A. Giiûiiul'.
A^rlcolA (Jean-Anainonlaii). Ce médecin était Allemand et professeur de
langue grecque à Ingolstadt, euBavièi'c. Merckling assure qu'il florissait en i49(>.
Jciiu Agricola a eu le grand mérite d'avoir secoué le joug des Arabes, et d'avoir
coo|)éré à la renaissance de la médecine grecque. Il fait partie de cette brillante
pléiade des uiédecins du commencement du quinzième siècle, qui commentèrent
llip|K)crate, Galien, et renouèrent enfin la cliaine, depuis si longtemps interrompue,
des véritables études de la nature. Ses Scholia copiosa , sur la thérapeutique de
Galien, imprimées en 1554, in-8, commencèr^'ut sa réputation. Puis vinrent :
Hippocratis Coi, medicin» et medicorum omnium prindpis, aphorismorum . / senieutisrum
medicarum libri septem, etc. Weissemborn, 1557; in-é; In Galeni Ubrossex de loeis affecta
Commentaru. Norimberg, 1657 et 1658; in-1. — In Artem medicinalem Galeni CommtutarU.
1541. in-8; Picolai Alexandrini, medici Grxci, liber de Composilione medicameniorum secun-
dum loca, translatus. 1511, in-8; Medicinx herbarisB libri duo. 1530, in-8. Ouvrage dan»
lequel Agricola décrit les plantes usitées de son temps en médecine, ainsi que celles doui
font mention Dioscoride, Galien, Oribase, Paul d'Kgine, Aetius, Pline, etc.
Nous citons pour mémoire dcui autres médecins du même nom :
AgricolA (€}eorffe-André) . Arcbiàtro de la ville de Ratislwnnc au commena*.
ment du dix-septième siècle, et qui sVstûut piteusement connnitre par sa prétendue
découverte siu* la végétation des arbres, découverte qu'il ne voulait communi<|u«'r
(|u'à cent soixante personnes, et sous la garantie d'un versement par cbacuue dVlk'>
de vingt-cini| florins.
.t^rlcolA (Jeun). Proles.scur du cliirurgie dans le uiéuie siècle, à Namu-
liourg, eu Saxe, et auteur de plusicui's ouvrages sur celle science, dont ou trou-
\era la liste dans le Dictionnaiî^e d'Kloy et dans la Bibliothèque de Manget.
A. CuÉREAl'.
.t4:M€ljXTBUB.s. Voy, Rurale [hygiène,)
AdKiPAUMR ou (Cardiaque. Noms vulgaires du Leonurtis Cardiaca, L.,
plante de la famille des i^abiées, peu employée aujourd'hui en médecine, mat^ à
lat|uelte les anciens avaient fait une grande léput^dion. Le genre Leonnrwiv^
Ircs-voisin du genre Laminm (voy, ce mot) c»t se distiiigut* par sou calice à riiHj
dents é|Hucuses, sa corolle à lèvre supérieutx' légèrement concave et ^cs fruih oti
AGRIPPA. 107
akènes prismatiques, n anp:K>s aigiis, «^ sommet tion(|ii6 et charge de poils. Le
L Cardiaca, que Lamark a encore appelé CaHiaca trilobatay est une plante
lierbacée, vivace, atteignant la hauteur d'un mètre et plus, et qu'on trouve dans
presque toute l'Europe, le long des haies, dans les décombres, les lieux incultes.
Sa tige est un peu ramifiée et porte des feuilles profondement découpées, palma-
tipartites à la hase de la plante, partagées moins profondément et seulement en
(iea\ ou trois languettes au sommet de la tige. Les fleurs sont réunies en glomé-
iules serrés dont la réunion forme de longs épis terminaux et feuilles. Leur corolle
osl rosée ou d*un rouge clair lavé de blanc. Si Ton examine l'intérieur du tube de
cette corolle, on voit cju'il porte sous le milieu de sa hauteur un anneau oblique de
poils assez longs. C'est ire caractère et celui que présentent les feuilles, rarement
découpées de la sorte chez les Labiées, qui a porté l^amark à faire de l'Agripaume
lin genre qui n'a guère été adopté. Toutes les parties de la plante sont légèrement
.iromati(|ues. Les anciens l'appelaient encore par corruption Cordielle ou Gii-
paume^ suivant Fuchs (Hist, PL, ch.CL), qui nous apprend que son nom lYAgria
falma lui Went de la forme palmée de ses feuilles. II. Bk.
LriHi, Spec . 817. - Umk, Fi. />., Il, 383. — Greh. et Godr., FI. ft., Il, 683.
Phabiucologie. Ou employait autrefois les feuilles et les fleurs de l'Agri-
paume ; on en faisait des infusions, à la dose de 25 à 50 gitimmes pour un litre
d'eau. D'après Lepechin, cette tisane jouit en Russie d'une grande réputation conire
la rage : le nom de Cardiaque ou Cardiaire, lui vient de ce qu'elle était employt'e
autrefois pour guérir la cardialgie des enfants. Elle ébit considérée comme anti-
spasmodique, sudorifique, emménagogue. Boerhaave, Pejrilhe, GiUbert, etc., en
faisaient le plus grand cas; elle est à peu près inusitée maintenant. 0. R.
A«UPPA DE NETTESHEim (Henri-Corneille 0 1 CorneUas). Parmi
les hommes illustres qui appartiennent a la grande famille médicale, on en compte
tin grand nombre qui n'ont pas trouvé le champ de la médecine proprement dite
assr^ vaste pour leur génie, et qui se sont lancés dans des voies parfois tout à fait
étrangères à cet(e science. Il y a eu dans ce noble troupeau de disciples d'Esculapc
des jurisconsultes habiles, des théologiens de première force, des numismates très-
arcrédités, des poètes heureusement inspirés, de savants géomètres, de profonds
nstronomes, de charmants musiciens, des historiens rccomman(!ables, des diplo-
mates expérimentés. Que sais-je encore? Il n'est peut-être pas de branches des
ronnaissanees humaines que des médecins n'aient abordées avec succès, et où plu-
Mi\ r.> ont laissé des noms impérissables. C'est qu'en cJfit la médecine touche à
presque tout ce qui est du ressort de rintelUirence, et que son étude, loin d'arrêter
riiomme dans son cercle déjà si vaste, le pousse comme malgré lui en dehoi"s de ce
c<*nlp, t't, le faisant glisser par les tangentes, le pousse vers d'autres régions.
Cornélius Agrippa est un exemple frappant de la vérité de celte observation :
lonrà tour soldat, docteur en droit, «loeteuren médecine, théologien, polyglotte,
:i\(Ki\i syndic, historiograi>lie, philosophe , quelque peu entiché d'aidûmie et de
inagio, cet homme singulier, revêtant toutes esj)èces de formes, et insaisissable
dans son ensemble, ne doit pas moins être mis au nombre d(»s génies les plus re-
nMiquables qui ont illustré le seizième siècle. Il fut docteur en médecine, médecin
même pendant quelque temps d'une grande princesse; il a écrit sur celte science ;
it re tittT il nous appai tient et mérite une bonne place dans ce Dictionnaire.
If n'est pas facile de suivre Agrippa dans sa vie si agitée, si accidentée et si chan-
198 AGRIPPA.
gcanle. Vous le voyez atijoimriuii à Ddie, dans le comté de Bourgogne, ensi*igiiaiil
la théologie ; demain il sera à Lyon, pratiquant la médecine; quelque temps aprè^,
il faudra le suivre :\ Londres, à Fribourg, à Pavie, etc. On dirait que le génie de
cet lionmie, à Tinstar de celui d*Érasme, avait besoin, pour se développer, de chan-
ger sans cesse de résidence, de vivre dans des atmosphères différentes.
Né à Cologne, le i4 septembre i486, issu de la noble et ancieime famille d^
Nettosbe^m, dont les membres avaient rempli des charges importantes auprès des
princes de la maison d'Autriche, Cornélius devint d*abord secrétaire de Tempemir
Maximilien I*'. Mais, un beau jour, le cliquetis des armes, les fureurs des batailles
frappent sa brûlante imagination, et le voilà servant sept ans sous ce prince daivi
Tarmée d'Itilie, et s*y faisant assez remarquer pour être armé chevalier. La mé-
decine et le droit lui semblent bientôt préférables au mousquet : aussitôt il étudie
et reçoit les grades de docteur dans ces deux sciences si ardues et si dilférentes.
Nous le trouvons voyageant en France en 4507, en Espagne en 1508. Un an plus
tard, le parlement de Dôle, en Franche-Comté, ne craignait pas d*aller entendre
Agrippa, qui, à Tiige de 25 ans, tenait dans cette ville la chaire de professeur de
lettres saintes^hno des leçons publiques sur le fameux livre cabalistique de Reucln
lin, intitulé : De Verbo mirifico, qui avait été imprimé en 1494. Hai^eritc
d'Autriche, celle-là même « queut devx maris et si morut pticelle^ » prend k'
savant sous sa protection et le nomme historiographe de son frère. Elle en est ré-
compensée par la composition du Traité de ^excellence des femmes^ qu elle sem-
ble avoir inspiré.
En 1518, Agrippa était à Metz, remplissant b^ fonctions d'avocat syndic et d'on-
teur de la ville. En 1520, il reposait sa tête dans la ville de Cologne. En 1521, il
iiuit, pour le trouver, courir à Genève, où il pratique la médecine, après avoir aban-
donné cet art pendant plus de dix-sept ans. Il en fait autant à Fribourg en 1525,
el il quitte cette ville en 1524, pour celle de Lyon, où, grâce à la protection de
S\mphorien de Bullioud, évêque de Glandève, il a la chance de recevoir uiie pen-
sion du roi François I*', et d'être nommé médecin de Louise de Savoie. Il ne resLi
pas longtemps, comme bien on pense, dans cette charge, et il s'arrauge:i si bitii
(|u'au bout d'un an il était rayé de l'état de maison de cette princesse. On n*a ja-
mais su au juste les raisons d'une disgrâce aussi bnitide. On l'a attribuée, s il
parce que l'arrhiàlre n'avait |)as voulu chercher |)ar les règles de l'astrologie le cours
que devaient prendre les affaires de France, soit parce que dans son livre sur l'astro-
logie, il promettait de nouveaux triomphes au connétable de Bourbon. Quoi qu île»
soit, Cornélius, de ee jour, quitte la France et se rend à Anvers (année 1528), piii$
à Bruxelles, où s'ouvrent pour lui les portes des prisons, qu'il n'habita du reste que
quelques mois, et d'où il sortit pour aller demeurer à Cologne, à Bonn, àL)xm. thn>
cette dernière ville, un lil)elle qu'il avait écrit contre Louise de&ivoie le fit de nou-
veau incai'cérer. 11 panûnt ceitendant à se tirer de là, et choisit Grenoble pour sa
résidence. Ce ne fut ps pour longtenips, car il mounil en 1555, à l'âge de 49 ans.
On n a ps de peine à croire que Cornélius Agrippa, avec son caractère, son in-
constance, S} hardiesse à touchei à toutes les matières les plus délicates, son esprit
emporté, satirique, déclamatoire, paradoxal, scepti(|ue, se soit attiré un grand
iiomhn^ d'ennemis. Il y a dans Paul Jove, Del Rio, Thévet et d'autres historiens de
véritables calomnies sur cet homme illustre, qu'on ne craint pas d'ap[)elcr magi-
cien^ et auquel on fait jouer nu rôle des plus ridicules avec un certain cltien noir.
Mais lab«on» ceb pour ne voir dans le fameux écrivain qu'un homme obsédé pr
de grands débuts, mais nourrissant aussi de belles qualités, ami de Trithème,
AGUEDA. 109
frusme, Méhnchthon, Jaoqiies Lefèvre d'Étampes, et digne de ces grands éloges
dont on Ta encen.se : Trimégiste de son temps ; PortetUosum ingenium ; lumen
suisxeuli; venerandus domintis; miracidum liUeratomm^ etc.
Nous ne donnerons pas la liste de tous les ouvrages assez nombreux qui sont
tombés de la plume féconde et acérée de cet écrivain, et qui ont été imprimés à
Lyon en i600, 3 vol. in-8, après avoir vu le jour séparément. On connaît assez
onjoH petit ouvrage Denobilitate et p*xcellentia fxminei sexus, ejusdemque
livpra virilem eminentiay traduit par Amaudin en 1713. Pour ne nous attacher
(lu'aux dissertations médicales de Cornélius Agrippa, elles font partie de son mé-
n)ofaUe ouvrage : De Incertitudine et vanitate oninium scientiarum et Artium^
imprimé tint de fois, et traduit dans presque toutes les langues. Dans ce li^TC, où
Tniiieur entreprend de prouver ce paradoxe, à savoir : u Qu'il n*y a rien de plus
(lemicieux ui de plus dangereux pour la vie des hommes et pour le salut de leur
âme que les snences et les arts, » il n*y a pas moins de cent deux chapitres, dont
$rpt sont exclusivement consacrés à l'art de guérir. En voici les titres : Chap. lxxxii.
Médecine en général ; chap. Lxxxni, Médecine opérative ; chap. lxxxiv, Pharma-
rio; chap. Lxxxv, Chirurgie; chap. lxxwi, Anatomie; chap. lxxxvii, Art vété-
rinaire; chap. Lxxxviii, Diététique. — Hercklin, et d'autres auteurs après lui, citent
(li*s éditions pour chacun de ces chapitres, qui feraient alors les sujets de traités
larticuliers ; mais nous croyons ([ue ce ne sont que des titres de chapitres de l'ou-
vrage De rincertitude des sciences.
Un traité : Antidata contra pesteniy dédié à Théodoric de Corena, administra-
teur de l'archevêque de Cologne, se trouve encore dans l'édition des œuvres corn-
[ l^les d'Agrippa, imprimée chez les frères Beringos, à Lyon, en 45o5, in-8.
Ravie, qui consacre un bien important article à Cornélius Agrippa, le venge ha-
litlenient des contes stupides et des calomnies qu on a débités sur lui lorsqu'on le
représente comme un magicien, possesseur de la pierre philosophale, familier avec
I«*s dénions, et n'ayant qu'à frapper la terre du pied pour en faire sortir des trésors :
•* La misère d'Agrippa, et la peur où il parait tant de fois dans ses lettres de n'a-
voir pas de quoi manger, réfutent pleinement ces histoires de Paul Jove, de Thével
el de Martin del Rio. Quand on a un moyen si court de payer ses créanciers, on ne
(toit pas être en peine de quoi vivre : c'est la pistole volante. S'il a été magicien,
il est une forte preuve de l'impuissance de la magie, air jamais homme n'a échoué
pins de fois que lui, ni ne s'est vu plus souvent que lui dans la crainte de manquer
i\e pain. » A. Chbrkau.
A«BeraoK. Y(y. Chikkoekt.
AiiBOSTEMHE {Açrostemma L.). Une seule espèce végétale rappoiiée à ce
^ifire par Linné, intéresse les médecins. C'est VA. GithagOf vulgairement appelée
Sielle des blés, Nielle bâtarde, Coqtielourde des blés. Desfontaines a le premier
|»roposé de faire de cette plante un genre distinct sous le nom de Githago (voy. ce
mol). Ce genre peut être adopté, car il est fondé, entre autres caractères, sur la
^iliuttion des styles qui alternent avec les divisions du calice, tandis que, dans les
^mi^Agrostemma, ils leur sont superposés. D'ailleurs les Agrostemma eux-mêmes
i^ sont pas séparables des Lychnis (voy. ce mot) . II. Bn.
âWAre. Voy. ï4Éiiut»HAR.
A6IJB»A (En«z nrfaéffwlM de SANTA). Protothefmole OU athermale, stUfa-
ioo (r.iiRnA.
têe cakiqne mi firrtigvietise faible^ imlfurenxe H oarboniquf moyenne. S;iiiLi
A^ied.1, en Espagne, dans la province de Gnipuzooa (chemin de Ter de Rayonne,
Villareal et Vergara) est entourée de montagnes stériles. l«a saison rommeiice \v
i"*' juin et finit le 30 septembre. — Santa Agneda a deux sources, une xulfnrettAe
et Tautre ferrugineuse.
\^ Source sulfureuse. Elle émerge au milieu du lit de TÂramayona ; trois ou
ipiatre griflbns constituent cette source ; deux seulement sont captés et enchambrés;
l'un alimente la buvette, Tautre les baignoires et les douches. la buvette est daii>
le jardin ; son eau sort d'un rocher artificiel sur lequel se distingue aisément du
soufre cristallisé sur tous les points mouillés par l'eau. Cette eau est claire, linn
pide, transparente, d'une odeur assez fortement hépatique ; et cependant elle u a
pas une saveur désagréable ; elle rougit les préparations de tournesol ; sa tempé-
rature est de iS^yi centigrade, celle de l'air étant 19°,8 centigrade.
L'analyse chimique de Teau de la source sulfureuse de Santa Âgueda a été faite
en 1856 par Pedro Sanchez, qui a trouvé dans i 000 grammes :
Sttlfate de chaux 0,4210
— magnésie 0,il90
— «mde 0,SnO
Carbonate de rhaui 0,33H0
— magnésie 0,0050
Chlorure de magnésium O.liTiO
— sodium O.S00O
Pcrlr 0,0Q5U
Total dca MATiiRRs mr.fi 1,8410
MooBi onaii
^ I Acide larbooique 3,21
j — Milfb^drique 033
Total drs «ai 4,14
3** Source ferrugineuse. Elle est sur le bord du chemin de Vergara; son eau
est quelquefois employée en lioi&son, mais dans des cas très-restruints. Cette soun^
n'a point de captage proprement dit et son analyse quantitative n'a point encore
été faite. On sait seulement que le carbonate de fer est son élément minéralisa-
teur principal.
L*établbsemenl des bains de Santa Âgueda se compose de quatone cabinets non
précédés de vestiaires, et de deux ajutages de douches dans deui cabinets de bains.
liCS baignoires sont trop étroites et trop peu profondes, elles contiennent trop peu
d'eau et sont très-inoommodes. Ijcur forme intérieure, et surtout leur fond bombi*,
principalement au point qui correspond des lombes k la tète, empochent de s*}
étendre à l'aise ; aussi les malades en sortent-ils courbaturés lorsqu'ib y sont reslt^
pendant une heure. Les robinets de fer et les conduits de plomb, employés à Sants
Agueda, devraient être remplacés par des tuyaux et des robinets non métaltîqiH«s»,
de |)orcebine ou mieux de cristal, comme veh dexrait toujours avoir lieu dans It-s
stations alimentées par des eaux sulfui'euses.
Mode d*admi?iistration et doses. L'eau de la source sulfureuse de Santa AgneiLi
s'emploie en boisson, en bains et en douches. On doit s'en servir à l'intérieur avtH
réserve et p ir (x^lites doses. On commence piu* ini quart de verre et on ne dépii&^c
|Kis habituellement trois ou quatre verres de 125 grammes chacun, qui sont pri< le
matin à jeun et a une demi-heure d'intervalle. La durée des bains varie d'une
demi-heure à une heure. Les douches sont incomplètes, et il est important que leur
installation laisse moins à désirer, si Ton veut oittenir de ce moyen tous les avan-
ta^cf qu'on a le droit d'en attendre.
Al. 2«!
l/oaii de la sonrre ferrugineuse est presprile le matin à jenn, a h dose de denx à
ipialrp verres, mais on en fait surtout usage au\ repas, en la mêlant au vin.
Emploi THéRAPEDiiQUE. I^es eau\ de la source sulfureuse de SanLn Â^neda
foiit très-utilement prescrites, soit intérieurement, soit extérieurement, contre les
pharyngites, les dyspepsies, lesgastro-entéralgies, les laryngites, les trachéites, les
Itrondiites, les affections rhumatismales, les maladies utérines (pii sont liées à une
(liatlièse herpétique. Cette eau est active, surtout dans les dermatoses sèches ou
humides, pourvu qu'elles ne soient pas à Tétat aigu. Elle rend aussi des ser>'ices,
comme toutes les eaux sulfurées et sulfui*euses, à tous ceux qui éprouvent ou qui
ont éprouvé des accidents syphilitiques. S'ils sont primitifs, les malades supportent
mieux le traitement hvdrargyrique, et ils ne doivent pas craindre la salivation ;
^*ib ont une syphilide larvée, la cure hydro-minérale détermine une éruption ca-
ractéristique se montrant sur les membranes muqueuses accessibles à la vue, et
même sur la peau le plus souvent. Le médecin est prévenu alors de la médication
f^fique qui doit être employée pour déraciner la maladie.
La composition élémentaire de l'eau de Santa Âgueda rappelle beaucoup celle de
Teau de Pierrefonds; mais elle n'a point, comme cette deniière, la prétention d'être
ntile dans la phthtsie pulmonaire, et le docteur Guerra, qui dirige le traite-
ment de Santa Àgueda depuis plus de trente ans, assure qu'il n'a jamais vu ses
eaai donner diez les poitrinaires des résultats encourageants.
1^ eaux de la source femigineuse n'ont point encore une réputation étendue,
œqui explique l'espèce d'oubli où on les a laissées jusqu'à ce jour. Elles agissent
pourtant aussi efficacement que beaucoup d'eaux chalybées plus célèbres dans
l'anémie et dans la chlorose des deux sexes, dans celles surtout des jeunes filles ar-
rivées à l'époque de leur première menstruation.
Ihtrée de In cure, de 15 à 20 jours.
On exporte peu les e:uix de Santa Agueda. A. Roture ad.
BnuouàPBiE : Gakibat. Hiêiariade EspaHê. 1531. — Smo!i y Bedota. Tratadoê lie fuentex
MKuslet, y dtceUmnario geografko de la Academia ée la Historia. — Prddo Sakchki, Ana-
iftitéi lëê ëffUësmineraUê de Santa Agueda, Orense, 183tt.
ACI.'EBO (Bmrtholoaico , ■idali^o de). Célèbre chirurgien espagnol, né
Ters 1531 ; il exerça avec un grand éclata Séville, où il mourut le 5 janvier 1587.
Il s*était fait une telle réputation dans le traitement des plaies, que ses crédides com-
potnotes attribuèrent ses succès à une influence suriv^turelle ; si bien que, long-
temps encore après sa mort, les habitants de Séville n'auraient osé marcher au
itimbat snns avoir invoqué Dieu et leur grand chirurgien. Le fait est qu'on lui doit
(l'avoir rontribué h la réhabilitation de la réunion immédiate. Aguoro avait publié
l^usieurs opiisc*ules que son neveu, Fr. Xim. Guillen, fit iisiraître sons le titre Mii-
^ant : Tesoro de la verdadera cinigia y via particular contra la comune opinion.
Séville, lf»04, in-fol. Ce reaieil contient, outre les opuscules cités, un tnité [m)s'-
linme intitulé : Antidotarium générale. E. Br.n.
ABOi'Ai. Nom sous Ic4|uel on désigne, dans certaines régions de l'Aniériqne,
plusieurs plantes employées en médecine et appartenant aux genres Cerberti cl
Thevetia^voxj. ce^ mois). H. Rn.
AUMN. Voy. Aaron.
AÎ. Voy. BooasFs synovules des tendons.
209 AIGREMOINE
AlCLAimnNE. Nom vulgaire de rAHCOLiB {voy. ce moi).
AltUMAN (Fpwiçoili). Né à Orléans vers i644; reçu docteur à la bcullé de
Padouc. Vint à Paris, où il eut le titre de médecin du roi, du prince de Coodé, etc.
Aignan, dans sa jeunesse, avait été capucin, et, de plus, il avait travaillé au Lou^rf ,
vers 1678, en qualité de chimiste. Il ne faut donc pas s'étonner du singulier mé-
lange de discussions théologiques et d'idées chémiatritiues sur les ferments, U*«
acides et les alcalis, que Ton rencontre dans ses ouvrages. Sa mort eut lieu en 17(^.
On a de lui :
Vaucienne médecine à la mode, eu le sentiment uniforme d' Hippocraie et de Gaiien sur let
acides et les alcalis. Paris, 1G93, îii-12. — Jje Prestre médecin ^ oh Discours physique sme
l'établissement de la médecine avec un discours du café et du thé de France. Paris, i79ft.
in-12 'Aignan appelait café de France le seigle ou l'orge ton^cHés, et thé, la mélisse . —
Traité de la goutte dans son état naturel, ou Vart de connoistre, et<*. Paris, 1707. in-12.
E. BcB.
AIOREnoilVE {Agrimùfiia T.). Genre de piaules dicotylédones, de la famille
des Rosacées, dont les fleurs sont régulières et hermaphrodites. Leur réceptacle :i
la forme d'une poche à parois épaisses chargées extérieurement d'aiguillons pln<
ou moins saillants. La concavité de cette poche loge les ovaires, tandis que sur k*s
Imrds s'insèrent le périanthe et l'androcée. Le calice est à cinq sépales yalmistK
dans le bouton. Les pétales sont alternes, libres et imbriqués dans la préfloreison.
Les ('tamines sont en nombre indéfini, mais en général peu oonsidéralile, groupét-s
en phalanges au-dessus des sépales. Leurs filets sont libres, infléchis dans le bou-
ton, insérés, comme on dit, épigyniquement, cl leurs anthères, hiloculaires,
introrses, s'ouvrent par deux fentes longitudinales. Les cai-pcUes sont ordiiiaifi'-
ment en |)etit nombre, deux ou trois. Chacun d'eux se compose d'uu ovaire uni*
loculaire, libre de toute adhérence avec les ovaires voisins, et atténué supérii*inne-
nienl en un style dont la tête renflée se recouvre de papilles sligmatiques. Daa^
l'angle interne de l'ovaire est un seul ovule suspendu, à micropyle dirigé en
haut et en dehors. A la maturité, chaque ovaire, ou un seul d'entre eux, devient
un akène renfermant une grosse graine :\ embryon charnu, dépouivu d'albumen.
Quant au récepbcle, il persiste autour du véritable fruit, qu'il enveloppe tout en-
tier, et les aiguillons qui couvraient sa surface deviennent plus épais et |i|*w
ix)ides.
Les Âigremoines sont des plantes herliacées, vivaces, qui croissent dans les région^^
tempérées de l'hémisphère boréal. L 'urs feuilles sont alternes, imparipeiuiét>>,
accompagnées de deux stipules latérales pétiolaires. Les fleurs sont groupées en
grapiies terminales, et leurs pédicel les courts sont accompagnés de bractéoles Lité-
rales.
On a employé en médecine l'Aigremoiue rampante {Agrimoniarepens L. — .4.
orientalisî.), et surtout TA. Eupaloire ou vulgaire (A, Eupatorialj.)^ pbnle
commune de nos forêts, haies et buissons, à liges atteignant un demi-mètre de haut,
a feuilles pubcscentes, partagées en segments ovales, oblongs, dentés, auxquels sont
entremêlés de plus petits lobes entieis ou incinl's. Les fleurs ont des pétales jaune».
Oi-dinairement la plante est peu odorante. Hais, dans une variété que l'on a appelé*»
procei'a, odorata et umbrosay toutes les pai lies de la plante, et roèmelaflav, ont
une odeur aromatique qui rappelle assez celle de la fraise mûre. H. Br«
TouRHEToiiT, Jnstit., i55. — L., Gen., 647; Spee., 643. — D. C, Prodrom., lî, 587. — £*»•.,
Cen., n. 63n«. ^ Tnrmiia, FI, Par., 2SÎ. — Gacir. cl Gooa., FI. fir,, I, 50t. H. B».
AIGUË (maladie). 205
Phaubacologie. Ce sont les feuilles et les sommités fleuries de VA, Eupa-
toria que Ton emploie eu médecine. D'après Pline, son nom vient d'Eupator,
rui de Poiit (libr. XXV, cap. vi). On la récolte au moment de la floraison, on i'at-
Lichc en petits paquets que Ton dispose en guirlandes, et on les fait sécher au soleil
Ml .tu grenier. C'est un astringent populaire ; elle est employée en infusion à la dose
(le 50 â 60 grammes pour 500 grammes d*eau ; elle seil à préparer les gargarismes
détersifs, dont on fait usage au début des angines simples, des amygdalites, etc.
Wodel et Alibert ont conseillé son infusion contre Thématurie, la gonorrhéc i*t In
itiicorrhéc. Pal las Ta vue employer contre les vers des bestiaux, et Tragus a vanté
si décoction vineuse contre les foulures, les contusions. Enfin, d'après Huzard,
b même décoction est usitée on médecine vétérinaire pour détergor les ulcères
<iiiieux.
l..es Indiens, et surtout les Gmadiens, selon Coxe, se servent de l'infusion des
liicincs de cette plante contre les fièvres inflammatoires.
L'Aigremoine est peu employée de nos jours ; elle est généralement remplacée
par k-s feuilles de Pioncc, qui jouissent des mêmes propriétés astringentes ; elle
entre dans le Catholicon, VOnguent mondificatif dache, VEau vulnérairej etc.
C'cslà toi t que l'on a confondu 1*^. arientalis de Tournefort (A. repenSy L.), avec
it' Brayera antlielmintica Kuntli, qui produit le Kousso ou Cotisso.
PusE, lib. XXV, cap. ti. — • Pallas. Voyage, I, 313. — Com. Amer âitpentt, p. 28. — If/-
mêire^ ëe f Académie de médecine, t. 1, p. 470. 0. Rbvkii..
AICKBVKS. Voy. Pyrosis.
AICUE (Maladie). On appelle aiguës, par opposition aux chroniques {voy.
ce mot), les maladies qui, à une certaine intensité des symptômes, joignent une
évolution rapide et une prompte terminaison. Aucun de ces caractères n'étant
susceptible d'une détermination rigoureuse, il en résulte, dans l'appréciation de
\' acuité, un vague inéritable auquel on a vainement essayé de remédier par des
délimitations arbitraires et purement scolastiques. Telle est, par exemple, la divi-
sion des maladies aiguës : en aiguës proprement dites, dont la durée est do
quatorze jours; ~ en subaigvês, qui se prolongent pendant vingt et un à qua-
rante jours; — en suraigués, qui ne di passent pas le quatrième jour, etc. Dans
une direction diflérente, mais avec aussi peu de succès, on a tenté de fairq ren-
trer la notion toute clinique et approximative de l'acuité dans d'autres plus
MÎentifiques ; c'est ainsi qu'en généralisant un ou plusieurs caractères (par
exemple : l'état fébrile, le défaut d'une cause diathésir(ue, la contagion, etc.) qui
« montrent habituellement dans les maladies aiguës, on en est venu à donner
res caractères comme attributs nécessaires de ces maladies. Ct^ qui ôte toute valeur
à des définitions artificielles, c'est que s'il est des maladies essi*ntiellement aiguës,
tomme la variole, et des maladies toujours chroniques, comme le psoriasis, il en
f^i un bien plus grand nombre qui, suivant les cas, peuvent affecter une allure
rapide ou lente, ou, pour nous servir du langage de l'école, levètir une forme
tantôt aiguë et tantôt chioniquc; d'autres, après une période initiale d*ucuïté,
passent ensuite h l'éLit chronique; dans d'autres encore, des exaspérations aiguës
apparaissent par intervalles sur un fond continu de clu-onicité. Ce sont là autant
de particularités dont l'étude trouvera naturellement sa place & l'article Maladie.
Le mot aigu s'applique, en séméiologie, aux douleurs, pongilive.^ ou autres,
rcmanittablot par leur violence. A. Ax.
20i AIGUILLES.
AicirEPRBittE (Eiinx minérale* 4*)* Sources aihetmaleH^ hicmbomUcs
calciques et femiçinemea faibles, caH)oniques faihlea. Aigiieperse, dans le dé|Mr-
toment du Puy-de-Dôme, a une source incrustante d*un Iràs-rniblc débit, qui «moi;:,
au milieu d'un marais, à Test du coteau de Li Bo:^sc, au-dessus d'un chemin qui
conduit à Bens. Son canal d'écoulement est creusé au-dessous d'un massif de U^-
vertins d'origine récente, tindis que le sommet de l'élévation est constitué par dts
couches tertiaires.
Il s'est fiiit aussi <Ies inflltrations d'eiiu minérale dans certains puits du faukjuiL'
de Gaimat d'Âiguepersc, qui ont communiqué à leui^ eau luie saveur légèrement
bitumineuse (H. Lccoq). — Les suintements et les sources d'Âiguepersc ont dépc^'
depuis des temps trcs-éloignés les couches de calcaire qui ftTment l'étage supérietii
des collines du chiUeau de la Roche, des carrières de Chaptusat et de la RocIh-
Yerjat (Nivet). Enfin, deux griffons d'eau minérale bicarlionatéc calcique et fer-
rugineuse se trouvent au voisinage de Saint-Mayard et sur un plan un peu su)h"
rieur à ce domaine (docteur Panchaud).
Les eaux d'Aigueperse ne sont ni captées, ni employées : on n'en connaît point
la composition chimique exacte.
Lkooq il;. Observations inr la source incrustante de Saint" Alyre. Clermont-FerraDd. llCui.
~ Paxciadd. Monographie sur les eaux minérales d'Aigueperse, — Nket. Dietiomudre det
eaux minérales du département du Puy-de-Dôme. Clormont-Ferrand, 18 W. K. Rorvnr^r.
AraVEH-TIAtlDEN (JRuwk inliiénilefi 4'), AqiiX Calidse. Ces sources, {«ii
im|X)rtantes, émerirent dans le département du Puy-de-D^^tme, sur la roule qui con-
duit de Clermont-Ferrand à Lyon par Roanne. 11 existe en effet un diemin bini
conservé, connu sous le nom de Voie romaine^ qui part d'Aiguepei'se, traverse Eflial,
la forél de Rnndan, et s'aiTÔle à Vichv.
Quelques auteurs ont soutenu que les sources d'Aigues-Chaudes et de Chaudi^-
Aiguës étaient les mêmes; Douville et le professeur Nivet ont fait justice de oMo
assertion, en faisant remarquer que sur la carte de Petengcr les Aqux CalOat^wi
sur une route qui se dirige vei*s le nord-est de Clermont-Ferrand (c'est bien d^n^
cette direction que se trouve Vichy), tuidis que le mont Dore et Chaudes-Aiini»'-
sont au sud ou au sud-ouest.
Les sources d'Aigues-Chaudes ne sont point captées et ne servent à aucim us;tL(
thérapeutique : leurs eaux n'ont point été analysées. A. RoTURF\r.
DfiiTviixe. fiolice sur V ancienne Gaule. 1760. — ^IVET. fioles numuscriles.
AIQUIIXEM (de actis). Instruments consistant eu une tige ou une lame nx-
talliqnes de formes ti^s- variées, et servant à pi*atiquer un grand nombre d'ofW'i. t-
lionschiiiir^ûcales. Suivant l'usage auquel elles sont destinées, les ai<?uilles sur
faites en or, en argent, en platin ' ou en acier. Vnv de leurs extrémités piVNi*nii'
toujours une pointe plus ou moins aiguë; l'autie se lenuine de différentes nu-
nieres : elle est arrondie, échancrée, |)en*ée d'une ouverture nommé ceil ou rki^.
ou (IxéesiM* un manche. liOur tige est drnih», courbi*, cylindrique, cimii|ue, à nu-
HeuirMit ou épaulement, pleine, crcuso, cannelée, plate ou triangulain^
Nous énumérerons rapidement et par ordre alphabétique les nombreux ill^llu-
ments auxquels on a donné, psir extension, le nom d'aiguiUes, nous boruaul .i
indiquer leur usage, et renvowiut, pour plus de détails, aux articles qui tniit«'nl
des opérations nécessitant leur emploi.
I^^s aiguilles h acupresiiure sniii destinées A arrêter, prir compression, fcM<iiii>
AIGUILLES Wo
Ju Toug dams kn» vaisseaux. Ce sont des tiges cylindriques eu acier, de longueurs
\ariaMes, minces, présentant une assez grande élasticité, terminées, d*un coté, par
vm extrémité arrondie et de 1 auti*e, | ar une poinle très-acérée.
Les aiguilles à acupuncture sont des tiges en acier, longues de 5 à 6 centimètres,
milices et cylindriques, dont une extrémité se termine par une pointe très-acérée
et l'autre par un petit manche de métal taillé à pans. Celles qui servent i\ Téleetro-
[luncture portent un petit anneau à l'extrémité du manche ; celles qui sont employées
fKNir h galvano-puncture sont, en outre, enduites d'un vernis à l'esprit dans toute
k'ur longueur, excepté la pointe et lanneau, ou d'un veniis à lu gomme laque
déposé sur une paitie seulement de la tige.
Ces aiguilles sont introduites méthodiquement dans les tissus vivants ^ une pru-
ii«(leui' déterminée et en plus ou moins grand nombie, dans un but curatit'ou
«lit^iiostiquc. (Voy. Acupumcture, Élbctho-punctube, Galvano-puncture.)
Les aiguilles h bec-àe-lièvre sont employées pour pratiquer la suture entortillée
(bib l'f^ration du bec-de-lièvre. Devant l'ester un certain temiis dans les tissus,
•llfs ont été faites en or, en argent, en platine, avec une |K)inlc eu acier aplatie
<ii fer de lance et une tête arrondie. \j\ pointe de ces instruments a été it3iulue
uioliile afin de pouvoir être détachée de la tige après leur introduction dans lesT
[uiiics. La plu|)art des chirurgiens ont abandonné ces aiguilles spéciales, comme
iK avaient abandonné les aiguilles d'A. Paré, de J. L. Petit, de Lan-ey, et ils se
mènent habituellement de longues épingles de cuivre étamé ou d'épingles oitli-
iiaifes dont la poinle est parlhi'ement aiguisée. Dans l'opération du bec-dc-lièvre
n»niplii)ué, on peut rapprocher les ailes du nez, eu traversant la base de cet organe
net- une aiguille construite par Charrière d'après les indications de ThieiTy. La
IMiile de cet instrument est mobile ; la tête (orme un bourrelet métidli({ue muni
♦l'un ap|jendice qui s'adapte à une sorte de clef de montre ; la tige porte un pas de
<\> sur lei|uel un second bourrelet, analogue au premier, est engagé loi-sque l'ai-
iTjilk* est en place. Le rapprochement plus ou moins grand des bourrelets relève
'♦' nez et le rend plus ou moins saillant. (Voj/. Bec-de-lièvre.)
Les aiguilles à cataracte sont en acier et servent à opérer la cataracte par dé-
l'^-ssioii, abaissement, broiement du cristallin, ou par discision de la capsule cris-
'allinc; elles servent encore à la paracenthèse du globe oculaire.
Toutes les aiguilles à cataracte sont supportées par un manche fixe, taillé à
|«ns et présentant un point de repère indiquant la direction de la pointe de l'in-
-Iniment- La lige et la pointe de a?s aiguilles ont des formes variées et ont été mo-
•lifiées par un gi'and nombre de chirurgiens. La tige, tantôt cylindrique, tantôt
tHiirpie, tantôt à épaulement ou temps d'arrêt, a un diamètre calculé de fiiçon qu'elle
<>i«turp complètement la piqûre faite par sa jointe aux membranes de l'œil; sa
••flUiueur varie entre vingt-sept et quarante millimèlrcs. La pointe, longue de trois
' quatre millimètres, c^t droite ou plus ou moins courbe , simplement aplalic ou
'[•ialie en fer de lance rhomboïdal, prismati(|ue et triangulaire, à bords latéraux
iranchants, à arête médiane plus ou moins vive, à extrémité plus ou moins acérée,
»*<t»nnée en pince, en crochet, etc. (Von. Cataracte.)
Les aiguilles à contre-ouverture sont des tiges en acier, minces et de longueui-s
•Jriées; leur pointe est aiguè et tninchante des deux côtés; leur tilon est jiercé
«i'un rhas assez large pour recevoir une mèche ou une bandelette de linj-e elïilé.
ilit-^ sont renft'rmécs dans un gahie d'argent plus conit- que la lanir cl servant à
"ouvrir la |)ointe de l'instHUncnt pendant que celui-ci chemine dans les parliez.
*'^. COSTRC-OU VERTU RE.)
306 AIGIILLËS
L'ai{;uillc exploratrice e^l dtôtiiiée à pi^tiquer les ponctions eiplonilnoeb. Llli
se compose d*uue lige eu acier, mince, longue de six à sept millimètres, tenuiihi*
d*un côté pur une pointe très-aiguë, aiTondie de l'autre, c*t creusée dans tout** m
longueur d une rainure profonde par laquelle peuvent s'écliappcr les liquid<-» un-
termes dans les parties ponctionnées. (Voy, Ponctions exploratrices.)
Les aiguilles à ftsixile sont en argent recuit; la pointe est mousse et le bUi
percé d'uu chas assez large pour recevoir une mèche ; la tige, longue de vingt mil-
iimèlrcs, est cannelée jusqu*«^ la pointe, atin de pouvoir conduire un bistouri dbiib
les (nijets fistulcux et li^ inciser, si cela est néci^ssaire. (Voy. Fistule.)
Les aiguilles a inoculation sont montées, les unes sur une chà!>se, les autro ^ui
un manche fixe dans lequel elles peuvent rentrer, ou qui se visse sur un étui pro-
lecteur. Les premières sont des lames d'acier, minces, étroites et terminéi'b {mr
une pointe acérée en fer de lance, portant sur une de ses iaces une rainuie \ïïi>-
fonde destinée à recevoir la matière à inocider ; les secondes sont des tiges c)!iii-
driques déliées, creusées d'une rainure jus(|u'à la pointe, qui se termine eu »'i'l'
filant. (Voy. Ikocolation, Vaccikatiok.)
Les aiguilles à ligature servent à porter des ligatures au-dessous de vaisM^uv
•|irofoiidémcnt situés ou qu'il y aurait inconvéni(>nt à soulever sur b sonde canadiV;
d'autres aiguilles à ligature servent à passer des fils à travei^ la base de tuniciii^
volumineuses que l'on veut enlever par des ligatures multiples. Elles sont en aiiir
Les aiguilles employées pour h ligature des vaisseaux sont toutes montées mii
un manche fixe; leur tige, assez épaisse et arrondie, est droite dans l'étendue de
six il sept centimètres ; elle se recourbe ensuite en demi-cercle d'un centinièlie de
rayon, soit dans l'axe même de l'instrument (aiguille d'A> Cooper), soit perpemli-
culairement à cet axe (aiguille de Descliamps); la poiiion recourbée est l^remcnt
aplatie et se termine en s'élargissant par un bout mousse, arrondi et percé d'un
œil ovale pour recevoir le fil à ligature. L'aiguille de Dcschamps est dite aijtuilk*
de dioitc ou aiguiUe de gauche, suivant que sa portion courbe forme un oNidcfi
droite ou à gauche de la tige.
Les aiguilles destinées à porter des fils à travera la base ou le pédicule épi» d«^
tumeurs sont montées sur un manche en hois, ou se terminent d'un coté piroii
manche en acier, quadrillé, aplati et faisant corps avec la Uge. La pointe de a>
aiguilles (*sl droite ou légèrement courbe, aplatie en fer de kuice, tranchante d«^
deux côtés, percée d'un chas ou encocliée sur l'un de ses bords, pour recevoir k'Ii)
Li tige est droite, solide, un peu aplatie, pleine ou percée dans le milieu de s3 k»*
gueur d'un s(HX)ud chas à travers lequel on fait p;isser perpendiculairement, lonque
l'instrument est déjà en place, une seconde aiguille enfilée. Il i-ésulte de cette di-r*
nièrc disposition que la base ou le pédicule des tumeurs sont travei^ pur d<''
lils perpendiculaiivment disposés sur le même plan et peuvent être éireiub |uf
des ligatures multiples. (Voy. Ligatures.)
Les aiguilles à résection sont destinées l\ iaire passer la scie à chaîne en ai rien*
des 08 ou des portions d'os que l'on veut réséquer, avec l 'intermédiaire d'un fil de
soie très-solide.
Ce sont des verges en acier |icu trempé, recourbées en demi-cerde de quatn- à
cinq centimètres de rayon, aplaties dims le sens de leur courbure, large» vers km
milieu de cinq millimètres environ, terminées d'un côté pur une pointe effilée e<
médiocrement aiguë, portant de l'autre un chas assez large, en arrièn* dik)nH
riustiiiment est évidé pour loger le fd. Mathieu a construit, sur les iiidicatioii» dr
Cliassvgiiac, des aiguilles à réiiection fixées sur un manche en boiii et dont b |ioiuU,
AIGUILLES. 207
|4(b mousse que celle des aiguilles préoédeiites, est percée d'un clias bi'isé ; ce
Il est qu après avoir contourné les os que ces aiguilles sont garnies du fil qu'elles
amènent, en se retirant, dans la voie quelles ont ftayêe. (Voy, Résections.)
L'aiguille à séUm est une lame d'acier longue de dix centimètres et large de
dix a douce millimètres. Terminée en pointe peu eililéc, tranchante sur les deux
burds et un peu plus large dans ses deux tiei-s antérieurs, elle est mousse et un peu
jîliis étroite dans son tiers postérieur, et porte, au talon, un chas transvci-sal et
quadrilatère pour recevoir la mèche de linge ou de coton qu'elle entrahie après
elle. (Yoy, SéTOii.) D'autres aiguilles, plus petites, sont destinées à poser les sétons
Hlifonnes.
Les aiguilles à suture sont très-nombreuses ; elles sont employées à passer des
lib de chanvre, de soie ou de métal dans les bords des solutions de continuité uc-
lidentellcs ou chirurgicales des parties molles que l'on veut réunir par une suture.
(1& instruments sont droits, courbes, pleins, tubulés ou cannelés, et se composent
d'une tige ou d'une lame d'acier cylindrique, conique ou aplatie. L'aiguille à coudre
ordinaire sert quelquefois à faire certaines sutures.
Les aiguilles c/ururjftcales communes sont des instruments simples faits d'une
[letite tige ou d'une mince lame d'acier. Toutes ont le talon percé d'un chas destiné
ï recevoir le fil, et placé dans le centre d'un évidement longitudinal de la tige
destiné a diminuer le volume de la partie postérieure de rinstrument, sans l'af-
isiUir. Les aiguilles droites ont une tige cylindrique plus ou moins longue termi-
née dans son quart antérieur par une pointe aplatie, non tranchante sur les bords,
dont la laideur est en rapport avec le diamètre de l'instiiiment, et terminée par
Dueeitrémilé très-acérée. Le chas des aiguilles droites est disposé parallèlement à
is portion aplatie qui supporte la pointe. Les aiguilles demi-courbes ne sont recour*
bées que légèrement et dans la partie eoiTcs|X)ndante à la pointe dont la face con-
cave pi-ésentc quelquefois une arête médiane de renforcement. Le ckis des aiguilles
daui-courbes est percé indifféremment dans un plan perpendiculaire ou piirallèle à
celui que représente l'aplatissement de la pointe. Les aiguilles courbes ne sont ha-
bituellement recourbées que dans leurs trois quarts antérieurs ; quelques-unes sont
régulièrement recourbées dans toute leur longueur. La courbure des aiguilles est
friable; elle représente ce|)endant à peu près la moitié d'un cercle dont le rayon
est (dus ou moins grand, suivant la dimension de l'instrument et selon la région
sur laquelle il doit agir.
Le chas des aiguilles courbes, leur tige et leur pointe, sauf la courbure, sont en
^t semblables à la tige, à la pointe et au chas des aiguilles droites.
Toutes ces aiguilles sont généralement portées directement sur les parties avec
ks doigts; quelquefois cependant, pour agir dans des cavités, elles sont montées
sur un manche fiie, d'autres fois sur un manche mobile en forme d'étau appelé
porie^iguiDe, ou encore fixées entre les mors des pincjs à anneaux.
bepnis que les fils métalliques ont repris faveur, on a construit des aiguilles
*|«aalesi pour les rendre plus maniables. Ce sont des aiguilles chirurgicales ordi-
luin-s, droites ou courbes, assi^z forte», qui portent, en arrière du chas, soit un
évidenient très-prononcé, soit une fente destinée à loger l'épaisseur du fd métalli-
fie tordu sur lui-fnème. Un autre instrument se compose d'une lige cylindrique
en acier longue de huit centimètres, tubulée dans toute son étendue pour i-ecetoir
le fil et très-légèrement recourbée en S. lie talon de l'aiguille est monté sur un
luaoclic fixe en lx)is, et présente l'orifice du tube par lequel le fil est introduit daui
l'ioslrumcnt ; la jointe est taillée en biseau du côté de sa concavité ; sur le plan du
208 AIGUlSEliUS.
biscuti s uuvrv roiiiice teiiiiiiial du lube par lequel le 111 doit iMMlir, lorsque luh
stniment a traversé les parties.
Des aiguilles spéciales sont destinées à placer li's fils duus les opératîmis (|ui se
pratiquent sur le voile du palais, le vagin, etc. La Ibnnc de œs instruments et leur
uiode d'emploi varient avec les procédés opératoires ; nous croyons devoir en reii*
voyer la description a Thistoire fort étendue de cb:xunc des opérations dans les-
quelles ils sont usités. (Voy. STAPHVLonitiFHiE, Éutrorbapute, etc.) Lggoicst.
AliStJIUJBtJBti (hvg. propessiokmelle). Les diflerentes opérations nécessaires
i\ la fabrication des aiguilles peuvent déterminer des inconvénients dont quelques-
uns ont une extrême gravité.
Le iHilmage, c'est-à-dire raplatissenient de la tête, se fait à l'aide d'un lounl
niaiteau, et peut occasionner seulement un peu de iatigue, comme il arrive daib
tous les élitl!» pour les(|ucls un ci*rtain déploiement de forces est nécessain*. Ia*
marqm4je, ordinaircnicnt coulié à des femmes, consiste à i^ercer un trou daib b
lotc de raigiiille. Ce travail exige une application minutieuse et soutenue, au2»si
a-l-il liouvent pour conséqueueo un alTaiUissement prématui*é de la vue.
Mais l'opéi-ation véritaUenient dangereuse, c'est Vempaintage^ qui se fait n la
meule sèdie, et domic lieu à un dégagement de (loussières siliceuses et niéialliqiM>
r|ue l'espireiit lesouvrici-s. Il en résulte une forme particulièi'e de plitliisie, signak-c
)K)ur la première fois par Johnstone, a la fin du siècle dernier, et que nous décriitNh
a larticle Aiguiseurs.
Voici, d'après les recberches de HoUand {Tlie Vital Statistics of SheffiM.
p. 204, Lond., 1843, in-8), la durée probable de la vie, pour diflérents âges, chet
les cmpointeurs d'aiguilles, com|)arée à celle de la population de toute rAiigietem*
et de quelques districts agricoles :
TOOTK L'aRGLET^JUIC. MSTMCft A«RICOLkS.
54,07 57,00
57,52 59,71
(iO.Uti 62.28
62,55 64,66
64,90 66.76
67.16 68,68
60.36 70,45
On voit quelle funt'site influence exerce cette profession sur la durée de la \ie.
Les moyens prophylactiques ne diilèrent pas de ceux qui seront conseillés pour l(>
aiguiseurs pour l'histoire de la maladie et la biUiograpliie spéciale (voy. ce niot|.
E. Bro.
.tlfiViSBVBS (htciène propessiorrblle). Les aiguùem^Sf affûieurs <m
énundeurs sont des ouvriers employés à user, sur une meule de grès seclie uu
liumide, et à laquelle on imprime un mouvement rapide de rotation, des outil>.
instniments ou armes divers, soit pour les polir, soit pour leur donner une pointe
ou un tranchant. Les conditions particulières dans lesquelles s'exécute ce travail
peuvent étro, pour l'ouvrier, la source de maladies ou d'accidents qui ont, dam
i^es derniers temps, très-sérieusement fixé l'attention des hygiénistes. E&amino»
nipidement ces influences et voyons comment olles agissent. Elles sont de den\
sortes : l"" dépendant de la profession (intrinsèques); 3^ propi^ aux individub <|iii
rcxncenl (extrinsèques).
1<^ Influefues inlnnsèqties, Uans les ateliers où Ion pratique iaiguibage. «-l
AOK.
AIGDILLEUUS.
20 aiis.
25
30
35
31,17
33,86
36,77
39,90
40
45
43,25
16,82
50
0
AIGUISEURS. 309
surtout quaiul il a lieu par la voie humide^ Teau ruisselle sur le sol, et, en même
temps, la meule bit jaillir des éclaboussures continuelles sur rémouleur. Gelui-c
est donc, non-seulement plongé dans une atmosphère saturée de vapeur d'eau,
mab, en outre, ses vêtements sont toujours mouillés, et si l'on y joint la transpi-
ratioo qui le baigne quand il travaille de lourdes pièces, on verra qu'il est exposé,
par le fait du moindre courant d'air, ou lors de sa sortie de l'atelier, à des refroi-
dissements dont les conséquences ordinaires sont des phlegmasies de la poitrine
(bronchites, pleurésies, pneumonies) ou des rhumatismes. L'ouvrier se tient d'or-
dinaire fortement penché en avant ; cette attitude, longtemps continuée , peut pro-
duire, non pas peut-être des déviations de la taille, mais un trouble très-marqué
daiis la circulation de la poitrine, et dont nous aurons, phis loin, à examiner les
effets. Suivant M. Chevallier, les aiguiseurs qui travaillent debout seraient très-
sujets aux varices et aux ulcères des membres inférieurs.
On a noté depuis longtemps que tenir en permanence les yeux fixés sur des
objets très-petits et brillants, aiguilles, canifs, etc., peut amener une grande fatigue
de la vue ; en outre, les poussières siliceuses développées pendant l'aiguisîige, mais
surtout les étincelles ou éclats métalliques détachés par le frottement, déterminent
des inflammations ondes brûlui-es, quelquefois fort graves, de l'organe visuel. Ces
poussières qui remplissent l'atelier dans l'aiguisage à sec, et pendant l'opération
du retaillagc ou riflage de la meule, ont, sur les voies respiratoires, une action
bien autrement dangereuse, et qui donne lieu à une forme particulière de phthisie,
objet principal de cet article. Enfin, les meules peuvent éclater et blesser, plus ou
moins grièvement les ouvriers ; nous en parlerons en terminant.
3" Influences extnnsèques. La manière de vivre de l'ouvrier joue nécessaire-
ment un grand rôle dans l'hygiène professionelle (voy. Professions). Cela s'applique
parfaitement au cas actuel. Les auteiurs anglais et allemands ont signalé la vie
défilée de leurs aiguiseurs, qui se livrent à des excès de tout genre, mais surtout
aux excès alcooliques. Courte et bonne (a merry life anda short one), telle semble
être la devise adoptée par ces malheureux (}ui savent, sans vouloir en convenir,
le sort qui les attend. Un mauvais régime ordinaire, un état de santé défectueux,
une disposition héréditaire à la diathèsc tuberculeuse, aggraveront les chances de
maladie, surtout pour celle dont nous allons parler.
MALàDiB DES kiGms^uM^ phthisie calculeiise ou siliceuse (Grinders asthma des
Anglai8,Sc^fei/S^kranfcft«it des Allemands). Tandis que raiïection identique, par
b cause et par les effets, qui attaque les tailleui's de pierre ou de meules et les car-
riers, est connue depub que l'anatomie pathologique, sérieusement cultivée, a permis
de reconnaître le siège et la nature des maladies, la phthisie des aiguiseurs mention-
née seulement à la fin du siècle dernier, n'a été bien constatée que depuis une tren-
taine d'années. Ainsi, en 1649, Diemerbroeck reconnaît la présence de poussières
pierreuses dans les poumons des tailleurs de pierre (Opp,, t. P% p. 506; Ultraj.,
1683, in-fol.); Wepfer (1678) constate la fréquence de la phthisie chez les ou-
vriers qui, à Waldshut, préparant les pierres à meules (Obs. med, pract., p. 444,
Scaphnsii, 17:27, in-4) ; dans le courant du dix-huitième siècle, cette étiologie
des affections organiques du poumon est tellement monnaie courante, que Sauvages
décrit un asthma pulvendentorum, lequel, dit-il, dégénère souvent en phthisie^
Ces idées sont confirmées par Leblanc (1775), Will (1785), et cependant per-
sonne, pas même le pessimiste Ramazzini (i 70i)), ni son traducteur français Four-
^Toy (1777), ne parlent des maladies de poitrine chez les aiguiseurs. Il faut
arriver jusqu'en 1 796 pour voir Johnstone s'occuper d'une espèce particulière de
DiCT. ENC. H. 14
210 AlGUlSbiURS.
plilliisic qu*il a observée chez les eiiipointeurs d^aiguilles. Eiitiu, eu 1850, Kiii^lil
aborde la question des éniouleurs, et nous apprend que la maladie spéciale dont ils
sont alTectes est de date récente. Autrefois, dit-il, les oinriers travaillaient isolé-
ment, hors des villes, dans des campagnes salubres, le long des cours d*eau qu*iU
utilisaient comme force motrice ; leurs ateliers, dans lesquels ils n'étaient jamais
qu'en très-petit nombre, étaient largement aérés; ils aiguisaient rarement par la
voie sèche. Les variations, en plus ou en moins, suncnues dans ces ooars d'eau,
les gelées de l'hiver, interrompaient fréquemment leurs travaux et les oUigeaieiil
de se livrer temporairement à d'autres occupations. L'adaptation des machines
à vaiieur à l'aiguisage amena, vers 1786, une révolution complète et bien lâcheuse
dans cette industrie, qui des campagnes fut transférée dans les grands centres de
population. Les ouvriers furent enfermés, au nombre de douze ou quinze, dan»
des pièces peu spacieuses, exactement closes, surtout pendant l'hiver; ils tra-
vaillèrent là, pendant toute l'année, dix à onze heures par jour et six jours par
semaine. L'avilissement des salaires amena l'usage plus fréquent de la voie sèche,
beaucoup plus cxpéditive. Enfin, les aiguiseurs vinrent demeurer en ville, et leur
genre de vie se modifia du tout au tout. Ces curieux détails se trouvent confirmés
par Jordan, auteur d'un excellent mémoire sur les grandes fabriques d'acier de Suhl
(États prussiens); dans cette localité l'aiguisage, surtout pour les grosses pièces,
a lieu, en partie, dans les bois qui environnent la ville et le long des cours d*eau.
Les ouvriers qui travaillent dans ces conditions résistent bien mieux aux in-
lluences si fâcheuses de leur profession. Depuis Knight, nous avons à enregistrer
les belles recherches de llolland, celles de Favell, de Hall, en Angleterre; celles
de Desayvre, eu France, et, enfin, de Jordan, en Allemagne (voy. la bibliogra|ihic
et l'art. Cabriers).
Symptômes et ma^^che de la maladie des aiguiseurs. On peut, avec HoUand
et Desayvre, établir trois périodes.
Ia première est caractérisée par une toux sèche ou, le plus ordinairement,
suivie d'une ex|)ectoration blanchâtre, filante, peu abondante, excepté le matin, où
les quintes de toux provoquent souvent des vomissements de matièies bilieuses ou
glaireuses; la respiration est rude, craquante; sonorité normale; les forces sont
encore en bon état.
Dans la deuxième période, il y a engorgement, plus ou moins cousidéi*ablo, des
poumons; c'est alors que se montrent les hémoptysies ; la dyspnée est très-inteii>c;
on entend des râles divers dus à la bronchite qui coexiste presque constamment.
Les vomissements continuent par le môme mécanisme. Du reste, l'appétit, le>
foi'ces subsistent encore ; assez souvent il y a des pleurésies intercurrentes.
Dans la troisième survient Li dégénérescence du poumon ; les hémoptysies sont
très-abondantes; la fièvre hectique apparaît pour la première fois; les forcer
déclinent rapidement; des sueurs copieuses épuisent le malade, qui succombe aviv
la plupart des sympUmies généraux et locaux propres à la phthisie pulmonain\
L'âge, Tétat des forces, le genre de travail, les conditions hygiéniques extrin-
siH|ues, la pi^ésencc ou Talisence d'une disposition diathésale tuberculeuse, modi-
fient d'une manière noUible In marche et les pliénomènes de la maladie, commr
l'ont surtout établi llolland et Jordan, et fondent deux formes dont les caractôrt*>
sont assez nettement accusés. — Dans la première fonuc, tout se borne, pendant
plusieurs années, a un vU\i asthmatique, les foixxrs restant â l'état ortlinaia*. L:*
toux a précéilé celte ily:>pnée, et une ex|)eiionition abondante de muixisités uiéKv^
de |ioiissières raaH)ni|Mgne. Les rés«ult;ib de Texploratioii plnsiquc ré|iaikletit à
AIGUISEURS. 211
CCS sympiùnies, la cage du Ihorax est proéminente en avant, sa cii-coiiféience est
âgnndie, et les espaces intercostaux élargis. La percussion est remarquablement
sonore; le bruit respiratoire est en partie bronchique, en partie obscur. — Dans la
seconde forme, la toux et la dyspnée débutent simultanément. Cette toux est
d'abord sèdie, puis, souvent, après plusieurs crachements de sang, elle devient
purulente et fréquemment mêlée de sang et de concrétions calcaires de couleur
et de consistance dilTérentes. Ici, la poitrine est plutôt aplatie et rétrécie que bom-
bée; il y a de la matité, le bruit respiratoire est sourd, mêlé de bruits divei*s, sui-
Tant rétat du poumon. Dès que Texpectoration devient purulente, on observe une
chute rapide des forces, Tamaigrissement fait de grands progrès, et le malade pré-
sente bientôt les symptômes de la consomption pulmonaire.
La première forme affecte surtout les ouvriers qui commencent à travailler à un
â^edéjà assez avancé et qui ne présentent pas de disposition aux maladies chro*
niques du poumon. Cet état de souffrance peut se prolonger pendant plusieurs
années, et il n'est pas rare de voir louvrier atteindre alors la cinquantaine, âge
auquel Taiguiseur est im vieillard. On remarquera les analogies (pie présente cette
Ibraie avec Yanthracosey ou encombrement charbonneux des mineurs. Les ouvriers
très-jeunes, ceux qui sont épuisés par de grandes fatigues, par des excès, ou qui
portent eii eux les germes de la tuberculisation pulmonaire, sont plus promptement
attaqués; et, quoique leur existence soit moins tourmentée, ils arrivent beaucoup plus
promptement au terme fatal, au milieu des symptômes qui caractérisent la seconde
forme. Cela se voit surtout en Angleterre où le travail est souvent commencé de très-
bonne heure et dans de mauvaises conditions d'hygiène et de santé générale.
In mot sur l'expectoration. Soumis à l'analyse chimique, par Dessiyvre, les
crachats n'ont point présenté d'éléments inorganiques. Ces expériences n'ont pro-
bablement pos été assez multipliées, car il y a ici désaccord complet avec tous les
antres ob^rvateurs, (jui ont constaté l'existence des poussières siliceuses dans les
produits de l'expectoration. Voici les résultats d'expériences microscopiques faites
par Hall. On a reconnu dans les crachats des cellules d'épithéUum, provenant de la
boudie et du pharynx, des globules de sang, des globules de pus et de mucus, et,
enfin, des particules d'acier et des fragments de grès, dont la quantité i tait d'au-
tant phis considérable qu'il s'était écoulé un temps moins long depuis la cessa^
tion du travail.
Jordan, après Holland, s'est efforcé de différencier la maladie des aiguiseurs de
b phthisie tuberculeuse proprement dite. Dans cette dernière, la fièvre hectique,
famaigrissement, les sueurs et la diarrhée coIUquative se montrent à une époque
heanooap moins avancée que chez les aiguiseurs, qui ne présentent cet ensemble
de pliénomènes que dans les derniers temps. La tuberculisation pulmonaire est
une affection constitutionnelle, aussi les forces sont^llcs promptement altérées ;
chez les émouleurs, l'affection est d*abord purement locale, elle ne se généralise
que très-tard, et la preuve c'est que si l'ouvrier renonce à temps à son travail, il
peut guérir ou du moins prolonger très-longtemps son existence. Holland rapporte
Tobsoiration d'un aiguiseur, offrant déjà les phénomènes de lésions pulmonaires
très-aiaocées, qui changea de profession et vécut treize ans dans un état de santé
lossaUe. Des circonstances fâcheuses l'ayant forcé de roprendro son ancien métier,
il ne tarda pas à succomber, et l'on trouva dans les poumons une caverne à y mettre
\^ poîng, dont on avait constaté l'existence dans la première phase de sa maladie,
finfin, il est une circonstance fort remarquable et sur laquelle insistent, avec rai-*
^m, Petreuï et Jordan, c'est Yabsence d hérédité. Les observations particulières^
212 AIGUISEURS.
les recherches multipliées de ce dernier, dans une localité aussi bien placée que
Suhl, lui ont permis d'établir que les aiguiseurs, à l'époque où ils présentent la
maladie parfaitement caractérisée, engendrent des enfants qui n'apportent aucune
disposition à cette terrible affection.
Les lésions anatomiques répondant aux phénomènes exposés plus haut, sont le^
suivantes :
1® Adliérences quelquefois très-élendues entre la plèvre costale et la plèvre pul-
monaire, et même épanchements séro-purulents; ce sont les suites de ces pleurésies
si communes chez les aiguiseurs.
2*^ La muqueuse du larynx et de la trachée, mais surtout celle des division»
bronchiques, présente presque toujoursdes traces d* inflammation (rougeur, injec-
tion) ; quelquefois cependant elle est pâle, épaissie, ramollie ou ulcérée.
5° Eîi même temps, il y a souvent dilatation des petites divisions bronchiques,
à un degré plus ou moins considérable.
i"* Les auteurs anglais ont particulièrement noté un état emphysémateux du
poumon. Favell la trouvé cinq fois sur sept autopsies; une fois très-léger et occu-
pant seulement le sommet ; dans les quatre autres cas il siégeait au bord inférieur
et à la face postérieure des poumons.
(les deux dernières soi*tes de lésions sont caractéristiques de la première foraie
décrite plus haut {Asthme des aiguiseurs.)
«y Grains. Usent peut-être été indiqués par Bubbe sous le nom de spadones,
mais c'est surtout à Desayvre et Favell que l'on en doit une description exacte.
Ce sont de petites granulations du volume d'un grain de plomb à celui d'un pois
et même un peu plus; ils sont chimiquement composés de silice, de fer et de
|)hosphate de chaux. Quelquefois ils sont noirs dans toute leur épaisseur, comme de
petites tmlles, et mous; d'autres sont blancs en dedans et noirs en dehors ; d*autn*>«
enfin, sont entièrement blancs. Les premiers, suivant Desayvre, seraient lonné»
par de la mélanose que sécréterait le poumon irrité par la présence des corps étr4Ji*
gci's, et ils siégeraient dans les vésicules pulmonaires. Favell, quisemble reproduiiv
l'idée de Bubbe, les croit constitués par du sang concrète dans les extrémités dib-
tées des veines, et il assure s'être assuré de cette disposition par une dissection
minutieuse. Quant aux graius blancs, ils sont trèsnlurs, et exclusivement du.s à
une agglomération de silice. On les trouve surtout, dit Desayvre, dans ks
masses pulmonaires indurées, c'est-à-dire enflammées du poumon, où elles se sont
accumuléees, et où l'état pathologique de l'organe ne |)ermettait fias la sécrétion
de la mélanose. Ceux qui sont blancs et durs au centre, avec une écoi*ce noiie, .M)iit
des agglomérats siliceux entourés de mélanose.
6^ Le parenchyme pulmonaire présente ordinairement des engorgements ou
hêpatisations qui en occupent des parties plus ou moins considérables. Ces priiez
engoiigées sont parfois très-fermes, ou bien infiltrés d'un fluide noir trcs-aboodaul.
bans un cas observé par Holland, les deux poumons étaient ainsi inûltrés; b
marche de la maladie avait été rapide et accompagnée d'une forte dyspnée. Ce>
engorgements partiels peuvent subir un ramollissement particulier qui aboutit à h
iorniation d'ulcérations, d'excavations pulmonaires plus ou moins spacieuses, trî*^
bien décrites par Charcot dans son excellente dissertation (De la pneumofùf
dironique, p. 51. Thèse de conc. Paris, 1860, in-S*"). Ces cavernes sont quek|ue-
fois très-petites, quelquefois grandes à y loger le poing ; leurs parois sont li$S'*s on
anfractueuses et donnant naissance à des brider fibreuses qui traversent la r«i\iti ;
elles hont aloi^ le résiUtat probable de la iH:iniion de petites cavernes. Uuib^ tuti^
AIGL-I8EURS. 213
milmoiuiire est à l'entour induré et infiltré de matière noire.
lais et allemands ont insisté sur la présence non constante,
•nine (quatre fois sur sept, suivant Favell) , de tubercules
• n de ramollissement et entourés de parties ccmgestion-
> ui N ont (Mtroïc décrit le gouflemeut des ganglions bronchiques
!(Miiii N cil masses noires, dures, siliceuses, criant sous le scalpel,
. . (»( ihlIllrécN de matières noirâtres.
• . liNjM'i trophique du cœur avait été signalé par Will, à la fin du siècle
' : . i •'/ les Inilleurs de grès de Fontainebleau. Favell a constaté l'existence
■' Icvjoii cinq fois sur sept. A cet égard, il ne feiut pas oublier que, dans la
--um dont il s'agit, les aflections rhumatismales sont assez communes.
\ ovons maintenant comment les différentes causes signalées plus haut agissent
pur amener les altérations que nous venons de passer rapidement eu revu \
(Juelques auteurs contemporains ont contesté l'efficacité des poussières pour
l>rûdiiire les alTections chroniques du poumon. Ainsi, Laennec pensait que les corps
étrangers pulvérulents venus du dehors sont bientôt environnés de mucus, rejetés
par Texpectoration, et que, par conséquent, ils ne sauraient séjourner dans
les petites ramifications bronchiques (TratYéf(i^rattôC.fn^d., l. !•', p. 270. Paris,
1826.)
M. Andral a voulu attribuer à des refroidissements la phthisie des tailleurs de
>ilex de Meusnes (Traité deVauscuU,, de Laennec, 4' édition, 1. 1", p. 124. Note.
Paris, 18.17}. Dcsiaudes (dans l'article Poussières du Dictionnaire en 15 volumes)
cToil aussi pouvoir révoquer en doute l'action des poussières minérales. Benoiston
*'e$t efforcé d'appuyer ces idées sur des chiflres {Ann, d'hyg., l'*' série, t. VI, p. 46,
1831), renversés peu après par ceux de Lombard, de Genève (iWd., t. XI, 1854),
Dttb surtout par les effrayantes statistiques de Hollaud, recueillies a Slieflield.
Dès lors la question fut résolue. Il fut définitivement établi que l'exposition aux
poussières siliceuses détermine une maladie chronique des poumons, plus ou moins
promptement mortelle, suivant que les poussières sont plus ou moins abondantes.
On reconnut que l'aiguisage à sec et l'opération du riflage, par laquelle l'ouvrier
rHaille la meule, sont excessivement dangereux. C'est ce que démontrera le tableau
<{(ie nous donnons plus lias, d'après Holland, à l'occasion du pronostic.
Comment agissent les ]X)ussières pour déterminer la maladie étudiée plus haut?
Snivant les uns, et ce sont surtout les auteurs anciens, les particid(*s siliceuses
>-t métalliques introduites dans les poumons y font naître une irritation d'abord ,
puis une inflammation qui donne naissance i\ des pit)duits divers aboutissant à ht
désorganisation, avec le cortège des phénomènes ordinaires de la consomption.
SoÎTant les autres, parmi lesquels se trouvent la plupart des auteurs modernes, les
ifouchiles, les irritations pulmonaires précèdent; elles sont occasionnées par les
altmiatives brusques de température, l'action de l'humidité, les écarts de régime
auxquels se livrent trop souvent les émouleurs, les poussières entretiennent et
éternisent ces inflammations, amènent par suite l'emphysème, les engorgements
du tissu pulmonaire et, enfin, la destruction par ulcération. Desayvre a signalé
nrnme circonstance aggravante Thabitude de parler leauceup et à haute voix.
Déjà Emile Bech, dans son intéressant tmvail ^ur les carriers de Pima, avait fait
(oonaitre les dangers qui résultent pour ceux-ci de jouer des instruments à venL
métier que lieancoup d'entre eux exercent pendant l'hiver. Ou comprend aussi
que l'attitiide de l'ouvrier, courbé en avant et penché sur son travail, trouble 1%
âli
AIGUISEURS.
circulation pulnioiiaire, iavoriîic les congestions et vient en aide à la |iix)ductioii
de ces engorgements que nous avons décrits plus haut.
Le pronostic est, en général, très-grave. Cependant, si l'ouvrier commence à
travailler à un âge où il a acquis son entier développement, s*i] est très-vigoureux,
n'apportant aucune prédisposition héréditaire aux maladies de poitrine , s'il mène
une vie régulière, les chances de résister longtemps aux causes de la maladie sont
plus nombreuses. Celle-ci une fois déclarée, et l'ouvrier abandonnant son genre de
travail, la maladie peut rester stationnaire pendant de longues années et mémo
guérir, si elle n'était pas trop invétérée. I^ première forme, ou forme emphysé-
mateuse, est moins grave que la seconde. Une diHérence très-notable est établîet
comme nous l'avons vu, par le travail à la meule sèche ou humide. Nous emprun-
tons a un ouvrage particulier d'Holland un table«iu dans lequel se trouve b duiv*
prol)ablc de la vie pour les différents âges chez les aiguiseurs, suivant leur genre
de travail, et comparée à colle des âges correspondants dans toute 1* Angleterre et
dans les districts purement agricoles (in Vital Statistics of Sheffiehl, p. 304*
liondon, 1H45, in*8j.
ACTUEL.
DB
VIE PROBABLE
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DE LA FOrULATIOX
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34,84
40,39
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57.52
59,71
30
30,01
30,67 .
38.09
42,82
50,50
60,06
62,28
55
39,21
43,88
41.53
45,53
51,97
62.55
04.66
40
42,41
46,45
45,21
48.53
53,77
G4.90
66,76
45
45,71
49,79
48,73
51,80
55,88
67,16
68,68
50
.^5,09
53.25
55,36
58.30
09,56
70.4J
55
56,54
57,60
59,20
61.04
71,60
7:f.25
00
D
62,19
63,31
61.09
74.96
74,29
05
»
•
»
67.46
76,49
76.58
70
B
B
»
11 ,
79,26
79,24
Ce tableau n'a pas besoin de commentaires.
Traitement. Nous serons très-bref sur le traitement proprement dit, nous réser-
vant d'entrer dans quelques détails sur les moyens prophylactiques.
Les congestions, les engorgements inflanunatoires partiels, les pleurésies,
réclament l'emploi des émissions sanguines locales, mais d'une manière modérée;
six h dix sangsues ou quelques ventouses scarifiées, que l'on pourra répéter au
besoin. Après cela, ou bien d'emblée, si le sujet est très-laible, on a recours aox
réuilsib cutanés, tels que vésicatoircs d'une médiocre étendue, frictions slibîée^
ou avec l'huile de croton tiglium. Les émétiques sont très-utiles dans une feule de
rirrnnstnnces, ils calment la toux et la dyspnée. Les secousses du vomissement fa^o-
rÎM'fit la circulation pulmonaire et facilitent le dégorgement des poumons. L'én»é-
Oquft |Miut éti*e renouvelé au bout de quelques jours avec avantage. Si rirritatiiNi
M lr/«-viv9 on domiem des boissons émollientes et muoilagiiiewes, puis |i» balsa-
0$iU^ut*ê ; loi oipactorants sont utiles pour aider à l'aupiiMoii des forp Mmuffoi^.
AIGUISEURS. 215
l/o|iiain, los opiacé, rondonl Ao. très-grands scnices pour calmer l'érotliismc des
voies respiraloires, sans diminuer rexpectoration. Petrenz se loue beaucoup do
la digitale dans les cas analogues. Enfin, on aura encore recours avec grand avan-
bg(»aiix toniques, aux amers combinés avec les expectorants ; c'est au quinquina et
à ses préparations qoe Ton devra s*adresser de préférence. Ces médications, convena-
hlonait administrées, ont souvent rappelé à la \ie des malades dont l'état semblait
ilésespéré.
Les oompUcations diverses, diarrhée, sueurs, etc., seront traitées comme dans la
phthisie tuberculeuse ordinaire.
Le régime doit être doux et réparateur ; il importe de ne pas laisser tomber les
fuites.
Les moyens prophylactiques propres à empêcher le développement de la maladie
des aiguiseurs sont de deux sortes : les uns, purement mécaniques, ont pour but
de s'opposer à l'inhalation des poussières; les autres, de placer les ouvriers dans
des conditions hygiéniques telles que l'action de ces poussières soit atténuée autant
que possible,
Magem mécaniques. On peut se proposer de mettre obstacle à l'entrée des
prticoles siliceuses et métalliques; tels sont les éponges, les mouchoirs, les masques
Ireillissés ou en gaze, placés au-devant de la bouche et du nez ; mais l'indifférence
lies ouvriers pour leur propre santé est si grande, qu'ils ne voudraient pas se sou-
mettre au léger inconvénient qu'entraîne l'usage de ces appareils, et, comme le dit
Jordan, ils préfèrent iumer leur pipe pendant leur travail, ce à quoi il leur
faudrait renoncer. Quelques («rsonnes ayant cru que les particules métalliques
^ont seules nuisibles, J. H. Abraham avait imaginé d'entourer la bouche d'un
système d'aimants qui devaient attirer et retenir les parcelles de fer. Knight,
iiolbod, trouvent l'idée très-ingénieuse, mais parfaitement insuffisante, puisque ce
«T.'Oènie n'empêche pas l'inhalation des poussières siliceuses.
Ici, comme pour tous les moyens de prophylaxie professionnelle, il faut que
i 'appareil protecteur soit indépendant du caprice de l'ouvrier et qu'il fonctionne
eii dehors de lui ; on donnera donc la préférence, dans le cas dont il s'agit, aux
appareils qui ont pour résultat commun de produire un courant d'air continuel
affissant sur la meule de manière à chasser ou à entraîner les poussières, h mesure
qu'elles se produisent. Ainsi G. Prier avait imaginé d'adapter k la meule un soufflet
.«e mouvant en même temps qu'elle, et communiquant avec elle )iar un tupu ter-
miné par une sorte d'entonnoir qui l 'enveloppait en partie. Le vent du soufflet
(liassait les poussières loin de l'ouvrier. Les appareils aspirateurs ont eu plus de
succès. Voici celui que décrit Holland, probablement d'apivs ce que dit Thackrali
d'un aspirateui* employé dans les fabriques où l'on peigne la laine. Une sorte d'en-
tonnoir en bois, de dix à douze pouces carrés, est placé un peu au-dessus de la meule
et du côté opposé à l'aiguiseur. L'entonnoir se continue en un tuyau qui passe sous
le plandier. La longueur de ce tuyau varie suivant la place qu'occupe l'ouvrier, et
l'endroit par lequel la poussière doit être expulsée. Sup|X)soiis que huit ou dix
^mouleurs travaillent dans le même atelier, chacun a son entonnoir et syn tuyau,
K ceux-ci viennent se rendre à un tuyau commun dont le calibre est deux ou trois
lois plus considérable que celui de chacun des embranchements qu'il reçoit. Ce
^^anal commun va s'ouvrir dans le mur extérieur. La, et dans l'intérieur, est placé
lin mn semblable à ceux dont on fait usage pour les grains. Une courroie enroulé
J une poulie, en rapport avec la machine qui fait mouvoir les meules, lui commu-
lûqne ainsi un nnouvement de rotation. Son action est donc subordonnée a celle
216 AIGUISEl'IlS.
des rooiilcs, et, quelle que soit la longueur des tuyau\, il se produit uii couraiil
rapide qui entraîne, par l*onibouchure des entonnoirs, les poussières siliceuses et
les particules métalliques. Quand l'appareil est bien confectionné, l'atmo^ihère do
l'atelier est aussi pure que celle d'un salon. Cet appareil est peu coûteux, ei ne
revient guère qu'à un souverain (vingt-cinq francs) pour chaque éroouleur. Installé
dans une manufacture d'épingles, Tes maladies de poitrine ont cessé de s'y montrer.
N'oublions pas de noter que, dès 1826, M. Pihet, à Paris, avait établi un mode
de ventilation analogue dans les ateliers de sa fabrique.
En 1847, M. Morin donna connaissance à l'Institut d'un système tout à £iil
semblable, employé avec succès par M. J. Peugeot dans une fabrique de quincail-
lerie, à Hérimoncourt (Doubs). L'inventeur y a joint divers moyens de protection
contre l'éclabonssage et la rupture des meules, dont nous parlerons plus ba».
Enûn, Desayvre décrit aussi le ventilateur qui fonctionne depuis 1852 dans la
grande fabrique d'armes de Chatellerault. « Ce ventileur a pour base une roue a
aubes courbes placée en dehors de l'usine. Cette roue est mue par une chute d'eau
qui lui imprime une vitesse de douze à quinze cents tours par minute ; l'impulsion
communiquée à l'air par cette extrême vitesse produit en arrière de la roue une
raréfaction telle que l'air environnant s'y précipite avec force : un trou pratiqué
au-dessous de chaque meule d'aiguisement fait communiquer l'air ambiant avec le
conduit, à l'extrémité duquel se meut la roue extérieure. .\u moment du rifiage
on ouvre la plaque qui ferme habituellement le trou dont nous venons de parler,
et l'on imprime le mouvement à la roue extérienre ; alors l'air qui entoure b
meule s'engouflce dans le trou, entraînant avec lut la poussière fine produite par
le riflage, laquelle va se répandre en dehors de l'usine sur la rivière. Pour éviter
que cette poussière s'écartât sur les côtés, et que, placée trop en dehors du champ de
l'ouverture, elle échappât à l'action aspiratricc, qui a lieu par le trou, le capitaine
de Maintenant, qui a dirigé ce beau travail, a fait encaisser la meule dans une boite
de bois. » Le succès obtenu par cet appareil a été aussi complet que possible. D*aprè<
une note complémentairo que je dois à l'exti-éme obligeance de M. Desayvre, on ne
voit plus pendant le riflage ces nuages de poussière qui remplissaient Tatdier, il
n'en reste qu'uue très-mince couche autour de l'aiguiseur, et souvent par sa faute.
« Totis les anciens mitniers sont morts, m'écrit M. Desayvre, et quant à ceux
qui travaillent depuis l'installation du ventilateur ou seulement depuis deux ou
trois ans avant cette installation, leur état de santé est très-satisfaisant ; l'ausculta-
tion ne révèle aucune lésion du poumon ! . . . i
Nous ne saurions trop recommander l'adoption des ventilateurs dans les aigiii«'-
ries, et nous nous rangeons entièrement de l'avis des auteurs qui voudraient qiM*
ces prescriptions fussent obligatoires, comme elles le sont dans plusieurs localité^,
en Allemagne, surtout pour les fabriques d'aiguilles Je ne parie pas des meules ar-
tificielles de M. Malbec, et formées de gomme laque et de sable ; elles sont aujour-
d'hui complètement abandonnées.
Parmi les recommandations prophylactiques propres à venir en aide â Faction plu<
puissante^es moyens mécaniques, nous signalerons l'âge d'admission, qui ne devrait
pas être au-dessous de vingt-deux â vingt-cinq ans. Li constitution devrait enoorr
être l'objet d'un examen minutieux ; tout sujet prédisposé â la phthisie ou qui en
présenterait les premiers symptômes devrait être averti du danger qu'il court.
Des vêtements chauds, l'attention de ne pas s'exposer, à peine vêtu, au froid exli'-
rieur, quand le corps est en sueur, sont de l'hygiène la plas vulgaire. Pour obvier
aux i' oonvénients de réclaboussago, qui entretient l'atmosphère ambiante et h*
AlGriSEURS. 217
tètoments de loiimer daius un état constant d*humidité, M. J. Pengeot a fait
entourer la meule d'une enveloppe à larges rebords latéraux. L*éniouleur pourrait
aussi se garnir le devant de la poitrine d'une pièce d'étofle en tissu impennéaUe.
L*aiguisage par la voie humide sera, autant qae possible, substitué à l'aiguisage
a sec. Enfin, un régime sobre et substantiel est de rigueur dans cette dangereuse
profession, avec le soin d'éviter de parler à haute voix, de chanter, etc.
Gomme nous avons eu l'occasion de le dire, si, au début de la maladie, l'aigui-
seur quitte sa profession, les accidents sont enrayés. Une mesure excellente a été
adoptée à cet égard par l'administration de l'aiguiserie de Cliatellerault. C'est de
réfonner l'ouvrier dès que se monti'ent les premiers symptômes de la maladie
spéciale, f Les aiguiseurs réformés depuis cinq ans, dit M. Desayvre dans sa lettre,
sont remarquables par leur force, leur bonne santé ; presque tous travaillent h
l'agriculture ou à des états de manœuvre. » Autant de citoyens consentes à l'État
et à leurs familles, et qui seraient morts misérablement dans l'espace de quelques
années!...
Ruptures des meules. Cet accident n'est pas rare, et il peut avoir les consé-
quences les plus graves. Dans un mémoire très-intéressant, M. A. Chevallier a
rassemblé un très-grand nombre de cas de ce genre, qu'il a recueillis dans les
auteurs ou qui lui ont été communiqués. On voit que les ruptures ont donné lieu
à des blessures qui, pour la plupart, affectaient le visage, et ont amené des déchirares
de la joue ou des lèvres, des fractures de dents, etc. ; dans quelque c<is, des ouvriers
ont été tués.
Le célèbre chirurgien Morand, qui a rapporté à l'Académie des sciences un cas
d'éclatement de meule observé par lui à Strasbourg, en 1762, a recherché quelles
pouvaient être les causes de cet accident. Elles dépendent : 1® de la meule elle-
même, quand le grain est trop tendre et manque de cohésion, quand elle renferme
des fissures peu apparentes, ou lorsqu'elle n'est pas parfaitement ronde ; à ces
diverses circonstances il faut Joindre la vitesse très-grande de rotation qui exagère
b force centrifuge énorme dont la roue est animée ; 2® les causes de rupture
peuvent encore dépendre du mode d'adaptation de la meule à Tarbre qui la fait
tourner. Autrefois cet arbre était fixé dans l'œil creusé au milieu de la meule, au
moyen de coins en bois. Ceux-ci, enfoncés avec tmp de violence, iieuvont avoir
déterminé une fissure dans la pierre, ou bien, placés secs, ils se gonflent avec une
fnrce inrésistible par l'eau dont la meule est incessamment baignée, et la font écla-
ter. Enfm la meule, mal montée, |)eut se démonter et se briser.
L'accident a lieu ordinairement avec un bruit comparé ^ celui d'un coup de
fusil. O'Alembert a communiquée l'Académie des sciences, en 1768, un fait dans
k^uel une meule, en se rompant, projeLi un fragment jjesant trois livres par-
dessus un bâtiment de quarante pieds de hauteur. Ce fragment alla tomber dix-
huit toises au delà, dans un jardin. On voit quels dangers il peut en résulter pour
les ouvriers qui y sont exposés.
On a proposé divers moyens pour empêcher cet accident. Ainsi Morand cou-
filait de ménager, à la circonférence de la meule et de chaque côté, une retraite
dun moindre diamètre, sur chacune desquelles on adapterait un aimeau en fer.
V. Qievallier a décrit et figuré un appareil usité dans plusieurs aiguiseries. Ce
procédé consiste à garnir Tauge à émoiidre d'une bane de fer cintrée formant une
au^ouune chappe, et passant par-dessus la meule; à cette barre vient se river
«ne autre barre en fer, partant de l'extrémité de l'auge où elle est scellée comme
lï première. D'autres personnes, notamment M. Peti^eot, ont remplacé les coins
218 AlkiN.
de bois par àcnx disques on fer oii en fonte adaptés à l*arbre et qui étreignent Lt
meule de chaque côté. Ces difîérente procédés empêchent ou annulent en partie b
rupture de la meule.
Noas ne mentionnons ici que pour mémoire les coupures que peuvent se fairr
les émouleurs ; elles sont presque constamment insignifiantes, et dépendent de la
maladresse ou de Tinaltention de Touvrier. E. Beaugramii.
BnuocRAPBiB. — BoBBc (!.]. De Spadone hippôcraticû, Ijtpiekbrum Seeber§eniium hwmêpt^th
etphlkitin pulmonalem praeceâente, Hahr Magd., 1721, in-l. — Leblanc {L.j. Mém. «vr U
formation et rendurdstemeni eu grés, avec la description de la maladie singulière gui aitaqtur
les ouvriers qui piquent ou taillent celte sorte de pierre. In Fre'cis d'opér. de chir., t. I.
p. 56t. Paris, 1775, in-8. — ^VlLL. Topoçr. méd. de Fantainetleav . In Joum. de méd.^ t. LV.
p. i ; 1785. — JoBMToxB (J.). Some Account ofa Speàes of Phthisis Pulmanalis, peaUiûr to
Persans employed in Pointing fieedles in the fieedle Manufactures. In Mém. ofthe Med. Sœ. of
hondan, t. lY, p. 89 ; 179'». — Khigbt. On the Grindefs Phthisu. In }iorth ofEngl. Med. and
Surg. Joum. Aug. and ^ov. 18:W. — Cbetallieb (A.). Des accidents auxquels santespaaés les
couteliers émouleurs et aiguiseurs. In Ann. d^hyg.. !'• série, t. XV. p. 245; 1836. — Becs . E.
nnd Vimtca (H. 0.). Das StdnbrecherhûehleinMer Winke fur Steinbrecher, ete. Pirn». I8ti.
in-8. — IIoLU!cn G. Calvers,. Phthisis inducedby the Inhalation ofGrittg and Metallic Par-
ticles. In Jjond. and Edinb. Monthly Joum.. 1. 111, p. 399, brs, 879, 965; 1813; el Diseaaes of
the Ijungs, from Mechanicat Causes, and Inquiries intothe Condition ojflhe Artisans expmed
to the Inhalation ofDust. Lond.. 1845, in-8. ^ Pbtbekz (C. L.). Erfahrungen ûber die sage-
nannte Steinbreclierkrankheit, ein Beitrag, etc. In Hufeland's Joum,, l. XCVIÏ, St. IV, p. 205
1844. — Favell Ch. Fox;. On Grinder*s Asthma. In Transact. ofthe Provincial Meé. and
Surg. Assoc., t. XIY, p. 143; 1846. — Momii A. . I<iole sur les moyens employas par Ml. J.
Peugeot pour préserver les ouvriers des dangers qu'offre Vemploi des meules de grés. In
Compt. rend, de l'Acad. des se, t. XXV, p. 1; 1847. — Yiuebm* fils . Kote sur la santé de
certains ouvriers en aiguilles, et, à cette occasion, etc. In Ann dihyg., 1" série, t. XLIII.
p. 82; 1850 — DE<«fVBE. Études sur les maladies des ouvriers de la manufacture d'armes
de ChaielleraulL In Ann. dhyg., 2* série, t. V, p. 69, 282; 1H56. — Hm J. Ch.). TheSkef-
ficld Grinders. The Sheffield File-cutters. In BHtislt Med. Joum., n- 14. 19; 1857. —
Peacock. On French Millstone-Makers Phthisis. In British and For. Med. Chir. Bev., ^ s^
ri^, t. XXV, p. 214; 1860. — FctEîtBERc H.). Zum Schutze der Steinmetze und Steinkauer. In
Beitrâge sur exakt. Forsch. 4 Hft., p. 56; 1862. — Beiti 'L.l. Sur tes causes de la usariO'
liié des tailleurs de pierre, et sur les moyens de la prévenir. Thèse de Su^aubmirg. 1862,
n^ 500, in-4. — Jorbah. Die Krankheiten der ArbeUer in den Stahlfabriken. In Caaper's Tier^
teljahrschr., t. XXllI, p. 156; 1865. E. Bcb.
AIKIN (Jobo). Né à Warrington, comté de Lancaslre, le 15 janvier 1 747; mort
le 7 décembre 1822. Il exerça d abord à Yarmouth» où ses opinions politiques
avancées lui ayant suscité quelques ennemis, il dut se rérugier à Londres. Là, il
s'occupa surtout de littérature et se fit une solide réputation d'érudil el d'écrivain
élégant. Sa liaison nvec le célèbre philanthrope Howard, eut pour fruit quelques
travaux sur les hôpitaux qui ont été traduits en français. Enfin, il fit paraître de
très-utiles recherches sur les médecins anglais les plus célèbres, au nombre de 55,
qui vécurent depuis le treizième siècle jusqu à la moitié du dix-septième. Il aurait
voulu comj'oser une histoire do la médecine en Angleterre, mais Pappcl qu'il avait
adressé à ses confrè es de la Grande-Brebgne, pour en obtenir des livres et des
documents, étant resté sans réponse, il se borna à louvrnge que nous venons de
rappeler el aux notices dont il enrichit la Biographie générale, qu'il publia en
société avec Nicholson. Nous ne parlerons ici que de ses ouvrages relatifs à la méde-
cine ou à l'hygiène publique.
Essay on the Ugature ofArteries. Loud.. 1770, in-8.— Euay on Severat Importani Sue-
jeets in Surgery, chiefty on the Sature and Cure of Fractures. Lond,. 1771. in-8; ei ibid..
1775, in-8. — Observations on the Extemal Use of Uad with some gênerai Bemarks on
Topic Médianes. Lond.. 1771. in-S.^Thoughts on Hospitai. Lond., 1771, in-8. Trad. tnoç
par Yerior; Londres ol Paris, 1777, in-12. — il Spedmen of Médical Biograpky in Orrai
AIL. 3t0
nriiaiH. Loiid., 1715, in-l. — Bioffraphical Mémoire of Medieine in Gréât Britai» from the
nmval 0f Littérature tothe Time ofHarvey. London. 1780, in-8. — Ajppendix to the History
cf Ijuâreitoë wMch anUaitu the Oàservatiom mode by M. Howard in his Coneluding Tour.
LoodoD, 1703, m-8. E. Bgji.
AIMMK (ciuu4M-Bos«MMi). Chirurgien anglais, qui pratiquait à Londres à la
liu du siècle dernier et au commcnccnient de celui-ci : membre du collège des chi-
rurgiens de cette ville. On a de lui l'ouvrage suivant, faussement attribué par
quelques auteurs à John Aikin :
À Cotèàte View of ail the most Important Factê which hâve àppeared eoncenUug the Inocu--
Miom efthe Cowpox. Lond., 1800, in-8. pi. col. 1; 2' édit., 1801. in-8. Trad. ail. par F.
G. Frïese, Breslau, 1801, petit in-8 ; et trad. franc- p&r B. des G. Paris, aii IX, in-8. È. Bgd.
AIL {AUium), Genre de plantes mouocotylédoiies, de la famille dos Liliacées,
dont les fleurs sont régulières, hermaphrodites et à verticillos trimères. Leur
calice est formé de six sépales colorés, libres ou unis entre eux «i la base, étalés
ou rapprochés en tube lors de Tanthèse. L'androcé est constitué par six étamines
hypojîynes on périgynes, superposées aux divisions du calice et formant comme
v\\es deux verticilles trimères. Tantôt les filets de ces étamines sont grêles et étroits ;
tantôt ils sont élargis et pétaloîdes à leur base. Parfois même ils ont la forme d'une
•rrande lame partagée supérieurement en trois dents ; et c'est la dent du milieu,
plus prononcée que les latérales, qui supporte l'anthère. 'frIIcM'i est bilociilaire,
uitorse et déhiscente par deux fentes longitudinales. On connaît même quelques
ci^pèces de ce genre dans lesquelles trois étamines seulement sont pourvues d'an-
Ibères; les trois autres, superposées aux sépales extérieurs, sont réduites à des lames
Aplaties et stériles. Le gynécée est supère. Il se compose d'un ovaire à trois loges
superposées aux divisions extérieures du périanthe. Les cloisons de séparation de
ces loges peuvent même être incomplètes, et leur permettre de communiquer entre
elles. Le style est une colonne unique dont l'extrémité, garnie de papilles stigma-
liques, est entière, sans renflement, ou à peine dilatée et partagée en trois lobes
peu distincts, superposés aux loges ovariennes. Dans l'angle interne de chacune de
ces loges on obseive un placenta qui porte un nombre variables d'ovules. Lors-
qu'il y en a beaucoup, ils sont presciue horizontaux, disposés parallèlement sur
deux séries verticales, et se tournent le dos. Ailleurs, leur nombre diminuant, ils
continuent de se tourner le dos, en même temps qu'ils deviennent plus ou moins
ascendants. Enfin leur direction est tout à fait verticale dans un certain nombre
tlespèces où l'on n'en trouve plus qu'une paire ou deux paires superposées,
avec le micropyle tourné en bas et en dehors. Le fruit est une capsule loculicide ;
et les graines renferment sous leurs téguments épais un albumen charnu entou-
rant un embryon rectiligne, ou arqué, ou enroulé en spirale à son extrémité.
Les nombreuses espèces du genre Ail qui croissent dans les régions temi>érées
(le toutes les parties du monde, sont des plantes herbacées à tige courte souter-
raine, souvent transformée en bulbe punique, et parfois des plantes grêles sarmen-
louses et volutiles. Leurs feuilles aériennes, alternes, à nenures parallèles, étroites
cl aiguës, sont souvent airondies et fistuleuses, de même que les rameaux ou les
hampes florales nées des bulbes. Celles-ci supportent à leur extrémité une boule
He fleurs accompagnées de bractées formant spathe ou involucre. Ces fleurs sont
«lisposées en ombelles de cymes unipares. Souvent les fleurs, ou les ovaires sont
remplacés par des bulbilles ou bourgeons à écailles charnues, capables de repro-
«inire la plante aussi bien que les graines. Toutes les espèces du genre Ail pos-
s^dent une odeur et une saveur particulières, qui sert souvent à les faire recon-
290 A i L.
naître, quoiqn'i^Uo so rolroiivo dans l)oaucoiip d'autres plantes de la Cimille di->
Liliacéesou même d'autres groupes naturels trèiii-éloignés.
On a dû diviser ee genre très-nombreux en un certain nombre de sectioas,
assez tranchées pour que plusieurs auteurs les aient considérées même comme des
^>-enres distincts. Adanson avait autrefois très-nettement indiqué cette division,
d'une manière qui peut encore nous suffire aujourd'hui. Nous admeitroas dom*
avec lui les sections suivantes :
1® Les Oignons (Cepa), dont les feuilles sont cylindriques, et dont les étamines
ont des filets simplement élargis inférieurement, ou pounus de dents latérale^^
presque nulles.
i° Les Aulx proprement dits (Allium), dont les finiilles sont plus ou moiii>
aplaties et les filets staminaux minces, sans dilatation.
5** Les Poireaux (Porrum), dont les feuilles sont plates et dont les filets éUr^is
sont partagés supérieurement en trois pointes,dont la médiane supporte l'anlhèn*.
Nous allons maintenant énumérer et caractériser en peu de mots les espèces qui
présentent quelque utilité. Nous suivons dans cette énumération l'ordre alpliabé-
tique de ces espèces :
i, AU Ciboule (AUium fistulostim L.), ou Oignon d'hiver, Oignon d' Espa-
gne, Celte espèce, qu'il ne faut pas confondre avec la Petite Ciboule ou Cibouùtif
(n"* 2), a presque tous les caractères de l'Oignon ordinaire {AUium Cepa, u* 15),
dont elle partage aussi toutes les propriétés. C'est, comme lui, une plante exoli-
que, cultivée dans nos jardins. Elle se distingue par la forme de ses bulb&, qui
sont ovoïdes, la hampe portant un renflement vers le milieu de ssi luiuteur, s^^n
étamines dont le filet est dépourvu de dents latérales, et son style dont rexireniilé
est allongée.
2. Ail Civette on Ciboulette (AUium Schœnoprasum L. — A, foliosum (mkml. »
Espèce à tige cylindrique, ayant seulement des feuilles dans la partie inférietin*.
Ces feuilles sont fistuleuses, d'un vert glauque, avec une gaine épaisse, striée. Li*^
bulbes sont fascicules. Les fleurs sont portées au sommet d'une hampe à peu près
égale aux feuilles en longueur, avec mie spathe membraneuse, rosée cians son
jeune âge, qui enveloppe d'abord toute l'inflorescence. Le périanthe est d'un roM>
tendre ou lilas et les étamines sont de beiiucoup plus courtes que lui. C'est d'ailleiiiv
une plante voisine par son organisation de l'Oignon commun (n® 13). On la cuUi%r
dans nos jardins, mais elle croît spontanément en Fiiince, dans li*s monta^Ui^ dit
Midi et dans plusieurs régions du centre. Plusieurs auteurs la croient cepeiMiant
originaire de l'Asie septentrionale.
3. Ail de mulot (AUium angul4>sum L. ?). Espèce qui ne doit |kis» à ce ijiril
parait, être confondue avec celle à laquelle Jacquin a donné le ménn* nom et qui
est Y A. fallax de Don et de Rômer. C'est une plante qui forme dans le gcnn* un
petit groupe distinct, caractérisé par un périanthe étalé en étoile, des filets dilaté^
à la base, tridentés, et surtout par une souche horizontale, ou à peu près, rampaut
sous le sol et portant des bulbes d'espace en espace. Don a nommé ce groupe s|>é-
cial Rhiiidium, h cause de cette disposition des parties souterraines. En Sibérit*.
on consomme, suivant Pallas, ces bulbes dont on fait provision pour l'hiver, ainsi
que les fleurs, qu'on sale pour les conser^•er.
4. Ail des ours ou Ail des bois (AUium ursinum L.). Petite plante qui crnil
dans presque toute la France, sauf dans le Midi, et qui appartient par tous ses ca-
ractères importants au même petit gi'oupe que ï AUium Moly (u* 7). De son hnlln^
qui est unique s'élèvent ordinairement seulement deux feuilles qui sont larj^tv i*i
AIL â2l
lancéolées ou spathuiée:» el qui s*atlénuent iuférieurement en un long péliole ou
plutôt en uu rétrécissemeul du limbe. A sa base cet organe se renfle de nouveau
m une gaine minoc el membraneuse qui enveloppe l'autre feuille et la base de la
tige elle-même. Entre les deux feuilles s'élève une hampe à deux angles, teiminée
)ar une ombelle lâche de cymes unipares entourée d'une spathe blanche translu-
ride. La périantlie est d'un beau blanc et plus long que les étamines. Le ihiit est
une capsule triangulaire à trois sillons profonds et les graines sont dépourvues
d'eipansion arillaire.
5. AU des potagers (Allium oleraceum L. — A. parviflorum Thoill. — tor-
rum oleraceum Mô.>ch). Espèce à tiges assez élevées (50 à 60 cent.), à bulbe
Minple, ovoïde, de petite taille. Les feuilles sont fistuleuses, canaliculées en dessus,
Criées en dessous eî chargées d'aspérités. Elles ne s'écartent guère de la tige au-
dessus du milieu de sa hauteur, et dans leurs portions libres elles deviennent
linéaires et presque planes au voisinage du sommet. Les fleurs, entourées d'une
^|nthe à deux pièces persistantes, et dont Tinférieurc est allongée à son extrémité
en une fort grande pointe, sont lâchement gi^oupces en cymes el entremôlées d'un
urand nombre de bulbilles ovoïdes, nmcronés, qui peuvent même seuls exister au
lioul de la hampe. Le périantlie est rosé, strié de vert ou de pourpre livide ; s;i
ibnne es»t campanulée, et il est ù peu près de la même longueur ({ue les élaniiuos}
ipii uc deviennent libres qu'au-dessus de sa base, et dont les filels sont simples.
L'ovaire est tronqué au sommet, et les angles qui eu occui)ent toute la hauteur
^nt garnis d'aspérités dans leur portion supérieure. Cette espèce se cultive dans
bjardins, mais elle croit spontanément en abondance dans les champs, les lieux
culti\és, les vignes, au bord des chemins ou le long des fossés. EUle se place
naturellement, par tous les traits de son organisation, tout auprès de l'Ail vulgaire
(n" 17), dont elle a toutes les propriétés.
6. AU des vignes (Allium vineale L. — A. compactum Thoill.). Espèce ana
lii^ie pai* sou organisation au Poireau coummn (n^ 14), avec uu bulbe peu volu
milieux, accompagné de bulbilles latéraux en grande partie cachée par ses tu ni
i{Ufô et portés par des pédicelles grêles. La tige aérienne atteint jusqu'à près d'un
inètrc, et les feuilles paraissent portées par la tige jusqu'au milieu de sa hauteur.
LUes sont fistuleuses, cylindriques et canaliculées supérieurement. La spathe, d'une
seule pièi'e, entoure une inflorescence lâche, à fleurs d'un rose tendre mêlées de
bulbilles ovoïdes, aigus, rapprochés en boule. Les étamines ont, comme celles du
Nrrau, des filets élargis et aplatis, terminés par trois languettes aiguës, subulées,
plus longues que la portion entière; la médiane supporte l'anthère. Cette l'spèce est
commune en France dans les ten*ains sablonneux, les clairières des bois, les champs
en friche, les vignes. Elle a toutes les propriétés de l'.iil vulgaire, et son odeur in-
forle se communique facilement, dit-on, au lait des bestiaux qui s'en sont nouiris.-
7. Ail iai'é (Allium Moly L.). Plante cultivée en France, mais indigène sou le
luent dans le midi de l'Europe, voisine par son organisation de VA. ursinum
(u* 4). Ses feuilles sont planes, linéaires-lancéolées, atténuées à la base. Son bullM^
«t orduiairement simple. Sa hampe porte un bouquet de fleurs peu serrées, à
périanthe d'un beau jaune d'or ; elles sont entourées par une spathe composée de
deux pièces blanchâtres. L'odeur alliacée de cette espèce est très-prononcée; elle a
les mêmes propriétés que r.\il vulgaire, et Linné a cru reconnaître en elle le Moly
d'Homère.
H. AiléchabUe (Allium ascalanicum L.). Espèce qui appartient à un'niénie
:^roupc natmel que l'Oignon commun {Allium Cepu, n" 15}, a\ec dob bulbe* de
pcttlc taillis ovoïlll's-oUol^!^, ciitoui-és de bulbiltos ordil1ail^'lneat teintés en \iol«*t.
iTiifermés dans leur tunique commune. La tige ])cu élevée (1 à Sdéam.)porte k >a
liase des feuilles étroites, subulées, fistulcuses, cylindriques, à gaine teintée de
violet. Les fleurs, entourées d*unc spathe à deux pièces ovales, coiuies, sont dis^
posées en eynies nombreuses réunies en tète arrondie. Le périanthe a des diTi^oii>
ai«,'uës, de teinte violacée, avec une côte noirâtre. Les élamiues, aussi lon^rues que
les sépali»s,ont un fdet très-large, aplati, à trois lobes : deux latéraux très-eourt^,
et le médian cinq ou six fois plus long, supportant Tantlicre. Cette (*s|)eci* uW
pas indigène. Son nom indique qu'elle croit en Palestine, près d'Ascalon, d'où
elle a été rapportée pendant les croisades. On la cultive dans nos jardins.
9. Ail faiiX'poireau^ ou Poireau du Levant j P. d'été (AlUum Ampdopra-
Hum L. — Porrum Ampeloprasum. Reich) . Très-voisin du Poireau ordinaire (.4 .
Pon*f<m, n® 14), dont il a toutes les propriétés, et cultivé comme lui dans nos jar-
dins, il en diffère essentiellement par son bulbe à caieu\, ses fleurs en omb(4l4'>
serrées, ^ pédicelles allongées et rosés, les filets de ses étaniines un pc*u plus
lon^s que le périanthe et présentant un rétrécissement subit du milieu au somnuH,
la longueur de la dent médiane égale à peu près à la portion basilaire du filet et
la couleur jaune des anthères.
10. Ail fauX'Spicanardt ou Ail serpentin {Allium Victorialis L. — il.
plantagineum Laiik. — A, Umgum des oflic. — A.anguinum Matth. ap. Baoh.)
Belle espèce des régions montagneuses, qui se trouve en France, dans les P\ ré-
nées, les Alpes et les Vosges. Par son organisation elle appartient au même grou|ie
que les A. ursinum (n* i) et Moly (n* 7). La tige, d'un demi-mètre environ d<*
hauteur, est supportée par un bulbe très-allongé et conique, obliquement enfoncé
en teri*c et recouveilde tuniques très-épaisses, réticulées, avec de nombreust^s fibres
radiculaires. Ck*tte portion souterraine est vulgairement désignée sous le nom de
racine aux neuf diemises y à cause du nombre des tuniques desséchées, ou de
Victoriale, Lécluse l'appelait Victoriale longue. C'est cette partie de la plante
(|ui constitue le Faux Nard du Dauphiné et que l'on distinguera p<ir ses caractèn^
essentiels du véritable Spicanard Ivoy. ce mot). Les feuilles du faux-Spicanard
sont au nombre de deux ou trois, larges et elliptiques, lancéolées, atténuées en un
court pétiole. I^a tige est cylindrique et anguleuse seulement vers le sonmict. I»
fleui*s sont réunis en cmes nombreuses pour ime masse globuleuse et scm'i'
enveloppée par une spathe membraneuse, d'une seule pièce d'abord, puis irrégu-
lièrement déchirée lors delà floraison. liC périanthe est d'un blanc verddtre, cam-
panule, (^ divisions obtuses au sommet. I^*s étamines dont le fdet est simple sont
plus longues que le périanthe et saillantes en dehors de lui. Il en est de même du
.style qui proémine longuement. Les graines sont rugueiises,chagrinées et noii-âtn^
avec une production arillaire blanche au niveau du bile.
11. Ail leptophylUj ou à feuilles étroites {Allium Uptophyllum). Siiivaiil
Roylo, cette espèce est cultivée dansl'fnde ; ses bulbes sont préconisés contre plu*
sieurs maladies. On fait sécher ses feuilles et on les conserve pour être emplouW
conmie condiment. Toutes les parties de la plante sont considérées comme stoma-
chiques.
12. Ail oblique (Allium obliquumL,). Espèce originaire de Sibérie qui |k»-
sede toutes les propriétés alimentaires et olTicinales de l'Ail c>omuuui.
13. Ail Oignon^ Oignon de cuisine (Allium Cepa L.). Plante à bulbe soli-
taire acquérant parfois de grandes dimensions (jusqu'à IScentim. de diamètrr..
d4* Tonne vaii;ible, iHun\cnt [ rcMpie sphéiiquc ou déprimé de haut en Ini», à tii!t*
AIL. S25
rciifli'c largetneul à sa base et coinpléleiueut creuse, haute de ciu([ à liuit dcci-
nit'ires, à feuilles cylindriifues, nues et lisses, glauques, (isluleuses. OnibeHe sphé-
rique des cymes unipares tres-serrées et nombreuses, enveloppée par ime spathc
membraneuse de deux à quatre pièces dépassant d'ordinaire rinilorescence. Pé-
riaiithe blanchâtre ou vert pâle, ou d'un pourpre clair plus ou moins pur, à divi-
sions allongées et obtuses au sommet. Les unthcres sont portées par la division
Qiédiauc d*un filet large, dépassant de beaucoup le pérîanthe, et dont les deux
dinsions latérales sont très-courtes. Les étamines dépassent le sommet du style.
L'Oignon comnmn est une plante d'origine orientale, probablement égyptienne,
a deux périodes de végétation. 11 n'existe chez nous qu'à l'état cultivé.
li. Ail Poireau (AUium Poirum L. — Pmrum commune Reich.). Espèce
également cultivée dans nos jardins et dont l'origine paraît être méditeiTanéennc.
On a même pensé qu'elle n'était qu'une variété de VA. Ampeloprasum (n« 9)
«jui appartient à cette région. Elle paraît avoir été cultivée en Orient de toute
antii]uité. C'est le prototype du groupe distingué par Adanson sous le nom de Por-
non. C'esl-à-dire que son périanlhe est campanule, avec une saillie carénée sur
b trois divisions extérieures. Les filets des étamines sont partagés en trois pointes
tres-raanjués. Ceux des trois étamines intérieures sont prolongés en une longue
languette lancéolée, enroulée sur elle-même, et la division médiane est elle»même
plus courte de moitié que le corps du fdet. Les anthères sont rougeàtres. Le pé-
rîanthe est de couleur rosée et les fleurs très-nombreuses, réunies en une grosse
boule, sont entourées d'une spathe membraneuse d'une seule pièce, prolongée à
«nsomiBct en une pointe très-longue qui dépasse de beaucoup l'inllorescence. Le
Uilbe du Poireau est, comme l'on sait, peu renflé, allongé et porte quelques caïeux
sur les côtés. Sa tige est cylindrique, droite, atteignant près d'un mètre de hau-
lenr, et portant jusque vers le milieu de sa hauteur, en apparence du moins, des
feuilles qui sont planes, assez élargies, aiguës, légèrement glauques, et tantôt gla-
bres, tantôt ciliées sur les bords.
15. Ail Rocambole (AUium Scorodoprasum L — Por/iim Scorodoprasum
RciCRESB.). Plante rare en France à l'état spontané, mais fréquemment cultivée,
a cause de ses usages domestiques. Son bulbe, de moyenne taille, est entouré de
bulbilles ou caïeux ovoïdes et pédicellés, de couleur pourprée ou biniiiiltre. Sa
hampe florifère atteint jusqu'à un mètre et peut ne |ms dépasser deux décimètres
de hautcm*; elle est cylindrique. Les fleurs, peu nombreuses au sommet, sont en-
tourées d'une spathe bivalve plus courte que l'inflorescence et atténuée en corne
au sommet. Le calice est de couleur pui*purine, et cache les étamines, dont le fdet
wt à trois pointes. Les fleurs sont mêlées de bulbilles qui peuvent former seids
loule rinflorescence. Les feuilles sont étroites, linéaires, aplaties, à gaîne compri-
mée, à ner^ ure dorsale carénée et à bords légèrement rudes et denticulés. Cette
nspèce n'est employée que comme condiment. On la trouve dans le midi delà
France, dans les lieux montagneux et sablonneux, quehpiefois au Ijord des ri-
ûères, comiite il arrive aux environs de Paris.
16. Ail tubéreux (AUium tubei*osum). Espèce qui a les mêmes propriétés que
rÉrhalole et qui est , suivant Royle, souvent cultivée comme elle dans les jar-
dins de l'hide.
17. Ail vulgaire ou Ail cultivé (AUium sativum L — Porrum sativum
RtiCH.I. Espèce considérée du temps de Linné connue originaii*e de la Sicile.
Kunth la croyait originaire d'Egypte. D'autres admettent qu'elle provient de l'Asie
'"eatnilc. Par Mju organisation elle appartient au même groupe que le Poireau.
924 A I L.
Sos bulbeb sont accumpa^iiés d'un grand nombre de buibilles enveloppé» pai* la
tunique commune. Sa lige atteint un ou deux pieds de haut ; elle est cylindrique
et les feuilles s*en détachent jusqu'au milieu de sa hauteur. Elles sont alternes-
distiques, planes, assez larges, aiguës, légèrement canaliculées en dessus. b>
Jleurs sont réunies en une tête peu compacte, portant (fuelquos fleurs et des bul-
billes inteq)Osés, ou assez souvent des bulbilles en assez grand nombre, saiw
aucune fleur. Le tout est enveloppé d'une spatlie membraneuse, d'une ieu\v
pièce, prolongée en une très-longue pointe au-dessus de Tinflorescence, et se dé-
tachant de bonne heure. Le périanthe est blanchâtre, rosé ou purpurin. Les éU-
mines sont plus courtes que lui, et les trois intérieures sont pour\'ues de filets à
trois pointes égales. Il y a une variété de cette plante qu'on a appelée A, tubro-
tundum et A. ophioscorodon, dont les bulbilles sont globuleux ou à p«-u prèi.
Peut-être cette variété et le type lui-même de VA.sativum doivent-ils n'être ( on-
sidérés que conmie des formes de VA. Scorodoprasum, espèce qui croit s|K>ntatH'-
ment en France, quoiqu'elle y soit rare, comme nous l'avons vu (n* 15).
II. Baillo5.
TuuKXEPORT. Ituiit., 582, Cor.. 26, t. 20i-200. — L., Gen., 409.*- Uauek, Monog., ;i7iô\
4. — J'jss., Gen , 53 — Theviean., Ail. Monogr. ;t8*22). — Dow, in Mém. Soc. Wemer,,^, 5.
— Adanson, Fam. /'/.„ I, 50. ~- Exdlicder, Gen.t n. 1157. — Nkr. et Delexs, Dict., 1, IHO.—
— A. RicH , Elém., éd. 4, 11, 123. — Gno., Drog. gimp!., éd. 4, 11, 161. — Perdra, Mm!.
md., II, 2.210. — LixuL., Flor. med., S72. — Ghex. cl Godr., FI. fr., III, 195. II.Bt
Pharvacologib. (le sont les bulbes d'ail que l'on emploie en médecine cl d.iii^
l'art culinaire. Piles et réduits en pulpe, on les a ({uelquefots appliqués oouiuie
rubéfiants; ils entrent dans la composition du vinaigre anti-septi(|ue, dit des quatre
voleurs; en pilant les caîeux de l'ail avec de la gi*aissc et de l'huile, on obtient un
onguent nommé Moutarde du diable^ Huile d'at/, qui est un puissant résolul il de»
tumeurs froides ; on fait aussi avec l'ail un sirop, un oxymellite et un vinaigie
^imple.
Toutes les plantes du genre Allium possèdent une odeur plus ou moins forU?,
une saveur acre, aromatique qui les fait rechercher dans l'art culinaire; l'odeur
de l'ail est plus foiie, plus diilusible que celle de l'oignon, mais son {iriiicipe ait)-
niatique est moins volatil et moins irritant pour la conjonctive.
Pris à l'intérieur, l'ail peut être regardé comme un stimulant des voies dige$-
tives; son odeur se communique A l'haleine, à la sueur, au\ gaz inlestinaui et
même au\ pluies. Sous son influence, les urines prennent une odeur piquante et
désagréable; les mêmes phénomènes se pi*oduisent môme loi'squ'on l'applique sur
la peau et qu'on le donne en lavements.
L'ail est plutôt un assaisonnement, un condiment, qu'un alime.it; on le fait
entrer dans une infinité de sauces et de ragoûts ; dans plusieurs contrées, et notam-
ment en bourgogne et en Gascogne, les paysans en frottent leur pain. Broyé M\tc
de l'huile, il constitue VAilolydes Provençaux. La cuisson lui enlève toute sa foret*
et sou àcreté il devient aloi*s doux et émoUient. 11 agit sur l'économie animale eu
stimulant rap|)étit, lacilitant la digestion et l'expulsion des gaz. On a prétendu
qu'il accroissait la sensibilité de la rétine et qu'il rendait la lumière plus diflirile
a supporter. Ambroisc Pan; le regardait connue l'antidote des poissons véiiéneui.
Ce qui est malheureusement inexact.
L'ail a été considéré connue un préservatif des maladies pestilentielles, et beau-
coup de personnes en ont porté sur eux |JOur se préserver des alTei-tioiis contj*
gicuses, « 'e>l a* qui lui a fuit donner le nom de Thériaqiie des patÊVres, Pbtn
AIL. 235
dit que le meilleur moyen de se préserver de la peste consbte à boire de rhydi-o-
lud alliacé. L'ail est très-estimé comme antiputride par les vétérinaires.
Mais c*cst surtout à Textérieur, en cataplasmes simples ou additionnés d'auti-cs
suiistancfô, que les bulbes d'ail ont été employés comme rubéfiants et vésicants,
dans les douleurs rhumatismales. On prétend qu appliqué sur le nombril il tue les
\mées enfants, ce qui est très-douteux; mais il est certain qu^il peut déterminer
une fièvre éphémère, et l'introduction d'une gousse d'ail dans le rectum est un moyen
souvent employé par les prisonniers et les soldats qui veulent acquérir ainsi une
tièrre légère qui doit les conduire à Tiiôpital. liCs frictions de pulpe et d'huile d'ail
êiaient employées autrefois contre la gale, la teigne, les cors aux pieds ; en lave-
ments, on l'a employé comme vermifuge; on l'a administré quelquefois dans du
lait, contre les lombrics et même le taenia. D'après Marsden, les feuilles sont appli-
quées comme vésicantes à Sumatra.
8}denham et Cullen ont vu guérir des hydropisies par le seul usugede l'ail.
Forestier Ta préconisé en décoction, dans les mêmes cas, mais aloi's le principe
stimulant avait dis{)aru ; on l'a vanté comme un diurétique très-puissant et on l'a
recommandé contre la gravelle. Au dire de Celse, les gousses d'ail, mangées au
joroxysme des fièvres intermittentes, guérissent ces fièvres. Ce fait a été confirmé
[KirBcrgius et Rosen, et, selon Ainslie, les naturels de l'Inde ibnt grand usage
de cette médication. D'après Lind, le même moyen préserve du scorbut, et Lam-
beipus assure qu'il guérit cette maladie.
On a beaucoup parlé récemment de l'emploi de l'ail, à fortes doses, contre la
ni<,'e; on a même cité mi exemple de guérison, mais aucun fait bien observé n'est
venu confirmer cette efficacité. D'après Bajon, on l'emploie à Cayenne contre la
iiKN-sure des serpents.
\j& suc d'ail, autrefois employé en médecine, par Valentin, contre le tétanos, en
irictions sur la colonne épinière, contre les vers, mêlé au jus de citron, s'obtenait
(or contusion, au contact de l'eau, expression et filti-ation; il est jaunâtre, épais,
vi:s(|ueax, et tellement tenace, que son extrait a été employé )H)ur coller la por-
celaine.
L'ail pilé et chauffé avec des huiles grasses les rend plus siccatives. Toutes les
tuantes du genre Allium jouissent d'ailleurs de la même propriété. On a propose
létemuieiit l'emploi de l'huile alliacée pour certaines préparations pharmaceutiques.
C>ii en fait grand usage dans Li peinture en bâtiments.
Bouillon-Lagrangc a trouvé dans l'ail du mucilage, du sucre, du soufre, des sels
't une huile volatile, acre, jaunâtre, d'une saveur très-forte, à laquelle il faut
attribuer les propriétés excitantes de la plante.
L'csseiioe d'ail, ou sulfure d'allyle == C'IPS, a été étudiée par M.Werthciui. Elle
e»t lic|uide, incolore, limpide, plus légère (fue l'eau, d'une odeur forte, repous-
sante; peu soluble dans l'eau, très-soluble dans l'alcool et l'éther ; elle se décom-
|v*m; à loO degrés. Les acides et les alcalis étendus ne l'altèrent pas; l'acide azo-
ti<{ue concentré la détruit rapidement ; mise en contact de l'argent, du mercure, de
1 01, etc., elle produit des combinaisons de sulfures métalliques et de sulfure d'allyle.
L'essence d'ail peut être obtenue par purification de l'essence brute d'ail obte-
nue par distillation, ou bien en traitant l'essence de moutarde par du potassium
<fut lui enlève un équivalent de sulfocyanogène.
En effet, la réaction peut être ainsi représentée ;
CMPAiS» 4- K
z^^
C'H*S
+ CVzS.K
Cac.tcr. ftl «OCTAMDK.
bkiekcb »*A1U
tVU0Ct*?(1IBB Dl roTAKciua.
MCT. BXC. H.
15
226 AILANTHË.
D'après M. Werllieiiti {Journal de phaimade et dediimie^ l. Yli, t. 174»,
l*csscncc d*ail rcctiliée est un niclaiige variable de plusiairscombinaisoiis de soufre
et d'une eonibînuisou d'oxygène avec un seul et même radical nommé allyle; elle
|ieut être i-epiéscntéc par C*IP.
li oxyde d allyle, qui existe dans l'esdcnce = C*H*0.
\jc monosuirure, qui constitue environ les deux tiers de resseiice= C*H^S.
0. Bevbil.
AIUàNTHK (Ailanthvs DcaL). Ueme de planlt's dicotylédones, rapporté pui
In plupart des auteurs a la famille des Térébintliacées ou des Zantlioxylées, mais qui
il tous les caractères des Siniaroubées et ne doit pas en être séparé. Les fleurs en
sont polygames. Dans la fleur hermaphrodite, on observe un double pcrianthe, deux
vcrticillcs d'cLunines et un verticille de carpelles, insérés les mis au-dessus dc^
autres sur un réa*ptacle convexe. Le calice est à ciuii lobes disposés dans le bouton
en prélloraisou quinoonciale. Les pétales sont libres et étalés lors de ranthèse. Dc«
dix ctaniines hypogynes, :\ filets libres et à anthères introrses et biloculaires, cinq
sont super|K)sées aux sépales et cinq aux jiétales. IjCS car|)elles sont superposés aux
pétales. Chacun d'eux se compose d*uu ovaire uniloculaii*e, libre de toute adlié-
rence avec les ovaires voisins, et surmonté d*un style à tele stigmatifere dilatéi- ,
adhérant aux autres styles par son l>ord interne, (iliaque ovnii'e renfeiiue dans ^oll
angle interne un ovule sus|>endn, dont le micropyle e»i supérieur et extérieur. Li
liase du frynécée est entourée d'un disi|uc liypugyne glanduleux et sinueux. Apix>
la florab»(»ii, chaque maire produit sur bun dos une eiimusion en forme d*ail«'.
de façon qu'il devient une sani;ire contenant une graine à embi-jou foliacé en-
touré d'un albumen peu abondant. D'aiirès ce que Ion a vu plus haut, il y a dc5
fleurs 011 les pistils M»nt rudinientiiiri's, et d'autn's où les élamines deviennent stt'>
riles.
Les Ailantlicb sont des arbres a feuilles alternes et eon1posées-inlpa^pcam*c:^
Leurs fleurs sont groupée^ en panicules terminales, ou plutôt en grapiies de cyni^-.
Une seule es[)èce est employée en médecine, c'est VAilarUhe glanduleux {Ailan
tlius glandulosaDx^ï.}^ on Vernis du Japon. C'est un grand arbre originaire de b
Chine, et qui en a été rap|K)rté pour la première fois |iar le P. d'ini^arville, en i 751 .
On le cultive maintenant iiar toute rEuro|)c. Ses feuilles et ses fleurs ont une
odeur légèi-ement fétide. Outre ses usages en médecine, il (*st utile par son bois < i
par ses feuilles qui servent de nourriture au Bombyx Cijnthiat dit vulgairement
Ver à soie de rAilanthe. If. Du.
PiunMACOLor.ii!. L'Ailanthc glanduleux, dont on enniiai>sait les profinêl'^
irritantes, puisipi'on s;i\ait que l(*s janliniers qui élaguent ces arbres étiienl at-
teints d'éniptioiH \ésiculeiises et même pustuleuses aux mains et au visage, siUiK
prenaient les prérautions nécessaires pour se t:araiitirde l'action d'une matière âcrr
et volatile ipii se dégage lorsqu'on blesse ces arbres, TAilantlie, disoiiM-nous, n'av;iit
reçu encore aucune ap|)lication médicale, loi'sque, il y a quelques années, M.IIetel.
phaimacien de la marine et professeur à l'Ecole de Tonbui, proposa l(*s feuilles ri
l'écorce pulvérisées , à Li dose de 5(1 centigrammes a 1 gramme et plus, coniiir
anthelminti(pie et mêmi* connue tannicide. Nous avons vu souvent employer avit
succès la poudre d'Ailantlic contre les ascarides lombriooïdi^s, mais elle a iVhouc
deux fois à l'hôpital des Kiifants malades contre le taenia. Nous lui reproclioit^
d'ailleurs de déterminer des coliques tic*s-violentes. Pour obtenir la poudre d'Ai*
L
AIAIAMT. 227
brithc, on cueilfe les feuilles et Téooi'ce au moi^ d'août ; on les fait sécher à Tétuve
ï une douce chaleur, et ou pulvérise aux trois quarU, c'est-à-dire que lou rejette
le (ieniier quart : ou consenre la poudre daus un lieu sec.
Eiitraitaut Técorce d'Aliauthe par Téther, j'ai obtenu uuc matière résineuse^
Irèsnàaie, qui détermine la vésication lorsqu'on l'applique sur la peau. Les feuilles
d'Ailanlhe serrent à nourrir une espèce très-rustique de ver à soie, qui peut être
élevée eu plein air. 0, Revbil.
àUMAMJm {S^ÊÈm) et son lils AUJUV» (Jem-«MV«rd). Célèbres empi-
riques du siècle dernier, qui amassèrent fortune et dignités eu vendant une poudre
purgative composée surtout de scammonée. Les ouvrages qu'ils ont publiés pour
îatiter leur spédiique ne renferment rien que l'on ne trouve dans les ouvrages de
ce genre destinés à amorcer la curiosité du public et à exciter sa confiance, c'est-à-
dire force théories, force certificats. Nous remarquerons seulement qu'à ce lucratif
métier J. G. Ailhand devint, à prix d'or, messire Jean-Gaspard d'Ailhaud, conseiller
9âav(dijie du roi, baron de Castelct, seigneur de Vitrolles et de Montjustin, goiiver-
lieurde la ville de Forcalquier ! .. . E. Bgd.
illiJK— 1»T (Jean). Peu connu, a écrit sous le nom latinisé A'Albosim;
/cliquait à Autun dans la seconde moitié du seizième siècle. On a de lui l'ouvrage
MÙr4ut :
Okâfimiêê iiihapxilii Setume/uis, sive em^yonU m uiero tnaterao peirefaelit quod ma
^rehiêtmim memorâbiU contexuit; adjecta, etc. Senon., 1582, in-8. Réimprimé dans les
'«ineeti de Bauliin, de Spachiiis, etc., — Trad. en français sous ce titre: î^e Prodige d'un
fnfnip/irifi/, de la ville de Sent. Sens, 1582, in-8.
E. Bgd.
UMANT (uuKTw;;, des Gi'ecs; nuignes, des Latius). Sous le nom ô! aimant
M^nreloa de pierre d'aimant on désigne un minerai de fer de la formule Fe^O*,
(rb-répaudu dans la nature, qui jouit de la propriété d'attirer le 1er et sa limaille.
L acier, presque tous les composés ferrugineux, le nickel, le cobalt, le chrome, etc.,
Ml» eu présence de ces minerais, se comportent comme le fer et sont, comme lui ,
if^\èi^siib8iances magnétiques. Si l'on roule un fragment de pien-e d'aimant daii:>
U limaille de fer, ou remarque qu'elle ne s'attache pas également à tous les poinli^
fie SI surface. Elle s'a&xHUUule principalement sur deux régions opiMisées qu'on ap-
l<41e les pôles de l'aimant et qui sont ses véritables centres d'action. L'expérience
«itonontiie que l'action attractive des aimants s'exerce à travei*» le vide et à travers
^nts hfs corps solides, liquides ou gasseux qui ne sout pas eu\-uiéuies magnétiques,
<Ni peut d'ailleurs oommmiiquer, d'une manière permanente) à des aiguilles ou a
^ («n^eauj: d'iicicr trempé toutes les propriétés des aimants miturels. Ces aiguilles
'i <%s barreaux sout alors dits aimantés j et pi'eiuient le nom iïaimants artificiels»
ifr9 (ttireaux de fef* daux^ soumis à cei*taines influences, acquièrent aussi toutes
^> pcx>|iriétés de l'aimant, mais ils les perdent instantanément du moment où ils
^il soustraits à l'action de la cause excitatrice ; daus ces circonstances, ces bar-
i^ux sont de véritables aimants temporaires, Lartide Hagnétisiie sera consacré à
^rtiide de l'action des aimants naturels et artificieb, et à l'exposition des lois de^
|4iénomèDes magnétiques.
iVmb n'avons pas à parler ici des propriétés physiologiques et thérapeutiques
^ aimants; cette question sera traitée, avec tous les développements oonvenablesi
bjBs les articles Éi.ECTRO-PHfSioiiOGiB et ÉLRCTRoraiaAPfe. J. G.
t{t>8 AINE (anatohii).
AIlllAB (Oalait). Chirurgien* distingué du dix-septième siècle, pratiquait ik
Grenoble; connu par (|uclques observations fort curieuses qu*ii conimuniqua à
Luz. Rivière, et ([ue celui-ci a publiées à la suite des siennes. On y trouve deux
faits dans lesquels Aimar réséqua avec succès, chez une femme et chez un bonunc,
plusieurs cotes affectées de carie. E. Bgo.
AINE (Inguen). Le mot aine est employé dans le langage aiiatomiqne, et
surtout en anatomie chirurgicale, pom* désigner Tune des régions les plus impor-
tantes du corps humain.
g i . AÊmêaatàe. Limites. Il existe, on lésait, à la jonction de la aiisse et de
Tabdomen, une ligne oblique qui se dirige de dedans en dehoi'setde haut eufaas^de
répine iliaque antérieure et supérieure à l'épine du pubis ; c est le pli de taine.
Pour quelques auteurs, cette simple nduure constituerait la région de l'aine. Mais s
ce pli oonlînentdeux régions importantes, dont Tune appartient à rabdoitieii et Tau-
tre à la cuisse. Aussi , loin de se borner à comprendre dans la région de Faine le ^eul
]»li higuinal, d'autres auteurs ont-ils fait entrer dans ses limites Tune ou Tautrc
de ces deux régions, ou quelquefois lune et l'autre. Il est facile de voir, d*a|Tè!>(c
simple exposé, combien sont peu précises les limites de ce que l'on doit considéier
comme la région de l'aine. L'incertitude est d'autant plus grande pour celui qui u
décrire cette importante région, que, même parmi les auteurs qui rattachentau pli
de l'aine les parties qui y confinent, il existe de notables différences dans la ma-
nière de comprendre l'étendue des|iarties à emprunter à l'abdomen ou a la cui^9e.
Pour nous, il ne peut être douteux que, pour répondre aux exigences de l'ctudc
chirurgicale etdes nécessités opératoires, le chirurgien anatomiste ne doive emprun-
ter à l'abdomen et à la cuisse pour constituer la région de l'aine. L'étude chirur-
gicale de la région {voy. plus loin) le démontrera surabondamment, mais nou>
aurons aussi, chemin faisant, à faire valoir les meilleurs arguments anatomiquc».
Il ne nous reste plus qu'à indiquer ce que nous emprunterons à la faroi abdomi-
nale et à la racine de la cuisse.
Pour tracer les limites de la it^ion de l'aine, du côté de la cuisse, nous suffo
serons tout d'abord que le membre est placé dans la position chirurgicale^ (V>t'
à-dire couché sm* sa face externe, le genou légèrement fléchi. C'est, en cflët, Tatli
tudc que le chinirgien doit forcément choisir toutes les fois qu'il ^'agitdepnlil|ut■l
uneex|)loratioii ou uneo|)ération sur la lace antérieure de la cuissL*. Dans l'attitude
que nous supposons, les muscles couturier et moyen adducteur se dessinent à tm-
\ers les téguments et permettent de limiter aisément un triangle dont leurs lnwik
forment les cotés, leur enti'e-croiscment le sommet, et dont la base est au |4t de
l'aine. Le point où s'entre-croiscnt ces deux muscles peut, il est vrai, quelque |Ko
\arier selon les sujets, mais toujours dans l'aire de ce triangle scnmt compris»
tontes les parties qid donnent à cette région de la cuisse une si grande importance;
toujours il sera facile de retixm^er le relief des muscles et la ligne du ph de raine.
Nous crojous ces raisons sullisantes pour ne pas suivre l'exemple d'auteurs cnii-
nciits (Velpcau, liichet) qui ont décrit simultanément toutes les {Nirties qui Ibrinait
h région antérieure de la racine du membi^ pelvien ; ou i|ui, voulant élaguer de
leur description des |nrties importantes, il est vrai, mais dont hi description a' ajoute
rien a la pliysiouomie si particulière de la région, ont cheidié à tracer leur ligiK
limitante en se servant de points de repère osseux (Bérard, Jarjavay, Vemeuii).
Le petit tuotlianter, que ces auteurs ont choisi comme limite inférieure de leur
AINE (âVATovis). SSO
r^ioo, offre en effet le trè^frave inoonvénieDt àù ne pouvoir être senti à travers
kK éfttiaKs parties radies qui le recouvrent.
Du côté de l'abdomen, la ligne de démarcation est tout arbitraire. Nous onpnui-
(eraD$ seulement à la paroi antérieure de Tabdomen la partie qui comprend le
canal iqguinal ; elle n'a pas été décrite à l'article Abdomeh, mais nous renverrons
i œ root pour l'étude des parties constituantes de la paroi abdominale. Une ligne
toorbe, menée de l'épine iliaque à la symphyse des pubis et passant à deux tra-
îffs de doigt au-dessus du pli de l'aine, limitera la portion abdominale de notre
r^on. Une demi-ellipse se trouve ainsi superposée à la base du triangle emprunté
à II cuisse. La région de l'aine nous présentera donc à considérer : une portion
ahdominale ou inguifUHibdominale^ une portion crurale ou inguino-cnirale.
FoiHB BXTiaiEVRs. La portion abdominale et la portion cnirale de la région de
laine ne sont pas situées sur le même plan; adossées parleurs bases, qui répondent
9a pli inguinal, elles circonscrivent un angle d'autant moins ouvert que In flexion
fhi tronc ou de bi cuisse est plus prononcée. Dans l'extension, cet angle s'efface en
|urtie, mais il est encore bien marqué, surtout dans la station, par suite du relief
de la paroi abdominale.
liP pli inguinal, d'auUml plus profond que la flexion et laddiiction du membre
^t pim prononcées, est cepembint sensible encore dans l'extension. L'exploration
<lecp pli permet de sentir, Ti travers les téguments, une corde fibreuse, résistante,
tpiisuit exactement sa direction; c'est le ligament de Fallope, qu'il importe de
>aioir rpconnaitre à travers les téguments, vu l'importance de ce point de repère,
Aiiis le triangle inguino-crural on sent roider soas les tégiunents des ganglions;
dont le volume est variable selon les individus, mais qui sont toujours assez peu
développés dans l'état normal.
Si la aiisse est placée dans la position que nous avons indiquée, on voit les
Miefs du couturier et du premier adducteur qui soulèvent les téguments et des-
tinent le triangle. Si ce relief n'est pas apparent, il est toujours aisé de le recon-
î»ilrp, par le palper, à travers les téguments.
A b base du triangle on sent battre l'artère fémorale. II est facile de l'explorer
ibns une assez grande étendue, quand le membre est couché sur sa face externe.
Knfin, il est possible, chez les sujcLs peu pourvus d'embonpoint, de sentir profon-
dmieot les mouvements de la tête du fémur. Il faut pour cela plonger les doigts
m dedans de l'artère.
SnrCTlJRB ET SUPERPOSITION DES PLAHS. A. RÉGIOB INGUIMO-ABDOIIINUF.
t/s différentes couches qui constituent cette région nous offrent à considérer :
a. De la peau à V aponévrose : 1° la |)eau ; — 2"* les couches sous^cutanées ;
— GMine lamelle celluio-fibreuse.
b. De V aponévrose au péritoine : A^ l'aponévrose; — 5® les bords inférieurs
éf% muscles petit oblique et transverse de l'abdomen ; le trajet ou canal inguinal
ti ks parties qu'il contient; — 6"* le fascia transversalis ; — 7^ le tissu cellulaire
'v)ns-péritonéal; — 8" le péritoine; — 9" entre ces différentes coudiesou dans
Viir épaisseur, des vaisseaux et des nerfs.
i^Lapeau^ fine et délicate, recouverte de poils, est Lâchement appliquée .siu*
1^ parties soiis-jacentes, sur lesquelles il («t facile de la faire glisser; elle adiière
«rpendant an niveau du pli de l'aine aux couches fibreuses sous-jaoentes. Cette
*Ah('rence explique comment, chez les sujets gras ou infiltrés, le pli inguinal est
330 AINE (ahatovie).
débordé et recouvert par un bourrelet plus ou moins Toltuntncux, sans jamais être
complètement effacé cependant.
2"* Les couches sous-ciUanées sont au nombre de deux, comme à l'abdomen et
dans la plupart des régions du corps, mais elles sont particulièrement distinctes
dans la région qui nous occupe. La première, cellulo-graissettse, est plus on moins
épaisse, selon Tembonpoint des sujets; elle se continue avec le tissu cellulaire de<
régions voisines. La seconde, franchement lamelleuse^ bit également suite à celle
des régions voisines, mais se fixe, en se réfléchissant en quelque sorte, au ligament
de Fallope. Cette solide adhérence, bien démontrée par M. lîanec, ne fait que con-
tinuer, en l'accentuant davantage encore, Taocolement des couches cutanées et
sous-cuUinées de la région avec la ligne fibreuse inguinale ou ligament de Fallope.
Cette adhérence rend aisément compte de la marche de certaines collections puru-
lentes ou urineuses. C'est à cette couche qu'il convient de rattacher le faisceau di*
fibres décrit par Thompson sous le nom de Fascia femorali-abdominalis, et par
M. Velpeau sous le nom de ventrier. Ce faisceau de fibres n'existe que chez quel-
ques sujets bien muselés. D'apparence jaunâtre, quelque i>eu élasticpies, les Î\U\<
qui le composent partent de la ligne blanche un peu au-dessus des pnbi>, ^*
|)ortent obliquement en bas et eu dehors, recouvrent en partie l'orifice interne Au
canal inguinal et se terminent sur l'apnévrose fémorale, au niveau de l'inserlioiï
du droit interne. Ce faisceau n'a d'ailleurs aucune importance au point de x\w
chirurgical.
T}^ La lamelle cellulo- fibreuse^ que nous rencontrons encore avant d'arrivei a
l'aponévrose, double la couche précédente. Elle accompagne le cordon spermatiqih'
et voile l'orifice du canal inguinal; M. Richet propose avec raison de la consideriM
comme la continuation de Yaponêvrose d'enveloppe du muscle grand oblique.
V L aponévrose mérite de fixer notre attention. Elle appartient au gramt
oblique auquel elle sert d'aponévrose d'insertion; elle vient aussi s'insérer H
presque se confondre avec la ligne fibreuse inguinale; elle forme de plus ta parai
antérieure du canal inguinal, et dans un inter\'alle de l'écartement de ses filre^
est ménagée l'ouverture de ce canal vers l'extérieur.
Parfaitement convaincu que la ligne fibreuse inguinale, ou ligament de Falloir,
ne doit pas être confondue, dans la description, avec l'aponévrose du grand oUiqui",
mais reliant sa description à celle de cette couche fibreuse, nous allons tout d'alinnl
étudier ce ligament, véritable squelette fibreux jeté sur la grande échancrun^ ifiaqui*.
auquel viennent aboutir tous les plans fibreux de la région de l'aine et sur leqnol
les couches cutanées et sous-cutanées prennent elles-mêmes des insertions.
Ligament de Fallope (ligament de Poupart, arcade crurale, ligne fibretise ingui-
nale, etc.). L'on peut distinguer au ligament de Fallope des insertions pnm>
pales, au nombre de deux, une insertion réfléchie et des insertions secondaires.
Les premières se font à l'épine iliaque antérieure et supiVieure en haut et i»ii
dehors, et k l'épine du pubis en bas et en dedans. De ces deux points d'iusorlimi
partent des fibres parallèles embrassant largement les saillies osseuses où ell<*<
s'implantent et formant un cordon volumineux, résistant , exactement parallèle nw
pli de l'aine, facile à sentir à travers les téguments, et constituant pour le dia-
gnostic des hernies un très-précieux point de repère.
L'insertion réfléchie sera décrite plus tard sous le nom de ligament de dm-
bernât; c'est en effet i propos du canal crural «|ue nous devrons l'étudier.
Les insertions secondaires se font sur des surfaces aponévrotiques et non sur
des saillies osseuses. Il est facile de comprendre combien il serait aisé de les mul*
AINE (akatoiiib). 231
tipKer, si Toii se rappelle que tons les feuillets aponévrotiques de la région con-
vergent vers le ligament de Fallopc. Parmi ces connexions, deux seulement nous
remuent devoir être considérées comme des insertions propres au ligament de
Fallope : l'une se fait sur l'aponévrose iliaque, l'autre sur l'enveloppe fibreuse du
muselé pectine. Cette dernière, peu importante, consiste seulement en une sorte
i]V|niiouissement de l'extrémité interne du ligament de Fallope, qui vient jeter sur
l'aponévrose pectinéale un certain nombre de fibres. L'insertion iliaque doit sur-
tout attirer l'attention. A pn^rement dire, le ligament de Fallope, dans tout son
liers externe, est entièrement fusionné avec l'aponévrose iliaque ; il ne s'en isole
(pie lorsque celle-ci, suivant le contour du psoas-iliaque, se réfléchit pour aller
gagner la surface iléo-peclinéale et le détroit supérieur. C'est en se basant sur cette
tii^position que Ion a pu dire que le ligament de Fallope s'insérait a la surface
ilik>-pectinéâle par l'intermédiaire de l'aponévrose iliaque. Il est beaucoup plu<;
eiact de montrer la fusion de ces deux aponévroses, et leur divergence, lorsque
l'aponévrose iliaque se recourbe pour aller gagner l'éminencciléo-pectinéale, tandis
i{ue le ligament de Fallope, suivant sa route, gagne directement l'épine du pubis.
Ile là cet angle assez aigu qui limite en dehors l'aimeau crural, de là la formation
Je cet espace ostéo-Gbreux, en partie limité par le ligament de Fallope et dans
lequel nous aurons bientôt à montrer l'anneau crural.
1^ direction du ligament de Fallope est sensiblement modifiée par cette inser-
tion. .Vu lieu d'offrir, comme sur le squelette, une ligne directement tendue de
l'i'pine iliaque à l'épine du pubis, le ligament de Fallope, fortement bridé par son
iHlhérenco à l'aponévrose iliaque, offre une légère concavité antérieure. Ses con.
flexions avec les aponévroses de la cuisse et de l'abdomen nous expliquent d'ail-
It^urs comment ce ligament, malgré les insertions inunobiles de ses deux extré.
mités, peut être tendu ou relâché, selon que la cuisse est dans Li flexion ou dans
rcitensioii. Pour le bien explorer, il faut placer le membre dans la position même
(|ue nous avons indiquée pour l'étude de la région.
On dislingue, au ligament de Fallope, une face supcnieure, une face inférieure
d deux bords, l'un antérieur, l'antre postérieur.
La face supérieure répond au canal inguinal dans une [lai'tie de son étendue ;
file est concave seulement dans cette portion. La face inférieure répond à l'anneau
nural dans une étendue que nous aurons soin de déterminer, mais il est déjà aisé
de comprendre que ce ligament forme en quelque sorte cloison mitoyenne à ces
lieux importants canaux. Cette face reçoit l'insertion des feuillets aponévrotiques
ilépendant de l'enveloppe aponévrotique de la partie antérieure de la cuisse.
lie bord antérieur reçoit l'insertion de l'aponévrose du grand oblique de Tabdo-
uit'H, tandis que le fascia transversalis vient se fusionner avec le bord postérieur.
Aponévrose d* insertion du graiid oblique. Cette aponévrose nacrée, resplen-
dissante comme un tendon, est épaisse et résist.tnte. Elle est, à juste raison, con-
sidérée comme l'aponévrose d'insertion du muscle gnuid oblique. Ses fibres font
Hiiite i\ celles du muscle, se dirigent obliquement comme elles de haut en bas et
lit* dehors en dedans, pour venir se jeter en grande partie sur le bord antérieur
ilu ligament de Fallope avec lequel elles s'unissent intimement. D'autres s'entre-
croisent au niveau de la ligne blanche et de la symphyse des pubis avec celles du
<^ié c^iposé.
La fusion intime des fibres qui s'insèrent sur le ligament de Fallope et de
(-e ligament l'avait fait considérer, par plusieurs anatomistes, comme un tendon
n'^Oéchi dont l'épanouissement était retrouvé sous le péritoine et y donnait nais-
i -Tl
iLJC • iSâTOVIE).
i» joBHiiéntions plus liaQt exposées toni assez
« x%ec les anâtomistes moderoes les plus auto-
L^ igament de Fallope ne peut pas être plutôt
qu'à tout autre des feuillets fibreux dont
•î««'r
iittiiie est fanoée d*un grand nombre de rubans fibreux
me bme plus ou moins homogène. Souvent des
phisieurs d'entre eux ; mais ce n'est qu'au-dessus
que deux de ses rubans ou faisceaux ciroon-
un espace qui, par ses dimensions et son impor-
ittealion. C'est l'orifice externe du canal inguinal, ou
L anfoel nous consacrerons, un peu plus loin, unedescrip-
•-. . ^ uacf5m lUHreiix qui le circonscrivent portent le nom de pîlieis
entier supérieur et en pilier inférieur.
..jr'^^twr. br^, aplati, passe au-dessus de l'épine du pubis, descend
ie b symphyse, où il s'entre-croise avec celui du coté oppcv^.
•»^r f '^trtr. mÊO^ large, est continu avec le ligament de Fallope. Les
.■m -a ortie à l'épine du pubis et passent en partie au-devant d'elle
..M. .• r ta« < 'ittre-iMroiser sur la symphyse avec celles du côté opposé.
iiMK«n«« 'ht «nd oblique est renforcée par des fibres obliques, m sens
,. .>c >«-4-^iif« de dedans en dehors. Ces fibres, désignées par H. Velpeao sous
• <Mai .«• ibf« inÊturersales ou de second ordre, sont beaucoup moins nom-
(ue rike» qui ibnt directement suite aux fibres musculaires. Elles sont peu
reaîuil et la femme, beaucoup plus apparentes chez l'adulte, et tou-
a nveau de l'écartement des piliers. Ces fibres proviennent de l'apo-
i^ %m# m «rùle efposé, s'entre-croisent vers la ligne blanche et sont évidenuuent
K^^iM««$ à r»fcmr l'aponévrose du grand oblique, dont elles oroisent pour ainsi
iiif a trune.
J' Us itris inférieurs des muscles petit obliqm et transverse se voient
iQttik^iùfteflieut aunkssous de l'aponévrose du grand oblique. Les fibres musculaires
iia «mrtieunent au petit oblique et au transverse adhèrent directement au li^n*
ii«>«t «le Fallope dans sa moitié externe ; dans sa moitié interne, elles n'y sont que
^m^ftialefnent rattachées, ainsi que celles du transverse, par un feuillet ceUuleiix
î*4ifeN «lu moins prononcé, qui va se perdre sur la face concave de ce ligament.
|it-4eâ^ous lies bonis inférieurs de ces muscles existe un espace rempli par du
;.v4i ivihilaire et le conlou spermatique chez l'homme, par du tissu cellulairo et
k* kejrament rond chez la femme. C'est le trajet ou canal inguinal. Les fibres du
l^Hit oUique« qui descendent un peu plus bas que celles du transverse, recouvrent
uiwi|iiefe«$ le cordon qui repose inférieurement sur la face supérieure ou concave
Jm IkMiM^^ ^^ Fallope.
tî» fiiA^M trmmverstdts. Lorsque l'on a refoulé en haut les lx)rds musculaires
ouk' mut» venons do décrire, coupé et renversé le cordon spermatique, et détruit le
u^stt it^Hulaiw* on met à nu une ooudie fibreuse, décrite depuis par A. Cooper sons
le mw t^ /h«i* tmnsversalis. Après A. Cooper, c'est à Hesselbach, qui écrivait
ileMv awnV* l*t^ *w^ (1806), et à M. Jules Qoqiiet (1817) que nous devons ks
wkVv< t*t l*"^ |Jtt* rfl^bres descriptions de c^t important fasrJa, dont la déroii-
ï!^^ ^ tant itt*»é sur Ihistoire de la hernie inguinale.
Iji iW«^'*' **« ^^"^ tninsversalis varie selon les sujete ; mais sans l'existence de
vlt^liiMi' Sbnwi!', 1«^ intestins, pendant l'attitude verticale, tendraient ton-
AliNE (anatosib). 233
jours à passer âu-detsoas du bord inférieur du muscle Imnsverse. Cette remarque
d'A. Gooper £iit bien comprendre le rôle de ce fascia, qui double le péritoine,
descend entre celte membrane et le muscle transverse, mais plus bas que lui, car
Q Tient se fixer au bord postérieur du ligament de Fallope, comme Taponévrose
do grand oblique vient se fixer à son bord antérieur.
L'étendue du iasciatransversalisest très-oonsidéraUe, puisque chez beaucoup de
sujets Ton peut retrouver, jus(|u'au diaphragme en liaut» les Iraces de cette dou-
Unre fibreuse du péritoine, et latéralement jusqu'à la crête iliaque. Mais la partie
comprise dans la région que nous décrivons mérite seule une description particulière ;
r*est malbaireusemenl à son sujet qu'ont varié les interprétations des auteurs.
Le fiucta transversalis n'est réellement fibreux que dans cette partie de son éten*
due; plus haut, ses fibres, bientôt dissociées, ne peuvent être, à une certaine liau*
tnir, séfMirées du péritoine qu'avec beaucoup de peine.
Dans la moitié externe de la région inguino-abdominale, ses fibres, nombreuses
<i serrées, s'attachent sur l'aponévrose iliaque, le ligament de Fallope, qui y est
uoi, etse confondent avec ces parties fibreuses. Dans la moitié interne, ces fibres
reiKonlrenl encore le ligament de Fallope et s'unissent à son bord interne de tello
^e qu*nne gouttière dont la face supérieure de ce ligament forme le fond, l'apo-
Révrasedu grand oblique la paroi antérieure, et lelascia transversalis la paroi pos-
imenrc,Gst dès lors constituée. A. Cooper, Thompson et d'autres anatomistes ont
irétendu que le fasda, seulement accolé au ligament de Fallope, descendait à
tnvers l'ouverture crurale pour embrasser les vaisseaux fémoraux sur lesquels il
pnnidrail attache. Cette disposition peut en effet être reproduite par la dissection,
mais elle est artificielle, et je partage entièrement Tavis des anatomistes qui font ter<
oiioer sar le ligament de Fallope le bord inférieur du fascia transversalis. Son bord
toiproese confond aveclefiiscia du côté opposé. L'on a discuté sur le plus ou moins
d'épaisseur du fascia transversalis dans la moitié interne que nous venons de décrire,
''urtoot dans cette partie qui répond profondément à l'écartement des piliers do
r4ponévroae du grand oblique, c*est-à-dire à Tanneau inguinal sous-cutané. Astley
i/»per et Hesselbaeh ont écrit que cette moitié interne est la plus faible, H. J. Clo-
quet et H. Roustan {De ta hernie interstitielle. Thèse inaug., Paris, 1845, p. 12)
JTiniient au contraire qu elle est la plus épaisse et la plus forte. Nous croyons
l^iis volontiers à l'exactitude de la description de ces derniers auteurs, mais il faut
Wn reconnaître avec M. Malgaigne (Anat. cfttrur., 2*> édit., t. Il, p. 258) que les
vsriétés indiriduelles jouent un grand rôle dans la constitution de cette partie
iltHerminée du fascia ou du fascia tout entier. C'est ce que l'on peut dire en parti-
nilier du renforcement fourni par Texpansion du tendon du grand droit de l'abdo-
nv>n, sur la description de laquelle ont insisté MM. J. Cloquet et Roustan. Dans celte
n^^noo, comme dans tout le corps, les tissus fibreux tendent à se fusionner et :\
motuelleoient se renforcer dans les limites de leur développement particulier.
U face antérieure du fascia transversalis, libre au-dessous des bords des petit
iMiqiie et transverse, libre encore au-dessous des fibres de ces muscles, dans une
«^Ytaiw étendue, se fusionne bientôt avec l'aponévrose du muscle transverse en
v^rta de cette même affinité que nous venons de signaler.
L'étude du tissu cellulaire sous^périlonéal nous amènera à parier de la face
pQitérieiire; nous n'avons plus & indiquer que deux points pour compléter notre
description.
liP fascia transversalis est obliquement traversé par le cordon spermatique, à peu
prv& à égale distance de l'épine iliaque et de l'épine du pubis. Traversé, sans être
S34 AINE (amatovib).
perforé, il ^e replie nir le cordon, l'enveloppe et l'acoompgne dans le canal ingninaj;
mais ainsi se trouve néanmoins constituée une ouverture que nous éUidieroRs tous
le nom A*oiifice interne au sous-péritonéal du canal inguinal.
Enfin, comme toutes les membranes fibreuses, le fascia transvenalis prvsenti"
plusieurs oniresde fibres. Presque toutes sont transversales, mais sous la dénomi-
nation de verticales M. J. Richet {Anat. rfttr., S*" édit., p. 6S4) a décrit des fibrr-N
parallèles au muscle droit qui viennent se continuer avec la portion gimbematiqii^
de Tarcade crurale, qu'elles contribuent à renforcer. Le iascia tramrersalis te
fusionne en eflbt avec l'inseition réfléchie du ligament de Fallope, sur la faro
postérieure de laquelle il envoie un certain nombre de fibres; mais les fibres \eiiH
cales nous paraissent être celles que d'autres auteurs ont décrites oommei'expan-
sion du tendon du grand droit.
7"* Tissu cellulaire saus-péritùm'al. Au niveau de la région inguino-^bdomiiiaU ,
le tissu cellulaire qui double le péritoine devient plus abondant et peut même étrf
divisé en deux couebes distinctes comme le tissu cellulaire sous-cutané. L'une, eu
rapport direct avec la séreuse et qui se laisse facilement envahir par la graisse :
l'autre, souple, extensible, lamelleuse et qui résiste davantage à cet eoTaliissemeni.
C'est ce feuillet, bien disséqué par M. Gloquet, et considéré par lui comme nn d<'**
doublement du fascia trausversalis, que H. Richet a cru devoir appeler iascia tniiis-
versalis celluleux. A l'exemple de MH.Volpeau et Halgaigne, nous lui coDserveruu»
le nom do fascia fropria.
A l'inverse du iascia sonç^-riilané, il n'adhère pas au ligament de Fallope, il t^i
partout facilement décollé, excepté au niveau de l'orifice péritonéal du canal
inguinal. Ce fascia, peu imprtant dans la région qui noit<« occupe, joue au t-wi-
traire un r6le important dans l'histoii^e <le la hernie cnirale. Il passe au-deiaiil
de l'anneau crural en bas et s'étend en dedans derrière la face postériaire du piiUi
et le muscle droit qu'il tapisse, en dehors dans la région iliaque.
i^ Le péritoine. I^e péritoine, soulevé par l'ouraque, le Hument de la ximh*-
ombilicale et les vaisseaux épigastriques, présente dans cette région trois IbsselU*^
décrites par tous les auteurs à propos du canal inguinal.
9^ Vaisseaux et nerfs. liCs artères attireront surtout notre atlenlion; «c
sont : l'artère tégtimenteuse abdominale, les artèi*es spennatique, funiculaire a
déférentielle, qui appartiennent au cordon spermatique ; l'artère épigastrique,
l'artère circonflexe iliaque.
. Vartètr tégumenteuse abdominale rampe dans la couche'sous-cutanée et y éfMKe
ses rameaux. Née de l'artère cnirale, elle se réfléchit immédiatement en haut,
croise rarc«ide crurale â angle aigu, et remonte obliquement en liant et en dehoiN
Cetti» artère est peu importante.
Les artères du cordon se rencontrent, comme le cordon lui-même, entre l'ajo-
névrose du grand oblique et le feuillet fibreux décrit sous le nom de faada tran^-
versalis. Elles sont peu volumineuses, parallèles à Tarcado de Fallope, et oe seront
décrites qu'avec le cordon spennatique.
L'artère épigastrique est située au-dessous du fascia trausversalis et se reii-
contre, dans la région ingiiino-alNlomiimle, entre ce fascia et le iascia propria. CaAIv
artère naît de l'iliaque externe, gagne immédiatement le tissu cellulaire «^mi^-
péritonéal en croisant obliquement le ligament de Fallope. Elle emprunte à :ie<
rapports avec l'orifice sous-périlonéal du canal inguinal une importance ooiisidi^
rable. Nous donnerons, en étudiant le canal inguinal, la description de ceileart^
^ de ses anomalies.
jflirsapiflBriiHbÉBilr
i'L Coôjxr tt lin (T>t
(iesûmdântreaUeQiei-
il TJâK se lisir as bo'
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huprcediiis i.i
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AINE (amatomie). Î55
(J1I6 est également, à son origine, en arrière dn fascta
cie externe, elle remonte oUiquament en dehors, per-
salis, et, courant parallèlement au ligament de Fallope,
i son contour en distribuant, chemin faisant et lors de
i-anches musculaires.
lères et n'offrent rien d'important à conaidérer.
ipaux appartiennent à la couche cutanée, et vont aboutir
à l'arcade crurale : ce sont les lymphatiques superficiels,
"ofondsvont aboutir aux ganglions iliaques. D'autres lym-
•artienneat au cordon.
''nt dans la couche sou&-cutanée ou accompagnent le cor^
<>s-gréles, dépendent du plexus lombaire; la plus impor«
iirale, sort avec le cordon par l'orifice inguinal cutané.
* canal inguinal est destiné à permettre au cordon sperma-
m ligament rond chez la femme de se porter de la cavité de
atum ou dans la grande lèvre, en cheminant obliquement
.rois alxlominales.
ûk transversalis et l'aponévrose du grand oblique qu'est mé-
dx dépens de ces feuillets fibreux que sont constitués ses ori-
lidel. La région inguino-abdominaie emprimte h la présence
grand intérêt. Nous ferons très-utilement servir à son étude
t>uches que nous venons de décrire. Nous prendrons pour type
le canal inguinal chez l'homme; nous la compléterons ensuite
femme.
l, situé au-dessus du ligament de Fallope, qui lui fournit sa
oblique de haut en basset de dehors en dedans. Nous décrirons
<vant l'usage, les orifices et le canal qui leur est intermédiaire.
al externe, encore désigné sous le nom de superficiel^ AHnfé-
s appellerons sotis-cutanéy est situé au-dessus et en dehors de
immédiatement au-dessus du ligament de Fallope. Il est facile,
introduire le doigt, si l'on a préalablement refoulé avec son extré-
«rotum et reconnu l'épine du pubis. Dans l'état normal il est
illet fibreux mince qui s'insère à son pourtour et se mntinue sur
•tique, dont il constitue l'une des enveloppes. Le cordon auquel il
le remplit qu'incomplètement.
18 de cet orifice varient selon les sujets, il est facile de l'expliquer
rend compte de sa structure. 11 est circonscrit par les bandelettes
que nous avons décrites sons le nom de piliers supérieur et infé-
fitre elles par des fibres qui crmsent leur direction et que l'on
moins grand nombre, selon les sujets, à la partie supérieure ou
meau. Ces fibres, décrites sous différents noms, mais que nous appel-
. Velpeau fibres en sautoir, brident l'anneau à sa partie externe, le
f ulièrement, et modèrent plus ou moins l'écartement des fibres pa-
, ^ < 43r ^Xit constituer les piliers.
^^jr'w^r.*^ ' ii décrit, sous le nom de ligament de Colles, un système de fibres qui
'ur»..'Xf^^ pour usage de renforcer l'anneau inguinal à son extrémité interne
i//m/eBif^k^}I^Tmu\eT ses limites de ce vàlé. Hais le ligament de Colles est situé
^■pt/i/mlà''* *» piliers, et appartient en réalité à la paroi postérieure du canal ingoi-
/4/Af/ji/>W^pie les fibres en sautoir appartiennent à sa paroi antérieure. Pour les
* *-%
'. f »■ .-£'
'A
i56 AINE (anatovib).
bien Toir il suffit de couper le cordon, de le relever et d'enlever le ti^mi odlidairp
soufrjacent. On voit alors un faisceau triangulaire qui remonte obliquement de h
face postérieiut; du pilier inférieur à la face postérieure du pilier supérieur. La base
du triangle qui regarde en haut et en dehors n'est d'ailleurs pas liîire et ne peut
être qu'artificiellement séparée de la paroi postérieure du canal inguinal, avec lequel
elle se coniond. Que ces fibres viennent de la ligne blanche ou de l'aponévrose du
grand oblique opposée, toujours est-il que le rôle qu'on leur a bit jouer dans l'é-
tranglement de la hernie est illusoire. Ce sont des fibres de renforcement.
Ainsi constitué, l'anneau inguinal sou&«utané est elliptique, sa grosse extrémité
est en haut, et son plus grand diamètre oblique de haut en bas et de dehors en
dedans. Ce plus grand diamètre est estimé à 25 millimètres, à 25 à 30 millimè-
tres, enfin, à 15 à 20 millimètres, selon les différents auteurs. Noos pensons xw
M. Malgaigne que l'anneau réel ne commence guère qu'à l'épine pubienne; il Tant
donc défalquer ce que mesure encore l'écartement des piliers en dedans de cette
épine, car a ce niveau l'orifice inguinal est exactement limité par le ligament de
Colles et le pubis. Hais il faut reconnaître qu'en dehors les limites sont bien peti
précises, et il suffit do rappeler, pour le comprendre, combien est variable laforre
c^t la position des fibres en sautoir. M. J. Cloquet a vu chez plusieurs sujets <ïs
piliers ne se réunir qu'à 5 ou même Ti centimètres do l'épine iliaque. Noos recon-
naissons avec M. Malgaigne <|ue la paroi antérieure du canal est alors siirtont en
cause, mais il n'en ressort pas moins que les limites externes de l'anneau sont sou-
vent mal définies ou n'existent mémo pas. Cela est important h savoir pour le chi-
rurgien, qui a besoin de se rendre compte de la marche d'une hernie inguinale, île
l'action du bandage, ou qui, pendant une opération , voudrait reconnaître un anno^iu
et une paroi depuis longtemps détruits.
Sur le vivant, dans l'état normal, les dimensions do cet anneau ne sont pas inv.i-
riables. M. Malgaigne a consigné à ce sujet, dans son livre, de curieuses rerlierrh<s
(AnaL chirurg.^ t. II, p. 264). Sans les rappeler en détoil, vu leur faible ntiliii'
pratique, nous dirons qu'il en ressort :
1° Que la contraction des muscles abdominaux resserre Tannenu ;
2^ Que la position de la cuisse fait varier sa capacité.
IjC relâchement des muscles abdominaux et la bonne position du membre inlé>
rieur sont donc nécessaires pour obtenir son élargissement, qui est aussi comple<
que possible, quand les cuisses sont écartées et fortement fléchies, tandis que l>
malade est couché. M. Malgaigne fait cependant remarquer que dans la position à
cronpion, si les cuisses sont fléchies et écartées, l'anneau s'élargit encore, et qm
c'est dans cette position qu'il convient de placer les malades pour expérimenter l<
degré de contention fourni par les bandages.
V&rifice inguinal interne, aussi nommé anneau abdominal, interne^ tuff-
rieur, et que nous appellerons sma^péritonéal, est constitué aux dépens du fa«ci.i
transversalis.
Il est situé sur le milieu d une ligne menée de l'épine iliaque a l'épine du
pubis et à deux travers de doigt environ du ligament de Fallope. lîorsque la parai
abdominale incisée est renversée, on le découvre dès que l'on a décollé le péritoine
et enlevé le tissu cellulaire sous-péritonénl.
Cet orifice, très-simple dans sa structure, se présente sous la iorme d'une lai^e
vahide accolée h la paroi abdominale, contre laqtielle elle reste appliquée lorsque li»
péritoine n'est pas décollé et lorsque la paroi est dans sa position normale. Il est fcrile
de l'écarter ^ travers le péritoine, qui se laisse déprimer en fossette ) son niveau, et,
ÂINE (AMAToais). 337
lorsque la dissection est opérée, de pénétrer dans un iufundibulum peu profond,
qui ic tennine sur le cordon spermatique.
L'bord libre de cet te valvule fibreuse est concave et trancbant, le lascia traits-
MiTsùii semble uiauil'estenient épaissi à sou niveau. 11 est eu effet admis que cet
orifice se tnmve constitué, lorsque le testicule» dans sa migration de Tabdomen au
(lehoK, refoule devant lui le fascia transversalis, le reploie sur lui-même, et lors-
que la voie, d'abord ouverte entre la cavité abdominale et le scrotum, est
â-nuée par loblitération du conduit péritonéal et par Taccolement, à la surface du
cm-doti quil enveloppe dans toute son étendue, de la lame fibreuse entraînée et
refoulée dans la migration du testicule.
Aiusi constitué, Tanneau inguinal sous-péritonéal, très-incomplétement rempli par
les élcments encore épars du cordon, fermé seulement par raooolement à la paroi
abdoiuiiiale de son bord libre, maintenu parle péritoine et le tissu cellulaire sous-
))éril4)uéal, devient très-aisément dislensible, et peut, lorsqu'il est disséqué, olTrii'
ib dimensions relativement considérables, que Ton n'a même pas essayé d*a(^ré*
cHt par la mensuration. Ce serait d'ailleui's en prendre une lausse idée que de ne
|Qs le considérer comme une simple fente verticale, recouverte et défendue pai' Je
liéritoiue, qui le protège par sa résistance propi'e et par la surface glissante qu'il
oflrc aux viscèi'es qui tendent à s'y engager. Il faut néanmoins ne pas perdre de vue,
)Ous le rapport pathologique, sa facile distension.
Le camd compris entre ces deux orifices est limité par quatre parois : Vasilé-
Heure est formée par l'aponévrose du grand oblique et ses fibi^ de renforcement si
variables; la postérieure^ par le fascia transversalis doublé du tissu cellulaire sous-
péritonéal, du péritoine, et soutenue par la pression des viscères abdominaux; Vin-
{àienre^ la plus résistante, par le ligament de Fallope ; la supériem*e est artificiel-
leoient représentée par les bords des muscles petit oblique et transverse.
Le trajet oblique descendant du canal est bien indiqué par la différence de
niveau des orifices sous-péritonéal et sous-cutané. Son étendue varie selon l'âge, le
scie, la taille, et nécessairement aussi selon que les limites supérieures de l'anneim
»ous-culané sont plus ou moins éloignées de l'épine des pubis. Nous indiquons seu-
lement les mensurations fournies ^jar M. Uicliet; elles représentent la moyenne des
liMiltats obtenus par l'examen de vingt sujets adultes, et donnent au caiml de 30 a
35 luillimètres de longueur.
Ix calibre du canal serait plus considérable à droite qu'à gauche. Ce fait, indi*-
<)uéparH.Jobert,a été attribue avec raison ptir U. J. Cloiiuet au volume plus cousi-
denble du cordon du côté droit : c'est ce que cet auteur a pu démontrer en pesant
ruo^iarativenient le cordon spermatique droit et gauche chez un jeune supplicie.
Le contenu, du canal inguinal ne sera pas ici l'objet d'une description complète
ifoy. Spermatique, Cordon)^ mais nous devons indiquer les éléments qui com-
(H)seat le cordon spermatique.
thi y trouve le canal déférent, trois artères, des veines, des lymphatiques, des
nerfe, et enfin des enveloppes.
Dissociés dans l'abdomen, les éléments du cordon se réunissent en un seul fais-
ceau dans le canal inguinal.
Le canal déférent, avec l'artère déférentielle et lu veine du même nom, est situé
eu arrière et en dedans* Il se distingue siisément des autres éléments |iar sa dureté.
Il est séparé |iar mi certain intervalle de l'artère et delà veine spennatiques situées
cit avant de lui. La veine speimatique enveloppe, dans ses ramifications, l'artère du
même nom . L'artère crémastérique est la plus superficiellement placée.
'i5K AINR (ARATOMie).
Le nerf géniU>-crural est aussi superficiel ; le plexus sperniatique aooomingiie
Tarière du même nom, le canal déférent et Tarière déférentielle.
Les lymphatiques vont se jeter dans les ganglions lombaires.
Dans le canal inguinal, le cordon ne présente d'autre enveloppe que celle que lui
ibuniissent le fascia transversalis et le crémaster. L enveloppe fihro-oellulense fait
stiitc à Tentonnoir fibro^elluleux que nous avons décrit à propos de ToriGce in-
terne, et qui Tacoompagne jusqu à sa teimînaison. L'enveloppe musculaire, dont
on trouvera l'intéressante histoire au mot CtéMASTER, présente, dans la région
inguinale, deux faisceaux principaux considérés comme ses origines.
Rapports du canal inguinal. Le canal inguinal, recouvert en avant par U peau
cl les couches sous-cutanées, n'est séparé en bas de Taimeaa crural que par Tépais-
seur du ligament de Fallope. Nous aurons occasion d'y insister. Les eonneiioii!;
de kl paroi postérieure méritent, par leur importance, de fixer noire attentioa.
Dans la couche oelluleuse sous-péritonéale nous rencontrons, en procédant de
dehors en dedans, et séparés par des espaces à peu près égaux, l'artère et les veiiies
épigaslriques. Tarière ombilicale, représentée chez Tadulte par un cordon plein, el
enfin sur la ligne médiane un cordon fibreux, vestige de Touraque. Si Ton examine
la paroi abdominale par sa face périlonéale, on voit que le péritoine, soidevé [nr
la saillie de ses trois cordons, forme trois fossettes décrites sous le nom de fosseitc>
inguinale externe, inguinale interne et vésioo*pubicnne.
\à\ fossette inguinale externe est délerminée par le relief des vaissciux opig:istri-
ques, rendue plus sensible par Tadhérence du fascia sous-péritonéal à Torifice iiunii*
liai externe. Cette fossette répond à Tonverturc aMoniinalc du canal inguinal.
La fossette moyenne dite inguinale interne est limitée en dehore par les vaîsseau\
épigaslriques, en dedans par Tarière ombilicnle. Elle répond à la paroi postérieure
du canal, c'est-àKlii'c au canal hii-méme. Elle est souvent peu prononcée, et «anc
dans son élendue pal* suite de la proximité plus ou moins grande des cordons qui
la limitent.
La fossette vésico-pubienne, comprise cMilre Tarière ombilicale el Toumqnc,
répond, à travers la )Kiroi postérieure du canal, ik son orifice sous-cutané. KIleol
cependant située un |ieu en dedans de lui; le doigl, porté un fien oliliquemeiil (K'
dedans en dehors, soulève le fascia transversalis et le fait saillir à travers Torifiit
M)us-cutané. Les varialiaiis de |K)siliou du ligament ombilical, le |x;u do saillit* (l«*^
vaisseaux é|jigustriques, modifient souvent Tasiiect de celle région. Quoi qu'il en
M)it ce|)endant, on a pris en pathologie Thabitude de se servir de ces poinU de
repère« et Ton admet trois esiièces de lierities inguinales coifespondantes : hcniie
oblique exlerne répondant à la fossette externe ; lieniie oblique inlenie ivpoiidaul
h la ibsselle vésioo-pubienne ; hernie moyenne, à lu fossette moyenne uu ingtnn»K
interne.
1^ hernie oblique externe est de beaucoup lu plus nmnnune, et Ton conqireiid «)<
quel intérêt doivent éln; les rappris qu'elle afTecleuM»cTarlèi-c cl les veines ép?*»*-
triques. C'est eu elTet un |ioinl «"apitid dans Thistoirc des hernies inguinales.
XJartèrc épUjasUique nnil du côté interne do Tiliaque exfenie ; elle ofliv à (n'U
près le volume de la temporale. Elle se dcUche de Tiliaque, un peu au«<lessu!i «hi
ligament de Fallope, i\ 5 ou 6 milKmètres, (jnelquefois plus hunt encore, |dti^
rarement au-dessous du ligament de Fallope. Elle se dirige d'abord transvcTsai^-
ment en dedans, rencontre bientdl le «mal déférent, qui va rejoindre Torifice soin*
périlonéal du canal inguinal ) elle {Kisse au-dessous de lui, et, se recourbant prc9(|uc
aussitôt, va se placer au côté interne de Torifice du ouial inguinal, tandis que \c
AINE (anatomie). 959
canal défiéreul et d'autres éléments du cordon y pénëlreiit ou eu sortent. Dès lors
le trajet de l'épigastrique devient ascendant. Accolée à lu paroi abdominale, ram-
paut d'abord dans le tissu oellulair3 sous-périlonéal, elle gagne le bord externe du
muscle dnnt, pénètre dans sa gaine, et fournit des rameaux musculaires et cutanés
((lie nous n*aTon$ pas à décrire. Dans son ti'ajel ascendant, elle se dirige donc obli-
quement en haut et en dedans. On a évalué à 45 degrés Tanglc qu elle fait avec
riiorizou. La courbe qu elle décrit, lorsquelle devient oblique ascendante de trans-
versale qu'elle était à son origine, est à concavité su[jérieure; elle est enihrMséc
[or la courbe à concavité inférieure du canal déférent. Placée au etté interne de
Faïuicau, elle n*est cependant pas exactement en contact avec son bord. Néanmoins
b luensurations données par les auteurs sont trop contradictoires pour que Ion
uc iloive pas, en pratique, la oonsidérer comme immédiatement superposée au
boni interne de Tanneau.
Au niveau de son anse, l'artère épigastrique l'ournit trois l'ameaux assez grêles :
ijuexleroe, qui pénètre immédiatement dans le canal inguinal, c est le rauican
fuuiculaîre; oii interne, qui longe l'arcade fémorale et vient s'anastomoser derrière
le jittliîs avec celui du côté opposé; un descendant, (|ui coupe perpendiculairoment
l'aiicNle du pubis et va s'anastomoser avec l'obturatrice.
L'artère épigastrique nait assez souvent d'un tronc commun avec Tobturatiice;
mais ceci ne change rien en général à ses rapports avec l'anneau. Il en était autre-
ment dans uu cas emprunté à Nessell)ac par H. Malgaigne. Chez une femme atteinte
(ie hernie inguinale interne^ le tronc commun de l'épigastriquc et de l'obturatrice
menait de l'iliaque interne, à 13 millimètres au-dessus du ligament de Fallope; il
^ portait obliquement en bas et en dedans, [Kir-dessus la veine iliaque, et après
lui trajet de 5 centimètres formait brus(]uenjenl un coude, \youY gagner le tiou
obturateur. L'artère épigastri(|uc naissant de ce coude au-dessus de la bi'anchc
liorizoutale des pidiis se portait transversalement en dedans, derrière le collet du
Sic herniaii'e, et remontait au coté interne de ce collet, immédiatement en arrièro
tiu ligament ombilical, auquel elle était étroitement collée. Ce lait est à bon droit
œusidéré comme très-insolite.
On doit donc s'attendre à trouver l'artère épigastrique immédiatement en dedans
fiu ooUet du sac dans les hernies obliques externes, en deliors dans les autres. De
là, pour lopération du débridement, la nécessité d'établir rigoureusement le
diagnostic de la variété (|ue l'on a à traiter.
UdéveloppemerU du canal inguinal est fort im|X)rtant à étudier chez l'homme.
luette question sera plus complètement traitée à l'article Testicule (DévEi.oppb*<
mest]) uiais nous devons fournir ici quelques ronseignements indispensables.
Le canal inguinal communique largement avec le péritoine avant la naissance.
^ quel moment esl-il fermé? Cam|ier (Rougemont, Traitédes hetmies de RichteVi
notes, t. II, p. Kli) a fait à ce sujet des recherches spéciales sur soixante-dix
'^davrcs d'enlants nouvenu-ués. Il en résulte que sept fœtus seulement avaient le
roulai ))arfaitenicut lèrmé des deux c(Hés. Quatorze l'avaient entièrement ouvert
(le^deux côtés; chez quatorze autres, le canal était ouvert seulement :\ droite;
cliez huit, il éLiit ouvert seulement à gauche, mais il semble bien résulter des
(téclaratioiis mêmes de Tauteur, ainsi que l'a remarqué M. Malgaigne, que l'oblité-
ration partielle ou complète est plus commune à la naissance que k persistance
^lue du canal de communication. Li variété des oblitérations partielles est sur-
tout intéressante. Avec l'oblitération partielle au niveau du seul anneau externe
ou du Mul anneau interne, et les oblitérations partielles en quelque sorte moni-
940 AINE (akatovib).
lifonues éparfUlées d*ua anneau à l'autre, toutes les vaiiétés semblent pouvoir être
rencontrées. C'est un siyet qui mérite d'appeler de nouvelles études.
Canal ifiguinal dieu la femme. Le canal inguinal ne livre passage, cbez b
femme, qu au ligament rond; de la les différences qu'il offre dans les deux sexes.
Ces différences portent tout entières sur ses dimensions; les anneaux et le canal,
constitués de la même façon, sont seulonent plus étroits ; de là, sans doute, la prin-
cipale cause de la moindre fréquence des hernies inguinales chez la fenune. 1a&
vaisseaux qui accompagnent le ligament rond sont peu importants au point de vue
chiiiu-gical.
B. Région inguiko-crurale. Les différentes couches qui constituent celle
région nous offrent à considérer :
a. De la peau à Caponévrose : 1^ La peau^ line, garnie de poils à sa partie su-
périeure et interne, extensible, glisse aisément à la surface des parties 80us-ja€eiite».
Elle est pourvue d'assez nombreux follicules sébacés, dont la sécrétion est ciiez ipjci-
(|ues sujets acre et odorante.
2® La couche sous-cutanée qui sépare lu |)eau de l'aponévrose a, dans» ceiU*
région, uncimprtance toute particulière. Lorsque la hernie crurale est complèie,
le Siic qui la recouvre est en rapport immédiat avec la partie la plus profonde de
celte couche sous-culanée. Cette couche profonde ou lamelleuse mérite seule notre
attention, la couche superficielle ou ceUulo-graisseuse n'offrant ici rien de par-
ticulier.
Ce qui donne à cette couche lamelleuse une physionomie bien particulière, c'c^l
que dans son épaisseur sont contenus les ganglions lymphatiques superficids de ta
région ; c'est encore la présence des rameaux veineux artériels et lymphatiques qui
la traversent pour gagner les téguments; c'est enfin la présence dans ses large»
iu-éoles d'un tissu graisseux plus ou moins abondant selon les sujets. Une tdk com-
plexité d'éléments anatomiques répandus dans une même couche fait prévoir que
cette couche doit rarement être identique chez les divers sujets et peu homogcm
dans sa disposition. Chez un sujet donné, elle est mince, et la peau est à peine
coupée, que déjà le bistouri rencontre l'aponévrose; chez d'autres, plusieurs cou-
ches doivent être traversées avant que le plan fibreux soit mis à découvert. Que
Ton joigne à cela les variétés dues au développement variable des gauglious, â àca
modifications pathologiques fréquentes, que l'on se rappelle que sous cette ooodic
se cache le sac de la hernie crurale, et l'on comprendra combien il importe que
l'opérateur soit prévenu des dispositions variables de celte couche que nous a^oib
piis dès longtemps l'habitude de désigner sous le nom de cellulo^ngliounaire.
Gomme la couche lamelleuse correspondante de l-i région inguino-abdomiiialr.
celle-ci adhère au ligament de Fallopc, sur lequel elle s'insère en haut dans tuulc
son étendue; eu dehors du triangle, elle est à peine distincte de la ooudie cellulo-
graisseuse ; prolbudément, elle n'adhère que lâchement à l'aponévixjse, excepté au
niveau des rameaux vasculaires qui la traverseut, et particulièrement ai 1ns, au
niveau de l'embouchme de la saphène.
Les ganglions lymphatiques logés dans la couche lamelleuse sont désignés suu^
le nom de superficiels; ils forment deux groupes bien distincts : l'un, inférieur,
est logé au sonunet du tiîangle ; l'autre, supérieur, occupe sa base. Le groupe iitic-
rieur comprend trois ou (|uatre ganglions |)araUèles aux vaisseaux sou»jaceiiU.
les lymphatiques de tout le membits inférieur se jettent dans ces ganglions, qui
souvent s'engorgent sous l'influence d'une lésion des téguments du pied, de b
jambe ou de la cuisse. Ix groupe supérieur est parallèle au ligament de Fallope; il
AINK (asatuvib). 241
ooutieut uii nombre à peu près égal de ganglious. Leur grand diauiètre est transh
versai; ils reçoivent les lymphatiques des organes génitaux, de Tauus, ceux des
feâes, des lombes el des téguments de l'abdomen.
Quelques vaisseaux artériels el veineux, la tégunienteuse abdominale, les bon-
Utiles externes parcourent cette couche lamelleuse.
b. De rapottévroêe à Varticulation coxo-fémoi'aley l'on rencontre : Taponé-
^nise, les muscles qui limitent le triangle inguinal, les vaisseaux si importants
i(ue renferme cet espace, le canal crural, qui y est également contenu; enfin,
comme limite profonde, ha partie antérieure de la capsule fibreuse de Tarticu-
ladoD coxo-fémonile, au-dessous de laquelle on seul la face antérieure du col
du fémur dans toute son étendue et une portion de sa tête, lorsque le membre est
placé dans la rotation en dehors, o'est-â-dire dans la position que nous avons indi-
quée conuue la seule convenable pour l'étude de cette région. Nous décrirons sue*-
oessivement toutes les parties que nous venons d'indiquer.
1' Muscles, L'élude des muscles doit précéder celle de l'aponévrose, bien que
œlJe-ci se présente avant eux sous le scalpel. U est en effet impossible de la
iiécrire, si Ton ne connaît les muscles dont elle forme la gaine ; les muscles déter-
minent de plus ici la limite la plus naturelle, la limite vraiment chirurgicale de lu
région.
Iles que l'aponévrose a été enlevée, l'on voit appiu'aili'e les limites superficielles
(lu triangle inguinal. Le couturier en dehors, le premier adducteur en dedans, le
ligament de Fallope en haut, l'encadrent de la manière la plus exacte. La base de
la région inguino-cnirale s'appuie donc dans toute son étendue à la région inguino*
jbdumiiiale ; son sommet répond en moyenne à la réunion du tiers supérieur de
b aiisse avec ses deux tiers inférieui's, un peu en dedans de la ligne médiane.
"sm bord externe, tres-oblique, est formé par le relief du couturier ; il est beau-
<tHip plus long que sou bord interne, presque perpendiculaire, formé par le relief
du premier adducteur.
Si Ton enlève alors les vaisseaux artériels et veiueux, le tissu cellulo-graisseux
iasez aboudant qui les entoure, les limites profondes du creux inguinal apparais-
sent nettement. Latéralement, elles sont formées par le droit antérieur et le psoas
en deboi-s, le moyen adducteur et surtout le pectine en dedans. La région conserve
encore sa forme triangulaire, seulement Taire du triangle diminue à mesure que
l'on descend dans la profondeur, et les bords des muscles psoas et pectine arrivent
prea]ue au contact. Il existe cependant dans la partie supérieure du triangle un
rapnce constant entre ces muscles, à travers lequel on reconnaît en haut et aunles-
sous du ligament de Fallope Téminence iléo-pectinée, au-dessous la télé fémorale
rei.t>uverte de sa capsule. Pour mettre celle-ci et le col fémoral à découvert, il faut
couper et rejeter en bas le psoas. L'on peut étudier alors lu bourse séreuse sous-
jacente a ce muscle. Cette bourse séreuse est constante, sfiacieuse, contient quelque-
fois du liquide, et communique assez souvent avec l'articulation. Tous les auteurs
ont insisté sur l'importance de cette disposition anatomique qui explique comment
les collections purulentes assez souvent contenues dans la gaine du psoas peuvent com-
muniquer avec l'articulation coxo-fémorale, et réciproquement.
U est naturel d'accepter comme limite profonde du creux inguinal le plan ostéo*
fibreux que nous venons d'indiquer, et de laisser en dehors de notre description
rarticulation coxo-fémorale. Mais nous devons laire remarquer oonnnent les lésions
du col fémoral et de l'articulation peuvent être reconnues à travers le creux inguinal.
TiMir ne citer qu'mi exemple, rappelons que M. Lnugier a fait voir qu'il existe
b:ct. ne. IL 16
'*® AINE (ASAi
Itibnues épaipiJIées d*ua anneau à Tautrc, i
rcncxHitrées. C'est un siyet qui mérile d ;.
Canal inguinal cliesi la femme. Ir
femme, qu au ligament rond; de là Ic<
Ces dilTérences portent tout eiilièrts
constitués de la même façon, sont sci
cipale cause de la moindre fréqiKM-
vaisseaux qui accompagnent \c \k
cfaii-ui^ical.
B. Région inguimo^rubalp
région nous offrent à consicl. i
a. De la peau à Vaponr^
périeure et interne, exteii^i'
Kllcest pourvue d'assez n*-
qnes sujets acre et odo» »
2* La coudie sous-t •
région, uue ini|K)rlaiM »
Je sac qui la re(ou\i
cette couche suu^-i .
iiv inguiual, kmque hinir-
I «' hi préseucc de ce phnrlKT
I' iv^Hou fessière. U eihte
' ^ •iiloiiccut desTaibMîaui,
• ( le carré fémoral.
.' ili>|M»si(i(ni SI nous cLibIb-
^ iiiN ,iii\ autres, Jbnnent cepen-
I « > fi.iînos a}.oaévrotiques, juTb-
' iv (Iles {Kir leurs parties oou(iguê>,
• \«Ni Nation (pie nous venons de décrire
n «jiK'lque sorte Teuduit qui réunilet
«jiii le circonscrivent. Le creux inguinal
HMiIenient fermé porles téguments et Icui^
- i< c d'un i'euillet aponévrotiqne spécial, ù
lient en propre à aucun muscle. Nous ue le
\oc le canal cmral, à la formation duquel il
- ->l indisi)ensnble d'établir dès à présent que a-
•n.'oiier adducteur se confond latéralement et fii
1 .'UYeJop|)e des muscles de la cuisse ou fascia ïiU,
•ikjtie. Il se fusionne aussi intimement avec lut, («ir
o«i«%nKe du grand oblique elle-même, de telle sort»-
^ jif tfst destinée à recevoir les insertions des aponé^nis4'>
iwiiéviuse fémorale. SI nous continuons h faire abstrj<-
.uL>jbite fc? avux inguinal, nous voyons ce creux fermé laïc-
.- .|MMè«n>tiques des muscles qui le limitent en arrière, pr
. H>M«:vnitii|ues du psoas et du pectine, par radhérence de r(^
. ^ ufc>* ileo-pectinée et la capsule fibreuse articulaire , en avinl
.....•^ue. ikmt nous venons de signaler l'existence. C'est daii-
.w'-,»ik«fc^ nfiifontrcr des vaisseaux imiwrtants, quelques gaiiglioib
« iMual crural. Plusieurs auteurs envisageant seulement h*
i, Ad I aponévrose qui ferme en avant le creux inguinal, H
v»ivQ9iiw Irôspaccuséc de cette aponévrose, ont comparé au creux
viUtf ^aperlkielle de cette région. Il nous prait beaucoup plu«
M.» vvite compiiraison pour la pcu'tie profonde. Parois muscdaire?
.«â«iE^**4^ de pivuiiei* ordixs communication en arrière avec la région po^<
. .1 **tsH\ «i Iwut avec la portion attenante du tronc, en bas a\et !♦•
^•\,^a« k*llt> sont les analogies frappantes du creux inclinai et du crein
•«m«i«*» «'I *i«^7**' L artère iliaque externe prend \v nom de crutnleMi
a u^Mii^U de Fallope. Elle descend dans le triangle inguinal, dont ell«-
^ «udv ^*ioii kl direction d une ligne menée de sa basi; à son sommet. < (
. «tov |4vkmde en si* rapprochant du sommet. En contact avec un plan omciix
^<kMK^ di> Kalloiie, où elle re))ose sur 1 eminence iléo-pectinée et >ur )j
. ttA>i.^\ elk* iix>i$e la direction du col fémoral et de la partie su|iérieiirf
I 4ki(4iwt lêimM-ale, dont elle est séparée par le pectine et In partie mi)>4 •
M utiW ^1 i*iip|H>rtuxOi* la surface iléo-pectinée pour la eom|)rimer, et re>|xi4<*
ovMitv i^Mliv lartèro et le col pour glisser le couteau, dans la désartic*uhtîoii
^ icuMiile« ^ blin»>urc (^etll uint:i être évitée dans le pi'emier temps de Tupérj-
attention, la co(i<
ticidier.
Cequiddiiii
quediins soi;
région; c'c •
ia travei V.
aréoles •!
plexitr
cell»'
dan
j***
« •
AINE (anatomie). 245
n inéciser le point où Ton rencontre l'artère à la base du
rh à égale distance de Tépine iliaque et de Tépine du
^(e dernière cependant, c'est-à-dire un peu plus en
le couturier lui sert de muscle satellite et la
'V.
:iii (les branches collatérales; fait bienreniar-
ils «lans le triangle inguinal. Elle founiit d'à'
.\ loucIm's superficielles de la région; ils sont peu
>. Ce >ont, ainsi que nous le sjivons déjà, la iégumen-
i« ii\ honteuses externes. La tégumenteuse naît immédia-
\ Il ( ;i(lc crurale, les honteuses un peu plus bas ; toutes trois
• .mUricuro. hv sa partie postérieure, mais à une hauteur très-
- I.i- an contraire un tronc volumineux, presque égal à la crurale
• . >(ni) liant êlrc sa bifurcation; c'est la musailaire ou fémorale pro-
" M» ilirige d'abord obliquement en arrière, et, après avoir formé avec la
un angle plus ou moins aigu, lui devient bientôt parallèle. Noitnalement
unit les circonflexes, distinguées eu interne et externe. Ces altères se
■unt de la fémorale profonde dès son origine, mais elles naissent assez sou-
li de la fémorale. Elles se détachent alors de ce tronc, auj- dessous ou au
>t.Mi de Torigine de la profonde. Ainsi Gh. Quain, sur 391 sujets, a vu i'intenie
Miitre ^97 fois de la profonde et 87 fois de la ciairale, mais au-dessous ou au niveau
tiela profonde. Sur ^88 sujets, Texterne naissait 255 fois de la profonde, 49 fois
(iii lix)uc crural, mais au niveau et au-dessous de la pi'ofonde, 17 fois seulement
;iQ-dessus. Les circonflexes sont toutes deux destinées à établir à la partie supé-
rieure du mcnilive pelvien un cercle anastomotique. Toutes deux contournent le
^nr pour aller se perdre dans la partie postérieure du membre. L'interne s'en-
p^e au-dessous du col, dans l'espace celluleux que nous avons décrit.
L origine de la fémorale profonde a justement préoccupé les chirurgiens. Les
rjriétés fré(|uentes qu'elle présente ont été la cause de véritables désastres après la
/'A'ature de la fémorale pratiqttée dans l'aire du triangle inguinal.
M. Ch. Viguerie (Th. inaug., Paris, 1857) a examiné à ce point de vue 3U8 ar-
ides cmmles ; la profonde en tirait son orighie : immédiatement sous l'arcade et
jusqu'à 3 centimètres au-dessous, 28 fois; de 2 à i ccntim., ioi fois; de 4 à H
rentim., 136 fois; de 6 à 8 centim., 10 fois. M. Viguerie a pris ses mesures de
l'arcade crurale à l'éperon de la profonde, par conséquent à quelques millimètres
:<n-dessous de son orifice, ainsi que le remarque justement H. Malgaigne.
M. Quain (Dubrueil, Des anomalies artérielles, p. 563 à 582), sur 151 sujets,
j trouvé pour longueur à la fémorale, à pailir du ligament de Fallope jusqu'à
I «origine de la profonde : de 0 à 15 millimètres, 15 fois; de 15 à 25 millim., 146
Ms: de 25 à 57 millim., 183 fois; de 37 àoO millim., KH» fois; de 50 à 62 mil-
lim., 19 fois; de 62 à 75 millim., 72 fois; à 10 centimètres, 1 fois.
y. KàieiiAnat. cfttr. ^2''édit., p. 967) a repris à nouveau cette question. Ayant
pi-is soin de mesurer le tronc fémoral entre les plus grosses collatérales, c'est-
à-dire entre l'épigastrique et la fémorale profonde, il a trouvé le tronc crural :
l'excédant pas 4 centimètres, 58 fois; variant entre 4 et 5 centim., 32 fois;
in «lelà de 5 centim., 5 fois.
Tous ces chiffres sont de nature à montrer combien peut être périlleuse la liga-
Jire de la fémorale dans le triangle inguinal ; nous n'insisterons pas sur ces faits,
iri sip{Kirtiennent à la partie pathologique de cet article.
344 AINE (A5AT01I1K).
Le tronc de l'artère féinoi-aie peut manquer entièreideiit. Tous les auteurs ont
cité le fait unique de M. Manec, auquel H. Richet a joint uu lait analogue qui Ini
a été communiqué par Dumay.
La veine fémorale est située en dedans de l'artère ; elle est très-volumineuse
dans cette partie de son trajet et fort adhérente à Tarière, qu'elle tend i contourner
dès la partie inférieure du triangle, où déjà elle est postéro-inlerne. La veine fëuMh
rale reçoit, par rinleruiédiaire de la saphène interne, le sang de tout le réseau
snperliciel des veines du membre inl'érieur. La saphène se jette dans la crurale j
5 centimètres environ du ligament de Fallope ; elle plonge au travers du feuillet
aponévrotique qui ferme le triangle inguinal. Nous aurons occasion d'insister sur U
disposition de l'aponévrose à ce niveau. Elle reçoit également les veines profonde»,
qui sont en même nombre que les artères et les suivent en satellites. Le tronc de
la veine crurale semble représenter si^nl la communication veineuse à étaUir entre
le membre inférieur et le tronc, mais il a été établi par M. Ricbet qu'il existe de»
anastomoses entre les veines honteuses externes et celles du bassin, euti^ les cir-
œnflexes et les isehiatiques. MM.^Sappey et Venieuil ont fait les mêmes obser\j-
tions (Richet, Anat, chir.^ 2* édit., p. 161). Ces notions auatomiques sont d^ime
haute importance au point de vue de l'histoire des plaies de la veine fémonle à
sa partie supérieure et de ses fréquentes oblitérations dans ce même point.
Les lymphatiques sont i-cprésentés, au-dessous de l'aponévrose, par des Tais»eau\
parallèles à l'artère et à la veine qui aboutissent aux ganglions iliaques et a quel-
ques ganglions cruraux désignés sous le nom d'inguinaux profonds. Ces ganglioib.
dont l'existence n'est pas contestable, ne sont le plus souvent qu'au nombre de àem
on trois. Cependant Theile en aurait compté jusqu'à sept, et M. Cloquct a iii»i5lr
sur les connexions importantes de l'un d'entre eux avec le canal crural.
Les nerfs sont représentés, dans le triangle inguinal, par la branche inguino-
cutanée en dehors, par la branche crurale du génito-crural en dedans. Plus profon-
dément, le nerf crural, d'aboi-d contenu dans la gaine aponévrotique du psots, &'ai
échappe, et fournit immédiatement de nombreux rameaux musculaires et culané».
4® Canal crural. Le canal crural est noinialement destiné à donner pK^^j^t*
aux vaisseaux artériels veineux et lympliatiqucs qui de la fosse iliaque debcendeiit
vers le membre inférieur. De même dans la portion inguino-abdoniinale de l'ainr,
le canal inguinal sert à permettre le passage du coi-don spermatique ou du lifp-
ment rond.
Dans tout son trajet, le canal crural est limité par des aponévroses. Nous aurmi^
donc à décrire des jiarois et orifices fibreux, mais nous devriHis y ajouter l 'étude
de cloisons destinées soit à séparer les uns des autres les vaisseaux qui le iJuraou-
rent, soit à résister à la pression des viscères, à le détendre en quelque sorte du
coté de l'abdomen. Les parties fibreuses qui constituent le canal crural peuvciil
donc être distinguées en psulies contenantes et en parties contenues. Aux inv-
mières se rapporte l'étude des orifices et des parois ; aux secondes, celle des doi*
bons dont nous venons de signaler l'existence.
Anneau crural. L anneau crural est l'orifice supérieur ducaiml crund. S>
limites ont déjà été tracées lorsque nous avons décrit le ligament de Fallope. L»
>astc ouverture comprise entre ce ligament et le liord antérieur de l'os des îles cs^
en elTet divisée en deux parties inégales par la fusion du ligament de Fallope d
du fascia iliaca. La portion externe mesure les deux tiei's de sou étendue ; les mus.
ries psous iliaque et le nerf crural y sont contenus. La portion interne e^t ciKure
tvtrécie par le ligament de tiinibernat. C'est à l'ouverture comprise euti^ le bord
AINE (amatohir). 245
eonrare du ligament de Gimbernat en dedans, langle aigu dû à la rencontre du
ligajneatdeFallope et du fascia iliaca en dehors, le ligament de Fallopeen haut et
la surface ileo-pectinée en bas, que l'on donne le nom d*anneau crural.
Cet anneau est donc situé immédiatement au-dessous du canal inguinal, à peu
près à égale distance de ses deux orifices.
Sa forme est très-irrégulière, son grand diamètre transversal, mais ses dimen*
sions peuvent aisément varier selon le mode de mensuration suivi. Ainsi, Hessel-
hich lui donne environ 27 millimètres de laideur chez la femme et moitié seule-
ment diez rhomme; H. Velpeau, 54 millimètres, et souvent 12 millimètres en
«Kches la femme, et M. Malgaigne fait voir que tel anneau qui ne mesurait que
n rentimètres en mesure 5, si Ton écarte modérément en dehors son côté externe.
l/sdimensioDs de Tanneau cniral peuvent varier encore selon la largeur du bnssin
et le développement du ligament de Gimbernat.
Le ligament de Gimbernat^ formé en grande partie par Tépanouissement des
fibres du ligament de Fall<^, qui se dirigent vers la crête iléo-pectinée, présente
nécessairement la forme triangulaire. Son sommet est à Tépine pubienne, son
bord supérieur répond an ligament de Fallope, son bord inférieur ù la surface
iléo-pectinée, et sa base libre regarde Tannesiu cniral qu'elle limite. Cette base
est concave, et le prolongement plus ou mohis prononcé de sa partie inférieure lui
donne l'aspect falciforme. Son bord inférieur ne s'insère pas directement sur la sur-
&oe iléo-pectinée, mais sur le ligament pubien de Cooper. Ce ligament, qui se pré-
SHkie sous la forme d'un trousseau fibreux remarquablement nacré, épais et résis-
tant, est à cheval sur la crôte iléo-pectinée, et ne s'insère d'une manière fixe quTi
l'épine pubienne et à l'éminence iléo-pectinée. I^e bord inférieur du ligament de
Gimbernat n'a donc pas une insertion absolument immobile, de là le procédé de dé-
Irideroent de H. Verpillat, qui conseille de diviser le ligament du pubis pour relû-
rher le ligament de Gimbernat. La direction de ce dernier ligament est presque
horizontale dans la position debout, oblique dans le décubitus. Le ligament de
Gimbernat est renforcé par quelques fibres venant des plans fibreux voisins, et
en particulier du fascia transversalis. Cela est de peu d'importance. Ce qu'il ne
£rat pas oublier, c'est que non-seulement son étendue, mais sa texture, sont va-
riables. Ainsi, il peut présenter de petites perforations qui ont servi à livrei*
passage et k étrangler des hernies, comme l'a bien démontré M. le professeur
Uogier.
L'anneau cniral est incomplètement rempli par les vaisseaux. L'artère répond à
<on angle externe, la veine et les lymphatiques regardent l'angle interne ou mieux
If* bord concave du ligament de Gimbernat; mais, quelles que soient la force et la
réststance de ce ligament, il reste toujours entre les vaisseaux et lui un espace
âbtses large oà les hernies trouvent passage, bien qu'il y ait d'autres moyens d'otv
clusion.
besparmg sont au nombre de trois : externe, interne et antérieure. L'externe
est formée par l'aponévrose du muscle psoas, l'interne par celle du pectine, l'anté-
rietire par l'aponévrose qui ferme en avant le creux inguinal. Si l'on se rap*
pelle que le psoas et le pectine viennent h peu près au contact, et que le creu\
ingninal diminue d'étendue dans ses parties profondes, on se rendra aisément
eompCede la forme prismatique du canal.
La parai antérieure mérite d'être étudiée dans tous ses détails. Elle est compo-
^ de deux portions bien distinctes, l'une homogène, singulièrement résistante,
rantre mtnoe^ moUe, criblée de troiisi Li premièr<^ ne pouvait longtemps éehap-
S46 AINE (anatovib).
per à rattention des anatomistes ; il ne devait pas en être de même pour la seoûnde.
La partie résistante de l'aponévrose se rencontre en dehors, mais elle te pralongo
aussi en I^êL et en bas ; en dedans elle n'existe pas. Si on la pi'éptre seule en
détouisant k partie tninoe el criMée, on a sous les yeux ce que les fràres Burns
ont «ppdè le jyroeéff ou èard falciforme du fa/scia lata^ ou mieux, l'espace que
Scarpa a décrit sous le nom de fosse ovale,
La pifftie supérieure des vaisseaux fémoraux alors découverte est en eflèt eoca-
dréi" par nn bord aponévrotique tranchant. Il commence en dedans, a l'épin*
pabiélfiHf^ se «Qttdnue (lar sa partie adhérente avec le ligament de Fallope, pui»
avec la gaine aponévrotique du couturier, descend au côté externe, jusqu'au niveau
du point où la veine saphèue interne va s'aboucher dans la veino fémorale, pas»'
uu-dessous de la saphène, ferme à ce niveau un remarquable repli semi-lmiaire,
pnis remonte quelque peu en dedans, pour se perdre sur la gaine aponévrotique
du couturier. Ce vaste repli, surtout prononcé en dehors et en bas, limite donc nni'
ouverture r^à1i8l*e^, çiais artificielle, dont le grand diamètre mesure tout Feapace
qui s'étend du ligament île Fallope à l'embouchure de la saphène. C'est là ce que
ion n considéré pendant longtemps comme l'ouverture inférieure du canal crural.
Là'tkirtion mince et criblée n'est bien connue que depuis les travaux de M . J. Clo-
quet ; elle est dëèrite aujourd'hui sous le nom de fascia cribriforme. Ce bscâa Cût
suite au bord falciforme dans toute son étendue, remonte jusqu'au voisinage du
ligament de Gimbernat, descend jusqu'au repli semi-lunaire sous-jaoent a la
saphène, et se termine en dedans sur l'aponévrose du pectine. Il recouvre donc
complètement la prétendue fosse ovale, et cache les vaisseau)^ fémoraux sur les-
quels il s'applique. Ce iascia doit son nom aux trous nombreux dont il est perfon^.
Le principal est celui qui donne passage à la veine saphène ; il est sitné à sa partie
inférieure; les autres sont antérieurs ou internes. Ils sont dus au passage de vais*
seaux sanguins ou lymphatiques, ou même à la présence de pelotons de tiam cel-
lulo-graisseux. Chacun des vaisseadx gros ou petits est d'ailleurs accompagné d'un
prolongement aponévrotique, comme il arrive toigours lorsqu'une aponévrose Iîvtb
passage à une partie quelconque.
Cette disposition contribue lieaucoup a rendre difficile la dissection de ce iascia:
il but de toute nécessité, pour la réussir, procéder de dehors en dedans, c'est-â-
dire de la partie résistante de l'aponévrose à sa portion criblée; puis, ooinroe toa»
les auteurs le conseillent, décoller les tissus à ce niveau au lieu de les couper. Il
est très-important, en efTet, de bien connaître ce iascia, dont la découverte a rban^r
«le tous points l'histoire et l'opération de la hernie crurale.
Vorifice inférieur du canal crural, qui n'existe pas en réalité, a été placé dans
divers poinU de cette paroi antérieure. Nous ne discuterons les opinions des «Qteur«
à ce sujet qu'après avoir décrit les parties fibreuses contenues dans le canal crural.
Deux cloisons verticales sont décrites par les auteurs ; elles existent en eflet.
La première sépare l'artère de la veine, la seconde la veine des Ijmphatiques, pres-
que tous contenus dans la partie interne du canal. Ces lamelles sont à la xériîè
plutôt celluleuses qu'aponévrotiques, mais le cloisonnement est réel, et on le n^
trouve dans les cas pathologiques.
Enfin une cUrisan transversale existe à la partie supérieure du canal el sert â
renibrcer l'anneau crural. C'est à cette cloison déjà décrite par K. Gooper, mais que
M. Qoquet a surtout bien fait connaître, que l'on donne aujourd'hui, à l'exemple d^
cet auteur, le nom de sepium crural.
Le septum crural nait du pourtour fibreux de l'anneau crural, et se Ifimine en
AINK (asàtonik). 347
itts sur la gaine des vaissesiux fémoraux, à laquelle il adhère iulimemeul, surtout
du côté de la veine. Uieu n*est plus facile que de s'assurer de cetle disposition ; il
ÊHift, du cdté de l'abdonieu, enlever : 1° le péritoine; 2^ le tissu cellulaire sous-
périConéal ou lascia propria^ toujours très-chargé de graisse ù ce niveau, du côté
de la cuisse, détacher le fascia cribriforme. Le doigt, introduit du côté de l'abdo-
men, est alors ooiiié d'une membrane partout adhérente à l'anneau et au\ vais-
sesixvi. Gda reproduit exactement, dans le canal crural, ce que présente dans le
«filial inguinal l'entonnoir formé par le iasciatransversalis adhérant au pourtour dv
1 anneau et au cordon. On comprend parfaitement cette disposition a l'aide de l'ingé-
nieuse comparaison de M. Demeaux. CiCS deux parties contenantes et contenues du
rjoal crural représentent en eifet deux cornets de papier engagés l'un dans l'autre.
Lp sq^tum crural est ccllulo-fibreux, et plus ou moins résistant selon que prédo-
mioe l'un ou l'autre élément. La face supérieure, concave ou plane selon les sujets,
regarde vers l'abdomen, sa face inférieure vers la cuisse. De même que le fascia cri-
briforme, il est perforé de tixius nombreux pour le passage des lymphatiques; il
existe même à sa partie interne une ouverture plus grande que les autres, dans
bupielle est logé un petit ganglion lymphatique qui a beaucoup attiré l'attention
lies duatomistes et des pathologistes. Un autre trou, assez grand aussi, se rencontre
plus en dadans, près du ligament de Gimbeniat.
L'on a discuté sur l'origine du septum cniral. A. Cooper a le premier soutenu
que le septum était fourni par un prolongement du fascia transversalis. Il s'appuyait
en particulier sur la possibilité de détacher cet enfonnoir du ligament de Fallope.
Nous avons dit ailleurs, en décrivant le fascia transversalis, que nous pensions,
avec la plupart des auteurs français, que le fascia transversalis s'airétait au niveau
du ligament de Fallope, et descendait seulement sur le ligament de Gimbemat.
Xous admettons donc avec H. J. Cloquet que le septum crural naît du pourtour
de l'anneau sans que le fascia transversalis y ait phis de part que les antres pallies
tibreoses avoisinantes. Cela est parfaitement d'accord avec la loi générale de con--
Mxité des parties fibreuses voisines.
Telles sont les parties qui constituent le canal crural. Depuis que les travaux
d'A. Cooper et de M. J. Cloquet les ont bien iait connaître, leur description a pres-
que toujours été la même sous la plume des diflTérents auteurs; mais plusieurs ont
vané dans leur interprétition. La discussion a principalement porté sur deux points :
Qudle est la situation del'orilic^ intérieur du canal crural? Cet orifice existe-t-il?
Ik>it-on donner à l'ensemble des parties que nous venons de décrire le nom de
ranal crural, ou réserver cette dénomination pour mie portion déterminée?
M. i. ûoquet, décrivant pour la première lois le canal crural, voulut lui donner
un orifice inférieur; il choisit le plus grand et le plus déclive de c«ux qui percent
le ùsdak cribriforme, l'orillce à travers lequel plonge la veine saphène, à son em-
bouduire dans la fémorale. Hais si l'on considère que la hernie ne sort qu'excep-
tionnellement du canal à travers l'orifice de la saphène, et le plus souvent par un
des trous internes et supérieurs les plus voisins du ligament de Gimbemat, l'on se
demande quel est en réalité l'orifice du fascia qui sert d'ouverture inférieure au
canal crural. Serait-ce donc l'orifice supérieur de la gaine des vaisseaux fémoraux
qfii tàii suite aux enveloppes oellulo-fibreuses dont ces vaisseaux sont entourés dans
le cajaal cniral? Cette opinion ne saurait être soutenue, car ce serait en définitive
proloiiger le canal cniral jusqu'au creux poplité, et se mettre en désaccord avec
toutes les données fournies parla pathologie, qui montre que jamais une hernie n'a
parcouru un serobhiblc cliemin.
S4ft AINE (amatomib).
L'on conçoit donc que dans les traTaux les plus modernes on soit arrivé i décrire
un canal crural sans orifice inférieur. Cette manière de voir est en eflet h plus con-
forme aux notions fournies par Tanatomic et la pathologie. L'analog[ie nous montre
en effet un orifice supérieur et trois parois; mais ik part les trous qui criUent h
paroi antérieure, rien qui ressemble à un orifice inférieur.
Va-t-il suivre de là qu*il soit nécessaire de distinguer dans la description b
portion du canal la plus habituellement suivie par la hernie, et de loi réserver le
nom de canal crural, comme Ta fait N. Ricbet, par exemple? Nous ne le cmoos
pas. La hernie suit en effet le plus ordinairement le chemin plus facile qui lui (9t
offert par la loge lymphatique. Du côté de Tabdomen, celle-ci est en effet mal
défendue, puisque entre le bord concave du ligament de Gimbemat et la veine
existe toujours un espace mal comblé par un tissu cellulaire lâche, et que le sep-
tum crural est lui-même moins résistant et perforé à ce niveau. Arrivée dam la
loge lymphatique, la hernie la distend, refoule sa paroi antérieure, et ne peut
guère vamcre en dehors la résistance des vaisseaux. Bientôt elle sort par un des
trous de la paroi antérieure, car elle ne trouve inférieurement qu*un cul-de^ac,
répondant aux insertions inférieures du fascia cribriforme. Tout cela est pariaite-
menl de nature à faire regarder cette portion comme le véritable canal cnual,
mais il ne faut pas perdre do vue que c'est là un résultat pathologique, et que, ana-
tomiquement et physiologiquement, Tanneau et le canal crural ne sont qu'un liai
de passage pour les vaisseaux cruraux. 11 suflit, pour comprendre les faits patholo-
giques, de montrer la disposition plus favorable de la partie interne ou loge lym-
phatique pour le passage des viscères, ce qui n'exclut pas, tant s'en faut, la possi-
bilité de les voir sortir de l'abdomen, à travers le ligament de Gimbemat, eti
avant ou en dehors des vaisseaux, et de suivre dans leur marche ultérieune de«
trajets insolites. Nous renvoyons, pour de plus amples détails, à la partie patholo-
gique de cet article.
Rapports de ranneau et du canal crtiral. Les rapports du canal proprement
dit sont suflisamment connus. Nous insisterons sur ceux de l'anneau. Celui-ci est
recouvert et fermé, du côté de l'abdomen, par le péritoine et le tissu cellubire
sous-péritonéal.
Le péritoine passe au-devant de l'annciiu sans former de dépression. M. CloqiiH
en a cependant signalé une à l'état normal que M. Nalgaigne considère coounf
l'indice d'un commencement de hernie.
Le tissu cellulaire soiLs-péritonéal est toujours chargé de graisse au niveau de
l'anneau mirai. C'est là un fait important, car ce tissu graisseux, épaissi, peut cnîiïK
le sac, revêtir les caractères de l'épiploon, et laisser supposer que diéjâ l'on ^^
arriver sur l'intestin alors que l'on est encore en dehors du sac.
Les vaisseaux offrent surtout d'importants rapports. Dans l'intérieur de l'ammiu
se trouvent d'abord la veine et l'aitère crurale ; mais plusieurs autres se présen-
tent à son pourtour. L'artère ombilicale, transformée en ligament, est ordinaire-
ment en rapport avec le ligament de Gimbemat, mais d'autres fois die passe ph^
v.a dehors, au niveau même de l'anneau, qu'elle divise en deux. En dehors, l'épii.'^^-
trique, éloignée de l'anneau d'environ 18 millimètres, s'en rapproche jusqu'à ii,
ou même 9, selon Scarpa, lorsqu'elle se porte en dedans avant de devenir asren.
dante. En haut, existe une mince artériole fournie par l'épigastrique, et longeant
e ligament de Fallope; enfin, au-dessus de ce ligament, l'on rencontre le oonfen
spermalique chex l'homme et le ligament rond cliei la femme. Voilà pour l'état
normal. L'anomalie d'origine de l'obturatrice tnamii en dedans un rapport nan
AfRB (pathologie). 240
't'tère, lorsqu'elle liait de l'hypogastrique, est fort éloignée
'mi fréquemment d'un tronc commun avec l'épîgastri-
présenter. Si le tronc commun est court, Tobtu-
lo bassin; il n'y a pas à s'en préoccuper; s*il
' de l'anneau inguinal sous-péritonéal longe
' ns, et descend derrière le ligament de
Muraleur.
^nlies d'origine de l'obturatrice
, t'I paraissent plus fréquentes
iiii( ur n'ait pas spécifié le nombre
ioii^iieur, ces cbifTrcs suffisent pour
i.i dans. D'ailleurs, quel que soit le sens
:; \ avoir un danger; fort heureusement que
.1^ lous les chirurgiens modernes, ont montré
N et non l'anneau crural que l'on avait à débrider,
l'ion sans danger le débridement de la hernie crurale
F. GOYOK.
.!•' do la région de Taine a été peu décrite pour eUe-môoie et on
ii< ^ <i)éciales, des hernies particulièrement, pour la connaissance des
• ]»ii<sant secours. C'est ainsi qu'on la trouve primitivement et successive
!*v mémoires ou traités généraux sur les hernies : deG»BEiiKAT (Nouv.méth,
•lu' crurale, 1703) ; de Hessblbao, Scaifa, Asti. Goopbb, Larccnuck; de J. Glo-
'HiaL sur les hernies de Vabdomen, thèse de Paris, 1817, et Causes et anat. des
!> tominales, thèse de concours. 1819) ; de Breschbt [Considér. etObs, anat. et path,
finie fémorale, thèse de concours, 1810); de J. C. Guill. Waltbbr (DUs. de hemia
.1 1820. Deacript. d'après les dessins de RosenrouUer); de Hanec (Smt la henie crurale,
. de Paris, 18S0]; de Andr. Boxh [Tab, anat. chir. doctrinam henUarum illustr. Lugd.
.. 1828, in-fol.) ; de Alex. Tuompsor [Sur Vanat, du bas-ventre et sur les hernies j 1858);
t- DcHKAnx [Des h^mies crurales, thèse de Paris, 1845V
Les ouvrages suivants ont trait uniquement à Tanatomie de l'aine : LAsoBimoi (G. J. Mart.).
Anat, Unterauckung der Gegend wo die Sehenkelbrucke entstehen. In Neue Biblioth, f. Oàr-
rar§ie. 1820, t. II, p. 112. — Béclard (A.) et Béiiard (Ph.). Art. Aine. In Dict. de méd , !'• et
S* ëdit.,1822 et 1833.— Horbl (Joan). De regione inguinali. Diss. anat. lfonach.,1857, in4,
Sg.— EanvnsT (L.). AnatonUe de Faine. Thèse de Paris, 1842.— Robin (Ch. Vh.].Anaiamiê
ekintrgietae de la région de Vaine. Thèse de Paris, 1846. — Robbrt ^A.) et Vbrredil. Art. Aine.
\n suppl. au Dictionn. des Dictiann. 1851. — Yoy., en outre, les traités d'anat. topographique
m chir., particulièrement ceux de Blandin, Velpeau. Malgaigne, Hvrtl, Engel, Pétrequin,
Rirbet, Vaclise [Camm. en Plates XXVI, XXVII et XXVIII).
9, n. Pathol«tle ëm la wégfins Se l'akM. Les aiïections du pli de l'aine
>ont extrêmement nombreuses, eu égard aux dimensions restreintes de la région.
Ries sont presque toutes du domaine Je la chirurgie, et, comme l'a déjà fait obser-
ver P. Bérard, se montrent pour la plupart sous la forme de tumeur.
Superficiel et presque entièrement dépourvu de moyens de protection, le pli de
l'aine est fort exposé aux lésions traumatiqnes et à leurs conséquences primitives
nu éloignées. — Sorte de carrefour placé à la jonction du membre inférieur, des
organ<^ génitaux, des parois et de la cavité de l'abdomen , il est l'aboutissant, le
rendez-vous d'alTections primitivement développées dans ces vastes régions, et qui
l'envahissent secondairement par contiguïté ou par continuité. — Enfui le pli
de l'aine n*est point une région simple à la manière de l'aisselle, du conde ou
du jarret; outre les couches stratifiées et les éléments anatomiques qui lui sont com-
muns avec les autres départements superficiels du corps, l'existence du canal crural
^ dn canal inguinal constitue une disposition tout A fait spéciale ; il y a là deux
350 AINE (patbologik).
régions daiis ujie litHsième, et de cette associatiou anaU)iui<pie découle uue |Mt>-
miscuité pathologique qu'on ne retrouve nulle part ailleurs aussi compliquée.
On a classé de diiTéreutes manières les aflectious chinirgicales du pli de laine;
mais dans ces essais on s*est trop exclusivement attaché à l'étude des tumeurs.
Bérard leur a presque entièrement consacré Texcellent article du Dictionnaire m
50 volumes. Adoptant la division topographique, il a fait un chapitre |«ur les tu-
meurs de la région inguinale et un autre pour celles de la région crurale. Azsun,
se préoccupant surtout du diagnostic ot des moyens de rétablir, a pris pour W
quelques symptômes isolés et qui ne sont rien moins que patliognomonîques, d'uù
la division des tumeurs en réductibles , irréductibles et étranglées. D'autres n'
contentent d'énumérer les tumeurs suivant les organes quelles occupent, le>
œuchcs qu'elles envahissent, etc.
Toutes ces classifications ont certains avantages, mais elles sont essentiellemeni
artificielles et sacrifient trop les descriptions pathologiques aux exigences ck'
cet exercice fort en vogue autrefois et connu sous le nom de Diagnostic diffé-
rentiel.
Les divisions suivantes semblent plus naturelles :
1*^ Lésions traumatiques et leurs conséquences ;
2^ Afleotions inflammatoires ou organiques distinguées en intrioflèques <iu
extrinsèques, selon qu'elles ont pris naissance dans la région elle-même, ou quVllov
n'y sont parvenues que par extension ;
5^ Hernies et affections consécutives ;
4^ Affections du cordon spermatique, du ligament rand et du testicule en étal
d'ectopie.
En patlioiogie^il n^est guère de classification irréprochable, et celle-ci n'est pa»»
Tabri de la critique, mais elle a l'avantage d'être plus générale, de laisser unepbfp
à tous les faits particuliers et d'utiliser, à titre de sous-divisions, les caractères
tirés du siège anatomique ou topographique des lésions. L'énumération nosologi-
que étant complète, il devient possible de prendre dans chaque ordre les lésions simi-
laires et d'en former des groupes variés, de réunir et de comparer entre elles et
avec les autres toutes les solutions de continuité, toutes les tiuneurs solides et
liquides, indolentes ou inflammatoires, réductibles ou irréductibles, etc.
Lésions tradmatiqdes. Plaies, Elles sont accidentelles ou pratiquées dans un
but thérapeutique, c'est-à-dire opératoires. Les plaies accidentelles offrent peu di-
gravité quand elles ne portent que sur lapeau et les couches superficielles ; oiai>
il ea est autrement quand elles atteignent une certaine profondeur ; elles engen-
drent alors des complications diflérentes, suivant qu'elles siègent dans la poiiion in-
guinale ou dans la poition crurale du pli de l'aine. Dans le pi*emier cas, elles se rap-
prochent des plaies de hi paroi abdonunale et admettent les mêmes divisions et If
même pronostic, c'est-à-dire qu'elles sont pénétrantes ou non pénétrantes, avec ou
sans issue, avec ou sans lésion des viscères abdominaiu, suivies ou non de her-
nies, de fistules, etc. Elles peuvent être accompagnées d'hémorrhagies par suite
de blessure des vaisseaux iliaques, épigaslriques, circonflexes iliaques, sous<u-
tanés abdominaux, etc.
La blessure du cordon spermatique chez l'homme, du ligament rond chef la
femme, l'ouverture du canal inguinal dans les deux sexes, constituent encore dt^^
complications spéciales aux plaies situées au-dessus du ligament de Fallope.
Les plaies de la région crurale empruntent surtout leur inlérêt i la lésion des
AINE (fAVHOLOOlK). 2M
nbeeinx fémocaux, de la Teine saphène, très-^peificieUe en ce point, des vai»*
mi» ]]fnphaiiques ei des gauglions inguinaux.
Les plaies par armes à feu bonient rarement leui's ravages aux parties superfi-
aeilee de la T^ion. Au-dessus de l'arcade crurale elles atteignent les viscères
pelviens ou abdominaux ; au-dessous elles intéressent les parties dures, os et arti*
colatioDs ou les vaisseaux, et font ainsi naître des complications auprès desquelles
la plaie inguinale proprement dite est relativement peu importante. Cependant des
Inlles, des hîscaïens et d autres corps étrangers peuvent s'arrêter sous la peau ou
t diverses profiNideurs. Axam, sans doimer de détails, dit avoir obsené un cas de
it g!PDrp. Nélaton a extrait de la région pectinéale d'un soldat blessé à la bataille
de SoUerino une balle cylindro-conique qui y séjournoit depuis quatre ans et en*
tr^ienait deux fij^tules (GoA. deêHôpit.^ p. 570, 1865). Baudens cite trois casinté-
resnots : Une balle pénètre dans le pli de Taine, le doigt introduit dans le trajet
b suit jusque dans l'épaisseur du psoas, d'où on l'extrait à l'aide de simples
jÔKes. — Coup de feu en dedans de l'épine iliaque antérieure et supérieure ; balle
pendue dans l'abdomen. Quinzième jour, région inguinale tuméfiée, tendue, dou-
loureuse. Viii<^inquième jour, fluctuation évidente dans la fosse iliaque en dehors
ilulàisoeau vascuJo-nerveux. Incision immédiatement au-dessus de l'anode crurale
pratiquée couche par couche, jusqu'au péritoine cpii est décollé et soulevé.Vaste
:éoes au-dessous du faêcia iliacay issue d'un demi-litre de pus, extraction facile de
b balle. Mort d'épuisement trois mois plus tard. — Perforation de l'os iliaque par
une halle que la sonde .suit jusque dans l'épaisseur du muscle psoas. Ouverture de
Tabdomen par une incision courbe faite dans le {di de l'aine. Péritoine décollé et
ft'ioulé en dedans, incision du psoas parallèlement à ses fibres, extraction du pro-,
jiYtiieet de plusieurs esquilles, guérison {Clinique des plaies d* atomes à feu. 1836»
p. ôlS, 339y 399).0n trouvera de plus amples renseignements dans les traités de
U«»sares piir armes de guerre.
Berne, de Lyon, a observé la déchirure de la peau dans une circonstance toute
^ale : enfant de 11 ans, coxalgie avec rétraction telle que les cuisses s'ap[di-
ftùeai à l'abdomen et que les talons touchaient les fesses. On pratique les mou-
vements forcés de Bonnet, résistance très-grande, craquements nombreux. La peau
ie faine gauche se déchire dans l'étendue de 6 à 7 centimètres, même lésion au.
prret, cet accident ne parut pas avoir de suites fâcheuses. {Du redressement brus-,
^ dans les maladies delà hanche. 1860, p. 25.)
Plaies opératoires. Elles succèdent aux nombreuses opérations chirurgicales
(ioot la région de l'aine est le théâti*e. Ligature de l'iliaque externe à sa terminaison,
lies artères fémorale, épigastrique, circonflexe iliaque (Legouest, Chirurgie
iarmée^ 510), à leur origine en cas d'anévrysme ou d'hémorrhagia traumatiqiie;
iodsion mettant à découvert la fémorale du pli de l'aine pour en faire la com-
fctssion immédiate (Crampton, Broca, Anévrysmes^ p. 498). Extraction de corps
«orangers superficiels ou profonds ; extirpation de tumeurs ; kélotomie inguinale
ou cnirak; cure radicale des hernies ; formation d'un anus artificiel; ouverture
fie bubons, de kystes, d'abcès superficiels ou profonds ; (^rations autoplastiques
opposées aux cicatrices vicieuses, à l'anus contre nature, aux fistules stercorales;
iDverture du canal inguinal pour découvrir et raccourcir les ligaments ronds. (Al-
qoié. BtM. de VAcad. de méd., t. VI, p. 235, 1840.)
lies eouches snperticielles devant ôtre nécessairement intéressées dans ces diverses
içératkms, il est bon de rappeler l'influence que la direction des incisions exerce ici
sur la tbrme définitive des fdaies en raison de l'élasticité des téguments et des eoudies
952 AINE (pathologie).
sous-jaoentes. Les plaies horizontales, c'est^-dire parallèles à Tarcade crurale, s*tU
frontent tràs-<iisément; les plaies verticales au contraire deviennent ovahires et
restent béantes, surtout dans la i-égion cnirale. Ces dispositions s'exagèrent encore
chez les sujets maigres àpeau flasque. D'autre part, la forme des sdutions de conti-
nuité est singulièrement modifiée par l'attitude du membre inférieur; ainsi la flexion
de la cuisse rapproche jusqu'à les faire chevaucher les lèvres des plaies horiaûnialfs,
tandis qu'elle écarte celles des plaies verticales. L'extension agit d'une manière dia-
métralement opposée ; de là, en pratique, des avantages et des inoonvénieota qu'il
feut connaître, utiliser ou éviter. Ainsi les incisions horizontales favorisent la réu-
nion immédiate, surtout si dies sont combinées avec la flexion consécutive de b
cuisse; mais quelquefois le but est dépassé, et le rapprochement exagéré des bords
saignants engendre un enroulement, une sorte d'entropion cutané, qui retarde b
cicatrisation, d'où la nécessité, tout en relâchant les parties nuMes pour favi»iser
l'adhésion primitive des lèvres, de procurer la coaptation exacte de ces denuère*^
par la suture, les serres fines ou le collodion. A la région crurale, l'extension du
membre aide au contraire à TaiTrontement des plaies verticales. Lorsque la réunion
immédiate n'est ni désirable ni possible, il convient de combiner la direction des
incisions et Tattitude de la cuisse de manière à obtenir l'écartement permanent
des bords de la plaie; Touverture des bubons, par exemple, devra se faire per-
pendienlairemcnt à Tarcade crurale, et la cuisse sera maintenue dans la demi-
flexion.
Dans les opérations plastiques, les incisions de Celse pratiquées pour faciliter b
suture ou pour former un ou deux lambeaux en pont devront être de pr^l^renre
exécutées parallèlement au ligament de Fallope; de même on empruntera autant
que possible à la paroi abdominale les lambeaux à pédicule qu'on voudrait amener
par toraion ou inflexion dans le pli de l'aine pour servir d'opercule à un anus contre
nature ou pour combler le vide laissé par Tincision transversale d'une bride cica-
tricielle gênant l'extension de la cuisse.
Dans la kélotomie, l'extirpation des tumeurs, etc., on évitera, si faire se peut,
les incisions en T ou en croix, qui se cicatrisent difficilement; on les remplacerait
avec avantage par des incisions courbes, semi-circulaires ou 6emi-elliptiqiie>,
circonscrivant une sorte de bmbeau dont la dissection donne tout le jour né-
cessaire, et qui se réapplique facilement, si on juge utile de réunir. Le bord adhé-
rent de ce lambeau sera, suivant le besoin, perpendiculaire ou parallèle à Tarrade
crurale.
Quelque importants que fuient ces préceptes, ils sont, dans certiines o|)érationv.
subordonnés à d'autres considérations ; ainsi la ligature de l'ilbque externe à L
partie inférieure exigera que l'incision soit tantôt horizontale, tantôt verticale; dr
même pour la kélotomie, pour l'extirpation des tumeurs et la recliercfae des catys
étrangers. Nous en recommandons l'observation pour le seul cas où rien n eii^«
impérieusement qu'il y soit dérogé, et nous les avons rappelés assez prolixenienl«
parce que, au point de vue de la marche de la cicatrisation, ils s'appliquent non*
seidement aux plaies opératoires, mais aussi aux plaies accidentelles, et en général
à toutes les solutions de continuité récentes ou chroniques, simples ou diatbésiques,
dont h région de l'aine peut être le siège. Du reste, d'api'ès l'antagonisme oo Li
communauté d*action qui existe entre la direction des plaies et la flexion de b
cuisse, on a déjà compris le parti que, dans un cas donné, on peut tirer de ee< deui
forces suivant qu'on les adjoint ou qu'on les oppose.
Les hémorrfaagies primitives oo secondaires survenues i la suite d'une hleioui^
AINE (rATBOLotiiBJ. 955
daiKlcoour& d une opératiun ou pttr le iaît d*une erreur de dîagnoitic, constituent
Tuoe des plus graves complications des plaies, inguinales.
L'application des sangsues est rréqueuuncnl ordonnée dans la réi(ioii de Taine.
C'est uue maufaise pratique dans le cas de bubon virulcnl, à cause de la facilité
;iTec laquelle les piqûres s'inoculent. S'il s'agit d'une heniie étranglée, il œnvienl
déplacer les annélides à une certaine distance de la tumeur, saus quoi, a suppu-
Hi> qoeb kélotomie devint nécessaire, les ecchymoses généraient l'opérateur. C'est
$iir le trajet inguinal du cordon ou du ligament rond qu'il iaut faire l'applicaliou
pour les maladies du testicule, de la vulve, du vagin et de l'utérus.
Nous n'avons parlé jusqu'ici que des plaies u ciel ouvert ; il nous reste à
«ignaler les |Jaies sous-cutanées accidentelles ou chirurgicales. FoUiu a déjà cité
dans ce recueil 1 1. 1^, p. 145) le cas où un échalas pénétrant à la partie supérieure
de la cuisse avait labouré le tissu cellulaire sous-cutané du pli de l'aine. Larrej
n|i|nrte deux observations aussi remarquables. Dans la première, un coup de
laiu% pénétra au tiers supérieur et externe de la cuisse, puis, se dirigeant en haut
é en dedans, à travers le paquet des glandes inguinales, passa sous l'arcade cru-
nile, a alla derrière le pubis blesser la face antérieure de la vessie. L*urine sortit
pEir la plaie, dont le trajet parut d'abord se fernier, mais s'enflamma plus
tard el donna lieu ii une fistule urinaire ciwale. Sonde dans la vessie, contre-
uuTerture a l'aine, guéridon. — Dans la seconde, une conie de taureau, très-
fniutue et recourbée, pénètre par le sommet de la fesse jusqu'à la partie profonde
du pli de Taine, dilacère le tissu cellulaire et les glandes inguinales, passe sous l'ar-
cade crurale, et atteint dans le bassin le côté correspndant de la vessie pleine d'u-
rine, celle-ci, dénudée, mais non ouverte, vient faire sous l'arcade crui'ale une her-
nie du volume d'un œuf de poule. Accidents immédiats graves, contre-ouverture
dans Taine pour découvrir et réduire la tumeur vésicale, sonde à demeure, guéri-
(«. (CUnique chirurgicaU, t. II, p. 504, 505; I8!29.)
Deux autres cas analogues sont cités dans les Ardiiv. fur Chirurgie de Langen^
t«ck, t. III, fasc. 3, p. 327, et t. V, lasc. 2 et 3, p. 269.
lue simple mention suffit, je crois, pour la proposition fantaisiste de la kéloto*
fflie sous-cutanée.
Plaçons ici deux remarques, dout l'une s'applique à toutes les lésions acci-
dentelles, et dont l'autre regarde particulièrement la pratique des opérations.
1* Au moment où il est atteint parle traumatisme, le pli de l'aine est à l'état noj-
nialfOU bien il recèle uue afi'ection antérieure, adénite, ectopie du testicule, dilatation
uriqueuse, tumeur herniaire, etc. Ce deniier cas est surtout très-commun. Ce sim-
(de énoncé suffît pour faire comprendre combien, avec uue même cause, le pronostic
peut varier suivant que le blessé se trouve dans Tune ou dans l'autre condition.
^ Le diagnostic des tumours inguinales est parfois fort obscur; on a commis
dans cette région des erreurs de diagnostic si extraordinaires et si funestes, ces
meurs ont été commises par des hommes si haut placés, qu'on est forcé d'admettre
que nul n'en est entièrement à l'abri. De plus, il n'est pas rare de rencontrer
idusieurs affections concomitantes qui mélangent leui*s symptômes et leurs carac-
tères plijsiques, de manière à dérouler le clinicien. Un abcès siège devant un aué-
msme, un bubon recouvre une hernie étranglée ou non, un kyste simule un sac
liemiairc, etc. Enfin les vaisseaux de la région sont soulevés ou déviés par une
Uimeiu' sous-jacente ou latérale. Il en résulte que dans le cours d'une opération
'41 peut ne pas trouver ce qu'on cherehc, ou trouver ce qu'on ne chcreliait pas, ou
rcticoutrer enfin et blesser par mé^^arde des organes importants.
S54 AINE (rATHOLocie).
Quelque habile qu'où soil, quelque assuré que paraisse le diagnostic^ ou ue doit
jamais procéder ici qu'avec la plus sage lenteur et les pi*ecautîoiis les plus miuiH
lieuses, en pensant toujours à la possibilité d'une méprise ou d'une oocurrencv
imprévue.
Ainsi l'on se trouvera bien de diviser horixontalement et de ne jamais ponction*
ner la peau, ou de k soulever en pli vertical si elle est moUle. Si on dent péné-
trer profondément, on incisera couche par cx>uche, comme dans la kélotomie; ou
cherciiera toujours les gros vaisseaux par le toucher avant d'intéresser les plans où
ils se troaveni, en se rappelant que l'extension de la cuisse, attitude souvent indis-
|)ensable, les rend superficieb. Les brandies de petit volume seront liées au fur
et à mesure, si cela est possible. Enfin» on n'oubliera pas de faire assujettir soli-
dement le patient et de se prémunir surtout contre le mouvement instinctif qui
le porte à fléchir vivement la cuisse. Un confrère m'a assuré avoir vu l'jr-
1ère fémorale ouverte de cette manière, à propos de la ponction d*an bubon; la mort
suivit dans la soirée même.
Il est utile d'ajouter à ces préceptes doux phrases judicieuses de Bérard :
c Lorsque des accidents graves sembleront réclamer un prompt secours, il Gui-
dra, s'il y a incertitude sur la nature de la maladie, mettre les choses au pire, et
se comporter comme si l'on avait affaire à l'atTection la plus grave. On conçoit par
exemple qu'il y aura peu d'inconvénients à inciser l'abcès d'un ganglion avec h^
préaiutions qu'on apporterait à la dissection d'une hernie fémorale étranglée, tan-
dis que les plus graruls dangers pourraient survenir si l'on ouvrait cette deniièn*
wnnneun abcès...
(( Il faut aussi, dans le cours des opérations que Ton aura enti^prises, m* |u«>
oublier que sous une première tumeur que Ton aura ronconti*ée, ou h côté dVIIf.
il faudra quelquefois aller chercher celle qui entrelient les accidents, et ne pci^
supposer trop tôt que l'on a commis une faute de diagnostic parce qn\ni ni ]9^
tout d'abord trouvé ce que l'on cherchait. »>
Contusions ^ froissements. Une chute, un coup direct, une pression violente et
passagère, une compression plus faible, mais prolongée, peuvent déterminer au pli
de l'aine tous les accidents de la contusion, immédiats ou éloignés, variables encon*
suivant l'organe ou le tissu pîU'ticulièrement intéressé.
La i)eau qui porte l'olTort principal peut se mortifier dans la suite. Ainsi ia cuoi-
pression mécanique, appliquée au niveau de l'émincucc iléo-pecliniV?, dans le trai-
tement des lésions artérielles du membre inférieur, entre le.< douleurs ^i^i-^
qu'elle provo(|ue quelquefois, peut arriver jusqu'à produire des eschares, si b
pelote est trop dure, trop longtemps ou trop fortement appliquée. Michaux {A^
Louvain) en rapporte un exemple (Btdleiin de la Société de chirurgie^ t. VIII.
p. 136, 1857). La compression altemsitivo met ^ l'abri de cet aa*idcnt fort rarr
d'ailleurs.
Nous avons sigimlé nous-méuie {Bulletin de la Soc. dechirunj.^i. l^y 3* série,
p. i03, 4861) un accident peu conim qui succède h la œnipn*ssion digitale teni-
poraire qu'on exerce sur la fémorale au pli de l'aino dans les amputations ou daii<
les nnévrjsmes. Il s'agit d'une phlébite circonscrite de la veine crurale. Trois ra^
de ce genre» recueillis en un petit nombre d'années, prouvent que la lésion n'(^t
|Nis tnVrare et indiquent In nécessité de faire avec précaution l'hémostase pravi-
ioiri*. Si l'on ne peut éviter la veine, il convient de comprimer le moins fort et le
rniiinM longtemps possiMe. Sur 28 eus d'anévnsme inguinal dont l'étiologie a été
fiiitée, Nolgaigne en compte 6 qui ont succédé a do chocs directs portés sur I aine.
AINE (patuulùgik). '*J&5
eiim^epiièuic coiiséculif à une plaie d'arme à feu cicalvisée (Journal de chirur-
fjieA' IV, p. 8 et 9, 18i6). La coutusioii donna naissance à un anévrysnie vari-
quens dans le cas de Venturoli. (Ga:i. méd, i836, p. 200.)
Wa chocs portés sur le cordon spermatique y provoquent des phlegmons, la
|4ilcbite funiculaire, un hémalocèle. Le testicule retenu à l'anneau est soumis au\
mêmes éventualités. Nous avons déjà parlé de la contusion des hernies et de Tin*
flammation qui peut eu résulter. Tout le monde connaît l'ol^senation de Flaubert
fils (Tbès. iiiaug., p. 41; 1839). Une femme de cinquante ans, affectée d'une
petite hernie inguinale gauche, fait un laux pas et une chute ; une terrine remplie
de linge mouillé qu'elle portait dans ses bras heurte l'aine gauche. Douleur vive.
Phénomènes d'étranglement; on opère quatre joui*s après ; le soc ne renfermait
[Jus ni intestin, ni épiploon. Il était rempli de caillot» adhérents. Il s'agissait
d'un hématocèle du sac herniaire. Broca a réuni on bon nombre de cas d'inflam-
msitîoiis herniaires consécutives à des Tiriences extérieures ou à l'application de
loodages trop serrés (p. il et suivantes). Ces faits sont très-communs et devien-
draient innoroliraUe», si l'on y joignait les désordres causés par le taxis foné ou
prolongé.
lies frotleroents répétés sans pression énergique agissent de même. Témoin ce
Dieuuier qai fit une longue route ayant dans sa poche quarante gix» écus qui
portaienC sur une hernie, l-n abcès inguinal se foima et peifura le sac de dehors en
lUansfBérard).
Ia's bandages herniaires, mal construits ou mal appliqués, ne ménagent pas plub
lt> couches cutanées. Sous l'influence du frottement réitéré qu'ils exercent, le
li^sll cellulaire, interposé entre la \y^\\x el les plans sous-jacents, se creuse de vé-
nuUes bourses séreuses adventices, qui, vides on kystiques, sont une source d'em-
barras pour le diagnostic de l'élranglement ou la pratique de la kélotomie. D'autivs
b^ la pression de la pelote détermine des excoriations douloureuses, des indura-
boibnitanci*s. des adénites, des phlegmons, des abcès. Chassaignac cite un exem-
)4e concluant de ce dernier genre d\iecidcnt (p. 659). Les contusions inguinales
donnent lieu à des tnmeui's simguincs el à des abcès dont nous nous occuperons
phfrioin; elles peuvent porter leur action plus profondément. Lorsqu'elles sont
hèrénergiques, elles intéressent les muscles, l'articulation coxo-fémorale et le
^{uelette, jusqu'à produire la fracture de la branche horizontale du pubis. Comme
Miites éloignées, eues semblent prédisposer à la formation de hernies, en affaiblis*
5ant la paroi abdominale.
QnUérUatUms^ brûlures. On employait beimcoup autrefois et cjuelques chirur-
zicns préconisent encore la caulérisiition actuelle ou ]X)tentiello pour ouvrir les
iHibons, poiu* modifier la surface des chancres phagédéniques ou des ulcérations ato-
nîques qui succèdent à la suppuration de certaines adénites scrofuleuses ou chan-
•Teitses. La même méthode a été appliquée a la cure radicale des hernies (depuis
Albucasis, liv. I''^ chap. xlv) et à la destruction de l'épiploon hernie. Toute!)
(^ applications de la cautérisation doivent être rejetées d'une manière générale
iBovdenave). L'ouverture des bubons par les caustiques, outre qu'elle laisse des
stigmates fâcheux, m'a paru ralentir la cicatrisation. L'usage répété et persévérant
de djxers topiques suffit ordinairement pour les ulcérations phagédéniques ou autres ;
il n'est pins nécessaire de blâmer l'emploi du feu, allant jusqu'au pubis dans li*s
hernies réductibles, et si l'on ne veut pas, après la kélotomie, abandonner l'épi-
l^oon i lui-même, on peut le détruire par des procédés plus sûrs et {dus ex|)éditifs.
Si dmI^* tout ou croyait uécessaire de recourir à la méthode que nous critiquons,
356 AINE (patuolouik).
il faudrait ptt)eéclei- avec prudence et u*uliliser que les caustiques fixes qu'on |)init
nianier avec pi-écisiou. Sans parler des cas où, par défaut ou eireur de dia^gnobtic,
des lieniies, prises pour des bubons, ont été ouvertes par le caustique, je rappel-
lerai seulement le cas cité par Bérard, de cette <schare produite avec la pu-
tasse, par un élève d'Angers, et qui semblait comprendre les parois de Farlm^
lemorole. Rien ne saurait remplacer le bistouri, alors quou peut eraiodre h blc>'
sure d organes si impoiiants.
Les brûlures, rarement limitées au pli de Taiue, s'étendeut ordiiiaireiuciit
ù la \yMVi abdominale et à la partie antérieure et supérieure de la cuisse. Si elle»
sont pnjlbndes et si la cicatrisation n'en est pas surveillée, elles amènent la Ibnua-
tion de brides qui attirent la cuisse vers labdomen et la maintiennent dans une
llcxion permanente. Tant qu'on peut craindre la rétraction primitive ou cousctu-
livc, il est indispensable de maintenir la cuisse étendue sur le bassiu, quelque
retard que cette attitude puisse occasionner dans la guérison. Nous dirons plus loin
ce qui a été fait, lorsque la rétraction inodulaire était ancienne.
Cicatrices» Elles succèdent à des lésions traumatiques : plaies, opératimb.
bi-ûlurcs, ou à des lésions organiques : ulcérations, abcès, fistules, etc. £Uu»
oilrent une grande variété d aspect : uniques ou multiples, larges ou linéain^,
superficielles on profondes et épaisses, saillantes en forme de brides ou déprimm
en entonnoir, lisses ou gaufrées, mobiles ou adhérentes aux plans sous-jacents, etc.
Elles portent ordinairement le cachet i!e la cause productrice et acquièrent aioai
une assez grande valeur séméiotique. C*est ainsi qu'on leconnait assez lacilemeut
la cicatrice d un chancre phagédénique, d'une ulcération scrofuleuse, d'un abcÀ
de la fosse iliaque, d'une kélotomie, etc. Quand elles sont supei-ficielles et mobile:^,
cci cicatrices ne déterminent aucune gène ; toutefois on peut dire que, wéiiic
bénins, ces stigmates sont fâcheux, pai-ce que le préjugé du public, d'ailleurs a^ae2
légithuc en général, leur attribue volontiers une origine vénérienne. Cette seule
considération justifie ])leinement l'emploi persévérant de la méthode abortive daœ
le traitement des bubons, ou du moins l'adoption des pix)cédésqui doiment issue au
pus à travers d'étroites ouvertures de la peau, ponctions capillaires, pooctioib
précoces, séton filiforme, etc. Plus profondes et plus étendues, les cicatrices pré-
sentent des inconvénients variés; tantôt elles déforment h région, tantôt géneutles
fonctions. En appliquant la cuisse sur l'abdomen, elles produisent lune des
variétés de la flexion permanente ; citons quelques exemples.
Marjolin obsena un homme qui avait une hernie étranglée jugée inguimle,
|]Qrce ([u'elle descendait dans le scrotum. Pendant l'opération ou reconnut qu'elle
était crurale, I>es cicatrices nombreuses que le malade portait à l'aine a^'aieut
rmiièchélcs viscères de soulever la peau sous Tarcade fémorale] (Dtdtoiiif. en
30 voL^ t. XIII, p. 41). Dans ce cas, les cicatrices avaient conduit aune enx;ur de
diagnostic.
Dupnytrcn parle d'une cicatrice inguinale, suite de brûlure, et qui maintenait
lu cuisse dans la flexion. Elle était peu apparente lorsque le membre restait en
n*pos, mais se transformait en une bride très-saillante au moindre luouvemeut
d'extension. Dans un autre cas, l'anneau inguinal, affaibli par une cicatrice piaoL-c
flu-dcvant de lui, domiait passage à une hernie. Sur le côté se trouvait une bride
qui |Niruissait H peine quand la cuisse était fléchie, mais qui devenait teUement
sailliuite lorsque le membre était étendu, qu'elle s'opposait à Faction du bandage et
qu'on fut obligé de la couper pour pouvoir contenir la hernie. (Médecine opérât.
de KulHitier, édil i832, 1. 1, p. 547.)
AINE (PATUOLOGIJS). ^57
Roui cite ua cas de cicatrice très-étendue, consécutive à une lai^c bi-ûluie de la
parai abdominale et de la partie antérieure de la. cuisse chez une jeune fille. Le
corps était incliné eu avant, et une bride ferme, tendue, adliéraiit par ses deux
extrémités aux régions inguinales, formait au-devant des parties génitales un pli
transversal qui les obstruait. C'était une sorte d*épican(hu8 vuivaire. Roux, coii-
salté par les poients, déconseilla le mariage. (Quarante années de pratique chirur-
gicale^ t. I, p. 5.)
Dapuytren dit avoir £iit la section de la bride, sans en faire connaître les résul-
tats. Delpech nous fournit un fait plus important ; c'est la quatrième observation de
son célèbre mémoii-e sur quelque spliénomènes de VinfUimmatùm. (Chirurgie cli-
nique de Montpellier, t. 11, p. 580 ; 1828.)
Jeune tailleur, bubon suppuré de l'aine gauche. Téguments amincis et détruits
dans une grande étendue. L'attitude de la profession disposa les boi-ds de la plaie à
un grand rapprochement, d'où cicatrice transversale, foimant un nœud oblong,
dur, sans adhérence, gênant pourtant beaucoup l'extension de la cuisse et rendant
b marche trèsf^nible. La cicatrice fut emportée dans son entier par deux incisions
semi-elliptiques verticales qui se réunissaient par des courbes au lieu de former des
angles à leur rencontre. Le nœud cicatriciel était épais et pénétrait profondément.
Après une dissection attentive, il fut possible de déplacer convenablement les lèvres
cutanées de la plaie, qui furent réunies par quatre points de suture, après que In
cuisse eut été placée dans une forte extension. Au douzième jour il ne restait qu'une
Qcalrice verticale, linéaire, blanche, molle, souple, ne gênant nullement les mou-
vements de la cuisse.
l/*s dimensions restreintes de la bride permirent u Delpech de faire ici une heu-
reuse application de sa méthode ; mais si la perte de substance était plus étendue,
la réunion immédiate serait impossible. A la vérité, on pourrait mobiliser les lèvres,
en les disséquant par leur face profonde, comme Champion paraît l'avoir fait dans
le cas suivant : Enfant de douze ans, brûlé à l'âge de quatre ans. La moitié supé-
rieure de la cuisse gauche est intimement collée à la paroi idxlominale. La cuisse
étant isolée par la dissection, le chii*urgien réunit la plaie {Kir première intention,
dans ses trois quarts inférieurs, eu empruntant par décollement les téguments du
voisinage, et en associant les agglutinatifs à la suture. Li cicatrice inodulairc du
iTste de la plaie rétablit en (lartie la flexion de la cuisse sur le ventre, mais pas assez
repoidant pour empêcher le malade de marcher presque droit. (Velpeau, Médec.
c7Wfr.,l.l, p. 492;1859.)
C'est encore l'autoplastie par décollement qui fut employée par M. Nicliet, dans
un cas dont voici l'analyse sommaire : Enfant de six ans, brûlé en bas âge, cpisse
maintenue dans la flexion forcée par une bride épaisse, verticale, haute de trois
pouces de son bord adhérent à son bord libre, occupant toute la région inguinale
gauche, le tiers supérieur de la cuisse, et s'étendant sur la paroi abdominale. Elle
était formée de deux lames adossées par leur face profonde, l'interne constituée par
le tégument normal, l'externe par un tissu inodulaire très-dense. Section transver-
sale de la bride dans toute sa hauteur, extension forcée de la cuisse, d'où résulte
ime pfade losangique à grand diamètre vertical. Excision de la partie la plus épaisse
^ la plus dure de la cicatrice, aux dépens de la lèvre externe de la plaie. Lèvre
interne disséquée sur l'abdomen et sur la cuisse, dans la largeur de trois pouces,
pnit attirée en dehors pour recouvrir la plaie. Six points de suture, bandelettes
ggluUnatives, bandage, extension de la cuisse maintenue par une forte attelle
postérieure; appaiinl mal supporté les premiers jours. Le quatrième jour, réu-
mfr. BKC. H. 17
9
258 AIME (patuolugik).
iikm obtenue à la cui^»se ; elle mauque à Tabdomen. Exteusion du membre rigou-
reusement maintenue pour augmenter le diamètre longitudinal de la phie, qu mi
cherche à rétrécir transversalement par des agglutinatifs. Survient une variole
très-intense qui détruit tout ce qu'on avait obtenu et interrompt le traitement yen-
dant cinq semaines. La cicatrisation, lente à s'effectuer, n'est complète que cinq
mois après l'opération; alors le petit malade marche parlaitement, les mou-
vements de flexion et d'extension sont faciles, et Ton voit une cicatrice linéaire
qui, partie du tiers supérieur de la cuisse, s'étend sur l'abdomen à trois pouces au-
dessus du pli de l'aine. (Clinique chirurg. de rHôtel-Dieu de Lyon, Gast. méd.,
1836, p. 456.)
L'honneur de cette cure, publiée peut-être un peu prématurémoit, revient moins
à l'autoplastie qu'à la méthode ancienne, c'estrà-dire à la section de la bride et à
l'attitude permanente donnée au membre. C'est sur cette dernière qu'il faut sur-
tout compter dans le traitement des brides inguinales. 11 est vrai que les méthodes
anaplastiques pourraient fournir des moyens adjuvants, utiles et variés. Pour favo-
riser la réunion verticale après l'excision de l'inodule, on poiurrait, outre ies
décollements sous-cutanés, faire les incisions de Gelse, pour mobiliser un ou denx
lambeaux latéraux en forme de ponts verticaux, ou bien, dans le cas de brides
étroites, employer soit les coupes ondulées de Décès, de Reims, soit le procédé de
Warthon Jones. Enfin, la bride étant divisée ou extirpée, on pourrait emprunter
aux parties voisines un lambeau pour recouvrir la plaie produite ; mais tous ce>
procédés seraient incertains sans l'extension permanente, car il laut se rappeler que
l'autoplastie échoue fréquemment lorsqu'elle est appliquée aux brides cicatridelles
des membres.
Ll*s lésions superficielles et les cicatrices qui en résultent ne sont pas les seules
causes de la flexion permanente de la cuisse sur l'abdomen, et sans parler de Tanky-
lose vraie ou fausse de l'articulation coxo-fémorale, qui ne doit point nous occuper
ici, nous trouvons dans les parties molles, interposées entre le tégument et le sque-
lette, des lésions susceptibles d'amener des rétractions rebelles : telles sont les
inodules profondes qui succèdent à des suppurations prolongées, à d'anciens trajets
fistuleux; — la fonte purulente du psoas, la rétraction de ce muscle et des autres
fléchisseurs de la cuisse sur le bassin; — Taltération singulière des tissus albu-
ginés, décrite par Gerdy, et consécutive à un travail inflammatoire prévue
latent, etc. Un bel exemple de ce dernier genre de lésion est cité par Horel-
Lavallée (Rétractiom accidentelles des membres. Annales de la chirurgie fran-
çaise et étrangère, t. XUI, p. 285 ; 1845). C'est la description d'une pièce anaUv
mique disséquée par Ridiel, et dans laquelle la flexion permanente était
maintenue par l'induration de tous les tissus fibreux siégeant au-devant de l'arti-
culation de la hanche ; malheureusement l'histoire clinique de ce fait cttrieuv
n'est |)as connue.
L'histoire des rétractions inguinales profondes sera faite en son lieu. Disou»
seulement qu a Tépoque où les sections sous-cutanées étaient en grande vogue, on
a pro))osé et même exécuté dans le pli de l'aine la division de divers muscles, pec-
tine, couturier, adducteurs, droit antérieur, et des ligaments rétractés (Stromcyer.
Dieflenbach, Opéralive Chirurgie, t. I. Jules Guérin, Ga%, médicale de Paris,
\ 840, 1 841 ). Ces opérations datent de loin déjà ; elles sont rarement pratiquées àv
nos jours. L'anesthésie associée aux manœuvres de redressement et aux appareib
mécaniques les rend le plus souvent iimlilos.
Efforts. Les lésions traumatii|ues agissent de deux manières : elles produisent
AINE (pathologie). 250
des désordres immédiats ou faTorisent le développement ultérieur, lapparilioii ou
l'évolulion d'alfections diverses, il en est de même de rcfïort, auquel je consacre
ici quelques lignes, parce qu'il n'est pas de région du corps où se montrent plus
fréquents et plus graves les effets fâcheux de cet acte physiologique lorsqu'il est
exagéré.
Un grand nombre de sujets atteints d'affections inguinales leur attribuent pour
cause antérieure ou immédiate des efforts généraux ou partiels, et surtout ceux qui
sollicitent les contractions énergiques de la paroi abdominale, du diaphragme et
des membres inférieurs, tels : l'acte de soulever un corps pesant, de sauter, de
lutter contre l'imminence d'une chute, etc. La toux, le vomissement, l'accouche-
ment, sont également invoqués. C'est dans la production des hernies et dans l'appa-
ritiou des accidents herniaires, irréductibiUté, étranglement, etc., que ce rôle de
TelTort est incontestable et incontesté; aussi est-on porté à considérer toute tumeur
linisquement apparue comme formée par les viscères abdominaux. L'erreur a été
plus d'une fois commise.
La plupart des chirurgiens, après Gerdyet Velpeau, admettent l'inflammation du
(Drdon spermatique et l'orchite causées par l'effort ; on discute seulement sur le
mécanisme. Velpeau pense que les éléments du cordoa sont comprimés à l'anneau
inguinal par diverses lames aponévrotiques (DfV^. en 50 voLj art. TestiaUe^ p. 446,
U7). Gerdy suppose, avec plus de raison sans doute, que l'effort distend outre
mesure le plexus veineux du cordon et de la glande.
Le même auteur pense que certaines adénites et certains phlegmons inguinaux
circonscrits reconnaissent la même origine (Chirurg. pratiq., 1. 1, p. 302). Il rap-
pelle que Ledran vit sun'enir à la suite de vomissements une douleur inguinale vive
avec phlegmon du cordon et abcès iliaque. (Observât, de chirurg,, t. H, p. 11 i.)
La phlébite funiculaire, l'hématocèle et l'inflammation du cordon spermatique
apparaissent dans des circonstinces analogues.
Sans jouer le rôle de cause première, l'effort accélère l'apparition au dehors,
raccroissement apparent ou réel d'une tumeur préexistante qui était encore profon-
dément cachée sous les aponévroses ou dans la fosse iliaque. C'est ce qui a été vu
maintes fois pour les abcès par congestion en particulier. Malgaignc analyse vingt-
liuil observations d'anévrysme inguinal ; dans la moitié des cas les malades accu-
saient des efforts antérieurs violents. En supposant une altération pi-éalable de la
[«roi artérielle, ou bien un sac déjà existant, mais resté inaperçu, on com-
prend comment l'effort peut faire naître ou accroître subitement la tumeiur vas-
cQlaire.
La même cause intervient manifestement dans la production des hernies mus-
culaires; elle a été notée plusieurs fois dans le psoïtis< En résumé, l'effort oonsi-
déré dans la r^on inguinale distend les canaux et les aimeaux déjà occupés par
une pointe de lieniie, amène dans les muscles, dans les aponévroses, dans les piliers
des ruptures étendues ou fibrillaires, pousse violemment du dedans au dehors
les ofganes sains ou les pix)duits pathologiques profonds, augmente localement la
lension du sang dans les vaisseaux, comprime, contond ou congestionne le cordon
spermatique et, par ces divers procédés, occasionne des désordres dont les effets se
manifestent plus ou moins tardivement.
ArPECTioHs mPLAMMAToiREs OU oiiGANioUEs. Nous Ics divisons en intrinsèques
ou extrinsèques. Les premières ont leur point dé départ dans les tissus qui cou*
diluent le pli de l'aine et leur siège dans les limites que l'anatomie topographi([ue
2G0 AliNE (patholocie).
ussigiie à cette région. Ces (issus ii oITrant rien de spécial, nous n*aunNis k iiuli*
quer que des aflfeiiions communes, dont les systèmes organiques oATrent des
spécimens partout où ils existent ; de même les limites étant tout a f«iît artifi-
cielles, le mal pourra les franchir, et envahir par extension les régions voi-
sines.
Les secondes, originaires d'un organe ou d'une région plus ou moins distante,
n'atteignent que consécutivement le pli inguino-crunil.
Les ailleclions intrinsèques et extrinsèques présentent souvent une aiuiiiitude
complète et une nature identique, l'origine seule les distingue; d'où résulte qu'un
des pi'euiiers éléments du diagnostic consiste dans l'examen des régions voisines et
éloignées ; ou y trouvera souvent la cause ou la source de lésions inguinales qui pa-
raissaient tout d'abord idiopatliiques. L'étude ultérieure des abcès, des varices, de>
auévrysmes, des adénites, etc., mettra plus en lumière la valeur clinique de celte
division préliminaire.
C'est essentiellement dans l'intérêt du diagnostic que sont composés les articles
du genre de celui-ci ; sortes de mémento, ils ont pour but de rappeler au
praticien tout ce qu'il peut rencontrer dans un point circonscrit du corps, et de
l'aider, au lit du malade, a distinguer un cas particulier de tous ceux qui peuvent
lui ressembler. Nous n'entrerons donc pas, à propos de chaque afleclioii, «dans
de longs détails descriptifs, nous nous bornerons eu quelque sorte à une énu-
mération aussi complète que possible, et nous n'insisterons que sur ce qui e!>t
absolument spécial à la région. Le plan suivi dans cette étude n'est pas aussi na-
turel qu'on pourrait le désirer; d'une manière générale nous adoptons l'ordre
topogi*aphique et passons successivement en revue tous les systèmes, mais nous
avons aussi groupé dans des chapitres particuliers des ailcctious telles que les abcè»,
les kystes, etc., qui n'ont de commun que la nature du produit morbide qui les
consdtue.
Téguments, Les aflections cutanées susceptibles de se généialiser à toute h
surface du corps se rencontrent à ce titre dans la région inguinale : telles U» tiè-
vres éruptives, l'érysipèle, le furoncle, etc.; nous ne nous y arrêterons pas. Le>
dermatoses syphilitiques et parasitaires, nées sur les parties génitales cxterne^,
s'irradient fréquemment jusqu^au voisinage de l'épine iliaque, et se montrent au
pli de l'aine en même temps qu'à l'hypogaslre, aux plis génito-cruraux et n la
]nirtie su|)érieure des cuisses. C'est ainsi qu'on y rencontre des plaques muqueuses
et des sypbilides papuleuses précoces, surtout chez les enfants en bas âge et
les femmes jeunes, grasses, à peau fine, et peu soucieuses de l'hygiène. J'ai sou» le$
yeux un cas de pityriasis parasitaire qui, du mont de Vénus, s'est étendu aux deui
plis de l'aine. Un malade, traité l'an dernier ^l'hôpital du Midi pour une vérole
maligne, avait les deux régions inguinales recouvertes par une sypiiilide aerpigi-
neuse circinée des plus graves ; les cercles avaient plus de quinze centimètres de
dianiètra.
L'érythème, connu sous le nom d'intertrigo, n'est pas rare dans cette localité ;
tantôt c'est une simple rougeur, tantôt l'épiderme, soulevé ou détruit, laisse a ho
la surface du derme. On voit encore des excoriations, des fissures, des ulcéra-
tions plus ou moins profondes, en général assez douloureuses ; les causes de cH
érythème sont variées : un embon|)oint excessif, mettant en contact pernument la
peau de l'abdomen et celle de la partie supérieure de la cuisse, suffit pour le pro-
duire ; les attitudes vicieuses des membres inférieurs amènent le même résultat .
J'ai vu récemment un enfant atteint de coxalgie ancienne avec adduction et
AINR (pathologie). 201
fleiion poussées h l'extrême; ]e frii inguinal, devenu très-profond, était le siège
(le fissures étendues. Chez les femmes et les enfants, la finesse de la peau, Ta-
hondtnce des sécrétions cutanées constituent une prédisposition manifeste ; mais
rintertrigo survient chez tous les sujets, lorsqu'un liquide irritant baigne sans
cesse la surface tégumentaire : tel est le cas chez les sujets atteints d*anus
contre nature, d'incontinence d urine ; il nVst pas rare de voir alors des érup-
tioDs furonculeuses et une induration plus ou moins profonde compliquer Téry-
Ibème.
Les sans de propreté, Tusage des lotions astringentes et des poudres inertes,
constituent à la fois la prophylaxie et le traitement de cette affection légère, mais
fort sujette à récidiver si les causes persistent ou se renouvellent. L'eczéma inguinal
se rencontre assez fréquemment chez les scrofuleux.
Les frictions mercurielies donnent souvent naissance à des éruptions miliaires
faciles^ à reconnaître. Je fus mandé, il y a quelques années, auprès d'un jeune
homme dont lu verge, les bourses et les régions inguinales étaient couvertes
de txiUes innombrables, dont quelques-unes atteignaient le volume d'une noisette.
Les points lésés présentaient un gonflement considérable et des cuissons insuppor-
Uhles; une fièvre intense accompagnait cette éruption survenue depuis la veille,
et qu'une seule friction mercurielle, destinée à détruire des parasites, avait pro-
voquée. L'ouverture des bulles avec la pointe d'une épingle et quelques applications
résolutives firent promptement justice de cet accident, qui avait frappé de terreur
le jeune malade.
Vkérations. Elles sont de natures très-diverses, simples ou diathésiques,
primitives ou consécutives. Tantôt, envahissant d'emblée la peau, elles mar-
chent de dehors en dedans ; tantôt elles progressent à l'inverse et détruisent le
tégument de dedans en dehors, lorsque l'affection qui leur donne naissance siège
dans le tissu cellulaire sous -cutané, dans les ganglions ou plus profondément
encore.
Les ulcères simples succèdent à des suppurations diffuses ou circonscrites,
avec décollement et perte de substance de la peau, à des phlegmons stercoraux, à
desadénites strumeuses, et même à des bubons d'origine vénérienne ganglionnaires
ou péri-ganglionnaires. Les plaies qui succèdent à ces derniers peuvent en effet
perdre toute leur virulence, et ne montrer cependant aucune tendance à la
cicatrisation. Dans certains cas, le travail réparateur est entravé par un mécanisme
particulier. La suppuration ayant détruit toute l'atmosphère celluleuse d'un
l^anglion, celui-ci, ne tenant plus que par son hile, se recouvre de bourgeons
^nns peu disposés à l'adhésion ; il entretient, à la manière d'un corps étran-
ger, le décollement des bords cutanés, et quelquefois même fait hernie à
tnvers l'ouverture : son ablation devient nécassaire. (Blandin, Ga%. des Hôpit.,
p. 611; 1859.)
C'est ordinairement chez les scrofuleux ou les sujets débilités que l'on rencontre
ces ulcères languissants, a bords amincis, à surface livide, fournissant un pus
^eux, mal lié, floconneux ; les cicatrices qui leur succèdent sont d'un rouge
violacé, hiégales, gaufrées, offrent en un mot tous les caractères des cicatrices
^^trumeoses. Le diagnostic, en général assez facile, repose sur les antécédents, la
marche, la chronicité du mal et l'état général du sujet. On est parfois obligé de
réséquer les bords décollés de l'ulcère, pour obtenir une cicatrisation à ciel ouvert,
(f^oy* ADÉaiTK et Bubon scrofuleux.)
Vlcéreê vénériens et sypliilitiques. Le chancre infectant primitif est fort rare
S69 AINE (PATBOLOGIl).
dans la région inguinale ; il en est autrement du chancre nmple^ qui s'y dévelo^
|jar contagion directe, par Tinoculation d'un chancre génital, ou à la suite d ap-
plication de sangsues sur un bubon. Certains cliancres génitaux à marche serpi-
gineuse s'étendent jusqu'au pli de l'aine. Le chancre inguinal se montre pins sou-
vent encore à la suite de l'ouverture spontanée ou artificielle d'un bubou virulent
ou d'une angéioleucite de même nature. Ordinairement superficiels ou confinés
du moins dans les couches extérieures du tissu cellulaire sous-cutané, ces uloèrps
peuvent néanmoins gagner en profondeur, « creuser de vastes cavités dans le»
i-égions inguinales, dénuder les muscles de la cuisse, les vaisseaux et les nerfc du
triangle de Scarpa. (Ricori, Leçons sur le diancrej 59, i860; màv Bubon, Phagé-
dénisme).
Les tumeurs gommeuses, en se ramollissant, donnent naissance à des ulcé-
rations dont les caractères sont assez tranchés, mais qui {lourraient être con-
Tondues toutefois avec le bubon chancreux ou avec les ulcères scrofuleux. Ces
cas sont rares, et cette rareté même justifierait l'erreur de diagnostic; il
suffit d'être prévenu pour cheivher dans l'ensemUe des symptômes le moyen de
l'éviter.
Ulcères épithéliaux et cancéreux. Nous consacrci'ons un paragraphe partieu-
liei* au cancroide et au cancer de la région inguinale ; aussi ne faisons-nous que
signaler ici cette variété d'ulcération, qui n'est jamais primitive et que précède
toujours une tumeur cutanée, sous-cutanée ou ganglionnaire. Outre la gravité chi
pronostic inséparable des tumeurs malignes, les ulcères cancéreux sont encore
redoutables par la tendance qu'ils ont à pénétrer dans la profondeur, et i atteindre
des organes importants. Delplanque (Thèse de Paris, 1844, p. 15) a vu deux
fois le cancer perforer de dehors en dedans la peau , puis l'intestin, et prodinre
ainsi l'anus contre nature. J'ai vu moi-même l'un de ces cas à la Salpètrière.
C'était sur une femme jeune encore, aflectée probablement d'un cancer gan-
glionnaire inguinal primitif. Je ne saurais dire s'il existait antérieurement une
hernie.
Déjà, en 1842, Potier avait communiqué un fait analogue à la Société anato-
mique (Bulletin^ t. XYIl, p. 328). Hais les antécédents syphilitiques de bi malade
laissent planer quelques doutes sur la nature véritable du mal.
Dans d'autres cas, c'est l'artère fémorale qui est atteinte. Boyer rapporte qu'un
homme, affecté d'un ostéosaixx>me du tibia, avait subi l'amputation ; un cancer
secondaire se forma dans l'aine et corroda les parois de l'artère fémorale, d*où
hémorrhagie mortelle {Maladies chirurgicales , édit. en 10 vol., t. VU, p. 229).
Cruikshank rapporte qu'on a vu dans les ulcères rebelles des glandes . inguinales
les tuniques de l'artère fémorale voisine être rongées en sorte que, le vaisseau ae
rompant à la suite du moindre eflbrt, le malade expire instantanément. Le doc-
teur Hunter, ajoute-t-il, a rapporté l'histoire d'un cas pareil arrivé â un soldat
(Analomie des vaisseaux absorbants, traduction française, 1787, p. 265). La
concision du récit et l'absence d'indication bibliographique ne permettent pas d'ai^
firmer qu'il s'agit d'un cancer, car toute autre ulcération rongeante pourrait
un semblable résultat. La dénudatioii de l'artère crurale dans les chantTes
niques le ferait craindre. Il parait qu'eu 1839 un malade de l'hêpital Saint*
Louis succomba à l'ulcération de ce vaisseau, déterminée par une dégénérescence
tuberculeuse des ganglions crui'aux (Nélaton, Pathologie chirurgicale^ 1. 1**% 1844«
p. 565). II est a regretter que nous |)ossédions si peu de détails sur des faits aussi
importants.
AINE (ràTHOLOfiiB). 265
Dnison cas de pourriture d'hôpital grave compliquant une plaie profonde de
l'aine, Alquié vit battre et put toucher Tarière iliaque externe ; rhéroorrhagie,
toutefois» n* eut pas lieu, et la cautérisation an fer rouge amena la guérison.
[Cliniq. chirut'g. de BItnUpellier, t. II, 1858, p. 509.)
Langenfaeck rapporto un fait plus rare encore : ù la suite d'un épilhélioma
du ^and» les ganglions lymphatiques inguinaux s'engorgèrent; on les détruisit
avec le chlorure de zinc. Quelques temps après une hémorrhagie vcinciLse se
déclara et ne iut arrêtée qu'avec peine. Ulcération de la veine fémorale,, ligature
au-dessus et au-dessous, retour des héroorrhagies, m<»rt. A l'aulopsie on reconnut
(pie la veine cave inférieure était comprimée par les ganglions lombaires infdtrés
d'épithéiium. (Ardiivfûr Chirurgie^ t. I, p. 55; 1860.)
FiUuUs. Après les ulcères nous plaçons les listules, qui n'en diffèrent parfois
que par les dimensions; ce genre pathologique est fort étendu; terminaisons et
symptânies d'un grand nombre d'affections diverses, les fistules se retrouvent dans
toutes les grandes classes que nous avons admises. Nous les réunissons ici en
dépit de leurs différences d'origine et u cause de leur caractère commun, l'ouver-
ture i la peau.
Uniques ou multiples, simples ou compliquées d'induration, d'inflammation,
de déooUementSy de corps étrangers, etc., les fistules, comme les ulcères, se
forment de dedans en dehors ou de dehors en dedans; dans le premier cas,
qui est de beaucoup le plus commun, elles succèdent à l'ouverture spontanée
(NI artificielle de collections diverses, purulentes, stercorales, urinaires, etc. D<iiis
le second, une blessure, un coup de bistouri malheureux, une escbare, une ulcé-
ration à marche perforante, traversent les coudies cutanées et vont atteindre un
organe profond. La cicatrisation ne s'achève pas, et le trajet ûstuleux s'établit.
Quel que soit le mécanisme initial, les fistules confirmées sont temporaires ou per-
manentes; les unes disparaissent avec la lésion génératrice ; les autres, grâce à
certaines dispositions anatomiques, survivent à la cause et acquièrent une exis-
tence pnyre (anus contre nature).
On pourrait classer les fistules inguinales d'après les organes auxquels elles
aboutissent, mais il est peut-être préférable de les distinguer d'après les matières
qui s'en échappent.
FisUdeê purulentes. Consécutives à des abcès gangliomiaires aigus ou chroni-
ques, i des phlegmons suppures de la fosse iliaque ou de la paroi abdominale, à des
abcès froids ou symptomatiques d'une lésion articulaire ou osseuse, d'un psoîtis,
d'une pérityphlite, elles présentent des variétés infinies dans la longu^u' et la
direction de leur trajet, dans la quantité et les qualités du liquide qu'elles excrè*
tent, le pus pouvant charrier des parcelles osseuses ou de la matière tuberculeuse
ramollie, enfin dans la situation de leur orifice. Le stylet y pénètre à une profondeur
plus ou moins grande, et atteint quelquefois les parties osseuses malades. Le tou-
cher reconnaît sur le trajet une induration cylindrique qui conduit jusqu'à la fosse
iliaque. Souvent elles gênent Textension de la cuisse et rendent la marche doulou-
reuse. Le diagnostic repose sur les antécédents et sur l'examen des régions
nwines. Le pronostic est assez grave, abstraction faite de la cause, parce que
ces fistules sont peu disposées à la guérison, sujettes à récidiver, et surtout
difficiles i traiter, les organes importants de la région empêchant d'employer des
moyens chirurgicaux énergiques, débridements , coutre-ouvertures, drainage, cau-
térisation actuelle ou potentielle, etc.
Les fistules, dont le fond répond à la fosse iliaque, et qui s'ouvrent à la région
SG4 AINE (fatrologir).
crurale en passant au-dessous du ligament de Poupart, sont partienlièrement re-
belles. Ayant à traiter un cas de ce genre, qui datait de plusieurs années, j*ai
réussi, en dilatant lorifice avec la racine de gentiane et l'éponge préparée, puis
en modlGant à plusieurs reprises la cavité profonde par des cautérisations et des
injections irritantes. L'oriOce se trouvait en dehors des vaisseaux fémoraui. La
guérison exigea près de trois mois de soins continus (Voy. Abcès bb ia possc
ILUQOE.)
LRsfistidesstercoralessLïmonùeni la perforation de l'intestin à la suite de Vèinn-
glement ou de Tinflammation herniaire, des abcès de la fosse iliaque droite com-
muniquant avec le cœcum, des plaies intestinales, de l'ouverture involontaire d'une
hernie prise pour un bubon ou pour un abcès. Elles peuvent s'ouvrir en arrosoir.
Les fistules steroorales donnent passage à des matières intestinales, à du mucu$,
ft des gaz, d'une manière continue ou intermittente, ce qui dépend surtout de l'état
de l'intestin au-dessous du lieu où a siégé l'étranglement, de la persistance d'un
éperon plus ou moins saillant et de l'existence d'un infundibulum. Les causes de
leur permanence seront étudiées à propos des anus contre nature, dont elles se
rapprochent beaucoup.
Fistules urinaires. On les renccmtre i la cuisse, à la paroi abdominale, sur le
trajet du cordon spermatique et dans le point qu'occupent les hernies crurales et
inguinales; elles peuvent s'établir d'emblée soit par suite d'une plaie par arme i feu,
le projectile qui a ouvert la vessie étant entré ou sorti par le pli de l'aine, soit dans
les cas 011 une hernie de la vessie a été ouverte par mégarde avec le histouri ou le
caustique, comme ou en trouve des exemples cités dans Verdier (Hernies de la
vessiey in Mém. de V Académie de chirurgie), dans Pott et ailleurs. lie phis ordi-
nairement on les obseiTe à la suite des abcès urineux ouverts au-<lessus du lipi-
ment de Fallope, ou des infiltrations d'urine a>*ant gagné les parois abdominales,
quelle que soit d'ailleurs la cause première de ces infiltrations ou de ces ahrè*.
Elles sont rares; car la gravité des plaies vésicales et des infiltrations qui lenr suc-
cèdent ne donne pas au trajet le temps de s'organiser, et il ne faut pas donner le
nom de fistules à des plaies qui, dans les premiers moments de leur existence,
donnent issue à l'urine. Cependant on en trouve quelques exemples. Nous avons
cité plus haut une observation de l^arrey (fistule urinaire i la partie supérieure dr
la cuisse). (Voy, encore Philipeaux, Traité de la cautérisation, 1856, p. 550,
532; Durand, Bulletin de la Société analomique,ï. XIV, p. 23, 1839; Ridiet,
Annales de la chirur, fr. et étrang,,i. YI.)
Fistules entretenues par des corps étrangers. Les fistules inguinales, déve-
loppées de dedans en dehors, sont presque toujours précédées par une collection pu-
rulente. 11 s'en faut que tous les abcès et les phlegmons du pli de l'aine soient suivie
de cette terminaison fâcheuse, néanmoins, elle est à craindre lorsque la suppuration
est née sous l'influence d'une mauvaise constitution, d'une lésion du squelette, ou
lorsqu'il y a complication de corps étranszers. Sans insister sur les causes diathési-
ques ou locales qui, ici comme ailleurs, entravent la cicatrisation, il est bon de rap-
|teler les nombreux cas dans lesquels on a extrait de trajets fistuleux inguinani
des fragments osseux ou des corps durs venus des voies digestives. Héviii, dans
son célèbre Mémoire sur les corps étrangers de V œsophage^ en réunirait d^ji
un certain nombre, et les recueils périodiques en renferment souvent d'analogues.
Oïdinairement il y a simultanément fistule stercorak. Devant consacrer plus loin
un paragraphe à ces corps étrangers, je signalaai seulement ici les fistules entre-
tenues par des calouU biliaires. La première observation de ce genre est dur à
AINE (PATHOi.0611). 965
manie ans éprouva pendant plusieurs semaines des
'^nrition dans l'aine droite d'une tumeur flue-
'ne de jours. Une fistule s'étaUit qui donna
' * bouche, et plus tard à des matières
in jet avec un stylet, rencontra un
" t'. (/était une concrétion ovale dont
< I (leiui. La guérison ne se fit pas at-
' liisible et destructible par le feu ;il avait
• s. (Medico. chirurg. tramact,y t. III,
' iti.dogue. Le calcul, de 1 centimètre de diamètre,
. . iosse iliaque. La santé générale ne fut jamais trou-
vm., 2" série, t. II, i857, p. 289.)
.[(' le trajet fistuleux inguinal qui, préalablement dilaté,
I' d'uii kyste ovarique fœtal et permit à Richet d'extraire
M'-nis d'os, des poils et descheveux. (Btdl. de la Soc. de chir.,
\')7.)
iiirest parfois le siège de fistules lymphatiques; nous en parlerons
t Mirle diagnostic différentiel. Bien que la terminaison profonde des trajets
^ ^oit en général exactement indiquée par la nature des matières liquides
<("^^ qui se présentent à leur orifice extérieur, ce caractère n'est pas pathogno-
'"{u^;; les fistoles qui aboutissent aux voies digestives ou urinaires ne donnent
' («ntiDueUement passage â l'urine ou aux matières stercorales; le pus n'a
r^> de signification précise, car il se montre dans tous les cas pur ou mélangé h
'' "'1res fluides. Un fragment d'os n'implique pas nécessairement une altération
"l^vfiie du squelette. Un corps étranger introduit par la bouche ne suit pas
^joorsja filière de l'intestin pour arriver jusqu'à la région inguinale. Exemple :
'^^aiguilles, les Cingles. D'autres corps ont, à coup sûr, séjoiurné dans l'appareil
W^ii (calculs biliaires, ascarides lombricoides) ; ils en ont certainement perforé
'^prois, mais on ignore souvent où siège la perforation, et même si elle existe
'l'^^ quand le corps étranger est arrivé à la surface. Si la migration de ce der-
'"^ a été lente, la route a pu se fermer derrière lui, alors toute communication
'^ eotre la cavité muqueuse et la fistule.
I^ diagnostic est donc plus compliqué qu'il ne le paraît tout d'abord, et l'on
Ndiie que si la présence des matières étrangères prouve beaucoup, leur absence
^ "n moment donné ne prouve rien.
'affections du tissu cellulaire. Le tissu conjonctif abondant au pli de l'aine s'y
pf^nte sous tous ses aspects, et y affecte une disposition compliquée qui a fort
''^msé l'habileté des anatomistes.
Infiltré de graisse à la face profonde de la peau; aréolaire, feutré, tenace au voi-
'ioage immédiat des gros vaisseaux; d'apparence séreuse dans le canal inguinal;
^ H très-délicat dans le canal crural; lamelleux sous l'aponévrose d'enveloppe,
't Hus encore entre elle et la peau où il forme les deux feuillets du fascia super-
^ialis, il se continue, sans ligne de démarcation : superficiellement avec los cou-
^ sous^cntanées de l'abdomen, des organes génitaux, de la cuisse, profondément
^tt le tissu cellulaire qui double le péritoine ou qui accompagne lo cordon sper-
natiqaeet les vaisseaux fémoraux.
U tissu ooDJonctif inguinal, maljH'é son défaut d'homogénéité, ne formerait
AINE (fatholocir).
qn'an tout unique de l'afadomen h la cuisse, de la région musculaîrp è la pna, si
deux grandes aponévroses (fascia lata, aponév. abdominale) ne le séparaimt en doux
couches superposées, et si lui-même, se condensant en membranes, gaines on cloi-
sons plus ou moins résistantes, ne formait des loges on des intersections qui ente-
loppcnt les divers organes constituants et isolent avec eux ratmosphëro celtiihire
qui les entoure immédiatement.
Ces notbns anatomiques, qu'on m*excusera d'avoir rappelées, expliquent unr
ibnle de particularités de la pathologie inguinale : difliision lacile des infiltrations
liquides ou gazeuses; — propagation rapide des phlegmons; — migration ai^V dr^
tumeurs de l'abdomen à la cuisse, et réciproquement; — mobilité, épanotiisannenl
de ces tumeurs quand elles sont nées sous la peau, où elles ne rencontrent pa^ ilo
résistance, ou qu'elles y sont parvenues de la profondeur; — formation de hoinv^
séreuses ou condensation du tissu lamelleux en couches artificielles autour de<
tumeurs non inflammatoires, les hernies, par exemple; — au contraire, envahisse-
ment, distension, destruction de ce même tissu par les inflammations aiguës ou k^
productions malignes. Le cloisonn^nent , s'il n'est pas toujours ni longtemps
respecté par les progrès du mal, imprime au moins à la plupart des aflectioos in^nn-
nales des caractères de forme, de siège, de rapports qui éclairent le diagnostic, s<ir*
tout au début.
Théâtre d'une foule de désordres auxquels il participe plus ou moins, parfois d'une
laçon purement mécanique, le tissu conjonctif n'a guère d'aifections qui lui soient
propres. Si donc nous décrivons ici, coniormément à la coutume, les infikn*
tiens, les phlegmons, les abcès inguinaux, les kystes, et quelques antres tumeur^
sous-cutanées, nous reconnaissons que le tissu cellulaire n'y remplit qu'un rôle
souvent fort secondaire, eu égard à celui des autres éléments anatomiques de Li
région.
InfUtratian ga%euse. Abstraction faite des cas où l'air atmosphérique, sorti en
voies aériennes, se répand à toute la surface du corps, l'emphysème de la rép^
inguinale est toujours constitué par les gaz intestinaux, qui y parviennent par difle-
rentes voies : tantôt c'est par une plaie du rectum consécutive i une fracture de
l'ischion (Gonquet), ou à une opération de fistule anale (Uemarquay) (Dolbeau,
Emphysème traumatique, th. de conc, 1860, p. 7i), tantôt l'intestin proprement
dit, hernie ou non, est ouvert par un instrument piquant ou tranchant, ou rompo
par une contusion qui, du même coup, a déchiré le péritoine. L'infiltration ga-
zeuse se montre encore, sans traumatisme, dans les hernies étranglées avec gan-
grène, dans les phlegmons et abcès stercoraux. Indice presque absolu d'une perfo-
ration du tube digestif, l'emphysème inguinal est un signe important pour W
diagnostic des plaies pénétrantes, des abcès, des tumeurs avec symptôme d'étran-
glement.
InfiUratians sanguines; hématocèle. Outre les épanchements sanguins oonié-
culifs à la rupture des anévrysmes, à l'hématocèle du sac herniaire, du scroUnn, du
cordon spermatique, on voit à la région inguinale des ecchymoses, des sufiusion»
sanguines en nappe ou de véritables foyers déterminés par des contusions. Velpeau
en rapporte un cas : l'infiltration se résorba et le foyer dut être ouvert (G«s. de*
HôpiL, 1850, p. 70). Cette métamorphose de l'épanchement sanguin eo abcè«
hématique avait été vue déjà dans la même région par Blaudin . Le pus fonné d'afaoni
dans l'épaisseur de la paroi abdominale avait décollé et disséqué 1^ muscfos entre W
péritoine et la peau, puis il avait fusé dans le canal inguinal en suivant le cordon
q)ermatique et envahi le scrotum dont la peau s'était partidlement gangrenée
AINK (fatbolocik). 3G7
(Ces. des Hà/ni.y 1841, p. 249). C'est la nature sanguiuoleitte du pus qui fit
admettre l'eiistenoe antérieure d'une contusion. Le motif it'cst pas péremptoire.
A ce propos, je noterai une terminaison du bubon que j'ai plusieurs fois observée.
Après des tentatives infructueuses de traitement abortif , la tumeur grossit brus*
quenient, soulève la peau et s'étend rapidement. La ponction donne issue à un
[kpiide plus ridie en sang noir qu'en pus. On croirait aisément à un hénui-
tDoèle; il s'agit (NPobablemenl d'une exhalation sanguine des parois du foyer, d'une
héoiorrhagie dans la cavité d'im abcès.
Phlegmon diffus. Tantôt superficiel, tantôt profond, il prend naissance dans
b région même, ou n'y arrive que par extension, le mal partant de la verge, du
<rotum, des grandes lèvres, du périnée ou du membre inférieur. J'ai observé tout
rpcemment le cas suivant : Fille enceinte de six mois, plaques muqueuses vulvaires
très-oonflueotes; de l'une d'elles, située au bas de la grande lèvre gauche, part mi
(TTsipèle qui envahit largement l'aine correspondante, devient phlegmoneux, et
iiécessile de nombreuses et profondes incisions, tant au-dessus qu'au-dessous do
l'arcade crurale. Guérison; point d'avortement, malgré les très-graves symptômes
srâénux eonoomitants. Quelquefois le phlegmon débute par les lèvres d'une plaie
jj^inale accidentelle ou chirurgicale ; il apparaît encore lorsqu'un abcès superln
tiel ou profond se rompt dans le tissu cellulaire sous-cutané avant d'avoir perforé
L) peau. Certain» bubons se comportent surtout de cette manière, et sont suivis de
(léoûllements trèfr^lendus ; mais d'autres abcès chauds smi dans le même cas, ceux
(le là fosse iliaque par exemple.
I^ phlegmons stercoraux et les phlegmons urinaires constituent deux variétés
graves de l'afiection qui nous occupe. En traitant des fistules nous avons mentionné
déjà les circonataiices dans lesquelles ils prennent naissance.
haus un mémoire qui renferme des observations détaillées, Richet a soigneuse-
ment étudié la migration de l'urine jusqu'au pli de l'aine. La disposition du feuillet
profond du fasda superficialis expliquerait, suivant cet auteur, pourquoi l'infiltra-
tion se montre plutôt au-dessus qu'au-dessous de l'arcade crurale (Annales de la
ckir. franc, et étrang,^ t. VI, p. 510, 415, 433, 1842). L'urine peut arriver
tiKtMre au s(»nmet de la cuisse par le trou obturateur, cas noté par Hawkins à la
wiled'une rupturedela vessie (Houël, Th. d'agr., p. 68). Enfin, l'infiltration.peut
gagner le cordon spermatique et suivre le canal inguinal. Pytha, de Prague, a
inséré, dans les Mémoires de la Société de chirurgie, t. III, p. 305, 1853,
l'observation curieuse d'un cas de ce genre compliquant une hernie étranglée, et
smulant à son tour une hernie de vessie.
Lorsque l'inliltralion est superficielle, la peau, tendue, luisante, d'une colora-
tion jaune rougeâtre assez caractéristique, est soulevée par un mélange de pus et
d'orine ; elle peut être perforée ou se sphacéler dans une étendue plus ou moins
ottsidérahle. Cependant, au lieu de s'étendre en nappes, le fluide peut former des
'DUedions circonscrites, de véritables abcès urineux qui semblent provenir des
fosses iliaques, quoique en réalité elles occupent seulement l'épaisseur de la paroi
abdominale. Durand {Obs. d^à citée) etReybard ont consigné des faiU decc genre.
n^récissemenU de Vurèihre, 1853, p. 196.)
L'observation de Boyer reste encore unique. On sait qu'il s'agissait d'une tumeur
HiKtoante très-volumineuse, qui, pri«e d'abord pour un engorgement squirrheux
<>u tissu cellulaire qui entoure les vaisseaux spermaliques, laissa écouler à la ponc-
tion une grande quantité d'urine ; elle était formée par une dilatation énorme de
1 uretère. (Malai. diirurg., chap. xxxix, art. 3, g 1.)
268 AINE (patiologib).
Abcès, Les abcès inguinaux sont presque aussi fréquents que les afiênioos her-
niaires et les engorgements ganglionnaires. Li suppuration se présente ici soih
toutes ses formes, et Ton pourrait en quelque sorte tracer l'histoire générale éie^
collections purulentes avec les types que l'on rencontre au pli de l'aine; on y ohter^r
on eflet des abcès chauds ou phlegmoneux, simples ou virulents, des aboès froids
idiopathiques ou symptomatiques, migrateurs, ossifluents, péri-<»s»]Xye(r. Le pn<.
d'ordinaire, forme à lui seul la collection ; mais il peut aussi charrier des corps
étrangers, des fragments osseux ou se mélangera des fluides divers, sang, biic,
urine, matières steroorales, gaz intestinaux.
Leur siège primitif n'est pas moins variable; saus^tUanéSy ils naissent dans le^
couches lâches du tissu cellulaire, dans les vaisseaux et les ganglions Ijmpliatiqiie» ;
sous-aponévrotiques, ils occupent la gaine du psoas ou la boivse séreuse de m
muscle, le voisinage immédiat des os ou l'articulation coxo-fémorale, la gaJue des
vaisseaux cruraux, l'entonnoir crural, le canal inguinal, la foase obturatrice
externe.
Superficiels ou profonds, ils sont confinés à la portion abdominale ou à la poi^
tion crurale du pli de l'aine, mais peuvent envahir simultanément ou suooessive-
ment les deux étages, sous forme d'un foyer bilobé. Enfin, le pus s'amasse dans
des cavités accidentelles préformées : kystes celluleux, sacs herniaires vides, etc.
Cette limitation du début peut d'ailleurs changer dans la suite, en raison des ten*
dances propres à toute collection purulente : migrati(m, accroissement, envahisses
ment des couches ambiantes et des espaces circonvoisins ; ainsi l'abeès profonil
devient superficiel, l'abcèi ganglionnaire rompt la capsule de la glande et se n^
pand dans son atmos[^ère celluleuse, l'abcès du psoas et de la fosse iliaque travers*'
la paroi abdominale, tandis que le phlegmon diflus gagne l'abdomen en suivant
les vaisseaux lymphatiques ou sanguins, le cordon spcrmatique, le ligament
rond. Le pus, originaire de la cavité coxo-fémorale, perfore la capsule, par%ieflii
dans la bourse séreuse du psoas, et de la gaine de ce muscle se dirige vers le polit
trochaiiter, ou s'étale sous le muscle iliaque. En revanche, l'abcès par congestioit.
l'abcès iliaque profond, suivant la même route en sens inverse, envahissent Tarti-
culation et y provoquent une arthrite suppurée redoutable.
Nous avons vu que les pldegmons provenant d'une source éloignée gagnaienl
parfois le pli de Taine. l^es abcès froids en agissent de même. Ceux qui suocèdeiu
à la carie vertébrale ou pelvienne atteignent souvent la cuissct au-dessous du liga-
ment de Fallope, sans préjudice des fusées qu'ils envoient h la fesse, k Tanus,
à la région lombaire, le long de la crête iliaque, etc., d'où l'on peut direqiir
pour les phlegmons et les collections purulentes, le pli de l'aine est â la fois un
lieu de rendez-vous et un centre d'irradiation. L^ dispositions déjà signakérs
du tissu cellulaire et des gaines aponévrotiques, le trajet des muscles, des Derf«>.
des vaisseaux, la déclivité, la pesanteur, les divers décnbitus, reflbrt, la résis-
tance différente des tissus, favorisent ou entravent la marche du pus, et, en ton*
eas, l'expliquent assez bien.
Nous passerons sous silence l'étiologiede ces abcès; nous dirons seulement qu'il
n'est guère d'affection inguinale qui ne puisse s'accompagner de suppunlioii. Hoiir
les unes, la formation du pus est en quelque sorte naturelle. Qu'une bosse san-
guine, une adénite, une angéioleucite, une phlébite, une coxalgie, donnent nais-
sance A une collection purulente, rien de plus facile à comprendre ; l'ahce» n'ert
point alors une complication imprévue, c*est une terminaison qui, sans être fiitale,
n'a rien d'insolite. Dans d'autres cas plus rares, l' inflammation primitive prov<M]iH*
AiiNË (pathologie). 359
une iiiDaïuiiialion secondaire et coiiUgué, mais n'eu suil jias nécessairement les
phases; Inné reste station naire, l'autre va jusqu'à la suppuration. Ainsi se forment
\es abcès de voisinage autour d'une hernie enflammée, d'une arthrite coxo-fénio-
raie; ainsi se développent encore les bubons péri-ganglioniiaires. Le pus s'amasse
dans le tissu cellulaire sans communiquer avec la cavité articulaire, l'intérieur du
âc ni le parenchyme du ganglion. Les àeu\ foyers phlegmasiques sont séparés
)«r une couche fibreuse isolante. II peut n'y avoir entre les deux affections ni
!>iuiilitude de nature, ni relation de cause à effet, mais seulement substitution,
métamorphose. Un kyste, un sac herniaire vide, une hernie graisseuse existent
(bos l'aine; riuOamniation phlegmoneuse s'en empare et en fait des abcès. Enfin,
U coïncidence peut être tout à fait fortuite. Exemple : abcès au-devant d'un ané-
>r]>jiie, d'une hernie indolente, d'une tumeur quelconque.
Ces cas, embarrassants pour le diagnostic et périlleux pour la pratique, s'ex-
|iiii|ueiit sans peine, car l'existence antérieure d'une hernie, d'un anévrysme ou
(le toute autre lésion, ne met aucunement ceux qui en sont atteints à l'abri d'un
Uûxni vénérien, par exemple. Toutefois, ces associations pathologiques engendrent
nIle^yInptonlatologie hybride dont l'analyse peut être iort difficile, sinon impossible.
Alors de deux choses l'une : tantôt l'abcès est méconnu, ce qui n'a pas toujoui*s de
^niids inconvénients ; tantôt il masque Taffection concomitante : celle-ci n'étant
ftfsDiéaie soupçonnée, on plonge un bistouri sans précaution, et avec le pus s'écou-
icul le sang artériel ouïes fluides intestinaux. Quelquefois on accumule les erreuis
'ie diagnostic : en opérant pour une hernie étranglée, on tombe dans la cavité
«i an abcès ; on croit devoir en rester là, mais derrière le foyer une petite lieniie
ivMe en réalité et enlève le malade.
Si l'erreur est concevable, excusable même dans les cas compliqués, on devrait
U croire impossible quand l'abcès est simple. En effet, la région est superficielle,
'ument accessible à l'exploration, d'une composition anatomique bFen connue ;
i) »}inptoniatologie des abcès n'a guère de mystères, donc le diagnostic doit être
i^ile. 11 n'eu est rien, comme l'attestent les erreuirs commises bien souvent, et
iflème par des praticiens instruits. 11 n'est pas inutile d'en domier les raisons.
1* Les abcès inguinaux se pi*ésentent sous les formes les plus dissemblables ; le
l^oboii vénérien et l'abcès symptomatique d'une carie vertébrale apparaissent au
'^^ànc lieu, et cependant quoi de plus disparate ? Ils n'ont eu vérité qu'un carac-
lire oonmiun : la présence du pus. C'est à reconnaître ce dernier qu'on doit mettre
<<^» âes soins ; malheureusement, en dehors de la constatation directe par la ponc-
^ et rincision, aucun signe uuivoque n'annonce certainement d'avance et dans
^^ Its cas l'existence de ce fluide, pas même la fluctuation, si précieuse et si déci-
><^t* d ordinaire, car les kystes, l'hydropisie du sac herniaire, les anévrysmes la
l^^^ent, les tumeurs graisseuses, l'épiploon la simulent, enfin la profondeur, le
i*ùt volume du foyer et d'autres circonstances en rendent la perception difficile.
(■(ic inaLide que je soignais jadis à l'Hôtel-Dieu présentait un œdème énorme et
tKxoDsistant de tout le membre inférieur et de la paroi abdominale jusque vers
i (Knbîlic. Douleurs vives au niveau de la racine de la cuisse. Quoique la phlébite
tnl évidente et suffisante pour expliquer les symptômes généi-aux graves, je soup-
?ttitaisun foyer inguinal; mais n'ayant jamais pu, à cause de Tcedème, constater
b fluauation, je m'abstins d'inciser. L'autopsie montra un vaste abcès profond,
1\à du triangle de Scarpa avait fusé du côté du ventre en suivant les vaisseaux et
fruvoqué la mort par péritonite : il y avait en effet phlébite inguinale purulente,
'luse de l'abcès, à ce qu'il me parut.
268 AINE (PATHOLOfiis).
Abcès, Les abcès inguinaux sont presque aussi fréquents qn
niaires et les eugorgements ganglionnaires. La suppuration
toutes ses formes, et l'on pourrait en quelque sorte tracer 1'
collections purulentes avec les types que Ton rencontre au pli <
on eflet des abcès chauds ou plilegmoneux, simples ou TÎn
idiopathiques ou symptomatiques, migrateurs, ossifluent<:
d'ordinaire, forme à lui seul la collection; mais il peui
étrangers, des fragments osseux ou se mélanger à de
urine, matières steroorales, gaz intestinaux.
Leur siège primitif n'est pas moins variable; soiis
couches lâches du tissu cellulaire, dans les vaisseaux
sous-aponévrotiqueSf ils occupent la gaîne du ps'
muscle, le voisinage immédiat des os ou l'arlicul
vaisseaux cruraux, l'entonnoir crural, le am
externe.
Superficiels ou profonds, ils sont confinés
tion crurale du pli de l'aine, mais peuvent v
ment les deux étages, sous forme d'un fo\
des cavités accidentelles préformées : kys'
Cette limitation du début peut d'ailleurs •
dances propres à toute collection purulc
ment des couches ambiantes et des
devient superficiel, l'aboè^ ganglionnu
pand dans son atmos[Mre celluleust-.
la paroi abdominale, tandis que lo i
1rs vaisseaux lymphatiques ou <-
rond. Le pus, originaire de la o*
dans la bourse séreuse du psoa>.
r-
h uiievinstaruc
'iif (loiil la constablnm
! nliMite : une tumeur moll^.
r
troclianter, ou s'étale sous io i
l'abcès iliaque profond, suiva
cnlation et y provoquent mw
Nous avons vu que les
parfois le pli de Taine. L
à la carie vertébrale ou y
ment de Fallope, san< -
à la région lombaire, '
pour les phlegmons et '
lieu de rendez-vous «
du tissu cellulaire i-i
des vaisseaux, la pi-
tance différenlo tl^ '^-
cas, l'expliquent . ■ -
Nous passeroh-
n'est guère d'iitit
les unes, l\ fiu .
guine, une .tù ■*"
sancc A un»* . • -
point nloi - - ■ '
n'a rien r'' _^ ^
I éductible i)ar la firession et 1^
K .lU du grand oblique ; elle a \un
.ui^anente de volume dans la station.
I leicrit un bandage. C'est un abcès pir
. ^ vaisseaui ou le bord interne du |>^'
■?ia d*étic rare.
rerrim les vaisseaux fémoraux ; on perç^'tt
k doigt, des battements artériels éiH*r.:i*
reste parfois longtem|is doute»:\
tout d'abord, mais reconnaissant qti-
1 se coin^inquit que Tartèrc était seul-
I8S9).
fÊT un abcès ont plus d'une fois é^an
**. ^'
séreuse, cl même un simpU* aU^
BMBcle, amènent des contraclurr> < i
qui simulent une coxalgie. Tai m.
ftt aa*«il beaucoup frappé. Vîi jeune gurç>Mi.
» X rVJftrl-Keu eu 1858 : allongement ap|i.
fttMorit adduction, déviation du ba5^itl.
nw», MBpâtrment profond du pli de r.iiii* .
£'^f Irl xtfwtês èe b coxalgie; aussi tel fut le di-
^ n«v«r àt rjrode crurale et niarrhc avec Ri|»idil:'
«««ptoiDcs généraux graves, moi t. Ku
^ Nwse^^niise du psoas, a>'ait fusé dau^ I.
AINE (patuologik). $71
fosse iliaque d'une pari, dans la profondeur de la cuisse de l'autre ; pénétration
dans rarticulation coio-fémo]*ale,-mais seulement quelques jours avant la mort.
J'ai vu un autre cas analogue : laboès, né probablement dans les ganglions
iliaques inférieurs, s'étalait devant l'articulation, mais n'y avait pas pénétré. Même
altitude du membre, c'est-à dire allongement, abduction, rotation en dehors. On
avait encore diagnostiqué une coxalgie, et il faut convenir que dans ces deux cas
rerreor était très-concevable.
L'autre variété d'arthrite coxo-fémorale avec flexion, raccourcissement apparent,
rotation en dedans, adduction, ensellure, etc., est plutôt simulée par l'abcès du
psoas et l'abcès par congestion. Je trouve dans un recueil allemand une erreur
plus biiarre encore, et surtout plus grave : les régions iliaque, fémorale supérieure,
hjpogastrique, trochantériemie, étaient occupées par des tumeurs volumineuses
Irès-fluctuanteSy qui fiirent prises pour des collections purulentes symptomatiques
d'une carie ooxo-fémorale. En conséquence, on tenta la résection de cette jointure.
L'autopsie montra qu'il s'agissait de tumeurs cancéreuses entourant et remplissant
le bassin. (EUfter BeridU uber dos Gymnastisch-orthapàdische Institut %n Be$'-
K»,von U. W. Berend, 1865, p. 26.)
D'autres fois les symptômes de voisinage portent : soit sur les cordons nerreiix,
alors des douleurs, de l'engourdissement, des fourmillements se font sentir i la
cuisse, à la jambe, dans l'aine, bien avant que l'abcès se manifeste; soit sur la veine
iliaque externe, dont l'oblitération occasionne un cedème du membre qu'on prend
pour le mal principal (Bérard). Enfin, les accidents peuvent retentir principalement
<iuoôlé de l'abdomen, et conduisent à prendre un abcès inguinal pour une hernie
étranglée. On trouve dans l'aine une tumeur irréductible, douloureuse au toucher,
enflammée à la surface, avec ballonnement, sensibilité du ventre, nausées, vomisse-
ments, constipation. Le patient annonce étro ou avoir été aifecté de hernie, ou bien
il afliime que la tumeur est de date récente, qu'elle a paru subitement à la suite
rl'un effort, d'une indigestion, etc. Tout conspira pour tromper le diirurgien, et
la prudence interdit l'abstention. L'opération ne rencontre qu'un foyer inflamma-
toire ou purulent, dont l'ouverture par bonheur met d'ordinaire un terme aux
aaidents.
Le siège et la nature de l'affection inflammatoire varient singulièrement. On a
<ité des abcès par congestion, des phlegmons, des phlébites, des abcès du cordon
^permatique. Le plus souvent, c'est une adénite suppurée superficielle ou profonde,
et eu particulier celle du ganglion logé dans le canal crural. On voit encore le pus
ramasser dans un kyste, dans un ancien sac herniaire isolé du péritoine ou no
communiquant avec lui que par un canal étroit. Ces faits, singuliers en apparence,
»nt faciles à interpréter. L'inflammation inguinale, quelle qu'en soit la cause, se
propage jusqu'à la séreuse abdominale et au tissu cellulaire qui la double, d'où
l'explosion d'une péritonite qui imite un étranglement. C'est la présence d'une
tumeur dans l'aine qui préoccupe surtout et trompe le chirurgien ; cela est telle-
ment vi-ai, qu'on a rapporté à une hernie tout à fait innocente des symptômes alar-
mants dus à des affections intra-abdominales très- variées.
lue femme atteinte d'un abcès de la fosse iliaque fut prise de vomissenients
avec colique et constipation. Elle avait une hernie crurale qu'on s'empressa d'ope-
kt; on n'y trouva nul vestige d'étranglement, l'obstacle au cours des matières
iàé^esâi dans l'intérieur du ventre. (Gendrin, cité par Gosselin, p. 50.)
Scarpa opère un homme de cinquiinte ans pour une tumeur du volume d'une
noix, dure, douloureuse, accompagnée de tous les symptômes de l'étranglomeiit :
AI?iE (PiTBOLOGIs).
^^ .iM ^ 4MK mammuei poini de hernie, rétrécissemenl squirrheux de b ûu
«i«Mi Mtf utt OS OÙ Toii se serait iiifailliblcinent ironipé si l'oii avait
AVMà .oa fe même sujet une hernie ombilicale, une hernie crunk
iitfWL irréductibles ; de plus dans l'aine droite, une tumeur eitrème-
au toucher. Les symptômes d'étranglement étant peu pressants,
u K.uft«-^ o|MnftUutt> qui eût été pratiquée à droite ; la mort sunrient. On tnnve
•• ^\ ..«.iiÉMr piMiti ttit ganglion tuméfié et enflammé au-devant d*nn sac herniaire
•u\ . • ^aiu.lw« une anse intestinale enflammée, à l'ombilic une épiploïle suppuréc,
uâiu UAM. (^i ttuotte générale. (Œuvres chirurgicales, Ohs. 308, p. 244.)
•^<u«ttM Luys^ (."«s fitits seront repris à l'occasion du diagnostic de la liemie étran-
^K\\ muy II V invasions pas davantage ; cependant les quelques indications bibliqgra-
.•aii4iMN qui >tttYent pourront être utiles au lecteur : Briot, Progrès de la Chirurgie
'HàUUir^y I8!i7, p. 283 et 288. — Macilwaiu, Arch. gén. deméd.y {"«séné,
t. VV>1K p. :S56, i851. — Bérard., art. Aine, Dict, en 30 vol.— AIp. RoLcil,
Uk^Uv Batteuberg. Paris, 1850, p. 8. — Ricbet, AnaL méd. chirurg,, 1855,
\K 1*01. -Gosselin, Étranglement, thèse de concours, 1844, p. 47 et 48.—
IVtiequiu, Anat, méd. chirurg., p. 698. — Velpeau, Cliniq, diirurg., t. III,
)i, \^i, 'Hm\,Soc.anatom., 1841, p. 44. — Jobert, thèsedeV.R. Robin, Pari^
1^49, p^ 13. Signalons enfin un intéressant mémoire où Cbassaignac a réuni plu-
Mouâ^ faits : Des sacs herniaires déshabités et des accidents d'étranglement auz-
ifmU ils donnent lieu. (Revue méd. cliirurg., t. XVII, p. 281, 1855, p. 67.)
y \)e\ix conditions rendent encore le diagnostic malaisé. Tantôt l'abcès n»
^ eiH»re de caractères appréciables, tantôt il les a perdus. L'abcès profoni
u'oiit d*abord indiqué que par une douleur fixe, une gène plus ou moins marqntc
dans les mouvements, sans que la marche soit encore impossible; un peu plustard,
MU |K'iv>il un certain empâtement très-mal caractérisé. I^ fluctuation n'est reoon-
uaisMible que lorsque la collection purulente a acquis une dimension notable,
qu'elle s'est approchée de la peau, qu'elle a surmonté la résistance des plans
aponévrotiques. Dans les abcès froids en particulier, les symptômes généraux et de
voisinage |)euvent faire absolumeut défaut ; c'est le hasard seul qui conduit à ex-
plorer le pli de l'aine.
Dans des cas plus rares, mais tout aussi embuiTassants, si les coimnéoioralif»
manquent, l'abcès s'arrête, la sécrétion purulente cesse ; de molle, fluctuante,
réductible qu'elle était, la tumeur devient fixe, solide, indolente. Denoiiviilici>
prit un cas pareil pour une tumeur fibreuse ou fibro-plastique. L'opération fut
pratiquée par Adolphe Richard; il s'agissait d'un abcès par congestion eu voie de
guériMin spontanée (article AocÈs, t. ^^ p. 54). J'ai vu, en 1855, Jos. JoIiti.
i rilôtel-Dieu, commettre une erreur analogue. I^ tumeur rénitente, éiastiqu*'.
pri'fientait une fausse fluctuation, remplissait le triangle de Scarpa et déviait Tat
U'src crurale. On avait pensé à un anévrysmo; Jobert crut â l'existence d'un L\>it\
ri Tautop^ic démontra un abcès par congestion à parois épaisses. (Bull, de la So€.
analom., 1859, p. 239.)
1^1 mort, survenue dans les deux cas |iar le fait de l'opération, indique b ncce»-
M' d'une étude appi*ofondie de ces tumeurs, dont la ponction exploratrice érUi-
retrait la nature, l^a guérison spontanée des abcès par congestion n'est pot auss
r»re qu'on le iKiuriiiit croire; j'en ni vu un exemple chex Lisfiranc. La tumeur
Ifikiliée, très-volumineuse, très-franchement fluctuante, occupait la fosse iliaque et
lu triangle de Scarpa. Peu à peu elle durcit, diminua de volume et finit par disp*-
AINE (PATU0L0G1£). 27o
laitre. Ikiily a réuui un certain nombre de cas de ce genre. (Thèses de Paris,
«•298,1856.)
Je viens de montrer les principales difficultés qu'on éprouve à reconnaître un
aixxs inguinal; mais la constatation pure et simple du pus ne suffit pas au diagnos-
tic, il faut connaître la cause, le \mnt de départ, la nature de la collection punw
lente. Ici naissent de nouveaux embarras. L'abcès froid ne se distingue pas toujours
de l'abcès par congestion, loi'sque la réductibilité de ce dernier est peu marquée et
surtout lorsque l'examen du squelette est négatif. Laugier, dans le Nouveau dic-
tionnaire de méd, et dechirur. pratiq. (t. I", p. 21; 1864), etDenonvilliers dans
l'article précédemment cité (p. 52), insistent sur ce point en rappelant les observa-
tions de Gerdy, Nélaton, Pigné, Estevenet et d'autres. J'ai dans mon service en
ce moment même un cas fort obscur : toute la racine de la cuisse était occupée
(nr un vaste abcès limité en haut par l'arcade crurale et faisant tout le tour du
fémur au niveau du petit trochaiiter ; rien dans la fosse iliaque, si ce n'est un en-
gorgement des ganglions qui entourent Tartère. La marche de l'alTectiot), l'étendue
(lu foyer, Pabondance extrême de la suppuration, sa persistance malgré les ouver-
tui'es et contre-ouvertures, les injections répétées et le drainage démontrent qu'il
^'agit d'un abcès symptomatique d'une lésion osseuse ; mais jusqu'à présent il ne
ma pas été possible de découvrir le point lésé.
La réductibilité elle-même ne prouve pas que le foyer vienne de loin, témoin
cet abcès consécutif à une carie du pubis et qui simulait une hernie (Roland
Martin, cité par Béraid) .
L'abcès par congestion, d'ordinaire si indolent, peut, en approchant de la peau,
prondi-e l'apparence d'un phlegmon aigu. P. Bérard en a vu deux exemples. H
est plus singulier qu'on ait confondu ces abcès avec des bubons. (Dict, en ^0 vol.,
1. 1", p. 66.)
Les abcès de la fosse iliaque ont des origines multiples : ils proviennent d'un
phlegmon des annexes de l'utérus, d'une pérityphlite, d'une perforation del'appcn-
<lioe iléo-cQScal. 11 n'est pas toujours aisé de recomiaître ces sources diverses. Un
phlegmon abdominal post-puerpuéral, une péritonite du petit bassin perforant la
[oroi abdominale au-dessus du ligament de Fallope pouixaient simuler un abcès.
'Seoond-Ferréol, Thèse de Paris, 1854, p. 58 et 64.)
Il ne faut pas trop compter sur les signes prétendus pathognomoniques. L'abcès
ié du cœcum et surtout de son appendice ne renfermei^ pas nécessairement de
matières intestinales. La fétidité du pus n'est point davantage une preuve de com-
munication du foyer avec l'intestin, comme Dance et Velpeau Tont démontré.
<Art. Abdomek, du Dict. en 30 roi., t. I", p. 181.); voy. aussi Jobert, Gaz, des
Hop., 1852; p. 123.)
C'est surtout dans les abcès ganglionnaires de l'ame qu'il importe de connaître
l<N causes et de distinguer si la suppuration est sjiécifique ou non. Ce point sera
traité à l'article Bubon.
Nous pourrions multiplier les exemples et nous étendre sur les difficultés du
«liaguostic ; mais on comprend déjà quels embarras fait naître une afiection qui
tour à tour peut se montrer indolente comme un kyste, douloureuse comme un
phlegmon, réductible comme une hernie, irréductible comme un fibrome, fluc-
tuant^i comme une collection liquide, consistante comme une tumeur solide, ani-
nK'-c de battements comme un anévrysme, compliquée de symptômes abdominaux
<omme un étranglement; apparaissant tout d'un coup, ou mettant à se développer
plusieurs jours, plusieui^ mois, plusieurs années même ; n'apportant aucune gêne
wn, ne. Ji. 18
274 AINE (pathologie).
dans les mouveiiienls, ou rétractant la cuisse de façon a rendre la marche impos-
sible ; aujourd'hui profonde, demain superficielle et vice versa ; présentant dan«
son cours les métamorphoses les plus variées et revêtant les déguisements les |)lth
divers ; s associant enfin à toutes les affections inguinales à titre de terminaison d
de complications prévues ou fortuites.
Ajoutons encore qu*à leur tour ces mêmes affections simulent les abcès, loi>*
qu elles viennent à se dépouiller de leurs caractères essentiels : qu'un anévn^rni'
cesse momentanément de battre et que le souflle s'y arrête, parce que le sac e>t
rempli de caillots passifs; qu'une hernie s'enflamme silencieusement ; que l'inlesliii
soit lentement perforé par un corps étranger ; qu'un épiplocèle suppure sans réac-
tion du coté du péritoine, et dans tous ces cas on pourra croire à un abcès sans
être taxé d'ignorance. Les recueils périodiques sont riches en faits de ce geure H
le seraient davantage si toutes les méprises étaient publiées. Je ne voudrais |ki!» ou
déduire que le diagnostic précis des abcès inguinaux est d'une extrême diffiiultr;
j'affuinc seulement qu'il est parfois très-délicat, et qu'en tout cas il exige toujours
une sérieuse attention. La lecture des erreurs publiées montre que la précipitation
eu est responsable au moins autant que l'impéritie. Dans la majorité des cas, on lo>
eût évitées en usant avec art et discernement des commémoratifs, d'un examen
organique étendu aux régions voisines et des moyens d'exploration locale dont l'ex-
|)06é complet se trouve à l'article Abcès.
Les abcès inguinaux, étant i*aremeut idiopathiques, seront décrits pour Li plu|urt
avec les affections dont ils sont le symptôme ou la terminaison. Nous nous bonK*-
rons donc aux généralités précédentes, qui renferment d'ailleurs incidemment
l'énumération complète des variétés. On trouvera de plus amples détails aux arti-
cles Bubon, Coxalgie, Cordon spebmatique, Fosse iliaque, Psoïtis, Rachis. I^
abcès qui oompUquent les hernies ou siègent dans d'anciens sacs, l'épiplocèle sup-
puré, les abcès stercoraux avec ou sans corps étrangers, seront étudiés à propo^(k^
perforations de TIntestin et des Hernies, car ils ne sont pas spéciaux à la réfrioii
inguinale, et se présentent avec la même étiologie et les mêmes symptômes à l'om-
bilic et au scrotum.
En disant des abcès par congestion qu'ils peuvent se rencontrer au-dessus ou au-
dessous du ligament de Fallope, ou à la fois dans la fosse iliaque et à la cui>ae.
qu'ils peuvent suivre le canal inguinal, le canal criu^ ou le bord interne du psoas
être en devant, en dehors ou en arrière des vaisseaux fémoraux, se montrer au **»•
sinage des épines iliaques antérieures, on aura indiqué ce qu'il convient de satoii
pour cet article, l'histoire générale de cette affection ayant été longuement tracée
plus haut. (Voy, Abcès par corsoESTioN.)
L'abcès de la bourse séreuse du psoas ti'ouvera place aux articles Ps0AS,p!)0ÏTi«.
Coxalgie. Je l'ai rencontré deux fois pour ma part. Le premier cas, que j'ai Aép
cité, avait fait croire à une coxalgie ; il fusa au loin et causa la mort. Le seooml
send)lait de la nature des abcès métastattques ; il se montra à la suite d'une désii*
ticulation coxo-fémorale, sons fonne de collection bien circonscrite et tout à fui
distincte de la plaie d'amputation. Caché sous le psoas, vers la base du lambeau, il
avait été méconnu d'autant plus lucilemenl qu'une phlébite inguinale du mèoM
côté avait suffi pour expliquer la douleur locale. Nous manquons de matériaux
suffisants pour écrire l'histoire de cette variété, sur laquelle Fricle a le premier,
je crois, appelé l'attention. {Journal de Grxfe et Walihe^\ t. XXI, p. 22r»:
1834.)
Corps élratigers. EnUKioaires. Les corps étrangers du pli de l'aine ootétc
AINE (tathologie). 27r»
déjà ou somul signalés plusieurs fois dans cet article. Nous résumons ici leur his-
toire, liée d'une manière étroite à celle des plaies, des fistules, des abcès et des
liemies.
Leur provenance, aussi bien que leur nature, est très-variée. Les uns pénètrent
(le dehors en dedans : corps durs labourant le tissu cellulaire sous-cutané, projec-
tiles de gueri'e, etc.; il en a été question à propos des plaies. Les auti*es, introduits
ou formés dans les organes profonds, arrivent jusqu'à la région inguinale en chemi-
nant de dedans en deliors. J'en compte trois variétés : i" esquilles, séquestres,
ossifications accidentelles détachées d'un point plus ou moins éloigné du squelette
{Ku* la suppuration ou une violence extérieure ; 2° concrétions formées dans un
réservoir de sécrétion, calculs biliaiies et urinaires; 5*^ corps étrangers introduits
dans le tube digestii, très-ordinairement [yav la bouche, quelquefois par le rectum;
ils cheminent plus ou moins longtemps dans la cavité intestinale, perforent ensuite
ses tuniques, puis la paroi al)dominale, loin ou pi'ès de l'aine, et s'y montrent
d'emblée ou après avoir parcouru .sous la peau un trajet d'étendue variable : cou-
teaux, épis d'orge, arêtes de poissons, épingles, etc. Us séjounient plus ou moins
longtemps dans l'économie, depuis quelques heures ou quekfues jours jusqu'à quel-
ques années, et pendant leur séjour se révèlent par des symptômes Irès-diflerents.
Tantôt ils forment une tumeur dure, indolente, ou à peu près exempte de phé-
nomènes inflammatoires ; la dureté de la saillie peut seule faire soupçonner un corps
t'ti-angei*. Tel ce calcul biliaire soupçonné par Copoland dans sa deuxième obser-
vation (Med. Ckirurg. Transact.^ 1. 111, 1816), ou bien un calcul vésical dans un
rystocèle inguinal.
Tantôt le corps étranger provo({uc un travail inflammatoire et fait naître un
|)hle^^on aigu ou chronique, avec retentissement plus ou moins marqué du côté
de Tabdomen. L'abcès est ouvert ou s'ouvre de lui-même, et c'est aloi's seulement
qu'on reconnaît sa cause.
Enliii la nature du mal est mécoimue, môme après la cessation de la ph'legmasic
locale et l'évacuation du pus; une fistule s'établit et persiste; elle donne passage à
lii bile, à l'urine, aux matières stercorales ; un certain jour le corps él ranger s'engage
dans le pertuis et s'échappe au dehors ; parfois cependant on le découvre juir hasard
en explorant la fistule.
Sans doute, de nos jours, on ne prendrait plus un calcul logé dans la vessie
herniée pour un bubon vénérien squirrheux, comme ce chirurgien ignorant
dont parle Verdier ; mais il faut avouer cependant que le diagnostic est souvent fort
oliscur, sauf dans le cas de plaie par arme à feu à un seul orifice, et lorsque le pro-
jectile n'a pas élé extrait.
Si le corps étranger provient des voies digestives, les comniémoratifs peuvent être
fort utiles ; mais les malades, quand d'ailleurs ils ne veulent pas dissimuler, ne
founiissent souvent que des renseignements vagues sur une ingestion remontant à
iinc époque plus ou moins éloignée. En général, jusqu'au moment où le corps
(Hninger est visible ou tangible, on ne songe qu'à ralTeclion développée par sa pré-
sence: phlegmon iliaque, abcès, fistule ; ou qui a précédé son anivée dans l'aine :
liernîe, abcès jar congestion^ cystocèle
Au reste, Teneur n'a pas de grands inconvénients, le corps étranger en lui-inéuic
ne créant pas d'indication spéciale, sauf le cas de fistule où l'extraction est indiquée,
il faut ajouter que la présence d un corps étranger à l'orifice d'une fistule ingui^^
uale ne piouve nullement qu'il soit cause de la permanence de cette dernière, qui
n'en continue pas moins après l'extraction. Je fais allusion aux fistules slercoraleS)
27G AINE (PATUOLOGiK).
ù l'anus contre nature qui livre passage à des noyaux, à des pépins de fruits, à
toutes sortes d'objets ingérés ; aux abcès par congestion d'où s'échappent des sé-
questres, des fragments osseux caiîés, etc. (Voir les articles Fistule, Anus cojitbc
MATURE, Herme, Corps étramgers ; les mémoires d'Hévin et de Yerdier dans Y Aca-
démie de chirurgie ; Peter, Migration des corps étrangers à travers les parm
abdominales^ in Archives gén. de méd,, 1855; 5* série, t. VI, p. 520, —
Alquié, in Cliniq, chirurg. de Montpellier, 1858, t. II, p. 420.)
Entozoaires. Les réflexions qui précèdent s'appliquent également aux vers
intestinaux qui se sont montrés assez souvent au pli de l'aine pour mériter une
mention spéciale. Sur quarante-neuf cas colligés par Davaine dans les auteurs
anciens et modernes et dans lesquels les ascarides lombricoides ont fait issue au
dehors à travers la paroi abdominale, vingt et un appartiennent à la région ingui-
nale; un autre exemple est rapporté par Bataila dans V Union médicale (1859,
t. lU, p. 111). Trois fois le taenia a suivi le même chemin.
Davaine fait remarquer avec raison que ce phénomène s'observe dans trois oon-
ditions: 1® Le ver étant sorti de l'intestin, piuaît l'unique cause de l'inflammation
et de la suppuration. Le foyer ouvert fournit avec du pus louable un ou plusieurs
vers sans matières intestinales ; point de fistule consécutive, guérison prompte ; ces
cas sont les plus rares.
2" Tumeur formée par les vei*s et les matières intestinales; le foyer reste plu«
ou moins longtemps tistuleux ; la sortie des matières stercoi*ales et quelquefois de
nouveaux vers prouve sa communication avec l'intestin ; ces cas beaucoup plus fré-
quents laissent du doute sur la part a faire aux entozoaires et à la lésion intesti*
nale ; coïncidence fréquente avec l'étranglement ou l'inflammation herniaire.
5° Le ver n'an*ive dans le foyer purulent et la fistule que consécutivement à
l'ouverture du premier et à l'établissement de la seconde; il ne joue évidenunent
aucun rôle étiologique. La perforation intestimle est incontestable, mais elle peut
être ancienne ou récente, persistante^ou oblitérée, immédiate ou médiate, lorsque
par exemple l'ascaride sort par l'ouverture d'un abcès par congestion (Velpeau,
Duret) .
Cliniquement on peut admettre des phases successives et distinguer des tumeurs
et des fistules vermineuses : les tumeurs elles-mêmes avec ou sans inflanunation;
ces dernières ont été nommées assez improprement kystes vefjnineux ; c'est sim-
plement la période d'indolence, qui d'ailleurs n'est pas de longue durée.
Il n'existe guère de signes qui permettent de soupçonner les entozoaires ascarides
ou tsenias dans une tumeur inguinale non ouverte, à moins que le malade n'en ait
rendu souvent, n'en expulse encore actuellement, et que la tumeur semble se mo-
difier sous riiifluence do ces évacuations, comme on Fa obsei*vé quelquefois dans
l'alxlomenou la fosse ilia(|ue. Le frémissement continuel éprouvé par la malade de
Vanderbach, et sur lequel Mareschal insista devant la Soc,de méd, de la Loire-
Inférieure (12' vol., p. 134; 1836), aurait de la valeur s'il était noté de nouveau.
f^ crépit;itioii indique l'abcès steix^oral et rien de plus. Nous renvoyons pour les
détails à l'excellent traité de Davaine (Des entozoaires et des maladies vermi-
neuses, in-8, 18G0. p. H4, 191, 204). A la |)age 724 de ce livre se trouve une
observation empmntée a Clot-Bey : une tumeur inguinale simulant assez bien n"
Inibon renfermait un dragonneau ou filnire de six pouces de long. Nous {larlerans
dans un instant des kystes hydatiques.
Collections séreuses, kystes^ hydrocêles enkystés, etc. A l'aine, comme dam
les autres régions du corps, on a donné le nom de kystes à des tumeurs de
AINE (pathologie). 377
itature et d'origine très-diverses, qui u'ont d'autre caractère commun que l'accu-
niubtion d*un fluide séreux dans une cavité à parois distinctes. Cette confusion a
des inconvénients , en supposant même qu*on se place au point de vue exclusif
du diagnostic ou du traitement. Comme notre intention n'est pas de discuter ici
ce point de nomenclature, nous suivrons simplement la classification qui nous
parait la meilleure, sans chercher à la justifier.
Byçramas. Ik répondent aux kystes séreux ou celluleux des auteurs, et,
comme leur nom l'indique, siègent dans une bourse séreuse naturelle ou acciden-
telle. On ne trouve à la région inguinale qu'une seule bourse naturelle, celle du
psoas, dans laquelle la sérosité peut s'accumuler. Chassaignac en cite un bel exem-
ple (Traité de la suppuration et du drainage, 1859, t. II, p. 387): la tumeur,
du volume d'un oeuf de poule, siégeait au-dessous de l'arcade crurale, au niveau
de sa partie moyenne ; elle ne présentait aucune fluctuation. Une ponction donna
issue à un liquide filant, citrin, transparent. Injection iodée; guérison. C'est
peut-être à la même variété qu'il faut rapporter la collection séreuse inguinale
trouvée à l'autopsie d'un vieillard atteint d'iuie ancienne affection de la hanche.
(Maisonneuve, Coxalgie, Thèse de concours, 1844, p. 80.)
Des bourses séreuses accidentelles se développent au niveau, le plus souvent au-
dessous de l'arcade crurale, et, lorsqu'elles se remplissent de liquide, forment des
tumeurs qui simuleift ou compliquent la hernie crurale en particulier. Béclard et
lieaucoup d'autres en ont parlé. Quand la hernie a précédé, ce qui est le cas le plus
itxnmun, on s'explique sans peine la formation de ces hygromas. Les frottements
qui s'esercent sans cesse au sommet de la saillie herniaire et la pression du lian-
dage les préparent, en creusant dans le tissu cellulaire les cavités destinées ù
recevoir le fluide.
L'cliologie est moins claire quand il n'existe aucune tumeur, herniaire ou au-
tre, car les bourses séreuses accidentelles ne naissent pas spontanément. J'ai
fait quelques observations susceptibles d'élucider ces cas obscurs. J'avais vu h
h Charité une vieille femme très- maigre qui présentait dans l'aine gauche,
au lieu qu'occupe la hernie crurale, une tumeur sous-cutanée superiicielle, du
volume d'une noix, un peu aplatie, mobile, indolente, irréductible, et dont la
nature était facile à reconnaître, car, en raison de l'amincissement de la peau et
du défaut d'embonpoint, elle offrait une transparence manifeste. Cette tumeur
^'était accrue très-lentement, s;uis provoquer le moindre trouble. Jamais de hernie;
aucun bandage. Du côté affecté aussi bien que de l'autre, ganglions volumineux,
durs, roulant sous le doigt ; je pensai dès lors qu'une bourse séreuse avait trouvé
dans la présence de ces ganglions sur un sujet très-émacié toutes les conditioas
de sa formation. Cherchant à vérifier l'hypothèse â l'amphithéâtre, je vis deux
fois, dans des conditions semblables, la &ce antérieure d'une glande inguinale re-
couverte par une bourse lenticulaire très-distincte. Dans une kélotomie, Pellegrini
trouva un kyste séreux entre la hernie et une tumeur ganglionnaire ancienne ; c'é-
tait peut-être un hygroma profond.
Le diagnostic de ces hygromas n'est pas facile, car, hormis la trausparence, qui
peut manquer ou être d'une constatation impossible, ils n'ont pas de signes pa-
thognomoniques. Ordinairement très-consistants, mobiles, élastiques, s'ils sont
simples, ils seront confondus avec l'adénite indolente ; s'ils sont associés ù une
liemie crurale, ils se perdront dans le reste de la tumeur et simuleront un lobule
i'piploiqne irréductible. Une ponction exploratrice, il est vrai, lèverait les doutes;
mais, outri que cette petite o|)ération est en principe cuntrc-indiquéc dans les
27S AÎNF (pathologir).
tnmeiii's douteuses du pli de l'aine, récoulement de sérosité ne distinpierait fias
suflisamment l'hygroma inguinal des autres collections séreuses qui peuvent siéger
dans la même région.
Cela ex))lique comment cette lésion n*a presque jamais été l'objet d*un diagnoslir
précis et spécial. C'est sur le cadavre ou dans le cours d*une opération de kéloto-
niie qu*on Ta découverte le plus souvent. Dans le cas de Manec (Hernie entra If,
thèse de Paris, 1826, n^ i9i, p. 55), le diagnostic eût été presque impossible sur
le vivant, car le kyste, du volume d'une noix, était engagé dans l'anneau crural
cl ne soulevait pas la peau d'une manière sensible. It n'y avait pmnt de hernie.
C'est également h l'autopsie que Pigeotte (de Troyes) découvrit un kyste séreux
qu'il prit d'abord pour une hernie crut aie irréductible, et d'autant plus facilement
(|ue, dans l'aine du côté opposé, existait réellement un entérocèle réductible. Le
kyste, du volume d'une petite noix, globuleux, ovoïde, sans collet ni rétrécisse-
ment à sa base, était dur et très-élastique. Il siégeait au-dessous et vers la partie
moyenne du ligament de Fallopc, auquel il adhérait par des iilets cellulcux qui
semblaient se détacher de sa tunique. L'observation est intitulée : Tumeur hyda-
tique simulant une hernie. Mais ce titre est inexact (Clinique des hùpitaux^
n*» 84, et Archives générales de médecine, 1829, 1'* série, t. XIX, p. 581). Uam
un fait emprunté à Samuel Cooper par la Ga%ette des hôpitaux (1839, p. 181»,
le chirurgien opérait une hernie crurale étranglée. Arrivé au faxcia propria^ il
tmuve une masse graisseuse renfermant à son centre une tumeur de couleur
bleuâtre, d'aspect lisse, du volume d'une noix, et que l'auteur compre aux tu-
meurs séreuses appelées ganglions. La ponction en fait sortir de la sérosité ; en
continuant la dissection, seconde poche pareille à la précédente. Ces kystes étaient
placés entre le fasda propria et le sac herniaire. (Voy, sur ce sujet les Leçons
cliniques de Samuel Cooper, in London Médical Gazette^ mars 1 859 ; h dernière
édition du traité de Lawrence sur les hernies; Oiarles Bell, Illustrations ofthe
Gréai Opérations^ p. W .)
J'ai moi-même rencontré une disposition analogue en opérant d'une hernie cru-
rale étranglée une jeune femme assez grasse. Le kyste était midtiloculaire ; il en-
voyait vers l'épine iliaque un prolongement digitiforme tout à fait sous-cutané ,
rempli d'une sérosité sanguinolente assez al)ondante, et qui donnait à la tumeur
herniaire une forme insolite. Cette configuration irrégulière du kyste empéclia de le
confondre avec le sac de la hernie crurale, (|ui était au-dessous, en sa pkce
ordinaire. La malade portait un bandage depuis plusieurs années.
Broca, qui a bien apprécié la nature de ces faits, a publié une belle observation
de kyste séreux compliquant une hernie étranglée. [Etranglement dans les her-
nies abdominales^ Thèse de concours, 1855, p. 101 et suivantes.)
Dans tous ces cas, le kyste, plus ou moins globuleux et distendu par le liquide,
rst pré-herniaire, c'est-à-dire qu'on le rencontre avant d'arriver au sac, sm»
forme d'une poche sans collet et sans prolongement rétréci. Gély (de Nantes) :i
noté avec soin une disposition plus embarrassante : il s'agissait d'une heniie cru-
rale étranglée qui était enveloppée par une cavité séreuse contenant peu de liquide
et intimement unie à sa circonférence avec le pourtour du col lierniaire. On crut
d'abord être dans la cavité du sac, et l'on prit ce dernier pour l'intestin. De la
une gi*ande hésitation. On finit par passer outre et par ouvrir enfin la ^Taie tuni-
que péritonéale (Gély, Journal de médecine de la Loire-Infétieure, 1857.
p. 510). Cette observation, très-intéressante, prouve donc qu'il existe deux ta-
riélés d'hygi-omas compliquant la hernie. Lf»s uns «nnt pré-herniaires ju\la|«sés.
AINE (pathologie). 879
Mirajoiités ; les autres, péri-hemiaires, enveloppant le sac comme la tunique ragi-
nale euTcloppe le testicule.
Bydrapisies herniaires. On rencontre dans la région inguinale d'autres col*
lections liquides qui compliquent ou simulent les hernies comme les hygromas,
rnais reconnaissent une tout autre origine : ce sont de Térita1)les épanchements
(lans le sac herniaire vide, déshahité, ou renfermant encore une petite portion
d n)t£Siin ou d'épiploon.
La formation de ces pseudo-kystes exige plusieurs conditions : d*abord, et na-
turellement, l'existence antérieure d'une hernie; l'abandon par les viscères d'une
partie ou de la totalité du sac ; la transformation de la partie abandonnée en cavité
cïoàB plus OU moins parfaite par l'oblitération complète ; le rétrécissement très-pro-
noncé ou même l'obturation du collet par une anse intestinale ou l'épiploon étran-
glé on adhérent.
Depuis les beaux travaux de Jules Cloquet (Recherches sur les causes et Vanor
tomie des hernies abdominales^concours de cheï des irayanix anatomiques, 1819),
on sait parfaitement comment se produisent ces poches adventices aux dépens du
sar herniaire. L'auteur, en plusieurs endroits, parle de kystes séreux qui compliquent
si souvent les hernies, et leur attribue pour origine presque exclusive le sac ou ses
diverticules, sans nier toutefois qu'ils puissent se former de toutes pièces dans le
(issu cellulaire extérieur au péritoine ; réserve prudente, car, pai'mi les nombreux
exemples cités dans la thèse, il en est quelques-uns qui se rapjiortent évidemment
inieus^ aux bourses séreuses et à l'hygroma qu'à des appendices péritonéaux.
Kuhn, de Niederborn, rapprte également au sac herniaire déshabité pendant la
ç'iossesse la formation de ces pseudo-kystes; l'observation qu'il cite n'est pas très-
concluante. (Gaz. méd.y 1859, p. 797, et tia%, hehdom.y décembre 1864>.)
La négligence du langage est portée si loin, que la dénomination de kyste, à
Uquelle il faudrait conserver un sens précis, a été appliquée non-seulement à l'ac-
cumulation de liquide dans un sac vide, mais encore à la simple exagération d'un
phénomène normal dans l'étranglement : je veux parler de la présence d'une cer-
taine proportion de sérosité autour de l'intestin étranglé. On opère une hernie, on
on?re le sac : une grande quantité de liquide s'écoule ; on trouve au fond une petite
anse intestinale ou une parcelle d'épi ploon, et l'on intitule le fait kyste inguinal.
Les seules dénominations qui conviennent à ces cas sont celles d'hydropisies ou
^yhydrocèles herniaires; à la rigueur, on pourrait utiliser les deux termes: le
)»n^raier, lorsque la cavité renferme en même temps que la sérosité une petite por-
tion viscérale adhérente, enflammée ou étranglée; le second, quand la poche ne
œntient que du liquide.
J'accorde que sur le vivant il peut être difficile et même impossible de recon-
naître Tune ou l'autre de ces variétés, ou même de les distinguer des autres col-
lections liquides : hygromas, kystes hydatiques, hydrocèles congénitaux, tu-
meurs enkystées du cordon, etc. Mais cela ne porte aucune atteinte aux exigences
It^^îitimcs de la taxinomie chirurgicale. Voici quelques exemples de ces difficultés
(lu diagnostic.
Sanson opère une femme de cinquante et un ans, affectée d'une tumeur ingui-
nale avec symptômes d'étranglement. 11 tombe d'abord dans un petit foyer puru-
lent, puis dans une poche remplie de sérosité : est - ce un kyste? est-ce un sac
iierniaire? Nulle communication avec l'anneau crural. Sanson diagnostique un
kyste, et Dupuytren confirme; mais, quelques jours après, un ver lombric et
(les matières intestinales sortent de la plaie, une fistule stercorale s'établit.
t2X0 AINE (pathologie).
Les deux célèbres chirurgiens s'étaient donc trompés : le prétendu kyste séreux
u*était autre chose qu*un épanchement considérable dans le sac. (Archives générûlea
de médecine, 2« série, t. Vni,p. 589.)
Si de pareilles erreurs sont commises alors que Texistence des signes de lëtrui-
glement porte le chirurgien à chercher attentivement. l'intestin, comment pour-
rait-on les éviter quand les tumeurs sont indolentes, fluctuantes et translucides?
Gosselin trouve à la région crurale, chez un jeune homme autrefois atteint de her-
nie, une tumeur du volume d'un œuf de poule, régulière, sans bosselures, irréduc-
tible, avec fluctuation et transparence évidentes. Aucune partie de la tumeur n'est
dure ni empâtée : ponction avec le trocart. La sérosité écoulée, on reconnaît
distinctement alors la présence d'une masse épiploïquc que le liquide avait mar-
quée. (Ga^ite des hôpitaux, i850, p. 602.)
Au reste, lorsque l'cpanchement séreux siège dans un ancien sac herniaire ou
dans un sac diverticulaire ayant perdu toute communication avec la cavité périto-
néale, la tumeur se présente avec tous las caractères d'un kyste creusé dans les
vacuoles du tissu cellulaire. Les difTérences résident dans l'étiologie et dans la
constitution de la paroi; mais elles ne sont guère appréciables sur le vivant. Heu-
reusement, l'erreur a peu d'importance quand il s'agit de véritables cavilés clo^«^
et en l'ahscncc de toute complication abdominale, car Thygroma et Thydrooèle du
sac herniaire admettent les mêmes moyens thérapeutiques ; seulement, lorsqu'il
existe quelques phénomènes d'étranglement, il faut redoubler d'attention et s'as-
surer qu'au fond du sac séreux, ou derrière lui, ne se cache pas une petite an^e
intestinale qu'il serait dangereux de méconnaître.
Autre écueil : il ne faut ps prendre pour absolument close une cavité qui coiu-
munique encore avec l'iibdomen par un étroit pcrtuis. Cette difGculté, qui a éiù
signalée pour Thydrocèle congénital, existe également pour l'hydropisie du sac
herniaire, comme le prouve un fuit rapporté par Houêl : un sac de hernie cniink'
trouvé dans une dissection présentait le volume d'une {letite orange ; il tenait en-
core au péritoine par un pédicule fibreux dans lequel on pouvait introduire un
stylet, et cependant on ne parvenait point à réduire le liquide {Bulletins delà So-
ciété anatomiqu:e, 1846, t. XXI, p. 169). On comprend quelles précautions il
faudrait prendre, si l'on traitait de semblables tumeurs (lar les injections irrilantt^.
Le mieux serait {leutrétre d abandonner cette métiiode, qui deux fois au moins
semble avoir causé la mort. (Bernutz, Recherdies sur les liernies graisseuses.
Thèse inaugurale, 1846, p. 62.)
Hacil^ain (Archives générales de médecine, o**' série, t. Il, p. 480) a trouvé au-
devant d'une hernie crurale étranglée une poche remplie de liquide qui donn.iit
ù la tumeur une forme particulière, et qui dépendait suivant lui du sac modifie
par l'usage du bandago.
L'épanchement de sérosité dans la cavité centrale d'une hernie graisseuse (\Vi-
peau, Dictimnaire en M vol., t. I, p. 211) n'est qu'une variété de l'hydrocèle
herniaire.
lios bourses séreuses simples ou consécutives aux hernies, les sacs herniaires
primitifs ou diverticulaires plus ou moins isolés du péritoine, en un moi toat«*s
les cavités closes à parois séreuses du pli de l'aine peuvent s'enflammer : la scro*
site est alors remplacée par un liquide mélangé de pus et de fausses membranes.
C'est ce qui existait dans le r>;is que Robert diagnostiqua avec sagacité : il s'agir
sait d'un sac inguinal vide qui devint douloureux au toucher. L'ouverture laissa
iVouleruii fluide jaune citrin, nH^iaii^^é de flocons aihumineux. Iji |)aroi éuit lj-
AINE (pathologie). ^81
pissée de fausses membranes récentes : c*6tait donc une péritonite d^unsac lier-
niaire déshabité (Gazette des hôpitaux, 1846, p. 575). L*étude de ces faits dif-
liriles sera mieux placée à propos des abcès simulant les hernies étranglées. Nous
n'insistons pas, ne voulant point iaire ici Thistoire complète de Thydropisie du
$ae herniaire.
Eydrocêles enkystés du cordon spermatique. Un autre appendice du péri-
toine, le canal de Nuck, sert encore de réceptacle à des collections séreuses qu'on
désigne justement sous le nom d'hydrocèle enkysté du cordon. Elles appartien-
nent en effet aux affections de ce dernier organe ; aussi ne faisons-nous que les
indiquer, sans rappeler le mécanisme bien connu de leur formation. Par leur
sié^e, leurs rapports, la nature de la paroi et du contenu, ces pseudo-kystes se
rapprochent beaucoup de Fhydrocèle congénital. On les trouve sur tout le trajet
du cordon spermatique, tantôt accolés à sa portion verticale, auquel cas ils doivent
être étudiés avec les tumeurs des bourses, tantôt renfermés dans l'intérieur
même du canal inguinal, ou plus ou moins engagés dans Tanneau du grand
oblique. C'est alors que le diagnostic peut être difficile et que l'erreur est facile à
iDOimettre. De telles tumeurs sont presque invariablement prises pour des her-
nies, parce que la laxité du tissu cellulaire qui les entoure leur pennet dëtre ré-
diiftifales cx)mme le bubonocèle. Boyer cite un cas de ce genre.
U forme globuleuse ou ovoïde, Tabsence de pédicule supérieur, la c>onsistancc
tits-grande, l'élasticité sans fluctuation, Tindolcnce à la pression ou TiiTadiation
(ie la douleur jusqu'au testicule, l'absence d'expansion par la toux et de gargouil-
lement par la réduction, serviraient à établir le diagnostic. Je ne parle pas de la
(rnnsparence, bien rarement appréciable quand la tumeur est petite ou profonde.
Il n'existe dans la science qu'un petit nombre d'observations d'hydrocèles enkystés
(In cordon siégeant dans le canal inguinal ; cependant, on en trouvera des exemples
anx sources suivantes : Astley Coeper, Œuvres chirurgicales^ traduction française
'obs. CDXXXI, (DXXXIl); Malgaigne, Tumeurs du cordon spermatique y p. IT»;
(Jiriingy Maladies du testicule, trad. française, 1857, p. 215. C'est à la mémo
uriété morbide que parait se rapporter une observation ancienne de James Bowen :
Arcount ofa Singular Tumour in the Groin, removed inj Extirpation (Médical
Ommentaries, 1785, t. IX, p. 233). Dans le cas de Henkel, rappelé par Bérnnl
'^n.Aine, p. 46), il y avait trois collections séreuses du même côté, l^hydrocèle do
la tunique vaginale, 2^ tumeur aqueuse à la partie postérieure du cordon s|)erma<
ûque; 3° enfin tumeur «nqueusedans le tissu cellulaire extérieur au péritoine trn*
versant le canal inguinal et faisant saillie à l'anneau.
Il existe chez la femme des tumeurs analogues qui ont été décrites en particu-
lier par les chirurgiens italiens. On doit en admettre deux variétés : la première
>iége dans l'intérieur même du canal inguinal, et il est probable, par conséquent,
quelle occupe les vestiges du canal deNuck. Monteggia, qui aflirme l'avoir ren-
«entrée plusieurs fois chez de très- jeunes enfants, lui attribue sans hésiter cette
•trigine. Yelpeau en signale brièvement un cas (RechercJies sur les cavités closes^
»M Annales de la chirurgie française et étrangère, t. Vil, p. 428). Des oteerva-
tioiisplus explicites .seraient fort utiles,
b deuxième variété se montre à la partie interne de la région, entre l'anneau
1%'uinal, où la tumeur s'engage partiellement, et la grande lèvre, dans laquelle
lij poclie pénètre plus on moins profondément. C'est à cette variété qu'appartien-
•Kutlcs faits de Desault (Journal dechii^rgie, 1791, t. I, p. 252), de Palettaet
•le Sacrhi. Il serait possible cependant que deux des c^s relatés par ce dernier
282 AINE (patholocif).
se rapportassent à des hydropisies d'anciens sacs herniaires, comme ceux de Rem-
ming et d'Abeille (Boinet, lodothérapie, i855, p. 267 et 277). D'après Horpaiii.
ces collections siégeraient dans le sac dartoîque, bien décrit par Broca, et repréï«Q-
teraient chez la femme l'analogue de Thydrocèlo vaginal de Thomme. On tnnh
vera les éléments de cette étude dans le mémoire de Sacchi (De Vhydrocile ie la
femme^ in Archives de médecine , \^7^\, {^ série, t. XXVÏ, p. o74)eidaDN|j
thèse de Horpiiin (Études anatomiques et pathologiques de^ grandes lèvres^ Paris.
i852, p. 41). Dans les deux sexes, l'hydrocèle enkysté est toujours placé au •de«>ii«
du ligament de Fallope. C'est un élément de diagnosti(\
Kystes hydatiques. On trouve dans les auteurs un certain noYnbre d'obseru*
tions intitulées : Hydatides de la région inguinale, et qui ont trait à des h}^n)'
mas, à des hydropisies du sac herniaire, etc. Cependant, il existe aussi un certain
nombre de cas où des kystes remplis d'échinocoques se sont montrés au pU de
l'aine. Le siège différent permet d*admettre trois variétés :
i° La tumeur inguinale n'est que l'expansion d'une coUectbn hydatique àhe-
loppéc dans le bassin. Dnns le lait de Fricke, un grand nombre de poches (xyu-
pient le bassin, la hanche, la partie supérieure de la cuisse, la fosse iliaque in-
terne, le voisinage de l'épine iliaque antéro-su|)érieure ; la cavité cotyloîde, la
bourse séreuse du psoas étaient remplies d'hydatides ; la branche liorisontale du
{uibis était elle-même profondément excavée. Tout était Ijorné au côté droit. Du
reste, nulle douleur ; un peu de gène seulement dans la marche. On avait cm
à un abcès symptomati(|ue d'une carie articulaire. L'autopsie seule révéla la m-
ture du mal. (Archiveji générales de médecine, 3* série, 1839, t. VI, p. .i95.i
Malgaigne a disséqué un kyste hydatique du volume du poing, développé der-
rière le pubis et envoyant un prolongement dans le scrotum à travers le canal in-
guinal, par une éraillure du fascia transversalis et au côté interne du cordiNi.
(Cordon spermatique, Tlièse de concours, p. 26.)
Dans une observation de Perrin, le kyste, parti du bassin, faisait saillie a l'b^-
{logastre et non au pli de l'aine ; mais il avait par pression chassé la vessie à tra-
vers le canal inguinal jusque dans le scrotum. La tumeur simulait parfaitement
une hernie ordinaire. (Bulletin de la Société de biologie, 1853, t. V, p. 155.i
2*» liC kyste a pris naissance dans la région même. En voici quelques exemples.
Weruer a rencontré dans un kyste situé à la partie supérieure de la cukv*
d'une femme de trente-quatre ans plus de quarante hydatides de la grosseur irun
[)ois à celle d'un œuf de pigeon. La tumeur avait été prise pour un abcès, (ha-
vaino, Entozoaires, p. 446.)
L'observation de Degner a été cité déjà à l'article Abdombn (t. 1«% p. 185).
« Un bol exemple de cette maladie, dit Al. Monro, est conservé dans le cabiirt
de mon père : un sac du volume d'un œuf, contenant une quantité d'hydatides.
fut enlevé delà partie sui^rieurc et interne de la cuisse ; il aurait pu facile iu(*ut
<^tre pris pour une hernie. » (On Crural Hemia, Edinburgh, 1805, p. 80.)
Dupuytren a eu l'occasion de diagnostiquer une tumeur de ce genre que l'on
prenait pour une hernie crurale. Une partie de la tiuneur disparaissait parla \ni>.
sion ; l'autre restait au dehors. La fluctuation était sensible. A la lumière artiti-
cielle la tumeur était transparente. Dupuytren conclut que c'était un kyste: l'ou-
verture donna issue à de la sérosité avec des hydatides. La poche fut remplie d«*
charpie. Guéri>on. (Mavré, Thèse inaugurale, p. 13. Paris, 1831.)
Guyon a rencontré a l'amphithéâtre un kyste du volume d'un petit œuf de |iouli*«
développ;'* primitivement dans l'intérieur même du canal inguinal gauche, et qui
AINE (patholocir). 2S5
i^itdeTaiu sous-cutané en éraillant l'aponévrose du grand oblique. Nulle adhé-
n'Dce solide avec les parois du canal ni avec le ligament rond, qui était situé en
dessous et en bas. L'enveloppe était épaisse et incrustée de sels calcaires. Le sujet
.'tait une femme de trente à quarante ans. {Bulletins de la Société anatomique,
^ série, novembre 1861, t. VI, p. 583.)
Pasturel a publié avec détail une observation très-instructive : Jeune cultivateur
à^é de dix-huit ans, bien constitué. Sans cause connue, apparition dans Taine
d'une tumeur qui, en quelques mois, acquiert le volume du poing, molle, fluc-
tuante, bosselée, irréductible, ovale, parallèle à Tarcadc crurale et semblant ar-
(vmpagner le cordon spermalique. Ponction qui donne issue à un licfuide opaque,
pone. A Taide de la palpation et de lauscultation, Pasturel diagnostique à Tavance
b-présence des hydatides. Lcirge incision ; résection partielle du kyste, qui est
i^ et fibreux. Une centaine d'acéphalocystcs adhéraient à la face interne. Guéri-
don {Gazette des hÔpitaiiXy i860, p. 414). Voir encore Bertherand {Gaz. méd. de
f.iliférie^ 4862, p. 75); une ol)servation sans nom d'auteur dans les Archives de
Ungenbeck^ 1862, t. III, p. 204; une autre mention anonvme dans la Gaz. méd.
.ifPar«, 4846, p. 778.
r»' Enfin les hydatides peuvent se développer dans l'épiploon hernie. Les faits
^ui^e rapportent à cette dernière catégorie sont déjà fort anciens et quelque peu
•^jwiToques ; cependant nous croyons devoir les mentionner. Le plus célèbre est
• *iui d'Arnaud. C'est Ledran qui diagnostiqua les hydatides de 1 epiploon ; mais le
récit n'en apprend pas davantage. {Recherches sur les hernies, 4768, p. ôiiS.)
Le mémoire de Pipelet, Sur la ligature de l'épiploon [Académie de chirurgie,
-. III, p. 404), renferme un cas de Lamorier plus concluant, mais qui n'appartient
{•.Isa notre sujet. La tumeur, siégeant dans les bourses, fut prise pour un hydro-
•^If; rincisioil montra qu'elle était formée par l'épiploon rempli d'hydatides.
Kystes f(tt4iux et dermoides. Chez un très-jeune enfant, on observa une tumeui*
infiuinale qui, dans la suite, devint scroLile, et qui renfermait des débris de fœtus :
' »'bil une inclusion. (Vernouil, Inclusion scrotale et testicxdaire. Archiver de
atMecine, juin 4855.)
Peut-être faut-il attribuer la même origine ou ranger parmi les kystes der-
\mdci^ un fait de Macilwain : Jeune homme atteint d'une tumeur inguinile éten-
'iik* des vaisseaux fémoraux au cordon testiculaire, dure, douloureuse, parvenue
Micttssivement du volume d'un pois à celui d'un gros œuf. Le kyste fut enlevé :
il rf'Tifermait une masse composée de parties osseuses cornées et crétacées (Bérard,
\m:, p. 55).
J'ai trouvé, chemin faisant, d'autres observations de tumeurs Hquides enkystées
{«rvenues à un très-grand volume, et auxquelles, faute de renseignements, il est
iinpo6siblc d'assigner un point de départ précis ; où localiser par exemple cet
t'-ni^rme kyste observé par Luke, qui faisait au-dossous de l'arcjule crurale une
^illie du volume d'une orange, et remontait d'autre part dans l'abdomen jus-
»|u'à l'ombilic. 11 renfermait un liquide brunâtre, semblable h du bouillon de bœuf
t( mélangé de cholestérine. I^a malade ayant guéri, on ne peut faire que des hypo-
thèses sur le siège primitif du mal {Annales de la chirurgie française et élran-
u'ére^ t. Il, 1844, p. 505). J'en dirai tout autant d'un kyste de l'aine qui renfer-
mait cinq pintes de liquide, et que Marteu observa sur un forgeron de soixante ans.
If début remontait à un an ; la tumeur, indolente, d'un très-petit volume, était
if-vt^ stationnaire pendant près de neuf mois ; puis, dans son accroissement rapide,
vWe s'était étendue à la cuisse et dans la fosse iliaque, faisant au-dessus des parties
284 AINE (patuologir).
voisines une saillie de 6 a 7 centimètres ; lisse, tendue, élastique, sans fluduatioii.
sans transparence, sans battement, sans souille, elle ne ressemblait ni à un ak^
par congestion, ni à un anévr^sme, ni a une bernie. Le diagnostic de kyste sénu\
lut porté, par exclusion sans doute. La ponction fut refusée. Plus tard, un chinir*
gien fendit la poebe, qui suppura. Hort deux joiu^ après. (Gazette médicale,
i840,p. 780.)
Le Fort a observé (communication inédite) deux cas de kystes volumineux dé\'-
loppés à la partie antéro-interne de la cuisse, et ayant par leurs progrès envahi b
région inguinale. Tous deux avaient le même siège ; répondant à la partie supé-
rieure des adducteurs, ils avaient commencé par de petites tumeurs iDdolente>.
mobiles, assez distantes de Tarcade cnirale, et avaient acquis des dimensioib con-
sidérables, sans dépasser toutefob le ligament de Fallope. Ils renfermaient nu li-
quide séreux, citrin, sans mélange.
il s*agit évidemment d'une forme particulière de kystes ; mais j*avoue n'en
point soupçoimer l'origine. Le Fort incline à croire qu'ils se sont primitiveœHil
développés dans les ganglions lympbatiques, et qu'ils constituent de vrais k^^ti*^
glandulaires remplis de lympbe modifiée. Depuis longtemps déjà on a admis cetk
espèce pathologique, qu'on a décrite dans diverses régions, au cou et à rat«clW.
Vei|)eau s'exprime ainsi à ce sujet : a J'ai vu dans l'aine et daas la fosse ilia<jii(
(les collections de pus, de sérosité et môme de sang, qui semblaient s'être creiw*
une cavité close, sous l'influence d'un travail maladif, dans quelques gan^^lioib
lymphatiques. Deux fois des collections de ce genre établies dans le creux incli-
nai, ayant acquis le volume d'un œuf ou du {oing, ont été traitées par rinjeclh'ii
iodée, comme s'il se fût agi d'un bydrocèle simple, et, dans les deux ras, It-
résultai a été aussi satisfaisant ()ue dans les hydrocèles enkystés du cordon.
Un jeune bomme était tourmenté depuis plusieurs mois par une* tumeur g.ui-
gliounaire qui, du pli de l'aine, s'était étendue denièrc le ligament de Poupart.
puis était devenue fluctuante. Boinet retira par la ponction un verre de sérn^itr
et injecta de l'iode. Guérison rapide. » [Recherches sur les cavités closeSy in Ah-
noies de la chirurgie frafiçaise et étrangère, 184?), t VII, p. 428.)
Sans nier l'existence de ces kystes ganglionnaires, je crois que leur admis<iuii
exi^^e un supplément de preuves tirées surtout de la dissection, de i'anahst' rlu-
mique du fluide, olde l'examen bistologique de ce fluide et de la paroi. J'ai \\i jii
tiers supérieur de la cuisse une collection séreuse profonde dès le début, saiisc^Mi-
uexion possible avec les ganglions lympbatiques, et qui, par ses dimensions etb
nature de son contenu, se rapportait parfaitement aux aïs que je viens de si^aiit*r
Je n'ai pu lui assigner nulle origine, nulle étiologie incontestables.
Les pseudo-kystes compliquent parfois les néoplasmes. Follin et Al. Foumier k«
ont rencontrés au centre de ganglions inguinaux envahis par une infiltration é|!ttlit-
liale. Dans un cas d'enchondrome inguinal observé par Letenneur, la surface dt* U
tumeur oflrait des bosselures molles d'où la ponction rôtirait une matière liquitlr
J'ai parlé plus haut de la transformation de la cavité du bubon en hémalocèle à !>
suite de tentatives infructueuses de traitement abortif ; dans les mêmes ciixxHi&lanci ^.
l(*s globules purulents de l'abcès ganglionnaire disparaissent, la tumeur reste 4a-
lionnaiie, mais ne renferme plus que de la sérosité filante analogue à b huii^i*
plastique.
Vax résumé, le diagnostic des collections séreuses du pli de l'aine est sou^eiii
lr(*s-obscur et ne se porte que pai* élimination. La fluctuation n'a qu*une \jlitii
béniéiotogique médiocre; la transparence ni;inqne souvent et ne fait puint i*-
ÂiNE (pathologie). ^j:;5
cflunaitre les variétés. La pooction, donnant issue à un liquide citrin, serait plus
tldûsiTe; mais, pour la pratiquer il faut déjà soupçonner la nature de la tumeur,
(iuant au frémissement hydatique, il est bien rarement perceptible, et peut d'ail-
icors être simulé par diverses conditions de la paroi kystique. Ces considérations,
(i d'autres encore que je passe sous silence, expliquent pourquoi les tumeurs
séreuses inguinales ont été et sont encore si souvent Tobje. d*en*cui*s de dia-
^tic.
Tumeurs graisseuses, lipocèles, lipames, hernies graisseuses. On trouve
iim souvent, dans le pli de l'aine, des tmneurs composées histologiquement par
je (issu adipeux plus ou moins pur, et auxquelles en conséquence on pourrait
(ionner le nom générique de lipocèle ou d'adipomes, si l'on prenait la structure
foor base unique de classification. La création de ce genre , qui comprendrait
le lipome sous -cutané, l'épiplocèle adhérent et les hernies graisseuses, parait
justifiée aux yeux du clinicien : par la similitude de certains caractères physiques,
oioliesse, surface in^le et bosselée, in*éductibilité, indolence complète au tou-
rher; — par la possibilité de voir l'inflammation de ces tumeurs donner naissance
i des symptômes locaux et généraux qui simulent l'étranglement herniaii-e; — en-
liii, par la difficulté qu'on éprouve à distinguer, en certains cas, ces variétés les
Qn£s des autres.
Mais, d'autre part, si l'on tient compte de l'origine, des causes, du siège de ces
tumeurs, on constate des dissemblances si radicales, qu'on renonce à établir entre
«^l» un rapprochement forcé. En eifet, le lipome sous-cutané appartient seul aux
liktions intrinsèques de la région. L'épiplocèle, hernie véritable, n'a rien de corn-
:i«iin avec les autres tumeurs adipeuses. I..es hernies graisseuses enfin, sur l'origine
(ie^qnelles on a tant disputé, comprennent deux espèces morbides tout à fait dif-
l^rmies. Les unes se forment certainement à la manière dès hernies ordinaires })ur
expulsion lente ou brusque du tissu graisseux sous-péritonéal au dehors et à
ira^fTs les orifices apoiiévit>tiques ; on pouiTait les nommer Hpocèles migrateurs.
Ij"^ autres lipocèles hei^niaireSy consécutifs à des hernies réduites dont ils con-
>tituent le dernier stade et occupent la place, se foiiuent par l'accumulation de
bénisse à V extérieur A* nn sac herniaire vide, plus ou moins reconnaissable dans la
'lite, et parcooséquent obéissent, dans leur développement, à une loi organique toute
ïpérjale. De quelque point de Tue qu'on se place pour tracer des divisions dans le
Mijet, on éprouve de l'embarras et on ne saurait choisir de meilleur exemple pour
montrer combien sont difficiles et artificielles les classifications de la pathologie
l"p"graphique.
(faoi qu'il en soit, disons quelques mots de ces divei'ses variétés.
U lipome vrai du tissu cellulaire sous-cutané semble fort rare. Gliassaignac
rriKoatre une tumeur qui partait de l'aine pour se prolonger dans le scrotum ;
tnHiipé par une fausse fluctuation, il incise et reconnaît la stinicture du lipome
^Mlde la Société de chirurg,,L IX,p. 529; 1857). C'était dans le tissu cellulaire
^Hi^|)éritonéal de la losse iliaque que s'était développé l'énorme lipome observé
i'»r Broca, et déjà cité dans ce recueil. Abdomen, t. ^% p. 189. Enfin, si Lisiranc
'* s'est pas trompé sur l'origine et la nature de la tumeur, il aurait eu affaire à
lu) lipome sous-aponévrotique de la région crurale. (Gaz. médicale , 1856, p. 28.)
L'épiplocèle irréductible est en général facile à reconnaître à sa mollesse, à sa
Mne, à sa consistance inégale, etc. La connaissance des antécédents aide surtout le
'iiagnostic, mais il est possible pourtant de le confondre avec les hernies gi-ais-
seuses;la méprise a lieu plus d'une fois. Au reste elle a peu d'inconvénients quand
^96 AINK (patuologib).
U Uiiiieui o>i liitluieiilL' et lie provoque point d'nccideiiU. Une erreur iii k f ois i»lu>
^t-a^e et p4U^ tiiltiiile à éviter consiste à prendre pour une hernie étranglée uti «''}h-
pWèlo ou uue lieinie gniisseuse envahis par l'inflamnialion. L*in'adiatioii delà iihk-::-
uiafrio jitM(u'au péritoine pourrait iaire naître les principaux symptômes de rélnn*
;;lett(eut. Nou;^ ue |iouvons qu'indiquer ici ces dillicultés et renvoyer aux ailirli^
Ki*ii»LocbLK, IUrme, HerxMes guaisseuses. Toutefois, }x>ur ce qui regarde («^
iliiuiii-es, nous reconnnandons la lecture d'un article substantiel de fiennitz {\(m-
vtaulHct, de médec. et dechirurg. jn^atiq., J. B. Baillière, 1864, art. Abdmiu,
l. 1% pu^'e 97), sui\i d'ailleurs d'un index bibliographique très-riclie, auquel il
(viivieiit |)ourtant d'ajouter au moins le travail de Tigri, sur la tienne inguituilf
graisseuse (Ann. univer. di tnedic, avril 1853, p. 129.) L*auteur italien inih
lient ) opinion déjà formulée par Vel|)eau et Bigot, et s'il se montre trop eicluai.
au moins il fournit à cette théorie, vivement combattue par Benmtz, des argumnit*
de faits qui paraissent concluants. {Gaz. hebdomadaire^ 1. 1«^ p. 45; 1853.)
Il laul encore ranger dans la même classe des observations dont le titre dêlVi-
lueux ierait méconnaître la vraie nature, telles : celte tumeur stéatomaieuse doiM
|Hirle Astley G)oper (édit. françiiise, p. 30 i) ; puis cette tumeur sarcomataiv.
opérée par Sanson, et (]ui n'était autre chose qu'une hernie gniisseuse avec hydr*-
pisie (x^ntrale [Ga%. miuL, 1831, p. 206); probablement aussi une tumeur ^iliiô
au-devant et dans rintériem* du canal crural, qui fut prise pour uueh:niic étrair
glée et opérée connue telle ])ar Cari Ileller, de Stuttgart, alors que les aa-ideoL*
étaient dus à une entérite. Cette observation a ionrni à Heller le sujet d'uii mt'^
moire intéressant sur le diagnostic de la hernie étranglée et des tumeurs «pu h
simulent. 11 y admet, en s'appuyaut sur les plissages de Lawrence etde J. Cloquei.
nue variété ([ui ne me prait pas suiiisamnient démontrée, mais que je dois sigiuki.
il croit ({u'mie hernie épiploïque, existant depuis longtemps, peut se ^egmeiitt*.'
la poition adhérente contenue dans le sac se séparant à la longue du reste de Ir^}
ploon et lorniant ainsi dans l'anneau crural une tumeur isolée. (Merkwûrdiger tnll
einer hrudiartigen Gesdiwulst vor und in dem Sciienkelving, etc.; in JaurnAi
der Chirurgie^ de Graefe et Walther, 1853, t. XX, p. 389.)
Tumeurs gommeuses. Malgré leur extrême rareté, elles méritent d*ètre uie»-
tionnées, à cause des erreurs de diagnostic dont elles pouiTaient être 1 olijet. Rii^)
en a observé quelques exemples, soit au scrotum sur le trajet du cordon (Malgai^ti* .
Cardon spermatiqiie, p. 37), soit à la région inguinale elle-même. (Sarrho^« h
la syphilis primitive, Thèse de Paris, 1855, n? 174, p. 80). Azam, de son u*û.
en a pubUé un cas (Thèse, p. 9.) J'ai moi-même examiné la structure d'une tu-
meur du cordon, qui fut présentée en 1 856 à la Société analoniique, par Llioniicur
Au moment de son plus grand développement, la masse morbide du volume tk*^
deux pings, dure, lardacée, occn])ait le scrotum et remontait le long du itiidoii
jusque dans la fosse iliaque; elle était le siège de douleurs sourdes avec exaceriation
aussi, comme le malade niait tout antécédent svpliilitique, on piisa à un canct^r. L
tumeur dimimia nobddement dans la suite, mais le sujet succomlia a des ncrtdoiii*
cérébraux. A rauto[isie, le cordon semblait infiltré do graisse etde tissu libreux. ()«
aurait pu prendre cette stiljstance fMiur du cancer, mais le suc exprimé était niti^n*-
ment composé de cystoblastions, et je me prononçai, d'après ce airactère, pour nv
tumeur gommeuse. Une production psueille occupait la paroi antérieure de lonrilMt'
droite. L'intérêt de ce fait réside dans la diminution survenue dans une tumeu
réputée cancéreuse. {Bullet, de la Soc, anatom.^ 2» série, t. I'% p. 12; 185ti •
I^s gommes inguniales ])ctivent se rencontiTr à deux étiits, sous forme o-
AINE (pathologie). 287
tiimeursou d'ulcères. Uaiis le cas d'Azum, lu lunieui* indolente, eii-conscrite, dé-
ieloppéesiir la puroi antérieure du canal inguinal, adhérait Ibrtement à Taponé-
n^e ; elle coïncidait avec une hernie inguinale réductihle. Chez le sujet cité par
Sarrbos, on ohsena d'abord une tumeur volumineuse trcs-(iure, indolente, sîuis
rlungeroent de couleur à la peau, siégeant à l'aine gauclie. Elle perça spontané-
twni dans la suite et sans provoquer de douleurs. L'ouverture, à bords rouges,
UiUcs en biseau, conduisait dans une cavité remplie d'une matière ramollie, pi-
inille au bourbillou d'un anthrax. L'examen microscopique lait par Lebert con-
liima le diagnostic d'une gomme. L'iodure de potassium procura du reste une
|>roinpte guérîson. Dans les deux faits précédents, le diagnostic n'offrait aucune
iliilkulté, car d'autres accidents syphilitiques coexistaient ou s'étaient montrés an-
Krieurement ; toutefois, Sarrhos fait remarquer qu'une telle tumeur ^x^uifait en
imposer pour un bubon d'emblée. Je ne suis pas sûr de n'avoir pas commis une
• rrt'ur analogue, en prenant des gommes ramollies et ulcérées pour des chancres
l)ni|)liatiques et ganglionnaii'es inguinaux. L'inoculation, que je regiette de n'avoir
|UN (entée, aurait levé les doutes qui me sont venus trop t:u'd à l'esprit.
Tumeurs cancéretises^ èpilhéliales^ fibreuses, cartilagineuses^ etc. Le can-
cer se montre assez souvent dans la région inguinale ; il est bien rarement pri-
niitii, et ne survient d'ordinaire que secondairement et surtout dans les gan-
glions lymphatiques. Touti'fois, il ne faudrait pas ranger indistinctement sous ce
titre tous les iaits épars dans les recueils, et donnés comme des exemples de Ciificer.
Li plupart ont été publiés à une é[)oque où le microsco))e n'avait pas encore tracé
(ii-s catégories précises dans les tumeurs , et la lecture attentive des observations
lirmuiitre qu'on a confondu, ici comme ailleurs, avec le cancer vrai : Tépithélioma,
les (umeui-s fibro-phistiques, fibro-airtilagineuses, l'hypertrophie simple des gan-
;.huris, sans doute même des tumeurs gonuneuses. C'est à l'avenir qu'il appartiendra
«i.tpf'artcr plus d'exactitude dans ce chapitre. Ces réserves laites, nous résumons
Of i{(ie nous ont appris nos lectures.
Suivant son origine, son siège, sa structnre, la période à laquelle il est parvenu,
h* amcer inguinal offre une foule de vaiiétés et présente des caractères j>hysiqnes
lîîvdifrérents ; tantôt profond, recouvert par les parties molles saines et mobiles,
tAiitàt sous-cutané, soulevant la peau amincie et adhérente, tantôt enfin à l'état
'1 ulcération caractéristique. En prenant pour base de classiiic>ation le point de dé-
(oïl aïKilofliique, on peut admettre les espèces suivantes :
1" Cancer du testicule, œtenu à l'anneau ou dans le canal inguinal; 2^ cancer
i)ii cordon spennati({ue, prolongement d'un sarcocèle avancé et non opéré, ou ré-
f»\i\t locale de cette alfection après la castration. La tumeur secondaire se présente
<^'ib deux aspects, suivant que la plaie opératoire est cicatrisée ou non. Dans le
fNvniier cas, le c;inal inguinal est distendu par ime masse morbide, qui s'étend
^pr> Lft fosse iliaque et la cavité alxlominale ; dans le second, le moignon du coHon
i^teà nudans la plaie, et s'y étale sous forme d'un fongus mollasse, saignant, d'un
nni^'e livide, etc. Les signes de la cachexie lont rarement défaut à cette époipie ;
> aiuxT osseux; l'ostéosarcome de l'os iliaque arrivé ù un volume considérable
rproplit la fosse du même nom, s'étend du côté du petit bassin et de la cuisse et
^rnt distendre la paroi abdominale au-dessus du ligament de Fallope L'ostéo-
*in«mïe du pubis soulève directement l'arcjde cimrale, les parties molles de la
ri^^ion et les vaisseaux fémoraux (]u'il dévie parfois. On observe en même tenlp^)
•iim rertaia<i cas, un œdème plus ou moins notable du membre inférieur et une
diUlititx) des veines cutanées superlicielles par suite de la compression de la veine
*i88 AINE (fathulocik).
fénioiiile. Dure, immobile, profonde au début, la tumeur se rapproclie de plus en
plus de la sm-iace, et s*étend au-<lessus et au-dessous du pli inguinal ; elle |ieut
acquérir des dimensions énormes. Il n*est pas très-l'are d*y constater des pulsatimi»
isochrones au pouls.
4" Le Citncer ganglionnaire est le plus fréquent de tous, et c*est peut-être L
seule vai'iété qui se montre primitivement dans la région qui nous occupe. Ilans K
cas d'ulcère cancéreux inguinal que j'ai observe à la Salpétrière, il n existait nulle
piu't ailleui's de tumeur cancéreuse. Sur douze cas de cancer primitif des gaiçlioih
lymphatiques observés pai* Lebei-t, quatre siégeaient à la région inguinale {Malad
cancéretises^ p. 699; 185i). Potier, Cruveilhier, Hauchet en ont cité des exempli'^
(Bull, de la Soc, fl«a^,t.XVll,p. 328; t. XXV, p. 202; t. XXVI, p.64). Enfin, laCo:,
des hâpit., 1864, p. Ii7, publie un fait intitulé : Adénite cancérexise primitire,
d'après le diagnostic porté parGosselin,qui aui'ait eu déjà Toccasion d*en rencontrn
un semblable; mais la marche du mal, Tabsence d examen niici'oscopique, peiiuet*
teiit d'élever des doutes sur ce diagnostic ; on poun'ait tout aussi bien croire à uni
tumeur gommeuse qu'à un cancer. On peut également contester Texistence d'uji
double cancer inguinal primitif, chez le malade dont Cahcn a raconté rhistoire ; uip
première tumeur se montre dans l'aine droite d'un homme de cinquante-cinq ain :
extirpée parHichon et jugée cancéreuse, elle ne récidive pas. Ciiu] années |ilustan),
tumeur analogue dans l'aine gauche, même diagnostic, extirpation sans doute iin-
parfaite, récidive locale qui s'accroît lentement et met cinq ans pour atteindn* le
volume du poing ; l'ulcération était imminente. Le malade part eu Afrique ; au buul
de six semaines, il revient presque complètement guéri sans avoir fait aucmi Iraili-
ment, bans les deux Sociétés savantes (|ui reçurent cette communication, on élei.t
sur la vraie nature du mal des doutes fort légitimes; le défaut d'examen hi!)lolo^iqu*'
oie à ce lait la plus grande partie de sa valeur, et Ton conçoit l'erreur ooniiui><
si on se rappelle que Thypertrophie ganglionnaire simple ou adénome lyInphatiqt^
olTre une n^ssembliuice parfois très-grande avec l'eiicéphaloîde ramolli. {Wnio^i
médicale^ 1" octobre 1859, p. 12, et 14 janvier 1860, p. 92.)
Le Ciuicer secondaire des glanglions inguinaux est dans tous les cas intiiiiroeut (du*
commun; il occupe les glandes superficielles, les profondes, les iliaques externes, et?*:
montre surtout à la suite des affections cancéreuses du membre inférieur, ostéo&ir-
corne, cancer de la peau, etc. Â la suite des affections osseuses, il peut acquérir un
volume considérable, puis s'ulcérer comme dans le cas emprunté plus hautàBoyr,
et dans celui dont Maisonneuve a parlé à la Société de chirurgie (Buliet.^ i.\\
p. 117, 1 19; 1848). Dans deux cas d'ostéosarcomede la partie inférieure du fémur.
Stanley a vu des déi)ôts osseux dans les ganglions inguinaux (On Diseojses of th'
Bones, p. 167, 168). Quand l'engorgement ganglionnaire succède à un cancer cu-
tané, il renferme souvent une grande proportion de inélanose ; Follin a cité {plu-
sieurs faits de ce genre (Traite depathol. externe, t. Il, p. 69; 1863). J'ai vu.
de mon côté, une dame ({ui avait sur divei*s points des membres inférieurs de \^-
tiles tumeurs niélaniques, et dans l'aine une énorme tumeur ganglionnaire ; le tmi'
datait de deux mois ; cinq mois auparavant on lui avait enlevé , d'un coup «1*
ciseaux , entre deux orteils , une petite excroissance noire, la plaie bèU:'
cicatrisée en deux ou trois jours. I^i mort naturellement su nint bientH |f
infection générale.
En 1843, Velpeau, dans mie leçon clini({uc un peu confuse, décrit une tumnii
que, d'après son hypothèse favorite, il regarde comme hématiquc ou fibrineuse, m.. «
qui parait un type de cancer avec foyers sanguins (Gaz. des /i(;/).,p.3S8). En i^ô9
AINE (patuologie). 289
DolLeau montre à la Société anatomique une tumeur volumineuse qui englobait
les vaisseaui fémoraux. L'artère ouverte involontairement dut être liée. Malgré les
dénégations de Uouël, il paraît certain qu'il s'agissait d'un cancer. (BtJlet,,
f série, t. IV, p. 29i .)
ÈpUhéliama, Je n'ai pas trouvé d'observation bien authentique de cancroïde iii-
îniinal primitif, quoiqu'il soit dit dans la huitième observation de H'Glintockquele
liial avait débuté dans l'aine et gagné de là la lèvre corres|)ondante {Dubl. Quart.
Jour., t. XXXUI, p. 21 5; 1862). Cependant, d'après la marche et la durée, on devrait
peut-être considérer comme tel le cas de Leprince, opéré plusieurs fois par Uoux
(/(wr. hebiom. , t. II, p. 360; 4831 ) . Dans le canproïde du scrotum (prétendu cancer
i{i> ramoneurs) , l'ulcération peut s'étendre jusqu'au pli de l'aine, mais cela est tout
à £iit eiceptionnel. En revanche, l'infiltration épithéliale des ganglions se voit assez
simTent dans les cancroïdes de la verge, du scrotum, de la vulve et même du col
(le lutéms. C'est à cette catégorie que se rapporte sans doute une tumeur enlevée
par Blandin, et regardée comme encéphaloide. Quelques années auparavant, le
malade avait subi l'amputation de la verge. Or on sait que la récidive du cancroïde
dans les ganglions peut être ti^tardive, ce qui n'est guère le cas pour le vrai
Rincer. (liemarquay, Bu/fet. de la Soc, anatom,, t. XIX, p. 131; 1844.)
L'eiigoi^ement des ganglions inguinaux à la suite des affections du col utérin
eÀ, au premier abord, difficile à expliquer. Toutefois on sait, depuis les recher-
rhes anatomiques d'Aubry, que les vaisseaux lympliatiques du col utérin, com*
muniquant avec ceux du vagin, peuvent se rendre aux glandes susdites. Robert
A Wi rinfeclion suivre une autre voie ; une femme morte d'un cancer du col de
l'utérus présentait un engorgement inguinal. A l'autopsie on voyait dans le bassin,
de distance en distance, une série de ganglions engorgés formant une sorte de
cbapelet de la partie cancérée à la région du pli de l'aine. (Des affect. du col de
lutér. Thèse de conc, 1848, p. 10.)
Follin a fait connaître une particularité anatomique intéressante de ces épithé*
liQiDas ganglionnaires.Deux fois il a observé des kystes séreux, d'un volume notable,
développés dans les ganglions malades [Bullet, de la Soc. de c/itrur., t. V, p. 285;
1^55;. A. Foumier, de son côté, a rencontré cette association d'une masse épithé-
lôle er d'un k^-ste volumineux à la suite d'un épithélioma papillaire du col utérin ;
la tumeur mixte occupait la fosse iliaque, son origine ganglionnaire est probable
nais non point démontrée. (Bullet. de la Soc. anatom., t. XXX, p. 548 bis; 1855.)
Le cancroïde, même loi*squ'il doit entraîner la mort, marche beaucoup plus len-
tement que le cancer ; aussi n'est-il pas très-rare de voir les ganglions inguinaux
intiltrés d'epithélium se ramollir, perforer la peau et donner lieu à des ulcères à
lose biigeet dure, à bords calleux et taillés à pic, à fond pultacé et anfractueux,
«fiîrant en un mot tous les caractères de l'épi thélioma ulcéré.
Enckondromes et fibromes. Abstraction faite de l'enchondrome glandulaire,
I'^ tumeurs cartiiiigineuses naissent le plus ordinairement du squelette, et leur
«(<^U'loppemeiit primitif dans le tissu cellulaire est relativement fort rare. Aussi
dnit-on ranger dans les affections osseuses les enchondromes qu'on a rencontrés
plus d'une fois déjà dans la région inguinale. Néanmoins il existe dans la science
<Je$ observations qui semblent faire exception à la règle. En 1840, Cobon, de Noyon,
'itirpa sur un homme de quarante-huit ans une masse du volume de la tète
d an ftetus à terme, composée de tissus fibreux et cartilagineux mélangés à des
fHiiots ossifiés et à une substance ayant, d'après l'auteur, l'apparence squirrheusc
d aicéphaioide. Comme le début remoutait à quinze années, il n'est guère pos-
wet. EX. U. 19
990 AINE (PATBOLOGIK)
siblc d'admettre qu'il s'agissait d'un cancer. (Annales de la chir. franc, et
étrang., t. XI, p. 229, 4844.)
Denonvilliers a rencontre un cas fort analogue. La tumeur siégeait égaleounit
au-dessous du ligament de Fallope, elle était composée de tissu adipeux et de
caililage. L'examen microscopique fut fait par Lel)ert. (Bull, de la Soc. dechir.,
1. 11, p. 497, 501; 1852. — Btt«. de la Soc. anat.y t. XXVII, p. 81; 185!i.-
Lebert, Anatom. pathol. générale^ p. 231 et planch. XXI, XXX.)
A la vérité, Dolbeau, à qui l'on doit de bous travaux sur l'enchondrome, fait
rentrer ces faits dans la loi commune, et, d'accord avec Cruveilhier qui ivùi
déjà créé le nom caractéristique d'ostéo-diondrophytes pédicules ^ il considcrr «n
productions comme procédant du siiuelctte, avec lequel elles consen cnt des con-
nexions plus ou moins intimes (Dolbeau, Tumeurs cartilagineuses du bassin.
Journal du Progrès, 1860). La même théorie s'appliqueiiiit à une certaine varitli
dc fibromes décrites dans la thèse inaugurale de Qiarles Bodin (1861 ,n* 137) soils
le nom de tumeurs fibreuses péti-pelviennes chez la femme ^ et que nous devoir
mentionner, puisqu'elles viennent saillir à la région inguinale quand elles naisM-Mil
du pubis ou de la partie antérieure de la crôte iliaque.
Ces tumeurs, qui n'ont guère été rencontrées jusqu'à ce jour que chez la femuN'
adulte et du côté gauche, sont arrondies ou ovoïdes, à surface régulière, à coii>i^
tance très- ferme, Siins changement de couleur à la peau qu'elles soulèvent saiL^ )
adhérer. Siégeant au mihcu des muscles larges, dans l'épaisseur même de La (>arui
abdominale, en dehoi's du péritoine qu'elles ne comprennent que tardiveroent^ellt-^
sont lâchement unies aux tissus ambiants, sauf en un point, sorte de pédicule qu'on
peut suivre jusqu'au périoste d'un os voisin; mobiles quand elles sont petitt^ H
superficielles, elles semblent au contraix'e en s' accroissant remplir la fosse iliaque
et en partir. Au reste, indolentes au toucher, elles ne déterminent en général que
des troubles de voisinage proportionnés à leur volume et déduits de leurs ra(^
ports. Point de cachexie ni de généralisation; diagnostic facile pour quiconque (>t
au courant de leur existence; pronostic des tumeurs fibreuses en général; théra-
peutique purement chirurgicale. Je renvoie, pour plus amples détails et pour l'hty-
torique, à la thèse citée. C'est depuis quelques années seulement que celte varitté
a été bien décrite par Huguier, Michon, Gosselin, Chassaignac etNébtoa qui leur i
consacré une leçon clinique substantielle (Gazette des hâpitaux, p. 77; 1862). H i^i
juste dédire cependant qu'en 1851 Philippeaux publiait avec commentaires unfojt
très-concluant, tiré de la pratique de Bouchacourt, de Lyon. Saui la mention e\pl>-
cite de l'adhérence au périoste, cotte observation énonce les caimctères princi|a(i\
de la variété pathologique qui nous occupe. (Gazette des Hôpitaux, 18al » p. 4U >
En résumé, la région inguinale est le siège de tumeurs qui émanent dt%
couchi>s superficielles ou du périoste des os pelviens; constituées par des ti^bu»
fibreux, libro^plastiques, ou par un mélange de ces éléments avec la graisse. K
cartilage et l'ossification accidentelle, ces tumeurs se développcui. soit aur<l«!s«u>,
soit au^essous de l'arcade crurale; dans le premier cas, elles ont des rapport^
avec le péritoine; dans le second, avec les vaisseaux fémoraux ; circonstance imp»r*
tante à connaître si on se décide à tenter une extirpation qu'autorise la naturt
relativement bénigne du mal, mais qui est toujours délicate, sinon UborieuM-
Dans la région crurale surtout, le prolongement du tissu morbide autour dt-^
vaisseaux accroît singulièrement les diflicultés, comme le prouve le cas di-
llatiuHchkc, qui se termina fakdement. (Cliirurgische operative Erfahrungen.
Ixsipzig, 1804, p. 346; obs. 287, tt ceux de Roux, de Langcnbeck, etc.)
AINE (paiuoluuik). i!9l
Si b Ibéorie qui précède parait générale, il ne s ensuit pas que 1 un ne puissi'
ixiicoutrer dans les couches cellulcuses de la région inguinale renchondrume ou
le* fibrome primitif. Il faudrait enfin excepter de la règle précédente les cas, d'ail-
Knirs Ires-rares, où les ganglions inguinaux sont secondairement infiltrés de tissu
fibro-plastique (Lan*e\, in BnlL de la Soc. de chirurgie^ t. VIII, p. 385 et t. Il,
p. 240. — OUîer, Tumeurs cancéreuses, Thèse inaug. Montpellier. 4856, p. 88.)
En se plaçant au imint de vue pratique, ilimpoite beaucoup de distinguer toutes
res tmneurs les unes des autres et de celles qui se rencontrent dans la même ré-
i:m\, car le pronostic cl le traitement en découlent. La chose n*est pas en généiDl
trcs-ilifficile, si l'on examine attentivement la marche et les antécédents du mal sans
>'en tenir aux caractères extérieurs qui ne sont pas décisifs. L'existence de la syphi-
lis surtout, si Ton en remarque des traces sur d'autres parties du corps, empêchera
tic confondre les gommes crues, ramollie ou u1céi*ées avec Tadénite, le bubon, le
rliancre simple ou le cancer. L'adénopathie cancrcuse ou épithéliale sera reconnue
«piand on aura constate dans le voisinage la présence d'une production analogue.
I>|)endant une difficulté peut se présenter : répithélioma a été enlevé plusieurs
mois, plusieurs années auparavant ; il n'y a pas eu de récidive locale, mais hien
infi*ction tardive du ganglion. Si le chirurgien n'est pas prévenu, il j)eut tomber
daifci l'erreur et croire à un cancer primitif. Dans le cas de Demarquay, on avait
pris la tumeur à son début pour une hernie crurale.
|je cancer primitif des ganglions inguinaux esta son origine fort difficile à recon-
naître; on le confond avec l'engorgement ganglionnaire simple jus()u'à la période
lie ramollissement et d'ulcération, qui du reste ne se fait |ris longtemps attendre*.
L'indolence, la dureté, la mobilité, l'extrême lenteur dans l'accroissement, caractc'
ri>A*nt suffisamment les tumeurs fibreuses et fibro-cartilagineuses, pom* lesquelles
d'ailleurs on peut sans inconvénients différer le diagnostic.
Tout ceci s'applique seulement aux tumeurs superficielles; en traitant des affec-
tions osseuses nous verrons, au contraire, qu'il est souvent impossible de savoir fi
«(uelle lésion on a affaire. L'enchondrome, Tostéosarcome, les exostoses simples,
l'ostéite etc., revêtent une physionomie à peu près semblable.
Affections vasculaires. Système artériel. La région inguinale est paiTounie
de haut en bas par les gros vaisseaux du membre inférieur et sillonnée en tous sens
\w les branches collatérales nombreuses qui s'y rendent ou en partent.
L'anatomie chirurgicale n'attribue pas de nom ]xirticulier au tronçon artériel
|rinripal qui Inverse le pli de l'aine; il y a une artère poplitée, ime artère axil-
hifp, une sous-clavière dont les trois portions sont fort dissemblables; il n'y a ]nis
d'artère inguinale. Si l'on voulait décrire à part ce segment vasculaire, il faudrait
^ la vérité lui donn(*r en haut et en bas des limites aussi artificielles que celles de
h région elle-même, et, dans ce trajet de quelques centimètres, introduire encor*'
b distinction fondée |Kir l'anatomie descriptive qui sépare l'iliaque externe de la
Immorale, en s'appuyant à bon droit sur les différences de situation, de profondeur,
tic fixité et de rapports. Il est évident qu'au point de vue du traitement opératoire,
tif la marche, de la gravité, les lésions artérielles inguinales organiques ou trauma-
li<piesdif]^eDt essentiellement, suivant qu'elles siègent au-dessus ou au-dessous
du ligament de Fallope. Mais il est clair aussi que la maladie, pns plus ici qu'ail-
leurs, ne respecte les délimitations fictives établies par le scalpel ; que, sans parler
de l'artérite et de la phlébite, les chirurgiens consacrent un chapitre particuli<»r
i ranévr>siue inguinal, et qu'enfin, à divers points de vue, celui du diagnostic entt-e
autres, il y a quelque avantage à considérer conunc n'en faisant ([u'un les deux
99S AINE (patbolooib).
Iragments de cylindre vasculaire que les anatooiistes ont si nettement séparés.
C'est en m'appayant sur ces raisons que, dans les lignes qui vont suivre, je me
sépare du collaborateur chargé de la partie anatomique de cet article.
L'artère inguinale, recouverte dans son tiers supérieur par la paroi de l'abdomen,
devient superficielle au-dessous de l'arcade crurale, et reste telle jusqu'au sommet
du triangle de Scarpa, qui lui sert de limite inférieure. L'incision de la peau et des
couches celluleuses suffit pour la découvrir dans un procédé de Ugature rarement
mis en usage. C'est le seul point du tronc fémoral aisément accessible au toucher,
d'où la possibilité de rechercher en ce lieu les pulsations ; exploration utile pour
distinguer la hernie crurale de la hernie inguinale dans quelques cas dilficiles;
utile encore pour le diagnostic de certaines affections gangreneuses du membre
inférieur. En apportant l'attention suffisante, on arrive presque toujours à constater
ces battements, sauf les cas très-rares d'anomalie ou d'oblitération. GependanI,
quelques ciitxmstances rendent la chose malaisée ; telles : un embonpoint excessil,
la présence de ganglions engorgés, l'oedème ou le phlegmon, les mouvements du
malade, la position du bassin, certaines attitudes vicieuses permanentes du membre
inférieur, etc.
Les pulsations peuvent être très-faibles, mais on les trouve aussi fort exagérée»
et visibles à l'œil même, chez les personnes très-maigres, les sujets hystériques,
les vieillards dont les parois artérielles sont athéromateuses ou calcifiées; enfin,
dans les cas pathologiques, quand l'artère est soulevée par une tumeur sou»-jaoentc
ou qu'elle est entourée par une masse morbide qui transmet l'impulsion à la ma-
nière des corps solides.
Ces battements exagérés, sur lesquels du reste Bérard avait appelé déjà latlen-
tion, m'ont beaucoup embarrassé dans le cas suivant : Un élève en médecine tShdé
de coxalgie à forme bizarre est placé dans une gouttière de Boimel. Les douleurs,
d'aboiil calmées, se réFeillent avec une grande violence, malgré l'immobilité abso-
lue. Le pli de l'aûie est moins creux que du côté sain ; empâtement prorood, sen-
sibilité très-vive au toucher sur le trajet des vaisseaux fémoraux dans l'étendue de
quelques centimètres et juste au-dessous de l'arcade crurale; douleura fulgunnte>,
revenant par accès, partant de ce point et s*irradiant â la cuisse avec soubresauts
musculaires; un peu d'œdème du membre. Les battements artériels très-énei]gique$,
ciat>nscTits au triangle de Scarpa, soulèvent la main et sont visibles à rceil ; ex-
pansion douteuse; plusieurs fois, en consultant avec le stéthoscope, je comprime
sans doute l'artère, car je perçois un bruit de souffle très-évident, mais passager.
Rien de semblable du côté opposé.
Alarmé par ces symptômes, le jeune homme se croyait atteint d'anénysmc ;
j'étais moi-même inquiet; je réitérai l'examen en y apportant le plus grand soin, et
pus me convaincre à la fin que l'artère était saine, mais qu'elle était soulevée par
un gonflement profond siégeant au-devant de l'articulation ; ses battements étaient
transmis d'ailleura avec plus de force par les ganglions inguinaux engorgés. Il valait
cependant quelque chose de plus, car les pulsations et le souffle paraissaient et s'é-
vanouissaient d'un jour, d'une lieure à l'autre; était-ce de la névralgie artérielle
intermittente? Le malade était très-nerveux, presque hystérique, les symptômes
existaient du côté gauche. Ils ont entièrement disparu après quelques semaines. La
coxalgie n'est pas encore guérie.
11 est naïf de dire que pour trouver les battements on les doit chercher où il»
sont; il fiiut cependant rappeler que l'artère varie de position suivant les sexes et
les dimensions du bassin, qu'elle peut être déviée latéralement par des Uuueun
AINE (pathologie). 293
foisines de toute nature, abcès, ostéosarcomes, etc. Dans tous les cas où l*on con-
state quelque disposition insolite, il est bon d*explorer Tartère du côté opposé.
Dans son trajet, Tartère inguinale s'infléchit sur le détroit supérieur du bassin
et sappuie sur la branche horizontale du pubis, au niveau de Téminence iléo-
pectioée.
Lorxiue la cuisse est étendue comme dans la station et le décubitus dorsal, les
deux portions du vaisseau — iliaque et fémorale — forment un angle obtus très-
oofert à sinus postérieur. Dans l'extension forcée, Tartère, vers le sommet de Tan-
|;le, s'aplatit d'avant en arrière ; la diminution de calibre qui en résulte, très-facile
h constater à l'amphithéâtre, entrave l'abord du sang dans le membre inférieur,
ce dont on ne paraît point encore avoir tiré parti. La distension longitudinale que
sohit donc le vaisseau dans cette attitude occasionne sans doute des tiraillements,
des éraillures, qui ne sont certainement pas étrangers à la formation des ané-
msmes inguinaux, si évidemment influencée par les causes externes. Cette raison,
tout aussi bien que le froissement direct exercé par la tête du fémur, pourrait
rendre compte du développement d'un anévrysme consécutif à une luxation du
fémnr. (Goldsmith cité par Follin , Pathologie externe, t. II, p. 465.)
Dans la flexion, les choses se passent autrement ; le segment fémoral du vaisseau,
seul mobile, suit les mouvements de la cuisse et fait avec la portion iliaque im
angle à sinus antérieur, dont le degré d'ouverture varie infiniment, jusqu'à devenir
très^gu. D'autres variations surviennent encore dans l'abduction et l'adduction.
Les rapports de l'artère inguinale avec le squelette du bassin sont importants h
connaître pour exercer la compression soit avec la main, soit avec des appareils :
procédé hémostatique qui n'était autrefois que le prélude des grandes opérations
ûDglantes, mais qui tend aujourd'hui à jouer le plus grand rôle dans le traitement
des anévrysmes et des hémorrhagies du membre inférieur. Malgré l'épaisseur de la
paroi abdominale, on a réussi plus d'une fois à comprimer l'iliaque externe à sa
partie inférieure avec divers appareils ou des instruments en forme de cachet
(Dupuytren, Verdier et d'autres, Bizzoli récemment). Néanmoins, le lieu d'élection
pour interrompre la circulation dans le membre inférieur est le point où l'artère
rrotse le pubis. Il semblerait que la solidité du support et le peu d'épaisseur des
couches sous-^^tanées doivent rendre cette manœuvre très-sûre et très^facile; il
n'en est rien ; elle est d'abord entravée par toutes les causes qui gênent l'explora-
tion ou la perception des battements, puis elle reste inefficace par suite de la
moindre faute dans te manuel.
Si la pression ne porte pas exactement sur le pubis, — en général on comprime
trop bas, — si elle ne s'exerce pas dans une direction bien perpendiculaire à la
surface osseuse et au tube artériel, celui-ci s'enfonce dans les parties molles ou
s'échappe latéralement. Appliquée sur une trop large surface, la pression s'exerce
en dedans, sur la veine, en dehors, sur le nerf crural, et occasionne soit de l'œdème,
^t des douleurs intolérables ; ces inconvénients ne se montrent à la vérité que
dans la compression prolongée, mais forcent parfois à l'abandonner. Chez certains
Mijets, la peau, extrêmement délicate, s'enflamme rapidement, s'excorie, se mor-
tifie même, surtout si l'on met en usage les appareils h pelote résistante.
Dix mois après l'emploi de la compression et la guérison par ce moyen d'un
ané^Tysme de l'artère tibiale postérieure, on vit apparaître dans la région inguinale
un anévrvsme variqueux, au développement duquel la coropre<sion sans doute ne
Alt pas étrangère. (0. Pemberton, Medec, chirurg. Transact.y t. XLIV, p, i89;
m\.)
294 AINE (pATHOLOGIg).
iiOf; étiidois modernes sur la compression ont rois tous œs faits en Inmière, ri
nous renvoyons pour tes détails aux articles ultérieurs, mais nous ne saunons trop
insister sur la nécessité d*étudier sur le cadavre et sur le vivant cette importante
manœuvre, ({ui exige beaucoup plus d'habileté qu ou ne le suppose généralement.
Si courte que soit Tartère inguinale, elle donne naissance, au^essus eiau-desso»
du ligament de Fallope, à des collatérales nombreuses, à l'énumération deaqudies,
si respaC/O nous le permettait, nous pourrions joindre des considérations cfairuf]gi-
ralos d*nn grand inlérol. Les larges anastomoses de ces branches avec les artènv
|)elviennes et thoraciques d'une part, avec les rameaux émanés, d'autre part, de U
(lartie inférieure de la fémorale et de la poplitée, permettent d oblitérer sans erainti*
l'iliaque externe et la crurale. En revanche la multiplicité de ces branches, la présence
surtout de la fémorale profonde , expliquent les dangers de la ligature placée trop
près de l'arcade crurale et l'imminence des hémorrhagies consécutives tantôt par
Ic bout supérieur, tantôt par l'inférieur. Dans les plaies artérielles de la région, \a
difficulté qu*on éprouve à distinguer la source réelle de Thémorrliagie et la
nécessité de lier les deux bouts du vaisseau lésé sont encore des corollaires de U
richesse vasculaire du pli de l'aine.^ Tous ces points seront traités aux artidc^
Iliaqoe extermb, Fémorale, HénoRRHAGiE. A propos des hernies et de la kélotomio,
on reviendra sur les plaies de l'épigastrique et sur celles de la sous-cutanée abdo-
minale que les incisions superficielles intéressent souvent. Disons seulement,
relativement à cette dernière, que sa blessure, négligée à la suite de Touverturp
d'im bubon, faillit entraîner la mort (licfort. Communication orale.)
Un coup de feu au pli de l'aine brisa le fémur et détermina une hémorrhagie qiif
Gerdy rapporte à la blessure d'une des circonflexes ; ligature Ao, la fémorale, gin'-
rison. {Ardi. gén. de méd. 1854; 2« série, t. VI, p. 387.)
Parmi les tumeurs de l'aine, l'anévr^-sme inguinal est celle qu'il impcMte le pll^
fie reconnaître exactement et de bonne heure, l'erreur de diagnostic pouvant a%uir
des suites funestes, et le traitement actif n'admettint guère d'ajournement en
raison des progrès rapides du mal.
L'anévrysme spontané est de l>eaucoup le plus commun ; mais le tramnatiqui'
a été observé (liarrey. Clin, chirurg.^ t. III, p. 156), aussi bien que le variqueux,
dont Norris cite trois cas dans sa fameuse statistique qu'il ne m'a pas été possihW
de consulter (American Jounuil of Med, Scienc, janvier 1847); deux d'eotn»
eux se rapportent peut-être : 1° à cette énorme varice anévrj'smale pédiculée pour
laquelle MoiTison lia l'iliaque externe (Gaz. méd.^ 1858, p. 683); S*" au cas «i«*
Venturoli, cité plus liant.
Malgaigne, d'après le siège de la tumeur, propose la classification suivante : Ane-
trysmejt du pli de l^aine^ qui appartiennent à la partie supérieure de la (énaoraW ;
OHévryxmes de la fosse iliaque^ qui naissent presque exclusivement de Tiliaqnr
l'xieme, et anévrysmes ilio-'Cruraux, qui empiètent à la fois sur l'abdomen ei sur
la cuisse, an-dessus et au-dessous de l'arcade cnirale, ce qui leur donne pri<ii«
la forme bilobée. La première variété, de beaucoup la^plus fréquente, i^t relK*
qu'on peut le plus aisément diagnostiquer dès le début. Onlinairement précédêf
d'eiïorts violents ou de chocs directs portés sur le pli de laine, la tunveur appanii
petite, indolente au toucher, quoique accompagnée parfois de douleurs spontanée^
vives» avec gène dans les mouvements, flexion du membre, et plus tard oedème plu^
ou moins prononcé; dure ou molle et réductible, elle présente bientôt les sigm^
pathognomoniques de l'artérectasie : battements isochron&<(, expansion, souflir sim-
ple, e(r. Haleaigne fait remarquer que l'exploration révèle assez souvent, dan» ci*^
AINE {pathologib). 895
liimeurs, quand elles ne renferment pas beaucoup de caillots, un frémissement,
un bruissement, comme dans les anévrysmes variqueux.
Théoriquement, le diagnostic semble facile ; cependant la science a enregistré
quelques erreurs qui s'expliquent jusqu'à un certain point. Dans quelques cas,
parajt-il, les signes essentiels, battements et souffle, manquent au début : le ma-
lade de Malgaigne crut avoir un bubon, puis une hernie sur laquelle un bandage
fut appliqué. Les mêmes symptômes peuvent disparaître lorsqu'au contraire l'ané-
^rysme est devenu très-volumineux et s'est rempli de caillots. Je retrouve dans
mes noies d'internat qu'un homme d'une forte constitution, âgé de cinquante ans
eriTiron, fut reçu dans le service de Lisfranc en 1845. Le membre inférieur gauche
fiait envahi par un œdème énorme qui remontait presque jusqu'à l'ombilic; le pli
de l'aine et la fosse iliaque étaient occupés par une tumeur considérable, dure,
inunobile, qui fut prise pour un ostéosarcome du bassin. A la longue, le sommet
se ramollit, et l'on pensa à un abcès; l'ouverture donna issue à une énorme quan-
tité de caillots fibrineux et de sang altéré. Le malade mourut épuisé par la suppu-
ration et l'infection putride. A l'autopsie, on trouva un anévrysme de l'iliaque
l'iteme de dimension gigantesque et qui était oblitéré. L'examen le plus attentif
pendant la vie n'avait pu révéler la nature du mal.
(jtons quelques méprises devenues classiques. Mayer ouvre un anévrysme, croyant
sToir affaire à une hernie crurale. Un chirurgien habile, au dire de Marjolin
rmnmet la même faute, pensant inciser un bubon. — Divers chirurgiens rassemblés
(Toient reconnaître une tumeur phlegmoneuse; Guattani, présent, soupçonne un ané-
msme: une incision pratiquée montre qu'il avait raison. (Gasamayor, Anévi^ysme
delà fénwraU. 4835, p. 87, 201, 202.)
Norris cite deux cas où de semblables anévrysmes furent ouverts pour des abcès ;
le$ malades moururent (Follin, p. 473). Dans des circonstanc^s tout opposées,
l'erreur est due à des battements qui font supposer un anévrysme quand il s'agit
d'ostéosarcome pulsatile. Je crois enfin qu'il serait bien difficile de distinguer l'ané-
HTsme de la fémorale profonde près de sa naissance de celui qui siège sur la
fémorale commune dans le quart supérieur. — Signalons en terminant quelques
lésions rares, liées à l'existence des anévrysmes inguinaux :
1* Abcès phlegmoneux simples, développés au-devant du sac anévrysmal sans
<t4nniunication avec lui (Delpech) ;
!^ Abcès de voisinage consécutifs à la ligature : un malade en mourut dix mois
afrès l'opération (Follin, p. 476);
5** Abcès sanguins succédant à l'oblitération de l'orifice artériel, au ramollisse-
ment des caillots, à la suppuration du sac (Follin, p. 473) ;
4* Infiltration, tumeur sanguine dans le cas d'anévrysme diffus primitif ou par
^te de la rupture du sac ;
0* Anévrysme récidivé. Un malade, d'abord guéri, vit reparaître quatorze mois
plo^ tard une tumeur, du volume d'une petite orange, fluctuante et sans pulsa-
tions. Ouverture spontanée, hémorrhagie arrêtée d'abord par la compression, mois
q«i reparaît ensuite et fait périr le malade (Follin, p. 476) ;
^'^ Tumeurs fibrineuses persistant après la guérison de l'anévrysme pendant un
tanps plus ou moins long; deux ans dans un cas de Dorsey, une année dans celui
^Boucbet, de Lyon. (Gasamayor, p. 96, 97.)
S^time veineux. Les veines en général n'ont pas eu le privilège, comme les
artères, d'attirer l'attention des chirurgiens; celles de la région inguinale ne font
fa» exception ; elles se prêtent pourtant à des considérations intéressantes.
206 . AINE (pathologie).
La veine inguinale, que je limite comme Tarière, est située au odié interne de
cette dernière, circonstance à noter dans la ligature et la compression; elle est en
rapport avec la hernie crurale encore contenue dans le canal du même nom, etnVt
séparée de Fon sac que par un mince feuillet fibreux. A Tépoque où l'on discutait
passioimément sur le siège de Tétranglement du mcrocèle, on invoquait l'abseoce
de compression de la veine fémorale pour prouver que la constriction ne siégeait pa>
au niveau de Tanneau crural supérieur. Ce même rapport 8*oppose à ce qu'on
fasse le débridement directement en dehors.
Au voisinage de Tarcade crurale se trouve im appareil valvulaire important,
tantôt double, le plus souvent simple ; à trois centimètres environ au-dessous du
ligament de Fallope, on venconire constamment une paire de valvules très-fortes;
une fois sur trois, la veine iliaque externe, près de sa terminaison, est munie d'une
autre paire (Houzé de l'Aulnois, Recherches sur les valvules^ Thèse de Pari^,
1854, n* 44, p. 54). On sait que dans la grande majorité des cas la veine ca\e
inférieure et les iliaques sont avalvulaires, aussi les valvules inguinales établissent-
elles inféricurement la seule limite anatomique au pouls veineux, qui se propa^^e
quelquefois d'une manière sensible jusque-là (pouls veineux abdominal). Leur soli-
dité et leur résistance sont si grandes, que si Ton place au-dessus d'elles l'apparei]
à injection, il est impossible de remplir de haut en bas les veines fémorale> ;
cependant elles deviennent insuffisantes dans le cas de varices anciennes et volu-
mineuses du membre inférieur ; j'ai pu maintes fois constater cette dispositiwi
à l'amphithéâtre, mais elle n'est pas moins évidente sur le vivant. Chez oertain>
siyets, en variant les attitudes du membre, on voit le réseau variqueux se remplir
de haut en bas avec une extrême rapidité. La compression de la veine fémorale »ii
pli de l'aine ralentit cette réplétion. Ceci explique le succès de certains pit»édê<
opératoires, entre autres la ligature de la saphène au tiers moyen de la cuisr
{voy, Phlébectasie, Varice). Dans un cas aussi rare que remarquable que j*ai étu-
dié avec Gubler et Harey, l'insuffisance valvulaire inguinale coïncidait avec une
insuffisance de la valvule tricuspide ; les varices de la jambe et de la cuisse, énor-
mément dilatées, étaient le siège de pulsations énergiques isochrones à la tifsUU
ventriculaire.
Si l'insuffisance valvulaire inguinale était soupçonnée ou reconnue avant, pen-
dant ou après une désarticulation coxo-fémorale (J. Roux, Ga%, des H&p,<, 1860,
n® 49) ou même une amputation de la cuisse à la partie supérieure, il faudnii
nécessairement lier la veine fémorale à la surface du moignon, pour prévenir on
combattre l'hémorrhagie veineuse.
\jA blessure de la veine fémorale, immédiatement au-dessous de l'arcade minle.
a été considérée de tout temps comme très-grave et même comme cause de la pn-
grène totale du membre. Cet accident formidable serait dû à une prétendui*
interruption complète de la circulation en retour par défaut d'anastomoses entn*
les veines de la cuisse et celles du bassin ; de là le précepte de lier, en pareil ck>,
l'artère satellite (Gensoul). Déjà, en 1855 {Système veineux. Thèse de ooncoun.
p. 58), j'avais combattu l'erreur anatomique et la déduction opératoire. J'ai ^u
avec plaisir Richet se prononcer depuis dans le même sens (AnatomU chirurg.,
1855, p. 151). Le fait cité par Roux, qui blessa la veine crurale en çxtirpant une
tumeur de l'aine, est rasâuranl; une double ligature fut placée, et le mabdr
guérit sans accident. A la vérité, il y eut menace de gangrène dans le cas attriliui'
à Dupuytren par Chassaignac, mais ces difTérences peuvent s'expliquer, suiianl
que l'oblitération consécutive à la plaie et à la ligature reste bornée au vaisMMii
AINE (PATROLOGIS). 997
blessé 00 s*étend égalemont aux voies colLitérales susceptibles de rétablir le cours
du sang. (Pour plus de détails, voir Bulletin de la Société de Chirurgie, 1" série,
l. IV, 1853, p. 55 ; — t. VI, p, 216, 225, 237.— Ollier, Plaies des veines, Thèse
d'a^.,1857,p. 68.)
Si je repousse comme non fondée physiologiquement l'opération de Gensoul, je
dois dire qu'en pratique elle mérite d*étre conservée, non plus pour prévenir une
»aiiprène imaginaire, mais pour combattre des hémorrhagies incoercibles. Ce point
de vue tout nouveau à été mis en relief par Langenbeck (Beitrâgezur chirurgis-
chen Pathologie der Venen, in Archiv fur Chimrg,, t. 1, p. 27 et suiv.); en
1M8, ce chirurgien vit un homme atteint de fracture du pubis et chez lequel un
fragment osseux avait déchiré la veine iliaque externe, juste aunlessus de son entrée
dans le canal crural ; une hémorrhagie interne avait causé la mort. Langenbeck
ajoute : c Si, dans des cas moins désespérés, il était possible de reconnaître avec
quelque certitude l'hémorrhagie de la veine iliaque, il serait indiqué de lier l'ar*
tère iliaque externe ou la fémorale. » C'est ce qu'il fit en 1857, dans un cas ana-
logue; en extiqpant un sarcome des ganglions inguinaux profonds entourant la
gaine des vaisseaux, il blessa la veine fémorale à un pouce environ au-dessous du
ligament de Fallope; ligature des deux bouts, compression générale du membre,
tamponnement de la plaie avec la charpie et Tagaric, tout Ait inutile; la ligaturo
de Tarière fémorale fut faite incontinent au niveau de la plaie veineuFe, Thémor-
rhagie s'arrêta aussitôt; l'opérée guérit.
Le diagnostic des plaies de la veine fémorale ne semble pas devoir présenter de
difficultés; toutefois, deux malades ont succombé primitivement, parce que la
compression avait été faite entre le cosur et la blessure. L'erreur avait été corn-
mtse, il est vrai, par des personnes étrangères à l'art, un médecin ne s'en rendrait
certainement pas coupable. (Dupuytren, Clin, chirurg.y t. Yl,p. 62, 1859. —
OUier, Thèse, p. 50.)
La formation possible des anévrysmes artério-veineux au pli de l'aine démontre
encore que la blessure de la veine inguinale n'est pas aussi fatale qu'on l'avait supposé .
La veine saphène interne se jette dans la crurale à une distance du ligament de
Fallope qui varie entre 2 et >1 centimètres ; elle traverse eu cet endroit le fascia cre-
hifonnis. L'orifice qui lui donne passage a beaucoup occupé les anatomistes ; on
lui a iait jouer daas l'étiologie des varices un rôle fort illusoire à coup sûr, mais
«]ui a néanmoins fait naître un procédé singulier : le débridement de l'anneau
libreux de la saphène (Hérapath, de Bristol, Rev, méd.-chir.^ 1848, t. IV,
p. 106). Lirrey a rapporté une observation de plaie transversale de la saphène
iu-dessous de sa jonction avec la veine fémorale ; les deux bouts du vaisseau furent
liés; le malade guérit (Nonv, Journal de méd.^ t. XI, 1821, p. 25-528). Dans
b kélotomie crurale, il faut se rappeler les rapports de la veine avec la henûo;
elle est située en dehors, en bas et en arrière de la tumeur : ce n'est guère de
œ côté qu'on songe à débrider, c'est donc plutôt en pratiquant sans précaution les
incisions cutanées qu'on risquerait d'atteindre le vaisseau.
Point de renseignements sur les plaies sans doute peu graves des autres veines
rolktérales ; cependant Norris parle d'une blessure de la veine circonflexe qui
dans une ligature de l'artère iliaque fut une grande source d'ennuis pour le chi-
rurgien (Follin, p. 472).
Près de son embouchure, la saphène est munie d'une paire de fortes valvules
<]ui deviennent insuffisantes dans les cas de varices anciennes et volumineuses, A
cause de l'ampliation considérable que le tronc veineux subit à sa prtie supérieure.
296 . AINE (patholocie).
Li veine inguinale, que je limite comme Tartèrc
cette dernière, circonstance à noter dans la ligatin
rapport avec la hernie crurale encore contenue d^m
séparée de son sac que par un mince feuillet (il
passionnément sur le siège de Télranglement «^
de compression de la veine fémorale pour prom
au niveau de Tanneau crural supérieur. C(>
fasse le débridement directement en dehors
Au voisinage de Tarcade crurale se ti
tantôt double, le plus souvent simple ; •
ligament de Fallope, on rencontre const
une fois sur trois, la veine iliaque extci
autre paire (Houzé de TAulnois, Rcr!
1854, n* W, p. 54), On sait que «î
inférieure et les iliaques sont avah i
elles inféricurement la seule limif'
quelquefois d'une manière sensilti
dite et leur résistance sont si ^r
à injection, il est impossible <*
cependant elles deviennent in-
mineuses du membre inféi i*
à Tamphithéâtre, mais vWv ^
siyets, en variant les atlilu<>
de haut en bas avec une ^
pli de l'aine ralentit ce i:.
opératoires, entre atih
:i iiimiinale cooiïmv
|. \x) eldratn^,
» .i."iii> «inq eterw-
|i •> .t::it duiio diLit.i-
.'il |tt»iiit où elle \)criotr
tir s;i coniusion avec li
«liais |)lus liaut, qucj'ii
■hr et n'a pas ou jusqu'à
lui conduit ceux qui l'ont
_ . ^ essentiels de cette tumeur
|s36, p. 829), et Cniveilhiêf
«itmplélé le taUeau dont voirt
fà'
•1 c
(vay. Phlébectasie, \
dié avec Gubler et ^>
iasuffisance de la ^.■
mément dilatées, t
ventriculaire.
Si rinsuffisat'
dantou après )<
n* 49) ou nir»
nécessaireni» •
combattre I'
La hh^
a été ron
grène !< '
interru
les V4'i
Tarir.
1' •
a\*'.
|S
lit
" i%tic des varices crurales et jam-
. >.' an peu prolongée, distension il*'
I m volume qui varie d'une noisetlr
;r- i'ircade crurale et vers la prtic
;siiiKie, facilement réductible, avec colo-
.i,'^ ^ maigre; tantôt régulière, héini-
•ufunant de coutume, par sa partie inli^
, et souvent sur d'autres points di*
sous-cutanés et flexueux. Lorsqu'on
■ cumenr, avec impulsion, expansion ot
• ■•-'irr'. rajoute que lorsqu'on place un doi^
--: • « jB coup sec sur les varices de la jambe,
. :it-«jc transmis d'un point à l'autre, ce qui
-:-*.iir it^paniit promptement, ménoe sans prp«-
.. --^pyi^fiii <on aspect normal. Le doigt ne perç^oit
^ ..ic WmiHt». lïans cette attitude mémo, la toux f*t
-u • r. f •rirs'ienient et l'impulsion. Les gangliou'i
i -ari^. an demi-cercle de petites nodosités (Cith
:\
àim la majorité des cas ; cependant, queique>-
^ .H- itf Seine*, Dupuylren aurait vu dans l'aine pin
•. %>* tu ^KOMEoe d'un petit œuf, qui n'était ni rédiKtible.
^ jt iKîii'^rv iWT«pondant. Sans doute, si une phlélûtt»
^^ « 1 .Mrtcv, b coasistance du caillot, la sensibilité à U
.iK'^'. t«irriienl tromper, mais ce cas est oncocv .\
•» i«t>.i
vrx. • ••
ft* AHirottArv avec un anévrysme fémoral une gros^
--f. nt\ fJÔ^ il w cite point de cas à Tappui de c^llt^
*. .«^
la?
o« ii\ ht ^ h tumeur qui nous occupe, n a pas été sufli-
^ 1 !ssx ttt Le »HU do ^rice ampullaire, donné par Cni-
** rie it a c. :xHi rimniscrile, anévrjsmoïde, latérale on fu^i-
r* UiiîK irt ^^iî i-»* qi» j a» disséqué après injection, U
' * *.t«.*»i%^ »*»'-i niKtsioo de la peau, se montm en rwliif
AINE (pathologie). 999
■ !>• |i:irlie, piir une amplification considérable du RÎmis
■'< hiiic de la saphène, et par une dilatation analogue des
■ iKioininalos et honteuses externes qui affluaient toutes vers le
I.» r
llc-nième, quoique plus rarement, peut devenir le siège d'une
iih' .KCiioguo à la précédente. J'en connais deux exemples que
.\ n'*M'*lés. \je premier est rapporté par Astley Gooper (édition
•1 ^. iMi7, p. 504). La tumeur avait été prise pour une hernie.
• ■ • hiinr^'ien ne s'y trompa point et reconnut une dilatation veineuse.
Mi, «»ii ronstataque la veine fémorale était assez dilatée pour permettre
i(H tion du doigt. Astley Cooper, pour assurer le diagnostic, fit une manœuvre
pt'iinûi utiliser dans le cas de dilatation variqueuse de la saphène. « La
•I, dit-il, disparaissait dans l'attitude horizontale; mais, dans cette même
idts elle reparaissait aussitôt, pourvu qu'on pressât sur la veine, au-dessus
.•laide crurale, de fiaiçon à faire obstacle au retour du sang. »
I. ' second cas est plus curieux encore, surtout par les détails cliniques qui Tac*
:ii{tai;nent. Vn individu atteint de rétrécissement squirrheux du rectum est pris
>' symptômes de péritonite; il meurt. Avant de procéder à l'autopsie, on constate
(UN laine, précisément à l'endroit où se forme la hernie crurale, une tumeur
irrondie, pyriforme, brunâtre, etc. Qistella se désespère, croyant avoir méconnu
une hernie étranglée. La dissection met à nu une tumeur lisse, brunâtre, dont le
|itVlieiile s'allonge sous l'arcade crurale. Fendue avec précaution, elle ne renferme
<|ue du sang à demi coagulé. C'était une varice très-distendue, formée par la veine
( nirak, qui se trouvait oblitérée sous le ligament de Fallope par un caillot très-
liense. D'autres tumeurs variqueuses se retrouvaient à la cuisse et à la jambe.
^Gtr^.méd,, 1842.)
Lue aflection organique du gros intestin existait également dans le cas d'Astley
Txioper. Cette coïncidence est peut-être fortuite, mais elle est bonne à noter.
Les varices inguinales siègent encore dans les rameaux cutanés. Chez les fenmieH
qui ont eu plusieurs eniants, dans les oblitérations des veines fémorale, iliaques
ou cave inférieure, dans le cas d'anémsme variqueux inguinal, le pli de Taine,
^ sillonné par des vaisseaux serpentins très-superficiels qui peuvent acquérir un
lohune considérable. On y reconnaît les veines honteuses externes, sous-cutanées
abdominales, et d'autres branches innominées qui contribuent au rétablissement
<l<^ la circulation en retour.
L'oblitération de la veine inguinale est une lésion fréquente due à des causes
ioultiples. Les recherches modernes sur le thrombose et l'embolie augmentent Tin-
t^éi qui s'attache à son élude.
L'occlusion s'effectue de deux manières : A, par l'accolement des parois, lors-
qu'une tumeur résistante englobe, refoule, dévie, soulève ou comprime la veine;
H, lorsque, dans l'intérieur de celle-ci, se forme un caillot actif ou passif. Ce der-
nier niécanisme est de beaucoup le plus commun.
Autre distinction. I"" Le caillot obturateur peut naître dans la région même, sous
l'influence d une cause locale, et rester circonscrit : c'est ce qui arrive dans les cas
<le phlébite causée par la compression chirurgicale ou provoquée par le vmsinage
«1 un phlegmon de la fosse iliaque, d'un abcès inguinal, d'une ligature d'artère,
<} nue pldie accidentelle ou d'une opération chirurgicale quelconque.
^i* la phlébite prend naissance hors de la r^ion inguinale, dans les veines
^periiciellesou profondes de la jambe, de la cuisse, de la fesse, de la paroi abdo-
"^l
«k. >•*
■w*»-
4|ui eiiste entre les deux e$t le vai^iiieau l^mphatiipii'.
1 i t wui su comporter comme uii simple aqueduc, iiidifit'-
. > e «lui aeoihle justifier cette opinion, c'est Tabëenoe de tout
p|»ret'ial)ie sur son trajet dans l'espace, souvent trè»*long, qui
I îtf»iim locale joiiimt le rôle de cause. Hais les choses no m-
- .iO*ai> ami. Là hiuphangite est très-commune iî la suite des chiit-
,A>.«. .o iMttrres infectants. Dans le premier cas, le vaisseau vecteur,
.>^..«tui licn^^ Ibrme sous la peau un cordon volumiueux, rouge, dur.
••«ii«Auteu.\« susceptible de s'ulcérer de distance en dislance et de dou-
••.>a»uM.f • tute azérie de chancres ti*ès-bien caractérisés; dans le second, l<^
.« ( uain4iiKs> ue suppurent pas plus que les ganglions, mais ik font facik-
. .. ' sMHfeUïMbles au toucher, quelquefois même à la vue; ralliant tonsK*^
.^ t^-ift^ uaiitx>> ib transforment la pléiade ganglionnaire en un cylindre noueux
iad> • u iMMftK» volumineux qui marche parallèlement à l'arcade crurale, la recoud iv
« • .«ouik' la dépression du pli de laine jusqu'au voisinage de l'épine iliaque. U
^uMiMAdOii des deux lésions, c'est-à-dire la lympluingo-adétiilej est donc là rê^^'l*:,
u .uoiàta^ dans les alleclions inflammatoires et vénériennes.
i)iu» le^ eu^urgemenls ganglionnaires hidolents, symptomatiques d une aflcctiai
uuoiiiiU* elle-même ou d'une lésion non inflammatoire, épitbélionia, cancer,
.« |iciU volume des vaisseaux, l'absence de réaction phlegmasique dissimulent leui
ItaiiKiptiiioii, miiis ne l'excluent pis en principe.
biihn^ daus les adénopathics constitutionnelles de la scitiliile, du larcin, de b
|i^'6ic» etc., tout paraît se passer dans les ganglions, et il n'est guère question (1<*^
\.a>M.au\ alïérents ou elTérents ; mais c'est plutôt notre ignorance que la con^U-
lion diix'cte qui porte à leur attribuer un rôle purement négatif.
iic» pi'oblèmes du reste seront discutés ailleurs avec les développeiucuts qu'ils
cgèAiportent. Si nous nous occupons surtout ici de la lésion gai^ioniiaiiv, vl<
qu'elle Ibnne une tumeur dont les caractères sulBsenl pour diagnostiquer le ^â<';:'
cl hx natuiv de l'alTection.
.Uiét^opalM^t adénites^ adénies, bubon, etc. On écrirait un volume entjn
)iur les allections gangliommires du pli de l'aine, tant elles sont communes, \ariêo.
iiuptu tantes en pratique et au point de vue doctrinal. C'est l'embairas des richesse»
qui rend la tache diflicile.
Lo phénomène initial est l'augmentation de volume* Cette règle ue soufirirait
d'exception que si nous connaissions les signes de l'ati^ophie ganglioiuiaire. Tool
liuvail morbide qui envahit les glandes inguinales lait donc naître uoe tumeiu
tUMéinent appréciable quand elle est supcriiciclle, plus diflicile à recoiuiailre kvs-
qu'(*ll4) fst profonde ou cachée derrière l'arcade crurale.
C'i*i»t sous la |)eau, dans l'axe du triangle de Scarpa, immédiatement au-desM^,
aM-desM>UH ou au-devant du ligament de Fallope, qu'on rencontre les Iuumii^
iin|NU'lic4ellc8, infmiment plus communes que les autres. Les pixifoudes seront
rlu'rchôeM soit un niveau du canal crural et de la gaine des vaisseaux, soit à i^
IHiriio inlcrifure et bitérale de l'abdomen, autour de la terminaison de l'aHèii
iliaque 4*\t4*rMe. U\ détermination du siège est importante, mais non patb^gooini»-
luqiHS d'iMitrirs tumeurs ]X)uvant occu|)er les points indiqués. U làut donc y joindt*
d'iiulrc» curuclcrcSi
\m tnintntr ganglionnaire est en général ovoïde, à gi'and diamètre taulot pauj-
IMi% lunUU presi|uc [leriiendiculaire au pli de l'aine, suivant qu'elle répond » b
Ihni* nu lui Miniinct du triangle de Scarpn. Elle est régulière ou Iwttelée, uiii*oci
AINE (patuolo<sik) . 303
multiiobée, suivant que sont pris un seul ou plusieui*}» guuglions ; les lobes, séparés
(nr des sillons plus ou moins profonds, sont mobiles les uns sur les autres ou sou-
dés ensemble ; la masse morbide est irréductible, opaque, mate à la percussion ;
les diverses attitudes du corps, la toux, Teflort, ne la modifient en aucune façon.
Rénitente, ferme au louchei', quelquefois fort dure, elle n'offre de fluctuation
f|u en cas de fonte purulente ou de ramollissement ; immobile quand elle est sous-
apooévrotique, elle se déplace au contraire assez aisément et roule sous la peau
quand elle est superficielle et indolente. Cependant elle contracte souvent des adhé-
rences avec l'aponévrose et la face profonde du tégument ': quand elle est ou a été le
siège d'un travail inflammatoire, quand elle est surmontée d'un trajet fistuleux, etc.
Ou nV perçoit ni battements, ni expansion, ni souffle. Sauf de rares e\ceptioni«,
Tâdénopathie inguinale n'atteint qu'un volume médiocre, alors môme que plusieurs
psnglions sont intéressés
A CCS caractères locaux s'en joint un autre de la plus grande valeur, cpioiquo
indirect et constatable hors de la tumeur elle-même, je veux parler de l'existence
d'une lésion tinumatique ou organique, récente ou ancienne, dans la sphère lym-
{thatique comme des ganglions inguinaux. L'adénopalhie idiopathique est relati-
vement fort rare ; le plus souvent on retrouve son point de départ quand on le
cherche attentivement : il siégea la superficie ou dans la profondeur de la peau,
depuis les orteils jusqu'à l'ombilic, dans les os ou les articulations du membre
alilominal, aux orifices naturels inférieurs, aux organes génitaux externes, etc. ;
aussi , quelque désagréable que puisse être pour les malades une exploration com-
plète, faut-il la demander pour peu qu'il existe le moindre embarras, car en un
^ instant elle peut lever tous les doutes.
Lorsqu*on soupçonne une adénopathie, il faut se l'appeler que l'affection totale
!$e compose de trois éléments : !• la lésion originelle, plus ou moins distante;
2* la voie de transmission par les lymphatiques plus ou moins longue ; 5® l'engor-
gement ganglionnaire plus ou moins ancien. Ces trois éléments sont assez souvent
i-ontemporains et coexistent simultanément; mais il n'en est pas toujours ainsi :
tantôt le ganglion se prend tardivement alors que tout a disparu au point de départ
et dans les vaisseaux afférents, tantôt l'engorgement survit longtemps à sa cause,
de sorte qu'appelé à une certaine époque le praticien n'a plus sous les yeux qu'un
des termes du problème. Les commémoratifs, un interrogatoire très-pressant,
peuvent remplir la lacune. Chez certains sujets, une blennorrhagie intense laisse
9près la guérison une pléiade ganglionnaire qui simule l'adénopathie multiple et
uidoleote de la syphilis. La hernie crurale hidure également les glandes voisines,
peut-être à cause de la pression du bandage. Une ancienne contusion, un effoii
violent, dont les traces ont disparu, ont autrefois provoqué une adénite subaigiië
dans un ganglion qui n*est plus douloureux, mais qui conserve un certain volume
et une consistance plus grande qu'à l'état normal, etc.
En l'absence de tout renseignement tiré de l'examen local, il reste l'iuspeclion
générale du corps et l'appréciation de l'état constitutionnel! Si le cou, les aisselles,
sont remplies de tumeurs ganglionnaires, on pense aussitôt à la scrofule, à la leu-
<wUkémie ou à cette maladie dans laquelle toutes les glandes lymphatiques sont
hypertrophiées et que Trousseau vieut de dénommer adénie. Aussitôt posé le dia-
gnosticdu charbon, du farcin, de la peste, celui de l'adénopathie devient clair.
Tout n'est pas fini lorsqu'on a reconnu que la tumeur inguinale siège dans Ivb
(Jucllc a
rocessus mor*
-vu» «s (^fc |Ni9 iiui lui^u un il icxuiiiiu que tu luiuciii tii^uiiiaiu sicgc
gauglioib lymphatiques; il faut, au lit du malade, pénétrer plus aVant.
été l'origine de lengorgement? à quelle lésion élémentaire, à quel procès
304 AINE (pathologie).
bide, à quel dépôt étranger la glande doit-elle son accroissement? La matière qni
infiltre le parenchyme ganglionnaire n'est-elle que le produit de rinflammatiou
commune ou jouit-elle de propriétés particulières spéciûques, \irulenkes, conta-
gieuses? Est-ce une hypergénèse des éléments principaux ou accessoires, oii
bien une hétérotopie? Y a-t-il identité de nature entre lafTection gangliomiaire et
l'affection éloignée considérée comme cause? Enfin, la tumeur est-elle simple ou
combinée avec une autre lésion inguinale, hernie, kyste, etc. ? On doit répondre à
toutes ces questions, car si la connaissance de Toi^gane afiecté est utile, le dia-
gnostic de la cause et de la nature hifluence plus directement le pronostic et le trai-
tement. Une blenuorrhagie, un érysipèle, une écorchure du pied, b scrofule, l.i
peste, font suppurer les ganglions inguinaux; Tadénie, la vérole, un cancer de b
verge, les tuméfient. Voici les analogies : que sont-elles en regard des difTérence^
qui font de ces affections les espèces les plus essentiellement distinctes? Aussi suis-je
surpris qu'on s'obstine à leur donner toujours le même nom. Qu'on leur conserve
le titre générique d'adénupathie, suffisamment vague et insignifiant, je le \eu\
bien; mais qu'on ne baptise point adénite la pléiade vérolique qui d'ordinaire n'olfiv
aucune trace d'inflammation, ou l'hypertrophie simple qui est dans le même cas;
qu'on ne dise plus : adénite épithéUale, cancéreuse, tuberculeuse, mais Inen: épi-
thélioma, tubercule, cancer ganglionnaire primitif ou secondaire ; qu'on réserve Ir
nom de bubon à l'inflammation symplomati((ue du cliancroïde, etc. Qu'on s'ef-
force, en un mot, d'employer un langage logique et clair.
Si nombreuses que soient les altérations anatomiques ganglionnaires et les cau-
ses de l'adénopatliie, si variés que soient les caractères extérieurs de la tumeur,
le diagnostic complet n'offre pas en général de difficultés très-sérieuses. Il faut d'a-
bord rechercher avec soin le point de départ, et ici plusieurs cas se présentent :
1"^ on découvre dans la circonscription lymphatique une lésion dont la nature est
évidente ; il est permis d'en conclure que le ganglion est le siège d'un processus
morbide semblable, ex : chancre mou de la verge, consécutivement tumeur phleg-
moneuse de l'aine ; on a affaire à un bubon chancreux. — Cancer ulcéré du pied,
tumeur inguinale volumineuse, bosselée, recouverte d'une peau adhérente et li-
vide; c'est un cancer secondaire dans les ganglions. 11 faut cependant introduirr
des réserves; le buijon se résout ou bien il est ouvert, et la plaie ne devient pas
chaucreuse, — l'adénopathie réputée cancéreuse ou épithéliale se dissipe après l'a-
blation du membre ou l'extirpation de l'épithélioma (j'ai vu l'an dernier un cas de
ce genre; un volumineux ganglion inguinal me fit hésiter à enlever un cancroîdo
largement ulcéré de la vulve, j'opérai néanmoins; la plaie guérit, le ganglion dit-
{Kirut, point de récidive jusqu'à ce joiu*). Dans ces cas, qui ne sont pas rares,
surtout pour le bubon, il faut admettre que le pus chancreux ou l'épithélium intro-
duits dans le ganglion ont disparu spontanément, ou que l'adénopathie était seule-
ment le reflet de l'irritation causée par l'ulcération de la peau; 2* la lésion éloi-
gnée est appréciable encore, mais elle n'a que des caractères actuellement douteux,
n'ayant jamais eu ou ayant perdu ceux qui eussent été décisifs. Tous ceux qui ont
pratiqué les maladies vénériennes savent combien il est malaisé parfois de distin-
guer le chancre infectant du chancre mou, ce dernier de l'herpès et des plaquer
muqueuses ulcérées, le cancroïde et l'esthiomène du chancre chronique ou phai;('^
dénique et uiémc des ulcérations tertiaires ; ils connaissent par conséquent )e>
difficultés du diagnostic de l'adénite inguinale. L'inoculation, les antécédents, le
résultat affirmatif ou négatif de l'exploration générale du corps dissipent sou%«nl,
il est vrai, les obscmités ; mais c'est surtout dans l'examen de la tumeur ganglion-
AINE (PATHOLOGIX). 505
oaireelle-mème qu'il £iul chercher les éléments du diagnostic. Dans la majorité des
cas en eifet, et par bouheur, la cause imprime à l'adénopathie des caractères bien
tranches qui en dévoilent la nature et celle aussi de la lésion initiale équivoque.
LadénopAthie bilatérale, multiple, indolente et indurée de la vérole, se dis-
tingue trè»-bien de Tengoi^gement polyganglionnaire de la scrofule et de ladénie.
Le bubon virulent diflere par sa marche, sa situation et son aspect de Tadénite in-
flaimnatiMre simple, du cancer ganglionnaire ramolli, du ganglion tuberculeux qui
suppure. L'adénopathie scrafoleuse, avant ou après la suppuration simple ou com-
pliquée de fistules, de décollements, d'hypertrophie fongueuse du ganglion, pré-
sente une [^ysionomie toute particulière; on peut môme reconnaître un bubon vi-
rulent enté sur un engorgement strumeux, la tumeur revêtant alors des caractères
mixtes qui traduisent l'association de la maladie constitutionnelle avec l'affection
(brtuitenient surajoutée. Les ulcérations ganglionnaires elles-mêmes, avec des-
truction de la peau, conservent le cachet de la cause. D'oii l'on peut dire qu'au
\mi de vue du diagnostic la lésion locale et l'adénopathie exeiicent l'une sur
fautre un contrôle réciproque très-profitable à la clinique.
D autres exemples montrent tout le parti qu'on peut tirer de l'examen des gan-
glions inguinaux, serait-il même négatif. A Feutrée du vagin se présente une ulcéra-
tion déjà ancienne; est-ce un chancre phagédénique, une syphilide ulcéreuse, un
accident tertiaire, un cancroîde ou un cancer? On explore l'aine, il n'y a point d'en-
gorgement; le cancer, par le fait, n'est plus en cause, tant il est rare qu'à la période
d'ulcération il ait respe^ les ganglions. Mais l'engorgement existe : s'il a les carac-
tères de l'adénopathie vérolique, on pense à la syphilide ; s'il est aigu et phlegmo-
iieux, c'est un bubon tardif symptomatique du chancre ; s'il est unique, dur, mo-
bile encore, peu volumineux, indolent, il dénote sans doute l'infiltration épithéliale ;
s*il est volumineux, multilobé, adhérent, ramolli par place, s'il marche avec ra-
pidité, c'est un cancer secondaire.
La jambeou la cuisse sont le siège d'une tiuneur profonde ; est-ce un ostéosarcome,
ou bien une de ces productions relativement bénignes constituées par le caililage,
le tissu fibro-plastique ou les éléments normaux de la moelle osseuse? Dans le pre-
mier cas, engorgement presque constant et précoce des glandes de l'aine qui, dans
le second cas au contraire, ne sont presque jamais envahies.
Le diagnostic des dermatoses est loin d'être toujours aisé. La couleur, la forme,
la distribution, l'indolence et le prurit ne décident pas toujours la question ; l'état
des ganglions ajoute un complément utile, si on se rappelle que chez les arthriti-
ques et les herpétiques les lésions cutanées n'engorgent que très-exceptionnellement
les glandes lymphatiques, tandis que l'inverse a lieu chez les syphilitiques et sur-
tout chez les scrofuleux.
3^ Un dernier cas enfin se présente ; l'examen le plus minutieux reste sans ré-
sultat; on ne découvre à l'adénopathie aucune cause actuelle, générale, ni locale ;
loite est bien d'admettre que l'engorgement ganglionnaire est primitif, spontané.
Ce que nous avons dit plus haut de la dis|)arition précoce de la lésion locale, de la
lenteur et de la ténacité des processus morbides dans les glandes lymphatiques res-
treiot beaucoup le nombre de ces faits insolites, mais n'autorise pas leur négation
systématique. Les débats passioimés sur le bubon d'emblée, l'existence indiscutable
do cancer ganglionnaire primitif, enfin l'expérience journalière des observateurs non
{avenus ne laissent point de doute sur la réalité des adénopathies essentielles.
Important au point de vue doctrinal, le litige l'est beaucoup moins en pratique; si
lelément étidogique fait défaut, l'aflection n*en reste pas moins avec ses caractères,
11. !20
306 AINE (PATHOLOGIB).
sa marche, sou pronostic; on détermine autant que poœiUe la forme anatoonque et
l'on se comporte en conséquence, suivant qu'on a aflairc à une tumeur indolenlfou
enflammée, bénigne ou maligne.
Il n'y aurait pas lieu d'insister, si cette lacune dans les caractères généraux
de l'adénopathic n'exposait à la confondre avec quelque autre tumeur du pli de
Tuine.
On trouve eu effet dans les auteurs, et l'on rencontre trop souvent encore
dans la pratique de tous les jours, des exemples d'erreurs de diagnostic oommi»e&:
les unes, par des ignorants incurables, elles s'observeront toujours (adénopatbiea
diverses, adénite, bubon, sur lesquels on applique un bandage herniaire) ; les
autres, par des médecins qui n'apportent pas assez d'attention dans l'examen ou
qui n'y procèdent pas du tout; il suffit de les signaler ; les dernières, enfin, justi-
fiées par la complication ou l'obscurité des cas et dont tout le monde peut se*
rendre coupable. Elles peuvent être classées :
1° Erreurs complètes sur le genre de tumeur : adénopathie profonde prise pour
lui phlegmon de la fosse iliaque, pour une hernie étranglée ; adénopathie superfi-
cielle prise pour un kyste, une hernie irréductible épiploîque, enflammée ou
non. Il faut distinguer deux cas, suivant que la tumeur est indolente ou qu'elle
s'accompagne d'accidents locaux ou généraux. Au reste, la méprise n'a pas de
conséquences bien graves : prendre un simple engorgement ganglionnaire peut
un kyste ou pour un épiplocèle n'a d'inconvénients que si l'on prescrit un
bandage ou si l'on se décide trop vite à tenter une opération : incision, injur-
tion, extirpation. Prendre une adénite aiguë pour une hernie étranglée n'est pa>
trop malheureux si on ne s'évertue pas à pratiquer mi taxis inutile et à médica-
menter le patient; on en sera quitte pour découviir le foyer d'une manière moiii^
oxpéditivc, moins brillante, mais plus sûi*e. D'où cette conclusion que daii^
le doute il faut s'abstenir s'il n'y a pas d'accidents, et intervenir daui» le (u«
contraire.
2^ Une erreur plus sérieuse consiste à porter un diagnostic incomplet : une adt*-
nite existe, on la reconnaît, mais on ne croit pas devoir agir sur-le-champ ; der-
rière le ganglion se trouve une hernie, cause véritable des accidents. Le malad'
memt, ou bien il est opéré trop tard.
plusieurs faits de ce genre ont été loyalement publiés, le plus ancien par tbc.
Un homme présentait sous l'arcade ciiirale.une turbeur du volume d'une cbàtaigiic
qui ressemblait tout à fait à une glande lymphatique et qu'on crut d'origine >cué-
rienne : cataplasmes ; mort deux ou trois jours plus tai^. Â l'autopsie, ganglion
volumineux et enflammé cachant une petite hernie formée par un pincement do
l'intestin. Si l'on avait opéré, il aurait fallu extiq>er le ganglion. (Medic. Otorr.
and Inquiries, London, 1771, t. IV.)
Fenune portant depuis longtemps une tumeur ganglionnaire inguinale qualiliéc
de bubon bénin. Survient le cortège des accidents abdominaux ipi'on attribue à une
métro-péritonite, contre laquelle un traitement antiphlogisticpie des plus énergi-
ques est mis en usage. Aggravation continue des symptômes. On se décide a
inciser la tmneur. Après avoir traversé une couche épaisse de glandes engorgées
et lardacées, on ouvre im kyste rempli de sérosité ; enfin se montre sous l'arcade
crurale une heiiiie du volume d'un œuf de pivert. Débrideinent, réduction, mort
vingt-huit heures après. (Pellegrini, Annali Univ. di Medidna, 1844, I. C\.
p. OOÙ,)
Vieille aliénée, symptômes d'étranglement» On trouve dans l'aine une tumeur
AINE (pathologie). 507
^«Qglionaaire ; point de hernie. Ou croit à une péritouite clirouique avec iléus.
Ifort trois jours après. Autopsie : péritonite aiguë, perforation intestinale, petite
heroie crurale étranglée cachée derrière une glande engorgée, ramollie, du vo-
ione d\in œuf de pigeon. (De la Harpe, de Lausanne, Gaz. Méd. de Paris
!8S9, p. 570.)
(bnclusion pratique : agir promptement, découvrir, inciser, dissé(|uer» au Ijcboia
néne extirper le ganglion soupçonné de masquer la hernie. Cette conduite l'ut
beumBement suivie par Apleton dans un cas fort analogue aux précédents ;
ropéralioo, faite de bonne heure, fut médiocrement laborieuse : elle réussit à
souhait. (Union médicale, 1859, 2< série, t. lU, p. 599.)
3* Erreurs sur la variété d'adénopathie. On raécoiuiait la cause, ou proclame trop
vite rideatité de nature entre la lésion primitive et la lésion ganglionnaire ; on ne
liait pas compte des causes combinées, on regarde comme spécifique ou diathc-
si(|i]e une adénopathie qui ne Test pas, et réciproquement. Ces erreurs sont très-
communes ; les plus usitées consistent à prendre pour vénériennes toutes les
jdàiopathies simples ou diathésiques, indolentes ou enflammées, et pour syplii-
iitiquÊS toutes les adénopathies vénériennes symptomatiques du chancre mou,
(le la Uennorrhagie, de la vulvo-vaginite, de Therpes génital des deux sexes.
iFoy. Bubon.)
Une opinion préconçue, un interrogatoire négligé, une exploration locale ougéuc-
uie impar&ite, une connaissance insuffisante des caractères propres à chaque adéno-
pathie, mènent à ces méprises qui, sans être très-graves, sont pourtant fâcheuses :
snpçons injustes qui révoltent les malades, pronostics démentis dans la suite an
détriment de la considération médicale, traitement local inefficace ou nuisible,
Ifaérapeutique générale inutile sinon mauvaise; plus tard, erreurs de diagnostic
foodées sur une anamnèse erronée, etc. Au point de vue chirurgical proprement
dit« intervention intempestive ou abstention mal motivée.
Pour condenser les généralités qui précèdent, je vais énumérer sans les décrire,
(l en les mettant seulement en regard de leur cause, les variétés nombreuses de
luioeurs gaiiglionnaires inguinales.
1* Adénopathies indolentes superficielles. — A. Généralement polyganglion*
naires, bilatérales: syphilis, scrofule, adénie, farcin, blennorrhagie , vulvo-
uginite. — B. Unilatérales, mono ou polyganglioimaires : ulcères cutanés et lésions
chroniques du squelette, néoplasmes, hernie crurale.
i* Adénopathies indolentes, profondes ou iliaques, associées quelquefois à ladé-
no|athie superficielle, ordinairement unilatérales et polyganglionnaires : coxal-
gie, affections organiques des parties molles profondes, du squelette et des arti-
cidatioas, soit du bassin, soit du membre inférieur,
5* Adénites aiguës ou chi^oniques simples, avec ou sans suppuration, umlatérales
mono ou polyganglionnaires : lésion traumatique directe, efïbrt, plaies ou ulcé.
ntioQs éloignées cutanées ou muqueuses, herpès, dermatoses, érysipèle, peste,
pu!^tule maligne, charbon, inflammations aiguës, abcès des orifices, ostéite,
<m arthrite récente.
4^ Adénite phlegmoneuse, virulente, monoganglionnaire, unilatérale : chancre
mou, chancre mixte.
5* Adénopathies fongueuses, fistuleuses, atoniques : scrofule, toutes les adé-
nites suppurées diez les scrofuleux et les cachectiques.
6* Adénopathies essentielles, rares ; hypertrophie simple, sarcome, cancer
ganglionnaire.
308 Alx\K (pathologie).
Ce tableau ii*est ni complet, ni absolu ; on remplira les lacunes, on recUtîen
les erreurs avec ce que nous avons dit plus haut , en se re|)ortant d'ailleun»
aux articles Adénite, Bobon, Chamcre, Lymphatiques (Ganglions), Stpbou,
SCROFOLE.
11 existe de nombreux écrits sur l'adénite en général et sur les maladies véné-
riennes; on y trouvera des renseignements sur Tadénopathie inguinale. Je ne fais
qu'indiquer quelques sources supplémentaires : Caubàre. Hypertrojiiie générale
des gatiglions lymphatiques (llihse de Paris, 1859, n*" 119). — Trousseau. Leçons
sur Vadénie (Gaz. hebdam., janvier 1865). — Dupuis. Affections des ganglitm*
lymphatiques de Faine (Thèse de Paris, 1846, n* 56). — Gabalda. Considéra-
lions pratiques sur les bubons scrofuleux (Bull, de Thérap., janvier et mai>
1846). — Neyrand. Des adénites inguinales et de leur importance dans les
maladies vénériennes (Thèse de Paris, 1862, n«93). — Bertherand. AdémU
inguinocrurale. (Gaz. méd. de Strasbourg, 1851, p. 398.)
Varices lymphatiques. L'histoire naguère fort obscure de la Ijmphangiectasîc
s'est récemment enrichie de faits nouveaux. Ceux qu'on a observés dans la seule
légion inguinale permettent aujourd'hui de décrire, suivant le siège qu'occupent
les vaisseaux dilatés, trois formes distinctes qui peuvent exister isolément ou m
combiner entre elles.
1** Varices dermiques ou des réseaux superficiels ;
2® Varices des troncs sous-cutanés;
S'' Varices des troncs sous-aponévrotiques.
Comparées à ce qu'on observe dans la phlébectasie, ces trois formes correqmh
dent exactement à la veinosité, aux varices sous-cutanées et aux varices pro-
i'oudes.
Varices dermiques. Elles donnent à la peau une apparence rugueuse, chafrii-
née, tout à fait particulière, et qu'on a comparée assez heureusement à celle de
l'écoroe d'orange. Le tégument, qui semble hypertrophié, est recouvert de gra-
nulations translucides, disposées avec plus ou moins d'ordre, et munies de
parois d'une extrême ténuité. Quelques-unes d'entre elles, plus dilatées que it«
autres, forment çà et là des ampoules qui se rompent parfois spontanément et Iai^-
sent écouler de la lymphe. Demarquay, Thilesen, et surtout Camille Desjardin> et
Gubler, ont très-bien décrit cette forme, dont Michel, de Strasboui^, a prédsé, par
l'injection et la dissection, le siège anatomique.
Varices sous-cutanées. Elles forment, sous la peau, des cordons cyliodroide$,
mobiles, noueux, monililbrmes, dui*s, peu réductibles, quelquefois tran^rents,
remplis de lymphe, comme le prouve la ponction. Parallèles ou disfiosés en réscsiui
à larges mailles, les cylindres présentent parfois, sur leurs trajets, des dilatatiorb
ampuUaires. C'est à la lace interne de la cuisse, à la portion crurale du pli de l'aine,
d'un seul coté jusqu'à présent, que ces deux formes de la lymphangiectasic sus%ipn-
névrotique ont été le plus souvent obsei-vées. Follin (Traité de palh. externe.
t. II, p. 575) a bien résumé l'état de nos connaissances sur cette atlection dont k*
diagnostic n'ofl're guère de difficultés.
Varices profondes. (]elle troisième forme, signalée par Amussat et figum
dans la thèse de Breschet, était considérée jusqu'à ce jour comme extrêmement
rare. Elle prendra place désormais dans le cadre nosologique, grâce à la rvoiiu
conunimication d'U. Trélat à la Société de chirurgie. (BulL, 2* série, t. V. ISGI.
p. 306, 43.1, 480.)
Cet auteur a pu citer trois observations complétées par Tautopsie; NélaUxi a «u
AINE (patroi.a6ik). 509
Ire cas de ce genre; de son côté L. Petit, ancien médecin en chef de la marine
i rile de la Réunion, a transmis par écrit à la Société le résultat de son expé-
rience. Celle forme est donc plus commune qu'on ne le croyait, et désormais ou
ie^fn b diagnostiquer à l'avance, ce qui est fort important, 1 erreur pouvant avoir
tt ayant eu déjà les suites les plus funestes.
C'est sous l'aspect de tumeurs que se présentent ces varices profondes. Elles enva-
hissent ordinairement les deux côtés à la fois, apparaissent au début dans le
triangle de Scarpa, etdeviennent bilobées dans la suite, en remontant derrière l'ar-
rade crurale jusque dans la fosse iliaque. Molles, à surface régulière, légèrement
mobiles entre les muscles et la peau, elles ont la consistance et la fausse fluctua-
tion du lipome; elles ne sout pas, à proprement parler, réductibles à la pression
brusque, mais le décubitus dorsal un peu prolongé les fait disparaître presque
complètement. On ne trouve plus alors à leur place qu'une sorte de sac irrégulier
légèrement mamelonné. La peau qui les recouvre est saine, et n'offre ni hyper-
tropbie, ni adhérences, ni changement de coloration. Elles ont été jusqu'à ce
jour observées presque exclusivement sur des sujets jeunes et bien portants, ori-
ginaires des Antilles ou des colonies ; cette dernière circonstance est importante
pour le diagnostic.
Au reste, aucun symptôme fâcheux, indolence presque absolue, accroissement
très-lent, état stationnaire prolongé, etc. On pourrait les confondre avec la hernie
épiploique, le lipome, les tumeurs érectiles veineuses profondes ; mais les comme-
iDoratiis, la forme en bissac, la symétrie, la réductibilité lente, suffiront pour pré-
venir l'erreur. Comme dans les questions nouvelles il est bon de réunir le plus de
doGuments possible, je dirai ce que j'ai vu.
Je fus consulté autrefois par le jeune homme opéré plus tard par Nélaton.
Qiaque région inguinale était occupée par une tumeur volumineuse, à grand
âxe vertical, bilobée par l'arcade crurale, indolente, molle, à peine réductible,
o(fnnt en un mot tout l'ensemble des caractères indiqués plus haut. Je portai,
faute de mieux, le diagnostic de tumeur érectile veineuse ; mais, dans cette hypo-
thèse elle-même, toute action chirurgicale me paraissant fort périlleuse, j'engageai
mement ce jeune homme à ne jamais réclamer ni accepter d'opération quelconque.
H ne tint pas le conseil pour bon et succomba.
J'ai la persuasion de m'étre trompé encore une fois. Je fus mandé, il y a trois
ans à peu près, par mon ami le docteur Grenat, pour visiter un jeune créole de
111e Maurice, élevé dans une institution du Marais. Jusqu'alors bien portant, quoi-
que d'une constitution assez débile, ce jeune homme venait d'être affecté d'une
fièrre continue de huit jours, avec éruption confluente à^herpes ktbialis. Pendant
la maladie, il avait ressenti une douleur assez forte à la région inguinale gauche,
ou jusqu'alors il n'avait rien remarqué d'insolite. Cest pour ce dernier symptôme
que j'étais consulté. Je trouvai le triangle de Scarpa occupé par un empâtement
mollasse encore un peu sensible au toucher, mal circonscrit, borné cependant en
haut par l'arcade crurale, diminuant de volume par le repos et la pression lente,
sans disparaître complètement. Nuls symptômes abdominaux, nulle étiologie cer-
taine, sauf peut-être des efforts exagérés dans les exercices gymnastiques. Cela ne
re^emblait à rien de connu, sauf à ime hernie crurale épiploique dont Tinflamma-
tion légère se serait communiquée au tissu cellulaire voisin.
J'ordonnai le repos, les topiques émollients, quelques laxatifs. Au bout de huit
i<>urs, la tumeur avait notablement diminué et paraissait mieux circonscrite à la
région de la hernie crurale. La douleur, au toucher, avait disparu, et je crus plus
3i0 AINE (PATHOLOCIS).
fcrmeinent à un épiplocële crural exœptionnel. Rassuré d'ailleurs sur l'iinmi-
nence d'un phlegmon, je Hs appliquer une pelote très-douce qui soulagea, nuis
ne changea guère l'état des choses. J'ai perdu ce jeune homme de vue; j'ai seule-
ment appris qu'il avait continué à porter son bandage.
L'incertitude dans laquelle je restai pendant plusieurs jours, malgré des eia-
mens réitérés, a fait souvent revenir ce fait à ma mémoire. Je nlbésîte guère
aujourd'hui à croire qu'il s'agissait d'une tumeur variqueuse lymphatique pro-
fonde, jusqu'alors méconnue par le malade, et devenue accidentellement le sié^e
d'un travail inflammatoire.
La connaissance des causes est un des meilleurs éléments du diagnostic ; mal-
heureusement nous ne savons presque rien de l'étiologie de la lymphaogiectasie.
Tout porte à croire que le cours de la circulation lymphatique est fréquemment
interrompu dans les ganglions inguinaux, atteints si fréquemment d'induration ei
de dégénérescences variées; cependant je ne trouve qu'une observation de Tariœs
inguinales consécutives à la lésion ganglionnaire. Richet a vu les lymphatiques
dilatés au-dessous des ganglions inguinaux, tous envahis par la matière can-
céreuse {AnaL chirurg.y 1855, p. 180). On a rencontré souvent la dilatatioo
des lymphatiques du prépuce, de la verge, du scrotiun, mais on ignore dan»
quel état se trouvaient les ganglions correspondants ; il est difficile de compren-
dre comment des vaisseaux aussi ténus pourraient autant s'amplifier sans un
obstacle matériel sur leur trajet. De nouvelles recherches anatomiques sont dont
nécessaires.
Même ignorance sur le mode de formation de la lymphangiectasie spontanée.
Nous en avons admis trois formes qu'on décrit séparément, mais qui ne sont pro-
bablement que des degrés du même mal. Si, guidé par l'induction et par les r^
tats déjà fournis par l'observation clinique et l'anatomie pathologique, j'applique à
l'ectasie lymphatique ma théorie de l'ectasie veineuse, j'arrive aux oonchisions
suivantes.
La lymphangiectasie spontanée (sans engorgement appréciable] des gangliom
inguinaux) débute par les vaisseaux profonds de l'abdomen. Elle dilate soooesâve-
ment, de haut en bas, les lymphatiques iliaques, puis les vaisseaux intra-gan^lion-
naires iliaques et inguinaux, enfin les vaisseaux aflcrents profonds de ees gan-
glions. Dans cet état, à cette période, il y a tumeur variqueuse profonde «w^
aponévrotique, c'est-à-dire la troisième forme décrite plus haut.
L'affection s'accroît toujours dans le même sens; l'ectasie envahit les gros hm-
phatiques sous-cutanés. Deuxième forme, varices cylindriques sus -aponévrotique»
1/' progrès continue ; la dilatation se propage aux réseaux les plus superfirieb
varices dermiques, première forme. 11 faudrait, pour justifier ces hypothèses. de«
développements qui me sont interdits dans cet article. J'en veux tirer nniqueflwfi(
celte conclusion pratique et provisoire, mais prudente, qu'il ne faut toucher chiroT'
gicalement à la lymphangiectasie inguinale qu'avec la plus grande réserre, qwlir
qu'en soit la forme.
Lymphorrhagie, lymphorrhée^ fistules lymphatiques. Cesl au pli d(* lune.
|iour la premièi*e fois, que l'écoulement continu de la lymphe a été explicitement
indiqué comme suite d'un traumatisme. Ruysch, dans sa 41* obaervatkm, par^
d'un chinirgien qui, en faisant l'ouverture précoce d'un bubon, divisa, mata for-
tuna, un vaisseau lymphatique. Il s'ensuivit un écoulement de lymphe très-ahin-
dant, qui résista à divers moyens et ne céda qu'à la compression.
Vidal, de Cassis, dit avoir observé un écoulement peu considérable de lymphe quj
AINE (pathologie). Sil
s'est probngé fmànni une semaine, à la suite d*une opération de hernie crurale.
Le huitième jour, la cicatrisation de la plaie étant avancée, on permit au malade
de se lever, et Fécoulement s'arrêta {Traité de pathol. externe, 3« édit., 1851,
I. II, p. 71). Le vaisseau blessé était sans doute à l'état sain au moment de son
ouverture.
Dans d'autres cas, la lymphorrhagie apour cause prédisposante la dilatation préa-
lable des lymphatiques (Richet, Nasse). Dans le fait de ce dernier, une tumeur se
forma à h partie supérieure de la cuisse, à la suite d'une violence extérieure.
L'ouverture donna issue à de la lymphe, dont l'écoulement fut très-difBcile à arrêter
et menaça le sujet de consomption. (Chelius, Handbuch der Chirurgie, 7' édit. ,
1851, 1. 1*', p. 51.)
Ches la malade de G. Desjardins, la lymphorrhagie succédait également à des
piqûres de lancette pratiqua sur les ampoules variqueuses; mais la rupture peut
avoir lieu spontanément comme dans les cas de Demarquay et de Richet.
La dénomination de fistules lymphatiques ne convient pas également à tous ces
laits, puisque Técoulement peut être intermittent ou cesser de lui-même, comme
Vidal Fa noté. Quoi qu'il en soit, la quantité de fluide ])erdue atteint quelquefois des
proportions considérables.
Tous les exemples de lymjdiorrhagie sommairement rapportés dans les auteurs
nnoîens ne sont pas concluants; mais, de nos jours, le diagnostic n'offre réellement
point de difficultés. L^analyse chimique, l'examen microscopique, la manœuvre
consistant à comprimer alternativement au-dessus et au-dessous de la plaie, sont
de nature à lever les doutes. Il n'existe d'ailleurs au pli de l'aine ni bourse
séreuse, ni gaine tendineuse pouvant fournir un écoulement de liquide capable de
simuler la lymphe, connue cela pourrait arriver dans d'autres régions.
Le mécanisme de la lymphorrhagie est encore inconnu, sauf quand il y a engor-
gement infrandiissable des ganglions. La division complète du vaisseau par suite de
piaie pourrait amener l'oblitération du bout périphérique; mais cette condition
manque évidemment dans certains cas, comme le démontre l'augmentation de
Técoulement par la compression exercée plus haut que l'orifice.
Les fistules lymphatiques portent d'ordinaire sur les vaisseaux périphériques ;
cependant elles peuv«it sans doute procéder aussi des ganglions : c'est ce que ten-
drait i prouver, mais non d'une façon péremptoire, un fait cité par Bonfils : Un
malade, affecté d'hypertrophie générale des ganglions lymphatiques, présentait au
iiiveau de la tumeur inguinale droite une piaie, siège d'un écoulement abondant
et continu. Le fluide, clair, limpide, légèrement citrin, rosé, à peine visqueux, fut
reconnu pour de la lymphe par le microscope et l'analyse chimique. [BvU, de la
Soc, anai,, 2» série, t. I**, p. 475, 1856.)
Nous n*ayons point à parler du traitement, et pourtant nous consoillerions volon-
tiers l'essai de la compression digitale, mis en usage avec tant de succès par I^eu-
desdorf, de Hambourg, dans un cas de fistule lymphatique du dos du pied (Archiv
fur Chirurgie^ de Langenbeck. 1862, t. III, p. 417.)
Affections musculaires. Entre la peau et le squelette de la région se trouvent
divers muscles et un appareil fibreux compliqué, mais ces organes ne se prêtent
qu'à un nombre restreint de considérations pathologiques. Le psoïtis sera dé-
rrit à part ; nous en voulons dire seulement qu'il cause la rétraction du membre
iniérieuret fait naître des abcès aigus ou subaigus qui s'ouvrent ou sont ouverts
dans le pli de l'aine ou dans son voisinage, d'où la possibilité de les confondre avec
les abcès par congestion, les abcès coxalgiques et ceux de la bourse séreuse, enfin
512 AINE (patoologir).
avec 1ns phlegmons de la fosse iliaque, sans que l'autopsie eUe^mémo puisse toujours
trancher la question (Dawson, Afin, de lachir. franc, et étrang., t. II, p. 500 ;
i84i). La flexion de La cuisse, les douleurs vives provoquées par reiteDsion força'
indiquent que le psoas est intéressé, roais ne décident pas s'il est contracture, en-
flammé ou soulevé par une tumeur sous-jacente.
Houël (Manuel ianat. pathoL, 1857, p. 158, 175) et d'après lui sans doute
Denucé (Art. Ankylose, du Nouveau dictionnaire de Médecine et de Chirvrgif
pratique^ t. II, p. 520), parlent d'une ossification du psoas ankylosant la hanche;
ils renvoient tous deux à la pièce 757 déposée au Musée Dupuytren par Stansky et
relative à une luxation sous-pubienne. Or, outre qu'il n'est nullement question de
cette lésion dans l'observation même deStansky (Bull,, t. XII, p. 296 ; 1837), l'eia-
men direct de la pièce n'autorise nullement à l'admettre. En revanche, l'ossificitioii
du psoas est mentionnée explicitement par Broca qui en a présenté un exemple et
par Deville qui l'avait déjà vue trois fois. (BuUetin de la Soc, anat., tome XXV,
p. 37, 1850.)
L'ossification du droit antérieur de la cuisse atteint le pli de laine, lorsqu'elle se
prolonge jusqu'à l'insertion supérieure du muscle. Dans un cas montré par Barth a
la Société anatomique (Bul/., t. XXX, p. 4), il y avait en même temps arthrite sè-
che coxo-fémorale ; outre cette pièce (n° 561 , B) le Musée Dupuytren en renferme
une autre toute semblable qui vient de Desault (n** 745).
Le premier adducteur ou adducteur superficiel forme la limite interne de la
portion cnirale du pli de l'aine ; les tumeurs qui s'y développent ne rentrent pas
rigoureusement dans notre sujet, cependant comme elles sont rares, curieuses fi
confinent à la région, nous en dirons quelques mots. Mascarel a vu sur le cadavre
le milieu de l'adducteur superficiel occupé par une plaque osseuse, longue de 5 à
6 centimètres, large de 5 ou 4, aplatie, trouée à son centre; les fibres musculaires
parfaitement saines s'y inséraient; aucune autre lésion dans le vobinage (Bull, dt
la Soc, anat.y t. XV, p. 596 ; 1840). Roullois rapporte dans sa thèse une observation
plus curieuse, puisqu'elle fut recueillie sur le vivant (Thèse de Paris, 1829,
n® 265) : Un homme de 35 ans soulève un lourd fardeau; douleur accompagnée de
craquement à la {«itie supérieure et interne de la cuisse, syncope, mairhe im-
possible. Une tumeurgrossecommeunenoixse montre dans ce point et acquiert tvi
quatre mois le volume d'un œui de poule ; à cette époque on constate dans raine
gauche, à 4 pouces du ligament de Fnllope, au niveau de l'interstice des niusik^
premier adducteur et droit interne, entre lesquels elle semble s enfoncer, une tu-
meur indolente, pâteuse, mobile, sans changement de couleur à la peau, et qui gène
un peu la marche ; on peut la faire saillir et la saisir en portant le membre dans b
flexion et la rotation en dehors. L'opération est faite (on ne dit ni par qui ni pour-
quoi) sans qu'on soupçonne la nature de la tumeur qu'on croit graisseuse; on
reconnaît chemin faisant que la saillie appartient au premier adducteur et qu'elle
sort à travers une ouverture du fascia lata. Le résultat de cette opération inop-
portune reste inconnu. Bérard (Aine, p. 48) raconte que Velpeau apnt entirpn>
l'extirpation d'une tumeur de l'aine qu'il prenait pour un kyste vit avec wr-
prise qu'elle était formée par une hernie du premier adducteur à travers la gaine
fibreuse qui le renferme. L'analogie entre les deux récits, les lacunes du premifr,
la concision du second, me portent h croire qu'il ne s'agit que d'un seul el
même fait.
En pareille occurrence les caractères de la tumeur, son siège loin des anocaui»
l'exploration par les attitudes, les mouvements et au besoin par rélectricitc, fet-
AINE (patuolo6ib). 315
mettraient de porter le diagnostic. L'usage d'un appareil dispenserait d'une extir-
pation dangereuse.
Douleurs inguinales. Indép^damment des souffrances qui accompagnent ou
compliquent les affections inguinales confirmées, aiguës ou chroniques, inflamma-
toires ou autres, la douleur se montre parfois dans le pli de Taine comme phéno-
mène isolé, et sans qu'on la puisse rapporter à un désordre local tangible. Faible
ou intense, continue ou intermittente, spontanée ou réveillée seulement par cer-
Uios actes ou certaines attitudes, eiagérée ou soulagée par la pression, elle revêt
diflerentes formes, élancement, tension, tiraillement, pesanteur, etc. Gomme elle
foornit au diagnostic des éléments utiles, nous en énumérons méthodiquement
les causes et les variétés.
1' Dans les névralgies du plexus lombaire en totalité ou de quelques-unes de ses
branches périphériques, nerf crural, nerf inguino-cutané, etc. , on rencontre un
foiut inguinal souvent très-sensible. Il en est de même dans la névralgie des
bnnches viscérales pelviennes (névralgie utérine, ovarique), dans celle du testicule
on du scrotum. L'irradiation suit alors chez la fenune le trajet du ligament rond,
et celui du cordon spermatique chez Thomme.
3* La douleur inguinale précède souvent le développement, l'apparition ou du
moins la constatation d'une tumeur profonde, d*un abcès par congestion, d'un
ostfiosaroome, d'un anévrysme, d'une phlébite crurale, d'un psoïtis, d'une coxalgie,
d'une <»chite ou même d'une adénite aiguë. Une douleur née d'un effort, renais-
^nt dans la marche et la station, disparaissant par le décubitus, doit faire penser
immédiatement à une pointe de hernie; si le même symptôme s'accompagne de
phénomènes graves du côté de l'abdomen, vomissements, constipation, il faut
explorer très-attentivement les anneaux ; une hernie étranglée, très-petite ou très-
profonde, crurale ou obturatrice, pourrait exister sans former de saillie, ou se
cacher derrière une tumeur indolente d'une autre nature.
3* Très-souvent, la cause organique de la douleur inguinale réside dans un
organe ou un appareil voisin. Mentionnons, par ordre de fréquence, les affections
utérines : déviations, abaissement, métrite du corps, cancer, distension par la gros-
sesse ou tout autre produit ; les afTections vésicales : rétention, calculs ; uréthrales :
blennorrhagies, rétrécissements, etc., enfin la colique néphrétique qui suit le trajet
du pli de l'aine pour arriver jusqu'au testicule.
Lorsque cette glande ou ses annexes ont pris un développement considérable,
les tractions opérées sur le cordon retentissent doidoureusement dans la région
inguinale. En résumé, des causes très-variées amènent dans le pli de l'aine un
malaise ou des douleurs qui doivent toujours fixer l'attention et provoquer un
eumen complet de tous les organes voisins.
AffecUans osseuses. La branche horizontale du pubis, le bord antérieur de
Tilium, plus bas la tête et le col du fémur, enfin l'articulation coxo-fémorale
<tNi»tituent profondément le squelette de la région inguinale. Les lésions trauma-
tiqucs ou organiques de ces parties osseuses rentrent donc dans notre sujet en tant
qu'elles altèrent la forme du pli de l'aine et s'y manifestent par des signes sen-
»bles. Tantôt elles se révèlent par une induration profonde, fixe ou mobile, plus
appréciable au toucher qu'à la vue ; tantôt elles soulèvent réellement les couches
superficielles et constituent des tumeurs susceptibles d'acquérir un grand volume.
A fai première catégorie se rapportent les saillies dures qu'engendrent certaines
iractares du ool du fémur ou de la branche horizontale du pubis et la luxation
n^fohienne. Le diagnostic est ordinairement bien facile dans les cas trauma-
314 AINE (patrolocib).
tiques récents, quand existent encore les signes de la fracture ou de la luxation :
crépitation, mobilité anormale, déviation du membre, impossibilité des mouTe>
ments ; la présence d'une tuméfaction dure, circonscrite, douloureuse au toucha,
sert mâme à distinguer la fracture du col de la simple contusion de la hanche.
J'ai vu cependant une erreur de diagnostic asseï singulière, commise dans un
concours de Bureau central par un candidat qui est devenu l'un de nos preoiief^
chirurgiens. On sait que dans le morbus eoxx senilU la tête du fémur se eouroow
Houvent de végétations osseuses périphériques qui peuvent acquérir des dimeosiom
considérables et former une véritable tumeur ; de plus, l'érosion des cartilages H
l'ébumation des surfaces diarthrodiales font naître de la crépitation dans les mou*
vements ; or, il s'agissait précisément, dans le cas auquel je fais allusion, d'unr
femme âgée qui avait fait une chute sur la hanche deux jours avant son entrée à
l'hôpital. L'impossibilité des mouvements spontanés, la douleur vive dans les mou-
vements communiqués, avec rotation en dehors, déviation du membre, crépitation,
saillie dure au pli de l'aine, firent diagnostiquer une fracture, tandis qu'il n'e\istjit
en réalité qu'une contusion entée sur une ancienne arthrite sèche.
Si l'accident remontait à une époque éloignée, le diagnostic serait plus diffirile.
Mac Leod parle d'une tumeur dure et profonde qui siégeait dans le pli do Taiiie
d'un malade atteint auparavant d'un coup de feu ; était-ce une ostéite, un séqiie^n\
une esquille, un projectile entouré de dépôts osseux?
Le Musée Dupuytrcn renferme de nombreux spécimens de ces tumeurs osFeus<^.
sortes de stalactites développées à la suite de fractures, de luxations non réduites,
d'ankjloses et surtout d'arthrite sèche. La vue de ces pièces vaut mieux que
toutes les descriptions qu'on en pourrait donner ; on les trouvera sous les numén»
suivants : 133 B ; 173 B, C, 199 ; 556, 561 C ; 563, 564, 683, 754 B, C. Lap^
455 B montre des cancers multiples du bassin, de la branche horizontale du pu-
bis et des deux cols fémoraux.
J'arrive aux affections organiques. A propos des abcès et des fistules, j'ai parlé déj:i
de la carie, de la nécrose, de l'ostéite du pubis et do l'ischion. Avant la formation du
pus et l'ouverture du foyer, il existe un empâtement diffus qui déforme le pli dr
l'aine et doit mal se distinguer des altérations oi^niques telles que le cancer ou l'ai-
chondrome commençants, etc. La douleur au toucher, les signes d'une sub-inflam-
mation, la marche du mal , éclaireraient le diagnostic ; à la place de ces supposiCion>
je voudrais mettre des faits, maison n'en trouve guère dans les auteurs. Bérard du
un cas de carie du pubis observé par Roland-Martin, mais je n'ai pu le retrouver;
Syme a rapporté plusieurs exemples de fistules multiples de la région ioguinak*
oonsécutivesàdes nécroses méconnues de l'ischion ou du pubis {Ga%, 1M/.,1M<>
|). 900). L'exploration des trajets avec le stylet peut alors rendre service.
L'anévrysme inguinal reposant sur le pubis peut en user la branche horiflonlair.
ou y provoquer une carie aiguë avec destruction de la capsule coxo-témonl*'
(James, Medico<hirui*g . Transactions, 1830, t. XVI.)
L'intervention du microscope dans l'étude des tumeurs, autrefois confondue^
sous le titre commun d'ostéosarcome, a permis d'en distinguer plusieurs varié(<>.
et entre autres Tenchondrome. C'est un pit)grès important dont la clinique pnili-
tera tôt ou tard ; en effet, dès que le diagnostic sera possible au début du mal. on
pourra tenter des opérations hardies, mais justifiées par la bénignité relative d<^
tumeurs cartilagineuses.
Dolbeau a démontré que le siège de prédilection des enchondronMs pelTie(^
externes était la branche horizontale du pubis et la branche ischio-puhienne, d'oà b
AINE (pathologie). . 5i5
saiBie précoce de la tumeur à la région inguinale et la possibilité de l'atteindre par
ce cdté. On trouvera dans le travail de cet auteur plusieurs faits intéressants em-
pruntés à Astley Cooper, Flaubert, Bennett, Horeeu. Il faut y joindre le cas de
Regndi, publié par Rognetta ; la tumeur s'insérait sur la brandie horizontale du
fÂis; elle était osseuse à sa lace convexe, aréolaire au centre, cartilagineuse à
ti lise: l'extirpation n'offrit point de difficulté {Ga%, méd., i835, p. 259); —
Gelii de Keardtiey-Rodgers, qui osa tenter l'ablation d'un enchondrome de qua-
rante livres né du pubis et du pourtour du trou obturateur (fïdœ. méd,^ 1840,
p. 138) ; —enfin, une bonne observation insérée par Landeta dans le BuUetin de
la Société amicmique, 2' série, t. VI, 1861, p. 195.
Ces faits ne sont pas assez nombreux encore pour tracer une histoire complète
de l'enchondrome pubien ; cependant on voit déjà que la tumeur, née d'ordinaire
sans cause connue, soulève d'abord le pli inguinal, au-dessus, au-dessous ou
en arrière de l'arcade crurale; que de là elle s'étend vers l'abdomen, la fosse
iliaque, la cavité pelvienne, le triaoïgle de Scarpa ; que fixe et fortement adhérente
dès l'origine, elle conserve une dureté très-grande tant qu'elle est d'un volume
médiocre; qu'elle offre au contraire des bosselures ramollies quand elle acquiert
des dimensions considérables; que, ciroonscrite ou étendue, sa surface est tou-
jours inégale, mamelonnée, rugueuse ; qœ, presque indolente pendant toute sa
durée, elk ne détermine que des troubles mécaniques conséquents avec ses rap-
ports et la direction dans laquelle elle progresse : gêne dans les mouvements de la
cuisse, oedème du membre inférieur, compression des oiganes pelviens si l'accrois-
semant s'effectue vers la profondeur ; marche plus lente, dorée plus longue que
dans le cancer, point d'ulcération de la peau, généralisation rare ou du moins
tardive.
Teb sont, provisoirement et sommairement, les éléments du diagnostic, qui du
reste une fois déjà a été porté pendant la vie (Landeta). CTest après l'opération
({u'AsUey Coc^r et Regnoli reconnurent la nature de la tumeur.
A côté de l'enchondrome pur se placent le cancer vrai et des tumeurs qui,
malgré la présence d'une certaine proportion de tissu cartilagineux (Letenneur,
Mémoùre de Dolbeau) n'en appartiennent pas moins à cette terrible affection. En
général, c'est dans l'os iliaque que naissent ces productions, mais l'extrémité
supérieure du fémur en est parfois aussi l'origine, et c'est alors la racine de la
caisse qni se tuméfie primitivement. Mêmes troubles mécaniques que dans Ten-
cfaondrome, mêmes symptômes de voisinage, mais douleura beaucoup plus intenses,
marche plus rapide, cachexie précoce, généralisation ordinaire, mort assez rappro-
chée du début. Nous renvoyons aux articles : Bassih, Iliaque, Ostéosarcoiie.
Cependant nous signalerons dès à présent quelques erreura de diagnostic assez
curieuses. Le cancer très-vasculaire peut devenir pulsatile et faire croire à un ané.
vrjsme inguinal. Dans un cas de Hoore (the Lancet, 21 février 1852), on lia l'ar-
tère iliaque primitive pour un encéphaloïde de l'os des iles. Dans celui de Leten-
oeor, la tumeur qui occupait tout le triangle inguinal présentait des battements
isochrones à ceux du pouls et un bruit de souffle qui firent croire à un anévrysme
iaui consécutif. La ligature, à laquelle on avait songé, fut différée : il s'agissait
d'un enchondrome entouré d'un réseau vasculaire très-riche. Dans un cas rapporté
pat Senftleben {Ueber Fibroide und Sarcome, in Arch, fur Chir, de Langenbeck,
1. 1, p. 152), on prit un cancer de la tête du fémur pour un abcès d'abord, puis
pour un anévrysme de Pott, et l'on fit successivement la ligature de la fémorale
H de l'iliaque externe. Ces erreura, conunises par des chirurgiens habiles, prou-
3i6 ^ AINE (PATROLOGIS).
Tent les difficultés du diagnostic; au début du mal par exemple, il est presque
impossible de savoir si une saillie osseuse adhérente au pubis est une exosto^,
un enchondrome ou un cancer, car il n'existe aucun signe patbognomonique qui
puisse faire sûrement reconnaître la composition histologique de la tumeur. En
parlant des kystes, j'ai déjà dit que Fricke avait observé une tumeur hydaliquc
dans la branche horizontale du pubis.
Tumeurs herniaires. Si nous classions les tumeurs inguinales d'après l'ordre
de fréquence, les hernies sans nul doute devraient occuper le premier rang. Leur
importance, leur gravité, justifieraient même de longs développements. Cepen-
dant elles ne seront étudiées ici que pour compléter le tableau des affections chi-
rurgicales du pli de l'aine, et sous le point de vue très-restreint du diagnostic.
Nous voulons simplement que le praticien, en présence d'une tumeur inguinale,
soit en mesure de dire si c'est une hernie et dans quel état se trouvent les viscères
hernies. Laissant même de côté les points accessoires du diagnostic, et nous bornant
à l'étude du genre, nous renvoyons aux articles spéciaux pour différencior les
espèces, c'est-à-dire la hernie inguinale de la hernie crurale, les formes que cha-
cune d'elles présente, enfin les variétés basées sur la nature des parties hemiées.
Pour rétrécir encore le cadre, nous éliminons les hernies inguinales descendues
dans les bourses; c'est à l'occasion des tumeurs du scrotum, en effet, que leur
diagnostic doit être traité.
Grâce à certaines dispositions que l'anatomie fait connaître et à certaines condi-
tions que la clinique révèle, les hernies envahissent lentement ou de vive force ta
région, en refoulent les parties constituantes sans les détruire, et s'y fondent un
domicile qu'elles habitent temporairement ou d'une manière définitive. Organe
parasite ou du moins bote en général bien toléré, la hernie au début n'est pas
une affection dans le sens littéral de ce mot : c'est une lésion tramnatique, une
ectopie. L'organe déplacé reste sain, fonctionne normalement ou ne subit que des
modifications minimes n'entraînant que des troubles insignifiants. Cette période
d'intégrité anatomique et de bénignité fonctionnelle peut durer indéfiniment.
Dans une période consécutive, à début, à durée indéterminés, les viscères subis-
sent spontanément ou sous l'influence d'irritations répétées et d'inflammations
légères, des altérations sourdes, plus ou moins profondes : épaississement, tumé-
faction, accroissement de volume, congestion chronique, adhérences. L'enveloppe
séreuse, c'est-à-dire le sac, y participe à sa manière; le collet s'établit, s'épaissit,
devient rigide. Les anneaux accidentels se forment, à l'extérieur, aux dépens du
tissu cellulaire condensé. Les parties ambiantes soufirent de la distension et du
refoulement. De là une série de changements matériels dans la hernie; puis des
symptômes qui surgissent du côté des appareils auxquels appartient l'organe
déplacé, et du côté des tissus qui environnent la tumeur. Cette période est encore
relativement bénigne ; mais c'est pendant sa durée que se préparent insidieusement
les conditions sous l'empire desquelles pourront éclater à un moment donné les
lésions graves et les accidents redoutables de la troisième période.
Celle-ci sera étudiée plus tard à propos de l'étranglement henûaire. La tumeur
inguinale revêt l'appareil symptomatique d'une phlegmasie intense qui s'étend à $es
enveloppes et à la cavité abdominale; les viscères incarcérés s'enflamment, m>
ramollissent, se perforent. Aux désordres et aux symptômes locaux s'ajoutent des
phénomènes généraux terribles allant jusqu'à la mort, si un prompt remède fkai
apporté. Chacune de ces trois périodes peut manquer, être forte courte ou même
paMcr inaperçue.
Ai^'E (pathologie). 317
Par son contenant et son contenu, la hernie, il ne faut pas loublier, représente
en petit la cavité abdominale, dont elle n'est qu un appendice, et avec laquelle
elle communique toujours plus ou moins librement : d'où la propagation facile des
lésions anatoniiques de la cavité mère à son diverticule, et vice versd; d'où le
retentissement habituel des accidents herniaires locaux sur les fonctions digestives.
Cependant les deux départements peuvent être isolément le siège d'altérations pro-
fondes sans réaction réciproque. Une péritonite généralisée épargne assez souvent
les parties hemiées, et l'autopsie faite après certains étranglements rapidement
niorteb ne découvre parfois nulle trace de pfalegmasie abdominale. Ces cas, fort
einbarnissants en pratique, peuvent conduire soit à une opération inutile, soit à
nne abstention plus funeste encore.
Quand on assiste à l'évolution complète du mal ou qu'on l'observe à sa première
période, le diagnostic est généralement très-facile ; il peut l'être déjà moins à la
seconde et moins encore à la troisième, si les commérooratifs font défaut ou sont
enronés, si les accidents ont acquis d'emblée toute leur intensité, si la tumeur a
pris Faspect du phlegmon ou de l'abcès, si enfin, en l'absence de signes locaut
décisifs, on n'a pour indices que les symptômes généraux. Et cependant l'urgence,
rimportance d'un diagnostic exact croît avec ses difficultés On peut à la rigueur,
et sans grand dommage, méconnaître ou confondre avec une autre tumeur une
berme indolente. Les conséquences de l'erreur sont tout autres en présence d'une
affection qui peut, dans un délai de quelques heures, poser et résoudre la ques«
tien de vie et de mort.
Gomme corollaire de ce qui précède et comme introduction au diagnostic pro-
prement dit, je formule deux courtes propositions : i® Une même hernie peut se
présenter dans des étals très-différents ; 2" Dans chacun de ces états elle peut être
confondue avec une série d'affections tout à fait dissemblables entre elles.
Cet énoncé simplifie le problème ; il est bien clair qu'on ne prendra jamais une
hernie inguinale réductible pour un bubon, ni une hernie crui'ale étranglée pour
la dilatation de la veine saphène, etc. Ce qu'il faut comiiarer, c'est la hernie ré-
ductiUe avec les tumeurs douées de ce caractère, c'est la hernie enflanunée avec les
tumeurs phlegmoneuses.
Tantôt confinées dans les limites du pli de l'aine (mérocèle, bubonocèle), les
hernies peuvent apparaître hors de ces limites (H. ad-inguinale, obturatrice), ou
les frandiir (oschéocèle) . C'est alors seulement qu'elles peuvent acquérir un volume
éuorme. En tous cas, elles se montrent sous forme de saillies sous-cutanées, visi-
bles ou tangibles dès l'abord, ou qu'il est possible de rendre évidentes par des ma-
nœuvres convenables. Cependant la saillie n'est pas toujours appréciable : lorsqu'elle
est très-petite, encore sous-aponévrotique ou intra-inguinale (pointe de hernie),
cachée sous des muscles (H. obturati-ice), recouverte enfin par une épaisse couche
de graisse, par un engorgement ganglionnaire, par une tumeur quelconque.
Lorsque les canaux et les orifices sont étroits, que les viscères n'ont fait issue
qu un petit nombre de fois encore, que peu de temps après son apparition la hernie
a élé rigoureusement maintenue par un bon bandage, le diagnostic peut devenir
très-malaisé ; on sou^içonne la hernie, mais on n'arrive ni à la voir ni à la toucher.
Les hernies accolées au ligament de Fallope sont situées tantôt au-dessus, hernies
inguinales; tantôt au-dessous, hernies crurales. Quelquefois elles paraissent placées
directement au-devant, mais c'est par expansion. Quand on recherche avec soin le
pédicule de la tumeur non réduite et l'orifice de sortie après la réduction, on les
trouve toujours sus - ou sous-jaccntes à l'arcade fibreuse. Si l'on divise le pli de
318 AINE (pajhologie).
l'aine en deux moitiés à ))eu près égales par une ligne peipendicolaire, c'est en
dedans que siège la presque totalité des hernies. La position connue des canaut
inguinal et crural indique plus exactement les lieux d'élection. Quelques Tanctés
rares, hernie sus-pid)ienne, hernie de Laugier, s en écartent. (Voy. Legendit,
Variétés très-rares de la hernie cnirakj Ga%. méd, de Paris^ 1858.)
Le même sujet peut porter à la fois autant de hernies qu'il y a d'anneaux, c'est-
à-dire deux inguinales et deux crurales. On concevrait même la possibilité d un
plus grand nombre en comptant les hernies ventrales, épigastriques et obturatrices-
Ces cas sont rares ; trois hernies le sont moins, moins encore Tassodation du
même côté de Tinguinale et de la crurale. La crurale double est assex commune;
l'inguinale double Test bien plus. Demeaux a vu trois hernies du même oôté,
mie inguinale et deux crurales (BuU. de la Soc, anaL, t. XVI, p. 172). Au
début, et lorsque la cause productrice a été violente, on n'observe guère qu'une
liemie.
Ces hernies multiples peuvent être à des périodes, à des états difléreuts, appa*
i-altrc successivement ou simultanément, ce qui est rare, ou présenter au contraire
les mêmes symptômes, être par exemple toutes réductibies, toutes indolentes, ou.
à l'inverse, se montrer irréductibles el douloureuses. Néanmoins je m
d'exemple de double étranglement vrai.
lia multi[dicité des hernies met souvent le diagnostic en défaut. Si j'en excepte
les adénopathies et quelques cas rai-es d'abcès par congestion, il n'y a guèrr
que les tumeurs herniaires qui envahissent les deux aines. Aussi la dufJicité con-
statée, on porte suMe-champ le diagnostic pour les deux côtés à la fois et l'on ae
Irampe surtout facilement quand d'un côté une hernie existe réellement. Un sujet
déjà affecté à droite se plaint à gauche ; on prescrit un bandage double sans exami-
ner de nouveau : la seconde tumeur est un abcès par congestion, une adénite, un
k)ste du cordon, etc. ; — des accidents éclatent du côté du péritoine, il existe
simultanément plusieurs tumeurs inguinales toutes plus ou moins iiréductiUo^
et douloureuses, on ne sait laquelle opérer (Astley Cooper).
Deux hernies existant du même côté peuvent se rejoindre et venir au contact:
miûs elles ne se fusionnent jamais et ne forment point une véritable tumeur eafaissac
à la manière des abcès, chacune conserve ses rapports respectifs et son orifice pro-
pre que l'arcade crurale sépare de l'autre. Il n'y a qu'un sac et qu'un ooUet par
région herniaire; la hernie d'Hesselbachi qu'il ne faut pas confondre avec U>
hernies à sacs diverticulaires, fait seule exception (Lq[endre).
Les tumeurs herniaires ont des contours réguliers et des formes déterminée».
La hernie onirale est globuleuse, hémisphérique, ovoïde quand elle acquiert un
certain volume ; l'inguinale est demi-cylindrique ou pyrilormci à grand axe paral-
lèle à l'arcade crurale, la consistance est molle et homogène. Ces caractères Umit-
fois ne sont pas constants, quelquefois la tumeur est bosselée, inégale,fernie au to«h
dier, rénitenle à la manière du lipome; c'est la présence de l'épiploon adhérent ou
altéré par l'inflammation chronique qui amène le plus souvent ces modification».
La peau reste saine et mobile, sauf le cas d*inflammation aiguë. Quel que soit lëbl
de la tumeur, elle n'adhéra jamais solidement aux parties profondes et peut tou-
jours être mobilisée.
Si nous ajoutons que les hernies sont relativement rares dans l'enfance et h jeu-
nesse, rares chez la femme qui n'a pas enfanté, qu'elles se montrent ordinairement
Irers l'âge de la puberté, pendant la période virile el après racoouchenient, que
peu susceptibles de guérison spontanée elles ne font que s'accroître si elles sont
A1N£ (patbolooie). 319
itandoonéttâ eUes-mèmes, qu'elles ont par conséquent une durée indéfinie, etc.;
noos auitMis indiqué à peu près tous les caractères topographiques et étiologiques.
Ces caractères suffisent oi*dinaireoient pour faire soupçonner une hernie, mais ils
n'indiquent pas Tétat des parties contenues et n'expliquent pas davantage les sym-
ptômes locaux et généraux qui acoompagneni l'issue des viscères. En décrivant
plus haut trois périodes, nous avons dit qu'à chacune d'elles correspond une se-
méiologie particulière ; il nous faut donc aborder le diagnostic différentiel; nous en
trouvons les éléments dans l'élude de trois signes nouveaux sur la présence,
l'absence ou les variations desquels reposent essentiellement : l"" la distinction des
périodes herniaires; 2^ la distinction entre les hernies et les affections qui les si- *
muleut ; ces trois signes sont : Tindolence locale, la réductibilité, l'intenté ibuc-
tionnelle. Analysons-les brièvement.
i'^L'iodoleiice locale n'a pas besoin d'être décrite, elle coïncide avec la mollesse
delà tumeur; elle peut être constante ou interrompue, mais elle constitue l'état
hafaihiel alors même que le mal existe depuis fort longtemps. Prise isolément, elle
D a pas une grande valeur pour le diagnostic, puisqu'elle se retrouve dan? toutes
la aflectîons inguinales non inflammatoires; mais pour le pronostic etle traitement
rtte indique qu'il n'y a point péril en la demeure et antorise à ajourner l'interven-
tioo de l'art.
â* La réductibilité nous arrêtera plus longtemps; on eu a fait la pierre angulaire
du diagnostic des hernies: elle serait pour ces affections ce qu'est la fluctuation aux
abcès, la transparence aux collections séreuses, le souffle ou l'expansion aux ané-
n)smes. Il y a dans tout ceci un peu d'exagération; la réductibilité est certainement
un bon signe, mais tandb que beaucoup de hernies ne la possèdent pas, plusieurs
affections inguinales la présentent, d'où la grande division des tumeurs de l'aine
a réductibles et irréductibles ; je pourrais citer bien des erreurs dues à la valeur
trop grande attribuée à l'existence ou à l'absence de ce symptôme, qui offre d'ail-
lenn des variétés infinies. Quoi qu'il en soit, décrivons-la d'abord dans sa sim-
plicité.
La saillie herniaire évidente dans la station disparait d'elle-même et compléte-
OKat quand le sujet se couche sur le dos; quelquefois au changement d'attitude
il iaut joindre une certaine pression exercéB sur la tumeur dans une direction
donnée. Les viscères alors abandonnent la cavité accidentelle, retournent dans le
ventre et y restent tant que les ocMiditiops statiques du corps ne sont point cbaii-
Rtts. Que le sujet au contraire marchej tousse, expulse un produit, soulève un
fardeau, lasse en un mot un eifort général ou partiel tendant à diminuer la capa-
cité de rabdomen, et la saillie reparait atec ses premiers caractères. Ce double dé-
placenient qu'on peut reproduire à volonté autant de fois qu'on le désire s^effectue
promptemeot et facilement, il s'accompagne de quelques phénomènes accessoires
non constants à la vérité, Inais utiles à reconnaître ; ce sont, lors de la rentrée : la
sensation d'un frottement doux perçue pat le doigt qui presse, le gargouillement
quand l'intestin Ciit partie de la tumeur et renferme des galt, la liberté de l'anneau
ioi peut recevoir l'extrémité de l'index ; lors de la sortie : l'apparition soudaine,
t'expansioD brusque de la tumeur, le choc contre la pulpe des doigts qUi explo-
'ttt,elc.
^* Par intégrité fonctionnelle je n'entends pas dire que le hemieux jouira né-
()t>Bairement d'une santé irréprochable et que ses organes digestifs seront à l'abri
de tout dérangement ; mais bien qu'il n'accusera ni symptômes abdominaux gra-
des, ni état général inquiétant, ou que du moins, si ces accidents sunriennent, ils
390 AINE (patdologib).
proviendront d*états organiques divers siégeant danjs l'abdomen ou ailleurs et ne
partiront point de la tumeur inguinale elle-même.
En dehors des hernies simples, il est peu d'affections du pli de l'aine qui pré-
sentent complète la triade symptomatologique telle que nous venons de Texpoier;
aussi le diagnostic est-il en général des plus aisés. Cependant la oonfusioo a é(é
faite avec les abcès froids ou par congestion, la varice ampullaire de la sapbène,
Tectopic testiculaire, certains kystes du cordon renfermés dans le canal inguiml,
un ganglion induré logé dans le canal crural ; c est surtout la réductibilité promplc
et complète qui a motivé l'erreur; nous avons dans les chapitres précédents foonii
les moyens de l'éviter.
Toute modification survenue dans la triade obscurcit le diagnostic ; les trois si-
gnes changent isolément, deux à deux ou tous ensemble ; des douleurs locales sur-
viennent spontanées ou provoquées ; la réduction est lente, imparfaite, difficile ou
impossible; des accidents graves compromettent la santé ou la vie. Analysons en-
core; mais pour ne point nous engager dans l'histoire générale des hernies, disons
bien que ce qui suit s'applique surtout aux tumeurs inguinales dont la nature
n*a pas encore été reconnue, et Toccurrence malheureusement n'est pas rare.
Nous laissons donc de côté les cas où le diagnostic a été porté déjà par un praticien
habile, où par conséquent la présence antérieure d'une heniie est tout è fait dé-
montrée.
L'existence ou l'apparition de la sensibilité dans une tumeur inguinale trahit or-
dinairement un travail inflammatoire plus ou moins intense, né spontanément ou
provoqué par une cause externe. S'agit-il d*une hernie? De deux choses l'une, ou
la tumeur est récente ou elle est ancienne : dans le premier cas, die a paru subite-
ment, sans prodromes, sans cause connue, à la suite d'un effort ou d'une indiges-
tion. La douleur née du même coup a été vive dès le début, elle siège surtout au
niveau des orifices herniaires ; dans le second la tumeur était restée jusqu'alors in-
dolente, elle rentrait et sortait toute seule, augmentait ou dimiimait sous des in-
fluences opposées ; tout à coup elle est devenue sensible à la suite d'un coup ou
d'un séjour plus prolongé à l'extérieur, etc. On est plus embarrassé si la saillie
existait depuis longtemps sans modification, mais l'apparition antérieure d'aai-
dents analogues et les autres caractères permettront de reconnaître la plupart du
temps une ancieime hernie irréductible actuellement enflammée ; la durée même
du mal, Tépoque reculée de son début servent ainsi le diagnostic.
Les douleurs herniaires peu intenses, sans réaction fébrile, sont en générai de
courte durée; elles cèdent d'elles-mêmes ou sous l'influence du repos, des mofois
anodins, et surtout de la réduction, quand celle-ci est possible; elles sont sujettes
à récidive. Si elles sont vives, si le toucher provoque des coliques et des nausée»,
elles indiquent assez clairement un étranglement que confirme d'ailleon le déve-
loppement des accidents généraux. Ces douleurs reconnaissent pour causes soit ooc-
constriction subite ou progressive des viscères hernies, soit une inflammation : épt-
ploïte, péritonite viscérale ou pariétale; de là deux conséquences : réductUlit*
difficile d abord, puis transmission possible de la phlegmasie herniaire aux enve-
loppes superficielles. Sauf les cas de contusion préalable ou de taxis inmiodêrv.
cette propagation de l'inflammation vers la peau est rare, ou du moins tardive ;
indiquant d'ordinaire, quand elle est spontanée, le début d'un phlegmon steroorml.
elle a fait confondre plus» d'une fois la hernie étranglée avec les abcès et ^"^
bubons, surtout si les sympttoes abdominaux sont légers ou ont perdu de leur ii»-
tensité.
AINE (pathologie). 391
Les hernies douloureuses peuvent être confondues avec un certain nombre d al-
fectJODS inguinales ; éliminons d'abord les tumeurs osseuses et cancéreuses, puis les
anévrvsmes, la phlébite crurale et l'ectopie testiculaire si facile à reconnaître; i*es-
teat ks abcès chauds, quelques abcès par congestion apparus brusquemeut à la
suite d'un eflmt, les bosses sanguines, les adénites aiguës ou subaiguës, superfi-
rielles ou prolondes, les kystes et pseudo-kystes enflammés, le phlegmon du cordon
spennatique.
H faut convenir que le diagnostic n'est pas toujours possible dès labord ; mais si
les phénomènes généraux sont modérés, il faut attendre, réitérer les examens et
observer la marche jusqu'à ce que la lumière se fasse.
La réductibilité prompte et facile suppose trois conditions : 1® l'existence de
deux cavités communiquant entre elles, dont l'une, interne, peut recevoir le con-
tenu de l'autre, qui constitue la tumeur extérieure; 2® la communication et le
détroit, s'il existe, doivent être libres et proportionnés au volume des parties dépla-
cées; 3*^ aucun lien, aucun obstacle ne doit empêcher la migration centripète de la
tumeur externe ou de son contenu.
11 est bien clair que ces trois conditions se rencontrent dans les hernies simples,
récentes et indolentes ; mais d'autres affections les réalisent également; d'abord
certaines tumeurs liquides : anévrysmes, abcès par congestion, varices veineuses ou
lymphatiques, varicocèle, quelques collections séreuses siégeant dans un ancien sac
herniaire; puis des tumeurs solides ou enkystées; tumeurs du cordon, testicule
inguinal ou crural, ganglion lymphatique profond, etc. Dans les hernies, une ou
plusieurs des conditions susdites manquant, les viscères peuvent ne retourner dans
le ventre qu'avec peine ou même n'y pas rentrer du tout. La réduction est alors
lente, difficile, ou bien il y a irréductibilité apparente ou réelle.
Que les anneaux soient trop étroits, que la cavité de réception soit trop petite ou
contractée, que les viscères deviennent trop volumineux, peixleut leur souplesse,
leur fluidité, contractent des adhéreucesavec l'anneau ou le sac, et voilà la réduc-
tion compromise ou rendue impossible; elle n'est pas moins douteuse dès que la
bemie est le siège de douleurs vives. Celles-ci annoncent un étranglement ou
une inflammation, c'est-à-dire un obstacle au niveau du détroit ou au moins une
alimentation du volume des viscères ; de plus, et par action réflexe, elles amènent
une contraction spasmodique de la paroi abdominale et une sorte d'incapacité rela-
tive de la cavité de réception.
Les hernies irréductibles indolentes ou enfianunées sont souvent d'un diagnostic
très-difficile ; elles peuvent être confondues avec les kystes, les adénopathies et
d^autres tumeurs encore que le hasard a placées dans les régions herniaires; il laut
quelquefois beaucoup d'attention pour éviter Terreur.
En maintenant le malade sur le dos, et après avoir en vain pratiqué quelques
pressions, on constate sans peine l'irréductibilité; reste à savoir si elle est appa-
rente ou absolue; malheureusement ses causes anatomiques sont difficiles à
devmer, et il Saut employer, pour savoir à quoi s'en tenir, un moyen empirique
fort utile à la vérité, mais souvent trompeur ou dangereux : je veux parler du
(axis. Plus d'une fois on a longtemps manipulé des tumeurs diverses croyant avoir
al&ire à des hernies ; or, conune il n'est pas indifférent de malaxer une adénite,
un hydrocèle enkysté, un phlegmon du cordon, etc., on ne saurait trop répéter
que le taxis ne doit être mis en usage que lorsque le diagnostic d'une bemie
est déjà établi, et qu'il n'en faut nullement faire un moyen général d'explo-
ration.
MCT. SM. 11. 21
3t2 AINE (PATHOLOGIK).
Ileyielder raconte qu'il fui appelé auprès d'un malade atteint des symptànc»
d'an étranglement. Lorsqu'il arriva, la prétendue hernie inguinale avait iiti
réduite; une péritonite emporta le malade. A l'autopsie, on ne trouva dans le canal
inguinal qu'uu kyste assez volumineux que le taxis y avait refoule {L'nùm médic.,
3* !$érie, t. IV, p. 63). C'est sous l'emiiirc d'une préoccupation auwi singulière
qu'on reporte de force dans le canal inguinal ou vers son anneau supérieur un
testicule arrêté dans son évolution.
C'est ici le lieu de parler du déplacement en masse des hernies étranglées. Si
après un taxis en apparence heureux les accidents persistent, et qu'on rmcoutre
une tumeur dans la fosse iliaque, derrière le canal ou dans l'épaisseur de la paroi
abdominale, il est probable qu'il y a réduction en masse. Streubel a prCûtemeut
déciit les variétés et les symptômes de cet accident redoutable. (Veber Schein-
reductionenbeiEernien. Leipzig, 1864.)
La réductibilité spontanée ou provoquée, lente ou prompte, peut être compit^U
ou incomplète. Dans le premier cas, la tumeur tout entière disparaît ; dan$ le
second, une portion reste au dehors, en dépit du repos prolongé et des pressioib
du taxis. Cette réductibilité partielle reconnaît plusieurs causes : 1^ La tumeur m-
composant de deux parties, le contenu et le contenant, le premier, liquide ou solide,
disparait, le second persbte. Le varicocele, les varices lymphatiques profondes, le?
anévrysmes sont dans ce cas, ainsi que certaines liycfaDpisies du sac et les her-
nies réductibles à sac épais ou à plusieurs sacs. 2* Le contenu est moitié mobile,
moitié lixe : entéro-épiploceles avec adhérences, hernies irréductibles à la masM
permanente desquelles une nouvelle anse intestinale est venue récenmient s'a<)-
joindre. 3® Le même phénomène s'observe encore quand la tumeur est mixte, e(
qu'à la hernie réductible s'accole une autre affection qui ne l'est pas.
Toutes ces disj^ositions sont assez communes ; aussi la réductibilité iucomplèle
est un phénomène qu'on i-encontrc souvent dans les tiuneurs inguinales ; on )e
reconnaît et on l'explique sans peine pour le varicocele, l'auévrysmc, les varices
lymphatiques, les abrès par congestion, et même pour les hernies quand elles ^ont
indolentes; mais en cas d'accidents locaux ou généraux, il jette sur le diagoostK
beaucoup d'obscurité, et entraîne la pratique dans des écarts làcheux.
La réduction obtenue, il faut toujours explorer avec soin la région des anneaux,
chercher à y introduire le doigt, et, s'il u'y a pas de contre-indication, faire la
contre-épreuve, c'est-à-dire faire reparaître la tumeur. Si elle se montre de nouveau
sans changement d'attitude, sans effort quelconque, et par le fait seul que la pres-
sion a cessé, ou peut en ctmclure qu'il y avait fausse réduction ou qu'il ne s*9git
point d'une hernie. C'est ainsi que réapparaît la saillie des abcès par congeslion ou
des aué\Tj'smes, et que ressortent d'eux-mêmes un testicule, un kyste du contoo*
refoulés dans le canal inguinal. La réduction apparente ot la réduction inomiplète
des hernies seront d'ailleurs décrites et étudiées plus tard.
J'arrive enfin aux cas les plus graves. La tumeur inguinale est douloureuse, irfê^
ductible ; il y a des signes d'inflammation locale, et des symptômes abdominaux :
coliques, sensibilité, ballonnement du ventre, nausées ou vomissements, constif»-
tion rebelle; enfin l'état général est mauvais : anorexie, anxiété, insomnie, abaite-
ment des forces ou agitation incessante, face grippée, sueurs fitûdes, etc. Ce cor
tége alarmant n'est pas l'apanage propre de la hernie étranglée» quoiqu'il ne se
rencontre guère qu'$vec elle et qu'il suffise ordinairement à la faire reconnaître.
Toute irritation vive siégeant au voisinage de la cavité abdominale ou dans :«m
intérieur jieut, par action réflexe, provoquer les vomissements et la coustiptioii ;
AINE (i'athologib). 3t25
toute pêritonîte peut naître sous son inflaence, de sorte que l'eusembre des acci-
dents énoncés plus haut n*a rien d'absolument pathognomonique.
Dans ces conditions, bien des erreurs ont été commises, et, saus eu donner la
longue liste, je veux au moins en résumer le tableau.
1^ Les hernies étranglées ont été méconnues, parce que la tumeur était trop
petite, trop profonde, masquée par une autre affection ; parce que l'examen a été
insoffisant, et que les symptômes généraux de la péritonite ou de l'obstruction intes-
tinale ont trop exclusivement frappé les observateurs; parce qu'au contraire ces
Mmptômes peu intenses n'attiraient pas sufiisarament l'attention ou qu'ils afl'ec-
taimt des formes insolites, étranglement cholériforme, hernies s'étitinglant pen-
dant une épidémie de choléra (Broca, Armand Després).
i^ Les hernies étranglées ont été prises pour d'autres affections : abcès simples,
bubon, et traitées comme telles, soit par l'expectation ou les simples antiphlogis-
tiques, soit par la ponction faite sans ménagement.
3* Des hernies irréductibles anciennes, non étranglées, indolentes ou faiblement
douloureuses, ont été crues étranglées, parcequ'en même temps une affection abdo-
minale interne : abcès profond, iléus, rétrécissement, timieurs diverses, provo-
quaient une péritonite et gênaient la circulation intestinale.
4* Des affections inguinales très-variées sont prises pour des hernies étranglées,
parce qu'elles siègent dans les régions herniaires, ~ parce que les antécédents trom-
pent : récits erronés des malades, apparition subite après un effort, — parce qu'il
existe simultanément plusieurs tumeurs douloureuses, — parce qu'une hernie a
eiiftté dans le point où se montre plus tard une tumeur irréductible douloureuse,
— parce qu'en même temps que celle-<ci surgit une affection alxlominale giuve :
iléus, péritonite, etc.; il serait facile de mettre des exemples en regard de chaque
terme de cette série. Il n'en faut pas conclure toutefois que le diagnostic de la her-
nie étranglée soit en général difficile pour le chirurgien instruit. L'étranglement
est ti^fréquent et ces erl^urs si bizarres, si singulières, sont rarfs et se trans-
mettent d'âge en âge-, de livfc ert livre. On les évitera le plus souvent en pesimt
tous les symptômes et tous les incidents du mal. Si Ton reste dans le doute il lau-
dra, comme je l'ai déjà dit, supposer le cas le plus grave et agir en s entourant de
précautions. Le pire, à coup sûr, est de méconnaître absolument la hernie, ce qui
doit être bien rare si on se donne la peine d'examiner complètement son malade.
Tout cela sera repris aux articles Hebnie, Iléos, Ëtrakglemeiit, je renvoie pour-
tant le lecteur aux sources suivantes : Gosselin, Broca, Thèses sur l'étranglement
herniaire; Després, Beimie crurale^ Thèse d'agrég., 1865; Hondière, Arch. gén.
deméd.y t. VI, 2« série, p. 54; Battenberg, Thèse inaug., i850; Battenberg et
Cuylon Rev. méd. chir., t. VII, p. 21, 89, 1850; Duchaussoy, Arch. de méd,,
4» série, t. XV, p. 129.
Les hernies sont si fréquentes, qu'on peut à piori s'attendre à les rencontrer
en même temps que toutes les autres affections inguinales si peu communes
qu'elles puissent être ; on peut donc imaginer toutes les combinaisons |x>ssibles et
déjà dans le cours de cet article nous les avons signalées pour la plupart. Nous
a\ons p^rlé du traumatisme et de ses suites atteignant l'aine affectée de hernies ;
rappelons qu'on a vu celles-ci coïncider avec des abcès chauds ou froids, avec toutes
les variétés d'adénopathies aiguës ou chroniques, les lipocèles et les collections
séreuses herniaires, anciens sacs, sacs diverticulaires, les kystes et hygromas, et
même les kystes hydatiques, les varices du ligament rond, la lymphangiectasie, etc.
La hernie inguinale surtout s'associe très-fréquemment aux aflections du testicule
324 AINE (pathologie).
et du oordon : hydrocèlc, sarcocële, varicocèle, kystes (Soc. de chir., tome K
|i. 275, juillet i849), ectopie lesticulaire. Rizzoli ne compte pas moins de dix-huit
variétés de hernie inguinale associée à la présence du testicule dans le canal du
même nom. (Bologne, 4861 ; \oir Borelli, t. V des Mém, de VAcad, de méd. de
Turin,)
Ces associations pèsent d'une façon très-diverse sur le diagnostic et le traite-
ment; elles n'ont parfois aucune importance. Les affections concomitantes god-
servent leurs caractères propres et peuvent être isolément traitées; plus d'une fois
même des oschéocèles ont été refoulés dans le canal inguinal ou même dans le
ventre par la tumeur scrotale. Monod en cite un exemple (Bull, de la Soc. anal.,
t. IX, p. 78), mais il n*en est pas toujours ainsi : les deux lésions se compliquent n^
ciproquement et le diagnostic est parfois si difficile, que c'est dans le cours seule-
ment d'une opération ou d'une autopsie que se révèle la complexité de la tumeur
(Costilhes, Gaz. m^d., 1842, p. 571 ; Guéretin, Gqz. méd,, 1836, p. 778). Parfois
la hernie masque l'autre lésion, mais le contraire a Heu le plus souvent (abcès, tu-
meurs ganglionnaires, testicule à l'anneau) ; les chances d'accidents herniaires eo
sont accrues, la précision du diagnostic en souffre, et la thérapeutique s'en res-
sent. Une cicatrice inguinale empêche la contention d'une hernie (Dupuytren) ;
de même un bubon aigu, une inflanunation du cordon, une orchite, un varico-
cèle. On sait quels embarras suscite à l'application exacte d'un bandage l'eclopie
tesliculaireou la descente imparfaite du testicule : déjà j'ai traité la coxalgie sur deui
jeunes garçons atteints de hernie inguinale habituellement maintenue par un ban-
dage ; j'ai dû, non sans quelque souci, supprimer celui-ci pour af^liquer l'apftt-
reil inamovible.
C'est pis encore en cas d'opération sanglante ; un abcès recouvre une hernie, s^
on incise sans précaution on blesse cette dernière ; les engorgements ganglionnaires,
les kystes doublent les difûcultés de la kélotomie et peuvent tromper le cliirurgieo
au point qu'il la laisse inachevée (Sanson) ; l'ablation- d'un saioocèle inguinal rend
presque inévitable l'ouverture du sac; la même chose est à craindre pour le saroo-
cèle scrotal et pour d'autres tumeurs des bourses. Dans un cas de ce genre, Honod
fut obligé de lier le fond du sac en même temps que le cordon qui lui adhérait.
J'ai pour ma part rencontré trois dispositions semblables; une fois il y avait héma-
tocèle double très- volumineux avec deux hernies, une fois sarcocèle et hernie;
dans CCS deux cas je fis les incisions de manière à éviter le sac herniaire, ïoû> je
fus moins heureux dans le troisième; il s'agissait d'un hémalocèle unibténJ;
la hernie semblait refoulée; jusqu'à l'aimcau, mais son sac ne l'avait pas suivi ; il
s'étalait au-devant de la tumeur scrotale avec une mince couche d'épiploon qui
adhérait à son fond ; aussi fut4l largement ouvert. Au danger de la castration
était venu se joindre celui de l'ouverture du péritoine ; le malade guérit nonob-
stant.
11 m'est arrivé de croire à tort à l'existence simultanée d'une liemie et d'un
k^ste séreux : c'éUiit sur un vieillard atteint de mérocèle; il portait un niauTM>
band;ige, ne savait |uis au juste si sa hernie rentrait complètement et cro^'ait mcine
qirune (x^rtion restait habituellement au dehors. La tumeur devint irrÛuctibleî
la suite d'un effort; elle était bosselée, très-irrégulière, dure ici, là fluctuante; m
forme rapfielait si exact(*ment celle d'une heniie où j'avais rencontré un k}^
{voy. page 278), que j'annonçai avec assin-ance la présence d'une production de ce
;.'cnre h rexticniitc externe de la heniie. Naturellement je ne lis |ioiiit |iorit*rlr
t«ixi!» sur ce (loint ; mes tentatives de i^uctioii restaient sans ivsultat et j'allai»
AINE (patrologir). 325
proposer l*(^ration, lorsque dans un dernier essai je fis quelques pressions sur le
prétendu kyste ; au bout de deux minutes à peine, tout était réduit. L'erreur a donc
failli me conduire à une opération superflue.
Affections inguinales ayant pour origine le cordon spermatique ou le testicule
en étal d'ectopie. Les indications sommaires qui vont suivre nous ont paru
indispensables en présence des erreurs de diagnostic qui ont fait prendre des
hinieurs du cordon spermatique ou des ectopies testiculaires pour des hernies, des
abcès, des bubons, des adénites, des péritonites, etc.
L'erreur, préjudiciable sans doute quand il existe des accidents aigus, ne l'est
guère moins quand le testicule sain, entrain d'exécuter son évolution, est pris pour
une hernie simple et traité comme telle par l'application d'un bandage ; non-
seulement cet appareil peut provoquer des douleurs vives ou des dégénérescences,
mais alors même qu'il est bien supporté, il fixe la glande séminale dans une posi-
tion ncieuse et en abolit les fonctions, ce qui équivaut à une castration.
Titmeurs du cordon spermatique. Depuis son origine à l'épididyme jusqu'à
ia dissémination de ses éléments dans l'abdomen, le cordon présente deux por-
tions : Tune supérieure, horizontale, intra-inguinale ; l'autre inférieure, verti-
cale ou scrotale. Les affections diverses dont il peut être atteint occupent les deux
portions à la fois, ou seulement l'une d'elles, tantôt la première, tantôt la seconde;
dans ce dernier cas elles n'appartiennent plus à la région inguinale.
Quand la tuméfaction envahit tout le trajet du cordon et que le testicule lui-
même est malade, le diagnostic est facile, la tumeur inguinale n'étant que la con-
tinuation de l'affection testiculaire ; je fais allusion aux engorgements funiculaires
à communs dans les cas avancés de sarcocèle cancéreux, et qu'on rencontre même
à la suite des sarcocèles tuberculeux. J'ai vu, à l'hôpital du Midi, un jeune homme
qui présentait à l'entrée du canal inguinal et dans son intérieur une tumeur dure,
inégale, bosselée, du volume d'une grosse amande, un peu douloureuse au tou-
cher. L'épididyme du même côté offrait les nodosités caractéristiques de Faffection
tuberculeuse. Dans l'intervalle on sentait le canal déférent hypertrophié, dur,
rigide, du volume d'une plume à écrire et réunissant manifestement les deux
dépôts.
Ces dilatations tuberculeuses du canal déférent dans sa portion inguinale sont
notées dans la thèse de Ch. Dufour {Tuberculisation des organes génito-urinaireSy
1854, n* 284, p. 66). Sur un malade atteint de double sarcocèle tuberculeux Civialc
vit se former dans les régions inguinales, sur le trajet des cordons qui étaient très-
tuméfiés, deux abcès qui restèrent iistuleux et qui avaient probablement cette
origine. {Malad. des organes génOo-urinaires, t. H, p. 146, 2* édit.; et t. Il,
p.510.3*édit.)
Dans l'orchite simple, on perçoit fréquemment dans l'aine une tuméfaction dou-
loureuse qui parfois précède et le plus souvent semble suivre l'envahissement de
i'épididyroe. Sans doute elle peut reconnaître pour cause la phlébite ou la lym-
phangite du cordon, mais parfois elle est due manifestement à l'inflammation du
canal déférent ; elle peut survivre longtemps à l'épididymite et donner lieu à un
phlegmon profond. Deux cas actuellement soumis à mon observation établissent
nettement cette variété peu connue ; dans le premier, blennorrhagie, orchite suivie
d'un gonflement inguinal profond, assez peu douloureux d'al)ord ; le malade
reprend srs travaux, mais bientôt la tumeur grossit et finit par suppurer quatre
mois environ après le début. Chez le second malade, même filiation : la tumeur,
parallèle à l'arcade crurale, est immobile, dure, assez voluminouso, douloureuse
iU AINE (PATUOLDCIK).
et du cordon : hydrocèlc, sarcocèle, varicwèle, kystes (Sot
\t. 275, juillet 1849), ectopie testiculaire. Riz»dinec(Hn|ii'
variélés du hernie inguipalc associée i la présence du i<
même nom. (Bo)c^ne, t861 ; voir Borelli, t. V des Mrv
Turin.)
Ces associations pfiscnt d'une façon très-diverse >
meut; elles n'ont parfois aucune importance. Les
servent leurs caractÈres propres et peuvent êlre isn'
ménie des oschêocèles ont été refoulés dans le c
ventre par la tumeur scrotale. Honod en ctte un ■
1. 1\, p. 78), nuis il n'en est pas toujours ain^i :
cipioquentait et le diagnostic est parfois si ili'
ment d'une (^ration ou d'une autopsie qui
(Costilhes, Gaz. m^d., 1843, p. 571 ; Guér. '
la hernie masque l'autre lésion, mais le cv'
meurs ganglionnaires, testicule à l'anneau
sont accrues, la précision du diagnosli'
sent. Une cicatrice inguinale empêrli
de même un bubon aigu, une iiiltMJi
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i-iiiil l'tqui répond S
I li\il[iHèle par infiltratioo
.. Ir varicocèle. Ces troùaRk-
lUi aiiï caractères bien Iranchée.f
' I '|ii'i)ti retrouve avec quelques modi-
i.iiiliuire un travail inflammatoire s'en
', UN abcès, à un étranglement.
lume elles se perdent d'une part dans le
^ït avec l'épiplocèle irréductible, indoleul
,, . ^BKUt les confondre. Le varicocèle ordinam'
'.>atuDs. Hais lorsqu'il ect enflammé, il praxl
. .ui î bit différentes. Tout récemment, Boûiisai
' i.'.v: IH61) a publié un excellent travail sur l'io-
j ^.-..iicuw^ du pleins pampiniforme nonnat ou vaii-
njvulf adupté par l'auteur, nous subslitueriont
.smWawr, les autres veines de la région étant é^ile-
■uiMT. On trouve, dans Malgaigne (Cordon tperwa-
,or ïur llivdrooèle par inûllration. A son tour Jamaiii
,.KuktK l'îbtee d'agrégation, 1853, p. 108} un article
,~,a. 'jea faits a les remarquas de Bouiàson. {De rh/aui-
.~ t.rWTI.. L II. P- ♦«■)
.-^.■lusii- itwnientent singulièrement quand les lésions sont
,j™,-«:*ir<; Al iwdon, La tumeur, sans être profonde, est cepen-
, ,.t> -MT b tmni antérieure du canal inguinal ; aussi n'esl-t'lle
., l'v -«r W looAer, Pour peu qu'elle soit rot^ile, elle praïl
^ m -iSï- f»ss* saillie du côté de l'abdomen, elle transmet à la
niiuirn;*''' [« !• *'»"■ ^ l'eJlw'- Indolente, elle simulera lelut-
, .-, ,Mr».i*fcet surtout l'i'pii^ofèle; douloureuse et enflammô'.
'■i«-v"^ ***** «mblables à ceux de l'étranglement, de la péin
x^.iHi.te. ilelli^i poiirrait du reste exister simullaoémeni
A1N£ (pathologie). 5^
nrteur de la portion inguinale du cordon ne donne ps lien au
'nosiic. Les laits relatés en font foi.
'TTiération, je signale : le phlegmon et Yabcès intra
avec renflement irUroringuinal (Azam, p. 25),
f nous avons parlé plus haut, lliémaiocêle
comme Bowman en rapporte un exemple
'débite, le phlegmon, Tabcès, l'héma-
ition et occuper soit le moignon
J'en dirai tout autant des tu-
. sarcocèle. La circonstance
. 1 luslic ; cependant j'ai éprouvé
lur lu nature d'une tuméfaction
Mil se montra après une castration
..<•. H existait en même temps une her-
ii K specter le sac. J'hésitai beaucoup pour
..u( du à une inflammation de ce sac, à un
lute funiculaire, ou à une récidive précoce du
lis doutes aient dispani, l'autopsie n'ayant pas été
1 it'i
mine est rarement affecté ; la lymphite de Hunter est
Al|)li. Guérin {Md. des org. génit. de la femme, p. 42;
t i.iiU' des kystes étudiés plus haut, les tumeurs qu'on y observe
> nii pour siège unicpie le plexus veineux qu'il renferme, et qui est
( (lo>eiiir variqueux, surtout pendant la grossesse.
w Me inguinal chez la femme, entrevu par Deneux (ffe?*9iia de V ovaire,
iNiT)), a été mis hors de doute par Cruveilhier (BuZfe^ delà Soc, anaUm*^
. [>. 1 99 ; 1 827) . La tumeur existait des deux côtés, elle simulait la hernie ingui-
. l'piploïque. La dissection démontra une dilatation des veines sous-cutanées et
-iiti'uses externes, puis plus profondément un groupe variqueux conteuu dans le
(allai inguinal se continuant d'une part avec les veines extérieures dilatées, de
l'autre avec les vaisseaux du ligament rond très-amplifiés.
Les intéressantes recherches de Devalz sur le varicocèle ovarien (Thèse de Paris,
1858, n* 239) signalent cette coïncidence de la dilatation des veines du ligament
rond aveccelledu plexus péri-ovarique et iont rentrer par conséquent ces cas dans la
règle commune de la phlébectasie qui débute par les vaisseaux profonds avunt
d'atteindre les superficiels.
Là où existent des veines, et surtout des veines variqueuses, la phlébite est
admissible. Je crois qu'elle se développe dans le ligament rond, mais je n'en puis
fournir ht démonstration. Je me rappelle seulement avoir donné des soins à une
jeune fenune qui, à la suite d'une suppression de règles, fut prise de symptômes
très-graves du côté de l'ovaire gauche. Outre la douleur et l'empâtement que la
palpation constatait dans la fosse iliaque et que le toucher vaginal retrouvait dans
le cul-de-sac latéral correspondant du vagin, on percevait à la partie la plus élevée
du canal inguinal une tumeur circonscrite, arrondie, dure, immobile, très-super-
ficielle, fort douloureuse au toucher, et qui fut prise par un consultant pour la
laillie d'un abcès. Je niai iormellement la suppuration, et la suite me donna raison :
je diagnostiquai une phlébite du plexus ovarique avec phlébite du ligament rond ;
rHte dernière produisant la tumeur inguinale. La guérison eut lieu, mais {tendant
longtemps on put reronnaitre l'induration limitée.
328 AINE (patholooik).
Ectopietestictdaire. Tumeur inguinale assez fréquente, importante à oonnaitre.
Au lieu de se trouver au fond du scrotum, le testicule occupe divers^ poâtiflRs
anormales : la fosse iliaque, Tintérieur du canal inguinal ou Tun de ses anneaux,
le canal crural ou le voisinage de son orifice externe, le pli cruro-scrotal, le péri-
née. H peut être sous-cutané, sous-aponévrotique ou intra-abdominal. L'ectopie
est congénitale f quand le testicule n'a pas parcouru toutes les étapes de sa des-
cente, ou quand, chemin faisant, il a pris une mauvaise voie; acddentelle^ lors-
qu'une cause fortuite : contraction du crémaster, adhérence avec une hernie
congénitale, contusion, application intempestive d'un bandage, etc., a refoulé
supérieurement la glande descendue ou Ta portée hors de son siège habituel, an
périnée, vers la fosse ovale, etc.
Ainsi fourvoyé, le testicule se présente sous trois états : il est phis on moins
atrophié ; — il conserve son volume normal et l'intégrité appvente de sa stmctnre;
— enfin, il est atteint d'altérations aiguës ou chroniques, envahissant son paren-
chyme ou ses annexes. Souvent à ces trois variétés s'associent d'autres affections
et surtout une hernie intestinale ou épiploïque, congénitale ou acquise, en relation
intime avec l'ectopie ou ne constituant qu'une simple coïncidence.
L'ectopie abdominale et celle qui s'accompagne d'une atrophie considéiahle dn
testicule n'oiTreht pour ainsi dire que des signes négatifs; elles ne nous oocupaxml
pas plus que les variétés cruro-scrotale et périnéale, et ne rentreraient dans
notre cadre que si la glande absente était remplacée par une hernie. Les «oÉres
espèces prennent k forme de tumeurs mgninales uni- ou bilatérales (l'i^nomalie peut
être double) , situées parfois à la partie la plus déclive de la fosse iliaque, le plus
souvent au-dessus du ligament de Fallope, rarement au-dessous.
Les caractères de la tumeur, variables suivant que le testicule est sain ou altéiv,
sont d'autant fdns aisés à percevoir qu'il est plus superficiel. Quand l'ofgane en
effet n'est recouvert que par la peau, l'œil et le toucher le distinguent sans peine.
Il en est autrement quand il est renfermé dans les canaux, relégué dans l'abdomen
ou masqué par une hernie juxtaposée. Le plus important des signes est fourni pir
l'absence du testicule dans le scrotum. Pour le constater, il faut explorer par la vue
et le toucher. Ia vue montre tantôt une absence totale des bourses, tantôt seulement
la disparition de l'une d'elles avec déviation du raphé. Cette anomalie scrotak*
s'observe surtout chez l'adulte dans les cas d'ectopie congénitale. Au contraire,
chex l'enfant en bas âge, elle est beaucoup plus rare, le scrotum étant bien Jbnné
chez le nouveau-né, alors même que les glandes séminales ne sont point descen-
dues, et rare aussi chez l'adulte, quand rectojne est accidentelle et de date asset
récente. Rien ne dispense donc ordinairement de l'examen par la palpation, qui
seul apprend si oui ou non le testicule occupe sa position naturelle.
Facile à acquérir avec un peu d'attention, cette première notion ne suffinit ps
au diagnostic précis d'une tumeur inguinale siégeant du côté oà le scrotum est
absent ou vide. Il faut savoir encore si cette tumeur est réellement formée par b
glande séminale seule ou accompagnée par les viscères abdominaux, saine ou atteinte
d'une lésion quelconque.
Supposons la glande saine et seule, on trouve une tumeur ovoide, i grand aie
le plus souvent parallèle à l'arcade crurale, élastique et rénitente, non fluctuante,
sans changement de couleur et sans adhérence à la peau; indolente à la pressioa
ou douée de la sensibilité spéciale du testicule, mobile ou fixe dans le canal ingui*
nal, et par conséquent réductible ou irréductible suivant qu'il existe ou non des
adhérences. Ordinairement, cliez les jeunes sujets du moins, la tumeur estsmrt^
Il M
AINE (patbologie). 3S9
■.n-nls très-étendus sous l'influeBce de la toux, de l'effort, de la
..' < iifiiaster on des manœuvres înstitoées par le chirurgien. Ces mi-
> •iii.in^os ou provoquées sont parfois très-pénibles, et gênent singulière-
i lii >: • Iks la station prolongée, l'équitation, le ooU, etc. En l'absence même
luilamniation ou dégénérescence, les douleurs peuvent être assez intenses
u^iiinitT la castration. C'est presque uniquement avec les hernies que l'on
ii 1 (Hrtopie du testicule sain; erreur fâcheuse qu'il est facile d'éviter; eepen-
i le testicule est fixé dans le canal par des adhérences, si une hernie épiploïque
u uiLestinale irréductible existe simultanément, on peut éprouver un véritable
.iil^irras.
CAuHÀ augmente encore, et le danger survient si la hernie s'étrangle. Le dépla-
tenient testiculaire donne le change; on croit n'avoir affaire qu'à une orchite
in^niinale; on n'opère pas, et le malade meurt d'étranglement; ou bien on opère,
mais d'une manière incomplète, et le malade succombe encore (Reichel et Steidèle,
cités dans Richter, Traité des hernies, t. II, p. 123, 134). La méprise est réelle-
ment excQsafale, car on a vu l'orchite inguinale simuler absolument la hernie étran-
gla, jusqu'à produire une péritonite et la mort.
Les altérations que peut subir le testicule déplacé sont moins variées que celles
qui attaquent la glande dans sa position normale ; mais en revanche elles sont pro-
portionnellement plos fréquentes, surtout dans le cas d'ectopie inguinale, l'organe
déplacé étant plus exposé au traumatisme.
On n'a guère observé jusqu'à présent dans l'aine que l'orchite et le saroocèle
cancéreux. Le testicule tuberculeux n'est pas démontré d'une manière suflisante,
encore moins le testicule syphilitique.
L orchite et l'épididyniite se présentent sous toutes leurs formes, aiguës, chro*
niques, traumatiques à la suite d'une contusion ou de froissements répétés, bien-
Donfaagiqoes ou consécutives à un cathétérisme, etc. Dans ces deux derniers cas,
le début est bénin, la marche lente, mais les symptômes peuvent acquérir peu à
pni ou rapidement une grande intensité. La tumeur devient alors très-douloureuse
au toucher; il y a rougeur et tuméfaction, fièvre, malaise, parfois vomissements,
constipation, surtout si la glande subit de la part des anneaux ou du canal inguinal
une oonstriction, une sorte d'étranglement. L'orchite inguinale simule l'adénite,
le bubon suppuré, l'étranglement herniaire, la péritonite ; elle est susceptible de
récidive. Le diagnostic repose essentiellement sur la constatation de l'ectopie et sur
la notion étiologique; il n'offre, de coutume, aucune difiiculté sérieuse.
Le testicule déplacé est entouré de sa séreuse close ou communiquant encore
avec le péritoine. A la suite d'irritations répétées ou d une ancienne orchite, un
épanchement séreux prend naissance; il en résulte deux variétés particulières d'hy-
drocèle inguinal avec ou sans reflux du liquide dans l'abdomen.
Dans le cas de Denonvilliers, le testicule était atrophié, la collection séreuse bilo-
bi^, irréductible, siégeait moitié dans le scrotum, moitié dans le tissu cellulaire
•ms^cutanéde la paroi abdominale antérieure. Horel-Lavaliée parait avoir rencon-
tré la seconde variété, que Follin considère comme assez commune (Bull, de la
SoeiéU de chirurgie, t. IV, p. 89; 1854, et t. H, p. 431; 1859). Curling
a vu un hydrooèle autour d'un testicule atrophié retenu dans l'anneau. Pen-
dant la vie on avait cru à une hernie inguinale. {Med, Times and Go»., 1858,
t.l^p. 414.)
Le sarcocèle inguinal n'est pas rare. Une foule d'auteurs en ont rapporté des
exemptes ; il apparaît parfois spontanément ; mab le plus souvent on note dans les
350 AlNOS.
antécédents une orchite plus ou moins ancienne, une contusion, des rroUaiients
rudes, etc., exercés sur le testicule fixé par des adhérences.
Au début, il est difficile à distinguer de rorchite chronique; il se présente som
Tapparenee d'une tumeur indolente, plus ou moins mobile, sans adhérence à la
peau. Plus tard, le volume s'accroît; la masse morbide devient dure, inégale, bos-
selée, les élancements y apparaissent, la peau se prend, devient rouge ou vioboée;
l'idcération toutefois est très-rare. J'ai observé un cas insolite; la tumeur, pri-
mitivement d'un assez petit volume, avait brusquement triplé de volume mh
l'influence d'efforts violents. Les douleurs intenses hrent décider l'opération; on
enleva sans peine, par énudéation, une masse du volume d'une grosse pomme,
qui ne paraissait tùtniée que de concrétions fibrineuses et de caillots sai^n$.<>i
aurait pu croire i un hématocèle intra-glandulaire ; mais dans un point se troanil
un noyau ramolli, très-évidemment encéphaloide : c'était donc un cancer avec
hémorihagie interstitielle.
Le chapitre que je viens d'écrire est tiré presque en entier de travaux réceab
et très-complets sur la matière. Je citerai, outre les travaux de FoUin et de Gni-
haut (1851 et i856), la thèse d'O. Leeomte : Des ectopies congénialei des in-
licuks et des maladies de ces organes engagés dans Vaine. Paris, i851, n** 159 ;
— le rapport de Debout à la Société de chirurgie, et la discussion qui lui bit suite,
(t. m, p. 95-218 ; 1852) ; enfin, les savantes monographies de Godard, qui résnoDeot
toutes les recherches antérieures. (Monorchides et cryplorchides.dieh Phomme^
1856. — Même titre, Mémoires de la Soc. de biologie, 1856, avec planches. —
Rech. tératolog. surl'appareil séminal de Vhomme, 1860, V. Haasoiu)
La hernie de l'ovaire constitue pour la femme une ectopie analogue à celle que
nous venons de décrire, quoique se produisant par un mécanisme différent, lue
comparaison complète entre ces deux affections est encore à iaire, surtout au poiot
de vue physiologique. L'ectopie ovarique, comme tumeur inguinale» est étudiée
avec les hernies, à cause de la similitude d'étkiJogie. Ce rapprochement a plu»
d'inconvénients que d'avantages, mais ce n'est point ici le lieu d'y remédlier.
BfBLiooiiAnni.-^Si j'en eicepte Tnrticle souvent cité de P. Bérsrd (1835, Diet. em^fâl,
t. U) : un autre article, inséré dans le SwpplànetU am Dictùmneire des ÙMemMoàrts en 18:»l .
et auquel j'ai collaboré avec Robert, enfln un certain nombre de thèses inau^rales Aain.
V. Robin, Havre, etc.], il n'existe, dans la littérature médicale, qu'un 1res petit nombre dr
travaux ou même de chapitres consacrés à l'ensemble de la pathologie do pli de Tiin^.
L'article précédent, dont l'importance fera pardonner la longueur,. a été rédigé sartoot
avec les observations coUigées çà et là dans les livres classiques, les monographies, lei
recueils périodiques, les bulletins des sociétés savantes. J'ai donné au fur et i mentre \f*
indications bibliographiques, en renvoyant autant que possible aux sources originales. C«ei
explique pourquoi je n'insère pas ici nne longue liste bibliographique, qui ferait samuliht^
double emploi. On m'a laissé beaucoup de place, mais j'ai regretté de n'en avoir pas plitf
encore, car je suis loin d'avoir épuisé le sujet; j'ai seulement cherché à tracer un odrr
qu'il serait bien utile de remplir par un travail d'ensemble, ou au moins par une série tV
monographies. ••
AlNOS {Aïnou, Aïnouh^ selon les tribus, c*est4"dire hommes, en leur languei.
Race spéciale qui n'habite plus aujourd'hui que Textrémité mérîdionnie in Kam*
tchatka, celle de Tarakaï, les petites et les grandes Kouriles, rextrénûté «eptett-
trionale de l'ile de Yéso et quelques points de la côte de Mandcbourîe, isolés en
qiiekpie sorte du continent par l'Arour et l'Ouasouri-Oula, son affluent. CMt
région est comprise entre le 40' et le 55* degré de latitude nord, le lSS*eile 16<K
de longitude à l'est du méridien de Paris.
A celte race appartiennent aussi les Ghiliékis des captes nisna, las Tafaî H K***-
AlNOS. 5M
diing des Chinois, que Ion ne saurait identifier avec les Tongouses, et qui se
donnent eui-mémes le nom de Fiattas.
L'île de Tarakal on Tcboka ou Ajino-Hoxori, c est-à-dire île ie» Aînosy a été mal
ooDunée, par Broughton, Seghalien (Sakbalien), qui est le nom d'une province de
Nandcbourie et du fleuve Amur.
Quelques auteurs donnent à tort aui Avios le nom de Kouriliens, qui ne désigne
que la partie la moins importante de la conti'ée où ils se maintiennent. Les iles
Kouriles portent le nom des habitants des environs de Lopatka, qui s'y sont établis.
On trouve le lac KuriUko vers la pointe du Kamtchatka.
Le terrain de toutes ces îles est généralement volcanique, d^is Yéso jusqu'à
Poromoachir. Le climat des petites Kouriles est nébuleux et froid, la végétation
rabougrie. La faune y donne quelques fourrures.
L'ile Yéso, qui a un volcan en activité dans le sud, est beaucoup plus tempérée
et un peu moins humide : ses collines sont boisées de charmes, de chênes et de
diverses espèces de saules.
Les Aînos sont regardés comme de race blanche, quoique la plupart des voya-
sfQrs leur attribuent un joint basané ou plus ou moins brun. Desmoulius, qui eu
parie d'après les relations russes et hollandaises, dit qu'ils ont le teint a d'un brun
ioncé, presque de la couleur des écrevisses vivantes, quoique leurs enfants naissent
Uancs. » H. R. Undau, qui les a visités tout fécemment, dit qu'ils sont de couleur
Uancfae, quoique de teint basané, et que leius yeux, noirs et doux, sont droits
romme ceux des Européens.
Leur caractère le plus singulier est l'abondance des poils noirs dont leur corp»
Hst couvert : fait d'autant plus significatif que les peuples dont ils sont entoura.
Japonais, Chinois, Mandchoux, Tchouktchis, sont presque glabres. La pilosité des
.Udos est attestée par tant de traditimis et de témoignages, qu'on peut l'admettre
comme certaine, malgré le silence du P; de Angelis, qui a séjourné chez eux au
dix-septième siècle, mais qui était plus occupé de les catéchiser que de les observer,
et malgré le doute émis par Krusenstem, qui s'est peu arrêté sur leurs rivages, et
qui a bien pu n'observer que des métis. De Angelis, qui ne parait pas être allé plus
3U nord que Matsmaï, rapporte seulement que les sauvages qui y viennent vendre
da poisson ont la barbe jusqu'au milieu du centre. Quant à Krusenstem, il dit
iui-même que les relations qu*on a de Yéso peignent les habitants comme des
tummes velus par tout le corps. Selon Desmoulins, aussi haut que l'on remonte
dans Thistoire, à l'aide des traditions chinoises, c'est4-dire vingt-trois siècles
annt notre ère, il est question de ces barbares vehis ; et six siècles avant cotte ère,
ik étaient en possession de l'île de Yéso et des provinces au nord de Nippon, Dana
les anciennes cartes de Hercator et de Hondius, les iles Yéso, Kouriles, Tarakaï,
âont nonunées Satyrorum insulx.
Malte-Brun {Géographie, éd. Huot, t. IX) cite deux mémoires japonais récents,
qui établissent le fait de cette villosité. De Vries (Foya(/£ du Castricmn), Spangberg,
lieutenant du commandeur Bering, La Pérouse et ses compagnons de voyage, con-
firment les témoignages des Chinois et des Japonais. Le docteur RoUiu décrit
amplement (de La Pérouse, Voyage, t. IV) les Aïnos qu'il a observés dans l'ile de
Tcboka. H dit qu'ils sont de taille médiocre (H. Lindau dit : fort au-dessous de
notre moyenne), trapus, fortement constitués , avec un peu d'embonpoint; qu'ils
oQt le visage large et rond, le nez court, arrondi et dilaté au bout, les yeux vifs»
liai fendus, le plus souvent noirs, les lèvres peu épaisses et d'un incarnat obscur,
la peau basanée chez les deux sexes. Il (ajoute : « Ces insulaires sont trèfrrbarbus et
5SS AlNOS
très-\elus; » et encore : « Ils ont le corps barbu et velu plus qu'on ne Test en
Europe. » — Broughton va plus loin, <}isant que leurs entants mêmes sont comiru
de poils longs et noirs dès Tàge de cinq ans. Et, d'après les relations que cite Malte-
Bnm, on trouverait dans les petites Kouriles quelques femmes aussi velues que
les hommes.
Les Japonais appellent Tile Yéso la terre de Mo-sin (c'est-à-dire des peupU
velus). Leurs traditions rapportent que les Mosins occupèrent jadis les parties sep-
tentrionales du Japon jusqu'à la montagne Ojama, et qu'ils furent succeasiTemeiit
repoussés par les conquérants.
Leur langue, agréable et cadencée, n'appartient à aucun autre peuple, et n'apas
de conformité avec celles des Kamtchadales, des Mandchoux et des Japonais, leun
voisins. Elle a fait pourtant dans le sud quelques emprunts i la langue de ue»
derniers.
Vater et Chwastow ont réuni des vocabulaires de plusieurs dialectes ainch
La Pérouse en donne un de l'Ile Tchoka (Voyage ^ t. III) , et Broughton, un de Tile
d'Insu (Yéso, ainsi la nomment les Aînos). Il est facile de voir par ce dernier qu.
la langue de Mo*sin est sans affinité avec celles du Japon, de Likeujo ou de Lunv
La Pérouse dit que les Aïnos ne ressemblent en rien ni aux Chinois ni aui îjr-
tares par l'extérieur, et bien peu par les habitudes morales.
Leurs formes et leurs mœurs les rattachent à la race hyperboréenne (décrite for
Lesson, in Balbi Ethn.). Très-superstitieux, ils refusèrent à La Pérouse et à ^
compagnons de laisser prendre la mesure des diverses dimensions de leur corp^.
craignant que ce ne fût une opération magique. Ils ont la physionomie agréable, !<
caractère doux, paisible, généreux et hospitalier. Krusensteni dit que c'est W
meilleur de tous les peuples qu'il ait jamais vus. On leur attribue peu de conmr
dans la souffrance et un grand penchant au suicide. Ils sont polygames ; et dan^
le choix de leurs femmes ils ne s'arrêtent pas devant les empêchements de b pluv
étroite parenté. Les deux sexes portent les mêmes habillements.
Les seuls animaux qu'ils élèvent sont des chiens, dont ils se servent en Itittr
pour tirer leurs traîneaux, et qu'ils engraissent aussi pour se nourrir de leurchnr
ils ne se livrent point à l'agriculture; ils chassent la gaielle ; ils pèchent ; ils o«i~
plètent leur alimentation avec des champignons, des racines sauvages, et avw «it
froment et du riz que leur apportent les Japonais.
Ils se gouvernent patriarcalement : ils vivent entre eux sans lois et sans fu!i'.
faisant seulement quelques libations en l'honneur de la divinité japonaise, p^i'
avoir h pix avec leurs oppresseur, qui les traitent durement et comme ^
esclaves. Ils n'ont ni alphabet, ni calendrier, ni monnaie. Us payent, ousootœnxt
payer un tribut en nature aux Japonais, et fout avec eux quelque conunen •
d'échanges.
Les Aînos nous paraissent être les restes d'une population primitive del'W
orientale, refoulée par les envahissements successifs de peuples plus jeunes et }L^
guerriers, enfin ch:issée de presque tout le continent par les Toungous et oWi.^
de se réfugier dans les îles voisines de sa première patrie. Ils représentent, à I • ^
trémité de l'Aii^ie, ce que sont, à l'extrémité opposée de l'Europe, les Bas-Brttub
l<*s Erses et les Gallois.
Il paniît difficile que ce faible reste d'un ancien peuple, qui ne semble pa^ a^ •
été organi*(é pour la lutte, sul)siste encore longtem|)s dans les conditions artii* ''*•"
et nous nous associons au vœu de M. de Qimtrefag<^, qui a dit dans un écrit rnY-r'
« C'est Tune di»s races sur lesquelles il faut se hâter de recueillir des ren<4 1-.» •
AIRELLE. 335
ments pendant qu*il en est temps encore. » {De VunUé de l'espèce humaine.)
Puthokfçie. Les inflammations de la conjonctive et la cécité sont fort com-
munes pnni les Ainos de Tarakaï : ce que le docteur RoUin attribue à Téclat de
b wxie ci à la fumée qui remplit omstamment leurs cabanes, où ils se réfugient
non-seulement en hiver contre le froid, mais en été pour se soustraire aux mous-
tiques qui pullulent dans ces parages.
• Les maladies de la peau sont fort rares parmi eux, quoiqu'ils vivent dans une
nulproprelé extrême. » On n a vu trace de petite vérole ni de maladie vénérienne.
DaUY et GUILLARO.
Bt&jocRAPiiB. — Outre les voyages cités, on peut consulter : Obrmoiiliiis, Hist. nat. des races
Aml;— RiciABD, /tesMTcAM;— N. Dalu, Mœurt et mo^m;— Qoatrsfases, Broca, Hybridité;
-R. Lrf»Ao \Re9ue des Deux Mandes, 1*' août 18(>5) — Habbatham a donné (Indigetwiu Races)
jeaz dessins et une note sur les Aïnos.
ADISLIB (WUtelaw) . Médecin anglais de ce siècle, pratiqua longtemps, à
Madras, dans les Indes orientales. On lui doit d'importantes recherches sur la
matière médicale de l'Inde et les maladies de cette contrée, dont une partie a
été (Nibliée depuis le retour de l'auteur en Angleterre. — Voici la liste des ouvrages
et écrits divers d'iinsUe :
UaUriûindiea ofHindosUm and Artisans, and AgrictUlurist Notnenclature. Madras, 1813,
M'. 2* édit. sous ce titre - Materia indica, or same Account of those Articles wfrich are
fmpk^ed bff the Hindous or Eastern Nations in their Medicine, Arts and Agriculture, etc.
L»ud., 18i6, S voL in-8. — Avec Smith et le docteur Gbristie : Médical, Geographkal and
ÀfriatUnral Report on the Causes of the Epidemieal Fever, which prevaiM m the Pro-
mce ofCaimtatore, Madeira, Dinigal and Tinnivelly in 1800 to 1811. London, 1816, in-8.
-(^iervaUons on the Cftolera morbus oflndia; a Letter adressed, etc. London, 1825, in-8.
-Obierpations respecting the Small-Pex and Inoculation in Eastern Countries ; with some
kmau, etc. London, 1827, in-4.— On the Use ofBalsam ofPeru f» Sphacelous andPhage-
itnkVkers. In fjond. med. Repository, t. YIII, p. 3M, 524; 1817.— O^x^t^. on the Ixpra
.Msa, or Elepkantiasis of the Greeks, as il appears in India. lu Transaet. ofthe Royal
Uktic Society, etc T. I, p. 2, 282; 1826; et London, 1826, in-4. E. Bgd. ^
Ain. Voy, Manioc.
Am, AIK ATHOSPHÉRIQUE. Voy, ATMOSPHÈRE.
oM HTSTllXE (Vaccinium), Genre de plantes de la famille des
Bruyères et de la tribu des Vacciniées, ou Ericinées à ovaire infère, élevées par plu-
Meurs botanistes au rang de famille distincte. Les Vaccinium ont des fleurs régu-
\kks et hermaphrodites. Leur réceptacle est concave, en forme de bourse, logeant
I ovaire dans sa concavité, tandis que sur les bords s'insèrent le calice, la corolle
etfandrocée. Ces verticilles sont donc épigy nés, comme l'entendait A. L. de Jus-
^eu. Les fleurs sont pentamères ou tétramères. Dans le premier cas, les cinq se-
igles sont courts, unis inférieurement, sans préfloraison appréciable. La corolle
est urcé<rfée, partagée supérieurement en cinq dents ou en cinq lobes. Les éta-
miiies sont libres, en nombre double des lobes de la corolle, et superposées,
moitié aux divisions du calice, et moitié à celles de la corolle. Les anthères sont
^xloculures, se prolongent en un tube qui s'ouvre à son extrémité pour laisser
•^pper le polfen, et sont en outre munies chacune de deux cornes qui seredres*
!«nt lors de l'épanouissement. L'ovaire infère est couronné d'un disque épigyne
qui encadre la base d'un style dont le sommet dilaté se partage en autant de tu-
^ttvnHa sligmatilères qu'il y a de loges à l'ovaire. Celles-ci sont, d'après ce que
AlKËLLE.
..«■ • jt^Hfln* «le KOMi ou quatre, et supei-posées aux divisions île la
•e> toLf^ -Même de chaque loge s'insère un gros piaeentB,ciiar^ fit
.-> litinifK». Le finiit est une baie couronnée des cioatrioes dapé-
1 -. !c j^ ;4Tadaes sont nombreuses et renferment sous leure légu*
iLH ««iti ' iitaan if on albumen charnu.
. .*•«««■ MMti des arbustes ou des sou»4irbrisseaux originaires des réçioiis
■1*. —^ - '^•«ettimniles des Deux Mondes, mais communs surtout en Amé-
-t 11 '^^ nftrowe même jusque dans la région tropicale. Leurs feoilb
» «.imss sta» stipvàes, souvent persistantes. Leurs fleurs solitaires, ou réu-
.u^(^«^|MBv uMyfttrit ordinairement l'aisselle des feuilles.
)«Mtt* <a pins employée est Y Airelle Myrtille (Yaccinium Myrtillus L .
ri, .«iH iMUs-arbrisseau commun dans beaucoup de régions niontucuse^.
iMifanigées et un peu humides» Les tiges, traçantes et quelquefois ln>-
jéâ^iwa^ ouMttoKt des faisceaux de longues racines adventices et donnent luîs-
NMiue t 11;:^ braucbes grêles, anguleusesy qui sortent de terre et se partagent en
^HâMMUx courts» ne surpassent guère deux décimètres de hauteur, chargés de
euùltrs^ olterues ovales ou ovales-aiguës , dentelées, glabres et caduques, k leur
•■2^ile ^ nwatrent, au printemps, et plus rarement une seconde fois en aulonuie,
le cilles fteurs à pédoncule grêle, court et réfléchi, un peu renflé à son sommet.
Leur cucuUe eu iorme de grelot, d'un blanc rosé, est ordinaii-emeut tétninère. le>
\hjùIL étaflùnes sont incluses. Le fruit est de la grosseur d'une forte groseilki
^labr^^ lisse, d'un noir bleuâtre très-loncé et couvert d'une poussière glauque,
(juiuiil ou réci'ase, il tache en un \iolet vineux et laisse échapper de tiès-peiite»
^itiiutf» jaunâtres. Ces baies sont un peu sucrées, acidulés, avec un anière-goài
tade. On les mange en abondance comme rafraîchissantes, et l'on en fait des m-
ii>p!^ et des conserves. Leur suc exprimé a souvent servi à préparer des boisaoïb
^iMployées dans les phlegmasies du tube digestif. D'autres leur aoronlent 1^
UM^ttMS propriétés qu'aux Mûres pour guérir les angines, les diarrhées chroniques.
iHi peut en préparer par fermentation une boisson alcoolique analogue au Mu
dWrlouse. Elles tachent fortement le linge et la peau ; ce qui a inspiré Tidee ii<'
k« employer pour teindre en rouge et en violet. C'est pour la même raumt
qu'elles ortt servi quelquefois à colorer les vins. Les organes de la végétation, n-
lueaux et feuilles, sont assez riches en tannin pour posséder les mêmes propriéd'*^
aalringentes que la Busserole. Aussi servent-elles, dans plusieurs pays da ^M,
au launage des cuirs et des peaux. On croyait autrefois que Virgile, dans s(4i
i^logue II*, avait parlé de cette plante, quand il dit : « Vaccinia nigm Ugm-
iur; » mais cette opinion est aujourd'hui controversée. Il y a longterarps qu'on j
cm qu'il désignait par là un autre fruit noir, comestible et addule, odni de Li
Ronce.
II. V Airelle bourbeuse (Vacdnium uliginosum L.) est un petit sous-Arhûe^ti
i|ue l'on trouve dans les marais des régions montueuses de rEurofie. Ses liraiirliri
sont arrondies, et ses feuilles alternes, obovales, obtuses, plus rarement aigiM«.
éfittisses, coriaces, caduques, glauques en dessous, finement pubesœnles et vn
nées en dessus. Les fleurs réunies en petites grappes ont des corolles oouirur ()<
chair. Les baies sont noirâtres avec des reflets bleuâtres^ et acidulés. On lesnuru*^
un Angleterre où elles sont désignées sous le nom de Whorileberrie$^ pmtr lesdi^
tinguor des fruits de l'espèce précédente qui s'appellent BUlberrien^ et Yan a^Min*
uutt |jar la fermentation elles produisent une liqueur alcoolique daugereuiie. Ivi
lot tta*i(leiitM obaei'vés après l'usage de certaines brassons auxquelles on a mêlé Ar
AlRltifUË. 535
cfo fruits daiis ua but de falsilication. 11 parait que ces baies jouissent' enoore de
propriélés narooliques.
III. VAirMe ponctuée ou d fruits rouges (Vaccinium Vitis^'iàsea L.) est un
[«(it aiixiste abondant dans Test de la France, où il croît dans les pâturages des
uioiUagnes. Ses brandies peu élevées sortent également de terre, diargées de
feuilles obovées, dont les bords s*enrottlent en dessous et dont le sommet est tuntôt
tfnmdi, taiit^ écliancré. Les bords sont quelquefois finement dentés ; et la face
ijiiérieufe est glauque ou blanchâtre, chargée de petites ponctuations brunes ou
uQÎritres qui serrent à reconnaître ces feuilles quand on a falsifié avec elles celles
iabi Busterole {voy. ce mot), dentelles ont Tastringence et, dit-on, toutes les
autres propriétés. Les baies âdnt rouges., aoidules, et se mangent comme ceDes de
ri. Myrtilie.
IV. La Carmdfergej dont Linné et les anciens auteurs avaient fait une espèce
d'Airelle, sous le nom de Vaccinium Oxycoccas^ est devenue le type d'un genre
distinct, sous le nom d^Oxycoccos {voy. ce mot), H. Bailu)n.
L, Ga., n. 483. — > Juss., Gen,, 162. — Enal., Geti.y n. 4353. — Guib., Drog. nimp., III,
7 -A. Rkb., Élém., 111,24. — Lwdl., F^^. Kingd.y 758; Vlor. médic, 383.
Pharmacologie. Sous le nom d'airelle on confond souvent, dans le commerce
de la droguerie, les feuilles de trois plantes distinctes, qui sont TÂirelle ponctuée
Soainium Vitis-iâxa^ L.), TÂirelle Myrtille {Vaccinium Myrtillusy L.), et l'Ai-
Felle Canneberge {Vaccinium OxycoccoSj L., Oxycoccos palustris^ Pers.). {lu\
ÉlâLs-lnis, on recherche beaucoup le Vaccinium macrocarpon pour ses fruits
acides, qui renferment une matière colorante violette qui rougit par les acides et
qui sert à colorer les vins.
Les feuilles d'Airelle ponctuée sont souvent confondues et mêlées dans le coni-
luerce avec celles de Busserole ou Raisin d*ours(i4rbtt(itô Uva ursi), de la même
biuille, mais elles sont moins épaisses, légèrement dentées, et leurs boi ds sont
toujours légèrement repliés en dessous ; les nervures sont très-apparentes à la partie
inférieure, et celle-ci est parsemée de petits points bruns qui lui ont valu le nom
de ponctuée. L*ÂirelIe porte encore les noms de Myrtille, de Raisin de bois,
Brinbelle; elle est très-abondante dans le Nord. Les enfants mangent les fruits,
qu'ils nomment Bluets, Luiets, Maurets; leur saveur est acidulée, agiéable; on
en prépare quelquefois un extrait ou rob, une conserve et un sirop.
Ou peut substituer sans inconvénient les feuilles de l'Airelle Myrtille {V. Myr-
lUluSy L.) et celles de la Canneberge (V. Oxycoccos, L.) à celles de l'Airelle ponc-
tuée; les fruits de ces trois plantes sei^eut à teindre artificiellement les vins; pour
orla on additionne leur jus d'une certaine proportion d'alun. Cette matière colo-
lante a été employée en peinture et en teinture. Les feuilles sont riches en tannin ;
on les emploie c( mme astringentes, à la dose de 15 à 30 grammes pour 1 litre
d'eau; on en prépare un extrait par décoction. Les feuilles, triturées avec de
l'eau, donnent une liqueur qui verdit peu les sels de fer, tout en restant d'aboitl
transparente, formant ensuite un précipité de même couleur. 0. Réveil.
(de afp»| je saisis, j'élève)) souvent écrit à tort ÊftiGHE ou émue,
L'aicigne est essentiellement un crochet pointu et piquant qui termine une tige
ngide et nn manche ou Ude chaîne de longueur variable. On ne doit pas cou-
tondre I airigne avec les crdchets mousses de fortnes variées dont On se sert dans la
536 AIRIfltlE
pratique des opérations pour écarter mi protéger les parties molles. Les anato-
mistes et les chirurgiens se servent d'airignes soit pour tendre et fixer des tissus
très^xtensibles, soit pour attirer, déplacer ou extraire des organes qu'on saisirail
mal ou qu'on ne pourrait pas saisir avec une pince. Le plus souvent ou n'implante
des airignes que dans des parties qui doivent être enlevées, comme certaines tu-
meurs volumineuses, ou dans des organes doués d'une sensibilité obtuse.
Le volume et la forme de l'airigne varient suivant le but. Très-fine, très-délicate
pour certaines opérations qui se pratiquent sur l'œil, l'airigne peut être un instru-
ment solide qui nécessite l'emploi de la force.
Elle peut être simple, à un seul crochet, ou double, ou même pourvue de cro-
chets plus nombreux. Cette dernière variété ne s'emploie que dans des cas spé-
ciaux. Les trousses renferment souvent une airigne simple qui peut devenir double
en faisant descendre un coulant qui maintient rapprochées les deux brandies di-
vergentes de l'instrument.
Quand on fixe une tumeur avec une airigne, il faut toujours tirer dans le même
sens, dans le sens de la courbure des crochets, sans quoi on s'expose à laLv»er
brusquement échapper la partie saisie. On a remédié à cet inconvénient^ qui ^
produit assez souvent, en dirigeant en sens inverse les deux crochets à la nianifrc
de certains tire-bourre. Il faut, avec cet instniment, imprimer au manche mi
mouvement de rotation, et, tant que ce mouvement est maintenu, l'implantation
est ssolide et les tissus fixés peuvent être dirigés dans tous les sens sans crainte de
les laisser échapper.
Si à une airigne de cette espèce on ajoute une gaine gliss.uit sur sa tige li
pouvant recouvrir au besoin les deux crochets, on a un instnmient qui peut être
employé au fond des cavités naturelles, des trajets anormaux, et avec lequel oii t*a
assuré de ne produire aucune déchirure en cas d'échappement. Cet instrument
peut encore servir à l'extraction de certains corps étrangers asseï durs, comme
les balles, les fragments de bois ou d'os, les morceaux de vêtements.
L'airigne dont nous venons de parler est munie d'un manche unique ; si, au lieu
de cela, les crochets sont placés â Textrémité des branches d'une pince, on a h
pince-airigne, souvent désignée sous le nom de pince de Huseux. De même que
pour l'airigne à manche, les formes de ces pinces peuvent varier beaucoup »kw
leur destination. Les plus simples, celles qui sont pourvues de trois ou quatre cru*
chets, sont fréquemment et utilement employées.
Quelques chirurgiens ont placé les crochets aux extrémités de deux tiges gli^
saut parallèlement l'une sur l'autre ; telles sont les airignes à repoussoir de Nar-
jolin, les airignes à coulisse^de MH. Ricord et Desgranges, de Lyon. Quelquefob
enfin, à laide d'un mécanisme compliqué, on a fait décrire aux crodiels des oiou-
vemcnts indépendants des branches, de manière i plonger profondément daib k^
tissus et à les attirer vers la main de l'opérateur. Robert avait fait construire une
pince de ce genre pour les polypes de l'utérus.
Les appareils de réunion, de rapprochement des tissus à l'aide desquels les ih-
rurgicns ont cherché, à une certaine époque, à obtenir la guérison des fislub
vésico-vaginales, ne sont en définitive que des pinces-airignes appropriées è nn
but spécial. De tous ces essais, aujourd'hui abandonnés, il n'est guère resté qu'un
très-petit instrument appartenant à la catégorie des pinces-airignes, c'est h ^^m-
fine de Vidal de Cassis, définitivement adoptée par la pratique dans tous le« a»
où les lambeaux à mettre en contact sont souples, minces et exempts de tiriilk^
meiits. U. TaiUT.
AISSELLE (amatuhik). 537
• ri:. On désigne sous le lioni A* aisselle, creux de l'aisselle, creux
'. / dlnirt\ la cavité comprise entre la face supérieure et interne du
liiurav. C'est une des régions les plus importantes du corps.
1 Anaiooile. Limites, Cette région, révélée à l'extérieur par une remai-
dépression des téguments, parait très-iacile à délimiter naturellement. U
> >t rien cependant. Cela est dû à ses connexions très-étioites avec la région
. ui.iire, et surtout avec la région antérieure et supérieure du thorax, décrite par
. LaULs auteui's avec la région axillaire. Nous nous rangeons à l'avis de ceux qui
K^ rivent isolément le creux de Vaisselle comme région distincte. La description
iiatoDiique ainsi fiûte répond très-exactement aux besoins de l'étude pathologique
et aux données de la médecine opératoire.
L'aisselle nous ofliira à étudier : quatre parois, une base, un sommet, et, enfin,
b cavité ou creux de l'aisselle lui-même, avec les parties importantes qu'il cou-
lient. Ce sera surtout l'objet de notre description.
A. Parois, On les distingue en parois antérieure, postérieure, interne et
eiterue.
La paroi antérieure ou pectorale est formée par les muscles petit et grand pec-
toni et les aponévroses qui les recouvrent, ainsi que par les téguments qui les
reréteiit. Plus ou moins épaisse chez les sujets musclés ou gras, elle est presque
tiaochaiite chez les sujets peu musclés ou maigres. Le grand pectoral seul existe
inférieurementy et la saillie qu'il forme constitue le bord antérieur de l'aisselle.
La paroi postérieure ou scapuhire est formée en bas par les muscles grand dor-
sd et grand rond ; en haut, par le muscle sous-scapulaire. A ces muscles appartien-
nent également des feuillets ou enveloppes aponévrotiques.
La paroi interne ou costale répond à la paroi latérale et supérieure du thorax,
nsoQverte à ce niveau par les digitations du muscle grand dentelé.
U paroi externe ou humérale est la plus petite, mais la plus importante. C'est
à cette &oe que répondent les gros vaisseaux et les gros nerfs de la région. Sur
cette £m» s'insèrent les tendons du grand pectoral, des grand rond et grand dorsal
réonis. Cies insertions se font sur les lèvres de la gouttière bicipitale ; dans cette
gouttière glisse la longue portion du biceps. Au-dessous, si le sujet est supposé
couché et le bras pendant le long du corps, se rencontre le faisceau très-important
fonné par les muscles coraco-brachial et biceps réunis. Ce faisceau musculaire est
^ effet satellite de l'artère axillaire, qui longe sou bord interne et postériem*,
enfin, l'extrémité humérale du muscle sous-scapulairo et l'extrémité supérieure de
la longue portion du triceps. H. Halgaigne a justement insisté sur la disposition de
«s deux derniers muscles lorsque .le bras est élevé. Le sous-scapulaire, qui croise
presque transversalement la direction des muscles précédents, lorsque le bras est
pendant, leur est au contraire presque parallèle dans la position élevée : ce muscle
est alors fortement tendu, et recouvre la face interne de l'articulation et de la tête
homérale. Le triceps, également tendu sur la partie inférieure de l'articulation et
de la tète humérale, est caché en partie par la saillie du grand rond et du grand
liofsal. Entre ces deux muscles il reste un espace étroit en foime de boutonnière,
dans lequel apparaît à nu la capsule de l'articulation scapulo-humérale, incomplè-
tement soutenue et protégée en ce point. Ces notions anatomiques sont importantes
à bien connaître au point de vue de l'étude de la luxation de Tépaule.
Le sommet de l'aisselle résulte de la rencontre de ses parois. Il est évidemment
rc(râenté, ainsi que l'indique H. Hichet, par l'espace compris entre le bord supé-
oicT. ne. U. 32
558 AISSELLE (anatomie).
rieur de la première cote, la face inférieure de la clavicule el du muscle souMiia-
vier, et la face antérieure de Tapophyse coracoïde. C'est dans cet espace triangu-
laire que s'engagent les vaisseaux et les nerfs qui descendent de la région sou-vh-U-
vière; c'est par cet espace que l'aisselle communique avec cette région et a^oc- It^
parties latérales du cou.
La base est au contraire entièrement feiiuée, ainsi qu'il résulte de la debcii)»-
tion (|ui va suivre.
B. Cavité ou creux axillaire. Destinée à s'accommoder aux niouvemeul» du
biMs sut le tronc, l'aisselle est fingulièrement extensible. L'étendue de sa cauu*
ollVc autant de variations que les mouvements du bras eux-mêmes. De très-volu-
mineuses tumeura peuvent s'y développer, des corps étrangers^y être placés daib
un but chirurgical. Elle offre à considérer, en procédant de la base au somniH:
1" la peau; 2° la couche cellulo-graisseuse sous-cutanée; 3** l'aponévrose ; 4" uik*
épaisse couche cellulo-graisseuse sous-aponévrotique, dans laquelle on reucoiitrr
de nombreux ganglions lymphatiques; 5° des vaisseaux et des nerfs.
La peaUy brunâtre, garnie de poils, est fixe et d'une très-grande sensibilité ; il
là le nom de chatouilloir donné à cette région par les chirurgiens du moyeu â^c
Elle sécrète abondamment, surtout dans certaines races et cbiez quelques piersoi)ne> :
cette sécrétion est odorante et acre. Elle seiait fournie non-seulement par It^
glandes sudoripares, mais par des glandes particulières, immédiatement appliqutr^
contre le derme, trois ibis plus grosses que les glandes sudoripares, et doul lo
canal n'est pas spiroïde. Ces glandes ont été décrites par M. Ch. Robiu. (Riilnt.
Anat. chir., i"^ éd., p. 873.)
La peau de l'aisselle est toujours exactement appliquée oonti'e la face ihoIoikI'
de la région. Gerdy a donné l'explication de cette disposition en décrivant le/ii/a-
ment stuspenseur de l'aissellCf dont nous reparlerons à propos de l'aponévrose.
lia couche cellulo-graisseuse sous-cutanée présente de larges aréoles cellijl<«-
libreuses contenant une graisse rougeatre assez abondante. C'est dans ces iiiVo)*-^
que se développent les abcès superficiels et circonscrits que M. Velpeau a dtxTit^
sous le nom de tubérifoiwes. Blandin y avait décrit, bien à tort, des gandion>
lymphatiques superficiels.
L* aponévrose se continue avec celle qui recouvre les muscles des paroi>. LU
sépare nettement les parties superficielles que nous venons de décrire de^ ptrlnr»
profondes que nous allons étudier, mais elle est assez mince pour que l'on n'ai*
tache pas à cette séparation une grande importance au point de vue pathologiqut .
Elle est traversée, derrière le Itord antérieur de l'aisselle, par les fibres peqiendi' a-
laires du ligament suspenseur. Ces tractus cellulo - fibreux s'attachent en liant ;<
l'apophyse coracoïde.
Le tissu celluleux sous-aponévrotique remplit toute l'excavation et se continio
avec celui des régions avoisinantes : en avant, avec le tissu cellulaire situé 5<h{« 1'
grand pectoral; en arrière, avec celui qui sépare le sous-scapulaire du grand •!«-•
télé ; avec celui de la face postérieure du bras et de l'épaule, par le trou quadiile
tère décrit pi\r M. Velpeau, et limité par le bord antérieur du sous-scapulain* tii
haut, par le grand rond en bas, par la longue portion du triceps en arrièrr, ci )u.
le col de l'humérus en avant. Enfui, en haut, le tissu cellulaire que nous étuiiin>
communique avec celui de la région sous-claviculaire et celui du cou,|iarri!iUi*
médiaire de la tminéo celluleuse qui accompagne les vaisseaux. Ce tissu tYliuLiii'
est lâche, à larges mailles chargées d'une graisse molle abondante.
Les ganglions lymphatiques , très-nombreux, de la cavité axillaiiv, Siuit di^n-
A1SSELL£ (ahatoiiik). 359
iiués eu plus grand nombre le lou^ des v^ûsseauv ; mais oii en reiicoiilro aussi sur
b paroi interne ou costale, el Tbeile a signalé un ou plusieui*sgauglious superficiels
vers le bord inférieur du grand pectoral (Encyclopédie anat,, l. III, p. 663). Aux
;?aiiglions lymphatiques de Taisselle aboutissent tous les réseaux du membre supé-
rieur, des lombes, du dos et de la partie postérieure du cou, ceux des parties latiV
ntm du troHCy oenx de l'épigastre et de la partie antérieure du thorax, enfin i-eux
des mamelles. De là la Iréquence de Tinfiammation des ganglions axillaires ou de
leur dégénérescence, particulièrement dans les cas de tumeurs cancéreuses du
Uarièrey la veine et les nef'fs forment une couche spéciale qui appartient à la
{nroi externe, sur laquelle sont appliqués les troncs de Tartère et de la veine axil-
laires et les gros oorddis nerveux qui émergent du plexus brachial. Ce. faisceau
vasculo^nerveux est enfermé dans une gaine celluleuse. Bien que sous-aponévro-
tique, il est assez superficiel pour être facilement exploré à travers les téguments.
Ainsi ]esi battements de Tarière peuvent être sentis jusqu*au sommet de l'aisselle,
et le nerf médian (ait relief sous les téguments lorsque le bras est placé à angle
droit avec le corps.
l/artcre axillaire continue exactement le trajet de riiumcralt;. Placée le long du
Uird interne ou postérieur du muscle oocaco-Lrachial, elle vient bientôt se mettix*
M contact du col et de la tête liumérale, et se recourbe seulement alors en dedans
pour se diriger, à travers la région sous-claviculaire, sous la clavicule, au-dessous
àe laquelle on la voit s'engager au niveau de son tiers interne. Il est possible de
comprimer Tartère axillaire le long de l'extrémité supérieure de riiiiménis; nous
nous sommes même assuré, dans de nombreuses expériences, que Ion pouvait y
suspendre le coiuï du sang en faisant élever fortement le coude ; il est facile enfin
de pratiquer dans ce point la ligature de ce vaisseau. Loi'sque le bras, éearté du
corps, re}^H)se sur un plan horizontal, une ligne qui parcourt Faisselle h la réunion
du tiers antérieur de sa p;iroi externe avec ses deux tiers postérieurs donne la
direction de Tartère.
La veine axillaire est unique, très-volumineuse; elle est placée en dedans et un
|ieu en arrière de l'artère; mais elle la déborde et la cache, pour peu que la circu-
htion y soit un peu i-alentie. C'est elle qui se présente la première, lorsque l'on
>fut lier l'artère, et l'on est obligé de l'écarter en la refoulant en arrière. Elle
adhère aux lames celluleuses de la région, ce qui iavorise l'introduction de l'air
pi-ndant les opérations.
Les cordons nerveux sont représentés par le médian, le cutané interne, le cir-
(tmflexe, le radial, le cubital, le musculo-cutané, le circonflexe. Le médian est le
plus volumineux de tous, le plus rapproché de l'artère et celui qui l'accompagne
dans son trajet ultérieur le long de la face intei ne du bras. Néanmoins, l'artère est
en réalité enveloppée par quatre de ces cordons nerveux, médian, cutané interne,
cubital et radial.
Le bord interne du coraco-brachial est donc le seul point de repère infaillible
quand il s*agit de découvrir l'artère. M. Halgaigne a insisté avec beaucoup de rai*
"on sur ce point de médecine opératoire, dont nous avons pu bien des fois apprécier
Timportance.
Outre les gros troncs vasculaires et nerveux que nous venons de décrire, plu-
sif'urs branches secondaires doivent être signalées. II faut cependant remarquer
que la plupart, parcourant les parois de l'aisselle, restent étrangères i^ sa ca«
540 ÂlSSËLLË (pATUOLOGiJc).
Ainsi, ï artère acromiale et la thoracique supétieure appsulieiiiieut à la paroi
aiitérieiue, dans laquelle elles se perdent. La thoracique inférieure m mammaire
externe est accolée à la paroi interne, et descend entre le grand dentelé et les pec-
toraux pour se rendre à la mamelle.
La scapulaire inférieure se détache, comme la précédente, au niveau du bord
inférieur du petit pectoral, derrière le plexus brachial. Cest la plus groflae bnndie
lournie par l'axillaire. Elle descend obliquement le long du bord inférieur du soib-
scapulaire, et fournit deux rameaux : un antériew*, qui continue la direction de
Tartèie et se distribue aux muscles de la paroi postérieure de l'aisselle, un po(>-
térieur plus gros, qui est destiné aux muscles de la partie postérieure de l'épaule.
La scapulaire inférieure fournit en outre des rameaux assez oonsîdérafales aux
ganglions de l'aisselle. ^
Les circonflexes, qui naissent très-près de la précédente, souvent par un tiiMic
commun, sont au nombre de deux. La postérieure contourne l'huméniSy en paasaiil
dans le trou quadrilatère que nous avons décrit plus haut, d'après H. Velpeau ; elk
s'engage bientôt entre l'humérus et le triceps. L'antérieure se porte en avant et en
dehors, sous le coraco-brachial et la courte portion du biceps, en rasant l'os jusque
sous le deltoïde, où elle rejoint la précédente. Elles forment autour du col de l'hu-
mérus un cercle vasculaire qui peut être déchiré dans les fractures.
Les veines accompagnent les artères. Les branches nerveuses sont nombreuse»:
elles sont cutanées ou musculaires. Les premières, représentées par les branche»
qui émanent des intercostaux, traversent le creux axillaire pour se rendre à b
peau du bras; les autres appartiennent aux parois : les nerfs du grand dentelé et du
grand dorsal à la paroi postérieure, contre laquelle ils sont appliqués; les ner^
thoraciques, destinés aux muscles pectoraux, à la paroi antérieure. F. Goio>.
BiBLioGiupiiB : Mby (L), Dûs. sur le creux de Vaisselle. Thèse de Paris. 1817, n* 63. —
Voyez les divers traités d'anatomie chirurgicale.
g 11. Patholofie. Le membre supérieur, en se réunissant au tixmc, doim<*
naissance à une cavité assez exactement ciiconscrite à laquelle on a imposé k
nom d'aisselle ou de creux axillaire. L'anatomie de cetto région ayant été exposée
précédemment, nous n'avons pas à y revenir ; nous nous contenterons de farn*
remarquer que là se rencontrent les divers organes qui vont du tronc vers \t
membre Ihoi'acique et réciproquement. Ajoutons ({uc la région de l'aisselle e&i
caractérisée : 1*> par une peau dont les éléments présentent quelques pailîculanU^
spéciales, telles que des poils, des glandes sébacées et surtout de grosses glande^
sudoripare.> qui forment en ce point une couche prescfue continue; â"" par uii
tissu (X'Uulaire lamelleux très-aljondant, qui se continue avec celui des ^égiol^
voisines ; "ù"" par des ganglions lymphatiques nombreux, qui reçoivent les hmpbj-
tiques du membre supérieur, ceux de la mamelle et ceux de la portion supérieun
des pai'ties latérales du tronc ; 4^ par un gros tronc artériel avec ses branche'
multiples et volumineuses ; 5" par une veine énorme dont les parois août teolK^
béantes, grâce à cetto disposition spéciale des aponé\Toses signalée par Binrd ;
6" par plusieurs gros troncs nerveux.
IjU pathologie chirurgicale de l'aisselle n'olfre rien de bien particulier. IHi
trouve dans cette région les mêmes maladies qui se rencontrent sur les divers
points de l'économie ; cependant i|uelqucs-unes d'entre elles présentent des carx-
tcres ({u'ellcs empiimtont à la région elle-même. Toutes olVrent de plus un intérêt
AISSELLE (pathologie). 5i1
ifui est en rapport avec rpxistencc, dans le creux axillaire, d*nn grand nombre
d'organes importants.
Nous étudierons successivement : i^ les plaies de l'aisselle ; 2^ les blessures par
arrachement; S"* les brûlures; 4® les phlegmons et les abcès; b^ les tumeurs; 6® enfin
iKNis terminerons par quelques considérations relatives au diagnostic des maladies
de cette région, et par quelques généralités sur les opérations qui s'y pratiquent.
I. Finies de l'aisselle. Les solutions de continuité qui peuvent intéresser
l'aisselle ne sont pas très-souvent observées ; la région est en effet peu accessible,
el les violences extérieures s'adressent le plus ordinairement à l'épaule ou aux pa-
rois thoraciques.
Nous laisserons de côté lés plaies faites par le chirurgien, pour ne nous occuper
ici que des blessures accidentelles. On peut appliquer à ces dernières la division
classique de plaies par instruments piquants, trandiants et contondants ; nous
décrirons à part les lésions par arrachement.
Parmi les agents vulnérants, nous citerons les sabres, les épées, les couteaux,
les bûonnettes, les fleurets ; de grandes aiguilles, des fragments longs et pointus de
bob, de verre, de porcelaine, etc., les différents projectiles lancés par la poudre
à canon, etc.
Les plaies de l'aisselle s'observent surtout dans les combats à l'arme blanche,
dans les duels, ou bien à l'occasion de chutes sur les divers objets que nous venons
àe mentionner successivement.
Les plaies par instruments piquants semblent de beaucoup les plus fréquentes.
On observe rarement les blessures par instruments tranchants, mais en revanche les
plaies oontuses et par projectiles de guerre ne sont pas très-rares dans cette région.
Les instruments vulnérants percent rpielquefois directement le creux axilkiire,
d'autres fob ils intéressent l'une des parois de la cavité, et, par Ordro de fréquence,
la paroi antérieure, les parois latérales, et plus rarement la paroi postérieure.
Les plaies de l'aisselle s'accompagnent des symptômes qui se présentent dans
Imites les solutions de continuité. On chserre là comme aiUeursla douleur et l'écou-
lement sanguin; mais ce dernier phénomène est souvent modifié par les disposi-
tions anatomiques de la région. En effet, les divers mouvements et la grande liberté
des téguments de l'ai^lle favorisent la destruction du parallélisme entre les deux
livres de la plaie ; le sang se trouve gêné dans sa sortie au dehors, et il s'infiltre
avec la plus grande facilité, grâce à l'extrême laxité du tissu cellulaire. On peut
dire que les infiltrations sanguines et les épanchements sanguins acc<Mnpagneni
presque spécialement les blessures de la région axillaire.
On comprend très-bien qu'un instrument aigu, pénétrant dans l'aisselle, puisse
produire un trajet étroit qui deviendra sinueux dans certaines attitudes du mem-
bre; aussi a-t-on conclu qu'il pouvait se produire une sorte d'aspiration de l'air
extérieur, et consécutivement une variété d'emphysème traumatique. U crépi-
talion gaieuse s'observe en effet à la suite de quelques blessures de Taisselie,
dans les duels à l'épée par exemple; mais il est loin d'être démontré que l'infiltra-
tion gazeuse soit produite par la pénétration de l'air extérieur. Dans notre thèse
sur l'emphysème traumatique, nous avons rejeté d'une manière presque absolue
cette infiltration de l'air extérieur dans les tissus. Suivant nous, lorsque l'empliy-
^ème se produit, il faut admettre une blessuro du poumon (Dolbeau, Thèse Ao
concours, 1861). Voici comment s'exprime Boyer à ce sujet (Maladies cftirur^i*
«/«, 4* édit., t. VII, p. 208) : f Sans nier précisément la possibilité de l'omphy-
'^*ui^£ • pathologie).
. ..uem doit être fort rare, et que les auteurs qui
. - nmiper sur la direction et la profondeur prisumée
« . uailre pénétrante lorsqu elle pénètre en eflet,cQaiine
ciMsUvr dans la cavité du thorax, qomque dans le lait
kL«A
loiflBeUe peuvent être supedicielles on atteindre b
... . 'Uire les téguments et le tissu cellulaire, ces Uessure>
-s ^n» troncs Tasculo*4fierveux, et même sur rarticnlation
«awrrlMigie demeure toujours le symptême important ; «on
.^•cr la sn^vité de la lésion.
... M. Nunpie, c'est-à-dire lorsqu'elle n'intéresse pas les gros Tai^^
.1^ Mcut. «^ fiîcile, le pronostic est peu ^^e et la goériaon est la
li. j aitkulté coasiste à juxtaposer exactement les lèYres de la pbîp.
»«j«a«H m\ iBonvements qui seraient de natnre à détruire cette réunion;
>Hi^c àouu ici une raison de son application,
v^ .uute ôe dire que les plaies contuses seront toujours {dus graves, et qii*il
K 1 > uiMiiw partout ailleurs, extraire les corps étrangers qui seraient resti^
^.ss^ur di$ la région.
v.4*«/4i (Idiote « Tengourdissement du membre, et même la paralysie, aonlWs
, ,-a»i8^ iie^ lésions profondes ; étudions donc les blessures de l'artère axillaire,
^ « ^ «iK* correspondante, et celles des gros troncs nerveux qui les environnent.
.. ii.\sftires de l'artère. Les plaies qui intéressent l'artère axillaire aont
, ..ikii&euieiii produites par des instruments pointus qui pénètrent directement
,)UA.v .«r ci>^\ de l'aisselle ; cependant la blessure peut s'effectuer à travers b paroi
«.««iK«ite« et même en perforant la paroi postérieure de la cavité, oonme il en
v.s<%' di'ux observations. Les chirurgiens militaires ont souvent l'oocasion de rpu-
.«>4ii4ivt* d«*$ laits dé ce genre; le docteur Jacquot a publié un intéressant mémoire
>t4( )i^ auévrysmes traumatiques de l'artère axillaire (1848).
La <mlution de continuité de l'artère peut être plus ou moins considérable ; dans
umx U'tf cas ces blessures sont graves, à cause du volume du vaisseau lui-même H
ou i^MHou de sa grande proximité du cœur. $i la ]daie est large, le sang coule à
»K4s ^^ ^^ Diort survient très-rapidement ; si au contraire la blessure est petite
i^ k' trajet sinueux, l'hémorrhagie est moins rapide et une syncope peut venir b
xM^li^ndie. D'autres fois c'est une compression faite sur la plaie qui vient mettre
vktMiacItf à la sortie du sang. Dans tous ces derniers cas, la blessure, n'est pas imnn'*'
iliaUMUont mortelle ; nous devons seulement en signaler les effets consécutifs : a
MMil lu guérison spontanée, les différentes variétés d'anévrysmes fiinx, et enlin
riiiiévrysnie artério-veineux. {Vay. Arévrtsiibs de L'AaràaB axiluiire.)
II. tïlesifureê de la veine. Il est rare que la veine axillaire soit seule léséf* : li
Ihiit ritpendant rappeler que dans l'extirpation des tumeurs ganglionnaires de cHU*
)«<^^i<Hl on est quelquefois obligé de sacrifier le tronc veineux. Froriep a rapport*
lin i*xHnple de lésion de la veine axillaire de cause accidentelle. 1^ blessure d«* b
viMiK* M moins grave que celle de l'artère, si toutefois on en excepte la pos^ilii-
lit^ (le rinlroduction de l'air, car il s'agit d'un gros tronc veineux tenu béant au
voiMitmg<^ de la poitrine. J'ai connaissance d'un fait de ce genre.
1^4 diagno4ic des blessures vasculaires est ordinairement facile, surtout au mo-
ttiiMil do Taocident. L'abondance de Thémorrhagie, la manière dont le sang s'éeoult>.
lii roiilmir vermeille de ce liquide, mettent ordinairement sur la voiedu diagnostM.
UM'M|U*on l'Ht appelé plus tardivement, on est parfois très-embarrassé de ;« promm-
AISSELLE (patrologir). 345
ref ; r'est lorsqn il s*agit d'un de ces cas dans lesquels le sang s'est coagulé après
avoir rempli la totalité du creux axillaire.
On peut admettre le plus souvent qu'une artère a été ouverte; mais il reste
encore à déterminer si c'est le tronc qui a été atteint, ou bien Tune de ses bran-
ches. Les commémoratifs peuvent faii-e supposer la blessure de l'artère principale ;
de plus, la lésion a souvent pour conséquence l'engourdissement ou même ia
jwralysie du membre thoracique, et surtout rintemiption du pouls radial.
Le gonflement, l'ecchymose avec trouble de la circulation veineuse, sont les signes
iruoe blessure limitée à la veine axillaire; enfui, le gonflement et l'ecchymose, avec
persistance du pouls radial et liberté de la circulation veineuse, indiquent que les
principaux troncs sont demeurés intacts.
Les altérations de la sensibilité et du mouvement peuvent reconnaître pour cause,
ainsi que nous l'avons dit, la présence d'une tumeur anévrysmale résultant elle-
mône de la blessure de l'artère ; mais on comprend à la rigueur une lésion qui sié-
rait limitée â l'un des cordons nerveux qui traversent le creux de l'aisselle.
Le traitement des plaies artérielles est aujourd'hui parfaitement établi ; il faut
mettre le vaisseau h découvert, et pratiquer la Rgature au-dessus et au-dessous de
ia blessure. Cette conduite, qui n a plus besoin d'être justifiée, oiïre un avantage
réel, presque spécial à ia r^on axillaire. En effet, l'artère axillaire donne des
liTuiches volmnineuses, qui peuvent être accidentellement ouvertes, fournir une
hémorriugie abondante et simuler la lésion du tronc principal. Le diagnostic ana-
Imnique manque le plus souvent de précision, mais il se complétera nécessairement,
^, dans le traitement de la blessure, on procède à la recherche et h la ligature du
vaisseau qui a été ouvert. La compression est ici d'une application difficile, et ses
résultats sont trop incertains, pour qu'on puisse préconiser cette méthode.
M. Blessubes par abrachkiisiit. Dans certaines circonstances, heureusement
tort rares, on observe l'arrachement du membre thoracique. On connait l'observa-
lioii de ce meimier anglais, Samuel Wood, qui guérit de cette affreuse blessure. J*ai
nwi-nieme rencontré un fait semblable chez un jeune enfant qui fut apporté à l'hcV
pîtalSaint-Louii, et qui aussi guérit, sans qu'il eût été besoin délier l'artère axillaire.
Les plaies par arrachement ne présentent aucune particularité importante; nous
«iésifoog seulement nous arrêter sur les déchirures artérielles qui peuvent survenir
i h suite des tractions exercées sur le membre supérieur dans les tentatives do
réduction pour une luxation de l'épaule.
b science possède on certain nombre de faits de déchirure de l'artère axillaire,
survenue k l'occasion des déplacements de la tête humérale. Le docteur Leroy, pro-
hseor à l'École de médecine deCaen, dans un mémoire sur les blessures de l'artère
nilUire, a réuni les principales observations et les a judicieusement commentées
\ Annales de la Sœ. de méd, de Caen, 1860). M. Leroy compte douze cas
(i i^nérrysmes faux primitifs, survenus après les tentatives faites pour réduire des
iniations de l'épaule. Nous y ajouterons une observation du professeur Nélatoii,
"iir laquelle nous reviendrons à l'occasion du traitement (communication orale) .
Les solutions de continuité de l'artère axillaire pouvant se produire pendant la
'^^doction d'une luxation, cet accident suggère plusieurs réflexions. Et d'abord, si
le$ manœuvres de la réduction pouvaient seules occasionner la rupture du vais-
"^n, il y aurait peut-être lieu de se demander pourquoi cette complication est
«"«we relativement trè^rare. En étudiant les faits, on voit bien que la déchirure
^ l'artère a pu se produire sous l'influence de tractions exagérées. Platner en
544 AISSELLE (pathoioqib).
cite un cas (Platner, Institutiones chirurgix, p. 598). On voit également que
l'action de Tambi, Teroploi^de la porte, ont pu causer la blessure; maîsàcôtif
on constate que dans une observation due à H. Nélaton {ÉlémenU de Pathologie'
les tractions furent douces et ménagées, ce qui n emp^ha pas la déchirure «if
l'artère. Parmi ces cas malheureux on compte certainement des luxation*; an-
ciennes, pour la réduction desquelles il a fallu nécessairement employer unt^
grande puissance ; mais l'accident s'est également produit à l'occasion de luxations
récentes; ainsi l'une d'elles a été réduite immédiatement après sa pnidociîon, onr
autre datait de onze jours seulement.
liCS quelques considérations qui précèdent sont déjà de nature à mettre borv
de cause, jusqu*à un certain point, la violence des tractions dans le mécanisme de«
déchirures artérielles. Les autopsies ont de plus révélé certaines lésions patbok
giques de l'artère, susceptibles de bien expliquer la production de la rupture.
Dans un cas observé par Âug. Bérard, dans celui que H. Nélaton mentionne dajb
son livre et dans quelques autres, l'artère présentait ces dépôts crétacés qui don-
nent aux parois vasculaires une frialiilité bien ccmnue. Dans le fait de Gifason, din«
ceux de MM. Flaubert et Leudet, on a constaté des adhérences pathologiques de
l'artère axillaira avec l'os déplacé ou avec la capsule articulaire. Dans tous ces cas,
les tractions ont eu pour effet de déchirer par allongement un vaisseau déjà malade,
ou bien les efforts de la réduction ont eu pour résultat la destruction brusque des
adhérences de l'artère, et par suite la perforation du vaisseau. On peut encore exoné-
rer les tentatives accidentelles, en faisant remarquer que la violence qui produit b
luxation peut bien à elle seule déchirer les parois art^elles. SYïDe(AJixkivesgéné'
mies de médecine, 3* série, t. IV, p. i02) rapporte l'histoire d'un malade qui lot
jeté4iors d'un cabriolet: l'individu tombé sur l'extrémité du membre, sur lepou«>
gauche ; surviennent bientôt de la douleur et du gonflement de l'aisseUe, et ori
reconnaît non pas une luxation, mais un vaste épanchement tenant à la déchimn*
de l'artère. Dans ce cas, il est bien évident que la lésion artérielle a été prodoit»*
par la cause vulnérante, qui aurait pu tout aussi bien déterminer la luxation.
L'ensemble des faits autorise donc à conclure que la déchirure de l'artèfv
axillaire reconnaît pour causo certaines conditions analomiques du vaisseau ou de
la luxation. Dans quelques cas, de réelles imprudences commises pendant b
réduction ont pu provoquer un pareil accident, mais il ne faudrait pas arguer de
quelques faits isolés contre le traitement des luxations anciennes, lorsque pour cin
d(*mières les manœuvres sont exécutées sagement et suivant les règles de l'art.
L'examen cadavérique des cas malheureux auxquels nous venons de faire allu-
sion a permis de préciser la nature des lésions que peut présenter l'artère axillaire.
Une question importante doit d'abord être soulevée : lorsque rhémorrtiagie se pro-
duit, l'artère est-elle rompue complètement ? ou bien la solution de oontinnitr
n'intéresse-t-elle qu'nne partie de la circonférence du vaisseau? ou bien encore U
plaie porte-t-elle sur les trois tuniques ou sur deux seulement?
Toutes les observations n'ont pas été suivies d'autopsie, mais on peut supposer que
dans les cas où l'on a constaté soit la mort brusque par hémorrhagie, soiteocore U
gangrène rapide du membre, l'artère avait été complètement arrachée. Cette lésion
a du reste été notée par H. Leudet, puis par Gibson, Bérard et Syme. Quelquefois
les deux tuniques internes se rompent, mais l'externe reste intacte et se dilate soo^
l'action du sang; on comprend ainsi la rupture pendant les tractions répétées, on
même par suite d'un arrachement portant sur des adhérences qui se seraieiit établi-^
entre û poche anévrysmale déjà formée et la tète ou la capsule articulaire.
AISSELLE (pathologie). 345
Les cas de rupture incomplète paraissent moins fréquents : la déchirure partielle
a été vérifiée à Tautopsie dans un cas de Gibson, dans le fait de M. Nélaton et dans
i^lni de Dupuytren. Quant au siège précis de la lésion, il n'est pas toujours indi-
qué; mais lorsque les auteurs ont vérifié cette circonstance, chose remarquable, ils
ont constaté que la solution de continuité existait au voisinage de Torigine de l'ar-
tère scapulaire commune. C'est là une condition assez dé&vorable pour la guérison
au moyen de la méthode d'Anel : ainsi, dans l'une des observations de M. Nélaton,
rhémorhagie s'est reproduite après la ligature, et on a pu constater que le sang
avait été rapporté dans le sac par l'artère scapulaire qui naissait exactement en
lace de la plaie artérielle.
Pour terminer avec ces données d'anatomie pathologique, je mentionnerai une
particularité curieuse. Dans les deux faits de rupture observés par M. Nélaton, et
probablement dans celui de Dupuytren, le sang avait envahi la cavité articulaire ;
dans l'un des cas, il en est résulté une arthrite purulente de l'articulation scapulo-
kumérale.
Quelques préceptes peuvent être formulés dans le but de se mettre à l'abri d'une
complication aussi fâcheuse que celle de la déchirure de l'artère axillaire. Il faut
explorer le pouls radial; en examinant avec attention, on pourra constater le dépôt
de matières crétacées dans les ^wsseaux; enfin l'absence de battements dans les
artères de l'avant-bras pourra faire soupçonner une altération de l'axillaire, ainsi
que cela a été vérifié dans l'observation de Bérard. Quant aux adhérences de
Tarière, elles semblent résulter d'une phlegmasie consécutive à la luxation ; de là
découle le précepte donné par M. Malgaigne de ne point toucher à une luxation,
tant que l'inflammation persiste. M. Jacquot conseille également de s'enquérir
avant de réduire une luxation ancienne, si le déplacement a été déterminé par une
«"ontusion violente suivie d'inflammation. J'ajouterai que dans toutes les luxations
récentes il sera toi^ours sage d'explorer l'artère axillaire, afin de s'assurer qu'elle
n*est ni rompue, ni le siège d'un anévrysme commençant.
Le diagnostic des ruptures de l'axillaire, survenues à l'occasion des tentatives de
réduction, est généralement assez facile. Voici comment les choses se passent :
quelquefois, pendant les efforts d'extension, on voit apparaître une tuméfaction
du creux de l'aisselle ; ce gonflement s'accroît peu à peu, et en même temps le
malade présente tous les phénomènes de Thémorrhagie interne. Dans ces cas, le
pouls radial cesse de battre. L'apparition de la tumeur est parfois si rapide, que
Desault, et après lui M. Leudet, ont pu croire qu'il s'agissait d'un emphysème.
Les choses se présentent quelquefois d'une manière différente. La luxation est ré-
duite, mais le membre reste engorgé; puis, au bout de quelques jours, de quelques
semaines, de trois mois (cas de Dupuytren), apparaît une tumeur qui va croissant
et qui présente les caractères de l'anévrysme. Enfin, dans quelques cas, la réduction
est suivie de la paralysie d'un ou de plusieurs nerfs du membre supérieur, et
bientôt on s'aperçoit que ces troubles de la motilité doivent être rattachés à la pré-
sence d'une tumeur qui offre tous les signes d'un anévrysme.
Lorsque l'épanchement du sang se fait rapidement, le diagnostic est simple;
il faut explorer le pouls radial, cela suffit. L'erreur de Desault étant connue, elle
ne doit plus être renouvelée. L'apparition tardive d'une tumeur axillaire pourrait
un peu surprendre le chirurgien ; Dupuytren prit l'anévrysme pour un abcès et l'ou-
vrit. Cependant dans tous les cas la tumeur est animée d'un frémissement carac-
téristique, et l'on peut y percevoir un bruit de souflle.
On comprend qu'une phlegmasie intercurrente puisse compliquer le diagnos-
346 AISSELLE (pathologir).
Uc ; dans cette circonstance, les commémoratifs, l'examen An pouls radial, permet-
traient d éviter l'erreur.
Le traitement des déchirures de Tartère est chose assez difficile. La rupture com-
plète de l'artère, suivie d'un épanchement considéi*able et immédiat, ne oomporlp
^ère que l'application des réfrigérants ; l'ouverture de la poche et la mort par
hémoniiagie est la terminaison presque inévitable de cet accident. La désarticulv
tion de l'épaule serait dans ce cas la seule branche de salut, et il est inutile d'in-
sister sur la gravité extrême d*nn pareil remède. Comme résultat de ces déchirai es
complètes de l'artère, on a encore observé la gangrène de l'extrémité du merobn».
Lorsque l'épanchemenl est circonscrit, lorsque surtout l'anévnsme a pour paroi
la tunique externe de l'artère demeurée intacte, la thérapeutique chirurgicale per-
met d'espérer une terminaison meilleure, et c'est ainsi qu'a été pratiquée, a ver dis
résultats variables, la ligature de la sous-clavière. {Voy. Amévrtsiie.)
La guérison spontanée des déchirures de l'artère axillaire, qui succèdent ain
tentatives de réduction, doit-elle être attendue? Telle est la question que iioii«
posons actuellement. Lorsque la déchinire est complète, les accidents sont immé-
diats et promptement .«suivis d'une issue funeste ; au contraire, lorsque la tunique
externe a été conservée, et alors que l'anévrysme se prononce, faut-il intervenir ou
abandonner la maladie aux efforts de la nature ? On sait combien la cnre spontanée
des plaies d'artères est difficile à obtenir ; ce n*est gtière que dans des oonditioiK
exceptionnelles qu'on voit la solution de continuité se fermer définitivement. Voici
comment Ics^ choses se passent le plus souvent : l'anévrysme grossit, puis se rompt,
(*t alors l'aisBelle se remplit d'un vaste épanchement sanguin. Si les malades ne
succombent pas, le foyer sanguin se circonscrit, puis l'inflammation s'en em|iarp.
la |)eau se mortifie, et, à la chute des eschares, une hémorrhagie subite emporte le
patient. Dans une observation de M. Nélaton, la guérison a cependant en lieu; nous
allons exposer ce fait succinctement, mais comme une exception sur laquelle on m*
doit pas compter. Dans ce cas heureux, les caillots ont été éliminés, la plaie arté-
rielle s'est cicatrisée ; enfin la malade a résisté aux dangers d'une suppnratimi
abondante de l'articulation de l'épaule.
Voici le fait : Une luxation de l'épaule est méconnue ; au bout de vingt jours,
tentatives infmctueuses de réduction, douleurs vives ; au trentième jour, rédoctim
de la tête après de nouvelles tractions. Quinze jours plus tard, paralysie du ncrl
radial et des muscles auxquels il se rend ; on conseille l'électricité. Quinse jonrs
plus tard, c'est-à-dire soixante jours après l'aocident, on constate dans l'aisselIc
lexistence d'mie tumeur anévrysmale du volume du poing ; on essaye i^inemenl
de comprimer. La ligature de la sous-clavière est décidée ; mais quelques jour^
après on s'aperçoit que la tumeur a diminué, que les battements sont moins in-
tenses, en un root on trouve tous les signes d'une guérison spontanée qui va tiNi^
les jours se confirmant. Nais tout à coup de nouveaux symptdmes apparaissent, l«*
creux de l'aisselle se remplit bnisquement; bientôt une tuméfiM!tion considénlJ^
envahit toute la région et s'étend jusque sur le cdté du cou. 0 est évidentque fanA-
vrysme s'est rompu; la gravité de la situation est encore accrue par Texistence d«»
phénomènes cérébraux qui ne permettent même pas de songer à une tenlsti%r
quelconque, toute |)érilleuse qu'elle serait. La mort parait ne devoir point lanlfT
à mettre fin à toutes les hésitations.
(Cependant les jours se passent, la malade résiste ; une large eschare se montre Mir
la peau du creux de l'ais-selle, et d'un moment à l'autre on s'attend è la chute des parties
mortifiées et à une hémorrhagie mortelle. Que fairo? Les cbinirgiem hésilenl. L'in-
AISSELLE (patiiologik). 347
flainmaikMi suiTÎent , puis l'eschare tombe, et après elle la suppuration entraîne succès-
sÎTODeiit d'énormes caillots stratifiés; mais, chose singulière ! le sang ne parait pas,
d bientôt on acquiert la certitude que la plaie artérielle est bien cicatrisée. Cepen-
dant nouvelle complication, rinilammation a gagné Tarticulation, et il est à craindre
que la malade ne succombe épuisée par l'abondance extrême de la suppuration.
J'abrège, et je termine en disant que la guérison a succédé à tous ces accidents, et
que la simple expeclation a snfli pour procurer une cure aussi heureuse. La malade
ronserve toujours une paralysie incomplète du membre supérieur.
Le fait que nous Tenons de rapporter renferme un enseignement que Ion jieiil
forranler ainsi : lorsqu'à la suite d'une réduction de luxation il survient un ané-
vrrsme, malgré la marche lente de l'accident, et quoique la tumeur soit petite et
inraisse même rétrograder, il ne serait pas sage de compter sur la cure spontanée
de la Messure artérielle ; la guérison est exceptionnelle et s'obtient au milieu de
mille dangers. Nous devons donc essayer de préciser quelle doit être la conduite du
chinir^en en présence d'une complication aussi sérieuse.
Si nous laissons de côté les cas où la rupture entraîne une mort rapide par
bémorrfaagie, comme cela arriva à Delpech qui perdit :;on malade pendant les
efforts de l'extension, nous voyons que dans tous les faits on aurait toujours eu le
temps d'instituer une thérapeutique chirurgicale. Ainsi, dans le cas deWarreii, ce
ne fut que trente-huit jours après que la tumeur se rompit. Ce malade est du reste
le seul qui ait guéri, et cela par la ligature de la sous-clavière.
Parmi les moyens qu'on peut opposer au progrès de ces anévrysmes diffus, dont
la terminaison constante est l'hémorrhagie, il y a la compression, la ligature par
la méthode d'Anel, c'e6t-à-dire de la sous-clavière en dehors des scalènes, la liga-
ture des deux bouts de l'artère blessée, et enfin la désarticulation du membre.
La compression, dont on connaît aujourd'hui toute l'utilité dans les plaies
artérielles, serait évidemment le premier moyen et peut-être le meilleur à em-
ployer, mais son application est ici presque impossible. En effet, les appireils
ffni ont été imaginés pour comprimer la sous-clavière sont d'tme effic^'icité très-
donteiise, la compression digitale elle-même se fait si imparfaitement, qu'il n'y a
pis lieu de recourir à l'emploi de ces moyens. Il faut ajouter que dans ces cas lu
toméÊKtion considérable de l'aisselle a pour résultat de porter le moignon de
réfBuJe en haut, d'élever la clavicule, et par conséquent de rendre la sous-cla-
vière presque inaccessiUe.
La ligature, suivant la méthode d'Anel, paraît avoir eu la préférence des chinn*-
^riens qui ont eu à traiter des ruptures de l'axillaire ; c'est par ce moyen que
Warren guérit son malade, ainsi que nous l'avons déjà dit. Hais à côté de ce succès
nous trouvons un premier cas de M. Nélaton, dani» lequel la ligature de la sons-
rlavière n'empêcha pas la tumeur de se rompre, accident qui entraîne une mort
rapide. Gibson fit également la ligature de la sous-clavière le lendemain de
Taocident, mais le cinquième jour la gangrène apparut avec le délire précurseur
df» la mort, qui arriva le lendemain.
On sait combien la ligature, suivant la méthode d'Anel, est une ressource incer-
taine lorsqu'il s'agit des plaies artérielles; cependant, suivant M. Malnaigne, toutes
\t^ fms que la ligature du bout supérieur a été appliquée dans les premières vingt-
quatre heures après l'accident, elle a réussi de la manière la plus complète, tandis
que, appliquée douze ou quin/e jours après la blessure, le retour de l'hémorrhagie
par le bout inférieur a été en quelque sorte la règle. J'ajouterai que les autop-
"^•^^ dénMNitrent que la nipture artérielle se produit dans un point voisin de l'ori-
548 AISSELLE (pathologie).
gine de la scapulaire commune, c'est-â-dire dans des conditions généiTilemenC
favorables à la production de Thémorrhagie, par suite du retour du sang par une
collatérale trop voisine du sac anévrysmal.
L'observation clinique et la théorie viendraient donc militer en faveur de la liga-
ture des deux bouts de Tartère, dans le point blessé ; mais on comprend de suiU;
combien une semblable opération est de nature à soulever d'objections, eu égard aux
nombreuses diflicultés dont elle serait nécessairement environnée. En eflet, quoi de
plus laborieux et de plus périlleux que d'ouvrir le creux de l'aisselle pour aller, au
milieu d'une masse de caillots sanguins, rechercher l'artère axillaire? (i'est s'exposer
h une hémorrbagie redoutable, sans la certitude d'arriver jusqu'aux vaisseaux. Ce-
pendant on ne saurait méconnaître, d'une part, la gravité de la lésion, puisque
tous les malades sont morts, à l'exception de celui de Warren ; d'autre part, l'insuf-
(Isance de la méthode d'Anel, puisqu'elle n'a procuré qu'une guérison inespérée.
Faut-il donc, à l'exemple de Syme, désarticuler l'épaule? En vérité, malgré le
succès obtenu par ce chirurgien, nous n'hésitons pas à repousser une pareille
pratique, et voici comment nous conclurons dans une question aussi litigieuse. Si
l'anévrysme est reconnu dans les huit ou dix jours qui suivent la réduction de
l'huménis, il faut, sans attendre davantage, lier l'artère sous-clavière en debois
des scalènes. Si au contraire on est consulté pour un anévrysme datant de vin^-
cinq, trente ou quarante jours, et dont le volume va en augmentant, il fautoavhr
largement le creux de l'aisselle et aller à la recherche du vaisseau lésé. Dans
tous ces cas, nous considérons comme une précaution indispensable de jeter une
ligature provisoire sur la sous-clavière, afin de se mettre à l'abri d'une bémorrhaj^ie
foudroyante. — l^arrey père, Dupuytreu et Roux ont pratiqué cette opération avec
succès pour des anévrysmes diflus de l'aisselle, survenus à l'occasion de hlessore
de l'artère. — r Dans un cas analogue, H. Laugier a fait précéder la ligature des
deux bouts de l'artère divisée, par c^lle de l'axillaire au-dessus du petit perlonl.
(BuU.deCAc, de méd,, t. Y, p. 510.)
Pendant les efforts de la réduction de la tête hnmérale, on a quelquefois lu
apparaître tout à coup des gonflements énormes, sans que le pouls radial eût oe^^
de battre. H. I^eudet, après Desault, puis M. Halgaigne, ont observé des faits sem-
blables. Cet accident est effrayant au moment où il se produit, mais la pernstancv
du pouls radial doit rassurer le chirurgien. Cet épanchemeiit de sang, qui doit tenir
» la déchirure de petites artérioles musculaires, se guérit assez proroptenient.
La rupture des troncs veineux est encore plus rare, du moins isolée d'autre»
lésions plus sérieuses. Froriep, avons-nous dit, en a cité un cas.
Pour terminer avec les lésions par arrachement, survenant pendant les tradimi»
pour obtenir la réduction de l'humérus luxé, je rappellerai les paralysies plus ou
moins étendues et surtout plus ou moins curables qui se montrent au moment ou
quelques jours après l'opération. Ce sont tantôt de simples tiraillements de«
nerfs, suivis d'engourdissement ou bien d'inflammation dans les cordons neneai ;
mais d'autrefois il y a de véritables arrachements. C'est ainsi que M. Flaubert a \n
constater à l'autopsie que les quatre dernières racines du plexus cervical étaienl
arrachées de la moelle au niveau de leur implantation. La moelle elle-même était
le siège d'un ramollissement très-évident. (Flaubert et Ix^udot, in Héperîoire
d'anat. et de phyriol., 1827; 1. 111, p. 55.)
Le plus souvent les symptômes surviennent sans que les tractions aient été tr^
énergiques, aussi les phénomènes paralytiques finissent-ils par disparaître. )Ui>
lorsque les nerlîs sont arrachés au niveau de leur origine, la lésion est incurable ;
I ■>
AISSELLE (pATUOLotiiK). 549
vie d'une iiifiamniation mortelle de la moelle. Les tetilalives
'^ incriminées ; en restant dans de sages limites on évi-
^Us malheurs.
* "e des lésions traumatiques qui peuvent
^es vastes brûlures qui intéressent à
Midante de lu paroi thoraci(|ue.
un\{\cs et que la suppuration dure
(iiiLiciices qui réunissent le bras à la
s «lu membre thoracique.
(Iirz lu<|ueUe le coude était appliqué au
(Il 1 iiissoUe, laquelle se transformait en une
! ^<()iie, lorsqu'on essayait de porter le bras dans
'' a\fi- buccès un homme qui, à la suite de brûlures,
({iii unissaient le bras et Tavantrbras à la poitrine; lir
.• (]uaLorze ans à se cicatriser. J'ai moi-même rencontré
Il M rvice de Thôpital Sainte-Eugénie.
brûlures sont rares, mais dans des circonstances semblables
. .il( I la cicatrisation et faire en sorte que les adhércnces ne s'éta-
iiirr le bras et la paroi thordcique. Dans le cas où Ton aurait à traiter
Me difformité, il faudrait détruire les adhérences, éloigner le bras du
:• ( lurcher une cicatrisation isolée, et au besoin mettre à contribution les
: u^<fs ressources de l'autoplastie.
1\. Pulegmâsibs DE L*AissELLB. Le creux axillaire est le siège de phlegmasîes
relativement assez fréquentes. On a divisé ces inilanunations en plusieurs variétés
qui correspondent chacune à un élément ou à une couche anatomique particulière
de la région ; du reste, ces divers phlegmons ont une marche et une gravité qui
^ent suivant leur espèce, circonstance qui est de nature à bien justifier l'étude
isolée qu'on bit de chacun d'eux. Ajoutons qu'il est très-fréc{uent de voir réunies
»ur le même malade plusieurs des variétés de la phlegmasie.
Les inflammations de l'aisselle sont souvent de cause spontanée ; néamnoius les
diverses plaies qui intéressent les doigts, l'avaut-bras ou le bras, les lésions du
cou, les gerçures et crevasses du sein, etc., peuvent s'accompagner d'une angio-
feudte,et par conséquent *d'unc adénite axillaire. On observe également dans cette
région ce qu'on rencontre plus ordinairement sur les membres : je veux parler de
œs pMegmasies du tissu cellulaire qui se développent sur le trajet des vaisseaux
lymphatiques enflammés. Le creux de l'aisselle est riche eu tissu cellulaire;
aussi l'inflammation s'y établit-elle facilement : plusieurs faits bien observés nous
ont démontré que non-seulement des abcès profonds de cette région, mais encore
des phlegmasîes sous-cutanées peuvent avoir pour cause une angioleucite tenant
('Ile-méme à une écorchure des doigts ou du mamelon.
M. Velpeau a proposé de diviser les phlegmons de l'aisselle en quatre variétés,
suivant le siège anatomique occupé par l'inflammation. Cette division a été géné-
rdemeut acceptée et reproduite par la plupart des auteurs qui ont écrit sur la
question. M. Velpeau décrit d'abord les inflammations du tissu sous-cutanc, dont A
tût deux classes, suivant que la phlegmasie occupe la face profonde du derme ou
bien la couche cellulaire proprement dite ; viennent ensuite les phlegmons gan-
glionnaires, et enfin les phlegmons profonds.
yoO ÂlSSELLË (PAinoLociE).
Nouii diviserons les iiiflauimatioiis de la région axillaiiB suivant qu'elles oedé^e-
lup|)cnt entre la peau et 1 aponétrose, ou bien entre Taponévrofie et le centre de b
région elle-niénie ; par consér|uent deux grandes classes d'inflaniniatioit de lab-
selle : (jlilegnions su{)erliciels, phlegmons profonds.
A. Phlegmons supet^ficieU. Ces inflammations doivenl étix; étudiée» bui^.ttit
ipielles occu()ent la peau et ses dépendances, ou bien le tissu cellulaire sous-cuUiné.
r Phlegmasies de la peau. On pourrait parler ici de Térysipèle; mais ooiiiidp
celte maladie n^oflre rien de s|)écial à la l'égion axillaire, nous ne nous occupeitub
ipie des phlegmasies qui portent sur certains éléments de la petiu eUe-méme.
Les frottements de toutes sortes, la malpropreté, peuvent dans celte i*égioo, sut-
tout chez les individus qui se servent beaucoup de leurs bras, provoquer des inflam-
mations qui auront pour siège soit les follicules sébacés, ou bien encore ces grosM^
glandes sudoripures que M. Robin a signalées à la face interne du denne de IW
selle. Ces inflammations ont pour conséquence la formation de fietites tumeurs
t'irconsciites ordinairement multiples, dont les unes font un relief à la surface dc^
tégiunents,^ dont les autres restent à la face profonde du derme. Cette deniièir
espèce correspond certainement aux inflanunations que M. Velpeau a désigiiéi>
sous le nom de phlegmons tid)ériformes. En décrivant ces petites tun]eur>, le
œlèbre chirurgien de la Charité a ])ien observé le fait clinique, mais le siège aiiad»-
niique de ces petits phlegmons a surtout été mis en évidence inu* les I'echelvllt•^ «k-
notre collègue, M. Venieuil. (Voy. Ardi. gén. deMéd,, 5* série, t. IV.)
l/inflammation des follicules sébacés du creux de Taisselle ne présente rien dt
s|)éci.-il ; ce sont des furoncles avec leurs caractères ordinaires : petites tumetir^
rouges acuminées, bien circonscrites, faisant saillie au-dessus de la surface aitaiitr.
le plus souvent multiples et siégeant à la base des poils; nous ne nous arréteii*fi>
|)as davantage sui* leur histoire.
fiCs phlegmons des glandes sudoripares sont moins bien connus. C'es^t une nu-
ladie toute spéciale ; la marche, la dinée et la terminaison doivent cti*e éludt^'t'>:
il (>st donc utile d'en donner une description particulière.
C'est ordinairement à Tépoque des chaleurs, et en général à Toccasion de tniu&-
piration de l'aisselle, que certains malades voient se développer les adénites sudo-
ripures. En cfTet, la région devient le siège d'un prurit assez intense, qui pous^'
les malades à se gratter sans ménagement ; bientôt on peut constater sous la peau,
qui est saine, une ou plusieurs petites tumeurs qui ont toutes les mêmes carat*
tères. Ce sont de fietites sphères bien circonscrites, dures et par conséquent £Kilt'>
à distinguer, du volume d un petit pois, \ye\\ douloureuses, mobiles. Dans cet êi^tt.
les adénites sudori])ares peuvent rétrograder, mais le pins souvent Tinflamiiuliou
progresse ; bientôt le tissu cellulaire se prend autour des glandes, et alors on j
des tuineui's du volume d'une noisette, très-douloureuses, refoulant la peau qui t-^t
elle-même amincie et légèrement rouge. Cette deuxième période est très-€0urt(\
deux ou trois jours au plus suffisent pour que l'abcès s'ouvre spontauéiueiU ; li
première période est au contraire très-longue, s:i durée varie entre six, huit *<
quinze jours. Au début, l'adénite sudoripare n'est pas sensible à la vue ; c'est fxir
le toucher qu'on peut rencontrer ces petites tumeurs dures, sphérique», yni^
jacentes à la peau ; plus tard, quand le tissu cellulaire est envahi, il y a tumé-
faction circonscrite, mais arrondie et sans rapports bien directs avec les follicule
pilo-sébacés : ce sont les abcès tuljériformes de M. Velpeau.
Les inflammations qui siègent dans les éléments de la peau de Taisselle h'
caractérisent loujoui^ facilement Ce sont des afleclions locales, sans beaucoup J*
MSSELLË (pathologie). 551
|•UMlli^^culClltslIr^o^gani$Iue; de la douleur, desdéniaugeaisous, un peu de gène
d.iib h*;» fonctions du noembre, teb sout les symptômes de ces petits plilegmons.
iHiiLs (UH'lains cas cependant, on observe des furoncles nnUtiples do Taisselle sur-
M naiil à l^oceasion d'un état général mauvais. Ainsi, quelques individus sout pris
fi un peu de lièvre, d*inappétenoe avec des troubles digestifs; et c'est alors seule-
iihiil qu apparaît une succession de ))etits abcès qui siègent principalement à lu
luse des jioils du crecn d e l'aisselle.
U diagnostic des phlegmons dermiques est toujours des )>liis simples. Loi'sqiic
laUimeur est saillante, acurainée, c'est d'mie furoncle qu'il s'agit; si l'on ren-
œutre au contraire une ou plusieurs petites masses globuleuses, sous^jacentes et
adhérentes à la peau, on peut aflirmer que l'inflammation a envahi une ou plusieurs
^Handes sudoripares.
Le pronostic est simple. Ces petits phlegmons se terminent le plus souvent par
suppuration et forment une variété d'abcès de l'aisselle, sur laquelle nous aurons à
revenir. Rarement ou observe la résolution, mais dans quelques cas la pbleg-
masie se termine par induration ; les petites tumeurs dimmuent de volume en
même temps qu'elles augmentent de consistance, puis demeurant stationnai rcb
|jendant mi temps plus ou lâoins long, après quoi elles fmissent par disparaître
complètement. On voit de suite que bien des circonstances se trouvent ici réunies
pour faciliter la récidive des phlegmons ; de plus, conune il y a généralement pin-
ceurs tumeurs, on comprend que la durée de cette maladie soit absolument indé-
teiminée. On obsei've quelques malades qui restent ainsi tourmentés pendant plu-
sieurs mois par de petits abcès qui se succèdent dans les deux aisselles.
Le traitement consistera dans l'application de ^jommades résolutives, l'onguent
iuercuriel par exemple; ou y joindra l'emploi des cataplasmes émollients arrosés,
M besoin était, de quelques gouttes de laudanum. Les sangsues seraient ici sans
utilité; quant aux évacuants, ils ont une réputation presque proverbiale, mais leur
efticacité est loin d'être bien démontrée. Les bains, les amers seront ici bien appli-
(|ués. Il faudra toujours tenir compte de l'état général, lorsqu'il présentera quel-
({ues indications sp^iales.
2* Phlegmasies sous-cutanées. L'inflammation qui siège dans le tissu sous-
jaœnt à la peau de l'aisselle reconnaît pour cause, dans qudques cas, l'extension
de la phlegmasie de l'une des glandes de la région ; on voit par exemple les phleg-
mons tubériformes suppurer , puis franchir les limites de la glande sudoripare et
envahir la couche celluleuse environnante. Dans quelques cas, rares il est vrai, les
éoorchures du dos de la main, les gerçures et excoriations du mamelon donnent
naissance à une lymphangite qui communique Tinflammation au tissu cellulaire
sous-cutané de l'aisselle. Le plus souvent, il faut le dire, la cause du phlegmon
nous échappe.
Les phlegmasies de la couche lamelleuse qui est située entre la peau et l'apo-
névrose axillaire ont généralement un caractère diffus; l'inflammation occupe
parfois toute la région, mais le plus souvent elle s'étale sur la face antérieure de
la poitrine. Dans ces cas, la peau présente une rougeur assez vive, quelquefois
nettement limitée au point de simuler Térysipèle. M. Velpeau a bien décrit cette
variété des phlegmons axillaires ; il leur a donné le nom de phlegmons érysipéln-
teux et diffus.
Les phlegmons dermiques sont ordinairement, avons-nous dit, sans mflueuce
sur l'état général. Hais lorsque l'inflammation occupe la couche sous-cutanée, on
observe immédiatement une perturbation très-notable de l'organisme : il y a de la
d5â ÂlSSËLLE (fathulogik).
lièvre, de bi céphafaJgie, quelquefois un frissou violent, des voiuisseinetits ; dsub
quelques ois, des symptômes nerveux susceptibles d'in8pii*er des crainlfo. (>>
pldegmoub marcbent très-vite, envahissent les diverses couches lamelleuses et am-
veut presque aussitôt à suppuration.
Le pronostic est loin d*étre simple, et il emprunte sa gravité, ainsi que nous k
verrous, à TaLondance de la suppuration et à l'étendue des désordres qu'elle peut
laire naître.
Le diagnostic du phlegmon sous-cutané est iacile, les symptômes en sont kien
tronches : la rougeur, la douleur et la difl'usiou en sont les caractères principaux
Quant au traitement, il consistera dans l'application des sangsues, surtout au début;
puis viendront les larges incisions, les cataplasmes, et l'opium à l'intérieur. tie>
phlegmons prenant souvent le caractère gangreneux et constituant par conséquent
de véritables phlegmons diffus, il y a le plus souvent une contre-indication absolue
i la saignée généi'ale. Les boissons adoucissantes et la diète feront la base du
régime ; mais aussitôt que l'état aigu aura cédé, il faudra recourir aux toniques et
aux réconfortants de toutes sortes.
b. Phlegmons profonds ou som-aponévrotiques. L'inflammation du cretii de
ruisselle, c'est-à-dire du tissu cellulaire qui entoure les vaisseaux et nerfs de Ix
région, peut débuter d'emblée; mais le plus souvent ce sont les ganglions lympha-
tiques qui s'engorgent, et ce n'est que secondairement que l'inflammation gagne
le tissu cellulaire. Dans quelques cas, les phlegmons superficiels s'étendent dam
la profondeur ; c'est ainsi qu on voit des phlegmons sous-cutanés en^-ahir la hce
profonde des pectoraux.
Rien n'est fréquent comme le phlegmon ganglionnaire du creux de l'aisselle,
mais il y a deux formes bien distinctes à cette maladie. Tantôt à la suite d'une
écorchure de la main ou de l'avant-bras, d'une plaie insignifiante du cou, ou bien
encore à l'occasion d'une gerçure du mamelon, il y a on ou deux ganglions dr
l'aisselle qui s'échauffent, mais leur inflammation reste très-limitée et se termiui*
soit par résolution, soit par suppuration ; c'est l'angéioleucite axillaire qui débutr
ordinairement par un frisson, mais dans laquelle l'état général est ordinairement
peu ébranlé. Dans d'autres circonstances, et principalement à l'occasion des piqÂns*
anatomiques, tous les ganglions de l'aisselle se prennent, le tissu cellulaire eini-
ronnant s'enflamme également, de sorte que tout le creux de ^ai^selIe devient !<*
siège d'un gonflement et d'une tuméfaction considérables. Il y a une doideur très-
vive ; mais ce qui douane, c'est l'état général. En elTet, on observe toujours un
Irisson violent, parfois du délire, mais le plus ordinairement un état adynanHque qui
rappelle certaines fièvres typhmdes,
La marche de ces inflammations varie également, suivant qu'il s'agit de l'mir
o:i l'autre forme. Le plus souvent voici comment les choses se comportent : on
r^onstate quelques traînées rouges le long de la partie interne du bras, le creux d^*
l'aisselle devient sensible, et il est facile d'y rencontrer une ou plusieurs iuroaun»
dures, bien circonscrites et très-douloureuses : tel est le début. L'n peu plus tard il
y a de l'empâtement, la peau est rouge et les ganglions sont plus difficiles à isoler,
en même temps que l'exploration devient elle-même plus douloureuse ; concur-
remment le malade accuse de la céphalalgie, de la courbature; il y a de la lîènr.
Dans les formes graves, ce sont les phénomènes généraux qui ouvrent la scène.
Ordinairement la douleur est vive, on peut à peine écarter le bras du tronc, mai»
il est facile de voir que le creux de l'aisselle est rempli par une tuinélMrlioci.
Il n'est |ias rare de constater une disconlanœ très^considérable entre les pbéiio-
AISSELLE (PATU0L0Gi£). 353
luènes'générjux, qui sout extrêmement graves, et la tuméfaction locale. Ce qui
caractérise cette forme, c est la marche rapide de l'affection qui se termine le plus
bouTent et en quelques jours par une suppuration abondante.
Les adénites simples procèdent lentement, et, lorsqu'elles suppurent, donnent
lieu à des abcès circonscrits ; il iaut donc les distinguer du phlegmon profond, qui,
en même temps qu'il occupe les ganglions, s'empare de tout le tissu cellulaire
en>ironDant.
Le début brusque par un frisson avec douleur axillaire caractérise le phlegmon
profond : l'examen direct permet de constater si l'inflammation porte simplement
sur les ganglions ou sur le tissu cellulaire qui les environne.
Le diagnostic est donc chose simple. Les phénomènes généraux, l'examen attentif
de la région ne permettront pas de confondre un phlegmon superficiel avec un
phlegmon profond, quand bien même l'inflammation née au centre de la région se
serait étendue aux couches superficielles. Quant au pronostic, il est subordonné à
la cause qui a donné naissance aux phlegmons axillaires. Les piqûres anatomiques
de toutes sortes imposent à cet accident une gravité exceptionnelle ; il faudra, dans
tous les cas, prendre en considération l'intensité des symptômes généraux et la
constitution habituelle du malade.
On peut dire que les phlegmons profonds de l'aisselle sont une affection sérieuse.
Le creux de l'aisselle étant le trait d'union entre plusieurs régions importantes, on
comprend que l'inflammation puisse s'étendre en arrière jusque vers l'omoplate,
en haut dans la région sus-claviculaire, et finalement que le pus puisse gagner
iecou et même les parois de la poitrine.
Le traitement est subordonné a la nature du phlegninu. S'il s'agit d'un simple
phlegmon ganglionnaire sans perturbation générale, les sangsues, les bains, les
êmollients de toutes sortes, suffiront pour maîtriser l'inflanmiation. Si au contraire
on a afiaire à cette forme infectieuse qui accom|)agne les piqûres anatomiques, il
Iaut bien se garder des émissions sanguines. Les vomitifs, le sulfate de quinine à
haute dose et les embrocations calmantes feront la base du traitement ; en même
temps les malades seront alimentés le plus possible, ils boiront du vin et même
des alcooliques en notable ([uantité.
C. Des abcès de i aisselle. Les différents phlegmons dont nous avons fait l'étude,
peuvent tous donner naissance à des collections purulentes, mais ce ne sont pas les
^euls aboès qui puissent se rencontrer dans le creux axillaire. On observe dans
cette région des abcès froids, des abcès par congestion provenant d'une carie des
côtes, de l'omoplate, de l'extrémité supérieure de l'humérus et même de la colonne
rachidienne. U y a des abcès qui sont formés par l'irruption au dehors des coUec-
tions purulentes de la plèvre ; en effet on voit certains empyèmes perforer les
^^paces intercostaux et remplir le creux de l'aisselle. Enfin il n'est pas très-rare
d^obsenrer de vastes collections purulentes qui remplissent l'aisselle, et qui ne sont
autre chose que des dépôts métastatiques consécutifs à l'infection purulente.
M. Velpeau a cité des exemples de cette dernière variété, l'un à lu suite d'une
amputation de la jambe, l'autre consécutivement à la désarticulation d'un doigt.
J'ai moi-même recueilli une observation d'un abcès semblable qui s'était montré
dans le cours d'une infection purulente consécutive à l'amputation de la langue.
S'il y a utilité à diviser les phlegmons de l'aisselle, suivant les différentes
louches anatomiques qu'ils occupent, il iaut reconnaître que la distinction est
Mirtout arantageuse et qu'elle s'applique principalement aux abcès qui peuvent
*tt«*der à ces divci'ses inflammations. Il v a en effet mie immense différence
MCT. ESC. U. 23
554 AISSELLE (fatuologië).
entre les abcès supoiiiciels et les abcès profonds ou sous-aponévrotiquea , qn'i)
a*agîsse soit du diagnostic, soit du pronostic ; on comprend ég^ilenienl que l'oa^^r-
ture chirurgicale de ces collections a une importance qui varie suivant le siège
occupe par le pus.
Les abcès superficiels sont souvent multiples : tels sont les furoncles et les aUx^
tubériibvnies ; ceux-ci sont généralement bien limités, tandis que ceui de L
couche sous-cutanée ont une tendance à la diffusion. Néanmoins il n'est pas nrc,
et cela grâce à la disposition des lamelles celluleuses, de voir un phlegmon sou»-
cutané donner naissance à plusieurs collections parfaitement indépendantes.
Le diagnostic des abcès superficiels est toujours facile : il y a tous les signcN de
rinflammation, et la fluctuation s'obtient aisément.
Ia! traitement consiste dans l'incision de l'abcès ; mais tandis qu'on peut S(iu>
inconvénient différer l'ouverture des abcès tubériformes et furonculoux, il eA
indiqué d'inciser largement et en plusieurs points le phlegmon sous-cutané, il ik
faut pas attendre que la fluctuation soit très-évidente, car l'incision prématurée
est une ressource salutaire pour arrêter l'inflammation, et c'est un bon roo\eo
d'empéclier le phlegmon d'atteindre les couches profondes. Nous retiendrons un
peu plus loin sur l'étendue et la direction qu'il faut donner à ces incisions.
Paimi les abcès profonds de l'aisselle, les plus communs sont ceux qui suit^eiil
a Tadénitc axillaire. Lorsque l'inflammation envahit les ganglions lymphatiques H
qu'elle se termine par suppuration, on observe des tumeurs ordinairement bitni
circonscrites, d'un volume peu considérable et dont le diagnostic ne présente guèri
de difBcultcs ; c'est généralement une masse lobulée, dure, au centre de laquelle
on rencontre un ou plusieurs points fluctuants. Dans ces conditions rhiflammatioii
étant bien circonscrite, il n'y a qu'un faible avantage à précipiter l'ouverture \\k'
ral)cès ; l'expérience a même démontré qu'en pratiquant l'incision un peu tard, on
évacue de suite une grande quantité de liquide, et que cette petite opération e>t
ordinairement suivie d'une cicatrisation rapide.
Les collections qui occupent le centre même de la région ont une importauo*
bien plus considérables que celles qui viennent d'être étudiées. Les abcès froid^.
ceux qui succèdent à des altérations osseuses, passent d'al)ord inaperçus, et lorsque
l'attention des observateurs est attirée vers la région, la ({uantité de pus collectt*
est assez considérable pour que la fluctuation soit des plus évidentes. Il en est év
même des abcès qui viennent de la plèvre ; j'en dirai autant pour les dépôts cpii
surviennent pendant le cours d'une infection purulente.
Outre la fluctuation très-manifeste, les abcès qui succèdent â une nipture de U
plèvre offrent encore comme symptômes : l"" un certain degré de réductiliilité dr
la c^olleclion ; 2* une impulsion très-notable en rapi^ort avec les expirations bnfc^que*,
la toux par exemple.
Lorsque l'inflammation envahit le tissu cellulaire profond de l'aisselle, r'e^t-à-
dire celui qui est compris entre le grand dentelé en dedans, les pectoraux en aiant.
le sous-scapulaire et le grand dorsal en arrière, le phlegmon, avons-nous dit, tefnl
à se propager, la suppuration elle-même n'est pas très-apparente, et il est fort
difficile de constater la fluctuation ; ce signe ne devient même bien évident f{iif*
lorsque la quantité de pus est déjà considérable. Quoique la présence du piis M>it
diflicile à reconnaître au début de sa formation, certains chirurgiens ont cepeikLinl
préconisé l'ouverture prématurée de ces collections. Malgré toute la délicates^* d>-
ces incisions profondes, dans une région largement |x>urMie de vaissraus ini|i(ir-
tants, on a insisté en invoquant lu néci'ssitc de s'opposer à Fimiption du pi> dan-
AiSSËLLË \fatholouie). o5d
les régions avoisinaiiies. Ou a, suivant nous, exagéré le danger que pouvaient courir
b oêlades. On a bien cité des observations dans lesquelles le pus était remonte
daos k région sus-claviculaire, d*autres dans lesquelles lu fluctuation se retron-
^lit en arrière de l'omoplate, etc., mais on n'a pas démontré que ce fussent là les
iDuséquences d'une temporisation trop grande ; il parait au contraire lieaucoup
plus évident que dans ces cas exceptionnels il s'agissait de plilegmasies suppurées,
ayaot envahi en même temps tous les départements de la région.
Il est enfin un accident dont on a fait grand bruit : on a parlé de la propagation
(i«$ abi'ès de l'aisselle jusque dans le médiastin, et surtout de la rupture de ces col-
ledious dans la cavité des plèvres ; ou a bien des fois rappelé Tbiâtoire du (ils de
JeaihLouis Petit, qui aurait succombé à un abcès de l'aisselle compliqué d'une issue
dans la plèvre. Cette histoire a toujours été avancée sans preuves, et il est justi*
cfc dire qu'il n'existe pas dans la science une ol)servation authentique d'abcès de
1 aisselle qui se serait ouvert dans la plèvre. Ou observe chaque jour des abcès
tenant h la carie des côtes, et cependant, malgré leur voisinage de la pitrine, ces
dépols s'ouvrent toujours au dehors ; l'autopsie a permis de constater des épaissis,
seotents de la plèvre qui forment une barrière infranchissable au pus.
Il ne faudrait pas croire cependant que les inflammations profondes de Tais-
>eJle soient sans gravité, eu égard au voisinage de la cavité thoracique. M. Velpeàu,
un des premiers, a appelé l'attention sur un accident qui peut survenir dans ces cir^
(t>ostaiices. Deux fois, dit-il, j'ai vu les grands abcès de l'aisselle amener un épan-
chement pleurétique mortel, par simple transmission médiate. Chez une jeune
fiJle morte dans son sen'ice, H. Velpeau constata un empyème, mais de plus il fit
voir qu'entre ral)cès de l'aisselle et l'épanchement pleurétique il n'y avait \mi\i
contact, et que les deux collections étaient séprées par l'épaisseur de la paroi tho^
racique. M. Velpe^tu croit cet accident beaucoup plus fréquent qu'on ne serait porté
à le penser ; il dit même qu'en observant plus attentivement on arrivera à constat-
ter que la mort, qui survient parfois à l'occasion des abcès de l'aisselle, est causée
(nr des épanchements purulents de la poitrine. La circonstance que nous venons
de mentionnera été obser\'ée un certain nombre de fois; c'est ainsi que M. Richet
a vil wi individu atteint de phlegmon axillaire, chez lequel un épandhement pleu-
rétique considérdble s'était l'ormé en moins de vingt-quatre heures. Nous aVotis
iious-méme constaté deux fois, à l'autopsie, un empyème consécutif à l'ablation
de tumeurs axillaires, malgré l'intégrité parfaite de la paroi thoracique.
Ce qui précède démontre les difficultés du diagnostic dans certains cas d'abcès
de l'aisselle. Nous avons également donné les éléments du pronostic. Quant au traite-
ment, l'indication est d'ouvrir, afin de donner issue aux liquides ; mais l'irruption
du pus dans la plèvre n'étant pas absolument à craindre, il n'y a pas lieu de faire
des incisions prématurées : entre ouvrir de bonne heure et attendre que la collection
soit très-considérable, il y a une différence capitale, et nous pensons qu'il y a utilité
à ne pas trop différer l'ouverture des abcès profonds.
Les incisions que Ton pratique dans le creux de l'aisselle doivent être soumises
aux règles générales qui dirigent ces opérations, mais il y a certaines précautions
qu'il faut indiquer et qui sont spéciales à cette région. On sait qu'il suffit d'écarter
le bras à angle droit pour éloigner en même temps l'artère et les gros nerfs qui
l'accompagnent ; dans toute incision on portera donc la pointe du bistouri vei s la
paroi thoracique, et on dirigera le couteau verticalement, de manière à respecter
aotant que possible l'artère thoracique. Les incisions devront être plutôt grandes
que petites, car l'écoulement des liquides se fait assez difficilement, et il y a tou-
356 AISSELLE (patuologix).
jours tendance à rétablissement de trajets fistuleux ; enfin, s*il faut en croire
quelques observateurs, les plaies étroites de l'aisselle exposeraient à remprisonne-
ment de l'air extérieur et à la formation d'un emphysème.
Quant aux abcès froids et par congestion, nous n'avons rien de particulier à en
dire : leur traitement est soumis aux mêmes indications que partout ailleurs.
V. TuMsnRs DE L AISSELLE. On trouvc dans le creux axillaire un certain nombre
de tumeurs qui résultent de l'altération des divers organes qui entrent dans la
composition de la région. Ces tumeurs sont analogues à celles que l'on obaove
dans les différentes parties du corps, mais il est bon d'étudier la fréquence relative
de ces diverses productions, et surtout de rechercher les indications spéciales quf
peuvent fournir les tumeurs de l'aisselle.
Les tumeurs de la région axillaire sont constituées, ainsi que nous venons de
le dire, par les maladies des divers organes contenus dans cette cavité, mais en
première ligne, sous le rapport de la fréquence, il faut citer les affections ganglion-
naires.
Les tumeurs cancéreuses du sein s'accompagnent très-souvent de l'engorgement
des ganglions axillaires ; c'est d'abord une simple tuméfaction, puis bientôt le>
éléments cancéreux envahissent le tissu de ces glandes. L'adénite est donc une
complication de la plupart des squirrhes de la mamelle; mais c'est encore dansi le^
ganglions de l'aisselle que s'observe trop fréquemment la récidive, après Fablatiou
des cancers du sein.
L'adénite cancéreuse est incomparablement plus fréquente chez la femme, si on
l'envisage comme consécutive aux affections du sein ; par contre il existe un cer-
tain nombre d'observations qui font voir que le cancer peut débuter primitivemciit
dans les ganglions de Taisselle, mais la plupart de ces faits ont été rencontrés cIki
des individus du sexe masculin.
Le cancer des ganglions axillaires appartient le plus souvent à la variété em-v-
phaloîde ; cependant Lebert a rencontré un cancer colloïde de ces organes. M. Voil-
lemier a extirpé une mélanose axillaire, qui existait concurremment avec plusieurs
tumeurs de même nature, situées dans la région thoracique (voy, BuUeiinsdt
la Société anatomique). Chez une vieille dame opérée d'une mélanose de l'avant-
bras, j'ai constaté, plusieurs mois après, une récidive dans la plupartdes ganglioib
de l'aisselle.
Les ganglions de l'aisselle peuvent être le siège de dégénérescences indépen-
dantes de la diathèse cancéreuse ; ces glandes sont susceptibles de subir une h}'per-
trophie, et par suite d'acquérir un volume énorme. Roux a extirpé plusieurs (bi^
des tumeurs de ce genre.
Dans quelques cas le tissu des ganglions, en même temps qu'il s'bj^iertiopkiie.
s'infiltre d'éléments fibreux ou fibro-plastiques. En 1861 , M. Âzam a communique
à la Société de chirurgie l'observation d'une de ces tumeurs, dont le poids défùs-
sait un kilogramme ; l'engorgement s'était développé sous l'influence d'un |anaii>
On rencontre assez souvent l'envahissement des ganglions de l'aisselle par b
matière tuberculeuse ; telle était la nature des tumeurs présentées à Ln Société ana-
tomique, en 1835, par Bérard jeune, et par M. Hollain, en 1852.
Les différentes maladies que nous venons de mentioimer se développent ordimi-
rcment sous l'influence d'un état diathésique, mais l'inflammation clirouiquc dt?
ganglions axillaires parait avoir été une cause déterminante pour plusieurs tuflMur»
de la région. Dans le cas de M. Azam, cité plus haut, c'était une adénite cliitMiiqiK*
AISSELLE (patrolooie). 357
dégénérée. Une autre fois, M. Nélaton a pu ponctionner un kyste de Taisselle, qui
s'éUil développé lentement dans un ganglion resté longtemps douloureux et
eogoiigé, à la suite d'une piqûre anatomique.
On a encore considéré comme appartenant aux maladies des ganglions de Tais-
seDe deux tumeurs osseuses enlevées toutes deux au niveau de la paroi postérieure
de lusselle, l'une en 1860, par M. Chairon, et l'autre par H. Azam, en 1 861 {vay.
BnUeting de la Société de chirurgie).
Les tumeurs qui envahissent les ganglions de l'aisselle se développent assez
npideinent, lorsqu'il s'agit d'une affection cancéreuse ; au contraire, lorsqu'il est
question des autres dégénérescences, le développement des ganglions offre une
marche ordinairement chronique. Ce sont dans tous les cas des tumeurs qui, au
début, sont constituées par plusieurs masses réunies ensemble et qu'on ne peut
supposer être autre chose que des ganglions malades ; mais à mesure que ces der-
niers augmentent de volume, ils se rapprochent, puis se confondent, et alors ils
constituent des tumeurs plus ou moins volumineuses dont le diagnostic présente
des diiRcnltés, surtout si l'on n'a pas assisté au développement de la maladie et si
les commémoratifs manquent.
Les symptômes qui accompagnent les tumeurs ganglionnaires de l'aisselle sont
généralement assez simples. Dans l'origine quelques douleurs et plutôt de la gêne
H de l'embarras dans les mouvements de l'épaule, puis, à mesure que la tumeur
augmente de volume, on voit naître quelques accidents qui tiennent aux rap-
ports intimes qu'affectent les ganglions avec les vaisseaux et nerfs de la région.
Ikns lecas de Û. Hollain (voy. Bulletins de la Société anatomique y 1852) on a
noté : i^ l'engourdissement du membre thoracique ; 2^ une absence de pulsations
dans l'artère radiale, et 5® enfin un souQIe carotidien tenant à la compression de
Tartère axillaire par les ganglions engorgés ; dans ce cas, la tumeur était fortement
soulevée à chaque battement de l'artère, et l'on aurait pu supposer qu'il s'agissait
d*un sac anévrysmal.
Bérard aine a observé une névralgie très-douloureuse, tenant à un squin*he des
ganglions de l'aisselle, qui était lui-même traversé par la branche cutanée du
deuxièoie intercostal.
Lorsque les tumeurs de l'aisselle ont acquis un grand volume, elles s'annoncent
alors par une déformation très-notable de la région; ainsi l'on observe fréquem-
nient le soulèvement de la paroi pectorale de cette cavité. Roux a enlevé, en 1850,
une tumeur formée par des ganglions tuberculeux ; il s'agissait d'un jeune homme :
la tumeur comprimait le paquet vasculo-nerveux et soulevait en même temps le
erand pectoral ; il fallut sectionner ce muscle en travers et remonter par la dissec-
tion jusque sous la clavicule.
n ne «uffit pas de constater que la tumeur axillaire est formée par la dégéné-
rescence d'un ou de plusieurs ganglions, il faut encore, pour compléter le dia-
^ostic, préciser la nature de cette dégénérescence. Quand il sera question d'un
l^nne sujet présentant des ganglions dont l'engorgement s'est effectué d'une
manière chronique, il faudra songer à la simple hypertrophie ; ou bien encore à la
tuberculisation, si lés tumeurs sont dures et irrégulières. Chez les adultes, lorsque
U tuméfaction sera venue lentement et si elle acquiert un volume considérable
^na donner lieu à la formation d'un abcès, on devra songer soit à l'hypertrophie
simple, soit à h dégénérescence fibro-plastique. Quant aux affections cancéreuses,
«^^ qui les caractérise, c'est la rapidité de leur développement ainsi que les vives
douleurs qui les accompagnent ; dans l'immense majorité des cas, ce sont des
358 AISSELLE (pathologir).
engorgements consécutifs à des cancers de la mamelle ou à des tumeurs ^em-
blables du membre supérieur.
On observe encore dans le creux de Taisselle des tumeurs qui tiennent k des allé-
rations des vaisseaux de cette région ; nous mentionnerons simplement les diverse^
espèces d anévrysmes, en renvoyant le lecteur à l'article âxillaire.
Les veines sont susceptibles de former, quoique rarement, des tumeun assev
volumineuses. M. Nélaton a cité : dans sa thèse (De Vinfiuencede la poêiiian dam
les maladies chirurgicales) Thistoire d'une tumeur qui occupait à la fois k creui
de l'aisselle et toute l'épaisseur du grand pectoral; il s'agissait d'une masse ôionm*
de veines qui, sous l'influence d'une inflammation, avait acquis une dureté consi*
dérable. On avait cru à l'existence d'une tumeur encépbaloïde, mais l'erreur fni
évitée en considérant d'une part que la maladie remontait à la plus grande jeu-
nesse du malade, et d'autre part en constatant que la tumeur augmentait pendant
l'élévation du bras, et diminuait au contraire dans la position inverse. Celle ma-
ladie, compatible avec la vie, était du reste au-dessus des ressources de Tiurt. Fb»
un autre cas, commiuiiqué en 1860 par H. Cbassaignac à la Société de chirurgie,
il s'agissait d'une tumeur érectile veineuse du volume d'un œuf, située sur If
trajet de l'axillaire. Cette fois on avait incisé, croyant avoir aflaire à un Acè^:
mais l'erreur était impardonnable, car il s'agissait d'une tumeur molle et indo-
lente, probablement congénitale et portée par une jeune fille qui présentait sur
divers points du corps des taches érectiles multiples. M. Chassaignac fil le diagnostic
et débarrassa la malade par l'écrasement linéaire.
Il faut encore ranger pai'mi les productions érectiles une tumeur présenter
en 1854 à la Société anatomique; cette tumeur était congénitale, très-vasculain»
et composée de plusieurs masses graisseuses, renfermant plusieurs petits Lpte> ù
liquide cilrin.
Au nombre des tumeurs qui peuvent se développer dans la région âxillaire, fl
est utile de mentionner celles qui sont formées par l'hypertrophie des glandt^
sudoripares. H. Yelpeau en a extirpé une, dont l'oliservation se trouve dans b
Gazette des Hôpitaux de 1864.
On trouve quelquefois, renfermées dans la région de l'aisselle, des tumeun^ ctf-
lilagineuses qui prennent naissance dans les os voisins. Ainsi, il est assez commun
de rencontrer chez les jeunes enfants des exostoses qui naissent de la partie sup^
rieure de l'humérus, et qui plongent dans le creux âxillaire. J'en connais iiour nu
part une dizaine d'observations. Dans tous ces cas il s'agit d'une sorte de chou-
fleur cartilagineux, qui est supporté par un pédicule assez long et peu vohunineui.
mais entièrement formé pai' le tissu osseux, et qui prend naissance vers l'extrêmitt-
de la diaphyse de l'humérus.
11 y a encore les enchondromes du bec coracoidien. M. Yelpeau les avait éxy
mentionnés ; j'en ai moi-même observé deux cas. L'un de ces faits a été (tablic âin>
la Gazette des Hôpitaux, en 1861 ; il s'agissait d'une énorme tumeur de l'aisselir,
plus grosse qu'une tête d'adulte. L'apophyse coraooide avait seule des coane\io<LN
avec cette production évidemment cartilagineus»e ; nous fûmes assez heureux poitr
isoler, par la dissection et sans hémorrhagie, cette grosse tumeur, mais il taitut
iaire le sacrifice de l'épaule. Le malade, qui avait soixante ans, sucooraba â l'q^»-
sèment quelques jours après.
Je mentionnerai enfin parmi les tumeui^ qu'on peut rencontrer exceptioone]-
lement dans le creux de l'aissolle : 1*" un kyste hydatique oliservé par U. Cm-
veilhier, puis un kyste simple ponctionné et injecté par Blandin, au niveau il n
AISSELLE (rATiiOLOGfK). 359
teiulun du grand rond (Bulletins de la Société anatomique^ année 1847) ; 2"* un
iit'xrome du nerf médian, extirpé dans laissellc par Lenoir (Bulletins de la
Société anatomique, 1838); S*" un lipome, au centre duquel H. Estevenet a
iviKontré une concrétion osseuse (Bulletins de la Société anatomiquej 1841) ;
i" un kyste séro-sébacé de la paroi antérieure do i'aisselle, présenté par BI. Ver-
iieuil à la Société anatomique en 1 856.
Tous ces faits sont trop peu nombreux pour qu'il soit possible de tirer des conclusions
théoriques ; il suffisait de les indiquer aussi brièvement que nous venons de le faire.
VI GOUSIDÉBATIONS GÉNÉRALES RELATIVES AU DIAGNOSTIC DES TDMBURS DE l'aISSBLLC
ET ADX OPÉRATIONS QUE CELLES-CI NÉCESSITENT. Nous avous iusisté, à Toccasion des
diverses maladies qui peuvent se rencontrer dans le creux de laisselle, sur le dia-
gnostic et sur la thérapeutique de chacune d'elles ; mais nous croyons utile de
revenir en quelques mots sur l'ensemble de ces affections.
On peut d'abord ranger à part et faire le diagnostic des maladies inflammatoires.
Laeaîté des symptômes, la rougeur, la chaleur, la douleur très-vive, enfin l'état
tebrile, sont autant d'éléments pour le diagnostic. Cependant il est une cause d'er-
reur grave qu'il faut indiquer ; nombre de fois, les anévrysmes de l'artère axillaire
ont été pris et ouverts comme de simples abcès phlegmoneux. On sait en eflet
que la présence d'un anévrysme peut déterminer dans le tissu cellulaire une irri-
tation qui se termine parfois par la formation d'un abcès ; mais l'erreur est due,
dans œs cas, à un défaut d'attention de la part du diirurgien. En se renseignant,
on peut apprendre que la région a été le siège d'une violence antérieure aux acci-
dents inflammatoires (plaie, réduction d'une luxation, etc.), ou bien encore les
malades vous disent que le creux de l'aisselle est occupé depuis longtemps par une
tuméfaction plus ou moias gênante, parfois même douloureuse. Les abcès qui se
développent autour d'un anévrysme ont une situation, une direction, une forme,
en un mot une apparence anormale. Les causes habituelles de ces sortes de dépôts
n'existent pas, et de plus il est facile de noter des pulsations, une sorte d'expan-
sion de la tumeur, sans compter quelques troubles dans le pouls radial, comparé â
celui du côté opposé ; enfin il y a toujours un bruit de souffle caractéristique de
l'altération vasculaire. Néanmoins on rencontre parfois des cas très-embarrassants,
et il &ut toujours avoir présente' à l'esprit la possibilité d'une erreur.
Les différentes tumeurs de l'aisselle se distinguent aisément des maladies
inflammatoires, par l'absence des symptômes aigus. Au début, tous les engorge-
ments de cette r^on se traduisent par une gêne continuelle et mal définie dans
les mouvements du bras. Mais bientôt h cette difficulté succède une diminution
très-notnble dans les mouvements d'abduction ; c'est là un symptôme qui ne manque
preaqne jamais. Plus tard, alors que les tumeurs, plus ou moins volumineuses,
remplissent le creux axillaire, on voit paraître un signe inverse : le bras est ron-
slamment éloigné de la poitrine, il est plus ou moins porté en arrière, mais toujours
l'adduction est très-limitée.
Les engorgements ganglionnaires, quelle que soit leur nature, [lortent toujours sur
plusieurs glandes à la fois, et c'est là un moyen de diagnostic, surtout lorsqu'il
» agit de maladies consécutives à des tumeurs du sein ou à des lésions du membre
thoracique. Les affections mono-ganglionnaires sont rares ; c'est ainsi que procède
quelquefois le cancer primitif des ganglions.
La marche rapide est le propre des adénites cancéreuses, tandis que les outres
dégénérescences des ganglions progressent avec une grande lenteur.
560 AISSELLE (pathologie).
Le volume que soiil susceptibles d'acquérir les gauglious peut servir comme
élément de diagnostic ; c'est ainsi que les hypertrophies simples, les dégéDéres*
cences fibro-plastiques, les cancers, donnent aux glandes de Taisselle des dimen-
sions quelquefois énormes : le poing, une tète de fœtus, et plus.
FiOrsqu'il s*agit d'une hypertrophie simple, les ganglions restent souples, ék.<^
tiques, tandis qu'ils sont durs, plus ou moins fermes, lorsL|u'ils sont remplis de
tissu fibreux ou fîbro-plastique.
Les engorgements scrofuleux ou tuberculeux sont formés pour un grand nombre
de glandes qui restent petites et dont la consistance est trës-irrégulièrc, suiTant
l'époque de la maladie et suivant le degré du ramollissement des tubercules. L*état
général doit dans ces cas être pris en sérieuse considération.
Les adénites inflammatoires à marche subaigué peuvent donner lieu, quoique
exceptionnellement, à des tumeurs kystiques, ou bien encore à des dégéaéresœnces
fibro-plastiques.
En dehors des maladies qui se développent dans les ganglions de raîsselle vi
dont nous venons d'indiquer les principaux symptômes, il faut encore songer :
1' aux tumeurs provenant des os, exostoses ostéo-cartilagineuses de la partie sopé-
rieure de l'humérus, assez fréquentes chez les enfants ; enchondromes du bec oora-
coïdien : toutes ces tumeurs sont dures, bosselées, se développent lentement,
acquièrent parfois un volume énorme ; 2* à quelques kystes simples et hydatiques ;
3* à un lipome ou à une masse fibro-graisseuse.
Dans toutes les aflections de l'aisselle, il est toujours sage et parfois indispen-
sable d'explorer les artères de l'avant-bras et du bras, d'ausculter les tumeurs.
On fera encore bien d'étudier la sensibilité et la motilité du membre supérieur.
On constatera enfin si la circulation veineuse est libre, c'est-à-dire s'il y a ou non
de l'oedème de la main. C'est en réunissant toutes ces explorations qu'on arriven
au diagnostic des maladies de l'aisselle; c'est ainsi qu'on pourra constater les rap-
ports médiats ou immédiats des tumeurs avec les vaisseaux et les nerfs ; enfin c'e>t
ainsi qu'on pourra prévoira l'avance la facilité des opérations, ou bien les grave<
inconvénients, tels que l'hémorrhagie, l'introduction de l'air dans les veine», qui
pourraient acccmpagner l'extirpation des masses ganglionnaires.
Quant aux règles qui doivent présider à l'ablation des tumeurs de l'aisselle, nous
avons peu de chose a en dire. Autant que possible il faudra extirper les tumeurs
sans intéresser les parois du creux axillaire ; néanmoins les incisions devront être
longues, afin do faciliter la manœuvre, les dissections délicates et surtout k liga-
ture des nombreuses artères qui peuvent être intéressées. C'est dans cette direction
d'idée qu'il ne faut pas hésiter à couper transversalement le grand pectoral, comme
un bon moyen de faciliter l'extirpation d'une tumeur trop volumineuse et située
très-profondément vers le sommet de la région, ou sous la clavicule. C'est dans ct^
cas où l'on se trouvera quelquefois bien d'enlever les tumeurs par le procédé du
morcellement. Dans quelques circonstances exceptionnelles, l'extirpation des tu-
meurs de l'aisselle peut exiger la désarticulation de l'épaule {vay. Gazette des Va-
jntaux, 1861).
Fistules du creux de Vaisselle. Les abcès superficiels de la région axillaire
s'accompagnent souvent do décollements de la peau et restent parfois fistuleux.
mais le débridement, comme pour toutes les régions, donne ordinairement de bon^
résultats. Il n'en est plus de même pour certains trajets fistuleux qui parcourent
ttmte la hauteur du creux do l'aisselle, depuis sa base jiisiprâ son sommet. Co«
fistules, qui peuvent «Hre entrolenuos par une maladie dos os voisins, tiennent le
AIX-EN. PROVENGE (eaitx minâb.). 561
plus souvent à ce que les parois de Taisselle ont été privées du tissu cellulaire qui
les doublait, lequel a été entraîné par une suppuration abondante de toute la cavité ;
il en résulte alors des adhérences irréguliëres et des impossibilités matérielles à ce
que la cicatrice se forme complètement. Rien n'est difficile à guérir comme ces
tnjets fistuleux, qui sont toujours accompagnés d'une grande difficulté dans Tal)-
iluriion de rhumérus.
li^rsque ces fistules sont éUihlies, la persistance tient surtout à l'organisation du
trajet fistuleux et par conséquent à la présence d'une sorte de muqueuse qui
4crhie continuellement du muco-pus. La compression peut réussir à fermer ces
listnles; mais pour arriver plus sûrement à la guérison, il est nécessaire de régu-
lariser les trajets fistuleux par des débridements étendus et multiples, puis de
modifier les tissus indurés par la cautérisation avec le fer rouge.
DOLBEAU.
BnuoGBAnnE. — — Velmud. Article Aisselle, in Dictûmnaire en 30 volumes. — MiLATON.
irtiele Aissellb, in Paih. chir., t. V. — Malgaighc. Traité des luxations, p. 152 et sui-
Mnes. — Ya5la£r. Thèse de Paris, 1817, n- 425. — Poupon. Thèse de Paris, 1845. —
Simc-CoLovBB. Diaçm, des diverses espèces de tumeurs de Vaisselle, Paris, 1839. —
GodBiASA. Thèse, 1852. — Touraitte. Thèse, 1854. — Milbt. Thèse. 1855. -^Bulletins de la
S$e. de Chirurgie, passim. — Bulletins de la Soc. Analomique, passira. D.
AimiN ou AITKEIV (John). Chirurgien écossais très-distingué; il était
membre du Collège des chirurgiens, et attaché à l'Hôpital royal d'Edimbourg, pro-
fesseur d*anatomie et de chirurgie à l'Université. 11 s'est, dit-on, suicidé (1790)
ri) s'ourrant l'artère crurale, en présence et à F insu de quelques médecins qu'il
avait fait appeler sous prétexte de les consulter. Il a laissé les ouvrages suivants :
Cmupeetus rei clùrurgie», morbos, operatianes, instrumenta et administrationem syste-
mstke ttmp/ect*ns. Edinburgi, 1778, in-8. — Systematic éléments of the Theory and Prae-
ike ofPhysie and Surgery. Edinburgh, 1779, in<8. — Eléments ofthe Theory and Practice
•fPkysic and Surgery. Lond., 1783, 2 vol. in-^. Le tome II est une seconde édition corrigée
n aogmentée de Touvrage précédent — Prindples of Midwifery or Puerpéral Medicine.
Edimb., 1783, in-8, pi. 31. iMd., 1785; et Lond., 1786, in-8. — Essay on Fractures and
ÏMxatiims. Lond., 1790, in-8. E. Bgd.
AnL-ew-PBOWE^CE (Eaax minérales d*) . Hyperthermales OU mésother-
mnleSj amétaUites, carboniques faibles. On se rend de Paris à Aix par le chemin
Ae fer de Lyon, Rognac et Aix. Aix-en-Provence, sous-préfecture du déparlement
des Boucbes^u-Rhône, est à 90 mètres au-dessus du niveau de la mer Méditer-
nnt^. La température des mois de la saison thermale est, en mai, de i 6^ centigr. ;
«^n juin, de 20* ; en juillet et en août, de 25®, et en septembre, de 18®.
Tous les griffons d'.\i\ viennent d'une nappe commune, très-probablement de la
base du mont de Sainte-Victoire; les principaux émergent au milieu de la ville.
L'un d'eux alimente la fontaine publique de la rue du Cours^ et très-probablement
ir5 puits thermaux du voisinage. Les autres ont leur origine à 400 mètres plus
Knn, dans l'intérieur même de l'établissement thermal et dans les terrains qui
t'environnent. Ils sortent entre les fissures du rocher ; leur eau entraîne de la
UTre et du fiable , des bulles gazeuses la traversent et viennent crever à sa sur-
Cicp. Les filets qui composent la source Sextius, qui alimente l'établissement
thermal, sont seuls intéressants pour le médecin ; ils doivent donc nous occuper
<*Ydusi¥ement.
L'eaii thermale d'Aix-en-Provence est d'une limpidité parfaite ; elle n'a ni odeur
«
362 AIX-EN-PROVBNGE (baux mink».).
ni saveur, elle est douce, un peu onctueuse au toucher. Rlle n'a aucune action Mir
le papier ou sur la teinture de tournesol ; sa température est de 30^,35 œnti^r
au griflbn, de ^^^ centigrade dans les réservoirs et de 35*^ centigrade seulement
lorsqu'elle est arrivée dans les baignoires de marbre de l'établissement. Son poid
spécifique est à peu près le même que celui de l'eau distillée.
La dernière analyse chimique des eaux de Sextius, faile en 1855 par MM. Ixi-
^leo et Dony, a donné, par 1000 grammes :
Carlionate de chiux ^ . . . 0,1^17
— magnéùe O.OSSS
Chlonire de ralciam 0,0060
— inagDé»iuin 0,00S9
Sulfate de Mude 0,01%
— magaé&ie • 0,0014
Silice 0,0017
Alumine et oxyde de fer 0,00tl
Matière organique 0,0007
Iode traces
Total du MATiiasa ma» 0,Si4S
Gaz acide carbonique, quantité indéterminée.
L'établissement d'Aix -en-Provence était un peu délaissé; il va acquérir une
certaine importance par les travaux qu'on vient d'y exécuter. Le captaf^e àt
la source Sextius a été amélioré, l'installation et l'aménagement de la msiaon
de bnins se sont perfectionnés, de sorte que l'établissement thermal se com|MhP
actuellement d'une buvette, de 30 cabinets de baimi, d'une piscine de natation de
14 mètres de longueur sur 7 mètres de largeur, d'une division de douches et d'unt*
éluve.
Mode d'administration et doses. Les eaux d'Aix se donnent eu boisson à 1j
dose de quatre à huit verres par jour, le matin, à jeun, et de quart d'heure en quart
d'heure. Dans certains cas |)articuliers, les buveurs doivent, chaque semaine, ajouter
à leur eau 40 ou 45 grammes d'un sel neutre. Les bains de baignoires sont d'une heun*
en général, mais les bains de piscine doivent être conseillés d'une durée de tmi»
à six heures. M. l'inspecteur Goyrand, auquel sont dus les détails de œt artic^.
veut essayer d'obtenir les mêmes résultats qu'à un établissement oél&re de b
Suisse (wj/. Loeche), dont les eaux ont une grande analogie de oompositioo dii*
mique, sinon de température, avec celles d'Àix-en-Provence. L'admiuistntioQ
fies douches d'eau et le séjour dans l'étuve d'Aix ne présentent rien de pir-
ticulier.
Emploi thérapeutique. Ces eaux, en Ijoisson, ont-elles une action diurétiquf?
Il est assez difficile de dire si la quantité d'urine est sensiblement plus oonsidénblt
que la quantité d'eau ingérée ; mais il est certain que cette eau minémie est pla^
promptement assimilée que l'eau commune, et qu'elle donne un besoin d'urioit
presque immédiat. Cette propriété a naturellement conduit à son emploi inléritMir
dans les aflectioiis des voies urinaires (néphrites chroniques, coliques néphrétiques.
gravelles, catarrhes vésicaux), où l'expérience a prouvé qu'elle rend alors de grande
services.
L'utilité de cette eau en boisson, en bains et en douches, n'est pas contestée non
plus dans les dermatoses (eczéma, pityriasis, etc.) existant chez des personnes tA-
lement nerveuses, qu'un traitement par les eaux sulfureuses est absolument impu^
sible. C'est alors qu'il faut ajouter des sels purgatifs, tous les huit jours, k h boruufi
thermale, et que les Ijoins do piscine prolongés doivent être prescrits.
lies bains et les douches d'eau et de va|)eur constituent presque eichisÎTement
AIX-LA-CHAPt:LLK (radx NiNéR.). 563
ie traitement thermal des rhumatisants. La température native de l'eau de la
source Sextius, arrivée aux robinets des baignoires, et surtotit des douches, n*est
pas suffisante pour les besoins du service, et l'on est obligé de la chaufier artificiel-
lement.
Les eaux de Sextius, enfin, en douches générales et locales, pendant ou après le
bain, sont depuis longtemps en grande réputation chez les femmes aflectées de
souilrancfê utérines rebelles, caractérisées par des leucorrhées, par des douleurs des
lombes, des aines, de Thypogastre ou des membres abdominaux, qui rendent la
marche difficile et la station verticale à peu près impossible (Goyrand).
La durée de la cure est de 25 à 50 jours.
Ou n exporte pas les eaux d'Aix-en-Provence.
BiMjoGKApniB. — PiTTow (JeaD-ScoIastique). I.es eaux chaudes de la ville d^Atx, etc. Aix,
i67H. — Ladtieb (Honoré-Marie). H%%t. nul. dit eaux d'Aix-en-Provence, etc., Aix, 1705.
— Aksaoo (Louis). Traité dei eaux nùn, dÂix^en-Pravence, etc. Avignon et Aix, 1105. —
ÉMfucB (Antoine Aucane). Analyse des eaux min. d^Aix, oie. Avignon, 1705.— Valehtin (Louis).
KottM sur les eaux therm. de Balaruc, Digne, Gréaulx, Aix. In Joum, de méd. de Carmart,
Irrmx et Bayer, 1811, t. XXI, p. 108.— Robbbt, Essai Mst. et méd. sur les eauxtherm. if Aix.
A. ROTURBAU.
Aix-LA-CHArELLE (Eanx nîfaiérai«s d'). Eyperihermoles, chloTurées
sodiques moyennes, sulfurées sadiques faibles, sulfureuses fortes, azotée. De
Paris, le chemin de fer du Nord, ligne d'Erquelines, conduit en neuf heures, par
Liège, à Aix-la-Chapelle ou Aacheii .
Cette ville, de 52,000 habitants, est une des plus belles de. la Prusse rhénane ;
elle est à 180 mètres au-dessus du niveau de la mer, et la température moyenne
do Fair des mois de Tannée est de 9® centigrade. — La saison commence le
1^ mai et finit le !•' octobre.
Outre quelques sources ferrugineuses qui ne sont guère connues que des méde-
cins d'Aix-la-Chapelle, on compte quatre sources principales. Deux dites supé-
rieures: la Kaiserbrunnen (source de TEmpereur) et la Qiiirinusbrunnen (source
de Quirinus) ; et deux inférieures : la Corneliusbiiinnen (source de Cornelms) et
la Hosenbrunnen (source de la Rose).
i" Kaiserbrunnen. La fontaine de ce nom est dans Tintérieur du Kaiserbad
(bain de l'Empereur), rue Bûchel, n° 1223. La source qui alimente cet établis-
sement est la plus abondante, la plus chaude et la plus chargée en principes mi-
néfaliàatenrs de toutes celles de la station thermale. Ses eaux se rendent au
Kaiserhof (hôtel de l'Empereur) , au Neubad (bain nouveau), à Elisenquelie
(fontaine Élyse), nommée encore Trinkquelle (fontaine de la boisson), aux
biins de l'hôtel de la Reine de Hongrie {das Bad zur Kônigin von Vngam),
MaUhof, nMi84.
La fontaine Élyse, située sur une des places principales de la ville, est visitée
par presque tous ceux à qui l'eau d'Aix-la-ChapeHe est prescrite en boisson.
Iteux escaliers conduisent de la place à l'espace circulaire, garni d'une grille de
fer, qui est le prétoire de cette fontaine, au-dessus de laquelle on a élevé la statue
d'Elisabeth, reine de Prusse.
L'eau de Kaiserbrunnen est très-limpide, elle a une odeur fortement sulfureuse
et une saveur à la fois hépatique et clilorurée. Sn réaction est neutre, sa tempéra-
ture de 55*^ centigrade. On est obligé de la laisser refroidir avant de la boire ou
de l'employer en liains. Son poids spécifique est de 1 ,00349.
î/" processeur liiebig a fait en 1851 l'analyse des diverses sources sulfureuses
.(;i AIX-LA-CHAPELLE (eaix hinâr.)-
(1 Aix- la-Chapelle ; nous allons donner le tableau des résultats obtenus par ce rlii-
iiii>te> après avoir tait la topographie et la description de chacune d'elles.
'i*' Quirinusbrunnen, Cette source alimente la buvette particulière et la salle
de baia^i de Quirinushof (hôtel de Quirinus), Platzhof, n*" 1185. Elle a les mêmes
piopriôtés physiques et chimiques que i^elle deKaiserbrunnen, sa température n*est
((ue de 19*", 5 centigrade. Son poids spécifique est de 1,00327.
> Corneliusbfiinnen, Son eau se rend à la buvette et aux bains de Cornf-
liushof (hôtel de Cornélius), de KarUiof (hàlel de Charles), situés tous les deux
dans la rue Comphausbad, le premier au n^ 776, et le second au n* 777. Cette
source est la moins thermale d'Âix-la-Chapelle, et ne fait monter le tbennomètrc
qu'à 45^, 5 centigrade. Son poids spécifique est de 1 ,00305.
i"^ Rosenbf^nnen. Cette source émerge dans Bosenhof (liôtel de la Rose^
au n* 775 de la rue C(»nphausbad. Un escalier conduit à la buvette de la Ro«e,
qui est danâ le sous-sol de Thôtel de cet établissement. Les quatorze silles de bains
^nt un peu petites, mais très-confortablement installées ; leurs baignoires sont
en contre-bas du sol.
L*eau de Rosenbrunnen alimente aussi YArmenbad (bain des Pauvres) , situe sur
le Damengraben (quai des Dames), au n' 772.
Sa température est de 47"* centigrade, et son poids spécifique de 1 ,00515.
1000 grammes de l'eau des diverses sources d'Aachen renferment, d'aprè«
Liebig, les principes suivants :
KAitnBBvmm. qoibiiiomiidji. cowmuvtBBov. BiMoraavMn
ChloniN de sodium t,63e40 2.59505 2,46510 2,54588
Bromure de sodium. . : 0.00360 0.00360 0,00360 0,OQBtt
lodnre de sodium 0,00051 0,00051 0,00048 O.00049
Sulfure de iiodium 0.00960 0.00SS4 O.OOSU O.00747
Carbonate de soude 0,65040 0,55267 0,49701 0,51926
— rhaux 0.15851 0,17180 0.13178 O.tSSSU
magnésie 0,06147 0.0'346 0,02495 0,026S2
— protoiyde de fer . . . 0.00955 0.00520 O.00697 0.00007
— manganèM traces. traces. trare^. traeei*.
— lithine 0.00029 0,00029 0.00029 O.OÛO»
— atrontiane 0.00022 0.00025 0,00019 O.O0O27
Sulfatp de potasse 0.15445 0,15160 0.15663 O,1S400
— soude 0,28272 0,29202 0.28664 0.28220
Silice 0.06611 0,06204 0,06971 0,09BBO
SubftUnces organique^ 0,07517 0,09783 0,09279 O.OMSI
Phosphate d'alumine j
Fluorure de calcium > traces. traces. iraees. traee*.
Ammoniaque ;
Total des MATiÊnES mes. . . . 4.10190 3,96961 3,73066 3.IIMn$
400 volumes de gaz libre donnent :
KAisnaaonwii. ooianvsaaim. coaiiKuosaavii. aosiBaawa«t«
Cas aiote C6.98 81,68 pan d'analyse, pa^ d^ainhic
— acide carbonique 30,89 17,60 — —
— hTdrogéne proiorarbon^. ... 1,82 0,72 - —
— * — sulfuré 0.31 0,00 —
Total dks 6az. . . 100.00 100,00
MoDB d'administration et doses. Les eaux d'Aix-la-Chapelle se prennent l
jeun, et en iaL<«ant une demi-heure d'inter^'alle entre chaque veire. On doit en
rommencer Tusagc par de petites quantités, un demi-verre, un quart de verre par
exemple. Il est rare qu'à aucune époque du traitement on en prescrive plus de
(rob verres. Cela arrive quelquefois cependant, mais il faut surveiller très-attenti-
vement rinOuenoe qu'elles exercent Mir la circulation sanguine, et s'arrêter aui
AIX-LA-GIIAPELLË (baux hinkr.). 365
premiers symptômes d'uue surexcitation eiiagérée. On les boit avec difficulté au
débat; on s'haUtue bientôt à leur saveur, et on finit par les prendre avec plaisir.
La cure interne est très-importante, mais le traitement extérieur est assurément
le phis suivi à Aix-la-Cbapelle. La durée des bains d'eau et de vapeur varie d*un
qifioid'beure à deux heures. Us ne sont point débilitants comme les bains ordi-
naires; ils rendent au contraire plus vigoureux, et les eaux d'Aachen sont besm-
owp moins excitantes que celles de la plupart des sources sulfurées et sulfu-
reuses.
L emploi des douches, si fréquent et si bien réglé à Aix-la-Chapelle, est très-
remarquable, parce qu'il diminue la sensibilité de la peau aux transitions brusques
de k température extérieure.
Le massage suit presque toujours l'administration des douches; mais les malades,
apiès être douchés et massés, font bien de se livrer à un repos complet : ils éprou-
vent alors un grand sentiment de calme et de bien-être.
EiPLOi THÉRAPEUTIQUE. Los médccius d'Aix-la-Chapelle ne revendiquent pas
pour leurs eaux hyperthermales, chlorurées, sulfurées, azotées et sulfureuses fortes,
rKonneur de guérir la phthisie pulmonaire : ils reconnaissent au contraire que
Ton doit en tenir éloignés ceux qui sont atteints de cette cruelle afTectiou, quel
que soit son degré.
Les eaux d'Âachen, à rintérieur, ont une influence favorable dans certaines
complications de la phthisie, dans h. laryngite et le catarrhe bronchique par
exemple, qui accompagnent le plus souvent la deuxième et la troisième période do
aite maladie. Elles guérissent beaucoup mieux encore les laryngites et les bron-
chites chroniques simples. Dans ce cas, il convient de prescrire, en même teuqis
que l'eau en boisson, les bains généraux du gaz et de la vapeur de l'établissement
da Neubad, dont l'installation permet aux malades d'avoir la tête dans l'appareil.
Ces eaux sont utiles aussi à l'intérieur, dans quelques affections de la muqueuse
intestinale, qui se sont montrées après la disparition d'une altération dartreuse de
la peau.
Leur ingestion est très-avantageuse dans les catan-hes des voies uriiiaires, clic
diminue la quantité d'acide urique dans l'urine; elle soulage beaucoup aussi ceux
qui portent de petits calculs dans un des points des vuies uropoiétiques.
Ces eaux sont très-indiquées dans la période initiale de la goutte.
Dans la scrofule, et particulièrement dans l'anémie scrofuleuse, le traitement
interne, combiné avec la cure extérieure, réussit parfaitement à Aix-la-Chapelle.
Geseaux intus et extra sont opposées avec succès contre les intoxications arseni-
cales, plombiques,mercurielles, et surtout contre les accidents syphilitiques secon-
daires et tertiaires.
F/emploi des bains et des douches suivis de massage est recommandé avec raison
daiis le rhumatisme sub-aigu, et surtout dans le rhumatisme chronique. Dans le
premier cas, si la maladie est accompagnée de douleurs encore assez vives et d'un
I^ODflement assez notable, il ne faut prescrire que les bains de l'eau et de la vapeur
de> 2»ources d'Aachen. Les douches d'eau et de vapeur, suivies d'une séance de
massage, ont acquis une juste réputation a ces som'ces, dans les accidents rhuma-
tismaux complètement apyrétiques n'occiisionnant de douleurs que lors des
Rangements de température. — Dans les paralysies et les névralgies rhumatis-
D&les, la cure extérieure est presque exclusivement employée.
Quatre observations, publiées par M. le docteur Wetzlar, semblent prouver l'cf-
iicacitc du traitement oxtériem par les eaux d'Aix-la-Chapelle dans l'atrophie
5Uë AIX-LA-CHAPELLE (kàox iriBiR.)*
musculaire piogreasive généralisée ; il est certain qu'elles ont |4uifti«ui> fm^
guéri les atrophies musculaires localisées, d^ori^^ine rhumatismak*.
Les paralysies qui reconnaissent pour cause l'hystérie, la chlorose, elc , sont '«
peu près certainement guéries par les eaui d*Aacheu en boisson et n Kettéricur.
il ne faut pas conclure de là que le même traileinent thermal produise les ménif»
résultats chez les personnes devenues {xiralytiques a la suite d'hémorrhagies réré-
k-ales, remontant même à plusieurs années. Leur action est tcès^angereohc d
peut être mortelle alors, en exposant à une apoplexie nouvelle.
Dans les contractures rhumatismales, dans la gêde des mouvemenis qui suit 1»'^
fractures, les luxations ou certaines cicatrices vicieuses, les hains et les doudie%
d'eau et de vapeur donnent de bons résultats. Le massage a aussi une ef1k«cilr
incontestable.
L'usage combiné des eaux et de la vapeur d'Âix-la-Cbapelle est recommandé ain
succès dans certaines maladies de la peau. Les aflections vésiculeuses et fmstU'
ieuses sont celles qui cèdent le mieux. Ainsi dans toutes les formes de rheqi&,
dans les eczémas chroniques, dans les impétigos les plus rebelles, dans les acoést
dans les sycosis même, les eaux d'Aix-la-Chapelle réussissent souvent, alors méuie
qu'ont échoué d'autres sources minérales sulfurées et sulfureuses. Les affectiom
paptdeuses et squameuses ne sont même pas améliorées le plus souvent à la
station d'Aachen.
Les ulcères atoniques et les trajets fistuleux, lorsqu'ils sont entretenus pr U
présence d'un corps étranger, se cicatrisent presque toujours à la suite de la cim^
extérieure à ces sources minérales.
Ces eaux en bains généraux, et principalement en douches locales, produisent
enfin d'excellents effets dans les maladies des organes sexuels de la lémme fengoi-
genients du col utérin, leucorrhées, etc.), lorsque surtout les personnes sujette» à
ces accidents souffrent ou ont souilert d'affections herpétiques.
Durée de la cure, de 20 à 25 jours.
Les eaux d'Aix-la-Chapelle ne sont guère employées que dans la station theiiiulc.
Il n'y a que les eaux de la fontaine Ëlyse qui soient evpoi'tées,
BiiLioGRAPBiE. — Fabricivs [Fraiiç.]. Rwremundamtê, medicut aquetuù, de bûlneomm natu-
raiium maxime eorum gwe sunt Aquiêgrani et Porceii natura et facHltatilnu, tum ipta rêtme
itltB utendum, Ubelluê. Coloniie, apud Gennepa^um. 1516 — Pet. Bauhesius «. Brmhetm.
1555.--J0A. Bauhinuê. 1612. — PA. de Bogier.idA9. — Amlr. aCeUanava.Bemh.Paterwu,
Anton, Guanairhu. 1554. Les traités de ces trois derniers auteurs se trouvent dans l'ou-
\ngc paru à Venise en 1554, sou9 le titre : De balnei» omnia, etc — Bunioel (FimDciscu«
Thermarum Aquisgranenstum et Porcetanarum description congruorum quoque ac satuMim
HSHum balfieatioms et potationis ffucidatio, ace. probsp aqvarum Aquisgraneruimm. Tnj ad
Mosam, 1655, in>12.^ Allemands. /Egid. Ueuseh, 1685; Tourneille, 1006; Friedrich Boffmtnn,
1717; Cari Springsfeld, 1748; Udrou, 17 S9; Johann Usoinne fils, 1781; Micheis. ^«3:
Veling, 1791 ;-> Bklgks. J. F. Bersmal, 170 • ; Oelile, 1751 ; Thomas Uioinne père. 1738; de li»-
iHfurg, 1782. — Frasçais. Didier, 1661; W. Chrouet, 1714; W. Waiiiw5l,1768.— Awlai». Pn$k.
1676; Charles Perry, 1754} De 1m Rivière, 1736; C. Lvcas. 1756; J. mttiams. 1772; Jfhi
Aseh, 1788.~SoÉDoi8. Blcmt 1766; Toltem Bergmann, 1778. Ces deux derniers trut<^ ««^
trouvent dans les journaux de TAcadémie suédoise. --Hollaicoa». Franc. Tonrmet, 1674.
Math. Sotders, 17.>l.-^UnsBERG (Franc.). Analyse chimique des eaux therm. suif. d'Air-lê'
Chapelle et de Borcette. Aix-la-Chapelle. 1810. — HOmER (D' B. H). Ein Wort m »et9fr
Zeit ûher die Mineralquellen nnd Bdder in Aaehen. 1819.— MomiEia (J. P. J.) Dte Hed-
quellen von Aaehen, Burischeid, Spaa, Malmedy und Heiistein, in iltren hiêtarische». geoga^
stischen, phy^iscften, chemischen und mediciniseh/n Beziehungen, îiebst einer Karte bl^I
einem Titeikupfer. Aaehen, 1829, in-«. — Liebig (professor Justus von . Chentische tutfr-
snchung der Schwefelquellen Aaehens. Aaehen und Leipsig, 1851. -> Rsom^t (D* ^
Aaehen und seins lleitqueUen. Aaehen, 1828.— Zitterl and [d' i . Aachens UeitqneUen. Kin Uané-
bnch t\sr Aerzte, sowie ein unentbehrlicher Bathgeber fur Brunnengdste. ln-8. Aacheo. IKô^i
ÂIX-LKS-BAINS (KAUi hjnk;b.). 3»7
— Ike nemaiideekteH EiunqueUen in Âachen mid BurUeheid, ueM einer Nachrieht uber
ée (kwmmmg de* Thermaisalse» da telM. In-IO, Aachen. — Wi:ni.AR (D' A.-M.]. Phyii-
nm ai Aix-la-Chapeiley a Demriplion ef the Minerai Springs of Aix-la-Chapelle ani Bor-
cfttf mtk iome Account oftheCuriosities ofboth Places and Environs. In-8. London and
Ux-b^8peUe, ISiS. — Daboorvillb ;d' A.). Deêcription of the Waters of Aix-la-Chapelle
mtk l^eeUmu /6r thdr Use^ trantlated flrom the Publication in French. — Moivheiii, Zittbh-
LU», DABm»!«Tiu.Kr HôpnriB, Beoboht, Scrbeibeb et Wetzlab. AiX'la-Chapelle, Borcette et
Spm. Aix-lft-Chapelle, 1845. — KoBtra (E. G. Th.). VoUstàndige medécirnsch-physicaltMche
ikhandlung uber die wahren Uineratqftellen und Bdder in Aachen und Burtscheid. In-8.
mit Zusâtien. Hanim, 1818. — Rkunotit [D' Alexander). Denktchrift uber die Einrichtung
nUdindiger Apparate zum Einathmeu der Gase und Dàmpfe der Schwefelthermen su
Àaehen. Aachen, 4855. — Berrath (Henri). Guide dans Aix-la-Cliapelle, Borcette et ses
amrons. Avec plan. 1853. — Babth (D' G.]. De l'usage des eaux minérales pendant la
Êmét et 9mm de repos en général, et en particulier des eaux thermales sulfureuses alca-
Unes d Aix-la-Chapelle et de Borcette. Aix-la-Chapelle.~ Qum (Ehr.). Gesehichte der Sladt
Àaehen, naek Quellen bearbeitet, mit einem Codex diplomaticus aquensis. In-4. Aachen,
1849-1841. In Commission bei J. Hensenet Comp. — WETzrAB. Practical Observations on the
Cure of S^pkititic Affections by the Aix-larChapelle hot SulpJiureous Waters. Aix-la-Clia-
pdle, 1860. A. ROTUREAU.
Aix-UBS-BAINS (EanmlBéralcAd'). Hyperthermales^ amétallites, sul-
fureuses ^ azotées ei carboniques, (Par Mâcon, Bourg, Cuioz). Aix ast une sUtion
du chemin de fer de Victor-Emmanuel.
bans le département de la Haute-Savoie, Aix est à 258 mètres au-dessus du
riireau de la mer, à 32 mètres au-dessus du lac du Bourget, qui occupe le fond de la
Tallée. L'établissement d' Aix appartient à l'État. Population, 4200 haJ^itants ; tempé-
rature moyenne pendant la saison thermale, 21° centigrade. Aix se trouve ainsi dans
treicclientes conditions topographiques pour le traitement des affections dont la gué-
risoD exige une température assez élevée et des variations atmosphériques peu sensi-
bles. On peut y suivre un traitement thermal toute Tannée ; mais la saison officielle
commence le 15 mai et finit le 1*' novembre.
Deux sources alimentent rétablissement d'Aix-les-Bains : Tune se nomme la
snurce ttAlun^ du Souterrain, de Saint-Paul; Tautre la source de Soufre. Une
litnsiènie, nommée source Saint-Simon , est quelquefois employée en boisson.
!• Source d^Alun, Elle émerge, à Test de la ville, dans une galerie creusée
(lans la roche vive, et qui est une des curiosités de cette station thermale. Son
débit est de 48.124 litres en 24 heures, soit 3.542 litres par minute.
L*eau de cette source, vue au griffon, est recouverte d'une couche de barégine
^isàtre, douce au toucher, au-dessous de laquelle Teau est claire, limpide et trans-
[«rente; elle a une odeur et une saveur assez désagréables, mais très-peu hépa-
tiques; elle est traversée par de grosses bulles gazeuses qui viennent de temps en
temps crèvera sa surface. àSa réaction est franchement alcaline. La température de
U galerie étant de 58« centigrade, celle de Teau est de 43°,5 centigrade ; son poids
Npéfiûque est de 1,00025.
M. Bonjean, chimiste 5 Chambéry, a trouvé, dans 1000 grammes de Teau de la
source d*Alnn :
Acide hilicique * 0|00430
Phosphate d'alumiDe « |
— de cbaui j 0,00249
Floonire de calcium. '
Carbonate de chaux O.IRIOO
— magnésie 0,01W0
_ fer 0,00936
— strontiaiie trace*
0,97435
568 AIX-LËS-BAINS (kaux minêh.)*
Report. 0,S7433
Sulfate de soude 0,01240
— chaux 0,01500
— magnésie . 0,05100
— alumine 0,00910
— fer traces
Chlorure de sodium 0,01400
-> magnésium < 0,02200
Glairinc • . quantité ii
Terte 0,00724
Total des lunàass nxsb 0,4105B
iAzoUs 0,00010 litre.
Acide sulfbydrique 0,02600
~ carbonique 0,01334
Oxygène 0,01840
Total dis gaz 0,13784
2^ Source de Soufre. Une forte dalle de pierre, placée entre le cabinet u* i
cl la salle d'inhalation des hommes, recouvre le bassin de la source de Soufre. Si
vapeur monte par une colonne creuse, et se répand dans les anciennes salles d*inlia-
lation gazeuse.
Cette source a un débit de 1 .550 litres par minute ; son eau, vue en masse, e^
laiteuse ; son odeur est plus sulfureuse que celle de la source d'Alun ; sou goût ^
aussi plus désagréable. Des bulles gazeuses, très-petites et très-fines, agitent cou-
stamment Teau du l)ossin, et produisent à sa surfîice l'image des gouttes d*on4'
pluie tombant sur un lac. Sa réaction est alcaline, sa température de 44®, 7 ceiili-
grade, son poids spécifique de 1,00024.
1000 grammes de cette eau ont donné à M. Bonjean :
Acido silicique O.OHoOO
Hrasphate d'alumine )
— chaux > 0.00249
Fluorure de calciu.ii '
Carbonate de chaux 0,14850
— magnésie 0,02587
fer 0.00886
— «Irontiaup traces
Sulfate de soude 0,09002
— chaux 0,01900
— magnésie 0,05827
— alumine 0,06480
— fer traœâ
Ciilonire de sodium 0,0U792
— magnésium 0,0l7il
lodure alcalin Inces
Glairine, quant, indci.
Perte 0.01200
Total dbs MATiftni» mx» 0,42904
( Aïole 0,0S2O4
Gaz. . . { Acide sulfhydrique libre 0,04140
' — carbonique 0,02S78
Total des 6ai 0,09922
MM. Henry lils et Bonjean ont reconnu de plus la présence de l'iode et du
brome dans Teau des deux sources précédentes.
S"^ Source Saint-Simon. À 1 kilomètre d'Aix ; elle sort d*un terrain d «IIutIoik
Eau claire, limpide, transparente, incolore et inodore, n'ayant pas de sa-
veur prononcée, réaction alcaline, température de 19*,5 centigi*ade; yM^
spécifique,!, 0002.
Analyse chimique de Kramer, eu 1855. — 1000 grammes d'eau ont domiô :
AIX-LES-BÀINS (eaux xinér.). 569
Carbonate de cliaux 0,235il7
— magnésie 0,161620
Oxyde magnésique 0,014797
Cfaîorare de magnésiom 0,000290
Salfale de magnésie 0,011241
— polasèe 0,003914
— soude 0,008899
Acide silicique 0,008256
AiumiDe, fer 0,001722
Matière organique 0,0f0626
Perle 0,002626
Total des MATiiRBS nxBi» 0,469908
Gas aeide carbonique quantité indétcrmiuée.
M. Pétrequin a signalé des traces d'iode.
Il y a quelques années encore, les canaux qui conduisaient les eaux des deux
MMirces sulfureuses d'Aix aux diverses [mrties de rétablissement étaient trop
larges, et permettaient à l'eau d'être longtemps en contact avec l'air; aussi an*i-
vait-elle aux baignoires et aux douches privée d'une partie de sa sulfuration
[iremière. M. l'inspecteur général Mêlier a fait placer des tuyaux d'un calibre calculé
siir le rendement des sources, de sorte que les eaux remplissant leurs conduits
arrivent aux différents moyens balnéaires presque avec leur sulfuration native.
Établissement, On ne peut donner une idée exacte que du vieil établissement
d*Aix-les-Baiiis et de son annexe, car la constraction d'un nouveau bâtiment
A été décrétée dans ces derniers temi)s, ainsi que celle d'un hospice qui portera le
tioin de la reine Hartense, Le bâtiment nouveau sera exclusivement consacré à
une centaine de cabinets de bains. La division des bains en eflet était trop incom-
plète à Aix.
L'eau de la source d'Alun alimente le petit réservoir de la Maison de bains des
jHtuvreSy les cabinets de bains, les douches d'eau, les piscines^ les douches de
vapeur, le Vaporarium, les gerbes des salles dHnhalation et trois des buvettes.
Deux tuyaux, toujours ouverts, versent en outre cette eau dans une fontaine
publique où les habitants viennent la puiser pour leurs usages domestiques et le
ser\ ice de leurs bains particuliers.
L'eau de la source de Soufre se rend à la piscine des hommes, aux baignoires
et aui douches Albbatines, aux baignoires et aux doudies du Cbnthe, aux bai-
gnoires et aux douches des Ancieiis Princes, à la quatrième buvette et à la salle
d'inhalation tiède.
EufiD, deux réservoirs d'eau froide, venant de la rivière et passant au travers de
filtres de gravier tout à fait insufBsants, fournissent l'eau nécessaire pour tempé-
rer la chaleur des sources sulfureuses dWix,
L établissement actuel contient :
A. Dans le Vieux bâtiment : Au sous-sol, la première division, qui comprend
(pKitre salles de buvettes et deux salles d'inhalatiou ; aurez-de-chaussée, la deuxième
(liTisioii se compose des douches d'Enfer, des douches du Centre, des douches des
Princes et des Albertius vieux, de deux piscines et de 22 baignoires dans 21 cabi-
nets; au pemier étage, la troisième division est constituée j)ar les douches des
Princes et des Albertins nouveaux, les douches moyennes, ascendantes, Berthollet,
les cabinets de bains de vapeur généraux ou lociiuxpar encaissement et deux salles
d'inhalation.
B. Dans V Annexe : Au sous-sol, 4 cabinets de douches avec bouillon, dont
leau, tombant sur une palette à manche, iorme beaucoup de vapeur et constitue
niie sorte d'étuve; 2 piscines de famille, dans lesquelles dix pei*sonnes se baignent
3 la ibis; elles peuvent servir à l'administration des douches (c'est pour cela qu'on
UCT. BHC. U. 24
370 AIX-LES-BAINS (baux MiiiéR.).
les désigne pur lu nom de douches impériales) : 1 douche en cercle ; i douche de
taboui'et ou de siège; 2 douches ascendantes; 1 salle d* inhalation tiède, k voûk*
surbaissée, alimentée par Teau de soufre, qui y airiverait aussi miocralisée et pres-
que aussi chaude qu'elle Test au griffon, si elle n'était refroidie dans son parcoure
par le voisinage d'un conduit d'eau de rivière ; au rez-de-chaussée, 32 baignoirr>,
i 6 pour chaque sexe ; 2 grandes piscines de natation où 50 pci'sonnes peuvent abé-
ment se baigner à la fois.
Une salle élégante réunit l'établissement ancien à l'Annexe ; elle seit de triiiL-
halle pendant les jours de mauvais temps.
Marlioz et Challes se trouvant aux environs, et leui-s eaux fiiisani trèf-souvenl
une partie essentielle du traitement hydro-minéral d'Àix, leur étaUiseemeiit d
leurs sources doivent être compris dans cet article. D'ailleurs, en thérapeutiqut,
les oau\ de Marlioz et de Challes sont souvent les auxiliaires des eaux d'Aix.
Harlloa. Athermales, sulfurées sodiqueSy azotées. Le parc de l'étaUi^so-
nient de Marlioz est à 1500 mètres d'Aix-les-Bains, à gauche de la route de ChoDi-
l)éry, à 250 mètres au-dessus du niveau de la mer. Il y a à Marlioz trois sources:
I*" la source Bonjean; 2<^ la source Adélaïde ; 5® la source iïEsculape.
1° Le griffon de la source Bonjean est dans la partie la plus élevée du parc,:»!!:»
un pavillon circulaire établi sur un puits dans lequel l'eau monte par refiMilement.
— Un escalier descend au prétoire de la source.
Cette eau est claire, limpide et transparente. Elle a une odeur et une saveur
hépatiques moins prononcées que celles des sources d'Aix, quoique beaucoup plu»
chargée au sulfhydromètre; des bulles gazeuses très-fmes montent à chaque mo-
ment à sa surface. Un enduit blanc grisâtre, onctueux au toucher, et ayant um*
assez grande cohésion, recouvre les pierres baignées par l'eau de cette source, dool
la i*éaction est alcaline et la température de 9^,8 centigrade; son poids spédiiqiK
est de 1,00023.
1000 grammes de cette c<m ont donné, en 1857, à H. Bonjean :
Acide tilicique 0,OOB
Sulfure de sodium 0,067
BicarbMiate de chaux 0,1(6
— magnésie O,0li
• — aottde 0,040
— fer 0,015
— iDaoganè»e 0,001
Sulfate de loude O.Ott
— diauK O.UOS
— magnésie U.OtK
— fer 0,007
Clilonirc de «odium 0,018
— magnésium 0,01-l
lodure de polaaaiuro i
Bromure de poUa^ium.. . . | quantité indétermioée.
Glairine )
rerte 0,017
Total db» lUTiftaE» nxi^ 0,4£l
tu 1859, MM. Pctrcquin et Socquet ont dosé l'iode et le brome, et ont tTDuu*
lodt* 04XXM9U
Brouic 0,000(K»15
Total 0,0002459
Acide ^ulnl)d^ique lihrc 0.670 litre.
iiat. . . ) — carbonique lihrc 0.464
I Aïolo 0,977
Total asa fin t,Ui
A1\-LES-BÂL>S (eaux miner.)- ^7^
'i* Un i^tavilloii liexagonal abrite la source Adélaïde, qui a sua gnll'ou diuis la par-
lie la plus à gauche et la plus déclive du parc.
£au laiteuse vue eu niasse, transparente dans un veiTe, même odeui* et même
swewr, même température, même réaction que celles des deux autres sources. Son
)K>id$ spécifique est de 1,00025. Inutilisée, elle n*a point étéj soumise à l'analyse.
5* L*eau de la source d*Esculape alimente seule le })avillon composé de deux anti-
chambres, d*un vestibule, de deux salles d'inhalation gazeuse, d'une salle de dou-
ches locales et d'eau pulvérisée, qui forme l'établissement de Mariiez.
Dans le vestibule se trouvent les deux robinets de la buvette, dont le premier
\erse l'eau d'Esculape à la température de la source, le second l'eau de cette source
ihauflée au bain-marie.
Les deux salles d'inhalation gazeuse sont précédées de vestiaires. Un bassin donl
\\*Mi vient d'une pomme d'anosoir à huit jets filiformes, qui se brisent sur un
(iome de zinc, occupe leur milieu et imprègne leur atmosphère d'uue forte odeur
&ulft]reuse.
La salle de douches locales et d'eau pulvérisée a six appai'eils autour et au fond
de la pièce. Ces appareils ont des jets qui ne se poudroient pas lors(]u'on le veut, et
iienrent aux douches pharyngiennes.
AlhermaleSy sulfurées sodiques, iodurées, bi'omurées. Les source^3
(le Ghalles sont à 8 kilomètres de Chaml)éry, à 200 mètres de la route de Turin,
à 270 mètres au-dessus du niveau de la mer. Trois sources qui se nomment : 1^ la
Grande Source ; 2'» la Petite Source; Z^ la Source du Puits,
1*^ La Grande Source a un débit de 1500 litres en 24 heures; son eau n'est |kis
limpide à la surface, ce qu'explique la quantité de soufre et de barégine qui la
recouvre. Au-dessous de cette croûte l'eau est d'un blanc laiteux , lorsque surtout
elle est eu grande quantité ; elle est même un peu louche lorsqu'on la regarde
dans un verre. Des bulles gazeuses s'en élèvent, et pourtant l'œil n'en distingue
aucune lorsqu'on examine l'eau au travers du vase dans lequel on l'a puisée. Elle
est onctueuse au toucher ; elle a une odeur et une saveur très-marquées et très-
débagrcables. Elle n'a nulle action sur le papier ou sur la teinture de tournesol ;
^e n'eu a pas davantage sur le papier de curcuma. Sa tem[)érature est de 13^,3
centigrade; son poids s^iécifique de 1,00026.
1000 grammes d'eau analysée en 1842, par M. 0. Henri, ont donné :
Chlorure de sodium 0,081<l
— magué^iuiQ 0,010U
Bromure de aodiuiu 0,010U
lodure de potaa»iuju 0,0(199
Solfiirede Mdiam 0,S95U
(jirbonate de aoude anhydre 0,1377
Sulfate de soude i mv*^*^
chaux, peu j ®'<^
Carbonate de chaux 0,0410
— magnésie 0,0430
— ftlronliane 0,0300
Pbo«pliate d'alumine et de chaux i aqkoa
Silicate d'alumine et de chaux { '
Sulfate de fer et de manganèse . 0,0015
Matière organique aiotée (glairinc) 0,0221
Soude libre traces scn»ibles.
Perte 0,0325
Total PBS MATiiaEs FIXES 0,8451
^ la Petite Source émerge du même rocher; son eau, dans son bassin de cap-
l^«i a une couleur ardoisée; elle est pourtant trcs-clairc et très-limpide. Des bulles
372 AII-LES-BàINS (eaox ■min.).
de '^ia très-fioe» la traversent incessamment. Son odeur est moins sulfureuse et sa
saveur beancoup moins désagréable que celles de la Grande Source ; sa réaction e$l
aussi par&itement neutre; sa température est de 14* centigrade.
Le» personnes du voisinage viennent la boire de préférence à Teau de la Grande
Source. Klie nu point été analysée.
3* La Source du Puits, qui rendrait certainement d'utiles services s*il y avait i
Chaltes uu établissement thermal, ncst piis employée jusqu'à ce jour.
Son eau n*a point été non plus soumise à l'analyse chimique.
MoDB d'âdhiiiistration et doses. 1* Les eaui d'Aix-les-Bains s'administrenl
uu boisson, en inhalations gazeuses, en bains de baignoires et de piscines, en douches
de toutes formes et en étuves.
Let» eaux de la source d'Alun sont beaucoup plus souvent employées que celles de
kl siouroe de Soufre ; les unes et les autres se prescrivent en général à la dose dr
un à quatre verres, quelquefois coupées d'eau chaude, d'une infusion émoUientf
uu aiXHuatique, de lait, et édulcorées avec un sirop béchique. Elles sont ingérées
pures le plus souvent et en quantité progressivement croissante.
On boit à Aix les eaux apportées de la Bauche, de Saint-Simon, de Harliot et
de Challes, daus certains états pathologiques déterminés. Les deux tiers des malades
eu font usage. Disons, pour n*y plus revenir, que les eaux de la source de Saint-
Simon, et plus souvent aujourd'hui les eaux d'une source récemment découverte,
nommée la source delà Bauche, qui contiennent par litre 0,14257 de bicarbonaU*
tie protoxyde de fer, sont conseillées aux chlorotiques et aux anémiques, pour
lesqueb un traitement martial est indispensable, à certains dyspeptiques, à certaine
euturrheux, à certains graveleux, à certains goutteux même auxquels convient uik*
iMU légèrement bicarbonatée, à base de chaux ou de fer.
L'inhalation gazeuse est un moyen beaucoup plus usité à Aix qu'il ue Fêlait
(|uaiid cette station ne possédait que les salles du vieil établissement. Leur chaleur
en eflet était une cause de stimulation trop vive dans les affections des ^oies
nériennes, et paralysait les effets sédatifs du gaz hydrogène sulfuré.
Lu nouvelle salle d'inhalation gazeuse tiède est beaucoup plus fréquentée aujour-
d'hui.
Les bains se prennent, à Aix, en baignoires ou en piscines. Autrefois les bains de
Imignoires et même de piscines étaient peu suivis. Ainsi, il y a dix ans à peine, leur
ravenu n'était pas le liera de ce cpi'il a été pendant la saison de 1863. Gela $c
(*4>niprend aisément lorsque l'on compare l'eau qui arrive à plein canal aux bai-
gnoires de l'établissement à celle qui servait, après son transport et sa désulfura-
lion, dans les hôtels et les maisons particulières d'Aix-les-Bains.
Il y a quelques années seulement, l'application des douches en jet fonuait la
JKise d'une cure hydrominérale à Aix. Toutes les personnes auxquelles les doud^s
étaient appliquées entraient dans une chaise à porteurs qui les prenait dans leur
lit et les y reportail, Fopéralion une fois terminée. Les douches étaient d'une
forme, d'une durée et d'une température variables. On massait sous l'eau; on met-
liiit dans le maillot, s'il en était besoin.
Rien à dire de particulier des bains d'étuves d'Aix, si ce n'est que leur vapeur
est un accessoire pour ainsi dire des salles d'inhalation gazeuse diaude, comme
li« cabinets de douches dans l'atmosphère desquels le principe sulfureux se aépan:
de l'eau sont d'utiles adjuvants des salons d'inhalation tiède.
3* Les eaux de la source d'Esculape, de Harlioz, se rendent seules aux salles de
littvettet, d'inhalation gazeuse et de pulvérisation. Elles sont beaucoup moins sou*
AIX-LES-BAINS (kadx miner.)- 373
Tent employées en boisson que celles d'Aix. Les malades qui viennent le matin
pour les înlialations sèches ou liquides en font seuls usage. Elles sont prises pures
ou coupées, suivant les cas et la susceptibilité des buveurs. On dépasse rarement
la dose de trois verres, pris à une demi-heure d'intenalle.
Les inhalations de gaz ou d*eau pulvérisée, les douches pharyngiennes, consti-
tuent la spécialité de réLiblisscment de Mariiez.
Dans les salles d'inhalation gazeuse, les malades doivent se contenter de s'asseoir
autour du bassin ou dans toute autre partie de la pièce, d*y séjourner pendant le
tmps prescrit; ils peuvent lire ou faire la conversation.
Ceux qui vont à la salle d'eau pulvérisée trouvent les appareils convenables pour
les douches capillaires et pour la fragmentation de Veau : ils sont obUgés de prendre
un vêtement imperméable et des chaussures qui les préservent de l'humidité.
5^ Les eaux de la grande et de la petite source de Challes sont employées en
boisson seulement, à la dose d'un quart de verre à un demi-verre, au début. On ne
dépasse guère deux verres par jour, pris le matin à jeim et à un intervalle d'une
demi-heure et même d'une heure. On coupe et on édulcore cette eau très-active,
lorsqu'on ne veut pas trop exciter et que les organes digestifs ont une grande sus-
ceptibilité.
Il était nécessaire d'entrer dans quelques détails sur le mode d'administration et
les doses des eaux d'Âix, de Mariiez et de Challes, pour faire mieux comprendre
leur action thérapeutique.
YjMpioi THÉRAPEDTiQOE. Lcs caux de la source d'Alun, en boisson, les bains peu
prolongés dans les piscines de natation, la douche tiède avec massage sur la partie
»npérieure du corps, sans sudation, constituent le traitement qui convient le mieux
aux nombreux dyspeptiques qiii viennent chercher leur guérison à Aix-les-Bains.
Ceux qui souffrent d'affections des voies respiratoires n'étaient guère traités a
Aix, avant ces dernières années; ils forment maintenant une notable portion des
lâigneurs. L'inhalation tiède de l'Annexe, les inhalations froides ou le séjour dans
la salle de pulvérisation de Mariiez, l'eau d'alun en boisson, les bains, et surtout
les douches en jet, accompagnées ou non accompagnées de massage sans maillot ,
yùwi les moyens toujours prescrits contre les états pathologiques de l'arbre aérien.
Lorsqu'il s'agit de pharyngites, lorsque surtout elles sont granuleuses, on appli-
que sur le point affecté la douche capillaire de la salle de pulvérisation de Mariiez.
Si le médecin, au lieu de redouter une stimulation trop grande, la cherche au
(Dfltraire, il doit conseiller à l'intérieur l'usage de l'eau de Challes qui s'admi-
nistre à Aix, pendant la durée des bains.
« Les laryngites, dit M. le docteur Vidal, les trachéites, les bronchites chroniques
^impies, l'asthme, les catarrhes, sont aussi utilement traités à Aix que dans beau-
coup d'autres stations plus renommées. » Il ajoute que les congestions tuberculeuses
«fai poumon, avec ou sans cavernes, avec ou sans hémoptysie, éprouvent une amé-
lioration presque constante d'une cure à Aix.
Wxns les aflections cutanées, les eaux d'alun et de soufre, les eaux de Marlioz, v i
Hutout les eaux de Challes en boisson, les bains d'eau et de vapeur, les douches en
nnal ou écossaises avec les eaux sulfureuses d'Aix, ont une puissance depuis long-
temps reconnue par tout le monde.
Si les douches constituent la partie la plus importante du traitement d'Aix en
Savoie, les aflections qui reconnaissent pour cause le rhumatisme sont, en première
ligne, celles qui réclament les bénéfices d'une cure à cette station thermale. Les
••aux d'Aix, de Mariiez et de Challes en boisson, restent alors sur le second plan
574 AIX-LES.B\'INS (baux HmiR.).
el ne sont plus conseillées que dans certaines circonstances inutiles n préciser, parrr
qu*eUes sont toujours relatives à la constitution du sujet plus qu'à sa maladie loca-
lisée. C'est au traitement externe, et principalement aux douches en jet ou à l'otuvc
avec bouillon, suivies de massage et d'emmaillottage, qu'il convient de recourir. On
produit et on entretient une transpiration nécessaire dans une aflection où il im-
porte avant tout de rétablir les fonctions de la peau qui ne se font plus convena-
blement.
Le traitement dont il vient d'étœ question doit être appliqué, quelles que soient
les manifestations du rhumatisme : qu'il soit extérieur ou intérieur, qu'il affecte lo
uns ou les autres des tissus de l'économie.
Une remarque qu'il faut se garder de passer sous silence, et qui est pour ainsi
dire particulière à Aix, consiste à indiquer que ces eaux, à l'extérieur, donnent de>
résultats très-heureux dans le rhumatisme à sa période sub-inflammatoirc. C'est
M. l'inspecteur Vidal qui, le premier, a signalé ce fait intéressant.
Les eauxd'Âix ne bornent pas leurs prétentions à être très-utiles dans les paraly-
sies, les analgésies, les anesthésies, les hyperestbésies, les atrophies niusculain'>
même d'origine rhumatismale, ce que tous les médecins admettent; elles veulent
encore comprendre dans leur sphère d'action les troubles du mouvement et de h
sensibilité, consécutifs à des congestions ou à des hémorrhagies cérébrales, non-
seulement lorsqu'elles sont anciennes et que la circulation est presque revenne :i
l'état physiologique, mais encore lorsque les accidents encéphaliques ou i-achidieib
sont récents.
J'ai dit ailleurs mes appréhensions en iace d'un traitement thermal qui peut avoii
des conséquences terribles, et qui ne rend d'autre service que de favoriser b
résorption d'un caillot dont le volume tend à diminuer et à s'enkyster par les seiiK
efforts de la nature; ce n'est pas le lieu d'y revenir ici.
Les paimlysies qui sont survenues après les pyrexies guérissent en général ass*7
promptement à Aix, par les mêmes moyens balnéothcrapiques. Il en est de même
de celles dont l'hystérie, les traumatismes, les grandes pertes de sang, la suppix^^-
sion du flux cataménial ou hémorrhoïdal, les empoisonnements métalliques, sont
los causes premières. Celles enfin qui sont comprises sous la dénomination de sine
materiay en attendant les progrès que promettent à l'anatomie pathologique le>
découvertesdu microscope, sont souvent guéries par le traitement thermal d'Aix-lc^-
Bains.
Ces eaux, en boisson, en bains d'eau et d'étuves, en douches d'eau et de va|)Oiir,
combattent avec succès encore les paralysies syphilitiques et tons les désordres ocni-
sionnés par une affection vénérienne qu'elles rendent apparente ou qu'elles aident
u traiter par les mercuriaux et les iodurés, lorsque les symptômes ne laissent aunui
iloute sur son existence.
La goutte aiguë régulière n'est traitée avec succès par aucun agent tliérapiMi-
ticpie. Les eaux d'Aix ne peuvent rien sur elle ; mais la goutte articulaire chn>-
niqueasthénique leur offre un vaste champ d'action. « Les effets salutaires de notit
traitement, dit M. Vidal, sont si rapides, qu'après i2 ou 15 jours on observe un
notable changement dans l'éLit du nutlnde, dont la peau s'assouplit et se CQk>n\
dont les digestions sont meilleures; les artinilntions se déroidissent sensiUt*-
ment. »
lia nKHlication externe d'Aix, puissanmicnt révulsive et tonique, lorsque surtout
l<*H(*aux sont employées à une température modérée, l'administration des eaux sul-
l'urée*, bromnrées et indurées de Challes, en boisson, donnent des résultats tres-siiiv-
AIZOON. 375
faisants, préférables même à ceux des eaux chlorurées fortes, dans le lympba-
tmae et la scrohite, dont les accidents apparaissent sous la forme d'affections
cutanées.
Les eaux d*Aix, de Cballes et de Marlioz sont corUreHndiquées dans toutes les
aflecticms aiguës, dans toutes les cachexies, dans les maladies organiques du cœur et
des gros vaisseaux, dans tous les cas où la vitalité a subi de trop profondes atteintes.
(D' baron Despine).
Durée de la cure, 25 ou 30 jours.
On transporte sur une grande échelle les eaux d'Aix, de Marlioz, et surtout de
CliaUes. Elles se trouvent partout dans le commerce.
BnuQfiBAnn. — Cabus (J. B). Uf Vertuê merveilleuses des eaux â^Aix-en^Savùie. 1088.—
pAjfnoT. Briéves dissertations sur Vusage des bains chauds, et principalement de ceux
fAix-en-Séttfoie, et sur l'effet du mercure, etc. Lyon, 1700, iii-4, p. 202-20C. — Fantoîii
[l). De aquis gratUxms vulgo d'Àix dictis, in Opuscul. med. et physiof. — Genève, 1738,
DAQoni (Joseph). Traité des eaux thermales d'Aix-en-Savoie. Chambéry et Paris, 1773, in-8;
ièid,, 1808, iii-8. — BoiCToisar ou BooNvtcnro. Analyses desprinc. eaux min. de la Savoie. In
M/m. de f Académie de Turin, t. VII, 1786. — Despine [Gharlcs-Humbert-Antoine]. Essai sur
te topofrapMe médicale d'Aix-en-Savoie (département du Mont-Blanc), et sur ses eaux miné-
rsUs. Thèses de Montpellier, an X, n* 10.— Socqiibt (J. M]. Analyses des eaux thermales
éMs-enSavoie. An XI, in-8. — Gihbernat. JnBuchner's repertorium, etc. N* XIV, p. 27.^);
n* ILI, p. 268.— FaANcixua. Notice sur la ville d'Aix-en-Savoie et sur ses eaux thermales.
Paris, 1825, in-8, extrait de la Revue encyclopédique.-^ Note sur la présence de V acide
nlfurique libre dans les vapeurs qui s'exhalent des eaux d'Aix-en-Savoie, In /011m. de
Pharmacie. 1828, t. XIV, p. 340-348.— PéraEQuiN. De l'action des eaux minérales d'Aix.
Chambéry, 1852. — Blanc. Bapport sur les eaux thermales if Aix pendant l'année 1855. Pari.«f
1^, in-48 — Vidal. Compte rendu des eaux (FAix-en-Savoie pendant Vannée 1859. Aix-les-
Bains, 1800. ^StfiY^ d'Études sur les eaux d'Aix [Savoie). Paris, 1864. — De.spwes :D' Baron).
Mielims des eaux d'Aix, formant une suite de rapports sur les saisons thermales des années
1^35, 1836, 1837 ef 1838. Indicateur médical et topographique d'Aix-les-Bains (Savoie).
Paris, 1864. — Gailaiio (César). Becherches cliniques sur l'action des eaux d'Aix-en-Savoie
ions le traitement des paralysies. Aix-les-Bains, 1861. — Davat. Hygiène de la vie ther-
meled'Aix-4eS'Beins. Chambéry, 1862. — DomarcEt. Notice sur les eaux minérales de Challes,
m Scmie. Chambéry, 1856 — BBRniEaARD (E. L.). Nouvelles études sur les eaux sulfureuses
et alcalines, iodo-hromurées de Challes (Savoie), Chambéry, 1858. — Boxjean (Joseph).
Analyse chimique de Veau minérale sulfureuse-alcaline, iodurée et hromurée de Marlioz.
t Mit. Chambéry, 1857.
A. ROTUREAU.
AIZOOX. Genre de plantes dicotylédones, établi par Linné. Dillen Tavait
.ippelé Fieoidea; et ce sont en eflet des herbes à feuilles charnues, rappelant
colles des Ficoîdes. Leurs fleurs apétales ont un calice à cinq sépales et autint
H etamines ou de faisceaux d'étamines alternes. Au centre est un ovaire libre, mais
(^nfoncé dans une concavité du réceptacle et renfermant cinq loges multiovulées, et
Mumonté d'autant de styles placés en face des sépales. Le fruit est une capsule
tnrnlidde, et les graines campulitropes renferment un albumen féculent entouré
IKirTenibryon.
Les Aizoon ont des feuilles alternes ou opposées, souvent charnues, aqueuses,
rouvertes de poils courts. Elles croissent dans les lieux arides, roclieux, eu Arabie,
ail Cap de Bonne-Espérance, aux îles Canaries, et même en Espagne. WA. hispani-
cum sert à préparer une cendre alcaline très-riche en potasse. VA. canarienne
(lonne des produits alcalins plus abondants ; il est exploité dans ce but à Lancerotte.
Ses flenrs et ses feuiUes séchées sont appelées encore Fleur de Turquie ou Kaliy
Hn les emploie encore dans la préparation du carmin. M. Guibourt les considère
romine tout à fait analogues au Chouan {voy. ce mot). 11. Bn.
L. Gen,, n. 629. — Diller, Hort, Eltham., L f. 143.— Gom., Drog. simp., eil. 4, IL 409.
576 AKAKIA.
AJI}€A. Voy. Bdgle.
AKAMIA (Lra). Dans le cours du seizième siècle, mémorable époque du réta-
blissement des lettres en France, il y eut un tel engouement pour les langues grec-
que et latine, qu'on peut dire sans exagération que les enfants apprenaient à lié-
gayer le latin en quittant la mamelle, et que dans la maison du célèbre imprimnir
Robert Etienne on parlait latin de la cuve au grenier. Cette |)assion fut poussée si
loin, que presque tous les livres, ceux de science surtout, étaient écrits dans la
langue de Cicéron, et que les auteurs, pour ne pas laisser un seul point maculé,
latinisaient ou même grécisaient leurs noms : Johannes de Hortibus, pour Jean dm
Jardins ; Johannes Avis, pour Jean Loysel (petit oiseau); Rolandus Scribanus, fiour
Roland l'Écrivain; Fabricius ab Aquapendente, etc. C'est à cette habitude, géné-
ralement adoptée, que la célèbre famille de médecins qui fait le si^et de cet articlr
a emprunté ce surnom d'Akakia ou Acaquia, Il est vrai qu'elle avait un nom biai
drôle : Sans-Malice, Aussi demanda-t-elle au grec le moyen d'éviter les sarcas-
mes et las plaisanteries, et elle signa constamment Akakia {a privatif, et Kakia,
malice).
C'est, ce semble, un juste hommage à rendre à cette illustre pléiade de méde-
cins, que de les réunir sous un même toit, et de ne point briser les liens qui hs
ont si bien unis durant plus d'un siècle.
Akaldn (Martin) 1^' du nom, souche médicale de la famille, était de Châlon»-
sur-Marne, et vint étudier à Paris. On le trouve assis sur les bancs de la Faculté df
médecine en mars 1524, liceucié le 20 avril 1526 (Reg. ms. de la Fac. de méd.
de Pans^ t. IV, p. 171). Son mérite et son savoir suffirent, sans intrigue, ponrlo
faire arriver à la cour de François 1^', qui lui donna, en 1545, une place panui
SOS onze médecins ordinaires. 11 parvint à se maintenir aussi dans la même qaaliti*
auprès de Henri II ; mais ce ne fut pas pour longtemps, car il mourut le 2 juin
1551. Martin Akakia I*"' a joui d'une telle réputation pendant sa vie, qu*il fut en-
voyé au concile de Trente, assemblé, comme on le sait, ])our la première fois, eii
1545, pour juger les doctrines préchées par Luther. Il fut lié d'amitié avec Clémeitt
Marot, dont il devint le médecin, en compagnie de Louis Braillon et d'Antoine b-
Coq. liC poëte et le médecin éciiangèrent plusieurs fois des congratulations riniée>.
celui-lA en français, celui-ci en latin, et l'on peut en voir deux curieux échantilkN^
dans les œuvres de Marot publiées à la Haye, 1731, in-4, t. II, p. 242. Enfin, If
)iortrait d' Akakia était conservé dans la salle d'assemblée de la Faculté, honneur
qui n'était résené qu'aux médecins distingués dans les sciences. C'est d'aprà» celU*
toile que Ménageot a dessiné la tête du médecin que l'on remarque auprès de Lm>-
ivird de Vinci, dans un tableau qui représente François I"^ venant honorer de nMt
estime et de ses regrets les derniers moments d'un grand artiste.
Ses armes étaient : une croix d'or avec quatre cubes dor au champ d'azur, ai ce
cette modeste devise : Quxcumque feraty fortuna ferenda.
Nous ne connaissons de Martin Akakia l*'' qu'un seul ouvrage, encore est-il resté
manuscrit à la Bibliothèque impériale (fonds latin, n^ 7120, in-8). Il porte ce titrt* :
Galeni ad Patraphilum Liber de constitutiane arlis medicx; interprète Martino
Akakia Catalaunensi.
AkMida {Martin) II' du nom. C'est le plus célèbre de la race des SanS'
Malice t du moins si on le juge par ses écrits et par l'éloge qu'en fait Guilbiune
AKAKIA. 577
du Val, qui ie dit f armé de vertus, de science, rempli de ce savoureux miel
d'humaniléy de douceur, bénignité, accortize, civilité, éloquence, probité do
moeurs. » Fib du précédent, il naquit à Paris en 1539, fut reçu bachelier en m'-
(lecine le 3 août 1568, et parvint à la licence le 14 mai 1570. Fondé eu 1529, le
Collège de France, Collège des Trois-LangueSj Collège de Cambi^y Collège
Royale car il a porté ces différents noms, avait vu tour à tour s'implanter dans
son sein les chaires de latin, de grec, d*hébreu, de mathématiques, de philosophie,
(le médecine, d*anatomie, botanique et pharmacie. Hais Tart chirurgical n*y était
[tt> représenté. Cliarles IX répondit favorablement aux instances qui lui étaient
bites, et fonda, en 1574, cette chaire qu'il donna à Martin Akakia. €c dernier
remplit si habilement ses fonctions de lecteur y qu'il ne tarda pas à franchir les
}«Mtes du palais royal, où, poussé par deux protecteurs puissants, par Tristan de
lîo$taing et par le célèbre Jacques Âmyot, il fut compté parmi les médecins de
Henri III, en lamiée 1580. Ce fut un malheur, car ses nombreuses occupations,
des fatigues sans nombre, abrégèrent ses jours, et il mourut le 8 décembre 1588,
âgé de 49 ans. Il fut inhumé dans l'église de Saint-Germain4'Auxerrois. Pierre
Séguin, son gendre, fut nommé à sa place au Collège de France; mais il n'occupa
((ue le 26 juin 1594 cette chaire, qui resta ainsi vacante plus de six ans.
Nous avons cherché avec soin les ouvrages sortis de la plume de Martin Akakia.
Celte recherche n'était pas inutile devant les nombreuses erreiu^ qu'on trouve
dans les biographies à cet égard, et qui sont le résultat de cette fâcheuse similitude
des noms patronymiques des membres de cette famille. En voici la liste, que nous
i rovons exacte :
I. CA. Galêni An medica qux est Ars parva. Mort. Akakia interprète et enarratore.
Lugd., 1548, m-16; Venetiis, 1587, in-8. — 11. 67. Galeni de ratione curandi ad GIOMConem
fJèri duo. Mort. Akakia interprète. Cammentarii ejuêdem in eùidem Ubrot. Paris, 1538, in-i;
Lued., 1551, in-l 6.-111. De morbis muUebribus IJbri duo. Se trouve dans l'ouvrage d'Israi"!
spschius, intitulé : Gynxcicrum Ubri. Argent., 1597, in-fol., cap. xx.— IV. Synopsis eorum
V^pdnqaepnoribuêlihris Galeni de faeultatibus simplicium medicamentorum continentur.
Paris, 1555, in-8. — V. Consilia medica. Se trouve dans l'ouvrage de Scholtzius : Consiliortm
medimalium eonseriptorum a prxstantissimis atque exercitatissiinis noslrorum medids liber
ùngaUris. Fraocofurti. 15«8, in-fol. — Yl. Martini Akakia, Begis et Medici Professons, ob
«mm coaptatianem in ordinem Regiorum medicorum, Panegyrieus, Henrico Valesio régi
f'Mistiamssimo dictns. Paris, 1578, in-8. Imprimerie royale.
Ce n*est pas lout. On peut voir à la Bibliothèque impériale, département des manuscrits,
tt^mssolres ouvrages d' Akakia, restés inédits, et dont voici les numéros et titres : VII. Fonds
btio. n* 7071 : Anmtata in IJbros ires anatomicos J. SylHi, A la fin. on lit : Anno 1577*.
iiMnse Januario, excerpla a Jacobo d'Amboyse, Parisiano alumno. interprète. Finis annota-
(looum et commentariorum domini Martini Akakia Doctoris medici celeberrimi et professons
rei?a cirurgis in schola Parisiensi.— VIII. Même numéro : Tractatus de Ms medieinae partibm
9fi9 dtatntwr Cotmetica et Commotiea a D. M. Akakia, inedico, profèssare regio. Dictabat
€980 1578*.
{Martin) Ill« du nom, appartient aussi à la Facidté de Paris, où il
fut reçu docteur eu Î598. Le 27 janvier iôOO, il était, comme son père, nommé
|«ti(es6eur en chirurgie au Collège de France, à la place de son beau-frère, Pieri*e
Sé^n. Mais il abandonna bientôt cette place pour s'engager dans une autre voie
ite fortune, et il suivit le duc deBéthune dans son ambassade à Rome. Faible et
il'une santé délicate, il ne put supporter le nouveau climat ; il revint a Paris, et y
mourut le 12 février 1604. Nous ne connaissons aucun ouvrage de lui.
Akaldft {Jean), frère du précédent, adopta comme lui la carrière médi-
«)le. Docteur le 14 juillet 1612, doyen do la Faculté de médecine dans les doux
578 ALAIS (eaux mifiR.)-
minées 1618 el 1619, accepté par Louis XIII ea qualité d'un de ses médeâns ordi-
naires (1650), à la place d'Aimable Rose, mort en Savoie à la suite du roi de
France, le 13 juin 1635, el non pas en 1630, comme on le trouve imprimé par-
tout.
Akalda (Martin) \\' du nom, l'un des dix enfants de Jean. Docteur le
6 septembre 1638, professeur de chirurgie au Collège de France, se démet de »
charge en 1674, en faveur de Mathurin Denyau. Meurt le 21 novembre 1677, H>'
chagrin, dit-on, d'avoir été sévèrement puni par la Faculté de médecine de Pan>.
pour avoir consulté avec des médecins étrangers contre la teneur de son senneiil
(Heg, ms, 'de la Fac, de méd. de Paris^ t. XVI, p. 49, 52). A. CHSBKAr.
AKÉE, AKECSIA. Voy. Blighia.
AKBIVAIDE (Mare). Né le 9 novembre 1721 , à New-Castle, d'un riche bon-
cher qui le destinait à l'état ecclésiastique ; mais, entraîné comme tant d'autn>
|iar l'amour des sciena?s et des lettres, il étudia avec ardeur la médecine à Edim-
bourg, puis à Leyde, où il se fit recevoir docteur en 1744. Akenside pratiqua d»h
plusieurs villes avant de se fixer à Londres; il y eut d'abord peu de succès; cqiHi-
dnnt son mérite réel l'emporta, il devint successivement médecin de Thofiilii
Saint-Thomas, membre du Collège des médecins de Londres, médecin de b
reine, etc. Akenside mourut, jeune encore, le 23 juin 1770. Cet auteur est surtoiii
connu en Angleterre comme poëte et comme écrivain dbtingué, bien qu'il aitau»!
iHTit sur la médecine. Ses poëmes et ses ouvrages littéraires dénotent une connais
sancc approfondie de l'antiquité, des sentiments élevés et patriotiques puisés à
l'école de Platon et de Cicéron. Son fameux poème sur les plaixirs de rmagm-
tion alx)nde en métaphores et en figures mystiques qui en rendent la lecture dif-
ficile; aussi lord Chestcriield, de spirituelle mémoire, disait-il de ce livre i|Uf
c'était le plus beau des ouvrages qu'il ne comprenait pas. Voici la liste ér^
iVrits médicaux d'.Akenside.
DiâserL tnediea inauçuralis de oriu et incremento fœtushumani, Lugd. Bat.. 1744. Dtnsirt
opuscule se trouve très-élégamment exposé l'état de la science, surtout d'aprte lesobtemtiofr
microscopi(|ues de Leeuwenhoeck sur les animalcules s|)ennatiques, dont Tauteur coamt^
d'ailleurs le rôle. —Observation* on the Origine and Use of f^fmphatie Vesseis, Loodoo. iîJT.
in-8. — ^0/黫 on the Postscript ofa Pamphlet iutitled: tObserv, anatàmkml êmé pÊufàth-
fficat. > London, 1758, in-8 (réponse à Al. Honro, le jeune, qui avait signalé le« orptin
échappées à Akenside dans son Mémoire sur les vaisseaux lymphatiques) — Oratiê Barwitm
liondon, ITr^O, in-4. — An account of a Blow on the Heart and ils Effeets, London, 17^''»
in-8. ~~De Dysenteria commentarius, London, 1764. — Plusieurs mémoires insérés ésM» 1^
Transactions philosophiques, etc. (V. Hutchinson. Biographia ased,, 1. 1, p. 4.)
E. Bgd.
AKUN. Voy. Calotropis.
ALAI» (Emis mlnéralMi d*). — Alais est une sous-préfectiu^ du dé)c(rli'
ment du Gard, bâtie au pied des devenues, sur la petite rivière le Gardon.
Plusieurs sources ferrugineuses émergent aux environs de la ville ; quatrt <h i
quelque importance. Kilos se nomment : la source du Mast de Boac^ la sowrcf (>'
Brmizeti, le groupe de Dahiel, qui se compose de deux sources appehvs I urk' /•'
Marquiie^ et l'autre la Comtesse.
1® Smirce du Mas de Boac. — Cotte source est au nord-ouest et à environ w
kilomètre d* Alais, à 145 mètres au-dessus du niveau de la mer. L*eauden»it'
source n'a jamais été soumise à l'analyse chimique ; elle n'est point utilisée.
r
ALAMBIC. 579
3^ S<mree de Brouzen. — Le point de Témergence de cette source est voisin de
opiui de la source précédente. Son eau n a point été régulièrement analysée, mais
M. le docteur Auphan, qui a bien voulu me communiquer les détails contenus dans
(W article, a Ltit, en 1861, quelques recherches démontrant que Teau de la source
d(* Brouzen tient en dissolution une grande quantité^ de sulfate de fer, avec excès
(l'acide sulfurique, et que l'arsenic y existe en proportion relativement consi-
dérable.
ys eaux des sources du Mas de Boac et de Brouzen, à l'intérieur et en petite
i|iiantité, sont d'une digestion di£ficile; à la dose de deux ou trois verres, elles sont
prt^ue toujours vomitives. Ce dernier effet physiologique justifie l'oubli dans le-
quel ces sources ont été laissées. H. le docteur Auphan prescrit cependant l'eau
di'Brouzon en injections vaginales dans la leucorrhée chronique avec atonie du sys-
\mo utérin.
> Groupe de dxîiiel. — Les deux sources de ce groupe, à 158 mètres au-dessus
i)u niveau de la mer, constituent véritablement les eaux d'Alais, quoique les sour-
r<^ de la Marquise et de la Comtesse émergent à deux kilomètres à l'ouest de In
Mlle, sur la rive droite du coura d'eau, le Chaudebois, au fond d'un vallon formé
)nr deux montagnes peu élevées.
Ia Marquise et la Comtesse ne sont pas à plus de 20 mètres l'une de l'autre.
A. La première de ces deux sources a un niveau un peu inférieur à celui de la
(imlesse, qui est la plus éloignée de la ville.
LVau de la source de la Marquise contient du sulfate de fer, du sulfate de ma-
:.'iu'$ie, du sulfate de chaux et une quantité assez considérable d'arsenic. Elloauno
»iion purgative sur les quelques personnes qui en font usage en boisson.
B. Le crénate do fer est l'élément minéi*alisateur principal de l'eau de la source
de la Comtesse, qui reniermc aussi une légère proportion de sulfate de chaux. Elle
mntient en outre des traces notables d'arsenic et de matières organiques.
Les eaux du groupe de Daniel, auprès duquel il n'existe pas d'établissement mi-
Itérai, sont à peu près complètement abandonnées. Elles jouissaient autrefois d'une
ii'pitation assez étendue que leur avaient faite les médecins de Montpellier. Quel-
((urs habitants de la contrée se rendent seuls aujourd'hui à la fontaine de la Com-
ti-sse et boivent le matin, à jeun, depuis deux jusqu'à quinze verres d'eau miné-
rale. Les médecins conseillent le plus souvent cette eau coupée de vin pendant
It-s r»*pas.
\jÊS eaux des sources de Daniel sont à la fois purgatives, apéritives et recousti-
Uuntes. Elles sont prescrites avrc succès dans la chloro-anémiectcontre les accidents
•fui en résultent, tels que l'aménorrhée, la dysménorrhée ou la leucorrhée, etc. ;
itan> la dysenterie chronique, la diarrhée séreuse et la dyspepsie llatuleiitc.
BiHjMitAraïK. Mémoire mr les eaux mviéralen dtAlais, pour servir à thistoire naturelle
*l^lâ prmnce, par de Sauvages, professeur à l'Université de Montpellier. 1750.
A. ROTUREAU.
ALAlunc. La distillation s'opère a l'alambic ou à la cornue. Ces deux appa-
reils ont pour but de séparer par cette opération les cor{>s volatils de ceux qui ne
I- xmi pas, ou des substances de volatilité différente.
L'alambic est composé le plus souvent de quatre pièces : 1" la chaudière ou
niairbite; 2® le chapiteau; .V le serpentin ; 4° le réfrigérant à serpentin; quel-
quefois on y ajoute une cinquième pièce nommée bain-marie. Les anciens alambics
l'fpsenlaient les formes les plus grotesques ; le chapiteau était séparé de la cucur-
582 ALANINE.
de ht eticlirbiie qui 2k;rt de générateur, et au moyeu d'uu lu\au eu cuivre d(Mj\
ibis cuudé, on fait armer la vapeur d*eau à la partie inférieure du douUc viv
tiit bsûiwDarie ; les vapeurs condensée» daus la niasse» des subslanc es retomhtMr
uin&i (^aus le bain-marie, et le liquide n'est jamais soumis à une tcmiiératurc supi'-
Heure à 100 degrés centigrade, tandis que si le produit de oondensatiou rtAit
ujéléàl*eau de la eucurbite il acquerrait bientôt une odeur d'^aapyi'euinedesplu^
désagréables. Nous reviendrons sur ces faits en parlant des hydroîaU ou eaux dt^
tillées. 0. Rbveil.
.%LAXCSIEB (Alangium Lahr.). Genre de plantes dicotylédones qui a doiuit'
S4»u nom à la famille des Alangiées ou Alangiacées, extrêmement voisine de cellt^
des Cornées et des Gombretacées. Les Alangium ont un réceptacle concave logeai»;
un ovaire uniloculaire et uniovulé, et donnant sur ses bords insertion à un caln •
courte cinq ou dix dents, à une corolle de cinq a dix pétales libres et â des éb-
uiiiies libres et épigynes en nombre double, triple ou quadruple de celui de^ |>^
taies. Le fruit est une drupe dont le noyau contient une graine suspendue avri
un embryon entouré d'uu albumen charnu. \a^ Alangium, qu'Adanson avait a|>|ie-
lés Angolam, sont des arbustes des régions chaudes de l'ancien monde, nobu»-
uient des Indes. Leurs feuilles sont alternes sans stipules et leurs inflorestcenct-^
axillaii*es.
Les espèces employées en médecine sont principalement les A. hexapeialum * \
decapetalum de Lamarck. Le premier est le Kara-Angolam ou Namêdou dn
Indiens, suivant Rhecde. Ses racines sont aromatiques, et, d*après Royie, c'est u<
purgatif et un hydragogue auquel les Malais accordent de l'efficacité. Le secMkl
est VAngolam on Angoli des indigènes. C'est un bel arbre toujours vert, qui jt-
teint une centaine de pieds de haut et est chargé de fleurs blanches à odeur sui^f
Son bois est blanc, très-dur. Lesracines sont aussi aromatiques et très-amères, a>ant
les mômes pi-opriétés que celles de l'A, hexapetalum. Toutes les es^wces lin
genre ont des fruits comestibles, ou délicieux et parfumés, ou, selon M. Wiglil.
fades et mucilagineux.
Adanbon, Fam, />/., Il, 85. — Lamabck, Dict., I, 174. — Exdl., Gen., u, 6096. — fbuiM
Malabar^ IV, t. 17.— Wwht et Abnott, Prodrom, fl. penins., I» 3tl5.^Lnnx.., Flor. mré.,'\
H. Bn.
ALANIME (C^U^AzO^). On obtient Talanine en faisant réagir un excès dVid.
chlorhydrique sur un mélange de deux parties d'aldéhydate d'ammoniaque- tl
d'une piu-tie d'acide cyanhydrique eu solution dans l'eau. La réaction coouueiKt*
aussitôt ; l'acide chlorhydriquc s'empare de l'ammoniaque de l'aldéliydate f^tr
former du chlorydi*ate d'ammoniaque, et l'aldéhyde rendu libre, en se combiiuiiC
à l'acide cyanhydrique et à deux équivalents d'eau, constitue l'alanine, qui elle-
même se combine avec l'excès d'acide chlorydrique,
C*U*0« AzlP -h C*.\zH -f 2110 -h 2HC1. = C«irA/0»HCl -^ AïHMICI.
àLDIBTDB. 4ll«0IIUQ0e. 4C. CTANITM. AC. CMLOBHTDB. CBLOKH. n'àLAMlRB. CatABM. »'a»««-
On distille au bain^naric jusqu'à ce que le mélange soit réduit à moitié. Il ik-
passe à la distillation aucune trace d'aldéhyde et que des quantités insignifiant^-»
d'acide cyanhydrique ; l'eau qui distille ne contient que l'excès de l'acide chlorln-
drique employé. Par le refroidissemeut du résidu, la plus grande partie du dikn •
hydrate d'anunoniaque se dépose ; un mélange d'alcool avec un peu d etber prrii-
ALANINE. 385
pile le reste, et les eaux 1061*68 retieimeiit en dissolution le chlorhydrate d*alsudne.
Oii décaote le liquide, on lave avec un peu d'eau le sel ammoDiac déposé, et on
réanil 1^ deux liquides. La solution ainsi dotenue est portée à Tébullition et
décomposée par de Thydrate de plomb qui se combine à l'acide chlorhydrique,
met l'alanine eu Uberté, en même temps qu'il décompose les dernières traces de
sd ammoniac qui a pu rester en dissolution. On filtre ensuite bouillant et on
fiiil passer dans le liquide fdtré un courant d'hydrogène sulfuré qui précipite tout
Iti plomb. Le liquide filtré de nouveau, évaporé aubain-marie, donne par le refroi-
dissement des cristaux d'alanine ; les eaux mères en fournissent encore si on les
{trécipite par l'alcool.
L'alanine cristallise, par le refroidissement de sa solution satui^ à chaud, en
cristaux doués d'un éclat nacré, durs, crac^uant sous la dent ; ces cristaux, assez
::ros, sont des prismes obliques à base rhonibe : insolubles dans Tétlier, très-peu
H)iuhles dans l'alcool à 80 degrés cent. ; ils se dissolvent des 4,G d'eau à 17°, et
soot plus solubles dans l'eau bouillante ; cette solution aqueuse possède une saveur
sucrée très-marquée. Elle est sans action sur les réactifs colorés ; cependant Tala-
uine peut se combiner avec les oxydes métalliques et former ainsi des sels parfai-
tement définis dont la plupart cristallisent très-bien; d'un autre côté, les acides
peuveut s'y mêler également pour former des combinaisons salines, cristalli-
sibles, dans lesquelles cependant l'acide n'est jamais complètement saturé.
On voit donc que l'alanine peut jouer le rôle d'un acide et d'mie base. Cette
propriété lui est commune avec deux autres corps qui ne diflèrent entre eux et
Talanine que par C'H* ; ce sont donc les composés homologues formant ime série
dont le premier terme est la glycocollcy C*H*AzO*, le second Ydanine, C*IPAzO^, et
puis enfin la leucine^ C"H"AzO*.
Les expériences de M. Laurent sur la glycocolle peuvent nous faire comprendre
le double rôle de ces trois composés ; en effet, ces travaux paraissent démontrer
«{oe la glycocolle n'est que de l'acide acétamiquây c'est-à-dire de l'acide acétique
dans lequel un équivalent d'hydrogène est remplacé par Yamide, AzH*. Mais si la
giycocoUe est de l'acide acétamique, l'alanine ne peut être que l'acide propionu-
oiiqae, et la leucine de l'acide caproamique :
C*H*0* C*H*(AzH«)0*
Ae. kOÈttVOK. «LTOOOOLU.
C'H^O* C«H'^(AzH*)0*
AD. raonOfllQVK. ALAXlAB.
C"H*«0* C"H"(AzH*)0*
Ac. GAraoïQirB. Litanct
liie réactiou qui mérite d'être mentionnée est celle qu*exerce l'acide nitreux
:$ur l'alanine ; en effet, cet acide, mis en présence d'une solution aqueuse d'alanine,
en dégage tout l'azote, en même temps qu'il perd le sien, et la solution, évaporée
à mie douce chaleur en consistance sirupeuse, présente tous les caractères de l'acide
iactique. En effet :
CWAzO* -f- AzO« = PHW H- 2 Az 4^ HO
auuhhb. ac. Rrram. ac. lactiqob. aioti. bao.
L'alanine est isomère avec l'uréthane (carbonate d'éthyle), la lactamide et la
«nnsine. On distinguera des deux premiers corps par leur point de fusion, qui
est déjà au-dessous de 100^, tandis que l'alanine ne fond que vers 200^. La sar*
mœ se reconnaîtra })arce fiu'elle ne forme aucune combinaison avec les oxydes
QiéUUiques. Lutz.
384 ALÂTERNE.
AUàNSOlV (Edward). Qlirurgien anglais, pratiquait à Liverpool dans U be-
coude moitié du siècle dernier. Il est connu comme auteur d*uii procédé poui
pratiquer l'amputation dans la continuité des membres, de manière à enter b
suillie des os. Pour cela Alanson propose de transformer le moignon en un vùoe
creux, dont la base répond aux téguments et dont Tos forme le sommet. Voici le
titre de l'ouvrage dans lequel Alanson a décrit ce procédé, qui lui assure iith*
place si distinguée dans l'histoire de l'amputation des membres.
Praetieal observations upon AmfnUaiûm and the afin Tteatment. London, 1779, io^.—
llrid.f 1782, in-8. Trad. fr. par Lassus sous ce titre : Manuel de Vaniputation des wtembres.
Para, i784. in-lî. g j^^
ALAPAS. Voy, Bardahe.
ALARB (]II«rle*Josepli-Jeaa-Fraa^hi). Membre de l'Académie di* iih-
decine, médecin en chef de la maison d'éducation de la Légion d'honneur, vU >
naquit à Toulouse le i*' août 1779. Reçu docteur à Paris en 180r>, il fut uu cle^
praticiens les pbis distingués de cette ville, où il mourut en mai i850. AUni
a publié plusieurs ouvrages qui ont surtout pour objet les maladies du sptèoK'
lymphatique. Dans son traité sur le siège et la nature des maladies, il lait joih>r
ù ce système un rôle très-considérable dans la pathologie. Pour lui, les tissus m-
maux sont coustitués,en dernière analyse, uuiquement par des vaisseaux ahso^lKUll^
artériels, veineux et lymphatiques, dans lesquels se passent toutes les actions <)Rrj-
iiiqucs, et qui sont par conséquent le siège de toutes les maladies : doctrine qut
ne repose évidenunent que sur des hypothèses et des spéculations tout à lait ariii-
tPdires. Les ouvrages publiés par Alai'd sont les suivants :
Essai sur le catarrhe de VoreUle. Thèse inaug. Paris, 1805, in-8.~2* édit., 1807, iu-«
— Traduction du mém. de Hendy Sur la maladie glandulaire de Barbade. In If/», de It
Soc, mid. d^émulation, t. IV, p. 44-140. Paris, an II. — Histoire d'une maladie ptrtieuiiiu
du système lymphatique, avec 4 pi. Paris, 1806, in-8. — Bisloùre de Vélépkantiasis 4e*
Arabes, maladie particulière^ etc., avec 4 pi. Paris, 1800, in-8 [même ouvrage que le pr^
cèdent). — De t inflammation des vaisseaux lymphatiques dermoides et sous-cuianés, mslsiu
désignée, etc., avec 4 pi. Paris, 1824, in-8 (autre édit. augmentée). — Nouvelleê observatmi
recueillies sur l'éléphantiasis des Arabes, Paris, 1811 , in-8. — Éloge historique de Fr. Perm
In Mém. de la Soc. méd. d'émulat., t. VII, 1811. — Note sur une maladie nourellemeni
décrite et tris-f^équente parmi les soldats de V armée tF Espagne (fégarite). In Joum. 4e
ConÂsart, t. XXIV, p. 354, 1812. — Du siège et de la nature des maladies, ou fiourelkt
considérations, etc. Paris, 1821, 2 vol. in-8. — Un certain nombre de notices et d'arUcln
dans le Dictionnaire des sciences médicales, la B0liothèque médicale, etc. y n
AliAMA. Genre d* Algues établi par Gré ville aux dépens du genre Laminaria.
et dont le ty|3e est le Fucus esculentus de Linné, ou Laminaria egculenta, plantr
alimentaiire, analeptique, à ce qu on assure, riche en matière gélatineuse. CKtr
plante forme une partie de la nourriture des riverains pau\Tes de i* Ecosse, (1*
llrlande, dé l'Islande, du Danemark et des îles Faeroé. Il en est de même df
plusieurs autres Algues (voy. ce mot). H. Bii.
AliATERNE (Rhamnus Alaternus L). Es])èce du genre Nerprun {Uhemnui
et dont les anciens botanistes avaient fait un genre spécial. Cet arbuste se trouTt*
en France, dans tout le Midi, jusqu'au Poitou. Sa tige est rameuse, liaute de rimi j
vingt pieds. Les feuilles sont persistantes et font rechercher la plante oomnie orne-
mentale. Leur limbe est tantôt elliptique, tantôt ovale, ou lancéolé, épais, coriacr,
luisant, d'mi vert foncé. Ses fleurs sont dioîques, ordinairement pentamères, dé-
ALBAN (SAINT-) (eaui MinéB.). 585
[XHiniies de corolle, et leur périantlie présente des divisions courtes, dressées dans
Ja lleur femelle, réfléchies dans la fleur mâle. Les autres caractères sont ceux des
Hhamnus {vay, ce mot). Les parties de cette plante employées dans la médecine
populaire sont les feuilles, dont la saveur est âpre et qui sont usitées comme as-
tringentes et toniques ; et les fruits, qui deviennent noirs quand ils sont compléte-
meut mûrs et renferment des graines luisantes jaunâtres. La pulpe de ces diupcs
est purgative, comme celle de tous les Nerpruns ; mais elle ne doit pas être em-
ployée sans précautions, car son usage peut occasionner des accidents. H. Bn.
TocMKF., ItutU., 595. — L., Spec,, Ml. — D. C, W, /V., IV, 624. — Grew. et Goob., F/.
fr. I, 337.
ALATHO (Mare- Antoine). Ce médecin se recommande à la postérité par ses
talents, par ses écrits et par son dévouement à la chose publique. 11 était Sicilien,
et naquit à la fm du seizième siècle, dans une petite ville que Hercklin latinise
soiL< le nom de Racalmntensis, et qui est désignée par Hanget sous celui de Ra-
galbutnm. Après avoir fini ses humanités et le cours de philosophie, il étudia la
médecine et Ait reçu docteur à Messine, en 1610. Il alla s'établir a Palerme en
1616. Ses premiers pas dans la pratique furent si heureux, que bientôt il eut la
conGance des personnes haut placées : on implorait son secours de toutes les villes
de Sicile; on le consultait par lettres. Cet enthousiasme pour le nouvel Esculape
parvint à son apogée en 1624, année terrible pour la Sicile, qui fut ravagée par la
peste, et durant laquelle Alaymo déploya un zèle, des lumières et nn courage
civique digne d'éloges. Aussi Bologne lui oflrit-elle une première chaire de méde-
cine à laquelle étaient attachés des honoraires considérables ; aussi Jean-Alphonse
Henriquez, grand amiral de Castille et vice-roi de Naples, chercha-t-il à se l'attirer
en le nonunant premier médecin ou archiatre du royaume de Naples. Alaymo refusii
ces oflires magnifiques : il voulut se conserver à sa patrie, qu'il n'abandonna pas,
en eflet, jusqu'à sa mort, arrivée le 28 septembre 1662. Les restes de ce savant et
respectable médecin re{>osent daiLs l'église de Sainle-Marie-des-Agonisants, dont il
avait été un des bienfaiteurs ardents. Le collège tout entier des médecins de Pa-
ïenne assista à ses funérailles. André Vetranus lui a consacré une oraison funèbre
qui lut imprimée en 1662, in-4^. Enfin, sur son tombeau on grava une inscription
qui rappelait ses droits à la reconnaissance publique. — Nous connaissons de
Marc-Antoine Alaymo les ouvrages suivants :
I. DUeor9o mtemo alla pretervatione del morbo contagiouo, e mortale, che régna al présente
w Paiermo et in altre città e terre del regno de Sicilia. Palerme, 1625, in-4. C'est la des-
crip(K>n de la peste qui ravagea la tiicile en 1624. et les moyens de l'en préserver. 11 est
diflidlc de trouver une étude mieux faite de Tépidémie. — U. Cotuttltatio pro ulcerû Syriaci
■m^ vagantis curatione, ad Thomam et Johannem Vincentium, med, doctoret, ejus fratret.
fftterme, 1632, iii-4. — III. De Succedaneis medicamentis opmculwn, nedum pharmacopolU
^ecesstrimnt verum etiam medicis chimicme maxime utile, etc. Palerme, 1637, in-4. —
IV. Conngli medico-polUiâ d'ordine dell ill, Senato Palermitano per Vaccmrenti neceuita
délia peste. Palerme, 1652, in-K.— V. Opus aureum pro cognotcendiSf curandisque febriàus
^aUgm^-^yi, Consul talianei medicxpro arduissimis profligandis morhis, — VII. Commen-
tsha in hiitoriam ab Hippocrate m epidemicis coMlitutionibus obtervatam.
Ces trois derniers ouvrages n'ont jamais été imprimés, et nous rendons respon-
sable de leur existence la Bibliotheca Sicula publiée par Antonio Hongitore.
A. GUKREAU.
àMMMM (SAINT-) (fiMmainéraicsde). Athenuoles, bicarbonatées sodiqites
^iMUennes, ferrugineuses faibles^ cafi>oniques furies. Sainl-Alban est un hameau
(if* 120 haliitants de la commune de Saint-André d'Apchon, dans le département
DicT. £Kc. u. t2t>
^9^ ALBAN (SAINT-) (baux mihér.).
(le Ui Loûv (clMuiiu de fér de Lyon jusqu'à Roanne, onae kilomètres en Toiture i.
L*éUiblitiïs««ieiii de Saint-Alban est bâti à 400 mètres au-dessus du niveau de b
uier» dttus^ une vallée ouverte du nord-ouest au sud-ouest, arrosée par le ruisseau
tui^reutueux de Montouse. Les baigneurs doivent être prévenus que les variation^
de tempêntture sont brusques à Saint-Alban, où ils ont à se garantir du froid vi
de rbuoiidité. Les sources et la maison de bains appartiennent à une oompagiii<\
La saison commence le i*' juin et finit le 30 septembre.
Simrceê, Elles sont au nombre de trois, qui se nomment : la Source Princi-
paley la Source de la Pompe^ la Source du Mur. .
1^ Source Principale. L'ouverture des trois sources de Saint-Alban est sous un
même pavillon, situé à cent mètres au sud de l'établissement des bains.
L'eau de la Source Principale est très-claire, très-limpide, et pourtant elle h'tsoé^
déposer sur les parois du puits une couche assez épaisse d'un enduit jaune roo-
geâtre; elle tache les verres et elle altère leur transparence au bout de quelques
jours. Un cordon de conferves vertes entoure la suiface de l'eau ; ces conlerves
tapissent intérieurement les rebords de la pierre de la margelle. Son odeur t>t
piquante et ferrugineuse; la nappe d'eau est agitée sans cesse par des bulle
petites et nombreuses de gaz, qui produisent l'image fidèle d*une pluie fine et
serrée ; les grosses bulles sont arrêtas par une cloche établie à deux mètres au-
dessous de la surface de l'eau. Cette cloche communique avec un tuyau, par lequel
Ir gaz est conduit dans des tubes plusieurs fois recourbés, afin que, débeurrassé d»
})urticules aqueuses entraînées avec lui, il arrive parfaitement pur sous un
gazomètre. Des tuyaux à robinet le dirigent dans la chambre d'inhalation ou à uik*
usine, dans laquelle l'eau naturelle ou l'eau édulcorée est cliargée de gai pour
être livrée au commerce sous le nom d'eau de Seltz ou de limonade gaseuae. I^
saveur de l'eau de la Source Principale est fraîche et agréable, quoiqu'elle soit
bicarbonatée et ferrugineuse ; elle a une frappante analogie avec l'eau du Stahl-
brunnen de Pyrmont et de la source George-Victor de Wildungen. Sa réaction ot
très-acide, mais au contact de l'air le papier de tournesol rougi reprend prompti*-
ment sa coloration première. La température de l'air étant de 14" centigrade, œlk
de l'eau du puits Principal est de 17® 2 centigrade. Sa densité est de i ,0012.
L'eau de la Source Principale de Saint-Alban est employée en boisson et va
bains, après avoir été préalablement chauffée. M. Jules Lefort a publié, en 1859,
l'analyse chimique de l'eau des deux premières sources. Voici les résulbts quL-
1000 grammes d'eau ont donnés :
Kooice miicirALiE. iookci »« la pmiv»<
Bicarbonate de chaos 0,9382 0,95fê
~ aoude 0.8581 0,8506
pot«a8i> 0,063i 0,0858
— magoî^sie 0,4577 O.U45
Chlorure de MNlium O.OSOl 0,OMfl
Silice 0.0451 0,0143
lodure de sodium \
Arfténiate de soude \ trace». lraoe«.
Natière organique |
S,410R i.409t
Gax: Acide earboniiiue libre 1,9499 gramme. 14M0O Kranme.
2® Souive de la Pompe. Le puits de celte source, situé à la partie noid du
même pavillon, a un captage pareil à celui de la Source Principale. Une cloche àr
cuivre, eu communication avec l'eau, reçoit aussi le gax acide carbonique, qttun
tuyau conduit dans le serpentin et de là à la chambre d'inhalation et t\ l'usine dooi
j'ai parlé.
ALBAN (SAINT-) (baux iiiNÉr..). . 587
Ine pooipe à roue monte Teau de cette source dans les tuyaux qui la distribuent
à i'étabKsseinent de bains.
Cette eau a les mêmes caractères physiques, chimiques, et la même température
que celle de la Source Principale ; mais sa limpidité est loin d'être aussi grande ,
f^e Tient certainement de la même nappe souterraine cependant, car la Source
Principale et la Source de la Pompe sont solidaires et leur niveau oscille dans
les mêmes proportions. La densité de Teau de la Pompe est de 1 ,0012.
S* Source du Mur. Elle émerge au sud-ouest contre le mur du pavillon. Son
eau est troable, sa température est moins élevée que celle des deux autres ; elle
nâque 16* 1 centigrade.
Les sources Principale et de la Pompe ne contiennent pas de sulfates ; la Source
do Mot en renferme une proportion notable, ce qui indique qu'elle est mal captée
et qu'elle reçoit dans son parcours une certaine quantité d'eau douce. La Source
do Nar a trè»-probablement la même origine que les deux précédentes. L'eau dp
U Source du Mur n'étant pas utilisée, n'a pas encore été complètement analysée.
Dix-huit cabinets de bains et une salle d'inhalation carbonique composent réta-
blissement de Saînt-Alban. Les salles de bains se ressemblent toutes. Leurs bai-
gnoires, trop petites, sont alimentées par deux robinets placés à la disposition des
lâijçneurs, qui distribuent: l'un, l'eau minérale artificiellement chauffée, et l'antre,
la même eau à la température des sources. Il n'y a d'appareils de douches ^lans
aucun des cabinets.
La salle d'inhalation de gaz acide carbonique est une pièce au centre de laquelle
54* trouve un bassin de cuivre rempli d'eau, qui se renouvelle sans cesse au moyen
d'nn orifice placé à son milieu. Le gaz, en réserve sous le gazomètre du pavillon
des sources, arrive par des tuyaux dans un conduit horizontal couché au fond du
bassin de cuivre. Quatre petits tubes verticau)^ et recourbés laissent échapper sous
l'eau l'acide carbonique que chaque malade reçoit sous le foyer renversé d'une
sorte de pipe turque, dont il tient l'embouchure entre ses lèvres, et par lequel il
peut aspirer ou ingurgiter le gaz, suivant les prescriptions du médecin.
Mode d'adhuiistbation et ik)Ses. — Les eaux de Saint-Âlban sont surtout cm-
ployées en boiason ; elles sont prescrites aussi en bains d'eau et en inhalations
carboniques.
L'eau de la Source Principale est à peu près la seule dont on fasse usage à Tinté-
rieur. On la prend le matin à jeun et pendant les heures qui précèdent le dîner,
par verres, de quart d'heure en quart d'heure. La dose ordinaire est de quatre ù
douze verres par jour; certaines personnes doivent la boire mêlée de vin pendant
les repas. L'ingestion d'une quantité aussi considérable ne répugne pres(|(ie
jamais ; cela tient probablement à la très-grande proportion de gaz acide carbo-
nique qu'elle renferme.
ÏM91M THÉIUPEUTIQUE. — Lorsqu'ou avalo cette eau au sortir de la source, elle
bii éprouver une sâisation de chaleur au creux épigastrique et une ivresse qui
ressemble à s'y méprendre à celle que l'on éprouve après les boissons alcooliques,
et surtout après les vins mousseux.
Les eaux de Saint-Alban sont diurétiques par leurs bicarbonates ; excitantes et
disestives par leur gaz acide carbonique en excès ; toniques, reconstituantes et
occasionnant la constipation par les principes ferrugineux qu'elles renferment.
Ces effets physiologiques sommaires conduisent aux indications thérapeutiques
de «s eaux appliquées avec succès à Tintérieur : contre l'hyperémie et l'hypertro-
phie ample du foie; contre les graviers et les calculs bilûiires; contre la gravelle
588 ÂLBxVNlE.
des reins ; contre les dyspepsies où Ton doit stimuler énergiquement les fonctions
de l'estomac, en provoquant ses contractions; contre les digestions difficiles ooo-
sionnées par l'administration intérieure de certains médicaments, tels que b
mercuriaux, les iodurés, l'huile de foie de morue, etc.; contre l'anémie, la dilo-
rose et contre tous les états de l'économie où il convient d'associer les akalîns et
les ferrugineux unis à une proportion notable de gaz acide carbonique.
Les bains composés d'eau minérale de Saint-Alban ne doivent pas être oonseillés
indiiïércmmeut à tous les malades, car si leur usage est utile, Û peut être dallg^
reux. Ils ont une action physiologique qui doit surtout être connue du médecin :
elle consiste dans la diminution notable de la sécrétion des membranes muqueuses,
et spécialement de celles qui tapissent le tube digestif et les voies aériennes. L&
urines au contraire sont augmentées par les bains, qui rappellent souvent aoM
les douleurs articulaires, musculaires ou internes qui dépendent d'une mabdit
antérieure et qui étaient oubliées quelquefob depuis longtemps. Lorsque œs dou*
leurs apparaissent, le médecin doit porter un pronostic favorable sur l'issue de la
cure minérale.
La diathèse scrofuleuse est modifiée heureusement par une cure inCenie à
Saint-Alban ; mais il faut se garder alors de conseiller les bains.
Les inspirations de gaz acide carbonique dans les voies aériennes ont été plus
souvent employées à la station de SaintpÂlbaii qu'elles ne le sont aujourd'hui, cir
on a reconnu que si elles sont réellement utiles dans les pharyngites, les larjfD-
gites, les trachéites et les bronchites simples et chroniques, elles ne tieiuietit pEi>
ce qu'on leur avait fait promettre dans la phthisie tuberculeuse du poumon et du
larynx.
On n a pas suffisamment essayé, à l'établissement de Saint-Alban, l'ingestion du
guz acide carbonique dans l'estomac contre les gastralgies très-douloureusis, et
comme digestii puissant contre certaines dyspepsies stomacales.
Durée de la curey 30 jours.
On exporte l'eau de Saint-Alban sur une grande échelle.
BiBLioGBApRiE. — RicHARD DE LA pRADB. Afialyses dcs eoux minéraleê de Smnt-Aikn, tn
Jaurn, de médecine. 1774, août, p. 132. — Analyse et vertu des eaux miner, du Fmtz. rU
Lyon, 1778, in-12. — - Cartibr. Noliee et analyse des eaux miner, de Saint- AUmn. Lyoo, 1816
in-8. — GoK. Des eaux miner, de SahU-Alban. ~ Hevplk. Des eaux salines aeiduln de
Saint-Alban et de leur valeur thérapeutique. » RarnaKAn
AliBANIE (géogk. médic). (Ce nom, fort ancien, puisque Ptolémée indiquait
déjà des Albani en lUyrie, parait dérivé de Alb ou Alp^ mot cdte qui signifie
montagne. Albanie a été l'un des noms de l'Ecosse). Contrée étroite, allougée du
nord au sud, s'étendant le long de la mer Adriatique, des bouches de Gsttaro »u
golfe de l'Arta, en lace du canal d'Otrantc, entre le 59* et le 43* degré de lati-
tude nord, le IG** et le 19^ de longitude à l'est du niéridieu de Paris, liille UnAit
donc, au nord, à l'Herzégovine, à la Bosnie, à la Serbie, — à l'ouest, à la Boumélie
(Macédoine et Thessalie), — au sud, à la Grèce (Acamanie). Elle est, en gniid**
partie, commandée par des pachas turcs, sauf quelques petits cantons monta-
gneux, plus ou moins indépendants, le Monténégro, qui n'obéit qu'à son évéqoc
(maintenant son vladika), et le district de Cattaro,que le remaniement de I8ir»
a adjoint au royaume autrichien de Dalmatie.
L'Albanie répond à ce qui était pour les anciens la partie méridionale de rilb-
rie et TÉpirc.
Kllc CHt occup(*e tout entière |Kir neuf chaînes de nioiitiignes, cntrcconpêcMl'
ALBANIE. 589
\»llées resserrées, d'où descendent avec rapidité des cours d'eau très-nombreux,
qui tùos se rendent à la mer Adriatique, ou, pour TÉpire, à la mer Ionienne. Les
principaux affluents de l'Adriatique sont les deux Drin, la Bojana, le Scombi, In
Gbenrasta, la Wouissa (Barbana, Mathis, Drilo, GenusiiSy Apsus^ Aous des An-
riens). La plnpaii ont un cours abrupt, fen étendu, et plusieurs manquent d*cau
en été.
D'après ces dispositions, on peut estimer que les teiTains habités de l'Albanie
joaissent en général dune altitude favorable à leur salubrité. Il faut en excepter
les villes du littoral ou situées sur les basses rivières. Alesio n'est qu'à il mètres
au-dessus du niveau de l'Adriatique ; Scutari plante ses orangers à 50 mètres ; le
pont de Béiat sur le Loum est à 42 mètres. Mais dans i'Épire (que l'on qualifie
pourtant de basse Albanie), la vallée du Konitza a ses broussailles de myrtes à 300,
H kl ville célèbre de Janina s'élève au-dessus de 500 mètres. Les sommets les plus
élèves des montagnes sont dans la haute Albanie, entre le 42* et le 45* degré de
latitude, et vers le 18* de longitude : le pic du Kobilitasa et les cimes voisines vont
(leSSOO àSeOO mètres ; le Schar, entre Priscen et Kalkandel, dépasse 2000 ; la
montagne de Koutsch n 2500 ; les monts Ibalea, Jalesch, Jlieb, approchent de
MOO, ainsi que le mont Prokletia, où l'on voit de la neige au mois de juillet sur
le plus haut cfA de l'Albanie.
Les diaines de l'aire sont moins élevées. Les plus hautes cimes du Pinde, Va-
Mlilza, Smolika, ne paraissent guère dépasser 1600 mètres. Celles du Périster et
(lu Cacardista vont pourtant à 2000, et elles fournissent tout l'été de la neige à Ja-
nina. Le Ghimara-Hala (Acrocéraune), qui relève le littoral en resserrant l'en-
trée de l'Adriatique, va à 1 500 (Boue) .
Toutes ces chaînes appartiennent au système crétacé. Le calcaire y renferme des
silei gris et rouges, en plaques et en rognons. Il est presque dépourvu de fossiles,
n'offrant guère que des hippuritcs et des nummulites. Dans les vallées, il s'appuie
»ur des schistes argiloïdes, des agrégats quarlzeux et de la serpentine. On trouve
le sol tertiaire et d'alluvion dans les bassins de Se utari, d'Alessio, et divers autres
petits bassins à l'embouchure des rivières dans l'Adriatique. Dans la vallée de
l'Hismo, les roches tertiaires se relèvent en collines composées d'argiles mamo-
sibleoses et de grès avec des lits argileux quelquefois remplis de mélanopsides.
lies grands lacs, assez nombreux, ne sont que des cavités d'écoulement au mi-
lieu des terrains calcaires. Il y a des tourbières près du lac de Labschistas.
Les thermes sulfureux de Koutschiki (Ëpire), de Bonila près Janina, paraissent
li^ i^ des éruptions trachytiques. Il y a à Smrdiesch une source sulfureuse tiède.
On ne cite qu'une source acidulé froide : elle est au couvent de Detschiani
'haute Albanie). Elle sort de schistes crétacés accompagnés de serpentine.
ClinuU. La ligne isotherme qui passe au midi de I'Épire est celle qui traverse
TEspagne, l'Italie, l'Asie Mineure, le Schirvan (anciennement Albanie), les plaines
au nord de l'Himalaya et le Japon, marquant de 14 à 19* centigrade {Petet^,
Le docteur Ami Boue a donné un assez grand nombre d'observations thermomé-
triques, faites en vingt-quatre localités. Mais, par un singulier oubli, il n'en a
marqué ni le mois ni la saison. (Les voyages anglais, plus anciens, n'en founiis-
seat pi>int). Boue a noté, en plaine, de 24 à 51*, probablement de juin à août.
D'après la température des sources, il estime que celle de l'Albanie médiane se-
rait, en moyenne, 14-15* ; — de Scutari, 12*; — des cimes moyennes du Pindc,
8 à 9*; — des ools élevés, 5*. Quand vient 5 souffler le vent glacial de noid-est,
ôm VLBANIK.
i|ni passe sur les monts Balkans, le ihermoniètre desceud biusqueoieiil de 30 j
âO*". Hais les vallées en sont garanties par les remparts montagneux.
Décembre donne des pluies très-abondantes; janvier a quelques jours de
gelée.
La clialeur de Tété est insupportable dans les vallées de l'Albanie maritime, en-
tourées de montagnes déboisées et toutes blanches, qui répercutent vivement les
rayons du soleil. 11 y a aussi^ dit le docteur Boué^ beaucoup de grandes cavilé^,
ovales ou circulaires, qui retiennent imparfaitement les eaux, et où Tiiir est stag-
nant et lourd. C'est là surtout que régnent, de juillet à novembre, de daofse-
relises fièvres intermittentes, qui visitent régulièrement l'Albanie.
En juillet et août, la température de l'Épire va jusqu'à 56 et 58®, oiéme daA>
les vallées où l'hiver est assez rigoureux, comme dans le bassin de Janina.
11 y a des trombes fréquentes sur le lac de ce nom dans les montagnes. Lp>
gorges profondes sont sujettes à de violentes rafales. Le sirocco (vent du sud-oacst<
atflige souvent le littoral.
Le ciel est presque toujours serein sur les pentes de rAcrocéraune. Les iremMi^-
nients de terre y sont fréquents, ainsi qu'à Durazzo et à Janina. Ib sont phis fré-
(|uentsdans les temps secs et chauds. Suivant Pouqueville, ils s'arrêtent, diib
rÉpire, au pied du Pinde, et épargnent les hautes régions de ces montagnes.
Flore et Faune. La végétation, curieuse et variée, indique le passage <k b
flore de Dalmatie à celle de Grèce, avec quelques plantes italiques qui semblent
avoir traversé la mer, telles que Pinus Brucio, Acer Neapolilanum^ Quercu»
Apennina^ Erodium Romanum, etc. On cite, comme étant les plus intére^<^iiii'^
pour le botaniste, les chaînes qui séparent la haute Albanie de la Serbie, et en
Ëpire, le Souagora, le Pinde, les groupes du Djoumerka et du Cacardist;).
Les montagnes de la haute Albanie sont boisées de chônes, de pins et de liétn^.
Celles de l'Épire, que l'incurie et la barbarie ont déboisées, attristent les re^^nb
par leur aridité, quoiqu'elles offrent sur leurs pentes des broussailles de chêne»,
de myrtes, lauriers et noisetiers. Cependant le Pimle a quelques forêts de mêlent,
(le cèdres, de sapins, de châtaigniers. Dans les régions maritimes, le platane, Ir
cyprès, le frêne à manne, se mêlent aux lauriers et aux lentisques. Les côtes àe
r Ëpire ont le chêne à cochenille (Q. coccifera L.). Le coton et la soie sont pour
elle deux sources de richesses. Mais l'olivier, mal dirigé, y produit peu. Malgn*
l'inhabileté des cultivateurs, on renomme les pêchers de l'Amphilochie, les notse-
tiers de l'Arta, les cognassiers de Husaché.
Les plaines cultivées en céréales dans la haute Albanie sont ti-ès-fertiles. Beau-
coup d'autres sont laissées au libre parcours des troupeaux.
On trouve en Albanie le loup trè&-communément, le blaireau, le chacal, le san-
glier. L'ours n'y habite que sur les hautes montagnes. On trouve peu d'écurenîK.
de lièvres et de lapins, ils sont détiniits par les grands oiseaux de proie. L'afasenv
de règlements restrictifs de la chasse ne permet pas au gibier de multiplier. L
chasse au faucon ou à l'épervier y est encore en usage, comme l.i pratiquaient k*»
liarons du moyen âge. Les pâturages élevés nourrissent des troupeaux de cbanioi<.
SLsec des bouquetins, des daims, des chevreuils, et plus rarement des œrfs.
Les animaux de transport les plus employés sont les ânes et les mulets.
Les tortues abondent, les habitants ayant horreur de cette nourriture, surtout
les musulmans. Ils respectent les cigognes, qui arrivent avant la fin de mars et rr>
partent aux derniers jours d'octobre. Boue croit qu'on n'y renoonlie point «If
cygnes, malgré la lyrique description que fait Pouqueville de ceux de l'AmphiK^
ALBANIK. 591
chii% eu 1« associanl aux sarcelles, aux cormorans, au harle, au pélican, au hé-
ron Ueu, etc. La Thessalîe envoie quelques faisans.
Les lacs et marécages abondent en poissons et en sangsues (Biruio Mauritanica,
B. laceriauliginosa).
Pour l'entomologie, on relève (comme pour la flore) le passage de la faune dal-
loate i l'helléuique.
Habitants. Les Albanais, que les Turcs et les Serbes appellent Ainaouts, se
<lMuient à eux-mêmes le nom de Schkipetars, qui, dans leur langue, veut dire
Itabitantê des rochers. Les ruines cyclopéennes d'Hella (Gastritza), de Gardiki, de
Dovra» de Chimara, du mont Spanos, etc., suffiraient peut-être pour démontrer
f^irils sont de race pélasgique ; mais on en trouve une preuve plus certaine dans
l'étroite affinité de la langue schkipe avec; les langues indo-europ6ennes, et notam-
ment avec le sanscrit. Cette affinité se révèle non-seulement par la communauté
des racines, mais aussi par la flexion des noms et des verbes^ les trois déclinaisons
avec ou sans articles, la conjugaison à dix modes et à trois voix, et par le nombre
de leurs sons et articulations élémentaires, qui fait que leur alphabet parlé est
d'un boD tiers plus complet que celui des Grecs, et approche de la richesse de Tal-
)4iabet indien. Quand on a voulu imprimer à Corfou la Bible albanaise avec des
caractères grecs (les Schkipetars n'ayant pas d'alphabet écrit), il a fallu ajouter
iieuf lettres le ghain turc, le dal, un e, \ekh, le lam (gl des Italiens), ^Mt, gn,
sch, La langue schkipe a des sons gutturaux comme celle des Celtes, des sifflantes
dans le genre du th anglais; elle a, de plus, des consonnes heurtées, mrpf ntr,
nt%q, kih, gkr^ qui en rendent la prononciation difBcile aux étrangers. Elle est
d*ailleurs vigoureuse et expressive. Elle a deux dialectes principaux, celui des
Guêgues, parlé dans la haute Albanie ou Guegnaria, et celui des Toskes, qui, dans
TEpire, a fait des emprunts à la langue grecque.
On regarde la langue schkipe ccmime dérivée de celle des anciens Illyriens. Le
savant Qiavée dit qu'elle éUiit parlée, dans l'antiquité, en Macédoine, en Thrace,
dans l'Asie Mineure. L'histoire écrite, qui n'a pas conservé de monuments précis
de b primordiale expansion des Aryens, a pourtant gardé la mémoire d'une station
des AÛnnais dans le Caucase, le long de la mer Caspienne : Albanie était le nom
de cette contrée, aussi asiatique qu'européenne, qui est comprise entre les rivières
Gherrus (Terek) etCyrus (Kour),— aujourd'hui le Daghestan et le Schirvan. Dans les
arméesqui.sous la conduite d'Alexandre, sont retournées au berceau de notre
nce, il est certain qu'il y avait des soldats européens qui parlaient une langue dif-
férente du grec, langue dont certains mots se retrouvent dans le schkipe; et aujour-
d'hui encore le nom de Ghekers est donné, dans le Patvar, entre Altok et Lahore,
aux descendants des colonies fondées par le conquérant macédonien.
En l'absence d'une administration régulière, et à défaut de dénombrements
réels, on n'a guère pu former que des hypothèses sur la quantité numérique de la
nation albanaise. Les hypothèses ont été très-divergentes.
X. Heuschling et les Statistical Tables, présentées au pariement anglais {Fo-
râgn CauntrieSy LVllI, session 1857-58), mentionnent, il est vrai, un nouveau
census qui aurait eu lieu en 1844, et qui portait 1 500 000 Albanais dans l'em-
pire turc. Le docteur Ami Boue, qui a fait dans le pays un séjour prolongé et con-
stamment studieux, estime que les Schkipetars ne sont pas moins de 1 600 000.
De Reden les porte au même nombre. En adoptant ce diilTre, on a, comme popula-
tkm spécifique, 59 habitants par kilomètre caiTé pour l'Épire, 27 pour la haute
et b moyenne Albanie. C'est beaucoup plus que la SerUe, qui n'en a que 18, et
rm ALBANIE.
(|ue la Bosnie cl la Croatie, qui n'en ont que 16 (d'après les mêmes évaluation*'}.
Mais les Albaniens ne sont pas tous enfermés dans les limites politiquos du pays
qui porte leur nom. Ils s'étendent au delà du Drin blanc, dans la partie oocidentaie
fie la Mésie supérieure, dans la plaine entre Prisren et Ipek, dans celle de Pris-
tina, et jusqu'à la serbe Vrania. Ils se mêlent aux Bosniaques dans les mont^
gnes entre l'Albanie et la Bosnie, vers la Tara, vers les bords supérieurs de l'Ibar.
Le long de la frontière macédonienne, ils s'associent aux Zinzares, au sud du bc
d'Ochrida, en Thessalie avec les Vlachites du Pinde, et au delà de l'aire avec U^
Grecs.
X. Heuschling dit qu'ils forment le cinquième de la population de la Grèce, H
(fu*il]< habitent exclusivement les îles Hydra, Spezzai, Paros et Sa lamine. On Iroine
(le leurs colonies dans le Rhodope oriental au haut de la vallée de l'Arda, en Bulga-
rie, à Ârnaoutkoï près de Razgrad, en Dalmatie à Borgo-Erizzo près de Zara,
dans les confins militaires de l'Autriche à Clémentiner près de Hertkovoe et de
Nikina. Ceux que l'on appelle Grecs, dans la Sicile, s'y sont établis à diveniie^
reprises il y a deux et trois siècles : ils sont aujourd'hui près de cent mille, con-
servant la langue, les costumes et les mœurs de leur ancienne patrie, l'Albanie. Il
y a aussi des Schkipetars établis en Russie^ Il y en a dans TAsie Mineure.
Le Monténégro, aujourd'hui à moitié slave, n'était auparavant qu'une station de
l)ergers scbkipes, comme le prouve le nom de Katounska-Maia, pays des ckairts.
On retrouve encore d'autres noms de lieux albanais, tels que Kontschioul, Dotik-
Phetova, etc., dans le sud-ouest de la Serbie, Phrouska-Gora en Syrmie, etc.
Les Albanais sont peut-être la plus belle des races de l'empire turc : lieam
types, figures ovales, nez assez longs et minces, corps élancés et vigoureux. Ils sont
vifs, gais, prompts à la répartie, fiers do leur nationalité, obstinément attachés à
leurs usages. Le dogme de la vengeance remplace chez eux les tribunaux correc-
tionnels. Ils aiment à porter les armes et à se voir revêtus d'un brillant oos^umv.
Ils vendent volontiers leur sang au plus offrant. Ils n*exerr>ent pas toujours rbo>-
pitalité à la manière antique.
Les Guègues sont robustes, velus, très-sobres.
liCS Mirdites (tribu de 200 000 catholiques), qui se gouvernent eux-mêmes^, sout
réputés meilleurs, moins portés au brigandage que les autres tribus. Les Nalsor^
(Arnaouts, habitants des montagnes) ont la coutume des Slaves, de vivre pendant
plusieurs générations sous le même toit. On trouve, dans certaines maisons, jus-
qu'à quinze familles alliées.
On a comparé les femmes albanaises aux Gircassiennes pour la beauté (inmi>
avons indiqué la communauté d'origine). Mais, quant aux premières, cette beauté
est bien fugitive : traitées comme des esclaves, elles sont livrées à des travaux >i
fatigants, qu'elles se flétrissent de bonne heure.
On ne sait rien de précis sur la durée de la vie chez les Schkipetars. On obiene
seulement qu'ils perdent beaucoup d'enfants en bas âge. En Albanie, comme en
Grèce, les mariages sont très-précoces : les filles se marient dès l'àize de 12 wis.
les garçons, de 18 ans. Pouqueville dit que les fati^nies continuelles, l'habitudr
des excès, l'absence d'occupation régidièro, le défaut d'une nourriture abondante
et substantielle, donnent aux jaines gens une figure sénile, que leur barbe blanchit
à trente-cinq ans, que leur vieillesse commence à quarante-cinq. Mais Pouquerilli»
gâte souvent si's obstTvatioiis par des expressions exagérées et par une affectation «!«'
langage poéti(|ue, et il ne tient pas compte de la salubrité du pays, due à son élé-
vation générale et à la nature crétacée du terrain.
ALBATRE. 393
pATHOUNSiE. Les vallcos chaudes de l'AlUiiiie ont beaucoup à souflrir des fièvres
pludéeiuies, iiiterniittentes. Leurs attaques sont subites et fortes, surtout en
automne, et leurs suites souvent dangereuses. Si le pays était administré, on des-
sécherait les marais malsains, près de Scutari par exemple, près d'Alessio et en
«l'autres lieux du littoral ; on canaliserait les rivières, on paverait les routes, on
stkrulariseraitles moines ; on mettrait ainsi en rapport des plaines qui ne servent au-
jourd'hui qu a la vaine pâture, et l'on améliorerait à la fois Tordre moral, Tordre
iVonomique et Tordre sanitaire.
Les maladies vénériennes y sont rares et bénignes. La petite vérole fait de grands
ni\^ages, à cause du préjugé qui repousse le vaccin, — si ce n'est en Épire, où on
\o prend sur les vaches mêmes.
lie manque de secours médicaux fait que tous les enfants faibles meurent en bas
.t^.'e. C'est peut-être pour cela qu'on trouve moins d'.idultes infirmes ou contre-
faits.
Il y a des goitres dnns certains vallons de TAlbanie supérieure, chez lesMalsores.
t^n n a pas sigiia¥ d'idiots goitreux.
Eu basse Albanie, la blancheur éclatante des rochers détermine des ophthalmies
rrraves et même des cécités complètes.
Pmique^'ille rappwte que des pleurésies meurtrières et des dysenteries périodi-
ques, dans plusieurs cantons de TÉpîre, moissonnent les habitants, « quand ils sont
ass^^z imprudents pour coucher en plein air pendant les grandes chaleurs de
l'été. •
La peste, qui a frappé cruellement en 4837 et 4858 la Bulgarie, la Macédoine et
kl Thrace, n'a pas atteint l'Albanie.
BiHjoGBAPBic. — Fb. Biaîichi, Dtctionorium latino-epiroticum, Roma», 1635. — Fr -M. de
i-Bxc, Ouervasiimi nella Ungua albanese, Rome, 1716. — ViLK^veR^Sprache der Albannen,
Frankfuri am Mein, 1835, in-8*. — HomouBE, A Jaumey through Aibania, Londou, 1813.
> éd., 1833, S vol. in-4*. Trë»-belle carte d'Albanie. Le second volume ?e termine par un
appendice de 24 pages sar la langue allanaise, — presque une grammaire de cette langue. —
noLLAn», TraveU in the lonian isles, Albama, etc. London, 1815, in-4*. ~ Povqobtille.
yoi/age en Gréée, Paris, 2«éd., 1826, G vol. in-8*. ^ D' An Boue, Ije Twrqme d'Europe,
4 Tol. tn-8% 1840. — De Rbdbh, Die Tûrkei und Griechenland, in ihrer Entwicklung^Fà-
kigkeit, IHTii, iD-8». — X. Hbcschlikg, L'Empire de Turquie, Bruxelles, 1860, in-8. — Hec-
.•r«aD. HiitiWT et description de fa hattte Albanie. 1862, in-8*. Peu d'observations précises
RRnTlLIX)N et GUTIiLAHI).
AMMANO TOBKVO. YoiJ, ToRlNO.
AUIABA OU Herba dos fœtidos. Espèce de Balisier que Ton croit être le
ùifma angustifolia de Linné et que Pisoii, dans son ouvrage sur le Brésil
ip. 117), dit être employé comme maturatif, vulnéraire, cicatrisant, et dont les
tiiherculcîi sont ooroestihies comme ceux de plusieurs espèces de Balisier (voy. ce
mot). H. Bn.
Alabastrum et Alabastrites. On désigne sous ce nom, en miné-
ralogie, deux substances bien distinctes : Tune, V Albâtre gypseux, est un sulfate
df* rhaui en masses saccharoides, qui sert à faire des objets d'ornement remarqua-
bles par leur blancheur éclatante et leur translucidité, mais qui sont très-fragiles;
Taiitre, ¥ Albâtre calcaire ou oriental, ou Albâtre des anciens, est un carbonate de
«'hauxooncrétionné; il est moins blanc que le précédent; on en fait des objets
d'ornement; ii est formé, comme les stalactites, les stalagmites et le Travertin,
|nr le dépdt qu'abandonnent les eaux calcaires au contact de Tair.
594 ALUERT LK GRAND,
L*Albâtre oriental ou calcaire était employé autrdbis en médecine comme afaior-
bant; il entrait dans l'onguent Alabastrum, qui était regardé oomnie fomiaDi.
Quant à l'Albâtre calciné dont parle Pauld'Égine, qui était em^hjé contre les ma-
ladies de l'estomac, on croit que c'est la chaux.
Les Romains nommaient Alabastra des vases d'albâtre dans lesquda 3s renier*
maient les parfums. 0. Rbvbil.
AMéWMBQE. Variété d'Abricot dont la cliair a été employée comme (badaateK
dépurative. On en fait des |>âtes et des conserves qui sont considérées comme lif-
chiques (voy. Abricot).
AIAERfi (J(eMi-Aiiraluun). Né à Bremeu le 20 mai-s 1772. Fit aen éludn
médicales à Gœttingue, puis à léna, où il reçut, en 1795, le diplôme de docteur e»
médecine et en chirurgie. Après deux années de voyages eu Allemagne et en Aih
gleteiTe, il revint se fixera Bremen (1797), et il y exerça avec beaucoup de suocù»
la pratique de la médecine et l'art des accouchements. Ses nombreuses occupation»
ne l'empêchèrent pas de se livrer avec ardem* à des travaux scientifiques qui ont
rendu sa réputation européenne. Tant de fatigues portèrent une atteinte profonde
à sa santé originairement très-délicate, et une afiection qualifiée de fièvre neneose
l'emporta en moins de 6 jours^ le 24 mars 1821, à l'âge de quarante-ueuf an>.
Albers n'a point publié d'ouvrages de longue haleine, mais un très-grand nombre de
mémoires (dont quelques-uns ont été couronnés), d'articles dans divers joumaui.,
de traductions du français et. de l'anglais, etc. Il a été surtout connu en Fiance par
son mémoire sur le croup, qui partagea le prix avec celui de Jurine, lors du Cuneui
concours institué en 1808 par l'empereur Napoléon. L'auteur, dans ce travail,
admet la nature inflammatoire du croup, et lui assigne pour caractère particulier
de donner lieu à la production d'une lymphe plastique. Dès lors il rejette le crouf»
spasmodtque ; le spasme existe bien en effet, mais il est le résultat de l'irritation
inflammatoire et delà présence delà lymphe plastique. L'auteur admet autfi detj\
espèces de croup, l'un sthénique, l'autre asthénique, le second succédant asses sou-
vent au premier... Voici l'indication des principales publications d' Albers.
Diaeriatio inattguralis medica de AscUe. lena, 1795. ia^,—Amerieamiteke ÀmMdeM étr
Arineikunde, fiaturgeschichte, eic, Bremen, 4 Hfle, 1802-1803, iii-8.— C/<'^gr P^hatitmeM tm
Uttiérleibe. Bremen, 1803, inAi,-^ Ueber die sdiuelUie Hulft erfordernde Art vra HuMem.
Bremen, 1804, in-8. — Und Ficker : Beantwortung der Preiifrage : Worin beêlekt eipaiHéek
daê Uebel dm tinter dem sogenantUen firdwiUigen Hinken der Kinder bekonni ittf (Èèm.
couronné à Vienne). Wien, 1807, mit 2 Kpf, in-4. --De Tracheitide infàntnm, nOgù ermp
voeata (Mém. couronné à Paris). Lipsi^, 1816, \j^k, ^Verzeichniu der Pràpêrûte fltr rer-
ffleiehende und pattiologisehe Anatomie. Bremen, 1821, in-8. — Icônes ad iUmttrmidêm «m*
tamtam comparatam, ïbsc. 1, Il.Upsiie, 1818-182S. g »
AliBERT liB CiBAlVD. Les Parisiens qui traversaient, en Tannée 1245, b
filace Maubert, étaient témoins d'un bien curieux spectacle. Un homme était B»
petit, frêle et débile, religieux dominicain, entouré d'un cercle épais et mm H<*
jeunes clercs studieux et avides de s'instruire, auxquels il exposait, dans un dm^h
liqne langage, les connaissances théologiques, philosophiques et scàentifiques ib"
l'époque, leur commentant les travaux d'Aristote et d'Avicenne, leur enseignant la
logique, la métaphysique, la chimie, l'astronomie, leur dévoilant le mécanimr
do l'homme et des animaux, leur infusant la science prodigieuse dont il était
pénétré.
Dans les rangs de cette phalange qui se pressait autour du savant, on aonûl pi
ALBERT LK GRAND. 595
foir de jeuœs iiitelligeiices (|ui devaient s*illu&ii^i* à leur tour : Roger Bacon, avec
sa tunique grise et ses sandales qui annonçaient un cordelier ; Thomas d'Aquin, qui
devait être sanctifié, l'émule de l'illustre maître, le grand scrutateur du monde
inleOectuel, des facultés physiologiques et de la métaphysique; Thomas de Can-
tipré, Albert de Saxe, Vincent de Beauvais, Jean de &icrobosco, Arnold de Ville-
neuve, Michel Scott, Robert de Sorbon, Guillaume de Saint-Amour, etc.
Cet homme, ce professeur en plein vent, qui, comme Abailard, avait été obligé
rlenlrainer dans la rue la foule immense d auditeurs que les écoles, trop petites)
lies doitres et des églises, ne pouvaient contenir, se nommait Maîtbe Albbrt.
Il était né, en 1205, à Làvingen, en Souabe, et descendait de la famille des
Kollstadt, qui était alors puissante, célèbre et riche, ce qui permit au jeune Albert
(1 aller étudier tour à tour dans les plus renommées écoles de TAllemagne, de
l'Italie et de la France; pèlerinage indispensable pour celui qui voulait réunir un
\aste réseau de connaissances, à une époque où les hommes profonds étaient si
rares, et où chaque savant embrassait dans ses œuvres l'universalité des sdences.
On pense que ce fut dans l'Université de Pavie qu'il s'oocuiJa sérieusement de phi-
losophie, de mathématiques et de médecine. Ce fiit encore dans celle-ci qu'il se lia
avec Jordan, supérieur général de l'ordre des Frères prêcheurs, qui employa tout
son ascendant pour l'incorporer dans la congrégation ; car, à cette époque, les
Frères prêcheurs, dominicaiits, ou jacobins, fondés en 1216, s'ils avaient déjà
parmi eux des hommes reconnus par leur savoir et leur éloquence, tels que Jordan,
Matthieu Bertrand, Garrigues, Laurent, Jean de Navarre, Michel Fabrc, Jean de
Soint-AIbaii, médecin de Philippe Auguste, etc., ne se sentaient pas encore assez
i'nrts i*u égard aux immenses travaux qu'ils préparaient, et cherdiaient de toutes
farts des hommes capables, |«r leur génie, leurs talents et leur dévouement, de
HonmT un lustre extraordinaire à la communauté.
Édifié par Tesemple de son ami, subjugué par ses discours, Albert suivit donc
l'entraînement de son époque pour la vie monastique, et il prit l'habit dominicain
en 1222 ou 1225. 11 le fit en Italie, où, après avoir demeuré un an dans un couvent,
il alla étudier à Padoue et à Bologne.
Lorsqu'il eut achevé ses études, ses chefs l'envoyèrent à Cologne, à Fribourg, à
flatisbonne, à Strasbourg, pour y ouvrir des conférences qui furent pour lui une
suite de triomphes.
En l'année 1240, nous le voyons fixé à Cologne, où des biographes et des peintres
le représentent dans une cellule qu'éclairent à peine quelques rayons de lumière
tamisés par d'étroites verrières, entouré de quelques instruments bizarres de phy-
sique et d'astronomie, de fourneaux étrangement compliqués, de manuscrits, de
minéraux, travaillant au grand œuvre.
En 1245, il est à Paris, répndant, comme nous l'avons dit, des flots de science
et de philosophie.
Il ne resta dans la capitale du royaume de France que trois ans, pour courir
rtisuite sur les bords du Rhin, où l'on ne voulait pas être ])lus longtemps privé de
ses lumières.
En Tannée 1254, Albert est fait provincial de son ordre et visite à pied, tant ses
mœurs avaient de simplicité, les diverses provinces soumises à sa juridiction.
Alexandre IV, dans l'espoir de le fixer dans la capitale du monde chrétien, l'appelle
à Rome et lui confère la cliarge de maître du saci*é paUds.
En 1260, une bulle du pape le nomme évéque de Ratisbonne. La cour de
Rome avait pensé que sa haute vertu et son profond savoir pouvaient seuls remé-
39G ALBERT LE GRAND.
dier au désordre temporel et spirituel qui régnait au sein du diocèhe quwi lui
confiait.
Hais au bout de trois ans, sollicité par le général des dominicains, Humbert de
Romans, Albert demandait au pape et obtenait la permission d'abandonner sa
prélaturc ; il retournait dans sa chère ville do Cologne, où il avait conquis tant de
gloire et goûté de si pures jouissances au milieu de $es études ; et c*est avec boo>
heur qu'il échange un titre magnifique contre sa laborieuse mission de frèn*
prêcheur.
Peu après le pape lui ordonne d'aller prêcher la croisade dans toute ràUemagne
et la Bohême.
En 1274, un bref de Grégoire X lui enjoint de se rendre au concile de Lym, où
sa confiance l'appelait pour y faire prévaloir, par son éloquence et son autorité, h^
droits de Rodolphe, roi des Romains.
Immédiatement après la session de ce concile, il revint de nouveau refirendre
ses leçons publiques à Cologne, champ de gloire pour lui , mais qui fut aussi son
champ funéraire, car il y momnit le 15 novembre 1289.
Les funérailles du grand homme se firent avec une magnificence en rapport avec
sa haute renommée. L'archevêque Sifrid et les chanoines de la cathédrale et de$
collégiales y assistaient, ainsi qu'une foute de gens nobles et d'hommes du peuple.
Son corps fut enterré au milieu du chœur de l'église du couvent des Jacobins, et
ses entrailles furent portées à Ratisbonne, qui avait réclamé sa part des restes de
son ancien évêque.
Albert le Grand, que Ton connaît encore sous les noms d'AUbertus TeuUmicus,
Albertus de Colonial Alberitis Hatidxmensis, Alberius de BoUstadt^ est parveiui
h la postérité, enveloppé de je ne sais quel nuage de magie, de sorcellerie, qui e>(
une véritable flétrissure donnée à un si grand génie. D'infimes productions, impri-
mées parfois en encre rouge, afin de leur donner un cachet pins cabalistique, et ré-
pandues dans les campagnes sous le nom de Secrets admirables du Grand Albert,
n'ont pas peu contribué à transformer l'admirable professeur, le profond penseur
du treizième siècle en un vil sorcier. Heureusement que ses œuvres sont là pouf le
venger de telles abominations et pour le ranger parmi les plus beaux génies qui
ont illustré l'humanité. Parmi les œuvres publiées sous son nom, immense coller-
tion de vingt et un volumes in-folio, il en est, il est vrai, qui sont apocn-phes;
mais en défalquant ces dernières, il reste un monument qui ne jette pas moins dam
une stupéfiante admiration ceux qui veulent bien les lire avec attention et sans
{xirti pris de dénigrer. Albert le Grand est le véritable chef, au moyen âge, de
VÊcole expérimentale. La partie philosophique et scientifique de ses ouvrage»
n'est au fond qu'un savant commentaire des travaux d'Arislote et d'Aviœnoe:
mais il les a enrichis de toutes les connaissances renfermées dans les auteurs pos-
térieui-s à ces deux grands hommes, et il remplit les lacunes de ses prédéceseun.
Il fut pour l'Occident ce qu'Avicenne avait été pour l'Orient ; il agrandit le champ
des sciences naturelles en traçant des lois appelées à jeter sur elles le plus vir
éclat.
C'est surtout dans son Traité des animaux (t. Yl de l'édition de Jammy) qu'il
faut juger l'évêque de Ratisbonne ; c'est là, particulièrement dans les sept dernier^
livres qui sont du propre fonds d'Albert, que l'on peut voir un tableau exact et
complet de l'état de la zoologie au treizième siècle, et découvrir le genne d'une
foule de lois scientifiques que notre époque n'a fait que développer et démontrer.
N'i*st-il pas curieux de lui voir, contrairement aux autres anatomistes, oomoiencer
ALBERTl. 307
rhisloire du système osseui par la description de la colonne vertébrale, base réelle
de tout le preôiier embranchement de la série animale; de le surprendre considé-
rsint la tête comme une série de vertèbres munies de leurs appendices; essayant de
déterminer les facultés de l'âme d'après les organes extérieurs du crâne, et devau*
çint ainsi Gall et Spurzheim ; descendant Téchelle zoologique depuis l'homme jus-
qu'à l'éponge qui en est le dernier terme ; déûnissant très-exactement Y espèce^
montrant le mtoinisme au moyen duquel on fait un genre avec les espèces ; posant
ainsi les bases d*une véritable classification ; décrivant, par ordre alphabétique,
toutes les espèces animales connues ; désignant nos Annélides d'aujourd'hui sous
le nom d*amnuUmm annulosorum; décrivant dans cent soixante pages in-folio la
physiologie et l'anatomie des plantes, leur sommeil, leur engourdissement nocturne,
lesdiverses espèces connues ; passant en revue les minéraux ; inventant le mot affinité
dans le sens que nous lui attachons aiijomnl'hui ; déclarant positivement que les
empreintes à formes organiques qu'on rencontre sur différentes pierres ne sont
que des êtres pétrifiés, . .
4u reste, si Albert le Grand a eu ses détracteurs, qui semblent ne l'avoir pas
même lu, ou qui n'ont pas fait la part ni du temps où il écrivait, ni des nombreuses
et indigestes productions qu'on a publiées sous son nom ; d*autres écrivains, après
l'avoir médité, après avoir fait un triage nécessaire dans cette immense encyclopé-
die de vingt et un volumes in-folio, ont rendu justice à l'admirable religieux domi-
nicain, en le considérant comme le plus grand génie qui soit sorti des flancs de
rhumaoité. Paul Jove, Trithème, Blount, Quenstedl, Bayle, Tiedmann, Jourdain,
de Gérando, Cuvier, de Blainville, Meyer, Choulant, Dafin, d'Orbigny, Villemaiu,
Haureau, etc., et surtout, dans ces derniers temps, M. F. A. Pouchet (Histoire
des sciences naturelles au moyen âge^ ou Albert le Grand et son époque,
Paris, 1853, in-8), montrent Albert de Bollstadt tel qu'il a été : VAiHstot4^
chrétien.
On trouvera le caUlogue complet des œuvres d'Albert le Grand dans les
Scriptores ordinis prxdicat. des PP. Quetif et Ëchard, p. 171; il n'y com-
prend pas moins de douze pages in-folio. Fabricius (Bibl. lat, med, et inf.
xtalis) a aussi fait lanalyse des vingt et un volumes des œuvres complètes du
célèbre religieux. Les amateurs de livres rares tâcheront de se procurer les éditions
suivantes :
l. Opus de AntmatUnu [me de rerum proprietatibus). Romse, 1478, in-folio. Édition regar-
dée comme la première de cet ouvrage. — II. DeSecretis muUerum opus. 1478, in-4 gothi-
que, tréa-souvent réimprimé dans le quinzième siècle. On y a fréquemment ajouté, parti-
caliérement dans les éditions de i&iô, 1655, 16G2 et 1699, le Sécréta virorum, qui n'est
pas d'Albert le Grand. — III. fÀàer secretarnm de virtutUfus herbarum, lapidum et anima-
Imm. 1478, iii-4, première édition de ce livre très-souvent réimprimé. — IV. Albertu»
Magmu, Ratisàonetui^ episcopus, ordin. Prsedicator. Opéra omnia, édita studio et labùre
P' Pétri Jammy. Lugduni, 1651, 21 vol. in-fol. Collection trèa^recherchée et qui atteint
dans les ventes le prix de 500 francs. « /^.
"^ A. (.HERGAU.
ALBBKTI (SaIobiob). Gomme tant d'autres membres de notre profession,
ce médecin n'est guère connu que par ses ouvrages. Tout ce qu*on sait, c*est
qu'il naquit à Nuremberg en 1540, qu'il eut pour maître le fameux Fabrice d*A-
«piapendente, qu'il enseigna la médecine à Wittemberg, et qu'il mourut le 29
mars 4600. Nous allons donner l'indication assez longue des productions scientifi-
«l'ies de ee laborieux investigateur, et encore ne sotnnies-iious pjs certiin depuiscr
i-i Iiî4c.
398 ALBERTINl.
1. Gaieno adtenphuiiberdeUrmiM. Wittebergse, 1&86» iu-8. -*il. UÎMtma pkemtm^me te-
mani corp m parlium membratim icripia et in utum tyronam rfiraeiaths édita WiUtï/erpe.
1583f in-8 ; 1602, in-8 ; 1650, in-8. Ouvrage accompagné de planche», mdis de planciin
empruntées, comme c'était alors l'habitude, à celles de Vésale.— III. Sex oraiioiteg : 1* Ùe
CogmtUme herbarum; 2* De MùêM. mramati» precioêit^m, notura ei effieaeiû; 3* He Dtad"
pliua wMiamica, eic; 4* Thtmaia medica de moràis meienterii, ardare stamachi, einfultn,
lucrymu; 5* Structura ureterum renis dextri mirifica; 6* Adumhratio et deseriptiû turnm
nutantium memàranularum tygmoidarum in venis hracMcrum et cntrum. Norimberga*. 15C
ii).g. » IV. Orationes quatuor : l*" De Studio dœtrinm pkytkx ; 2* De Felte ad inietténa rettê-
guanie^ neque tamen vitaiem euccum e ventricule demiseum contagione depravanir ; 5* 1^
Sudore sanguinis; 4* De Medendi scientia, profes$orihu9 ejusj in primiê de Huit iiùro n(m
Mamori Arabum Régi dicato; 5* Quxetio : Cur pueri» non eit interdieendum laerimie; eteurin
lacrimis suepiria et gemitus fere conjungantur? 6* Quesêtio: Num mefaUica et mineraiio si
carbonibus aboleantur sue empirio conférant? 7» Prefatio ad Itbrum Galeni de loîiit. ^Vitt<^
berga;, 1590, in-8.— V. Oratio de êurditate et muiilate, etc. Wittebei-gse. 1590, in-8.-
VI. Scorbuti historia. \Vitteberg9c, 1594, in-8.— VU. Coneitia atiquot medica, inséré dan^
l'ouvrage de Phil. Brendel. 1615, in-4*.— VllI. Obeervaiumee anatomiem. Wittriiergar, 16:30
in-4. —IX Antidotarium medicamentorum simplicium et compoiitorum guse inierius corporii
affectibus accomodanlur. In-folio.
On peut juger, pur œ simple catalogue, de la variéti'; des connaissanoes de Salo-
mon Alberti, qui a reçu de grands éloges de la pai't de ses oonteroporaÎDs, de Cm-
ton et de Contingius, entre autres. Il est un de ces ouYiiges, TingénieiiBe élucu-
bration sur YVtUUé des larmes ^ quia été jugé, par Haller, digne de làire partie d«
ta collection des Thèses. Il fut, avec Vésale, Eustachi, etc., un des fondaleivs éi'
l'anatomiedans nos temps modernes. On lui doit ces découvertes de la valvule ditf
de Basilius; du limaçon de l'oreille et des conduits lacrymaux; le premier, il a
donné une description exacte des reins et des voies urinaires. .V. CRBSEAr.
AliBEBTl (Mlehcl), professeur de médecine, à Hall, en Saxe, un des plu«
célèbres élè^'esdc Stahl, naquit à Nuremberg, le 13 novembre 1682, et mourut
le 17 mai 1757, âgé de 74 ans. Ardent défenseur du vitalisme contre les méca-
niciens, il soutint avec talent les idées de son maître, dans de nombreuses th('^e^
qu'il serait trop long d'éimmérer. Citons seulement :
Introductio in univeream medidnam. HaU, 1718, 1719, 1721, 3 vol in-4, uû la puiii»aiior
de la nature médicatrice dans les maladies est opposée au danger qu'il y aurait do la tn>i>-
hUar.^Systema Jurisprudentise tnedico^tegatie, 1725-47. 6 vol. in 4^, renfermant, avec 1*
développement de leurs motifs, les décisions de la Faculté de médecine de Hall sur diTef>fs
iiuestions de médecine légale. . fBKREAD
AUIEBTINI (AjiBBlbttl). Pintiquait à Césèue dans la première moitir du
dix-septième siècle. Sou ouvrage sur les maladies du cœur est une des plus Mh
cicnnes monographies que Ton possède sur ce sujet; mais, ainsi que le fut obser-
ver Haller, c*est là un de ces ouvrages comme on les faisait alors, prolixe et s»n>
une seule considération aiiatomique ou pathologique propre â l'auteur. Albertiui
admettait deux sortes de palpitations : l'une vi*aie, l'autre fausse. Voici le titre d«'
son ouvrage : De affectionibus cai'dis^hhn III, Yenetiis, 1618, in-4* ; — et Getenv.
1648, in-4*. E. Bon.
ALBERTINl (BartMIcwl). Contemporain du précédent. Résidait k lk»lo-
gne, où il fut pendant soixante ans secrétaire de l'école de philosopliie d Jt*
médecine de cette ville. On lui doit une liste de tous les médecins qui ont ap*
|iartenu à Térole do Bologne depuis 1156, et que publia son successeur Canu»*
en l«6i. K. Bsn.
ALBIN. 599
(mpfi.-Fr .) . Le plus célèbi*e d^ Irok ; né à Crevalcuore , prè8 de
Bologne, où il exerça la médecine pendant la première moitié du dix*huitiènic
»iècle. H était élève de Halpighi, et il lui fut attaché, jeune encore, comme adjoint
à l*hopital Santa Maria délia Morte. Plus tard, il professa à sou tour avec beau-
coup de succès. Morgagni se loue d'avoir été sou disciple, et d'avoir reçu de lui
d'intéresaantes communications qu'il a utilisées dans son célèbre ouvrage De Sedibus
etcttutis morborum; il le cite fréquemment comme un observateur extrêmement
exact et attentif à rechercher tous les symptômes des maladies qu'il avait sous
les yeux. Il reste d'Albertini les deux opuscules. suivants :
Ànimaéversiimei super qtdbtudam dif/lcUis respirationis vitiisa Isua cordu et prsecardiorum
tinctura pendeniitus. In De BfmonienH sàaU. et art. ûutiittio etque Aead. CommeMarU.
Boooiii», t. I, p. 38^i04,1731, in-4.— 2^ cortiee Pemviauo Commentatianesqtuedam, etc.
IM., p. •I05-M7. Ce travail a été donné par un autre académicien [de Bologne] d'après
Mbertmiy cité seulement à la troisième personne. E. Bgd.
ALBIN (!«• quatre) OU ALBllVUS. Il y a plaisir à réunir sous une même
rabriqne ces quatre célèbres médecins, tous de la même famille, et qui pendant
(ilus d'un siècle ont illustré la profession par leurs travaux et leur enseignemeni.
Voyez- les à la tâche, et dites s'ils n'ont pas bien mérité de la postérité :
I àXkêm (Bernard) j le père des trois autres, naquit à Dessau, dans la province
d'Anhalt, le 7 janvier 1653, de Christophe, bourgmestre de cette ville. Après
a^oir étudié sous im précepteur dans la maison paternelle, après avoir suivi les
cnurs de médecine à Leyde, sous Qiarles Drelincourt, Théodore Krarien et Luc
Srhacbt, il prit le grade de docteur en mai 1676, et suivit la bonne habitude qui
cûstait alors de voyager et de se perfectionner au contact des grandes académies di*
l'Europe. Il visita soeoessivement la Flandre, le Brabant, la France, la Lorraine, et
revint dans m patrie au mois de juillet 1680. Il avait alors 37 ans. Nommé aus-
Mtôt professeur à Francfort-sur-l'Oder, il prit possession de la chaire le 13 jan-
vier i6Si . U se montra là digne du choix qu'on avait fait de lui ; son école fut bientôt
kphis fréquentée, et sa réputation grandit tellement, que Frédéric-Guillaume, élec-
teur de Brandebourg, atteint d'hydropisie, l'appela auprès de lui et le fit son mé-
dftin et son conseiller, et que plus tard il tint une chaire de professeur à Leydc.
C'est là qu'il mourut, le 7 septembre 1721 , laissant de sa femme, Suzanne-Cathe-
rine Rings, trois fils qui embrassèrent la carrière dans laquelle leur père s'était
iUostré.
Bernard Albin a laissé plus de vingt mémoires de médecine, tous imprimés sous
le format in-4^, et dont on peut lire la liste complète dans la Bibliothèque de mé-
decine de Carrière. Citons seulement :
1* De Fmaieulù. 1681 ; 2* De Affeenbus aninU, 1081; 3* De SierilUatey 1683; 4* De
Psncadesi tksraeU et abdomims, 1687 ; 5* De Phasphoro Uqmdo et soUdo, 1688 ; 6* De
SalhaHane mercuriali. 1680; 7* De Epilepsio, 1690; 8« De Paranychia, 1694; 9* De
fMârêda, 1695; 10- De Partn difficiH, 1695; M' De ortu et progressu medUAnx Oratio,
1702; etc., etc
II. âlfeki {Bemard'Sifrpi)y iils du précédent, naquit à Francfort-sur-l'Oder
le 34 février 1697, et mourut le 9 septembre 17?0) après cinquante ans de profe>^
sont.Cesttm des plus grands anatomistes dont la médecine ait à s'honorer. Boer-
I^Te veaiit de remplacer, par des vues toutes mécaniques, le système chimique
|»r lequel on avait prétendu pouvoir expliquer toutes les opérations de la machine
400 ALBIN.
animale, et l'on fut ainsi nécessairement conduit à examiner avec plus de détail L
texture de chaque partie en particulier, puisque, d*après cette école mécanique, li
moindre variété de forme devait entraîner des dilTérences dans faction. Ce syslènk*
obligea aussi à décrire avec plus d'attention et d'exactitude ce que les travaou anté-
rieurs de Vésale, de Faillie, d'Eustacbi avaient fait connaître seulement dans IW
semble. Poussé dans cette voie, Sifroi Albin a pu donner les descriptions les phb
précises et les planches les plus belles en anatomie, particulièrement sur les mus-
cles et sur les os. On raconte que pour obtenir de bonnes figures, où la perspectif
ne nuisît pas à l'exactitude, il choisissait le plus beau des cadavres, le suspendait
à uue grande distance des dessinateurs et en faisait faire un grand nombie d*'
copies ; puis, sur chacune de ces copies il faisait dessiner, dans sa place ooiivenaUe.
un muscle qu*il avait dessiné avec soin, de manière à laisser bien visibles les tiftit
d'attache et d'insertion ; après ce muscle, il en faisait dessiner un autre, et aiu>i
de suite. Nous n'avons pas idée, nous enfants gâtés du dix-neuvième siècle parles
merveilles des arts mécaniques, par la photographie, la gravure électrique, etc..
des peines inouïes qu'ont dû se donner nos pères pour produire ce qu'ils voua ont
laissé.
Dès 1720, Albin fut nommé professeur d'anatomic et de chirui^ie à Vêcmk rit
Leyde, en remplacement de Rau, son maître, et ce choix d'un jeune liomme de
22 ans fut tout à la fois un hommage à la mémoire du père et un encourage-
ment pour les talents prématurés du fils.
Essayons de donner la liste aussi complète que possible des ouvrages de ce gran<i
liomme :
l. Explicatio tahtUarum anaUnn. barth. ËuêiachH. Leyde, 174 & ; gr. in-folio aiec 47
planches, ouvrage U'és-estimé et peu commun. ~ II. Tabulx sceleti et muMCultnuM oorpor^^
/mmani. Lugd. Bat., 1747, gr. in-fol., avec 40 planches. Cet ouvrage est regardé comme V
chef-d'€euvrc de l'auteur ; les planches ont été dessinées et gravées par Wandelaar. •>
lU.^TalmlM Oêskm humanûrum. Leyde, 1753, gr. in-fol. ûg. Ce volume, qui Tait suib* aii
précédent, se compose de 70 planches par le môme artiste, savoir : 2 pom* le litre et \>
préface, 54 terminées et 21 au simple trait. — IV. Tabulas uteri mulieris çravidr, ctÊmjgm
parturirel, mortuse, cum appendice. 1748^1, gr. in-fol., 8 pi. — y , Academc&rum aaâU-
lionum Ubri VllI anatomicif phyêiol&già, etc. Leyde, 1754-68, 8 part, en 1 ou 2 vol. in-l. b^
— VI. Oraiio de anatome cojnparata. Lugd. Bat., 1717, in-4. — VU. De Via inco^»n<m
corporis humam, 1721, in-4. — VlII. Index suppeUeetilit RavitUB. Lugd. Bat., 1725. in-l.
C'est la description du cabinet de Bau. — IX. De Arteriis et venig intestinûrum kfimàu»
Lugd. Bat., 1736, in-4. — I. Icônes ossium humani fœtus, etc. Lugd. Bat., 1731, in-i.—
XI. DeSede et causa coloris JEtMopum et cxterorum homimun. Lugd. Bat., 1757, iih4.
Albin a de plus édité plusieurs ouvrages de ses devanciers : Vésale, Jacques Douglas, Bar*
vey, Fabrice d'Aquapendente, Bustachius.
III. Albin (Christian-Bernard), i'rère (aiué?) de SiCroi, se distingua aussi
dans la même science, qu'il professa à TUniversité d'Utrecht, où il mourut, k
5 avril 1752, à Tâge de 56 ans, après avoir longtemps souffert d*une affection
très^ingulièrc et très-pénible, dune sensibilité extrême de Touie. On lui doit :
i. Nova tenuum itUestinorum description 1722, in-4. ~ II. Z^ Anatome errores detepentr m
ntedicina. 1723, in-4. Ouvrage dans lequel l'auteur prouve par beaucoup d'exemples qu tl
est utile d'ouvrir les cadavres pour découvrir la cause et les effets des maladies.
IV. Albin (Frédéric-Bernard), frère des deux précédents, lut, selon BIn
monbach, professeur à Leyde, et mourut en 1778. Il a laissé :
l. Oratio de ambulatione vtt,v maxime necessaria. Lugd. Bat., 1709, in-4. — 11. tk Sstf*
howinis libellus. Lugd. Bat.. 1775, in- 1. Ouvrage* s^ervjint d<' table aux œuvi-es anali»mi«r" "
de rilliistrc Sifroi .\lbiii. A. Cm Mât.
ALBINISME. iOl
S. Albinos. Ou appelle albinisme l'état des individus chez lesquels
U ooloratioD pignientaire manque plus ou moins complètement : ces individus sont
des albinos. Ce mot, d*origine portugaise et latine, est resté dans la langue scien-
tifique; mais il a plusieurs sponymes ou équivalents. Les Dandos d'Afrique, les
Bédas ou Bédos de Ceyiau, les Chacrdas ou Kakerlaqties de TArchipel polyné-
>ieii, les nègres blancSy nègres piesj blafards j les yeux de lune de TAmérique du
Sud, ne sont que des albinos désignés sous des noms diflërents suivant le pays et
»uivant les voyageurs qui les ont observés*. De même, Talbintsme a été aussi
nommé albinie^ kakerlaquisme, leucéthiopiej leucopathie, leucose^ leucowoniey
achrame congéniaL
11 est infiniment probable qu'il a dû existei' de tout temps des albinos, cependant
kur histoire est toute moderne. On en trouve une mention assez vague dans la
Taste encyclopédie de Pline l'Ancien ; mais quoique Femand Cortez en eût signalé
l'existence à la cour de Hontézuma, dans ses lettres à Charles-Quint, ils ne furent
remarqués et décrits que dans le cours du dix-septième siècle, à la suite de ces
iKMnbreux voyages entrepris en vue du négoce, mais néanmoins très-profitables pour
b science.
Par une tendance naturelle de l'esprit humain, les premiers observateurs crurent
i|ue les albinos constituaient une race ou au moins des peuplades particulières ;
quelques voyageurs ne craignirent même pas de donner des détails sur les mœurs,
les usages, les aptitudes de ces peuplades. Des savants de premier ordre ajoutèrent
foi à ces récits apocryphes. Il n'y a guère plus d'un siècle que BufTon reproduisait
ces fables et cherchait à expliquer l'existence de races albines au milieu de popula-
tions bronzées, par le naufrage ou l'abandon d'individus européens ayant fait
souche. C'était expliquer une erreur par une nouvelle erreur. Buflbn rectifia plus
tard cette opinion inexacte, sans toutefois être bien fixé sur la nature de l'albi-
nisme.
Quand les relations multipliées et véridiques des voyageurs eurent prouvé,
ainsi que l'écrivait dePaw à la même époque que BufTon, que personne n'avait
jamais vu dix albinos réunis, que par conséquent il fallait renoncer à l'idée de
races ou de peuplades particulières, une autre idée prit cours parmi les savants.
On considéra l'albinisme comme une maladie ou comme le résultat d'une maladie.
Au commencement de notre siècle, Blumenbach, Winterbottom, Sprengel, Otto
appuyèrent cette manière de voir. Voltaire, il est vrai, s'en était nu)qué à son appa-
rition ; mais railler n'est pas prouver ,. et d'aillews Voltaire lui-même était dans
b pins complète erreur à d'autres égards ; aussi fallut-il que les travaux modernes
unifient établir définitivement le siège, la nature et le rôle du pigment , pour que
la question fût définitivement tranchée.
On sait aujourdhui que l'albinisme peut se produire chez toutes les races
d'hommes. On l'a observé dans l'ancien et le nouveau continent, au voisinage de
i équateur et diez les peuples liyperboréens.
Fréquent chez les animaux domestiques mammifères et oiseaux, il n'est pas
acessivement rare chez certaines espèces sauvages. I. Geoffroy Saint-Uilairc a
donné la liste de tons les animaux sauvages ou domestiques chez lesquels il a lui-
même remarqué l'albinisme, et cette liste pourrait être considérablement accrue, si
i on tenait compte des observations des autres naturalistes.
Faut-il attribuer à l'albinisme la formation naturelle ou provoquée de variétés
Uanches dans certaines espèces végétales modifiées par la cultme? A ne considérer
que le résultat, l'assimilation parait complète. Hais si l'on remarque que les colora-
OICT. EHC. H. ^20
402 ALBIMSME.
lions des fleurs ne sont pas absolument comparables à la couleur pigmentaire, oii
sera plus réservé dans l'interprétation des faits.
Est-on mieux fondé à comparer aux albinos les plantes étiolées et totaleiiieiit
décolorées qu'on l'ait croître dans des lieux obscurs? Ici encore Tanalogie est inoom-
plète : ces mêmes plantes, transportées à la lumière, recouTreront leur couleur
naturelle; elles ont subi un trouble fonctionnel dépendant de la cause qui le pro-
voque et non une modification organique persistante comme chez les albinos.
En dehors de l'albinisme proprement dit, ces faits de décoloration ou de oolora«
tion temporaire ne sont pas rares chez l'homme et chez les animaux, et apparais-
sent sous l'influence des mêmes causes que chez les plantes, lumière vive ou obscu-
rité. Les taches pigmcntaires, appelées taches de rousseur, la forte coloration brune
des parties exposées à l'air et aux rayons du soleil se montrent surtout en été
quand la lumière est vive, et disparaissent en hiver ou dès que la peau est soustraile
'j l'insolation. J'ai plusieurs fois observé sur la peau rosée du ventre des chiens df
très-larges taches pigmcntaires qui se montrent au printemps et s'effacent à ren-
trée de l'hiver. Inversement, qui n'a été frappé de la blancheur de teint des indi-
vidus qui ont longtemps vécu ou qui vivent habituellement à l'abri de la luniière'f
Toutes ces variations ne doivent être considérées que comme des oscillations do
l'état physiologique normal, très-distincles des anomalies d'organisation.
Quoique l'albinisme se soit montré sous toutes les latitudes et chez toutes les
races d'hommes, il parait être manifestement plus fréquent chez quelques-unes
d'enttc elles. Un auteur éminent qui écrivait dans la seconde moitié du siècle
dernier, de Pav^, dit dans ses Recherdies sui' les Américains^ que les albinos
n'existent que dans la zone torride, entre le dixième degré de latitude de chaque
côté de l'équateur et il repousse comme une fable l'assertion de quelques savants
qui disaient en avoir observé en Europe. Ce sont, suivant lui , des farfadets né>
dans la faible imagination du vulgaire. 11 y a là une erreur, mais elle s'explique
par la rareté relative des albinos chez les races blanches.
En eflcl, tous les auteurs qui ont écrit depuis, ceux qui sont les mieux rensei-
gnés et les plus dignes de foi, disent ({uc l'albinisme est surtout fréquent dans le»
zones tropicales, et qu'à latitude égale il se montre de préférence chez les nce»
les plus fortement colorées, de sorte que la fréquence de l'albinisme serait en m-
sou directe du mélanisme normal. H n'est guère de voyageur qui n'ait obserré
quelques albinos sur le littoral ou à l'intérieur de l'Afrique ; Livingstone, Simooot
et Berchon en ont vu plusietu^ ; de Rochas en a observé cinq à la Nouvelle-Calédo^
nie, tandis (}ue dans nos populations blanches ces faits sont extrêmement peu nooh
breux. L'observation de tous les jours l'indique, la rareté des descriptions le con-
firme.
En somme, Talbinisme, rare dans les races blanches, plus commun chcs lt>
Américains du Sud et dans l'Archipel indien, présente son maximum de fréquence
parmi les nègi*es, et surtout parmi les individus du sexe féminin.
Cette anomalie peut olTrir des degrés divei-s : la substance pigmentaire {«nit
faire cumplétoment défaut ; elle peut exister en certains points et manquer dans
d'autres; elle peut exister |Kirtout, mais en moindi'e quantité qu'à l'état nonnal.
1. Geoffroy Saint-Hilaire, qui a bien distingué ces dilTérents états, les nomme
albinisme complet, albinisme partiel, albinisme imparfait. .
Faute d'avoir établi ces distinctions importantes, les observateurs ont peodaot
longtemps négligé des faits qui se rapportaient à l'albinisme, mais qui n'étaieot
pas assez frappants nu premier abord pour fixer leur attention. Quelque peu pro-
ALBINISME. 405
iMaoéeque aoit la décokinition pignientaire, du moment qu'elle dépasse la limile
des farités individuelles ccurrespondantes à la race oh elle s'observe, elle constitue
un fait d'albinisme. L'individu qui la présenté ne méritera pas toujours le nom
d'albinos si l'anomalie est très-restreinte en étendue et en intensité; néanmoins,
à noire sens^la moindre tache de ce qu'on a nommé vitiligo congénital, la moindre
toulîe de poils ou de cheveux blancs à la naissance, caractérisent l'albinisme.
Cet état est le plus souvent congénital, certains auteurs disent même toujours.
Cette affirmation est-elle bien fondée? Nous ne le pensons pas. Buflbn a rapporté
l'histaire d'une négresse qui, à l'âge de quinze ans, commença à voir blanchir la
|ieau de ses doigts ; la décoloration lit des progrès constants, et au bout de viiigl-
rinq ans les quatre cinquièmes du corps étaient blancs. Rayer et Hervieux ont cité
de» cas de leucopathie partielle d'étendue variable chez des adultes Nous-mèmc
nous avons observé un homme de quarante ans, bien portant, brun de cheveux el
de peau, qui depuis cinq ou six ans avait vu des taches blanches se développer sur
la peau de ses mains et augmenter d'étendue, de manière à envahir presque toute
l'extrémité du membre supérieur. Au niveau des taches, la peau oITrait l'aspect le
|iluâ uormal, mais elle avait perdu la légère couche de pigment qu'on observait
aiir le reste du corps. : c'était la main d'un homme blond et le bras d'un brun ;
d'ailleurs, aucune sensation douloureuse ni désagréable, aucun phénomène mor-
bide. Des faits analogues ont été publiés par les auteurs qui ont traité de la patho-
logie cutanée. On ne supposera pas que nous confondons ici avec la décoloratioii
albine des manifestations lépreuses qu'on a nommées alphos ou leucé : nous jKir-
kms de laits d'albinisme partiel survenus pendant le cours de la vie sans autre mo-
dilication de la peau que la disparition du pigment. N'est-ce pas dans la même
catégorie qu'il faut ranger ces cas remarquables où les cheveux, la barbe, quelque-
Us en tirtalité, d'autrefois en partie, blanchissent dans l'espace de quelques
lieures?
Cet albinisme accidentel, considéré dans ses résultats, est identique à l'albinisme
ODOgénital. 11 n'en dilTère que par l'époque de son apparition et le mécanisme de
son développement. Ge point sera examiné plus bas. En tout cas, cette diflérenco
u'autorise point à rejeter cette catégorie d'individus hors du cadre des albinos
incomplets.
Quand la peau a été désorganisée par une plaie ou une brûlure, qu'elle est rem-
placée par du tissu de cicatrice, la couleur pignientaire est effacée; mais ici il j a
«lestnidion et non absence originelle ou dis[)arition spontanée : cela n'appailient
plos à l'albinisme.
L'albinisme peut donc être complet, partiel ou imparfait. Dans la grande majo-
rité des cas il est congénital. L'albinisme partiel peut être accidentf?l, c'est-à-dire
apparaître pendant la vie. Nous ne connaissons pas de cas où l'on ait vu se déve-
lopper l'albinisme complet.
Ia albinos présentent des caractères d'autant plus tranchés, que Tanomalic est
plus générale et plus complète.
Ce qui attire au premier abord l'atlcnlion sur l'albinos, c'est lu couleur de
ses cheveux I de ses cils, de ses sourcils, dont In blancheur, le blanc jaune ou blanc
oelin, dont la finesse et l'asixîct duveteux tranchent avec l'âge apprcnt du sujet.
Wni-ci, de constitution débile en général, a souvent ces chairs décolorées, anc-
*"««, quelquefois teintées d'un bleu léger qui laisse deviner le réseau veinenx
**B-cutané. Les proportions du corps sont souvent mauvaises : des pieds plats, des
iBams grosses et courtes, des oreilles trop longues ou trop larges, des trnîts m?.\
iU4 ALBINISME.
tonnés ne sotil pas rares. L'albinos a la vue courte et redoute la lumière ; il baiiK
la tête, porte la main en abat-jour au-dessus de ses yeux, tient les paupières aus
trois quarts closes, et, quand il les ouvre, on aperçoit derrière la cornée une raie
rougeàtrc ou rose entoiu^nt uue pupille rouge conune un rubis. Très-fréquem-
ment, dès que les [laupières sont écartées, les globes oculaires exécutent un mou-
vement transversal rapide, une sorte de tremblement qui augmente encore b sin-
gularité de cet ensemble.
C<es caractères, qui appatliennent à l'albinisme complet, ne sont pas toujours
aussi vivement accusés; mais, ce qui existe toujours, c'est la blancheur des poils
et l'absence He pigment à l'intérieur de l'œil. A part cela, les albinos diffèrent ealre
eux suivant l'état de leur constitution générale ; car les auteurs ont généralement
confondu dans leurs descriptions les caractères propres de l'albinisme avec les com-
plications générales qu'il présente fréquemment.
Dans l'albinisme partiel, l'absence de pigment n'atteint que certains points d'é-
tendue variable et de contours irréguliers. Quelquefois disposées sous forme de
stries, les taches décolorées ont souvent une assez grande dimension et sont boméesi
par des lignes flexueuses. Les poils correspondant aux taches sont blancs, et cette
couleur cesse brusquement comme les limites des parties albines. Ce sont les indi-
vidus atteints d'albinisme partiel qui méritent particulièrement le nom de nègres
pies, d'hommes ou enfants pies. On en a signalé un bon nombre de cas. I. Geoffroy
Saint-IIilaire a cité ceux de Buifon, d'Arthaud, de Bartholin, qu'on a reprodnib
partout. Berchon nous a fourni quelques renseignements sur les cas d'albinie pr-
tielle observés au Gabon ; ce sont aussi des nègres pies qui ont été vus par Simo-
not. Cet état a été observé dans la race blanche. Reunes a vu, au conseil de recen-
sement de la Dordogne, un jeune homme chétif et grêle, dont la peau offrait des
taches albines dans le tiers de son étendue. A notre connaissance, aucun fait ne
confirme l'hypothèse avancée par quelques auteurs, à savoir que si la déooioratioii
pigmentaire siège au niveau de l'œil, l'intérieur de cet organe sera lui-même dé-
pourvu de pigment, de même que les poils sont blancs au niveau des taches. Mai>
ce qui semble commun, c'est la coïncidence de l'albinisme partiel et de l'albiiifidnc
imparfait, se manifestant par une diminution de la couleur des cheveux et des
^eux.
L'albinisme imparfait est probablement le degré le plus fréquent, et oeU se con-
çoit facilement. Des albinos de cet ordre ont été vus dans les races colorées et dans
les races blanches. Chez eux, on n observe souvent aucune oompUcation, aussi
l'anomalie a-t-elle pu rester inaperçue. Dès le siècle dernier, on avait signalé d^
nègres à chevelure d'un jaune roux, à iris d'un bleu pâle. De Paw et Schrdieren
avaient iiarlé. Ils ont été observés par plusieurs chirurgiens de marine, lluart et
Simonot au Gabon et eu Guinée, de Rochas à la Nouvelle-Calédonie. Les cheveux
des albinos nègres sont crépus, rouge fauve ou jaune soufre ou blond sale ; ceux do>
Néo-Calédoniens sont fins et d'un blond de lin. C'est cette couleur ou un Uanc lai-
teux un peu jaune qu'on remarque chez les albinos imparfaits de race Uancfae. La
pupille est quelquefois d'un noir complet, le plus souvent noire avec un reflet
rouge; l'iris est bleu clair, bleu violet ou Ulas.
Il est nécessaire de ix^vcnir sur quelques-uns de ces caractères. On a coutume
de dire que la peau des albinos est d'un blanc fade, mat, semblable à de la mottec-
line ou à du ppier. Il s'en faut que cela soit toujours exact. Foumier et Aiihaud
indiquent une coloration rose, un léger incarnat sur les lèvres et les joues. 9mi*
nous nip|ieloiis avoir vu un albinos qui se doimait eu spectacle, et dont h pnu
AL01N[SMR. M):,
était colorée en rose clair; chez un jeune albinos mort à Bicétre en 1838, la peau
était d'une parfaite blancheur, et se colorait en rose sous Vinfluence de la chaleur
et de Téfflotion.
Il ; a, â cet égard, plusieurs causes d'erreur qu'il importe de faire connaître.
S'il est aujourd'hui un fait bien établi sur le plus grand nombre des observations,
c'est que les albinos, et surtout les albinos complets, sont souvent de pauvres êtres
chétifs, malingres, lymphatiques â l'excès, scrofuleux ; pas toujours, sans doute,
mais souvent. Daa<( ces conditions, et indépendamment de l'albinisme, leur teint
est terne, terreux, grisâtre, sans aucun mélange de ce ton très-légèrement brun
que produit le pigment chez les individus normaux. Cette couleur est le double
réqiltat de l'albinisme et de l'anémie, de l'anomalie et de l'état diathésique. Si l'on
veut être rigoureux, il ne faut point confondre leurs caractères, savoir qu'ils coïn-
cidait fréquemment, mais les rapporter chacun à sa véritable cause.
I^ne autre erreur plus importante a été commise souvent. De ce que certaines
maladies de la peau colorent celle-ci d'une desquamation épithéliale blanche ou
détruisent une partie du derme, et avec elle le pigment, de ce que ces sortes d'af-
fections lépreuses ne sont pas très-rares chez les nègres, on en a conclu que l'albi-
nisme partiel devait être rapporté à la lèpre. Breschet et bien d'autres avant et
après lui ont formulé cette opinion. Cela n'est vrai ni pour les nègres, ni pour les
Uancs. On a vu des maladies cutanées, l'épiderme rugueux, écailleux, occuper
toute la surface du corps, tandis que les taches albines étaient irrégulièrement
èemées et sans rapport de figure avec l'altération dermique superficielle; simple
coïncidence que de Rochas a rencontrée quatre fois sur cinq individus observés par
lui, le cinquième étant exempt de toute maladie de la peau. Chez les nègres, des
observateurs dignes de foi ont noté, avec intention d'élucider cette question étiolo-
gique, que la peau ne présentait en aucun de ses points, blanc ou noir, ni écaille,
ai stigmate, ni prurit, rien qui caractérisât un état morbide présent ou passé.
Même remarque a été faite nombre de fois sur des enfants blancs atteints d'albi-
nisme incomplet.
Les poils et les cheveux conservent en général la disposition ordinaire pour la
race à laquelle appartient Talbinos. On peut seulement observer qu'ils sont moins
vigoureux, plus fins, plus souples, quelquefois plus soyeux. 11 y a un rapport natu-
rel entre l'insui&sance des productions pileuses et l'absence de l'un des éléments
de la peau.
La blancheur sénile des poils est-elle de même nature que la blancheur albine ?
(Qu'on nous passe ce pléonasme apparent.) C'est là un point qui demande à être
édairci par de nouvelles recherches. Cornaz croit que chez l'albinos le cheveu
dépourvu de canal central est blanc dans toute son épaisseur, tandis que chez le
vieillard ce canal renferme une substance grenue et noire dissimulée par le reflet
de la substance corticale. Cela est en désaccord avec les minutieuses recherches de
Pruner-Bey sur la chevelure des différentes races. Il a vu que dans les races très-
rolofées, nègres, Papous, Malais, le dieveu est habituellement dépourvu de canal
central quand il est franchement noir, mais que ce canal central apparaît dès que
la chevelure est brune, et surtout rouge, ce qui est, ainsi que nous l'avons vu, une
tendance à l'albinisme. Le même auteur fait encore observer que le canal central
eiiste normalement dans le cheveu de certaines races, bndis qu'il manque dans
d'autres; or l'albinie sénile se produisant dans tous les cas, le caractère tiré de
Texistence du canal central n'aurait plus aucune valeur.
A la suite de L. Wafer, les auteurs ont répété que les albinos de l'isthme de
AOê ALBINISME.
Panama ont un duvet blanc et fin répandu sur toula!k suriaee du oorpty et tfu
les dilTérencierait des nègres blancs. Sans rien aflinper à cet égard, nous pensons
que c'est encore là un point qui demanderait à être oonGnné. Le duvet, légère-
mont coloré en brun ou en châtain, ne s'aperçoit paa à la surface de la peso, i
moins qu'on ne l'examine attentivement; au contraire, le duvet Uanc et brilbnt
est plus facile à voir, et c'est peut-être là la seule raison de la remarque de Wafer.
Ce qui nous porte à émettre ce doute, c'est que quelques observateurs, rares il est
vrai, parce que ce détail est peu important, ont aussi noté la présence d'un dmet
blanc chez des albinos d'Europe.
Chez les albinos complets, l'œil est complètement privé de pigment : les ctt
Iules existent moins pressées, moins polyédriques qu'à l'état normal; mais eiks
sont transparentes et ne contiennent aucune granulation pigmentaire. Par ee seoj
fait, les conditions optiques de l'œil subissent déjà une modification de h plus
haute importance : la doublure opaque et noire en vertu de laqudle le globe ocu.
laire est une chambre obscure cessant d'exister , les rayons lumineux pénètrent
plus ou moins à travers les enveloppes, éclairent vivement le fond de l'oeil parleur
réflexion sur l'hémisphère postérieur de la sclérotique, et se colorent en rouge de
sang en traversant la nappe vasculaire de la choroïde. Sur ce fond lumineux, l'iris
se dessine comme une dentelle transparente d'un gris bUinchâtre d'autant phis
accusé, que les fibres propres du voile irien sont plus nombreuses et plus épaisses.
Broca a observé l'œil d'un albinos adulte et a communiqué cette dewription miou-
tieuse à la Société d'anthropologie. Il a vu que la partie la plus épaisse de l'iris
était constituée par les fibres circulaires du petit cercle, que le grand cercle était
beaucoup moins blanc, par conséquent moins épais, et qu'entre les deux cercles oii
apercevait les fibres radiées circonscrivant des espaces allongés ou loeangiqnes
d'une trans} arence presffue absolue. D'après cet examen, le plus comi^ qui ait
iHé publié, il serait inexact de dire que chez les albinos les fibres circulaires di!
l'iris sont très-peu nombreuses.
Ces conditions expliquent pourquoi les albinos sont pliotophobes ou héliopbobes,
suivant l'eipression de Buzzi. Leur œil, transpercé par la lumière, ne peut plus eit
modérer l'intensité par le rétrécissement de la pupille, puisque Tins est transpa-
rent et que les rayons lumineux sont réfléchis au lieu d'être absoiliés ai grande
quantité comme à l'étal normal par le pigment choroidien. Ces mêmes cooditions
expliquent encore pourquoi les albinos sont nyctalopes, et pourquoi on les a nom-
més yeux de lune en Amérique : quand la lumière est moins intense, elle ne In-
verse plus que les parties les plus transparentes, la cornée et la pu|MUe, et ces»*
d'illuminer l'intérieur du globe oculaire , qui devient sombre et rentre dans un
état presque régulier.
Mais l'alisence du pigment doitrolle aussi rendre compte de la oourte portée
visuelle des albinos, de ce qu'on a généralement nommé leur myopie, ce mot
n'étant employé que comme synonyme de vue courte? Broca le croit. Les espaoes
transparents et rouges qu'on voit sur l'iris constituent, suivant lui, autant de petiles
pupilles à travers lesquelles les rayons lumineux pénètrent dans l'osil : ces ravov
iraient fonner sur la rétine autant d'images anormales capables d'altérer la nettrir
de l'image principale formée par les rayons pupillaires. Le trouble de la vue aérait
alors proportionnel au nombre et à l'étendue des pupilles supplémentaires, et ce
trouble cesserait, quand au crépuscule ou dans la nuit les petites pupilles senicol
fermées par le rétrécissement de l'anneau irien proportionnel à la dilatation de la
pupille.
ALBINISME. 407
lue remarque de Desmarres viendrait à Tappui de cette manière de voir. Les
albinos observés par lui avaient» il est vrai, la vue très-courte, mais cela tenait,
d'après lui, à la faiblesse de la rétine, € est-àniire à une perception diffuse et
non à une modification de la réfringence des milieux, puisque les verres concaves
n'amélioraient pas l'état de la vision.
Nous ne pensons pas que l'hypothèse de Broca soit satisfaisante, car s'il est vrai
((oe les albinos voient mieux au crépuscule, il est vrai aussi qu'ils regardent de
très-près les objets qu'ils veulent voir. Or, dans cette condition, on observe la con-
vergence des axes optiques et le resserrement de la pupille, c'est-à-dire le contraire
de ce que Broca indique comme nécessaire à une perception distincte chez l'al-
binos.
n y a peut-être une explication fort simple de ces faits. Il est possible qu'en
reigafdant de près, l'albinos ait pour but principal de faire ombre avec sa tête incli-
née sur l'objet observé, et de se placer, par rapport à cet p^jet, dans la même situa-
tion que si la lumière générale était peu intense. Desmarres dit positivement que
chez ses malades, l'usage de conserves bleues entourées de taffetas noir a produit
un grand soulagement. Une petite fille, à laquelle Siebel a donné des soins, regar-
dait de près les objets qu'elle voulait voir, et cependant sa vue avait une longue
portée; elle distinguait les objets à une grande distance; mais quand elle regardait
ainsi au loin, elle renversait la tête en arrière, de manière que son œil fût abrité
ious sa paupière supérieure et soustrait par elle à un éclairage trop intense. Cette
manière de regarder est signalée aussi par Paw, à propos de la vision à distance
des albinos. D'ailleurs, si on connaît à merveille aujourd'hui la marche des rayons
lumineux à travers l'appareil dioptrique de l'œil, on n'est pas aussi bien fixé sur le
mode d'impressionnabilité de la rétine. Rien n'empêche de penser que la vision
étant distincte quand la rétine n'est traversée que par les rayons incidents ou directs,
Me faculté pourra être troublée dès que la membrane nerveuse recevra à la fois
des rayons directs et des rayons réfléchis.
Nous avons cherché à aqyprécier aussi exactement que possible les modifications
que l'albini^ne seul pouvait apporter aux fonctions visuelles. Nous avons voulu
montrer que cette seule anomalie pouvait expliquer des perturbations très-grandes,
et Birtout faire comprendre que la vue très-bornée de l'albinos ne dépend pas né-
cessairement de la myopie proprement dite, dans laquelle le foyer des rayons paral-
lèles se forme en avant de la rétine.
Il est bien certain cependant qu^ cette myopie véritable peut se présenter chez
l'albinos; nous ajouterons même qu'elle doit se présenter assez fréquemment. Elle
nistait incontestablement chez un jeune homme examiné par Maurice Raynaud,
inisqu'on pouvait voir le fond de son œil sans aucun appareil, en se bornant à
écarter largement les paupières, auprès d'une fenêtre, après avoir dilaté la pupille
par une préparation mydriatique.
Ce fait prouve deux choses : la première, c'est que l'intérieur du globe oculaire
^ éclairé par des rayons lumineux traversant la sclérotique, l'iris et la pupille
tout à la fois; la seconde, c'est que l'image réelle de la rétine se formait à une
>sftz courte distance en avant de l'œil observé pour que l'observateur pût la vmr
sans le secours d'aucun instrument, ce qui est le caractère propre de la myopie
iorte. On peut exprimer encore la même idée en disant que cet œil offrait naturel,
lemeut les conditicms qu'on produit d'une manière artificielle sur un individu nor-
loal, pendant l'examen ophtbalmoscopique avec le miroir réflecteur et la lentille
cimTergente.
408 ALBINISME.
Iju myopie, avons-nous dit, dQÎt exister assex fréquemment dans l'albinisme.
Souvent héréditaire, cette affection n'est en somme que la persistance d'nn Mit
fœtal quand elle est congénitale. A ce titre, on comprend d'avance qu'elle puis^
coïncider avec l'albinisme ; nous aurons à revenir sur ces coïncidences de diffi^
rentes anomalies chez les albinos.
On sait que l'oscillation du globe oculaire ou nystagmus survient asseï fréquem-
ment chez les individus atteints d'un obstacle à la vision et surtout d'un obstacle
congénital, opacités de la cornée ou du •cristallin, absence ou irrégularité de
riris, etc. L'albinisme exerce la même influence et peut déterminer toutes les va-
riétés observées de ces mouvements anormaux qui parfois ont lieu transversale-
ment, et c'est le cas le plus fréquent, parfois font exécuter au globe de l'œil une
rotation autour de son axe antéro-postérieur. Chez quelques albinos, le nystagmu«
est continuel ; chez d'autres, il ne se produit que sous l'influence de la lumière ou
de la vision, et même de la vision à distance seulement.
Chose remarquable , cette oscillation du globe oculaire ne produit pas tou-
jours un tremblement des objets observés, et on ne peut établir aucun rapport
entre l'intensité du nystagmus et la rectitude de la vision , non plus qu'entre le
degré de l'albinisme et la fréquence du nystagmus. Tel albinos ayant les yeui
transparents et rouges en sera exempt, tandis qu'un autre aux cheveux Uanc itt
lin et aux iris bleuâtres pourra en être atteint à un haut degré.
Le sujet observé par M. Raynaud employait un procédé simple pour fa're malgré
une oscillation très-prononcée et rendant la vision confuse : il plaçait le livre de
manière que les lignes devinssent verticales; dans cette situation il parvenait à
distinguer isolément chaque lettre et à assembler les mots.
Ces troubles divers que nous venons de passer en revue, photophobic, mjopie,
nystagmus, sont fréquents dans l'albinisme, mais ils ne sont pas constants. Sinooi
nous sommes fait comprendi-e, on a dû voir qu'ils coïncident souvent avec ran>-
nialie qui nous occupe, mais qu'ils n'en sont pas la conséquence directe. Peut-être
faudrait-il en excepter la photophobie qui est notée dans la grande majorité des ob-
servations. Cependant nous nous rappelons parfaitement que l'albinos déjà dté par
nous avait le regard très-franc et racontait presque sans sourciller son origine hy-
perboréenne et son histoire hyperbolique ! Une dame du monde assistait soinreot
aux représentations théâtrales, il y a peu d'années, et malgré ses iris roses elle ne
se ser\'ait ni d'abat-jour ni de lunettes teintées; ses paupières demi-voilées la
mettaient suffisamment à l'abri de la lumière. On pourrait multiplier le nombre de
ces exceptions qui s'expliquent par une plus grande épaisseur de la srJérotique.
du tissu de l'iris, par l'intégrité des formes et des milieux de l'œil.
Ce que nous venons de dire est encore plus vrai et plus souvent vrai chei les
albinos impariaits. Des iris peu colorés et un reflet rouge ou rougeâtre de b pa-
pille ne sulGsent pas pour altérer gravement les fonctions visuelles ; les semi-albino»
qui voient mal ont presque toujours quelque autre altération de l'œil. Les Néo-Calé-
doniens vus par de Rochas avaient la vue excellente et supportaient l'éclat du soleil
Par contre, on observe des individus dont la vue est très-défectueuse, qui sool pbo-
tophobes, ont un clignement constant des paupières et qui cependant ne sont alhi-
nos (|u'â im faible degré. Nous l'avons déjà dit, mais il faut le répéter ici : ralfainos
t'st très-souvent nn être imparfait, en dehors de l'anomalie principale qu'il pr^
sente ; cette imperfection se révèle sous diilérents aspects : elle porte sor h An-
formation de l'individu, sur sa constitution, sur son état de santé.
Nous avons indiqué plus hant ces formes vicieuses mentionnées par fhmmr^
ALBINISME, 400
auteurs: cou trop court, mains et pieds Toluminoux, oreilles disp:raciei]ses par
leurTohune; à cette liste il faut ajouter l'épicanthus, la persistance de la mem-
brane papillaire, le déplacement de la pupille, le strabisme.
La constitution et la santé de ralbinos laissent au moins autant à désirer; ce
point est mieux établi et plus fréquemment constaté que le précédent. Combien
d'albinos sont morts dès les premiers temps de la vie, souvent avant la fin de la
première année ! Combien d'autres, parvenus à la jeunesse ou à l'âge adulte, suc-
(Dmbent à la suite de maladies consomptives ! Sans doute les premiers observa-
teurs avaient singulièrement exagéré la brièveté d'existence des albinos, affiimant
que leur vie n'atteignait pas à la moitié de la durée ordinaire. On pourrait citer
bon nombre d'exceptioas à cette règle trop absolue ; cependant les albinos arrivent
bien rarement à la vieillesse, et surtout à une vieillesse avancée.
Il faut au reste établir ici une distinction qui a sa valeur. Les albinos des races
noires sont placés en général dans des conditions sociales aussi fâcbeuses que pos-
sible. Affaiblis par leur infirmité, ils sont repoussés par leurs semblables ; la mi-
^re aggrave chaque jour leur situation et doit singulièi*ement abréger leur exis-
Unce. Dans les pays civilisés au contraire, ils vivent dans une situation plus
laTorable, de leur fortune, de leur travail ou de la charité, s'ils sont absolument
incapables; aussi les observe-t-ou assez souvent dans un état de santé satisfaisant.
Au milieu d'assertions contestables émises sur la manière de vivre des albinos dans
les différents pays, il y a cependant quelques faits bien prouvés qui doivent trouver
place ici. Ignorance et superstition, crainte excessive et férocité sans cause, tel est
le caractère habituel des populations qui n'ont pas été initiées à la vie sociale.
Parmi elles, en Afrique surtout, les albinos subissent tour à tour les effets de ces
sentiments opposés en apparence. Souvent repoussés, traqués, poursuivis, ils vivent
errants et dénués des premières ressources. Certaines peuplades les détruisent,
rroyant voir dans leiu* naissance de fâcheux présages ; Livingstone a récemment
constaté celte coutume féroce chez certaines tribus des Béchuanas. Ailleurs, ils
nnt l'objet d'une sorte de culte analogue au respect proverbial que l'aliénation
mentale inspire aux Indiens; leur infirmité atteste qu'ils ont un caractère excep-
tionnel, surnaturel même, et à ce titre ou les vénère comme on vénère tout ce qui
semble révéler une puissance supérieure.
Pendant longtemps l'usage des maisons royales et princières de nos pays d'Eu-
rope était d'entretenir des fous, puis des nains ; avant d'être des hommes d'esprit,
les fous n'avaient été que de pauvres êtres plus ou moins difformes. Le même
usage exista au Mexique, au Congo, et surtout dans l'Archipel indien. Quand les
Hollandais prirent possession de Java, le souverain de l'île avait trois albinos à sa
nxir; il en demanda d'autres avec instances, disant que l'usage et l'étiquette vou-
laient qu'il en eût un plus grand nombre et que c'était un acte méritoire que de
b entretenir dans son palais. Au bout de deux ans de recherches, on parvint à lui
en procurer quatre autres. Les albinos remplissaient auprès de ces souverains cui-
vrés, bronzés ou noirs, les fonctions de pages : à l'intérieur du palais, ils étaient
occupés au service intime des petites volontés du maître.
Ce De serait plus guère que chez les peuples peu connus de l'Afrique centrale
qu'on pourrait retrouver aujourd'hui de semblables usages.
Les albinos sont-ils intelligents ou moins intelligents que les individus normaux?
i'idiûtie, rimbécillité sont-elles fréquentes chez eux? Ces questions ont été réso-
lues bien légèrement. On s'est hâté, à l'aide de quelques exemples, de déclarer que
l'absence du pigment coïncidait souvent avec l'absence des facultés cérébrales. Ici
410 ALBINISME
encore les récits des voyageurs et leurs appréciations promptes ont été accoeilliâ
trop iaeilement et reproduits sans contrôle.. Il est certain qu'on a vu des albiuûf^
idiots, mais d*autre part quelques-uns et môme un assez bon nombre ont donné
des preuves d'intelligence au-dessus de la moyenne. Chacun connaît Thistoire de
Saclis, qui était médecin et qui a publié sa description et celle de sa sœur albine
comme lui. Esquirol cite deux albinos intelligents dont l'un parbit plusieurs lan-
gues. Un autre, d'après Ferrus, occupa un poste éminent dans une république
américaine. Berchon nous apprend que les albinos du Gabon ne sont pas moins
intelligents que leurs compatriotes; l'un d'eux était ministre du chef des Bou-
lons. Des renseignements analogues sont tournis par de Rochas sur les albino»
de la Nouvelle-Calédonie; il est vrai que chez ces derniers l'albinisme était im*
parlait.
Tout ce que l'on sait aujourd'hui prouve que les fonctions reproductrices sont
normales chez les albinos. Aucun fait connu, ou du moins bien conniiy ne nous
renseigne sur ce que serait le produit de deux albinos. Leur union serait-elle fé-
conde et quel en serait le résultai ? On l'ignore. Verrait-on se fixer la variété ou
bien obsenerait-on le retour au type normal de la race? Ces questions peuvent
être posées, mais non résolues.
L'union d'un albinos de l'un ou de l'autre sexe avec un individu bien constitiir,
noir, cuivré ou blanCj est féconde. Elle peut môme être très-féconde. Le produit
est généralement normal ; assez souvent, c'est un albinos ; exceptionnellement,
c'est un albinos partiel ou enfant pie. Il peut arriver qu'un couple dans lequel il )
a un albinos donne naissance à plusieurs enfants dont un ou deux seront albinos,
tandis que les autres ne le seront pas. Ces albinos seront quelquefois jumeaui.
Nous empnmtous chacune de ces indications à des observations d'Esquirol, de Jef-
ferson, de Treytorens, d'Arthaud. Nous ne parlons ici que de l'union des albiou<
envisagée au point de vue de son résultat immédiat ; nous verrons plus bas quel
rôle joue l'hérédité dans la production de l'albinisme.
Ainsi que nous l'avons dit au commencement de cet article, à l'époque ou oo
ne connaissait pas bien la nature de la coloration de la peau, où ou ne savait pis
quelle éLiit exactement la substance colorante et comment elle était disposée, oo
pouvait discuter sur la nature de l'albinisme, mais aujourd'hui que le siège du
pigment, sa nature celluleuse, ses granulations colorées sont décrites et figunVs
dans tous l&s traités d'anatomie et d'histologie, aujourd'hui qu'on a étudié h peiu
du nègre et ses cicatrices blanches parce que le pigment ne s'y reproduit pas quand
le corps papillaire a été détniit, il n'y a plus lieu de rechercher un point admis ptf
tous les auteurs, à savoir que l'albinisme consiste dans l'absence plus ou moin^
étendue, plus ou moins complète du pigment.
Sont-ce les cellules de la couche pigmentée ou seulement les granulatioas \HSr
mentaires qui font défaut. 11 est certain que ce sont seulement les granulation» ;
le fait a été constaté par Wharton-Jones pour l'albinisme de l'oeil, cependant k^
cellules elles-mêmes étaient moins nombreuses et moins pressées qu'à l'état nor-
mal. 11 y avait donc insuffisance de développement des cellules et absence d«dé%<^
loppement des granulations. Dansl'albinisme incomplet, il y a seulement msulBsanrr
pour les cellules et pour les granulations.
On ne peut plus tenir compte des recherches beaucoup trop anciennes de Bun.
qui déclare n'avoir pas trouvé de corps muqueux, ni même de celles de BrescfaH*
trop préoccupé de l'existence hypothétique de l'appareil chromatQgène. D'anUnt
plus qne Robin a décrit et fijîiiré les cellules de la coudie pi^mentaire chez Talbi-
ALBINISME, 4ii
nos. D'après iiii, ces oelluks existent avec leur forme polyédrique régulière ou ir*
régulière, mais alors elles sont incolores, à noyau finement j^^nuleux et elles-
mêmes oniformément parsemées de fines granu lations grisâtres. Dans leur épaisseur ,
entre leiir périphérie et le noyau, se voient sur presque toutes de une à quatre
gouttes d'huile jaunâtre, à centre brillant et contour foncé.
Nous pouvons sans plus de difficultés résoudre aujourd'hui d'autres questions
fort discutées dans la première moitié de notre siècle. Dans quelle série des faits
natureb faut-il placer l'albinisme. Appartient-il à titre de simple variété à Tordre
régulier, ou bien est-il une exception, une anomalie, et cette anomalie a-t-elle sa
raison d'être, ou bien encore faut-il y avoir l'expression définitive d'un état mor-
bide ancien ou récent?
Voyons d'abord ce qui est relatif a cette dernière hypothèse. Il n'y a plus à s'ar-
rêter i l'idée d'une maladie actuelle, d'une variété de lèpre. Toutes les observa-
tions récentes et la constatation que l'albinisme est, dans l'immense majorité des
cas, congénital, protestent contre cette manière de voir, qui ne compte pour ainsi
dire pins de partisans. Hais ce n'est pas ainsi que l'entendaient Blumenbach, Win-
(erbottom et après eux Sprengel, Otto, Blandin. Ils faisaient valoir que la pâleur
blême de l'albinos, sa faiblesse, sa mauvaise conformation, son extrême sensibilité
lux agents extérieurs, l'insalubrité des pays où on l'observe le plus souvent, tout
en euK accuse un état cachectique, et que cooséquemmsnt l'albinisme est une ca-
chexie. Ces faits sont vrais en général, mais la conclusion est inexacte. Oui les al-
binos portent souvent Tempreinte d'un état diatbésique, mais non toujours. Ces
deux termes, diathèse et albinisme, marchent souvent de pair, mais ils n'ont pas
entre eux un lien constant et nécessaire ; il ne faut pas les confondre et dire que
l'ilUnisme c'est la diathèse.
Mais il n'y a plus de difficulté si l'on admet, ce que nous croyons être l'exacte
expression de la vérité, que toutes les causes débilitantes, climat, mauvaise con-
stitution des parents, grossesses gémellaires ou trop répétées, etc., prédisposent
1 lilfainisme comme à d'autres vices de conformation, et retentissent en définitive
sur toute la constitution de l'albinos.
Cette étiologie morbide serait bien plus acceptable pour les cas d'albinisme acci-
dentel que nous avons indiqués. Là, en effet, la peau (jusqu'ici on n'a observé
l'albinisme accidentel que sur la peau et les poils, jamais sur l'œil) a été organisée
ttinnaiement ; elle subit donc, ainsi que l'a écrit I. Geofiroy Saint-Hilaire, une
désorganisation. Hais ce changement s'accomplit assez souvent avec une certaine
lenteur et sans aucun de ces troubles qui caractérisent la maladie. La vérité est
que nous ignorons absolument la cause intime et le mode de ces décolorations ac-
cidentelles ; on a constaté quelquefois des émotions morales violentes ou une fa-
tigue excessive, mais ces causes sont loin d'être constantes.
L*albinisme n'est-il qu'une simple variété, mais une variété rare de la colora-
tion? Prichard a défendu cette manière de voir, qui n'a généralement pas été ac-
<3e)4ée. Il y a cependant là une portion de vérité. L'albinisme est une variété de
coloration au même titre que le bec-de-lièvre, la gueule-de-Ioup est une variété
de conformation. On établirait aussi facilement la série graduée des couleurs de-
puis le nègre le plus noir jusqu à l'albinos le plus parfait, que celle qui, des formes
(«plus régulières de la bouche et du palais, va jusqu'aux divisions les plus éten*
<}tttt. C'est le caractère des vices de conformation de se rattacher |)ar une filiation
losensible à la conformation normale. À ce point de vue philosophique, Prichard a
pu dire que l'albinisme était une vnriété; mais, pour rester dans le vrai, il aurait
412 ALDIMSMK.
dû ajouter que cette variété ne s'observant que trës-etœptioiineUeinenl, elle |4t-
(lait par là son titre de variété pour prendre celui d'an<»nalie.
C'est Hansfeld qui le premier, en i822, a clairement indiqué b nature de ceUc
anomalie. Il la considéra comme un retard dans le développement, en sappuyam
sur ce que, chex les albinos et surtout chez les albinos incomplets comme ceoi
qu'il avait vus, le relard ne se traduisait pas seulement par le défaut de matière
colorante, mais encore par la persistance d'autres états fœtaux : membrane pupil-
laire, duvet embryonnaire, anomalies diverses en d'autres points du corps. CeU^
idée juste, plus complètement développée pari. Geoffroy Saint-Hilaire, estpassÀ;
dans la science, et on peut dire qu'elle est à peu près unanimement adoptée.
Elle invoque d'ailleurs un ensemble de preuves qui a porté la oonvictioa dâiiN
les esprits. La matière colorante n'apparaît qu'à une époque déjà avancée de la^tt*
fœtale, vers la fm du troisième ou le commencement du quatrième mois. Sa fbr-
mation nVst jamais achevée au moment de la naissance, le nouveau-né ayant,
chez toutes les races, la peau et les cheveui^ plus clairs que Tadulte. Si à ces ar-
guments on ajoute cjem qu'avait indiqués Hansfeld et qui montrent la coincideiice
fréquente chez les albinos de diverses anomalies par arrêt de développement ; siToo
tient compte de ce fait : que l'albinos est souvent frap])é dans son évolution ulté-
rieure, qu'il restera petit, malingre, imberbe, si c'est un homme ; et encore que
l'albinos est plus souvent du sexe féminin que du sexe masculin, caractère com-
mun à l)eaucoup de vices de conformation et en particulier aux arrêts de dévelop-
pement : il sera difficile de conserver des doutes sur la nature propre de l'albi-
nisme.
Il convient cependant de reconnaître que le mot arrêt, terme générique, ne
donne pas toujours une idée exacte du fait et demande, suivant le cas, un éqiiin-
lent plus rigoureux. Chez l'albinos parfait, il y a arrêt de développement, persis-
tance sous un certain rapport et pour un ensemble de granulations, de l'état fetal
au quatrième mois. Chez l'albinos incomplet et imparfait, il y a seulement insnfli-
sance du développement. Enfin, dans certains cas rares à la vérité, mabcependant
bien observés, le mot de Hansfeld est parfaitement exact : il y a seulement reCanl ;
lamatièrecolorante, insuffisante au moment de la naissance, continuée se dévelop-
per et on assiste à la disparition plus ou moins complète de l'anomalie au bjut
d'une ou de plusieurs années. Comaz cite les observateurs Aschenoo, Mejpf,
Herzig, Graves, Wilde et Siebel, qui ont constaté cette curieuse transfonnation à
laquelle la thérapeutique n'a pas été complètement étrangère.
Si maintenant nous cherchons à résumer dans une sorte de définition rétrospec-
tive les points que nous venons d'examiner, nous dirons que l'albinisme estune
variété anormale de coloration, caractérisée par Vabsence absolue ou rdalixt
du pigment, résultant d'un arrêt, insuffisance ou retard du développement rt-
gulief\
Pour compléter cette définition, il reste à déterminer les causes générales qui
provoquent ce retard ou cet arrêt de développement : nous toucboos ici au domaine
de l'incertitude.
Uissant de côté l'hypothèse surannée de Lecat sur l'influence de la chaleur,
l'hypothèse indémontrable et improbable de Hansfeld et de beaucoup d'autres «r
les frayeurs éprouvées par la mère, les contes débités sur les relations de n^e««<
avec les grands singes, nous nouslomerons à examiner l'influence des trois casser
suivantes : consanguinité, hérédité, débilité des parents.
Suivant Pevay, Boudin, Bémif« (fitats-lînis) et Aube, la consanguinité serait
ALBINISME. il5
une caifie l'réqueate d'albinisme. Sans nous prononcer d'une manière absolue sur
celte question si controversée depuis quelque lemps de la consanguinité, nous de-
loijs déclarer que les faits cités par ces auteurs ne nous ont nullement convaincu.
Devay s*est borné à des présomptions, Boudin et Bémiss ont énoncé des faits. Ce
dernier a constaté cpie trente-quatre mariages entre consanguins ont donné nais-
sance à œnt quatre-vingt-douze enfants, dont cinq étaient albinos. Boudin rap-
porte l'histoire de deux mariages consanguins ; du premier sont nés un albinos et
un enfant peu intelligent, du second quatre enfants, deux jumeaux albinos, un al-
binos, un eniant bien portant.
De rhérédité il n est pas dit un mot, et d'autre part nous avons déjà dit que les
;niisaes8es gémellaires et les grossesses répétées paraissent liées à l'albinisme.
On a fait grand bruit des expériences d'Aubé sur la production artificielle du la-
pin albinos par unions successives entre individus d'une même portée. Ces expé-
riences paraîtraient convaincantes si on n'avait à leur opposer les résultats diamé-
Iralement contraires obtenus en Angleterre dans la fixation des races chevaline
pur sang et bovine dishley, et si la domesticité, l'éducation claustrale, les con.
ceptions fréquentes et répétées ne venaient fournir l'explication satisfaisante de ces
résultats.
L'hérédité parait avoir une influence beaucoup mieux établie et qui concorde
avec les notions générales que nous possédons sur la transmission des anomalies.
Die n'agit pas d*une manière constante ; le plus souvent, les produits reviennent
an type primitif ou bien un ou deux enfants sont albinos comme leur père ou leur
mère, tandis que les autres sont normaux. Parfois on voit se manifester de remai-
quables phénomènes d'atavisme : un albinos, mort en 1838 à Bicétre, était fils
d'un père brun et d'une mère aux cheveux châtains, mais cette mère avait pour
sœur une albinos. P. Lucas a cité des faits ayant toutes les apparences de l'an
thenticité et qui sont bien remarquables : ils sembleraient prouver, contre l'opinion
del. Geoflroy Saint-Hilaire, que l'union d'un blanc et d'une négresse peut donner
naissance immédiatement à des enfants blancs ou albinos. (La brièveté du récit ne
nous peiinct pas de nous prononcer.) Ces derniers faits doivent être accueillis avec
réserve. L'hérédité est à son maximum d'évidence lorsque des familles sont oom-
ptétemenl atteintes d'albinisme, comme dans les cas cités par Blandin et par Wise-
man.
A côté de l'hérédité, nous croyons, avec I. Geoffroy Saint-Hilaire, que toutes les
causes de débilitation qui agissent sur les parents, climat insalubre, misère, mau-
^^ise constitution, diathèses endémiques, ou qui sont de nature à troubler et à gê-
ner le cours régulier de la gestation, grossesses multiples ou trop répétées, prédis-
posent d'une manière générale aux vices de conformation et par conséquent à
l'albinisme. Déjà Blandin, qui adoptait une variante de cette manière de voir, fai-
sait remarquer à quel degré étaient insalubres les parties de l'Amérique où l'on
rencontrait le plu? souvent des albinos. De Rochas note qu'à la Nouvelle-Calédonie,
les affections scrofuleuses sont tellement fréquentes, qu'un tiers de la population
en pmie les traces présentes ou passées. Sur le nombre peu considérable d'obser-
vations où figurent ces détails, quatre ou cinq mentionnent des grossesses gémel-
laires. Dans d'autres on voit que les albinos ont eu six, sept, huit frères ou sœurs ;
presque tous les auteurs ont écrit qu'ils naissent souvent de femmes ti*ès-fécondes.
Dans Tétat actuel de la science, l'hérédité et la débiUté des parents nous sem-
blent les seules causes générales dont l'influence soit démontrée.
Si l'albinisme n'est pas une maladie, il n'en constitue pas moins dans son degré
414 ALBINISME.
le plus avancé, et même dans ses degrés inférieurs, un état d'itifiriniti réelle. Il
accompagne d'ailleurs fréquemment une màuTaiâe constitution. Au point de vue
médical, il y a donc lieu de considérer les albinoà, et surtout les albinos jeun»,
comme des malades à traiter. Plusieurs faits, et en particulier celui de Sicbd, per-
mettent de croire que les modificateurs généfaiux extérieurs et intérieurs, vie ao
grand air, action de la lumière, climat sec, médication reconstituante, devront éln
suivis d'eflets favorables, c'est-à-dire d'un retour plus ou moins parfait vers FéUl
normal.
L'état de la vision réclame très-souvent l'emploi de moyens variés ooulre le
strabisme, la myopie, le nystagmus, la photophobie. Nous n'avons pas à euminer
ici ces moyens qui appartiennent à l'oculislique. Bornons-nous a rappeler que la
vue courte des albinos dépend souvent, mais pas toujours, d'une myopie véritable,
que par conséquent celle-ci devra être constatée par rem|doi de verres appropriés.
Pour ce qui est de l'albinisme accidentel, nous ne connaissons aucune base ra-
tionnelle de traitement dirigé contre la décoloration. On a employé dans ces cas,
sans aucun succès, les toniques de toute espèce, les médicaments altérants. Peut-
être les préparations de cantharides à l'extérieur pourraient-elles rendre quelqu»
services. U. Trélat.
BiBLKMRAPHtB. *- l'une (l'Âncieii). Hitioire naturelle ^ livre VIII, ch. u. — Wavu (Uoui*!
fiew Voyage and Description of the hihmut of America. Londres, 1704; traduit dao» \r-
Voyage* du capitaine Dampierre. — Trettorexs. Histoire de f Académie des scUmces pour
1751. — 1Iaui>ertuis. Dissertation physique à t occasion du nègre blanc, 1744, et Vénus pkf-
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Braunschweig lebenden Albinos. Brunswick. 18-22. — Réflexions sur la leucopathie considérée
comme le résultat d'un retardement de développement. In Joum. eomp, des se. wséiicÊkt.
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Uberdie lieukopalhie. Meckefs Archiv far Anal, und Physiol. T. 1. 1826. — Soilbckl (J. H. (i.
Ein Deilrag zur ndhern Kenlniss der Albinos, lena, 1824. — Blandir. Dict. de méd et éf
chirurg. pratique^ article Albinisme. 1829. — Rentses. Observations médicales sur quelqurt
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HiLAiRE (I.). Hisl. gén. et part, des anomalies de P organisation. De Valbimsme, T. I, I83S. —
Brkscbbt. Dict, de médecine en 50 vol. T. II. article Albinos. — Seii.er. Beobaehtumgen vr-
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Du réseau muqueux de la peau et de l'albinisme. In Arch. gén. de méd. S* série, t. Il ^
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ALUIZZIË. 115
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It Ssc. ^Anthrop. T. I, p. 526.— De Rochas. Maladies des Kéo-Calédoniens. In Bull, de la
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T. m, p. 150. — BovD». Nécessité du croisement des familles. In Mém. de la Soc. d'Anthrop.,
1. 1— Broca. Sur un œil d'albinos. In Bull, de la Soc. d'Anthrop., t. V, p. 141.— Rat:«aud (Mau-
nœ . Souv. dict. de méd. et de chir. pratique. Article Albinie. Paris, 1864. U. Trélat.
L*Albite est le feldspath sodique, c'est-à-dire tiii silicate double
d'alumine et de soude ; par sa désagrégation et sa décomposition au sein de la
terre, il forme, comme les autres feldspaths, le Kaolin ou terre à porcelaine ; il
peut serrir lui-même à préparer la couverte des porcelaines. 0. R.
{AlbiMia). Genre de plantes établi par Durazzini, suivant Boivin,
pour un certain nombre d'espèces attribuées autrefois au genre Acacia ou à quel-
ques autres très-voisins. En somme, les Albi^zia ne diflèreut essentiellement des AcO"
da (vof. ce root) qu'en ce que les étamines, au lieu d'être libres jusqu'à la base, sont
réunies par la portion inicrieure de leurs filets en une sorte de tube. D'ailleui*s, ces
étamines sont en très-grand nombre, insérées autour d'une cupule glanduleuse qui
entoure le pied de l'ovaire, repliées plusieurs fois sur elles-mêmes dans le bouton
et pourvues d'anthères biloculaires, iutrorses et à déhiscencc longitudinale. Elles
^OQt entourées d'une corolle gamopétale à cinq ou plus rarement à quatre divisions
talraires, et d'un calice gamosépale plus court que la corolle, et découpé en cinq
ou quatre dents également valvaires dans le bouton. Le gynécée se compose d'un
ovaire uniloculaire supportant un style excentrique tenniné par une tête stigmati*
1ère peu renflée. Dans l'ovaire est uu placenta pariétal qui supporte deux séries ver-
ticales d'ovules descendants dont le micropyle se dirige en haut et en dehors. Il y
a des fleurs mâles par avortement du gynécée. Le fruit est une gousse aplatie, par-
fob indéliiscente, à graines supportées par des funicules grêles et longs, plus ou
moins repliés sur eux-mêmes.
Les AUrima sont des arbres ou des arbustes à feuilles alternes-bipennées, dont
le racbis porte ordinairement une pu plusieurs glandes en cupule. Elles sont accom-
pagnées de stipides latérales. Leurs fleurs sont disposées en grappes qui peuvent
devenir presque des épis, parce que les pédicellea floraux sont quelquefms très-
courts ; ou des ombelles et des capitides, parce que leur axe principal devient sor-
Uissé et renflé au lieu d'être allongé et cylindrique. Chaque fleur est articulée,
insérée dans une fossette de l'axe, à l'aisselle d'une bractée souvent très-caduque.
L'inflorescence occupe l'aisselle d'une feuille^ Elle est souvent double, c'est-à-dire
qu'un rameau axillaire très-court supporte deux inflorescences qui s'insèrent à sa
droite et à sa gauche; après quoi il se termine par un bourgeon. En somme, ce
genre a peu de valeur, et il est à espérer qu'un jour on pourra ne plus le considé-
rer que comme une section du genre Acacia, caractérisée par l'union des filets
stamiiiaux à leur Inse.
sir. ALBIZZIK
Le» Alliizzie» u'éUkui œiiuue:» que coamie founiÙBanl tiè^-peu de |iraluibi L
médecine. On savait seolement que dans l'Inde VAlkhûa Mapanmria ik. (Ii9i!
saponaria W. ) avait une éooitse possédant toutes les propriétés du savoQ, et ^v
VA.LMfekBm {Acacia speciosa W. — Miwma LMek l^u^c. — M. Sirm
RoibJ fournissait de la gonune et un bob noir employé en éfaénisterie sou» ir
nom A'Èbène d'Orient, \^A. Iscmbergiana Besth., qui est originaire d*Alns^,
a une éooroe éminemment astringente. Les hahilants de la côte de CoroiiuiHirl
l'ont sécher et broient les feuilles de VA. amara Borv!i. {Acacia atnoraW.-
A. neUyren%a Grah. — A. Wi^ii Grah. — Mimom amara Koia.), poor h
faire infuser dans l'eau et préparer des lotions astringentes» surtout pour la t^
L'il. JuUbrimn Doiazz. {Acacia JulibrisUn W. — Mimosa arbarea Fossi.-
Jf. Jvlibrissin Scop.) a un bois jaune à odeur et à saveur piquantes, ooouiie oeik*
des Crucifères. Mais la plus incontestaUement utile des Albizries est une d&
espèces les plus nouvellement connues, VA, anthdminthica^ àooi nous allons nat
occuper maintenant.
VA, anthelminthka Ad. Bb. est le Moucenna^ encore appelé vulgairement «•
Abyssinie : Ahouuenna^ Bicinna, Bisenna^ Bùnnnay Bussenna^ Kwmiâ.
Mesennay Mazenna^ Muçanna, Musenna et Mtîzenna, Ach. Richard Ta décnt
sous le nom de Beserma anthelminthica. C'est un arbre des terres basses H
chaudes de TAbyssinie {vay. ce mot). M. Courbon le cite comme abondant dan«
tous les points d'une élévation moyenne. Son tronc grisâtre atteint de quatre à mi
mètres d'élévation. 11 est couvert, ainsi que les rameaux, d'une éooroe lisse qu
est la partie employée en médecine. Les branches sont ou droites ou tortoeu».
chargées de feuUles alternes, stipulées, bipennées, ayant de une à quatre pair» ^
pinnules qui portent chacune deux ou trois paires de folioles. Celles-ci sont irré-
gulièrement obovées, atténuées à leur base, arrondies et émarginées ou très-briè^r*
ment acuminées au sommet, à deux moitiés insymétriques, membraneuses, gla-
bres, penninerves, vertes en dessus, plus pâles en dessous. Le rachis commun port'
au moins deux glandes arrondies ou ovales placées entre les deux folioles de l'
paire supérieure, et souvent d'autres glandes disséminées sur le pétiole ou le:» petto-
iules. Les fleurs sont disposées en grappes courtes qui sortent de bourgeons f\scê>
sur le bois des rameaux, avant les feuilles. L'axe principal de l'inflorescence e4 ^
court, qu'elle simule une ombelle. Chaque fleur est articulée, supportée par un
pédicelle très-court ; l'axe la porte daus une fossette au-dessous de laquelle il ^t
renfle à peine. Le calice est membraneux, gamoséple, à cinq dents inégales souvent
unies deux à deux dans une étendue variable. La préfloraison de ces divisions caln
cinales est valvaire, et leur centre s'épaissit en uu tissu charnu, comme glandu-
leux. La corolle est exserte, partagée en cinq, et plus rarement en quatre lobes dont
la préfloraison est valvaire, et dont le sommet fait saillie en forme de clef pen-
dante daus l'intérieur du bouton. Les étamines sont corruguées dans le bouton,
exsertes dans l'anthèse, unies en tube dans la portion inférieure des filets» H
pourvues d'anthères introrses et didymes. L'ovaire est surmonté d'un style plt^^M
dans le bouton, à tête sligmatifère un peu inégalement renflée. Les ovules soot au
nombre de quatre à six sur chaque série ; ils ne paraissent recouverts que d'un
tégument simple. La gousse est allongée, aplatie, déhiscente en deux valves, taiiliît
atténuée aux deux bouts, tantôt plus renflée au sommet. Les graines sont durr^.
arrondies, comprimées, jaunâtres. L'écorce, qui est la partie employée, présent*
intérieurement un liber comparable à celui de la plupart des Acaciées, et atérmi-
rement une enveloppe herbacée et un suber qui ne méritent pas d'étn* signih^
ALBOSÏUS. 417
d'uue manière particiilièi'e. il est probable que les principes actifs siègent dan^
une couche intermédiaire granuleuse, de couleur orangée, et formée de grande:»
«ellules polyédriques à parois épaisses et inégales. H. Bn.
BoiTiN. Encycl. du A7A'* giêcle, II, 52. — Bentda», in Uook, Jouni., [II, 84.— A. Ricii., FI.
\bif4S., 1, 253.—GO0BBON, Thèse inaug., 18C1. — Ad. Dr., in Bull. Soc. bot.. VII, 902 •>-
Moq.-Taîto., Bot. tttéd.f 145. — D'Abbadic, in Compt. rend. Ac. Se., XXXIV. 167. — FouRxitn,
n»«e inaug., Paris, 1861, n« 136, et in Ann. Se. nat., sér. 4, XIV. . H. Bn.
PoARHACOLOisiK. .L*écorce de Musenna ou de Houcenna est extrêmement rare
(ians le commerce; elle se présente sous la forme de tuyaux de 0'^,\b à 0,20 do
long, et de 0''*,05 à 0'",06 de large. A l'extérieur, elle est brune, très-raboteuse,
inégale; elle est sillonnée de nombreuses fissures. Sous l'épiderme, on trouve une
ooadie celluleuse, verdâtre, très-mince, avec un périderme comparativement épais,
?reim, jaune; au-dessous, on voit un liber fibreux, dont la saveur est douceâtre et
nauséeuse.
M. Gastinel, professeur de chimie à TËcole de médecine du Caire, a constaté que
l'écorce de Musenna contenait beaucoup de gomme, un principe particulier ana-
logue aux alcaloïdes, se présentant sous la forme d'une poudre blanche, et se combi- ,
nant aux acides. D'après M. Thinel, le principe actif est une substance incristaliisablc,
ressemblant à la saponine, d'un goût acre; elle contient en outre une matière
cireuse, une matière colorante jaunâtre, de Textractif, un principe amer et des sek.
Cette écorce anthelminthique est le plus souvent administrée en poudre, à la dose;
de 60 grammes (Pruner-Bey) à 7 0 grammes (d'Abbadie), délayée dans de l'eau. D'a-
près H. Gastinel, l'infusion de 50 grammes d'écorce réussit parfaitement; mais,
selon M. Courbon, elle a échoué entre les mains des chirurgiens de marine; il est
îrai qu'ils n'en administraient que 1 5 à 20 grammes. Les Abyssiniens mêlent la
pondre à la farine pour faire du pain ; ils en préparent des boulettes avec du beun*c
et du miel ; il les font prendre le matin, trois heures avant le repas ; aucune fonc-
bOQ n'est troublée, le ver est rendu quelquefois le soir, mais le plus souvent le
lendemain, comme broyé dans une selle séro-muqueuse. Les jours suivants, on con-
tinue à rendre quelques fragments de ténia.
C'est en 1848 que M. d'Abbadie rapporta le Musenna d'Abyssinie, et le remit à
Rniner-Bey, qui le fit prendre à un maître de langues, natif de Gondar, qui avait
aoconipagné H. d'Abbadie dans ses excursions au sud de l'Egypte. Après avoir été
mis à la diète la veille, le malade prit 60 grammes de poudre, sous la forme de
bols, avec de la viande hachée. Le leudcmuin,le ver était rendu. Depuis lors, Pru-
ner-Bey a employé dix-neuf fois le même remède, toujours avec succès; il tue le
ver sans provoquer des selles diurrhéiques.
N. d'Abbadie préfère le MuFcnna au Cousso, parce que celui-ci, dit-il, est un
[iiirgatif drastique qui provoque souvent des iielles diarrhéiques, des nausées et des
dysenteries toujours opiniâtres et quelquefois mortelles; le Musenna, au contraire,
eipulse le ver sans purgation ni tranchée.
Il est rare qu'en Europe le Cousso produise la diairhée ; ou est souvent oblige
d'aider son action par l'administration d'un purgatif; quant aux nausées ({u'ou lui
reproche de provoquer, elles sont également produites par la poudre de Musenna,
^ on peut les éviter dans les deux cas, soit en administrant les poudres sous forme
de bok, et mieux en les faisant granuler. 0. Réveil.
tiaoan» (JoIuumic«). Ambroise Paré parle souvent de ce médecin et lui
t^il l'honneur de l'appeler son ami. C'est évidemment lui qu'on trouve dans le
U.CT. KAC. 11. ^7
ilg ALBRECHT.
Dictionnaire de la Noblesse^ dans un compte de la maison de Henri IV, M en
d'autres endroits encore, désigne sous ces noms : Dalibour, d*Alibour^ AlibotÊr,
Aliboust, AlibouXf Gailleboust^ etc.
Il était de Montpellier, et ce fut lui qui fit obtenir à cette Faculté une cmquièmr
régence, ainsi que le prouve la lettre même de création, lettre datée de Vemoii.
au mois de décembre 1593, et dans laquelle Henri IV dit expressément « avoir
pris avis de son amé et féal conseiliei' et médecin, le sieur Gailleboust. n Notre
archiatre mourut dans le mois de juillet 1594, empoisonné, dit-on, pur kt ordres
et les amis de Gabrielle d*Estrées, duchesse de Beaufort, à cause d'une remarque
imprudente qu'il aurait faite au Béarnais touchant la naissance de l'eniant (Céâr.
duc de Vendôme, né en juin 1594), qu'on voulait absolument qu'il eût eu de «tli
favorite. L'intérêt de Gabrielle d'Estrées se devine ici. Telle était la paatâon désor-
donnée de Henri de Navarre pour cette femme, pour sa Menon, comme il l'appe-
lait, et tel était l'ascendant qu'elle avait pris sur lui, qu'il eût pu accomplir le>
vœux ardents de sa maîtresse en l'épousant, malgré lea conseils dévoués du sap*
SuUj. La grossesse de la duchesse de Beaufort devenait une aime puissante contre
l'indécision du Béarnais, et il est possible que cette femme indigne se aoit vio-
lemment débarrassée du médecin qui vivait dans l'intimité du roi, et qui pouvail
éclairer ce dernier sur l'origine au moins contestable du fruit de ses amoun. li
n'existe aucune preuve de ce crime, mais on a les paroles mêmes de Pierre di
l'Gstoile, qui, écho fidèle des bruits publics, écrivait ceci dans son Registre-
Journal, le dimanche 25 juillet 1594 :
« Ce jour même, on eut des nouvelles de la mort de M. Daliboust, premier
médecin du roy, auquel on disoit qu'une parole libre qu'il avoit dite à Sa Majest
touchant son petit Cesai', avoit cousté la vie, non de la part du roy, qui ne oQgnoii
point ces bestes et monstres de poisons, mais de la part de celle (comme tout le
monde tenoit) qui s'y sentoit intéressée, à laquelle le roi, contre sa promesse,
l'avoît redit, ne pensant pas qu'il en deust couster la vie à ce bonhomme de mé-
decin, fidèle serviteur de Sa Majesté, i
Jean Âlbosius est auteur de la relation d'une observation qui a fait grand hnut
dans son temps : nous voulons parler de cette femme de Sens dans Tutérus dt
laquelle un fœtus, réduit à l'état de pétrification, serait resté vingt-huit ans. Celle
observation, imprimée un grand nombre de fois, se trouve dans le de Partu
CsMureo de Fr. Boussel, 1586, in-4''. A. Chbread.
AliBftBCHT (Jeaa-Plerre). Docteur en médecine de rUniva*sité de Ftèbc-
fort, agrégé en 1681 à l'Académie des Curieux de la nature, sous le nom de Cas-
tor 11 ; ce médecin s'est lait particulièrement connaître par de nombreux mémoires
qui ont été publias dans les recueils de cette célèbre société de savants {vof. De*
cca. Il, i** année, n<« 77, 78, 79, 80, 81, 83, 83). Nousy voyons, entre autres :
une observation de ver intestinal rendu par les voies urinaires; une fistule véaioo*
intestinale; un cas de guérison spontanée d'une hydropisie ventrale; des réfleiîoos
sur les gaz intestinaux, sur les matières fécales, sur les lochies ; le fait d'un aboès
rénal excrété par les voies urinaires, etc., etc. A. Chbrbau*
AUttBcar (JeaB-«nUliwiii«). Né à EHurt, le 11 août 1703, niflrt le
7 janvier 1736, Jean Albrecht mourut trop jeune pour pouvoir donner à la sdenor
tout ce qu'il promit, mais le peu qu'il a lairâé dévoile une intelligeiioe ferla aC «ne
érudition considérable. Les célèbres écoles d'Iéna, de Wittemberf^, de Stnsbour^*
ALUUCASIS. il!l
de huis, lui eiiseigiièreiit la pliysique, les mathématiques et la phikMSophie< Eri'urt
loi délivra, eti 1717, le bonnet doctoral. L*année suivante, il fut nommé niédedn
de la contrée, et en 1730 il épousait la fille de Jean-Laurent Pfeifler, le plus ancien
des ministres luthériens. En 1734, on le trouve occupant à Gottingue une chaire
danatomie créée, croyons-nous, pour lui, et dans laquelle il lut, à sa mort, rem-
placé par llaller. Voici les livres que nous avons vus de ce médecin :
\. Olfserpaiione» anatamicai, ^uiàus accedit : de Tempentate, Erfurti, 1754. iu-g. — il. De
Effectibu* muiices in corpus animatum. Lip»», 1734, in-8 ~ III. De Yitandis errorWhs in
meékina mecawca Programma, Gôtiing., 1754, in-8. — lY. ParxnesU ad artis medkx ciiHo-
rf$ fîtim dMorum catiaverum, e!c. Gôlt. 1755. 111-4". A. CiiERE^n.
AliBOCA, L. Qenre de plantes monocotylédones, de la famille des Liliatiée»
et voisines des Scilles et des Omithogales. Elles ont leur périauthe à six divisions;
les trois intérieures sont dressées autour des étamines, épaissies et incurvées à
bor sommet, tandis que les divisions e\térieures sont plus minces et étalées. Dés
six étamines superposées aux sépales, trois sont souvent stériles. L ovaire est su-
pere, à trois loges mulliovulées, et devient un fruit capsulaire loculicide. Les
Alkica sont des plantes bulbeuses originaires en général de l'Afrique australe et
ayant tout à fait Taspect des Ornithogales. Thtinberg indique comme mucllagi-
neuse la tige d'une espèce d'AUbuca que Linné a appelée A, major, 11 rapporte
qu'en outre les Hottentots se servent de cette tige pour étancher leur soif.
H. Bn.
l.,Oen.n n. 416. — Thusderg, foy., I, Î85. — txw.., Gen.y n. 1115.
ALBUCÀMIS, Abo-L-Kasim Khalef Ibn Abbas Az-Zaiihawi, appelé communé-
ment par uu de ses noms latinisés Albuca,sis ou Alsafiaravius . Ces noms ont été
très-altérés ; on les a écrits : Albucasis, Ducasis, Gala f y AlsaraVitis, Azaragi^
6u/c/um'm, AçararluSf etc. Il est le plus fameux écrivain arabe on fait de
chiiiu*gie, et l'un des auteurs les plus distingués de toute l'antiquité sur ce
sujet. Il était né à Az-Znlirâ, petite ville à cinq milles de Cordoue, où les kalife^
d'Espagne avaient un palais. On ne connaît rien des événements de sa vie; on
suppose qu'il exerça la médecine et la cbiiiirgie à Cordoue avec un grand succès,
etqu'il mourut dans cette ville A. II. 500 (A. D. 1106-7). Wustenfeld {Gesdiiclite
der Arab, AerUe) dit que quelques personnes le placent dans le quatrième siècle
après l'hégire; Freind, au contraire (Hist. of Physic), pense qu'il vivait beaucoup
(dus tard.
Son gnmd ou^Tage a pour titre : At-Tassrif ou Liber Thearicœ necnon Prac-
tkx Alsaharavii. 11 se compose de deux parties; chacune contient quinze sections.
Il traite d'anatomie, de physiologie, et spécialement de médecine pratique; une
grande partie du contenu est empruntée à Rhazè^. Une des sections est l'ouvrage de
chirurgie : Traclalus de operatione manus seu de Chiriirgia Albucasis, qui a
été imprimé séparément eu arabe. Il contient les ligures des instruments et
est divisé en trois livres : le premier traite de l'usage du cautère actuel; le
second comprend les opérations avec le couteau, la cliirurgie des yeux et des dents,
I extraction de flèches, les hernies, les accouchements, l'extraction df'S pierres. Le
troisième est entièrement consacré aux fractures et aux luxations. La chirurgie
opératoire d'Albucaais, dit M. Adams {Appeiidix to Barkers Lempriere^ 1838),
e«t le plus long, et, peut-être, le meilleur traité sur ce siijet qui nous aoit venu
de l'antiquité ; l'auteur copie librement les Grecs, et particulièrement Paul .€gi'
WO ALBUMEN.
iiète, umis il le fait avec discernement, et il a soumis leuis témoignages â rexpé-
rience. Il recommande iVéquemment Tusage du cautère actuel et décrit la manière
(le l'appliquer beaucoup plus minutieusement qu'aucun auteur précédent. U paraît
avoir exercé la médecine militaire, et rapporte beaucoup de cas intéressants de bles-
sures de guerre. Albucasis se plaint que, de son temps, la chirurgie était en dé-
cadence. Dans son cliapitre sur l'extraction du fœtus, il donne la description de plu-
sieurs forceps; mais, comme ils sont tous dentelés, il est probable qu'ils ne pouvaient
pas amener l'enfant vivant.
L*ouvrage chirurgical d'Albucasis fut d'abord publié en latin dans la collection intitulée
Clwrwrgia parva, Venise, in-fol., 1497. puis séparément, Basil., 1541, in-fol. Le texte anbe
avec une nouvelle traduction latine, fut donné en deux volumes in-4, Oxon, 1778, par Chan-
ning, d'après deux manuscrits de la bibliothèque Bodléienne, et illustrés de gravures repré^
sentant les difTérenis instruments décrits et employés. Une bonne traduction française de
la Chirurgie d'Albucasis a été récemment publiée par le docteur Leclerc, médecin n^jor
(Paris, 1861, in-8].— On possède une traduction incomplète de l'œuvre médicale d'Al-
bucasis (August. Yindel. 1510, in-fol.) sous le titre : Uber Theoricx necnom PrmtkM
AUaharavii, qui vulgo Açarariut dicitur, et éditée par Grimm. La partie de son oavrage qui
traite des maladies des iemmes est insérée dans la collection de Casp. WoU, Basil.,
1566, in-4. — Un autre ouvrage existant 'sous le nom : Uber servitoriss. Liber XViii BmI-
chasin Benaberacerin^ interprète Sim. Januemi et Abraamo Jmiaeo, traite de la préparation
des médicaments avec bcaucoup.de détails. Les préparations chimiques méritent panicoliè-
rement de lixer l'attention. Cet ouvrage fut d'abord publié séparément à Venise en 1471,
in-fol., puis il a été imprimé comme appendice à plusieurs éditions des oeuvres pharma-
ceutiques de Hésué le jeune. W. A. Gananu.
»
AUlUCiIIliÉ. (De albus blanc). Ce nom sert à indiquer les tissus de couleur
blanche, comme la sclérotique, ou l'enveloppe fibreuse du testicule. Chaussier ad-
mettait quatre genres de fibres albuginées élémentaires ; ces prétendues fibres élé-
mentaires n étaient autres que les faisceaux des fibres constitutives des tendons,
ligaments et aponévroses. Gerdy comprenait dans les tissus albuginés (outre le
tissu fibreux proprement dit) le derme, les séreuses et le tissu cellulaire. Le nom
d'albuginé est aujourd'hui peu usité, et on l'applique plus particulièrement au tissu
fibreux. D.
AUiUCillVITE. Nom donné par quelques auteurs à la phlegmasie des tissu»
blancs ou albuginés. La signification de ce mot était plus oii moins étendue, suivant
qu'on donnait le nom d'albuginé à im plus ou moins grand nombre de tissus. Vtnf.
ÀLBUGIAB.
ALBUCMI. F02/. C0HȃB.
AUHJHEN. 11 y a des graines qui sous leurs enveloppes renferment simple-
meiit^'embryon. D'autres graines contiennent, outre l'embryon, un ou deux ania%
de matière nutritive contenue dans du tissu cellulaire. C'est ce contenu de la graine,
autre que l'embryon, que Gartner a nommé albumen^ à cause du rôle qu'il joac
vis-à-vis de la jeune plante, conunc le blanc de l'oiseau est destiné à subvenir aux
premiers développements du jeune animal. C'est ce même corps que A. L. de iii^
sien et L. C. Richard ont appelé l'un périsperme et l'autre endosperme.
La situation de l'albumen, par rapport à l'embryon, est trè»*Tariable. Tantôt
l'albumen est à une extrémité de la cavité séminale, l'embryon occupant Tanire
extrémité ; c'est ce qui anivc chez un assez grand nombre de MonoooiyUdoms.
Tantôt l'albumen entoure l'embryon, comme dans le Ricin ; ailleurs enfin, ainsi
(|uc dans la Nielle des blés, c'est l'embryon qui enveloppe l'albumen.
ALBDMINATES. V21
Ce qui dit l'importance de ce corps, au point de vue de la médecine, c'est qu'il
renferme trè&-fréquemment les principes acLifs des graines. Dans les céréales, c'est
lui qui contient la lécule ; dans la graine de Pavot ou Œillette, il renferme la ma-
tière grasse. Dans la graine du Cafier, où il a une consistance cornée, il est riche
en cette matière odorante volatile qui donne au café son arôme. Dans les graines des
fiifins, du Crotan Tiglium, du Jatropha Curcas, il est gorgé d'huile, et Tem-
Itryon contient également une matière grasse. Mais l'huile de Talbumen dilTère de
celle de l'embryon en ce que cette deniière est beaucoup plus acre, tandis que
l'huile de l'albumen est douce ou à peu près.
L'origine de l'albumen est toujours, quoi qu'on en ait dit, le nucellc de l'ovule.
Tantôt ce sont les cellules qu'on peut appeler primitives de ce nucelle, qui renfer-
ment la substance nutritive de l'albumen ; tantôt, au contraire, ce sont seulement
une ou quelques cellules intérieures, qu on appelle sacs embryonnaires,^ parce
ipi'elles peuvent avoir la faculté de déxelopper un embryon dans leur intérieur,
qui produisent aussi dans leur cavité l'amas de matière nutritive qu'on appelle l'al-
bumen. H peut même arriver que ces sucs se développent à la fois et dans les cellules
primitives du nucelle et dans les cellules dites sacs embryonnaires. On a alors
deux albumens qui s'enveloppent plus ou moins l'un l'autre. Ces deux albumens
peuvent disparaître rapidement ; ou l'un d'eux peut seul se résorber, l'autre per-
''istant; ou encore l'un et l'autre persistent jusqu'à la germination autour de l'em-
bryon. Ils n'ont pas alors la même composition l'un que l'autre, comme on peut
le voir à propos des Poivres, des Nénuphars, etc. (voy. ces mots).
On s'est beaucoup servi des caractères' tirés de l'albumen pour la classification
des végétaux, surtout pour celle des plantes monocotylédones ; et l'on a souvent
place dans de» groupes distincts celles qui possèdent un albumen, celles qui en
sont dépourvues, et celles qui, en possédant un, l'ont tantôt féculent, tantôt corné,
tantôt huileux. Ces distinctions sont beaucoup trop absolues, et il y a des familles
considérées comme très-naturelles qui renferment autant de plantes périspermées
que de plantes à graines tout albumen.
En zoologie, on emploie ordinairement le mot à* albumen pour désigner le blanc
(lelœuf(roy. Œdf). H. Bn,
Matière mkoicale. La consistance et la couleur de l'albumen sont extrême-
ment variables. Il est le plus souvent blanc ; quelquefois vert, comme dans le gui
[viseum album) ; il est formé de tissu cellulaire ; il est de consistance féculente,
ttc et opaque (blé), ou farineux et mou (belle-de-nuit); corné (café), dur, sec,
cartilagineux (dattier); charnu et succulent (cocotier); oléagineux (euphorbia-
céesj. Le mot albumen est quelquefois employé en pharmacie pour désigner le
blanc d'oeuf ; les albumens huileux comme ceux des euphorbiacées donnent par
expression, ou par les dissolvants, des huiles grasses m^icinales, purgatives ou
alimentaires; mais ce sont surtout les albumens de céréales qui constituent des
aliments précieux pour Thomme et les animaux. 0. R.
AUIUM OK/CCIM. Excréments de chiens nourris d'os. V Album gt^œcum,
drmt l'action médicamenteuse était due à la présence du phosphate de chaux,
formait, ainsi que V Album nignim (excréments de souris), un des remèdes de
l'ancienne médecine.
UMMnjkTES. On désigne sous ce nom les combinaisons des matières
albnminoides avec les bases. Ces combinaisons sont peu définies; elles existent
•Vn ALBUMINE.
néanmoins. On sait en effet que certaines matières albuminoïdes, insolubles dan^
l'eau pure, n'entrent en dissolution qu'à la faveur d'une petite quantité d'alcali oii
de sels alcalins. Telle est la caséine. L'albumine elle-même se rencontre ordinaire-
ment, dans l'économie, dans des liquides alcalins ou chargés de sels alcalins. 0»
admet qu'elle existe dans le sang sous forme d'albuminate de soude. Cet albumi-
nate est coagulable par la cbaleur, et l'on remarque que l'alcalinité de la liqueur
augmente après la coagulation, ce qui prouve qu'une portion de l'alcali était neu-
tralisée par l'albumine. Au reste, cette coagulation n*est point complète dans ces
circonstances. L'alcali retient en dissolution une portion de l'albimiine qu'il modifie
Lorsqu'on le neutralise complètement par l'acide acétique avnnt la coagulation,
oell^^i devient complète.
On sait d'un autre côté que les solutions d'albumine précipitent par un grand
nombre de sels métalliques, et il est probable que dans ces précipités nne portion
dç ('albumine se trouve en combinaison avec les bases. Ainsi elle est contenue,
spus forme d'albuminate de plomb, dans le précipité que détermine le sous-aoétale
d$ plomb dans la solution d'albumine. W.
AUIIJIIIINV. Principe immédiat organique et uaotu, commun au règne végétal
et au ri^ne animal. L'albumine a donné son nom à toute une classe de prodaiU qui
présentent avec elle de grandes analogies ; c'est dire qu'elle forme un des termes les
plus im|)ortants du groupe naturel de corps connus sous la dénomination de nh
stances albitminoïdes. Son histoire chimique, comme celle de tous ses congénères,
laisse encore beaucoup à désirer.
État natureL Dans l'organisme animal, on trouve l'albumine a l'état nor-
IQalel ensohilion dans le plasma du sang, de la lymphe et du chyle; dan»
tous les sucs parenchymateui (muscles, organes, cerveau); dans les liquide^
séreux, U contenu de l'intestin. L'œuf des oiseaux, surtout le blanc ou albit-
mon, en renfeime des proportions notables. Elle peut apparaître pathologique-
ment dans l'urine et les liquides hydropiques. Dans ces diverses circonstances, elle
eit tpiûoiira combinée h une proportion plus ou moins grande d'alcali, surloot ilr
soude.
L'albumine dite végékde ne diflère en rien de celle qu'on peut extraire de
l'économie animale. On a observé sa présence dans presque tous les sucs des
plantes et dans une foule de graines. MM. Dumas et Calioui*s ont fait remarquer
que les liquides d'origine végétale qui reiderment de l'albumine M>nt h réaclitwi
neutre ou acide.
L'albumine naturelle est susceptible de subir, sous l'influence de la clkileut ,
une transposition moléculaire qui la fait passer, sans changement sensible de
composition, h Tétat d'un corps complètement insoluble: ce fait, qui domine dim
l'histoire de cotte substance, porte le nom de coagulation. Elle partage néaiunoiii^
cette propriété avec quelques sulistances nlbuminoîdes (pancréatine, liémato-crif-
talline, etc.). Les différences révélées par l'analyse élémentaire des deux varii^t'^
d'albumine (soluble, coagulée) rentrent dans les erreurs que comporte l'expê-
rience. Les résulLits fournis par les chimistes les plus éminents (Dumas, Wurti,
Liebig, Scherer. etc.), se rapprochent beaucoup, en plus ou en moins, des nombru»
suivants : Carbone 55,5, hydrogène 7, azote i5,8, soufre 1,5, oxygène 33,i-
Lieberkiihn traduit ces données pjir la formule très-complexe : C^H^'Ax^SO^*.
H. Dumas a adopté l'expression : G**' n**'Ax^'Ô'®. M. Hunt, remplaçait k «Bfrc
par une quantité équivalente d'oxygène dont il ndmet que ce* éléineol tit*nl
ALBUMINE. 433
la place, propose la formule G^W'^kf^^^, qu'il décompose de la manière sui-
fuite:
2(G*H"a»)-f-5AzH»— 6H»0
ciu.«tnn.
(foMT les difficultés qui s'opposent à la déterminafion du véritable poids moléeu-
laire de Talbumine, voy, l'article âlbdhinoïobs, Substances,)
Albumine soluble, La seule observation d un cas de production artificielle
d'albumine est due h M. Wurtz. La fibrine abandonnée à la putréfaction en pri-
sence de l'eau fournit, entre autres produits, une substance ooagulable par la
chaleur et offrant toutes les réactions de l'albumine.
Leblanc d'œuf peut le plus facilement servir à la préparation de l'albumine
pure. A cet effet, il est battu avec deux fois son volume d'eau, filtré pour enlever le
tissu cellulaire lâche qui emprisonnait la solution protéique ; on précipite par le
sous-acétate de plomb, sans toutefois en mettre un excès. Le précipité, bien lavé,
est délayé dans l'eau et décomposé par un courant d'acide carbonique ; le carbo*
nate de plomb est enlevé par filtration, et le liquide est purgé des dernières traces
de plomb par l'hydrogène sulfuré; il ne reste plus qu'à évaporer à 40* (Wurtz).
Sdon M. Graham, la dialyse est un excellent moyen de purification et permet la
séparation très-nette de l'albumine colloïde d'avec les sels et en général tous les
cristalloîdes. L'albumine n'est pas susceptible de cristalliser. Elle donne avec l'eau
des liquemrs d'autant plus visqueuses qu'elles sont plus concentrées. Son pouvoir
dediflusion à travers les membranes animales est très-faible. 100 parties d'albu-
mine se substituent à 31 parties de sel marin. Elle ne peut ôtre obtenue solide que
par l'évaporation à siccité de ses solutions, et se présente alors sous forn.e de pla-
ques jaunâtres et transparentes. Quelles que soient du reste les précautions em-
^oyées pendant sa dessiccation, elle ne se redissout plus complètement dans Teau.
L*aU>umine du sang, desséchée et conservée pendant longtemps, perd entièrement
sa solubilité. Elle n'est pas soluble dans l'alcool et l'éther. I.es solutions d'albu-
mine dévient à gauche le plan de la lumière polarisée. Pouvoir spécifique : d'après
Becquerel, 37<*,6 ; d'apr&s Béchamp, de 40* à 42*. Selon Hoppé, la déviation est
la même en valeur absolue que pour une solution de glucose contenant un poids
égal de matière sucrée. Densité, d'aprèç C. Scbmidt, = i ,261 7.
Propriélés chimiques. Sous l'influence de la chaleur sèche, des acides con-
centrés , des alcalis caustiques fondus ou en solutions concentrées, des agents oxy-
dants, du chlore, des agents de putréfaction, l'albumine se comporte, à peu de
chose près, comme ses congénères ; nous renvoyons donc, en ce qui touche ces
réactions, à l'article AlbomiisoÎdes (Substances),
Les solutions naturelles d'albumine animale, abandonnées au contact de Toxy-
gène, n'absorbent que très-peu de ce gaz et ne dégagent pas d'acide carbonique,
comme la librine humide ; mais il suilit, d'après Scherer, de priver le sérum des-
séché de la plus grande partie de ses sels et de son alcali par un lavage à l'eau
froide, pour lui communiquer cette propriété. L'albumine pure dissoute commence
à se coaguler à 59*,5. A ce point, le phénomène est accusé par un léger trouble ;
i 63* se séparent des flocons, et à 75* la précipitation est complète. Le coagulum
est floconneux, facile à recueillir sur un filtre. L'apparence de cette réaction et les
conditions de température dans lesquelles elle se produit varient beaucoup selon
la nature et les proportions des matières étrangères (sels, alcaUs, acides, etc.).
Action des alcalis et des carbonates alcalins. Les solutions naturelles d'albu-
mine animale, telles que blanc d'œuf et sérum, qui contiennent environ 1 ,5 de
m ALBUMINE.
solide (jour 100 d'albumine, ne se coagulent plus en flocons pr la chaleur, mii^
on une masse géLitineuse difficile à filtrer. Li précipitation est de plus inoomplèU*.
une partie de la matière azotée restant en solution à la faveur de l'alcali (Schererj
("ette proportion d*albumine non coagulée augmente avec la dose d'alcali jusqu'au
moment où rébuUition ne produit plus d*eflet. Lorsque le liquide alcalinisé e^i
étendu, il ne se forme plus qu'un trouble et des pellicules à la surface pendinl
TéTaporation, comme dans les solutions de caséine; mais il suffit de neutraliser L
soude par de l'acide acétique pour que la coagulation puisse se faire sous forme d*
flocons ; dans ce cas, Taddition seule d'un grand eicù d'eau (20 p.) précipite de
l'albumine ; si la proportion d'alcali ajouté est suffisante, Tacide acétique prêdpilc.
même à froid, de l'albumine coagulée. Une solution concentrée de potasse ou dt>
boude, versée dans l'eau albumineuse, fournit un dépôt d'une masse gélatineuse, in-
soluble dans l'eau froide, qu'on peut laver et débarrasser ainsi d'un excès d'alcali.
Le résidu est soluble dans l'eau bouillante ou l'alcool bouillant, et les acides sépa-
rent de ces dissolutions de l'albumine coagulée. Les carbonates alcalins empêchent,
comme les alcalis, la coagulation par la chaleur.
La manière d'être de l'albumine vis-à-vis des bases démontre qu'elle possède des
tendances faiblement acides. Elle est susceptible de se combiner avec elles pour
former des sels solubles quand il s'agit des alcalis, insolubles au contraire a^ec les
terres alcalines, les terres et les oxydes métalliques. Ces composés sont tous incn<-
tallisables. Les bases alcalines donnent deux sek, un sel neutre et un sel acide. On
a aussi pu préparer (Lassaigne) des composés à deux métaux. Ces résultats ont
conduit Gcrhardt à envisager l'albumine comme un acide bibasique. D'après les
analyses de Lieberkûhn, les albuminates neutres seraient représentés par la formule
G^»H*^WAz"a««S, et les albuminates acides par G'Ml*"MAz"a"S. Ceux à Uw?
d'alcali s'obtieiment directement, les autres se préparent par double décompositiou
au moyen des premiers. Le blanc d'œuf, renfermant 1 ,6 de soude pour 100 albu-
mine, contiendrait de l'albuminate acide (théorie, 1,8). Le coagulum formé par
un excès de soude représenterait, après lavage, l'albuminate neutre. Il renferme
en effet 5,44 de potasse ou 3,14 de soude (théorie, 5,52 et 5,7).
Action des acides. La plupart des acides minéraux font passer à froid l'alUi-
mine à sa modification insoluble. L'acide phosphorique normal et les acides ofga-
niques sont sans efTet, à moins que l'on n's\joute uue quantité suffisante d'un sel
alcalin. Les acides végétaux concentrés font prendre en gelée les solutions conoeo-
trées d'albumine. La gelée se dissout à chaud et le liquide résultant se coagule
par l'addition de sels ; pendant l'évaporation il donne des pellicules.
Lorsqu'on dirige un courant d'acide carbonique à travers du Uanc d'œuf ou du
sérum, le liquide se trouble et dépose une partie de son principe protéique.
Action des sels. L'addition de sels alcalins à une solution d'albumine pure w
produit pas d'effet à froid, mais elle abaisse d'autant plus le degré de coagulation
que la proportion en est plus forte, et pour un même degré de chaleur il f'ut
ajouter au liquide, pour avoir une coagulation complète, d'autant moins d'acide.
Le cyanure jaune précipite immédiatement les solutions froides d albumine ad-
ditionnées d'un peu d'acide acétique; le précipité est soluble dans un excès dV
ride acétique ; mais la dissolution chaufl'ée se coagule, et le coagulum entraine une
quantité de cyanure proportionnelle à la dose de substance protéique. Le bichro-
mate de potasse et l'iodate de potasse, en présence d'un acide végétal, précipitait
aussi. Beaucoup de sels métalliques (sulfate de cuivre, sublimé, sous-aoétate de
plomb, azotate d'argent, alun) précipitent les solutions d'albumine ou d'alfaumi-
ALBUMINE. -425
liâtes alcalins. Le dépôt est quelquefois soluble dans uu cxo^.s de rénctir (sulfate de
ruirre) ou d'albuminate ; il contient de l'albumine combinée à l'oxyde et à l'acide
du sel.
Adion des matières organiques. L'addition successive de quantités croissantes
ii*alcool abaisse progressivement le point de coagulation jusqu'au moment où In
précipitation se fait à froid. Le produit ne perd par là sa solubililé dans l'eau pure
que si l'alcool employé est très-concentré. Le tannin, l'aniline, la créosote et l'a-
ride phénique coagulent l'albumine. Plus on réfléchit à la manière d'être si variée
de l'albumine vis-à-vis d'agents qui, dans les circonstances où l'on se place ne sont
pas de nature à la modifier chimiquement, mais qui tantôt augmentent, tantôt
diminuent sa solubilité, tantôt élèvent, tantôt abaissent son point de coagu-
lation, plus on est tenté de ne pas maintenir dans toute sa rigueur l'ancienne divi-
sion en albumine soluble et albumine insoluble, mais d'admettre pour ce corps
une foule d'états physiques intermédiaires entre ces deux formes extrêmes.
L'hypothèse de MM. Mialhe et Pressât, qui considèrent l'albumine soluble dans
un état moléculaire spécial, différent de la véritable solution, réunit aussi un
certain nombre de probabilités et s'appuie surtout sur le faible pouvoir diffusif de
PB corps.
Selon Davy, Scherer et Wittich, l'albumine pure serait insoluble et se comporte-
rait comme un oxyde indiflerent, susceptible de former avec les acides ou les bases
et même les sels des composés solubles dans l'eau pure, mais insolubles dans un
excès d'acide ou d'alcali. Dans cette dernière opinion, qui mérite d'être prise en sé-
rieuse considération, l'albumine soluble de M. VYurtz ne serait qu'une combinaison
acétique. Les solutions d'albuminates alcalins sans excès de base et celles d'acide-
albumine sans excès d'acide, se décomposent par le courant électrique. Dans le
premier cas, l'albumine se rend au pôle positif en formant un liquide trouble; dans
le second, elle se dépose au pôle négatif sous forme de coagulum (Wittich). Cette
albumine pure, insoluble, peut s'obtenir en précipitant le blanc d'œuf délayé dans
900 volume d'eau et filtré, par un excès d'acide chlorhydrique, filtrant et lavant
le dépôt ; puis après l'avoir redissous dans l'eau tiède à 50®, on le reprécipite par la
neotralisation exacte de l'acide combiné avec du carbonate d'ammoniaque ; il ne
reste plus qu'à bien laver à l'eau, à l'alcool et à l'étber. Ou bien on opère comme le
présent Lieberkûhn; au lieu de précipiter par l'acide chlorhydrique, on ajoute un
excès de soude caustique :1e coagulum, bien lavé, est dissous dans l'eau bouillante
et reprécipité par l'acide acétique; le précipité, bien lavé, représente Talbumine
insoluble pure.
Albumine coagulée par la chaleur. Elle est blanche, opaque, élastique et rou-
git le tournesol. Après dessiccation, elle est jaune, cassante, mais susceptible d'ab-
sorberde l'eau et de se gonfler, sans toutefois se dissoudre. Par une ébullition pro-
longée au contact de l'air, elle se dissout en s'altérant (tritoxyde de protéine de
Holder) ; sous l'influence de la surchaufle avec l'eau elle se liquéfie aussi, mais la
disMbtion ne coagule plus. En contact avec les carbonates alcalins et à une douce
cbaleor, elle chasse l'acide carbonique, se combine avec l'alcali en formant
une matière neutre après lavage, renfermant une proportion notable d'alcali
<Wurtz). Elle s'unit aux acides; les composés engendrés sont insolubles daas
l'eau acide, solubles dans l'eau pure. Ses propriétés sont donc celles de l'albumine
puK, insoluble, dont elle ne diffère que par la présence de sels entraînés (phos-
pliates)
^ paraUmmine et la métallnimine, trouvées par Scherer dans les exsudations
4% ALBOIINE.
hydropiques, Yhydropisîne de M. Robin, également déoouTerte dans le liquide «i-
sudé dans la cavité péritonéale, se rapprochent beaucoup de ralbiiimne. Us dm
premières se précipitent en grains floconneux par l'addition d'aloool et ne pardoH
pas par là leur solubilité dans Teau pura. La paralbumine dissoute dans Teau s^
trouble par la chaleur et ne donne des flocons qu'après addition d*acide aeétiquf
dont reflet est nul à froid. L*acide aiotiquC; le cyanure jaune, l'acide chranique.
le sublimé, le sous-acétate de plomb et le tannin la précipitent abondamment, b
niétalbumine ne précipite pas par l'acide acétique et le cyanure jaune, et à chaud
l'acide acétique ne donne qu'un trouble. L'hydropisine se coagule par la dnleor,
mais devient momentanément insoluble en présence d'un grand exoèi de suUiie
de magnésie. La pancréatine se comporte comme Thydropisine, mais se coiotp
en rouge par l'eau de chlore. D'après Panum, les acides acétique et phospho-
rique trihydratés dédoublent l'albumine en deux produits, dont l'on (addalbo-
mine) est insoluble dans les solutions concentrées des sels alcalins et scAubk dans
l'eau.
MM. Lebonte et de Goumoons ont fait une observation analogue ; l'albumina k
partage, d'après ces observateurs, en un corps insoluble dans l'acide acétique en»-
tallisable, et en un second soluble mais précipitable pr la potasse. Le produit de b
digestion de l'albumine, oualbuminose, ne se distingue en rien de celui desattt^^
substances albuminoîdes (voy. l'article ÀLBOiiiiioiDES, Substances), La globalior
du oristallin semble difléier de l'albumine : 1 aperce qu'elle ne se coagule que vers
93*; 9* parce que ses solutions se troublent sous l'influence d'un courant d'sddf
carbonique et s'éclaircissent de nouveau lorsqu'on expulse le gai carbonique par uii
autre gas. Vintschgau a démontré que ces diflérences ne sont qu'apparentes e(
tiennent à la nature des substances étrangères mélangées et combinées. Lestravain
de 8cherer, Lieberkûhn, Skraceckza, Rollet, conduisent à identifier la caséine du
lait et falbuminate de potasse ou de soude.
Recherché et dosage de ralbumine. Pour l'analyse qualitative, on utilise k
plus souvent la propriété que possède l'albumine d'être coagulée à 100*, mais il
faut tenir compte des observations de Scherer et neutraliser exactement les alcali»
par de l'acide acétique; le précipité, recueilli sur un filtre taré, hivé I l'eau, i
l'aloool et I l'éther, séché à 190* et refroidi dans un exsiccateur, peut aenirau
dosage. L'acide nitrique est aussi un bon réactif. Qans tous les cas, il convient de
recherciier sur les précipités les caractères généraux des substances albumineiles.
En l'absence de toute autre substance active, le saccharimètre de Soleil peo(
servir à déceler et à doser l'albumine. Bôdeker propose, pour le desaga, la
précipitation de l'albumine par une solution titrée de cyanure jaune en préaeiioe
de l'acide aeétique. D'après mes propres expériences, cette méthode est très siaolf
si l'on a soin d'opérer à 100*; un excès de cyanure jaune sera accusé dsns If
liquide qui surmonte le coagulum par la coloration bleue qu'il communique sui
:$els de fer.
Usages. L'albumine, coagulée ou non, sert comme substance nutritive, te
propriétés coagulantes la rendent précieuae pour la fixation des matières colonottt
insolubles sur tissus et l'éclaircissement des liquides troubles. Elle intervient ans:
dans la teinture et l'impression sur étofles des nouvelles couleun dérivées du pn-
dron. On a proposé son emploi en photographie pour remplacer b ooUodioo dam
la préparation du papier positif sensible.
Applications médicales^ toxicologiques et pharmaceutiques. L'usage de raibu-
mine (blanc d'oMif, seul ou combiné au bouillon ou au rin) a été pféoooiaê poor
ALBUMlNt:. Ail
combattre divers états de faiblesse, surtout ceui qui dérivent de pertes de sang ou
d évacuations alvines (convalescence du typhus, de la dysenterie, marasme sénile,
phtliisie, atrophie des enfants qui ne supportent pas le lait); dans certaines né-
vralgies, dans la cholérine (blanc d'œufkittu avec de Teau sucrée comme boisson,
ïknt d'oeuf battu avec une infusion tiède de tètes de pavots en lavement: Kilttner);
(bas les fièvres intermittentes (trois blancs d'œufs délayés dans Teau tiède adminis-
Irès-peu de temps avant Taocès : Séguin) . L'albumine peut rendre des services, mais
n'agit pas comme médicament hérdque. Il n'en est pas de même dans les empoi-
>onnenienla par les sels métalliques et les acides mlnéraut forts (azotate d'argent,
rhiorure d'étain, sulfate de cuivre et surtout le sublimé corrosiO. L'eau albumi-
neuse intervient aloi's en se coagulant et en rendant insoluble Tagent toxique;
mais cet effet n'est que momentané, et le coagulum doit être rapidement eipulsé
par les vomissements, afin d'éviter sa redissolution.
A l'eitérieur, on emploie l'albumine mélangée à l'eau sucrée et à Teau de fleurs
d'oranger, pour gargarismes dans les cas de salivation mercurielle ; comme lini-
ni6at contre les brûlures, la gangrène, les ophthalmies et les crevasses du sein
(blanc d'œuf avec crème ou huile d'olive). Pour lavages, on mélange avec Teau-
(le-vîe, l'acétate de plomb ou l'alun, dans les cas de blessures dues au déoubitus
'iV. B. Le coagulum qui se forme pendant la préparation des mélanges précédents
eat privu). Rognetta a proposé le blanc d*œuf associé au sucre de satume et h
faloeol oamphi^, pour former avec le linge des bandelettes agglutinatives desti-
nées à la confection d'appareils inamovibles dans les cas de fracture. Outre les
préparations mentionnées plus haut, on emploie : 1^ la bière albumineuse (bière
cuite aveo addition de jaune d'œuf, de cannelle et de sucre) ; 3® la limonade albu-
mineuse; 7i^ le punch albumineux ; 4** le thé albumingux (thé vert avec cannelle et
jaune d'œuf) ; ô"" le chaudeau (vin blanc avec jaune d'œnl et sucre) ; 6^ le sabajon
(nn nrage, jaune dœuf et sucre). Le jaune d'œut sert aux pharmaciens comme
matière émulsive, pour tenir en suspension les graisses et les résines.
P. ScilÛTIENBEROBB.
BuuocMHiiB- -^ BicBAiip. Arm. de Chimie et de Phff^igue, t. LVII, p, S91. -rr ^Eoqvwn.
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Im — MPLims. Jwm, of Pract. Chim, U XXII, p. 540 — Du MftME. Bulletin de Neêr-
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Badwârterhuch der Physiologie, 1. 1, p. 255. — Du h^me. Deitrdge iur physiolog. undpa-
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^rehh. de Pathot. omit,, t. III, livrais. 2; t. IV. livrais. 3. — Robik et Yrrdbil. Traité de
chimie appligu/e à la physiologie. — Rocnledeb. Erdmann Journ,, t. LXXV, p. 3^ -^Rolut.
SitsMngsberiehte derkaiserl. Acad- in Wien,, t. XXXIX, p. 347. — Sciiereb. Ann. der Chem.
«irf Pharm., t. XL, p. 1 ; t. LXXIII, p 56. — Dr mSve. Untersuch. zur Palholog. —
l>r*. der phyii$l.^med. Gesellschaft zu Wûrtthurg, t. Il, p. 41 14.-* SciiLo»nBRGRR et Geimr.
'<''(*. 4fr physiahg. Heilk., t. V, p. 391. --G. Schsipt. ^tifi. der Chem- mtdPharmac, t. \Ji\.
P 156. - VoLpiA». Compt. rend, de la Soc. de biolog. Décemb. 1859.— Y. Wittich. Krélm^n
^*ni,, t. LXXIÏt. p. 18. — YViiRTz. Compt. rend . t. XYIII, p. 700; t. XXX. p. 9.
PS.
iâ8 albuminoFdes.
AI^MiniNIIve. Vay. Oomn.
AI^MJIHIIVOIIIES (SalMtMWM). — Elles forment un groupe naturel dr
composés organiques, très-voisins île Talbumine par la composition, les cararièrfs
physico-chimiques et le rôle physiologique. Toutes les matières azotées de TécooD-
raie animale appartiennent à cette classe de corps^ ou en dérivent par des altén-
tiens graduelles de plus en plus profondes. U est difficile, par conséquent, de fixer
une limite devant laquelle doivent s'arrêter les substances albuminoîdes et qui ex-
clue celles qui ne le sont plus. En se plaçant à un point de vue plus spécialemetiL
anatomo-physiologique, et en prenant le sens du moi (Ubutninoîde dans toute «ri-
gueur, on peut dire que les substances albuminoîdes n'entrent pas dans la consti-
tution des tissus organisés. La fibrine musculaire qui semble faire exception est en-
visagée par beaucoup de savants comme un dérivé d'oxydation. Elles seraient le>
prototypes, les génératrices des composés susceptibles d'organisation; de là la quj-
lification de matières protéiques, souvent employé comme synonyme. Yieodraieui
ensuite par ordre d'analogies: 1^ la fibrine; elle n'offre que des différences très-
légères et nous la maintiendrons provisoirement dans ce groupe ; 2" les tissus i
gélatine et à chondrine, la gélatine et la chondrine elles-mêmes et le tissu élasli
que, caractérisés par la propriété de fournir des produits gélatineux par l'éballi-
tion avec de l'eau ; 5^ toutes les productions épidermiques, insolubles dans l'eau
bouillante et très-riches en soufre ; 4^ enfin les composés cristallisables, d'uD«'
constitution beaucoup moins complexe et dérivant des substances albuminoîdes ou
histogéniques par des altérations profondes ; ils ne conservent plus aucun des o
ractères de leurs produits générateurs, tandis que ceux-ci ont entre eux des analo-
gies frappantes et se comportent, h peu de chose près, de même sous l'influeno:
des agents qui intéressent la molécule d'une manière un peu intime (chaleur, aci-
des forts, alcalis concentrés, oxydants énergiques, ferments putrides, etc.).
Les produits épidermiques et les tissus à gélatine contiennent moins de carboœ
et plus d'azote que les congénères de l'albumine. Dans les plantes, rimportaoc^-
des substances albuminoîdes est moindre que dans l'organisme animal, à n'en ju-
ger que par la masse ; mais leur présence constante et le peu de dével(^>penient
d'un végétal privé de ses aliments azotés tendent à leur faire attribuer un rôle très-
actif dans les fonctions physiolngiquas de cette classe d'être vivants.
Le nombre des substances albuminoîdes est considérable, si l'on admet toutes le«
espèces établies par les auteurs ; mais les différences signalées tant au point de xm
delà composition qu'à celui des propriétés sont souvent si faibles, qu'il cstdiffidJe,
même après un examen approfondi, de se faire une opinion arrêtée sur la valeur
réelle de c^s divisions. Cette incertitude augmente encore lorsqu'on voit oombien
la nature et les proportions des matières étrangères (sels minéraux, alcalis) in-
fluent sur h manière d'être d'un même corps, en présence des mêmes réactifs.
Quoi qu'il en soit, les espèces généralement admises sont :
L'albumine (sérum, blanc et jaune d'œuf, sucs parencfaymateux et vcgétaui.;
la paralbumine, la métalbumine et l'hydropisine (exsudations hydropiques); b
globuline du cristallin, la matière protéique des globules du sang et rhématocm-
talline qui en dérive; la vitelline, l'ichthine, l'ichthuline, l'ichthidine et l'ém;-
dine (jaune d'œufs des oi3eaux, des poissons cartilagineux et cyprimudes); b pn-
créatine; la fibrine du sang, le gluten des céréales; la syntonine ou fibrint
musculaire; la glutine (partie du gluten soluble dans l'alcool); la diastase de l'oi^ge
germée, la ptyaline de la salive, la pepsine du suc gastrique, la matière azotée au
ALBUMiNOlDES.
m
5UC iutestinal, Témulsine des amandes ; la matière azotée de la levure alcoolique ;
]» caséine du lait et la légumine des semences de légumineuses.
Les expériences récentes tendent a diminuer le nombre de ces corps. Ainsi
y. VinUchgau a démontré l'identité de la globuline du cristallin et de Talbumine.
La distinction établie entre la caséine et la légumine n'est fondée que sur les ré-
sultats analytiques de MM. Dumas et Cabours, tandis que ceux de Scherer rappro-
chent les deux substances, même au point de vue de la composition. Les recher-
ches de MM. Scherer, lieberkûhn, Skrzceczka, et celles plus nouvellesdeH. RoUet,
<Nit démontré que les solutions naturelles de caséine (lait) offrent une parfaite ana-
logie avec celles de l'albuminate de potasse obtenu en précipitant le blanc d'œuf par
>ui excès de potasse, lavant à Teau froide le coagulum et en le dissolvant ensuite
dans Teau chaude.
Composition. Il est le phis souvent impossible de séparer complètement les ma-
tières minérales qui accompagnent toujours les substances albuminoides ; d'un
^utrccôté on ne peut amener ces dernières à prendre la forme de cristaux, qui est
l« meilleur gage de pureté pour les corps solides non volatils ; on ne doit donc pas
attacher une trop grande importance aux différences souvent faibles obtenues dans
l'analyse élémentaire; car il est évident que faite dans de semblables conditions
elle ne peut inspirer une conGance absolue.
Les éléments constitutifs sont: le carbone, l'hydrogène, l'azote, l'oxygène et le
sooCre. Le phosphore trouvé et compté autrefois comme élément essentiel dérive
uniquement des phosphates alcalins et alcalino-terreux. Le tableau suivant donne
une idée des résultats trouvés :
CiTbooe. .
HTdnfèoe.
Ami«. . . .
Soufre. . .
Oiygêoe.. .
ALBUMINE
CASÉINE
LÉGUMINE
FIDBINE
CUSTIOI
w un
UhMU
ifiiu-
liMer.
«ni».
Fréar
InaiitCikMn
Sch«rcr.
l.vtc.
Sekenr.
D.etC.
50,93
6.70
17.58
ti.79
Sekenr.
l.etC.
Sebem.
54.3
7.1
15,8
i,8
23,6
54.3
7,1
15,7
22.9
53.5
7.1
15.8
23.6
51,0
7,2
15,7
23.1
.H5,7
7.2
15,7
23.4
52.8
7,0
16.8
23,4
54,0
6,8
13,7
23,5
55,24
7.12
17.31
0,21
20,12
oO.O
6,8
16,5
3,4
23,5
50.04
6,5
16.9
0,7
25.5
Les albuminoides moins importants dont il n'est pas question dans ce tableau
ont une composition Itès-voisine de celle de l'albumine. Il résulte de la comparai^
son de ces nombres que les matières protéiques sont probablement isomères et re-
présentent, lorsqu'elles ne sont pas identiques, des modifications allotropiques d'un
^ et même corps. Cette idée a été mise en avant et soutenue par M. J. de Liebig ;
elle coounence à être définitivement admise. On a proposé plusieurs formules pour
traduire ces analyses {voy. Albumine); elles sont toutes très-complexes, surtout
lonqn'on veut y fkire figurer le soufre; dans l'état actuel de la science il estdiffi-
aie de s'arrêter à l'une plutôt qu'à l'autre, cependant celle de Lieberkûhn
Cîiflnij^sisg^n paraît la mieux fondée. Quant à la constitution moléculaire, elle
rote tout à fait indécise ; les dédoublements de ces corps ne sont en effet pas en-
Qore suffisamment connus pour qu'il soit possible de rien préjuger à cet égard.
V. Stery llunt considère depuis longtemps les substances albuminoides comme des
nitriles de la cellulose ou de ses congénères (cellulose -H ammoniaque — eau).
. «â.» .*. ScfaûUanberger ei Guignet onlob-
. utiae sur les tufastaoces Indmurfaonée»,
^, ? .'roduiU daolés assez rapprodiés des com-
Miv vues IhéoriqUes de M. Hunt l'appui Je
.V ^ Miu d'être suilisfimment ooncluaiiU el la >}u-
^ .^ ^ * ' w^ie !»o Crislophe Ck>lofnb.
^•ulJe^, généralement incristaliîsables; il en est
..-» peuvent foiiner. On a cependant obsené 1j
. ' ? ^ eutre elles. Telle est rhématocrislalliiie dérivi'i-
^ >du sang; la foraie cristalline de ce corps dépend
.« ' sang. Il eiislorait d'après cela plusieurs variéti;
-. w Hjxoale dans la noix de para (BerthMetia excella
•. le i:a<éine. Golin décrit, sous le nom de cristaux de
. w» (tiir lui dans la partie corticale et pauvre en amidon
I .-^i^- {erre. La phytocristalline, les cristaux de Taleuroiie K
. 1 it.'ibiich dans Tinfusoire atnœba adinophora oooiplèleni
. .uuuuoides cristallisables connues.
^ .c> siMit tantôt solubles tantôt insolubles dans l'eau, ioai>
^ {u'upparentc et dépend des alcalis, des acides ou des seU
.!.>. 'Kjaucoup d'entre elles semblent subir sous l'influeiioe dt* L
^. .uniques variés (acides, sels métalliques, présure, créosote, etc. '
.juupique qui les fait passer de l'état solubte à Tétai tnfoluUf
u ^t'uéral les liquides neutres organiques sont sans action sur
.>«. iAk> tunuent des masses blanches, friables, ou cornées et dtiiii-
>^ ^.^t l>ubles de se gonfler en présence de l'eau.
.«i..c nr. Les substances albuminoides ne sont pas volatiles ; clli>
^ . ai* la chaleur, en fondant et en se boursouflant, et dégagent une
x^Hjue qui rappelle le rôti et la corne brûlée. Les produits de leur
^.:.t ^iit très-nombreux. Le soufre se dégage à l'état d'hydrogène siit-
kuiil k» forme d'ammoniaque et d'ammoniaques composées (aniliiif ,
uiiiiitf , propylamine, buty lamine, pyridine, lutidine, pyrrol) , une au-
wuibinée au charbon (charbon azoté employé autrefois à la prépara-
..u4 CM ; en même temps il se dégage de l'eau, de l'acide carbonique. dc9
^x ai Ivttôs et des produits neutres oxygénés mal connus.
V '.cv alcalis dissolvent plus ou moins facilement les matières protti*
^ giiibiiiant avec elle^. Par l'ébuUition de oes liquides une partie du sou-
04 V A Total de sulfure et d'hyposuUite i la molécule organique» reprédpitùt
^^u^ eu flocons blancs, contient encore du soufre qu'on ne peut y déceler
^ ^«Ho :itVlie. Muldor a cru voir dans ce précipité le radical de oetie das^f
. «. s lui donna le nom de protéine. Les alcalis caustiques, oouoentif^ c:
*. V «iit*^^**^ ^® l'ammoniaque et des aomioniaques composées (méthjlamine.
^ ^Hvvluie, |)étinine), de l'acide ôarbouique, de l'acide formique el eamu}!*^
..^.. i «' ynHaluil de la leucine, de la tyrosine et du sucre de gélatina ; par la fu-
«V «^^^ lli)diiite de potasse ou de soude, on obtient eu outre du panure ik
i^^<.\ U» matières protéiques insolubles ou rendues telles peuveoi former
.%^ M viuiMi't dos acides des combinaisons insolubles daus mie eau acide, mai»*^
wv«*^^^ Taau pure. L'acide acétique, concentré ainsi que d'autres acides or ^i-
Ma«*s^ ^ l'iioido phoftphortque Iriliydratc les dissolvent; la liqueur préci|Mtc \m \t
>t
ALBlMhNOlDKS. iSl
cpnore jauue (distinGiion entre les subctanoes albuminoïdes et les tissus à gélatine) ;
Tacide siilluriqiie oonœntré les gonfle, puis les décompose en donnant des matières
bnuin ulmiques.MH. Erlenmeyer et SchàfTer ont étudié l'action d'un mélange de
1 partie d'acide sulfurique monohydraté et de 1 ,5 partie d*eau, en le faisant
réagir à l'ébullition pendant trois heures, dans les proportions de 5 à 10 parties
de mélange pour une partie de matière azotée. Au bout de ce temps, l'action est
complète»
Le tissu élastique a fourni dans ces circonstances : leucine, 3645 pour iOO; ty-
mine, 1/4 pour i 00.
Ia fibrine du sang a fourni dans ces circonstances : leudne, H pour 100; tyro-
$106, moins de 1 pour iOO.
Lt syntonine ou fibrine des muscles a fourni dans ces circonstances : leucine,
18 pour 100; tyrosine, 1 pour 100.
L'albumine des œufs a fourni dans ces circonstances : leucine, 10 pour 100; ty-
naine, 1 pour 100.
La corne a fourni dans ces circonstances : leucine, 10 pour 100; tyrosine, 3,6
pour 100.
La gélatine a donné de la leucine et du glycoooUe.
La caséine a donné de la leucine, de la tyrosine, plus un résidu sirupeux. Les
mêmes chimistes ont obsenré dans leurs expériences la pixduction du corps déjà
signalé par Bopp; il est Yolatil, cristallisable, d'odeur désagréable, insoluble dans
l'ammoniaque, soluUe dans l'alcool absolu et semble composé d'une substance sut*
fiirée, mélangée à nue autre qui ne l'est pas. En même temps il se sépare de l'am-
moniaque et il se forme nn sirop incristallisable. Par l'ébullition de la gélatine atec
de l'acide sulfurique étendu M. C. Qerhardt a obtenu de l'ammoniaque et du sucre
fermentescible.
L'acide chlorhydrique concentré et chaud dissout les substances albumincndes et
donne surtout au contact de l'air de belles liqueurs bleues violacées. En traitant
Talfaumine par l'acide chlorhydrique, dans certaines conditions, M. Lot. Mayer a
obtenu, outre un acide cristallisable, une matière azotée très-iroisine de la chon-
drine, si ce n'est tout à fait identifiable avec elle. Cette expérience intéressante
Tient à l'appui de l'idée qu'on se fait sur l'origine des substances bistogéniques aux
dépens des matières albtûninoîdes.
L'acide nitrique concentré colore ces dernières en jaune intense, la nuance passe
à l'orange sous l'influence de l'ammoniaque ; elle est due à la génération d'un acide
particulier (acide xanthoprotéique) insoluble dans l'eau, l'alcool et l'éther, et pro-
bablement nitié. Une dissolution acide de nitrate mercurique dé?eloppe avec Talbu-
mine et ses congénères, sous l'influence de la chaleur, luie couleur rouge foncé
'réactif de Hillon). L'iode dissous dans l'acide iodhydrique les teint en brun.
Oxydante. L'action des oxydants et particulièrement de l'acide chromiquc
ou d'un mélange de peroxyde de manganèse et d'acide sulfurique, a été étudiée
successivement par MM. Schlieper, Guckelberger et Froebde. Ces expérimentateurs
ont ainsi obtenu tous les acides volatils de la série des acides gi^as (€"H*»^*), depuis
le (ormiqne jusqu'au caproique inclusivement et peut-être même le caprylique^
les hydrures et les nitriles correspondants (cyanure d'hydrogène, dé méthyle, etc.))
l'acide benamque et Thydrure de benzoile, un nouvel acide volatil et cristallisable^
l'scide oollinique (G*H«0*) et son liydrure, et enfin un acide aromatique très-voisin
de l'adde toluinique. H. Béchamp fait réagir l'hypermanganate de potasse sur l'al-
biiminc et obtient d'abord un ou plusieurs acides axolés indéterminés et enfin de
.LttDII.XOiOËS.
-«>> ^1 .a««ui iatmssant au point de vue physiologique, M. Go-
4^ «MAt: «» :siil»taiices albuminoïdes aux prises avec Foioiie ou
V •«% iKore uu peu mystérieux dont on soupçonne Tintarven-
k.> m l'organisme. Une solution d*albumine traversée par de
uà. ^ cruuble d'abord et dépose des flocons qui semblent être At
t*ui)le disparaît, et lorsque l'absorption de lozone semble arré-
. .quide clair, acidulé, qui ne se coagule plus par la chaleur, I»
.««.^ .c le» sels métalliques, et se rapproche beaucoup des solutioa>
.s^ V ^a^êiiie se comporte de même; la fibrine et la gélatine ne soiil
tii«.iu luudiliées.
i. Nius rinfluence du suc gastrique naturel ou artificiel, dans b
. iAia«.aîo im dans des vases en verre, toutes les substances protéiques u
. iiuiu ulairement, qu'elles soient solubles ou non, et se transforment eti
..^u .if>|Mié peptone par M. Lehmann, albuminose par M. Mialhe (Voy. Pcp-
i^u ù présent on ne connaît aucun caractère permettant de distinguer
. v«x.iaiiu»c ilérivée de la fibrine, de celle de l'albumine, de la caséine ou de toute
^ vuiipobé protéique ou histogénique. La peptone est soluble en toutes propor-
. ..X laii^ri'uu, insoluble dans l'alcool à 85 pour 100 ; les acides, les alcalis et Li
a«.ui MMii stus influence sur ces dissolutions; le chlore, le tannin el œrtaim
. X iiict;«lkiques (sublimé corrosif, acétate de plomb sursaturé d'ammoniaque) les
.^ipiUiU. Elle se combine facilement aux alcalis et aux terres, les composés sont
Kv^ubles, Ce qui la caractérise surtout, c'est un pouvoir de diffusion à travers
i^^uicuibranes animales; il est incomparablement plus grand que celui des ma-
' icr€> protéiques naturelles, solubles.
AycuU di* putréfaction. Ce qui semble le mieux caractériser les substances
.ilbuuiiuoïdes, c'est la facilité avec laquelle elles s'altèrent sous l'influence de Toi}-
j^CMi de l'air, de l'eau et d'une douce température. Dans ces conditions, elles ab>
>uibeut l'oxygène et dégagent de l'acide carbonique. Cette combustion lente ebi
lueulùt suivie d'une décomposition plus profonde, accompagnée du développement
do produits à odeur putride . Les phénomènes de putréfaction et de combustioa lenir,
\m' lesquels les matières azotées animales soustraites à la vie se résolvent peu à
po4i tn composés de plus en plus simples, ont été longtemps attribués â une sorte
iruplitude propre aux corps de cette classe; on les croyait doués d'une grande in-
>li(bililé. D'après la théorie de H. de Liebig, assez généralement admise jusqu'à
ikM jours, il suffit d'une très-petite quantité d'oxygène pour commencer l'altéiatioa
ot communiquer à toute la masse un ébranlement capable de détruire l'édifice eo-
tior ; le mouvement moléculaire d'une substance protéique en voie de déoompœi-
tton peut même se communiquer à des corps stables par eux-mêmes, tels que les
ïuci'us, et entraîner leurs transformations chimiques et leur fermentation.
iWh hypothèses vagues, créées pour l'explication de phénomènes obscurs, tom-
beat devant les expériences de M. Pasteur. Déjà avant lui Schwan et H. Schrôder
4uii*nt fait des observations tendant à démontrer que l'air calciné ou filtré sur du
toUiii no développe pas la putréfaction. Il semble maintenant établi que la oom*
liMJiliuu lente et la décomposition dite spontanée des albuminoides est uniquemeot
pVituii|uée par le développement d'infusoires, dont les germes semient apportée
|itU fuir, et il ne convient plus d'attacher une si grande importance, dans les que^
tiMU» d'équilibres moléculaires, à cette instabilité qui n'est qu'apparente. (Pour
|i|u» do détails, voyez PoTaéPACTioii.)
\a\ tubicju ci-joint donne un résumé des propriétés difTérentiellea les plu»
ALBUNlNOiiiES (bibliogapiiie). 453
léristiqQes des substances albuminoides. Sauf avis contraire, elles se rapportent
aux produits tek qu'on les trouve dans Torganisme ; i} ne faut donc pas oublier
qu'elles ne sont pas absolues et dépendent en partie des matières étrangères mélan-
gées. (Pour plus de détails sur chaque Albuminoïdey^ voir les articles spéciaux qui
les concernent.)
Albumine. Ne précipite ni par l'acide acétique ni par Tacide
IpboKpborique normal.
YileUnœ. N'est probablement qu'un mélange d'albumine et
de caaéine.
Matière asolie de» glehUet. Insoluble dan» le sérum et peut
se changer en hémato-crislalline.
^ules>
/
I «)agulablc*
par .
la chaleur >
VI i»Ti5CI9
ilWVWOÎM»
Sas» l*Eau
Himalo-cnnfeUine, cristaux du sang, caractérisée par la pro-
priété de cristalliser (priâmes, tétraèdres, tables bexa-
gonaleâ, rhomboèdres).
Hffdropitiine. Insoluble dans une eau chargée de sulfate de
magnésie ; ne se colore pas» en rouge par Teau de chlore.
Pancréatine. Insoluble dans une eau chargée de sulfate de
\ magnésie ; se colore en rouge par l'eau de chlore .
avec
l
aYcc 1
le concours \Paralbumine. Se coagule en flocons.
de l'acide | MHalhtmine. Donne un trouble peu abondant,
acétique )
UOll
coagulabln*
par
la chaleur
moustcs
eA.n l'cad
Caséine du lait. Coagulable \»x la présure de veau, précipitable {tar les acidos
acétique et phosphorique normal. 11 est établi maintenant que la caséine
et l'albuminate neutre de soude (solution d'albumine insoluble combinée
k la soude) n» forment qu'un seul et même corps.
l.i§umiae. Mêmes réactions que la caséine.
SHbi'laaees eioliei qui peuf enl déterminer des actions de présence (diastase
plyaline, pepsine, cmulsine, mat. azot. solublc de la levûn*, mat. azol.
du suc intestinal). Ces corps se distinguent des autres substances pro-
léiques et les uns des autres par leur pouvoir spéciflquo.
Albumino^e. Diffusible, non précipitable par les acides, précipitable par le
I sublimé.
1 Iehlkidine. Peu caractérisée.
•Alhmiae etcatéine coagulée». \ Insolubles dans l'eau salpêtrée ou acidulée avec 1/1000
IFthr.ue cuite ) d'adde chlorhydriquc.
Fibrine du »aug et gluten. Soluble dans l'eau salpêtrée. Décompose l'eau oxygénée.
Fibrine musculaire ou syntonine. Soluble dans l'eau acidulée avec 1/1000 d'acide cblorbo-
( drique.
Ghtiue. Soluble dans l'alcool.
tkikr \ Caractères peu tranchés, se dissolvent duns l'acide ehlorhydrique ton-
p t **"^' * ■ * I rentré et chaud sans produire de coloration violette.
P. SCHUTZEMBERGEB.
B«.ioâB.%MiiE. — BéciiAiir (A). Essai sur les substances allntminotdes et leur transfor-
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CMm.etdePhtjs., 3* séné, t. LYII, p. 291. 1859. —Ceux [l'.). Veber l'roteïnkryslalle in den
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Journal T. LXXVTI, p. 290, 1859; t. LXXIX, p. 003; t. L\XX, p 341, i800, - Gorlp-
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P- 1^. 18âO. — Masgme. Sur une combinaison cristalisée de caséine In Erdm, Journal.
1- LIXIV, p. 487. 1858.— Melsehs. Hôte sur les matures albuminoides. In buU. de l'Acad.
rtffele de Belgique. T. XXIV, n» 2. 1857. — Millo» (E.;. Hôte sur un réactif propre aux
DICT. ESC. 11.
"lii
^52 ALBUMINOÏOES.
1 ainmoiiiaque. Daiis uii tinvail intéressant a- ^ ./^p. ^*a. -/^-JJ-; 5-
mp-Bcsanez nous montre les substoiv' ^ ^ >,^;ipr ré'iwf . de l'Acad. des te.
Foxygène actif, cet agent encoi*e ^ v '><? des ccufë de pouU. lu Erdm.
tion dans les oxydations de IV v.-V2frra"'l!S^Î-':'»w
l'air chargé d'ozone se trouV '..-■'-, '/^'I Zt die Vnachtm uiner GemnHng.
la fibrine, puis ce trouble d' < ' j^^^/'^du Bois-Reimoiid. 1861 . p. 5i5. « iMi
tée on trouve un liquide > . ' \ ' ..;'f^^Bcàelwnt^fG<^ng^<^»iu, eicj..
• 1 1 .1. '' ..>5tf 0.215, IHei. — SKMCEca» C. Fr). e»J-
aades minéraux et 1m ^,, .^^.v^^^^P^ ^„ «fli^to»""-- «" "i»- '"'"=
d'albuminose. U caser ;^, , ^i^^-SrfM der MImmin àureh ûàer Hun—*""
pas sensiblement m»' . A ' >^;^X«"- -V..c..w l/.»*r *« "J^«[f .'"^y
cavité stomacale r -;.^^f^f^^''^ '* ^•
modifient moléa' /^^^ , .. . j «..ér;.....
un produit app. ^>^^^ ^ « .«m au produit de l'acUou du «"«=6»^;
TO«r^ïusqu'^ /"^i^ ^*i£ (fibrine, gluten, etc). Ce même produit . n^.u
l'albuminosf t''^^- - ^"'i' ^ '"°^"
t^ P"^'Z^^ P-r Martin Solon pour signifier la .h^kc J
sdsro'' tif^>.<6^^.:i^. ii»,i'/muitimie rPauhmer); Leucomiine ei awww
préci'
très
1er
t»
tl^ie ''""jàbHe leucomatique (Pauhmer) ; L
isr'^ «u **îrr.irine ne contient aucune trace d'i
I
I
t ^ CC'Srûnément de l'albumine daas l'urine de ^^
Lii^' * '^>S cette exception, infiniment n.«. n'infirme nullemen la t«:k
S V^'^SUne da.« U sécréUon urinain. consftue P" f^ilT
uw^lliellement morbide, qu'on a désigné i«u8 le nom iaUmmnmt.
^PrJnSnil. ce mot a' rinconvénient a'-'^lober ^^ p^.é»jm^j;
S*'"-'C lui donner une signification plus précise et l'»d>Pf » "" ^J
tp"*'f faite se prêtant à des considérations d'ensemble, on peut définir I m-
iiitu^ ^\ sécrétion pa>- Us reins d'une urine aUmmineute.
»«<^, jrinc de l'urine provient du sang, de la lymphe ou du P«* 1""' '";
^' ' iiïTsi elle s'ajoute après coup à la sécréUon normalement formfc V "
'*"' I. M représente pour nous qu'une fautse aUmminurte.
"^'J^ les albHminuries vraies, il en est de transitoires, ««oraPP^" „,
^IksZL diverses, aiguës ou même chroniques, et ne durant qu.«U
'""i'rnt 1« désordres occasionnés par la cause palhogénique commune. J>^
<>"* rvertu dune disposition particulière de l'économie, ou se développl àm
"^'•Z en apparence ^ontanéeVou bien survivent à leur cause efÏMcU. ^^
SÏ, e" 3inue„t ^ subsister indépe.ulamment de toute autre «.UU^
Se aies sont pour ainsi dire continenU, et. constituant le symptome ^
SJnosent leur nom à l'état morbide complexe. Les premiers cas "*n»f «f ";
^JWla dénomination i'albuminurie sympUmatique. Les seconds ont «te d.^.*
iusau'à présent sous le titre de nw/adie de BrijW. .^„,««.
^ H est superflu de faire rcmaniuer combien ces ap|Kîllations, manifesW««'r
vi»oires, empruntées aux noms des aulcm-s, M)nt grosses diiicouveiiiciits. ln«»
ÂLBIM1?JUR1Ë. Aùb
Si le travail d'un moderne, fondé sur des données récemment
Incipes nouveaux et supérieurs, vient éclipser tous les travaux
t-t-il donc consacrer d'enthousiasme au dernier venu la maladie
^ • iimue sous une dénomination rationnelle, ou désignée jusque- là par
«e ses illustres devanciers? Non, la vérité n'a rien ù gagner à ces consi-
.e personnes; elle y perd même certainement quelque chose de sa lumi-
larté et de sa liberté d'allure. Que l'histoire enregistre les eflbrts de tous
qui ont fait avancer la science, et qu'elle en transmette les noms glorieux à la
jstérité, rien n'est plus juste ni d'im devoir plus strict ; mais c'est mal reconndtre
leqrs mérites que de se servir de ces noms honorés pour enchaîner le progrés. Par
œs raisons, je voudrais voir la dénomination de maladie de Bright remplacée par
une autre tirée de la nature du mal, et rappelant ses analogies avec les afTections
congénères.
Demetrius d'Apamée créa le mot diabète pour signifier que la substance cssen-
lielle à l'entretien du corps passe à travers les reins et va se perdre au dehoi-s. De
ikis jours, ou nomme habituellement diabète sucré raflection dans la(]uelle la gly-
(•ose s'crhnppe incessamment avec Turinc ; il sirait donc légitime d'appeler dia-
bète alkimineux la maladie caractérisée par la déperdition continue d*albuminc ;
dabèle graisseux la sécrétion de matières grai»ses, et diabète iympliatique l'état
luorbide connu sous les noms d'urines chyleuses, laiteuses, ou d*hématurie de
rile de France. Dans ces trois espèces du genre, le flux s'établit par Tappareil
uropoiétique. Il en est d'autres où la perle a lieu par des organes tout diflerents.
La galactoniiée, ou phthisie laiteuse, et la spermatoirhée, ou tabès génital, se
placeraient encore assez naturellement parmi les diabètes, mais dans un sous-genre
distinct. Pour plus de précision dans les termes, il conviendrait en conséquence de
rappeler dans les dénominations Témonctoire par lequel se fait la perte, et de s'ar-
rêter, pour les éliminations de graisse, de sucre, de lymphe ou d'albumine par les
urines, aux expressions de diabètes pimélurique, gUjcosariqiie^ lymphnrique et
ieucomatwique, ou simplement leticoniwiqiiCy en donnant à ÀcvxoDpa, aroç, la
si^niification du mot latin albumen, et en usant de la contraction par laquelle on a
obtenu le mot « hémorrhagie » à la place de celui de o hématorrhagie n, qui eût
t'ié plus correct. Dans le cours de ce travail, nous nous servirons souvent de cette
dénomination, sauf à la justifier par la suite au point de vue nosologique. De
même, nous emploierons le mot leucomurie comme synonyme d'albuminurie, et
t-eux A'kyperleuœmatie ou de supei'albuminose, à la place de Texpression hybride
d'byperalbuminose, généralement usitée pour signifier l'accroissement de l'albu-
mine du sérum.
La valeur des termes étant bien comprise, nous allons maintenant entrer en
matière.
1. Tableau dr l'album m urie. Parmi les troubles de rurojioïèse (urination,
Ch. Robin), il n'en est pas de plus fréquent ni de plus digne d'intérêt que celui
qui se caractérise par la présence anormale de Talbumine dans la sécrétion uri-
naire. Ce phénomène apparaît tantôt temporairement au milieu des autres sym-
ptômes des maladies aiguës fébriles, principalement de celles d'un caractère grave
et auxquelles les anciens eussent accordé un degré plus ou moins élevé de mali-
gnité ; tantôt il se montre d'une manière permanente à la suite de ces mêmes
aiiections, ou par le fait de circonstances qui altèrent lenti^ment la constitution,
IrooUent les (onctions digestives et assimilatrices, réduisent l'hématose, ralen^*
liss«iit l'activité nutritive et plastique et abaissent le niveau des forces.
456 ALBGUINURIE.
Dans la forme lente et chronique, les malades offrent d'abord l'aspect des siqcU
affectés d une simple chloro-anémie ; ils se plaignent de troubles variés des (onc-
tions digestives, tels que dyspepsie, nausées, etc. Ils souffrent de douleurs de
reins et parfois de céphalalgie avec étourdissements ; on les voit pâlir et s'afbiblir
par degrés. Le soir, le pourtour des malléoles est gonflé; le matin, les panpières
sont un peu bouffies. Bientôt Fenflure se prononce davantage, remonte jusquaui
genoux, puis au delà et ue disparait plus. Le scrotum se gonfle ainsi que le tissu
cellulaire abdominal ; Tanasarque gagne les membres supérieurs et se généralise.
Si Ton étudie dès le début la sécrétion urinaire, on reconnaît quelle mousse
aisément et conserve des bulles ; qu'elle précipite par Tacide nitrique, et se coagule
par la chaleur. L'urine varie aussi d'apparence suivant les heures du jour et les
phases du mal. Pâle et très-copieuse la nuit et le matin, moins abondante et plus
colorée le jour, elle renfeime dans cette dernière période un excédant d'albumine
d'autant plus marqué que le régime est plus substantiel et plus animalisé. Parfois
l'albumine est en si minime proportion dans l'urine du matin, qu'elle semble oom'
plétcment absente; il peut même se faire qu'elle manque absolument. De semfah-
blés fluctuations accompagnent les alternatives qu'offre naturellement dans son
intensité et ses allures toute maladie de longue durée. Âim^i, en représentant par
un procédé graphique la marche croissante et décroissante de ce symptôme, oii
verrait une succession de grandes courbes onduleuses : les ondulations exprimant
les variations diurnes, et les arcs étendus traduisant les changements considérables
en rapport avec les degrés successils de l'affection.
Cependant les forces fléchissent tous les jours et la nutrition s'altère de plus eu
plus. Le malade, tout gonflé par l'œdème, laisse filtrer la sérosité au travers de sj
peau, qui s'ulcère et parfois se gangrène; la céphalée devient plus habituelle et
plus intense ; il s'y joint de l'amblyopie et même de l'amaurose. Des vomiasemenis
et de la diarrhée séreuse n'amènent qu'un soulagement momentané. H survient de
la paresse intellectuelle, des troubles respiratoires et circulatoires ; enfin des mou-
vements convulsifs, revenant par accès identiques à ceux de l'épilepsiet et le ma-
lade ne tarde pas à succomber dans le coma.
Si l'on a pratiqué des émissions sanguines dans le cours de la maladie, la chimie
constate un appauvrissement du sang en matériaux solides, surtout en globules,
avec ou sans excès d'urée.
 l'autopsie on trouve, selon la durée du mal, les reins simplement conges-
tionnés ou altérés plus profondément, parfois très-atrophiés, chargés de substances
protéiques amorphes et d'éléments histologiques ayant subi des transformations
régressives. Des épanchements séreux existent dans le tissu cellulaire sous^utuié
et dans toutes les cavités naturelles. Les parenchymes eux-mêmes sont infiltrés de
sérosité dont on reconnaît la présence jusque dans le cerveau. D'autres désordres
anatomiques existent encore, soit qu'ils se rattachent directement à l'albuminurie,
soit qu'ils viennent la compliquer ou qu'ils traduisent la diathèse génératrice dont
l'albuminurie dépend.
Tel est en quelques mots l'ensemble des symptômes dynamiques et statiques
offerts par les sujets atteints d'albuminurie pei*sistante et rebelle aux médicatMNb.
Cette exposition sommaire suffit, si je ne m'abuse, à donner une idée claire de
l'affection, à la définir nettement du point de vue descriptif. Elle permet à tout
esprit préparé par l'étude, sinon de se faire dès maintenant une juste idée de b
subordination des phénomènes et de leur enchaînement sériai, du moins de saisu*
de prime abord les données fondamentales de l'histoire pathologique que iiou5
ALBUMINURIE. 457
entreprenons et les points sur lesquels La discussion devra porter, pour aboutir à
l'institution d*une doctrine pathogénique et d'une thérapeutique rationnelles.
11. CâBAGTÈRES PHTSICO-CHIMIQUES ET ORGAKOLEPTIQUES DES URINES ALBUVI-
KEOSEs. Il importe de distinguer plusieurs cas, attendu que les urines albu-
mineuses présentent, selon les circonstances, des qualités parfois diamétralement
opposées.
Si nous prenons les urines de Talbuminurie chronique, connue sous le nom de
Bright, celles qui ont été le plus et le mieux étudiées, et que le praticien a surtout
inlârét à bien connaître, voici quelle est la règle générale :
L'urine est pâle, abondante, rarement tout à fait limpide, plus souvent un peu
loudie, même après le repos et la précipitation de particules solides, formant un
sédiment au fond du vase. Elle mousse aisément, fortement, quand elle tombe
d'un peu haut, et conserve très-longtemps ses bulles ; son odeur est fade, légère-
ment nauséabonde, rappelant désagréablement celle du bouillon de bœuf.
Sans prétendre lixer exactement l'intensité de la réaction acide de cette urine,
soit en la comparant à celle d'une solution titrée d'un acide organique, soit en
l'éteignant par l'addition de quantités connues de potasse ou de soude, je dirai que
son acidité est parfois ordinaire, mais souvent plus faible qu'à l'état normal,
quelquefois nulle et pouvant faire place à une alcalinité marquée ; elle bleuit alors le
papier de tournesol. Mais il faut être prévenu que, même neutre, elle ferait virer
au bleuie papier rouge vif, en même temps qu'elle comnmniquerait une teinte lilas
â cehii qui serait à la fois d'un bleu intense et très-sensible. Aussi vaut^il mieux
se servir, pour les essais délicats, d'un papier faiblement teinté et d'une nuance
indécise.
Le poids spécifique, évalué à l'aide de l'urodensimètre, varie de i ,007 à i ,018,
el oscille autour du chilTre intermédiaire, la densité normale étant de 1,022 à
1 ,025. Pas plus que F. Darcel, je n'attache d'importance à ce caractère phy-
sique, parce qu'il exprime un rapport entre l'eau et les matériaux urinaires pris
en bloc, sans indiquer la quantité de ceux-ci que la sécrétion rénale enlève au
saug dans un temps donné.
Biot ayant découvert que l'albumine dévie à gauche le plan de polarisation p
Â. Becquerel a cherché à tirer de ce caractère un moyen d'apprécier les proportions
de cette substance dans les liquides organiques, el spécialement dans l'urine. Ces
proportions, très-inconstantes d'ailleurs, varieraient entre 4 millièmes et 14 cen-
tièmes, maximum presque incroyable consLité par Christison (voir Compendium de
mid,). 11 est peu probable que cette limite extrême soit quelquefois atteinte ni
jamais franchie, car le chiffre de 14 pour 100, exactement double de celui de
i'alblimiue du sérum, ne semble pouvoir se rencontrer que dans les exsudais plas-
tiques engendrés par des phlegmasies aiguës.
Si l'on considère le poids absolu éliminé en vingt-quatre heures, la limite supé-
rieure serait de 55 grammes d'après Gorup-Bésanez et Rosenstein, de 23 grammes
selon Schmidt, et de moins encore d'après Frerichs. La limite inférieure est plus
incertaine encore, en raison de la difficulté d'isoler l'albumine urinaire, et de la
soumettre à une pondération exacte lorsque la proportion en est très-minime.
D'après mes propres expériences, je pense que l'albumine ne dépasse guère le
chiflre de 15 grammes par litre dans le diabète albumineux chronique, et que,
Farine de la nuit renfermant ordinairement une proportion beaucoup moindre, si
l'on évalue de deux à quatre litres la masse quotidienne des urines, les malades ne
rendcut en moyenne que de 20 à 50 grammes d'albumine par jour. La proportion
438 ALBUMINURIE.
peut â la vérité s^élever beaucoup plus haut dans les albuminuries aiguës, mais la
sécrétion urinaire étant peu copieuse ou rare, la perte en matériaux azotés est plw
faible qu on ne serait porté à le croire. D'un autre côté certaines urines sont si
pauvres en albumine, qu'elles n*en renferment pas 2 grammes par litre.
L'urée, d'après fiostock, HH. Rayer et Stuart Cooper, décroîtrait proportionnel*
lement à Tabondance de l'albumine. Son maximum normal étant de 33 gramme*
pour 1000 grammes d'urine et son minimum de 12 grammes, elle tomberait à 5
ou 6 grammes seulement et atteindrait rarement le chiffre le plus bas de l'état
physiologique, sans le dépasser jamais. Sur cet abaissement du cbiflre de l'uréo,
je ferai quelques remarques indispensables. D'abord, il est difficile de l'apprérier
actuellement à sa juste valeur, attendu l'incertitude des diiflres physiologiques.
Le chiffre de 33 pour 1000 est évidemment exceptionnel. La moyenne des analyses
réunies de Simon, Lehmann, Bec(pierel et M. Le Canu (je mets de côté runicpie
analyse de Berzélias) ne va guère au delà de 0,020. M. Leconte, s'appiiyant sur
ses propres recherches, admet provisoirement le chiffre de 0,018 seulement. Mais
les analyses ne sont pas encore assez nombreuses pour que ces moyennes puissent
servir de base solide à nos évaluations, et si l'on a égard à la faible proportion
(0,006 à 0,008) d'urée offerte par certaines urines dans les conditions physiolo-
giques, on conviendra que, pour établir dans sa formule exacte la diminution ré-
gulière de ce principe immédiat dans les urines albumineuses, de nouvelles inves-
tigations sont indispensables. Et dans ces recherches, il faudra désormais tenir
^n^nd compte d'une circonstance ordinairement négligée, à savoir : la quantité du
liquide sécrété par les reins dans les 24 heures. L'importance de ce rensei-
gnement est manifeste, s'il s'agit d'établir non pas la richesse ou l'indigence relative
des urines en matériaux solides, ce qui n'a pas grand intérêt, mais rabondanre
des pertes en principes protéiques journellement essuyées par l'économie.
Tous les auteurs ont noté la diminution de l'urine comme étant la règle dans
la maladie de Bright; mes observations contredisent ce résultat. Si l'urine est
souvent réduite, ce que je ne veux pas contester, le contraire n'est {xis rare. Giez
quelques sujets non-seulement la quantité des urines rendues dans la journée
égale la moyenne normale, mais ordinairement elle la surpasse. Je l'ai vue par-
fois atteindre 4 litres en 24 heures, ce qui représente le triple au moins de la
sécrétion chez un adulte bien portant. Or, lorsqu'une pareille abondance d'rau tra-
verse les reins, les matériaux dont elle se charge ne sauraient s'y trouver qu'en
solution extrêmement affaiblie, cl si la chimie s'emparait d'une portion de cette
urine rendue en une seule miction, elle n'y découvrirait naturellement qu'une
dose très-minime d'urée, comme de tout autre principe immédiat. Cette cirooii-
stance a dû se présenter plus d'une fois et donner le change sur la véritable signi-
fication de c^tte pénurie de matériaux solides. Cependant Christison a bien vu que
la proportion de I urée ne s'écarte guère dans ses oscillations de la moyenne nor-
male et que les urines pâles et pauvres en urée le sont également en albumine,
tandis que celles dont l'albumine est très-abondante renferment aussi une forte
dose de l'autre principe azoté. Par ces considérations, on serait autorisé provisoirr-
ment à voir dans la diminution relative des matériaux solides de l'urine, chez
certains albuminuriques, la conséquence physique de l'augmentation de la diurèse
aqueuse.
Sans avoir exécuté des analyses de précision, je me suis cependant assuré de la
présence d*une proportion considérable d'urée chez plusieurs mabdcs. En addi-
tionnant d'aride nitrique une petite quantité d'urine recueillie dans un verre
ALBUMINURIE. 459
de montre, el laissant h liqueur se concentrer par Tévaporation spontanée à l'air
libre, j*ai vu du soir nu lendemain se former une cristallisation de nitrate d*urée,
laquelle ne se produit en pareille circonstance qu'aux dépens d'urines naturelle-
ment Inen pourvues de ce principe immédiat.
Ce que nous venons de dire relativement h l'urée, nous pouvons le répéter <^
propos des sels et notamment du chlorure de sodium, dont la diminution semble
coïncider toujours avec celle de l'urée dans les urines albumineuses. Désormais il
faudra distinguer les cas selon que la diurèse aqueuse sera plus ou moins abon-
dante, et les analyses qui ne tiendront pas compte de cet élément se trouveront en-
bcbées d'un vice rédbibitoire.
Au résumé, sans nier la diminution possible des substances solides normales
dans les urines albumineuses, je pense que le fait n'est pas suffisamment démontré
dans sa généralité. Pour fixer la science sur ce point, on ne doit plus se contenter
d'évaluer les proportions de ces principes relativement à l'eau, il faut s'attacher
surtout à faire connaître la quantité absolue rendue en 24 heures. Les analyses
ainsi laites permettront seules de trouver l'interprétation logique des altérations
quantitatives, lorsqu'elles existent.
Telle est généralement l'urine dans le diabète leucomurique. Mais ces carac-
tères sont sujets à des variations étendues selon la marche de la maladie, sa pé-
riode, ses complications et le moment de la journée. A l'état aigu, la maladie de
Bright offre des urines plus rares, plus colorées, ayant l'aspect de la bière brune,
sédimenteuses par le refroidissement, quelquefois souillées de sang. La sécrétion
urinaire tend à se modifier dans le même sens, lorsque des recrudescences se mon-
Iroit dans le cours de la forme chronique. Enfin, il existe entre les urines du jour
et celles de la nuit des différences analogues ; les premières plus hautes en cou-
leur, plus denses, plus albumineuses, rappelant davantage celles de la période
aiguë ; les secondes plus abondantes, plus pâles, plus aqueuses et plus conformes
au type de l'état chronique avancé. Ces particularités trouveront plus tard leur ex-
plication.
Dans les affections où l'albuminurie ne constitue qu'un symptôme passager, les
urines ne se signalent par aucun trait caractéristique. A part les réactions propres
â l'albumine, la présence de ce princi|)e ne se trahit guère que par l'abondance de
l'écume qui persiste à leur surface.
U en est à peu près de même dans l'albuminurie protopathique aiguë, où la sé-
crétion rénale ne diffère pas sensiblement, au premier aspect, de celle des fièvres et
des inflammations fébriles, pourvu que du sang en nature ne vienne pas s'y mêler.
Mais la violence de la congestion rénale peut être telle, dans les formes surai-
gnês, que du sang s'échappe en abondance avec l'urine dont l'aspect rouge, bru-
nâtre et trouble, rappelle tout à fait celui qu'elle oiïre dans les hématuries recon-
naissant des causes traumatiques. Knfin, dans des conditions particulières de santé
que nous spécifierons plus loin, il est des sujets qui rendent pendant de longues
années des urines albumineuses, limpides, ambrées, d'une acidité prononcée ou
lorte, d'une abondance moyenne et renfermant en proportion considérable ou ex-
cessive les principes normaux de la sécrétion rénale.
Donc, en résumé, quatre espèces d'urines albumineuses que je range arbitraire-
ment de la manière suivante :
i^ Urines albumineuses ressemblant d'ailleurs à celles de l'état normal ;
2* Urines albumineuses ayant l'aspect des urines félriles, surtout de celles des
ttvTPs grives;
4iO ALBUMINURIE.
3^ Urines albumineuses sanguinolentes, comme dansThématuricvériUible;
¥ Urines albumineuses d'un type spécial, consigné partout dans les descrip-
tions classiques de la maladie de Bright.
Nous aurons l'occasion de revenir sur la signification diagnostique et pronostique
de chacune de ces formes.
III. SÉOlllENTS BT éliéMBNTS MICROSCOPIQUES DES DRIHBS ALEUMISCOSCS. LeS
urines albumineuses laissent précipiter par le repos, au fond du vase, un sédiment
dont l'apparence et les caractères microscopiques varient selon les ciroonstances.
Dans celles de la dernière espèce, le dépôt est blanc ou légèrement grisâtre;
dans celles delà troisième, il est brun ou d'un aspect sanguinolent; dans œlles de
la seconde, il est brunâtre ; enfin, il est teinté de gris jaunâtre et saupoudré At
points d*un roiige vii dans les urines de la première catégorie. Cette diversité d'as-
pect est due à des corpuscules variés dont le microscope nous révèle la nature.
Outre les produits habituels delà desquamation des voies urinaires, à savoir : des
éléments isolés, plus ou moins reconnaissables, des épithéliums de leurs mu-
queuses ainsi que des glandes annexes, on rencontre dans les urines albomi-
ueuses :
1^ De nombreux éléments désagrégés et des lambeaux étendus de la membrane
épithéliale des tubuli^ constituant même assez souvent des tubes complets ;
2^ Des cjlindres pleins formés d'une substance homogène, amorphe, translu-
cide, de nature protéique ;
5** De fines granulations protéiques ou grasses;
4^ Des globules sanguins.
D'autres éléments microscopiques peuvent se montrer également dans ces mines
â titre accidentel, lorsque l'albuminurie complique d'autres affections.
TjCs éléments morphologiques que l'urine renferme sont, à partir de l'entrée des
voies génito-urinaires : l'épithélium de la muqueuse uréthrale et des glandes \6h
sine.^ : prostate, glandes de Héry ou bulbo-uréthrales, etc. ; l'épithélium vésical et le
pus de la région; l'épithélium des uretères, des bassinets et des calices. NousnV
vous pas à décrire ces éléments, dont la présence n'offre d'ailleurs qu'un intérêt se-
condaire. Il n'en est pas de même de l'épithélium de la substance sécrétante des
reins.
Êpithélium des tubuli. Il semble tout naturel au premier abord que la mue
épithéliale des tubes urinilères soit représentée normalement dans le produit de la
sécrétion par quelques éléments disséminés. Plusieurs micrographes en admettent
d'ailleurs l'existence dans les conditions physiologiques. J'ai eu trop de peine à
distinguer les cellules nucléaires des tubuli de leurs analogues des glandes bulbo-
uréthrales par exemple, lorsque je n'avais sous les yeux que des éléments isolé>,
pour oser affirmer la possibilité de reconnaître sûrement le prekl^ au milieu de
toutes les formes semblables jetées dans l'urine par les surlaces qu'elle parcourt
successivement avant d'être expulsée. Toutefois, je pense avec HH. Robin, liartia-
Magron et quelques observateurs étrangers, que lorsque l'activité fonctioliDelle
des reins est excitée sans dépasser encore les limites physiologiques, la desquama-
tion des tubes urinifèrss peut être assez rapide pour que, toutes les cellules éfiitbé-
lialesn'ayant pas le temps de se liquéfier, il en arrive quelques-unes au dehors
dans un état d'intégrité qui permette de les reconnaître.
Si la présence de l'épithélium des tubes de Bellini est douteuse à l'état sur,
elle constitue au contraire l'un des signes les plus caractéristiques du travail mor-
bide qui se passe dans le rein traversé par un courant d*urine albumineuse. kik»
ALBUMINURIE. 44i
éléments épilhéliauK deviennent ordinairement si nombreux, qu'ils forment un dé-
pôt prescpie toujours notable au fond du verre conique et que, fussent-ils tous
hbres et isolés, ils ne sauraient être méconnus par un obserrateur tant soit peu at-
tentif. Hais le problème est simplifié, parce qu'il se trouve toujours dans la masse
une proportion plus ou moins forte d'éléments épitkéliaui encore soudés en mem-
brane et formant des lambeaux irréguliers qui comprennent une partie ou la tota-
lité d*un anneau cylindrique de la couche épithéliale. Parfois les cylindres creux
d'épithélium sont assez longs, sans brisures, et les cellules qui entrent dans leur
composition sont parfaitement régulières, munies d'un noyau rond, très-distinct
de la paroi qui est finement granuleuse et transparente. C'est le type de l'état
nonnal. D'autres lambeaux sont chargés d^ granulations petites ou plus grosses,
médiocrement nombreuses ou très-abondantes, qui dissimulent les cellules ou leur
donnent de l'opacité. Ces granulations sont en partie protéiques, se dissolvant
dans l'acide acétique et colorables en brun par l'iode, en partie grasses et solubles
dans l'étber. Qudques-unes de celles-ci, plus volumineuses, affectent Tappai'ence
de gldmlins huileux, brillants et fortement réfringents. Les cellules épitbéliales
isolées oflrent les mêmes altérations.
Parmi ces éléments se rencontrent souvent, principalement dans les cas d'albu-
minurie aiguë et intense, des cylindres parfois très-longs, curvilignes et même
l^usieurs fois contournés en serpentin ou en spirale, formés d'une substance homo*
gène nullement fibroïde, translucide, nuancée de jaune, assez ferme et résistante,
à cassure ooncboïde. Cette substance, ookrable en brun par l'iode, peu soluble dans
Tacide acétique et le nitrate de potasse, est manifestement de nature protéique.
Seulement il est difficile de savoir si elle est simplement soit fibrineuse, soit albu-
mineuse, ou bien albumino-fibrineuse à la fois, M. le professeur Robin la croit
essentiellement albumineuse. L'eau oxygénée servirait peut-être \ dénoter dans
ces concrétions la présence de la fibrine sur laquelle» malgré l'affirmation con-
cordante des pathologistes , il serait permis de conserver des doutes en raison
de la non-striation de la masse, du caractère conchoïde de sa cassure, ainsi que
de l'absence concomitante de la fibrine à l'état fibrillaire dans l'urine. Le défaut
de tendance h l'organisation de la part de ces cylindres protéiques, qui a fait ad-
mettre par Reinhardt la forme croupale de la phlegmasie, plaiderait encore contre
ridée d'une substance essentiellement plastique. Déplus, Th. von Siebold a cru
reconnaître dans la substance corticale du rein l'infiliintion d'une matière albu-
mineose concrète.
S'il parait étrange de considérer comme albumineuses des concrétions spontané-
ment formées dans le corps vivant, je ferai remarquer que l'albumine peut se
prendre en masse solide sous l'influence d'acides sécrétés en même temps dans
rorine, ou par le fait d'une résorption de l'eau efiectuée sur une portion, momen-
tanément confinée, de la solution protéique. D'ailleurs, l'albumine solide existe
dans l'urine, mais en particules déliées.
Dans le dépôt formé par les urines dans la maladie de Bright se rencontrent fré-
quemment, outre les éléments histologiques bien définis, une multitude de granu*
lalions moléculaires de substance colorable en brun par la solution aqueuse d'iode,
igsoloMes dans l'éther et solubles dans l'acide acétique, et cela à une époque où il
n'existe aucun caractère d'acuité permettant de soupçonner une inflammation vé-
ritable, et où manquent même les cylindres hyalins, indices de cette phlegmasie.
De phis, au microscope ces granules ont la ténuité de ceux qu'on obtient par l'é-
^llition d'une solution albumineuse; comme eux, ils se soudent en lamelles
4i2 ALBIMINI'RIE.
irrégulières et ponctuées. L*albniniiie existerait donc sous deux états dans Turine,
aussi bien que dans le sérum sanguin d'après Simon, Scherer, Bm-hanin,
Frerichs, etc., comme le caséum dans le lail d'après Qnevenne, et oomine noiis
l'avons établi pour l'albumine de la Ijmphe. lia presque totalité est assurément en
dissolution, mais il y en a aussi une minime proportion sous forme de granules
moléculaires, et c'est à la présence de ces fuies granulations que l'urine albumi-
neuse doit en partie l'aspect louche qu'on lui voit souvent. Les granulations dont i|
s'agit proviennent , peut-être, pour une fraction, de la résolution partielle des cellules
épithéliales des tubuli que nous avons reconnues en être chargées et, pour ainsi dire,
remplies. On comprend, en effet, qu'elles deviennent libres du moment où la paroi
cellulaire est tombée en déliquium. Hais cela ne préjuge rien quant à la nature ni-
bumineuse ou fibrineuse. D'ailleurs, suivant mes observations, ro|)alescenoe d('
l'urine albumineuse augmente ou même ne commence à se montrer qu'après plu-
sieurs heures d'exposition au contact de l'atmosphère. Ici , la nature albumineuM.*
des granulations devient indubitable et, de plus, il est certain qu'elles dérivent de
l'albumine préalablement dissoute. Enfin, l'acidité de l'urine est bien la cause de la
précipitation ; car, lorsque le phénomène se lait attendre au lendemain on au surlen-
demain, loin de trouver la liqueur devenue alcaline par la décomposition ammo-
niacale de l'urée, on constate une réaction fortement acide en rapport avec la fer-
mentation ecescente ou l'érémaciiusie qui a eu le temps de se produire.
IV. KlémeiNts hicroscopiqdfs pouvant accidei<itfli.eiiekt faibe partie du sédi-
ment DES DRiNFs ALBDMINEOSES. Rarement OU y voit des octaèdres d'acide oxalique.
En revanche, il n'est pas rare de rencontrer chez certains albuminuriques ce qn«
M. Rayer a nommé la gravelle microscopique. Le sédiment contient alors une
quantité plus ou moins considérable de cristaux rougeàtres, en forme de rhom-
boèdres aplatis, isolés ou diversement groupés. Presque toujours le dépôt s'en f^it
lentement après l'issue de l'urine. Néanmoins il peut avoir lieu pendant le séjour
dans la vessie, et l'urine présente alors de la gravelle microscopique dès le mouK^nt
de son émission. Cette cristallisation uriquc n'implique pas un excès oonsidérabl«'
du principe immédiat. Elle indique seulement la présence d'une proportion anor
malc d'un acide libre, plus énergique que l'acide urique, de l'acide phosphoriqoe
par exemple, et coïncide avec une réaction très-forte sur le papier hleu de tour-
nesol.
Phofqihntes termiT, phosphate tribasique (ammoniaco-inagnésien et calcain-^
Les urines albumhieusi's à la fois et alcalines laissent précipiter les sels inaohibWs
par eux-mêmes : ce sont les phosphates de chaux et de magnésie ainsi que ks car-
bonates des mêmes bases. Enfin, quand l'urine albumineuse subit un oommen<r-
ment de fermentation ammoniacale, c'est du phosphate tribasique qui se Repose.
De semblables cristaux se montrent cependant au milieu d'urines natnrellenMHit
acides et dont la réaction est même accrue par l'acescence consécutive. C'est oc qui
a lieu notamment dans le Crémor, improprement appelé KyestêinecfaGravidinfs
parce qu'on l'a cru exclusivement lié A l'état de grossesse. Ce crênwr prend nts-
sance indifféremment sur toutes les urines fortement chaiigées de principes pnv
téiques, et conséquemment dans toutes les formes d'albuminurie. Il est princi|«-
lement formé d'une pellicule de matière albuminoïde dont la nature, entrevue p|r
Bird, qui lui a trouvé l'odeur du fromage, par Égnisier, qui Ta supposée \emt «W
l'amnios, et plus nettement discernée parNauche et Bonastre, qui l'ont crue ::t la-
tino-album i neuse, a été définitivement fixée par M. J. Regnauld (thèse intus.,
ALRIJMINCRIË. 4fr>
^mpose d*une miiUilude infinie de vibrions, de
***. phosphates de cliaux et de magnésie, et
*en et calcaii'e. Elle résulte d*une al-
T la matière albuminoide est le
n contraire elle devient
•le végétaux microsco-
I. A 11(1 rai et Gavarret. J*ai
N. auxquelles je n'ajouterai
lucrcmor, avec unecouche de
jl-uicum, des vibrions, des bacté-
• aiiiiiioniaco-magnésien et calcaire,
[<■ mont acide.
> iirn's des tubercules et les grandes cel-
.-tiincllemcnt dans les urines albumineuses,
• I It^xpiession d*une dtathèse tuberculeuse ou
• it' iiK'iiie nature.
i iiK i/albohindrie. Étant connus les caractères de
:M( nt maintenant d'indiquer les circonstances dans les-
iiiotitre, et de rechercher, au milieu de leur diversité, les
(1 Où dérive spécialement ce phénomène, afln d'en com-
• {>r()<luction et de pouvoir, au besoin, le transformer en signe
■(»[jos(i(|ue.
■tK oiirt, dans les travaux modernes, l'histoire des maladies qui affli-
nih', on voit l'albuminurie signalée pour ainsi dire à chaque pas.
' les écrits les plus récents ne donnent, à mon avis, qu'une idée impar-
1.1 valeur de ce symptôme morbide, bien plus fréquent et bien plus impr-
tus la réalité qu'il n'apparaît encore dans les livres.
) Il est guère de maladies, tant soit peu intenses et fébriles, dans lesquelles
iuminurie ne puisse se montrer temporairement, et beaucoup d'affections chro-
■i'{ii€s en sont accompagnées. Comment discerner, au milieu de cette infinie variété
<le causes et de manifestations morbides, quels sont les troubles fonctioraiels ou
nLilomiques qui tiennent le plus étroitement sous leur dépendance le symptôme
slbuminurie? La fièvre? mais elle manque souvent. Les poisons morbides, la ma-
liimité? Beaucoup d'affections vulgaires et génuines donnent lieu à l'albuminurie.
L'altération du sang? Laquelle? La lésion rénale? Que de fois il n'y en a pas trace !
1^ patbok^iste ne sait véritablement à quoi s'attacher.
Prtinisses physiologiques. Mais dans ce dédale inextricable, la physiologie
nous tend un fil conducteur. Sachons le saisir.
Quelle qiie soit la théorie à intervenir, il est clair que l'albuminerie est par*
dessus tout un trouble de la sécrétion urinaire. Or, dans toute sécrétion on doit
considérer : d'une lart, les glandes, ou plus généralement l'organe, et, d'autre
fort, la source des produits à modifier, c'est-à-dire l'un des fluides nourriciers de
l'économie. Dès lors il est vraisemblable que les altérations urinaires, caractéris-
tiques de l'albuminurie, sont gouvernées par des modalités spéciales du rein ou du
sang, ou bien de l'un et de l'autre concurremment. L'influence du système ner-
^<iix ne ae fait sentir que d'une manière détournée; car son action s'exerce seule-
QMQtpar rintermédiaire du liquide ou du solide, puisqu'il n'y a pas plus de nerfs
^<'iUteurs des sécrétions que de nerfs directement trophiques. Reste h savoir d«
444 ALBU»INDR1E.
quelle façon le sang et la glande uropoîétique procèdent pour déterminir le pa^
sage de l'albumine dans la sécrétion rénale. C'est ici le lieu de poser quekjuei
principes de physiologie générale dont l'application nous rapprochera beaucoup
du but vers lequel tendent en ce moment nos cflbrts.
Du côté des organes sécréteurs, l'exercice de la fimction suppose non* seulement
une structure spéciale, mais aussi une excitabilité propre. En conséquence, une
fonction anormale, telle que la filtration de l'albumine, entraîne pour le rein une
altération dans ces deux modalités, et d'avance on peut affirmer que, durant le
passage de l'albumine, la glande urinaire offre néc^sairement des cbangeroents
sensibles dans son état anatomique. Nous verrons tout à l'heure en quoi peuveol
consister ces changements.
Dans le fluide sanguin se trouve la source des produits séparés ou modifiés (ur
les glandes. Deux ordres de principes sont mis en œuvre par ces dernières : les uns
qui, après avoir été dédoublés et plus ou moins métamorphosés, sont appelés à de
nouveaux usages; les autres qui, devenus nuisibles ou superflus, doivent être éli-
minés. Les principes de la première classe sont les vrais stimulants des glandt^
hématopoiétiques; ceux de la seconde sont les excitants spéciaux des émoDctoir&
proprement dits; à preuve l'urée, qui, d'après Foumier et M. Ségalas, est un dt^
meilleurs diurétiques. Et puisque l'urine constitue la principale sécrétion excrémeti-
titielle, l'apparition insolite de l'albumine parmi ses matériaux ordinaires dénonce
la superfluité, si ce n'est la nocuité actuelle, de la substance protéîque éliminée.
Mais un composé éminemment utile dans la nutrition et la formation des <H']^anes
ne saurait être assimilé aux matières étrangères introduites du dehors, et dooi
l'économie se débarrasse au plus vite, sous peine d'en être lésée. Conmient donc se
iàit-il que le rein expulse l'albumine à la manière d'une substance toxique ou oh^
dicamenteuse? C'est que l'excès d'une matière normale provoque l'eflbrt élimina-
teur presque aussi bien que Li présence, en petite quantité dans la circuiatioii.
d'un principe tout à fait étranger à l'organisme.
M. Claude Bernard nous apprend que des doses égales de glyoose (un principe
normal par excellence), injectées dans les veines de deux chiens inégaux en taille, ne
rendent diabétique que le plus petit des deux, parce que chez celui-là seulement la
masse du sucre versée tout à coup dans la circulation constitue un véritable eicè».
Mêmes résultats comparatifs chez deux chiens de même taille, dont l'un est à l'éUl
physiologique, taudis que l'autre a subi une émission sanguine. Rien n'est donc
plus légitime que de considérer un excès d'albumine dans le sang conune punol
élue le point de départ d'une irritation sécrétoire du rein avec albuminurie coos^
culive. La suite de ce travail démontera, je l'espère, la validité de cette hypotiJè^e.
Mais si l'excès d'albumine est la cause excitatrice de l'albuminurie, la modaliti-
fonctionnelle du rein en est la condition prochaine. Il existe aussi des cirooustanœs
favorisantes qui font vaiier la grandeur du phénomène ; ce sont celfes dont la phy-
siologie a reconnu l'intervention efficace dans toutes les sécrétions, à savoir : b
masse de la substance à éliminer, sa difîusibilité à travera les membranes aninuilos.
la pression sanguine, l'état des parois vasculaires et l'excitabilité de l'organe skn-
teur. Nous auix)ns à apprécier successivement tons ces éléments et à leur assâ^foer
leur rang parmi les conditions pathogéniques de l'albuminurie.
VI. InkLOENCR de l'excès d'aLBOMIKE dans le SâHG (hYPERLECCOIUTIK SA>Gl'l.>n
SUR LA PRODUCTION DK l'albominurib. Los Giits pTopres à établir cette donnée 610-
danientale sont empruntés à la physiologie expérimentale, ainsi qu'à lolHenatiûo
de l'homme sain et malade.
ALBUHINUUIE. 445
Injedions albumineuses. L'expérience capitale appartient à M. Cl. Bernard.
Le savant physiologiste injecte dans les veines d un animal une solution de blanc
d'œuf, et voit apparaître aussitôt de Tallmmine dans Turine. Il répète l'opération
avec le sérum sanguin, et le même phénomène se produit.
De nombreux expérimentateurs (Mialhe, Schifî, Stokvis, Favy) ont suivi dans
retle voie le physiologiste français, et tous sont parvenus à déterminer le passage de
Falbumine parles reins, consécutivement à des injections albiunineuses dans le sys-
lèrne circulatoire. Seulement leurs expériences tendent à établir une différence
considà^ble quant h la facilité de production du phénomène, suivant qu'on fait
usage de la solution de blanc d'œuf ou de sérosité albumineuse; la première don-
nant toujours plus sûrement et plus rapidement l'albuminurie.
Toutefois il serait erroné de croire avec certains auteurs, d'après quelques
insuccès, que l'albumine du sérum sanguin ne provoque aucun trouble dans la
fonction rénale. Les résultats positifs de MM. Bernard et Pavy ne permettent pas la
moindre hésitation ; l'albuminurie peut toujours être détenue avec toute espèce
d'albumine : c'est une affaire de quantité et de procédé. Que la dose du liquide
albumineiix soit considérable et l'introduction passablement rapide, le succ^ est
assuré. Il n'est pas même besoin d'albumine proprement dite ; une substance albu-
minoifle quelconque a les mêmes aptitudes. C'est ainsi que Pavy, ayant injecté chez
un chien environ 80 grammes de lait, a réussi à lui donner une albuminurie qui
qui n'a pas duré moins d'un jour. Cet habile expérimentateur a même pu déter-
miner la leucomurie en faisant pénétrer la solution albumineuse, non plus directe-
ment dans une veine de gros calibre, mais bien dans le tissu cellulaire sous-cutané,
el par voie d'absorption.
Nous pouvons donc hardiment ériger en règle générale le fait du passage de l'al-
bominedans les urines, à la suite de l'introduction artificielle dans le sang d'une
quantité absolument ou relativement considérable de matières protéiques, et sur-
tout d'albumine prq)rement dite. La constance de cette succession implique forcé-
ment un lien de causalité entre les deux phénomènes. Comment le premier ap-
pelie-t-il le second? Par quel intermédiaire et en vertu de quelles lois physio-
logiques l'efTet se rattache-t-il à sa cause? C'est ce que nous allons examiner.
Oo invoque la diifusibilité des matières albuminoîdes pour expliquer leur extra-
vacation. Cette opinion ne supporte pas l'examen. L'albumine qui occasionne le
plus sûrement la leucomurie est celle de l'œuf, laquelle est précisément la moins
dJalysable de toutes.
Une vue plus rationnelle se présente. Il sufRt, on le sait, d'augmenter la pres-
sion sanguine dans les vaisseaux, pour déterminer des exhalations séreuses. Est-ce
de cette manière qu'agiraient les injections de liquides albumineux? M. Bernard
s'est chargé de ruiner d'avance cette explication en soustrayant par une saignée
préalable une quantité de sang égale à celle du sérum qu'il devait injecter, ce qui
n'empêcha pas la leucomurie de se produire aussi bien que dans le cas où cette
dépiétion n'avait pas eu lieu.
Dans un ordre d'idées différent, H. Bernard a cru pouvoir attribuer la sécrétion
slbomineuse à la nature hétérogène du principe protéique mettant obstacle à son
uomixtion dans le conflit organique et le constituant à l'cUt de corps étranger,
OD même lui communiquant une sorte de puissance toxique.
Si la solution de blanc d'œuf avait joui seule du privilège de provoquer l'albu-
minurip, on aurait pu accuser V hétérogénéité de ce produit, eu égard aux principes
lomiédiatsdu sang, et supposer de la pari de l'économie une répulsion comparable
Uù ALBliMIiNUnili:.
à celle qui accueille toute substance étrangère au moment de son in^-asion dans Tor-
ganisme. Mais on sait actuellement que la sén»ité sanguine n'est guère mieux tolé-
rée que le blanc d'œuf. H. Bernanl, prévoyant les objections, a même eu soin
d'injecter à un sujet le sérum du sang d'un animal de son espèce, ou son propre
sérum, et Talbuminurie s'est produite. Ce n'est donc pas à l'origine étrangère de
l'albumine introduite qu'il convient d'attribuer l'Issue par les reins d'une certaine
proportion du même principe immédiat. En somme, à moins qu*on ne réduise l'ii^-
térogénéité à une simple modification moléculaire s'opposant momentanément aui
transformations des matières albuminoides, ce que j'accepte Tolontiers, il est dif-
ficile de lui faire jouer un rôle dans la production de la leuoomurie arliCcieUe. Au
reste la doctrine de l'hétérogénéité entraînerait nécessairement ces deux consé-
quences, à savoir : que l'albumine éliminée sera celle qu'on vient d'introduire, ei
que la substance protéique, mêlée à l'urine, variera comme les liquides expérimen-
tés. De telle sorte que si l'on injectait de la solution de blanc d'œut, on devrait
extraire de Talbumine d'œuf ; si c'était la sérosité d'un épanchenient, on rcUtNive-
rait dans la sécrétion urinaire la variété d'albumine décrite |Kir M. Gaiinal sous le
nom d'hydropisinc. A ce compte, Pavy, injectant du lait, aurait dû i-ecueillir du
caséum. Or l'expérimentateur anglais a tout simplement trouvé de l'albumine
vraie, exactement comme s'il eût opéré avec cette variété supérieure de siibstana:
protéique. La théorie est donc en défaut. D'autres considérations scrvinmt â montrer
sou insuffisance.
Nous verrons en ellet des matières albumineuses amenées par la digestion, et
conséquemment assimilées, engendrer l'albuminurie sous certaines condition»
déterminées. Une expérience de Pavy dépose dans le même sens; elle consisU^ à
injecter lentement, dans une veine mésaraïque, quelques grammes d'une solution
d'albumine. Dans ce cas, l'albumine traverse le foie, le cœur, l'appareil respin-
toire et le système artériel, avant d'arriver aux reins; elle a donc pu subir toulfr
les élaborations, notamment celle de la glande hépatique, et néanmoins l'urine ne
lurde pas à devenir coagulable. Les résultats de l'alimcntatiou albumineuse vont
confirmer cette démonstration.
Alimentation alhumineuse. M. Claude Bernard racontait, il y a quelque»
années, dans une leçon au Collège de France, qu'ayant mangé plusieurs omis durs,
après une abstinence d'aliments un peu prolongée, il fut surpris de trouver ensuite
ses urines albumineuses. H. Barreswill fut albuminurique pendant vingt-quatre
heures pour avoir avalé dix blancs d'oeufs. Ces expériences fortuites furent répétée»
intentionnellement par MM. Brown-Séquard et Tessier, ainsi que par Hammood,
avec des résultats analogues, à cela près qu'il fallut jusqu'à cini| ou six jours d'une
alimentation exclusivement albumineuse pour faire apparaître l'albumine dau>
l'urine : résistance bien naturelle de la part d'organismes sains et jouissant d*unc
certaine élasticité fonctionnelle. Les choses se passent ches les mammifères oocnuii'
dans l'espèce humaine. H. Jacœud avait échoué dans ses tentatives pour rendre df^
chiens albuminuriques ; mais Stokvis y a parfaitement réussi.
l/influencede l'alimentation est plus constante et, je puis dire, plus fatale, cim
les sujets en qui des troubles morbides tréent l'imminence de Talbumimirie, m
détemûnent déjà par eux-mêmes le passage de l'albumine dans la sécrétion uri-
naire.
Sur un malade qui vint me consulter en 1850, et que depuis loi*s je n'ai pas
perdu de vue, je remarquai pour la première fois la différence de pitiportion Hii
princi^ie ulbuniincux dans l'urine de la digestion comoarée à l'urine du fsang. A|w^
ALBUMINURIE. ii7
m'étre assuré à plusieurs reprises de la constance du phénomène et l'avoir vérifié
cbei plusieurs malades des hôpitaux, j'en fis part à la Société de biologie, le 6 août
1855, accompagnant ma communication des inductions pathologiques que le fait
m avait suggérées. CL'tte note inédite, corroborée par des observations nouvelles
recueillies dans mon service à Thôpital Beaujon, servit plus tard à mon excellent
disciple et ami M. le D< Luton,pour la confection de son travail {Études sur l'al-
buminurie^ etc).
Vers la même époque, Parkes, à Londres, observait de semblables variation», et
les soumettait également à une étude sérieuse. Travaillant à Tinsu Tun de l'autre,
nous arrivions ainsi, chacun de notre côté, aux mêmes résultats. Seulement, tandis
que rémittent clinicien anglais se bornait à l'observation des faits, j'eus l'idée
d'j joindre l'expérimentation. Faisant passer successivement les malades par un
régime exlusivement albumineux, puis exclusivement végétal ou bien composé, je
ffl*assurai de l'influence positive des principes protéiques ingérés sur la proportion
(le l'albumine urinaire, tellement que le maximum coïncidait avec le régime des
œul>, le mbiimum avec le régime des légumes, et la moyenne avec l'alimentation
mixte.
L'occasion s'est offerte bien souvent, sinon de refaire ces expériences, du moins
de répéter les observations qu'elles étaient destinées à compléter, et, presque tou-
jours, j'ai pu constater la même relation. Beaucoup de nos confrères nous ont dit
lavoir vérifiée après nous, et récemment Pavy a fait connaître des observations par-
faitement concordantes. Il demeure donc établi en règle générale, sauf de rares
exceptions sur lesquelles nous aurons à revenir, que l'urine des repas est plus char-
gée d*albumine que celle de la nuit.
La proportion, suivant mes observations, confirmées par celles de Pavy, s'élève
du simple au double, et même au triple, rarement au décuple, dans les urines de
la digestion.
Les médecins étrangers qui ont traité ce point de l'histoire de l'albuminurie ne se
sout occupés que de la maladie deBright. Mes propres recherches, au contraire, ont
porté sur les diverses sortes de leucomurie. Je me suis assuré que, à part les albumi-
nuries dues à une fluxion rénale, et les albuminuries transitoires, liées aux phleg-
nia&ies, toutes les autres obéissent à la règle précédente. Ainsi, la diurèse plus
copieuse du principe protéique, chez les sujets qu'on alimente, s'obsei^e aussi bien
dans les albuminuries goutteuse, consomptive, symptomatiques des affections car-
diaques, de la diathèse tuberculeuse, etc., que dans le diabète leucomurique
essentiel.
U ne suffisait pas d'avoir établi ces faits pour être en mesure d'attribuer à la
prédominance allHunineuse de l'urine des repas sa véritable signification. En effet,
cKte richesse en substance coagulable coïncide à |)eu prè^ invariablement avec une
diminution de la diurèse aqueuse; il était donc permis de se demander si les diffé-
renées observées ne dépendaient pas uniifuement de la quantité d'eau qui traverse
les rt*ins dans chacune des moitiés du nyctémère. A la vérité, il arrive quelquefois
que l'urine la plus chargée est en même temps la plus abondante : ce qui prouve
que, pour ces cas au moins, la subalbuminisatiofide l'urine du jeûne ne tient pas
à la plus grande dilution de l'albumine. Néanmoins, pour rendre la démonstration
générale» il était indispensable de déterminer comparativement les poids absolus
de l'albumine dans les deux espèces d'urine : de la digestion et du jeûne. Tel a été
le but d une seconde série de recherches commencées depuis huit ans, et dont je
^àt$ ctposcr la méthode et les résultats.
448
ALBUMINURIE.
Les eipériences ayant été faites à l'hôpital sur des malades qui déjeuneat à
10 heures du matin et dînent à 4 heures du soir, j*ai divisé la journée en deux
périodes égales, de douze heures chacune : Tune, de 10 heures du matin à
10 heures du soir, comprenant les repas et le temps de la digestion; Tautre, de
10 heures du soir à 10 heures du matin, correspondant à rabstinenoe de nourri-
ture. Les urines de chaque moitié du jour, ainsi partage^ étaient recueillies tout
entières dans un bocal étiqueté, afin d'éviter toute confusion. Les premières ara-
lyses sur lesquelles des notes m'ont été remises par M. le docteur S. Féréol ont été
faites par H. llouUier, interne en pharmacie dans mon service, en 1857. Voici oom*
ment il a procédé :
Les urines des deux périodes o:U été pesées séparément. Chacune d'elles, préa-
lablement acidulée au besoin, a été ensuite coagulée par Tébullition, puis jetée sur
un filtre taré. On s'est assuré que la liqueur filtrée et limpide ne se troublait plus
par l'acide nitrique. Le filtre, chargé du ooagulum, a été soumis à la dessiccation à
une douce température, puis pesé, et le poids total diminué de celui du papier
Joseph connu d'avance, a donné le poids exact de l'albumine. U est sous-entendu
que cette albumine n'était pas pure ; mais, pour la débarrasser du mucus, des pig-
ments et des matières organiques ou salines qui la souillaient, il aurait fallu ^c
livrer à des opérations longues et difficiles. D'ailleurs, au point de vue clinique,
une grande précision n'est pas de rigueur.
Le tableau ci-dessous, résumant six analyses, donnera une idée des dilféreric<>
oH'ertes parles urines de la nourriture et du saiig.
UKl.NES DE LA DIGfôTlON
URliNËS DU JEUNE.
PROroRTION POUR lOOOGft.
pniM
VOIDI
POIDI
roiDR
OlIStCft
rBi»tt
t»B l'oHIIIB.
lia l'albomir*.
D> l'UBIHB.
n lUlbcmub.
itQ ton.
»c LA «vrr.
Gr.
Gr.
Gr.
Gr.
Gr.
Gr.
!•' cas.
541
4
370
3,4
12
9,2
2« —
470
3,20
990
3
6,80
5,01
5» —
462
5,30
597,50
3,60
11.47
9
4« —
1668
2.38
2022
2,02
1,42
0,99
5- —
740
9
1500
4
«,i
2.0(>
C- —
870
0,478
674
0,057
0,55
0,05
La plupart de ces analyses se rapportent à la maladie de Bright ; la demièiY,
exécutée par M. Adam, pharmacien en chef de l'hôpital Beaujon, est relatiTc à un cas
de leucomurie compliquant une phthisie pulmonaire, fébrile, à marche rapide*.
Désormais, il ne saurait donc subsister aucun doute sur la réalité du passage d'iuic
quantité d'albumine absolument plus forte durant la période de digestion, surtout
à la suite d'une alimentation en majeure partie composée de substances albumi-
noïdes. Dans de telles conditions, on aurait mauvaise grâce à accuser la nature
hétérogène des principes absorbés, puisque ces principes, transformés d'abord en
peptone , ont parcouru ensuite tout le cycle fonctionnel et sont néoeasairemeDl
amenés au degré d'assimilation convenable pour servir à la réparation organicpie.
En revanche, il serait plausible de mettre en avant l'augmentation de la pressioR
vasculairc, et même une sorte de congestion rénale active, ainsi que la hao(£
faculté diosmotique des substances protéiques introduites par l'appareil digestif.
C'est le moment de dire toute notre pensée sur cette dernière cause prétendue àc
la sécrétion Icuconuuique.
ALBUMINURIE. 4^
La diflusibilité des piincipes albumiiioïdes ne suffit uuilenient, à notre avis,
pour rendre compte de leur passage dans l'urine, à moins d'admettre, c ontraire
ment à la vérité, qu'ils se présentent au rein sous forme d'albuminose, et qu'ib.
le tniTersent en cette qualité. En effet, quel que soit le degré de diffusibilité des
formes inooagulables dérivées de l'albumine et de la fibrine par le travail digestif,
le rein, à l'état normal, les retient non moins strictement que les substances types
dont elles proviennent, et je ne vois pas pourquoi, le tissu rénal demeurant intact,
elles s'échapperaient plus aisément dans les conditions morbides. Aucun fait
lucun raisonnement ne conduit a penser que cela soit. Hais si le pouvoir dialysablt;
n'est pas la cause efficiente de la sécrétion albumineuse, il contribue du moins,
une fois la fonction en activité, à favoriser l'eitravasation de l'albumine, jouant
ainsi dans la leucomurie le rôle de l'état dissous ou aplastique du sang dans la dia.
thèse hémorrhagique, ou mieux : celui de Tiodure de potassium augmentant le
débit du liquide qui s'écoule par un tube capillaire, dans les expériences instruc.
IJTes de M. Poiscuille. Quant à l'accroissement de la pression sanguine et à la
fluxion rénale, leur intervention est rendue invraisemblable par ces considéra-
tions, à savoir : que l'ingestion des boissons augmente la pression sanguine sans
influer pour cela sur l'albuminurie, et que la digestion de la viande, qui stimule
au moins aussi vivement que celle du blanc d'œuf l'activité sécrétoiro des glandes
et la circulatioil centrale, n'est cependant suivie que d'une médiocre poussée
d'albumine vers les reins.
Dérmtritimij résaiytian d'épanchemenis. Ce que donnent les substances pro-
téiques venues de l'extérieur, on le voit également se produire à la suite de la
digeitwn périphérique qui ramène dans la circulation les exsudais albumino-
fibrineux et les produits de la dénutrition des tissus. M. Bouillaud a signalé l'albu-
minurie pendant la résorption des épanchements pleurétiques. J'ai décrit une
albuminurie spéciale accompagnant la macilence musculaire dans ce que j'ai appelé
la paralygie amyotraphique consécutive aux maladies aiguës. De tels faits se mul-
tiplient et se généralisent à mesure qu'on observe mieux et davantage. Ici encore
la leucomurie s'explique naturellement par l'excès de substance protéique apporté
èins le torrent circulatoire. Il en est de même pour ces cas de destruction rapide
des globules sanguins, où se montrent l'albuminurie et une couleur rougeâtre
des urines, concurremment avec une teinte subictérique (ictère hémaphéique N.).
Nous pourrions dès n présent énumérer à la suite un grand nombre d'autres
circonstances morbides dans lesquelles l'albuminurie reconnaît la même condition
(liusale, amenée seulement par un mécanisme un peu diflérent; mais ces détails
titHiveront leur place dans une autre pailie de mon exposition de la doctrine de
Hivperleucomatie. Auparavant, il importe de reprendre certains faits, en appariMuc
<^tfadictoires, et de réduire à sa juste valeur l'objection qu'on ne manquerait pa»
dVn tirer. Cette discussion nous fournira d'ailleurs l'occasion de développer notre
pensée rt de Li dégager de la fommie un peu trop absohie qu'elle a dû revêtir
provisoirement.
Ml. État do sang cukz les albuminuriques. Cette opinion sur la condition
sénérale d'où dérive l'albuminurie cadre mal avec la croyance répandue touchant
l'abaissement dn chiffre de l'albumine du sérum chez les sujets leuoomuriques.
l^n pareil désaccord exige une explication.
Remarquons en premier lieu que les anal \ ses n'ont été pratiquées avec l 'inten-
tion formelle de fixer la proportion d*albumine, que dans un petit nombre des cou-
ditiolis variées ou l'albuminurie se montre. C'est toujours dans les maladies de
I»iCT. EAC. Il ^i1)
450 ALBUMINURIE.
Bright proprement dites, aiguës ou chroniques, qu'on a fait cette necherdie, cl
Ton ne s'est pas le nMHos du monde préoccupé de savoir si l'albuoiiiie était égalt^
ment diminuée dans ces cas eitrémement nombreux d'albuminurie temporaire,
accompagnant la plupart des maladies aiguës graves. Or, si Ton s'était a?isé d'éta-
blir cette contro*épreuve, on se serait aperçu que l'albumine augmente a\ec li
filn-ine dans le sang inflammatoire des pneumonies intenses par exemple, nialgn*
la filtration d'une proportion plus ou moins considérable de matière protéîque au
travera des reins. La légitimité de cette assimilation sera sans doute contestée, ri
Ton se bornera à afBrmer la diminution pom* les cas de maladie de Bright, c'esl-
a-dire de diabète leucomurique. Je n'accepte pas la distinction au |x>int de vue de
la phjsiopathologie » car il est évident que dans l'une et l'autre catégorie de (aiu
la déperdition d'albumine par les reins doit se solder par une spoliation du sérum
sanguin. Hais, sans insister pour le moment sur cette question, voyons s'il est Lieu
exact de formuler par un abaissement du chiffre de l'albumine l'altération du saiif^
dans les albuminuries de Bright.
Premièrement, l'accord entre les expérimentateurs n'est pas unanime, témoin
le proiesseur J. Vogel, qui dit avoir observé une albuminurie très-considérable,
laquelle, après une année entière, n'avait pas encore produit d'hypalbumiooâc
sanguine. Ensuite, les bits où l'hypoleucomatie a été signalée demandent à èiix
interprétés.
Établissons, par exemple, la discussion sur les analyses bien comiues de MN. Bec-
querel et Vernois, dont l'autorité scientifique est généralement acceptée. Dans uiie
série de six analyses, opérées sur le sang de cinq sujets affectés de diabète albii-
mineux aigu, nous voyons à la vérité les matériaux solides du sérum, représentés eii
majeure partie par l'albumine, descendre au chiffre de 65,55 pour 1000 gramme^
de sang, la normale^ d'après HH. Andral et Ga^ arrêt, étant de 70 p. 1000; mais >i
le sang n'est pas riche en albumine, il est plus pauvre encore en matière crw)-
rique cbez ces mêmes malades, puisque le chiUre des globules n'était que de
95,35 au lieu de 127 en moyeime. En faisant une règle de proportion, on voit que
l'albumine aurait dû tomber à 52,50 par kilogramme de sang ; elle était doin
d'un cinquième supérieure au chiflre des globules. Dès loi-s, il serait plus juste de
dire que l'hypoglobulie est la caractéristique de la maladie de Bright, ou, si l'oit
veut tenir compte en même temps de l'hypoleucomatie : que bi spanéniie (appau-
vrissement du sang) accompagne cette diathèse morbide conmie tant d'autres. ïài
conséquence, la diminution de l'albumine perd toute signification et ne saurait
être rationnellemeiit invoquée ni comme lésion caractéristique de la maladie de
Bright, ni comme condition prochaine des hydropisies qui se montrent dan:» le
cours de cette affection, autrement il faudrait retrouver ces mêmes symptômes au
même degré de fréquence et d'intensité dans toutes les cachexies aooompagnée>
d'une pareille disette de matériaux solides du sang, ce qui est en contradictitNi
avec l'observation la plus vulgaire.
Non content d'avoir prouvé que l'altération du sang des sujets atteint» de dialwi
leucomurif|uc, envisagée dans son ensemble, consiste en une vcritaUe spanéoùt .
je tiens à insister sur la prédominance relative de ralbumine comparée aui vi^
bules et sur l'excès absolu de fibrine révélé par la plupart des analyses.
Dans l'un des cas de maladie de Bright chix>niqUe, examiné par MM. Beequ^r^l
et Veniois, le chiffre des globules n'était que de 90,78^ celui des matériaux >olid<'>
du sérum restant à 63,22 ; dans une autre albuminurie aigué, le poids abeolo
(7 i ,27) des matéiiaux solides du sérum égahit presque celui (76,95) desglobide
*;
.ublminurik:. m
maib combien iie le dépussait-il pas, si l'on a égard aux diilli'es respectifs de ces
deux parties composantes du sang à Téiat physiologique! Cette disproportion prouve
b rupture de l'équilibre normal entre la production des corpuscules siiiiguins el
l'apport des matériaux albuminoldes. Un autre fait, emprunté aux mêmes expéri-
mentateursy rendra plus frappant enrere ce défaut d'harmonie fonctionnelle. Deux
!«ignées, successivement pratiquées chez le même sujet, donnent les résultats
consignés ci-dessous :
Première saignée. Globules, 112,08; matières solides du sénim, 63,9t2.
Deuxi^e saignée. — 95,37 ; — 60,95.
Il suiBt de comparer ces chiOi'es pour voir que les globules se détruisaient suiis
réparer leurs pertes, tandis que l'albumine maintenait presque invariablement sa
proportion malgré son passage incessant dans l'urine. La destruction des hématies
ans compensation suffisante peut seule en elTet expliquer ce déficit de plus d'un
sixième qui frappe le cruor; la spoliation due à la saignée précédente ne rendrait
pas compte de cet appauvrissement ; c'est ce qui ressort du calcul suivant : On
s»'accorde, pour évaluer appraximativement la masse totale du sang, à 12 kilogr. ;
^ de cette masse on soustrait 500 gr. au maximum par la saignée, soit la vingt-
quatrième partie (=56,4) des globules en circulation, et si nous admettons que
les 500 gr. enlevés soient remplacés instantanément par de l'eau, l'analyse donne-
rait abrs pour les ^bules ce nouveau résultat : 1 1 2 ,08 — 4,67 (^j = 1 07,41 .
Cependant ce ehifTpe tombait réellement à 93,37, par conséquent il faut bien ad-
mettre que les globules absents ont disparu par le fait de la supériorité du mouve-
ment de dénutrition sur celui de composition ; la matière albuminoïde résultant
de cette dénutrition est même l'une des sources possibles de la sécrétion albu-
iiiineuse.
Quant à l'albumine sa proportion, après la saignée et la substitution d'une
quantité d'eau égale à celle du sang enlevée, eât été de 63,02 — S,66=:6I, 26,
diiiïre peu différent de celui qui figure dans les résultats de la seconde analyse et
qui, placé en regard de la déperdition considérable de l'albumine s'effectuant en
lareiUe circonstance par la sécrétion rénale, démontre jusqu'à l'évidence la
richesse excessive des sources d'albumine ches les sujets affectés de diabète leuco-
murique.
Jusqu'ici j'ai supposé que la diminution des matériaux solides du sang, en
^fHaxd à l'eau du sérum, témoignait d'un abaissement réel du poids de ces prin-
cipes dans la masse sanguine ; mais l'hypothèse inverse pourrait être soutenue en
thèse générale et se vérifie au moins en quelques cas. Les travaux de MM. Bouillaud,
Beau, Potain, etc., établissent que la chlorose n'est souvent qu'une pléthore
aqueuse. La même vue s'applique à l'état du sang chez les albuminuriques»
notamment chez les femmes grosses, reconnues hydrémiques par tous les accou-
cheurs depuis les remarques de Cazeaux. Dans ces conditions, malgré l'amoindris^
cernent de toutes les substances organiques relativement k la quantité d'eau dans
»n poids déterminé du liquide sanguin, il se peut que la quantité absolue d'un
m de plusieurs de ces principes soit réellement accrue et qu'elle exerce en consé-
quence son action physiologique sur les diverses fonctions, spécialement sur la
sécrétion rénale. Reprenant le chiffre de 12 kil. de sang en circulation chez un
adulte, je dirai que si les 1500 gr. de globules, associés aux 840 gr. d'albmninc
(taux 30 gr. de fibrine, au lieu d'être délayés dans environ 10 kil. d'eau, sont
étendus dans une quantité plus forte d'un sixième seulement, il en résulte une
infériorité relatite des principes solides, comparable à celle que l'analyse a démon-
m ALBUMINUKIE.
trée dans le sang des femmes enceintes affectées d'albuminurie. Si raccraissemait
de la masse d*eau était un peu plus considérable encore, la quantité absolue de
Talbumine pourrait être sensiblement élevée sans altérer le sens du rapport pro-
|)orlionnel observé, et pourtant alors l'excès du principe protéique serait tout aussi
réel que dans les cas où cet excès ressort directement des chiffres obtenus par
l'analyse d'une fraction de la masse sanguine, extraite par la saignée. Or, le plus
souvent on ne s'est pas enquis de cette exubérance du principe aqueux, difficile
ù prouver, j'en conviens, mais néanmoins présumable, d'après certains indices, et
dont la réalité nie semble admissible au moins pour une catégorie de faits.
En défuiitivc, si le patliologiste se borne à considérer les rapports qui existent,
dans le diabète leucomurique, entre le poids de l'eau du sang et celui de ses maté-
riaux solides, il doit leconnaitre que toutes les substances organiques fondamen-
tales sont simultanément amoindries, et que l'altération se résume par les mots
anémie, spanémie ou bydrémie, exprimant l'appauvrissement absolu ou relatif du
fluide sanguin : c'est-à-dire, soit la diminution réelle de la masse de ses maté-
riaux solides, ou bien la dilution aqueuse de ces mêmes principes. Hais cette pre-
mière constatation ne lui est pour ainsi dire d'aucune utilité au point de vue df
h théorie de l'affection, car l'anémie est le fond commun de toutes les cachexies,
tandis que l'albuminurie n'appartient en propre qu'à une seule de ces diathèses
morbides. Pour saisir, dans les conditions de l'hématopoîèse, la cause de l'aibiimi-
nurie, le médecin doit considérer non plus les proportions relatives de l'eau et de^
principes organiques, mais bien les rapports de ces derniers comparés entre eux.
Or, en établissant cette comparaison, il- trouvera, en règle générale, une prédooii-
nance marquée, parfois très-considérable, de l'albumine relativement aux globules,
prépondérance qui serait augmentée encore par l'adjonction de l'autre matière pro-
téique, la fibrine, dont le chiffre s'élève souvent d'une manière absolue dans la
maladie de Bright. Hais l'analyse du sang ne donnerait encore quune faible idée
de la puissante tendance des principes protéiques à prédominer dans réconomie, si
l'on ne mettait en regard les pertes énormes auxquelles le sérum doit pourvoir,
lorsque la sécrétion urinaire entraîne sans relâche de fortes proportions d'albu*
mine.
Tout porte à croire que si l'issue ouverte à l'albumine du côté des reins venait a
se fermer, le sang ne tarderait pas à contenir une masse pondérale trop forte de
ce principe immédiat ; mais, grâce à cette dérivation, la surcharge n'ayant pas lieu,
on est en droit de nous demander s'il est logique d'attribuer à une simple pré-
pondérance relative les mêmes effets qu'à l'exubérance absolue des matières albu-
minoides, et s'il ne serait pas au contraire plus naturel que l'albuminurie, née
sous l'empire d'un excès absolu, se suspendit jusqu'au retour de cette même con-
dition, de telle soite que le phénomène offrit une allure intermittente. Deux raisons
pour une expliquent la filtration continue de l'albumine : la première, c'est que le
rein surexcité ne rentre pas dans la normale dès la cessation de la cause irritante;
la seconde, c'est que l'excès relatif de l'albumine du sang suflit à entretenir Talbu-
minurie par un mécanisme que nous allons indiquer. Hais pour bien laire com-
prendre nos idées sur ce point délicat, il est indispensable de jeter un coup d'œil
sur le rôle plastique et respiratoire des aliments protéiques.
VllI. Évolution de l'albumine dans l'écomomie. Pom* procéder méthodique-
ment, nous étudierons l'albumine dans ses sources, ses usages et ses transfir-
mations régressives.
L'animal ne sait pas, comme la plante, faire la synihcsc des subsUuocs piotci-
ALBUMINURIE 453
(|ues; il les prend toutes dites dans les tissus d outres csp^es zoologiques ou bota-
niques. A bien dire, il n'y a donc qu'une source pour les principes albuminoïdes du
sang: ce sont les aliments czotés tirés du règne organique. Toutefois, Téconomie
^oomiseau double mouvement d'assimilation et de désassimilation puise incessam*
neot en elle-même, pour les réintégrer dans la circulation, des substances prove<
nant de la dénutrition des tissus, et trouve dans ses propres organes une sorte de
résenre de matières albuminoïdes aux dépens de laquelle elle s'approvisionne quel*
cpielbis exclusivement. Que le courant de la source initiale soit très-abondant, ou
que la réserve soit reprise par une absorption trap active, la conséquence, dans les
deux cas, sera la superalbnminose sanguine absolue, et l'albuminurie, pourvu que
les circonstances soient d'ailleurs favorables. C'est ce que nous avons déjft vu pré-
cédemment.
Mais on conçoit que si la quantité d'albumine en circulation reste normale tandis
que ses usages se restreignent, il y aura également excès du principe protéique, dont
Huc portion, devenue inutile, pourra être éliminée par les émonctoires habituels.
—Passons donc en revue les divers usages de l'albumine, et voyons si les anomalies
fonctionnelles qui s'opposent à sa mise en œuvre ou à sa destruction ultérieure
Miotde celles qui, conformément aux prévisions de la théorie, rendent les urines
albumioeuses. . .
Après avoir acquis dans l'estomac un état allotropique, sous lequel elle prend le
nom de peptone, l'albumine passe dans la veine porte et gagne le foie, ou elle s'ar-
rête en partie pour donner naissance par son dédoublement à la matière glycogène.
Le reste parvient an centre circulatoire, traverse les poumons et se distribue par le
s^istème artériel dans tous les organes de l'économie à la répai*ation desquels l'albu-
mine est chargée de pourvoir. Après s'être fixée momentanément et solidifiée sous
forme de cellule épithéliale, de fibre conjonctive ou de syntonine, elle se (dégage
(le nouveau, et, soit qu'elle repasse à l'état de matière albuminoide, par un travail
analogue à celui de la digestion, soit que, profondément altérée, elle s'engage dans
la série des composés à molécules plus simples se rapprocliant des combinaisons
inorganiques, elle reste finalement dans la circulation pour y subir ses dernières
métamorphoses, se brûler et s'éliminer ensuite, ou peut-être pour s'y révivifier et
parcourir encore le cercle de ses évolutions.
Ainsi l'albumine, aliment plastique par excellence, founiit aussi directement ou
[ur voie de catalyse isomériqtie (Robin et Verdeil) des matériaux à la combustion
respiratoire. Tels sont ses deux usages principaux. On lui en connaît deux autivs
secondaires, qui consistent à communiquer au sérum du sang et aux sécrétions
«Creuses des qimlités spéciales, et à former avec les substances étrangères intro*
(luîtes dans l'économie des albiuuinates où les propriétés nuisibles de ces substances
^ trouvent masquées et neutralisées. C'est à l'albumine surtout que le i^nim snn-
^in doit sa densité, sa viscosité et sa faible puissance diosmotique. Ceci posé, il va
devenir facile de saisir les diverses influences qui peuvent rendre excessive uno dose
moyenne d'albumine dans le sang.
Si 840 grammes d'albumine répondent à tous les besoins de l'économie normale,
on comprend qu'une partie de cette masse deviendra superflue par suite du ralen-
tissement ou de la suspension d'une des fonctions qu'elle alimente. Que la produc-
tion des hématies ou la nutrition des tissus s'arrête, voilà une proportion consi-
déraUe d'allHimine sans emploi. Que la respiration soit entravée par un obstacle
quelconque ou que le foie, frappé d'inertie, cesse de former la matière glycogène ;
aussitôt l'albumine inattaquée suichiirgera le lluido sanguin. A plus forte raison
454 ALBUMINURIE.
l'excès $e produira-t-il si les doux causes se réuninent chez le même sujet, et, t^
lors, ralbuminurie ne peut manquer d'apparaître.
Le phénomène se montre aussi bien quand cesse le mouvement de oomposîtion
organique, ovec conservation de la désassimilation normale, que dans le ras de
dénutrition exagérée ; il accompagne Vagénégie des globules sanguins, de même
que leur colliquation rapide. En un mot, on peut adopter une albuminurie ijfêtro-
phique comme une albuminurie consomptive.
Les travaux de M. Edouard Robin, préparés par ceux du docteur Proutet de
MM. Dumas et Licbig, ont mis en lumière Tinfluence des troubles de l'hémalofie nir
la leucomurie. Tandis que chez les animaux supérieure Talbumine, brûlée dans
les capillaires, passe dans l'urine sous forme d'acide urique et d'orée, les animaux
à sang froid, tels que les batraciens, ont l'urine normalement albumineuse, parre
que chez ceuiKi la combustion respiratoire est insuffisante ]i0Kr oxyder oomplélp-
ment les substances protéiques.
L'état albumincux de la sécrétion urinaire dans toutes les maladies dyspnéiqu»
reconnaîtrait, d'après H. Éd. Robin, la même origine. Les phénomènes sont asan
rénient plus complexes que ne le croit l'ingénieux chîmaie ; mais il n*en est pa<
moins vrai que le défaut d'aotîoii de Koxfgène sur la aa^g «t l'iuie des condition^
principales de l'exsudation dhunûoeuite, en sorte qu'il existe une albuminurie
anoxémique.
Le sérum du sang doit priacifi^lement son défaut de diflusibilité k la pré^enre
de l'albumine. Cependant l'influence de celle-ci est aidée, et peut être suppléer»
partiellement, par les sels et surtout par le chlorure de sodium. Hais, suivant
Schmidt, il ne faut pas. moins de huit parties du chlorure alcalin pour remplacer
une partie d'albumine, ce qui ne permet guère d'admettre que l'absorption du se)
marin, même en grande quantité, puisse jamais rendre disponible une dose asscs
forte d'albumine pour qu'il en résulte une imminence d'albuminurie. La >uppr»-
sion des sels neutres, et notamment du chlorure de sodium, aurait une influence
plus marquée sur la production de l'albuminurie d'après Wundt et Hartner, en ce
sens que, diminuant la densité du sang' et favorisant l'exosmose globulaire, elle
augmente aux dépens des globules sanguins les principes albuminoides en rir*
^ulation.
L'action défectueuse ou absente du foie prend Ime part bien autrement impor-
tante ft la production de ce phénomène morbide. C'est dans la glande hépatique,
on le sait, que se forment successivement la matière glyoogène et la giyoose ani-
male. Or, ces aliments de la combustion respiratoire prennent naissance aux dépens
du sang de la veine porte et des peptones alimentaires. D*où il suit que le ibie
détourne à son profit une notable portion de cette substance complexe et ne hi fm-
titue k l'économie qu'après l'avoir métamorpliosée. Hais ce n'est pas tout : le Aiie
pourrait bien avoir la propriété d'incarcérer provisoirement la majeure partie d»
principes albumineux des aliments. Les animaux en effet ne mangent pas tout le
long du jour : ils font des repas et prennent dans un court es]iace de temps de quoi
suffire pour plusieurs heures aux beM>ins de l'hématose et de la nutrition. I>^
matières albuminoides se trouveraient donc toujours en excès immédiatement api^
chaque repas, si le foie ne les an;^it au passage et ne les jetait dansia grande cir*
culation petit à petit, et poivr ainsi dire avec ménagement. Cela étant, soppn^'
que le foie, privé acTidentellenient de cette fiiculté de condensation, se laive Kbiv-
ment traverser par les peptones provenant de la digestion, il y aura encore rtn*^
momentané d'nihnmine dans le sang et tendance aibu min urique.
ALBUMINURIE. 455
Cm vues inductives soiit d'ailleors confirmées par rexpérimentation.
M. le professeur Claude Bernard a prouTé qu'une quantité déterminée d'une
même substance altmmineuse, injectée tantdt dans le système veineux général,
tantôt dans une portion du système vasculaire aboutissant au foie, donne, toutes
choses égales, des résultats positifs dans le premier cas, quelquefois négatifs dans
\o. second. Cette dilTérence s'explique soit parce que le foie assimile davantage et
rend immédiatement utilisables les principes azotés venus de l'extérieur, soit parce
qa'il en transforme aussitôt une partie, soit enfin paroe qu'il en arrête au passage
et retient dans son tissu la portion qui excède momentanément les besoins. L'ex*
périenœ contradictoire de Pavy, rapportée plus haut, ne prouve rien contre ce
résultat, car, bien qu'elle semble avoir une valeur positive, puisque l'albuminurie
>esi montrée pende temps après l'injection de quelques grammes d'albumine dans
im affluent de la veine porte , cependant elle n'a réellement qu'un caractère négatif
i\\ point de vue de la fonction modificatrice du foie.
Si les choses se sont passées alors comme elles se passent quand le foie n'est pas
interposé entre le lieu d'introduction et l'appareil uropoîétiquc, c'est que la quan-
tité de matières protéiques, soumise instantanément à l'action du foie, était tivp
lortt*, ou bien que la glande hépatique était momentanément privée de ses facultés
rétmtriceset assimibtrices ordinaires.
1^ seule conclusion légitime à tirer de Texpérience de notre distingué confrèi*e
de Londres, c'est la possibilité, dans les conditions anormales, de déterminer l'al-
buminurie même quand le foie, comme c'est toujours le cas pour l'alimentation
albumineuse, est placé sur la route des principes azotés quaternaires. Par là se
trouve démontrée la vraisemblance de l'albuminurie ab kepate IsMO,
Dans ces différents cas, la masse de l'albumine n'a pas augmenté, sa proportion
âeule s'est accrue, non seulement eu égard aux dépenses à effectuer, mais aussi par
rapport aux globules, dont le chiffre a pu rester constant, puisque rien n'en moti-
vait les variations. Ainsi que je l'annonçais au début de ce chapitre, l'excès relatif
de« substances protéiques dans le sang peut dokic exciter la sécrétion d'albumine
par les reins, au môme titre que le (ait Texcès absohi de ces mômes principes,
fiien plus, tindis que l'excès relatif d'albumine suffit dans nombre de cas à déter-
miner l'albuminurie, on voit assez souvent, d*un autre côté, l'absence de cette
exhalation anormale coïncider avec l'excès absolu de la substance albuminoïde,
lorsque celui-ci se joint à la richesse globulaire du sang chez les sujets pléthoriques.
Itans cette condition spéciale de la santé, l'abondance des principes protéiques
répond k une activité fonctionnelle exaltée et s'harmonise avec les exigences nu-
tritives, plastiques et respiratoires, d'une organisation exceptionnellement éner-
pque.
Il résulte de ces considérations que la superalbuminose sanguine relative est au
lond la seule dont l'influence se fasse sentir sur la production de ralbuminurie.
Nais, pour demeurer vrai, l'énoncé de cette proposition doit être plus explicite :
il ea indispensable en effet d'exprimer la condition organique par rapport à la-
quelle l'albumine se trouve en excès. En conséquence, je dirai : Valbuminurie
reamnaît pour cause déterminante, habituelle, Vexcèi de Valbumine du sang
relativement aux globules et relativement aux dépendes de t économie en ma-
ti^es protéiques.
Cette formule s'applique également bien aux cas où le chiffre de l'albumine est
inffrieur, et à ceux où il est égal et môme supérieur à la moyenne normale. Après
itb. je crois superflu d'insister pour établir que les effets seront nécessairement
i:,G ALBUMINURIE.
proportionnels a la grandeur de la cause paihogénique ; c'est-à-dire que si ralfau-
mine, en excès à la fois par rapport aux autres matériaux solides du sang et par
rapport à Tactivité organique du sujet, se trouve en môme temps absolument plus
abondanteque dans le sang physiologique, lalbuminurie n'en sera que plus copieuse
et plus inévitable.
IX. Rôle du rein. Ainsi se trouve définie et précisée cette dyscnisie problé-
matique, au compte de laquelle les adversaires de la néphrite albumineuse avaient
inscrit le symptôme essentiel de la maladie de Bright. L'albumine absolument ex-
cessive , ou relativement superflue , voila"), je le répète, la cause constilutionneUc,
déterminante du diabète leucomurique et de la plupart des albuminuries. Gell«
doctrine est la contre-partie exacte de lopinion naguère accréditée. Est-ce à dire
que la le^^ion rénale n*ait jamais à remplir qu un rôle subalterne dans la produc-
tion de Talbuminurie, et les termes du problème, tel que nous rétablissons, ne
|ieuvent-ils jamais se renverser de manière à donner exceptionnellemeot satisfac-
tion aux idées régnantes? Autrement dit, dans le circuit organique qui débute
h la muqueuse digestive pour finir au rein , la déviation fonctionnelle ne poumil-
olle jamais conunencer par ce dernier, pour se répercuter de là dans la série des
organes étroitement concaténés que parcourt la molécule protâque? C'est ce quo
nous allons examiner. .
Quelques personnes considèrent le i^ôledu rein comme absolument passif dam la
production de l'albuminurie. Telle n'est pas ma pensée. Ces glandes ne sont pas
des filtres inertes qui, en vertu d'un mécanisme imaginé déjà par Érasistrale,
laisseraient leurs pores s'agrandir plus ou moins pour livrer passage tantôt aux seuls
matériaux de l'urine normale, tantôt en outre à l'albumine du sérum. Pour sécréter
l'urine elles exécutent un véritable travail, et ce travail se modifie sdon les cti
constances physiologiques ou morbides, ce qui suppose des modalités correspon-
dantes dans l'état organique. Les belles expériences de M. Claude Bernard nous
ont appris TinOuence des nerfs vaso-moteurs sur la sécrétion salivaLre par l'inter-
médiaire de la circulation capillaire des glandes. Tous les organes en fonction s'in-
jectent et rougissent de même, et leur fluxion est d'autant (dus intense que leur
activité sécrétoire est plus grande. Hais l'effort ne se mesure pas seulement à la quaii*
tité du produit; il grandit ou se rapetisse selon la nature des substances à éliminer.
Il redouble, par exemple, pour donner issue à l'albumine du sérum, lorsque cdleci
ne fait pas naturellement jiartie intégrante de la sécrétion. Cela est si viai que k
caractère coagulaUe, accidentellement acquis par un liquide oiiganique» impliqua
à nos yeux un certain degi^ de phlogose, de même que la présence de la fibrin*
dénote une inflammation confirmée. Le rein n'échappe pas à cette règle de patho-
logie générale. Sans doute l'albuminerie est rendue imminente par l'Iiypeitrasie
albumineusc absolue ou relative ; mais l'albumine resterait indéfiniment emprison-
née dans les canaux circulatoires, si le rein ne se modifiait de manière à se laissir
traverser par la substance protéique, c'est-à-dire s'il ne devenait le siège d'uor
congestion active et de certaines altérations parenchymateuses, fugaces, qui sont la
condition instrumentale du phénomène.
Les résultats négatifs des expériences tentées par M. Jaccoud sur de j«iim*^
chiens qu'il a nourris exclusivement de blancs d'œufs pendant quatre semaines H
dans les veines desquels il a directement injecté une solution aihuminwisf. «o»
obtenir vestige d'albumine dans les urines, sont très-instructives et pariaiteoiMt
démonstratives à cet égard. L'excès d'albumine dans le sang ne suffit pa à déter-
miner l'alliuminurie, il faut que le rein s'en mêle.
ALBIJUINURIË. 457
Voitt pourquoi tous ceux qut se nourrissent d'œufe ne deviennent pas nécessai-
rement aUwniimiriques. Chez la plupart des hommes Texoèsde Talbumine introduit
dans la circulation s emmagasine pour se dépenser peu à peu dans les actes nutri-
tif et respiratoires; chez quelques-uns seulement le superflu est aussitôt rejeté
par les urines ; mais cette facilité de la part des reins à laisser filtrer Talbumine
est, selon moi, la preuve d'une prédisposition aux affections congestives et inflam-
matoires de ces organes.
Quoi qu'il en soit, le fait du passage de Talbumine dans les urines suppose tou-
jours actuellement une exaltation fonctionnelle et nutritive des glandes uropoîéti-
ijues. Cette manière de voir, fondée sur des raisons analogiques d'une valeur incon-
tfstaUe et s'adaptant à merveille aux faits cliniques, est mise hors de doute pr
Inobservation anatomique aidée du microscope.
Amlomie pathologique. Il suffit de jeter un coup d'œil sur l'ensemble des
ranictères offerts par les mines albnmineuses, particulièrement dans les formes
ftigués de la maladie de Briglit,pour en tirer cette induction : que la fluxion active
des reins, allant parfois jusqu'à la rupture vasculaire, est la condition prochaine de
cette modification de la sécrétion urinaire.
Leuunen direct des organes confirme pleinement cette opinion. Hyperémie,
modifications phl^masiques des éléments histologiques et ramollissement de la
sobstance rénale, exsudats plastiques, tissu connectif embryonnaire; par conséquent
hjperplasie, et plus tard organisaticm partielle et rétraction des éléments fusi-
iormes ; puis transformation des éléments qui ont prématurément accompli leur
destinée, déformation et atrophie des glandes uropoîcliques : voilà autant de preuves
en faveur de la réalité de ce procès inflammatoire dont l'état alhumineux de la
sécrétion, joint à la présence du sang et des produits altérés d'une desquamation
t^pithéliale plus active, avait fait concevoir la nécessité.
Dans les premiers cas observés par Bright et ses successeurs, les altérations
rénales étaient assez avancées pour masquer la fluxion active et revêtir la foi*mc
d'une lésion spécifique ; mais des recherches ultérieures, exécutées à propos d'al-
buminuries moins anciennes, ont fait découvrir les premiers degrés de ces modifi-
cations anatomiques qui accompagnent le passage de l'albumine dans les urines.
En pareille circonstance, on trouve les reins plus gros et plus lourds qu'à l'état
normal ; leur poids peut être double du poids moyen, qui est de i35 grammes, lin
substance corticale est plus rouge, ses capillaires sont plus développés et laissent
sourdre plus de sang à la coupe. Il en est à peu près de même pour la substance
toboleuse. La capsule et le tissu cellulaire ambiant participent plus ou moins à
cette vascularisation. D'ailleurs, tantôt cette enveloppe fibreuse se sépare facilement
de h surface de l'organe ; tantôt, au contraire, on ne peut l'en détacher sans qu'elle
n'entrùne çà et là une petite couche de tissu sécréteur, demeurée adhérente, ce
qui indique un degré déjà marqué d'altération due au travail de phlogose (ramol-
lisftenient inflammatoire de Lallemand). Le microscope permet de constater l'agran-
dissement du calibre des derniers capillaires sanguins, et la présence dans les tubuli
àes produits de la desquamation épithéliale avec ces cylindres de substance protéiquc,
signalés plus liant dans les sédiments de l'urine. 11 fait voir en outre les cellules,
en place dans les corpuscules de Malpighi et les tube^ uriniferes, tuméfiées, granu-
leuses, opacifiées et ramollies, ainsi que cela se passe dans les tissus atteints de
phlegmasie parenchymateuse. Enfin il démontre, au milieu de la trame ancienne
du tisBU rénal, des éléments de nouvelle formation appartenant nu système du tissu
«iNijonctif, et dans les parties similaires de l'organe une hyperplasi'» manifestée par
458 ALBUMINURIE.
la multiplicalion de Iciirs éléments histotogiques, dont les nouveaux venus, arrités
partiellement à leur développement complet, sont pour (a plupart en voie de for-
mation.
Hais de ces deux ordres de lésions, les changements de canalisation sanguine
et les altérations de tissus, le dernier se rencontre souvent seul, soit pan» que te
retrait vasculaire posi martem a effacé toute trace d*hyperémie, soit [larce qu'en
réalité la turgescence des capillaires et lu fluxion sanguine n'existaient plus â la
période où le malade a succombé. Dira-t-on que l'inflammation était absente et que
ces cas démontrent le peu de fondement de l'opinion qui accorde aux reins un r5le
essentiel dans la production de l'albuminurie? Ce serait s'abuser étrangement. L'in*
flammation, considérée dans ses phénomènes les plus caractéristiques et dans son
expression la plus complète, est constituée non parla dilatation du réseau cainlbire
et par l'abondance du sang qui gonfle les organes, mais bien par les modifications
plus intimes de structure et de fonctionnement des éléments morphologiques de la
région. Les organes dépourvus de vaisseaux (cartilages, cornée transparente) s'en-
flamment aussi bien que les autres ; seulement les actes phlegmasiqoes s'exécutent
en eux sur une moindre échelle par suite du manque de matériaux, soit pour b
combustion, soit pour l'exsudation et l'hyperplasie. Les vaisseaux, comme je Tni
dit ailleurs, ne sont que des chemins d^ fer pour approvisionner plus largement Us
loyers inflammatoires ; ils rendent le travail phlegmasique plus productif, mais ik
n'en sont psis les instruments véritables. L'union de la fluxion sanguine avec les
désordres parenchymateux constitue assurément la forme la plus exquise de l'infiani'
juation, mais leur dissociation peut avoir lieu sans que le travail morbide qui se
caractérise par une exaltation nutritive et plastique et qui prélude par un renou-
vellement plus rapide des éléments histologiques et un ramollissement de leur
substance à la fonte purulente, à l'ulcération ou bien à des formations nouvellis,
ait cessé pour cela d'avoir le cachet inflammatoire.
D'ordinaire l'irritation produite dans un point de l'économie excite d'abord une
congestion sanguine foit active et dont l'inteasité surpasse de beaucoup celle des
troubles nutritifs ; mais bientôt cette boufiée se calme, quoique les désordres paren-
chymateux continuent, s'exaspèrent et s'étendent. Voyexce qui se passe à U suite
de l'introduction d'un petit corps étiiuiger dans la cornée. La conjonctive et la
sclérotique s'injectent à la fois et de toutes parts, l'œil rougit violemment, puis la
révolte s'apaise; un triangle vasculaire, dont le sommet aboutit au point de U
circonférence cornéale le plus rapproché de la blessure, révèle seul que là re»te
répine inflammatoire. Cependant la kératite subsiste et se dévdoppe ; la oorntV
s'épaissit, se ramollit et s'ulcère.
La plilogose rénale, k la faveur de laquelle l'albumine peut s'épancher dans les
tubuli, est sujette aux mêmes transformations. Au début, la fluxion l'emporte mt
les désordres parenchymateux; dans la période d'état, elle marche de pair avec
eux ; ensuite elle s'évanouit, laissant ces derniers poursuivre indéfiniment leur»
progrès, dans les cas où l'issue doit être funeste. Voilà pourquoi, dans la période
avancée de la maladie de Bright, les nécropsies ne nous montrent plus la cm^
tion vasculaire, je ne dis pas générale, mais même limitée aux portions de tÎMi
rénal les moins altérées. Néanmoins, l'exaltation nutritive, plastique et sécréloin*
persiste, ainsi que le démontrent l'cxfolialiou rapide de l'épithélium et l'eUuLh
lion d'un liquide albumineux, analogue à l'éxsudat inflammatoire.
Puisqu'il laut de toute nécessité une hyperéinie active et des phénomènes d'ev-
4'itatiou nutritive des reins pour obtenir la transsudation de rallNunine, il est lout
ALBUMINURIE. 459
natordqoeflOtts finOoence de circonstances adjuvantes, telles que le froid et la
tendance oongesiive créée par les fièvres, ces phénomènes fonctionnels dépassent
la mesure et s*élèvenl jusqu'au degré de la phlegmasie proprement dite. Il n'est
pis rare en effet que les choses se passent ainsi, et dans ce cas Talbumine versée
dans la sécrétion urinaire n'exprime plus simplement l'excédant à éliminer de la
masse sanguine ; elle est en raison composée de cette dyscrasie et de l'intensité
du travail inOanunatoire, constituant ce qu'il conviendrait d'appeler une néphrite
dbumineuse secondaire.
U lésion rénale acquiert donc en certaines circonstances une valeur considé-
nhk dans l'étiologie de l'albuminurie. Ce n'est pas tout. Il est permis de se de-
mander jusqu'à quel point une suractivité fonctionnelle des reins ne pourrait pas
être quelquefois le phénomène initial dont tous les autres dépendent. Le mécanisme
dera(fection ne serait pasdiflicile à comprendre. Les reins, primitivement irrités,
dépouilleraient à chaque instant le sang d'une partie de son albumine. Le déficit
^^rait impossible à combler par l'alimentation et par la dénutrition. Il en résulte-
rail directement l'hypoleucomatie, et indirectement, par insuifisance des éléments
protéiques, l'appauvrissement de la constitution, la macilence, la chloro-anémie et,
à la longue, un état cachectique avancé. Hais, remarquons-le bien, cette néphrite
ttOmmineuse piimUive (endonéphrite exsuiative de M. Bouillaud) ne serait pas
relie autour de laquelle les auteurs ont fait pivoter toute la maladie de Bright.
Loin de produire par elle-même l'ensemble symptomatique qui caractérise cette
espèce nosologique, elle déterminerait plutôt une sorte de plithisie, ou de con-
•^omption analogue à l'épuisement qui résulte des suppurations abondantes, con-
sécutives aux vastes brûlures. Bien que l'observation ne se soit pas encore pronon-
rresur la réalité des faits de ce genre, j'incline pourtant à en admettre l'existence.
A côté de la phéthore albumineuse, suivie de diabète leucomurique, nous aurions
|or conséquent une sorte d'incontinence d'albumine due à la fluxion rénale et ,
«tmime dans lapoljdipsie comparée à la polyurie, le rein serait tantôt l'aboutis-
»nt, tantôt le point de départ des phénomènes morbides.
Nais si l'observation ne s'est pas encore prononcée formellement en faveur de la
fluxion rénale avec exsudation albiunineuse, comme entité morbide distincte, il
est du moins indubitable que l'activité des organes sécréteurs de l'iu-ine n'est pis
toujours exactement proportionnelle h la masse d'albumine qu'il s'agit de rejeter
au dehors. Stokvis, ayant injecté dans les veines la solution d'un poids déterminé
de blanc d*(Buf, a constaté que l'albuminurie dure plusieurs jours et que la quan-
tité d'albumine éliminée dépasse de beaucoup celle qui a été introduite dam la cir-
culation, ce qui ne s'explique bien que par une modalité durable dos reins. Une
foi» xortie de ses limites normales pai* l'excitation d'un stimulant insolite, cette
activité fonctionnelle, dépassant le but et se prolongeant ainsi que Thyperémie,
peut survivre à sn cause.
Le rein entretient alors l'albuminurie pour son propre compte. Et, lors même
que la siiperalbumtnose sanguine persiste avec ses conditions diathésiques, le tm-
^^1 exagéré du rein jette souvent dans l'urine un surcroit d'albumine : en sorte
<|ne la proportion de ce principe dans le liquide urinaire est loin d'exprimer tou-
jours l'excédant h éliminer. Ce rapport exact n'existe guère que dans les formes
lentes et atténuées de la maladie de Bright, dont les premièreà périodes, à I ét^it
Utenl, se confondent avec la chloro-anémie pnre et simple et passent inaperçues.
Mais lootes les fois, au contraire, que le (Ichut de rafrt^ctton est brusque, son
«llwre préripitéo et sa forme tant soit peu violente, l'irritation n»nale poussée
460 ALBUMINURIE.
jusqu'à Ja plilogosc sépare beaucoup plus de principes proléiques qiie ne l'nijre
la surcharge albumiaeuse du sang. On conçoit d'apiès cela que si celle byprr*
crinie se prolonge, le sérum dépouillé de sou albumine n'en préseotera pins â
l'analyse qu'une proportion inférieure, non-seulement par rapport au chiffre nor-
mal, mais même eu égard à la masse des globules. Seulement celte diminution
absolue de la quantité d'albumine dans le sang n'est qu'une oonséquence, un
accident de la maladie primitive ; il faut se garder de la prendre pour la cause on
la condition essentielle et nécessaire. Les partisans exclusifs de h néphrite ne sont
ps plus autorisés à s'en servir en faveur de rantériorilé absolue de la lésion que.
d'accord en cela avec leurs adversaires quand même, ils n'ont le droit de lui attri-
buer les hydropisies multiples et d'autres phénomènes généraux de h maladie d<>
Bright.
Au reste il n'est pas rare de voir dans le cours d'une même affection se siiooéder
les deux espèces d'albuminurie que nous décrivons ici. Tantôt la scène s'ouvre pr
la superalbuminose sanguine et l'issue de l'excédant d'albumine, pour se fenn^r
par l'endonéphrite exsudative ; tantôt c'est l'inverse qui a lieu. Souvent encore b
dyscrasie sanguine et la fluxion, ou même la pblegmasie rétiale, se produisent s|b
fois, et indépendamment l'une de l'autre, sous l'influence d'une même cause, telle
qu'un refroidissement. Maintenant, pour ce qui est de l'intensité relative desdein
ordres de lésions, celles du sang et de l'organe sécréteur, de leur époque d'appirv
tion et de cessation, ou de la durée de leur coexistence, les Caitscliniques réalisent
toutes les combinaisons imaginables. Ainsi l'albuminurie primitive de la scarb*
tine, celle qui l'accompagne dans sa période d'augment et d'état, résulte de
l'hyperleiicomatie sanguine, habituelle aux fièvres graves avec tendance à la mali-
gnité. L'albuminurie scarlatineuse secondaire, celle qui survient dans la fkîoAf
de desquamation, dépend aussi bien de la néphrite que de la dyscrasie. C'est toui
l'inverse dans le cantharidismc. Le rein s'enflamme d'abord et laisse exsuder de
l'albumine. Si la fièvre s'allume et prend des proportions sérieuses, il s'y ajoute
une hyperleucomatie qui apporte son tribut dans l'urine déjà rendue albuminea!»*
.par le fait de la néphrite. Enfin les deux causes naissent simultanément, krsquele
corps est saisi par un froid rigoureux et prolongé qui bouleverse les fondions de
nutrition et d'hématose, en même temps qu'il refoule le sang du côté des viscères
ot particulièrement vers les reins.
X. Modes d'extravasatiom de l'albominb DRiniiinB et corditiohs favorables «
r.\ productio?! dd phénomène. Apre» avoir établi que l'hyperleucomatie sansnine
est la cause déterminante du trouble sécrétoire du rein, et que la sub-inflamina-
tion de ce dernier est la condition instrumentale de l'exhalation albuniineuse, il
nous reste à déterminer d'abord les modes suivant lesquels s'effectue le passage de
l'albumine dans l'urine, et ensuite les circonstances qui favorisent le phénomène
Si l'albumine du sérum ne pouvait pas plus s'exosmoser au travers des roenn-
branes animales que no le fait, dans la remarquable expérience de H. Mialhe, ceWt
de l'œuf par rapport à la taie qui double la coquille, il est clair qu'il faudrait ima-
giner des milliers de ruptures capillaires pour expliquer son extravasation cbei ie>
ulbuminuriques. Mais il n'est pas besoin de cette multitude d'effiradîoos arté-
rielles, un simple changement du filtre rénal suffit. En effet, suivant les reniar-
ques de MM. Longet, Melsens, Uobin, Verdeil et Wûrtz, toutes les substances alhiH
minoides en circulation dans le sang s'éloignent du blanc d'œuf par leur rUi
moléculaire. De plus elles possèdent, à l'exclusion de celui-ci, d'après les exp^
riences de Schmidt, Rriicke, Rotkin; Funke et Pavy, le priviléee de filtrer à ^^^-
ALBUMINURIE. 461
lers les pores organiques. Dès lors il est tout naturel d'invoquer la laculté dios-
motique de raihumine, pour rendre compte de son apparition dans l'urine, à la
(tHidition toutefois de se souvenir que cette faculté ne peut s'exercer, si le rein
n'épfYNive pas des changements anatomiques, d'où résulte la perméabilité de ses
capillaires pour l'albumine : celle de toutes les substances colloïdes qui résiste le
[dus à la dblyse opérée par les membranes organiques. Pour bien concevoir en
qooi consistent ces changements anatomiques, il faudrait avoir acquis des notions
positives sur la ionction rénale à l'état physidpgique. Malheureusement la science
(^ loin d*é(re fnée sur cette question. Quel est, par exemple, l'usage de ces tuben
de Uenle^ réceunnent découverts et si bizarrement agencés autour de ceux de
Bellini, avec lesquels pourtant ils semblent n'avoir aucune communication? Toute
ronjeclure à cet égard serait téméraire.
On admettait autrefois, d'après Bowman, que les pelotons vasculaires contenus
<la»s les renflements terminaux des tubes de Bellini versaient simplement Teau
flans les canalicules, et que les cellules épithéliales de ceux-ci séparaient les autres
principes de l'urine. L'opinion de Ludwig, qui accorde tout aui glomérules de
Valpighi, commence à prévaloir maintenant. Je ne saurais pourtant m'y rendre
saus quelques réserves. En effet, bien que le liquide fourni par les reins réponde
mieux que tout autre peut-être à Tidée contenue dans le mot c sécrétion » (secer-
nere, séparer), cependant il ne peut être considéré comme résultant d'une filtration
pure et simple, attendu que les principes organiques de l'urine diffèrent sensible-
ment de leurs analogues dans le sang. Le pigment urinaire normal n'est pas exac-
tement celui du sérum, et jusqu'ici rien ne prouve que la matière chromatogène
qui donne naissance à du bleu préexiste dans la circulation. Sans accorder aux .
reîjis un pouvoir formateur comparable à celui d'autres glandes, on doit recon-
naître qu'ils sont capables de modifier du moins l'état moléculaire, et même de
détenniner le dédoublement de certaines substances organiques. Cet ébranlement
f-t cette catalyse auraient-ils le temps de se produire pendant le court instant de
U filtratiou au travers des vaisseaux des glomérules? On l'ignore ; mais j'incline-
rais plutôt à admettre la nécessité d'un séjour moins bref au contact d'organes spé-
ciaux, tels que l'épitbélium des /utm/i, fonctionnant à la manière des cellules d'en-
ciiyme hépatique. A la vérité, je n'ai vu habituellement, dans l'intérieur des
•'-Jêments épithéliaux des reins, aucunes particules microscopiques des principes
^ilides de l'urine (urée, acide urique, pigment, etc.), tandis que tout le monde a
itmstaté la cholépyrrhine, la graisse fluide, l'acide margarique, etc., dans les cel-
lules des acmi du foie. Hais l'objection tombe devant celte simple remarque que
t-:» matériaux urinaires sont tous solubles, et que l'eau est, eu tout cas, assez abon-
dante pour les maintenir totalement en dissolution à la température intérieure
dl?57^
Au reste, la théorie n'exige pas que la mutation des produits empruntés au sang
ait lieu dans la cavité des cellules épithéliales; car ces petits organes, agissant en
ivia à b manière de ces êtres microscopiques placés dans les étages inférieurs des
deux rc^es, de ces ferments par excellence, sur le mode d'action desquels les tra-
vaux de M. Pasteur ont jeté ime si vive lumière jouissent à un certain degré de
la faculté de métamorphoser en dehors d'eux les substances organiques. A suppo-
"^ que tous les matériaux urinaii'es s'extravasent à la fois des capillaires des glo-
mérules, ik auraient donc à subir une modification ultérieure pour revêtir la forme
définitive que nous leur connaissons dans l'urine sécrétée.
Malgré ces restrictions, on peut admettre comme fondée l'opinion qui fait jouer
m ALbUMINURlE.
aux peluloiis vasculaires de Mal|)ighî le rôle essentiel dans la sécréliou urimire, t*t
considérer d'après cela Tapparition de ralbumitie reoonuue drasmotique, oomme
le résultat d'une filtration au travers des capillaires des gloméruks, dont It^
parois sont préalablement niodifiées dans le sens de la fluiion active oo de la sob»
inflammation. Mais celte transsudation est-elle l'unique procédé pr leiiiiei raUm-
mine s*épanclie dans l'urine? L'analogie nous autorise à en admettre dem aut^e^.
Comme tous les organes de l'économie, le rein, fortement enflammé, exhale wi
plasma albimiino-fibrineux, non plus par simple perspiration, mais bien par l'inler-
médiaire de ses éléments constitutifs atteints d'exaltation nutritive et plastique, ri
conséquemment en voie d'hypertropbie, de multiplication ou de proliiératâon
Seulement, en i*aison de sa structure et de ses usages , la glande uropoîéîque vew
la plus grande partie de son plasma du côté des suifaces libres parcourues par U
fluide qu'elle secrète, de telle sorte que, ne se solidifiant qu'en partie dans 1^
tubes urinifèrcs, dont il épouse la forme (moule de la substance rénale, renai
€asts)yVexsvdùi se mêle pour la plu|)art h l'urine qui continue à se produire, •*(
lui communique sa coagulabilité.
Pour que ce résultat soit obtenu, il n'est même pas nécessaire que le rein soit
aflecté de pblcgmnsie parencbymateuso. L'albumine urinaire peut prorenir de^
parois des tubulif superficiellement plilogosécs. Elle représente alors, amplifiée, h
niasse de substance protéique destinée h se métamorphoser en cellnles épitl»'^
liales. Le phénomène est tout à fait comparable à celui de la sécrétion muco^lhi-
mineuse de tous les catarrhes; de celui des voies respiratoires par exemple, dam
la bronchite aiguë ou chronique.
D'après ces considérations, les irrines deviennent albumineuses : 1* par simi^*
filtrdtion séreuse ou par diapédèse, albuminurie Iranssudntive ; S" par addition
de produits phlegmasiques, albuminurie exsudative; 3* par desquamation cxa^ié-
rée des canalicules et défaut d'organisation de la substance protéique destinée à h
rénovation épithéliale, albuminurie catarrhale.
Telles sont les trois espèces admissibles au point de vue du mode suivant leqtv*'
l'albumine s'échappe de ses réservoirs pour se perdre dans les conduits uriniJèn^
|ja dernière paraît devoir se rencontrer comme élément principal dans les idik^
goses légères des reins dues à la goutte, à certains empoisonnements dironiquf^.
ou consécutives à la pyélite. La seconde s'observe dans le canlharidisme et dan^
les néphrites aiguës, intenses, produites |iar les agents toxiques ou par le froid
La première enfin s'ajoute aux précédentes, et appartient plus spécialemetil an\
albuminuries transitoires des pyrexies et des phlcgmasies, ainsi qu'à la das-^
nombreuse des maladies de Bright.
Les procédés par lesquels l'albumine se déverse dans l'urine peuvent se nnmir
deux à deux ou les trois ensemble. C'est même ce qui a lieu le plus ordinairement
La quantité de substance protéique éliminée est dans ce cas la somme des quot»^^
parts fournies par la sécrétion catarrhale, le travail phlegmasique et la tranâsudj-
tion séreuse. Dans le diabète leucomurique et nombre d'autres albmnimine, li
prescpie totalité de la substance protéique provenant, selon les idées reçues, dr li
simple transsudation, c'est ce procédé que nous aurons spécialement en voc d^ri^
l'étude subséquente des causes adjuvantes de la sécrétion tnorbide.
Les conditions qui favorisent l'exhalation albumineuse sont varices, et se ratt i
rhcnt soit au rein, soit au sang, ou bien à l'un et à Tautre simultanément.
Influence de Vétat anatùmique et du degré d* excitabilité du rein. La miiict^jT
des parois vasculaires, leur friabilité naturelle ou acquise pir le Eiil d'une all»*-r*
VLBUMINURIË. 46d
lioii graiijseuse ou amyloide : voilà, du oôté du rein, des circonstaiicea qui doivent
tâvoriser lexlravasation séreuse. Il en est de même d'un état habituel de congés*
tiou ou de i^lpgose, comme aussi des modifications laissées dans le tissu rénal par
une plilegmasie antérieui^. Ou me saura gré de ne pas m'arréter davantage sur
ces influences, dont chacun saisit à première vue le mécanisme ei la portée. Il
n'est pas inutile au contraire d'insister un peu sur la valeur pathogénique du
degré d'excitabilité olTert par la glande uropoiétique.
L'emtahilité, telle que Je la conçois, est cette propriété, bien autrement géné-
rale que l'irritabilité de llaller, qui appartient à tout tissu vivant, comme l'attrac-
tion à un corps pondérable quelconque, et qui lui permet de ressentir l'impression
des agents extérieurs et de se modifier conformément à cette impression. L'excita*
bilité se montre donc partout, indépendanmient de la sensibilité et de la motricité.
Dans les glandes, elle a pour but de mettre le tissu sécréteur en rapport avec les
substances dont la moditication et Téliminatiou lui appartiennent, et qui sont, ainsi
que je Tai dit, ses stimulants naturels.
Faisant à l'albuminurie l'application de ces vues physiologiques, je dirai :
dans les djscrasies sanguines et les cachexies, le rein, devenu plus excitable, re-
roit de la part de quantités moyennes ou hyponormales d'albumine une impression
exagérée à laquelle il répond par des modifications aiiatomiques et des troubles
fonctionnels qu'en d'autres ch'constances ces mêmes doses du principe protéique
eussent été impuissantes à déterminer. Hais cette donnée serait insuffisante pour
nendi'e compte de toutes les particularités du phénomène morbide, attendu que
Talbuniiimnc, loin de se montrer dans tous les cas d'appauvrissement du sang et
des tissus, n'appamit au contraire que dans un petit nombre d'états cachectiques.
11 laut faire intei-venir une autre circonstance, pour expliquer ce privilège i*éservé
à quelques cas spéciaux. Je la trouve dans le défaut de rapport proportionnel entre
lalbumine et les globules (voir la discussion des analyses du sang chez les albu-
uiinuriques). Â l'état normal, les cent vingt-sept parties de globules attirent, re*
liennent et dissimulent en quelque sorîe les soixante-dix parties d'albumine du
sénim. Si les globules augmentent, le sang acquiert une plus grande capaciié de
saturation pour talbumine, dont la quantité absolue peut s'accroître impuné-
ment, conune dans la pléthore. Mais lorsque le chiffre des hématies s'abaisse rela-
tivement plus que celui du principe coagulable, la portion excédante de ce der-
nier, dégagée de toute combinaison organico-chimique, demeure pour ainsi dire
libre de porter son action sur les glandes un>poïétiques. C'est ainsi qu'un sérum
laiblement albumineux devient une cause déterminante d'albuminurie aussi bien
que celui qui renferme un excès absolu de substance albuminoïde. En d'autres
termes, les globules, eu égard à la capacité de saturation du sang pour l'albumine,
semblent jouei* le rôle de la chaleur par rapport à la capacité de l'air pour la va-
lseur d'eau. Et, de même que la vapeur aqueuse qui excède la capacité de satura-
tion de l'atmosphère pour une température donnée est la seule que dénote l'hygro*
niètre, de même la quantité d'albumine qui dépasse le chiffre proportionnel exigé
(Kir les hématies est la seule qui fasse impression sur la glande rénale.
Ceci posé, on conçoit que plus l'exdtabilité du rein sera développée, c'est*à-diic
plus cet organe sera disposé à réagir contre ses excitints, plus aussi seront prompts
et intenses les actes éliminatoires dont il est spécialement cliargé. Chez tel sujet
la glande urinaire sera très-sensible à un excès d'albumine que cheK tel autre elle
eût patienunent toléré. Ajoutons que cette différence ^ native ou accidentelle^
n'exerce pas une moindre influence sur lalbuminurie que ne font les condition»
404 ALBUMINURIE.
strucluraies de la glaiide. EUe constitue une prédisposition en môme temps quaiic
cause adjuvante.
Passons aux conditions favorisantes offertes par le sang. Elles se réduisait a deui
principales : le degré de concentration de la solution albumineuse du sérum, et la
nature spéciale des matières albuminoides présentes dans la circulation.
Influence de la proportion (Valbumine en dissolution dans le sérum et et la
nature spéciale des diverses matières albuminoïdes en eircuUuim, U niaa^c
d'albumine en circulation influe de deux manières sur le phénomène leuooniiH
rique : d*abord en excitant plus ou moins le rein h un foiictionnenient anormal,
ensuite eu lui fournissant des quantités variables du produit à éliminer. Il est eM-
dent que si l'excès d'albumine est la cause déterminante de sa déperdition par k^
émonctoires, plus grand sera cet excès, plus obligatoire aussi sera Icxhafation qoi
doit rétablir l'équilibre troublé. D'im «lutre côté, il est aisé de comprendre que
toute, choses égales, il y aura d'autant plus d'albumine sécrétée que la glande um-
pdétique en trouvera davantage dans le sérum sanguin. Ceci rentre d'ailleurs d.in$
une loi expérimentale bien connue, à savoir : que la quantité du principe dialysabie
qui filtre à travers une membrane organique est proportionnelle à la richesse de b
solution génératrice.
Ainsi, l'albumine absolument ou relativement excessive, pousse le rein à scnw-
difier anatomiquement pour devenir apte à l'exosmose albuminense. Puis, uiu*
fois la modification produite, le degré de concentration de l'albumine intenienl
pour régler la quantité de ce principe qui transsude |)ar les vaisseaux émnlgeah
en vertu de la diflusibilité transitoire, acquise à l'aide du changement oi^nique.
Cette dernière influence est la seule qui puisse figurer parmi les causes adjuvanle>
de la sécrétion allnimineuse des reins.
A cet ordre de faits se rattache une circonstance agissant dans le même sens que
l'augmentation de proportion de l'albumine : je veux parler de l'accroissement in-
solite des sels neutres qui, suppléant en partie cette dernière dans sa propriété
inspissante du sang, eu rendent par là une nouvelle partie disponible. L'augroco-
tation relative des globules manilésterait une influence inverse, attendu l'attrac-
tion qu'ils exercent sur les principes protéiques du sérum, et la puissance d'adhésion
à l'aide de laquelle ils pourraient les retenir.
Les expériences de Parkesetles miennes, conlirniées parcelles de Schiir(i 8551. d'
Mialhe (i856) et de Stokvis (186i-63), démontrent qu'il y a de grandes diflérenan
au point de vue de l'altération des urines, dans les résultats louniis par Tiutn»
ductiou des diverses sortes de matières albuminoïdes. L'albumine de Tœuf, injecté
dans le sang, produit invariablement la leucomurie, tandis que TalUmiine du
sérum ne passe pas toujoura dans les urines. C'est à tort qu'on admet riniioruil»
de cette dernière. Pavy a réussi à déterminer l'albuminurie en injectant da bit
ou de la gélatine dans le système veineux. Ce n'est donc pas l'albumine dimi^
ment introduite dans le sang qui se trouve rejetée aussitôt par Témonctoire ivnal.
le rein s'empare indifféremment de toute autre portion de l'albumine do séniin.
lorsque celle-ci est devenue relativement excessive. Sans ajouter de raibumiru
proprement dite au sang, si Ton y verse une substance proléique quelconque >u>-
ceptible d'en tenir lieu daus la fonction respiratoire et les actes nutritifs t< J^'
ques, l'albumine préexistante deviendra en partie Mi|)erflue, et par conséquent I ex-
cédant s'éliminera par la sécrétion urinairc. Suivant toute appareuoe, les DKitièx<>
albiuuinoides injectées daus le sang s'échappent en |iartie conairremment *^^
l'albumine vraie» Je ne saclie pas que la rcchci'che en ait été faite dan» ces ciiu<i*
ALBUMINURIE. 465
stances; oé qui est oertaiii, c'est que l'albumine proprement dite ap(iaraii aloi-s
dans Turine où il est aisé de la constater. Hais ou réussira toujours plus sûrement
à produire ralbuminurie en apportant de ralbumine pnqprement dite, la moins
directement utilisable, ou destniclible, de toutes les substances protéiques faisant
partie de l'organisme animal. .
Ainsi, une substance proléique sera d'autant plus rite éliminée, toutes choses
égales, qu'elle se prêtera moins aisément et moins directement aux métamor-
pboses d'où dépend la restauration de nos organes, ou bien aux transformations
rétrogrades qui doivent &ire rentrer les principes immédiats, relativement très-
oom|ilexes, de nos tissus, dans les composés plus simples du règne inoiiganique.
Une autre cûxonstance, en rapport avec la nature variée des matières albumi-
noides, exerce également une influence considérable sur la quantité d'albumine
dont les urines se chargent dans le cours des divers états morbides : je veux parler
de la lacullé plus ou moins développée qu'ont les dilférentes modifications de
l'albumine de traverser les membranes animales, en un mot de leur difliisibilité.
Graham, dans le beau travail {bialysisar tiquii diffusion applied to analysis) ,
qu'il a communiqué à la Soci^ royale de Londres, divise les corps en deux
cbsses : coUoides et aHstallotdes ; les premiers étant relativement fixes eu égard
à la dialyse, et les autres étant plus ou moins difTusibles. Eh bien, l'on se fem
idée de la résistance de l'albumine à traverser les membranes, quand on saum
qu'elle est deux fois et demie moins dialysaUe que la gomme qui l'est fort peu, et
mille fins moins que le chlorure de sodium. A la vérité, la faculté dûwma^ifiie de
Talbumine augmente assez rapidement à mesure qu'elle s'éloigne du type oflert
parle Uanc d'œuf pour arriver à celui de ralbuminose. Par exemple, Funke a
établi expérimentalement que, dans les mêmes conditions de concentration, de
piessiou, etc., il filtre deux fois autant de peptone que d'albumine pi-oprement
dite, la quantité d'eau dialjsée étant d'ailleurs égale. Il en résulte que certains
états moléculaires de ralbumine favorisent singulièrement son issue à travers les
«aisseaux des glomérules de Malpighi et des canalicules initiaux de l'urine. Les
«ibsUnces albuminoides plus bas placées dans l'échelle organique filtrent encore
plus facilement ; aussi l'urine normale renferme-t-«lle toujours une matière azotée
prèdpitaUe par le tannin et l'alcool.
htvj ayant institué des expériences dialytiqucs avec des albumines et des mem-
branes diverses, notamment avec l'albumine des sérosités et avec la séreuse péri-
(inlique pour diaphragme, a constaté de grandes différences de diffusibilité entre
des Uquides semblables, pris quelquefois chez le même sujet. Il incline même à
attribuer à cette diffusibilité plus grande de l'albumine introduite par l'absorption
digestive la plus forte proportion d'albumine dans l'urine de la nouirilure. Cette
i^utoastancc, je l'accorde, entre pour (fuelque chose dans la production du phéno-
mètie; mais elle n'est assurément pos la seule ni la principale. Les conditions pu-
tlM^niques les plus efficaces sont l'augmentation de la proportion d«*s principes
protéiques et la congestion rénale consécutive. Pour que l'opinion de l'ingénieui
expérimentateur anglais fût valable, il faudrait que la substance éliminée AU celle
qui a été introduite dans la circulatiou, et que non-seulement l'albuminurie se
montrât de préférence api^ l'ingestion des albumines dialysables, mais encore
qu elle fût directement proportionnelle à la faculté difliisible de chacune de ces
Mibstances quaternaires. Or, c'est ce qui n'a pas lieu. Premièrement, ce n'est pas
1 aUwjninose qui augmente dans l'urine de la digestion, mais lalbumine propre*
inciit dite. Secondement, j'en appelle aux expériences de Pavy lui-même: on in-
WCT. EKC. II. 50
Atàa ALBUMINURIE
jecle du lait ou de la gélatine, et ranimai pisse de l'albumine. Eu tiXNa&me lieu.
on mange de Talbumine d'œuf, dont la faculté diosmotique est la plus faible, et
1 on devient momentanément albuminurique, tandis que ralimentation par le
bouillon, la viande et par le boudin (sang coagulé) n'a jamais, que je sad», dé-
terminé Talbuminurie chez un homme bien portant..
Pour se rendre compte de cette diurèse à peu près exclusive d'albumine vraie,
substance si peu dialysable, on est même tenté de supposer une séquestratioo
momentanée des autres principes naturellement plus diffusibles, séquesiration qui
aurait lieu dans le foie, je le suppose, et s accompagnerait du déplacement de
lalbumine antérieurement emmagasinée dans cette glande. D'après cette hyportiès(\
les matières albuminoîdes, introduites artificiellement ou par l'absorption digestive,
ne circuleraient pas librement dans le système vasculaire, ou du moins elles ne
larderaient pas i s'arrêter dans le parenchyme hépatique en ss substituant au\
principes protéiques, plus difTicilcs à assimiler ou à transformer, qui roccupaieot
d'abord.
En présence de résultats si différents obtenus soit par les expérimentateurs, soit
par les cliniciens lorsqu'ib ont intiioduit dans la circulatiou tantôt de l'albumine
d œuf) tantôt d'autres substanices albuminoïdes, telles que l'albumine du séruni, la
fibrine de la chair musculaire, etc., il est difficile d'admettre, conformément am
idées régnantes, que le suc gastrique convertit définitivement en une matière
unique, toujours identique, les aliments azotés ingérés dans l'estomac. Si, apiès
avoir subi l'action de la pepsine, la viande et le blanc d'œuf, également transfor-
més en peptoiie, no gardent plus rien de leurs caractères primitifs, comment <c
fait-il que des poids égaui de l'une et de l'autre substance ne se comportent pa^
de même dans l'intérieur de l'oi^ganisme, ni comme aliments, ni comme ageii(>
|)erturbateurs, selon les cas? Comment se iait-il qu'on soit moins nourri pr du
caséum ou de l'albumine que par une masse égale de fibre musculaire, et pourquoi
l'albumine type, après avoir parcouru le tube digestif et s'être introduite dans k^
absorbants sous forme de peptone, provoque-t-elle plutôt raibuminorie que ne lait
la syntonine pareillement modifiée par l'estomac, et pareillement transformée eu
peptone? La raison de tout cela la voici : c'est que la peptone n'est pas une seuk
substance spécifiquement distincte de toute autre ; elle est le mélange intime de>
formes liquides, incoagulables, de toutes les matières pititéiques alimentaires, mo-
mentanément confondues dans un cnsennble de propriétés négatives. Par lëlode
physio-|)athologique, j'ai acquis depuis quinze ans cette conviction, partagée au-
jourd'hui par M. Lutou, de même que M. Duccmi y est arrivé de son odié pr
l'analyse chimique, c Chaque matière albuminoiide, dit ce judicieux observateur,
se transforme par la digestion en une matière solublc isomérique. > Ajoutons que,
INU'veuues dans la circulation sanguine, elles reprennent leui*s qualités preaiièr&
eu revêtant des formes plus ou nioius aptes à une parfaite assimilation, et qu'ellt»
coutinueiit à se comporter difTércnuuent eil présence des glandes liémato-poiéii-
ques, du gaz comburant et des organes à réparer.
Les recherdies de Funke démontrent que dès son entrée dans le sj^lème san-
guin le chyle possède déjà de l'albumine proprement dite, en prtie introduite
dans les chyliferes par les vaisseaux lymphatiques, en partie reformée sans douttf
aux dépens de la peptone alimentaire. Nous attendons des analyses plus délicates
et plus difficiles eucore, établissant la réalité d'un i-etour de la chair muscobire,
liquéfiée par le suc gastrique, à l'état de syntonine ou de fibrine.
Influence de la pression sanguine. Le sang et les vaisseaux ont une |«rt é^'ale
ALBUMINURIE. 4f»T
dans la condition mécanique dont nous allons apprécier la valeur causale, car lu
tension Tascnlaire et la poussée sanguine sont exactement corrélatives. Ainsi que
devaient le faire prévoir les lois connues de l'exosraose, confirmées en ce qui
re^nJe Talbumine par les expériences récentes des pathologistes allemands, ces
deux phénomènes inséparables contribuent activement à la filtration albumineusc.
i)*ailleurs lobservation clinique et les vivisections démontrent rcliicacité de Taug-
mentalion de pression latérale dans les capillaires, pour aider à la traiissudatiou
aibumineuse, ou même pour la produire de vive force.
On savait, depuis les mémorables recherches de M. Bouillaiid, la constance des.
cfonchements séreux consécutivement aux oblitérations veineuses. De là aux albu-
iniDiiries par thrombose des veines rénales il n y avait qu'un pas; mais des expéri-
mentations variées sont venues prêter leur appui à cette manière de voir. Les
moins probantes, parce qu'elles comportent plusieurs interprétations, sont celles de
Kosler, répétées par Kicruif et Goll : on injecte dans le système circulatoire une
assef ^nde quantité d'eau pour augmenter subitement la masse sanguine et
déterminer rnie forte tension vasculaire; aussitôt Talbumine s'échappe pur les
neins. A la vérité, dans cette opération, les reins laissent sourdre quelquefois du
san^' en nature, ce qui donnerait à croire qu'il ne s'agit pas d'une simple transsu-
dation d'albumine, mais bien de petites déchirures capillaires, livrant passage à de
la sérosité accompagnée ou non d'hématies. En outre, la diminution extrême de la
densité du sérum par dilution aqueuse ne pourrait manquer de favoriser l'exoNnosc
àe l'albumine globulaire, ce qui déterminerait instantanément la superalbuminose
lignine et provoquerait l'albuminurie, quand bien même il n'en existerait pas
d'autre cause. Néanmoins, on accordera que si Thydrémie artificielle distaid les
[«rois vasculaires à ce point d'en déterminer la rupture, elle est bien capable de
les amener au degré de tension qui rend plus facile la filtration aibumineuse.
La méthode des oblitérations partielles, qui comprend deux procédés, n'est guèie
plus péremptoire. Hcrmann lie une ou plusieurs branches de l'artère rénale de
manière à forcer toute l'ondée amenée par le tronc principal à so pi-écipiter par un
canal insuflisant ; il en résulte momentanément une poussée énorme dans la por-
tion comespondante du réseau capillaire, et l'albuminurie survient. Panum obtient
lo même résultat en oblitérant certaines branches artérielles par des masses embo-
tiques de petit calibre lancées dans le torrent cii-culatoire. Or, dans ces deux cas,
raccroîsdement de pression n'est pas la seule circonstance qui puisse expliquer
1 albuminurie, il est permis de iaire intervenir la congestion active et même inflam-
matoire, ou bien la phlegmasie par présence de corps étrangers dans le tissu rénal.
La seule preuve expérimentale qui soit à l'abri de toute objection est fournie
par la ligature de la veine émulgente: on la doit à 6. Robinson, qui a pratique
cette opération depuis plus de vingt ans dans le but d'éclairer la pathogénie de
TafTection qui nous occupe. L'arrêt subit de la circulation en retour détermine
dlofs de prodie en proche la stase jusque dans les capillaires ; le flux artériel ren-
ftmtre là un obstacle insurmontable, il en résulte à chaque ondée sanguine une
tension vasctilaire excessive et des ruptuies, ou tout au moins un suintement de
féroiité aibumineuse, c'est-à-dire l'albuminurie. Avec quelques précautions, en
serrant par exemple progressivement la ligature de manière à n'interrompre
«Hièrenient le cours du sang veineux qu'au bout de plusieurs heures ou de quel-
ques jours, on arriverait à prévenir les solutions de continuité et à produire de
simples albuminuries, exemptes de tout mélange de globules sanguins.
I^e tous ces laits il ressort que raugmentation de pression hydraulique dans le
468 ALBUMINURIE.
système circulatoire ne se borue pas à faciliter la tiltratioii de ralbiiioiiie quand le
rein y est préparé en vertu d'une cause déterminante antérieure ; mais qu'elle
|ieut, sans secoui's étranger, jeter l'albumine hors de ses voies naturelles et la
faire passer dans la sécrétion urinaîre. A ce titre, cette condition patliogéniqiie
mériterait de figurer parmi les causes efficientes de ralbumiuurie : seutemenl,
comme elle atteint rarement le degré d'intensité nécessaire pour jouer oe rôle, et
comme elle ne prend jamais qu'une part secondaire à la production des albumi-
nuries de Bright et des autres espèces vulgaires de leuoomurie, il était juste de
n'en parler qu'à propos des causes adjuvantes dans l'étude générale que nou»
poursuivons ici.
XI. RésuMi éTioLOGiQUE DE l'albuvinurie. En définitive, la superalbuminose sair
guine, absolue ou relative, appelle la modification inflammatoire des reins et dé-
termine, par rintermédiaire de ce changement organique, le passage de ralbumiiie
dans la sécrétion urinaire.
La prédisposition du rein à ressentir plus vivement les im{Nrea8ions irritantes, sa
structure particulière, la pression sanguine, la quantité d'albumine en circalatioa
et les qualités spéciales de cette substance protéique, sont des conditions qui, seloD
leur valeur, favorisent plus ou moins la production du phénomène et en font va-
rier les résultats.
Telles sont les causes pt^ochaines de l'albuminurie. Hais les divnises circon-
stances qui prennent une part directe et plus ou moins importante au paasaige de
l'albumine dans la sécrétion urinaire sont elles-mêmes subordonnées à d'aulies
conditions pathogéniques, constituant les causes éloignées du phénomène morbide.
Il nous reste à jeter un coup d'œil sur les modifications fonctionnelles ou anato-
miques des divers organes ou appareils susceptibles de produire ralbumimirie d'une
manière indirecte, en donnant lieu à quelques-unes des causes prochaines «ioot
l'influence est maintenant recoimue.
Heprenons dans le même ordre les diverses conditions pathogéniques préoédcm-
nient étudiées, et voyons de quelles dispositions mori)ides elles peuvent dériver.
D'abord l'hyperleucomatie sanguine peut être amenée par l'abus des aliment^
azotés, et particulièrement de ceux de nature albumineuse ; par le défaut d'élabo-
ration des matières albuminoïdes dans l'estomac, d'où leur inaptitude i subir l'air
similation ultérieure; par l'atonie hépatique et l'absence de transformation de b
protéine en matière glycogène ; par la dénutrition exagérée des tissus et par b
ooUiquation des globules, ainsi que par le déËiut de combustion respiratoire. H le
peut provenir également de la résorption brusque des épanchements. Enfin on la
vue survenir à la suite de la suppression d'une sécrétion importante telle que la
transpiration cutanée.
A son tour, chacun de ces éléments morbides appartient à plusieurs aflectioos
ou à plusieurs espèces nosologiques difTéreutes, lesquelles peuvent être
d'après cela comme autant de causes détournées du diabète leuoomurique. La
globulisation, ou tout au moins la spoliation hématique des globules, se reooootrt
dans une foule de maladies : certaines chloroses, Térj-sip^e, la pneoinooie, les
ictères, les lésions cardiaques, etc. La consomption organique et surtout nwscti-
laire se montre dans la fièvre franche, la courbature, à la suite d'un giand
nond)re de maladies fébriles : la fièvre typhoïde, la diphthérie, le rfaumalisaie, H
tant d'autres.
L'insuffisance de la combustion respiratoire dépend d'mi obstade mécanique
placé sur le trajet de l'air dans le larynx, la trachée et les broncbeSyCt cet obstacle
ALBUMINURIE. 469
o$t Uolôl une ooarctalion ou un corps étranger, tantôt une tumeur extérieure ou
une paralysie de la glotte. Elle dépend d'une réplétion des bronches par les pro-
duits de leur sécrétion, d*un aiiaissenient des vésicules, ou dune altération stnie-
Inrale de leurs parois s*opposant à l'échange gazeux entre le sang et l'atmosphère ;
ou bien encore d'un défaut d'accès du sang dans le poumon, par suite de l'oblitéra-
lion de quelques rameaux pulmonaires ou des empêchements mécaniques de la
nrcnlation centrale. Mais elle peut tenir aussi à l'absence de certaines conditions
iavorables au conflit du sang avec l'oxygène : par exemple ù la diminution de lasoude
et des sels neutres; à la présence de composés chimiques intermédiaires, moins
aptes k la combustion ; à l'introduction de substances qui, telles que l'acide cyan-
hydrique, peuvent s*opposer u cette action réciproque du gaz comburant et du fluide
nourricier.
U résorption brusque des épanchements n'anîve guère que sous l'influence d'un
acte énei^ique, physiologique ou morbide, spontané ou provoqué par l'art : un
fin\ urinairc abondant, une sudation profuse, la congestion et l'inflammation de
b peau par un révulsif plus ou moins violent, l'hypercrinie intestinale due au\
drastiques ou bien au miasme du choléra.
L'anrét brusque des menstrues ou de la sécrétion lactée, la suspension de la perte
d*albumine nécessitée par la nutrition du fœtus et celle des fonctions cutanées, sont
autant de causes d'hyperleucomatie sanguine. Ces suppressions reconnaissent cha*
cune plusieurs conditions causales. Du côté de la peau par exemple, nous trou-
vons l'action du iroid, une dartre qui compromet la structure et les fonctions de
l'appareil sudoripare, une éruption généralisée, une brûlure étendue, etc. Or, tous
ces états pathologiques, d'où dépendent les conditions prochaines de la superalbu-
minose sanguine sont, à vrai dire des causes éloignées d*albuminurie. Je ferai le
même raisonnement à propos des circonstances variées qui président aux lésions
rénales, ou à l'accroissement de la tension vasculaire.
Mais ces états morbides sont eux-mêmes dominés par des causes pathogéniques
plus générales, et font partie d'affections plus complexes appelées maladies, dont
elles sont, dans le langage de Barthez, les éléments constitutifs. Dès lors il est lo-
gitime de compter au nombre des causes premières de l'albuminurie les di-
verses espèces nosologiques où ces éléments se rencontrent, avec les diverses
causes, spécifiques ou autres, qui leur donnent naissance. C'est ainsi que le miasme
de la diphthérie ou de la fièvre typhoïde, le virus de la mon^e ou de la scarlatino.
prament place parmi les conditions pathogéniques indirectes du passage de l'alhii-
mine dans la sécrétion urinaire.
Pour adiever l'exposition des conditions étiologiques de ralbuminurie, nous n'a-
vons (dos qu'à tenir compte des particularités individuelles relatives à Tâge, au
^ic et au tempérament. Les hommes, plus enclins aux excès de toutes sortes,
plas exposés aux refroidissements et aux manifestations arthritiques, sont par H
plus sujets à certaines espèces de leucomurie. D'un autre côté, la grossesse;
est pour les femmes une source fréquente d'accidents morbides dont l'albumi-
Durie constitue l'un des plus graves.
Le tempérament lymfÂiatique, une constitution molle, la tendance vers la scro-
iule ou la tuberculose : voilà des circonstances éminemment favorables au déve-
loppement de la maladie de Bright et, vraisemblablement, de diverses albuminuries
sjmptoroatîques.
Quant à l'âge, voici ce qu'enseigne l'observation. La maladie de Bright propre-
ment dite est plus commune dans la période moyenne de la vie que dans l'enfance
470 ALBUMINURIE.
et la vieillesse. Il eii est probablement do méine pour les albuminuries sjispto-
roatiques. Malgré sa fréquence dans le croup et la scarlatine, ralbuminurîe tem-
poraire, si j'en juge d*après mon expérience, serait beaucoup moins fréquente
chez les enfants que chez les adultes. C'est ce qui ressort aussi d'un taUeau dressé
par E. Baron, et inséré par H. Rayer dans son Traité des maladies des reins.
Les recherches d'un de mes anciens élèves, M. le docteur Edmond Hartel, con-
firment ce résultat. Ayant eu l'occasion, pendant son internat à l'hôpital Sainte-
Eugénie, d'essayer les urines par la méthode de Thôpital Beaujon, chez un grand
nombre de jeunes sujets atteints de pneumonie, de bronchite, de dothiénentérie, de
rougeole et d'autres maladies aiguës, il n'a pu y déceler que par exception la présence
d'un principe coagulable. Si cette rareté de l'albuminurie dans la première enianœ
rient à être généralement démontrée, il sera facile, je pense, d'en trouver la rai-
son dans l'activité tro[diique pu plastique qui caractérise cet âge, et que n'arrêteiU
pas les maladies aiguës les plus graves, ainsi que le prouve raccroissemeul de b
taille si souvent remarqué à la suite des phlegmasies thoraciques, des fièvres énip-
tives et de la fièvre typhoïdeclle-mème. La faible proportion d'urée (4,505p. i(KK)|
trouvée par M. Le Ganu dans les urines des enfants au-dessous de quatre ans
concorde avec les laits précédents, et s'explique de même par la prédominance du
mouvement de composition sur celui de désassimilation chez les très-jeunes sujets.
Un mot, en terminant, sur les causes cosmiques. Les circonstances £aLvorables à
la production des tempéraments et des maladies diathésiques d'où peut dériver
l'albuminurie doivent être comptées au nombre des causes indirectes de cette aflec-
tiou. Ainsi le froid humide, si fécond en accidents inflammatoires, si puissant poiu
la genèse du lymphatisme, de la scrofule et de la tuberculose, est néœssairaanent
une condition pathogénique de l'albuminurie. La statistique établit en eflet qur
le diabète leucomurique est incomparablement plus fréquent dans les ooDtn'f>
septentrionales que sous les latitudes méridionales de TEurope. Hais ce résultat
n'est pas simple. Les basses températures du Nord n'agissent pas seulement comme
cause de refroidissement, elles portent aussi les hommes à faire abus des liqueur^
spiritueuses, en sorte que l'alcoolisme a sa part dans cette fréquence excessive de L>
maladie de Bright au delà du 50" parallèle.
L'albuminurie est donc un produit qui reconnaît plusieurs facteurs. Les princi-
paux sont : l'hyperleucomatie sanguine, les altérations parenchymateuses de>
reins, la pression intravasculaire. L'une quelconque de ces conditions patbogt^
niques est généralement impuissante à déterminer l'albuminurie sans le secoui^
de l'une au moins des deux autres. Ainsi la dyscrasie, aussi bien que la pression
sanguine, exige l'aide des phénomènes de phlogose, et la friabilité des vaisseaux
donnerait plutôt lieu à des néphrorrhagies par ruptures capillaires qu'à de véri-
tables leucomuries. Seule, la phlegmasie peut produire d'emblée Texhalation d'un
sérum albumineux ou albumino-fibrineux. En conséquence, au point de vue cli-
nique, il n'y a pas lieu de diviser les albuminuries selon qu'elles reconnaissent
pour cause un obstacle drculatoire, une altération du sang, un désordre anato-
mique des reins ou les deux lésions simultanément.
Dans presque tous les cas pathologiques, et notamment dans tous ceux qui relè-
vent de la maladie de Bright (diabète leucomurique), les conditions de ralbumion*
rie sont multiples. Chacune d'elles, à la vérité, se montre tour à tour dominante
selon les circonstances ; mais si l'on s'autorisait de cette particularité pour distri-
buer les albuminuries d'après les données pathogéniques, on se verrait oUigé ^
reporter successivement celle de chaque espèce nosologiqiie dans les trois sedifN^
ALBUMINURIE. 471
admises arbitraireinent, attendu que dans la même mabdic aiguë, la scarlatine
par exemple, on voit se succéder habituellement deux sortes d'albuminuries bien
distinctes, la première lui est commune avec toutes les fièTres, et dérive de l'hv-
perleuoomatie, liée à un mode particulier de respiration et de dédoublement, ainsi
que de la congestion rénale. La seconde, facilitée sans doute par ces conditions
préalables, dépend cependant plus étroitement de la phlogose parenchymateuse des
oganes sécréteurs de Turine.
Mais, mk déniant à toute condition causale une influence exclusive, on doit
reconnaître que chacune d'elles peut tour à tour primer les autres dans révolution
successive des phénomènes, ou demeurer prédominante pendant la durée de la
maladie principale. Dans tel ordre de faits, c*est la dyscrasie qui gouverne la série
morbide; dans tel autre, c'est la lésion rénale; dans un troisième, l'accroissement
de ia pression sanguine. A ce compte, les albuminuries peuvent se diviser d'a-
près la condition pathogénique la plus importante en : 1® celles oh prédomine l'hy-
perieuoomalie ; 2^ celles où prédomine la condition mécanique; 5® celles où pré-
domine la lésion rénale.
Presque toutes les albuminuries temporaires, certains diabètes leuoomuriques
durables et la maladie de Bright elle-même, dans ses débuts, appartiennent à la
premièrecatégorie. A la seconde se rapportent les albuminuries par thromboses et
compression des canaux veineux situés entre la substance sécrétante du rein et le
cœur, ou par altérations organiques du centre circulatoire. La troisième comprend
les albuminuries consécutives aux refroidissements, aux répercussions bnisques
d'exanthèmes, aux intoxications aiguës, aux désordres portés dans les reins par les
poisons septiques ou rirulents, et par les maladies diatbésiques. Seulement, à côté
(Tun grand nombre de faits assez faciles à classer, il s'en trouve beaucoup d'autres
qui trouveraient également bien leur place dans plusieurs divisions. On rencontre
de ces albuminuries, incertx sedi$, dans quelques lésions nerveuses, dans le croup
asphyxique et l'hépatisation étendue des deux poumons, dans la gravelle, certains
empoiflorniements, ete., etc.
En face de ces difficultés, le pathologiste est embarrassé pour ranger méthodi*
qoement les faits morbides où se montre Talbuminurie.
Cependant ('ensemble des conditions étiologiques étant asseï semblable pour de>
affections analogues, et la valeur relative des diverses circonstances causales variant
%lon la classe morbide, il en résulte que le groupement méthodique des espèces
m nosologie concorde assez naturellement avec la catégorisation des albuminuries
an point de vue pathogénique.
Ssns nous astreindre k suivre rigoureusement l'ordre adopté dans les ouvrages,
nous allons donc passer successivement en revue les principales divisions de In
pathologie pour étudier, dans ces cas particuliers, l'élément îcucomurie, en ayant
aoin, toutes les fois que Toccasion s'en présentera, de mettre en relief les faits
^néraux qui n'ont pas trouvé place dans l'exposition précédente.
En tète de la série méritent de figurer les albuminuries encore physiologiques
de la grossesse et de la vie intra-utérine.
XII. AunillIKDRlB CHEZ LA FBMVE GROSSE ET LBFGBTVS. L'urinO, choz le fœtUS, CSt
Uxijoars alburoineuse, d'après les expériences de Prout, Mac-Clintoik et Virchow.
La seule circonstance qui puisse jeter quelque doute sur ce résultat, jusqu'ici inoon-
icité, c'est que l'urine a dû être recueillie sur des fœtus morts avant ou pendant
le travail de la parturition. Or, la sécrétion urinaire se charge ordinairement d'aU
Humine dans les derniers instants de la vie, ce qui autorisorail 5 con^^idérer la suh-
472 ALBUMINURIE.
stancccoagulable comme un aoddent ultime, et non oomme un élément oooisUiii
de l'urine durant la vie embryonnaire. Malgré cela, j accepte ^ontiers ralfaumi-
nurie normale du fœtus rendue vraisemblable par les considérations suivanleB.
En raison de ses conditions d'existence , le iœtus des mammifères, envisagé sons
le rapport de la fonction respiratoire, se rapproche plus des animaux à tempéra-
ture variable que les adultes de son espèce. C'est bien le sang de sa mère qui lui
fournit les matériaux de sa nutrition, seulement il les puise, non dans le sang arté-
riel, mais dans des lacunes remplies de sang veineux. Ainsi, il n'arrive aux organl^
fœtaux que des éléments sanguins déjà parUellement brAlés : riroonstanœ, en der-
nière analyse, fort analogue à celle qui caractérise les vertébrés inférieurs, bien
que le résultat soit obtenu par des procédés différents. Le sang maternel était d'a-
bord fort oxygéné, mais il a eu le temps de se brûler en route; chez les anioMui
à sang froid, le liquide nourricier ne s'artérialise jamais qu'à demi. En définitive,
cela revient au même.
D'ailleurs, quand ce serait dans les canaux artériels de la mère que les capil-
laires du jeune sujet iraient directement s'alimenter, ils n'absoriieraieiit encore
qu'une faible dose d'oxygène; car ce gaz est attaché en majeure partie aux globules,
lesquels ne passent pas de l'organisme maternel dans celui du produit. Aussi, dam
les deux cas, l'albumine non utilisée par la nutrition, n'ayant subi aucune oxyda-
tion, apparait-elle en nature dans la sécrétion rénale. 11 y a pourtant cette difle-
renoe considérable : que le fœtus humain sécrète à peine, et que les résidos excré-
mentiels rentrent en presque totalité dans la circulation de la mère qui se cfaar^
de les éliminer. Ces laits seront utilisés tout à l'heure dans la théorie de l'albuBii-
uurie gravidique.
Valbuminurie gravidique a pris une large place dans les préoccupations de b
médecine moderne. Elle le doit à sa fi*équence et à son caractère souvent redon-
table. A un léger degré, on peut dure qu'elle est un sympt^e habituel de b
seconde moitié de la grossesse; mais elle acquiert, en certains cas, surtout chei k^
primipares, une intensité extrême, et s'accompagne ordinairement alors de dés-
ordres dn côté du système nerveux, qui mettent la vie en péril. Nous reviendrou^
plus loin sur cette symptomatologie.
La plupart des auteurs qui ont traité à l'étranger la question de Talbuminurie de
la grossesse ont voulu la réduire à un phénomène hydiraulique. Leur seule raisou
valable, c'est que l'albuminurie, absente dans les premiers mois, ne se montre ea
général que lorsque le volume de l'utérus est assez considérable pour comprimer h
veine cave inférieure et les veines émulgentes. A ce titre, Thydrémie des feoime»
grosses, Tostéomalacie et h sécrétion lactée pourraient être mises également sur le
compte de l'augmentation de pression intra-abdominale. Hais cette condition pby-
ïiique n'est ni aussi bien établie, ni aussi facile à comprendre que semblent le cmirr
les partisans de l'albuminurie mécanique. La dilatation des capillaires rénaux s'ex-
plique naturellement par la suractivité fonctionnelle des glandes uropoiétiqne».
Quant au refoulement excentrique exercé par le globe utérin, je remarque que,
portant à la fois sur tous les points de la paroi du ventre et des coosmus élaitk|uci,
iiDprésentés par la masse intestinale, cette pression se ferait obstacle à elle-DêiDe
en réduisant les parenchymes en même temps que le calibre des canaux vcinem.
De plus, ceux-ci placés en arrière, dans un enfoncement, et protégés par la saillie
de la colonne vertébrale, ressa^tiraient moins que d'autres organes les eflels de
rette oompn^ssion.
D'aillenr?;, si li» refoulement des intestins piir la tumeur hypogastricpie, en délff-
albumimrie:. 473
miiianl on obstacle à h circulation en retour, devient cause d'albuminurie, ce
(itnUe fimctionnel doit être proportionné au développement de l'utérus, et doit se
produire de même par le fait de la présence d'un kyste ovarique ayant atteint en
quelques mois des dimensions comparables à celles de l'utérus graTide. Or, d'une
part, les femmes affectées d'hydramnios ne sont pas plus exposées que d'autres A
l'albuminurie et à ses conséquences ; d'autre part, les ascites et les hydropisies
enkystées de l'ovaire ne déterminent pas le passage de l'albumine dans Turine.
hnr tous ces motifs, je ne saurais donc adopter la manière de voir généralement
admise.
La doctrine de lliyperieuoomatie nous fournit une eiplicaticm plus satisfaisante
4e l'albuminurie gravidique.
Pendant la grossesse, le sang de la mère doit fournir au fœtus les matériaux de
sà nutrition, mais seulement sous une forme soluble et diRu&ible, puisqu'il n'y a
pasd'inosculation entre les vaisseaux des cotylédons fœtaux et maternels. Ce sont,
en conséquence, les diverses modifications de l'albumine qui sont appelées h nour-
rir le nouvel être, et pendant ce temps-là l'organisme maternel doit pourvoir ft
une double dépense. Par une ingestion plus copieuse, par une économie plus stricte
des éléments protéiques, ou bien par ces deux causes réunies, il faut qu'une plus
grande quantité de ces matériaux se trouve à chaque instant disponible.
Il suffit, par exemple, qu'en vertu d'un simple changement dans le mode de
eombastion respiratoire les substances ternaires, venues du dehors, soient seules
Icûlées, et que les matières albuminoîdcs, édiappant à l'action catalytique du foie
axnme à la combustion directe dans les capillaires artériels, soient entièrement
réservées pour le rôle d'aliment plastique. Or, dans ce mode nouveau de fonction-
nement, une économie mal réglée, ou novice et s'essayant pour la première fois, peut
aller au delà du but, et l'albumine devenir excessive relativement aux besoins des
deux organismes greffés l'un sur l'autre. La chose est même d'autant plus facile, que
l'albumine qui a traversé le corps du fœtus, sans être employée à son développe-
ment, revient incomburée, puisque la respiration n'est pas encore établie chez ce
dernier, dont l'urine contient normalement de l'albumine, comme celle des batra-
ciens, et ne renferme jamais d'urée. De plus, cette albumine intacte rentre en
liresque totalité dans la circulation de la mère, attendu que la sécrétion rénale,
»ans issue du dehors, est presque nulle durant la vie intra-utérine.
L'albuminurie cheas la femme enceinte implique, d'après cette manière de voir,
une production excessive de substances albuminoîdes eu égard aux besoins des
deux organismes. Mais tantôt c'est la mère qui fabrique trop, tantôt c'est le fœtus
qui ne consomme pas assez ; d'autres fois les deux circonstances concourent au ré-
sultat. Si les produits naissent avec les dimensions et le poids ordinaires, on doit
en conclure que l'albuminurie provenait du désordre de l'organisme maternel.
Si une mère albuminurique donne le jour à un enfant exigu et malingre, il y a
lieu d'accuser l'insuffisance de ce dernier d'avoir occasionné la superalbuminose
nngttine, et la fibration albumineuse par les reins.
Les enfants issus de mères albuminuriques restent souvent au-dessous de la
moyenne pour le poids et le développement. Dans le tableau dressé par M. Blot,
j'en trouve 9 sûr 41 qui sont dans ce cas. De plus, M. le professeur Depaul n'hé-
site pas à dire que les sujets nés dans la condition précitée sont généralement
moins forts et d*une mœns belle apparence que les autres. M. Danyau, dont l'ex-
périence est très-grande, professe la même opinion (commmunications orales). Ces
^t< romport^nt deux interprétations. Ou bien les fœtus souffrent de la maladie
474 ALBCMINDRIE.
de la mère, ou bien c*est la nutritioD languisBaiile du produit qui a, sinon àker-
miné, du moins exagéré rhyperleucomatie et ses suites, en laissant sans emploi
une partie des matériaux destinés à son accroissement. I^es bémonrhagies plaoni-
taires parfois observées par M. Danyau sembleraient prêter quelque appui i b
première hypothèse. Hais, à part cette altération, on ne voit pas en quoi le fcptib
pâtirait de la dyscrasie maternelle, attendu que la surabondance d'albumine, nui-
sible â la mère, ne semble constituer pour lui qu'une source plus riche d'alimen-
tation. La seconde explication nous parait généralement plus vraisemblable, nui*^
Tobservation ne permet pas encore de se décider dans l'un ou Tautre sens. La so-
lution de la question ne sera trouvée que le jour où, après une violence qui, sam
ébranler la santé delà mère, a pu déterminer rapidement lamort du fœtus, Ton aun
constaté l'apparition soudaine de Talbumine dans les urines d'une femme jnaqueJù
exempte de ce trouble morbide. En attendant cette preuve péremptoire, il m'est
permis de réunir quelques présomptions favorables à l'une des hypothèses éaiisfe<
pour expliquer le fait litigieux. Les circonstances suivantes me paraissent militer
en faveur de l'influence de l'arrêt de développement du fœtus sur les symptômes
leucomuriques. Non-seulement on voit des femmes devenues albuminuriques dan^
le cours de plusieurs grossesses, et à des époques variées, se débarrasser peu d«
temps après du produit de la conception par un avortement proprement dît, ou pr
un accouchement prématuré, et mettre au monde un fœtus mal développé ou
mort depuis plusieurs jours; mais parfois l'apparition de rallMimiue eolpcide m
exactement avec le moment présumé où le fœtus est devenu malade, et les svmptiV
mes encéphalopathiques sont apparus si précisément chez la mère, lorsque la vie
du rejeton était sur le point de s'éteindre, qu*on ne peut se défendre de rattaclier
iea souflrances maternelles aux altérations iœtales par un lieu de causalité. Voiri
un exemple emprunté à la pratique de M. Blot. Chez une primipare, alTectée d'am*
sarque dès le troisième mois de sa grossesse mais alors exempte d'albuminurie, on
ne constate des urines coagulables que trois jours avant l'invasion d'attaquo^
réitérées d'édampsie. Cinq jours plus tard on extrait par le forceps un enfant mort
depuis cinq jours environ, à en juger d'après l'état de macération (putrébdioii
(lu petit cadavre. Dès le lendemain l'albumine était réduite des 5/6 et le ci»-
quième jour elle avait totalement disparu. Il n'est ^ère vraisemblable qu'une al-
buminurie si récente ait pu amener la perle du fœtus, et je suis en droit d attri-
buer plutôt i\ la maladie et à bi mort de ce dernier l'aggravation survenue dans l^^
symptômes (|ui ont failli emporter la jeune mère.
XIII. Aluuniiiurir da?(s les inflaiiiiations et les fièvres. Les phlcgmasies H
les pyrexies sont les alTcctionsqui se compliquent le plus ordinairement de ieiKo-
miu'ie transitoire ; mais il y a de grandes différences entre elles sous ce rapport , Tio-
tensité du phénomène variant beaucoup selon les espèces morbides el selon TinliD-
sité du mal dans chaque espèce.
Les maladies aiguës légères et bénignes ne s'accompagnent ps d'albuminurie,
ou du moins cette sécrétion est alors peu notable. Elle est au contraire d'antant
plus abondante, que l'affection revêt habituellement un caractère de malignité et
que le cas particulier est plus grave.
C'est ici le lieu de rappeler une distinction que j*ai formulée depuis longtemps.
Il y a deux sortes de fièvres fort difTérentes par leurs caractères fondamentam.
si ce n'est par leurs apparences. G' sont toujours la fréquence du pouket Teul-
tation calorifique qui, dans les deux catégories de faits, frappent les sens ^
l'oliservaleur ; seulement les réaclions organiques et chimiques dont réconooiie <*^
ALBUMINURIE. 475
le théâtre sonl fort dissemblables, et les modifications de la sécrétion urinaire tra-
duiseot nécessairement ces diflerences. Tantôt en efiet laltération fonctionnelle
consiste tout simplement en une surexcitation vasculaire avec accroissement de
rhématose, du mouvement nutritif et plastique et peut se rendre par le mot
4 exaltation ; » tantôt elle s'accompagne de désordres dans les actes circulatoires^
fpspiratoires et trophiques, «n sorte que la modalité pathologique se caractérise à
la fois par de Tirritalion et de la perversion. Dans la première classe se rangent les
inflammations avec réaction fébrile très-franche : la fièvre inflammatoire ou angéio-
téuique et les affections qui s en rapprochent. Dans la seconde prennent place les
maladies virulentes et septiques d'un caractère insidieux, portant le désordre dans
les grandes fonctions, et auxquelles on reconnaît par ce motif un certain degré de ma-
lignité. L'élévation de la températiu'e dans la fièvre franche s'explique par l'accélé-
ratioD du mouvement de dénutrition et la violence de la combustion respiratoire.
D'abondantes quantités d'acide urique et d'urée, provenant de cette oxydation plus
active des éléments protéiques, se montrent alors dans les urines et forment des
dépôts cristallins, soit spontanément, soit par l'addition des acides. Aucune trace
(l'albumine n'accompagne ordinairement ces doses excessives d'acide urique et
irnrée. Il n'en e^t pas de même dans les fièvres de mauvais caractère, oî^ les
urines renferment beaucoup moins de ces produits d'oxydation avancée des prin-
cipes quaternaires et contiennent en revanche : 1° une substance hydrocarbonée,
analogue au bleu d'aniline, assimilée à l'indigo par tous les auteurs, bien qu'elle en
(lilfère sensiblement, et que j'ai désignée sous le nom dHndigose; 2^ des propor-
tions d'albuminose et de matière grasse soluble dans l'éther, plus fortes qu'à l'étit
normal ; Tj"^ enfin une quantité toujours notable et parfois très*forte d'albumine
proprement dite. Ija présence de ces principes incomburés semble peu compatible
jvec le iàit de raccroissemeut souvent énorme de la température chez les fébrici-
tsnis. La contradiction disparaît du moment où l'on fait intervenir dans la ques-
tion la donnée nouvelle de la corrélation des forces physiques,
K l'état physiologique, la combustion respiratoire, source de toute force, charge
le système ner\eux, les appareils musculaires, et fournit aux dépenses nécessitées
}iar les dissociations des principes qui vont iaire partie des sécrétions, en môme
temps qu'elle entretient la chaleur normale. Dans les conditions morbides, beau-
(«up d'actions organiques étant enrayées et les forces momentanément amoindries
oit presque anéanties, la puissance mise en jeu par la combinaison de l'oxygèue
jvec k^ substances combustibles évolue tout entière sous forme de chaleur : de
telle sorte qu'avec une action chimique faible le dnffre de la température s'élève
très-haut, et cela d'autant plus, que les oxydations et les dédoublements se font
autrement qu'à l'état normal. Quoi qu'il en soit, la majeure partie des produits
albuminoîdes de la dénutrition échappe à ce nouveau mode de combustion respi-
ratoire et l'excédant s'accumulerait dans le système sanguin, si les reins ne se
<'hargeaient de son élimination.
.Vinsi s'explique l'albuminurie des maladies aiguës fébriles de mauvaise na-
ture. Toutefois, liâtons-nous de le dire, les aftections naturellement les plus franches
et les plus bénignes ne sont pas exemptes de ce symptôme, parce que la perversion
fonctionnelle succède bientôt à la simple exaltation, lorsque la maladie acquiert une
««rtaine violence. Aussi voyons-nous journellement les pneumonies et les autres
aiïectioiis a frigore domier d'abord des urines qui Laissent précipiter, au fond du
va.se, de Turate de soude, et sur les parois, du givre d'urée, et qui plus tard, trai-
t*«s par Tncido nitrique, montrent a la fois du bleu et de l'albumine.
476 ALDUNINURfE.
Règle générale : on peut affirmer que l'albumine se montre à un degré (judcoo-
que dans toute phlegmasie fébrile très-intense, de même que dans toute sepîkémie,
dans toute affection prava indole de moyenne intensité. Il serait même possibk
d'établir une échelle graduée dans laquelle les espèces nosologiques seraient dis-
posées à peu près dans l'ordre suivant :
Choléra asiatique et choléra nostras; morve aiguë; diphthérie infectieusii*
maHgne; fièvre charbonneuse; fièvre puerpérale ; infection purulente et putride:
fièvre typhoïde ; phthisie aiguë, bronchite capillaire ; scarlatine ; pneumonie typhoïde,
ou du moins grave ; variole confluente et rougeole de caractère malin ; fièvre jaune,
ictère grave ; ramollbsement bilieux et cirrtiose aiguë.
Dans les articles spéciaux qui vont suivre, nous ferons sainr les diflerenl*^
modes de production de l'albuminurie dans chacune des maladies aiguës en parti-
culier ; nous indiquerons également d'une manière approximative le d^gré de
fréquence du symptôme, mais nous nous garderons bien de le formuler en chif-
fres exacts. Les faits recueillis jusqu'à présent dans ce but ne sont pas aasex nom-
breux pour que les calculs dont ils sont la base conduisent à une moyenne vrai-
semblablement exacte. D'ailleurs ces faits, alors même qu'ils sont rdatifs à des
maladies spécifiques, ont été étudiés dans des conditions trop disparates pour étn*
comparables entre eux et donner des résultats nets et précis. Il importe peu «Ip
savoir que tant de fois sur cent l'albuminurie a été rencontrée chei des rhiuu-
tisants, si nous ignorons dans quelle condition elle a manqué et dans quelle autre
elle a été observée. Ici encoro ce n'est pas la nature spécifique qui éloigne <n
appelle le phénomène, ce sont les altérations humorales ou anatomiques et les
perversions fonctionnelles consécutives à l'impression de la cause, soit spécifique,
soit vulgaire. Nous croyons mieux servir la science par quelques tentatives d'an»-
lyse physio-pathologique que par l'énumération brute de résultats statistiqw^
incomplets, ou roposaht sur des bases incertaines et erronées.
Ce n'est pas à diro pour cela que les chifires donnés par les auteurs soient tou»
également entachés de ces défauts; beaucoup au contraire méritent d'étn
accueillis oxnme matériaux de bon aloi, destinés à entrer plus tard dans \^
taUeaux statistiques régulièrement dressés que la science est en droit d'attendre.
En terminant ces considérations générales sur l'albuminurie des maladies aiguè
fébriles, je ne ferai plus qu'une seule remarque : c'est qu'on ne la croît ni aon
fi*équente ni aussi intense qu'elle l'est en réalité. L'erreur vient de ce qu'on ne b
recherche en général qu'un peu tard, par exception, et seulement dans les cas
graves. L'analyse clinique de l'urine est malheureusement encore négligée psr
l'immense majorité des praticiens, du moins dans notre pays.
Albuminurie dans les fièvres exanthémaiiques. — ScarUUine. C'est de toutes
les fièvres celle où le symptôme albuminurie se montre le plus habituellement et
mus la forme la plus grave. Conmie Begbie, Newbigging et Holder, je n'ai jaiDai>
vu l'albumine manquer absolument dans l'urine d'un scarlatineux dnruii
toute la période éruptive, et je l'ai vue souvent se maintenir une fois Veua-
thème achevé, ou reparaître pendant la desquamation. A la vérité, la ptopor-
tion du principe coagulable est parfois assez minime pour ne donner beii
rpi'à uue légère opalescence qui a pu échapper à d'excellents obaervateurs; je
recommande pour ces cas difficiles l'essai par l'acide nitrique, selon ma méiboile,
ou l'épreuve par la chaleur, en ayant soin de mettre une assex grande quantité du
liquide dans le tube et de n'en faire bouillir que les couches supérieures. t)n
constate alors dans le haut do Turino une teinte louche qui devient plus qiptrenle
ALBOMINUlUli:. 477
quand die se détache sur uii iond noir. Mais ou a rarement besoin de toutes cet»
précautions pour mettre l'albumine en évidence ; presque toujours elle existe en
proportîoQ assez considérable pour être reconnue sans hésitation. Elle est très-
aboodante, lorsque la scarlatine présente un caractère de gravité.
L'albuminurie initiale de la scarlatine ressemble à celle des pyrexies eu général,
Gl s'explique par les diangements survenus dans la nutrition et la respiration, en
même temps que par un état congestif des reins. Cette dernière condition prime la
(véoédente dans l'albuminurie secondaire, qui reparait dans le décours de l'afiec*
tion. Alors la fluxion rénale est telle, que non*seulement on observe dans l'urine
une plus grande quantité de cylindres épithéliaux et protéiques, mais que, de
plus, du sang en nature colore la sécrétion.
Baséok mUiaire (Bosemil^ N.). Je rapproche de la scarlatine une affection
qui la simule parfois à s'y méprendre, afin d'opposer immédiatement la constance
de l'albuminurie dans la' première au caractère contingent et exceptionnel de
l'altération urinaire dans la seconde. On trouvera dans cette différence un bon élé-
ment de diagnostic.
Rmgeole. Dans cette fièvre éruptive, l'albuminurie est incomparabi^neut
moins fréquente que dans la scarlatine ; on peut dire qu'elle manque ordinaire-
ment dans les cas légers et quand le génie épidémique est favorable. Elle s'obseivc
m contraire dans les formes plus sérieuses ou compliquées, soit qu'elles frappent
un sujet isolément ou qu'elles en atteignent simultanément un grand nombre.
L'albuminurie était la règle dans l'épidémie de Leith, dont nous devons la rehtion
an docteur Brown, et, ce qu'il y a de remarquable, c'est qu'ayant disparu après
l'éruption, elle se montrait de nouveau pendant que s'effaçait l'efQorescence cuta-
née, exactement comme chez les scarlatineux.
Variole. L'albumine fait défaut dans l'urine de la plupart des varioleux. Daus
la varioloide notamment, elle est presque une rareté ; mais elle devient moins
etoeptionnelle lorsque la variole n'a pas été modifiée par les aptitudes natives des
sujets ou par l'existence antérieure de la variole ou de la vaccine. Cette immunité
lebtive n'a rien d'étonnant, car la variole dans ses formes légères est à la fois la
fièvre éruptive de l'aspect le plus hideux et de la nature la plus bénigne. Durant cette
dfervescence au milieu de laquelle foisonne le virus, les actes organiques sont
simplement exaltés ou à peine pervertis. La combustion respiratoire, entre autres,
s'exécute suivant son procédé habituel, avec plus d'intensité seulement, de telle
(açon que les matières azotées se briUent plus complètement qu'à l'ordinaire et
que les urines présentent un excès d'urée souvent énorme, sans trace d'albumine.
Si l'albominurie se montre, c'est que la fièvre change de caractère en vertu de
l'intensiié plus grande de l'affection (variole cohérente ou confluente), ou de sou
caractère malin (variole noire, hémorrhagique). Chez des varioleux qui n'en
avaient pas offert au moment de l'éruption, j'ai vu survenir l'albumine comme
oonséquenoe de la fièvre de suppuration. Les considérations qui précèdent expli-
quent les divergences des observateurs touchant la fréquence de l'albuminurie
chez les varioleux.
AOnmUnurie dam Virysipèle. Par son évolution, l'érysipèle est un exan*
thème fébrile; mais il ne reconnaît pas toiyours, comme les makdies précédentes,
one cause spécifique. On doit, en ncxsologie, en distinguer plusieurs espèces d'après
la considération de la cause: les érysipèles cataménial, strumeux, saisonnier
<à frigare et bilieux), sont bien différents les uns des autres et plus profondément
séparés encore des érysipèles infectieuxi tels que celui de la fièvre typlioide ou
478 ALbUMliNlJRIE.
celui qui, mai'chaiit de pair avec la fièvre pyogénique, sévit épidéniiijuenifiil
sur les blessés et les femmes en couches. La gravité varie comme la iiatum étio-
logique, et avec elle la fréquence de l'albuminurie. Rare dans les deux preoiièrc»
espèces, Taltéralion urinairc est assez souvent constatée dans la troisième, qui i-^l
aussi la plus commune, pourvu que la fièvre soit intense et la lésion dermique
étendue. Enfin, sans parler de la complication érysipélateuse de la dothiéncii-
térie, l'albuminurie est à peu près constante dans l'érysipèle congénère de l'iiiiëc-
tion purulente.
Begbie place l'albuminurie érysipélateuse au début de la convalescence : œ
n'est assurément pas le cas ordinaire. L'albumine apparaît ipiand la mâladio n^
quiert sa plus grande intensité, c'est-à-dire en pleine éruption, et se mainlieiit
dans l'urine aussi longtem|)s que durent les périodes d'augment et d'état. Ellr
Iradutt une profonde dyscrasie, et quelquefois peut'^tre.une phlegmasie spécblr,
un érysipèledu parenchyme rénal.
Albuminurie dans ia fièvre pyogénique et Vinfection putride. Comme datL>
leur analogue l'érysipèle infectieux, l'albuminurie est un symptôme habituel.
Pour ce nui regarde particulièrement la pyémie, je dirai que l'albumine, dont la
présence se lie en tout cas à l'altération du sang et des grandes fonctions, peut être
accrue dans l'urine par le fait d'un travail inflammatoire des reins, préludant
Il la formation de ces foyers purulents connus sous le nom d'abcès méla5tatique^.
Albuminurie dans la fièvre typhoïde. Elle constitue l'un des phénomène»
les plus constants de cette affection multiforme, attendu que sur plusieurs cen-
taines de cas qui sont passés sous mes yeux depuis quinze ans je ne Fai jainai>
trouvée en défaut; tandis que chez une jeune fille j'ai vu manquer la coloration
bleue de Tindigose urinaire dans tout le cours de la maladie.
L'albumine n'existe pas indifféremment à toutes les périodes de la fiènv coiiti-
nue. Elle se fait attendre parfois jusqu'à la fin du premier seplénaiœ ; mais sou-
vent l'urine en renferme une |)etite proportion dès les premiers jours, alors niénie
(|uc los autres symptômes restent encore incertains. Plus d'une fois, en présence
(l'un état ambigu qu'on pouvait à volonté qualifier de courbature, d'cmbarni> ;;!a^
trique ou de fièvre typhoïde au début, le caractère déjà albumineux de la sécrétion
urinaire et l'apparition de la teinte indigo par l'acide nitrique ont fait cesser mon
liésitation ; et la suite confirmait la justesse du diagnostic porté d'après ce signe
En pareil cas l'examen des urines |)eut tromper, mais presque toujours il éclairtil
les doutes.
Si, dans les premiers jours de l'aiïection confirmée, l'albuminurie est un phéno-
mène aléatoire , elle devient plus tard, dans le second septénaire, un 9jro|itÔD)e
obligé de la dothiénentérie, et son intensité est proportionnée à celle de ia fièvre d
des localisations morbides sur les grands appareils.
Mon expérience, d'accord avec celle de Griesinger et de Ti*otter, ne me peinici
donc pas d'accepter les réserves établies par d'excellents observateurs, cjui n'au-
raient rencontré l'albuminurie que dans le tiei*s ou le quart seulement des fièvn*<>
typhoïdes. Leurs insuccès dans la recherche de l'albumine ne s'expliquent que |«r
rimperfection des procédés mis en usage.
L'albumine urinaire supprimée depuis quelque temps reparait iwHois dans b
convalescence. L'albuminurie prend alors une autre signification. {Yoy. ÂLstncmic
COLLIQtJATIVE.)
Les maladies désignées sous le nom de typhus fever et de typhus épiiémûp^
ne sont guère connues en France et je ne<possède à leur égard aucime expériencr
ALiiUMLNURlË. 479
personnelle. Les auteui>» éti*aiigei's, et le petit nombi« de nos nationaux (Edwards,
Uppoixer, Hurdiison, Barallier) qui seu sont occupés, considèrent ralbumine
comme pins fréquente chez les typhiques que chez les typhoïdes. Dans notre opir
iiioo, cette dilTérence ne saurait exister, puisque le trouble urinaii'e est constant
dans la dothiénentérie; mais cette appréciation semble du moins prouver que la
proportion de lalbumine sécrétée par les reins est généralement plus forte, par-
bni plus iacile à démontrer, dans les diverses formes de typhus. Eflectivement,
Oppoker l'a trouvée parfois aussi abondante que dans la maladie de Bright.
Albuminurie dan$ le choléra. Le choléra nous est venu de Tlnde par le nord
de TEnrope ; c'est un médecin russe, le docteur Hermann, de Moscou, qui a le pr^
mier signalé Talbuminurie cholérique. Simon, de Berlin, la reooiinue deux ans
l>lu$ tard, en 1830. Ce n'est qu'à la seconde épidémie qu'elle a été Tue en France
(1849), par MM. Michel Lévy, Rostan et Bouchut. Le tait a d'ailleurs été vérifié
maioteoant par tous ceux qui ont eu l'occasion d'observer des épidémies de cho-
lén-morbus, et les dissidences ne portent que sur son degré de fréquence, ainsi que
sar les conditions pathogéniques dont il dépend. Sur le premier point mes obser-
vations s'accordent parfaitement avec celles de Lehmann, qui n'a vu manquer l'ai-
buminorie dans aucun cas, et je suis convaincu d'avance que la présence de l'ai-
bamiue dans Turine des cholériques sera constatée toutes les fois qu'on la cherchera
darani les périodes du mal où se fait sentir positivement Finfluence de la cause
spécifique, et non pendant la réaction triomphante de l'économie.
Aux yeux de la plupart des médechis, l'albuminurie cholérique s'explique très-
Êicilanent par la stase sanguine dans les capillaires du rein, favorisée par l'épais-
âasement du sang dépouillé de sa partie séreuse et par l'impotence cai*diaque.
Ce serait en un mot le type des albuminuries mécaniques. Quoique cette inter-
prétation s'abrite sous l'autorité de noms considérables, je h crois entachée
d'erreur.
Les capîlbires sont engoi^és partout, dans la période cyaiiique et algide, et ce-
pendant il ne se fait aucune exhalation séreuse ni dans le tissu cellulaire ni ail-
leurs, iÂea que l'alfaiblissement contractile de l'organe circulatoire central se
li»se sentir dans tout l'organisme aussi bien que dans l'appareil uropo'iétique.
Au reste, cette atonie cardiaque serait plutôt une circonstance défavorable à la
liHnlion mécanique de l'albumine, attendu que, moins l'ondée sanguine est puis-
sante^ moins la tension est forte et moins vive la poussée du liquide à travei*s les
parois vasculaires. Je comprendrais mieux l'influence de l'obstacle circulatoire rë-
Miltant de la consistance excessive du sang, si, d'un autre coté, cette viscosité
même ne devait s'opposer à l'issue d'une sérosité presque absente et si la même
ii»ndition n'était, dans d'autres régions, complètement exempte de l'inconvénient
qu'on lui reproclie à propos des reins.
A mon avis, l'albuminurie est un phénomène de mène oitire que reutérorrhée ;
elle suppose de la part du rein un travail organique qui touche à la plilogose. Les
lésions dites parenehymateuses me paraissent dans oe cas à peu près aussi évi-
dentes que dans la scarlatine. Elles sont révélées par les débris épitliéliaux contenus
dans le dépôt urinauire et par la permanence, rare sans doute, mais plusieurs fois
observée, de l'albuminurie après la guérison des accidents cholériques. Cette des-
quamation épithéliale des tiitmli a bien été notée, seulement on l'a considérée
comme trop fugace pour obtenir la signification qu'elle prend daiu d*auti'es fol*^
DMs d'albuminuries. Étudiant le dépôt des urines cholériques j'y ai trouvé, dntre
les débris de la membrane épithéliale des osuduits uriuifères, des masses coU
i80 ALBUMIMJRIË.
loïdes amorphes et gimiuleiiâes qui, pour éti*e géiiéraleiuoiii moûis abondantes d
de dimensions moindres que les cylindres fibriueut des albuminuries aiguës,
phlegmasiques, n'en ont pas moins une valeur incontestable comme preure du
travail hypercrinique dont le rein est alors le siège.
Voici les résultats relalirs à Talbuminurie dans 92 cas de choléra traiié4pendaiil
ma suppléance à THôtel-Dieu, dans les salles de M. le professeur Rostan, dîiuinl I»
trois mois d*août, septembre et octobre 1854. Les observations ont été recueillies
par M. le docteur Paul Durodies.
L'albumine n'a manqué dans l'urine d'aucun malade. L'albuminurie, peu con-
sidérable au début, est plus abondante dans la période algide et diminue pro-
gressivement durant la réaction, à moins que celle-ci ne soit extrême et ne s'ëè%t
aux proportions d'une fièvre continue. Gomme ces oscillations de l'albumine cdo-
cident avec des variations en sens contraire du poids de l'urine rendue, il senit
permis de supposer que toute la différence dépend de la quantité d'eau qui tn-
verse les reins. Néanmoins j'ai lieu de croire que la masse absolue d'albumine
sécrétée est réellement plus forte dans les cas graves et dans la période cnhninantr
du mal.
Eu toute hypothèse, le pronostic, comme l'a établi M. Michel Lévy, peut em-
prunter sa sévérité à l'abondance rehtive de l'albumine dans l'urine. Tootefob je
dois noter que l'albumine était presque nulle chez un malade qui mourut inopiné
ment deux jours après le commencement de la réaction. La poussée vers les reiii»
a été plusieurs fois assez forte, pour que l'albuminurie fût accompagnée d'hém»-
lurie.
En outre, les cylindres colloïdes et les éléments épithéliaux des reins ont élé
assez abondants pour domier à la sécrétion, pendant la période d'oligurie, l'aspect
d'un liquide boueux ou purulent.
L'albumine, progressivement amoindrie pendant la réaction et le découn de
l'affection, disparait totalement quelques jours après l'entrée en coavalesoenoe
MM. Bri({uet et Mignot l'ont notée seulement pendant deux ou trois jours après b
cessation des accidents cholériques (asphyxie, algidité, anurie) ; c*cst la rooinlnr
durée que j'aie vue dans les cas les plus simples et quand la réaction était trè:^
modérée. Autrement l'albuminurie, constatée quotidiennement, s'est maintenue
cinq ou six jours et même parfois plus d'une semaine. Une seule fois nous l'aToib
vue peraister et constituer une néphrite albumineiise permanente, ou, mieux, im
diabète leucomurique consécutif.
A la suite du choléra se place naturellement la suette^ affection très-voûiiie,
dans laquelle sans doute les urines contiennent souvent de l'albumine. M. AbeiDr
en a du reste trouvé datx fois sur quatre cas.
Albuminurie dans la diphthérie. S'il y avait un mérite quelconque i avoir
constaté le premier que l'urine du croup et des aflcclioua oouenneuses ae oosgulr
par la chaleur et l'acide nitrique, nous ferions honneur de cette découverte ) Wadr
(de Birmingham) en ajoutant que nous avons aussi consigné le bit dans unr
observation d'angine sphacélo-di^thérique publiée en 1857 (Archiv* gén. 4e mé-
decine). Un peu plus tard, MM. Bouchut, Empis, Sée, Hauginet Trousseau ont
appelé l'attention sur cette albuminurie, dont le degré de fréquence a été diverse-
ment évalué. Pour ma part, j'ai toujours pu déceler une certaine proportion d'al-
bumine dans les urines des sujets atteints de diphthérie ; et je ne doute p» que «i
ce principe aioté a paru manquer dans mi certain nombre de cas, c'est qu'on anit
ttfliiirei de Vherpèê guttural (ti.), oaà d'autres formes plastiques d'inisiinnuaiM.
ALBUMINURIE. iSi
coubiiduesà tort avec la maladie infectieuse décrite par Bœtoiiiieaii. MM. Bergerou,
MaaginetSanderson, qui ont constaté l'albuminurie dans la majorité ou la presque
totalité des cas de diphtiiérie, sont, dans mon opinion, les observateurs qui ont
le mieux vu et le plus approché de la réalité.
Au reste, Talbuminurie diphlliérique est par-dessus tout la conséquence de la
djscrasie sanguine constituant ce que j'appelle la diatlièse cùuenneuse et se cai-ac-
térisuit par Tescès des exsudats albumiuo-fibrineux : dyscrasie engendrée directe-
ment par une cause morbidque, ou produite à la longue par un ensemble de condi-
(ioiis cosmiques défavorables. Le nombre ou l'étendue des phlegmasies locales n'a
qiiune médiocre influence sur l'intensité du trouble sécréloire des reins. Quant ii
Tanoxémie, qui succède au croup comme à tout autre obstacle placé sur le trajet
lie Tair, elle ne peut que favoriser la superalbumiuose sanguine et accroître la
proportion du principe protéique entraîné par l'urine. Cette dernière condition
prend une valeur considérable dans le croup laryngé, et dans ces cas mortels on
liN bronches et les vésicules pulmonaires elles-mêmes sont partiellement injectées
(ie (ilasma solide, qui suspend la respiration dans tons les points correspondants.
AUniminurie dam les maladies de iappareil respiratoire. Il en est de
coïncidentes el de subordonnées, Ln sujet qui, sous l'influence du froid ou d'uîie
Huthèse, contracte une maladie des organes de l'hématose, peut prendre en même
temi» '^^ affection congestive ou phlegmasique des glandes uropoïétiques. Mais
souvent, dans la tuberculisation pulmonaire, comme diuis la pneumonie ou la brou-
rhile capillaire, l'albuminurie concomitante dépend de la maladie principale.
Le mécanisme causal est variable et ordinairement complexe. L'albuminurie est
produite par les quatre facteurs suivants :
I* Diminution du champ de l'hématose et embarras circulatoire, aboutissant à
l'anoxémie ; 2'' perversion fébrile des oxydations et des catalyses isomériques de
substances protéiques ; 5^ congestion rénale passive ou active, secondaire ; lésion
lassagère ou durable des reins ; 4^ supemlbuminose due à l'arrêt de la composi-
tion, à l'exagération de la dénutrition et à la suppression de divers émonctoires.
Ikios la philiisie pulmonaire fébrile, aiguë ou galopante, l'albuminurie est frc •
fpientc. Elle est si bien la règle dans la forme granuleuse procédant à la manière
d ime lièvre, que celle-ci est souvent confondue avec la fièvre typhoïde. En ce cas,
l« quatre conditions pathogéniques se réunissent pour déterminer la filtration
albuminense.
L'albuminurie est moins ordinaire dans les tuberculisations lentes, où elle ^c
montre néanmoins comme phénomène transitoire, soit pendant les recrudescences
inflammatoires et fébriles, soit comme symptôme permanent en rapport avec la
dy^jcnisie cachectique et avec une altération organique des reins, de tous points
assimilable à celle de la maladie de Bright idiopthique.
i>ans les hrondiiten aigiiès , surtout dans celles qui sont généralisées et très-fé-
iTik-îi, l'albuminurie apparaît également comme conséquence de la fièvre, de la
<l}spnéc et de la dyscrasie sanguine. Les mêmes conditions accompagnant Yapo-
pifxie pulmonaire déterminent le même phénomène. Dans cette dernière aflec-
^ioti, on peut invoquer quelquefois spécialement la dissolution des globules sain
:;uiu>oomni? cause d'hyperleucomutie el conséquemment d'albnmimirie.
^y^sl iUm h péripneumonie que l'urine se montre le plus habituellement char-
-•*»' d'albumine. Le phénomène est directement proportionnel h l'étendue de l'hc-
l<'*tis:ition, snrtoul à la violence du travail phlegmasique et de la fièvre, ainsi
fi •lucai-actère malin de celle-ci. La quantité d'allnimine éliminée par les reins
blCT. EKC. H. 51
482 ALBUMINURIE.
va diminuaut au fur et à mesure de l'apaisement des phénoroèues locaux et géné-
raux, et marque par son décroissjcment les phases de la résolution. Telle est b
règle.
Gepeudant il arrive que ralbuminurie, un moment suspendue, reparaît quand
la maladie semble marcher vers la convalescence. Ce retour coïncide avec un mou-
vement de dénutrition exagérée, favorable d'ailleurs à la résorption des produit»
hémoplastiques épanchés dans le tissu pulmonaire, et justifie jusqu'à un certain
point la dénomination de critique imposée à oette sorte d'albuminurie par Martin
(Solon), Beghie et M. Abeille.
La pathogénie des albuminuries pneumouiques et post-pneumoniques ne diâère
|.as de colles dont nous avons étiibli le mécanisme soit au début de ce paragraphe,
soil :\ l'occasion des autres maladies de l'appareil respiratoii*e. Toutefois, on a voulu
Tcnrichir d'une condition causale qui lui appartiendrait en propre : je veux dire
la disparition des chlorures de l'urine. Hais celte particularité n'est pas inhé-
rente à la pneumonie et, si elle se rattache à l'albuminurie, ce n'est pas à titre de
cause, mais simplement comme phénomène coïncident.
XIV. Albuminurie de l'asphtxie ou albumikurie akoxéiiiqiie. Le délaiit
d'oxygénation du sang peut devenir une cause puissante de diabète leuoomuriqiie,
passager ou durable. Le fait s'observe dans l'asphyxie par des gaz irrespirables, et
toutes les Fois qu*un obstacle prolongé s'oppose efficacement à Thématose sanguine.
Hais souvent alors, comme dans le croup, la pneumonie double, le catarrhe capil-
laire, les phénomènes sont complexes et la cause manque d évidence. Néanmoins on
ne saurait refuser sa part d'influence à Fanoxémie. On peut seulement se demander
si elle agit simplement en diminuant la proportion des principes oomburés, ou
bien si elle ne favorise pas en même temps la coUiquation globulaire et la dénutri-
tion des solides. L'expérience de Vogel, qui voit la filtration albumiiieuse par les
reins succéder à l'introduction du gaz carbonique dans le sang, dépose en laveur
de cette seconde opinion^
L*anoxémie prend une certaine part k la production du phénomène leocooiu-
rique dans les asphyxies, dans les maladies des organes de rhématose, dans le>
désordres anatomiques du cœur, les paralysies des puissances respiratoires et cer-
taines intoxications. J'y rattache également l'albuminurie ultime.
Albuminurie de ï agonie. Sur presc|ue tous les cadavres, et j*en ai examiné
un grand nombre sous ce rapport, la vessie renferme de l'urine albiunineuse. Li
généralité du résultat démontre surabondamment qu'il n a aucune relation directe
avec la nature du mal qui a causé la mort. Ce n'est pas non plus l'eflet mécanique
d'une transsudation }>(?«{ morieniy opérée en vertu du retrait vasculaire, ainsi que le
ferait présumer la viduité des canaux artériels envisagée comme phéoomèue cada*
vcrique.
La filtration albumineuso commence avec l'agonie, c'est-à-dire avec te» symp-
tômes de paralysie des nerfs vagues, chez les sujets dont les urines étaient jusque-
là exemptes du principe coagulable, et son intensité croissante est proportiounrt-
à celle de l'embarras circulatoire et respiratoire, ainsi qu'à la durét* de celle
))criode ultime des maladies dont la terminaison est funeste. Quand les an.
tractions cardiaques s'afi'aiblissent et que les poumon*^ s'engouent; quand le sUrUi^
annonce l'accumulalion d'un liquide écumeux dans les voies de l'air (aogiain-
plnx)sie, Piorry), et qu'une sueur visqueuse apparaît sur toute la surlace du mqi«.
refroidi et cyanose : alors des exhalations albumineuses se font de toutes parts diii>
l'organisme que la vie abandonne. A l'autopsie, on découvre |iarlbis dans le pên*
ALBUMINURIE. 4S3
toitie, les plèvres et le péricarde, des épanchements séreux assez considérables que
rien n avait fait soupçonner la veille de la mort. La présence de Talbumine dans
le> urines est un fait du même genre et s'explique également par la stase sanguine,
parlarrét du mouvement de composition et par la cessation de Thématose.
i/albuminurie de Tagonie coïncide fréquemment avec l.i formation de caillots
daiis les veines émulgen tes. Elle s accompagne aussi bien que les autres dedesqua-
Dialion épitbéliale des tubuli, et Ion découvre, à l'aide du microscope, des dé-
hris de cylindres épithéliaux dans T urine vésicale. Mais on constate à Tœil nu les
(Hoduits de cette desquamation dans le rein lui-même. En comprimant les cônes
rie Malpighi, on en fait sourdre une matière jaunâtre, puriforme, constituée essen-
liellement par Tépilbélium des tubes urinifères.
La connaissance de cette espèce d'albuminurie importe beaucoup à l'intelligence
des faits pathologiques proprement dits. Elle nous prémunit contre des inductions
prématurées, et dès maintenant elle enlève une partie notable de leur valeur à
ceitiins résultats empiriques ou expérimentaux. S'agit-il par exemple d'établir
le rapport existant entre une lésion rénale et la sécrétion de l'albumine, on se
tardera de conclure affirmutivement d'après ce seul fait : que Turine est trouvée
.ilbuinineuse sur le cadavre. Veut-on savoir quel est le rôle des substances toxirpies
dans b production de l'albuminurie, il faudra s'entourer de toutes sortes de précau-
tions afin de ne pas prendre pour l'effet direct et spécial du poison l'altération
ultime du liquide urinaire et la lésion rénale concomitante.
Ia présence de granulations moléculaires, même de celles de nature grasse,
dans les débris des cylindres épithéliaux, ne suffirait pas encore à décider de l'ori-
;rine toxique des accidents observés ; car l'épithélium des tubuli peut être chargé
df granules protéiques dans l'albuminurie ultime, liée aux phénomènes d'agonie,
et la pathologie comparée nous apprend que bien peu d'heures sont ({uelquefois
nécessaires à la transformation régressive des tissus et des matières nlbuminoïdes.
Ktant donné un empoisonnement, si l'albuminurie ne se montre que dans les der-
niers moments de l'existence, et quand bien même l'autopsie révélerait des lésions
appréciables des reins, on ne serait pas en droit d'attribuer ces deux troubles
d'organe et de fonction à l'action propre de l'agent délétère. Le poison n'agis-
^Jnten ce cas que comme cause de mort, il serait tout aus^i logique de ranger une
chute de cheval, ou un traumatisme grave quelconque, parmi les conditions pa-
thogéniques de l'albuminurie.
\V. ALBtMiMJniE coLLiQaATiviî: 00 coNsoHPTivE. J'ai proposé cette appellation
\m\T ralbumiiiurie dépendant de la rapide et excessive dénutrition du système mus-
rulaire, parce que l'hyperleucomatie exprime dans ce cas la fonte dès masses char-
nues, et parce c|ue le corps se consume comme dans In phthisie proprement dite.
Mais on peut en faire une dénomination générique s'appliquant à tous les cas d'al-
liuminurie par décomposition exagérée de nos organes solides, y compris les glo-
Mes sanguins.
Si la résorption des muscles est la source la plus abondante de cette albumi-
nurie colliquative, cependant la liquéfaction des hématies et la fonte des vési-
cules adipeuses peuvent introduire subitement dans la circulation un tel excès
d albumine, que le rein doive s'en emparer pour l'entraîner au dehors.
^insi l'observation fait reconnaître trois sources principales et conséquemmcnt
troi^ variétés d'albuminurie consomptive.
I)c ces trois espèces, l'albuminurie colliquative musculaire est celle dont l'ex-
Kcsiion sympiomatique est la plus simple. Macilence des musc'es, urines coagu-^
l'^i ALBUMIi^URll-:.
labiés : tel est le syndrome observé. Encore iaul-il ôlrc averti d'une cause d'illu*
sion : c est Tliypertrophie de la couche graisseuse qui dissimule longtew)» b
Inertes subies pr les masses charnues. L'albuminurie par consomption musculaire
est un phénomène secondaire de beaucoup de maladies aiguës. Je Tai remarquée
pour la première fois (186i) à la suite d'une angine sphacélo-dipbthérique, et l'ai
retrouvée depuis dans le décoiirs de la fièvre typhoïde, des phlegmasies Ihoract-
(jues, etc., et pendant la vigueur des rhumatismes articulaires aigus, inleiuicb et
prolongés.
La r^rption briis({ue et générale du tissu cellulo^dipeui donnerait, sekia k>
axs, tantôt des urines surtout albumineuses, tantôt des urines principalement grasses,
huileuses ou laiteuses. Ce phénomène morbide touche par conséquent à l'albuminurie
et à la pimêlurie tout ensemble. Si la respiration brûle et fait passer a l'état
d'acide carbonique une iorte proportion de cette graisse excédante, tandis que le
foie élimine la presque totalité du reste, l'urine ne sera guère qu'albumineuse.
Dans les conditions inverses, respiration lenle et foie paresseux, l'urine :sei^
plus remarquable encore par la quantité de la matière grasse que par celle de la
substance protéique. 11 en serait de môme si les principes gras, séparés par le loie,
étaient repris tout à coup par l'absorption.
Quant à l'albuminurie par destruction des globules, son histoire se conloiid aut
celle de l'albuminurie qui accompagne l'ictère hémaphéique.
XVI. ÂLBUNi»URiE DA.^s LRs ICTÈRES. Commençous par reconnaître que lt>
ictères sont Tune des catégories d'aiiections, pouvant revêtir une forme grave, daib
lesquelles les urines contiennent le moins d'albumine. Cette rareté, signalée déjà |iir
Frerichs, Schérer et d'autres observateurs, môme dans le ramollissement bilieux,
aigu N. (atrophie jaune aiguë des auteurs), n'est cependant pas telle, qu'il boil
permis de ci-oire avec quelques personnes que dans les ictères intenses ou grave»
l'absence du principe protéique dans l'uiinc est la règle. L'albumine existe trè&-
souvent dans l'urine ictérique ; la proportion seulement varie selon les cas et l*'»
espèces morbides.
La jaunisse ne dépend pas toujours de la même matière colorante. Tantôt cW
le pigment biliaire qui teint les tissus ûhreu\(ictêre biliphéique N.); tantôt la co-
loration est due à la présence d'une substance pigmentaire analogue, quoique
moins belle et moins riche, se rapprochant de l'hématoîdine, de Thématosine e( (le
l'hémaphéine (ictère liémaphéique N.). Ce n'est pas ici le lieu de tracer l'histoire
de ces deux ictères, si profondément séparés par leur nature pigmentaire spédalc
aussi bien que par leurs caractères cliniques. Je dois seulement établir la distinc-
tion, parce qu'elle entraîne des dilférences con*espondantes dans la fréquence et
Tint-ensité de l'albuminurie concomitante. La jaunisse vulgaire ou bilieuse est or
ractcrisée |>ar des urines d'un jaune d'or ou brunâtre, qui donnent par l'acide
nitrique non-seulement les changements de couleur, dans l'ordre des rajoi^ da
prisme, que tout médecin doit connaître, mais encore un nuage opalin de la aias»e
où l'acide s'est diffusé, et de plus un diaphragme minime d'acide uriqne suspendu
au milieu de la portion demeurée transparente.
liO trouble de la zone inférieure est-il dû à l'albumine? On pourrait en douter
d'après l'impossibilité habituelle de l'obtenir par Tébullition, alors même que U
liqueur est naturellement acide. Mais le pn'cipité une fois obtenu par Tacide ne ^
redissout plus pr la chaleur, et d'ailleui's l'analyse pratiquée ii ma prière par un
chimiste habile, M. le professeur Chatin, a démontré dans une urine d'idèrr
simple la présence d'une des loi-mes de Talbuniine. Quant à soutenir que k
ALBUMINURIE. 4X:»
trouble produit por l'acide s'explique uniqueniout par la matière protéique, jo
m'en garde, attendu qu'il se pourrait que le nuage fût produit eu partie par une
sufastince grasse accompagnant la cholépyrrhine et donnant une réaction analogue
A celle des urines copahifères. Toujours est-il que j'ai souvent extrait des urines
bilieuses une proportion considérable d'une matière se comportant i\ la façon des
oorpsgras.
Dans rictère vrai, compliqué àii lièvre et de phlegmasie, lalbuminurie est plus
manifeste, et le précipité peut être obtenu aussi bien par la chaleur que \wr l'acide
aiotique, à cette différence près qu'il est toujours plus considérable par ce dernier
réactif. ^
L'albumine est plus copieuse dans l'ictère grave de forme typhoïde, caractérisé
.inatomiquement par la lésion que j'ai nommée ramollissement bilieux aigu du
foie. Dans ces cas et d'autres moins dangereux, j'ai trouvé dans les urines, outre
1rs produits de la desquamation exagérée des tubes de Bellini, des cylindres
farcis de granulations, des cellules pleines de granules protéiques ou graisseux c l
mome des cylindres colloïdes.
L'ictère hémaphéique présente à peu près les mêmes particularités que la jau-
nisse bilieuse, en ce sens que la proportion d'albumine est faible ou forte selon l'in-
tai>ité de l'aflection qui donne lieu à la coloration anormale des téguments : ou plus
exactement selon l'intensité des désordres généraux qui raccompagnent. J'ai fait
(iHiiiailre dans une note {Union médicale, 1858) ma manière de comprendre
l'idère hémaphéi(|ue, et j'ai complété depuis l'exposé de mes opinions dans plusieurs
de mes travaux et dans différentes thèses soutenues par mes élèves (MM. les doc-
imirs Jules Brongniart et Durante).
(«t état morbide ne se révèle pas uniquement par la coloration jaune particu-
lière des téguments ; les urines offrent également une teinte différente de celle
de l'état physiologique. Et, de même que la cholémie se caractérise parfois par la
seule altération de l'urine, de même et plus souvent l'hémaphéisme ne donne lieu
a aucune coloration marquée de la ])eau et des tissus fibreux. Cependant il est ra-
tionnel de réunir ces cas à ceux où l'expression symptomatique est plus com-
plète, c'est-à-dire où l'ictère se joint aux autres caractères de l'afTection. Dans
Thémaphéisme signalé par la teinte particulière des urines, ou bien à la fois par
cftte coloration de la sécrétion urinaire et par celle des téguments, les reins lais-
sent assez souvent exsuder de l'albumine. Néanmoins l'albuminurie, dans les cas
très-légers, est plus rare que dans les ictères cholémiques ou bilipliéiques
simples. Dans les cas graves, cette fréquence devient au moins égale et le phéno-
mène acquiert même parfois une trt^s-grande intensité, ainsi qu'on le voit notam-
ment dans la fièvre jaune, dont la coloration spéciale me paraît dépendre plutôt
de b présence en excès de la matière colorante résultant de la fonte rapide des
glolHiles sanguins, que de la résorption de la cholépyrrhine préalablement formé**
dans la ghnde hépatique. Diverses fièvres de mauvais caractère, des afTcctious
hépatiques insidieuses, certaines formes malignes d'autres espèces nosologiques,
Tmsipèle infectieux, la pneumonie typhoïde, etc., offrent à un haut degré la
même particularité, et doivent sans doute à l'excès de la protéine globulaire
dans le sang une partie de l'albumine contenue dans la sécrétion rénale. Les faits
de ce genre ont été partiellement décrits parmi ceux d'albuminurie par altération
<l^ lîlobiiles sanguins, lesquels ont été observés seulement dans h^ rondiliouis
Miivantes.
Diverses substances exercent sur les hématies tme action dissolvante ; de ce
486 ALBUMIMURIE.
nombre sont la bile, l'hydrogàne arsénié el l'acide carbonique. Aussi SùgA a-t-il
vu ralliuminurie suivre les inhalations gazeuses d'hydrure d'arsenic el d'ac*ùic
carbonique. De mon coté, j'ai constaté l'albumine dans l'urine rougeàtre île
sujets asphyxiés par le charbon. Frerichs a également obtenu des urines um-
gulubles en injectant dans le sang une petite quantité d'une solution ér
cholatc de soude, combinaison qui représente toutes les propriétés essenlieUcs du
liquide biliaire. Enfin Hermann et Stokvis, répétant et interprétant les expérience>
d'injections aqueuses dans le système sanguin, ont fait voir qu'en ménageant l'iii-
troduction de l'eau de manière à éviter les ruptures on arrive à un degré de dilu-
tion du sérum» tel que le contenu des globules s'exosmose nécessairenieul ch
partie et (pie de l'albumine apparaît dans les urines. Cette albuminurie, qu'on
appellera si l'on \ent globulaire, coïncide, selon la remarque des observateurs $ii^
nommés, avec l'existence de l'hématine et d'une dose de fer hypemormale, eau»-
tères conformes à ceux que j'ai reconnus a l'urine dans l'ictère hémaphéiqui;.
Fièvre jaune. Fièvre bilieuse typhoïde. Depuis que Dumortier a signalé Tal-
bumhiurie dans la fièvie jaune, tous les observateurs ont noté le phénomène djiit>
les épidémies observées soit aux Antilles (Cliapuis, Ballot), soit sur le continent aiiii-
ricatn (Baclie, Laroche), et même en Europe (Coutinho, Alvarenga). On trouer si»
ce |K)int d'utiles renseignements dans l'ouvrage de M. Dutroulau, rebUf aux mala-
dies des Européens dans les pays chauds. L*albuminurie parait être la règle d;in>
la fièvre jaune. Elle résulte probablement non-seulement des circonstances com-
munes à toutes les pyrexies, mais encore d'une condition spéciale : la rapide dêtiii-
trition des globules sanguins, d'où viendraient à la fois une partie de l'excès di^
substances protéiques, et l'abondance extrême de la matière colorante qui teint le^
téguments (ictères hémaphéique et biliphéique).
Quant à cette lièvre d'un caractère typhoïde qui règne en Egypte et se di;»-
tingue par sa foime bilieuse, le peu que nous en savous, nous le devons à Gii**^
singer, qui l'a étudiée avec sa sagacité habituelle et nous apprend qu'elle délci-
mine assez rarement l'albuminurie.
XYII. Albomikubie par hyperémik passive des rki.ns. L'albuminurie qui résulU'
d'un obsLicle à la circulation en retour n'est qu'une espèce de groupe des hydro|4-
sies par oblitérations veineuses. Elle constitue pour ainsi dire un cas particulier
du fait plus général encore de l'hypercrinie par excès de pression dans le système
sanguin. Rien n'est mieux étabU, depuis les belles rechenhes de M. Boiiil*
laud, que cette intervention de la suspension du courant veineux comme C4ii%e
prochaine et efficiente des épanchements dans le tissu cellulaire et les ca\it«^
closes.
Aussi, malgré la dissemblance incontestable entre la sécrétion toujours oAgii-
lable des séreuses et l'urine normalement exempte d'albumine, les aoatomiste^
qui les premiers rencontrèrent des thromboses dans les veines rénales, hur les ca-
davres de sujets morts albuminuriques, furent-ils naturellement enclins i ne ^t»ir
dans l'albuminurie que la conséquence de l'obstacle apporté à la drculatioo pr l«f
caillots obturateurs. Cette conclusion était d'autant plus légitime, que des t\\r-
riences sur les animaux vivants étaient venues démontrer la possibilité d'obtenir
instantanément la filtration de l'albumine à l'aide de la ligature d'une \etM
énuilgente.
Les faits d'albuminurie coïncidant avec des concrétions hémoplastiques dans 1<^
veines rénales sont actuellement assez nombreux et bien connus. J'en ai vu pour
mon compte deux exemples, dont l'un a été de ma jwrt l'objet d'une élude altrr-
ALBUMINURIE. 4S7
Uv<^ el d'une description détaîlléo {Mém, pour les prix de ilnietmaty 1847.
Archiv, de l^ass. publ). Nul doute par conséquent ne peut subsister dans mon
isprit sur la i^lité de ces cas où l'albuminurie accompagne des oblitérations vei-
neuses des reins. Mais je cherche encore, quels sont en pareille circonstance l'en-
l'hainement et lu subordination des symptômes. L'oblitération est-elle la cause
imique et primordiale de l'albuminurie et par là le point de départ de la série pa-
thologique, ou bien au contraire n'est-elle qu'une complication d*un état général
|tréexistant ou concomitant, engendré par une cause morbide supérieure? Sans
(loute les deux formes existent. Toutefois, l'oblitération primitive, produisant à
elle seule l'albuminurie et les autres conséquences, doit se démontrer rai*ement ;
nar il n'y a pas beaucoup de circonstances dans lesquelles, sans affection générale
antérieure, les veines rénales puissent être comprimées jusqu'à l'effacement com-
plet de leur calibre ou bouchées par un caillot.
Les thromboses des veines rénales, décrites plus habituellement sous le nom de
(ihléhites, se rencontrent particulièrement dans les conditions morbides où bien
>ouveiit l'albuminurie se montre indépendamment de toute lésion de ce genre.
C'est dans les cachexies, et spécialement dans la cachexie puerpérale, que l'albu-
minurie est le plus fréquente ; c'est dans les mêmes conditions morbides que moins
souvent se produisent les thromboses, dont l'une des plus rares est celle du rein.
Par conséquent, il est vraisemblable que cette dernière lésion vient simplement,'
au moins quelquefois, se surajouter aux phénomènes morbides fondamentaux.
C'est ce qui doit avoir lieu par exemple dans tous les cas où, sauf la lésion des
veines émulgentes, tous les autres symptômes sont ceux des maladies de Bright
ordinaires, depuis l'ulbuniinurie et l'anasarque, jusqu'aux accidents cérébraux qui
terminent la scène. Autrement, il faudrait admettre que Tissue de l'albumine par
le fait de l'imperméabilité des veines suffit à déterminer l'ensemble des symp-
tômes attribuables à la dyscrasie avec albuminurie. Or nous verrions aussitôt sur-
gir toutes les objectioas contre la prééminence de la lésion locale, et toutes les rai-
sons qui militent en laveur de la dyscrasie albumineuse.
D'ailleurs l'étude des faits particuliers conduit à une interprétation conforme à
ia doctrine que nous avons développée et que nous soutenons ici : celle de la super-
albominose sanguine.
Chez les deux sujets que j'ai observés, l'affection s'est développée dans l'état
puerpéral, si fécond en accidents albuminuriques. L'une de ces femmes relevait de
couches; elle était probablement albuminurique durant sa grossesse ; en tout cas,
elle étuit encore sous le coup de la diathèse qui crée l'albuminurie. Un refroidisse-
ment survient ; c'est la cause du développement d'un état fébrile et d'une poussée
oongeslive vers les reins, d'où retour ou bien intensité accrue du phénomène « albu-
minurie. » La disposition aux thromboses aidant et l'oblitération survenant dans
ItN veines émulgentes, l'albumine devient plus abondante ; il s'y joint du sang en
nature. Cependant Us altérations générales de l'économie s'aggravent et la vie
^'éteint au milieu du délire et du coma. Dans tout cela, nous retrouvons la
marche habituelle d'une maladie de Bright aiguë, et les caillots des veines rénales
[aniissent n'avoir eu d'autre rôle que d'augmenter la proportion d'albumine et
)<% désordres anatomiques des reins.
Il serait curieux de voir si une oblitération veineuse protopathique produirait un
mtre en.semble de symptômes. En attendant, je maintiens un doute motivé relati-
vement à la signiGcation de certaines thromboses des veines émulgentes, lesquelles
[XHirraienl bien n'être ([u'une complication el non la cause première du passage
488 ALBUMINURIK.
do l*albuiniiie à travers les reins. Mais si la sévérité de la science nous dcfeiul de
regarder comme rigoureusement démontrée en pathologie la réalité d'une albumi-
nurie créée subitement, et de toutes pièces, par le seul fait d'un obsUck méca-
nique au retour du sang veineux, elle nous autorise du moins à croire le fait pro-
bable, et à considérer les embarras circulatoires comme cause adjuvante de b
filtration albumineuse. C'est ce qui ressort particulièrement de 1 étude des mala-
dies organiques du cœur.
Albuminurie dans les affections cardiaques. L'albunûnurie des affiscticNb
organiques du cœur reconnaît plusieurs causes. Cest, d'une part, robstaele à b
circulation ; d'autre part, ce sont les altérations nutritives et la dpcrasic san-
guine. Les sujets qui portent depuis longtemps une lésion cardiaque sont généra-
lement hypoglobuliques et cachectiques ; ils ont les vaisseaux des reins, comme Ik
autres, infiltrés de granulations graisseuses ou amyloïdes, toutes ciroonstanos
extrêmement favorables au passage de Talbumine dans les urines. Mais la fluxion
rénale et l'augmentation de la pression sanguine en sont les causes détenninaol<^
Quand la lésion anatomiqne d'un orifice est assez avancée pour entraver considt-
rablement le jeu du mécanisme cardiaque, il en résulte toujours finalement un
obstacle à la circulation en retour, et une stase dans les réseaux capillaires ; seult*-
ment cette lésion, suivant son siège, sa forme et son degré, amène plus ou moin^
vite et développe plus ou moins cette stase circulatoire. La plus haute puissance
nppartient au rétrécissement de Torifice auriculo-ventriculaire droit, parce qu'il
soppose directement au retour du sang veineux de la circulation générale. Ensuite
viennent les lésions de l'orifice mitral, dont le rétrécissement par exemple, em|i^-
rhant les poumons de se dégorger du sang artérialisé, met obstacle s\ Tarrivéf^ dit
sang noir de l'artère pulmonaire, empêche le ventricule droit de se vider et pro-
duit par contre-coup le résultat que donnait immédiatement le rétréeî<seaii^i(
Iriciispide. Les insuffisances auriculo-ventriculaires entraînent des oonséquence^
moins fâcheuses pour la circulation. Le rétrécissement et rinsullGsance aortiquo
ont encore moins d'inconvénients.
C'est précisément dans le même ordre que se disposent ces diverses lésions, eu
égard à la facilité avec laquelle elles déterminent l'albuminurie; non parce qur
l'asystolie oflre la même gradation de fréquence, mais bien parce que le passage d**
l'nlbumino est subordonné à la pression sanguine et h la cachexie.
lies auteurs qui ont cru pouvoir expliquer l'albuminurie par l'asystolie ont nul
compris, selon moi, le mécanisme des phénomènes morbides, et quelques-uns !«
sont mis formellement en contradiction avec leur propre manière de voir relative-
ment au mode d'action de la poussée artérielle dans la production de l'albiiniinonr
mécanique en général. Si la faiblesse de l'ondée sanguine est si favorable à b
transsudation albumineuse dans le cours des maladies du cœur, comment dooc <**
fait-il que la suppression de certains rameaux artériels dans le rein déierminr
Inlbuminurie (expériences de Panum) par le fait de l'exagération de pression dim
les branches restées perméables?
Pour dire ici toute ma pensée, je serais plutôt disposé à considérer ras}istott(
comme une circonstance de natiu'e k diminuer la transsudation albumineuse. qw*
comme devant la produire ou l'accroître, lorsqu'il existe un obstacle mécanique jn
retour du sang veineux.
Quoi qu'il en soit, l'albumine existe en proportion plus ou moins considérab!**
dans l'urine de la plupart des sujets offrant à un haut degré les symptômes dits la*
tionnels des maladies du cœur; à savoir : la stase capillaire et la teinte cyanique.
ALBUMINURIE. 499
l'anhélatioii, leshj|)eréinies viscérales et Tanasnrque des extrémités. I^urs urines ont
même cseci de particulier : qu'elles joignent au caractère coagùlable une coloration
foncée ai rapport avec l'excès de matières pigmentaires provenant de la destruction
de globules, et insuffisamment transformées par le foie atteint dans sa structure ou
ses foncions (foie muscade ou cirrhose). Dans ces circonstances le rein, d'abord
simplement hyperémié et affecté d'une dégénérescence épithéliale, finit par subir
ôe^ changements anatomiques plus profonds, dans le sens de la lésion de Briglit.
XVIII. ÀLBIJXINrRIR DA?iSLE nHUXATISME, LA GOUTTR ET LA GRAVELLE. Trois SOrtCS
(l'albuminurie se rencontrent dans le rhumatisme articulaire aigu : \^ celle des
pyrexies et des phlegmasies fébriles ; 3^ celle de la néphrite rhumatismale ; S^Tal-
luminurie par colliquation musculaire.
\£ rhumatisme chronique, ayant amené de profonds désordres dans toute l'éco-
nomie, peut s'acxompagner d'albuminurie dyscrasique ou cachectique.
Dans la goutte se retrouvent de pareilles albuminuries liées à des conditions
|Qtbogéniques analogues. L'albuminurie cachectique est vraisemblablement plus
fréquente dans cette maladie que dans le rhumatisme lui-même.
lAgraveUe, qui n'est souvent qu'une manifestation delà diathèse goutteuse,
eitj^ndre les mêmes albuminuries que la goutte franche. De plus, elle donne lieu
j une leuoomurie catarrhale explicable, non par la présence de cristaux d'acide
lithique (gravelle microscopique), mais par l'irritation des tubuli nu contact
d'iirines trop chargées de principes organiques.
\l\. Albuminurie dans les lésions rénales. Sous cette rubrique se rangent
i<^ albuminuries avec néphrite aiguë produite par les refroidissements et même,
jusqu'à un certain point, celles qui se montrent dans le cours de la grossesse, du cho-
léra, de la scarlatine, etc., lorsque le rein est visiblement modifié dans sa struc-
ture. .4 plus forte raison, le diabète leuoomurique proprement dit trouverait-il ici
VI pbce, si la description de cette forme importante ne réclamait un article séparé.
iVoy. Maladie de Brigut.) Nous nous abstenons par conséquent d'en parler. Kn
revanche, nous dirons quelques mots de plusieurs autres états morbides accom-
pagnés de lésion organique des reins, ou essentiellement constitués par ce désordre
anatomique et qui donnent lieu à l'albuminurie.
Albuminurie dans les affections cutanées. Des causes morbides, qui enrayent
ou suspendent tout à coup les fonctions cutanées, des lésions qui suppriment une
portion plus ou moins vaste du tégument externe, sont l'occasion du passage de
l albumine dans l'urine. Le fait a été démontré depuis longtenips par Fourcault sur
des animaux qu'il parvenait à rendre albuminuriques en couvrant une partie de
leur corps d'enduits imperméables. Ces expériences, répétées depuis et variées,
(int donné les mêmes résultats entre les mains de M. Balbiani et de Valentin.
0
Sans parler des fièvres éruptives, nous avons vu l'albuminurie accompagner
df« érysipèles intenses ; il en est de même pour les brûlures peu profondes, mais
(n*s-éteiKlues, et tout porte à penser que certaines dermatoses (eczéma, pemphigus)
arri^-ant rapidement ù couvrir la majeure partie de la superficie des téguments,
imtnineraient fré(|uemment une semblable altération sécrétoire. Déjà l'albumi-
itiirif' M> trouve signalée par M. Rayer dans un cas d'eczéma. L*action répercuswsivo
du Iroid produit souvent ce fAcheux effet, et l'albuminurie aiguë (mi est la consé-
(|iienop. Voilà ce qu'enseignent l'observation et rexpcrimenlatioii. Reste à savoir
{)3r (piel mécanisme l'albuminurie prend alors naissance.
Lorsque la maladie est fébrile, nous retrouvons les diverses conditions pathogo-
uii(iie$ énoncées plus haut dans les généralités sur les pyrexies et b's phlegmasies.
490 ALBUMINURIE.
H faut y joindre dans certains cas lUie localisation, sur ie<( reins, di's effets deli
diatlièse, ou bien l'une de ces altérations consensuelles qu'entraînent à leur suite
les troubles fonctionnels, ou mieux aclionnelSf des grands appareils de l'tVu-
nomie. Arrêtons-nous sur cette dernière circonstance causale, pour en faire rap|4i-
cation plus s{)éci;dement à la réfrigération périphérique comme cause du iliaU-d*
albuniineux.
Bien que la chimie constate une faible proportion de matière azotée, prolnUi'-
ment épidermoide, au milieu des principes gras et salins de la sécn'tion cutaïkv
il est clair que ce n*est pas la rétention de cette substance quaternaire qui peut
rompre l'équilibre entre lu production et la consommation des principes albnnu-
uoïdes dans l'économie. L*hyperleucomatie doit par conséquent provenir d*iine autre
source. Or, la peau est une voie d'échange entre l'atmosphère et le sang; scnût-^v
donc en diminuant le champ de rhém:itose qu'agiraient les lésions tégumentaire>?
Malgré l'importance plus grande recoimue dans ces derniers temps à reihalatimi
gazeuse de la peiiu, la suppression de cette exhalation parait encore insuflisante >
expliquer la production de ralbuminuric. Pour s'en rendre un compte satisfaisant,
il faut faire intervenir des troubles connexes dans les grandes fonctions, notamment
dans la fonction hépatique et même les congestioas viscérales qui aooompegnejit
d'ordinaire l'anémie périphérique. N'oublions pas en effet que la peau élimiiie
simultanément, par les glandes sudoripres, des substances analogues à celles dont
se chargent les reins et« par les glandes sébacées, des corps gras très-voisins de
ceux qui font partie de la bile. Il suit de là que, toute superalbumino&e k part, !«*
foie et les reins forcés à un travail excessif peuvent s'iiriter au point de devenir )i*
siège d'une exhalation séreuse. Goodfellow a pensé que la phlogose rénale pou^^ait
s'expliquer par l'action réflexe vaso-motrice. Dans son opinion, corroborée |wr k.>
expériences de H. Brown Séquard et d'autres physiologistes, l'excitation des expao-
sions périphériques du système nen^eux ganglionnaire doit retentir sur les ùïei^
intérieurs du même système, pour en déterminer la paralysie et par saiite une dila-
tation des capillaires favorable à la transsudation albumineuse, aussi bien du côit du
tissu cellulaire que du côté desglandosuropoïétiques. C'est la doctrine de la réper-
cussion rajeunie et mise en haimonie avec la physiologie moderne. L'application
qu'en fait le pathologiste anglais est plausible, et sert à compléter la tliéorie de>
effets de la réfrigération sur la production d ' l'albuminurie.
Outre les maladies aigués de la peau et les troubles instantanés de la fbnctiiin
cutanée, l'albuminurie se rencontre dans les états diatliésiques caractérisés prdf^
affections chroniques du derme, et auxquelles s'applique de préférence la dénorot-
nation de dartres. On Toliserve dans la lèpre, le lichen et le psoriasis. M. Rayrr
rapporte un exemple de ce dernier genre, et c'est dans un cas semblable que Fam
a utilisé l 'arsenic. La présence du principe coagulable de l'urine doit-elle ku-
attribuée à l'altération dartreuse du rein, ou bien à l'état cachectique qui arcom-
pagne les manifestations cutanées? Dé|)end-elle de l'hyperlencomatie rehti^f v\
de la fluxion rénale conjointe, ou bien de la néphrite catarrhale, herpétique? ("<M
ce qu'il est inopossible de décider actuellement.
De toutes ces conditions pathogéniques, la plus puissante est sans contredit 1» -
tion du froid. L'albuminurie qui dérive souvent de cette cause revêt alors uni'
forme intense, s'accompagne d'une véritable néphrite albumineuse et p^^
souvent à l'état chronique.
Des phlegmasies primitives, directement produites par l'action locale du fn««i
sur la région lonilmire, et sans l'aide des troubles déterminés dans tout l'organcuiic
ALBUMINURIE. 491
pir mie réfrifvération générale et prafonde, de telles phle^masies rénales donnent
lieii, aussi bien que les véritables néphrites albumineuses, à des urinas coagnlabU^.
lliN lors on s'étoimera peut-être de la distinction que j'établis entre des (àits si
semblables. Mais ces néphrites franches offrent, à mon avis, par rapport à exiles dt;
ia maladie de firight aigdë, la même différence qui sépare une arthrite en quelque*
sirte traumatique, engendrée par l'application to{)ique du Iroid, d'une inflammu-
lion rhumatismale dont le troid n'est que la cause occasionnelle.
A côté de ces néphrites à frigore, indépendantes de toute modification des
:^nimles fonctions, je place celles qui succèdent à une violence extérieure; mais
no» pas Ivs inflammations catarrhales ou suppuratives duei à la présence de gra*
vii^rs ou de masses calculeuses dans les calices et le liassinet, parce que ces der-
itières ne donnent lieu qu'à de fausses albuminuries.
L'albuminurie vraie peut encore se montrer dans le cours des aflectious parasi-
l;)ires qui compromettent le parenchyme rénal, ou des dégénérescences tubercu-
\evb4* et cancéreuse de la substance corticale, avec phlogose concomitante. Toutefois
i<- nie bâte de reconnaître que les faits ne se prêtent pas toujours à ces distinctions
Ibéoriques. Dans la carcinose ou la tuberculose du rein, l'albuniine peut provenir
m partie de la fonte purulente des produits accidentels, ou de l'exhalation séreuse
qui en accompagne l'élimination parcellaire.
XX. ÂLBCVIAURIE DA^S LES MALADIES DU SYSTÈME NERVEUX. LeS affcctioilS
nerveuses ont plusieurs manières d'agir pour faire apparaître l'albumine dans les
unneii. Pour commencer par le seul fuit démontré expérimentalement, je rappel-
lerai que dans quelques cas de ponction du quatrième ventricule, opérée dans le
lut d'obtenir la glycosurie, M. Cl. Bernard a déterminé une leucomurie passa-
gèff. Dans ces conditions en effet le phénomène ne pouvait être que transitoire,
^11 le peu de durée probable de la solution de continuité par simple piqûre ; mais
la lésion permanente de la même région entraînerait probablement une albumi-
nurie chronique.
Quand on veut se rendre compte d'une albuminurie consécutive à la piqûre du
ventricule médullaire^ on rencontre deux hypothèses. En premier lieu, comme
le résultat a été obtenu accidentellement, en opérant sur un point de l'encéphale
dans lequel sont certainement placés des faisceaux en communication avec le foie,
et préposés à la fonction hépatique, je conjecture que, suivant le sens dans lequel
resi'aisceaux ont été intéressés, il y a eu tantôt excitation, tantôt arrêt de la iono
tion «[lycogénique : l'urine charriant du sucre, quand le foie en introduit trop
dans la cirailation, ou de l'albumine, lorsque le dédoublement des matières pro-
Iniques est momentanément suspendu.
La seconde supposition, conforme à une vue de Landouzy, qui considérait
Talbuminurie comme une affection du système ganglionnaire, ferait intervenir les
nerfs vaso-moteurs et expliquerait par la section et conséquemment la paralysie
de> (ilets dits sympathiques, dévolus aux reins, la fluxion de ces organes et la
sécrétion albumineuse. Les résidtats aléatoires de la piqûre du ventricule médul-
laire, foi-tifiés par certaines expériences de Ludwig et de Schifî, semblaient don-
ner une base assez solide à cette opinion déjà j'épandue ; mais des expérimen-
tations nouvelles, entre les mains de Wittich et de Stokvis, en ont détourné la
plupart des palhologistes. Ces vivisecteurs, portant l'instrument sur les nerfs
rt'naux ou les plexus dont ils émanent, n'ont pas vu l'albumine apparaître dans la
^rétion urinaiie consécutivement à la solution de continuité de ces j-amcaux
ix'neux. Ces faits, à mon avis, ne prouvent qu'une chose : r'i^t que la dilatation
4flâ ALRlININdRlE.
paralytique des capillaires est iiisuftisante à produire l'extmvasatîon albamineuse.
Or il serait aussi téméraire d'attendre en ce cas un résultat positif, que de rompler
uniquement sur la section du cordon sympathique cervical pour déCenniner, chei
un lapin, la phlegmasie de Tœil ou de Toreille. La déception des partisans de b
théorie hydraulique vient de l'idée erronée qu'ils se font du mol « came ». b
pression sanguine, dans la mesure où peut l'accroître le défaut de tonidlé vascu-
laire, ne saurait être ni la cause déterminante, ni encore moins la cause efficieoU'
et suffisante de la filtration albumineuse par les reins : c'en est une condition
favorisante et rien de plus. Aussi, de même que dans l'opération de M. Cl. Bemanl,
l'adjonction d'un irritant local ou d'un mauvais état général à la par.ilysie sym-
pathique transforme l'hyperémie active de l'oreille en inflammation véritabip;
de même des circonstances adjuvantes, venant s'ajouter à la fluxion rénale apiv^
la section des filets vaso-moteurs , parviendraient à déterminer l'allinminuric. il
n'est donc pas plus sage de refuser toute influence à la suppression de rinOni
nerveux dans la production du phénomène, que de faire dépendre celui-ci de cHW
couse unique. Néanmoins les résultats négatifs obtenus récemment en .^Hema^nic
et dans les Pays-Bas me portent à accorder une importance majeure à IVtkm
exercée sur la crase sanguine par la piqûre du quatrième ventricule.
Les deux mécanismes précédents répondent aux deux espèces d'albuminunc
dont nous admettons l'existence : l'une, par hyperleucomatie avec oon^estion
rénale consécutive; l'autre, par hyperémie primitive des reins. A défaut d'obser-
vations cliniques positives, l'induction conduit a reconnaître de la part du systèn»
nerveux un troisième mode d'action, moins eflicace et plus détourné. Les simple*
névroses et les névralgies, soit qu'elles attaquent d'emblée un organe essentiel ï
la vie, soit qu'elles durent et se généralisent, finissent par entraîner des ooiti»^
quences plus ou moins fâcheuses pour la nutrition. Par exemple, une gastnkir
ou une gastro-hépatalgie s'accompagnera presque nécessairement d'une dyspepsie
complexe et déterminera la superalbnmino^e par l'élaboration insuffisante de la
protéine, ou son défaut de dédoublement en matière glycogène. Des peines morali^*
des troubles nerveux disséminés et graves, entravant le jeu des fonctions respin*
toire, circulatoire et nutritive, aboutiraient à la longue au diabète albamineiix. à
travers les désordres constitutionnels caractéristiques de toute cachexie.
En somme les névroses avec ou sans matière contribueraient à la prodiidion
de l'albuminurie en portant leur action sur les reins, sur le foie, sur im ou plu-
sieurs des grands appareils de l'économie, de manière à déterminer dans le premier
ras une fluxion rénale, et dans les autres une hyperleucomatie avec hypermiii<
secondaire : conditions prochaines, causale et instrumentale, du passage de Talbii'
mine dans les urines. Voyons si les faits répondent à la théorie.
M. le professeur Bernard a noté depuis plusieurs années ralbuminurie â la stiil/
des convulsions chez les animaux. Quelques exemples relatés par Bright kti-ro«'fD'
tendent à faire considérer l'albuminurie comme ime conséquence possible des
attaques^ épileptiques. Ca/eaux et Seyfert admettent celte étiologie. Mai» 1^
observations recueillies dans le service de M. Horeau (de Tours) â la Salpètrièn
))ar M. le I)' Ém. Sailly ne sont guère favorables à cette manière de voir, puisai»*
ri 16/ trente femmes épileptiques les urines recueillies après les attaques n'ont
ofîerl dans aucun cas la moindre trace du principe ooagulable. L'assertion de
Peschier, qui, au dire de Martin (Soloh), aurait constaté la présence de l'albumini
dans l'urine à la fln d'accès hystériques, nous paraît encore plus lia»rdée. SV
fallait en croire deux autein*s anglais, cités par M. le D' Hubert (Uièse de hri^.
ALBUMINURIE. i95
ISMl, l'iufliience des maladies mentales sérail elle-même démoiilrée. M. Umnelt
nipporle mi cas de folie à double forme, dans lecfuel il existait de Talbuminurie
IKiidant la période de dépression, tandis qu'on n'eu trouvait |ias trace pendant
celle d'excitation. M. Simpson a observé trois cas de folie accompagnés d'albu-
mine dans l'urine, et la disparition de la substance protéique précédait' le retour
à la santé. Ces faits demandent à être vérifiés. Il en est de même des assertions
des auteurs relativement à l'inlluence des aflections spinales.
Brodie et Henckel ont vu l'albumine apparaître dans les urines des sujets atteints
de maladies de la moelle, en même temps que diminuait l'acide urique. Ârous-
sohn, de Strasbourg, a signalé le fait dans de semblables conditions. Pour établir
cette sorte d*albuminurie, il faudra se mettre en garde contre une cause d*erreur
qui a pu tromper des observateurs non avertis : je veux parler de la fausse albu-
minurie due au catarrhe vésical, consécutif à la rétention d'urine.
Mais il est un dernier ordre de faits dont l'existence me parait dés à présent
UNHDS problématique. Puisque l'albuminurie a pu suivre une piqûre du quatrième
ventricule, il était présumable que ce trouble sécrétoîre pouvait accompagner des
lésions spontanées de l'isthme encéphalique : c'est effectivement ce que j'ai ob-
sené dans un certain nombre de cas. L'un des plus remarquables est celui dont
j ai rapporté l'histoire dans mon premier travail sur V hémiplégie alterne (Gax-.
M, deméd., i856). L':dbuminurie se montra dès le début des accidents impu-
tables aux altérations de la protubérance annulaire, et resta la compagne fidèle des
phénomènes paralytiques. Je Tai rencontrée chez d'autres sujets, atteints également
de lésions situées vers la protubérance, et même plus haut du côté des hémisphères,
et je ne doute pas qu'elle ne puisse devenir un signe prémonitoire utile, en même
temps qu'un moyen de fixer avec plus de précision le siège des désoi'dres encé-
phaïiques.
Il serait désirable que l'albuminurie symptomatique des affections cérébro*
spinales et nerveuses devint l'objet d'une étude attentive et soutenue, au même
degré que celle des glycosuries reconnaissant la même origine. Des résultats inté-
re»ants ne manqueraient pas à ceux qui poursuivraient cette tâche.
XXI. Albuminurie daks les cachexies. L'albuminurie se retrouve comme
élément morbide dans toutes les cachexies. Que l'altération dérive de la scrofule, de
b tuberculose, du cancer, de la syphilis, de la morve, de l'intoxication palustre
ou de toute autre cause, les grandes fonctions peuvent être atteintes de même, et
les mêmes conséquences en résultent fatalement. I^a formation ralentie des glo-
Imles, la réparation incomplète des muscles, la diminution de la combustion res-
[•fratoire, font prédominer dans l'économie l'élément albuminoide et rendent né-
''essaire l'élimination en nature de ce principe quaternaire. Et puisque la diathèsc
était d'ailleurs difQcile ou im|)Ossible a modifier, il n'y a pas de raison pour que la
^rétion albumineuse une fois établie ne persiste pas, d'autant plus que les affec-
tions qui ont amené la cachexie tendent généralement à favoriser le développement
de lésions organiques, partout où un trouble fonctionnel durable en fait naître Toc-
msion.
Dans la tuberculose ganglionnaire et viscérale, l'albuminurie a été vue p;ir tout
le monde ; elle est moins vulgaire dans le rhumatisme ou la goutte chronique,
dans la carcinose, c'est-à-diro la diathèse cancéreuse, bien que dans celle-ci
linger l'ait obsenée dans la proportion de i*2 pour 100 chez les cachectiques. Les
nrmes ont été trouvées albumineuscs chez les pellagreux par Carlo Calderini et
d'autres médecins italiens. Je les ai vues telles dans la morve et le larcin chroni-
i*U ALBUMINURIE.
ques. Mulnisleii, Frericlis, Axel Key, et tout i-écemiiient Ro:$enstetii, oniiiiiscn
iuiuière Taibumiuurie liée à la cachexie palustre. U n'y a donc ps à douter que k-
l'ait ue soit absolument général dans les cachexies. Ce qui varie, c*esi le de*|;ré d^
Ir&iuence cl le mécanisme de production. Tantôt la dyscrasie et Taltération de un-
ti'ition jouent le rôle principal ; tantôt les lésions rénales ont la plus grande prt
dans le trouble de la sécrétion. La cause morbide produit indirectement rallninii-
nurie à la faveur de la cachexie seulement; ou bien, telle que l'alcool, elle :i;!il
concurremment sur les glandes uropoïétiques. L'abus prolongé des spiritueux, d\i*
(ircb les observations de H. Rayer, les recherches de Magnus-Huss et rexpérienct
de tous les médecins, est certainement l'une des causes les plus ordinaires de b
maladie de Bright. Mais on peut observer également l'albuminurie transitoire dan^
lalcoolisme aigu, dans un accès de delirium tremenSy venant traverser le cours do
habitudes d'ivrognerie qui n'ont pas en(x>re profond^ent altéré la constitutioii.
L'alcool agit alors soit comme irritant du rein, soit comme obstacle à lox} dation
des substances albuminoïdes du sang, ou bien comme cause de dénutrition rapide
des solides organiques et des hématies. La teinte subictérique qui se montre usse?
souvent en pareille circonstance rend vraisemblable ce dernier mécanisme
La tuberculose, la carcinose, la morve et la syphilis agissent aussi sur l'eii-
semble de l'économie et sur les glandes uiinaires, en y déterminant des lésiom
susceptibles d'entrahier la filtration de l'albumine.
L'albuminurie est-elle quelquefois un symptôme de chlorose t Certainement l'u-
rine a été trouvée coagulable chez des sujets pàles^ hypoglobuliques, dyspeptiques,
énervés, offrant en un mot les attributs de l'état cachectique désigné sous le oom
de chloro-anémie. Mais derrière ce masque banal se cachent des natures fort dille-
rcntes. Parmi ces malades, les uns souffrent de dyspepsie, les autres de privadoib
ou de ce que H. Bouchardat appelle énergiquement le mai de misère; c'est plutôt
de l'anémie. La chlorose au contraire appartient à la pathologie des âges; c est aiir
maladie d'évolution. Encore cette affection n'est^le pas toujours identique à elU*-
même. La vraie febiis alha virginum, la chlorose avec teinte citronnée des tégu-
ments, me paraît se rattacher au purpura^ dont elle est la forme légère et béni^'oe.
Cette dernière espèce, pas plus que les précédentes, n'est sujette à se compliquer
(ralbuminurie. Mais il est une autre chlorose, procédant du lymphatbme exagéré,
({ui s'accompagne de leucomurie pendant de longues périodes de temps. Cette chlo.
rose, avec dyscrasie leucomatique, ne se distingue de la maladie de Bright que pr
sa faible intensité et sa curabiUté, en sorte qu'on en pourrait faire une éfaauck
transitoire du diabète leucomurique. Je n'ai pas encore pu suivre assez longtemps
des jeunes personnes ayant été atteintes de cette affection » pour savoir si elle était
réellement une première tentative d'une cause morbide devant amener dans là^t
mûr une vraie maladie de Bright.
Le purpura ha^morrhagica n'est qu'une manifestation de la diathèse liemorrlLi-
gique, laquelle peut exister protopathiquement^ ou se montrer comme complication
de maladies variées : la cachexie scorbutique, diverses septicémiesi k tuberrulisi-
lion aiguë, les maladies du foie, etc. Dire que l'albuminurie se montre daib 1^
purpura, c'est donc énoncer très- vaguement une coïncidence dont on ue coropicDd
la valeur qu'à l'aide d'indications plus explicites.
D'après mes observations, l'albuminurie vraie n'est pas très-commune dam ^
groupe des affections dont le trait le plus caractéristique est la multiplicité des hé*
morrhagies. Elle serait particulièrement rare dans la maladie de Werlhoff idinp-
tliique : celle que je considère comme n étant qu'une phatie de développenaent ri
ALBUMINURIE. 495
\v degré exlrciiie de la clilorose proprement dite, l'orl dilïérciitc de riiypu^'lobuUe
i|ui usurpe souvent cette dénomination.
Au contraire on rencontre assez fréquemment rallmmino dans les urint^ des
^ujeU chez qui la diathèse hémorrhagi((ue est liée soit à une lésion du foie, soit à
révolution de la phthisie aiguë. Sa présence s'explique aloi's par les troubles dys-
cnbiques, nutritifs et rénaux, engendrés par la maladie principale, indépendani-
tuent des conditions spéciales de la diathèse hémorrhagiqiie : à savoir, l'état
aplasiique du sang et le ramollissement des tissus.
Il y a cependant une sorte de leucoraurie vraie qui appartient en propœ au pur-
|4ini : c'est celle qui résulte de la pldogose légère consécutive à la fluxion hémor-
rhagique, momentanément fixée sur les glandes rénales.
XXII. ÂI.BDM1.MR1ES TOXIQUES. Ellcs sc diviseut naturellement en trois catégo-
ries, suivant lorigine minérale, végétale ou animale des poisons.
A. Par poisons minéraux. Un très-grand nombre de coqis simples ou com-
poses, parmi les métaux et les métalloïdes, exercent une action nuisible ou funeste
ourles êtres vivants. Les oxacides et les hydnicides concentrés, le phosphore, l'ar-
HMiic, le plomb, le cuivre, le mercure et tant d'autres introduits dans l'économie,
> déterminent des désordres graves et variés dont l'albuminurie fait souvent partie
intégrante.
b. Par poisons végi^taux., Kigoureusement l'alcoolisme trouve ici sa place ;
i-ar, sauf la liqueur obteime par fermentation du lait de jument et usitée seule-
ment en Tartarie, les autres boissons spiritueuses |)roviennent du règne végétal.
Mais des plantes entières et des pai'ties de plantes, ou des principes préexistants
dans leurs organes, sont capables de produire l'albuminurie. Du moins ont -elles
iléterniiné quelquefois le pissement de sang,, ce qui, à défaut de constatation di-
rate, autorise à penser que Talburainurie pure et simple doit être quelquefois la
ronséquenee d'une lésion rénale moins violente, produite par des doses plus mode-
iée$ de la substance toxique.
Galien dit que la garance rend les urines épaisses, troubles et même sanguino-
lentes. Dioscoride accuse aussi cette plante, qui est diurétique, de provoquer par-
lais l'hématurie.
Ch. Le Pois déclare avoir vu plus d'une fois l'usage prolongé de la poudre de
baies de genévrier occasionner des urines sanguinolentes. Schwilgué cite au même
litre les térébenthines, la scille et le colchique. On a vu le baume de copahu, ad-
ministré à doses excessives, être suivi d'inflammation des organes urinaires et
d'eihabtion sanguine par les reins. Plusieurs observateurs ont cru remarquer que
^n usage amène souvent la présence de lalbumine dans les urines. Bien que le
fait soit controuvé pour la plu|iart des cas, il me praît cependant probable que sa
réalisation peut avoir lieu par exception. EnHu, il y a quinze ans environ, H. le
du:leur Duchassaiiig communiquait à l'Académie des sciences de l'Institut des ob*
H>n-alions recueillies à la Guadeloupe, et propres à démontrer l'existence d'héma-
turies dues au sulfate de quinine.
A ces faits pouiTaicnt se joindre certains empoisonnements par des végétaux in^
férieurs appartenant spécialement à la classe des mucédinées. Telle serait la pe^
bgre épidémique des contrées à maïs, si le verderame jouait le rôle essentiel dans
!«n étiologie.
c. Par poisons animaux. Je ne range pas dans cette division les principes
malfaisants, issus des organismes malades ou en voie de décomposition putride, et
désignés sous les noms de virus, contages, miasmes, etc. Les efiets des poisons
496 ALUIMIMJRIE.
nioi-bidcs oal clé signalés ù prups dci septicémies, des fièvres éi'U|>lives et |jalii>'
très. Quant aux venins, c'est-à-dire aux poisons normaux chei certaines espère^
animales : serpents, crapauds, scorpions et autres arachnides, lobserration ne nou^
a pas sufitsamment renseignés sur leur valeur comme cause possible d'aliNimi-
nurie. A la vérité l'albuminurie observée par Christison à la suite de l'ingestioii
A" nu fromage de mauvaise qualité jieut être considérée comme la conséquence d*un
empoisonnement par une substance animale ; mais l'isolement de ce bit embarras
sant lui enlève toute importance. Il ne reste donc comme spécimen d'albcuninurii*
|iur |x>ison animal que celle qu'on voit si fréquemment succéder à Tapplicatiou ci-
terne de la poudre de cantharides, et qui constitue la principale maniliestation du
(antharidisme.
Les poisons intei*vieiHient de plusîeui^s manières pour produire l'albuminurit'.
Portés dans le tube digestif, ils l'enflamment ou du moins le modiiient de tdie
façon qu'il en résulte de la dyspepsie. Absorbés, ils irritent le foie et nuisent à b
régularité de ses (onctions bématopoïétiques ; puis ils altèrent la masse sanguim*.
entravent le jeu des principaux appareils et compromettent par là la respiration <*(
la nutrition. Enfin, s'ils sont éliminés de préférence par les reins, ils développeul
dans ces glandes un travail congestifou même inflammatoire. Toutes les coodilioit^
putliogéniques de superalbuminose sanguine et de iiltration albumineuse se troin
vent donc réunies jlans les intoxications.
Maintenant chaque substance véué:;euse a sou mode d'action propix*. On peut
cependant grouper les poisons en plusieurs catégories (ondées sur leur Huàh-
lude d'action. Il convient surtout de distinguer les poisons irritants des poMh
altérants. Les premiers (acides énergiques, alcool conceuti'é, pliosphorc, arsenic i
dose massive) exercent une action violente, mais instantanée, ou du moins non eii-
(retenue par la présence constante de la cause. Les seconds (plomb, argent, an«iii<
à petites doses) ne déterminent d'abord aucun phénomène appréciable, mais amè-
nent à la longue des désordres fonctionnels graves et parfois incompatibles a^ o
l'existence. En dehors de cette dichotomie, il y a d'autres distinctions à établir au
|K>int de vue de l'action intime des poisons.
Les uns s'opposent au conflit du sang avec l'oxygène (acide cyanhydrique) ou
suppriment l'oxygène (phosphore) ou diminuent l'alcalinité (acides minéraux i ; k>
autres déterminent l'exosmose globulaire et même la dissolution des hématiff
(hydrogène arsénié, acide (carbonique). Ceux-ci provoquent la dénutrition des ùh6U>
et particulièrement des muscles (mercure, iode). Ceux-là excitent surtout b plilo-
gose rénale (c9ntharides, diuréti(|ues directs en quantités excessives, etc.) Les t^ol^
])reniièi*es influences (encourent à déterminer la superalbuminose sanguine.
Certaines substances ne se bornent pas à modilier les soUdes |iar rintennédiaii*
du liquide nourricier : elles se combinent avec les principes plastiques du ^alL:.
comme le soufre s'miit à la matière protéique dans l'albumine de l'œuf, et prennent
sans doute la place des éléments normaux par une sorte de substitution diiroiqui*
Devenues parties intégrantes du bbstème qui répare les tissus anciens ou fonm*
les tissus nouveaux, elles demeurent incoq^orées dans nos organes pendant une
période souvent fort longue et ne s'éliminent qu'à la faveur de la désassimiblion.
ainsi que le démontre l'action positive de Tiodure de potassium. Leur prcseocp or
laisse pjis que d'imprimer aux propriétés organiques une modalité spéciale, vénLi-
Idement morbide, qui, dans le langage adopté, se rend par le mot altèraiion ei pi^i
(bns b suite entraîner pour l'économie tout entière des conséqueiK-es fàcllell^t*^ oo
même funeste».
ALBUMINURIE. 497
Dans œ cas se trouvenl les poisons minéraux, notamment le plomb, le mercure
et l'arsenic, lesquels sont des altérants par excellence et paraissent pouvoir se
substituer au fer, au phosphore et au soufre dans la composition élémentaire de nos
(issus. Les principes organiques décomposables en oxygène, hydrogène, carbone et
aïole; les substances minérales qui ne renferment que des éléments (soufre, phos-
phore, fer, sodium, potassium) faisant partie de la composition normale de nos
tissus, ne jouent pas au même titre le rôle d'altérants. 11 existe encore d'autres
modes d'action. Ainsi, tandis que certains agents (alcalis caustiques, salpêtre)
fluidifient la fibrine, d'autres (astringents, persels de fer) la font passer à l'état
granuleux en même temps qu'ils coagulent moléculairement l'albumine et produi-
sent la corrugation des hématies : d'où certains empêchements aux fonctions de ces
petits organes et peut-être des embarras dans la circulation capillaire soit du rein,
soit d'autres organes de l'économie.
Tels sont les effets immédiats des substances toxiques. Hais ces agents peuvent
en déterminer d'autres secondairement : par exemple des paralysies, des tlirom-
boseset des embolies, lesquelles à leur tour contribuent encore à augmenter les
perteses d'albumine.
Au reste, un poison peut résumer à lui seul plusieurs des procédés opératoires
([uenous venons de passer en revue. Si l'influence de la spécificité toxique domine
toutes les autres, la dose a cependant aussi son importance. La même substance,
absorbée lentement et en très-petite quantité à la fois, exerce une action compléto-
meot différente de celle qui lui appartient lorsqu'elle pénètre tout à coup en masse
considérable dans l'organisme. i
Eu résumé les albuminuries toxiques reconnaissent plusieurs modes de produc-
tion. Tantôt elles dépendent d'une irritation sécrétoire ; tantôt elles expriment
une altération générale de l'économie ; d'autres fois enfin elles sont le produit de
ces deux conditions réunies. Vouloir les faire dériver toutes d'une seule cause, c'est
s'exposer à laisser un grand nombre de faits en dehors du cercle tracé par la théorie.
Voici ce qu'enseigne à cet égard l'obsenation. Si les poisons sont plutôt altérants
qu'irritants ; si les doses en sont minimes mais répétées ; si leur action, obscure
d'abord, ne se fait sentir qu'à la longue, ils amènent l'albuminurie par l'intermé-
diaire de la dyscrasie et de la cachexie, plutôt que par la phlogose rénale. Si au
contraire ce sont des agents doués d'une grande énergie, introduits subitement et
à dose massive, ils iront porter sur les reins plus qu'ailleurs leurs provocations et
leurs violences, et produiront dans ces glandes des désordres dont une expression
principale sera la présence de l'albumine dans la sécrétion urinaire. Les cas mixtes
oflriront successivement les deux mécanismes.
Toutes les actions que nous venons de reconnaître aux substances toxiques con-
courent à ces deux résultats, savoir : l'hyperleucomatie sanguine et la phlogose des
reins, double condition à laquelle se joint exceptionnellement l'obstacle circula-
toire. Ici comme ailleurs, la dyscrasie se réunit à la lésion rénale pour engendrer
l'albuminurie. Sans la modification oi'ganique de la glande, révélée par la décorti-
cation intense des tubes urinifères, la superalbuminose ne peut rien. Hais la réci-
proque n'est pas également vraie, car l'irritation du rein suffit pour verser de l'al-
bumine dans la sécrétion urinaire. C'est par elle que s'expliquent un certain
nombre d'albuminuries primitives à la suite d'empoisonnement violents, souvent
niortels, par l'acide sulfurique, l'acide arsenieux, la cantharidine, etc. Les médecins
attribuent généralement à la même cause l'albuminurie liée à la saturation hydrar-
fTirique, et dernièrement H. le docteur OUivier a fait dépendre de l'irritation pro*
mcT. Mc. Q. o2
498 ALBUMINURIE.
voquée par le passage du métal la présence de lalbumine urinaire cliez Us ouTriers
empoisonnés par le plomb.
Cette action locale des poisons qui traversent les reins me paraît indubitable et
j*admets volontiers la classe des albuminuries par élimination de substances toii-
ques, à la condition de ne pas en élargir démesurément le cadre aux dépens de
celles, beaucoup plus nombreuses, qu'il faut imputer à la cachexie. Les substance>
qui ne sont pas essentiellement irritantes pour les tissus, le plomb et le mercure
sont de ce nombre, ne causent jamais directement Talbuminurie, si elles ne se pré-
sentent pas aux émonctoires urinaires en énormes proportions à la ois ; autrement
l'altération de l'urine accompagnerait invariablement l'administration thérapeu-
tique de tous les composés mercuriels, saturnins, etc., et cette fâcheuse cotncidenci*
interdirait le plus souvent l'usage des préparations métalliques. Or bien loin qu'il
en soit ainsi, l'acétate de plomb, le pcrchlorure de fer, réduisent manifestement
non-seulement la sécrétion albumineuse mais encore l'exhalation sanguine qui y*
fait par les reins. Au reste quand Talbuminurie existe, elle n'est pas toujoun» en
rapport avec l'activité du travail éliminateur. Overbeck constate chez une jeune
fille syphilitique, atteinte d'hydrargyrisme, du mercure et de Talbumine dans
l'urine ; il administre l'iodurc de potassium conformément aux instructions do
MM. Natalis Guillol et Melsens, et quelques jours plus tard il s'assure que l'albu-
mine manque absolument, bien que la quantité de mercure ait augmenté. Je viem
d'être témoin d'un fait analogue à l'occasion d'un empoisomiement par l'acMlt
arsenieux, pour lequel j'ai eu recours également à l'iodurede potassium. Et, chose
remarquable, l'albuminurie, toujours légère durant la période d'élimination du
poison, est revenue sous une forme très-accusée quand se sont produits les symp-
tômes cachectiques, consécutifs. Ce fait, concordant avec de nombreuses ob^ena-
tiens d'intoxications saturnine, mercurielle et autres, me porte à considérer Li
majeure partie des ieucomuries toxiques comme résultant des troubles dyscrasique<
et nutritifs, plutôt que de l'action locale exercée sur les glandes uropoiétiqucs. Tou-
tefois je conçois d'autapt mieux la tendaïuc vers l'opinion inverse, que les rether-
ches d'Overbeck, Schôfcr, Schônbein et Voit sur le mercure : de Buchheim,
Clams et Sewald sur le plomb; celles de Falck sur le zinc, et de Savilschsui
l'arsenic, nous font voir les poisons cheminant dans le système vascubire à Tétii
d'albuminates, ce qui semble impliquer la nécessité de l'élimination simultanée d*'
la substance protéiquc et du métal. Mais, ainsi qu'on vient de le voir, cette coi»**'-
quence n'est pas forcée. D'ailleurs l'économie a des ressources imprévues contre le>
agents qui lui sont dommageables ; son exonération s'effectue peut-étic par le pn^-
cédé suivant :
Les poisons altérants qui se substituent aux éléments normaux de l'organisme
et se fixent dans les tissus cellulaire, osseux, musculaire et nerveux, aussi \^i
que dans les parenchymes, ne sont pas rejetés par les émonctoires ordinaires. Ib
pénétrent le plasma des éléments morphologiques caducs et se séparent avec eu\
des surfaces t^umentaires. Si, dans l'état physiologique, la chevelure détourne à mi
profit des quantités considérables de fer, elle doit, le cas échéant, entraîner ^
proportions plus ou moins fortes de mercure, de plomb ou de tout autre éléiDciit
faisant accidentellement partie de l'organisme. La réalité de cette fonctioa m cal
déjà démontrée pour les ongles. A l'état normal ces phanères, même cbci les hom-
mes les plus soigneux de leur personne, prennent dans un bain de llaré^ ui'
teinte bistre, indice de la présence d'un sulfure métallique : prokdAement du miK
furc de fer. D'un autre côté, quand les cérusiers demeurent à Thôpital, la hax iki
ALBUMINURIE. 409
oni^les, formée depuis que ces ouvriers ont cessé d'être exposés aux émanations
satonÛDes, esl blanche, et se colore néanmoins fortement en brun dans un dernier
bain sulfureux. Il en serait de même sans doute pour l'épiderme de la peau, pour
répithéUum des muqueuses et pour celui des canaiicules urinilères eux-mêmes.
En sorte que, d'une part, le produit de la décorlication des tubuli, ou le plasma
cocore amorphe de leur couche épithéliaie, serait en partie le véhicule des poisons
métalliques retrouvés dans les urines ; et, d autre part, il serait rationnel de
rechercher ces substances minérales dans les cheveux et les produits de la desqua-
mation cutanée. Les systèmes épidermique et pileux joueraient ainsi chez les ani-
maux le rôle épurateur attribué aux feuilles et aux autres organes appendiculaires
dans le règne végétal.
L*étude du mode d'action de chaque substance toxique sera faite à propos de
l'histoire de la substance elle-même. Cependant je crois devoir poser tout de suite
quelques jalons. Dans les empoisonnements par l'acide sulfurique, Talbuminurie
se montre assez souvent et peut être attribuée à une irritation rénale modérée ;
car, si le rein s*enflamme trop violemment, l'anurie succède. Dans les empoisonne-
ments par le mercure, le plomb ou l'arsenic, l'albuminurie est tantôt primitive et
déterminée par la phlogose rénale, ce qui est rare; tantôt, et presque toujours,
consécutive, dyscrasique et cachectiriue. Un mot seulement sur le mercurialisme et
le saturnisme dans leurs rapports avec l'albuminurie.
Tandis que Kletzinsky pense que les urines chargées de mercure contiennent
Uujours de l'albumine, d'autres médecins autorisés (Désir, Frerichs et M. Rayer)
croient la coïncidence rare ou nulle. D'un autre côté, Wells, ayant observe six
sujets syphilitiques traités par le mercure jusqu'à salivation, note qu'un seul n'of-
frit que des traces d'albumine et que quatre rendirent des urines riches en principe
Goagîilable. Blackall a fait de semblables remarques. Overbeck a trouvé souvent
f albuminurie dans Thydrargyrose, et Kûssmaul lui-même, qui a fait du mercuria-
lisroe l'objet d'une étude approfondie, déclare d'après ses propres recherches que
Turine chargée de mercure renferme de l'albumine dans une certaine proportion
des cas, et croit pouvoir rapporter la leucomurie hydrargyrique au catarrhe rénal.
Il n'est donc pas exact de dire que ces deux derniers auteurs sont arrives à n'en-
visager l'albuminurie accompagnant l'hydrargyrose que comme une simple coïn-
cidence.
Les expériences de H. OUivier sur les animaux tendent à établir l'existence d'une
albuminurie par élimination du plomb. Des faits analogues sont diificilcs à ren-
(tmtrer chez l'espèce humaine ; mais j'ai depuis dix ans constité l'albuminurie
cachectique chez les ouvriers qui préparent ou qui manient le plomb et ses dérivés.
Il n'est pas besoin d'ailleurs d'un très-long temps pour que ces sujets arrivent à la
cachexie. S'agit-il des cérusiers par exemple, quinze jours ou trois semaines suf-
firent amplement pour amener ce résultat. L'arsenic détermine aussi Talbumi-
nurie à la faveur des troubles secondaires de Thématose et de la nutrition, plus
sàrement que par l'irritation produite au passage dans les glandes rénales.
Quant aux albuminuries par poisons végétaux, leur histoire n'est pas encore
ébauchée. Les observateurs, en petit nombre, qui avaient remarqué les modifica-
tions imprimées à l'urine par le copahu avaient conclu à la présence de l'albumine,
n est bien avéré aujourd'hui, d'après les publications de Reis, de Simon et de
Weikart, confirmées par mes propres recherches, que la matière précipitable par
1 acide nitrique n'a pas habituellement les autres caractères de l'albumine, et doit
% rapporter aux substances résinoïdes dérivées de la térébenthine fournie par les
500 ALBUMINURIE.
diverses espèces du genre Capahiva, J*ai même reconnu que toutes les sabstinces
balsamiques (cubèbe, téréljenthines du pin, etc.) peuvent communiquer aux nrino*
des qualités analogues. Est-ce une raisou suffisante pour denier absolument nu
copahu, comme on le fait à présent, le pouvoir de produire ralbuminurie? Je nr
le pense pas. Encore une fois, l'hématurie ayant été observée à la suite ded(w^
excessives de copahu, il est vraisemblable que l'albumine peut filtrer isolément
dans les mêmei circonstances. Quelques faits me portent d'ailleurs à admettre, a
titre exceptionnel, la réalité de cette cause d'albuminurie, facile à concevoir quand
on réfléchit à l'action excitante des diurétiques en général, et à la poussée inflam-
matoire que détermine vers la périphérie cutanée l'élimination des principes \oLh
tils. Je ne m'arrête pas sur les leuoomuries d'origine végétale, voulant insister
davantage sur .un fait plus commun et qui intéresse particulièrement le clinicirn.
Albuminurie cantiuiridienne. Parmi les symptômes de l'intoxication cantbi*
ridienne, les désordres du côté de l'appareil génito-urinaire sont ceux qui ont le
plus frappé les observateurs. Cependant les médecins ont ignoré jusqu'en ces der-
niers temps l'existence de l'albuminurie cantharidiennc. Nous en devons la con-
naissance à H. le professeur Bouillaud (Commim. à l'Acad. de méd., 1847} et à
M. Horel-Lavallée, qui en avait vu un cas dès i844, mais qui n'a publié son tra-
vail sur ce sujet que douze ans plus tard. Ultérieurement, M. le docteur VemoÏ!: a
confirmé les résultats observés par ses devanciers.
C'est à la suite de l'application des vésicatoires qu'on a le plus liabituelleineot
Toccasion d'observer ce phénomène dont l'intensité est, tout^ choses égales, e:»
rapport avec l'étendue de la vésication et avec la durée de l'application de I em-
plâtre cantbaridé. Les surfaces scarifiées ou atteintes de quelque solution de conti-
nuité, absorbant mieux que les autres, favorisent le cantharidisme. Les prédisposi-
tions individuelles ont d'ailleurs une grande influence sur la production de b
phlogose toxique des voies urinaires. Tel sujet ne rend des urines albumineuso?
qu'après une troisième ou quatrième vésication ; tel autre, qui souffre de néphrite
et de cystite a la première application, supporte les suivantes saa^ le moindre
inconvénient. Ordinairement les symptômes se montrent pendant que le vésica-
toire est en place, lorsque son action locale se fait sentir depuis quelques heures.
Quelquefois, bien que l'application de l'emplâtre ne soit pas abrégée (elle es>t géné-
ralement de vingt-quatre heures dans les hôpitaux), la dysurie n'apparaît qn'aprî^
le premier pansement. Les urines restent albumineuses huit, dix, seize et nicor
vingt-quatre heures, quelquefois davantage. Souvent, lorsque la néphrite est in-
tense, elles charrient en même temps de la fibrine et même du sang.
Cette élection de la cantharidine sur l'appareil urinaire, à l'exclusion des dit^-
rents organes dans lesquels elle est entraînée avec le sang, s'explique par deui
conditions : Tune de quantité, l'autre d'état chimique. Dans les réseaux capil-
laires, elle se trouve partout en minime proportion, et de plus elle est dissirnuk-e
dans le sang par l'albumine, dont l'un des rôles principaux est de masquer les
substances étrangères ou nuisibles à l'économie. Au contraire, mise en liberté ao
moment où elle entre dans la composition de la sécrétion urinaire, elle reprend b
ses propriétés irritantes et les exerce d'autant plus cnergiquement, que tout ce qui
était disséminé dans la circulation se présente aux glandes rénales pour être éli-
miné. &luis le principe irritant n'est pas longtemps éliminé à l'état de blvrt<- ;
bientôt le rein s enflamme et laisse échapper a la fois la cantharidine et le pUsnu
séreux ou séro-fibrineu.v dont elle se trouve invisquée, ce qui doit avoir piKL
effet d ultéiiuer son action topique sur le reste des voies urinaires. A bien preodn',
ALBUMINURIE. 501
ralbuminurie, maintenue dans une juste mesure, serait donc un acte tutélaire des-
tiné â pallier les effets fâcheux de la cantharide, mais dont le rein aurait à sup-
porter tous les frais.
Après avoir exposé la doctrine pathogénique de Talbuminurie, et vérifié la
théorie dans la nombreuse série des afTections où lurine devient coagid.ibie, nous
allons nous occuper de quelques symptômes litigieux ou peu connus,qui évoluent
concurremment avec cet élément morbide.
XXIII. Rapports de lhtdropisie avec l'albuminurie. L'exhalation séreuse dans
les cavités naturelles du tissu conjonctif ne serencontre'guèredans les albuminuries
sjmptomatiques des phlegmasies et des pyrexies, alors même qu'elles sont intenses
et passablement durables. Elle apparaît au contraire dans les diabètes leucomuriques
nigus de même durée et de même intensité, et se montre toujours, tard ou tôt,
d'une manière continue ou interrompue, dans le cours de la maladie de Bright
chronique. L'hydropisie manque quelquefois au tableau symptomatique du diabète
leucomurique, alors même que des proportions considérables d'albumine sont en-
traînées par les urines. D'autre part, elle existe souvent dans les cachexies, très-
rarement dans la dyscrasie leucomatique, en l'absence de toute sécrétion albumi-
oeusepar les reins.
Pour ce qui est de la scarlatine, cette indépendance a été tonstatée par MM. Rayer,
Rilliet et Barthez, qui ont noté l'albuminurie avant tout œdème, et par Blackall,
H. Bbche et les médecins des hôpitaux d'enfants, qui ont vu l'anasarque sans
altération urinaire.
Le fait se reproduit sans doute sous son douUe aspect dans le cours de toutes
les albuminuries, y compris la maladie de Bright. M. Blot a parfaitement fait res-
sortir la fréquence de l'albuminurie sans œdème chez les femmes enceintes. 11 a
iait voir que si l'hydropisie avait paru jusqu'alors la compagne inséparable de l'al-
buminurie gravidique, cela tenait à ce qu'on n'examinait les urines que chez les
femmes bydropiques. Plus rarement l'anasarque hyperleuoomatique a été observé
^ans leucomurie dans le cours de la grossesse.
Les mêmes remarques s'appliquent aux hydropisies des autres variétés d'albu-
minurie. Ainsi l'on a vu souvent l'urine albumineuse chez des sujets n'ayant ja-
mais offert aucune enflure, ou l'hydropisie disparaître malgré la persistance de
l'albuminurie. Mais j'ai observé un fait plus rare et plus remarquable. Dans plusieurs
albuminuries aiguës consécutives à des refroidissements brusques, Tcedème sous-
cutané et pulmonaire a précédé de quelques jours la sécrétion d'albumine par les
reins. L'anasarque aiguë est ordinairement la manifestation d'un état morbide en-
tièrement assimilable à la maladie de Bright, moins Taltération urinaire. C'est
l'expression d'une dyscrasie leucomatique sans leucomurie.
Cette inconstance de l'hydropisie prouve surabondamment qu'elle n'est pas un
symptôme nécessaire de la néphrite albumhieuse. D'un autre côté, son apparition
de:» le début des accidents et sa disparition possible, quand la maladie poursuit ses
progrès, démontrent que le phénomène ne reconnaît pas pour cause la densité
amoindrie du sérum due à la spoliation de son albumine.
L'exhalation séreuse dans les mailles du tissu conuectif sous-cutané et paren-
cfajmateux, ou dans les cavités naturelles (péritoine, plèvre, péricarde, espaces
sous-arachnoidicns, bourses séreuses, synoviales articulaires), n'est pas la consé-
quence d'une simple filtration : elle s'opère en vertu d'un tiavail dans lequel le
imi est actif aussi bien que le rein jetant de l'albumine dans le liquide urinaire.
Ce travail est probablement soumis aux mêmes conditions causales que celui des
502 ALBUMINURIE.
glandes uropoïétiques ; aussi se montre-t-il le premier, ou bien se fait-il attendra,
selon que la prédisposition et les circonstances adjuvantes favorisent plus ou moiui
rhypercrinie des surfaces séreuses et des mailles du tissu cellulaire.
XXIY. IléMORRHAGiEs DAKS LES ALBOMiNOBiEs. M. Rajor a le premier signalé ks
cpistaxis comme un symptôme se rattachant aux troubles de la fonction urinairp,
etTodd en a fait un signe de l'empoisonnement urémique. Heaton, Johnson, Aran,
MM. Blot, Pidoux, Lccorché, Charcot, Goodfellow, ont observé des hémorrhagies m
l'apport avec l'albuminurie, et M. P. Lévi a fait, dans sa thèse inaugurale (1864),
une intéressante Étude sur quelques hémorrhagies liées à la néphrite aUmm-
neuse et à Vvrémie, Plus récemment encore {Union médic. , 19 el21 janvier i8C5),
H. Alfred Fournier a communiqué deux cas d'urémie remarquables, dans l'un des-
quels les saignements de nez se reproduisirent avec une certaine opiniâtreté. J'ai
rencontré moi-même des faits semblables, seulement je n'accorde pas à tous une
égale valeur séméiologique.
Les hémorrhagies ne sauraient avoir la même signification dans toutes les es-
pèces d'albuminuries. D'abord celles qui coïncident avec les albuminuries tempo-
raires des maladies aigiies, étant jusqu'à un certain point indépendantes de la mo-
dification dyscrasique et rénale qui constitue l'albuminurie transitoire, peurenl
être considérées comme des effets directs de la cause morbide.
Hais, dans l'albuminurie chronique elle-même, les hémorrhagies reconnaissent
des conditions pathogéniques diverses. Les unes expriment l'état aplastiquc do
sang, la friabilité des tissus, ou bien la réunion de ces deux altérations. Celles-U
se montrent dans les cas graves, au milieu du syndrome éminemment variable ao*
quel on a imposé le nom d'urémie. 11 en est aussi qui dépendent des poussées ooo-
gestives ou phlegmasiques si fréquentes dans le cours des maladies générales. Ces
dernières peuvent exister au début comme dans une période avancée du mal. Le<
épistaxis par exemple, même loi^squ'elles arrivent au milieu des sjmptômes diu sa-
rémiqnes, sont l'indice soit d'un molimen hxmorrhagicum^oomfàniAe à eeiuide
la période initiale de la lièvre typhoïde, soit d'une bouffée inflammatoire ou coo-
geslive, aussi bien que l'expression de la profonde altération du sang et des tissuv
Je n'insiste pas davantage sur ces phénomènes, dont l'étude se complétera dus
les articles consacrés à la maladie de Bright et à la diathèsc hémorrhagiquec
XX Y. AvAUROSE ALBUMiNURiouE. L'amblyopic et l'amaurose sont assez fré-
quentes dans l'albuminurie chronique, bien qu'elles n'aient pas fixé l'attentioo
jusqu'au moment où Landouzy les a formellement signalées. Les troubles visuels
réunis sous ces dénominations ont été diversement interprétés : les uns en ont Ui:
des paralysies plus ou moins avancées de la rétine ; les autres, des ooiiséqueiKi^
d'altérations anatomiques. M. Mialhe les a expliqués par l'opalescence des humeur»
de l'œil; mais l'obsei^valion directe ne confirme pas la réalité de cette mamèrtde
ne pas voir^ bien que, grâce à l'emploi de l'ophtlialmoscope, elle nous ait rérêkr
Texistencc d'un assez grand nombre d autres lésions (phlegmasies, hémorrin^*
transformations régressives, œdème, etc.) pouvant s'opposer à la vision distiorto.
ou même la rendant impossible. Ces altérations, dont H. le docteur Léeon^ a
fait l'objet d'une excellente thèse inaugurale, appartiennent plus spécialeoienl à 1j
maladie de Bright, et seront décrites ii cette occasion dans tous leurs détaik
XWl. TeNDAKCE a la GANfiRÈNE DANS LE DIABÈTE LEDCOVURIQUE. Da» hmabdl^
de Bright se retrouve la disposition aux inflammations gangreneuses définiliiemoi
acquise à l'histoire du diabète sucré, par les intéressants travaux de M. Marchftl<i^
Calvi et de quelques autres pathologistes. Cette disposition, remarquée d'abord pr
ALBUMINURIE. 503
M. Rayer, me parait plus générale qu'on ne pense, et je t'ai vue se traduire par
des désordres spbacéliques étendus; soit que les piqûres et surtout les scarifica-
tioos de la peau en eussent été le point de départ ; soit qu'ils se fussent produits
sfiontAiiément, tantôt aux membres ou au scrotimi, c est-à-dire dans les régions où
l'aoasarque amène la plus forte distension des téguments, tantôt dans les points
diVlives et proéminents, tels que les régions sacrée et trochantériennes. En pa-
aille circonstance, la moindre écorchure, une légère brûlure au premier ou au se-
cond degré, sont l'occasion d'une eschare gangreneuse. Dans un cas de diabète
leucomurique à marche lapide, j'ai vu tout le membre abdominal frappé de gan-
;'rène et la graisse fluide, résultant de la fonte du tissu cellulo-adipeux^ s*écoaler
[ar les ouvertures de la peau (Soc. de biologie et Ga%elte médicale^ 1856). J'ai
rencontré aussi un ou deux cas d'inflammation gangreneuse du poumon dans
l'albuminurie aiguë. Gbez un sujet albuminurique, aflecté d une varioloïde inter-
currente, tous les groupes de pustules cohérentes ont noirci, se sont affaissés, le
derme s*est montré insensible à une piqûre profonde, et la gangrène est devenue ma-
nifeste dans un cercle variant de deux à trois centimètres de diamètre, selon l'é-
tendue des constellations de pustules.
Sans avoir peut-être la fréquence, ni l'intensité qu* ils offrent dans la glycosurie,
ces cas de procesms gangreneux démontrent une altération profonde de la nutri-
tion dans le diabète albumineux, et contribuent à établir une analogie plus étroite
entre ces deux maladies générales.
XXVII. ÉcLAHPsiB ALBuiiiNORiQDE. Phéfiomènes encéphalopathiques groupés
sous la dénomination quelque peu fallacieuse d* urémie. Dans certaines formes du
diabète leucomurique (Maladie de Bright aigûe, albuminurie de la grossesse) , il sur-
vient assez souvent du côté des centres nerveux des symptômes d'une excessive gra-
vité, consistant en céphalée, troubles de la vue, torpeur intellectuelle, convulsions
identiques à celles de l'épilepsie, puis coma, bientôt suivi de mort. Ces phénomènes,
réunis à quelques autres d'une gravité moins immédiate, tels que la fièvre, les vo-
missements, la disposition hémorrhagique et l'aspect lyphique, ont été attribués
par Arthur Wilson et M. Rayer d'abord, plus taixl par Rose Gormak et la majo-
rité des médecins, à la présence d'un excès d'urée dans le sang.
Cette théorie, dite de ïurémiey est encore actuellement en vigueur, bien qu'une
ohs«*rvation plus complète des faits ait singulièrement modifié le sens de la dénomi-
nation en usage. Peu de temps après avoir reçu la consécration de la notoriété, la
doctrine subit de la part de Frerichs une transformation éphémère. Le célèbre mé-
decin, dont le nom reste attaché à l'Université de Breslau, refusant à lurée elle-
même la puissance toxique, prétendit que les accidents observés étaient dus au
l'arbonate d'ammoniaque provenant de la décomposition de ce principe immédiat,
on vertu d'une fermentation qui s'opérerait dans le sang comme à l'air libre. Or,
nous voyons bien dans la circulation la réunion des conditions d'humidité , d'oxygé-
nation et de température; mais le ferment où est-il? D'ailleurs les raisons invo-
quées ne résistent pas à l'analyse. La teinte riolacée du sang, inconstante d'ailleurs,
^'explique mieux par Tanoxémie que par la présence du sel ammoniacal , le dégage-
ment d'ammoniaque par l'addition d'un alcaU caustique fixe se produit également
avec un sang normal, sans que l'ammoniaque préexiste; les vapeurs s'épaississaiU
autour d'une baguette trempée dans l'acide chlorhydriquo, le bleuissement d'un
papier rouge de tournesol placé à l'entrée des voies respiratoires, en admettant qu'il
Hit lieu toujours, ce qui n'est pas, ne prouvent pas que l'haleine soit chargée d'am-
moniaque ; car la condensation d(^ vapeurs d* acide chlorhydriquo se voit au contact
504 ALBUNINDRIE.
d'un air humide, et le changement de couleur se manifeste loin des malades, dans
une salie d'hôpital (Gubier). En outre Turée sécrétée par Testoniac, la peau ou lei
glandes sali vaires, pourrait être la source de cet alcali volatil ; de plus, la bouche est
souvent fétide et ammoniacale chez des sujets malades et malpropres. En6n l'am-
moniaque ne se retrouve pas dans l'urine (E. Scbottin). Falok, Zimmennann et
Reuling en Allemagne, Bence Jones en Angleterre, ontcomhattu l'idée de Frerichs,
qui est généralement abandonnée et a dû céder à l'ancienne théorie le terrain
qu'elle avait momentanément conquis.
Cependant l'opinion qui fait reposer tous les phénomènes morbides sur la pré-
sence de l'urée dans le sang n'est pas mieux fondée. Les expériences déjà an-
ciennes de Vauquelin, de H. Ségalas, etc., celles plus récentes de Frerichs, de
MM. Brown-Séquard et Gallois, prouvent que l'urée n'est pas vénéneuse pourra
qu'elle ne soit pas injectée à doses trop massives, auquel cas toute substance inno-
cente deviendrait délétère. Ajoutez à cela que les symptômes typiques de l'urémie :
les convulsions éclamptiques, ne se montrent jamais dans des maladies qui, telles
que le choléra et la fièvre jaune, offrent cependant des proportions énormes (1 ,66
p. 1000, Marchand et Rainy ; 4,00 p. iOOO, Chassaniol) d'urée dans le sang. A
la vérité, on pourrait invoquer l'absence des conditions favorables aux effets du
poison. Mais les faits posUivemenl négatifs que je possède défient toute «éjection
et ruinent la doctrine par sa base.
Dans trois cas d'albuminurie aiguë le sang, tiré au milieu des attaques épilepti-
formes ou dans le coma éclamptique, a été trouvé ne contenir que 0,0001 à
0,0002 d'urée, c'est4-dire la proportion moyenne dans toute phlegmasie fébrile.
Et, comme garantie d'exactitude, je dirai que deux de ces analyses ont été laites
par M. Berthelot, et la troisième par H. Wurtz. Gomment donc se fait-il que tant
d'ol)servateurs consciencieux aient trouvé invariablement de si fortes proportions
d'ivée : jusqu'à 1 gr. 50 p. 1000, dans le sang des albuminuriques? Grâce au
procédé de Liebig, généralement en usage pour la recherche de ce principe immé-
diat. Ayant constaté que, de toutes les substances connues dans l'urine, l'unée
était la seule qui donnât une réaction caractéristique avec le nitrate mercorique,
l'illustre chimiste crut pouvoir donner une solution titrée du sel hydnirgyrique
comme un excellent moyen de reconnaître la présence de cette substance quater-
naire, et de la doser dans tous les liquides organiques qui pourraient eo m-
fermer. Par malheur, cette spécificité de réaction est illusoire. M. le professeur
Wurtz, opénint avec tout le soin désirable, a constamment trouvé dans le sang oor-
mal, par l'analyse directe, une proportion d'urée moitié moindre que celle indiquée
par Liebig. Cette singularité trouve son explication dans un fait de la plus haute
importance découvert par l'éminent chimiste irançais : c'est que d'autres substances
azotées se comportent comme l'urée avec le nitrate mercurique. Ainsi la matière
coulante en laquelle se transforment la fibrine et la syntonine par leur aliératJOD i
l'air précipite une énorme proportion de nitrate mercurique, bien que l'analTse
n*y démontre aucune trace d'urée (communication orale). Il est donc probable que
certains principes du sang, dérivés de la protéine, exercent la même action que
l'urée elle-même sur le réactif de Liebig, lequel, par conséquent, doit donner et
donne eflectivement des résultats toujours trop forts.
Ainsi, d'une part, l'eicès d'urée n'entraîne parfois aucun des accidents réfutés
urémiques ; d'autre part, ce qui est plus péremptoire, l'urée ne dépasse pas Li
moyenne ordinaire cliez des sujets actuellement en proie aux plus graves désonir»
attribués à l'urémie. La conclusion est forcée : l'excès d'urée dans le saqg n'est pas
ALBUMINURIE. 50.5
la cause efficiente et suffisante des symptômes périlleux observés, dans le cours de
certaines albuminuries, du côté de l'innervation, de Tbématose et des autres fonc-
tions organiques. D*après Schottin, une part importante reviendrait aux matières
extraclives, inconnues, qui accompagneraient Turée» et H. I^card, dont la tbèse
est on lon^ plaidoyer en faveur de Turémie orthodoxe, n'est cependant pas éloigné
d'adopter l'opinion du pathologiste allemand. Or si l'on venait à démontrer que
les nombreux principes de l'urine participent à l'intoxication dite urémique, il fau-
drait, ainsi que je le demande depuis 1859, désigner celle-ci sous la dénomination
plus compréhensîve d*urinémie.
Encore cette expression manqueraitrelle d'exactitude ; car ce n'est pas l'urine en
nature que contiendrait le sang, mais bien les principes destinés à la constituer, et
qui se retrouvent en partie modifiés dans la sécrétion rénale. L'utilité de la distinc-
tion physiologique est confirmée par la différence qui sépare les symptômes de la
Gèvre urineuse de ceux de l'urémie classique.
Ce n'est pas assez d'avoir montré l'insuffisance de la doctrine de Wilson et de
Rose Gormak, et d'avoir indiqué une manière plus large de comprendre l'étiologie
du syndrome désigné en clinique par l'expression conventionnelle d'urémie ; nous
avons encore à signaler les confusions commises par les observateurs qui ont traité
la question, et à chercher quels sont, parmi tous les phénomènes morbides mis sur
le compte de la rétention, soit d'un seul, soit de la totalité des principes de l'urine
dans le sang, ceux qui doivent être attribués à cette rétention, et ceux qui recon-
naissent d'autres causes.
Il est certain que des accidents cérébraux, dus à des affections diverses, ont été
mis sur le compte de l'urémie, et que les phénomènes inhérents à toute agonie sont
bien souvent réputés urémiqiies. D'un autre côté, parmi les symptômes véritablement
associés à l'albuminurie, et par conséquent imputables à l'urémie ou à Vurinémie^
il y en a, et ce sont les principaux, dont l'origine toxique est au moins douteuse.
L'éclampsie est assurément la plus caractéristique des manifestations de l'urémie
telle que nous la représentent les travaux modernes. En conséquence, si la doctrine
de l'urémie est fondée, c'est particulièrement dans le cas d'éclampsie qu'on en doit
trouver la vériBcation. Eh bien ! c'est alors que le pathologiste sévère éprouve le
plus de difficultés à faire concorder les phénomènes avec l'idée d'un excès d'urée,
ou plus généralement avec l'accumulation excessive dans le sang des principes que
les reins auraient dû éliminer. Chez les femmes en état puerpéral, diez les hommes
atteints d'albuminurie aigué, les seuls sujets exposés aux attaques éclamptiques,
les reins n'ont subi aucune dégénérescence manifeste ; à peine, en certains cas, le
microscope y fait-il découvrir une lésion notable. Rien du côté de l'organe uro-
poiétique ne semble donc s'opposer à l'issue des matériaux usés et brûlés, qui carac-
térisent normalement la sécrétion urinaire. De fait, ces matériaux ne cessent pas
de traverser les glandes rénales. Si l'urée est amoindrie, c'est tout simplement
parce que l'albumine, passant en nature, ne saurait se montrer en même temps
sous une autre forme. Hais cela ne prouve pas que le premier principe soit retenu
dans le sang, où d'ailleurs MM. Devilliers et Regnauld ne l'ont pas constaté. Plus
récemment (1857), deux chimistes d'une rare habileté et dûment avertis des ré-
sultats proclamés de tous côtés en faveur de l'intoxication urémique, BfH. Berthelot
et Wurtz, n'ont pas été beaucoup plus heureux dans leurs recherches exécutées à ma
prière. Ainsi s'évanouirait devant une analyse plus rigoureuse des faits le fantôme
de l'urémie, trop souvent évoqué dans l'histoire de l'éclampsie albuminurique, et à
yrtxpoA d'autres accidents survenus chez des leucomuriques.
ALBUMINURIE.
ionl beaucoup plus favorablesà i'hyjiothèse d'une
i=:ii fr» jccîdents se bornent à des symptômes d'alnUi^
' ..'-^«tfiire, de fièvre avec aspect typhoïde, suivis de soubre-
<- .i.i!t*iem:e. de coma, et finalement de la mort. Ces phéno-
• -22^111 \ b fin des maladies de Bright chroniques a\cc
"*•.♦** reins, alors que précisément les principes ordinaires de
îu- .à -iécrélion rénale, et que le plus caractéristique d*entFe
••«li p- • Il véritable excès dans le sang, d'après les expériences de
- > -^tresîseurs. Il y a donc lieu de réserver pour cette catégorie
iirHftf .MKur Tensemble disparate des faits que la science moderne a
•. - .1 'Il iiiot nrëmie. Encore faudra-t-il se garder de confondre avec les
^ .> .it Intention des substances destinées à faire partie do furine,
i^-atiit^ntient à la fièvre urineuse et résultent de la résorption de Turine
ait. Mi >«icrélée, puis reprise dans ses conduits ou dans les tissus quelle
• OUI <>u après son altération spontanée. De même sera-t-il nécessaire de
. ^i^itt^uscment du syndrome en question les phénomènes nerveux, encépha*
>,..c> V i lutres, dépendant de lésions concomitantes, mais étrangères an pro-
. .> . t iiaque, ou formant habituellement le triste cortège de l'agonie, quelque
^••111 e de mort.
I 'xxie M Téclampsie est définitivement arrachée du domaine de Turémie, la
. ..vv )« M*i^ pas au dépourvu d'hypothèses plausibles pour expliquer ce dange-
«•V vwii|»lùuie. D'autres modifications du sang, des altérations de nutrition des
v>^.> Ki>t'u\ (Gubler), l'hyperémie ou l'anémie encéphalique, les épancheroents
..vuv \ la surtace ou dans les cavités de l'encéphale (Rilliet, Natalis Guillolt,
• «.«.'UHt \le lu substance du cerveau : voilà auUint de circonstances propres à rendre
.«t.|>iO tics plu'iiomènes convulsifs et des accidents connexes observés dans certaines
.>< iKx (rdbuminurie.
Ml livlimtive les faits cliniques existent. Sont-ils la conséquence de l'intoiica-
•v'ii .Mk TuiiV? Certainement non. Yaut-il mieux les attribuer h l'excès de tous
V V uiaU'i i.iu\ uriuaires dans le sang? Cette vue semble appix)cher davantage de b
vente. (V|vudant Téclampsie échappe toujours à la théorie. Le sympttoie urémique
vi .Awllonoc manque avec l'urémie poussée à ses dernières limites, et s'ofaserveea
k^Kusilollo. Seuls, les phénomènes plus obscurs, rattachés comme annexes dum*
>ui|KHt(MK'o MH'ondairc aux accidents caractéristiques, paraissent reconnaître pour
viivhhiMi iHithogénique le défaut d'épuration du sang par les reins. Et, pourledire
il jKUxiuil, <'««>« symptômes sont fort analogues à ceux qui résultent de la r/b/m^.
>'U l'IuliU di' r.iccumulation dans le sang des subsUinccs dont l'élimination appar-
ia tti \ 1(1 yldiulo héptique. Si l'éclampsie n'est pas une manifestation de Feim
x\ tu«U' iliMH \v Hung, on en (leut trouver la cause dans diverses circonstances patlio-
,v'uu)iu««, iiolanuntMil dans l'œdème cérébral. Mais l'expérience ne s'est pas encore
vuiti ..iiuiiioiil jirononcéo sur la valeur des hypothèses proposées. On le voit, Tobsca-
ull^ l'iaito ontMM'o Hur une grande partie de la question; espérons que la lumière
o i.i hilo l(irM|ii<< \inidra le mot Urémie, auquel nous renvoyons le lecteur.
WVIII. Muicufc DE l'albuminurie. Rarement la marche en est régulièrement
( M>w<>'Uilo ol di^croinsante. Plus souvent l'albuminurie procède par oscillations ffo-
M (u>« <^l n^roKradi's; les premières l'emportant en amplitude sur les secondes
0 01 • U l't'M kmIo d'augniont et vice versa pour le décours de la maladie, lorsque b
'tuMi (iM piMil ^tn^ obtenue.
1 1« )(lM4(Mdiiii(iitinient le phénomène est continu avec des fluctuations en npport
ALBUMINURIE. 507
jvec dÎTerses circonstances, dont quelques-unes ont été mentionnées plus haut et
dont lensemble va être étudié tout à l'heure. Cependant il peut s'interrompre
quelque temps, et parfois à plusieurs reprises, sous l'intluence d'une amélioration
marquée dans les conditions générales et locales d'où dérive h sécrétion albumi*
neuse.
On a signalé Tallure intermittente de l'albuminurie. Le docteur Dresser, de
Wurtzbourg, en a décrit un cas accompagné de chromaturie qui revenait par accès
au milieu d*un appareil fébrile. S'agissait-il d'une fièvre intermittente, c'est-â-dirc
(l'une série de maladies éphémères, reliées entre elles par la cause spécifique pré-
sente dans l'économie, ou par Tétat diathésique accidentellement acquis par le
sujet? Le médecin allemand s est-il au contraire trouvé en face d'une aflection
continue dont les manifestations du côté des fonctions circulatoire, calorifique et
urinaire n'auraient eu lieu que par moments et sous une forme paroxystique? La
question vaut la peine d'être posée; car il ne peut y avoir intermittence dans la
mardie de l'albuminurie, qu'à la condition que ce symptôme se montre et dispa*
raisse alternativement avec régularité dans le cours d'une seule et même aflection.
On considérerait à tort comme offrant ce caractère les albuminuries accompagnant
les accès de fièvre inteimittente. Chaque ibis que le malade est repris de fièvre
palustre, il souffre à vrai dire d'une maladie nouvelle, au même titre qu'un rhuma-
tkant ou un goutteux en proie à des récidives d'accidents arthritiques ; la prédis-
positbn diathésique pas plus que la présence de la cause spécifique ne pouvant
constituer à eux seuls une maladie réelle. L'existence d'une leucomurie intermit-
tente, revenant à des intervalles réguliers, reste donc encore contestable, et les cas
infiniment rares (Vogel, Gubler) dans lesquels on a pu remarquer l'absence totale
d'albiunine dans l'urine du matin, chez des sujets qui étaient albuminuriques
pendant le jour, ne justifieraient pas encore pleinement l'admission de la forme
intermittente de l'albuminurie.
Variations quantitatives de VaUntmine. Il y a trois sortes de variations :
1* Les variations périodiques en rapport avec les grandes périodes d'augment
et de décroissance, soit du diabète leucomurique, soit de la maladie principale
d'où dépend la filtration albumineuse ;
3* Les variations diuimeSy liées aux alternatives de la veille et du sommeil, de
l'alimentation et du jeûne ;
5^ Les variations accidentelles, dues à des causes passagères ou à des affections
intercurrentes.
D'une manière générale, l'albumine s'accroît ou s'amoindrit par le fait de l'aug-
mentation ou de la diminution d'intensité d'un ou de plusieurs des facteurs énu-
mérés plus haut comme prenant part au produit : albuminurie. On n'a donc qu'à
reprendre une à une chacune des conditions du phénomène et à les grouper diver-
sement, en faisant varier leur valeur, pour obtenir d'avance les formules de toutes
les influences qui favorisent ou contrarient le passage de l'albumine dans les urines.
Seulement, comme je l'ai dit, ces conditions immédiates du phénomène morbide
sont elles-mêmes subordonnées à d'autres circonstances qui en deviennent par là
des causes médiates, et prennent aux yeux du clinicien une importance considé-
rable, tant par les éléments qu'elles fournissent au diagnostic que par les indica-
tions thérapeutiques dont elles sont le point de départ. Je n'insisterai pas sur la
relation toute naturelle et prévue qui existe entre l'intensité de l'albuminurie et
celle de la maladie dont elle est la principale expression, ou des affections multi-
pliées dont elle constitue un symptôme plus ou moins constant. Les variations
508 ALBUMINURIE.
quotidiennes et accidenlelles nous arrêteront davantage. Hais les oscillations
diurnes, par leur régularité, leur constance et les renseignements qu'elles ren-
ferment, méritent surtout de fixer l'attention des pathologistes.
Rappelons d'abord que les variations diurnes sont de deux espèces diamétrale-
ment opposées. Tantôt l'albumine est plus abondante le jour, ce qui est la rè^l«\
Tantôt, au contraire, chez un petit nombre de sujets, elle est plus copieuse la nuit.
Enfin on voit les rapports proportionnels se renverser à plusieurs reprises, thn
le même malade, sous l'influence d'une série de modificatbns diverses dans le<
conditions pathogéniques , dont nous allons donner la clef à l'aide de quelqu»
exemples.
La prédominance de l'albumine dans l'urine du jour s'explique aisément par
l'introduction des substances albumiuoïdes des aliments et l'excès momentané qui
en résulte , l'hyperémie rénale n'étant alors qu'un phénomène accessoire. Il e$t
clnir que si les sujets veillaient, travaillaient et mangeaient la nuit, ce serait au
contraire l'urine du jour qui serait la moins chargée. C'est ce qui arriverait aux
boulangers qui dorment le jour et dont les douleurs ostéocopes, selon les remar*
quesde H. Ricord, sont diurnes, tandis qu'elles sont nocturnes chez la plupart de$
hommes. La prédominance nocturne reconnaît, à notre avis, poilr cause lliyperé-
mie qui est la condition prochaine du sommeil, et que nous avons désignée sons k
nom de congestion soporale.
Dans le premier de ces cas, nous reconnaissons que l'albuminurie dépend d'une
circonstance ou d'un ensemble de circonstances amenant dans l'économie un excès
relatif ou absolu d'albumine que vient augmenter encore l'apport fait par la di|;es-
tion. Dans le second, l'albuminurie dépend d'une cause locale : une irritatioo
sécrétoire des reins, nécessairement accompagnée de fluxion sanguine.
Et, soit dit en passant , Tabsence de recrudescence d*albuminurie pendant h
période de digestion, chez certains sujets bien nourris, démontre suffisamment
que Thyperémie physiologique des reins après le repas n'est pas la cause de li
plus forte proportion d'albumine dans l'urine de la nourriture, chez les sujetb
atteints de maladie de Bright.
Ainsi que nous l'avons dit, la richesse en albumine des deux urines du sang et
de la digestion subit parfois chez le même malade des alternatives singulières et
cependant faciles à comprendre. J'ai vu une jeune fille qui n'offrait aucun drs
symptômes de la maladie de Bright, à l'exception peut-être d'un peu de faibles
et d'une douleur lombaire tellement ol)scure, qu'elle n'en recoimut l'existence
qu'après nos avertissements réitérés et deux ou trois jours d'observation, et qui
néanmoins sécrétait constamment de l'urine albumineuse. La proportion t^-
lièrement plus forte de l'albumine dans Turine de la nuit, alors même que pir
exception celle-ci était aussi abondante que dans le jour, me fit admettre en et
cas une hypercrinie consécutive à une légère phlogose rénale, sans altératioQ no-
table des grandes fonctions d'assimilation et d'hématose. Or, cette jeune malade
ayant été prise de fièvre, terminée en quatre ou cinq jours par une éruptioo po-
puleuse autour des coudes, sur les avant-bras et les bras, tout le temps que àan
le mouvement fébrile le rapport se trouva renversé et les urines du jour raiier*
mèrent invariablement plus d'albumine que celles de la nuit. La superalbumi-
nose produite par la fièvre et augmentée périodiquement |«r l'alimentalioa IVdh
portait alors sur les effets de la congestion soporale. Chose renuirquable, dès que b
lièvre se fut dissipée, les choses revinrent à leur état antérieur, c'est-à-dire que 1 u-
ine de la nuit lut constamment plus chargée d'albuminecpie celle du jour.
ALBUMINURIE. 509
Les Tarialions se succéderaieut eu sens inverse pour des albuminuries recoa-
nai^nt des conditions opposées, si une cause quelconque venait à faire prédomi-
ner la phlogose rénale sm* la dyscrasiealbumineuse. Les variations diurnes peuvent
DéafliDoins faire défaut, c'est lorsque la maladie est très-avancée, la sécrétion albu-
mioeuse énorme, et que les sujets privés d appétit n'ingèrent que de minimes
quantités d'aliments azotés.
Eq dehors de ces causes de variations dont l'intervention régulièrement pério-
dique entraîne des changements correspondants dans la sécrétion urinaire, nous
trouvons des circonstances passagères accidentelles qui viennent imprimer une mo-
dification également fugace à l'albuminurie. Sans parler des fièvres ou des mala-
dies fébriles qui peuvent compliquer des albuminuries chroniques, nous citerons
ici toutes les conditions capables d'augmenter ou de diminuer temporairement
soit l'hyperleucomatie sanguine, soit la modalité pathologique des reins. De ce
nombre sont certains troubles digestifs, circulatoires ou respiratoires ; l'action du
froid, celle d'un vésicatoire cantharidique, etc. Un de nos éminents confrères a
olfeHjrvé sur lui-même l'influence fâcheuse de la douche au moment de son applica-
tion. Chaque fois qu'il venait de subir l'action de l'eau froide, l'urine rendue im-
médiatement après contenait une proportion double, triple ou quadruple du prin-
cipe ooagulable.
XXIX. De l'albominurie coume phékomème critique. On n'attache plus aujour-
d'hui qu une médiocre importance à la doctrine des crises, qui tenait une si large
place dans la médecine de l'antiquité; cependant il n'est pas sans intérêt de redier-
cher dans quelle mesure l'albuminurie peut constituer un phénomène véritablement
critique, c est-à <iire capable de modifier d'une manière favorable ou fâcheuse la
marche d'une maladie aiguë ou chronique.
ftlartin (Solon) et Begbie ont afTirmc le fait sans l'avoir démontré ; aussi leur
exemple n a-t-il entraîné personne. Ces auteurs en effet se sont contentés de
noter que l'albuminurie accompagne plus particulièrement certaines périodes des
maladies aiguës, sans entrer d'ailleurs dans des détaib de faits ou dans des consi-
dérations théoriques de nature à faire sitisir la relation supposée du phénomène
avec un changement notable dans un sens progressif ou rétrograde, et sans faire
comprendre l'influence que la présence de l'albumine dans la sécrétion urinaire
avait pu exercer sur ce changement. Begbie par exemple croit avoir observé que
Talbuminurie se montre de préférence pendant la résolution de la pneumonie :
cela lui suflit pour accorder à ce symptôme la valeur d'un phénomène critique.
Mais l'observation sur laquelle il fonde sa manière de voir est erronée. Loin que
l'albuminurie apparaisse à la fin de la péripneumonie, elle tend au contraire à
disparaître dans la période décroissante du mal, et nous l'avons toujours vue pro-
portionnelle, non pas à l'intensité de la lésion, mais à celle du travail pldegma-
sique et delà fièvre, à moins qu'elle ne fût sous la dépendance d'un état morbide
secondaire des fonctions digestives et assimilatrices, ou de la coUiquation muacu-
bire consécutive.
Cependant il ne serait pas impossible d'assigner à l'albuminurie un rôle dans
1 évolution plus ou moins favorable de la maladie principale. Dupuylrenet Tbénard,
ayant remarqué une amélioration dans le cours du diabète sucré à la suite de l'ap-
parition de l'albumine dans les urines, inclinèrent à voir dans ce dernier phéno*
mène un symptôme de bon augure. Comme si, dirions-nous, la substitution par-
tielle de la matière protéique à la substance ternaire indiquait que l'économie,
él'raoléc et oscillant en sens opposé, allait enfin pouvoir être ramenée dans la nor-
510 ALBUMINURIE.
malc par des moyens thérapeutiques efficaces. En admettant la généralité du ûiil
obscr\é par Thénard et Dupuytren, et en allant plus au fond des choses, je consi-
dérerais Talbiuninuric comme un bon indice, parce qu'elle dénote un ralentisse*
ment de cette activité désordonnée du foie pour la formation de la glyoose aux
dépens des substances protéiques qu'il laisse enfin passer sans modification au
travers de son tissu .
L'albuminurie surajoutée au diabète est donc, je l'accorde, un signe farorabie,
mais elle n'est pas la cause de l'amélioration qui se produit concurremment. A ia
vérité, beaucoup de phénomènes réputés critiques ne méritent pas daTantage cette
dénomination ; en voici cependant qui rentreraient mieux dans la définition cla^r
sique. S'il était démontré que l'albuminurie, tout à coup plus abondante, coincidàt
avec la chute des phénomènes inflammatoires et fébriles dans une phlegnia>ie
aiguë, telle que la pneumonie, on serait en droit de soutenir que cette climinatioa
de substance protéique a pu tenir lieu d'évacuations sanguines ou alniies, et, par
cette soustraction des aliments de l'inflammation, constituer un phénomène cri-
tique.
Si l'albuminurie mettait im à une pléthore albumineuse transitoire et au\
symptômes généraux qui l'accompagnent, elle mériterait aussi l'épithèle de cri-
tique. Sur de pareils faits, la science attend encore des observations démonstra-
tives.
Mais M. Bouillaud a noté, en l'absence de vésicatoires et de cantharidisme,
l'existence de l'albumine dans les urines au moment de la résorption rapide d'un
épanchement pleurétique. Voilà un phénomène critique par excellence qui n'a^t
pas fixé Tattenlion des médecins, et dont le pendant nous est fourni par les cxfi^
ricnces de Pavy, qui a déterminé l'albuminurie en injectant de l'albumine daib
le tissu cellulaire.
Au reste, dans notre interprétation, l'albuminurie étant réellement une fonction
anormale dont le résultat, j'ose même dire le but, est de soustraire à réconomie
une proportion d'albumine momentanément superflue et encombrante, cet actr
caché est entièrement assimilable à ceux par lesquels l'organisme parvient à n'ta-
blir son équilibre, dans ces luttes plus violentes et plus visibles connues sous le nom
de crises. L'instantanéité et la soudaineté de l'eflbrt, l'évidence de son intenreotion
dans l'aiTÔt brusque ou la précipitation du mal, ne sont que des circonstance^
accessoires qui ne changent rien à la nature des choses. A ce compte, toute allu'
minurie uniquement liée à la dyscrasie Icucomatique (superalbiuninose sanguim^
mériterait d'être considérée comme un phénomène essentiellement critique. Mai*
l'application de ces vues à la pathologie entière serait à la fois la généralisation h
plus vaste et la négation la plus formelle de la doctrine des crises, doctrine implt-
cilement contenue dans les lois qui président aux réactions organiques d aui
balancements fonctionnels.
XXX. Diagnostic de L'ALBimiT^nRiE. Pour établir le diagnostic de raiburoi-
nurie, il faut, se plaçant à un double point de vue, considérer successivement
laflection en elle-même et comparativement à tous les états morbides que des
symptômes communs pourraient faire confondre avec elle : en d'autres ténor»,
on doit procéder au diagnostic propre et au diagnostic différentiel. Le prpmier >f
décompose en plusieurs opérations :
i*" Reconnaître la présctice de I albumine et les variétés de cette substance ;
2* Evaluer sa quantité, c'est-à-dire préciser le degré du diabète leucomuriquc
" variations diurnes ou périodiques ;
ALBUMINURIE. 511
5* Distinguer Tespèce d'albuminurie selon qu'elle est primitive ou secondaire,
aiguë ou chronique, transitoire ou permanente ;
A^ Rattacher le phénomène aux lésions matérielles, locales et générales dont il
dépend et déterminer l'espèce nosologique dont il est le symptôme.
Parcourons tour à tour ces quatre subdivisions du diagnostic propre de Talbunii-
Dorie.
Diagnostic de PaUmmine et de ses variétés dans Vurine. I/es urines albu-
mîneuses présentent quelquefois, on la vu, un ensemble de qualités physiques qui
les distinguent de celles des autres états morbides aussi bien que des urines nor-
males. Leur décoloration jointe ensuite à une légère opalescence, leur surface spu-
meose, la présence d'un sédiment blanchâtre, sont des indices accusateurs de la
présence du principe protéique. Mais il ne faut pas attacher trop d'importance à ces
caractères, qui peuvent manquer lorsque l'albuminurie existe et se montrer en
dehors d'elle. Beaucoup d'urines albumineuses sont fortement colorées, quelques-
unes sont exemptes de dépôt et les bulles manquent lorsque la miction a été exécutée
doucement et depuis longtemps. En revanche, les urines des femmes anémiques,
nerveuses, aflectées de flueurs blanches, mais nullement leucomuriques, sont
pâles, opalines et laissent précipiter une couche blanchâtre d'épithélium ou
de muco-pus.
Quant à la production de bulles abondantes et persistantes, je l'ai observée sur
des urines absolument privées d'albumine. Je l'attribue, dans ce cas, soit à l'abon-
dance des matières solides considérées en masse, soit à l'intervention de la matièi'e
grasse dont j'ai reconnu la constance dans la sécrétion urinaire et qui, à l'état libre,
s'opposerait à la formation de l'écume, de même que par sa combinaison avec une
base alcaline représentant une sorte de savon elle pourrait, lorsqu'elle est en pro-
portion un peu forte, communiquer au liquide la propriété de mousser par Tugi*
tation. Quoi qu'il en soit, les différents indices rappelés ci-dessus permettent tout
au plus de soupçonner la présence de l'albumine ; mais on n'est autorisé à Tad-
mettre qu'âpre démonstration directe par des réactifs certains.
Beaucoup d'agents chimiques mettent en évidence Talbumine tenue en dissolu-
tion. Elle est précipitée par le sous-acétate de plomb, par l'alcool et par le tannin ;
elle donne un coagulum rose avec le nitrate de mercure, une coloration d'un violet
pur avec la liqueur cupro-potassique, ou d'un violet sale, quand on la fait bouillir
avec l'acide chlorhydrique ; mais les mêmes réactions s'obtiennent également avec
les autres matières protéiques, ou peuvent faire défaut avec l'albumine proprement
dite.
M. le docteur Gigon a cru trouver dans le chloroforme un réactif d'une exquise
sensibilité pour déceler l'albumine dans les liquides organiques, et particulièrement
dans l'urine. Notre regrettable collègue, Alfred Becquerel, s'est attaché à prouver
l'inanité de ce moyen. Mes propres observations me conduisent aux mêmes résul-
tats négatifs. En effet non-seulement le chloroforme détermine un précipité blanc
opaque dans toutes les urines indifféremment, mais de plus l'abondance du préci-
pité n'est nullement en rapport avec la quantité des substances albuminoïdes dé-
montrée par les réactifs ordinaires de ces principes immédiats. Les urines des fiè-
vres graves ou de la maladie de Bright ne se troublent pas plus que celles d'un
sujet en santé. Ce qui fait varier l'abondance du précipité^ c'est la masse du chlo-
roforme employé. Ainsi, en ajoutant à quelquescentimètrescubes d'urine des doses
successives de réactif et agitant à chaque fois, on parvient à augmenter presque in-
définiment la hauteur du dépôt. Ce premier fait bien constaté conduit à présumer
512 ALBUMINURIE.
que la substance blanche très-cohérente, qui se réunit au fond du tube, n'est aalre
que le chloroforme lui-même extrêmement divisé. L'examen microscopique, co
faisant voir que la masse est constituée par des gouttelettes infiniment déliéâ d'une
matière liquide, très-réfringente, confirme pleinement cette hypotlièse. En détini-
tive le phénomène entrevu par notre confrère d'Angouléme consiste uniquement
en ce que le chloroforme s'émulsionne dans une urine quelconque, albumineuse ou
non. Si la crème, résultant de cette action, gagne le fond du tube, contrairement
à ce qui se passe d'ordinaire avec les matières grasses, c'est que le chlorolonne,
loin d'être aussi léger que ces dernières, possède une densité de beaucoup supérieiuie
à celle de l'eau et du liquide urinaire.
Cette critique s'applique de tous points aux nouveaux moyens préconisés succès^
sivenientpar MM. Lightfootet Liénau. L'observateur anglais fait tomber une goutte
de blanc d'œuf dans de l'eau, à la surface de laquelle existe du camphre en rota-
tion, et voit l'albumine blanchir et s'opacifier : il en conclut que Teau cainiphrce
est un réactif excellent pour l'albumine, sans se souvenir que M. Melsens obtient
le même effet en agissant avec de l'eau pure. Le fait a d'ailleurs été relevé tout ré-
cemment par H. Monoyer, professeur agrégé de la faculté de Strasbourg. Si cepen-
dant le phénomène était plus manifeste dans les conditions où s'est placé M. Lightiôot,
nous attribuerions cette différence à l'émukionnement ou à l'emprisonnemeot t'es
molécules de camphre dans la substance protéique.
M. Liénau se sert du pétrole et des huiles essentielles ; mais pour ces principes
volatils, comme pour le chloroforme, le trouble obtenu dépend de leur propre trans-
formation, et non du changement d'état de l'albumine en dissolution. L'essence
de térébeuthiue par exemple s'émulsioime aussi bien dans les urines exemptes
d'albumine que dans celles de la maladie de Bright, et l'on peut à volonté produire
ce résultat, en apparence paradoxal : de rendre très-opoque une urine normale, et
de ne communiquer qu'une légère opalescence à une urine fortement diai^éed al-
bumine, à la seule condition d'employer le prétendu réactif à haute dose dans le
premier cas, et à faible dose dans le second.
Le phénomène est donc assimilable à celui qui résulte d'un mélange d'urine et
de chloroforme : il dépend de ce que les liquides animaux, notamment celui de b
sécrétion rénale, possèdent la faculté d'émulsionner un certain nombre de composés
organiques. Hais cette faculté n'appartenant en propre ni à l'albumine type, m
aux variétés de l'espèce, les huiles essentielles, de même que le chlorofomie ou le
camphre, ne sauraient être d'aucune utilité pour le diagnostic de l'albuminurie.
De tous les réactifs de l'albumine il ne reste donc que la chaleur et rjchif
nitrique sur lesquels on puisse compter. Or, malgré les précautions recommandiez
dans les ouvrages pour se mettre à l'abri des causes d'erreur, la constatation 6c
l'albumine est plus difficile encore qu'on ne pense. Voici de quelle manière il cim-
vient de procéder :
L'urine qu'il s'agit d*examiner est soumise successivement à deux épreoves .
celle de l'acide nitrique et celle de la chaleur poussée jusqu'à l'ébullition.
Si elle se trouble par les deux agents, il est presque certain qu'elle renièrme de
l'albumine proprement dite. Cependant une urine qui contiendrait on excès du-
rate de soude et de phosphates terreux, en même iem\is qu'elle serait alcaline, bis-
serait précipiter l'acide urique par l'acide azotique et les sels terreux par l'éUilii-
tion. Il est donc indispensable d'essayer préalablement la liqueur par le ppier de
tournesol et de l'aciduler légèrement avec une goutte d'acide nitrique avant de y*
livrer à un examen ultérieur.
ALBUMINURIE. 515
il n'arriTe peul-étre pas que des urines spontanément et primitivement alca-
lines renferment simultanément un excès d'urate sodique et de phosphates terreux,
roais le lait peut se présenter pour des urines ajaut en partie subi la fermentation
ammoniacale de Turée, par suite d'un séjour prolongé dans un vase malpropre, tel
qiuio urinai chargé d'une incrustation d'urate d'ammoniaque, imfM'égnée de fer-
ment.
L'illusion est beaucoup plus aisée quand on ne fait que l'une des deux épreuves
reooouDandées. En effet toutes les urines sécrétées alcalines se troublent par
l'ébullition, et cela d'autant plus qu'elles s(»it plus chargées de phosphates magné*
siea et calcaire, insolubles par eux-mêmes, mais maintenus provisoirement en
. diâsohitioD par un excès d'acide : l'acide carbonique par exemple. Après s'être
assuré de la réaction alcaline, il suffit d'ajouter une goutte d'un acide quelconque
poor voir instantanément le précipité se redlssoudre et la liqueur reprendre une
limpidité parfaite.
LecUnicien inexpérimenté est quelquefois victime d'une erreur inverse. Si des
nrines fortement alcalines et notablement albumineuses n'offrent qu'une minime
proportion de phosphates terreux, elles ne se troubleront nullement par la chaleur
poussée même jusqu'à l'ébullition. La présence de la soude, de la potasse ou de
PanuDoniaque non saturées s'oppose effectivement à la coagulation de l'albumine. On
rendra possible le passage de ce principe à l'état insoluble, en additionnant le sa-
Intum d'une petite quantité d'acide nitrique ou de tout autre acide, sauf les acides
acétique etphospborique. Nous aurons l'occasion de nous expliquer plus loin sur
ces deux exceptions.
En opérant avec l'acide azotique sur une urine acide et refroidie, on obtient sou-
vent un abondant précipité quelquefois blanchâtre, plus oi'dinairement gris jau-
nâtre, furfuracé ou un peu grumeleux, assez semblable en un mot à celui que
(kmne l'albumine, pour que joivuellement il soit considéré comme tel par un grand
nombre de médecins peu familiarisés avec les recherches de chimie appliquée. Ce
précipité n'est autre que de l'acide urique. On évitera cette méprise en faisant
chauffer la liqueur troublée, laquelle, à mesure que s'élèvera la température, re-
prendra sa transparence en vertu de la solubilité plus grande de l'acide uri(pie à
chaud qu'à froid. Avec de l'habitude, on pourrait se ['asser de cette opération,
puce que le précipité d'acide urique se redissout par le 1ns en dégageant des bulles
àt çu dès que la couche d'acide nitrique devient abondante, et parce qu'il offre
une nuance géuéralement plus jaunâtre que celle de l'albumine, en même temps
qo un aspect lanugineux très-remarquable quand on l'examine par la face supé-
rieure de la niasse, dans le verre à expériences.
En Causant arriver un très-grand excès d'acide azotique on va jusqu'à produire
la diaM^ntion complète de l'acide urique, et cette réaction a été donnée comme un
nwjen infiiillible de distinction entre ce dernier et l'albumine. Nais Prout a dé-
mootré que l'albumine disparaît de même, si ce n'est également, devant une
énorme proporti(m du réactif. Tout le monde a pu vérifier le fait. La seule diffé-
rence consiste dans la rapidité de production du phénomène, lorsqu'on a affaire à
l'acide urique, et sa lenteur au contraire, quand c'est l'albumine qu'il s'agit de
rediasondre. Dans ce dernier cas l'opération exige véritablement des flots d'acide
nitrique, si l'on veut, je ne dis pas dissoudre le précipité, mais dissiper com-
plètement le trouble antérieurement obtenu par le même agent ou par la chaleur,
lialgré l'identité du phénomène objectif j'évite d'employer le mot dissolution, parce
qn'il ne convient guère à une action après laquelle la substance altérée, brûlée par
DKT. Eue. 11. 53
Ô14 ALBUMINURIE.
loxygène du réactif cl traiisibimée en aûde xaiittiopiX)(éique, iiexisle réeUemenl
plus.
Avec cerlaiues albumines modiiiées, la différence d*action sarait pouriiiil
moindre et l'hésitation du clinicien en serait augmentée. Par conséquent le moyen
n*a \ysis la valeur diagnostique que les auteurs lui attribuent.
H me reste à signaler une dernière cause d'incertitude fort peu connue, relaCi^e-
nient à la constatation de l'albumine dans Turine. Lorsque, aprèsavoir traité l'uriuc
par l'acide nitrique, on reprend au bout de quelques instants la portion restée lim-
pide au-dessus de la zone précipitée par l'adde, pour la soumettre à l'action de la
chaleur et vérifier ainsi le premier résultat, il se peut faire que l'ébullition bmck
prolongée n'amène aucun tixmble, bien que la liqueur soit fortement acide. Ce
isésullat négatif est d'autant plus singulier qu'une aulre portion d'urine du même
sujet, soumise directement à la chaleur, sans traitement préalaUe par l'acide iii>
triqup, fournit un coagulum albumineux équivalent à celui que donne Taciile
Cette particularité n'a pas échappé à H. Guibourt, et H. Rayer la signale à titit tk
curiosité dans une note de son ouvrage classique sur les maladies des reins, ie l'ai
retrouvée souvent, et jeu ai depuis plusieurs années tenté l'explication, qui* j'ai
communiquée en 1857 à la Société médicale des hàpitaux. L'acide nitrique peut
agir par une simple action de présence, après diilnsion dans la iiiaase de Turine;
ou bien, plus vraisemblablement, il sert à mettre en liberté une partie de Taciile
pbosphorique dos phosphates, lequel acide phosphorique néœssairemeut hjdntc
s'oppose, oonuiiu on sait, à la coagulation de l'albumine. Ce qui justifie cette br|K^
^èse adoptée d'ailleurs par Lionel Beale, c'est que les urines dans les couches mi-
périeures desquelles l'acide nitrique détermine j'incoogulabilité de l'albumine soûl
généralement très-riches en phosphates, à en juger d'après l'abondance du |im>
pité obtenu K l'aide des solutions alcalines, tandis que le phénomène fiut dé&ut dan^
celles qui sont pauvres en pliosphates, et notamment dans les urines du diabèit
leucomurique avancé. Les urines incoagulables par la dialeuroudifiicilenieot prê-
cipitables par l'acide nitrique, observées par Heller et Benoe Jones dans plu$ieiu>
csiad'osléoniaLicie, devaient sans doute cette propriété à la présence des phosphaU?»
et de l'acide phosphorique, toujours en excès dans les urines des si^ets afiiacAéb de
ramollissement des os.
il est permis de supposer ((ue dans le cas où des urines cotitiendraient uu %n»\
excès d acétates, l'acide acétique mis à nu cntrahierait de même i'iueoagulalii-
lilé, puisqu'il a la propriété de dissoudre le blanc d'oeuf.
L'albumine proprement dite, surtout en petite proportion, ne se coagule |u«
loujoui^s par la chaleur, ou du moins elle met un temps trèt^-loiig à passer à TéUt
insoluble. Deux circonstances expliquent le phénomène : la première, c'est la dilii*
tion extrême de la solution albumineusc ; la seconde, c'est une modification u^\^
acquise par la substance protéique. Ce qui fait que l'albnmiiie devenue insoluble •<
manifeste par l'opacité de la masse, c'est qu'en môme temps elle s'est réunie «*»
parcelles solides, plus ou moins grosses^ imprégnées de liquide, et au travers de^^
quelles la lumière subit une série de réfractions qui la brisent et réteignenl. Ib^
des molécules incommensurables d'albumine insoluble pourraient exister au mïii
d'un liquide, sans en troubler sensiblement la transparence, tellement» qu'en |it>
liant une solution albumineusc excessivement étendue et convenablement acidnlw
un n obtient pas le phis léger trouble par l'ébullition, tandis que si Ton atigmenU
la proportion de blanc d'oBÙf, ou, ce qui revient au même, si l'on ooncttitrr h
première liqueur, l'opalescence se produit visiblement. L'expérieuce de h conet-a-
ALUUNIMIRIË.
M 5
trjlion pniulablci'éitssitL'galcnieiilbiGiiuvGC lu sécrétion uriiiairc. C'uslniiisi i|ii't!n
juttlo^eaiil l'ébullition d'une petite quiÉiititc d'urine daus iiu lube de veiTc on \ml
à U longue celle-ci devenir opaline. On pourrait à la vérité imoquer une autre
condition, c'est l'action soutenue d'uue haute température capable de inodilier
l'état mnlécolaire de l'albumine. l'our démonlter rigoureusement l'influence de
b déperdition d'eau il faut donc évaporer dans le vide, ou à une basse tempéi'aUin!.
L'etpériencG a été faite autrefois par Quevenne avec des l'ésulUits conlinaati&.
Les cas 0(1 le défaut de coagniabilité dépend d'une modification moléculaire de
l'albumine sont de deu<L sortes. Tantôt l'urine est alcaline ou neutre, tantôt, au
contnire, elle est d'une acidité liypeniorniale. L'influence de lu première condition
nt trop connue pour que je m'v arrête ; il n'en est pas de même de la seconde.
OfKndant elle sera facilement comprise, après ce ijuo nous venons da diiv tou-
illant I uKoaguUbililé acquise par la couche supérieure de certaines urines att\-
quelles on a ajouté de l'acide azotique, et l'on admettra |«r itinséquent pi-oti-
«oirement que les urines albumirienses et très-acides, qui ne précipitent pas par la
clialeur, doivent leur acidité ^ l'acide phosphorique. Une ilrconslcDcc vient d'ail-
leurs appuyer celle manière de voir : c'est que de telles urines reidiarmenl uuc
Iwle pr(^rtion de phosphates. C'est aussi la iliftérence qui m'a paru caiactèriser
les urines spontanément cumulables, mais qui cessent de l'être après l'actiou du
l'acide nitrique. Quoi qu'il en soit, une petite quantité de cet adde, neutralisant
l'influetice de l'acide pbospliorique, redonnerait à l'albumine lu faculté momeii-
liuiànent absente de se coaguler par la chaleur, et démontrei'ait qu'on n'avait |ki>
alTaire à Tmie de ces modifications permanentes de la matière protéii|uc connue
MUS les noms d'albuminose ou d'albumine caséifonnc. Au reste, une pro|iortion
(l'aride plus considérable détermine directe-
ment la précipitation de l'albumine sans l'aide
d'une tonpérature élevée.
De toutes les considérations précédentes il
ressort : i" (|u'on peut croire à la présence de
l'aibuDiiue lorsqu'elle l'ait défaut ; 3° i{u on
peut la mécoDRaitre là où elle existe. Un évi-
tera généralement cette donble mépiisc en
tniilanl successivement l'urine par la chaleur
et |ar l'acide nitrique. Ce dernier réactif suf-
lirait mâiK au besoin à la eoitdition d'opéixr
de la manière que nous allons dire.
thifls lin nne coniifuc, aux trob quarts
|ilein d'urine, on verse avec précaution de l'n-
ùde tô-tiique du commerce, en sorte que,
cmibnt te long de la paroi du vase, il se ras-
wmUe au lond sans se mêler, ehemni lâisan I ,
avec le liquide à cssoyer. On voit alors, au
bout de quelques instants, se disposer de bas
(■n haut les couches suivantes : an fond, l'aride
azotique; immédiatement au-dessus, imo ligne colorée, en rouge, en violet
on en bleu selon le cas; puis la Kone plus ou moins étendue occupée pr
le oi^nhmi albumineux ; enfin une couche d'urine transparente, en apparenn-
inUcte, H cependant coupée en son milieu par nn diaphragme horizontal
d'acide uriqne inis en liberté. Depuis plus de qtriruie ans j'emploie constamment
ks résultats les plus œrttins,
josqu'ici qu'une seule circonstance qui piûasc
tissBcuter l'expérience. C'est lorsque, après aïoir
urique, il se produit ensuite au-dessous uo
jios lente d'une autre portion du même acide, qui
mmb "t ^aonde assez bien les parcelles albumineuscs. Mais en
que j'avais afiaîre à une autre substance que Talbu-
avait pas de lone limpide au-dessous du diaphngme
le e précipité paraissait pulvérulent et composé de grain]le3
^^^.M^v .li ii«fi d'être formé d'une substance légère, plus ou moim
.MNNMBope confirme ce diagnostic en montrant uniquenient de
I nilnides et de nombreux cristaux rbomboédriques aplatis, sans
ai granules moléculaires colorables par l'iode, à la manière
î *
Icucomuriques ne doivent pas leur caractère coagnlaUe à une
^. . •^«■v 'i^pèce d'albumine. Ce principe varie au contraire selon les cas, et
ifc tM uiMne sujet peut en contenir plusieurs formes réunies. Parmi ces
•.«.*^^.«» >afl6tanees albuminoïdes les unes conservent tous les caractères esseo-
v^ .. jfchtMutne proprement dite et se coagulent par la dialeur aussi bien que
«, !vmm *ialnque, comme l'albumine de l'œuf ou celle du sérum ; les antres
.^«.«^•M.'m par Tacide et non par la chaleur seule, et se redissolvent dans l'acide
vi jMiln» enfin, non prédpitables par la chaleur, sont également ooago-
«lAà i«!> acides acétique et nitrique. Ces dernières constituent les alfao-
•«M«tfN itttpariiilfls des auteurs, l'albumine incipiente de Prout, ou caaéiibrroe de
■vu .kiUMiitiaut que l'albumine de l'œuf et celle du sérum sanguin colorent en
* «sMe% k rmHif de Barreswill, M. le docteur Icery a pu croire qu'il avait trouvé le
it^K»^ Jii«^ ibflércntes espèces d'albumine qui traversent les reins. Aussi, n'aiant
•M *> |<iWuiiv le phénomène que sur certaines urines coagulaUes de la maladie de
^•91^ yrofi'enient dite, se trouva-t-il amené à conclure que seules elle» doivent
.^li^ (iti)|¥nété à la présence de l'albumine vraie, et que la liqueur coivreiBe
ouèutt un »Ar moyen de distinguer la maladie de Brigbt des albiuninuries transi-
UHi^j^ iVci demande une explication.
La ct4oratioii violette de la liqueur cuprofotassique par l'albumine type est no
uut ttnHwUi'stable, l'absence habituelle de cette modification par les urines «Ibumi-
injitecq nW i^as moins certaine ; mais il n'en faut pas conclure que les reins ne
>%^|MwU oiilinairemcnt du sang que des substances albuminoïdes et non de l'albii-
uiàkH' |iropivnient dite. Celle-ci perd elTectivement par son mélange avec les maté-
I v«u\ urinaires la propriété de faire virer au violet la liqueur bleue de Baireswill
<Hi tW ïVhling, ainsi que le prouve l'expérience suivante : Je prends la séroailé d'un
wy^fti^loiit) dont je iais deux parts, et après avoir constaté qu'i l'état de purelé elie
iiMunnuiiquc h la li(|ueur cupro-potassique une magnifique coloration vîolcite,
j iv«M>f |MU* le même réactif une autre portion préalablement additionnée d'urine
iH\i lUitlo ; or vciio dernière donne d'abord une teinte Verdétre, résultant de b
iiU|««r|HNittion du bleu et du jaune, puis un précipité de sels terreux et un oommen-
r«)Utf«iH de di^colonition par l'ébullition prolongée. En un mot le mélange «rtifiôd
do M^runi et d'urine se comporte exactement vis*à-vb du réactif cuivreux oomoie
ciU luit iii)<' ui'>"<^ naturellement albumineuse, c'est4-dire sans laisser paraître
am^una nuance de violet. En conséquence, si l'urine de la maladie de Brigfat agit
ALBUMINURIE. 617
quelquefois (quelquefois seulement) à la manière d'une solution de Uanc d'ceuf,
on peut affirmer que cela dépend de l'absence presque totale des matériaux ordi-
miresde la sécrétion rénale, et non du privil^e exclusif de tenir en dissolution
de ralfaumine Téritabie.
D'ailleurs l'albuBiine type n'est pas la seule matière azotée qui se comporte ainsi
avec la solution alcalino-cuprique : la substance épidermoûle en fait autant. Depuis
longtemps j'avais remarqué que la liqueur de Barreswill ou de Fehling, projetée
rliande sur les doigts, teignait l'éjnderme en Ulas ; rapprochant ce fait de la colo-
ration violet noir due au cfalonire d'or dans les mêmes circonstances, j'en conclus
que k matière épidermique réduisait à l'état métallique le cuivre comme tes
métaui de la dernière section. Puis, supposant que les épithéliums et les mucus
qui en dérivent devaient exercer la même action, je fis avec le mucus nasal,
le mocus buccal et le mucus bronchique des expériences toutes confirmatives.
Des flocons de ces diverses sortes de mucus, bouillis successivement avec la
liqueur de Barreswill, prirent tous une couleur riolacée très-caractéristique,
lors même qu'ils étaient transparents ou à peine opalins et que rien ne pouvait y
iàire soupçonner la présence de l'albinnine proprement dite accompagnant le pus
ou le plasma. Seuls le mucus et le pus de la vessie ne donnèrent aucun résultat,
sans doute à cause de la présence des principes immédiats de l'urine.
La réaction découverte par M. Icery n'appartient donc pas exclusivement à une
espèce particulière de substance albuminoide, et quand bien même cela serait, elle
ne pourrait être utilisée dans le diagnostic de la variété d'albumine, puisqu'elle
serait presque toujours empêchée ou masquée par la présence des principes ordi-
naires de l'urine.
Au reste la constatation de ces différentes sortes d'albumine n'a jusqu'ici aucune
importance clinique, attendu qu'aucune d'entre elles n'est spécialement affectée à
la maladie de Bright plutôt qu'à toute autre albuminurie vraie, et que les prin-
cipes albuminoides se transforment aisément les uns dans les autres sous l'influence
de causes purement accidentelles.
Évaluation quantitative de V albumine. A l'aide des caractères du précipité
obtenu par la chaleur ou l'acide nitrique, on peut instantanément se Giire une idée
psâsaUeroent exacte de la proportion de la matière albumineuse dans l'urine, et
conséquemment de sa quantité absolue, si l'on tient compte de l'abondance du
hq^iide sécrété en vingt-quatre heures. Dans les urines fortement albumineuses, le
précipité est floconneux ; il est furfuracé dans les urines moyennement chargées, et
simpleaient moléculaire dans celles qui renfisrment une très-faiUe proportion du
principe coagulaUe.
En raison des nombreuses circonstances qui, indépendamment de la masse de la
substance piotéique, font varier les hauteurs du dépôt albumineux dans les tubes,
la mesure du volume des coagulums ne donne pas des renseignements beaucoup
plus précis que la simple inspection des précipités, au moment même où ils viennent
d'être obtenus.
Les parcelles déliées, résultant de la coagulation d'une urine pauvre en albu
mine, se précipitent plus lentement et se tassent moins ; elles occupent donc tou-
jours un espace rdativement j^ étendu que des flocons plus gros, plus lourds et
doués de plus de force d'adh^ion réciproque. En sorte que les différences de hau-
teur sont loin d'exprimer les différences pondérales des précipités. D'ailleurs, ponr
une même urine, le dépôt variera suivant deux circonstances : i** la dur^ de
l'ébttUition, les grumeaux albumineux «e soudant et grossissant à mesure qu'on
5i8 ALBUMINURIE.
laii agir plus longtemps la dialeur; 2° le lemps de repos pendant lequel k \m
n pu se décanter, et conséquemmeni le dépôt se condenser.
Pour arriver à des résultats certains, la méthode des pesées est indispensable.
Nous en avons donné précédemment un exemple lorsque nous nous sommes orou|>é
de la détermination des quantités aljsolues d*albumine dans les urinos de k diges-
tion comparées à celles du jeûne. Ces indications sont à peu près suffisantes, parte
que, en clinique, l'exactitude absolue n*est pas de rigueur. Je ferai remarquer
seulement que si les urines sont neutres ou à peine acides, il est indispensable de
les aciduler davantage par Tacide nitrique, de peur que la piécipilation de toute b
masse des phosphates et des carbonates terreux ne vienne modifier ou même busser
le résultat.
Le dosage par la liqueur titrée de cyanure ferroao-potassique, imagiiié par Bô-
deker, ne saurait être d'un em(^i habituel, en raison du peu de senaibibté du
réactif, ainsi que de la complication et de la dilBculté du manuel opératoire.
J'en, dirai autant du polarimètre et de sa modiCcation, VaUmminimèire^ dont
l'emploi a Tinoonvénient d'exiger mi traitement préalable et k décoloratioii df
l'urine, et de donner des résultats incertains, en ce sens que : d'une part l'instru*
ment est impuissant à déceler de faibles proportions d'albumine, et que, d'autre
part, la déviation observée peut être attribuée en partie à une autre subataooe du
genre de celles (sucre ou autre chose) qui donnent à l'urine normale k propriété
de réduire l'oxyde de cuivre. Malgré les efforts de son auteur, Tidée isigénieusT
d'Alfred Becquerel ne saurait donc, quant à présent, recevoir une application pra-
tique.
Diagnostic du sang dans l'urine albumineuse. Même dans raUmminurie
vraie avec néphrorrhagie, la quantité des hématies exhalées peut être asaei grande
pour rougir fortement l'urine et pour que le dépôt conserve la couleur du sang «*n
nature.
Plus ordinairement le sédiment n'a pas l'apparence cniorique : il est bruaâtrp
foncé, par suite de l'action des principes acides de l'iviiie. Sous cette iorme les
cliniciens le recoimaissent encore aisément.
U n'en est plus de même quand la proportion du sang est minime et qu'il a
séjourné dans l'urine ; alors il s'est produit un phénomène de dsoimos^ par lequH
l'hématosine s'est échappée des gkbules qui ont, eu revanche, absorbé de Teau, se
sout gonflés en même temps que pâlis et sont devenus méconnaissables pour \ei
ol)servateui-s mal avertis. L'urine a donc pris une teinte rougeâtreasaes anatq^ à
ceWe qu'elle affecte dans Vhémaphéismej mais se rapprocinnt davantage de celle
ilu vin clairet, tandis que le dépôt léger, demi-transparent, semble Armé àf
furiures ù |ieine nuancées de gris brunâtre. Mais l'examen microscopique ne \m!i^
auc:un doute sur la nature hématique de ce sédiment. A k vérité, les gbbolw san-
guins constituent pour la plupart non des disques excavés, itmgeâtres, nais de<
nlricules sphéroïdes, sensiblement incolores, les unes lisses, les autres chagrinées;
néanmoins il en reste toujoui's quelques-uns retenant la forme aplatie av«c Tappo-
rence de noyau et k teinte caractéristique. Et, quand même r«s dernier» lenienl
entièrement défaut, on arriverait aicore par exclusion au diagnostic, que ne»-
drait confu'mcr au besoin l'action instantanément dissolvante de l'ammouiaqiif .
Dans les maladies d(* Brighl avec hématurie, on rencontre aussi dans le dépk
uriiiaire des cylindres épithéliaux remplis de gianulations pigmentains d'un brun
sombre, résultant de k destruction sur place des gkbules sanguins.
Diagnostic de la lésion rénale, Aprè^ avoir reconnu rallniroine, «s varirtri
ALBUMINURIE. 510
et sa proportion ; aprè» avoir constaté, lo cas échéant, la présence des liématies eu
pluft ou moins grand nombre, le médecin doit s'enquérir de Tétat des organes
s^créleurs*
il est entendu que le rein est toujours alfecté lorsqu'il exhale de l'albumine,
(/mséqnemment, la seule présence de ce principe immédiat dans l'urine indique
«iiflifianiroentun certam degré d'fayperémie, et des troubles parenchymateux. Hais,
veut-on connaître l'intensité et le degré des altérations anatomiques,il faut interro-
ger diverses circonstances accusatrices ; ce sont : la composition chimique et mi-
(Tosoopique de l'urine, la dorée de l'affection et les pliénomènes locaux et généraux
oonoomîtants.
ÛD supposera l'existence d'une lésion organique du reiu, si l'albuminurie se pro-
longe des semaines et des mois; à moins pourtant qu'une cause continente de
leucomurie transitoire n'en explique la durée. L'albuminurie gravidique se main-
tient pendant quatre ou cinq mois en l'absence de toute lésion rénale sérieuse. Hais
si la filtration albumineuse persiste encore longtemps après la délivrance,il y a lieu
àè endndre une altéraliou organique définitive. 11 en est de même après la scaria-
tine et le choléra, si les urines restent coagulables plus d'un mois après la pre-
mière, et plus de quinse jours après le second.
Des pr^omptions plus fondées se tirent du caractère physico-chimique de la
>écrétion urinaire. A part les urines fébriles des maladies aiguës,on peut établir
cette règle générale, à savoir : que plus les urines s éloignent de leur composition
normale, et plus il y a de probabilités en faveur d'une altération organique de la
giande. Ainsi les urines de notre première espèce, qui ne diffèrent guère de l'état
physiologique que par la présence de l'albumine, sont compatibles pendant des
années avec une structure régulière des gkndes uropoïétiques, tandis que les
urines sanguinolentes de la néphrite albumineuse aiguë font craindre prochaine-
ment des désordres profonds, lesquels existent toujours dès que se montre notre
quatrième type (g I, p. 439).
Nais les modifications de la sécrétion rénale^ observées dans la maladie de
Bright offrent. elles-mêmes des degrés. La pâleur peut aller jusqu'à la décoloration
presque complète ; les principes immédiats, comburés, peuvent diminuer à ce
point de ne plus se trouver qu'en proportion minime ou presque insensible. Cette
altération extrême de la sécrétion implique une lésion équivalente de la glande,
hir conséquent, s*ii est possible de la constater cliniquement, elle deviendra un
moven diagnostique pour la lésion rénale. Or la solution cupro-potassique semble
lions fournir ce procédé expéditif.
b liqueur de Barreswill ne procure pas, comme le pensait H. Icery, le moyen
de préciser la lutnre spéciale de la matière protéique : die ne nous apprend pas sj
imus avpns affaire à l'albumine du sérum ou bien à Tun de ses dérivés; mais elle
|ieut néanmoins rendre quelques services dans le diagnostic, en ce sens qu'elle
[ierroet de savoir par une opération très-simple si la substance coagulable est ar-
cumpagnée ou non d'une proportion notable des matériaux ordinaires de l'urine.
U cx4oration violacée, obtenue par faction à chaud de l'urine albumineuse sur la
liffueur cnpro-polassique est, d'après mes expériences, le signe que la sécrétion
rénale n'entraîne plus qu'en minime porportion les principes immédiats provenant
de b combustion des substances protéiques ; elle dénote par conséquent une alté-
ration profonde, soit dans la crase sanguine, soit principalement dans lu structuiY»
H le fonctionnement des glandes uropoïétiques, ou bien dans ces deux ordres de
phéniinènes simultanément. Cependant ces diverses particularités ne conduisent
590 ALBUMINURIE.
qu'à des présomptions plus ou moins vraisemblables; les plus sùn indices nous
viennent des caractères microscopiques du sédiment urinaire.
Valeur séméiologique des éléments microscopiques de l'urine aUmwnnfum,
Ces éléments, on le sait, sont des lambeaux d*épithélium sain ou cbaiigé de granu-
lations protéiques et graisseuses, et des concrétions cylindroldes alfaumineuses oo
albumiiio-fibrineuses, le tout mêlé ou non à des corpuscules sanguins plus ou
moins altérés.
A Fétat d'isolement les cellules épithéliales àestubuli n'ont aucune valeur, puis-
qu'elles peuvent se rencontrer chez des sujets bien portants. Réunies en lambaiu
membraneux ou en cylindres creux, elles sont un élément habituel du dépôt daa<
toutes les urines albumineuses, quelles que soient les conditions morbides au milieu
desquelles l'albuminurie s'est produite. Elles ne caractérisent donc pas la maladit'
de Bright.
Ces mêmes cylindres d'épithélium manquent parfois dans l'alburoiDurie, y com-
pris celle de Bright. Ils peuvent en revanche accompagner dans certains cas I&
phlegmasies rénales sans sécrétion d'urine albumineuse. Des faits de ce genre ont
été signalés par Bennett et Benjamin Bell, qui ont constaté pendant la vie rabseocr
d'albumine coïncidant avec la présence des éléments éptbéliaux du rein dans lurine.
11 ne faudrait pas accepter avec la même confiance les faits dans lesqueb la non-
existence 4e l'albuminurie pendant la vie serait opposée à la réalité d uiie
desquamation des canalicules constatée sur les reins après la mort» attendu que
ce dernier phénomène existe sur tous les cadavres, et se produit avec de l'albu-
minurie dans les dernières heures de la vie, qnelleque soit la cause de la mort. ( Voif.
Albomimurie de l'agomib.)
Un observateur étranger aurait vu l'albuminurie rudimentaire ou absente dans
une série de cas de fièvre typhoïde, bien que le microscope fit découvrir daib
l'urine de tous les malades non-seulement de répithélium,mais encore des cylindns
fibrineux. Je n'accorde pas davantage un caractère probatoire à ces cas hétéro-
doxes. L'absence habituelle d'albuminurie dans une maladie où tous les cliniciens
la considèrent comme très-fréquente et où, pour mon compte, je ne l'ai jamais tu
manquer; et, d'autre part, la présence des. cylindres fibrineux sans albumine
concomitante, sont deux résultats trop directement opposés aux notions acquises
en pathologie, pour ne pas exciter ma surprise et légitimer tous mes doutes, h
conçois bien la rénovation en masse de l'épithélium des tubuli sans exhalation
séreuse, de même que je vois des dartres fiôrfuraoées ou la desquamation de b
scarlatine sans exsudation ; mais je ne puis comprendre l'eisudation du plasm
fibrineux : le plus, sans filtration simultanée d'albiunine : le moins, pas plus que
je n'admettrais la formation d'un réseau fibrineux sous un vésicatoire, au milieu
d 'une sérosité exempte d'albumine.
Une autre circonstance dont il faut se défier IcHrsqu'oii est en présence d'une
desquamation épithéliale des canalicules sans albuminurie, c'est que cette tMo-
tion peut exprimer, non une altération morbide actuelle, mais un travail anté-
rieur complètement terminé et dont il ne reste que les détritus. Quand U* rein
cesse de laisser filtrer de l'albumine, les canalicules, les calices, le bassinet, I'uk-
tère et la vessie renferment encore des débris de la couche épithéliale des iMbuU.
et les cellules, ou même les fragments de cylindres épithéliaux contenus dans b
substance rénale au moment où l'albumine rencontre un obstacle définitifs soo
exhalation, peuvent mettre vingt-quatre heures ou même plusieura jours à s éli-
miner entièrement.
ALBUHINDRIK.
5«
En définitive, Ih«i que l'épithélium rénal puisse se montrer dans les urines
noo ilbuinineuses, sa présence en proportion notaUe implique d'ordinaire l'cxis-
U»re de rilbuminurte. D'un autre câté, son afaseoce n'est pis incompatible atec
uneœrtain degré d'exhalation albumineuse, même persistante. Hais les cellules e(
In lubes d'épiUiélium accompagnent toujours les leucomuries d'un degré mojen
ta ékxi , et leur abondaoce étant proportionnée à l'inlensilé de la sécrétion et de
hcangeatioa rénale, elle peut, jusqu'à un certain point, servir de mesure i ces,
dn» pbénom&nes. Les cylindres muqueui de Funke ont la même nature et ne
pmuMnt pas d'autre si^iiGcation que les cjlindres épitbéliaux qui ont mieui
ctnstni leur fiHine et leur consistance.
Les cylindres colloïdes ont une tout autre valeur que les tubes épitbéliaui,
ranunepreuvedeleucunurie intense et comme présomption en laveur de la durée
imbable du phénomène. Les coagulations laminaires très-minces, irréguliferement
conligurées et plissées à la manière de b frangipane du lait, que j'ai observées
uoe seule fiMS en abondance dans un cas de néphrite albumineuse aiguë avec
béoiaturie, n'ont jusqu'iii pour moi aucune signification spéciale.
Quant aux cylindres grsnulofraisaeux, comme ils sont le résultat d'une transfor-
milioa r^^ressive des g^nes épitbéliales et de leur contenu protéique, ils se
rencontrent dana les albuminuries déjà anciennes et les formes un peu avancées
de lésion rénale. Ils sont par conséquent d'un indice diagnostique à la fois
|irécis et Rcheux.
Le diaguMtic de la forme aiguë ou chronique du mal se confond avec celui
desdifTéreals d^rés de la lésion rénale. Après ce que nous venons de dtre de nou-
Tcsui détaik smit donc superOus.
■■*• f- f.— cTlindres protdiquM ou colloides; 3, Mncrétion «dlalde lamellaiie et peniv
inicribUede pores i ft, oliodre protéique flexueux; f, production lemblsble. msbaplalip
tniuTers*lemmt comme li elle tvsit élA soumise i une cotnpremion dins l'intérieur des
lalKs Driaitères: p. portion de cylindre colloïde, écnsé et Buurâ.
I, cylindre atui d'tpitbélium d'un tube de Bellini, conloumé en serpentin ou en ipirale
l't montrant des noysui bien apparents avec des ^anulationi moléculaires peu nom-
/. ceUoles d'épiUiélium rénal, isolées et k divers degrés de développement. On voit auati
un nojau liln.
i. une cellule semblable, chargée degranulatioDS d'acide urique.
r, lambeau d'épithélium canaliculaire, Irés-pite M en partie liquéOé (cylindre muqueui).
< cjlindre épitbélial, farci de granules molécultires en partie hémaiiqnet et de Koutie-
letiM d« gnine [erliadi* granulo-gtalueui).
5^ ALBUMINURIE.
Efit-il possible de savoir si l'albuininurie est transsudalÎTe » essudalî^r ini
calarrhale ? Nous ne connaissons aucun moyen de distinguer, par rinapsetion d^^
urines, l&s trois modes d'introduction de l'albumine dans la séerction nrinairp.M
Tospèce d'albumine , ni sa proportion , ni les corpuscules aédimentaires ne pr^-
sentent de difTércuces tranchées selon les cas. On ne peut que aonpçonim', sinou
Tetlstence exclusive, du moins la prédominance de lun des trois modes indH|iir»
ri-dessus, d'après les autres circonstances du fait et particulièrement d'après It^
conditions étiologiques , Tintensité des phénomènes phlegmasiques et quelque»
autres parliculaiités de moindre importance.
XXXI. DUGNosTic DIFFÉRENTIEL DE l'albuhiiuiiub. Une foîs conststès l'ai»-
tenoe de l'albuminurie et son intensité, ainsi que le degré deh lésion rénale, il fiiM
chercher â distinguer cet élément morbide de tous les syndromes qui peuvent are
confondus avec lui, et d'abord s'assurer si Ton a aflaire à une albumimuîe %mr
ou fausse.
L'albumine que les réactifs décèlent dans l'urine peut appartenir au sang, k b
lymphe , au pus, ou même au mucus et aux prodnits de sécrétion yené$ dsib
l'intérieur des voies urinaires et mêlés à l'urine normale.
L'hématurie simple, nous ne parlons qne de oelle qui a sa source dans le rein,
se distingue de l'albuminurie avec niptur(% de capillaires par la grande quantiléde^
globules sanguins comparativement à la faible proportion du principe coagnlaUt'.
Si l'urine fortement sanguinolente olTrc , après fdtration et traitement par l'aridr
nitrique, un coagtdum relativement faible, il s'agit d'ime hémorrhagie pure. Si i*-
liquide urinaire, à peine teinté de sang , donne par la chaleur ou l'acide nitriqw
un magma albumineux considérable, c'est une albuminurie qu'on a sous les y«i^
Mais il y a des cas ambigus où les globules et l'albumine paraissent en égale abon-
dance, sans qu'on puisse savoir au juste s'il existe entre eux un rapport propui'
tionnel équivalent à celui que l'analyse constate normalement entre le prin(i)r
coagulable du sérum et le cruor . La présence d'un grand nombre de cylindres épitht-
liaùx , vides ou farcis de granulations pigmentaires bématiques , ainsi que li*
cylindres colloïdes, serait même insuffisante pour trancher la difficulté ; car os
mêmes éléments se retrouvent dans la néphrorrbagie avec inflammation conséruti^ e
Lorsque l'albumine n'est autre que celle qui provient de b lymphe eihakV
dans les voies urinaires, ainsi que cela se passe dans certaines alTections spédalt^
aux contrées intertropicales, elle est en partiecaséiforme, d'une abondance niodrtvt
et accompagnée des éléments histologiques propres au contenu des vaisseaux Uair» :
ce sont des globules incolores spéciaux et des hématies d'une dimension et d'unt
forme particulières, que nous avons signalées dans notre travail fait à l'oocasion (!•
l'observation de M. Camille Desjardins sur un cas de dilatations variqueuse» iIh
réseau lymphatique superficiel du derme. Les hématies propres à la lymphe ^*^
en effet sphéroïdes et d'un diamètre compris entre i/150 et 1/SOO de miUinwIrr
^ulement, au lieu de 1/125 qui est la dimension normale des globules sii^iib
L'albuminurie proprement dite doit encore être distinguée des urines grvN^.
huileuses {pimHurie, N.), représentées le plus souvent peut-être par des uria«>
(thvleusos ou lympheuses^ mais exprimant sans doute quelquefois une 9én¥(ii<u
essentiellement grasse, mêlée d'une faible proportion d'albumine. Les urines p^f^^
ou lympbeuses sont douées d'une opacité qui rappelle les émulsions et ne se mi-
rontre jamais dans l'albuminurie pure et simple. Quelque abondantes que ^oitii!
|(ïs granulations protéiques daas les urines de la maladie de Bright, elles ne le àuui
jamais assez pour donner au liquide un aspect laiteux et une opacité relaliT<', sîin
ALBIIMlNlTRiK. ;»^ri
ijiie «rk se voit dans les urines dites laiteuses ou chyleuses de laiTection connue
MM& la dénomination dliémalurie de Tile de France.
J'ai cherché (Gaz. méd., 1858) à prouver, en m'appuyant sur des obsei*vations
(lueragraphiques et chimiques et sur des considérations de géographie médicale,
(|iio ces prétendues hématuries nétaicnt vraisemblablement que des lymphorrhagies
rniales. Mes éludes sur la lymplie me portent â admettre aujourd'hui qu*il existe
utuéralement une double source pour les liquides sécrétés : le sang et la lymphe. A
réUt physiologique, les grandes sécrétions dérivent du sang ; mais il en est d'autres,
(elles que le lait et les produits sébacés des glandes de la peau , qui proviennent
(le la lymphe. A Tétat morbide, une sécrétion lymphatique peut se montrer dans
un tissu ou dans un organe qui soutire habituellement du fluide sanguin les maté-
riaux de son exhalation. C'est ainsi que se forment des lymphatocêles dans la
tunique vaginale et ailleurs.
La source des matériaux anormaux comme des principes physiologiques des
arines albomineuses serait tout autre : aie se trouverait dans le système sanguin
lui-même, et cette diiTérence originelle rendrait compte des qualités distinctives
des» urines de la leucomurie comparées à celle de la lympkurie. En eiiet, le sérum
du sang est simplement louche , s'il n'est tout à fait limpide ; il ne peut donc
communiquer à l'urine qu'une très-légère opalescence. La lymphe au contraire,
ijui est lactescente, surtout dans les pays chauds, donne ce caractère à la sécrétion
rénale quand elle s'y mêle en nature ou par quelques-unes de ses parties cnnsli-
tuantes.
Entre les cas tnen tranchés de l'une et de l'autre afTection il n'y a donc pas de
(mfiasion possible ; mais l'incertitude commencerait du moment où l'on aurait
aflàire à une albuminurie avec urines exceptionnellement troubles ou bien à une
irmphurie très«légère. La proportion d'albumine, forte dans le premier cas , bible
dans le second, servirait à dissiper les doutes.
lïans la pyurie- l'albumine se montre à titre d'élément du sérum du pus. Cun-
àtquemment elle n'existe ordinairement qu'en bible proportion, et se rattache à la
(ir^senoe déjeunes cellules en voie de formation (néoci^ N.), variables dans leurs
(^fMtères suivant qu'elles sont fournies par la vessie ou par les autres régions de
Tappareil urinaire. D'ailleurs on constate en même temps des signes d'abcès du
n'in, de pyélite, de cystite, de prostatite et d uréthrite, ou bien, chez les femmes,
de leucorrhée, de métrite, etc.
1^ principes résinoïdes artiiiciellement introduits dans l'organisme coramuni-
qoeot aussi aux urines des réactions analogues à celles de l'albumine. De ce nom-
bre «ni la térébenthine , le cubèbe , probablement le matico , mais surtout le
lonroe de copahn. Les urines oopabilères non précipitables par l'ébuUitioii se trou*
lient par l'acide azotique, et, quand elles ne contiennent pas d'albumine, le trouble
disparaît par l'éther, qui s'empare de la substance résineuse et l'entraîne dissoute
à b snrface du liquide.
Si , du côté des urines , différentes circonstances peuvent faire croire à mie
albuniinurie qui n'existe pas, il arrive aussi que des 8ympt(>mes saillants, vers les
autres appareils de l'économie, masquent les manifestations ordinaires de l'hyper-
leucomatio et du trouble fonctionnel du rein ; tandis que d'autres fois des symp*
témes analogues à ceux qui accompagnent les urines albumineuses en imposent pour
I afiêction dont l'albuminurie est l'expression principale.
Ainsi les débuts de la maladie de Bright et du diabète leucomurique lié à la
dîjlbèse goutteuse sont souvent méconnus , parce qu'ils se confondent avec les
bU ALBDIINURIB.
dÎTen étais cliloro-anêmiques. Plus d'une fois j'ai m prendre pour de b fanm-
rhite capillaire l'oidëaie et la poussée congestiTe qui sont eiceptioanetlunent l'une
des premières manifestations de l'albuininurie aiguë. Lea pbénomines eoc^phaln-
pathiques de l'albuminurie ont donné le change pour des lésiom ctr&nie& pti-
mitives, et réciproquement. Enlin l'anasarque cachectique simule i ce |»iut h
maladie de Briglit avancée, qu'il est impossihie de se défendre de l'illDsioa d
qu'on éprouve le besoin de répéter jouniellonent l'easai des urines afin de. l'uNirrr
que l'albumine en est absente. Quelquefois môme l'autopde, loin de diaiper In
doutes, augmente singuliërentent l'eoiberrEs du médecin, en lui révélant une lé«n
rénale (augmentation de volume et de poids, aspect lobule, blanchitre, aiiénii>|U(i
en apparence identique à celle qui caractérise un degré élevé de la lésion de BrigU
Mais une étude plus attentive démontre alors que l'altération des glandes ur»-
poïétiques consiste moins en une modification des glomérules, des tubes nrinii^
et de leur épitbéliuin, qu'eu une infiltration graisseuse intcntitielle ou hitn luk-
hypertrophie du tissu conjonctifavec multiplication et accixMEsement de volume li-
ses éléments morphologiques, dont les noyaux devieiuient d'une lacile évidence an
le milieu des fibres renflées. Des eu semUaUes seraient aisément {hù pour d»
lésions avancû» du diabète leucomurique sans leucomurie. Je m'arrête à <xtii
simjile indication, b discussion de ces points de diagnostic dilTérentiel devaul ctrt
mieux plucée dans le cours de l'article consacré i la maladie de Brigfat.
XXXIl. PaoRosnc ds l'âlbuuiriirib. Rien n'est plus variable. L'alhuoiouri:
temporaire des fièvres, se dissipant aiec les symptômes aigus de la maladie fna-
cipale, n'inspire i bon droit aucune inquiétude. La niahtdie de Brigfat chraùjib-
est au contraire d'une excessive gravité, attendu qu'elle ne guérît point et qu'dk
compromet assez prochainement l'eiislence. Entre ces deux extrêmes viennent k
placer les diabètes leucomuriques non définitivement passés à l'état cfarooiqur, In
albuminuries persistantes de la diathèse goutteuse, et celles qui meiMoait àt *
maintenir, i titre de diabète leucomurique, i la suite de la grossene ou des adiec-
tions aiguës, telles qu'un relroidissement, le choléra et la scariatine.
En somme, le pronostic repose sur cinq données principaks, à savoir : la niUirr
de la cause morbide, la durée des accidents, l'intensité des trouUes de l'urinliin.
celles des lésions rénaJes el des symptômes cachectiques.
Il sulfit de se rqiorter aux deacriptioiis des albuminuries en particulier, et lU
considérations développées ci-dessus à propos de la marche et du diagnostic, p»
être en mesura de fixer d poUeriori le degré de gravité qui appartient à dânv
espèce, d'après les résultats fournis par l'observation et l'eipérimentalian. 0
serait se méûer à tort de la sagacité du lecteur, que d'insister plus tonguesMU
sur les dâaits que le praticien doit utiliser au point de vue du pronostic, et wr b
manière de les grouper pour en augmenter la valeur. Je ne feni qu'une «»''
remarque : c'est que les quantités d'albumin^eicréti^ n'ont pas l'importaDte (fv
et.'] laiiies mes théoriques tendraient à leur faire accorder , d'abord pftrce q« ^
niiusse du principe protéique que les reins laissent filtrer est moindre qn'oa ir
seruil [lorlé i le croire ; ensuite parce que les variatiws en sont moiiB élaaduo
qua ne semblent l'indiquer les aspects disparates des urines de b rnitadir àe
Bi'jghl ; enfin parce que ces perles de matière aiotée n'exercent pas nir lâ«
nomie l'influence pernicieuse qu'on leur attribue dans b doctrine qui bit gnnicf i
tou4 les pliénomèues autour de b phlegmasie rénale avec spoliation pragmaw i» j
iéntm sanguin. |
WVIII. Dt l'aubiiiniihib cohui: signb dughostiqiib et rtOMianon. L'nr-
ALBUMlIfDRIE. 5!25
Icnce de ralbumiiiurie et son iiilensité oonstitiienl pariins un élément de diagnostic
d'une certaine valeur ; par eiemple lorsqu*il s'agit de diUinguer la scarlatine d'une
afiedioo qui la simule à merveille et que j'ai désignée sous le nom de Rosemil ,
ou bien quand ou soupçonne une cause d'obstacle à la circulation veineuse du côté
d» glandes uropoiétiques. L'albuminurie peut encore devenir un symptôme pré-
monitoire de certaines lésions cérébrales, etc.
D'un autre côté l'apparition de l'albumine urinaire chez des stjyets qui n'en
avaient pas présenté jusque-là et dans le cours d'affections qui en sont générale*
ment exemptes, cette apparition, dis-je, signale un changement défavorable dans
b modalité fébrile. De même l'augmentation progressive du principe coagulaUe
iodique la gravité croissante du mal. Par contre c'est to^jours un signe de bon
augure que de voir l'albuminurie manquer ou s'atténuer graduellement, si elle
existait d'abord. Ainsi, dans chaque espèce nosologique , l'élément morbide que
nous étudions peut être interrogé fructueusement au point de vue du diagnostic et
du pronostic.
XX.\IV. TBArrsMEflT de l'albuminurie. L'influence des doctrines sur la pratique
médicale ne se fait nulle part mieux sentir qu'à l'occasion de l'albuminurie. Si,
comme on l'a cru généralement jusque dans ces dernières aimées, la maladie de
Bright n'est qu'une néphrite, pourquoi s'occuper de l'état général ? La médiode
antipbkgîslique suffit. Si, comme le veulent quelques personnes, le rein, filtre
inerte, ne prend aucune part active à la maladie qui est essentiellement et uni-
quement une dyscrasie, que sert de lui adresser des moyens spéciaux de traite-
ment? L'action générale fera tout. Enfin si l'albuminurie n exprime qu'une
kgpercrinie et se solde par une perte d'albumine dont la disette se fait sentir
partout, vite administrez aux malades du blanc d'œuf. Au contraire si vous croyez
que l'albuminurie est une fonction anormale du rein chargé d'éliminer le superflu
des matières protéiques» alors supprimez autant que possible les aliments albumi-
neux, en m^e temps que vous agirez sur les conditions d'où dépend l'excès
absolu oti relatif d'albumine dans l'économie. Enfin , en admettant l'interven-
tion de plusieurs de ces circonstances pathogéniques, il faut instituer un traite-
ment mixte , éclectique , répondant |our à tour ou simultanément aux diverses
indications. C'est précisément à cette thérapeutique rationnelle que conduit l'opi-
nion développée dans le cours de ce travail,
Le traitement de l'albuminurie, analogue à celui du diabète sucré tracé par
MM. Bouchardat et Sandras, Hialbe, etc., ne comporte rien de spécifique, et le
médecin, prenant pom* guide Li physiologie, ne doit faire usage que des moyens
rationnels qui s'adressent à une modification déterminée d'un organe ou d'une fonc-
tion de Téconomie. Ces moyens varient d'ailleurs selon les circonstances du mal. Les
principales indications se tirent du caractère transitoire ou permanent de Talbumi-
nurie, de sa période aiguë ou chronique, de l'état des reins, de l'espèce de diathèse
qui l'a engendrée, des conditions individuelles et des complications.
L'albiuninurie est-elle symptomatique d'une maladie aiguë fébrile, telle que la
itèrre typhoïde, elle demeure comme non avenue pour le praticien ; car il serait
puéril et illusoire de s'y attaquer. Est-elle protopathique au contraire , ou bien,
ét«mt deutéropatbique, menace-t-elle de survivre à la maladie principale, elle de-
vient alors l'objet des préoccupations du thérapeutbte, qui cherche à la combattre
i la fois dans ses causes éloignées et prochaines, et dans ses conditions instrumen-
tales. Mais c'est d'abord à ces dernières, omune à celles sur lesquelles il a plus de
prise, que k médecin devra le plus ordinairement s'attacher.
521$ ALBUMliNURlE.
Il agira doue immédiatement sur le it;iu pour le ramener autoul que posùblc j
une modalité normale, analoniique et fonctionnelle. Deux cas se présentent, Mi%aiU
que Torganc tiécréteur est simplement liyperémié et plus actif dans sa foDrUmi
d'ailleurs altérée, ou bien qu'il est vraiment enflammé, avec une modalité ibnc-
lionnellc plus pervertie encore. Dans le cas d endonéphrite albumineu!« (iriiiiiliH-
ou secondaire, le traitement antiphlogistique qui a réussi entre les mains de
MM. Rayer, Bouillaud, etc., peut rendre encore des services incontestables.
S'il est rarement nécessaire, au point de vue de la seule phlegmasie nkialr.
d'ouvrir la veine, du moins une émission sanguine sur les lombes, à l'aide desaic-
sues et mieux par des ventouses scarifiées, sera un moyen de déplétion et de déri-
vation utile qu'on pourrait à la rigueur répéter, et que compléterait l'appliatioti
consécutive de cataplasmes sur la même région.
liorsque, par des émissions sanguines et des topiques émollients, les clios^^ onl
été ramenées au degré d'irritation pour ainsi dire normal, alors on agit |iarl^
moyens indiqués dès le début dans les formes moins inflammatoires et inoim
violentes.
Oi*, à ne tenir compte rpie de la condition anatomique locale, les inojens iiabh
tuels de calmer la congestion active ou la phlogose d'un organe profond sai'H
empruntés à la méthode antipidogistique directe et à la révubion.
La révulsion, lorsqu'il s'agit du rein, ne saurait porter nulle part plus eflicarr*
ment que sur le tube digestif. L'expérience démontre en effet tous le^ junn
riieureusc influence des pnrgations contre l'albuminurie. Mais à quels puririlrh
faut-il s'adresser de préférence?
Ce sont les purgatifs salins qui sont le plus employés et qui donnent nnnilt^
tcmeut Jes meilleurs résultats. Les drastiques (huile de croton , gomme-fntU^.
jalapy aloès) sont moins favorables. Serait-ce, comme le })ensent quelques personne
que ces dernières substances enlèvent relativement huit ou dix fois plus de ^'\-
du sérum que d'albumine? Je ne le crois pas. C'est plutôt, à mon avis, paroe fi'
les drastiques répétés provoquent à la longue une irritation plus ou moins vive dti
tube digestif, pouvant aller jusqu'à l'entérocolite et déterminent en définitive m
complication à la place d'une révulsion qu'on prétendait obtenir. Les sels neuln>
n'ont pas cet inconvénient. En outre, ils attirent plus d'eau ei préviennent pitb
sûrement les eflets de cette pléthore hydrémique si favoraUe aux épanchemefH'
dilTus dans les séreuses et les mailles du tissu cellulaire. Voilà surtout ce qiii<)<'!
les faire préférer ; car s'ils entraînent moins de sels du sérum, si même ils lui <*
donnent, ils le spolient moins de son albumine exubérante, et ces deux eflels, ^^^
l'influence médicatrice est inverse, se compensent réciproquement.
Cependant chez quelques sujets la susceptibilité des entrailles, natorelk (*-
acquise par des maladies antérieures , cx)ntre-indique l'emploi des porgatife ft (^f*'
faire diriger vers le tégument externe les moyens révulsifs recomms nécesbam*'
C'est le plus près possible de la région occupée |)nr les reins qu'il faut les q^^th
quer pour obtenir, soit la rubéfaction et la vésication, soit principalement la drwj
leur et Tustion ou l'escharification avec ses consétpiences.
La moutarde est le meilleur et le plus commode de tous les rubéfiants. Av«t<i^
^inapismes bien maniés on obtient en majeure partie les effets thérapeutiques dr^
vésicatoires, sans les inconvénients de ceux-H^i. Toutefois on peut recourir tp^
ment aux divers agents d'irritation recommandés dans d'autres occasiom. Nji*
si l'on croit ne pouvoir se dispenser d'une action plus puissante et ph» durable, h
l'on veut obtenir la vésication par exemple , il faut éviter les cantharidei et h
ALBUMINURIE. 527
préponitimis dont elles fout la base, de peur d aecroitre rinflainmaiion rénale de
tout œ qu'y ajouteinit le caiitharidismc, surtout après la vésication de surfaces
scarifiées.
En pareille occurrence, on s'adressera à la pommade de Gondret bien préparée,
mi à Tammoniaque imbibée dans une rondelle d'ouate et appliquée avec les pré-
cautions connues. Des ventouses sèches, maintenues plus on moins en place avec
un vide {dus on moins pariait, donneraient à volonté une rubéfaction ou des
rcclijmoses, et même des ampoules. Elles tiendraient par conséquent lieu de vési-
catoire. Nous n'avons rien de particulier à dire sur les cautères et les moxas, si ce
notqueces rudes moyens, dont on abusait tant jadis, trouvent rarement leur
indication.
hmragir directement ou plutôt immédiatement sur les organes uropoîétiques,
nous fonunes obligés de recourir à l'intermédiaire de ta circulation. Remarquons
que le but à atteindre c'est de diminuer l'hyperémie de la substance rénale et sa
!«quelle. A la vérité, la galvanisation du système ganglionnaire détermine, comme
la prouvé M. Cl. Bernard, la rétraction des capillaires, la diminution de' la calori*
fkation et la suspension des sécrétions ; mais nous ne connaissons aucun agent
médicamenteux pouvant exercer cette influence sur le rein par l'inteituédiaire des
neris vaso-moteurs. Cependant il semble que les substances dites tempérantes pro-
duiraient jusqu'à un certain point cet citet. Du moins expliquerais-je ainsi retfi-
nicilé des boissons acidulés pour éteindre la soif, apaiser la fièvre et calmer de
té^îères iiillammations tégumentaires diffuses ou circonscrites. D antres substances.
Celles que les astringents, exerçant une action plus éncrgi(|ue sur la tonicité des
parois vasculaires , ne produisent pas , il est vrai, d'aussi bons résultats généraux.
Toutes les boissons acidulés ne sont pas également tempérantes. liCs acides libres
(tmviennent mieux que les sels acides, et les acides minéraux que ceux qui sont
lires des règnes organiques, parce que les acides organiques brûlent d'autant mieux
qu'ils apportent leur alcali et parce que l'action en est fugace comme l'existence
même. Les succès de l'alcool nitrique (Rayer), ceux de l'acide nitrique (Forgct|,
ne me paraissent pas dus à autre cbose qu'à l'aclion tempérante ou même astrin-
gente de ces composés.
lies astringents qui s*éliminent en partie par les reins exercent au passage une
action favorable sur la substance sécrétante. On a conseillé le tannin et l'alun
^Ijamier, Gamberiui, Scbottin); je les ai bien des fois prescrits, mais je préfère au
lannin l'acide gallique, qui est plus stable, et dans lequel il se transforme en par.
«ourant le torrent circnlatoirc. Les doses deOgr. 50 centigr. à i ou 2 gram. dans
les vingt-quatre beures sont celles que j'administre ordinairement |jcndant cinq
nu !»ix jours consécutifs. Le pcrcbloiurc de 1er a été substitué avec avantage ant
autres astringents (Boui^ignon) . MM. Jacquet, Cbatin, de Lyon, ainsi que leur
élève, H* le docteur Hugues, ont eu à se louer de l'emploi de l'ergot associé au
jjerchlorure ferrique. L^arsenic parait aussi avoir donné de bons résultats (Farre^
Itnbert-Qoorbeyre)) en raison sans doute de son action décongestionnante, analo^
2ue à celle des substances précédentes , et aussi de ses eflTots sur la digestion , I»
nutrition et les fonctions plastiques.
Cil diminution de la diurèse accompagne les néphrites franches et se montre
souvent dans l'albuminurie de forme aiguë ; d'où la pensée de recourir aux médi-
ciments réputés diurétiques. Cependant les diurétiques proprement dits, nous ne
craignons pas de le déclarer j sont nuisibles daus l'albuminurie aiguë et doivent être
bamiis de la thérapeutique de cette affection. Signalons en première ligne le nitrate
538 ALBUMINURIE.
de potasse, l'urée et le nitrate d'urée, recoromandés par le pixifeMeur Ikolhoer,
qui pourtant évite les diurétiques cheat les enlants ; puis les boianns gawuses,
bière, cidre, Champagne, le vin blanc et les préparations dont il est le véhicule.
Toutes ces substances, excitants plus ou moins physiologiques des reins, ne seni-
raient, en activant le travail fonctionnel, qu'à augmenter l'état byperéniique de ces
organes. On pourrait dans les mêmes circonstances se servir plus avantageuse-
ment de la digitale (Naumann) ou du bromure de potassium (GuUer), agisnnl
d'abord comme sédatifs de la circulation. Quant à l'infusion de fleun de genél
(SarothamnuB scoparius) employée par M. Salone, ou de Lonicera (et non ami-
cera) brachypoda conseillée par Naumann, je ne po^de pas de doimées person-
nelles pour les juger, non plus que l'action du trichlorure de méthyle. Mais l'iih
tervention de cet ordre de moyens est rendue superflue par le fiiit de l'action
diurétique remarquable que possèdent en pareil cas les toniques astringents eni*
plojés déjà à titre d'antiphlogistiques. Chez les albuminuriques l'acide gallique
augmente la sécrétion urinaire, aussi bien que le ferait un diurétique proprement
dit, dans le cas d'asthénie rénale. Nous en pourrions dire autant des diflerentes
espèces de tannin et des substances médicinales qui lui doivent leur vertu. En
SOTte que par l'administration des astringents on r^pcmd à la fois à la médicatioo
untiphlogistique et u la médication diurétique.
En même temps que l'action thérapeutique se porte sur le rein, on s'efforce de
ramener à des conditions plus normales les proportions des principes albumi-
noides du sang, maintenant en excès relativement aux globules el surtout rdati-
vement aux besoins de l'économie. Pour réduire le chiffre de l'albumine, le
moyen le plus sûr et le plus direct consiste à diminuer l'apport de cette sub-
stance par les aliments. En conséquence on proscrira du régime les œufs et tous
les mets qui eu renferment: les crèmes, la brioche, les échaudés, les biscuits, elc.
Ces précautions prises, on instituera une thérapeutique appropriée aux différents
conditions locales ou générales qui peuvent être considérées, dans chaque ca»
particulier, comme la cause du défaut de transformatioa ou d'emploi des matières
albuminoîdes.
Si c'est l'estomac qui élabore mal les matériaux de la digestion, on empUera les
moyens usités contre les diverses sortes de dyspepsie : la noix vomique, les akalius,
l'arsenic, la pepsine, etc. Si le foie cesse de retenir, pour les transformer, le»
substances albuminoîdes qui le traversent venant du tube digestif, deux choses
sont à faire : premièrement, réduire la proportion des éléments protéiques et de
plus fractionner l'alitnentation en quatre ou cinq repas peu copieux ; seoondeuieut,
exciter la fonction hépatique, soit directement par de petites doses de cakmiel et
par les alcalins, soit indirectement par l'excitation d'organes ou d'appareik en
rapports synergiques avec le foie. On sait en effet que rirritation des voies respi-
ratoires provoque un flux biliaire, indice d'une action fonctionnelle accrue daœ U
glande hépatique.
Si c'est la respiration qui est défectueuse, il faut voir en quoi elle pèche, pour
en régulariser ou en stimuler les actes. On prescrira l'exercice afin d'aMxroitre le
nombre et l'ampleur des mouvements respiratoires ; l'habitation à la campa^
dans un air pur et renouvelé, soit sous une pression barométrique forte an voisi-
nage de la mer, dans une atmosphère imprégnée d'émanations marines et ooos^aoh
ment agitée par une brise tempérée, soit dans l'air plus subtil et plus pénétrant
des montagnes, au milieu d'une végétation qui restitue incessamment de l'oxygène
allotropique.
ALBUMINURIE. 529
Oo conseillera les soiiis de propreté les plus minutieux et nièuie les pratiques
faalnéatoîn's variées, en usage chez les anciens et auxquelles les nations modernes
ti^ndeiit à revenir de plus en plus : telles que les bains excitants salins» aroroati-
qoeSf sinapisés, les frictions, le massage ; car la peau est une annexe de l'appareil
respintoire et les muscles sont des foyers d'kénuUocausie, c'est-à-dire de combus-
tion sanguine.
Le médecin administrera les sels neutres du sang, notamment le chlorure de
sodium, soit comme équivalent de difl'usion de l'albumine (Schmidl), afin de dimi-
Duer la proportion de ce dernier principe dans le sang, ainsi que l'espère J. Vogel
et que tend à le confirmer une expérience de Plouviez ; soit pour favoriser l'héma-
lose. 11 rendra la combustion plus forte encore en introduisant dans la circulation,
conformément à la loi découverte par M. Ghevreul, un excès plus ou moins consi-
dérable de carbonate de soude. Il prescrira dans le même but les eaux salines de
Bahnic, Hombourg, Kreutznach, Nauheim, Niederbronn, Salies et Salins à doses
fractionnées ; ou bien, plus largement, les eaux alcalino-salines deCarlsbad, £ms,
Rojat, Soukematt et Vichy. Au besoin, il fera pratiquer, suivant le conseil de
\lauthner et avec l'appareil mis en usage par MM. Demarquay et Leconte, des inha-
lations d'oxygène et même d'oxygène ozonisé.
Enfin, quand c'est l'assimilation et la nutrition qui languissent, quand nous
uous trouvons en face d'une altération de ces facultés dites vitales, parce qu'elles
appartiennent exclusivement à la matière organisée vivante et sont placées en
dehors de la sphère d'action de nos moyens physico-chimiques, même alors nous
lie sommes pas entièrement désarmés. On arrive à rendre la nutrition plus active,
non pas directement à l'aide d'agents qui seraient trophiques ou plastiques, mais
par une voie détournée, en excitant l'organisation à la dépense en même temps
«pi'on lui présente les matériaux réparateurs. En d'autres termes, on accélère le
nc\e fonctionnel en imprimant une vitesse plus grande au tourbillon des molécules
organiques. Ce but peut être atteint par l'usage répété de légères purgations, par
Li sudation, surtout par l'exercice musculaire dans des conditions hygiéniques
iarorables.
Beaucoup de ces moyens thérapeutiques, on le voit, répondent en même temps
à plusieurs indications différentes, et la médication de rulbuminurie n'est pas aussi
^imJiargée que le ferait croire la multiplicité des troubles morbides et des exigen-
ces qu'ils supposent. Ainsi les agents de stimulation du foie activent aussi les mou-
vements de dénutrition et de composition. Les purgatifs salins, qui ont manifeste-
ment ce dernier effet, contribuent encore à l'approvisionnement du sérum en sels
neutres. Les moyens pharmaceutiques ou hygiéniques capables de favoriser la
f*ombiistion respiratoire sont également les meilleui's pour entraîner le corps
dans les voies d'une nutrition plus parfaite.
IK' cette manière la tâche du malade, plus encore que celle du médecm, se
trouve singulièrement allégée. Cette heureuse simplification reparaît encore lors-
•|u'on s'occupe des conditions diathésiques qui président au développement de l'al-
buminurie chronique, principalement dans sa forme connue sous le nom de Bright.
Presque toutes pondent un fonds commun d'asthénie qui conduit tôt ou tard, à tra-
«en» des troubles fonctionnels et des lésions organiques variés, à l'appauvrissement
dv la constitution désigné sous le nom d'état cachectique. A la plupart des cas par
conséquent, abstraction £iitede la spécificité, conviennent les toniques et les cor-
roborants dont l'emploi se trouve justifié à d'autres égards. A cette indication se
rapporte le traitement par les vins de Bordeaux et de Bagnols préconisé par
DicT. km:. II. 54
550 ALBUMINURIE.
H. Nouât et son disciple M. de Choudens, aiiiii que Teiupioi des prépuilioib
martiales entre les mains de Gatchart Lees.
Que l'albumiimrie accompagne la scrofule ou la tuberculose, qu'elle soit un
symptôme dégoutte ou de syphilis, les données thérapeutiques ei posées ci*de»6tt>
lui sont applicables ; seulement il faut y joindre la prescription d*un traitcmeitt
spécial ou spécifique, préalable ou simultané, selon le cas et Turgence. On admi-
nistrera donc aux scrofuleux et aux tuberqpleux Thuile de foie de morue, l'ioik:
et les iodtU'es, corrigés au besoin, si Ton craint des phénomènes d'excitation, par
le bromure de potassium. Aux sujets entachés de syphilb on fera prendre des pré-
parations hydrargyriques ou iodnrécs, ou les unes et les autres à la fois», nasociw^
ou non au bromure alcalin. Enfin, chez les goutteux on insistera sur les alcalin» cl
Ion donnera, si Ton veut, le carbonate de lithine, concun*emment avec le régimi
qui convient au diabète leucomurique.
Après avoir tracé l'ensemble des moyens propres à guérir Talbuminuiie, ou du
moins à améliorer l'état des albuminuriques, avec les modifications que la nittli-
cation doit subir selon la forme du mal, ses périodes, ses causes prochaines wt
éloignées, il nous reste à tenir compte de diverses conditions plus spécialeroiiit
inhérente? aux malades et de certaines complications ou symptômes prédomiintib.
L'âge, le sexe, le tempérament du sujet, ses antécédents morbides et ses prédi>-
positions, exercent nécessairement une influence sur la marche de Taflectiou et
sur ses formes, ain>i que sur les elTcts des médicaments. La thérapeutique dtnl
s'adapter à ces conditions diverses. Il est diflicile de tt*acer à cet égard une li^tn
de conduite invariable, et chaque praticien, s'instpirant de ses connaissances théori-
ques et de son expérience pcrsoimelle, trouvera aisément dans quel sens il faut,
selon le cas particulier, ïiùm fléchir la règle générale.
Nous nous étendrons davantage sur les indications tirées des symptômes: pn*-
dominants et des complications.
L'hydropisie (anasaitiuc, ascite, etc.) est l'un des symptômes du diabète leu-
comurique qui méritent le plus de fixer l'attention. Quand elle se pronouii
davantage, le médecin insiste un peu plus sur les purgations douces et réitcivi->.
II obtient aussi les meilleurs résultats de l'emploi des bains de vapenr, comnu
moyen de sudation abondante. C'est également dans ces cas cpie les diurétiques uni
été conseillés avec le plus d'insistance et, en apparence, avec le plus de rai>oci
Nais on a rarement retiré de leur administration les bons eOets qu'on en attendait,
soit parce (^ue l'action physiologique faisait simplement défaut , soit parce qut
l'excitation accnie dans le rein ramenait une sorte d'état aigu. Les meilleurs diuri**
tiques, je le répète, sont en pareil cas les astringents. Quant aux bahi:» de\apcur.
ils ne conviennent guère aux sujets hydrénii<iues en même tem{isqu'h}dropique»i'{
qui, bouiTés de toutes parts, ont une circulation diilicile. 11 faut surtout se gaidii
d'y recourir quand les épanchenients séreux se forment rapidement dans le cour^
d'une leucomurie aiguë. La turgescence vasculaire provoquée (lar la chaleur di
l'éluvc aurait alors pour eObt d'exaspérer le travail pldeguiasique des reins et de
fluxionner les viscères eu général, notiiniment les poumons et le cerveau. Ile»i
superflu de faire ressortir les graves dangei's qui pouiTaient résulter de ces der-
nières lésions, et chacun comprendra l'intérêt qui s'attache à tous les mojcusd^
les éviter ou de les prévenir.
Lorsque Tanasarque, aprèi avoir envahi toute la longueui' des membres abdauii-
naux et le tronc, distend énormément la peau, celle-ci livre quelquelois passa^ j
la séi*osité par d'imperceptibles éraillures. 11 en résulte un soulagement notaUt ;
ALBUMINURIE. 531
cr qui a conduit les médecins à imiter la nature en ouvrant des issues plus ou
moius nombieuses au liquide accumulé dans le tissu cellulaire. Pour amener un
dégorgement plus i^apide, ils étaient même dans Tlrabitude de pratiquer des scari-
fications avec la lancette ou la pointe du bistouri. Ce procédé est mauvais; chaque
iolutiou de continuité devient le centre d'un travail de mortification du tégument,
et la gangrène, étendue quelque fois à une grande partie du scrotum et des mem-
bres, peut accélérer la terminaison fatale. M. Rayer a tracé le sage préeéj^e de faire
(ians les régions infiltrées de simples piqûres d'aiguille, très-espacées ; j'ajouterai
la recommandation d'épargner les surfaces déjà éry thémateuses ou atteintes d'exco-
riations du derme.
L'œdème pulmonaii*e se produit dans le coui^ de la maladie de Bright par le
même mécanisme que l'anasarque ; mais quand il est généralisé et intense, les
dangers en sont bien autrement sérieux ; il importe donc d'y mettre obstacle. Rien
n'es^plus difficile à réaliser dans certains cas. Toutefois, sans parler des évacua-
lions alvines et de la sudation, les émissions sanguines produisent quelquefois,
dans l'albuminurie aiguë, un soulagement instantané. J'ai vu une femme albunii-
nurique en proie à une Yéritable ortliopnée, par le fait d'un œdème pulmonaire
généralisé, et que deux saignées pratiquées à vingl-iiuatre heures de distance
cuvèrent d'une suflbcation imminente. Les déplétions sanguines donnent égale-
ment d'excellents résultats dans la médecine infantile, lorsque les jeunes sujets
N)nl pris d'infiltrations aiguës de cause albiuninurique.
A part les médications proprement dites, l'hygiène fom'uit de précieuses res*
>ources dans le traitement des albumitmries chroniques. L'alimentation se com-
)H)>era de \iandes faites, noires et blanches, de légumes, de fruits, a l'exclusion
lie toute substance albumineuse. Le malade boira du vin de Bordeaux aux repas.
Ufei-a de l'exercice musculaire dans la mesure de ses forces et, autant que possi-
Idc, en plein air. On lui recommandera l'habitation à la campagne , en plein
midi, dans un lieu sec et, si faire se peut, dans une contrée méridionale, par
'exemple sur les rivages de la Méditerranée. Telles sont les domiées essentielles
•le la thérapeutique générale de l'albuminurie.
Sans doute les conseils qui précèdent s'appliquent de préférence au cas de
diabète leucomurique (maladiede Bright); cependant ils peuvent convenir quelque-
îoÎn aussi aux albuminuries temporaires qui viennent s'adjoindre aux symptômes
d»'^ maladies aiguës ou en traverser la convalescence. Par exemple, si la cantha-
lidiue absorbée à la surface d'un vésicatoire détermine, 101*$ de son élimination,
nne inflanimation trop ardente des reins, le traitement antiphlogistique trouve alors
^on indication tout aussi bien que dans la néphrite albumineuse aiguë par laquelle
«léhutent certaines maladies de Bright. Et si, les premiei-s accidents passés, Thy-
fwmie et riiypercrinie rénales persistent à un certain degré, sans constituer une
véritable phlegmasie, les astringents trouveront leur emploi exactement comme
'firrs la {jériode correspondante d'une leucomurie spontanée; Pour ne durer en
général que le temps de la gestation, l'albuminurie gravidique n'en cause pas
moins des désordres fonctiotmels et anatomiques qui réclament iinpérieusement
) iiitcrrention de l'art. Voilà pourquoi nous avons cru devoir noiis étendre assez
l<Hr:îUcment sur le traitement de l'albuminurie en général, sans entrer pourtant
(iaiis des détails minutieux qui seront mieux placés à la suite de la description de
'albuminurie par excellence, de celle que j'assimile au diabète sucré et qui s«?
troure désignée partout sous le nom de Bright. (Voy. aussi Éclampsie.)
XXXY. De l'albuii15ukie au poiht de vue de la classification nosologique.
55^ ALBUMINURIE.
Suivant les cii'constauccs au milieu desquelles ou la voit apparaître, ralbttniitiune
peut occuper successivement toutes les sections de ce qu'on est convenu d'appeler
le cadre nosologique. Tom* à tour proto ou deutéropathique, phénomène essentiel
ou secondaire, maladie ou symptôme, tantôt on l'a jugée digue, à titre d'eotiU
morbide , d'une histoire monographique achevée ; tantôt elle a figuré plib ou
moins modestement dans un chapitre de séméiologie.
La biopathologie ne souscrira bientôt plus à ces arrangements arbitraires; iuu>
les distinctions qui les motivent n'eu sont pas moins utiles dans leurs applicatioo^
à l'art de guérir. Autre chose est, sous le rapport pratique, d'observer une albu-
minurie fugace, survenue comme épiphénomène dans le cours d*une maladie
aigûe ; autre chose, d'avoir affaire à l'un de ces diabètes leucomuriques subsistant
par eux-mêmes, évoluant d'une manière progressive, presque invincible, et abou-
tissant à la mort au travers d'une série d'accidents toujours semUables. A prendre
les extrêmes: étiologie, symptômes, thérapeutique et pronostic, tout, en efÎH,
semble différent dans les deux catégories de cas.
On comprend donc qu'à une époque où les idées ontologiques dominaient cii
médecine, l'affection, ordinairement si bien définie, que Bright a fait connaître, ait
été soigneusement séparée de toutes celles où l'albuminurie se montre en quelqu»
sorte accidentellement et dégagée de son cortège habituel. Jusque-là rien de mieux
Hais l'erreur commence à partir du moment où l'on peut imaginer que la maladie
de Dright possède une essence spécifique et une existence absolument indépen-
dante : qu'elle jouit, eu un mot, d'une individualité propre, à la manière d'un étr**
créé. Bordeu l'a dit avec un sens exquis et un rare bonheur d'expression : « La
maladies ne sont pas des êtres, mais des manières iétre, » La ^^^cificité, ajou-
terons-nous , ne se montre ni dans les altérations de structure , ni dans Ic^
troubles fonctiomiels, ni dans les moyens thérapeutiques destinés à en triompher
elle existe tout au plus dans quelques causes morbides, telles que les virus de b
syphilis ou de la variole, sur lesquels nous n'avons directement aucune prise.
En créant des espèces morbides le médecin a composé des groupes purement
artificiels et, soit qu'il ait agi intentionnellement ou d'une manière inconscienU.
il n'a fait autre chose que rendre plus promptes les opérations de l'esprit sur \^
faits cliniques, et plus facile la tradition des coimaissaiicesaux générations future
Le nom d'mi de ces syndromes qu'il décore du titre d'entité morbide c\oquei
l'instant le souvenir d'un ensemble de faits qui ont coutume de se moatrer couirt-
demment ou les uns à la suite des autres chez le même sujet, et l'idée compln**
que représente cette dénomination se formule aussitôt dans l'esprit de celui qui
l'entend. Cet avantage n'est pas à dédaigner, et nous aurions tort de nous en des-
saisir sous le prétexte que les divisions adoptées sont conventionnelles et que b
nature se plaît à confondre ce que l'homme a séparé. Seulement, il importe d>
ne pas se faire d'illusions sur la valeur de nos systèmes, et de ne pas croirt a i>
réalité concrète de ce qui n'existe que dans l'entendement humain, en «ertu df
sa faculté d'abstraction.
La maladie de Bright n'est pas plus que les autres une entité véritable; ^o^
individualité disparaît devant l'analyse délicate de ses éléments, opérée par l>
science moderne. Et, pour ne parler que de l'albuminurie qui en est le c«racià<
fondamental, ce phénomène, dans le diabète leucomurique, n'c^t pa:^ à d'aotn*^
lois que dans une foule d'affections différentes dont il vient simplemeut tnver^i
le cours
Toutefois, à côté de l'albuminurie que nous avons poursuivie à l'état de »mi»-
ALBUMINURIE. 555
ptôme dans une multitude d'affections diverses, et que nous avons étudiée d'un
point de vue général dans sa pathogénie, ses conséquences et sa thérapeutique, a
lôté de cet élément morbide, il convient de décrire à part une albuminurie quasi
essentielle, en ce sens qu'elle est protopatliique ou cpie du moins, si elle s'est dé-
veloppée secondairement, elle survit à l'espèce nosologique qui hii a donné nais-
^nre, absorbe désormais à son profit l'activité organique et parcourt ultérieurement
<<s phases d'une manière isolée et indépendante, constituant dès lors à elle seule
tmite la maladie.
Maintenant, quelle place assigneron»>nous à l'espèce nosologique dont, toutes
resenes faites, nous venons de reconnaître l'eiistence et dont la distinction, à part
I» maladies virulentes, est aussi légitime que celle des affections les mieux définies,
par la triple considération de leur étiologie, de leurs symptômes et de leurs lésions ?
Notre réponse est* connue d'avance.
La maladie de Brigbt, rarement aiguë, presque jamais fébrile, tendant toujours
MfTs l'état chronique, caractérisée d'ailleurs par une dyscrasie préalable, des alté*
niions de nutrition consécutives, des désordres variés dans les différents appareils
de féconomie, et surtout par la déperdition constante d'un des matériaux esseu-
tiels de la réparation des organes ; la maUdie de Bright, disons-nous, se range
UNit naturellement à côté de la glycosurie : aflection également dyscrasique et
plus tard cachectique , lente dans ses allures , apyrétique , féconde en lésions et
pHncipalement accusée par l'issue, au travers des reins , de la substance sucrée
dont la physiologie a démontré le rôle important dans l'hématose et la nutrition.
A cet ensemble de caractères communs viennent parfois s'ajouter encore
({uekpies tnûts qui complètent l'analogie déjà si étroite entre les deux ordres de
faits pathologiques. Dans le cours de la maladie de Bright, comme dans le diabète
^ucré, des sujets, plus nombreux qu'on ne pense, sont affectés de polydipsie et
de polyurie. J'en ai vu un qui rendait une masse quotidienne de quatre litres à
(foatre litres et demi d'urine et qui en avait sécrété plus du double pendant une
iQtre période de sa maladie. Chez ce sujet il existait de l'anaphrodisie et de l'éma-
ciation sans trace d'cedème soufr-cutané. Quant à la dia thèse gangreneuse des
:{lTcosuriques, sur laquelle M. Marchai de Caivi vient de publier un livre plein de
laits curieux et de remarques ingénieuses, elle se retrouve si un degré presque
iiussi élevé dans certains cas d'albuminurie aigûe ou chronique. Ainsi le paraUèle
intre les deux affections se soutient jusque dans les détails les moins connus de
^ histoire.
L'albuminurie essentielle, dont le domaine offre plusieurs points de contact avec
• elui des états mal définis, confondus en Allemagne sous le titre de dyscrasie
veineufe, est donc, à notre avis, un véritable diabète aUmtnineux ou leucomurique.
En proposant cette appellation qui résume toute une doctrine, nous croyons
favoriser les progrès de la médecine scientifique. Cependant, par respect pour
1 ttsage, nous maintiendrons en son lieu la maladie connue sous le nom de Bright,
^ nous renvoyons à ce mot les détails qui n'ont pas trouvé leur emploi dans le
pn^Qt article de pathologie générale.
XXXYI. Historique. Les cas morbides, explicables maintenant par l'iilbumi-
oorie, ont été entrevus, mais non distingués, dès les premiers âges de la médecine,
tt)maie en témoignent ces paroles d'Uippocrate : « Oxovoivi Si iiti tocviv oO^otviv
^Àfàar. 34, sect. VU) ; ce que Lallemaod et Pappas (Montpellier, 1839) traduisent
jinsi: • Si ieêbuUes surnagent à la iurface des urines, il existe une affection dett
534 ALBUMINURIE.
reins et la maladiésera tonji*^,» Peut-èlre, pour éviter toute critique, eût-il mieoi
valu dire en terminant : d etla faiblesse sera très^grande; » mais cela a*eût rien
changé au sens de l'aphorisme. Or, suivant la remarque judicieuse et sagace d^
Lallemand, les urines qui moussent fortement et demeurent longtem|)s spumeuses
sont nécessairement cliargées d'albumine ; donc, en écrivant ces lignes, le père d<
la médecine faisait allusion à des cas d'albuminurie, sans connaître d'ailleurs ni
l'altération chimique de la sécrétion urinaire, ni le mécanisme ou la physiologit*
pathologiqne de l'affection. '
Mais, chose remarquable, dans un autre passage {Prénot, Ccaques. Trad. de lit*
tré, t. V, p. 685), Uippocrate met les accidents de la maUidie amitiale au noiiH
bre des plus fâcheux symptômes qui puissent survenir chez les hydropiques, iv
qui prouve encore une fois qu'il avait eu sous les yeux des sujets atteints de dia-
bète leucomurique : celle de toutes les affections accompagnées d'anasanpio qui
donne lieu spécialement aux phénomènes éelamptiques.
On regrette de ne pas voir signalée à ce propos la coïncidence des uriaes 111011$^
sensés avec l'niïection des reins ; il eût été pat U démontré que noD-seulemeiit
l'auteur hippocratique avait eu l'occasion d'observer l'albuminurie, mais que de
plus il avait saisi le rapport qui unit entre elles l'altération de l'urine cl la lèsitm
rénale, d'une part , avec Thydropisie et l'éclampsie, d'autre part.
Cette relation n'a pas échappé, parait*il, aux successeurs du médecin de Cix.
Plusieurs d'entre eux ayant rattaché certaines hydro|Msies aux aliéraCîoiis dt-^
reins ont été blâmés de cela par Gœlius Aurelianus, sons les écrits duquel les opi-
nions émises dans l'antiquité sur ce sujet ne seraient pas arrivées jusqu'à nou<.
Appollonios de Memphis, à qui Galien, à en croire H. Paulinier, aurait iait honneur
de rinvontion du mot diabète, assimile ce fïux aux hydropisies, disant que Ir
sérum s'échappe par las reins comme il s'^ancfae dans les tissus.
Galien, Ârétée, Alexandre de Tralles, Avicenne, accusent successiTement U>
reins de produire des hydropisies, opinion qu'acceptent tous les aiabisies, et qut*
Van Helmont formule plus nettement encoi^. Le seigneur de Hérode explique par
un défaut d'action des glandes rénales la pléthore aqueuse et les épanchemeBLs
qui se font de toutes parts dans les hydropisies, mais de phs il reconnaît au mn
un autre rôle : celui de rejeter au dehors, par un accroissement d'activité
loire, non-seulement l'eau épanchée, mais la sérosité tout entière, que dans son
gage il désignait sons le nom de latex, et de résoudre ainsi Tanasarque, Tascile, etc.
En conséquence, si le précurseur de la doctrine iatrochimique n*a pas cou-
slaié la coagnlnhilité de l'urine dans certaines hydropisies, on peut dire cependant
qu'il a conçu le mécanisme du passage de l'albumine dans Turine, et que même il
a trouvé ralbuminnrie critique.
Feraol, Rivière, Bonet, Boerhaave, reconnaissent^ leur tour des hydropisies de
cause i*énale. Toutefois, vers cette même époque de la renaissance, l'influence dit
rein ne fut considérée que comme indirecte par quelques auteurs. Nicolas Lepoi^.
en particulier, la subordonne à celle du foie, bien qu'il mentionne l'inertie H l'ol-
struction des reins au nombre des causes d*hydropisies.
Vers la fin dn dix-luiitième siècle, Morgagni décrit clairement l'altération rénak
de Briglil,
Mais, sauf rindic:Uion énoncée dans le 5V aphorisme, personne, dans le couin
dos vingt sitVles écoulés depuis Hippocrale, ne s*est avisé de trouver dans TaltérH
tiou de l'nrine un trait caractéristique de ces cachexies avec hydropisie et lésiocb
l'énales qu'anjourd'hui uons désignons sons le nom de maladie de Brighl. Cf< à
ALBUMINURIE. 555
riuliea Cotugoo que nous detoas la première remarque sur les rapports de cer*
taioeshydropiâesavecrurinecoagulâble» L'albuminurie était découverte (1770).
Elle Ait constatée ensuite par Cruikshank, Fordyoe, Darwin ("dans le diabète),
Wells et Blackall en An^terre (1798 à 1815) ; par Dupuytren, Nysten, M. An-
dni et Barbier d'Amiens, en France (1806 à 1827). A la vérité, plusieurs de ces
observateurs ne s'attachèrent qu'à établir la présence de l'albumine dans les uri-
nes des bydropiques ; mais d'autres : Wells, H. Andral et Barbier d'Amiens, ac«
rordèrent une égale attention à l'altération du liquide urinaire et à la lésion
rénale. '
Qaoique les esprits parussent ainsi préparés à considérer dans son ensemble la
ipiestion de l'albuminurie, le travail de Bright n'en fit pas moins une révolution
(1826). Le public médical qui, jusque-là, n'avait pas conscience des efforts indi-
viduels tentés vers b fin du dix-huitième siècle, poursuivis au commencement du
dix-neuvième, et déjà couronnés de succès, le public fut illuminé soudain par Té»
cbtde cette auatomie pathologique, nette et précise, mise en regard du tableau
symptomatîque ancien, enrichi de nouveaux détails, il sembla que la maladie ve-
nait d'être réellement découverte pour la première fois, et dès lors elle emprunta
le nom de celui qui l'avait révélée.
L'initiative de Bright suscita en Angleterre d'abord, puis dans le reste de l'Eu-
rope, des travaux nombreux et importants, destinés à mettre en lumière les véri-
tables rapports qui unissent ces trois termes : albuminurie, lésion rénale et
l'achexie.
Le trouble fonctionnel amène-t-il à la longue l'altération rénale, ou plutôt la lé-
sion organique n*est-elle pas la cause de l'albuminurie et des désordres généraux
(ie la santé? Telle était la double question qui préoccupa tout d'abord les patholo-
Me%. Richard Bright inclinait visiblement vers cette seconde interprétation ; ce-
pendant il n'avait pris là-dessus aucun parti décisif, et ses écrits trahissent à la fois
^s doutes et la crainte de se mettre en dehors de l'observation en adoptant une
opinion exclusive.
La plupart de ses successeurs n'imitèrent point sa prudente réserve, et si quel-
ques-uns préférèrent subordonner la lésion anatomique à la déviation fonctionnelle,
presque tous au contraire, se rangeant du côté de l'organicisme, firent jouer le rôle
principal à la glande et aux changements de structure que le médecin anglais ve-
nait de faire connaître.
C'était l'époque où, malgré Broussais, l'idée de spécificité dominait en anatoniie
pathologique et ailleurs; celle où le grand Laënnec décrivait non pas la cirrhose,
mais les cirrhùsex (sic) du foie, comme nous dirions aujourd'hui des Distomes et
df^ ÛBnures. L'espèce < albuminurie » eut donc sa lésion spécifique, c'est-à-dire
l^^nulations de Bright, sans lesquelles elle ne pouvait être reconnue par le
iiK'deein naturaliste, non plus qu'un lichen sans cupules. Témoin Craigie, qui re-
|K)ussait du domaine cultivé par Bright des affections chroniques avec pissement
>i'albiimine et lésions rénales, sous le prétexte que la forme anatomique de celles-
> i nVtait pas identique aux cas-types exhibés d'abord par l'illustre promoteur de
l't-ntité morbide nouvelle.
b doctrine physiologique, à laquelle il faut rendre justice quand l'occasion
'>n présente, préserva de cet égarement la majorité des anatomistes français, qui
^accordèrent à ne voir dans les reins do Bright que les conséquences d'un travail
inflammatoire.
\jà néphrite allmmineiuie fut principalement édifiée et défendue avec talent par
:i50 ALBCVI?(rRIE.
toute l'école de Paris : par E. Tissot, Salntier, Bauddocque, Gaenant ei CouUnt.
Monassot, Désir, GuiUemin ei liUré. On doit même à Désir (f 8S5) la oomuiiv
sance des cas où' la présence temporaire de i*albomine dans l'iirine oonstitu**
un symptôme des maladies aiguës. Trois ans après (1838), Martin Solon cooisa-
crait l'indépendance du phénomène en lui appliquant, pour la première fois, h à^
nomination d'albummuri^, si profitable à la science.
Toutes les données acquises à la médecine dans cet ordre de faits furent plm
lard réunies el constituées en corps de doctrine par M. Rayer dans son grand ou-
vrage des Maladies des reins. L'auteur développe cette opinion que l'albumiminf
dérive des altérations anatomiques du rein. Mais le trouble iéciétoire peut sr
passer des granulations caractéristiques de la lésion de Bright : une simple hyperémir
phlegmasique suOit à l'expliquer dans les cas récents. Au reste, le semis granu-
leux, la dureté, la rétraction el l'atrophie de la substance rénale ne sont que 6t%
reliquats inflammatoires. Les désordres généraux de la santé sont eux*niéoiek
secondaires ot dépendent du fonctionnement anormal des reins altérés et de»
changements apportés dans la composition du sang et la nutrition. La théorie d«-
lurémie, ébauchée par Wilson, se trouve indiquée en passant.
Plus tard, certaines conséquences de la théorie organicienne furent déduite>
explicitement. C/est ainsi que la cachexie fut mise sur le compte de la soustrar*
tion continue de la substance protéique, et que les hydropisies trouvèrent leur w-
<on d'être dans la diminution de l'albumine du sérum et la filtration plus fadlr
de ce dernier au travers des tuniques des capillaires.
L usage plus général du microscope dans les études anatomiques ne servit d'ail-
leurs qu*à fortifier la doctrine de la néphrite, en faisant mieux comprendre le
mécanisme de l'exhalation albumineuse. L'Angleterre et la France furent dép»-
sées dans cette voie par les observateurs allemands. L'importance des recben^
de ceux-ci sera mieux appréciée ailleurs (voy. Maladie de Bright). Qu'il noih
hulfise de dire ici que la nature des éléments microscopiques fut suocessÎTeoient
découverte et étudiée par Henle, Simon, Heller, Yogel, Todd, Tojnbee, etc.. et
que les lésions intimes du rein, décrites d'abord par Henle, ont été surtout bieo
exposées par Rcinhardl, puis par Frerichs, Yirchow, Rosenstein, et enfin toui
récemment par M. Gornil.
Grâce à ces nombreux travaux, grâce à l'autorité de quelques noms, et le counoi
vers l'organicisme aidant, la néphrite albumineuse régna presque sans parta^se pco-
daiit une trentaine d'années.
Toutefois, dès ravéuement de la maladie de Bright, il se trouva dans chaq»
contrée des hommes qui hésitaient k subordonner tous les phénomènes à la lé»MO
organique, ou qui inclinaient même à préposer le trouble fonctionnel au dé«eki|>-
pement successif des autres symptômes. Seulement leur opposition peu bninotc
n'eut aucun retentissement.
On a cherché récemment à nous moutrer l'inventeur de l'albuminurie chronh
que comme disposé à reconnaître, ou même comme ayant reconnu fonneUt*aiM>:
la piiVminence de la diatlii'se sur la lésion rénale. Le fait est que Bright n*a jam^i^
publié aucune déckiration autorisant à croire qu'il voulût déserter le camp ^
forganicisme. Tout ce qu'on peut accordera ses interprètes, c'est qu'il iaisaitasM*i
bon marché de la néi*essité du granular kiimey et qu'il se contentait an faewm
de la lluxion pour expliquer la filtration albumineuse. Il déclare bien quelque |»f t
que l'afiWtiou est entièrement fonctionnelle à son début ; maûi rien n'ett ^^
éloigné tie sou ts|uît que d'en accuser les troubles généraux de réconomit*. Ch
ALBUMINORIE. 557
au ran qu'il songe toujours : au rein éUnU la fonction aUéréey dit-il, conduit à
vne structure altérée. Antérieurement il s'était expliqué sur sa manière de com-
prendre le désordre rénal. L'action modifiée du rein est, à ses yeux, le résultat de
anses puissantes qui agissent soit en troublant l'équilibre normal de la circulation ,
soit en produisant un état inflammatoire de la glande. En outre, le dépôt consti-
tuant les granulations n'a, selon lui, aucune part dans celte disposition des vais-
seaux (hjperémie ouphlogose) d'où dépend le trouble morbide. C'était aussi la
manière de voir d'Anderson, ot dè$ 1846 MM. Monneret et Fieury énonçaient for-
mellement cette idée : que toute hyperémie pouvait être le point de départ d'une
albaminurie.
hrm les auteurs qui accordèrent une importance majeure à l'état général, je
literai Elliotson, Graves, Yalentin, Rees, Heaton, Halmsten, Canstatt, Eicliolts,
Tegart, MM. DeviUiers, Regnauld, Hipp. Blot, etc. Les uns invoquent une altéra-
tioQ du fluide sanguin, les autres un état constitutionnel, une diathèse ou une
cachexie.
iN'ayant d'abord aucune preuve matérielle, aucune formule précise à substituer
au fait palpable de l'altération rénale et à la théorie si simple du trouble sécrétoire
iionsécutif, les médecins à qui la néphrite parut insuffisante ne devaient exercer
d n'exercèrent en effet qu'une médiocre influence sur les opinions de leurs con-
temporains. Us avaient beau faire ressortir l'absence de lésion spéciale dans les
L'Iandes uropoïétiques alors que les urines n'avaient pas cessé d'être coagulables ;
ou bien montrer des sujets guéris d'une albuminurie intense et chez qui une
grosse lésion était invraisemblable : on répondait à ces objections que la lésion,
pour produire la filtration albumineuse, n'a pas besoin d'atteindre ses dernières
limites, et que la forme initiale , peu appréciable sur le cadavre, suffit à cette
tâche.
L'introduction de l'idée de dyscrasie ne fit pas avancer beaucoup la question, parce
<|oe cette idée, trop vague dans l'esprit même de ceux qui la mettaient en avant,
ue pouvait tenir la place de la notion claire et positive à laquelle elle prétendait
succéder. Voici, par exemple, ce que nous lisons dans un des écrits les plus récents
i)ur cette matière: Je cite. « Serons-nous plus heureux, nous qui acceptons plei-
nement la doctrine dédaignée, et réussirons-nous par une précision plus grande à
entraîner enfin la conviction ? Nous ne savons : tout au moins nous elîorcerons-
iious d'écbapper au reproche d'indécision ou d'ambiguïté, en formulant nettement
notre opinion : L'albuminurie reconnaît pour cause une déviation du type nor-
mal des mouvements nutritifs ; cette déviation consiste en une perturbation
passagère ou durable dans les phénomènes d* assimilation ou de désassimilation
des matières albuminoïdes. » De quelle déviation^ de quelle perturbation
s'agit-il ? Qu'il y a loin de ces phrases énigmatiques à l'affirmation catégorique
des partisans de la néphrite albumineuse !
L'analogie de l'albuminurie avec le diabète sucré» aperçue par Graves à une
époque où la physio-palhologie de cette dernière affection était encore mal connue,
ne jeta pas non plus une bien vive lumière sur la théorie de la maladie de Bright.
En définitive, le progrès de l'opinion qui fait jouer le rôle primordial et essentiel
à l'état diathésique ne date véritablement que du jour où les ex périences de Parkes
et les miennes (1852-53) sont venues d'abord rendre probable, puis démontrer ri-
goureusement l'influence de l'alimentation sur la quantité absolue de l'albumine
exhalée par les reins. Ces expériences fondamentales furent le point de départ de
la doctrine de la super-albuminose sanguine que j'édifiai aussitôt, et que je corn-
:>58 ALBDIUMJRIE.
muniquai, le 6 aoât 1 853, à la Société de Biologie. Ifon Irtvail, non livre à Tii
sion, fui utilisé ensuite ainsi que le manuscrit de mes leçons à Thôpital Beamjon
(1855) par un de mes disciples, M. Luton, qui, cependant, n*osa pas s aveatiirer
aussi loin que je l'aurais souhaité dans une opinion selon moi aussi vraie qaMt
semblait subversive. Mais au même moment la doctrine de la dyscnsie reoefrail
(1855) une adhésion précieuse de la part d'un maitre eu pliilosophie médicaie,
de M. Pidout, qui, par une brillante synthèse, éclairait d'un jour noiivetti k ques-
tion de l'albuminurie. Le profond- pathologiste, prenant pour guide l'anatoDiie et
la physiologie d'rvolution, envisage la fonction urinaire, Turination de M. Robin,
dans son ensemble et non plus seulement dansTémonctoire qui en est TaboutissaDt.
Il en retrouve les actes préparatoires dans la nutrition, la musculation, la mpôra*
tion, et conclut qne les tronbles qui atteignent la sécrétion urinaire ont leur ori-
gine partout à la fois dans l'économie. L'alfanminurie est donc essentiellement une
maladie générale : le rein est seulement le rendes->vous de toutes les infloencaft
multiples qui concourent à l'altération du liquide excrémentitiel. Notre éminent
collègue ne précise pas la nature des troubles partiels, nutritifs, plastiques et res-
piratoire» qui contribuent à- ce^résultat : il ne cherche pas à fixer le mode d'en-
chatnem^^ dés phénomènes, ni leur subordination ; il laisse mèroc conc^oîr la
simultanéfté de tous les actes morbides qui constituent raffection. N'importe, b
voie est largement tracée : désormais il faudra faire intervenir toutes les grande^
fonctions dans l'explication de l'albuminurie.
Tandis que je faisais connaître en France mes idées sur la pathogénie de l'albo-
minurlo, Vogel insérait (4854) dans son tariicle Albuminé du Manuel de potholope
spéciale et de thérapeutique, rédigé en commun avec R. Vîrchow et Stiebel, la
phrase suivante': « Certains faits, dit-il, semblent établir que l'hypet-albuminose
délormino dans l'organisme une tendance à la séparation de l'excès d'albumine «ni-
tenue dans le sang, soit par une albuminurie, soit par d'autres sécrétions renfer-
mant do l'albumine et qui se font surtout par la peau (eciéma et formes impétî-
gineusos). » Vogol n'entre pas dans d'autres expUcations, mais sa pensée fsl
nettement exprimée. Je tiens trop à me prévaloir de cette conformité de vues pour
ne pas citer textuellement les paroles du savant professeur de Giessen.
La thèse de M. Jaccoud (1861 ), riche en indications bibliogi^phiques, surtont d'o-
rigine étrangère, est un plaidoyer chaleureux en faveur de lasupr^atie du trouble
fonctionnel sur la lésion rénale. Malheureusement, l'auteur dépassant le but et
niant la lésion là où elle existe déjà, lui refusant en tout cas une valeur que cer-
tainement elle possède, devait étonner plutôt que convaincre les lecteurs comp'*-
tents. A la vérité, notre jeune collègue n'a pas tardé à revenir à une plus juste appré-
ciation des faits (art. Albuminurie du Nouveau Did. de méd. et dechintr. prat.]^
On doit lui savoir gré d'avoir saisi la première occasion qui lui était oiTerte pour rer-
tifier, sur ce point, des opinions trop exclusives. Ce second travail, qui tient un meil-
leur compte de toutes les notions acquises, et où la lésion rénale se trouve remi$«'
à |)eu près à son plan, servh^it mieux que le précédent les intérêts de ladyscrasi^
t'IltMnéme, si des circonstances, à mon avis accessoires, telles que les facultés dia-
Ixsablesdes substances protéiques, n*usurpaient encore les prérogatives delà ccMidi-
lion essentielle^ c^est^-dire de la super-albuminose sanguine, absolue ou reiatiir.
Re\«^)oiis à Tanalogie de raihuminurio avec le diabète sucré *.
* Au moiiiciii do me(ti>^ s«u$ pnetsw. j« U$ «ver inlénH, dans la GauiUdfê Héfitmu, un
ai liHe di\ à là plom^ e\ercif«» de M. Mil Eoubaud rt dont voici le litre significatif
IV I itfrMiV #«nfrà< ée ê^fmtrflr, rfn dmètie H 4e iêihmhnnie, [îjoe. «1., avrU1M&
ALBUMINURIK («ibliocraphie). 5511
L'idée ingénioiise de Graves, déposée on germe dans quelques auteurs anciens,
demeura latente pendant de longues années ; mais elle ne devait pas être stérile.
Reprise en 1854 par M. le docteur Théodore Paulinier, qui Tétaya de considérations
pleines de justesse , elle a reçu ici tous les développements nécessaires. Le savant
helléniste de Montpellier avait cm pouvoir désigner la maladie de Brigbt sous le
nom de diabète leucomatiqtie ; je lui emprunte cette expression en la modifiant à
pine, et je ne doute pas que la dénomination proposée ne contribue aussi puissam-
ment à l'avancement de la théorie pathogéniquo et de la thérapeutique de Talbu*
minurie, que fit autrefois le néologisme de Martin Selon , lorsqu'il s'agissait d'en*
lever tu rein granuleux le privil^e de la fillration albumineuse. Au reste, le sort
de la doctrine ne dépend plus des efforts on de lardeor de quelques hommes. Si la
solution trouvée n'est pas définitive, du moins los données du problème sont net-
(eroent posées, et les faits à venir, éclairés aux lueurs de la science actuelle, per-
mettront à chacun d'y lire la confirmation ou la rectification des idées qui se par*
lagent les convictions médicales. A. Gublrb.
BiBLiocftAMiiB.— -La bibliographie de ralbuminurie 8e trouve surchargée, à tort, d'indi*
cations relatives à des travaux où le symptôme lie Ogure qu'en passant. A part les premières
périodes, nous nous bomons, dans l'énumération suivante, à dresser la liste, déjà bien
longue, des ouvrages qui ont eu pour but principal l'étude de l'albuminurie ou qui, direc-
tement aflérents à la question générale, ressortissent moins naturellement à d'autres arli-
ries spèciaui (voir pour le reste les mots : Avavbose, Batsar, Êclammu, GaossBSE, ScAa^
uwit, Urémie, etc.). D'ailleurs nous ne faiM»ns dater la bibliographie de l'albuminurie
que du moment de la découverte de la substance coagulable dans Turine par Cotngno.
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ALCADINO. Était à la fois poète et médecin, et aussi bon poète» aussi bon me-
decin qu'on pouvait l'être eu Tan 1200, époque à laquelle il florissait. Alcadmn
était né à Syracuse, en Sicile, et, après avoir étudié à Salenio, il s'y fixa pour »ii
seigner la médecine. Sa réputation le fit appeler à Naples auprès de l'empertiii
Henri VI, auquel il adressa le seul ouvrage qui nous reste de lui, un poème «u le«
bains de Pouzzoles (de Balneis Puteolanis) . Ce poème écrit en vers éiégiaques, psr
stances ou épigrammes de douze vers chacun, a été d'abord attribué à Etistauio di*
Matera, et quelques critiques pensent que sinon la totalité, du moins une (ariic.
uppai tiendrait à ce dernier. Au total, Alcadino, dans son épilogue, annonce que i«-
livrc sur les bains est le dernier de trois ouvi-ages eu vers, dont le premier nipi»-
lait les triomplies de Heiu-i VI, et le second, les e.\ploits de Frédéric son fik. L»
première édition du poème de Balneis Puteolanis^ Neapoli, 1505, in4*, pork le
ALCALESCE.NCK. Tilo
nom d'Eostazzio de Matera; il lut est encore donné dans Tédition de Venise 1587,
iii4*. Cependant, à cette époque, Touvrage avait déjà pani sous le nom d'Alcadino,
d'abord par fragments, dans le traité de Lombardi, Synopsis eorum qux de balneis
aliisque miraciUis Puteolanis scripta sunt Neap. 1547, in4^, et mêlé à quelques
strophes signées du nom d*E. de Matera, puis en entier, dans la grande collection des
joiites : de Balneis omnia qux exstant apud Graecos^ etc. Venctiis, 1553. E. B.
AMJCMMBBT OU AlilLUIEST. Mot inventé par Paracelse pour désigner le
dissolvant universel^ qui a passé dans la langue de lalcbimie et a été adopté par
Van Helmont.
Alcahest de GlaiAer. Liqueur obtenue par la'délonation du nitrate de potasse
sur les charbons ardents.
Alcahest de Respour. Mélange d'oxyde de zinc et de potasse. 0. U.
AhCAMJBiaCBNCE {Akalescentia,) Passage à Tétat alcalin. Les sécrétions et
les fluides de l'économie, comme les substances étrangères à Torganisme introduites
dans SCS cavités naturelles, peuvent subir des transformations chimiques qui leur
donnent la réaction alcaline alors qu'elles étaient préalablement neutres ou acides,
ou bien qui exagèrent cette réaction si elle leur appartenait à Tétat normal.
Ce changement est en rapport avec des dédoublements et des arrangements
/)K)léculaires nouveaux produits par des actions de présence ou par de véritables
retiueutations. Mais ce sont surtout ces dernières qui rendent compte de Talcales*
ceuce dans la plupart des cas.
L*alcalescence, trop facilement admise dans les deux derniers siècles, est aussi
rare que Tacescence est fréquente. Néanmoins elle existe indubitablement dans
plusieurs affections et peut être considérée comme probable dans quelques autres.
Rien n'est mieux établi par exemple que la putréfaction alcaline de la.sécrétion
rénale dans le réservoir urinaire. Le mécanisme de cette transformation est par*
faitcment connu. Sous Tinflucnce d'un ferment développé aux dépens de la matière
azotée du mucus, ou de cellules d*épithéliuni, l'urée, s'emparant de quatre molé-
cules d*eau, passe à Tétatde carbonate d'ammoniaque, et ce sel alcalin communique
à la liqueur sa réaction propre, en même temps que la faculté de mousser conune
du Champagne par l'addition d'un acide énergique capable de mettre instantané-
ment tout le gaz carbonique en liberté.
Cette altération se rencontre chez les sujets atteints de rétention d'urine et de
catarrhe vésicul ancien, c'est-à-dire lorsque la substance susceptible de jouer le
rôle de ferment est plus abondante. Elle se manifeste de préférence après que le
rathétérisme a introduit de l'air dans la vessie, les autres conditions des fermen-
tations étant toujours présentes.
ïsï pareille circonstance Turine renferme des vibrions ainsi que des bactéries et
le pus vésical acquiert une excessive viscosité, analogue à celle que lui communique
l'ammoniaque dans un verre à expériences.
Une alcalescence semblable se produit parfois dans les foyers de suppuration.
Le pus, normalement alcalin comme le sérum ou le plasma dont il procède, peut
devenir ammoniacal au contact de l'oxygène atmosphérique, et en présence sans
doate des organismes inférieurs qui s'y développent dans cette condition. 11
exhale alors une odeur plus ou moins fétide et prend de la viscosité.
La communication de la collection purulente avec l'extérieur n'est même pas
iiidisiHiLsible à la réalisation du phénomène, |K>urvu ({uc le foyer ne soit sépan*
IUCT. E-V.. 11. IÎ5
5iU ALCALESCENCK.
de rttmosphëra que par une mince couche de tissus. L tir pénètre alors par en-
dosmose en sulfisaiite quantité pour déterminer à la longue toutes les modifia-
tiens qui aboutissent à rétat ammoniacal. C'est ce qui a lieu dans les abcès fikide^
seus-muqueux, faisant saillie vers l'intérieur de la bouche ou du pharynx» et dan<^
cens qui sont situés au voisinage du ix)ctum. Telle est l'horrible puanteur de c»
abcès, qu'on serait tenté de les prendre toujours pour des collcctious stcroorales. Lf
muco-pus fourni par la muqueuse de Scluicider ulcôrée, principalement celui (pu
séjourne dans les anîère-cavités des fosses nasales, subit habituellement la fermen-
tation putride et devient ammoniacal dans le coryza chronique avec ou sans ahc-
ration de la charpente osseuse des narines. L'ozène donne lieu en effet à une
odeur tellement dégoAtantc, qu'il a reçu le nom vulgaire de punaisie.
Dans ces derniers cas, Talcalcscence est due, non à de l'alcali volatil libre ni 2
du carbonate d'ammoniaque, mais à du sulfhydrate de la même base.
Des altérations analogues surviennent dans d'autres cavités muqueuses a|ipir-
tenant aux organes digestifs ou à l'appareil respiratoire.
Du côté de la bouche on trouve, outre les abcès fétides dont il s'e^t agi tout à
à l'heure, les inflammations diphthéritiques gangreneuses, hémorrhagiques, qui
donnent h réaction alcaline, soit simplement par la présence du sang et de se5
dérivés, le sérum et le plasma, soit comme résultat de la fermentation putride.
Les caries dentaires, les phlegmasies du périoste et des os maxillaires, les çenst-
vites scorbutiques et uloéro-membraneuses, les fissures de la langue dans b (icire
typhoïde, deviennent ainsi l'occasion d'un état ammoniacal de la cavité buccale.
L'estomac, dans le cas de dyspepsie, est également le siège de fel*rocnlatiol^
dégageant de l'hydrogène sulfuré et du sulfhydrate d'ammoniaque. Ijcs renvob diU
nidoreux doivent leur caractère à la présence de ces composés chimiques.
Bien que les matières fécales exhalent toujours du gaz sulfhydrique libre ou com'
biné, cependant il y a des circonstances où leur odeur devient plus repou>»ante
par le fait d'une véritable putréfaction des substances qui ont échappé à l'action
digestive, ou des principes azotés fournis par l'économie elle-même : sang, pla>flia.
pus, tissus sphacélés. C'est ce qu'on voit dans certains embarras gastriques , b
dysenterie et l'entéro-colite ulcéreuse en général.
Les mêmes phénomènes se passent dans les voies respiratoires, quand elles sont
affectées d'inflammations suppuratives, d'hémorrhagics et que le pus ou le saur,
retenus dans la profondeur des conduits aériens ou dans des anfractuœités acci-
dentelles, ont le temps de s'y altérer. Les pneumorrhagies amènent souvent une
odeur très- désagréable de Thaleine, et certaines bronchites ^ qui sont dans le même
cas, ont mérité l'épithète de fétides, la puanteur étant assez forte pour rappeler
celle de la gangrène pulmonaire.
Lorsque de (lareils symptômes existent, on s'assure aisément de la présence d'un
alcali libre, ou du moins non saturé, dans les gaz expirés et dans les exhabisucb
buccales. Un papier rouge de tournesol , humecté d'eau distillée et maintenu
devant la bouche béante par laquelle se trouve expulsé l'air qui a ser\i à la respi-
ration, ne tarde pas à bleuir, alors même que l'atmosphère de la chambre n*e\eivc
aucune influence semblable sur la matière colorante végéUile.
L'histoire de l'alcalescence, pour la plupart des cas énumérés ci-dessus, se con-
fond, on le voit, avec celle de la putréfaction.
Voilà ce qu'il y a de mieux établi rebtivemenl à l'alcalescence patliologiqiH
Quant au caractère alcalin ofibrt en quelques circonstances par des sécrétions qui ne
le possèdent pas habituellement et qui Tout acquis en vertu de Tabsenoe des acide
ALCALESCENCE. 047
iiuiiiiâux ou de l'exagération de ht soude issue du sérum sanguin, source de la
presque totalité des sto^tions, nous n'avons rien à en dire, parce que cette modifi-
cation des sécrétions est primitive ti n'est pas le résultat d'une altération ultérieu-
rement déterminée dans le liquide par des agents chimiques ou des corpuscules
organiques. D'ailleurs les faits de cet ordre sont rares ; il n'est guère que l'urine qui,
pbysiologiquemeiit acide, soit assez souvent sécrétée alcaline chez les convalescents
"t les sujets en qui le mouvement de dénutrition est enrayé. La suem' rougit tou-
jours phis ou moins les couleurs bleues végétales et, bien que j'admette volontiers
la possibilité du contraire, je dois déclarer c|ue je ne l'ai jamais observé d'une
manière certaine.
Mais c'est surtout le sang que nos prédécesseurs ont accusé de tourner à Tulca-
losoence dans les maladies.
Valcaline est l'une des deux acrimonies imaginées par Sylvius et admises en
rirmier lieu par Boerhaave, qui en avait d'abord reconnu cinq.
L'acrimonie alcaline reconnaît pour cause les aliments animaux ou quelques vé-
C'étaux alcalesccnts, l'abondance des matériaux nutritifs dans le sang, la prédo.
mlnancc des principes actifs delà bile, un engourdissement ou une stimulation ex-
trême du mouvement vital, une chalem- excessive. D'où : abolition de l'appétit, soif
et rapports nidoreux, fétidité de l'haleine, enduit sale de la langue, bouche amère,
di^oût général pour les aliments, excepté pour les aqueux et les acides. Les hu-
meurs étant composées de matières non assimilées et putrides, il en résulte des
diarrhées bilieuses, des coliques spasmodiques et inflammatoires. La dissolution
putride gagne le sang, où se développe l'acrimoirie alcaline. La nutrition des solides
et des liquides s'en trouve pervertie, et il se développe des inflanunations, des fièvres
ardentes, etc.
Telle est en résumé la description de l'acrimonie alcaline de Boerbaave. On yre-
connaît aisément la série des caractères des états saburral, bilieux et putride. Pour-
quoi imposer h cet ensemble la dénomination d'acrimonie alcaline? Acrimonie,
soit, puisqu'il était convenu entre chimiatres que tout vice général était constitué
par une modification chimique réputée acre; mais alcaline? Quelle observation
justiSe ce terme, si ce n'est que dans la division dichotomique adoptée, l'état en
'fuestion étant opposé à celui dans lequel on avait réellement constaté l'acidité de
certaines humeurs, il devait nécessairement présenter des réactions contraires.
Toutefois il n'est pas impossible de reconnaître des traces d'alcalinité parmi les
conditions morbides réunies dans la description générale de Boerbaave. Les renvois
nidoreux par exemple contiennent évidemment du sulfhydrate d'ammoniaque,
et, dans les cas de putridité avec exhalation de sang à la surface des muqueuses,
les cavités qu'elles tapissent deviennent aisément le siège d^émanations de pro-
duits ammoniacaux, ce qui justifie l'opinion ancienne. Elle n'aurait guèreàsepré-
viloir au contraire de la prédominance d'un liquide naturellement alcalin tel que
la bile, si, comme nous le croyons, il est convenable de distinguer l'alcalinité de
f alcalescence, de même que Tacescence a été séparée de l'acidité : l'alcalescence
exprimant non une surcharge en alcali, mais bien le travail par lequel une sub-
stance de l'économie passe accidentellement à l'état alcahn, de neutre ou acide
qu'elle était d'abord.
Huxham, dans sa description de «an^umi^ resoluto et putrido statu, pénètre
plus avant dans l'analyse des phénomènes et dans l'étiologie des conditions mor-
hides rapportées à l'alcalescence. Il note que le sel volatil huileux mêlé au sang dé*
truit ou dissout les globules en moins d'une minute. L'esprit de corne de cerf bu en
.*••! magies, que déterminent également, d'api«$ «vd
^ - .n^p fréquentes doses d*aloétiques. Un tel état du
. icnmonie de la diète et des remèdes. Ainsi les ali-
. -^ mduisent chez les navigateurs une telle acrimoaif
^. ,11 il en résulte les symptômes du scorbut. Le célèbre
^ cures y-A jusqu'à mettre sur le compte de la putri-
-. acrimonie alcaline, le fait suivant :
..t riiié dans une petite chambre chauHee, où l'on faisait S4'-
^iKia lie ciguë, panes saccharini conici, la masse de 5c$
,1. Il <|ucl(|ues minutes, à ce point qu'il répandit une odeur
.. ^ ..uitt tellement dissous qu'il teignait sa salive. La puantt-ur
k m homme, appelé à en faire Texpérience, tomba eu lipotliv
- . «1.^ rai:K)nnable d'admettre qu'il y avait là des symptômes d'em-
1 ji> unicine?
.. tuu>cut des sels alcalins volatils et fixes, particulièrement de la
..1 >ji\oiineusc de la mère Stephens, sont exposés aux mêmes acci-
• .. .1 expérimenté les urines des malades qui font usage d'une lesfrive
. i einède de la mère Stephens; il les a trouvées alcalines, et croit qu»'
i >vi«i:^ le devient par la même occasion. Il remarque que le sel volaiu
«.ic ail smg qui s'écoule de la veine, l'empêche de se coaguler. Enfin il
Imposition générale : Omnes corpoins humoressiputrescunt, alkalini
,. . ouiplète l'ensemble de ses vues sur les conditions de l'alcalescence.
.......Il lit* J. Uuxham est bien déduite et repose sur des faits en |iartie bm
^ .^ V convenablement interprétés. Seulement le point capital de la doctrine,
.^>si'iivo proprement dite, ou même l'alcalinité exagérée du sang, il ne Ti U-
.a N4.U des présomptions et des raisons analogiques. Dans la diathèse béroor-
^ ,ac il les états putrides, le sang incoagulable ofl'rc précisément les qualilt^
ti communiquent les alcalis, et spécialement l'ammoniaque. En outre rc
..t d dtoction est quelquefois produit par l'abus des substances alcalines, e*.
^(iic l urine se montre chargée d'alcali, il est probable que le sang en est éf j-
«ivui Mluré. Ajoutez à cela que le meilleur moyen de guérison, que l'antidote tic
. % V Utt morbide, c'est l'usage des végétaux et des acides à hautes doses. Que f^tut-
vU plus pour démontrer qu'on a affaire à de l'idcalescence pathologique? Ains
u^Miiu^ le ^rand p} rétologiste.
Muix d no faut pas se fier à l'adage souvent trompeur : Naturam morborum
^A'H%liint cnrationes. D'ailleurs plusieurs causes engendrent l'état aplastique du
,M\^ l\iutcur anglais, pas plus que Doerhaave, n'était donc dispensé de foamirb
» »ru\o dii'ccte de l'alcalinité excessive du sang.
V nno époque fort rapprochée de nous, un observateur d'un grand talent, k
jMole^^iour Treriehs, a liiit revivre, sous une forme un peu dilTércntc, la lliéori'' 4'
I dv idi'^t'onre sanguine. Admettant la métamorphose de l'urée en carbonate d'snh
uieiMiupU' dans le lorrcnt circulatoire, il a cru pouvoir attribuer à ce dernier rorr.
pivvi', \ l'rxrliision de l'urée elle-même, les accidents tembles connus aujoard'hui
«ou* lo nom d'Urémie. Nous avons rappelé ailleurs {voy. Albdkiicurie) les rai^on^
\\\\\ mddiwit ronlre celte manière de voir; elles sont nombreuses et puissantes, et
U hlupiiri diH pathologisles s'y sont ralliés.
i'M HUh'i^ médecin allemand d'un grand mérite pense avoir trouvé une nooTell^
\k\\\u i (^ d'alnd(*Krence. A la fm de son remarquable travail sur la créatine et b cm*
iminr, Kdouard Schottin s'exprime ainsi : « Sans parler de la thérapeutique àts
k.tSwi
ALCALlMiÎTRlK. :,40
affections, dont la créatinurie est un symptôme, je veux encore appeler l'attention
sur les troubles dans la composition du sang qu'amène une formation exagérée de
créatioine. Le sang devient beaucoup plus alcalescent quà Vétat normal ; il peut
même s'y former de V ammoniaque libre, \jà thérapeutique me semble avoir ici
pour tâche de combattre cette alcalescence : on doit employer pour cela les acides
qui passent tels quels dans le sang, comme l'acide gallique et l'acide phosphori-
que. «
Il ne nous répugne nullement do croire à ce mode d'alcalcsceuce, mais nous ne
le trouvons pas mieux établi que celui dont Frerichs a pris l'initiative.
En somme il est vraisemblable que le sang renferme dans certains cas mor-
bides des proportions excessives d'alcali fixe : il est possible (il est probable, si
l'on veut) que de l'ammoniaque prenne naissance dans la circulation aux dépens des
principes immédiats, azotés, dérivés des substances protéiques ; mais, pour pren-
dre rang dans la science à éoté des vérités de fait, ces hypothèses plus ou moins
plausibles réclament des preuves expérimentales {voy, Acescekce). A. Gublkr.
BiHJOGftAPHiE. Nous réunissoDs ici les indications bibliographiques relatives à Vacaeence
ei à ïaUaiescence.
Le? ftits d'acescence se trouvent mentionnés sous ce nom ou bien sous ceux d*acor,
figrmê, addité, glaires et saburres acides, et interprétés selon les doctrines du temps dans
une fouie d'ouvrages de médecine. Nous avons seulement consulté Iqs suivants :
Gauek. De usu parliutn. In Opéra omnia, édit. des Juntes. — Van Hblhoxt. Ortits medi"
cmx, etc. Amstel.. 1652. — Deleboë (Francisci) Stlvii, opéra tned. Traject ad Rhenum et
^mstelod. 1695. — Boeriuayb et Yav Swistkn. Commentaires de Van Swieten sur les Ap/uh-
ritmes de Baerhaave. In-4*. Paris, 1755. — Habhis. De morbis acutit infantum. Lugduni, 1718
et Aaistei. 1736. in-12 — Nies Roseîi de Kosekstein. Traité des mal. des enfants. Trad. par
Ldévpede ViUebrune, 1778 in-8».— Usderwood. Traité des mal. desenfUnts. Trad. par le mémo.
n86. — BAracs. Traité des convulsions. Paris, 1805. — Geicdriv. Traité phil. de méd.prat.
Paris, 1858. ^ Troossbac. Uçons cliniques de Vhôpital Necker, publiées par la Gazette des
ffàpitaux, eipassim. — Legexore. Recherches anat., prat. et cliniq. sur quelques mal. de l'en-
fance. Paris, Victor Masson, 1846. — Gudler. Études sur V origine et les conditions de déve-
^(fppement de la mueédinée du muguet. In Mém. de l'Acad. imp. de méd, Paris, 1857.
Quant à l'alcalescence, elle se trouve explicitement décrite, en opposition avec Tacescence.
dans tous les ouvrages de médecine inspirés par la doctrine iatro chimique, ou implicitement
contenue dans les dissertations sur l'état dissous et putride du sang, ainsi que sur les
maladies caractérisées par ce symptôme. Outre les traités généraux inscrits en tôte de la
liste précédente, nous citerons :
JoACTs HoxHAHi Opcro. Lipsiœ, 1829. — Frerichs. Ueber die Ersçheinung und das Wesen
ifr Urémie. In Ârehiv fur physiol. Heilkunde, 1851. — Scbotti!( (Éd.)- De la présence de la
cr/etine et de la créatinine dans Vurine et dans les épanchements. In Arehiv der Heitkunde,
1860, t. L A. G.
ALCAliinÉrnUE. L'alcalimétrie est une opération qui a pour but la déter-
mination de la quantité réelle d*un alcali considéré à Tétat d oxyde métallique pur et
anhjdre qui se trouve soit dans les alcalis caustiques (potasse ou soude), soit dans
ieors carbonates à Tétat sec, ou en dissolution dans l'eau. Cette opération a pour
base la propriété que possèdent les oxydes métalliques d'exiger, pour leur parfaite
saturation, un équivalent d'un acide monobasique quelconque pour un équivalent de
l'oxyde considéré, ou, en d'autres termes, qu'il faut, pour saturer une quantité
donnée d'un alcali, toujours la même quantité d'un mvmc acide.
Sapposons que nous fassions dissoudre dans un litre d'eau distillée le poids
exprimé en grammes d'un équivalent d'oxyde de potassium pur et anhydre, ce
pÀls sera égal à 47 grammes (^ = 59, 0 = 8) ; supposons d'un autre côté que
nous fassions un litre d*un mélange d'acide sulfurique monohydraté avec de l'eau
distillée contenant aussi le)ioids exprimé engi-amnies d'un équivalent de cet acide,
j:»<>
ALCALlMÉTIllE.
<oil 49 gnmnies, il est évident que des volumes égaux de ces dissolutions se sain,
reront mutuelleroent très-exactement, puisque les rapports entre les poids de Tonde
ot de Tacide n'auront pas été changés. On comprendra facilement aussi que si Ya]-
cali soumis à Texpérience n est pas pur« s'il contient du sulfate ou du chlorure
de potassium, 47 grammes n'exigeront plus 49 grammes d'acide sulfurique. Ces
deux dissolutions ne se satureraient plus à volumes égaux, et il faudrait d'autanl
moins de la solution sulfurique que la solution alcaline serait plus pauvre, pv
exemple si le volume de la solution acide exigé pour la saturation n'est que les
55 centièmes du volume de la solution alcaline, cette dernière ne contient par
litre que 35 centièmes de 47 grammes d'oxyde de potassium pur et anhydre, ou,
ce qui revient au même, la potasse soumise ù l'expérience ne contient que les
35 centièmes de son poids de potasse anhydre.
Nous allons exposer maintenant les détails de l'opération. Il faut coomiencer par
préparer la liqueur titrée, liqueur normale ^ d'acide sulfurique; cette préparation
exige quelques précautions particulières. L'acide sulfurique du commerce n'est
jamais à l'état de pureté parfaite; il n'est pas non plus au maximum de conoentn*
tion, c'est-à-dire à l'état de monohydrate ; il faut donc le distiller {vay. Acide scl-
FcniQUE), en ajoutant dans la cornue un peu de sulfate de protoxyde de fer, pour
détruire les composés oxygénés de l'azote, si l'acide en contenait. Le premier quart
du produit de la distillation est rejeté, parce qu'il contient tout l'excédant d'eau de
l'acide, et on ne recueille que les deux quarts intermédiaires pour la oompositioo
de la liqueur acide normale.
On prend un vase (fig. \ ) ayant la forme d'un ballon contenant exactement un litre
il'cau distillée à la température ordinaire, lorsqu'il est rempli jusqu'à un trait BC
gmvé sur le col, et on le remplit à moitié d'eau distillée. D'un autre oôté, on pèse
très-exactement 100 grammes de l'acide sulfurique purifié dans une petite fiole,
et on le verse lentement dans la carafe, en ayant soin d'imprimer à ce vase un
mouvement giratoire pour mélanger rapidement les liqueurs, et on lave plusieurs
fois la fiole avec de l'eau que Ton re-
^^ç^ verse chaque fois dans le vase A. Pé-
dant le mélange, la température du
liquide s'est considérablement élerée:
il faut attendre, avant de remplir l«
vase, qu'elle soit revenue à b lempî^
rature ambiante ; on ajoute alors, stcc
une pipette, de l'eau jusqu'à ce que K
point d'affleurement soit exactement
obtenu. La liqueur normale ainsi pré-
parée est conservée dans un fiscnc
bien bouché.
Pour pouvoir a{^récier très^xarl^
ment le volume de cette liqueur en-
ployée a la saturation de l'alcali, on
fait usage d'un petit appareil en Tem
appelé bureUe {fig. 2). Cette burettr
miplio jusqu'à la division supérieure, elle contient exadeoMitf
!ul)es; les divisions sont au nombre de cent; chacune d'elleicixi
uent un demi-centimètre cube ; elles sont gravées sur le gros (ni*
vont en descendant, ayant le léro en haut et le n* 100 m b»
Km. I.
Fig. ±
ALCAMMKTRIE.
:>51
l'.iro à pouvoir lire immédiatement le nombre des demi-centimètret cubes
•<. D'api es la composition de la liqueur acide normale, on Toit aussi que
rctte remplie contient 5 grammes d*acide suHurique monohydraté.
^1 b liqueur normale, au lieu de 5 grammes d'acide sulfurique, n'en contenait
'r\U (poids de son équivalent en décigrammes) par 50 centimètres cubes» il
idroit, ainsi que nous l'avons dit plus haut, 4*%? de potasse anhydre pour la
tMrer ; mais l'usage a prévalu de composer cette liqueur avec 5 grammes d'acide:
Il ijiit donc augmenter le poids de la potasse en proportion, et en prendre, pour un
s(i iilcalimélrique, un poids de 4^,81 6 ; de môme, pour la soude, au lieu de 3s%1 ,
j tant en prendre 5'',i85.
Pour s'assurer de la saturation parfaite de l'alcali que l'on veut essayer, on fait
iKige de la teinture de tournesol. On sait que cette teinture d'un beau bleu
{Kisse au rouge si on y ajoute la plus petite quantité d'un acide, mais la nuance
rouge produite varie suivant la nature de l'acide ajouté. L'acide est-il énergique,
comme les acides sulfurique, azotique, chlorhydrique, etc., on obtient un rouge
clair, rouge pelure d'oignon; les acides faibles au contraire, tels que l'acide car-
bonique, borique, etc., produisent un rouge plus foncé, rouge vineux. On prépare
cette teinture en faisant dissoudre trois ou quatre petits pains de tourneiol du
commerce dans un décilitre d'eau distillée bouillante et filtrant la liqueur.
Pour faire un essai alcalimétrique, on s'y prend de la manière suivante.. Suppo-
sons que nous ayons une potasse (carbonate) du commerce à essayer, on prend
dans dîiTérents endroits de la masse à essayer des fragments, de manière à obtenir
un échantillon qui présente à peu près la même composition que la masse entière.
On concasse et Ton mélange tous ces fragments, et l'on en pèse exactement i&ffl 6,
c'est-à-dire dix fois la quantité qu'il faut pour un essai. Cette quantité est dissoute
dans un volume d'eau tel, que la dissolution remplisse exactement une éprouvette
jaugée d'un demi-litre. Ce volume est indiqué par un trait gravé sur le verre.
Pour obtenir cette dissolution, on triture la potasse dans un mortier en verre avec
à peu près 100 grammes d'eau ; le liquide est filtré dans Téprouvette, et le mor-
tier rincé à plusieurs reprises, et les eaux de lavages versées sur le filtre, de ma-
nière à faire passer toutes les parties so-
lobles dans l'éprouvette; on finit de rem-
plir cette dernière jusqu'à eifleurcment du
trait, à l'aide d'une pipette (fig. 5), et on
mélange la dissolution très-exactement.
En prenant de cette dissolution la
dixième partie, c'est-à-dire 50 centimètres
cubes, il est clair que cette quantité
renferme exactement 4'',816 de potasse.
On se sert pour cela d'une pipette jaugée
contenant rigoureusement 50 centimètres
cubes, quand elle est remplie jusqu'à un
trait d'eineurement. On remplit la pi-
pette en plongeant la pointe dans le li-
quide et en aspirant avec la bouche jus-
qu'à ce qu'elle soit remplie jusqu'autrait;
on la vide dans un vase cylindrique en verre de la forme de la figure i, et on
colore la liqueur avec quelques gouttes de teinture de tournesol. D'un autre côtr
on remplit b burette avec la liqueur acide normale, puis de la main gauche on
Fijr. r».
Fir. 4.
552 ALCALIS.
ssûsit le vase, et en lui donnant continuellement un mouveroent de Totatioo
pour mélanger rapidement les liqueurs, pendant que de la main droite on Tene
lentement la liqueur acide par le bec de la burette. Les premières aflusions ne
produisent ni dégagement d'acide carbonique, ni changement de couleur ; c*esl
seulement quand la moitié du carbonate de potasse est décomposée que refferre»-
cence commence, car l'acide carbonique, au lieu de devenir libre, se combine net
le carbonate neutre non encore décomposé, pour former du bicarbonate, et c\s(
ce dernier qui, attaqué à son tour, laisse dégager son acide carbonique. C'est alor«
aussi que la liqueur prend la teinte rouge vineuse produite par cet acide carbo-
nique, teinte qui persiste jusqu'à ce que tout le bicarbonate soit à son tour i)^
composé. Une seule goutte de la liqueur normale de plus produit alors immédia-
tement le rouge pelure d'oignon, et l'opération est terminée. Pour pouvoir
mieuK juger de la diiTérence des teintes, il est utile de placer le vase au-dt^
»us d'une feuille de papier blanc. 11 ne reste plus maintenant qu'à lire sur b
burette le nombre de demi-centimètres cubes employés pour connaître la richesse
de la potasse. Si par exemple ce nonibre est égal à 52, cela veut dire que
100 kilogrammes de la potasse essayée contiennent 52 kilogrammes de pota>^
pure et anhydre.
11 est inutile de dire que si l'on avait eu de la potasse caustique au lieu de carbo-
nate, la couleur serait, immédiatement passée du bleu au rouge vineux ; le bicar-
bonate de potasse au contraire aurait laissé échapper de l'acide carbonique dc^
les premières gouttes de la liqueur acide.
Un essai de carbonate de soude ou de soude caustique se ferait exactement Je b
même manière, avec cette différence seulement qu'il faudrait en prendre S1^%^0
pour iaire un demi-litre de dissolution.
On peut aussi, par l'alcalimétrie, essayer les sels alcalins, dont l'acide faible n^
fait que virer au rouge vineux la teinture bleue de tournesol. Au nombre de ces seb
se trouve le borax (hihor^iie de soude). Pour faire un essai de borax, on calcule
le poids de ce sel, supposé anhydre, qui serait complètement décomposé {or
5 grammes d'acide sulfurique monohydralé. Ce poids est de 10*%282. On fait dis-
soudre celte quantité de sel à essayer dans 50 centimètres cubes d'eau, et on a^ii
comme pour la potasse ou la soude. Tant que tout le borax n'est pas décomposé,
l'acide borique mis en liberté ne produit que le rouge vineux. La décomposition
est-elle complète, une seule goutte de la liqueur acide normale donne le roore
pelure d'oignon, et indique ainsi le moment précis de cette décomposition. Si le
borax est pur et anhydre, il faut évidemment cent divisions de la burette graduée;
si c'est au contraire du borax prismatique pur (renfermant 10 éq. d'eau) , h déaiOH
position est produite par 52,2 divisions, et le sel renferme 52,2 pour 100 de borjU
réel. Lrrx.
AIjCAUS (de l'arabe aly la; kali, potasse). On donne ce nom à des la>rs
inorganiques ou organiques plus ou qioins solubles dans l'eau, ayant un goût dt^
lessive (alcalin) qui peut varier du degré le plus faible jusqu'à la cauiytirilé. il>
ramènent au bleu la teinture de tournesol rougie par un acide ; ils verdissent le»
couleurs de la violette, des fleurs de mauve, du chou rouge, etc., cliangent h
couleur rou^e du bois de Fernambouc en violet et la couleur jaune du curuinui ri
de la rhubai'be en rouge brun. Ils ont la plus grande affinité pour les addes,qu il«
|M'uvent Kiturer complètement, et former avec eux des sels complètement neutre^
< Ml les divise en :
AL€AL0FDES. Ti-Vi
i* Alcalis purs et fixes. Ils possèdent les caractères indiqués au plus haut
degré; ik sont surtout remarquables par leur causticité ; ils sont très-solubles dans
Teau et .dans Talcool, et forment avec l'acide carbonique des sels aussi très-
soluUes dans Teau. Ces alcalis sont : la potasse (alcali végétal), la soude (alcali
miuéralj et la lithine.
S** Alcalis terreux ou terres alcalines. Ils sont moins caustiques, moins solu-
Ues dans l'eau et l'alcool que les précédents ; avec l'acide carbonique, ils forment
(tes 5els insolubles dans l'eau. Ce sont : la baryte, la stronliane et la chaux.
3' Alcali volatiL (Voy. ammoniaque.)
4** Alcalis organiques. {Voy. Alcaloïdes.) Lur/.
ÂMÂ^AMjmwnEH. On désigne sous le nom d'alcaloïde on, improprement, de
base organique, tout composé se comportant, u l'égard des acides, comme l'ammo-
niaque, c'est-à-dire pouvant se combiner directement et former des sels tant avec
les acides qu'avec les hydracides, sans qu'il y ait dégagement d'eau, sauf le cas où
les corps agissants seraient hydratés.
Le premier alcaloïde a été signalé dans l'opiiun par Derosne en 1805, et étudié
par Sertuerner en i 81 7. Depuis cette époque, un grand nombre d'alcaloïdes ont été
Litraits des plantes, ou préparés par des moyens artificiels, de façon qu'on peut et
qu on doit même, pour en faciliter l'étude, les diviser eu alcaloïdes artificiels et eu
alcaloïdes natureb.
PBOPRiirÉs GÉNÉRALES. Tous Ics alcaloïdcs sont azotés, et ceux qui préexistent
dans les végéUiux sont généralement lévogires, c'est-à-dire qu'ils dévient à gauche
le plan de polarisation de la lumière polarisée. Leurs dissolutions salines sont
Recomposées sans exception par le chlorure de platine et donnent lieu à un pré-
cipité formé d'un double chlorure semblable à celui auquel donne naissance un
sel anuDoniacal ordinaire. Ces mêmes dissolutions produisent un précipité
abondant lorsqu'on les met en contact avec de l'acide phosphorique dans lequel on
a introduit goutte à goutte du perchlorure d'antimoine (réactif de Schulze), ou
bien encore lorsqu'on y verse de l'acide phosphomolylxlique (réactif de Y17). *
Presque tous les alcaloïdes naturels sont solides, iixes et inodores. Font excep-
lion à cette règle : la conine^ extraite de la ciguë, et la nicotine, extraite des
feuilles de tabac, ces deux alcaloïdes étant liquides, volatils et odoi*ants. Parmi les
alcaloïdes artificiels, on en trouve au contraire de solides, de liquides et de
puteux, et l'eau les dissout tous avec plus ou moins de facilité, tandis que les alca-
iouies naturels ne se laissent dissoudre que par l'alcool et l'éther.
L'action des alcaloïdes naturels sur l'économie est presque toujours très-éner-
gique : employés à petite dose, ils sont souvent des médicaments précieux ; à une
dose élevée, ils deviennent des poisons. Au point de vue de la thérapeutique, on ne ,
peut rien dire sur l'action des alcaloïdes artificiels, puisqu'ils n'ont piis encore été
l'objet de recherches suivies.
U est rare que l'on rencontre dans les plantes des alcaloïdes à l'état isolé ; ils
sont en général combinés avec des acides de nature organique et parfois avec des
acides minéraux. Les sels alcaloïdiques sont tantôt solublos, tantôt insolubles dans
foau, suivant l'acide qu'ils renferment. Ainsi les sulfates, les chlorures, les acé-
tates, sont tous solubles, tandis que les tartratcs, les gallates, les oxalates, les qui-
oates, les méconates, et surtout les tannâtes, sont tous insolubles.
PaiPARATioji. Les conditions diverses de solubilité des sels alcaloïdiques natu-
rels déterminent le choix des procédés d'extraction des alcaloïdes. Les sek solubles
i.laloIi>es.
Muie aux prlies des plantes qui les rcnteriDeDl,
•oi^tiuii. Ctsai qui sont insolubles sont traités de la
at ja doit étro acidulée préalablement par de Tj-
ib» 'lydriqoe. De coite manière Talcaloîde se trouu
.'.' uii»nire, et par conséquent à l'état de sel soloblc.
.A jiûiiie^ on suivra les procédés ordinaires, fondés »ur
est-il insoluble, il sera mis en liberté par une
expolsc par une base fixe. Une fois rendu libre.
- .»*4ui.oiis et des cristallisations réitérées at successives,
. u» ' iher, ou bien encore, s'il est liquide et volatil, pr
^ jiuut de fois qu'il sera nécessaire, pour que son point
invariables.
oatorek les mieux connus :
uvmiiie.
imuoe.
'Il
>închniiie.
PtMMCLE.
C*H»A2*05. ..
C«B«*^zO«. .
C»H«AiO«. .
CS*H«AïO»o. .
C««H««Ax. . .
C«II«A20«. .
C5«H«9A20e-h2
C«»H*«AzO«. .
C?«fI«»AzOW. .
C*«H«AzO*. .
C»ll«AzO«. .
C^II«Az»0«. .
C"HWAz«0« .
C«H«Az«0*. .
C*«H««Az«08. .
C^H«*Az«0«. .
C«fl**Az*0*. .
C»«H'OAz*0* 4- 2
(?*H*UzO«.
C»flMAz«. .
C»*H«A20«.
C<«H»«AzW. .
C««H«Az*0*.
aq
aq
iOCRCE.
Famille des Berbéridées.
— Golchicacées.
Fitmariacées.
OmbelUiëret.
Papavéracées.
Peganum.
Rtibiacées.
— Solanées.
— Slrtclinées.
••tX
..^ur .\;ict«$qnVlles soient, ces formules ne peuvent donner aucune idée sur
^,*^^x^M «ksooqis qu'elles représentent. Pour aborder ce sujet si intéressant,
>v <«.\v$;ftirv de connaître les principaux traits de l'histoire des alcaloïdes artilî-
^^>v ««oH^ue c^e$t de leur étude qu'a jailli la lumière qui s'est faite sur la nature
^«^MÉ«« ■■iWiIrti. M. Wœbler, en faisant voir, en 1838, que lorsque
^ ^«r .vittn(i^ o>t mis en contact avec l'ammoniaque il donne naissance â de
(. • 1 , 'itotitn kl |V«sibilité de faire des alcaloïdes par voie synthétique, puisque
..«%. vtvt^ a\(V ces corps les mêmes propriétés chimiques fondamentales.
(1^ tft$ |4u!!^ Urd, en iSâ.!, MM. Dumas et Pelouze préparèrent un noavelala-
«^^^ ia Uki\M^fHfminf^ en faisant agir l'ammoniaque sur l'essence de moataide.
«Mi^«* sttix;ftnte, M. Liobig découvrit, coup sur coup, trois nouveaux alcalcndes : 1:
^.jim^t^^ Hi distillant du sulfocyanhydrate d'ammoniaque; Yamméline ei Vam-
«iwuc\ <M dtxtMipo^nt la mélamine par les acides.
ïNi^w^taioM. |)ès re moment les découvertes de nouveaux alcaloïdes aitifidel^
v^ ^v«* MixMê d'année en année, par les procédés les plus divers^ tântdi eo di^^l-
ALCALOÏDES. 555
bnl certaines substances organiques azotées, tantôt en décomposant par la potasse
certains alcaloïdes naturels, ou des éthers cyaniques, ou bien en décomposant par
I hydrosnliàte d'ammoniaque, ou par Tacétate de protoxyde de fer, des carbures d'hy-
drogèoe nitrés, ou bien encore en faisant agir des éthers baloides sur certains alca-
loïdes artificiels et sur l'ammoniaque. De tous ces procédés, auxquels on pourrait
en ajouter un bien plus grand nombre, les plus féconds ont été et sont encore :
1^ L'action réductrice de Thydrosulfate d'ammoniaque sur les carbures d'by-
drogène nitrés (Zinin, Journal f. prakt. Chem., t. XXVll, p. 149 ; t. XXXVI, p. 98) ;
2* L'action de la potasse sur les éthers cyaniques et sur les urées (Wurtz,
Annales de chimie et de physique, S*" série, t. XXX, p. 445) ;
5* L'action des éthers haloïdes sur l'ammoniaque et les alcaloïdes (Hofmann,
Annales de chimie et de physique, 5* série, t. XXX, p. 87; t. XXXHI,p. 108:
Transactions philosophiques, part. 1, 1850, p. 93).
Eo 1842, H. Zinin, de Cassan, trouva que certaines substances organiques, et
notamment les carbures d'hydrogène, étant soumises à Tactioii de l'acide azotique
fumant, changent une partie de leur hydrogène contre une quantité équivalente
dliyponitride AzO*, et que ces nouveaux corps nitrés, soumis à leur tour à l'action
de l'hydrosnlfate d'ammoniaque, abandonnent au réactif leur oxygène en échange
d'hydrogène, et il en résulte un composé azoté doué de toutes les propriétés chi-
mkpies des alcaloïdes.
Ainsi, qu'on opère par exemple avec le carbure d'hydrogène qu'on appelle ben-
zine, on aura :
!• Ciîfl» ^- AzO»HO = C"H»0*Az 4- 2H0
Iknzine. Acide axolique. Kitrobenxine. Eau.
2« C"H»0»Az -t- ôHS.AzH» = C"HUz + 6AzH» + 6S + 4H0.
Xirobifiiiiie. Rycfa'OMilfatc d'ammoniaque. Aniline.
C'est par de semblables réactions que Ton a obtenu, en outre de l'aniline,
La naphtylamine. . = C*>H'Az
L'azonaphtylamine. . = C^fl^^Ai'
La toluidine. . . . = C»*Il»Az
La xylidine . . . = C<«H«Az
La cumidine. . . . = C>*H«Ai
La cymidine. ... « C»H«Az
En 1849, M. Wurtz énonça que les groupes moléculaires désignés sous le nom
de radicaux alcooliques (méthyle, C*H*; éthyle, C*H', etc.), peuvent remplacer,
dans un composé, une molécule d'hydrogène, sans que les propriétés fondamen-
tales du composé soient modifiées par l'effet de cette substitution. L'ammoniaque
par exemple changera une de ses molécules d'hydrogène contre un radical alcoo-
lique quelconque, tout en restant ammoniaque sous le point de vue de ses proprié-
tés Aimiques.
Pour arriver à cette belle découverte, M. Wurtz a fait agir la potasse sur les
éthers cyaniques. Exemple :
^ C«H»,C«AzO 4- KO,nO = 2K0,C0« + CMPAz.
Cth«r méthylcranique. Polane. Carbonate de poU!(<e. Hèthylaminc
n est arrivé au même résultat par l'action de la potasse sur les urées compo-
sées, et, de même que ce réactif engendre de l'ammoniaque en agissant sur l'urée
ordinaire, de même il produit de la méthylamine s'il agit sur de la méthylurée,
( est-4-dire de l'urée dont une molécule d'hydrogène se trouve remplacée par une
molécule de méthyle. Les équivalences suivantes rendent évidentes ces réactions
remarquables.
•'•Ki alcaloïdes.
1" (?H»A2»0' + 2K0,H0 = 2K0,C0« + 2AzFP:
Vrée. Potasse. Carbonate de pola»»c. Ammoniaque.
2*» *CH«Az»0« + 2KO,nO = 2K0,C0» ^- AzlP H- CTPAz.
MètbylunV. Htibylamiap.
C'est de la soile que M. Wurtz a décou\erl les ammoniaques composées, dont oo
compte autant qu'il y a de radicaux alcooliques, telles sont :
La inéthylamine. . . CHUz
L'éthylamine G«H'Ai
La butylamine. . . . Cflo"Ai
L'amylamine C*oH»Az
etc. etc.
Les mêmes résultats que H. Wurtz venait d obtenir par voie indirecte, e( doai
l'interprétation devait par cela même avoir un caractère hypothétique, furent
atteints directement, avec beaucoup d'autres tout aussi importants, peu de teni(£
après, en 1850, par H. Hofmann, et par dos moyens tellement simples, que nuu-
seulement ils confirmèrent d'une manière éclatante la théorie de M. Wurti,iitti>
jf'tèrent une lumière inattendue sur la constitution des alcaloïdes naturels.
Constitution. M. Hofmann se souvenant que, par l'action du ohlonire de cyano-
gène sur l'aniline, il était parvenu à substituer dans cet alcaloïde une molécule de
cyanogène à une molécule d'hydrogène, il se demanda si, en faisant agir duchlonirr.
ou, pour plus de commodité, du bromure de méthylc, d'éthyle, d'amyle, etc., etc..
sur de l'ammoniaque, il n'obtiendrait pas la méthylamine, l'éthylamine, l'anijla-
mme, etc., etc., de H. Wurtz. Le succès de cette expérience aurait montré que k>
nouve;mx alcaloïdes étaient bien de rammonia({ue, dont une molécule d'hydrogène
était remplacée par une molécule de méthyle, ou d'éthyle, ou d'amyle, etc., ek.
A cet eiïet, M. Hofmann introduisit dans des tubes de verre des méUn^jt^
d'ammoniaque et de différents éthers bromhydriques (bromures de métliylf.
d'éthyle, etc. , etc.) en dissolution alcoolique, scella les tubes à la lampe, et les iotro-
duisit dans un appareil spécial pour les soumettre à la température de Teau bouil*
lante. Au bout do quel([ues heures, les parois intérieures des tubes étaient tapi*^'
secs de cristaux de bromhydrate d^ammoniaque, et le liquide tenait en dissolutiun
les bromhydrates des alcaloïdes prévus, que la potasse rendit libres par une bimpic-
distillation. Voici l'expression des réactions accomplies, limitée au cas spécial di" t<
formation de la méthylamine :
^ ' C«Jl^Dr 4- AzH» = CWÀz,IlBr
Bruroure AininoDi:u|uf. Bromhydratf
de ini>lhyle. de niôthy lamine.
-l' C?H»Az,HBr H- KO = C«H»Az -*- KBr -4- HO
Bromhydr.ntf Polatse. Xélhylamint*. Bromure E.iu.
iU' nu'ttniainiiie. de puUis»iuin.
M. Hofmann alla encore plus loin. Si la méthylamine et l'éthylamine sont vrai-
ment de l'ammoniaque modifiée par substitution, mais encore intacte dans soo
type chimique, pourquoi ne se comporteront-elles pas à leur tour comme de l'am-
moniaque vis-à-vis des éthers haloïdes? En d'autres termes, pourquoi Vociuii
substituante des bromures à radicaux alcooliques se limiterait-elle au dépbcenkiit
d'une seule molécule d'hydrogène, et pas de deux et de trois? L'expérience con-
finna le raisonnement, et l'heureux expérimentateur parvint par le même pn>-
cédé à obtenir non-seulement de nouvelles ammoniaques, dans iGsqueilt:^ b
seconde et la troisième molécule d'hydrogène étaient remplacées par une ou dt ui
molécules d'un radical alcoolique, mais de plus il obtint de véritables ammomum
dont les quatre molécules d'hydrogène étaient remplacées par un égal nonilire de
molécules de radicaux alcooliques. Et ce qu'il y a de vraiment remarquable, iV?i
qu'en décomposant par l'oxyde d'argent hydi'até les bromures de t'es nouu*.tu\ f. *
ALCALOÏDES. 557
moniam, ceux-ci étaient mis en liberté à Tétat d'oxyde hydraté, et pom-vus de
toutes les propriétés des bases alcalines proprement dites, comme le serait indu-
bitablement Toxyde d'ammonium lui-même, si Ton parvenait à l'isoler.
Encore un mot, et le lecteur pourra se faire une idée de l'importance et de Fé-
(endue des découvertes de M. Ilofmann.
Convaincu de la conservation du type ammoniaque y d:ins les nouveaux compo-
sés, quel que fiit le radical substituant, H. Ilofmann pensa qu'on devait pouvoir
obtenir des alcaloïdes, on des ammoniaques modifiés par substitution, non-seule-
ment d'un radical, mais de plusieurs radicaux à la fois. L'expérience vint encore
confirmer cette prévision, et sims changer, en quoi que ce soit, la méthode expéri-
mentale, H. Ilofmann parvint à préparer des alcaloïdes et des anmionium, les
uns contenant trois radicaux alcooliques de différente nature, et les autres quatre.
Ce qui précède montre combien est grand le nombre des alcaloïdes artificiels,
dont la constitution est incontestablement la même que celle de l'ammoniaque.
Ce nombre deviendra assez considérable |X)ur effrayer l'imagination, si l'on
songe que les radicaux alcooliques, pouvant se substituer à l'hydrogène dans l'am-
moniaque, ne sont pas tous uionoatoniiques et qu'il y en a dont une seule de leurs
molécules peut se substituer à plusieurs molécules d'hydrogène, et qui, à cause de
relu, sont nommés radicaux polyatomiques ; dans ces conditions, le composé alca-
Inïdique qui en résulte représente plusieurs molécules d'ammonia({ue condensées
Cl) un seul groupe.
Ce n'est pas tout. Les analogies chimiques entre l'azote, le phosphoiv, l'arsenic
el Tautimoine sont tellement évidentes, qu'il doit être possible d'obtenir avec les
trois derniers éléments des composés correspondants à ceux que l'on obtient avec
lu premier. En d'autres termes on doit pouvoir en principe réaliser des substitu-
tions dans l'hydrogène phosphore, arsénié et stibié, comme on en réalise dans
riiydrogène azoté ou l'ammoniaque. Les produits pourront varier quant à l'éner-
vie de leur puissance alcaloïdique, mais leur type initial restera inaltéré.
CussiFic^TioH. Au milieu d'une aussi grande multitude de faits l'esprit s'é-
parerait si mie classification ne lui servait pas de fil conducteur. Voici de quelle
manière M. Hofmann a admirablement simplifié l'histoire, en apparence si compli-
quée, des alcaloïdes.
Tous les alcaloïdes sont pour lui des aminés, qu'il divise en mouamines, dia-
mines et triamincs, suivant qu'elles dérivent d'une, ou de deux, ou de trois molé-
( ules d*ammoniaque, et (qu'elles renferment des radicaux monoatomiques, ou dia-
lomiques, ou triatomiques ; il a ensuite subdivisé chaque classe en trois groupes,
Mii^antquela sul)stitution du radifuil ({uele^nque s'est réalisée sur une, ou deux,
011 trois molécules d'hydrogène de Faunnoniaque génératrice.
U tableau suivant permettra de saisir avec une extrême facilité le méciuiisnic
de cette classification :
AMINES DLHIVKES DU TTPC AM1I0>MAQL-E. H Az
H ^
^)
primaires H j Az
Il )
X
Mtmaminex. l secondaires. ... Y } Az
H
X
tertiaires \ l Xz
Z
yo$ alcaloïdes.
primaires Il' } Ax'
H»
X"
hieminei. / secondaires. ... Y" } Az'
H«
tertiaires \" ; Ax«
X'" j
primaires H* ) Ai*
II»)
X'"
Triamhm t secondaires ... Y"M Ai»
X'"
(
tertiaires Y'" . Ai*
rm ^
Il est à peine nécessaire de dii*e que les aminés secondaires et teiiiaires pleurent
ne renfermer qu'un seul radical substituant une seule espèce, el que les traits ' '
indiquent le degré d'atomicité du radical : ainsi X', par e.\emple, signifie que \
représente un radical biatomiquc et pouvant se substituer à deux moléailes dln-
drogène.
Il n'est pas nécessaire non plus d'insister pour faire comprendre comment on
peut augmenter le nombre des classes à mesure que l'on découvrira des radicam
à atomicité de plus en plus élevée, et comment il peut y avoir des tétramines, de?
pentamines, aie.
Voilà donc le cadre où tout alcaloïde pourra trouver sa place. Celui par eiem-
pie qui renferme un équivalent d'azote appartiendra sans doute à la classe d^
monamines; et si, étant soumis à l'action de l'iodiu^ de métiijie ou d'éthyle, ch
de propyle, etc., etc., il fixe une seule molécule de ce radical, il est certain qui!
sera compris dans le gi'oupe des monamines tertiaires ; il sera au contraire anr
monamine secondaire, s'il en fixe deux ; une monamine primaire, s'il en fixe tnÀN
Ce que nous venons de dire constitue un des traits les plus intéressants de llii^-
toire des alcaloïdes : aussi tâcherons-nous de le rendre plus intelligible par uo
exemple.
Dans la saumure des liarengs, on découvrit un alcaloïde dont la coroiioûtH'n
était représentée par C*H*Ass. On rangea naturellement ce composé parmi iesmo^
namincs primaires, puisqu'on supposa qu'il contenait le radical C^IP. On lui aUn*
c»ir \
bua donc la formule de lu propylaminc = H > Az. Plus tard, on Toalutvéri6er
H I
Texactitudc de cette formule en soumettant la prétendue propylaminc à l'épreav
de l'iodure de métbvle; mais au lieu de fixer trois molécules de radical et derenir
CW)
par conséquent un iodtire de triméthyle propylalnmoniuln = ^,uj ) Ax,lo, Tala*
CTI» 1
loïde ti en fixa qu'une sculcj en donnant naissance à de l'iodure de télraniê(b}h
C^H- J
ammonium ^. '^ ) Az,ld. Par conséquent, la véritable formule de l'alcaloidf
C«ïl'
alcaloïdes. bbW
■ n^s devint celle de la trimétliylaniine qui est une mona-
■ .p j
I Jl ' A/. Grâce a cette méthode on est parvenu à classer quel-
i.lP '
>:invls et plusieurs alcaloïdes artificiels dont le mode de généra-
,.< it pas de deviner leur constitution. En nous bornant aux produits
> I itérons la comn<; (alcaloïde de la cij^aië), que l'expérience a classée
- iiintiainiiies secondaires; la codéine et la morphine qu'on a dû ranger
' -^ ii.Mii.Mniues tertiaii'es.
• ■•• nioiii> facile d'arriver â des résultats aussi satisfaisants, en opérant sur
■ ..ioidr-^ à plusieurs molécules d'azote : ignorant de quelle manière est dis-
i':i/ute dans ces composés, l&s résultats de l'expérience sont susceptibles de
n(> N interprétations. Ainsi la nicotine, la quinine, la cinchonine, la quini-
. hi httxine et la sinjchnine, peuvent être considérées soit comme des mona-
• > tertiaires, soit comme des diamines tertiaires. Tout dépend de l'idée que l'on se
•le la place respective qu'occupent les deux molécules d'azote de ces composés.
\filgré ces incertitudes, il n'en est pas moins vrai que nous sommes aujour-
.ui incomparablement plus avancés dans la connaissance de Li nature des alca-
iiles, que nous ne l'étions avant les travaux de M. Hofmann. Pour qu'un plus
^land jour pût se faire sur la nature des alcaloïdes naturels, il faudrait parvenir à
i>oler leuis radicaux constituants : alors, bien des doutes s'évanouiraient, et Ton
fiourrait espérer d'arriver par voie synthétique à la préparation des alcaloïdes na-
turels les plus complexes. Malheureusement, toutes les expériences faites dans ce
Lut n'ont pas donné de résultats assez nets pour en tirer des conséquences sé-
neuses.
Une dernière remarque pour clore cet article dont rimportancc excuse la
longueur.
Quelque variés, quelque différents que soient les procédés de préparation des alca-
loïdes artificiels, toujours est-il que nous n'avons jamais vu intervenir que des radi-
caux basiques, c'est-à-dire des radicaux ne pouvant communiquer aux composésdont
ikf<mt partie que des propriétés basiques ou alcalines. Rien n'est donc plus ra-
tionnel que d'admettre dans tout les alcaloïdes non artificiels la présence de radi.
eaux de celte nature. Qu'arriverait-il si au lieu de remplacer l'hydrogène de l'am-
moniaque par des radicaux basiques, on le remplaçait par des radicaux acides?
Ou lira la réponse a cette question à l'article Aiiidbs.
Enfin, quelque profondes que soient les modifications qu'éprouve l'ammonia-
que pour devenir un alcaloïde, son type reste constamment inaltéré, et l'on trouve
toujours intacte et entière la ressemblance de la constitution moléculaire des al-
caloïdes et de Tammoniaque ; et de même que celle-ci change de type et devient
roropandile aux oxydes métalliques (oxydes de potassium, de sodium, etc., etc.)
lorsqu'elle s'assimile une quatrième molécule d'hydrogène et passe à l'état d'am-
monium, de même les alcaloïdes peuvent devenir de véritables bases comparables
en tout point aux oxydes basiques minéraux. C'est alors qu'ils constituent ces
hu«s organiques proprement dites, dont les fonctions sont les mêmes que celles
des oxydes métalliques ou des bases ordinaires.
Pour ne laisser aucun ddute sur cette analogie fondamentale qui fait des alca-
loïdes et de rammonia({ue des composés de constitution identique, nous termine-
rons par un exemple.
Quand l'ammoniaque s'assimile les éléments de Teau, elle devient oxyde d'am-
:m ALCIIËNILLE.
"1
inonium. Sa formule n*est donc plus H ) Âz, mais (Il^Az)O, celle de lammuniiiin
II I
qui est semblable à la formule de l'eau, HO.
Lorsqu'on épuise l'action du bromure de métiiylc sur la triméthylamine (?H^ ' Az
(?hM
et qu'on fait agir ensuite l'oxyde d'argent sur le produit de cette action, on a
foxyde de tétraniéthylammoniuni [(G'il')^Az]0, véritable base constituée comme
l'oxyde d'ammonium et se comportant vis-à-vis des acides comme un oxyde métal-
lique basique.
Ce qui est vrai |X)ur la triméthylamine est également vrai pour tous 1^ al-
caloïdes.
C'est ainsi que l'on s'expli(|ue pourquoi au commencement de cet article nou^
avons dit que les alcaloïdes étaient appelés improprement bases organiques, car
tant qu'un alcaloïde conserve la constitution de l'ammoniaque, il ne peut pas a^oir
celle d'un oxyde donl la fonction cliimiquc fondamentale est de se combiner a\oc
les acides normaux, en éliminant essentiellement une molécule d'eau, ce qui ue
fait pas l'ammoniaque. F. Malagcti.
ALCANA, ALCAlVlVA/AIiKAIVA. On a désigné SOUS ces noms : l"* qnelqiit»?
Borraginées tinctoriales, notamment VOrcanette (vay, ce mot) ; 2^ les plantes «jui
fournissent le Henné et qui sont des Lawsonia (voy, ces mots). H. B:«i.
ALCABSINE, VoiJ. KaKODYLE.
ALCAZAR (André). Médecin et chirurgien fameux, originaire de la ville <k
Guadalaxara, à quatre kilomètres de Madrid, professeur de chirurgie à rCni\tr*
site de SalîinianquL' ; il y est mort vers l'aimée lô90, laissant deux ouvrages Mi-
més (|ui portent ces titres :
1* Chirurgix libri sex. In quibus multa antiquorum et recentiorum subotneura toeakaclcv. '
non dectarata interpretantur. Salmantics, 1575, in-folio ;
1' De Vulneribuê capitis liber. Salmantic^e, 1582, in>folio. A (^ '
ALCÉE. Linné a fuit un genre de ce nom pour certiiues espèces de guimiu^s
iAUhxa) caractérisées par la présence d'une membrane circulait^ auloiu* des rj-
[)elles. Aujourd'hui les Alcea ne sont plus considérés que comme une section d*
genre Guimauve (vny. ce mot). Il ne faut donc pas confondre Alcea, qui e^l i'
[lartie, avec Allhien, qui est lo lout. Il y a en outre une Mauve européenne, inM-
licntc comme toutes les es[)èces du genre, que Linné a nommée Mauve Aîc'i
(Malva Alcea). (Voy. Mauve.) II. Bs.
ALCHEMlLLE OU ALCHIMILLE (Alchemilla) , Genre de plantes rapforU
par la plupart des auteurs à la famille des Rosacées et dont les caractères sont h
suivants. Le réceptacle floral a la forme d'un sac ouvert à sa partie supérieure ni
doublé intérieurement d'un disque glanduleux dont l'ouverture vient fomwr un
liourrelet circulaire en dedans des appendices floraux. Ceux-ci sont d'abon) an
périanthe double formé par deux verticilles de quatre folioles chacun. AnpreniwT
abord on serait tenté de prendre les (|uatre folioles extérieures pour des sé|iaie> <<
'r
<•()
^RHILLE. 5t)l
des pétales. Mais l'étude des
itMircs sont un calice, et que
• oiigénitalement deux à deux
DiniTie on en voit un dans les
Mibrc de quatre dans la plupart
I nombre peut être moindre, et
is qu'une. Le gynécée est formé
) ipc réceptaculaire et supportés par
f également variable. Dans rAlche-
»^() d'un ovaire uniloculaire, surmonté
- renflée. Dans la loge ovarienne, au
un seul ovule hémitrope dont le micro-
.1 lût est formé d'autant d'akènes qu'il y
1 d'eux contient une graine dont Tendiryon
s accompagné d'un albumen.
ibacées annuelles ou vivaces, qui croissent
^ du monde entier. De leur souche souterraine
<rg('s de feuilles alternes, lobées ou digitées,
:i es au pétiole. Les fleurs sont placées au sommet
.*\s feuilles, ordinairement nombreuses et réunies
ul èlre unipares. On emploie les espèces suivantes :
[Ichemilla mUgaris L.) est appelée vulgairement :
■'Udet de dame; SourbeireUe; Porte-rosée, C'est une
.i>e, épaisse. Ses rameaux grêles s'élèvent à deux ou
• L des feuilles réniformes, digitilobées, plus ou moins
>, au nombre de cinq, sept ou neuf, sont découpés sur
-nées. Leur pétiole devient d'autant plus court qu'on les
> rameaux ; celles qui précèdent les fleurs sont à peu près
langent aussi de forme aux différents niveaux des branches;
I haut où elles se réunissent en une sorte de cornet, elles sont
. ls en bas. C'est une plante des plaines, peu abondante aux
• t qui s'élève peu à peu vers les Alpes, jusqu'au voisinage de
fd alpine {A, alpina L.), espèce à rhizome épais et à rameaux
ive sur les montagnes dans les Vosges, le Jura, les Alpes et les
feuilles . radicales ont des pétioles allongés et des stipules conni-
ul une sorte de tube. Les feuilles supérieures ont un limbe qui n'est pas
il le contour est arrondi, orbiculaire, se divisant en segments presque
base. Ces segments sont au nombre de cinq à neuf; et d'abondants poils
t'ianchâtres, argentés, les recouvrent, surtout sur les bords. Les fleurs,
• en nombreuses grappes de cymes, constituent un coiynibe allongé, inter-
. blette espèce a toutes les propriétés médicinales de la précédente; elle est
ti e employée dans le nord de l'Europe pour teindre en jaune.
LAlchemilla Aphanes de Scopoli, vulgairement dite chez nous : Petit pied-
non et Perce-pierre des champs, a été considérée par quelques botanistes,
/.tmment par Linné, comme assez différente des autres espèces d'Alchemille,
. .iir devenir le type d'un genre particulier, sous le nom à* Aphanes arvensis. La
, liî^on de cette séparation, c'est que l'androcée est réduit ici à une ou deux éta-
miiies, et que les folioles du périanlhe sont beaucoup plus gi-andes que les petites
DICT. E!IC. II. 54»
lames extérieures qui représentent les stipules des sépales. Il faut ijouler à ceb
que la (Jante est annuelle et que ses fleurs sant groupées en inflorescences oppositi-
foliées. Les feuilles en sont llabclUformes, atténuêrâ en coin à leur base et pub-
gées jusque ïers le milieu en trois lobes eux-mêmes découpés sur leurs bonk.
Cette [dante fleurit en juin et en juillet; elle se trouve communément dans la
diamps sablonneux et secs, et an lui accorde exactement les mêmes prc^étn
qu'à Y A. vulgarU. H. Bs.
Tooumwr, /Mltt.,501, t.SSB. — L., Cm., 165, IM.— D. C, i>raril'M . II. SS»; ff. /r.
IV, 4SI.— U. B. K.. flw. gai. et tpec., ïl, SÎ3.— Era.ic»>i«, Ce»., n* «MO.— Cm.rt
Gow., FI. fT-, I. 565. — PiTM, Orgawtgime flor., 509, t. Cl, flg. 25-10.— 1é«. « Dn ,
Dits.. 1, 149.— Gcihuat, Dreff. êtmpl.. 111, 37S. — Ptuiii, Mai. méd., éd. t. Il, % W!.-
(adl., fi», med., i35.
Piuhmacologie. L'Âlcliemille fait par^e des piaules vulnéraires ou thés suisjc?;
DU l'administre en décoction à la dose de trente à soixante grammes pour ud liln.-
d'enu ; la racine ou rhizome doit être récolté à l'automne ; il est gros, bruitàlrt? el
porte des racines hbreuses ; la plante est plus astringente au moment de la fli>nù-
son ; elle [)ei-d par la dessiccation sa couleur et une partie de ses propriétés.
On a attribué à l'Alchemille des propriétés merveilleuses. F. UoSTmann dii^il
qu'elle raffermissait les chairs et qu'elle rendait aux organes sexuels les apfn-
rences de la virginité. Dans ses Esqviuei hUtoriqufs, Pidteney npçarie que Ic^
druides, pour dénouer l'atgu^tte, ordonnaient de prendre sept tiges de [»ed-<k^
lion, séprées des racines et bouillies dans de l'eau, à l'époque des décroissemenL-
de la lune. On l'a employée comme astringente pour combattre la flaccidité du
scrotum ul des mamelles. Ou employait la décoction en lotions contre les uloèivï
atoniqnes, en injections contre la leucorrhée, en lavement contre la djsoitenc.
CuUen prétend qu'elle doit être bannie de ta matière médicale, à cause de -mi
inertie. C'est uii astringent médiocre qui n'agit pas mieux que les feuilles de timx
et que la plupart des feuilles des plantes de la tribu des Di-jadées. 0. II-
Si l'on ne consultait que son étymologie, al, article araltL',
et x^l^^' '^^^'^i l'alchimie ne différerait en rien de la chimie ordimrc.
Mais la limitant à son véritable caractère, et en la séparant ainsi nettement de
b chimie moderne, on doit la définir aujourd'hui : L'art prétenda de traïufor-
mer, au moyen d'opérations chimioîdes pleines de mystères, des métaux am-
muns et moins précieux en d'autres plus précieux, et de prolonger au drlà dt
ses limites naturelles la vie des hommes.
Pour peu que l'on réfléchisse aux idées générales qui occupaient les esprits àua
II- |.iriiiiers siècles du christianisme, et à l'interprétation loul« m)-stique quel'oo
douiuil.iux phénomènes du monde visible, phénomènes que l'«i croyait subordon-
iK's :'i r ictioii directe d'un monde invisible ou sidéral , l'on u'a pas de peine à aan-
piYixIrr' comment il est arrivé que des bonunes, passant leur vie à manier chiiii-
i|iii'iiii lit les corps bmts et à chercher à en modîGer les propriétés, aient été con-
duit- :> les imaginer propres ù satisfiiire leur cupidit' ; comment ils ont pu espéirr
rli;iii>;ci les pierres les plus communes en pierres pré[ icuscs, les métalii la ôrinf
rhuiv iii argent ou en or; comment enfin leur imagination, franchissant enrorr
ns liiiilles, leur a fait entrevoir la possibilité de créer chimiquement une fÊOxit
>ill« destinée à guérir tous les maux et â prolonger citraordinairooeot h
■iiiiiiine.
iMiit dire aussi que certain» ptiénomèiies plivsiques produits pr la fiidtt «ies
uiuit-i
I.l]
ALCHIMIE. 503
^^ que prend par exemple dans le creuset le
' -"hles scintillations de certaines pyrites
* '>r ni argent, ne furent pas sans
^ immense dont on trouve
/jusqu'à nos jours!
< les plus illustres adeptes
' (le. tout de suite séparer ;
i<' premier, logique, scienti-
second, extravagant, sorti de
•lis essentiellement extatiques et
I dans les livres mêmes des philo-
tilt lequel succombent Tattention la
itelligence la plus robuste. C'est à se
>e sont posé la question, — si les livres
nuitias inouï quelques principes, quelques
nipréhensible seulement pour les adeptes,
iraiic-maçonnerie ne sont accessibles qu'aux
(le composer et de faire imprimer des lexiques
tis la compréhension des livres hermétiques, et il
lexiques applicable à tel traité d alchimie devenait
[u oduction du même genre.
livres bizarres portent-ils pour enseignes des titres dont
litement aux extravagances du texte. L*on n'ouvre pas
- bouquins, à la première page desquels on lit : Uapoca-
fou2,e eus de la phÛasophie, le Miroir des secrets j Ut Moelle
.'icule, le Désir désiré, la Parole délaissée, le Rosiaire philo-
ir des fleurs j le TombfÀiu de Sémiramis ouvert aux sagesj
' au palais fermé du roi, t Ancienne guerre des chevaliers, la
. ilosophesy le Psautier d^Hermophile, le Livre des douze portes , la
. l'Éclat de la trompette. Teinture du soleil et delà lune, Clé pour
cœur du père philosophe^ la Salamandre brillante et le chimiste
. f Soleil splendide au firmament de Vhoriwn allemand. Nous en passons,
(us drolatiques encore.
iN il n'en est pas moins vrai que ce que l'alchimie offre de plus extraordinaire
t pas ridée même de la transmutation d'un métal en un autre, transmutation
• >-logique, d'après la manière dont on envisageait ces corps, et dont les chimistes
luodemes sont loin de rejeter la possibilité, mais bien les idées accessoires à cette
transformation I nées toutes, non d'une véritable théorie scientifique^ mais de
croyances ou de sciences dites occultes.
Nous n*àvons pas le courage, et ce serait un travail bien stérile ici) de suivre les
philosophes hermétiques dans leui's incroyables aberrations, dans leUrs incompré-
hensibles rêveries enfantées par la démence, ou n'étant que le tableau déguisé d'un
charlatanisme effronté. Si l'école byzantine, dans laquelle l'alchimie semble avoir
pris naissance, sut par l'unité, la simplicité des dogmes de la religion mtlsultnane,
écarter de son esprit les idées métaphysiques et théosophiques, les peuples chré-
tiens, loin de renfermer la science chimique dans les limites de l'obsetvation et de
leipcrience des laboratoires, lui donnèrent pour adjoints indispensables l'inspira-
tion religieuse, les pratiques mystérieuses, appelèrent à leur aide les influences
5Gi ALCUIMIE.
occultes sur les facultés de riiomnic, établirent uu rapport direct entre Topération
du grand œuvre et la religion du Christ, empnintèi*ent même un peu à la magie
et créèrent ainsi une confusion, un chaos, dont on ne pourrait trouver l'équÎTalent
que dans les dévergondages des pauvres pensionnaires de nos grands établi>iemcuts
d'aliénés.
Les Arabes, nous le répétons, ne tombèrent pas dans ces absurdes conceptions.
Geber, le plus fameux d'entre eux, tant par son ancienneté (huitième siède) que
par sa qualité de chef de l'école chimique dans Técole byzantine, par la prodigieuse
fécondité de ses travaux et par le caractère scientifique de ses écrits, Geber, le
magister magistrorumf qui a découvert Tacide nitrique, Teau régale, la pierre
infernale, le sublimé corrosif, émet des doctrines alchimiques qui n'ont, après tout,
rien d'absurde ; car il proclame que les métaux se composent de deux ou trois élé-
ments d'une nature particulière, et que celui qui parvient à les isoler a le pouvoir
d'engendrer ou de transformer les substances métalliques à volonté; que l'or existe
dans tous les métaux, mais qu'il s'y trouve combiné à diverses substances impures,
et que, pour l'en retirer, il suffît de le soustraire au moyen d'un agent spécial.
C'est le même système qu'énonce par ces mots Alphonse de Castille, qui fut tout
à la fois souverain, astronome et alchimiste :
« Tous les minéraux renferment le germe de l'or, mais ce germe ne se dé\%lop}<e
que sous l'influence des corps célestes, et une fois ce germe passé à l'état paiîùt
d'or, on peut l'obtenir par l'intermédiaire d'un extracteur particulier. »
Cet extracteur fut la pierre philosophcUe, FéUxiry le grand œuvre, le magù-
tère^ la poudre de perfection.
Ces fameux quatre éléments des anciens, c'est-à-dire la terre qui représentait
la solidité, Veau la liquidité, Vair la fluidité élastique, et le feu le principe étbm-
ou impondérable, suiBrent à une certaine époque pour représenter les propriétés
les plus générales de la matière ; mais lorsqu'on voulut approfondir davantage la
nature de la matière et déduire la cause des propriétés de certains corps, il fallut
nécessairement avoir recours à d'autres éléments applicables aux métaux, sujets de
taut de travaux; et l'on imagina que les métaux étaient composés de trois éléments
nommés chimiques, pour les distinguer des quatre éléments primordiaux appelé»
physiques. Et le sel, le soufre et le mercure marchèrent de front avec la terre,
Veau, Vair et le feu. Avec ces trois éléments chimiques, considérés comme pris-
cipes constituants des métaux, les alchimistes furent, à un certain point, coni-
quents avec eux-mêmes en admettant la possibilité de la transmutation. Leur base
était erronée, puisque aujourd'hui, avec les données fournies par la chimie livoi*
siemie et à l'aide de puissants moyens d'analyse ignorés de nos pères, l'on n'a pu
décomposer en plusieurs éléments les corps dits métaux, et qu'on a dû en cous-
quence les déclarer simples jusqu'à nouvel oixlrc. Mais, du moment que les ilii-
mistes des temps antérieurs à Lavoisier ont admis que ces métaux n'étaient p
des corps simples, mais que trois éléments chimiques, le sel, le soulre et le mer-
cure, entraient dans leur composition, l'idée de varier à volonté les quotités de
ces éléments chimiques de manière à faire passer un vil métal tel que le pknA
en or ou en argent, dut leur venir à la pensée, et cette déduction logique, née de
bases fausses ou au moins non prouvées, entraîna des générations entier» i^
savants dans des travaux dont l'immensité et la durée ont droit de non* con-
fondre.
Pour faire comprendre la possibilité de la transnmtation des méUiux en se pla-
çant au point de vue des alchimbles, qui ont de tout temps considéré ces cwy^
ALCHIMIE. 565
"*-»vreul (Journal des savants, mai 1 851 ,
ni s unis en des proportions
iiv en un autre sera facile a
.... a -+- t -f- c
.... a 4- 26 -h 2c
fl -H 3fc -+- ac
• b -h Cj et du mercure 2b -f- 2c, on
I lUs les opérations chimiques où l'on
'Ir (1(1 mercure, on aurait transmué le
..lonts identiques dans les métaux, on n en
i[s a -^ b -^ c
a -h b -i- d
a+tH-éî
:i (lu plomb en or ne pourra s'eiïectuer qu'en rem-
Mil mercure en or ne pourra s'effectuer qu'en rem-
^ un grand nombre de corps, ou de corps dont la valeur
.1 celle de Tor, et qu'il puisse en être extrait à peu de
111 nieroc, qu'il puisse passer aisément de ce corps dans le
manière à en expulser d ou e, la transmutation sera non-
us encore avantageuse.
W. cas contraire, la transmutation serait encore possible, mais
Mta^cuse ; alors le but économique que se propose l'art heimé-
atteint. Conséquemment on voit donc que tel ])rocédé où l'on
liait pas avantageux à l'alchimiste.
c est un élément essentiel à l'or, c'est-à-dire qu'on le considère par
.••rmément à la théorie phlogistique, comme une chaux d'or, et qn'i|
. (-me de d et de e relativement au plomb et au mercure ; évidemment
. iul c en contact avec du plomb ou du mercure, c s'unit h a -h b en
' d ou e, on ne pourra plus dire avoir opéré la transmutation du plomb ou
ure en or, car ce qu'il y a de vraiment spécifique dansTor — le plomb ou
< ui e, c'est-à-dire c, d ei e, — n'a aucun changement , et l'on aurait
.liment réussi en recourant à a + &, pris en dehors du plomb et du mor-
^c
ï
>-s exemples suffisent pour démontrer que la transmutation, envisagée comme
vient de le voir, n'a en définitive rien d'absurde, mais qu'elle a beaucoup
l'-rdu de sa probabilité lorsque les métaux, cessant d'être considérés comme des
(oq)$ composés depuis Lavoisier, ont été mis au nombre des corps simples.
Ah I si les alchimistes étaient restés dans cette voie et s'étaient contentés de cette
nature composée des métaux ! Ils n'eussent certes pas fait de l'or , mais au
moins ils n'eussent pas doimé à la postérité le triste spectacle des plus absurdes
conceptions, des plus bizarres rêveries que l'on puisse imaginer.
lU ont en effet nourri sur la nature même des métaux, et sur leur développe-
ment dans le sein de la terre, d'extravagantes idées qui les ont conduits à des
nianipulatioits chimiques et à des pratiques encore plus extraordinaires.
566 ALCHIMIE.
Us ont considéré les métaux comme doués d'une sorte de vie, et pouvant ysn
des actions naturelles et diverses passer de l'état vil ou imparfait (fer, plomb,
étain, cuivre» mercure) à l'état précieux ou par&it (or, argent). Ds établirent une
comparaison entre le développement du métal et le développement des êtres vivante
sortis d'une graine ou d*un œuf; enfin, imbus de l'idée prédominante de l'époque,
à savoir que les corps célestes ont une action directe sur les corps terrestre», que
ce sont comme des dieux dirigeant les actions humaines, et que les globes stdlaires
exercent à distance leur contrôle, ils imaginèrent que ces globes prenaient sous
leur protection les métaux enfouis dans le sein de la terre, qu'ils les développaient,
les nourrissaient, les couvaient un peu comme la poule, en couvant son cêuf, en
fait surgir un poulet.
De cette théorie à la pensée de pouvoir supplanter ou activer l'action céleste pour
modifier les métaux, il n'y avait qu'un pas ; nos philosophes l'eurent bientôt fhn-
chi, et ils s'exercèrent à trouver une substance capable de remplacer la voûte du
ciel. Us cherchèrent et ils cherchent peut-être encore la pierre pbilosophale, k
grand œuvre, le magistère, Télixir, la poudre de perfection, qu'ils ont supposée
devoir exister tour à tour dans l'arsenic, daps le mercure, dans Tantimoine, le sel
marin, le salpêtre, le vitriol, jusque dans les végétaux, dans la chélidoine, damk
linaire, jusque dans les produits animaux, os, chair, sang, salive, sperme, poil,
sang menstruel, larmes, lait des Vierges!!!
Seulement comme cette fameuse pierre philosophale, dont il n'est question pour
la première fois qu'au douzième siècle, et à laquelle les alchimistes arabes n'ont
pas même songé, n'a jamais, comme bien on pense, été trouvée, les rêveurs her-
métiques ne font que déraisonner lorsqu'ils veulent la décrire : les uns la repré-
sentant d une belle couleur de safran en poudre avec le brillant du verre (Vdo
Helmont), les autres lui donnant la teinte du pavot sauvage et l'odeur du sel ma-
rin (Berigard de Pise); ceux-<;i l'ayant vue accoutrée d'une modeste robe de char-
bon; ceux-là, pour ne pas se tromper, lui mettant sur le dos cinq tuniques à h
fois : une blanche, une rouge, une jaune, une bleu de ciel, une dernière verte!
Je m'arrête... j'ai promis en commençant cette notice de ne pas suivre les alchi-
mistes dans leurs stupéfiantes aberrations, dans les incohérentes di vantions da
uns, dans les supercheries et les fourberies des autres. J'aime mieux les voir hon-
nêtes, probes, courbés sur leurs fourneaux, agenouillés même, les mains jointes
devant leurs matras, comme illuminés par la grâce divine, passant mystérieiueroefll
leur vie à la recherche du grand œuvre, trop souvent victimes eux-mêmes de»
explosions des cornues, des ruptures des pélicans et des retortes, des incendia
provoqués par la subite inflammation des gaz combustibles. Admirables tous, sacri-
fiant tout : hoimeurs, richesses, famille, santé, existence, au triomphe de ce qu'iL
croyaient être une immuable vérité, mourant de faim comme Louis de Neus daib
une prison, subissant la potence comme Bragadino, Georges Honauer, Guillaume
de Krohnemann, ou se sentant griller dans une cagv de fer comme Marie Zigl(-*nn;
mais faisant après tout avancer la science, et dotant la postérité d'admirabiei dé-
couvertes.
L'on peut refuser aux alchimistes la qualité de chefs de V École expérimentale
que plusieurs écrivains leur ont donnée ; on peut leur reprocher d'avoir dirigé Itui^
recherches dans un but unique, de n'avoir ainsi embrassé qu'un champ trè^roil.
d'être restés isolés dans leurs investigations et de n'avoir montré en eux rieo qui
ressemblât à une idée vraiment philosophique. Hais il n'en est pas moins vnj qu'en
préparant les éléments qui étaient nécessaires à la création de la chimie, eo iinu-
ALCHIMIE. 567
gurant l'ère des expériences, en faisant reposer l*iuterprétation des phénomènes
sur lexamen des faits, et en rompant ainsi avec les traditions purement méta-
physiques, ils ont rendu d*immenses services à la chimie ; et que leurs explorations,
leur étude soutenue des actions moléculaires des corps simples et composés, le
nombre considérable de faits que quinze cents ans de travaux leur ont dévoilés,
n ont pas peu contribué à poser les fondements de l'admirable école chimique du
dix-huitième siècle.
L*oo est étonné eu parcourant les traités hermétiques les plus anciens, et en dé-
gageant ce qu'ils offrent de vraiment pratique et expérimental, du grand nombre
de découvertes qu'on leur doit.
Dans Geber Ton trouve des descriptions précises de nos métaux usuels : du mer-
cure, de l'argent, du plomb, du cuivre et du fer; il a laissé sur le soufre etl'arse-
nk des renseignements pleins d'exactitude. Il enseigne la préparation de Teau-
forte, celle de Teau régale, de la pierre infernale, du sublimé corrosif, du préci-
pité rouge, du foie de soufre, du lait de soufre.
Dans le siècle suivant, l'Arabe Rhasès découvre l'eau-de-vie, et recommande
plusieurs préparations pharmaceutiques dont l'excipient est l'alcool. Il invente
l'orpiment, le réalgar, le borax, certaines combinaisons du soufre avec le fer et
le cuivre, certains sels de mercure, plusieurs composés d'arsenic, etc.
Vers l'année 1250, Albert le Grand prépare la potasse caustique à la chaux telle
qu'on la met en pratique dans nos laboratoires. Il décrit avec exactitude la cou-
pellalion de l'argent et de l'or. 11 établit le premier la composition du cinabre en le
formant de toutes pièces au moyen dii soufre et du mercure. La céruse, le minium,
l'acétate de plomb, l'acétate de cuivre, l'eau-forte, etc. , sont pour ce grand liomme
l'objet de dissertations ayant toutes un caractère pratique et scientifique.
Roger Bacon, le plus vaste génie de l'Angleterre, a étudié la nature bien plus en
physicien qu'en chimiste. Néanmoins ses remarques sur le salpêtre, sur le rôle
cbimique de l'air dans la combustion, nous étonnent, nous enfants du dix-neu-
Tîème siècle.
A Raymond Lulle nous devons le carbonate de potasse, la rectification de l'cs-
prit-de-vin, la (A-éparation des huiles essentielles, celle du mercure doux.
A Basile Valentin, alchimiste allemand, revient l'honneur d'une foule de remar-
ques essentiellement scientifiques sur l'antim^oine, sur l'esprit-de-sel (acide chlor-
hydrique), l'eau-de-vie, l'extraction du cuivre de ses pyrites, sur l'or fulminant,
l'éthersullurique, etc., etc.
Van Helmont est l'auteur de la découverte chimique de l'existence des gaz, fait
capital sur lequel devaient s'élever plus tard les théories de la chimie positive.
Et Rudolphe Ghkuber, et J. B. Porta, et Eck de Sulsbach, et Brandt, et Alexan-
dre Sethon, Michel Sendivogrus, Bôtticher, et tant d'autres qui ont écrit des trai-
tés d'alchimie, ou qui ont proclamé hautement leurs croyances en cet ai't, ne
«ont-ils pas là pour attester que les philosophes hermétiques ne doivent pas être
plongés tous dans le même code de proscription, et que le plus grand nombre
d'outre eux ont droit à notre respect et à notre admiration? « Qiimistes de nos
jours, écrit H. Figuier, ne portons pas un jugement trop sévère sur les philoso-
phes hermétiques, ne nous dépouillons pas de tout respect envers leur antique hé-
ritage; insensés ou sublimes, ils sont nos véritables aïeux. Si l'alchimie n'a pas
tnmvé ce qu'elle cherchait, elle a trouvé ce qu'elle ne cherchait pas. Elle a échoué
dans ses longs efforts pour la découverte de la pierre philosophale, mais elle a
trouvé la chimie, et cette conquête est autrement précieuse que le vain arcane tant
568 ALCHIMIE (bibuocraphik).
poursuivi par la passion de nos pères. La chimie a transformé en sources inépuisa-
bles de recherches des'présents de Dieu jusque-là sans valeur; elle a allégé le pé-
nible poids des maux qui pèsent sur l'humanité, perfectionné les conditions maté-
rielles de notre existence et agrandi les limites de notre activité morale; et n elle
ne renferme pas la pierre philosophale des anciens adeptes, elle constitue, on peut
le dire, la pierre philosophale des nations. »
N'oublions pas aussi que Talchimiste du moyen âge était le vivant emblème de
la persévérance poussée jusqu'à ses dernières limites et parfois même jusqu'au delà
du tombeau. L'opérateur qu'une mort prématurée enlevait à ses travaux laissait
souvent une expérience commencée en héritage à son fils ; et il n'était pas rare de
voir celui-ci léguer dans son testament le secret de l'expérience inaclievée dont il
avait hérité de son père. Ces expériences d'alchimie étaient transmises de père en
fils comme des biens inaliénables. Écoutez ce passage d'un critique du temps qui
dépeint avec une rigoiu*euse âpreté la fièvre ardente qui dévorait les alcliimisie&
et les conduisait à une ruine certaine :
tt Les dommageables charbons, le soufre, la fiente, les poisons, les mines, et tout
dur travail leur sembla plus doux que le miel, jusqu'à ce que ayant consommé
patrimoine, héritage, meubles, qui s'en allaient en cendre et fumée, ces malheu-
reux se trouvaient chargés d'ans, vêtus de haillons, aiïamés toujours, sentant le
soufre, teints et souill& de suie et de charbon, et par le fréquent maniement du
vii-argent, devenus paralytiques. » A. Chéreac.
RiBi.iooAAMnB REiuifTiQirE. — A. Avant le huitième sièc\e. -'lalro-mgiliewiaikû Hermetu
TriimgùH. Traduction de Dav. Hôschel, 1507, in-8. Ce traité d'alchimie, aUribué à Thotl'
(Hermès ou Mercure], roi de Thèbes, est évidemment bien postérieur à ce souverain, qui i
vécu plus de iSOO avant J. C—Uber physico-medieug Kiranir id e»t régit Penanm rm
aureus grmmeusque. Francf., 1(358. Traduit en anglais. Londres, 1685, in-8. — Désocutt.
De arie sacra, me de rebu» nataraHàus et mffHieis. Colon., 1572, in-12.
B. Huitième et neuvième siècle.— Gmi Arabie chimia; studio Gasp, Hamn, Logd.
1C68. in-i2. — GeM summa perfectionis magisterii in sua natura. Gedani, 1682, in-11—
De alchynda. 1598, in-8. — Geberi liber qui fias futturarum vocatur. 1473, iii-4.
C. Treizième siècle.— Alain db Lilli. Dicta de lapide pftUosopfûeo, 1590, in-8. — Aunr u
GtAiD. De alchynUa. Imprimé un grand nombre de fois. Plus d'un ëcrivain nie que M
ouvrage soit de TlUustre dominicain. — Alphottse, roi de Castille. ÎÂber phiiasûphist Mn/-
tioris. Theatr. chem., 1622, in-8. — Aqoir (saint Thomas d'). Sécréta alchimùe magaaUa, it
eorparibus superecslestibus, etc. 1570, in^. — Aurora, sive aurea hara, etc. 1625. in4.—
ABTEPBiro. Clavis majaris sapientiss. Argent. 1699, in>12.— Bagoh (Roger). Epiatola de seereta
aperibus artis et naturx; op. J. Dec. Hamb., 1618, in-8.— Opi» majus ad ClemeutumlT,
nune primum editum; (éd. Sam. Jebb. Lond., 1755, in-fol. ; Venise, 1750, in-4). — Mîiw ie
Alquimie, 1520, in-8. — Lulli (Raymond). De secretis naturm, litri duo, etc. — Argent*, f5il.
in*8.— i4r«. Paris, 1578, in-ii, —Testamentum, 1566, 1573, inr%,— Opéra ammia, Haguot.
1722, 10 vol. in-4. — J7mI. de Raymond huile par de Yernon. Paris, 1668. in-8._Viirv
(Jean de). Detnonstratio naturst, etc. (imprimé dans le Muséum Hermetieum;(Fnncat., f6£».
in-4. — ViLLEiTBijTB (Amauld de). Nova opéra chymica, videlieei Thésaurus tkesaursrum, Flm
florum, Spéculum alchemie. Franoof., 1603, inr%. ^-^ Opéra eum tractato de pMImspèsnu
lapide, Lugd., 1520, in-fol.
D. Quatorzième siècle. — 6o!« (Pierre Lé). Margarita pretiosa novella, exhibens iulndat'
tUmemin artem ehemix (Bibl, chim. de Manget,, t. n).^ODoiiAR. Praetiea ad dittipKlsm
{Theatrum chim., t. 111). — ORnoLAw. Praetiea vera alchymise, ParisOs probata et exferts
sub ann. 1358 (Theatr. chim., t. IV). — Yalsktih (Basile). De microeosmo liber, ex rtn
Angeli medici. Marp., 1609, in-8. — Tractatus de rébus natur. et supematur. Tmeot-.
1679. in^.-- Azotth, sive Aurelias oceultx paries. tVanoof., 1615, in-4. — Pnoefict ns
cnmXll clavibus. 1618, ïn^A.-^ Apocalypsis chymica. Ert., 1624, in-8. -^Cmmu trûmfhslu
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ALCHIMIE (BiOBLiGRArniR). &69
1600. in-S. — 5iMi0ian«m philoiophicum {Muê. herm., 1677, in-i). ^Hiêt. crit. de
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iinS.'ik Chymico miraeulo quod Utpidem philotopkiœ appellanL Baal., 1583, in-S, et
Tkeâlr. chim., t. I, p. 748
F. Seizième siècle. — AaairPA ^Cornélius). Occulta phUoêophia. Lugd., 1533| in-fol. —
Alstoius (J. H). Clam artii iMlHanx. Argent., 1633, in-8. <^ AMtLuitaiDS (P.). Traelaiits
aobitii, seu de alchynUa. Lips., 1607, in-8.— Antarvetus (J.). Apologia pro judicw gcholx
Pvweusiê de alchynùa, Paris, 1604, in-12; Francof., 16b8, in-8. — Arles (Pierre d'). Sym-
fétkia geptem metallorum ae teptem sêlectorum lapidum ad plauetOM, Paris, 1610, iih-12.--
.UnsTA (Uelias). Hova diiqumtw (Ttieatr. chim., t. IV).— Biucbschus (i-)- Bealehymia dialogi
éMû. Basl., 1561, in-fol. — Bhorcbduios (Daniel). Theeaurus alchffmi9. Col., 1570, tn-4.—
Castacrs Je P. de). U grand miraele de nature métallique; en imitant icelle, soM âophiitp'
fvénei, iouâ les métaux imparfaits se rendront en or fin, et les maladies incurables guéri-
rai. Paris, 1615, in-4.— DiGoniis (Jean). Alchgmia sive auri multiplieatio. Paria, 1573,
in-8.— Doiui (Gerbard . Chgmisticum artifidum wUurx, etc. Francof., 1568, in-8. — J^jpU
mdapkgHcus aut p/ûlosophicus, etc. 1570, in-S. — Commentarium in libros Paraeelsi De
tda Umga. Francof., 1583, in-8. — Aurora, thesaurusque pkilosoph.. Franco!., 1584, in<^
• de summis naturx mgsteriis commentarU très. Basil., 1584, in-8. — Flddo (Rob). Opéra,
Francof., 1617, in-fol., 6 vol. — GAaLAfiDnis (i.). Compendium alehymix, etc. Basil., 1560,
iD-^.— GLAuan fi. R.]. Opéra. Amsterd., 1654-69, in-8. — La Description des nouveaux
fmneaux philos, Trad. par Du Teil. Paris, 1674, in-8, lig.<— GaATABOLOfl (Guil.).— Kera?
ekhgmix artisque metallicss, etc. Basil., 1561, in-fol. — Hbuioiit (J. B. tuè). Or tus medi-
fitue. Amst., 1648, in-8. — Hocelande (Bwaldus). Historise aliquot, etc. Colon., 1604, in-8.
— IwÉBiAL (le chevalier). Miroir des alchffmistes, etc. 1609, in-16. — Isaac (J.). Opéra mine-
Tslis, etc. 1600, in-8. — QpiM Salurnt. 1608, m^, — De tribus ordinibuselixiris, etc. 1600,
in-8.— KEU.BT (Edouard). Traetatus duo egregii de lapide philosoph, Hamb., 1676, in-8, et
tkeatr. chim, — LAnmirs (Janus). Pretiosa margarita, etc. Venet., 1546, in-8. 6g. — Lavi-
nrs (Vinceslas). Traetatus de calo terrestri. 161S. iD-8. — Libavivs (André). Alehgmia,
Francof., 1606, in-fol., î\%, —Sêlectorum alchymix arcanorum tomi duo, Francof., 1615,
in-foI. — Maieb (Michel). Arcana arcanissima^ etc., in-4. — Atalanta fitgiens, etc., 1618,
10-4, fig. — Sem/tfifim chgmic,, 1687, in-4.— f^ici» severus, etc. 1617, in-4.— Sym^c/a
aurexmenssg, etc. 1617, ïn-4, ^ Septimana philosoph,, etc. 1620, in-4.— TAfliiia aureU'
1618, in-A. — lMSUs serius, etc. 1619, in-4, etc., etc. — Mtlios J. D.). Opus medico-chymi-
cum. Francof., 1618, in-4. — Anatomia auri. i^^fin-^. — Pharmacopea spagyrico-medica-
16i8, in-8. — Padlbikr (Pierre). lu/pis philos., etc. Paris, 1609, in-8.— PABâccLSE. Opéra'
Fnncof., 1605. in-4. 4 vol. — Qubbcetahus (J). Uber de priscorum philosoph, verse me^
ikinx materia. 1609, in-12.^A^r eildes plus curieux et rares secrets touchant la méd,
m^tal., tiré des manuscrits de feu M, Joseph Du Chesne, etc. Paris, 1641, in-8, portrait.—
Rpu^o (Vartin). f^exicon alchemix. etc. Francof., 1612, ïn'h.—Alexicacus chymiatrieus.
1611. in-4. — RorBsaasA (J. de). ÎÀber lucis, etc. 1613, in-8.— 2)^ confeetûme verse lapidis
philmoph, 1561, in-fol.. etc.. etc.— Scbott (Jean). Margarita philosophica, in-4 gothique. —-
Tuir» (Joachim). — Promptuarium alchimix. 1610, in-8. — Todrette (Alex, de la). Bref
éisttmrs des admirables vertus de Vor potable. Lyon, 1575, in-8. — Tbisbo81!i ^Salomon).
U Toysan d'or, etc. Paris. 1615. in-8, fig.— TairatiiE (J.). Traetatus de lapide phil, 1613.
iD-8 -. UuiTAUE (Philippe). Cctlumphilosophorum, etc. 1528, in-fol. Trad. en fr. 1546, 1550,
in-8, fig. — Zacaire (D.). Opusculum pkUos, nat. metall, (Theatr. chhn,, p. 777). — Trad. en
fr. Lyon. 1568, m-8; 1574, in-16.
G. Dix-septième siècle. — Atrkmokt (D'). Tombeau de la pauvreté, etc. Francof., 1672.
io-ll— Babbcr (Jacques). ExereUum ehymicum, PaUv., 1670, in-4.— Bêcher (J. J.) Institut,
ehem. 1662, in-4. — Begdi!i (Jean). Tyrocinium chym, etc. 1614, in-12 ; 1618, in-8. —Novum
tumen ehym. 1608, in-12. — Belw (A). Aventures du philosophe, etc. Paris, 1646, in-12;
1674. — BoRRfCBivs fOlaus). Un grand nombre de dissertations dans Acad. nat. curios. Germ.
[i* année, n^ 167, 168) et dans AetaHafh, (t. I. n" 68, 71, 72. 75, 77. etc.)— CH*fTRB (de la).
U Prototype^ etc. Paris, 1635, in-8. — Fabee (P. J... Alchymista christianus, 1652, in-8.—
Psiladium spagyricum. 1628, in-S. — Sapientia mineralis. 1654, 'in-S.-- Hercules Pioehy^
miens. 1654, in-8. etc., etc. — Hebbereiis (J.). Physiea realis spagyrica, etc. 1635, in-8.—
Heltetids (J. F.). Vitulusaureus. 1667, in-8.— Hobiubs (Gasp.). Medulla alehymiss, 1668, in-12.
— KrvBATOs (H/. Magnesta cathoHca, etc. 1599, in-8. ^Amphitheatrumsapientiss, etc. 1608,
in-folio; 1654, in-fol., etc. , etc. — Lagxeao (David}. Darmonie mystique, etc. 1636, in-8. —
Lk^vei (flic. de). Us rudiments de la phil. 1665. in-8.— Menibs (Fr.) Consensus hermetico-
■oMioff. 1644, in-8, etc.— Molibb (Th.). Miracula et mysteria ehymieo-mediea, etc. 1614.
io-12. Il y a plus de douze éditions de cet ouvrage étrange. — Noboor (SamueP. Catholicon
570 ALCHORNÉE.
phtfHc. i(S30, ïn^.-^Ventu invitriolata in elixhr convena, necnon Mars mciariMu tê$
elixiratu». 1630, m-k.—Elixir seu mediciua vitx. 1650, 'mA.-^Uereuriuê reéiwmu, f630
in-4., etc., etc. — Philalsthb (Ayrereus). Ventrée ouverte au palaU fermé du rm, en UtÎD
et en français (Lengl. Du Fresnoy, t. II, p. 95) . — Puxrcamm {DaTÎdde;. TratU delà
vraie médecine dite de récent or potable. Paris, 1633, in-8. — RB$K>iTa (de^. Haret exfé-
riencei, etc. Paris, 1668, in-8. — Rosejiboth (Knorr de). Kabala denudata, 1673, in-i, 5 vol.
— Saint-Didier [Al. de). U triomphe hermétique, etc. 1689, in-12.— SEKWTOGnrs (licheh.
fAimen citymicum. 1634, in-8. — /^s OEuvret du cosmopolite. Paris, 1001, in-18.
H. Dix-huitième siècle. — Citons seulement quelques noms : Alluttb, Bômcaoi, HniAsi
Braun, J. Gollksson, Baron de CaEts, Delisle, Dippel, Lodis Fatrat, Crosset de la Hacvuii.
liASCARIS, Le BrETOIT, DOVBNICO NaKUEL, SCHHtEOER, ScHMOU, DE DlERBAOI, etC., CtC.
I. Collections hermétiques, histoires. — AsHMotE ^Elias). Theatrum chemtcum Britaumatm
London, 1652, in-4. ^- Bobel. Bibliotheca chimica, Paris, 1654. — Laz. Zetucr. Theatrwm
chimieum, etc. Argent., 1659* in-8, Qyo\.^ Muséum hermeticum, etc. Francof., 16'!8, ia-i
— Manget (J. J.). Bibliotheca chemica curiosa, etc. Genev., 1702. in-fol., 2 \ol. — Wcli«-
naire hermétique, etc. 1605, in-12. — TIaudé (G.). Apologie pour tous les grands persemuegti
qui ont été faussement soupçonnés de magie. 1625, in-8. — GEorraor. Des supercheries w^
cernant la pierre pfUlosoph. [Àcad. des se, arril 1722). — Urglet do Frcs^ot. Bisioire de k
philosophie hermétique, etc. Paris, 1742. in-12, 3 vol.— Barrett (Fr.). fJves of the A'che-
mystical Philosophers, with a Catalogue of Books in Oceult Chemistrif, etc. London, 1815
in-8. — CoviBR. Histoire des sciences naturelles, 1841, in-8. — Beghi. Histoire ée raklùmu
1842, in-8. — HdrsB. Histoire de la chimie, 1842, in-8. — Miohc. Dtetumnaire des sdenut
occultes. 1846. — FioinRR (Louis). fJalchimie et les alchimistes. Paris, 1860, in-S, 3- édit
— Karl GHRMTorB Schmiedbr. Geschichte der Alchemie. Halle, 1832, in-8*. A. C.
AiiCHinmi. Voy. Aleimdi.
AliCHORNÉE (Mchomea), Genre de plantes dicotylédones, établi par Sdan-
der et appartenant à la famille des Euphorbiacées. Il y faut rapporter YHermest^
de Kunlh et le Schausbœa de Thônning et Schumacher. Les caractères de ces plante»
sont les suivants. Les fleurs sont ordinairement dioiques et aocidentellement mo-
noïques. Leur calice est à quatre sépales libres ou légèrement unis à la base, tsI-
vaires dans les fleurs mâles, imbriqués alternativement dans les fleurs femeJles
Ordinairement l'androcée est formé de huit étamines, dont quatre opposées aux se-
pales et quatre alternes avec eux. Ces étamines sont unies par la base de leon
filets en une sorte de couronne, et leurs anthères sont biloculaires et introrses. U
gynécée est ordinairement dimère, et plus rarement trimère. Quand Tovairea
deux loges, dles sont latérales et contiennent chacune un ovule suspendu, avec k
micropyle tourné en haut et en dehors, et coiffé d'un obturateur celluleux. U
style se partage en autant de longues branches qu'il y a de loges, et ces branches
couvertes intérieurement de papilles stigmatiques sont divergentes, souvent tor-
dues sur cUes-mômes. Le fruit est une capsule à deux ou trois coques monospemife.
et les graines renferment sous leurs enveloppes un embryon entouré d'unalbomea
charnu. La plupart des Alchomea sont des arbres ou des arbustes de rAmériqoe
tropicale ; et l'on croyait même qu'ils n'existaient pas dans l'Ancien •Mooik,
quand il fut reconnu qu'une plante de la Guinée et du Sénégal, le SdumdHBacor-
difolia Th. et Son., devait être rapportée à ce genre. Les feuilles sont allemeset ac-
compagnées de deux stipules caduques. Les fleurs sont disposées sur un axeconi-
mun et occupent l'aisselle de petites bractées alternes. Les femelles sont solitaire»
on en glomérules pauciflores à l'aisselle de ces bractées. Les mâles sont trè9-petilr>
et ordinairement nombreuses dans chaque glomérulc. Les espèces qui foumîmnt
des produits utiles à la médecine sont les suivantes :
1. Alchomea latifolia Sw. (Prodr., 98 ; Flar. Ind. occ , II, 1154). Cet an
arbre d'une vingtaine de pieds de haut qu'on trouve dans les montagnes de b
partie méridionale do la Jamaïque. Les feuilles pétiolées, ovales, acuminées, sool
A L<: M ELLE. 571
découpées sur les bords en dents éloignées ; lisses et brillantes supérieurement,
ternes et rugueuses inférieurement, ce qu'elles doivent à des poils courts et sur-
tout à des nervures réticulées saillantes. Les fleurs sont disposées en épis ramifiés
de glomérules occupant Taisselle des feuilles ou l'extrémité des rameaux. Les
fruits sont noirâtres, lisses, de la taille d'un gros pois. Les fleurs sont d'un jaune
verdâlre, petites et très-nombreuses. Cette espèce passe pour fournir une portion
des écorces dites d'Alcomoqne. C'est du moins l'opinion que professaient la plu-
prt des auteurs, mais elle a été fortement ébranlée par les recherches spéciales
auxquelles se sont livrés Humboldt et Bonpland, qui croient que l'Alcomoque vient
oni.{uement des Bowdichia, Toujours est-il rpie l'écorce d'il/chorn^ passe aux
Antilles pour sudorifique, antirhumatismale et même antisyphilitique; propriétés
qui appartiennent du reste à beaucoup d'écorces d'arbres de la famille des Eu-
ptiorbiacées.
2. Aldiomea Iricurana Càsar. Cette espèce à feuilles longuement pétiolées,
ovales-elliptiques, acuminées et dentées et à épis axillaires peu rameux, croit au
Brésil et elle y est considérée, de même que certains Croton qui portent le même
nom vulgaire, comme propre à guérir les angines, à cicatricer les plaies et les
ulcères.
3. Alchomea cordata Bemth. Cette espèce, qui est le Schausbœa cardifolia
de Thônning et Schumacher, croit au Sénégal et en Guinée. C'est le BuUson de
Soél des colons européens. Ses feuilles sont en forme de cœur et dentées ; ses
fleurs très-petites et très nombreuses. On la considère comme sudorifique et dé-
purative. H. Bu.
SwAm, Prodram., 98; Flor. Ind. occ. II, 1154. — A. Jom., Tmi, Euph., 4Î, t. 13. —
H fi. K., No», gen. et sp., 11. 13. -^ H. B», Et, gin, du groupe de» Euphorbiae., 44a. t. XX,
f. M2. -«Cas&betto, Decad, p. BrasU., I, 24. — Scjtom. et Tefiim, Beskriv,, 449.
AliCfCDBiVB. Fougère alimentaire, appartenant au genre Acrostic. {Voy. ce
root.)
UÂMEiMJBon ACIUBIJLE. J. A. Slevogt a fait connaître, en 1705, dans
une dissertation publiée à léna sous le titre de : Alcmella ceylanica fluoris albi
rmedrnn, les propriétés médicinales d'une plante qui appartenait pour Linné au
genre Spilanthus, sous le nom de S. Acmella. Cassini (in Dict, se. nat.y XXIY,
551), avec L. C. Richard (in Persoon, Enchirid., II, 472), a considéré comme
rédlement distinct du genre Spilanthus VAcmella, à cause de ses capitules radiés,
ses ligules hispides à la base, ses achènes trigones, triaristés ou nus, ou à angle
intérieur biaristé. Toutefois, la plupart des botanistes de nos jours, et notamment
Eodiicher (Gênera, n. 2553), ne voient pas là des caractères suffisants pour
"éparer génériquement les Acmella des Spilanthus. (Voy, ce mot.)
l'Acmèlla Linnxi de Cassini, qui est par conséquent un Spilanthus, est coimue
vulgairement sous le nom d'Abécédaire, parce qu'on assure qu'en mâchant ses
feuilles on fortifie la bouche et les organes de la phonation et qu'on facilite ainsi la
[«rôle chez les enfants dont la langue n'est point déliée ; il y a là sans doute
licaucoup d'exagération, et il est à craindre qu'en employant ces feuilles à saveur
acre, poivrée, on n'irrite trop vivement la muqueuse buccale. C'est en produisant
une pareflle irritation que l'Alcmelle agit conune sialagogue, excite les gencives,
agit oomme antiscorbutique, et que la teinture alcoolique produit à peu près les
niemes effets que celles de Pyrèthre, de Cochléaria, d'Aurone et d'autres Syiiaii-
572 ALCOOL (cbinie).
thérées aromatiques. Slevogt préconise cette plante contre la Iciioonliée, ainsi qoe
rindlque le titre de la dissertation que nous venons de citer.
UA.brachyglossa de Cassini ne parait pas différer spécifiquement de son A. Loi-
izâ^'.L'uneet Tautre paraissent encorese rapporter anVerbesina AcmeUa deUnné.
C'ast une Synanthérée du groupe des Senecioîdées, qui croît dans l'Inde orientale.
LA. repens de Persoon (SpilatUhes repens Hicbx. Anthémis repem Walt.),
originaire de la Caroline, et Y A. mauritiûna Rich (S. mauritianat D. C), ont,
dit-on, exactement les mêmes propriétés que VA. Linnssi.
L., SysL, 610. — Casbiri, Dict., XXIV, 330. — Ricii. ap. Pebs., EnMrià., II, 47S.— D. C.
Prodrom., y, 023, 625. ^ E.^duchbb, G«fi., n. 2553, a, — Mer. et Dci.., Did.y I. ^.
H. Bn.
AliCMÉOlV ou plutôt .AlXMiSOlV. Né à Crotone, dans la Grande-Grèce, fit
de Pirithus, et disciple direct de Pythagorci vivait en l'an 500 avant Jésus-Christ. U
plupart des historiens de la médecine nous le présentent comme le plus ancien aiu-
tomiste : il aurait le premier disséqué, non des hommes, la religion et les pré-
jugés s'y opposaient trop formellement, mais du moins des animaux. Or cette
assertion repose seulement sur les allégations d'un célèbre commentateur dn
Timée de Platon, Chalcidias, qui écrivait dans le lu' siècle de notre ère, c'est-à-
dire plus de 700 ans après Alcmaeon ; de plus, comme on l'a fait observer, le»
principes pythagoriciens ne permettaient pas même la dissection des cadavres de«
animaux. Des auteurs, relativement modernes, tels ^ue Plutarque (D^pfocitû fki-
losaphomin)f Gensorinus (De die natali)^ citent Alcmaeon pour ses opinions ant*
tomiques et physiologiques ; Diogène Laërce dit formellement que cet auteura écrit
sur la médecine et sur la physique. Mais la mention la plus sérieuse et la phn
authentique est celle qui nou$ est donnée par Aristote (Hist, anim,^ 1. 1., c. 4)*.
« C'est à tort, dit-il, qu'Alcroaeon assure que les chèvres respirent par les oreilles. ■
Les modernes ont eu la complaisance de voir dans cette idée bizarre la découvert*'
de la trompe d'Eustache, et rien assurément ne justifie une pareille allégalioo.
Quand aux opinions qui lui sont attribuées par les auteurs que nous venons de
citer, en voici quelques-unes : L'audition a lieu par rébranlement des cavités
vides de l'oreille ; la cause du goût réside dans l'humidité, la chaleur et la flexi-
bilité de la langue; les odeurs introduites par la respiration sont transmises i
l'âme qui siège dans le cerveau ; la santé consiste dans un rapport équilibré entre
les qualités élémentaires du corps, le froid, le chaud, le sec, l'humide, le doux,
l'amer, etc. ; et la maladie provient d'une perturbation apportée dans l'hariDonie
de ces rapports. Au total, il paraît bien évident que notre auteur a écrit sur b
physique. comme le faisaient alors les philosophes, et Diogène Laêroe nous a coo-
serve le début d'un de ses ouvrages, qui montre qu'au moins Alcmsoo ne se
faisait pas illusion sur la valeur de ses hypothèses et qu'il ne les prenait pospow
des réalités, a ]jes dieux, disait-il, ont une connaissance exacte de ce qui ttptée
les choses mortelles, mais les hommes n'en peuvent rien savoir que par conjec-
ture. » C'est là assurément une idée fort sage et digne d'être méditée encore de
nos jours. E. Bgd.
ALCOOi.. g I. Chimie. Les alchimistes arabes ont nommé alcool le produit
spiritueux et inflammable de la distillation du vin. Amauld de VilleneuTe, qui
vivait à Montpellier vers 1300, connaissait l'esprit-de-vin ; Raymond Lulle enseigm
sa rectification par le carbonate de potasse.
ALCOOL (chimie). 573
On prépare Talcool en grand, dans les arts, par la distillation des liqueurs ler-
mentées telles que le vin, le jus de betterave fermenté, le moût obtenu par la
saodiarification de la fécule et du grain, et soumis ensuite à la fermentation. La
glucose ou un sucre pouvant se transformer en glucose est la matière fermen-
tesdble de ces liqueurs sucrées. La levure de bière est le ferment. L^alcool et
Fadde carbonique sont les produits principaux de cette fermentation (vay. ce mot) .
On peut former l'alcool artificiellement avec l'éthylène ou gaz oléfiant. Faraday
a démontré, en i825, que l'acide sulfurique concentré absorbe le gaz éthylène.
HcDiiel a trouvé en 1826 qu'il se forme de l'acide éthylsulfurique, dans cette
circonstance. M. Berthelot a confirmé ce fait, et a réussi à régénérer l'alcool
ivec 1 acide éthylsulfurique (sulfovinique) ainsi formé. U suffit pour cela de faire
bouillir la solution de cet acide :
▲cîde folforique. Éthylêne. Acide éthyteulXurique.
^*J*JS«0« -+- HK)' = ÎIJS'O» -»- <^*J*J0'
Acide âthjbttlfurique. Acide sulfurique. Alco*!!.
Un autre procédé pour faire la synthèse de l'alcool au moyen de l'éthylène con-
siste, d'après H. Berthelot, à combiner ce carbure d'hydrogène avec l'acide iodhy-
drique ; il se forme de Tiodure d'éthyle qu'on peut convertir en alcool par une
longue ébullition avec la potasse caustique :
,C*H* -+- HI = C*H»I
Ethylêne. lodure d'éthyle.
lodure d'éthyle. Alcool.
Uans cette dernière réaction on voit l'iode de l'iodure d'éthyle enlever le potas^
sium de l'hydrate de potassium, tandis que le groupe C^H*, c'est-à-dire l'éthyle,
se substitue à ce métal. On peut donc dire que l'alcool est un hydrate analogue à
Thydrate de potassium, et si ce dernier est de l'eau dont un atome d'hydrogène a
été remplacé par un atome de potassium, l'alcool représente de l'eau dont un atome
d'hydrogène a été remplacé par le radical monoatomique éthyle. Tel est le sens
des formules :
Ho. SI». "!«•
La lonnule
Eau. Hydrate Alcool ou hydrata
de potaniuui. d'éthyle
«ipnme donc la composition atomique de l'alcool. Sa composition centésimale est
la suivante :
Carbone 52 6
Hydrogène 12 9
Oxygène .14 5
100 0
Propriétés. L*alcool pur, qu'on nomme absolu, est un liquide incolore, doué
'l'ane odeur spiritueuse. Sa densité est égale à 0,S095<> à 0<>; 0,7959 à 15%5;
0,792 à 20». U bout à 78«,4 sous la pression de 0'",76. Il est très-mobile; mais
lonqn'on l'expose a un froid de — 100® il prend une consistance oléagineuse. U se
574 ALCOOL (cuimii).
mêle à l'eau en toutes proportions. Ce mélange produit un dégagement de chakur
et une contraction. 52,3 vol. d*alcool et 47,7 vol. d'eau à 15* ne produisent, par
leur mélange, que 96,35 vol. d*alcool, au lieu de 100 vol.
L*aloool dissout un grand nombre de gaz, de liquides et de solides. L'aâde car-
bonique, loxygène, le cyanogène, 1 ethylène, y sont plus solubles que dans l'eau.
Parmi les substances minérales qui s*y dissolvent nous citerons : Tiode, lacide
borique, les hydrates de potasse et de soude ; les chlorures de calcium, de stron-
tium, de magnésium, de zinc, le chlorure ferrique, le sublimé corrosif, les i-hlo-
rures de platine et d'or; les azotates de chaux et de magnésie, etc. Un trës^gnnd
nombre de substances organiques, se dissolvent dans l'alcool. Il en est ainsi des
acides et des bases organiques, d'un grand nombre de substances neutres, de ma-
tières résineuses, de corps gras. Toutefois ces derniers se dissolvent plus lacilenient
dans Télher que dans l'alcool.
Lorsqu'on dirige les vapeurs d'alcool à travers un tube de porcelaine chanfle
au rouge, elles se décomposent en eau, hydrogène, gaz des marais, gai olébaDl.
il se dépose en outre du charbon et il se forme une petite quantité de benzine,
de naphtaline, d'hydrate de phényle. L'alcool est inflammable et bhtte, comme cha-
cun sait, avec une flamme pâle, bleuâtre. Lorsqu'on humecte du noir de pbtim
avec de l'alcool, celui-ci absorbe l'oxygène énergiquement, et avec une production
de chaleur qui peut aller jusqu'à l'incandescence. Au contact du platine, 1^
vapeurs d'alcool, mélangées d'air, subissent la combustion lente et se converii^seut
en aldéhyde et en acide acétique :
C*H«0> + 0« = H*0> -+- C*H*0«
Alcool. Aldéhydtf.
C*H*0« ^. 0« = C*H*0*
Aldéhydp. Aride acétique.
Un mélange d'acide sulfurique étendu et de peroxyde de manganèse, ou Ae
bichromate de potasse, oxyde l'alcool et le convertit partiellement en aldéhyde «1
en adde acétique. Les acides chlorique et chromique l'oxydent avec une uOt
énergie, qu'il y a inflammation. L'acide nitrique l'attaque avec violence et le con-
vertit partiellement en éther nitreux ; il se dégage en même temps des torrents de
vapeurs rouges et d'acide carbonique. Soumis à l'ébullition avec du nitrate acide
mercurique ou argentique, l'alcool donne du fulminate de mercure ou d'aigeol.
Le chlore l'attaque énergiquement et lui enlève de l'hydrogène. Le produit fini
de cette action est le chloral C^Cl^HO' : il se forme d'abord de l'aldéhyde, si l'akool
est étendu (Stas).
C*H«0» ^ Cl« = 2HCI -4- C*H*0*
Alcool. Aldéhyde.
Distillé avec du chlorure de chaux l'alcool donne du chloroforme.
Le potassium et le sodium en dégagent de l'hydrogène et le converti^MSil «ii
éth^late de potassium ou de sodium :
Alcool. ÉthrUte
de potawiuDi.
Cette réaction est analogue à celle que le potassium exerce sur l'eau elkvoii'iiii
Chauffé avec un excès d'acide sulfurique, il perd tout son oxygène sous îorny
d'eau et il se forme de l'éthylène :
^*{j'J0« = CW -h HW
Alcool. ÉlhyKiw.
ALCOOL (phaumagolucib). ô75
Une déshydratation moins complète, sous l'influence de Facide sulfurique, le con-
Tertit en éther ordinaire ou oxyde d'éthyle :
fin»'] = gs:)»- - <^
Alcool. élher.
hr Taciion des acides sur Talcool il se forme des éiheTs(Voy, l'article Alcools).
L'aloool peut se combiner avec certains oxydes, chlorures, sels, et parait jouer
dans ces combinaisons le rôle de l'eau de cristallisation. Ad. Wobtz.
§ U. Coaaldémtloiis phannacoloylqnes sur l*iUeo»l. L'alcool de vin
ost le seul qui était autrefois usité en médecine ; il est toujours le plus estimé et
exdusiTement employé pour la préparation des liqueurs de table de bonne qualité,
nuis pour les besoins de la médecine et pour les diverses applications qu'il reçoit
en chirurgie, on lui substitue sans aucun inconvénient les alcools de grains, de
pommes de terre, de betteraves, de diverses céréales, etc. 11 est de toute nécessite
qu'ils soient privés par des distillations et des purifications répétées des corps étran-
2:ers et des huiles essentielles qui les accompagnent; quoi qu'il en soit, l'alcool de
vin dont la saveur est franche et pure doit toujours être préféré pour les usages de
la médecine et de la pharmacie. Pour être réputé bon, il faut qu'il donne une
liqueur transparente lorsqu'on le mélange avec de l'eau, et que la liqueur ne pré*
sente aucun goût étranger, ni aucune odeur désagréable.
L'alcool plus ou moins cencentré s'obtient par des rectifications répétées à l'a-
lambic, les trois degrés alcooliques les plus souvent employés sont les suivants :
i« l'alcool à 88» c. (34 Cartier), 2*» l'alcool à 80» c.(31 Cartier), 3» l'alcool à 56«c.
(21 Cartier).
C'est surtout comme dissolvant que l'alcool est employé en phaimacie. Pour l'ob-
tenir plus ou moins concentré, on le distille avec des coi'ps qui ont une grande af-
finité pour l'eau et qui n'altèrent pas l'alcool ; le sulfate de soude eilleuri, l'acétate
de potasse, le chlorure de calcium fondu, le carbonate de potasse desséché, la
chaux, etc. , sont les corps les plus souvent employés ; mais ils n'agissent pas tous
également : les uns, comme le sulfate de soude edleuri, sont trop faibles; d'autres,
comme la chaux et le chlorure de calcium, retiennent de l'alcool en combinaison
<pi on ne pourrait séparer qu'en traitant le résidu par de l'eau et distillant de nou-
veau. D'après quelques auteurs, certains sels formeraient avec l'alcool des combi-
naisons définies, nommées alcoolates et analogues aux hydrates,
D est des cas où on a besoin d'alcool absolu ou anhydre (100» c), mais le plus
souvent l'alcool à 94° c. suf&t aux besoins du laboratoire. On l'obtient en disliUant
par litre d'alcool à 86» c. 100 grammes de carbonate de potasse desséché, après
avoir laissé digi'rer deux jours au bain-marie; l'alcool à 94» ainsi obtenu peut être
amené à 97® c. en le distillant avec 100 grammes de chlorure de calcium fondu,
par litre, et en le laissant digérer avec 150 grammes de chaux vive pulvérisée;
ropération doit être continuée deux ou ti'ois jours en vase dos, dans un lieu chaud,
puis on distille de nouveau avec 250 grammes de chaux vive par litre d'alcool; on
fractionne les produits dès que l'alcool cesse de marquer 100» c. La chaux n'altère
pà& l'alcool, mais il faut avoir le soin de n'employer que celui qui a été déjà rectifié.
L'alcool faible du commerce oueau-de- vie, employé en pharmacie, est préparé par
des coupages à l'eau distillée de l'alcool concentré, de manière à le ramener de
5^c. à 80"* c. Quant aux eaux-de-vie proprement dites, il en sera question ailleurs.
l/alcool est le véhicule des alcoolats, des alcoolés (teintures) et des alcoolatures.
570 ALCOOL (physiologie).
il entre dans un grand nombre de ooui|X)sîtions qui portent le nom d^alcûoU ; ik>u>
signalerons les principales.
Alcool ammoniacal. Liqueur d'ammoniaque. Vinasse, Ammoniaque liquide I .
alcool à 86» c. 2 ; en y ajoutant quelques gouttes d'essences d*anis, de girolle
ou de citron, on obtient l'alcool ammoniacal citroné, caryophyllé, anisé, eti:.
Alcool tannique ou teinture aromatique de noix de galle. Poudre de noix de
galle i, eau commune i6 ; faire bouillir jusqu'à réduction à S parties, passer ci
ajouter alcool rectifié 9, eau de Cologne, iO. Filtrez. En injections oootre la leu-
corrhée et la blennoiThéc étendu de 6 ou 10 fois son poids d'eau (Gibert).
11 sera question ailleurs des alcools camphré, éthéré (liqueur d'HoAmann), axo-
tique, muriatique, nitrique, sulfurique (eau de Rabel). 0. Rcteil
m-
I
§ 111. Actfon phTsIolofflqne et toxique de l'aleool. L'alcool est le pr
cipe auquel les boissons fermentées doivent leurs propriétés communes et leur
action caractéristique, bien que certaines substances, et notamment les huik^
essentielles qui s'y trouvent incorporées, puissent intervenir dans quelques a-
particuUers. En raison d'une immense richesse de pixxiuction et de leurs qualitc^
stimulantes et réconfortantes, les boissons spiritueuses, sous les formes les pim
diverses, se sont imposées de bonne heure, comme une nécessité, dans la vie de L
plupart des jH^uplcs. Partout elles figurent à un rang foi*t important parut
les matières de consommation première. Cette considération suffit pour mmi-
trer l'utilité et l'intérêt d'une étude spéciale de l'alcool, au point de Tue mul-
tiple de la physiologie, de l'hygiène pubUque, de la pathogénie et de b lliiiH
peutique.
L'alcool exerce une action locale irritante sur les membranes ou les tiss>u> a\(t
lesquels il est en contact. Selon qu'il est plus ou moins concentré, selon Fespètt
animale, suivant l'élut de vacuité ou de réplétion de l'estomac, il provoque
soit une stimulation douce qui aide à la digestion, soit une inflammation traunu-
tique qui peut être portée jusqu'à la destruction de la muqueuse. Orfila et t(4b
les expérimentateurs ont constaté une inflammation très-vive de l'estomac et même
de l'intestin, chez les animaux auxquels ils avaient fait ingérer une quantité d'al-
cool sufiisante pour amener la mort. Chez l'homme, rien n'est rare, si elle exista,
comme l'inflammation de l'estomac après l'ingestion des boissons spiritucuse>. K
l'autopsie des sujets qui ont succombé aux progrès de l'ivresse, on a souvent no(t'.
il est vrai, une coloration rouge de la muqueuse de l'estomac et de l'intosthi gréJc,
quelquefois aussi des arborisations très-prononcées ; mais il faudrait se garder d**
considérer comme pathologique cette turgescence des vaisseaux qui, la plupart du
temps, est la conséquence du travail de la digestion.
D'apiis Magendie, l'alcool, en anivant dans rcsloniac, coagule le mucus *<
l'albumine qui s'y trouvent : ces principes seraient ensuite digérés comme de» ali-
ments soUdes. (Précis élémentaire de physiologie, 4* éd., t. II, p. 143.)
On sait que l'alcool afiaibli, soumis, en présence d'une matière aniûule à oiv*
température de 15 à 30 degrés, subit la fermentation acétique. MM. LciiieC t4
Lassaigneont admis par analogie une transformation analogue des boissons ait i^^
liques dans l'estomac (Rechmrhes physiologiques et chimiques pour servtr «
Vhistoire de la digestioti, p. 200). Les phénomènes de l'ivresse suffiraieu(,2dé^ut
d'autres preuves, pour montrer ce qu'une semblable opinion a de trop absolu
Une petite quantité seulement, sous l'action du suc et du mucus gastrique», qn'*
jouent le rôle de ferment, subit cette tnnisfonnation. C'est elle qoi produit orU<
ALCOOL (physiologie). 577
jri^i't'iice si iiénétraiite et si désagréable, qui caractérise les éructations et les
pixxliiits du Yoniissement après l'ingestion des ))oissons spiritueuses.
Nal^* CCS conditions en apparence défavorables, l'alcool est assez rapidement
afjsorbé, qu'il soit àTéftit liquide ou à Tétat de vapeiu's.
(Iclte absorption peut se faire par le tissu cellulaire, par les cavités séreuses, par
if poumon et par le tube digestif.
Eli injectant 4 gros (16 gi-ammes) d'alcool à 2i degrés, dans la cavité périto-
iiéiilc chez des lapins, M. Rayer a plongé |)rosquc immédiatement ces animaux datib
une ivresse comateuse qui se termina par la moii, après quelques heures {Diction-
mire de niédecine et de chintrgie pratiques ^ 1. 1", p. 291).
Orfila a enivré et tué des chiens, soit en leur injectant de l'alcool dans resloniuc
nii le (issu cellulaire sous-cutané, soit en leur faisant respirer de l'air chargé de
^apciira alcooliques.
Mais habituellement, on pourrait dire exclusivement, c'est par les voies diges-
tives que les boissons alcooliques sont absorbées chez l'homme. La rapidité de cette
absorption varie suivant diverses circonstances. Elle est ralentie par la présence de
principes acides, de tannin, de matières nnicilagineuses ou sucrées qui entrent fré-
tfuemment dans la composition des boissons fermentées. Elle l'est également par
la présence dans l'estomac d'une quantité notable d'aliments solides ou de liquides
^n-iis. C'est à cette dernière particularité qu'il faut sans doute attribuer cette pra-
(i<{ue anglaise qui consiste à prendre un potage très-gras ou même un verre
d'huile avant de procéder aux libations. L'absorption de l'alcool s'effectue surtout
dans l'estomac. Pourtant MH. Bouchardat et Sandras ont constaté que les bois-
ions alcooliques, administrées soit en excès, soit mélangées avec du sucre, étaient
abborltées dans toute l'étendue des intestins (De la digestion des boissons alcoo-
liques et de leur rôle dans la nutrition. Annales de chimie et de physique, 5* se
rie, tome XXI, |iages 450 et 256) .
Les phénomènes de l'intoxication alcoolique paraissent bien suflisants pour dé-
montrer, en dehors de toute constatation directe, que l'alcool ingéré pénètre
dans le sang. Tel n'a pas été pourtant l'avis unanime. Orfila a attribué les effets de
l'ivresse à une action sur les extrémités nerveuses qui réagiraient à leur tour sur
ItN centres, sans rintervention de l'alisorption. La même opinion avait été émise
|KirB. Brodie, dans un mémoii'e communiqué, en 18i1, à la Société royale de
Londres {Journal de médecine de Leroux^ Corvisartet Boyer, 1815, t. XXVI,
p. 320). L'action directe de l'alcool sur la périphérie des ii(»H*s a été depui^
a(x*eptée, mais i\ titre d'influence accessoire, par Carpenter (On the Use and AÎntse
of Alcool ic Liqiiors, 1850), et par M. W. Hnrcct {Médical Times and Gazette ,
1860, n** 505, 507 et 509). Nous aurons bientôt à revenir sur ce point.
Hais Mageiidie, l'un des premiers, a démontré que l'alcool est alisorbé par
riiitnmédiairc des veines et qu'il pénètre dans le sang (Précis élémeniaire de
jihysiologie, V éd., t. 11, p. i87). Ségaias est arrivé aux mêmes conclusions {Le
^fuj peut-il être cause de w^i/(Mfî>5? Mémoire luàl'Académie des sciences, 1825).
D(*s recherches nombreuses ont été faites pour connaître l'action de l'alcool sur
k' sang. Schuitz a constaté que lalcool versé dans du sang frais lui communique
une coloration noire et fait dissoudre la matière colorante des globules dans le
M'rani {Wirkung des Branntweins der Trnnksucht, in Hufeîand^s Journal,
avriU84l).
En mélangeant par jmrties égales de l'alcool et du sang n^çii au sortir de lu
H'ine, MM. Monneret et Fleury ont vu que la coagulation n'avait pas lieu; globules,
DICT. ESC. U. 37
570
ALCOOL (lin
il entre dans un grand nombre de cuin, •.
signalerons les princii)ales.
Alcool ammoniacal. Liqtieur d\nu,„
alcool à 86» c. 2; en y ajoiibnl •jn j
ou de citron, on obtient l'alcool mxuu ..
Alcool tannique ou teintmr ,(i.»t...
galle i, eau commune 16 ; faiu •
ajouter alcool rectifié 9, eau d» .
corrhée et la blennorrliéc élomlu .
Il sera question aillrurs d .n
tique, muriatique, nitritjut ,
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§111. Actfon phjsiolo^..
cipe auquel les boisson
action caractéristique, :
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diverses, se sont h ,
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« uiiii >i
• I
nie mort immédiate m coijini-
i hùpitaum du roi y 1710, p. ^3
v^ dans le Competidium^ ihtd.\
' >rend la précaution de faia* usaji-
• •. lu'd possède de coaguler Talbuminr
.nuunes) d'eau-de-vie additionnel* di
u ' n len sans amener d*accidents ( L^fON^
.IL p. 55). Nous avons souvent rtptt»'
.tr mémo résultat négatif.
.- it.\ient Talcool dans le sang. Ma'ronfL'
^<^;tMi le sang exhalait mvi très-fortr oàew
. 1 liritillation (Précis^ ibid,j t. II, p. i87>.
t. /dkool dans le sang la cause de TivriNs* .
1 II pie le sang contenait de l'alcool dunni
::!*.>: J828). MM. Bouchardat ca Sandrav
■t.iL. iv diiens, de coqs, de canards auxquek iK
.;s» pie le sang tii'é de la veine d'un homme fn
{ui leur parut exhaler une légère odeui
œ |au*eut y constater, par des indices plu^
Jr ui ditjestion des boissotis alcooliques et à,-
. .-lu.. '.. \X], p. 448 et suiv.).
» ;i<i«ieat exprimées, comme on le voit, le fait iU
«.^ « m nioânné par aucune ex|)érience décisive.
. . *ratfr:iiêe dans les produits de la respiration K dt-^
.. . 1 S^'. philom,^ i8H), Tiedemann {Zeitsdinti
^ .«.ueiil jumoDcé que l'alcool, comme d*autrcs miI»-
"nwci*^ pr Texhalation pulmonaire. Ra)er-C<*i-
m\}*'i >'élimiue par les poumons (De Vusaçe et
^^ •!{.« V (t lUv boissom fermentées et distillées, —
• ^ v>« I 1^'. Pour Aériiier le fait, MM. Bouchardat H
.1. • r^ m u'i M " «l d(* Wolff, les produits de La respiration vhc/
. -. ^i> .s:aiLY dim quart d'heure, 200 granmiesd'alci>ul.
'u.. v^ i' . KL LJ^ Q okuiiunent qu'une pru|)ortion insignilkiui<
.^ ■•..•:'. it . j'-^*»»!, Nins eu avoir recherché les caraclcn^.
• *.:• un WiT 2t FïL'i'tê de Heidell)erg, Wôhler, afirès a>oir
,^. ^ wi ** cULuia. >u b.'.kfhu, Seiler, Ficinus, qui u'aviiient |it^
ji_> :.-.n . .'Ha*x: : A a*coi*ps n'est pas éhmiiié par les nin*
X, ^i". . I. X -••*. Rojer-Collard, qui entreprit la un'iirt*
i> ..«.iviir-v-^ a .«.%iul ^'alemenl qu'un résidtat n^ahf
t -. ^-^ '4M.> su- >.:uiiK% et que nous venons de ra|^i<^
I ^1 - • :>. .^'ii^u:' ^•-'.'a: .\.hc Tm'ine et les autres sécrétioii> n«
II
IKL
.1^ ^«-^ . A* VI ' M . :. Wi, p. 454) . Klencke est le seul ex|ién-
c '^^Nu^' i^ 1 û«:v<»l dans l'urine et dans la bile iiait'h
«I > 'S:''ivift9^anstfenusses aufden lehenien On/i-
K
IX m«i V ^'^tieusemeut tous les travaux qui ont
Il tii.*'« t •! .^tiirv, soit dans le sang, M.»it daii> Ic^
\LGOOL (physiologie). 579
\K\\vc que leur résultat négatii', ù peu près constant, a
i liroi w si populaire de la destruction de l'alcool dans
i-i^^^.iil d'un aliment. Tous les jouis l'homme absorbe de
iiirle quantité, sous une forme ou sous une autre. Dumo-
. : (in non roti ouvait en quantité appréciable ni dans le sang,
i.uis l'urine, etc., il faUut bien admettre qu'il disparaissait
i.K's. lue déduction aussi rationnelle, l'appétence instinctive
itc substance, une richesse infinie de production, Tinoonles-
i)i(Mi-étre et de réfection qui suit l'usage des boissons spiri-
• '. avec laquelle l'alcool s'altère au contact de l'oxygène... enfal-
. juiur livrer carrière aux séductions de l'aflinité chimique et pour
o |>liis ample examen, sans vérification directe, que l'alcool, amené
. I il lo diverses voies d'absoi^tion, y subissait une oxydation progres-
i.il naissHice à une série de transformations de plus en plus oxygénées,
'■ . nit;t' terme était de l'eau et de l'acide carbonique, formes sous lesquelles
I (le réconomie? Une faible portion échapperait seule à cette action et
■ Il minée par les poumons. Dans cet ordre d'idées, Liébig, qui a imaginé
iaron plus brillante que solide la théorie des aliments respiratoires, y fait
1 l'alcool à un rang distingué. Pour lui, ce principe se réduirait direct<»nent
m et en acide carbonique (Chimie organique appliquée à la physiologie et
'" jmihologiej traduction de Gerhardt, 1852, p. Ûi).
MM. Bouchardat et Sandras ont cherché à déterminer les transformations intra*
«■i>culairesde l'alcool. Ils ont admis qu'il était directement converti en eau et en
Il i<le carbonique, bien que, dans plusiem*s de leui's observations, ils eussent reconnu
la présence d'un produit intennédiaire, l'acide acétique. Dominé par des préoccu*»
\^Aions théoriques, M. Bouchardat assure, dans un autre mémoire, que l'action
comburante de l'oxygène se porte principalement sur l'alcool et que « les globules
(iu saiigy étant prives de l'influence de ce principe vivificateur, ne prennent plus
leur couleur vermeille. Ils sont aspliyxiés, et si la quantité d'alcool est élevée,
ranimai meurt comme si on l'avait plongé dans de l'air privé d'oxygène » {Action
comparée des boissons alcooliques sur les animaux, in îfouvelle encyclopédie des
menées médicales, 1846, p. 195). M. Duchek a fait aussi une série de recherches
dont l'idée lui a été également suggérée par la théorie de Uebig. il est arrivé à
«cite conclusion : que « l'alcool introduit dans le tube digestif traverse les parois
des vaisseaux où il est immédiatement transformé en aldéhyde. C'est à l'état
d aldéhyde qu'il arrive avec le sang dans tous les tissus. Après l'administi-ation
de l'aldéhyde, on trouve dans le sang des acétates et des oxalates qui paraissent
•'•tre le résultat de l'oxydation de ce principe. » (Prag., Vierteljahrsschrift fur die
prakiische HeUkunde, 1855. — Duchek, Ueberilas Verfiallen dm AUcohols im
tkierisclien Organismus,)
A la suite de recherches entreprises avec Ludger, Lallemand et M. Duroy , et relatét^
dans un travail couronné par l'Académie des sciences de Paris (Du rôle de V alcool
fi des anesthésiq[ues dans Vorganismey Paris, 1800), nous avons été conduit h
modifier profondément le rôle physiologique attribué jusqu'alors à l'alcool, et par
conséquent aux boissons spiritueuses. Dans des expériences variées, contrôlées par
des contre-épreuves et multipliées autant que l'impose tout travail contradictoire,
il a été constaté que l'alcool se comporte dans l'organisme en véritable agent dyna-
mique; qu'il séjourne dans le sang; qu'il exeix^e une action directe et primitive
Mir les centres nerveux dont, suivant la dose, il modifie, pervertit ou abolit les
580 ALCOOL (rnYsiOLOGis).
l'onctious ; que l'on ne lixiiive dans le sang ni dans l'air expiré aucune trace de îa
tinnstormation ou de su destruction; qu il s'accumule dans les centres non eiiv
et dans le foie ; enfin qu'il sort en nature de l'économie par les diverses Toii-N
d'élimination. Ces faits étaient en opposition absolue avec la doctrine d'une i-oni-
buslion iuti-a-vasculaire ; ils sont devenus le point de départ d'une vérification jilu^
complète dont la conclusion a été que l'hypothèse du rôle alimentaire de Talcool
n'avait d'autre base scientifique qu'une erreur expérimentale.
Séjour de l'alcool dans le saag. Après l'ingestion des boissons spiritueu^<^.
l'alcool séjourne inaltéré dans le sang. Oii peut facilement vérifier le fait en ^\-
mettant à une distillation un peu attentive dans l'appareil de Gay-Lussac une ai-
taine quantité de sang emprunté à un animal plongé dans l'ivresse ; dans ces con-
ditions, 700 gi-ammesde sang artériel soustrait, pai'la section des carotides, àdeui
chiens alcoolisés, une heure et demie après l'ingestion, ont donné 5 grammes d'un
produit offrant tous les caractères de l'alcool et brûlant 5 l'air libre. On pourai'
supposer que si, dans ces conditions, on trouvtî de l'alcool non transformé, trli
tient à ce que le sang en contient en excès. Pour éviter toute éciuivoque, la roèmf
analyse a été renouvelée chez d'autres animaux neuf heures, seûee heures après fin-
gestion et (juand les signes de l'ivresse étaient dissipés : le sang contenait encore ik
l'alcool en nature. Il en fut de môme chez un homme qui avait succombé au^
complications habituelles de l'ivresse, trente-deux heures après avoir bu une grande
quantité d'eau-de-vie et alors que les effets directs de l'intoxication avaient disparu
Pour corroborer le fait important de l'inaltérabilité de l'alcool dans TorganisiiK-,
nous avons recherché s'il existait dans le sang des produits de son oxydation, et
surtout de l'aldéhyde et de l'acide acétique. Un chien de moyenne taille, ayant vli
stupéfié par l'alcool, nous lui avons ouvert la carotide au bout d'une heure etnou^
avons recueilli 200 grammes de sang ; celui-ci était alcalin et n'exhalait pas l'odeur
de l'aldéhyde. 150 gi-ammes de ce sang ayant été soumis avec pi"écaution à b Hi>-
tillation, fournirent 2 grammes d'un produit limpide, incolore, n'ayant aucune odiur
d'aldéhyde; mélangé avec une solution saturée de nitrate d'argent, additionné»'
d'ammoniaque, ce produit fut maintenu enébullition sur une lampe à alcool jum|u i
siocité. A ce moment, le fond du tube d'essai était tapissé d'un dépôt iioirbrilbnt
attaché aux parois, et qui simulait un dépôt métallique. Mais, après avoir lau' u
tube à l'eau distillée, on reconnut, en y versant de l'acide azotique bien pur, q"^
le dépôt n'était que de l'oxyde d'argent non réduit, car la dissolution fut complu'
sans formation de vapeurs rutilantes. Pour faire la contre-épreuve, 4 gouttes d'aWi-
liyde furent versées dans une dissolution identique de nitrate d'ai^ent ammoniacal:
au bout de quelques minutes d'éimllition, une belle couche blanclic et brillatil^
d'argent métallique tapissait les parois du tube.
En substituant à la distillation un procédé plus sensible et qui consiste à eiitrf'-
tenir un courant d'air à travers la subst^mce à examiner, maintenue à une tem-
pérature convenable, et à entraîner ainsi mécaniquement les vapeurs ipii peuKui
s'y trouver incorporées, jusque dans le tube à analyse, le résultat a été égâlenk'H
négatif. Il en fut de môme en opérant sur le cerveau et sur le foie.
L'absence de l'acide acétique a été constatée de la manière suivante : SOil^rjuir
mes de sang artériel furent soustraits, une heure quarante-cinq minutes a(»n^ le
début de l'expérience, à un chien de très-forte taille, au(|nel on avait adn]ini>tx« •
en quatre doses es|)acées de vingt minutes, 200 grammes d'alcool à SI degrés (ti>-
tigradcs. Ce liquide avait tous les caractères du sang artériel : il ét;iit alcalin, d |»r
conséquent s'il reufeimait de l'acide acétique, celui-ci ne pouvait s*y trouver <(ii'J
ALCOOL (physiologie). 581
IV'Lit de combinaison. On y ajoute, en ayant soin d'agiter le mébnge, 600 grammes
d*aloo(d pur à 90 degrés. Le lendemain, le coagulum peut facilement et nettement
s'exprimer : on iiltre, on distille la liqueur aux deux tiers de son \olume pour
cltt^ la plus grande partie de Talcool. Le résidu hydro-alooolique qui représen-
tait nécessairement le sérum et les sels du sang est évaporé au bain-marie jusqu'à
réduction de son poids à 25 grammes environ. Repris par un volume d*aloool con-
centré, filtré et évaporé de nouveau à consistance presque sirupeuse, il reste trans-
pirait et présente, au papier tournesol, une réaction alcaline. Traité par les réactifs
des acétates, le chlorure ferrique et l'acide sulfurique alcoolisé, il ne donne lieu à
aucune réaction. Par conséquent le sang ne contenait pas d'acide acétique soit
libre, soit combiné. Pour éviter toute chance d'erreur, la sûreté du procédé employé
dans cette recherdie, fut éprouvée dans une contre-épreuve. 5 centigrammes d'acide
acétique monohydraté, étendus de 5 granunes d'eau distillée et auxquels on ajouta
i gramme de solution de potasse très-concentrée, furent mélangés avec 200 grammes
de sang tiré récemment de la veine d'un homme. Ce mélange ayant été traité comme
le sang de Tanimal alcoolisé, le résidu fournit, en présence du chlorure ferrique et
(le l'acide sulfurique alcoolisé, les réactions caractéristiques de l'acide acétique et
des acétates. 11 est vrai que MM. Bouchardat et Sandras ont signalé la présence ih
l'acide acétique dans le sang des animaux alcoolisés, mais c'est à son odeur seule-
ment et à une très-légère réaction acide qu'ils l'ont reconnu. L'odeur seule |)eu(-
elle constituer un caractère chimique suffisant? 6'un autre côté, l'acide siil-
fiuique qu'ils avaient ajouté au sénun du sang analysé ne pouvait- il, en
réagissant sur les chlorures alcalins de ce liquide, donner naissance à de l'acide
rlilorhydrique qui, passant à la distillation, pouvait tromper pour l'odeur et surtout
produire une réaction acide? D'ailleurs, en admettant même que l'acidq acéti(|ue
puisse accidentellement se rencontrer dans le sang, il ne saurait être considéré
nécessairement comme un produit de la transformation de l'alcool, puis(iue Proust
a dénnontré la présence de l'acide acétique et de l'acétate de soude dans le sang
[Expérience sur r urine. — Annales de chimie^ 1800, t. XXXVl, p. 258) ; que
S<-herer dit en avoir trouvé dans les muscles et dans la rate (Vorlàufige Mit-
tlieilung ûber einige diemische Beistandtheile der Miliflussigkeit, Verhand-
lungender physical.-medidn, Gesellschaft, in Wùrsburg, i852, t. Il, p. 298),
et que Schultz admet dans la salive l'existence de l'acétate de soude, auquel il
attribue la coloration rouge que l'on obtient en soumettant ce liquide au contact
du chlorure ferrique (De alimentmiim concoctione expérimenta nova; accedit
oratio de physiologia veterum et recentiarum comparatis, etc., in-4, Berolini,
ix.>i, p. 61).
D'après ce qui précède, il est hors de doute que l'alcool absorbé ne donne nais-
sance dans le sang à aucun des produits intermédiaires de son oxydation. Il ne se
transforme pas davantage directement en eau et en acide carbonique, car cette
transformation ne saurait être justifiée que par l'augmentation de ces produits
d'excrétion. C'est tout le contraire qui arrive. L'usage de l'alcool a pour résulUit
constant de diminuer la quantité d'acide carbonique exhalé. Prout, Lehman, Vio-
n»nlt l'ont mentionné d'une façon explicite (BerzeliiLs, Jmi'nal de physiologie
**xpi''rimentale,L lY. — Lehmann, Précis de chimie physiologique animale y p.358.
— Vierordt, Physiol. des AthmenSy Karisruhe, 1845). Edward Smith et Bocker
>ont arrivés à des résulUits analogues (Mémoires d'Edward Smith dans The Medico-
Chirurgical Transactions y 1 856 et 1 859 ; Tlie Philosophical Transactions^ 1 859 ;
^he Proceedings ofthe Royal Society, 1857; The British and Foreign Medico-
580
ALCOOL (rnv*^!
Ibnctioiis; que loii ac tixiuv. .lans I . ^^ HHlhinde ifuibesn».
transforinatioii ou de sit ch ,,;/^-L^fcréî).Moi-mèiiie, enlin,
el dans le foie ; enfin qu'il Muence des bornons akooliqu.^
d ehmuiation. Ces laiLs cl %^^^ ^^^^ ^ C Académie d.^
mistion lutra-vascukiiv ; ^Vconstaté que rémission d'acide car-
œiïiplèle dont h concln f^ fermentées ; que cette diminution
H avait d'autre base m : „ >^ ^^ ^
Séjour DE l'alco( ^^ ff^roàiiif par l'absorpUon ne modifie pas b
1 alcool séjourne in ^,,rp ^y^ g.^^^ p^^ ^^^j^ ^^^ j^^j^ ^^ j^
uiettajit a une dio ^^ ^. ^ attribué la propriété d'absorber 1 oxvi^n.'
^«uiie quantité d- ^ if fr^:lc^i\es de la même façon que si le sujW t'tnl
nitions, 700 ti' '\rrf^^ - ui ru r- i
, • vv ^ j^dPî-^ .^ respirable. Chacun en a pu faire la remarnut».
chiens a cool! [,,fi^J^ ■ i i .• i
, . !7 ^,,//yi*«^^ I-: jBunaux, le sang conserve sa coloration normal.
^j ^f0r '^.-s* Ot n'est qu'5 la dernière période de l'intoxicatlun,
tienr ^^'^ ' Jh^^'^'^'ne '^ **' considérablement afiaiblie, où les puissance^
allai • ^ j»^ '* rfa*-*^ ^ '^ poumons gorgés de liquide, qne l*hémato^
"est !!^^^ ^ ' '^^ ^'^ Tagonie. On remarque cependant quelque chiK
'*aJo à^ ^^\ ^"^ ** animaux alcoolisés, soit pendant la vie, soit aprè*» b
eo|v. 0 ^^^ ^ r::0V ;uuililé de globides de graisse qui perlent à la surCxy
<Hj ^. ' ^ jMtr» cfc^rvaleurs ont aussi constaté, chez des sujets qui avaÎHîî
|> ^•^^"*^ ,am^^ rîvrâise, ces globules de graisse, parfois en tiès-graii'*
^^^ i FimI nu (Magnus-IIuss, Chronische AlkoJwls-Krankhn!
m^'ssdum ûbersetzt von Gerhard van dem Buscii, 4852). Ajoutoii»
^ ' Itnctffl. >*"■ ^ nature et l'importance de laquelle on n'est pas h\r.
* oelt^fl*^ * 1* suite des inhalations anesthésiques.
"* u faicooL L'alcool, une fois introduit dans le sang, se répnd
^^ 'iTïaaifcJûe, pénètre partout pour se mettre en contact avec la matièrr
^^i, <«««rt> Jurant un temps qui, selon toute apparence, est ^'ariable pour I-
Z^^-^ni. tfwfcï^il^, puis s'échappe par les diverses voies d'élimination. Cette t*li-
irijoL cvttWMkx; peu d'instants après l'ingestion. Elle est constante; elle -
r^amttr ï*i* •iwîl existe de l'alcool dans l'économie. Après l'usage d'une quantité
,giittt.i\^ J^ Unissons fermentées (6 à 700 centimètres cubes de vin pareicraf*-
^t ^%«>Mi80 grammes d'alcool), les urines rendues quelques heures pht« br*
.^tiflensMit «sseï d'alcool pour fournir à la distillation un produit capable de brûler.
■//a.«ùiolion de l'alcool par les reins, tout en diminuant progressivement. -•
fi -*>a^v^ ;ibiset |X>ur qu'il nous ait été possible de consister encore sa présence dub
,atftik^« :5<nie heures après l'ingestion, à l'aide d'une liqueur d'épreuve oampf«H*
ie UchroDiate de [X)tasse dissous dans l'acide sulfurique (1 gramme de sel dnu^
74* ^nuiH^ d'acide). Selon toute apparence, le passage prolongé de l'alcool a !c.»-
\ers b siilislanco rénale n'est pas sans influence sur la production de ces dégém'i -^
^^wvs qui s*ol>servent assez souvent à la suite des abus alcooliques.
I\uj;> les nu^n)os conditions que plus haut, c'est-à-dire après l'ingestion du»'
«piAUUU^ luodéréo de boissons fennenlocs, il s'opère également une éliminnli*»
m^ahlo jxu* les ijoumons. Malgré tous les soins, on ne peut extraire des |iroduit-
%lt* IVxhalalion pulmonaire autant d'alcool que de l'urine, mais cette diflénn»>
ihHis )VHnùl tenir iV la dillicuîté insurmontable que l'on rencontre pour condeiNi
»> lour jxnssïj{e les vajieurs contenues sous une forme infiniment divisée, dam I
^tmnmi do l'expinUion. L'élimination par les poumons se continue pendant un
'' appmxinmlive de huit luxures. L'action iiritaiile des vaiH»urs alnMiliqu*-* -'*
>(,'
ALCOOL (pHYsintoGiE). 585
. rilmoiiaire a été signalée, non sans quelque raison, par Hoycr»
( r (\s observateurs, comme la cause déterminante de la pneiunonie des
t' présente avec des caractères distinclifs si marqués.
N t'chappe aussi par la peau, et même il est permis de croire que c'est
i' voie qu'il en sari le plus chez l'homme, bien qu'il soit difficile d'en
I la preuve directe à cause de l'état physique dans lequel se trouvent les pro<
. N (le la perspiration cutanée.
i'oor s'assurer combien est peu fondée l'hypothèse de la transformation de l'ai-
(ool soQS Faction comburante de l'organisme, on peut réduire à des quantités mi-
nimes la dose de boissons fermentées, faire prendre par exemple à un homme
bien portant 120 à 150 centimètres cubes devin ordinaire (12 à 15 centilitres) :
une demi-heure après, c'est-à-dire au moment où ces 12 à 15 grammes d'alcool
sont dilués dans la masse du sang et des liquides organiques, on constate la pré-
sence de ce principe dans le sang, dans l'air expiré, dans Turine et dans l'exhalation
cutanée.
ACCUHOLATION DE L' ALCOOL DAHS LES CENTRES NERVEUX ET DAMS LE FOIE. L'ul-
(t)ol, coomie beaucoup d'autres agents du même ordre, possède une affinité d'élec-
lion pour les centres nerveux : il s'y localise ; il s'y accumule de telle sorte que,
pendant la durée de Valc4>olisation, la substance nerveuse, débarrassée autant que
possible de tout ce qui lui est étranger, renferme, à poids égal, plus d'alcool que
d'autres organes vasculaires et que le sang lui-même. Le fait de la présence de
l'alcool en nature dans la substance cérébrale s'était présenté souvent à l'esprit
(les observateur j(. Dans bon nombre d'autopsies médico-légales, pratiquées surde>
Mîjets morts en état d'ivresse, on mentionne l'odeur alcoolique exhalée par le cer-
\«iu. Wepfer (Observ, med. pract., De affectibuscapitis, p. 7), Scbrader [Obs.
anat. med,), ont avancé que la sérosité des ventricules cérébraux répandait une
wleur de vin on d'alcool. Ogston raconte même avoir trouvé dans les ventricules
«rrébraux d'une femme morte de mort violente pendant l'ivresse, quatre onces
«l'im liquide qui avait tous les caractères physiques do Talcool (Phénomènes obser-
Yt'*s dans la période la plus avancée de l'ivresse, in the Edinbtirg Med, and Surg.
Joum.y octobre 1842). On doit aussi à S. Pcrcy et à Carpeiiler une mention ana-
l(^ue. Des assertions aussi vagues ou aussi invraisemblables n'ont aucun caractère
<ientifique : c'est pourquoi elles étaient passées à peu près inaperçues. La présence
lie l'alcool dans le cerveau, son accumulation, ont été démonti^e pour la première
fois dans rexpérience sui^'ante empruntée à nos recherches : 440 grammes de sub-
^nce nerveuse appartenant à das chiens sacrifiés péhdant l'ivresse, ayant été sou-
mis à ta distillation, après avoir été débarrassés de leurs enveloppes vasculaires,
soigneusement lavés et broyés dans un mortier avec 200 grammes d'eau, ont cédé
3>',25 d'alcool capable de brûler. La même quantité de sang, analysée dans det^
conditions analogues, n'en fournit que 5 grammes environ. Cette expertise, répé-
tée sooven^ et dans les conditions les plus variées, a toujours donné des résultats
confirmatifs. Lorsque les phénomènes de l'ivresse ont dispani complètement, c'est
encore la substance nei*veusc qui relient la plus grande ((nanti lé d'alcool. Ch^z
cet homme, dont nous avons déjà rappelé l'observation, et qui succomba trente-
deux heui-es après un excès alcool i(|uo, 20 grammes di^ substance nerveuse gar-
daient assez d'alcool pour qu'il ait été possible de le doser et de \Oir que
tîO grammes de sang en contenaient trois fois moins.
L'alcool s'accumule aussi dans le foie, qui, à poids égal, en contient plus
«jiiele sang, plus aussi que le cerveau, (piand l'alcool a été al)sorl»é par l'estonwr;
584 ALCOOL (phtsiologib).
moins, au conlraire, lorsqu'il a été injecté directement dans les veines. On 5;ait
que les autres ngeiits anesthésiques tels que Téther^ le chloroforme, etc., poeeèdcul
aussi la propriété de se fixer et de s'accumuler dans la substance nerveuse.
Le fait du séjour et de Taccumulatiou de Talcool dans le système nervcui
jette aussi la plus vive lumière sur la nature réelle de son rôle physiologique et
patliogénique.
On voit, par les démonstrations qui précèdent, que Talcool ne |)ossède aucun*
des propriétés qui caractérisent la substance alimentaire. Celle-ci, en effet, iivnV
aux forces actives de la chimie vivante, perd trës-promptement son identité. L'ni>
fois soumise à Tabsorptinn, elle cesse d'être elle-même pour faire partie coa<ti-
tuante du sang. En dehors de conditions tout exceptionnelles, ou pourait din*
expérimentales, jamais, en état de santé, elle n'apparaît, ni en petite ni en grande
quantité, dans les divers produits d'excrétion. Perdue dans le liquide sangnin, cir>
culant partout avec hii, elle n'exerce aucun effet appréciable sur le fonctiouoemeiit
des divers organes ou appareils : son action s'épuise dans le silence de la vie Tégi'^
tative au fur et à mesure des besoins; puis, après une durée variable, à la suite de
métamorphoses dédoublantes provoquées dans le mouvement de nutrition, elle est
rejetée de l'organisme sous la forme de combinaisons secondaires. L'alcool, au
contraire, se révèle partout avec les attributs fondamentaux de cette classe d agents
impropres à la nutrition, étrangers à Torganisme qui en subit le contact, et dont
Vinfluence spéciale s'exerce sur les forces nerveuses. Aucune raison physiologiqiH'
n'autorise donc à croire désormais que l'alcool concourt, par sa propre destruc-
tion, à l'entretien de la vie organique. C'est dans une action d'un autre ordn*
qu'il est logique de chercher la raison des eflets observés à la suite de son ingestion.
Ces eiïets sont différents selon que les boissons spiritueuses ont été administrées
à doses modérées, on pourrait dire hygiéniques, ou a doses excessives, on poumî!
dire pathogéniques.
\^ Influence des baissons alcooliques prises à doses modérées. Chacun omi-
nait le réveil merveilleux des forces qui suit de près leur emploi approprié, la sti-
mulation qu'elles exercent, le sentiment de bien-être qu'elles procurent : il serait
inutile d'y insister. Mais il m'a paru indispensable de rechercher si leur action mii
les centres nerveux est limitée au cercle de la vie de relation ou si elles exement
parallèlement une influence quelconque sur le mouvement de h nutiition. Présen-
tée à ce dernier point de vue, la détermination du rôle de l'alcool devient une que^
lion d'hygiène publique et de bromatologie de premier ordre, puisque les boisiMi>
spiritueuses occupent un rang* considérable parmi les matières de consonuiutioii
première. Edward Smith, dans ses recherches eipérimentales sur la respinitiou,
mentionnées plus haut, est arrivé à cette conclusion que les alcools ne sont pas d<'
véritables aliments dans Tacception propre du mot, et qu'ils troublent réconomie
plutôt qu'ils n'agissent uniformément dans quelque sens que ce soit. Bocker,d«it
nous avons eu aussi l'occasion de citer le travail, précise davantage l'intervention àc
l'alcool dans la vie de nutrition. Il établit comme conséquencx" de ses nombreiw^
expériences que l'alcool agit en retardant la métamorphose destructive des organe^;
qu'il soutient sans nourrir, a en ce sens qu'il empêche en quelque sorte Indénutn-
lion d'aller aussi vite, i
Il importait d'autant plus d'être parfaitement éclairé sur ce |iointdepbysiolM^.
que la consommation toujours croissante de l'alcool et le bon état d'entretien ùr^>^
nique de la plupart de ceux qui en usent et lÀême qui en abusent ont été yn-
sentes par d'excellenis esprits comme une objection sérieuse» contre Li doctrini^ «!•
ALCOOL (PQTSI0f.06IR).
585
sa non-iransforination. Ccst dans ce but quo j\ii entrepris les expériences relatées
(lans le mémoire auquel il a été fait allusion précédemment {voy. p. 581). Les
Isises de ce travail ont été établies sur des dosages de l'acide carbonique contenu
dajis l'air expiré et de Turée contenue dans Turine, pratiqués comparativement,
sprèslusage et pendant Tabstinence de boissons alcooliques fermentées. On sait
m eiïet que le rendement de ces produits, d'excrétion peut être considéré comme
l'expression la plus juste, la plus sûre de Tétat du mouvement de nutrition.
(iomme il s'agissait d'expériences longues, complexes, dans lesquelles la plus
jiHite négligence, le moindre écart de régime, une veille, un exercice musculaire
un |)cu accentué, en un mot le cbangement le plus insignifiant en apparence dans
b habitudes de chaque jour, pouvaient donner des résultats enfichés d'erreur, jo
n'ai pas cru pouvoir m'en rapporter à d'antres qu'à moi-même. Afin de ne pas
m'écarter du terrain de l'hygiène, j'ai fait usage des boissons fermentées les plus
usuelles, le vin, la bière à des doses assez modérées pour ne point troubler la digos-
lion ni exercer sur le cerveau d'action appréciable. Ces boissons étaient prises au
rppas du matin, qui avait lieu tous les jours à la même heure, et qui se composait
uniformément de la même quantité d'aliments mixtes approximativement évaluée.
IXHnme en dehors de l'excès ou de l'abstinence il n'existe pas de t^pport qui puisse
(Hre déterminé entre le rendement des produits de l'oxydation organique et le poids
lies aliments ingérés, l'emploi de la balance, qui eût entraîné une complication
inextricable, ne me |)arut pas indispensable pour fixer le menu de chaque repas.
h durée de chaque recherche fut limitée à l'intervalle qui sépare le repas du malin
(le celui du soir, le sentiment de la faim me paraissant le meilleur guide pour apprécier
l'épuisement, et par conséquent le terme des transformations de la provision alimeu-
l;iire faite au repas précédent. Pour plus de régularité, cette durée fut fixée unifor-
mément à 5 heures (de 12 h. 50 ù 5 h. 50). Dans la crainte d'être trompé par des
changements, provoqués soit par ces oscillations passagères, qui s'observent en pleine
ïânté, soit par des conditions météorologiques différentes, le temps consacré aux ex-
périences fut partagé en petites séries de deux jours, séparées les unes des autres
|Kir des repos phis ou moins longs suivant les dispositions du moment. Ihins chaque
MTÏe, un jour était réservé au régime alceolique et l'autre au régime aquatique.
Les dosages de l'acide carbonique ont été faits par la méthode des [lesées, en
o(M*raiit sur le volume d'air exhalé pendant 50 secondes chaque heure d'expé-
nenre. Voici quels ont été les résultats comparatils obtenus :
FREmÈRE SÉRIE COMPARATIVE.
Poids de CX)* exhalé dans une heure
Soit en carbone
Poids de CO' exhalé pendant la durée de l'expérience.
DEVXltlIB SfolB.
Poids de CO^ exhalé dans une heure
^oit en carbone
Poirisde CD* exhalé pendant la durée de Texpérienee.
TROmftNE tÉRK COSPARATtVE.
Puids de CO* exhalé daas une heure
Siii en carbone
Poids de CO* exhalé pendant la durée de Texpérience.
QOATRIÈHE BÉHIE.
Poids de CO' exhalé dans une heure
Soit en carbone
Poids de CO* exhalé pendant la durée de l'expérienoe.
ROL'GF. (670 ce. & 9
P. 100 d'alcool).
ABITlNENr
41,500
11,318
207,500
51,000
14,154
250,500
45,340
12.365
22(1,700
48.060
13,107
240,300
38,780
10,570
193,000
49,440
13,483
247.200
40.160
10,952
200,800
50,620
15,805
253.100
/
584 ALCOOL (pnTsioLOGiB).
moins, au coiilraire, lorsqu'il a été injecté directement dans les veines. On sait
(jue les autres ngents anesthésiques tels que Téther, le chloroforme, etc., possédait
aussi la propriété de se fixer et de s'accumuler dans la substance nerveuse.
Le fait du séjour et de l'accumulation de Talcool dans le système iierveu\
jette aussi la plus vive lumière sur la nature réelle de son rôle physiologique et
pathogénique.
On voit, par les démonstrations qui précèdent, que Talcool ne possède aucune
des propriétés qui caractérisent la substance alimentaire. Celle-ci, en effet, li\TiV
aux forces actives de la chimie vivante, perd trës*promptement son identité. Unr
fois soumise à Tabsorptinn, elle cesse d'être elle-même pour faire partie consti-
tuante du sang. En dehors de conditions tout exceptionnelles, ou pourait din>
expérimentales, jamais, en état de santé, elle n'apparaît, ni en petite ni en graudr
rpiantité, dans les divers produits d'excrétion. Perdue dans le liquide sangnin, cir>
culant partout avec lui, elle n'exerce aucun effet appréciable sur le fonctiounemeni
des divers organes ou appareils : son action s'épuise dans le silence de la vie végé-
tative au fur et à mesure des besoins; puis, après une durée variable, à la suite de
métamorphoses dédoublantes provoquées dans le mouvement de nutritioa, elle esi
rejetée de l'organisme sous la foime de combinaisons secondaires. L'alcool, au
contraire, se révèle partout avec les attributs fondamentaux de cette classe d'ageulv
impropres a la nutrition, étrangers à l'organisme qui en subit le contact, et dont
rinflucnce spéciale s'exerce sur les forces nerveuses. Aucune raison physiologique
n'autorise doue à croire désormais que l'alcool concourt, par sa propre destruc-
tion, a l'enti^etien de la vie organique. C'est dans une action d'un autre ordn^
qu'il est logique de chercher la raison des eflets observés à la suite de son ingestion.
Ces eflets sont différents selon que les boissons spiritueuses ont été administrées
à doses modérées, on pourrait dire hygiéniques, ou à doses excessives, on poumil
dire pathogéniques.
l^ Influence des baissons alcooliqties piises à doses modérées. Cluicmi œu-
nait le réveil merveilleux des forces qui suit de près leur emploi approprié, la ^ti•
mulation qu'elles exercent, le sentiment de bien-être qu'elles proau^nl : il serait
inutile d'y insister. Mais il m*a paru indispensable de rechercher si leur action 2>ui
les centres nerveux est limitée au cercle de la vie de relation ou si elles exercent
parallèlement une influence quelconque sur le mouvement de la nutiilion. Présen-
tée à ce dernier point de vue, la détermination du rôle do l'alcool devient une quev-
tion d'hygiène publique et de bromatologie de premier ordre, puisque les boisson^
spiritueuses occupent un rang* considérable parmi les matières de consommation
])remière. Edward Smith, dans ses recherches expérimentales sur la respiration,
mentionnées plus haut, est arrivé à cette conclusion que les alcools ne sont pas dt*
véritables aliments dans Tacception propre du mot, et qu'ils troublent récQaomK*
plutôt qu'ils n'agissent uniformément dans quelque sens que oc soit. Bocker,dont
nous avons eu aussi l'occasion de citer le ti'avail, précise davantage l'intorvaition dt>
laloool dans la vie de nutrition. Il établit comme conséquence de ses nombnnLsi*^
expériences que l'alcool agit en retardant la métamorphose destructive desoi^iH^;
qu'il soutient sans nourrir, a en ce sens qu'il empêche en quelque sorte hdâiutri'
lion d'aller aussi vite, i
Il importail d'autant plus d'être parfaitement éclairé sur ce point de physiolu^nr.
(|ne la consommation toujours croissante de l'alcool et le bon état d'entretien oor.«*
nique de la plupart de ceux qui en usent et lÀême qui en abusent ont été yn-
sentes |)ar d'excellents esprits comme une objection sérieuse^ contre la doctrim* <!«'
ALCOOL (phtsiolooie).
585
sa non-Lransformation. C'est dans ce but quo j*ai entrepris les expériences relatées
(ians le mémoire auquel il a été fait allusion précédemment (v&y, p. 581). Les
liases de ce travail ont été établies sur des dosages de l'acide carbonique contenu
daits Tair expiré et de Turée contenue dans l'urine, pratiqués comparativement,
après l'usage et pendant l'abstinence de boissons alcooliques fermentées. On sait
(11 effet que le rendement de ces produits d'excrétion peut être considéré comme
l'oxpression la plus juste, la plus sûre de l'état du mouvement de nutrition.
(iomme il s'agissait d'expériences longues, complexes, dans lesquelles la plus
[leiite négligence, le moindre écart de régime, une veille, un exercice musculaire
lin yen accentué, en un mot le changement le plus insignifiant en apparence dans
h habitudes de chaque jour, pouvaient donner des résultats entachés d'erreur, je
n'ai pas cru pouvoir m'en l'apporter à d'autres qu'à moi-même. Afm de ne pas
m'écarter du terrain de l'hygiène, j'ai fait usage des boissons fermentées les plus
usuelles, le vin, la bière à des doses assez modérées pour ne point troubler la diges-
tion ni exercer sur le cerveau d'action appréciable. C!es boissons étaient prises au
reps du matin, qui avait lieu tous les jours à la même heure, et qui se composait
uniformément de la même quantité d'aliments mixtes approximativement évaluée.
Comme en dehors de l'excès ou de l'abstinence il n'existe pas det^pport qui puisse
ôtro déterminé entre le rendement des produits de l'oxydation organique et le poids
(les aliments ingérés, l'emploi de la balance, qui eût entraîné une complication
inextricable, ne me parut pas indispensable {loùr fixer le menu de chaque repas,
b durée de chaque recherche fut limitée à l'intervalle qui sépare le repas du matin
(le celui du soir, le sentiment de la faim me paraissant le meilleur guide pour apprécier
lepuisemcnt, et par conséquent le terme des transformations de la provision ahmen-
taire faite au repas précédent. Pour plus de régularité, celte durée fut fixée unifor-
mément à 5 heures (de 12 h. 50 à 5 h. 50). Dans la crainte d'être trompé par des
changements, provoqués soit par ces oscillations passagères, qui s'observent en pleine
'^lé, soit par des conditions météorologiques différentes, le temps consacré aux ex-
|)énences fut partagé en petites séries de deux jours, séparées les unes des autres
]Kir des repos plus ou moins longs suivant les dispositions du moment. Ihins chaque
MM-ie, un jour était réservé au régime alcoolique et l'autre au régime aquatique.
Les dosages de l'acide carbonique ont été faits par la méthode des pesées, en
o|M*niit sur le volume d'air exhalé pendant 50 secondes chacpie heure d'expt'*-
nenre. Voici quels ont été les résultats comparatifs obtenus :
niEMIÈAE SÉRIE COMPARATIVE.
Poids de CO* exhalé dans une heure
Soit en carbone
Foid» de GO* exhalé pendant la durée de Texpérience.
DEUXIÈIIE StfRIB.
Poids de CO- exhalé dans une heure
Soit en carbone
i'otibdeCO' exhalé pendant la durée de Texpérienre.
TROISIÊMK SéRB COSPARATlVE.
Poidi de CO* exhalé daas une heure
Sf>it en carbone
Poids de CO'' exhalé pendant la durée de rexpérience.
QUATRIÈME SÉRIE.
Poids de CO' exhalé dans une heure
îH>il en carbone
Poid^ de CO* exhalé pendant la durée de l'expérienco.
CB&CE »! VIM
Bovcc (670 ce. A 9
P. 100 »'aux>oiA
4BtTlREfir
41,500
11,318
207,500
51,000
14,15i
259,500
45,340
12.305
220,700
48,060
13,107
2*0.300
38.780
10,570
193.000
49,440
13.483
247.200
40.100
10,952
200,800
50,620
13.805
253.100
I
/
584 ALCOOL (i>bt»iologii)-
moins, au uojilntire, lorsqu'il a (itfi injecté directement dans les \é
i|ue les autres iigents anesthêsiques tels que l'étlier, le chlorororme, •
aussi lu pi^ipriélé de se fixer et de s'accumuler dans la substance n-
Le fait du séjour et de l'accumulation de l'alcool dans le -
jette aussi la plus vive lumière sur la nature i-éelle de son rOl
patlingénique.
On voit, par les démonstrations qui précèdent, que l'alcot
des propriétés qui caractérisent la substance alimentaire. I,'
aux forces actives de la cbimic vivante, perd trë$-|n'ompleji
fois soumise 3t l'absorplinu, elle cesse d'être elle-même |'
tuante du sang. En dehors de conditions tout eiccptii'
expérimentales, jamais, en élat de santé, elle n'apparaît.
qiiautitL', dans les divers produits d'excrétion, pprdue il
cnlant partout avec lui, elle n'exerce aucun effet appn
dc^ divers organes ou appareils : son action s'épuise .
Uitivc au fur et à mesure des besoins; puis, npi'csiK
méLimorplioses dédoublantes provoquées dans leii^
rt^jelée de l'organisme sous la forme de combii
contraire, se révête partout avec les attributs foin'
impropres ft la nutrition, étrangers Si l'organi^i
l'intluence ^ciale s'exerce sur les forces nei'>
n'autorise donc à croire désormais que l'ali '
tioii, îk l'entretien de la vie organique. Ci-
qu'ilestlogiquedecheruberlaraisoudes il .,,^.
CesclTels sont différents selon que les I w.'.i-i
à doses modérées, on pouniiit dire liy^îi' i ~-i t'*^
dire pathogéniques. ,. e des bwss(
1" Influence des boissons aîcooliqi
naît le réveil meneilleux des forces i
mulalion qu'elles exercent, le sentiir.
inutile d'y insister. Hais il m'
L- alcoolKtii'--
is centres nerveux est limitée an
Itarallëlemciit une iniluence quelci
tée à ce dernier point de vue, la i!
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> à l'alcoomètre de l»J'
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'^rent dans k recherche faiUr pendant
* ii^ série), montrent qu*il existe
'minution représentée par
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"intervei»-
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• - vai^ierdans
.ne exhalé.
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. >uivant représente
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( .liistinence.
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HËOUX alcoolique. AMTinHCl
gvMa. grun.
. . 0,442 I
0,370 j "•*''^
0,421
i\r
0,294 (
0,186 I
0,240 j "•*-'^
0,430 j ^
0,422 ( ..
'c le nitrite de mercure par le procédé de M. Milioii,
lUts rendues en -24 heures, dans dix expériences com-
|iit' les boissons alcooliques ne modifient pas sensiblement
ne ; mais elles en augmentent la quantité, dételle sorte qu'en
..Il eflet d'activer légèrement l'excrétion de l'urée. Ce résultat
^ idées généralement acceptées au sujet de la signification phy-
>>ii accorde à la production de l'urée. Des expérient^es et des obser-
uses, parmi lesquelles je me bornerai à citer celles de Tiedemann et
>IM. Lassaigne et Millon, ont montré que, selon toute vraisemblance,
1 rnait sur tous les points de Véconomie, et qu'elle était l'indice princi-
"ivement d'oxydation qui s'exerce sur les tissus protéiques de l'économie.
i^rHit pas provenir de la transformation directe des aliments. On conçoit
- comment l'alcool, qui traduit si manifestement son passage dans Torga-
|X)ur ce qui concerne Toxydation des principes ternaires fournis en grande
' par l'alimentation quotidienne, reste sans eiïet appréciable sur cette décom-
itiun plus lente, beaucoup moins active, qui représente l'usure de nos organes.
1 15 si Texpérience démontre que l'nlcool est sans action sensible sur la désassinii-
lidoii des principes protéiques, elle enseigne aussi qu'il agit sur la sécrétion uri-
nnire. Il impressionne les nerfs, dont le rôle est de solliciter les éléments des reins
■( entrer en exercice. Cette action est d'autant plus acceptable que raloool se trouvi'
«lirectement en contact avec le parenchyme de la glande fiendant la durée de l'éli-
iniitttinii,et qu'on rencontre ?i l'autopsie des traces de ce |>assage dans une hYp<*ré-
• f^lOlOtlE).
4flBe on le dit en thcmpeutiquc, les faoéu
•.•i»^ \ des degrés divers» qui nous ont paru
• ••tique respective que |>ar quelques qualités
» - la blanc et la bière, qui passent gàiérale-
-fi^ioeset comme spéciaux de la fonction uri-
- '» ihi vin rouge plus alcoolique pris en même
, -m s>«.'ial pour être développé ici, exigerait peut-
. i-^fdtis et exclusivement dirigées dans ce but pour
ik •* [là précède que les boissons alcooliqpies, prise»
-* ^ nattions usuelles, on peut dire hygiéniques, pro-
^ .> uw proportion qui a varié de 5 à 22 pour 100, sui-
«. ^•«•^ •• nu* diminution dans l'exhalation de l'acide carbonique.
' ", ans \e sang, après que l'on a fait usage de l'alcool, ni
•- ruL^^formation, tel que l'aldéhyde, l'acide acétique, ni
•• ^ Il -tmibinaison spéciale, dont la présence pourrait e\pli-
• • I ••uic, par une sorte d'aberration dans le travail d'ox}(l»-
. «u le loiygène et la diminution de l'exhalation d'acide carl<o-
U.U lue l'usage des boissons alcooliques, par cela qu'il diminuf
:uM>uii|ue exhalé, ralentit dans la même mesure TactÎTité de
.. 'ï-..:2v*u.iir^« et par conséquent la production de la dialeur animale;
^ . =B- •.ia»H»iis éventent une action très-active, rpioique indirecte, siii
«M .H iiuiTueiiUnt la recette, mais on faisant diminuer la dopent'.
^ • >i.-^ e >v\-ours d'aucune hypothèse, les faits viennent d'eux-roénie^
.^- \ laiia tkr ivtte opinion autorisée par des faits importants et pro(bii-
.^ •*-. (Uk" 1 alcool soutient, qu'il nourrit, et surtout que son iisa:!*
kl- :^^ iii4tt$ souvent. On voit aussi comment les boissons spiritueu^en
. ^... * r nPiAfiit^ à remplir d'excellentes indications hygiéniques et thérappii-
^. ^ . ^ «4^ s [KHir quelques-unes dans la pratique médicale.
>^ • ta«.nii 1*1 ^in« on brûle moins, on produit nécessairement moins de ch»-
. j»«a> À ;iiAà'ul se garder d'en conclure que cette diminution doit pouvoii
Hc^ - • M ^ U;Mkiir« |Kir un abaissement corrélatif de la chaleur animale. Oti
^. ....•^ iu;,'v'tiii>K^ el les ïwherchos de M3f. RegnaulL et Reiset (Annales df
.... . M tu.iSi,fte^ Tï* série, t. XXYI, p. 299) ont surtout bien établi, contrai-
« u iK%/ite de Uvoi$ier,que tout en partant de ce fait que la chaleur ani>
■ivifii sso etHièremeut par les réactions chimiques qui s'opèrent dans I'ccoihv
« ^nKxMtucttesquî $t^ sucixHtent dans de semblables conditions sont évidemmeiii
. k^vHui|^«vVx'sy«wrètvv:souuùs an calcul ou traduits par des indications tbennométn-
^v. . , ^' ^*ui è<i:\' qik> par une coïncidence fortuite que les quantités de chaknir
^^^tt<^ .\u uu 4iùhul i^^ ^hU tix>uvées dans les expériences de Livoisier, de Ihi-
%«!< ^' «.t'>|tx*ii^ à i^eii iHx^s égales à celles que donnerait, en brûlant dans un
i^^tMx uuto.* «iiaiiltlo i>Mnvs|iondiuite de carbone et d'hydrogène. Il en serait d*-
M^ui^ Jk^ xX'^^iatJitMi» IhtHiuoniétriques. Ce n'est pas tout de mesurer le pmi-
. a .VM'^HA* Hu( xW' I ^MT^uisim^ |iar le dosage des pi-oduits qui en résultent, il £iu*
.1 «,; >^ti.viv na^vhi ^x"" qut^ do\ieat la chaleur produite, comment elle se penic4
^ ^.(v«W i»«^**vuiv suHiHit elle est soumise sous l'empire de la vie au principe tie
„ • «4f>4««i « UKHi A>i lk¥W>. Né;uunoius, dans mes expériences, j'ai relevé a^^'»^
>,»^.Kt*.>^**K'ta viiie |U!i$il4\ iH luHire \yar heure, la température animale. Jai i^mi-
.» ,»♦%' t ^\n^ vt 4u««itKMi s*Mi^ riiifluoncce du régime uhxwliquc; mais comme elle
ALCOOL (PBYsioLOfiiis). 589
ot inférieure à un degré, et qu'il est bien dîHicile d'obtenir des résultats rigoureu-
sement vrais sur ce point délicat d'observation, je transcris ici cette donnée sous
toutes réserves, et je fais appel à de nouvelles recherches. Toutefois elle montre du
luoinsquela sensation de chaleur si accentuée qui suit de près l'ingestion de lal-
cool est locale, d'origine gastrique selon tonte apparence, et qu'elle ne peut être
considérée comme l'expression d'une élévation réelle de la température du corps.
2" Influence des boissons alcooliques prises à doses immodérées. L'alcool
alborbé eu grande quantité ou d'une façon inopportune, la plupart du temps sous
la forme de boissons femientées et distillées, suscite les troubles fonctionnels qui
maquent les phases progressives de l'intoxication alcooUque. En raison de lein-
iniportauce au poim de vue clinique, les effets immédiats des excès alcooliques se-
nmi décrits dans un article spécial (voy. Ivresse) . Mais tels qu'ils se présentent chez
les animaux, ils sont assez significatifs pour montrer que les perturbations provo-
(|iiées par l'alcool dérivent d'une action directe et primitive sur le système nerveux.
A un premier degré, ce sont des désordres dans les mouvements; l'action musculaire
échappe u la volonté; la démarche devient incertaine, titubante; les membres posté-
i-ienrs se dérobent sous l'animal pendant que les antérieurs conservent encore
quelque activité. A un degré plus avancé, la sensibilité générale, l'exercice des
sens sont successivement abolis; puis bientôt la respiration cesse; puis enfin la cii'cu-
lalion s'arrête et la vie disparaît au dernier battement du cœur. La physiologie expé-
rimentale offre d'ailleurs l'avantage de pouvoir constater directement l'action toxique
(le l'alcool. En mettant à nu la moelle épinière et les neris chez un animal en état
d'ivresse, on peut s'assui'er, en irritant, en piquant, en broyant le tissu nerveux,
«lue l'alcool, tant qn'il séjourne en quantité suffisante, a))oht la sensibilité et la
motricité des nerfs et les propriétés excito-iiiotrices de la moelle, en commençant
par la queue de cheval pour aboutir, au moment de la mort, à la moelle allongée.
C'est évidemment par l'intermédiaire du sang avec lequel il circule que l'alcool,
comme la plupart des autres agents modificateurs des forces nerveuses, vient se
mettre en contact avec la matière neiveuse, et pénétrer sa substance. Agit*il direc-
lement aussi sur les nerfs de l'estomac, ]es({uel$ impressionneraient à leur tour le
cerveau et pourraient provoquer des accidents d'intoxication, la mort même, sans
i'intenention de l'absorption? C'était, nous l'avons déjà dit, Topinion défendue par
Brodie. Elle n'est pas généralement acceptée de nos jours et, on peut le dire, elle
elle est peu en harmonie avec les idées régnantes en physiologie. Pour dissiper
(léiioitivement les doutes qui |)0uvaient encore exister sur ce point de doctrine,
M.W. Harcet a entrepris des expériences qu'il a communiquées à l'Association
anglaise pour le progrès des sciences, dans l'assemblée tenue :\ Aberdocn en 1859.
Ces expériences sont partagées en trois séries. Dans la première, l'auteur étudie
Taetion de l'alcool sur les animaux sains (gienouilles et chiens); dans la seconde,
sur des animaux auxquels il coupe les nerfs qui animent les parties mises en cou-*
lad avec l'alcool, en laissant libre la circulation (grenouilles) ; dans la troisième,
le*) parties sur lesquelles il expérimente sont complètement séparées du tronc et de
la Icte, à l'exclusion des connexions nerveuses (chiens et grenouilles). Les résul*
tais des trois séries d'expériences sont résumés, a la fin de son mémoire, dans les
conclusions générales suivantes :
1** L'alcool est absorbé et va agir sur les centres nerveux, principalenieiit mais
|ns exdusivement, par l'intermédiaire de la circulation.
'i* L'alcool exerce une action légère mais non douteuse sur les centres nerveux ,
l^r riiitenuédiairc des nerfs, indépeudiuiunent de la circulation.
590 ALCOOL (puysiologib).
7}^ L^iiiflueiice transmise par les nerfs peut être de deu\ sortes :
A, Elle peut donner naissanoe à un choc (le choc des Anglais est l'ette sorte tl*
toinmolion avec suspension des (onctions nervcusi's, qui se produit sous riofluenn^
d*iui trouble violent, et surtout imprévu, sunenu dans Texercice des grandes four-
lions) qui se traduit par une suspension temporaire de la sensibilité et du hmhi-
vement musculaire (àTexception peut-être de celui des paupières) , avec ooii«en»-
tioii de la respiration.
B. Elle peut n'avoir d'autre eUet que d'abréger la vie.
Le cùlé vraiment intéressant du ti-avail de M. Harcct est celui qui est cdalil h
l'action directe de l'alcool sur la périphérie des nerfs sans l'interveotion de Talv
sorption ; mais on ne peut accepter cette manière de voir qu'avec beaucoup dr
réserve. Pour établir le fait, H. Mai'cet a étudié comparativemeut les eflets produit^
|Kir l'immersion dans l'alcool des membres postérieurs de trois grenouilles placée^
dans les conditions suivantes : la première était intacte ; l'animal cessa de respinr,
et ]ierdit sa sensibilité dans une {)ériode de dii à treize minutes : chez la deuxiènir.
on avait coupé les nerls des membres immergés; l'insensibilité et rarrèt delà re^
piration n'arrivèrent qu'api es 15 et 25 minutes : chez la troisième, la droilatimi
avait été complètement suspendue dans les membres postérieurs; les ndémes acci-
dents ne se produisirent qu'après j et i8 heures. Il importe de rappeler, oommr
terme de comparaison, que ces animaux, quand ils oai subi cette dernière opération,
('.tqu on ne les met point en contact avec l'alcool, peuvent vivre plus de â3heure>.
S*ensuit-il que les nerCs ont servi manifestement de voie de transmission? Non. I>*^
ell'ets obtenus dans les trois conditions expérimentales ont été de même ordre. Lt^
lUiimaux sont tous morts, un peu plus, un peu moins vite, voilà toute la diilê-
rence. Et encore quelle diflerence ! Entre les effets observés sur la grenouillf*
intacte et ceux «pi'a présentés la gronouiUe a laquelle on avait coupé les nerfs lom-
baires, on constaté une différence de survie de quelques minutes seolenieot (<l(
15 à 25 minutes au lieu de 10 à 15), et l'auteur en tire une conséquence ; tand^
(|ue chez les animaux de la 5<* série il se présente, sans quon s'en préur*
cupe, des différena's de 14 heures duns la rapidité des accidents fde i à l>
heures).
Ce simple rapprochement suffit pom* nioutror sur quelle base repose Tassertioti
de l'obseinrateur anglais : elle est d'autant plus attaquable qu'il s*agissait d'ani-
maux inférieurs. Les batraciens, en particulier, sont doués d'une aptitude physio-
logique dont l'auteur ne parait pas s'être préoccupé suffisamment. Chex eux riw*
bibition se fait avec une facilité tout exceptionnelle : elle porte* les suk^tamr^
toxiques a une très-grande distance du point d'application, et même dans loab
l'économie, après un temps suifisamment prolongé. Cette propriété de tissa siiflii
à elle seule pour justifier des résultats obtenus pai* M. Marcet, en admettant wèax
qu'ils ne provieiment point du degré de résistance de l'animal ou de ropêralMm
olle-même.
Quelques expériences ont été faites sur des chiens, par conséquent dans de uhiI-
leures conditions; mais elles ne nous paraissent ni assez nombreuses, ni asseï iK-ltr-
ment établies i)our être concluantes. En résumé, nous n'avons pas trouvé dans 1>
mémoire de M. Marcet la démonstration expérimentale de l'hypothèse de B. Brodit*.
et, jusqu'à meilleure information, nous considérerons encore l'inteni'entJttn d>
l'iibsorption et de la circulation dans le sang comme une condition indispeiisalil*
au développement des effets généraux de Talcool.
On a admis jus<|u'alors que l'alcodl, connue bënucoup d'autres agent» du
ALCOOL (bibliographie). ô9i
même ordre, respectait la structure intime des nerls, tout en abolissiint leurs
fonctions. Ce serait donc par une action de contact, comme l'indique assez la
durée éphémère de ses effets, qu'il impressionnerait l'activité neneuse. De nou-
velles recherches, communiquées tout récemment à l'Académie des sciences dv.
Paris, semblent infirmer cette manière de Toir. En pratiquant des coupes sur
les iiorfe ou les centres nerveux à l'aide d'un procédé ingénieux de son invention,
M. P. Roudanousky parait avoir constaté de véritables altérations organiques dans
les éléments constitutiis du tissu nerveux sous l'influence de la plupart des poi-
y)ns. Suivant lui, la strychnine altère les cylindres d'axe, tandis que le chloro-
foi-me, l'opium et peut-être l'alcool modifient la myéline, « qui au lieu de prendre
la forme amorphe grenue, prend l'aspect de petits corps brillants (Observations
sur la structure du tissai nerveux par une nouvelle méthode j in Comptes rendus
Acad. se., t. LIX, p. 1009). Quoi qu'il en soit, on conçoit sans peine que la répé-
tition plus ou moins fréquente des ébranlements causés par l'ivresse paisse, après
1111 certain temps, apporter des modifications plus durables, même en l'absence de
r.i;;eut modificaleiu', dans le fouclionnemeut du système nerveux, et devenir plus
lard le point de départ de véritables ailections organiques. Ainsi s'établit, dans une
lilintion très-naturelle, l'étiologie de la plupart des manifestations de ralcoohsme,
"oil qu'elles se traduisent par diverses perturbations dynamiques, comme les
li^mblenients, les paralysies, les différentes formes de manie, les hallucina-
tions, etc., etc., soit qu'elles témoignent d'un trouble profond apporté dans le
mouvement de la nutrition, conmie toutes les dégénérescences graisseuses d'ori-
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Relations wilh Spécial Retearches in the Action of Alcohol, jEtherandCMoroform on the It/c.
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nisme. Thèse de Strasbourg. 1863, n* 646.<— Baddot (Edm.). De Faleool, te sa ée$trm.ttnf
dans Forgauisme. In Union med., 2« série, t. XX, p. 273, 357, 374, 390; 1863, ci t/r^
t. XXI. p 40. 186*.
Nous aurions pu faoileuient g^o^si^ cette biblio^aphic d'une foule de dissertations m ■-
leuiies dans les siècles derniers et récemment, tant en France qu'à Tétrangcr; on en tp»*-
vera la liste, aussi lon|;,aie qu'inutile, dans le compendieux ouvrage de Ploucquet. \o\'^
d'ailleurs la bibliogmphie de Tarticlc Alcoolisbb, qui complète celles et se ooaroiid av-.
elle sur beaucoup de points. E. B^v.
g IV. De IVaipk»! tliénqK-atl^pM d^ r*l«ool. Il est assez d*usage de rj|.
|K>iici' à Arnuuld do Villeneuve la dc4X)uverle de Faleool et le premier emiil^q li'
ce liquide à titi*e d*agenl hygiénique et thérapeutique. Cejiendant rieii u*est duhh^
démontré que cette asseiiiou. Ainsi Morewood pi étend que lis Chinois ont pn*pit<
Faleool bien lougtein|>b avant que cette substance ne fût connue dans le rr^tt* <!«
FAsic ou en Airique. En outre, .Albiicasis, médecin arabe du dounème sièi^k*.
été signalé œnune ayant obtenu, le premier, de Fesprit-de-vin, tandis que d*aufn^
attribuent celte découverte à llaymond Lu Ile qui vivait an treizième siède. Et .•
plus, il ne siMnble j)as que la découverte de cet agent ou même Fidîc lyreniièn (^
son emploi tlK'ra))cutique puissent être attribuées à Aniatdd de Villeneuve, qntit'
ou se reporte aux œuvres mêmes de ce médecin. En eiïet, dans sou traité De r.'i-
fietTanda juventute et retardanda senecixUe^ il vante bien Futilité de le^u-l-
\ in, que «pioiques-nns, dit-il, ap|»ollent Feau-do-vie, mais dans ce «|ii'il mi M i
e^t loin d*u\t»ir le ton d*un homme qui |nrle d*une découverte |)ersoniii*llo. r.i
même celui d\m honunc qui aurait, le premier, employé un a^ent curateur qu il
considère d'aillem*s connue ti-cs^nvi'ienx et auquel il attribue de grandes veilip.
ALCOOL (thbrapki:tiqi;k). 593
Il indique beaucoup plutôt l'eau-de^vie comme un moyen déjà connu et qui, selon
Popinion qu'il en a^ait, guérissait les plaies en les desséchant et serait surtout
utile aux paralytiques, aux épileptiques, aux malades atteints d*albugo, de cancer
(lelabouche,degravelIeoud*hydropisie.(Opp. Omn.,Basileae,15Q5in-fol. p. 333.)
11 iijoute même cette indication générale : Sincerat corpus contra ptUrefactûh
nem,. propter ^us sinceritatem. Mais nulle part il ne revendique TinTention,
^t du moyen, soit de son application contre les maladies dans lesquelles il rapporte
qu'on en faisait usage dans son temps. Il est beaucoup plus probable que l'alcool
rtaitdéjà connu des Arabes, qui l'avaient peut-être même reçu de plus loin, puisque
l'origine véritable du mot semble devoir remonter jusqu'à la langue chaldéenne
dans laquelle il signifie quelque chose qui brûle. Telle est au moins l'opinion de
llôfer {Eistoire de la chimie, t. I«^ p. 307, en note). Amauld de Villeneuve qui,
en 1285, était en Espagne où florissaient les médecins arabes et où il fut médecin
de Pierre III, d'Aragon, rapporta de ce pays, selon toute probabilité, la connais-
sance de l'alcool et de ses usages. Mais c'est là un point plus curieux qu'important.
Longtemps cette liqueur, qui était bien loin alore d'être concentrée comme on
l'obtient aujourd'hui, fut considérée comme un médicament cl fut vendue unique-
ment par les apothicaires. C'est en 1514 qu'elle passa dans les mains des vinaigriers
auxquels Louis XII, en fondant leur corporation, attribua le monopole de la distil-
Lition et de l'esprit-de-vin. Vers le milieu du seizième siècle, la corporation des
distillateura se sépara de celle des vinaigriers; l'alcool passa alora dans les mains des
distillateurs, et, bien que ces changements d'attributions prouvent que l'eau-^le-vie
Goounençait à devenir autre chose qu'un remède et à être consommée plus ordinai^
remenl à titre de boisson, les médecins continuaient d'en faire l'éloge, conmie
d'une substance dont l'usage leur appartenait particulièrement. (V. aussi p. 616.)
Bientôt l'alcool Ait introduit de plus en plus dans la matière médicale et dans la
pharmacologie, son emploi fut mieux dirigé, ses usages dans cette dernière
branche de la science suivirent les progrès que fit la chimie et contribuèrent aux
analyses auxquelles elle se livra. C'est en effet à l'aide de l'alcool que beaucoup
de substances ont été isolées et enlevées des divers composés qui les contenaient.
De là l'emploi des alcoolés, des alcoolatures et les alcoolats qui seront tous examinés
à propos de chacune des substances qu'ils contiennent et dont on obtient la dis-
solution à l'aide de l'alcool.
Nous examinerons surtout ici les secours que l'alcool employé seul et plus ou
moins concentré peut prêter à la thérapeutique, c'est-à-dire les cas dans lesquels
il a été employé à titre de moyen de curation des maladies. Cet agent est prescrit
ft administré soit à Vextérieuv, soit à ïiniérieur.
Usage extérieur de Valcool. — Applications chirurgicales, A l'extérieur,
l'alcool s'emploie d'ordinaire pur ou à peu près pur. En général, il est alors destiné
à stimuler plus ou moins violemmentles parties, selon son degré plus ou moins
^'rand de concentration, il est donc souvent considéré comme un agent de la mé-
dication révulsive ou de la médication dérivative ; aussi est-il prescrit contre cit^
laines douleurs localisées sur une articulation ou sur un point spécial du systèmr
musculaire. Dans les entorses, on a appliqué l'alcool à titre de révulsif ou, selon
(%rtains auteurs, à titre de résolutif; c'est-à-dire qu'on a cherché par la stimula-
tion qu'il causait à la peau à résoudre l'inflammation plus profonde. C'est dans le
mémo but que M. Houzelot et le professeur Nélaton (Nélaton, Jmmal de méd, et de
chirurg. pratique, extrait An Journal des conn. méd. ehtr., 1861 , p. 349) ont uti-
li^ avpc succès les applications d'alcool à 56" contre les tumeurs synoviales du poi-
Uicr. EKc. II. 58
ziM»C. L^ )»,i,i ji{>tii£ ^ir ^0^ Ciiiueim haï on dix pbqaes d'amadou superpOM^e» \^^
nng*» 4111 m'..*»^. tcA^r-'^^^^i» d' iko«j4 K recoorertes d'une tmle cirée dtsUnéif à
-iBi>**i^h'^ r<f a(Mr>£^:a. l tk^ <!tial»fiir me ienUaUeà oelleque|m>duilUD Tésicaloin*
^ 4fv'»^>>k)^çi^ ior li^ p4.iat^ iiii:a recoaverU. L'épidémie se froDce, se ratatine, et
■H' ^.Utïw an Ï0mA dr 'foe^fori» iiiors. On revient nn certain nombre de fois à u^
^(rfiiidtkun» •{•jî «lot, «La» ^hxat'ar» exemples, amené uneguérison radicale et corn-
ai* t^ dr- rt^ lunÈtari. CtxnnÉe oa le voit, b pcan, sous l'influence de ce traiteDieiU,
<Hi( port#; ijw w<rt*f d ir.îUmratttioa sapeilkieUe qui se traduit non pas par une vési-
t;»ti^Hi. pjL^pi il n\i aname prodadion séreuse, mais par une Téritable super^ ti--
Iwo épidr-rnii {ue. M. ^Aàitm a coweillé le même mode de traitement pour la
zitfîn^m dfâ bijuTst:» sénsoscs de la paame de la main. Du reste, Plater précooi-
«ail dr'ià i'»:aO'd«î-%ie oootre les tumem^ en général et Lonzoni appliquait de> o
U\fbt*Tnt^ de (mille» de vi^ne imprégnés d'akool sur les tumeurs hémorrlioîdali'^
#{u il SurnEâcoit ainâ, a ce qu'il rapporte ((or. cU. plus loin).
Bfodie et depui> lui M. Ebre ont obtenu de lions résultats de raction topique de
r^kool contre les hypertrophies des mamelles. C'est en effet surtout à l'alcool <(iie
Ton doit rapporter l'influence salutaire dn mâange indiqué par Brodic pour ces
ca4 (Mrticulîers, et dans lequel entraient pour une part le camphre et l'extrait àe
^tume. I Koy. Detiixs, Gaz. ia hôpiimtx de Paris, 1852, p. 418). C'est doiir
frricon; ctmune moyen excitant capable d'établir Ters la peau un traTail dérinlif
de&tiné à réstoudre les engorgements plus profonds que l'akool a été employé en celle
droonstanœ. De même, <lam ks épancfaements articulaires chroniques. Je voyai>
il % a peu de temps un goutteux qui pratique largement cette médication. En
eflet, lors de chaque attaque, au fort même de la fluxion articulaire, il n'a rien ima-
giné de mieux que de frictionner ngoureusement les articulations atteintes avec une
brosse rude très-largement imprégnée d'akool, et il se trouve toujours bien «le
cette manœurre un peu hardie, qui répond du reste aux sinapismes, aux Tésioi-
toires, aux applications de teinture d'iode, dont certains malades ont rhabitude
en semMaUe occurrence.
Il couTient encore de mentionner, seulement à titre de renseignements, l'opinion
de Marshall-Hall {the Laneet^ 22 mais 1845), qui conseille comme salutaire»,
dans les cas de phthisie pulmonaire commençante, les applications d'alcool, éteodu
de trois parties d'eau, faites sur toute l'étendue de la poitrine. Il semble, mal;!n'
le nom de l'auteur, qu'on doive avoir peu de confiance en un tel moyen, contre une
affection aussi grave.
Dans un but opposé à celui qu'on se propose dans les cas qui précèdent et à
cause de sa grande volatilité on a préconisé l'alcool comme réfrigérant dans le$
premiers degrés de brûlures^ dans certaines inflammations de la peau. Sans doomT
(%ttc explication toute moderne, Jean Walœus (Melh. med., p. m. 112) a Bo}le
(de Specif, médicament., p. 92 Lond., 1686; in-18) l'avaient déjà recommuKk*
contre les mêmes accidents. Jos. Lauzoïii (1683-1 730), qui a fait un fréquent tts«;e
de l'alcool, l'a vu réussir dans les contusions, dans un érysipèle phkgmoneui du
bras di-oit , obser>'é, en 1 7 1 1 , sur son domestique. (Êphém.nat, cur. , cent, ni, p. 4'*.
1715). Albrecbt (Jean-Pierre) le préconisait aussi en sembbible circonstance, mmI
seul, soit mêlé au camphre (iMd. , decuria ii, ami. viii, p. 405; 1690). Au nppori
(\ii Héral et de Lens, Harris et James ont aussi employé l'alcool en lotions dub^
Térysipèle, et suivant eux il ne faut pas redouter la disparition subite de la rvu-
geur et de la tuffléiaclion,cequi semble du reste assez simple. L'érythème, le» eu-
gelures, rintertiigOy la rougeur qui entoure les vésicatoiros irrités, sont suub^< ^
ALCOOL (tuékap£utiqu£). 595
aussi par des lotions d'alcool plus ou moins étendu d*eau. Beaucoup d'auteurs
même, loin d étendre Talcool, ont conseillé de l'employer très-concentré. C'est,
par exemple, de lalcool concentré que Ritier s'est servi pour détruire les poux
chez de nombreux malades {Nov, act. natnrx curios, , t . V, append. , p. 26) . Lan-
xoni (loc. cit.) l'a prescrit avec succès, sous cette formé, comme seul remède contre
la gale chez une jeune fille ; de même, il Ta vu guérir une éruption qui semble avoir
été une syphilide serpigineuse et qui, chez une femme très-honnête, œmme il le
remarque, s'étendait sur les hanches, les bras, le dos et les côtés. Additionné de
tartre, le même auteur l'a prescrit contre l'impétigo de la iace et du cou et a guéri
œs éruptions. Très-récemment M. le professeur Nélaton a montré qu'en mainte-
nant très-exactement appliquées sur les surfaces malades des compresses toujours
bien imprégnées d'alcool à W, on peut prévenir constanunent le développement des
fttroncles et an'étcr leur inflammation. lia cité (Gaz. des hôpitaux^ 1853,p. 387)
un exemple de ce genre qui semble permettre l'usage du même moyen dans l'ec-
thyma, éruption très-rapprochée des furoncles de petite taille, que cite M. Nélaton.
Enfin André Cnôifel a présenté l'esprit-de-viu additionné de myrrhe et employé
en lotions sur la figure dès le début de la variole, « tanquam praesens remedium
i contra variolas faciei, ne tam fortiter confinant, vel faciem debonestent. » (Èphém.
nat.cur.,î>ec. i,an.lVetV,p.48; 1776). Ce passage prouveque la méthode dite ec-
trotique, appliquée à la variole, n'est pas aussi nouvelle qu'on pourrait le penser.
Loin de vouloir chercher à l'aide de l'alcool la réfrigération des surfaces brûlées
au premier et même au second degré, M. Lecomez, d'Alençon {Y Art médical ,
iimiUa similibus curantur, t. XYII, p. Ml ; 1865), conseillerait, d'après un fait
qu'il a observé, d'appliquer en semblable circonstance l'esprit-de-vin aussi chaud
que possible. Suivant lui 'la douleur d'abord augmentée diminue bientôt sous les
applications renouvelées ; dix minutes plus tard elle était trè&-légère, et environ
après une heure elle était nulle et n'a plus reparu. Avant d'imiter cette conduite
cl de croire que ce fait démontre la haute influence des actions similaires, il y a
lieu d'obser\'er que dans cet exemple l'application de l'aldool chaud a été faite
deux heures et demie après l'accident, et que c'est une heure après que la douleur
était atténuée. Ce laps de temps, trois heures et demie, n'aurait-il pas suffi, quel
que fût le traitement, pour calmer la douleur première?
L'application locale de l'alcool a encore été conseillée dans le traitement de lu
fis^ure à Tanus. M» Chapelle, d'Angouléme, a confimuniqué à l'Académie de mé-
decine (séance du 33 décembre 1 856) un travail duquel il résulterait que l'appli-
cation d'un pinceau de blaireau imprégné d'un mélange de 50 grammes d'alcool
avec 10 grammes de chloroforme pourrait guérir la fissure à l'anus. Ce procédé
emploj-é par son auteur dans quatorze cas de cette maladie aurait amené quatre
guérisoiis par une seule application, six après deux, trois guérisons après trois et
une seulement après quatre attouchements alcooliques.
Le succès n'a pas été aussi décisif chez un malade atteint de fissure à l'anus et
liaitéparM.leprofesseurTrousseau àl'aide de ce io^iiiue{Ga%. des hôpitaux^ 1857,
p. 145). Mais depuis, le docteur Tournié a conununiqué à la Société médicale de
l'arrondissement de FÉlysée l'observation de six guérisons de fissures à l'anus obte-
nues par le procédé de M. Chapelle. Parmi ces six malades il y avait quati*e hommes
et deux femmes (Untofi médicale, nouvelle série, t. XXIII, p. 377, 27 août 1864).
Gomme on le voit tout d'abord, c'est à titre d'agent ca^mble de produire une in-
QanunatioD substitutive <|ue l'alcool a été employé dans ces cas. 11 a eu vraisembla-
Uemeat le même mode d'action quand, comme Jacob Wolfl (Èph. des air. de la
596 ALCOOL (thkkapkutiquis).
nat.y dec. ii, aniio Yill, p. 153), on la conseillé contre les ophtlialniies, contre ti3>
inflammations de la gorge et de la bouche. Albrecht (Jean-Pierre) (Èphém.^ dec. ii,
anno YIII, p. 405) se louait beaucoup du même moyen en semblable occurreivt*,
et Jol. Walœus {Méth, méd., p. 112) prétendait que Talcool employé pur en gir-
garisme, au début des inflammations de la gorge, les guérissait eu trois licuio.
Sans prétendre à un succès aussi rapide, on pourra en eflet essayer ce moyen dan$
les mêmes maladies, comme aussi dans la leucorrhée et les écoulements btennor-
rhagiques. Dans ces cas on se servira d'alcool plus ou moins étendu d*eau, soit cii
collyre, soit en injections. Certains ulcères anciens, certaines plaies à marche lenU*
se trouveraient bien aussi, selon ces auteurs, de lotions d*eau alcoolisée; ce qui
n'est d'ailleurs que l'équivalent des lotions avec le vin aromatique si souvent près
crit en chirurgie dans ces mêmes circonstances.
Emploi de V alcool dans le pansement des plaies. On a du reste pou^
plus loin l'emploi de l'alcool localement appliqué dans les plaies. Amauld ck
Villeneuve, comme je le disais tout à l'heure, et depuis lui Guy de Cliauliac,
Paracelse, Ambroise Paré, ont employé ce mode de pansement pour les pUies
même récentes. Lanzoni (loc. cit. y cent, ii, anno X, p. 225) dte l'exemple d'uu
soldat qui, atteint d'une blessure au bras, se guérit par les seules applicaûoib
d'eau-de-vie. 11 rapporte que ce mode de pansement était depuis longtemps fort
usité chez les Turcs. Boylœus (loc, cit. ) s'en servait également, et il parait que c'était
là alors une pratique commune. Lapeyronie, J. il. Petit, G. de Lafaye, Tenon, etplib
tard Larrey, n'ont pas négligé l'alcool conune moyen de pansement des pliie>,
moyen tellement à l'usage du soldat, si souvent et si douloureusement abamioiukr
sur le champ de bataille sans grand secours, que l'eau-de-vie figure comme topique
souverain dans beaucoup de mémoires militaires et a été célébré conune tel darb
certains couplets d'un vaudevilliste fameux.
MM. Batailhé et Guillet (Académie des sciences, séance du 16 août 1859) oui
proposé de revenir à cette méthode, et les expériences récentes de H. le professeui
Nélaton paraissent très-favorables à son emploi. HH. Chédevergue {BuUetin d€
tliérapeutiquey 30 septembre, 15 et 30 octobre 1864), Gaulejac (Thèse, Pui».
1 864), nous ont donné les résultats de cette pratique appliquée aux plaies récenu>
et aux plaies anciennes. L'alcool, et plus spécialement l'alcool campliré, consti-
tuait, selon ces auteurs le pansement le plus rapide et le moins compliqué ; il
favoriserait la rémiion par première intention, et dans les plaies avec pertt* àc
substance il modérerait le développement des bourgeons chsimus ; la surtace (ic
la plaie devient alors plane rosée, la sécrétion de lymphe coaguiable est abondaiiti*,
la suppuration à peu près insensible, et toute mauvaise odeur est absente. Eu
outre, selon M. Ghédevergne, l'infection purulente serait moins fréquente aiuM
([ue l'érysipèle chez les sujets pansés par ce mode spécial. Cet auteur a meut
décrit l'action de l'alcool sur la cellule purulente dont l'enveloppe serait détnutt
au contact de ce liquide et laisserait à sa place des granulations albuniino-grai>
seuses; mais il faut remarquer que cette dernière recherche, toute curieux'
qu'elle soit, n'a pas grande importance puisque, conune le remarque M. Ghéde-
vergne lui-même, il est d'ailleurs démontré que k pénétration du pus résorbé <*«
nature dans le sang est impossible au point de vue morphologique. Plus grandt
serait la valeur de cette remarque du mémo auteur : que la phlébite aurait êu
plus rare, lorsque les plaies ont été pansées avec l'alcool. Les chiflm foumis f^
les deux auteurs que nous venons do citor sont Tort encAuraiceants pour lVmpi(*i
m
lie ce mofle de paiihi^mcnl.
ALCOOL (tukrapkutiqub). 597
Quelqacs-uns de cos faits montrent en outre que Tapplication de l'alcool con-
ivnlré sur une plaie peut causer Tébriété, et les auteurs dont nous parlons ont
tenu un certain compte de l'influence tonique générale de l'alcool sur TensembL*
de l'économie et ont considéré cette influence tonique comme favorable à la ci-
ntrisation de la plaie qu'il s'agit de guérir.
L'alcool plus ou moins étendu d'eau a été aussi conseillé en injections pour la
rure radicale de l'hydrocèle; il remplace alors le vin employé jadis à cet effet. Dans
re procédé la tunique vaginale est remplie pair l'injection qu'on évacue après un cer-
tain temps. Appliquant ces données à la cure de l'ascite, mon excellent maître,
N. le professeur Jobert (de Lamballe) a injecté avec succès de l'eau alcoolisée daas
i abdomen distendu par un épanchement. Ayant retiré 8 onces de sérosité par
une ponction préalable, il remplaça cette quantité par 8 onces d'eau contenant
une once et demie d'alcool ; après un quart d'heure de contact, l'écoulement de ce
liquide fut pratiqué et 12 litres s'échappèrent, la malade guérit (Gaz. des hâpit.,
1833, n* 73, p. 277). Au lieu d'alcool étendu avec de l'eau, M. Dupierris a proposé
IKHir la cure de l'hydrocèle un autre procédé que M. A. Richard a mis en usage avei^
plein succès sur quatorze cas d'hydrocèle. Ce procédé consiste en l'injection dans
la tunique vaginale vidée de son épanchement séreux de cinq grammes d'alcool
froid marquant 36* de l'aréomètre de Baume. Ce liquide une fois injecté est aban-
donné dans la cavité scrotale sans qu'il soit besoin de l'évacuer ; il parait que même
aloi-s l'inflammation serait loin d'être aussi intense qu'on pourrait le croire après
une semblable injection, car treize des quatorze malades de M. Richard auraient
pn se lever et vaquer immédiatement à leurs travaux {Ga%. hebd.^ 4855).
Lanzoni {loc. dt.) connaissait l'usage des garp^arismes fortement alcoolisés con-
tre les douleurs de dents, et en 1710 il les employa fréquemment. Les diverses
nn\ dentrifices ne font guère autre chose et elles calment souvent ces douleurs.
Pour en finir avec les applications topiques de l'alcool, je rappellerai qu'il
a été conseillé depuis longues années comme styptique à l'effet d'arrêter les hé-
marrhagies. Schrôck {Èphém. érudit, Lips., anno 1685, avril, p. 154) expli-
quait cette action par la construction des fibres des vaisseaux. Lanzoni (loc. cit.)
l'a employé pour arrêter l'hémorrhagie consécutive à l'arrachement d'une dent. Em-
manuel K5nig(£}7/t^m., dec.ii, ann. IX, p. 223, 169f) en a fait usage dans toutes
leshémorrhagies. Hen. Fréd. Delius {Nov. act. natur, cur., t. II, p. 322; 1761)
l'a injecté dans les narines pour arrêter une épistaxis. On l'a encore utilisé sous
forme d'injections pour guérir les peiles utérines soit après l'accouchement, soit
en dehors de cette circonstance. Harris même (Observ. ajoutées à son traité de
Morbis infantum) s'est servi de compresses d'alcool chaud placées à l'hypogastre
pour arrêter l'écoulement exagéré des règles. Assez généralement pour ces usages
antibémorrhagiques l'alcool est porté pur ou presque pur sur les surfaces, dans le
but de faciliter la formation des caillots obturateurs en coagulant le sang. Mais il
iaot bien reconnaître que maintenant on a à sa disposition bon nombre d'autres
moyens peut-être moins douloureux et surtout plus efficaces à remplir cette même
indication ; ce serait donc là seulement une ressource en l'absence d'autres agents
pins habituellement empbyés et beaucoup mieux indiqués.
Enfin l'alcool vaporisé par la chaleur est prescrit à l'extérieur dans les cas de
rhumatisme chronique, de névralgie, d'anasarque albuminurique. C'est du reste
un mode d'administration déjà ancien, car on trouve qu'en 1648 Neucrantz si-
gnalait l'usage de Taloool en vapeurs comme tellement utile « dans les paralysies,
" le scorbut et les autres afTcctions froides, qu'il est à peine possible de trouver
598 ALCOOL (th6rapbotique).
« une médication qui, appliquée à l'extérieur, agisse plus efficacement sur les Itu-
u meurs froides et séreuses et qui en détermine plus puissamment l'éTacuation
ff par les pores de la peau. »
De l'usage intérieur de Valcool. L'alcool n'a pas été utilisé seulement comnie
médicament externe. Depuis le temps où Amauld de Villeneuve le présentait
comme un moyen de remédier à beaucoup de maladies par son usage interne, il
a été presque toujours administré à Tintérieur comme un médicament et comme
un médicament tonique, même en faisant abstraction des diyerses substances aux-
quelles il peut servir de véhicule. On Ta même employé dans des temps ^ecolé^à
des usages poinr lesquels on Fa vanté dans ces dernières années; c'est ce que je
prouverai tout à l'heure quand j'exposerai ces travaux divers. Hais il faut recon-
naître que, en général, l'alcool s'étantpopularisé, si l'on peut ainsi dire, l'abus ter-
rible qu'on en fit à titre de boisson et les accidents très-graves qu'on vit résulta-
de ces abus effrayèrent à un tel degré, qu'on en vint à redouter l'usage de cette
substance à titre de médicament, ou que, du moins on en restreignit beaucoup
l'application. On continua cependant à l'employer, surtout à titre de tonique géné-
ral, d'excitant difiusible, auquel on avait recours dans des cas urgents, pour eoro-
battre une extrême faiblesse, un état d'inertie ou d'épuisement, ou pour prévenir
l'introduction dans l'économie de miasmes délétères. On en mesurait alors les dobt^
avec une parcimonie remarquable, tant étaient grandes les craintes de voir survenir
les symptômes de l'alcoolisme. En outre, dans le commencement de ce siècle, b
domination presque universelle des doctrines de Broussais aida encore à faire aban-
donner l'usage interne de l'alcool et des diverses boissons spiritueuses.
Toutefois, en même temps que dans notre pays même un nombre assex not>
ble d'auteurs contemporains cherchaient à limiter ce que les idées du professeur
du Val-de-Grâce pouvaient avoir d'exagéré, la réaction prenait une force plus ùw
en Angleterre où l'on se souvenait encore des pratiques de Brown, et où l'usage de«
boissons fermentées qui a été longtemps habituel dans toutes les classes sodalo.
a créé peut-être plus de facilité pour leur applicaticm médicale. Ce mouvement
s'est traduit assez vivement en ce dernier pays, surtout pendant les vingt demièn^
années, par un retour vers l'usage méthodique, mais large et facile, des pn^p-
rations alcooliques. C'est principalement à propos de l'emploi de l'alcool dans le»
maladies fébriles que j'exposerai tout à l'heure ces théories et les faits sur lesqoet
on les appuie ; mais avant je dois indiquer certaines autres applications particulièr\*s
de Talcool administré à l'intérieur.
Usage intérieur de V alcool contre les hémorrhagies. L'alcool ou les vins qui en
contiennent une proportion plus ou moins considérable ont été administrés â Tiuté-
rieur comme moyen d'arrêter les hémorrhagies.
Certains auteurs conseillent l'alcool plus ou moins étendu contre rbémoptysie.
Je n'ai à ce sujet aucune expérience personneUe, mais j'aurais grande tendance à
imiter cette conduite. Les métrorrhagies sont les hémorrhagies contre lesquelles
l'alcool a été principalement prescrit, surtout contre celles qui succèdent aux busses
couches et à l'accouchement et qui ont lieu par inertie de la matrice. Habituelle
en Angleterre, cette pratique s'est répandue depuis quelques années en dehors du
royaume uni et a pénétré parmi nous. Ingleby (A practical Treatige on nininr
HemofThagy, Lond., 1852, in-8**) administrait, sous forme de boisson, Teau-de-^N
unie à l'ammoniaque de préférence à l'opium dans le cas d'hémoniiagie oonwcu-
tive à l'accouchement. H. Campbell en a également fidt un heureux usage à»»
la métrorrhagic consécutive à la fausse couche {Journal des conn. médit, '<àir..
ALCOOL (THéRAPRCTlQDR). 599
^861, p. 291). M. ledocteur Maxiniin Lcgratid a cité plusieurs faite intéressaufs du
même genre, et nolamment celui qu'il a emprunté au docteur Michnud (Union mé"
dkule, 1860, t. VII, p. 566).
J*ai moi«-môme, non pas dans un cas de fausse couche, mais dans un cas assez ana-
logue, employé les préparations alcooliques avec grand avantage contre la métror-
rlngie. 11 s'agissait d'une dame qui, portant un corps fibreux très-volumineux de
laténis, avait à chaque période menstruelle une hémorrhagie des plus abondantes,
laquelle donnait lieu à des symptômes effrapnts. A bout de ressources un jour
que je voyais la malade dans un état de syncope alarmante par suite d'une perte
survenue au second jour de ses règles, je lui fis boire en une demi-heure, et par
verres à vin de Bordeaux, une grande demi-bouteille de vin de Marsala, vin qui est,
comme on le sait, fortement alcoolisé ; l'ivresse survint rapidement, la perte s'ar-
reU et la malade s'éveillait quatre heures après ayant la tête encore un peu lourde
et la langue un peu épaisse. Nombre de fois pour le même accident j'ai eu re-
ronrs au même moyen avec le même succès chez cette malade.
lies préparations alcooliques n'ontpas été seulement employées en boissons contre
les roétrorrbagies, on les a conseillée aussi en lavements. Ainsi, M. Llewellyn Wil-
liams (British Médical Jonmaly 4 sept. 1858), a administré des lavements de vin
d*Oporto chez une malade qui, après la délivrance, éprouva, par inertie de la matrice,
une métrorrhagie qui résista à tous les moyens employés et ne put être arrêtée
même par la compression de l'aorte. Quatre onces de vin d'Oporto avec 20 gouttes
de laudanum furent administrées en un lavement de vingt en vingt minutes, à plu-
sieurs reprises, de façon à employer un peu plus qu'une bouteille ordinaire de ce
vin qui, en Angleterre, est presque toujours fortement additionné d'eau-de-vie.
La malade reprit connaissance au bout d'une demi-heure, dix minutes après
le deuxième lavement. Notre savant collaborateur, M. Debout, dont nous avons à
déplorer la perte récente, obtint, dans un cas de métrorrhagie où on pouvait près*
que désespérer de la malade, des résultats aussi décisifs de lavements composé de
deux tiers de vin et d'un tiers d'eau-de-vie. Ces lavements, dans ce cas, furent ai-
dés de six applications d'un marteau bouillant au creux de l'estomac {Bulletin de
thérapeutique y 1859, t. LVl,p. 86). Le professeur Pajot est également parvenu,
à l'aide de l'alcool, à arrêter une métrorrhagie, suite de fausse couche, qui avait
m% les jours d'une femme en grand danger (Charrier, Bulletin de thérapeutique,
1809, t. LVn,p.l54).
Employé sous forme de lavement, l'alcool n'agit probablement passeulement par
ses propriétés stimulantes générales, il faut bien admettre qu'il exerce encore alors
sur l'utérus une action réflexe qui sollicite le réveil des contractions de cet organe ;
en ce sens, l'application de l'alcool sur la muqueuse rectale serait beaucoup plus
et plus directement utile dans le cas particulier d'hémorrhagie utérine que ne peut
l'éire l'usage du même moyen administré par la muqueuse de l'estomac. Beaucoup
d'antres femmes, au contraire, emploient avec avantiige les préparations alcooli-
ques contre la dysménorrhée ; une dose assez forte de punch, en ranimant les fonc-
tions de la peau et eu provoquant le sommeil, fait souvent cesser la douleur qui ac-
œmpagne l'écoulement difficile des règles. C'est là une pratique vulgaire qu'il
faut connaître, car elle est souvent efficace.
A ces faits et comme exemple très-concluant de l'utilité des préparations alcoo-
liques à hautes doses dans les hémorrhagies, il faut joindre l'observation relevée
pr M. Faure (Gaz. des hôpitaux, 1861 , n* 120, p. 1 78). Chez une femme atteinte
d'un véritable purpura hemorrhagica et réduite à l'état le plus grave, il obtint la
tfOO ALCOOL (THiu\PKUTI<|UK).
guérison en plongeant la malade dans un état permanent d'ivresse. Ken que k
soit le vin de Bordeaux qui ait été employé ici, les doses ont été telles que ToudoU
rapprocher ici l'usage du vin de celui de l'alcool.
Ù alcool contre V empoisonnement par C arsenic. L'alcool ainsi que le vin et le
bouillon, tous trois mélangés, ont été proposés par Rognetta contre l'empoisoD*
nement par l'arsenic. Un fait rapporté dans les Annales de thérapeutique, loib
l'initiale docteur G... (juillet 1847) serait favorable à ce moyen. D en est de méuM'
d'un autre exemple (Revue de théf^apeutique médico<hirurgicale, septembre
1857), dans lequel M. le docteur de Lame, de Bergerac, administra uiie cuillcriv
à café d'eau-de-vie pure, de quart d'heure en quart d'heure à trois adultes, et àe
vingt-cinq minutes en vingt-cinq minutes à deux enfants, tous cinq ayant été em-
poisonnés par l'acide arsenieux et étant dans un état fort grave; 60 à 90 grunmes
d'eau-de-vie furent ainsi absorbés par chaque individu et le lendemain la guérMNt
était complète. L'alcool est à peu près abandonné comme antidote de l'arsenic de-
puis l'emploi du sesqui-oxyde de fer, ou à son défaut du safran de mars' a|)éritif
ou hydrate de sesqui-ox'yde de fer sec (Bouchardat et Sandras). 11 ne faudrait ^
trop oublier cependant les observations que je viens de rapporter, l'eau-de-vie étoiil
plus habituellement sous la main que ces diverses préparations de fer.
Morsures des reptiles venimeux. Dans ces temps derniers on a appelé de nou-
veau l'attention sur une application de l'alcool déjà signalée par Williams Patêr>ou.
en 1 791 . Je veux parler de son usage chez les individus mordus par des reptiles ve-
nimeux. Paterson a vu en effet les Caires qui l'accompagnaient guérir de la morsuiv
des serpents venimeux en prenant à hautes doses un mélange de vin de Madère i4
d'eau-de-vie. H. le professeur Qoquet a commmiiqué k l'Académie des scieocc'^
(Séance du ib avril 1861) une observation de H. de la Gironnière (de Manille ,
qui a vu un Indien mordu par un serpent de l'espèce la plus dangereuse cbei lequel
les accidents formidables de l'empoisonnement furent promptement conjurés pir
l'ingestion successive de trois bouteilles de vin de coco (alcool de 14 à 16 degrés i.
M. War, du Tcnnesse (TheNeuhOrléans Med, and. Surg. Journal, maxs 1861). a
rapporté les exemples de deux individus qui, mordus par des crotales, ont été traités
par le whisky à hautes doses, l'un succomba et l'autre guérit. Ce dernier avait été
mordu par un serpent beaucoup moins fort. Enfin on trouve dans le Médical Becord
ofAustralia (24 décembre 1 862) , une observation, sans mm d'auteur, dans laquelle
1 litre de whisky et 90 gouttes d'ammoniaque amenèrent, seulement après une
heure, l'ivresse et la guérison chez un individu piqué par un crotale dont la morsori'
tua un autre individu blessé en même temps. On ne peut que s'étonner de œ mé-
lange d'ammoniaque et d'alcool, l'un semblant annihiler les effets de l'autre ; le dit
n'en reste pas moins avec sa valeur pratique. Du reste le vin, le Champagne, !<*
bordeaux et le sherry font, avec l'essence de térébenthine et la strychnine à faible^
doses, partie du traitement que conseille dans les cas que nous examinons en «v
moment M. Bland de Sydney (On ihe Biteofthe Venimous Serpents ofAustralia,
by. the Honor W. Bland. Australian Med. Jotcm., janv. 1861).
L'alcool dans le traitement du choléra. Tout le monde se souvient des akuh
liques que Hagendie prescrivait en 183S contre le choléra, et le rhiun étendu
d'eau chaude est resté un des moyens employés dans la période algide de o^tir
affeaion (Martin-Lauzer, Joum. des conn. méd.-chirurg., sept. 1854, p. 45:!
et 458; Louis Lefort, même recueil, même année, novembre, p. 568). H. Juk«
Guyot est plus affîrmatil à ce sujet que personne. Suivant lui {Union médicale^ IM9.
1853, 1860) on peut, l'accès de choléra étant déclaré» arrêter b aidéntioii de»
ALCOOL (tiikrapki tiquk). fîÛl
loi-ces par 1 administration de 5 à 12 centilitres d'eau-de-vie, de rhum ou d'un
alcoolique quelconque à 50 degrés, sans mixtion ni dilution aucune. Ce traite-
ment ne lui aurait jamais lait défaut au début de la période algide. H. Haximin
liegrand a aussi rapporté un fait qui vient en aide aux idées de H. Jules Guyol
{Union méd., 1860, t. VU, p. 567), et H. Guillard de Parthenay a rapporté deux
observations analogues (Bulletin de la soc. de méd. de Poitiers, 1864).
L*alcool à fortes doses fait partie à titre d'excipient de l'élixir de Voronej très-
recommandé en Russie et dont le lecteur trouvera la formule dans les excellentes
leçons professées en 1849, sur le choléra, par M. le professeur Tardieu (p. 176).
Un trouvera dans le même ouvrage d'autres formules analogues. Quant à l'efficacité
de ces moyens, tout en reconnaissant leur grande utilité, on sait combien sont aléa-
toires toutes les chances de la thérapeutique dans le choléra-morbus épidémiqu4\
Récamier reprochait aux alcooliques de rendre plus gi-ave et plus pénible la pé-
liode de réaction du choléra. Ce reproche parait mal établi, et d'ailleurs avoir con-
juré les dangers de la période algide est déjà un succès contre une pareille aflection.
Tétanos. Le tétanos est encore une des maladies dont la guérison a été
obtenue par les préparations alcooliques à hautes doses. La science a enregistré
depuis bien longtemps cette méthode de traitement et ses avantages, car si on ouvre
Hippocrate (Ihirégime dans les maladies aiguës, appendice, tome II Ae&Œuvres
JiHippocrate, traduction de H. Littré, p. 471 , g 14), on trouve qu'on parlant du
létanos, dont il donne la description, il ajoute : « Si la fièvre et le sommeil no
• surviennent pas, si les urines qui suivent n'ont pas de coction, et s'il ne se mani-
« feslepas de sueurs critiques, on fera boire au malade du vin fort de Crète... Si
H cela ne suffit pas, broyez dans du vin de la racine de bryone et le daucus de
• Crète. » Ce vin fort de Crète est bien là pour remplir, comme on le voit, l'indica-
tion à laquelle nos préparations alcooliques actuelles sont chargées de pourvoir,
hps observations assez nombreuses ont été rappelées dans lesquelles le vin et l'eau-
de-?ie mêlés ont joué le principal rôle. Je dis le rôle principal, car dans beau-
coup d'entre elles d'autres médicaments, comme l'opium, l'essence de térêben-
Ihinc, le musc, l'ammoniaque, etc., ont été associés aux stimulants alcooliques.
Tds sont les exemples fournis à la science par H. A. C. Baldwin (The American
Journal of Meà. Sciences, ext. in Gaii. méd, de Paris, 1823, p. 628); celui
de H. Wilson (the Lancetj 1845) ; celui de M. Hutchinson (Dublin Med. Press.
mars 1862). Dans ce dernier fait, l'action de l'alcool fut bien évidente; celle du
calomel, de l'opium, des bains chauds, etc., avait été nulle. Enfui, un enfant
atteint de tétanos et tiaité vainement par d'autres moyens, guérit sous rinfluenci^
de l'ivresse déterminée par du vin très-fort additionné de teinture de cannelle
{Annales médico-psychologiqueSyC^i. in Journal des Conn, méd.-chir,, juillet
184», p. 28).
Ailleurs l'alcool fut employé seul, comme chez le malade de M. J. W. Stapleton,
de Trawbridge (the Lancetj 22 mai 1845), lequel fut soulagé, mais n'en succomb.1
pa5 moins. On peut dire également que l'alcool fut à peu près employé seul dans
les exemples empruntés à HH. P. C. Barker, Howard Pinckiiey et Walter T. Cotes,
médecins de l'hôpital de Bellevue à New-York, par le American Med. Times,
(26 janvier 1861); un de ces malades, celui de M. Pinckney, succomba presque
sans avoir pu faire usage du médicament. HH. Collis et Wilmot (Dublin Med.
Press. ^ 1862) ont rapporté le fait d'un garçon de neuf ans qui, blessé au bras, fut
pris de tétanos le huitième jour <le son accident, et guérit par l'emiJoi du punch
administré jusqu'à l'ivresse.
002 ALCOOL (rnftHAPECTiQOB).
Bien qu'il y ait encore peut-être tin peu (ie préc»ion à désirer ponr plusieurs àt^
ces obserratîons, elle^n'en sont pas moins fort intéressantes, et elles sont de ntturr
à encourager de semblables tentatives, que légitime encore le traTail de H. Aguinèt
de Fonseca, de Femambouc, communiqué à l'Académie de médecine, séance dti
27 décembre 4859.
A côté de ces exemples établissant l'utilité de l'alcool dans cette terrible afkt-
tion convulsive, on pourrait citer la guérison inattendue d*une jeune lille qui.
atteinte d'un hoquet et d'un étemument convulsifs survenus k la suite d'uiu^
fièvre tierce, vit ces accidents résister à tous les moyens employés méthodiqw*-
ment, et céder à l'usage de l'eau-de-vie. (Lanzoni. loc, cff., dec. it, an. IX, p. K(h.
Fièvre intei^mittente. La fièvre intermittente a été également traitée pr
l'alcool à do^s élevées. Lanzoni a vu un jeune homme, atteint d'une fièvre quarto"
rebelle, guérir par l'usage de 5 onces d'esprit-de-vin prises à jeun (loe. eU.,det, n,
nn. X, p. 221). L'ivresse qui s'en suivit dura plusieurs heures, et la fièvre ne repanit
plus. J. P. Albrecht {lac. cit,) a vu des faits semblables; les doses d'espHt-de-TÎu
étaient fortes, et on y ajoutait un peu de poivre long . Plus tard, lleuermann oons^nlUii
le puncb avant l'accès ; d& Heza et Lasteyras avaient recours aux mêmes préparatîoRN
contre la fièvre intermittente. Dans ces temps derniers, M. Jules Gnyot et H. ttnrdel
{Union médicale y 1860 et 1862) ont repris et vanté l'emploi de l'alcool dansleN
fièvres palustres. Le premier de ces auteurs insiste particulièrement sur ce point
que l'alcool potable (eau-de-vie, rhum ou autres alcooliques) a Tavantage d'agir,
lorsqu'on le donne même alors que l'accès est commencé, ce que ne font pas In
autres antipériodiques (quinine, arsenic), qui doivent être administrés en dehors
de Taccès, et avant qu'il soit commencé. Cette particularité rendrait donc le moyen
très-précieux , surtout dans les formes pernicieuses. La dose est de deux et troi^
petits verres de rhum k 55 degrés. Les faits cités par M. Jules Guyot (p. 471,
t. VU) sont d'un grand intérêt. Toutefois M. Leriche (Gaz. méd. ie Lfon^ 1861,
n** 4) a présenté des observations desquelles il i*ésulterait que ce mode de traite-
ment (90 grammes d'alcool à 55 degrés, divisés en' deux doses, et donnés an mo-
ment de l'accès) n'aurait, sur treize malades atteints de fièvre intermittente tierre.
amené aucune guérison. Chez la moitié des malades, les accès aunient été seu-
lement diminués de durée, mais non suspendus. Cependant je dois dire que \e^
réàultals obtenus par M. Hérard, qui, dans deux cas, a vu réussir parfaitement
cette méthode {Gaz. des hâpitatta:^ 1861, n^ 88, p. 549), offrent, par h netteté
du succès, un appui considérable à cette méthode. On ne devra jamais, à mon
sens, né^iger l'emploi de ce moyen, surtout quand on sera pris de court et qu'on
ne pourra avoir le temps ou l'opportunité d'administrer le sulfate de quinine.
Emploi de Valcool n Vintérieur dans les phlegmasies et dans les maladies
fébriles. J'arrive maintenant à l'usage de l'alcool dans le traitement des maladies
fébriles et des phl^masies. Rien n'est plus simple que l'emploi des alcooliques, à
fitre de stimulants, chez les sujets qui, tout en étant atteints de ces sortes de
maladies, ofh*ent une dépression considérable des forces ; c'est là un fait que nou!^
avons déjà indiqué, et qui rentre dans les règles les plus ordinaires de la thérai»»!!-
ticpie. Mais dans ces temps derniers, en Angleterre, une école s'est formée, à b
tête de laquelle était Robert Bentley Todd, et qui professe que l'alcool et les prr-
parations qui en dérivent sont les meilleurs moyens de traitement à opposer aux
phlegmasies et aux maladies fébriles, quelles que soient leurs formes. Celte éitifc»,
qtie l'on a présentée conune une sorte de continuatrice de la doctrine de Brown, n^
w» rallie cependant pas complètement aux idées de ce dernier auteur. Bfwwi,
ALCOOL (TnéRAPBurrQv-E). 605
dont la lecture est dii reste ]oin, selon moi, d'être fructuetne et intéressante, ad-
mettait, comme on le sait, ^eux ordres de maladies différentes : les maladies sthé-
niques et les maladies asthéniques. L'école anglaise moderne, si je puis l'appeler
ainsi, n*a pas le même point de départ. Elle repousse formellement cette dichoto-
mie (Todd, p. 8), et considère principalement non pas la maladie et son influence
sthénique ou asthénique, mais bien Findividu malade et son plus ou moins de
résistance.
En effet, les conclusions auxquelles arrive Todd {Clinical Lectures on certain
Àaiie Dùeases, Lond., 1860) peuvent être, au point de vue thérapeutique, résu-
mées par les propositions suivantes :
i* L'idée si longtemps dominante dans les écoles, à savoir qu une maladie aiguë
peut être prévenue ou guérie par des moyens qui dépriment et réduisent les forces
vitales et nerveuses est tout à fait trompeuse.
3^ Une maladie aiguë ne peut être guérie par l'influence directe d'aucune forme
Ae médicunent ou par aucun agent thérapeutique connu, sauf le cas où ceux-ci
sont capables d'agir comme un antidote ou de neutraliser un poison dont la pré-
sence dans l'économie produit la maladie (màteries viorbi),
3* la maladie guérit par une évolution naturelle, pour le développement
complet de laquelle le pouvoir vital doit être soutenu. Les remèdes, soit sous forme
de médicaments exerçant une action physiologique spéciale sur l'économie, soit
50US tonte antre forme, ne sont utiles qu'autant qu'ils peuvent exciter, assister ou
provoquer cette évolution naturelle curative.
4* Le but du médecin (après avoir étudié soigneusement l'histoire clinique
de la maladie et s'êtra rendu maître du diagnostic) doit être de rechercher minu-
tieusement la nature intime de ces processus curateurs, — leur physiologie pour
ainsi dire, — de découvrir les meilleurs moyens de les favoriser, de rechercher
des antidotes pour les poisons morbides, et de déterminer les méthodes les meil-
leures et les pins convenables pour soutenir la force vitale.
Comme on le voit, il s'agit surtout de trouver le moyen de soutenir l'économie
assez longtemps pour que la maladie suive son cours, lequel doit aboutir h la
guérisonsi le terrain pathologique est en bon état. C'est cette indication que
l'alcoolpotable est chargé de remplir. Todd a étayé sa théorie par l'étude plus
pailiculière de certaines maladies aiguës qui sont le rhumatisme, ou, comme il
ledit, la fièvre rhumatismale {rheumatic fever) , la fièvre continue, Térysipèle,
la pneomonie , la péricardite et l'endocardite, la pyohémie. h ne rapporterai pas
ici tous les moyens qu'il conseille pour favoriser ce mouvement éliminateur du
maleries morbi; je me restreindrai a l'étude du rôle qu'il assigne à l'alcool dans
cette méthode thérapeutique, dont il ne se dissimule nullement l'étrangeté.
« Je sais parfaitement, dit-il, en eilet, que la doctrine que je recommande à votre
« adoption a de grandes chances d'être regardée par plusieurs comme extrêmement
< hétérodoxe, mais je crois que le nombres de *ceux qui pensent ainsi va diminuant
• de jour en jour. »
Cette répulsion, que Todd prévoit et connaît, tient, comme il le remarque, h ce
qn*on se préoccupe toujours des mauvais effets que l'abus des alcooliques produit
Hir la santé. Mais il en est tout autrement de leur usage prudent et scientifique dans
les maladies, et une différence essentielle sépare l'effet de 16 ou 20 onces devin
avalées en une heure ou deux avec d'autre nourriture, et celui d'une même quantité
donnée avec soin, par doses successives d'une demi-once ou d'une once, dans une
période de vingt-quatre heures.
004 ALCOOL (TII&RAPKt'TIQOK).
L*aicooi, donné convenablement, peut être employé, selon Todd, dans toutes Its
maladies où exbte une tendance à la dépression des forces vitales, et il pense qu'il
ny a pas de maladie aiguë dans lacpielle cette tendance fasse défaut. Ûalcool fsi
donc, comme il le dit, le remède capital dans les maladies aiguës. 11 bit eooorr
remarquer que, pour accomplir les actes organiques qui doivent réparer les àès-
oràres qu'entraîne une inflammation, celle du poumon par exemple, il faut t xmt
dépense considérable de force nerveuse et de sang, » ce pourquoi on d<Ht fournir
à Téconomie un genre de nourriture qui soit à la fois d'une assimilation bcile.
qui soit capable de soutenir la force nerveuse et de maintenir la chaleur animale.
Tel serait Talcool, qui est assimilé, selon Todd, le plus facilement du monde, pu*
im simple acte d'endosmose, qui exerce une influence particulière sur le systèiiK'
ueneux, et qui, par sa combinaison avec Toxygtoe dans le ooqis, fournit du com-
bustible pour le maintien de la température animale. Quand cet agent est donné
en trop grande quantité à la fois, il sort du corps en nature; mais quand la do^
est limitée et proportionnée aux vrais besoins de l'économie, il se transforme en acide
carbonique et en eau, et active la sécrétion du poumon, de la peau et des reins. Lp
succès de l'emploi de l'alcool dans le traitement des maladies dépend heaucoup
du mode d'administration. Cette différence d'action selon le mode d*admiuistratiûii
et selon le fractionnement des doses peut être observée pour beaucoup d'autn^
médicaments, et notamment pour l'opium.
Selon M. Anstie, qui a étudié avec soin ces questions, l'alcool à petites doses (ie
seul mode d'administration qui doive nous occuper ici) produirait les effets sui-
vants : (Francis Anstie, The AlcohoL Qtiestion, Lond, Sied, Review. Febniar\
and Marsh 1862. — Alcoliol is il Food, Medicine^ or Poison, in CamkUl Ma-
gazine. Juin 1862. — Does AUoliol actas Food. Ibid.^ sept. 1862). LepoolN
prend de la force, mais il ne s'accélère pas, à moins qu'il ne fût préaliblemenl
d'une lenteur anomale; la température de la peau devient convenable, sans roiF
geur de Ja face. L'activité du cerveau est accrue; le sentiment de btigne etb
tendance aux convulsions diminuent. Tous ces symptômes indiquent que le œrreau,
la moelle et les ganglions du grand sympathique ont été stimulés, et que leur cir*
cuhtion a été activée. Ces effets cessent après un certiiin temps, et laissent l'or-
ganisme dans l'état où il était avant l'administration de ces doses, saul le casoîi
il y aurait eu antérieurement dépression morbide; car, alors, cette dernière tsi
diminuée. •
L'eau-de-vie ou tout autre spiritueux analogue sera donc recommandé aver
certaines précautions. On en prescrira, par exemple, une cuillerée à thé ou à
soupe, délayée avec de l'eau, toutes les deux heures, toutes les heures ou toutes le^
deux ou trois heures, selon la nature de la maladie et l'état actuel du malade.
L'alcool, ainsi administré, calme le système nerveux, provoque un sommeil pi-
sible, dont le malade peut facilement être tiré, et conjure le délire.
Todd pose encore beaucoup d'autres indications, prescrit plusieurs autres |«v-
rautions. 11 indique aussi plusieurs avantages de l'emploi méthodique de l'akoul.
insistant surtout sur l'action nutritive de cette substance, et sur sa puissance bifti*
faisante contre le délire.
Plusieurs auteurs ont partagé les opinions émises par Todd. Plusieurs autres it^^
ont, non ))as entièrement combattues, mais en ont attaqué lexagératiou ei ont con-
testé la théorie qui leur sert de base. Ainsi, tandis que lUI. Anstie (lœ. cif.),— -Brin-
ton, (the Lancetf 1857, Pneumonie et pleurésie double compliquée de pneunonie.
traitées par l'eau-ile-vie, au Royal Free Hospîtal); — Kiïkes/(îhe Laicety i 9^
ALCOOL (thkaapëutiql-b). HOo
1860, Du vin dans la pneunwnie); —John Pursell (de Brighton), {British Med.
Joumalj 1860, exl. in Cas. méd. de Paris, 1860, n"" 38, p. 587, cet auteur l'a aussi
ajjpliqué aux affections cérébrales;-- Austin Flint, {Clinical Reports an Pneumania
basedanan Analysisofi^Z Cases, North American Med. Chir, Hev. Marsh 1861
dOnthe TrealmeiitofPneumonia, in American Médical Times y April 11, 1861);
-ledocteuf Inman (Foundation ofa NewTheory and Practiceof Médiane . Lond.
1860; le même, Is Alcohol Food. BritishMed. Joum. 4oct. 1 862); — ^M. Lionel Beale
\Bntish Med. Journ., 35 Jan. 1862, 4 July 1863 et 10 October 1863), acceptent
bidées de Todd, et en particulier cette opinion que Talcool est un aliment ; MM. Mar-
(«t (An Expérimental Inquiry into the Action of AUu)hol on the Nervous Sjf«*
tmy Lond. 1 860) ; — Edw. Smith, (Tlie Action ofTee and Alcohol contrasted^ in Du-
bUn Med . Press, 25 July 1 860) ;— Tweedie, (On the Use of Stimulants in the Treat-
ment ofcontinued Fever, inLancet, 16 June 1860) ; — M. T. Gairdner (Clinical
Medicine^ 1862); — Edward Smith, (On the Action ofAkohol^ in Joum. ofthe
Soc, ofArts, 18 Jan. 1862) ; Murchison, (Treatise on Continued Fevers^ London,
1862), insistent pour refuser toute qualité alimentaire ii Talcool, qui serait alors
seulement un stimulant, et pour repousser tout emploi absolu et systématique de
cet agent dans les maladies où Todd et ses élèves l'ont prescrit. Ils s'élèvent surtout
contre ce précepte de Todd, que, si l'action des préparations alcooliques semble
mal réussir, il faut en augmenter les doses, et qu'il y a plus à craindre dans rem-
ploi de ce moyen de rester en deçà que d'aller au delà. Plusieurs d'entre eux
cependant, Murchison en |)articulier, tout en pensant que l'alcool n'est pas mi ali-
nient véritable, admettent comme démontré qu'il empêche la déperdition que
pourraient subir les tissus, ce que Bockcr (Beitràge %ur Heilkunde, etc.), et,
depuis, M. Perriii (Ga%. des hôpitaux, 9 août 1864, et plus haut, p. 584),
appdlent diminuer la dépense, ce qui, on en conviendra, se rapproche bien un
jieu, quoique indirectement, du rôle d'un aliment comme le comprenait Todd.
Au reste, tout en repoussant ce que ces auteurs considèrent chez Todd comme des
abiis, ils admettent parfaitement l'usage du moyen à titre d'excitant utile, et ils le
recommandent des premiers dans les maladies fébriles et les phlegmasies.
Sans vouloir le moins du monde examiner la question au point de vue qui lait
l'objet du débat en Angleterre, savoir la valeur alimentaire de l'alcool, question que
U. Perrin vient d'exposer tout à l'heure, j'ai cherché à me rendre compte de la va-
leur pratique de la méthode proposée par Todd. Depuis longtemps je suis .convaincu
que rien n'est plus sensé que cette opinion de Kaltenbrunner, savoir : qu'il faut à
Téconomie une certaine somme de force et de résistance pour arriver à résoudre une
|4ilegmasie, et la théorie de Todd n'est, à vrai dire, qu'une formule de la même
idée. Les signes et les moyens à l'aide desquels il traduit cette formule sont un peu
insolites, assurément, mais ils n'en sont, par cela même, que plus expressifs, bu
re»te, si la théorie de Todd est nouvelle, il faut bien savoir que les faits sur lesquels
elle s'appuie ne sont pas nouveaux, et que l'emploi de Talcool dans les fièvres et
dans les maladies aiguës n'est pas d'invention aussi récente qu'on pourrait le croire.
.\insi Lau2oni a rapporté l'histoire d'un soldat qui, atteint d'une douleur violente au
niveau du mamelon gauche, avec dyspnée, toux , fièvre violente, état qui avait résisté à
deux aignées, but une livre d'esprit-de-vin, et fut pris des accidents de l'ivresse
et d'une sueur proiuse. La maladie que l'auteur appelle une pleurésie était guérie
i<' lendemain. Le diagnostic de ce cas laisse peut-être à désirer; mais, cependant,
te HMNivement fébrile, la toux, la dyspnée, le siège de la douleur, paraissent légiti-
HHTim peu le titre pleurésie qu'a adopte l'auteur (loc, cit., cent, u, an. \, p. 22r)i.
606 ALCOOL (tuéiupkutique).
Schelhammer raconte également qu'eu i690 les paysans d'un bourg voisin m;
guérissaient d'une pneumonie, qui régnait épidémiquement, en buvant de l'eau-
de-vie. 11 remarqua seulement que la maladie avait, chez eux, une durée plus lon-
gue que chesK ceux qui étaient traités par les autres moyens médicaux {Epk, df^
car, de la nat., dec. ii, an. VllI, p. 408;SehQlion). J. P. Albrecht a racooté
asse^ spirituellement Ihistoire d'un individu qui, îiuvant habituellement de re.iu-
de-vie, fut atteint de fièvre maligne grave, avec délire, qu'aucun remède ne put
modifier. Le malade demandait de l'eau-dc-vie avec une telle instance que, toal
eu craignant de se compromettre, Albrecht en permit un peu. Mais k malade,
s'emparant de la bouteille après le départ du médeoiu, but iO onces d'eau-de-
vie, s'endormit aussitôt (lui qui depuis plusieurs jours n'avait pu a\'oir un instant
de sommeil), et fiit pris d'une sueur profuse. Le lendemain, à son réveil, le
mieux était sensible, le pouls était moins fréquent, le délire avait cessé, ei, quatre
ou cinq jours après, ce malade qui, selon l'expression de l'auteur, avait d^ un
pied dans la barque à Carou, était complètement guéri (loc. cU.^ p. 416). Albrecbl
cite, à la suite de ce fait, des observations analogues ; et, dans les commentaire;»
({u'il y joint, il signale d'une façon particulière l'action énergiquemcnt sudorilkpie
de cet agent et son influence puissante pour calmei* le délire. Gottwakl, qu'il men-
tionne, employait Teau^e-vie dans les maladies trèspaigués;Sachsius(i4iiqifio9nip .
sec. VII, cap. ii>p. 299), Fonseca, s'en servaient également dans les fièvres grades»,
et Screta (De {eh. castrens. malignay sec. III, csuf. i'% g 8, S88) y joignait le
camphre dans les fièvres très-aiguës. Enfin, J. L. Hannemann {lac. cU.y dcr. n,
an. II, p. 97) a vu aussi une jeune fille atteinte de fièvre ardente guérir aprr^
avoir bu une forte proportion de um brûlé; elle fut prise de sommeil et d*ime sueur
très-abondante. Ces faits divers, comme on.le voit, sont tout à fait semUahlcs aux
observations de Todd ; l'action sudorifique, l'influence calmante sur le délire y sont
mentionnées et signalées tout particulièrement.
Depuis longues années, même avant le travail de Stockes (ihe Dublin Jaumat o(
Med. Sdenc.^ 1839) , j'ai, quant à moi, employé, à doser assez généreuses, le ^iu dan^
le traitement des fièvres typhoïdes et d'autres maladies aiguës, comme le faât ausbi
M. le professeur Hoimeret {De V emploi du mn dans le traitement de la fièvre /y-
phoïde; E. Bricheteau, in Jaum, des eann. méd,-chir,^ 1868, p. 486). Mon but
était de soutenir les forces de l'économie et de Télever au niveau de la tâclie qu'dif
avait à rempUr. Partant de cette idée, la doctrine de Todd m'a semblé curieu»^ à
expérimenter, et, depuis trois ans (1868), j'ai appliqué à quarante^ept malades !<'
traitement de Todd» Sm* ce nombre, trente-six étaient atteints de pneumoiiif*
Vingt4ieuf ontguérii Les sept malades qui ont succombé ne doivent guère être misaLi
charge du traitement; car, au moment de l'entrée, ils étaient dans un état dt-ji
fort grave; deux fois l'hépatisation était arrivée au troisième degré, et trn>
fois la pneumonie s'était déclarée chez des phthisiques déjà parvenus à b deuxiemr-
période. Enfin, le sixième malade était atteint d'une bronchite généralisée et (k
diarrhée, en même temps que de sa pneumonie pai*venue à l'état d'héptisatioti
rouge fort étendue, et se rapprochant de l'aspect de l'Iiépatisatiou grise sur œrtaiib
points.
Parmi les autres malades, onze Oifraieiit suirtout des formés alaxo^joami'fUt^
très-graves. i'aidcMinéailleurs (Conférences cliniques faites à la Pitié, 1861, l86S»li'
détail de plusieurs dé ces Observations qUe je ne saurais reproduire ici. Gotome
Tddd, j'ai vu l'alcool faire cesser lé délire, iairc tomber le pouls, abaisser h m\é-
ratiouj et déterminer souvent une transpiration abondante, malgré laquelle lo
ALGUOL (THékAPBUTiQUK). 607
Ibrtes !$e relevaient. Jamais je n'ai observé le moindre signe d'ivresse. Voici com-
ment le moyen était admmistré : 80 à 120 grammes ou même i50,200et300gram^
mes d'eau-de-vieordinaire (30** de Baume ou 56^ de Gay-Lussac) étaient étendus de
SO à i 20 grammes d'eau édulcorée. Une cuillerée à bouche de cette potion était donnée
toutes les deux heures aux malades, qui ne savaient pas ce qu'ils prenaient, car lu
moyen était désigné sous le nom de potion de Todd. Chez huit de ces malades j'sii
prescrit» concurremment avec l'eau-de-vie, l'acétate d'ammoniaque à la dose de
8 à 12 grammes, dans une potion de 150 grammes. Une cuillerée à bouche de cette
seconde potion était administrée de deux en deux heures, enalt^naûntavecla potion
alcoolique, de façon que chaque heure le malade prenait une cuillerée de l'un, puis
de l'autre médicament. Cliez le reste des malades, la potion alcoolique a étéadîni*
oistrée seule. Aucune indication spéciale n'existait dans ces divers cas pour adopter
(Ml pourrepousser œ traitement combiné. J'ai seulement, en agissant ainsi, cherché
a varier les conditions de l'expérimentation, et je n'ai, je dois le dire, observé aucune
influence bien notable de Taddition ou de Tabsence de l'acétate d'ammoniaque,
médicament qui, cependant, m'a donné ailleurs d'excellents résultats dans certains
exemples de pneumonies secondaires fort graves.
11 n'est pas douteux pour moi, d'après les faits que j'ai recueillis, que l'eau-de-
vie a puissamment contribué à sauver plusieurs des malades si gravement atteints
chez lesquels je l'ai employée. On sait de quel danger est la pneumonie chez des
Mjjets de 66, 68, 69 et 77 ans quand elle est étendue et qu'elle s'accompagne
(le prostration profonde et de délire. Plusieurs des cas dans lesquels j'ai appliqué
ce traitement étaient désespérés. Et il convient de remarquer que pas un de ces
malades graves n'était un buveur de profossioii ; autrement ces faits rentreraient,
(lour une part, dans ceux dont Chomel avait tracé les indications avec tant de
finesse et de sagacité. Je crois donc, et c'est une opinion qu'ont partagée tous ceux
qui m'entouraient chaque matin, que, dans ces exemples, i'eau-de-vie, largement
maniée et aidée de bouillons, de laits de poule, et promptement de potages ou d'au-
tres aliments légers, a été d'une efficacité incontestable, et qu'elle a relevé l'éco-
nomie au niveau du travail qu'elle devait accomplir. Mais les Êiits ne m'ont pas
conduit à pouvoir accepter, comme traitement systématiquement unique de la
imeumonie, Tensemble thérapeutique qne j'ai appliqué, d'après Todd, aux ma-
lades dont je viens de résumer l'histoire. Beaucoup d'entre ceux cpie j ai ainsi trai*
tés avec succès étaient d'un.âge avancé. C'est la une condition toute spéciale. J'en
trouve, cependant, qui n'étaient âgés que de 21, 25, 26, 30 et 53 ans. Il y a là
encore matière à une expérimentation à laquelle j'offre, pour élément, les faits
que j'ai observés; et dont plusieurs avaient revêtu la forme simple et inflammatoire,
mais sans grand éclat symptomatique. De tout ceci il résulte seulement pour moi
que remploi des excitants n'est pas toujours aussi dangereux (]u'on pourrait le
croire;
Oue, bien qu'il nuise lorsqu'il e;$t pris avec abus et en grande quantité A la fois,
I alcool potable n*est pas nécessairement dangereux quand il est bien manié et
prtiïicrit par doses fractionnées ;
Que le soutien qu'il donne au système nerveux, très-notablement relevé (lar son
t*mploi méthodique, fait très-rapidement cesser le délire qui existe dans les alléc-
hons aiguës (et cette influence de l'alcool, comme on peut le remarquer, change
notablement la signitication pathologique du délire observé en pareil cas, et le rai)-
|MT)che beaucoup de la forme dite nerveuse, tandis qu'elle éloigne l'idée d'une
|)h|fgniasie méningée encéphalique ;
G08 ALCOOL (THÛRiirBtTiQCE).
Que nul effet grave ne résulte de cette pratique, laquelle, au contraire, «outieiit
les forces des malades, empêche ramaigrissemenl et hâte la oonTalescenct*.
H. Jordao a publié {Gaz. med, de Lisboa^ 1861) un fait heui*eux de même m-
lui'e. Le lecteur trouvera encore des renseignements et luie critûpie assez peu food«*i
de cette méthode dans une analyse faite par f Union médicale d*un article que M. («•
prof. Ch. Marlius a publié sur la méthodede Todd,dans le Ueutsdie KlinÂ^ i8dô,
n° 44 (Strolh, Union médicale, 1855, p. 71, n* 17). Les faits que j*ai tus prou-
vent que les estomacs français sont plus tolérants que ne le suppose Tauteur d^
cette analyse critique.
J'ai tenté cinq fois le traitement de Todd dans la fièvre typhoïde très^nv«\
et, moins heureux que H. Tweedic (lac, cit.)y je n'en ai obtenu aucun bon eiïel;
il est vrai que les formes étaient très-graves et la maladie déjà fort ancienne;
mais, dans quatre érysipèles de la face, les mêmes moyens ont arrêté presque
instantanément trois fois le délire que l'opium n'avait pu calmer et les malades oui
guéri. Chez le quatrième le moyen a échoué. J'ai également tenté l'emploi àc
l'alcool dans quatre cas de rhumatisme articulaire. Le ^iremier était trè»-5imple H
subaigu, 120 grammes d'eau-de-vie administrés chaque jour ont très-prompie-
ment calmé les douleurs. Les deux autres exemples offraient des oomplicatiom :
l'un du côté de l'endocarde et du péricarde, avec délire assez lutense, et qui,
ayant résisté au musc et à l'opium, cessa brusquement par l'administration dt
150 grammes d'eau-de-vie eu doses fractionnées; le malade guérit. L'autre indi-
vidu atteint, concurremment avec son rhumatisme articulaire, d'un double épaa-
cbement pleurétique, subit un amendement très-prompt par Tusage quotidien
de 120 à 200 grammes d'eau-de-vie. L'efl'et le plus marqué de l'emploi de la mé-
dication dans ce dernier cas fut l'abaissement très-rapide du pouls, qui de 128 pul-
sations tomba à 88 ou 90, dès le premier jour de ce traitement; le malade guérit
également. Quant au quatrième, l'alcool est resté sans effet immédiat bien mar-
qué, et la maladie a continué sa marche.
Pour finir ce qui a trait à ces essais thérapeutiques sur l'alcool, je duis
citer l'observation que j'ai recueillie d'une femme qui, au troisième jour de >«
couche, avait été prise de frissons, lesquels continuaient, malgré le sulfate de quh
nine, jusqu'au quatorzième jour. C2e matin-là, à la visite, nous la trouvâmes en
proie à un de ces frissons violents qui font trembler le lit des malades. La £M:e ter-
reuse, jaunâtre, était profondément décomposée. Le pronostic le plus Ûcbeuxdet^it
être porté. 1 00 grammes d'eau-de-vie administrés, selon la formule que j'ai indiquée
plus haut, firent cesser le frisson et tomber la fièvre. Le moyen fut oonliaui*.
A peine ça et là quelques frissons parurent-ils encore, à intervalles irréguliers; ie^
forces revinrent, et tout finit par l'ouverture d'un vaste phlegmon dans le rectum
La guérison lut complète et pleinement inespérée.
Je n'osemis intituler cette obsenatioii pyohémie, comme celles dans leaqurli' -
Todd a signalé l'utilité de l'eau-de-vie. La présence d'un abcès et l'issue IkvonU'
me rendent nécessairement circonspect quant à ce diagnostic; d'autant plus que
mon excellent maître, le professeur Velpeau, m'a dit avoir essayé fréquemment, ^i
toujours sans succès, l'alcool dans l'infection purulente. Hais ce que je puis jlbr-
mer, c'est l'extrême gravité de l'état que présentait cette femme, et le triste pi»-
nostic que nous avions posé au moment où je |M'escrivis lalcool sans auatnee^|x^1'
d'espoir de succès.
Tout récemment, M. llyde-Salter, médecin assistant, à Cliaring-Cro»!» Im>»'
|ût;il, a publié d'intéressantes observations {tlie Lancet, H no%. IHOTi), «l^ti-
ALCOOL (BlBtlOCUACHlK). AOtl
JMliielles il il vit l'alcool a hautes doses suspendre absolument les navs d'aslImK*.
Li dose doit ôlre augmentée dès que le médicament semble inefficace. Le whisky,
ic gin ou Feau-de-vie, administrés dans ces cas, doivent être mis dans une faible
quantité d*eau très-chaude, cette dernière condition étant, selon M. Salter, enliè.
n'inent indispensable. J'ai été témoin moi-même d un fait analogue, il y a bien d(^
minées déjfi, dans lequel une persoimc de ma (iimille, atteinte d'asthme, ayant
monté plusieurs étages pendant un accès, et étant en proie à une dyspnée très-alar-
immle, vit l'accès calmé subitement par l'administration d'un petit verre de rhum,
.<Milo boisson qu'on tit)uvût alors sons la main. Quelques jours après, la même dose
nslail inefficace. M. Uyde-Salter fait augmenter progressivement les doses selon le
lie!)oin.
L'alcool a encore été employé dans des circonstances d'une importance moins
immédiate, tels sont les cas de vomissements des iemmes enceintes. Lanzoni (loc.
cit.) se fiait déjà à cette pratique, qu'il mentionne tout particulièrement, et de
b]nellc les expériences de H. CI. Bernard nous ont donné la raison, quand ce sii-
\aiil physiologiste nous a montré {Comptes rendus des séatices de la Société de
Mokigie, t. VIII, 1856, p. 50) que l'alcool, à la dose de 5 à 6 centimètres cubes,
étendu de moitié d'eau, facilite la digestion en augmentant les sécrétions du suc
gastrique, du suc pancréatique et celles de l'intestin, en même temps qu'il excite la
sécrétion sucrée du foie.
(l'est à cette même action que M. Tripier fait appel quand il prescrit l'eau-de-vie
contre les vomissements chez les tuberculeux {Bulletin de thérapeutique, I86i,
t.LXVII, p.27etsuiv.).
Pris seul, au contraire, et k doses assez élevées, l'alcool, selon le physiologiste
l'minent du Collège de France, arrête l'action de l'estomac et cause une sorte d'in-
digestion. Cette remarque explique encore ce qui se passait chez l'individu cité par
Unzoïii, lequel, à l'aide de 2 onces de bonne eau-de-vie, se purgeait, et obtenait
Irois ù quatre selles sans coliques. Je connais une personne qui est également pnr-
^Ca (une à deux selles faciles), lorsque, à son déjeuner, elle dépasse dans son café
la dose d'un petit verre d'eiu-de-rie. Enfin, Wolff (loc. dt,) a vu l'ustïge intente
de l'csprit-de-rin potable faire rendre des lombrics aux enfants.
Telles sont les diverses applications qui, soit jadis, soit dans ces teni})s derniei-s,
ont été faites de l'alcool à la thérapeutique. Comme on a pu le voir, Ijoii nombre
<lc faits, assez encourageants pour l'emploi un peu large de cet agent, ont été pro-
duits. Je n'en veux tirer, quant à présent, d'autre conclusion que celle-ci : c'est
i|ue les préparations alcooliques, méthodiquement administrées, sont d'un usage
Ijoauouup moins dangereux et beaucoup plus facile et beaucoup plus innocent que
l'on ifest généralement porté à l'admettre ; qu'elles constituent un précieux moyen
de relever et do consolider les ibrces de récononiie, et enfin qu'on |)eut les em-
ployer à doses pins larges qu'on n'a habitude de le faire assez ordinairement
ilansce p:iys, pourvu que ces doses restent fractionnées. Béiiier.
Bni loGRAPHfc. — Gêuôralités : >Voi.pr J.]. Spiritus vint vel frumenti tnedicinam d ornent i-
fam mm timendam in varOs af/tctilnut tubministrat. In Ephem. nat. cur., déc. II. an. YtlI-
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T!i*M» de Strasbourg, an Vllï. in-4*. — LobeîcstewLobkl. — Traité sur l'usage et les effiets
ies vins dans les maladies dangereuses et mortelles, etc. Traduit de ralleniaud par Lou-
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IHC. KMC. IL 3t>
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Huit, de thérap., t. LVII, p. 27, 1861. B.
k%Ay%OUk!WH. Los alcoolats sont des préparations pliarmaceutiques otlicinalcs ;
ce^ médicanitiuts sont liquides, et s'obtiennent par la distillation de Talcool ^m
(ii^ subbtuices chargées de princi[)es volatils. L*alcool joue, dans les alcoolats, le
uièmerole que Tcau dans les eaux distillées, et Ton sait que celles-ci sont désignées,
[lor plusieui's pharmacologistes, sous le nom Aliydrolats. Lorsqu'une seule base
iiiédicamenteuse entre dans la formule d*un alcoolat, celui-ci est dit simple ; on le
ttomme composé, quand plusieurs substances font partie de sa formule. Les anciennes
pharmacopées mentionnent un assez grand nombre de ces médicaments ; il convient
Je noter que, dans ces ouvrages, les alcoolats reçoivent des qualifications liès-
divei-ses, et que celles-ci ne laissent souvent soupçonner ni leur analogie de com-
position, ni leur mode d'obtention. Nous citerons comme exemples : l'alcoolat de
cocldéaria, qui portîiit le nom d'esprit de cochléaria; l'alcoolat vulnéraire, celui
d'eau vulnéraire sjnritueuse; l'alcoolat de térébenthine composé, celui de baume
de Fioravantif etc. Un certain nombre de ces médicaments ont dis{xiru de lu
iii»lière médicale; cependant quelques-uns d'entre eux ont été conservés dans l'usage
habituel avecleur vieille dénomination.
L'alcool employé à la préparation des alcoolats doit être exem[»t de toute siivcui
étrangère; il ne doit laisser, pr l'évaporation, aucune odeur de nature à modifier
les propriétés organoleptiques du médicament dont il est le véhicule. De là dérive
la nécessité de ne faire entrer dans les alcoolats que de l'alcool vinique purifié |rar
les procédés de rectification précédemment décrits à l'iu-ticle Alcool (Pharmaco-
logie). Soubeiran conseille, non sans raison, de réserver, pour cet usage, les pre-
miers produits condensés dans l'appareil de réfrigération. Ceux-ci |X)S8edenl, à la
lois, un titre plus élevé et une pureté plus grande que les dernières parties où se
Injovenl confinées les matières étrangères à la com[K>silion de l'alcool, et douée.-
d*ane force élastique moindre.
Le titre de l'alcool qui sert à la confection des alcoolats est variable. Le Codex
irançaisde i857 prescrit l'alcool marquant 80 degiés centésimaux pour tous les
alcoolaL< simples. La distillation est contimiée jusqu'au moment on la quantité de
liquide cundeiisé est égale au volume d'alcool introduit dans l'alainbic. liOi-Mpie les
OIS ALCOOL AÏ8.
iiiatictes mises eiicoiilacl avec, Talcool sont des plantes fi'uiches, et que leur liv»iis
Nout encore gorgés d*eau de végétation, il est inutile de rien ajouter au mcbngc
(|ue Ion soumet à la distillation. Dans le cas contraire, pour éviter de porter l(>
matières à siccité, et pour empêcher le développement de principes qui pourraienL
nuire à la ({ualité du médicament, on verse dans le liain-marie une priilr
({uantité d'eau strictement suHlisaute pour maintenir les substances à uu éut
d*humectation convenable, jusqu'à la fin de l'opération. Le foimulaire légal prescrit,
dans la confection des alcoolats composés, l'emploi d'alcool à des titres diflerenU :
tantôt c'est le titre de 80 degrés centésimaux {akoolat de cochléaria composé,
alcoolat de térébenlliine composé , alcoolat de mélisse composé}^ tantôt 56 degn^
centésimaux {akoolat vulnéraire^ alcoolat d*aloès composé) ; enfin, dans un ra<
iiculcmcnl, le Codex àciSZl indique le titre de 86 degrés centésimaux (akoolat
de citron composé). La commission chargée de la révision du Codex a légèremail
modifié ces indications, en substituant le titre de 60 degrés centésimaax à 56.
et celui de 90 à 86 ; elle a conservé 80 degrés centésimaux partout où il était
porté dans les formules antérieures. Bien qu'il ne faille pas attacher une impor*
tance exagérée à l'origine des prescriptions que nous venons de rappeler, on doit
néanmoins remarquer qu'elles ont une base rationnelle. En eiïet, l'alcool introduit
dans les formules est choisi à un degi*é de concentration tel que les produits vob-
lils dérivant des substances médicimienteuses trouvent assez d'alcool pour deoieih
ucr parfaitement dissous dans la proportion de liquide recueilli.
Après avoir indiqué la nature du véhicide, il nous reste à dire quelquei» mob
des substances qui constituent la base médicamenteuse des alcoolats. Dans la ua-
jorité des cas, ce sont des matières d'origine végétale contenant des principes vob-
tils, lesquels, le plus souvent, appartiennent au groupe des huiles essentielles. D»
même que pour les eaux distillées aromatiques, les parties des plantes usitée» dai^
la préparation des alcoolats sont celles où se trouvent accumulées les plus fortes pn»-
IKirtions d'huiles volatiles. Ces matières sont employées, les unes à l'état de frai-
labeur, les autres seulement après dessiccation. On préfère généralement les feuiflt^ot
les sommités fraîches, car elles perdent en séchant une partie plus ou moins graiidi
de leur aix>nie. Les feuilles, les fleurs et les sommités sont loin de oonstitu^r
exclusivement la base des alcoolats; nous citerons d'autres parties de végétaux (|ui
sont également usitées : telles sont, par exemple, les racines de ceiiainesCrucifèrt'^.
Oml)cllinîres, Amomées ; les fruits et les semences de quelques llespéridécs, Onhi-
dées, Myristicées, etc. Enfin, dans plusieurs cas, ce sont des sucs propres pliixHj
inoins modifiés, des gommes-résines, des térébenthines, des baumes et des liuili->
essentielles. Autrefois, dans la formule de l'alcoolat fétide ammoniacal, on fdi>ait
entrer le castoréuni ; dans celle de l'alcoolat ammoniacal, l'ammoniaque résuibnl
de rassociation du chlorhydrate d'aipmoniaque au carbonate de |¥)tasse.
Le mode o[)ératoiixî nécessaire pour obtenir les alcoolats est |ieu oom(Jiqué. U
choix de l'alcool éliint déterminé par le formulaire, ainsi que le rapport de ni >
|M»ids à celui des liases médicamenteuses, les matières sont di\isées et inlroduiU*^
dans le kiin-inarie de l'alambic avec l'alcool, et, avant de procéder à la distillatimi.
iMi les laisse macérer ])endant un lemj>s qui varie depuis vingt-quatre heuri^ juv
(|u'à plnsieui^s jours. Il est démontré que lorsque l'action dissolvante de l'alroi»! *
pu s'exercer complètement, les pitxluits que Ton recueille sont plus aromatique^
Lu macération préalable est utile dans le c;is même où Ton o|)ère sur des pLuit*^
fi-aiclics. On a d'autant plus de raisons (Niur roconimaiider cette manipulation, (jut
jain;«is elle ne [C'it être nuisible. L'alcool préserve les végétaux contre toute jli-
ALCOOLATS. 017»
nlion peiidaiit un tcmf)s qui dépassa de beaucoup la diu'éo iln cello opératiDu
préUmînairp.
iiorsque h macération est suffisamment prolougéi^ ou proi*4tlc à la distillation
:iu bain-maric. La température de l'eau bouillante est assez élevée pour Yolatilis(M*
(ont Talcool, et elle évite le développement de composés empyreumatiqucs qui no
manqueraient pas de se produire si l'on appliquait directement la clialeur d'un
foyer à un mélange de substances solides et d^alcool contenu dans un vase métal-
lique. Quand ou a recueilli la somme de liquides fixée par le Formulaire, il est indis-
pensable de les mélanger entre eux pour obtenir un tout homogène. Il importe eu
eiïet de remarquer que la composition du liquide distillé n'est pas la même pen-
dant la durée de l'opération. Le point d*ébullition de l'alcool étant beaucoup moins
élevé que celui des huiles essentielles, il en résulte que les premières fractions sont
constituées par de l'alcool extrêmement peu chargé de principes vobtils. A mesure
que le mélange contenu dans l'appareil distillatoire s'appauvrit en alcool, le point
d'ébulUtion s'élève, et l'on obsen'e que les essences se trouvent eu plus grande
ifuantité dans les derniers produits condensés. Nous verrons, en traitant des eaux
distillées, que durant la préparation de ces médicaments des faits du même genre
représentent, mais dans un ordre inlrerse. La conséquence, quant au mode opéra-
toire, est semblable, c'est-à-dire que, pour atteindre l'identité du médicament, il
faut mélanger la totalité des produits partiels.
Quel que soit le soin apporté à ces diverses manipulations, il est rare que les
alcoohts n'offrent pas, lorsqu'ib sont récemment préparés, une odeur et une saveur
communes à la plupart d'entre eux, et tout à fait étrangères à celles qu'ils possé-
deront quelques mois après la distillation. L'expérience a démontré que cet cfTet
du temps, encore inconnu dans sa cause, peut être obtenu très^rapidement par
1 exposition des alcoolats à une température très-basse. Il suffit donc, pour cor-
riger les propriétés des alcoobits nouvellement distillés de plonger les vases qui
les contiennent dans la glace, ou même dans un mélange réfrigérant composé de
glace et de sel marin. Ce procédé est appliqué sans inconvénient à ces liquides reu.
dus presque totalement incongelables par la forte proportion xl'alcool qui entre dans
leur composition.
Telles sont les indications générales qu'il convient d'avoir présentes ù l'esprit rela-
tivement à l'obtention des alcoolats ; on voit qu'elles sont fort simples. Les an-
ciennes pharmacopées compliquaient et variaient beaucoup les procédés, nous
rroyons inutile de mentionner ces prescriptions souvent peu ]*ationuelles, et tom-
bées en désuétude depuis de longues années. II est bon néanmoins de noter que
Ton a oonaervé l'usage d'ajouter une eau distillée aromatique aux substances com-
prises dans la formule de (|uelques alcoolats composés. C'est ainsi que l'eau de
fleurs d'oranger est restée dans la liste des matières qui servent :\ pré );arer l'alcoolat
d'aloès composé, et l'eau distillée de cannelle continue à être un des éléments dt*
l'alcoolat aromatique ammoniacal. Nous renvoyons au Codex pour les détails lela-
lils à chacun de ces médicaments pris en particulier, et nous nous bornerons à
mentionner les alcoolats dont la nouvelle commission a cru devoir conserver l'iii-
kcription dans le formulaire légal.
Alcoolats simples : alcoolat d*anis, alcoolat de badiane, alcoolat de bergamote,
alcoolat de cannelle, alcoolat de carvi, alcoolat de cédrat, alcoolat de citron, alcoo-
bt de coriandre, alcoolat de fenouil, alcoolat de fleui's d'orauger, alcoolat de
senièvre, alcoolat de girofles, alcoolat de lavande, alcoolat de menthe poivnV,
alcoolat d'orange, alcoolat de romarin.
ÙU ALGOOLATURES.
Alcoolats composée : nlr^olat d'aloes composé («ilcoolat d(> Grinis), alcoolat aro*
mntirpie ammoniacnl (esprit volatil do Sylvius), alcoolat de cochléarta compost'
(esprit ardent do cochléaria), alcoolat de mélisse composé (eau de mélisse spiri-
tueuse), alcoolat de térébenthine composé (baume de Fioravanti), alcoobl ^iilné^
raire (eau vulnéraire spiritueuse).
Un certain nombre d'alcoolats, complètement inusités, ont été retranchés sih:-
cessivement des Codex de 1818 et de 1837.
Tous les pharmacologistes, nous Tavons dit, s'accordent à recomiaitre ranalo^^it-
qui existe entre la nature des alcoolats et celle des eaux distillées. U est certain qu'>
t\o. rares exceptions près la substance entraînée par les vapeurs alcooliques^ et qui
reste en dissolution dans le médicament, appartient à la classe des huiles e»eii-
tielles. La température d'ébuUition propre à l'alcool ne permet pas à la totalité de»
essences renfermées dans les matières premières de passer à la distillation. Cepen-
dant plusieurs de ces préparations (alcoolats vulnéraire, de citron onaposé, de térr.
benthine composée, etc.), retiennent des proportions d'essences asses grandes pour
devenir laiteuses quand on les mélange à une quantité d'eau suffisante. CeteiTet e«t
dû à la séparation de l'essence, laquelle est insoluble dans l'eau ou dans Takoo)
très-hydraté. Mais ce caractère n'est pas général, et les alcoolats qui renfennent
peu d'essences sont miscibles à l'eau en toute proportion, sans qu'il y ail opi-
lescence des liqueurs.
Tous les acoolnts sont incolores et transparents. La saveur et l'odeur de ces mé-
dicaments sont constamment alcooliques, mais elles diffèrent dans chaque espère,
et servent pour ainsi dire à les caractériser. Leur densité est très-peu moditiéc
par les principes dissous; elle est très-voisino de celle de l'aloool au mémo titre,
fies alcoolats constituent nn groupe de médicaments peu alléraUes, l'alcool et le»
builes essentielles formant une association dont les éléments sont doués d'une
grande stabilité. L\ seule précaution nécessaire pour leur conservatioii oonsi^le
A les placer dans des flacons hermétiquement fermés, et déposés à l'abri de la lumit'ixf,
dans des pièces dont la température soit assez basse.
Usages et administi^ation. Grâce ù leur véhicule et à la nature des princip*^
que celui-ci tient en dissolution, les alcoolats appartiennent à la classe des eicitanti
difTusibles. On les administre à l'intérieur, dans des potions ou dans des tisanes;
la dose, varie entre quelques gouttes et 2 A 10 grammes. Loi'stpie la dose est CiiUe
ef la saveur peu désagréable, un mode d'ingestion commode consiste à les vener sur
du sucre qu'ils imprègnent par capillarité, sans le dissoudre. Dans la médication
externe, on emploie les alcoolats en liniments, en injections, en fumigalians, en
fomentations, en collyres. Les doses, pour ces diverses formes, ne sauraient Hst
Hxées; elles |)euvent, sans inconvénient, s'élever à plus de 100 grammes.
J. RcCNAOt».
AliCOOLATUMES. Les alcoolatures sont des pr^rations officinales liquiilei
obtenues (lar l'action dissolvante de l'alcool concentré (90^ cent.) sur certaines sub-
stances végétales fraîches. Ce terme a été proposé et adopté |K>ur établir une ligar
de démarcation bien tranchée entre ces médicaments et les solutions alcooliques qui
ont poiu* base les mêmes matières à Tétat de siccilé. Ces derniers médieamenu,
de beaucoup les plus nombreux, sont j>énéralemeiit <lésignés sous le luun de tein-
tures alcooliques, auquel on a vainement cherché a substituer le tenue plui
rationnel d'alcoolés. (Voir, pour la préparation et la composition d««!i alcoolatum,
l'aiticle Teimi-res AixooMQUEs.) J. R»
ALCOOLISME (pathologie). {\\h
JkVO^BËétH, frépvrtdiùn» oAicînalf» lufiiides résuUant de raclion dissolvante?
(le l'akool Riir une on plusieurs bases inédicamenlcuses. Os solutions sont
iimmieset prescrites sous le nom ancien de teintures alcooliques, (le dernier terme
Oit reslé dans le langage médical et dans les formules usuelles, aussi nous bor-
iienH]s*iious à indiquer ici la synonymie et renverrons-nous Thii^oire des alcoolés
à Tarticle TBLNTunBt ALCoouQUGs. J, R.
AliCOOUSMB. Alcoolisme est l'expression dont on se sert aujounl'hui pour
ilésignar toute une. série d'affections engendrées chez l'homme par Tabus des
liqueurs spirituenses. Variées dans leur phénoménalité, ces affections se touchent
jur un lien commun qui les resserre et en fait un tout univoque. Ce lien, c'est la
cause qui les produit et qui leur imprime un cachet spécial. Malgré ce trait
d'imion, les manifiBatations symptomatiques de l'akoolisme se divisent tout natu-
rellement en deux groupes.
Tantôt elles sont simplement des effets immédiats et passagers d'un excès ih
liûi:»sfais enivrantes : Yakooliame est aigu. Tantôt elles sont la conséquence d'un
usage répété et longtemps continué de ces mêmes boissons : V alcoolisme est chro-
nique. A la vérité, il n'est pas toujours facile d'établû* nettement et pratiquement
les difi&*ences qui séparent ces deux groupes, de dire où lun commence, oA
l'autre se termine ; mais celle distinction n'en est pas moins légitimée par la diver-
sité et surtout par la durée des modifications que subit l'économie en pareil cas.
En effet, tandis que dans Valcoolisms aigu ces modifications ne sont que passa-
gères, et disparaissmit avec la cause qui leur a donné naissance, sans 'lai&^r de
traces de leur passage ; dans Y alcoolisme chronique, au contraire, elles sont persis-
tantes et parfois tellement profondes et durables qu'elles portent leur influonct^
Juarpie sur la descendance, au point que l'abus prolongé des spiritueux peut être
compté parmi les grandes causes de dégénércscaice de l'espèce. De là un certain
ilegré do similitude entre l'alcoolisme chronique et certaines mabdies constitution-
nelles, telles que la scrofule, la syphilis, etc.
Ainsi compris, l'alcoolisme, en raison de l'usage toujours croissant des boissons
spiritueuses et des besoins impérieux qui résultent de leur abus, doit être regarda
comme l'un des plus grands maux de l'humanité et rangé au nombre des mala-
dies les plus fréquentes du cadre nosologique. A ce point de vue, en effet, il 110
Êmt pas craindre de dire que l'intoxication par l'alcool a sa place h coté des m:iln-
dies les pins fréquentes, et sans vouloir donner ici une statistique exacte, ou
peut affirmer que la mortalité déterminée pai* cet empoisonnement est dans In
proportion d'un vingtième environ pour les hôpitaux de Paris ; c'est du moins ce
qui nous semble résulter de recherches commencées depuis plusieurs années sur
cet intéressant sujet. Ce fait ne doit pas surprendre, car on lit déjà dans une note
anneiée aux Principes d*hygiène de Louis Odier (p. 282, Genève, 1810) :
< M. Muret, ayant eu la curiosité d'examiner dans le registre mortuaire d'une ville
de la Suisse combien de morts pouvaient être attribuées à Tivrognerie, en trouva le
nombre r grand, qu'il estimait qu'elle tue plus de monde que les fièvres, les pleu-
résies et toutes les maladies les plus perfides et les plus meuilrières (voy. Pricc'
(ht Reversionary PaymentSy vol. 11, p. 250). )>
L*alcoolisme,hien que sa dénommination soit de date récente et que notis'Va ilé-
\ionB k Magnus Huss, n'est pas une maladie nouvelle. L'abus des liquem spiq-
tiieusesest en effet presque aussi ancien que le monde et se retrouve à Vbnque pn<^e
es. L^^s Indiens (L. F. Maury, Crotjanees defaiiiixpiite) ei'W
di* l'histoire des |)enples.
OHi ALCOOLISME (rATiioiociK).
Chinois (l* Empire cliinois, par M. Hue, anc. niiss.apost., l. Il,p. a89) ftMMtti>«iiit
les liqueurs spiritueuses depuis un temps fort éloigné. Ils pratiquaient Tart de b
distillation longtemps avant tous les autres peuples (Morefaead^ On ebriaûng U-
quors, p. i07, in R. Baird Hist. des Soc, de Temp, Paris, 1836, in-8).
Dès les temps les plus reculés aussi, Tusage immodéré des liqueurs sptritaeuse>
éveilla l'attention des législateurs. A Lacédémone, Lycurgue, au dire de PluUn}ur,
faisait enivrer les Ilotes pour inspirer aux citoyens le dégoût de Tivresse. A
Athènes, Dracon punissait de mort les ivrognes.
Rome, à sa naissance, était frugale et sobre ; il n en fut pas de même phis Uni,
lorsque Varron et Caton le Sévère eurent répandu la vigne et le vin ; alors Tivro-
^merie devint fréquente ; mais dès cette époque aussi on punit sévèrement le^
délits commis dans l'ivresse. Enfin, selon César et Tacite, les peuples que somnit
Rome n'étaient pas beaucoup plus sobres que les Romains eux-mêmes ; les Ger-
nuiins, entre autres, n'étaient pas un modèle de tempérance.
Cependant, si l'on consulte les ouvrages de médecine ancienne, on trouve qu'il
y est à peine fait mention de l'alcoolisme, qui est devenu Tun des fléaux de no^
jours. En revanche, cette maladie est signalée par des poètes et des prosateur^.
notamment par le précepteur de Néron, bien placé pour ce genre d'observation :
« Inde pallor, et uervoruni vino madentium tremor, et miserabilior ex cnidîlatibu»
t|uam ex famé macics ; iude incerti labentium pedes, et semper, qualis in i^
ebrietate, titubatio ; inde iii totam cutem humor admissus, distentusque veoUr.
dum maie assuescit plus capere, quam poterat ; inde suffusio lurid» Ûlis. ei de-
(«lor vultus, tabesque in se pulrescentium, et retorridi digiti articulis obrigeaon-
tibus, nervorumque sine sensu jacentium torpor, aut palpitatio sine intenoûasioiie
vibrantium. Quid capitis vertigines dicam? Quidoeulorum auriuoique tonneoia, et
ccrebri exaestuantis vcrminaliones?... » (Sénèque, epist, 95, § 16.) Ti^emUemeol,
anestbésie, vertiges, .tintouins, délire, dyspepsie, ictère, ascite, anasacque, i^i-
cliexie, tel est, en effet, l'énoncé rapide des principaux accidents de l'al-
cool isnie.
Ce que fut plus tard l'abus des boissons spiritueuses aptes la clmte de Rouie,
on ne le sait que trop. En Ai*abie, Haliomet, dit-on, trouva le vice de l'ivrognehi'
tellement répandu, qu'il crut nécessaire de proscrire totalement le vin. Dans notre
France, Charleniagne défendait déjà de provoquer à boire et à trinquet^ et depuî>
cet empereur plusieurs édits ont été publiés relativement à l'abus des liqueurs
fermentées; mais pour la plupart ils furent mal exécutés. Le vin, la bière, le ridie
et quelques autres liqueurs enivrantes provenant de la fermentation du suc d'un
|ietit nombre de plantes, étaient jusque-là les seules boissons spiritueuses ooii-
nuos. Le onzième siècle vit naître une nouvelle liqueur de la disltUatioii du
vin. Fabriquée dès l'ori^dne par les Arabes, elle reçut le \\(xn à'alcohel^ et fut
regardée d'abord comme un poison, plus tard comme mi remède (aquA viUt) H.
au seizième siècle, comme une panacée universelle. De très-boone heure on m
distribua aux ouvriers employés dans les mines de Hongrie ; eu 1581, les Angh»
s'en servirent comme d'mie sorte de cordial pour leurs soldats qui faisaient alor^
la p:uorre dans les Pays-Eis [Annales de Cambden, 1581). Eu France surtout,
l'usage de cette liqueur ne manqua pas de se répandre. En 1514, Louis Xli aooonif «
la communauté des vinaigriers de distiller les eaux-de-vie^ et dès 1678, leur veiiUr.
au lieu d'être réservée comme autrefois aux pharmaciens, se fait publiqaemctii
dans les rues. Bientôt aussi la chaumière du pauvre et le palais du riclie ne fitffiii
plus à Tabri des désastres produits par cette liqueur pernicieuse.
ALCOOIISMR (pvTii^iftr.ir). 617
\u diK*huiluMnc ï>ik*lc, l'abus do roaii-do-vie s';>ecix)îl oiiooi*e ; mai.^ c'«l surtout
ihns le noi'd de l'Europe que cette boisson \a exercer ses l'^vages. Il ftîi constaté
i{uVii 17d4 Saint-PétendKiurg perdait annuellement nh cent trente-cinq indi-
vidus par l'eau-de-vie. En Suède, le privilège de la vente de ces liqueurs, établi
liiiTiiislave III, vers Tannée 1783, y maltiplia tellement le vice de rivrogiieri/»,
i|iril fallut bientôt renoncer à cette branche de revenu. Li bière fut la boissdn
ordinaire des classes laborieuses en Angleterre jusqu'au vbgne de Guiltaume et do
Varie; mais l'usage des boissons spiritueuses ayant été introduit dans les habitudes
du peu|]ie anglais, par un acte du parlement pour rencoaragement de la distilla-
tion, on vit bientôt, en 1744, totitcs les boutiques de la capitale vendre de IVait-
do-îie. Les médecins, celte fois, firent remarquer qu'un grand nombre de personnes
étaient victinesdecet abus, et de la la loi qui le défendit. Ce ne fut cepetuhnl
•{uVn 1751 que des mesures prises par le gouvernement parvinrent à ramener la
(«iBommation de la bière à la mékne qumitité qu'antérieurement.
L'introduction des liqueurs spiritueuses aux Etats-Unis d'Amérique da<e fle$ï
premiers étafaliâsements des colonies anglaises dans cel pays ; mais pendant kmg^
temps la consommation en fut excessivemeat limitée, k funeste erreur qu'elles
i^Nil utiles à l'homme en santé ne fut répandue dans la'raasse du peuple qu'api
la révolution américaine. Durant cette grande lutte, une ration de spiritueux fut
distribuée journdlonent a«x soldats pour les aider à supporter les fatigues de la
i^Mierre, mais un certain nombre d'entre eux coutraotèrent la funeste passion âe
l'alcool et en portèrent le goût dans la société.
Deux causes peuvent être assignées à l'extenaion croissante de la' coiisommation
(les boissons spiritueuses dans œ pays. C'est d'abord la position géographique (|ui
le place dans le voisinage de& Antilles, et ensuite l'abondance des matières qui
peuvent servir à la fabrication des alcools. Le seigle et le mais surtout sont employés
dans la préparation du whisky. La consommation des liqueurs spiritueuses evi i8^8
était de deux cent soixante-treize à trois cents millions de litres (R. Baird, p. 5).
Nous pourrions suivre ainsi la marche et Textensioa de l'abus des liqiienrs'al-
indiques dans les différentes parties du monde. Nous arriverions de cette façon h
montrer que l'inage de ces boissons est progressif et qufil menate partoiA phis ou
moins la santé publique, le bieu'^tre physique et moral des peuples. Un tel sujet
n'est certes pas sans intérêt; toutefois, comme nous aordas l'occasion» de revenir
Mjr cette importante question à proposde latopogn]Mede TaloQolisme, nous prions
l<* lecteur de vouloir bien se reporter à œtte partie de notre travail.
I. Alcoouskb AIGU. Intoxkationaiifné par l'alcool. Nous comprenais sous cett^
dénomination l'ensenlble des désordres passagers qui se montrent dn côté des sy^
lènws organiques et du système céphak>*rachidien en ijorticulier, comme eonsé-''
tpience immédiate des excès alcooliques.
Anatamie patholt^gique. Les lésions anatomiques rencontrées cliex les indi-
vidiLs qui succombent à une intoxication alcoolique aiguë demandent à être exa-
minées dans chacun des appareils organiques : commençons par l'appareil digertif.
L'estomac contient un liquide acide, aigre et parfois des aliments. La muqueuse
^i rouge, injectée, couverte de sugiliations, d'ecdiymosesméme (M. Gasté, Mém.
de méd. et chirurg. tntftt., t. LIV, p. 338; 1843). Dans quelques cas, l'infiltration
[Minilente des parois de cet organe, des abcès sous-muqueux, ont pit être rapportés à
<Y(te intoxication (Ijeudet, Deiulcère; Raynaud» Bull, de la Soc. anal. y sér. Il,
vol. VI, p. 189, 1861).
l/intestin n'offre pas en général do changemenU appréciables ; mais on aurait
618 AL€ÛOLISMB (rjCTiiOL«Gis).
vu siurvouii'flas lié))aLUe8 suppiut^c^s à la «lile d'oxcèn alcodiqiioiai^iis (CniBBiin.
(la M, BéreDger-Fon-aud ; voir plus loiu, p. 6«iO)«
Nous lie conniussHMis rien de précis wr Tétat analooiique do la rate et dis iviiw.
quoique 008 derniers organes, eommo nous lo dirons ÛenUH, semUanl KuscppU*
liles de modifbationii anatoniiques par l'ii^gestion d une abondante cimntilé de li-
(|uourspirituoiKso.
lie corvoaiu, les pouoions et leoc^ur sont In9 organes dont l'altération est le fèm
con»taate : « Dam la mort par l'ivresse, le eerveau, les pouttons et le oanir, dit
M, De^rergie {Méd. légale, 2< édit., 1840, t. I, p. iOft), sans oflkir d'dlératimi
lot^le limitée» ciroeosorite, présente au oontmire un état de plénitude générait^ du
svstème vasculaii^e^ tant des vaisseaux des membranes du cerveau que daa prinô-
paux troncs vascuJaires veineux ifxi se rendant au cour, ainsi qu'une eoiontioii
rouge brique plus ou moins fonoée du tissu pulmonaire. »
Sur sept individus qui avaient auocondié en état d'ivtease^ M. Iknlieu a trouvé
dansdeox ca$ une apoplexie pulmonaire; dans eioq, une bénMirrhogie méainpt'*'
Doux fois il y avait, outre répanchement sainguki de la cavité andnMidienne, un
épHnch^ment dans les ventricules kténaux, avec destruction de leura pnrois et de b
cloison interveniriciilaire. Dana trois cas, le cerveau exhabiit une odour aioooliqiir
tirès-forie, le sang renfermé dans le coiur et les vaiaseaia était noir et liquide ; mv
fais seulement lo oœnr <^ntenait quelques eaiUots peu nombraux et peu comiBlanbi
(ÀfmaL 4;,hyg. et de méd. Ug., t. LUX, p. 390, 18é8).
De ces faits le savant professeur de médecine légale a déduit ia pcoposiCien soi-
VBOte ; K II est permis d'avancer que dans la mort survenue dans l'état d'ivrf"«^.
r,apoplexie pulmonaire, et snrteiitr&poplexieméningée/sont des lésions siooiicoii-
stontesi du moins extrêmement fréquentes et presque camctéristiquea. » Morgagni
{De ^âiHus et cauiia mùrb.) avait ; déjà • signalé Texiatence de l'apopleiir
sanguine du cerveau dans la mori subite 8urveiiu6pendantrivfes8e,etM.Flôariib»a
trouvé dm lo$ oiseaux ompeiifiotÉiiés par Tatoeol une eSusioo sanguiae octtipai
bl.baaedu cer>'det, el panibis visible à traiwrs loa parois du orâne {Becherekti
epapéi\^ sur le^prepr. et les féHct, âuêystàme nerveux^ 3« édit., p. 4M),
Ainsi la congestion et les hémorrhagies des méninges, ou mâiDe dn «rveao.
peuvent âtre la conséquence de l'intoxication aloooKquo aiguë. Ces lésions man*
quont quelquefois pourtant ; car MM. Lallemand, Perrin et Duroy ne les ont pi^
constatées sur les chiens empoisonnés par Taleoûl.
liOs ventricules cérébraux renfemient en outre, le plus sontont, une sénHtd'
abondante qui parfois exhale une odeur alcoolique (Wepfer et Schrader, an rsp
port de J. Frank, TreUé de pathologie interne Parii,, 1840, t. Ili, p. 16(M;
Ogslon a constaté l'existenee de cette odeur partioulièro, qu'a aussi notée M. I«
])rofosscnu* Tai'dicu. Nous avons été à môme, peur notre eompte, de vérifier Li
justesse de ces observations, noiHseulement pour le cerveau et le contenu tl^^s
ventricules, mais pour la plupart des organes, et le foie en particulirr.
Les poumons sont congestionnés ; quelques-uns de leurs lobulea sont afbiicw.
brunsitn^, ils sont privés d^air, camiAés, mais néanmoins insufllafales et ann
friabilité; d'autres lobules sont infiltrés de sang, et lorsqu'on y pnrtiqiie une inn>
sion, il son échappe une sérosité spumeuse et sanguinolente. Le» bronches ^«aii
muges et injectées.
M. Gasté a trouvé une hmnclioopneumonie chei deux individus morts en état
d'ivros.s<*. M. Bérengor-Ferraud nous a dit avoir observé un catt «ualngiie: plusimi^
auleur<) ont égnlomenl parlé do pneumonies survenues A rnrcnsiou ou |»r Miii»
ALCOOLISME (path^loaie). 010
(l'oxrès alcâoliquos. La question de savoir si La pnrnmonin i^OMt ètro causéo par
l'aUis des spiritueux est délicate (H diflTirile à résoudre. Nous y lY^viondrons plus loin.
Le cflNir et les vaisseaux ne sont ])as altérée, uAais leur oiembraue inUrno Qst
ordinairrinent ooloréc par on sang noir, liquide, méluagé de caiUols peu volumbioux
ivmplissant en partie les cavités du coaur et des grosses veines. Dans leurs inié*
lissantes recherches sui^ la physiologie des alcooliques, NH. Lallemaïul, Perriu et
Duroy sont parvenus à extraire une certaine quantité d'alcool du saiig, du ceneau
d du foie d'un soldat qui avait succombé à la ^uite d'un excès d'eau-tle-vie {loc*
cit.^ p. 155; voir aussi plusluiut ; Alcool, actimpkywlogique).
Toile» sont les principales modifications anatonûques qui résultent de l'empoir
soimement aifni par l'alcool; ces lésions, ainsi qu'on a pu le. remarquer, ne sont
|ia< sans offrir une grande aoalo^e de composition ^l d^ caraclères as^ee s<n>-
Uables ; elles se résument ainsi qu'il suit : congestiou aocoa4)aguéQ ou non d'bé*
monrhagie, tant à la surface des toiles mpmhraneuses qua dans réjiaisseur {\(^
(«renchymes ; plus rarement iitfliimmatioasi rapidement suppuratives des principaux
viscères, les poumons, le ibie ou même la cerveau, , ,
Sympiômat. Du côlé des fonotious digestives se mouireut quelquefois k& pre*
miers troubles de raloodisma aigu. Les sécrétions du tubf digestif» d'abprd mr
crues, 86 tarissent bientôt et peu à peu, du fiioins chût les individus qui n oui pas
l'habitude de boire,
La bouche, chez eux, est sèche, la .salive est épaisse; une sensation de brAlmiç
!i«> fait sentir à l'épigastre ; il y a de$. nausées et qnelquetots des vomiâsemrnts
répétés. Ordinairen)6nt ce dei-nier symptàfiie dispsuraitafise% vite ; le$ luUresi M oûxït
tntiro, peuvent perâter pendant plusieurs jours.
Lnsotf, en eiïet, reste vive, la bouolie pàteuse,> amère ; la âalive est visqueusTk
1.1 langue estchargée d*un enduit blanehâtra, et L'appétit e«t md. Il y a persistante
dune gène plus ou moins grande à l'épigastre. Le mabdo éprouve ilds mpports,
(l(>s aigreurs; il accuse des borborygmes, des coliques, et parfoia il est pris d*unc
(lianhée bilieuse. Les digestions, dans ces oouditiMHis, sont péniMes on même iior
(ossiblos pendant plusieurs jours. Ot ensemble phénoménal constitue la gastre*6i|-
u'rupathifi alcoolique aiguë {aldooUsmus gûstrc^testinalwaçutHê)^ par opposition
;nix troubles digestifs que noua retrouvenMis plus loin, et dont la marche est ordir
nairemenl chronique. *
il n'est pas extrêmement rare que le malade se pkiigoe en mémo tamfa do vio*
lentes douleurs du côté du foie, c'est alors une véritable hépalalgie, symptôme star
ItHfuel H. le docteur Beau a insisté avc€ raison dans un intéressant mômoiit) ou il
lait connaître la liaison qu'il peut avoir avec Tnhus des spiritueux {Arcks gén* de
méd,j série IV, vol. XXV, p. 406 et suiv. 186i). Dans cpielques cas, survient même»
«iprès plusieurs jours, un ictère qui revêt le pins ordinairement le csaractère de rie*
tère simple, et qui parfois acquiert ua certain degré de gravité ; c'est là un autHB
s^raptâme sur lequel nous nous proposona de revenir.
Avec l'apparition des premiers troubles digestiés coitacideDi ordinairement les
ilésordres nerveux connus sous le nom àHvresse (encéphalo-myélopalhie alcoolique
aiguë, alcoolisme cérébro-spinal aigu). Leur prédominance est telle qu'ik ont, mais
:i (ort, à peu près uniquement fixé l'attention dos médecins.
Au bien-être général que détermine tout d'abonl nue petite quantité de liquetu
^^Hritueuse succède, sous l'influence d'une ingestion plus abondante, luic exciiation
::éoérale : la force musculaire s'accroît, les yeux brillent, une gaieté plus que na-
UmMe érlat4', les simcis sont bannis, la figure est resplendissante, nnimtV, los idées
(lOo ALCOOLISME (pATiiotOGif).
M)nl pi'p^.sér's (^1 nljoiidunles, le couraïu'o tiilropidl?, la sciiMbilUé cuill^'; suruMii
nii sentiment de vcilige agréable d*nboixl, plus brd péiiiMe; la vue s'ofaRcuirû.
parfois elle est double; il y a des tintouias, des bourdonnements d'oreilles ; peu
après les sens s'émmissent, la déniarcbe devient ineertaine et vacillante, la paroi**
embarrassée, les idées se snceèdent avec désordre. Aux inspirations d'nn e>pril
stimulé succède un bavardage inepte, des discours sans liaison ; le courage dés*'*-
nère en témérité et la joie est ettnivagante, le caractère toame à fai suscepti-
bilité, à la défiance, à Tirascibilité, les jugements perdent leur justesse, ils di'-
viennent incomplets, hasardés, durs, incohérents ; l'esprit devient mordant, insipide,
(■e n'est plus quun flux désordonné d'idées qui finit par faire place à un Téritablc
délire. » (Ch. Roesch, Annales d'hygiène^ première série, t. XX, p. 7.) Alors, dit
i. Frank {Traité depatholog. inL,i, III, p. 159), chacun découtre avec candeur,
sincérité et sans dissimulation ses moeurs et son caractère, d'où l'adage: In vimf
v(^*itas. En efîet, l'homme colère s'irrite, frappe et mord; Thomme passiuninr
sonpire, embrasse; le sot se met à rire et fatigue de ses présents ceux qui n'en
veulent pas; l'homme triste verse des larmes, parle de la religion et de la mort.
La conception délirante, cependant, n'est pas toujours en rapport aTee Tétit
monil ph>'5iologique. Les exceptioas i\ cette règle sont nombreuses : souvent m
\t)il des hommes timides changer complètement de caractère, devenir querelleiirs
cl méchants ; des individus polis et méticuleux se montrer grossiers et enirepiv-
nnnts. (Compendium de médecine ^ article Ivresse.)
A cette période, les mouvements perdent leur précision : ils sont hmaque».
iiiooordonnés ; les yeux sont hagards , la démarche incertaine, saccadée, difficile.
titubante, souvent elle finit par devenir impossible, et le malade tombe. A l'exal-
tation de la sensibilité succède l'analgésie, une anesthésie plus ou moins ooinpièli>
et générale, manifeste surtout aux extrémités ; l'intelligence s'anéantit peu à peu;
survient en dernier lieu un état de coUapsus plus oa moins profond, avec reli-
chemcnt des sphincters et la dilatation des pupilles, (^ton a vn ces derniers pbéfMK
mènes snccéderà un resserrement pupillaire {Edinburgh Med. and Surg. Jmm„
1842).
Pendant ce temps, la respiration et la circulation subissent des modification^
^lariées. La respiration est d'abord accélérée, sonrhjthme est trouMé, la qiianlit«''
d'acide carbonique expiré est moindre, il existe une sensation de gène, de consth«'-
tton tlioracique avec dyspnée ; plus tard, bi respiration se ralentit, elle s'embarrafo**.
devient profonde, stertoreuse, le sang engorge les poumons, et des muonâu^
remplissent les bronches : c'est un véritable état d'asphyxie. Ilans certains cas, oii
a pu constater tons les signes de l'apoplexie ou de l'iiiflammaiion des poumoib
Len battements dn cœm* se précipitent, les veines jugulaires se gonflent, les ar-
tères du cou battent avec énergie, la face s'injecte. La région dn coeur est lesii^'t
do palpitations plus ou moins violentes. L'exfiérience a prouvé qu'à la suite d'um*
injection d'alcool dans les veines la colonne mercurielle de rhémodvnamomîtn*
monte d'abord pour redescendre ensuite (Royer*Collard, Thèse de concoure.
Paris, t837).
La sécrétion urinaire est accrue et par bi quantité de boissons ingéféci et pv
une action propre de l'alcool sur les reins ; plus tard, les urines diminaflnt àr
quantité, ];arfois elles sont rendues involontairement. Leur examen pendant b
période d'ivresse a rarement été fait, et ou connaît peu la modiiicatioB qu'elle^
subissent alors. Dans quelques cas, on les a trouvées albumineuses quelques Jours
après un excès de boissons. M. le docteur Voisin a dernièrement rapporté un Uii
ALCOOLISME (patholucik). G!21
tif ce geurc; eu voici un autre que nous avons été à même d'observer dam le
sf'nice de la clinique, auquel nous sonmies attaché. Un homme âgé de vingt-huit
:uis, robuste, se livre pendant trois jours à des excès presque continus, il boit envi-
iTHi vingt litres de vin; il prétend quil n*a pas éprouvé les phénomènes de
l'ivresse, mais, deux ou trois jours plus tard, il ressent une douleur violente au
niveau de la i*égion hypochondriaque droite, son teint se décolore,, ses jambes
s'œdématisent ; il entre à Thôpital le soir du septième jour après Texcès de boisson.
A son entrée, les urines, peu colorées, sont manifestement albumineuses ; le len-
demain, on y constate à peine des traces d albumine ; le s jours suivants le précipité
albumineux est plus abondant; dix jours plUs tanl, douleurs dans la région rénale,
mines sanguinolentes, précipité floconneux abondant par la clialeur et ïac'nh
nitrique, globules sanguins dans les urines, cylindies iibrineux , cellules épilliéliales ,
;{i-aimleuses, globules gras ; céphalalgie violente, qui cècîe à un lavement purgatil*.
Au bout de quelques jours, les urines repremieut leur teinte normale, l'albu-
iiiiuurie disparaît à peu près totalement; le malade, qui sent ses forces revenir,
ileniaude sa sortie.
L'excès de boisson fut la seule cause à laquelle parut, à M. IlérarJ comme à
moi, devoir se rattacher cette albuminurie aiguë et passagère. Kapproché do
lobsenration de M. Voisin, ce fait semble indiquer que dans certaines cii-con-
slaiices, l'albuminurie peut être liée à Tintoxication alcoolique aiguë. En paieil
cas, il y a tout lieu de croire qu'il existe une modification du tissu des reiiii^
rt ))rincipalcment des épithéliums des tubuli : comme Tictère et la [Nieumo-
nie, cette dernière affection se montre en général quekjues jours après Vexais
alcoolique.
fiCS fonctions génératrices subissent un peu le sort de toutes les autres. Excité
lorsque les premiers effets de l'intoxication alcooli(|ue se font sentir, l'Iiommc est
(fabonl invité au plaisir de l'amour. Hais si le coït est plus fréquent, dansées con-
ditions, il est vraisemblable qu'il est moins productif; à une période plus avancée,
les fonctions génératrices faiblissent ainsi que toutes les autres. La peau est habi-
luellement le siège d'une sueur abondante, elle olVre une odeur légèrement
«'dcoolique, moins prononcée toutefois que celle qu'exhale la muqueuse pulmonaire,
A l'injection et a la chaleur de la surface cnitanée au début de l'intoxication succè-
dent, dans les cxis graves, l'aliaissement de la température, la pâleur ou une teinte
Molacée des lèvres et des extrémités en rappoit avec les désordres de l'hématose.
Li description qui précède, tableau aussi fidèle que possible des principaux sym-
|Homes de l'intoxication aiguë par Talcool, ne donne pas encoie toutes les nuances
>\iiiptoinatiques propres à cet empoisonnement. L^s manifestations de l'alcoolisme
^'igii varient, en elfet, avec la nature et la dose du jjoison, avec Tùge, le sexe,
le |iliis ou nioiiis d'aptitude aux liqueui*s spiritueuses, les dispositions particulière^
dt's individus, les climats, les saisons, les rac«s, les conditions sociales, etc.
I>e là résultent des formes nombreuses sur les(pielles nous reviendrons dans le
'ours de cet article (voi/. Étiologie). Pour l'instant, nous nous conleutemns de
diiv quelques mots des variétés les plus importantes de cette intoxiciition,
U fonne convulsive et la forme apoplecticpie (ivresse couvulsive, ivresse
•tpplectique).
La forme oonvulsive de l'alcoolisme aigu a été décrite piir Percv sous le nom
A'ivresse convulsive (Dict» des sciences ind(f.,t. XXVI, p. 249).
Tout excès de li(|ueurs fortes, de boissons spiritueuses, peut produire l'ivre^^HJ
«umulsive, surtout dans un temi)érament irritable; le vin nouveau, le vin factice.
im ALCOULISHiâ (patuoluuie).
celui (|iron a atUîré pr i*;ulditioiid'n!coo1, et avaut tout reau-dc- vie dof,a*aiii» cl ik
genièvre, en sont les principales causes.
Los elTcts immédiats de c(^ boissons ne se Ifaduisent pas toujours |iar des mou-
vements convulsifs, mais jwir un état d'ivresse assez lé^cr pour permettre au lual-
hourcux buveur de marcher et de pouvoir se promener. Une douleur violente se l'ait
bicnl()t sentir h l'estomac ; la tèli*, dcji\ embarrassée, s'égare tout à fait, le front r>t
le siège d'une doulem^ aiguë qui jwrte machinalement à y appuyer la main ; le^
yeux, l)rillants, deviennent hagards, présage d'une frénésie imminente; le< ten-
dons soiïi ogités de soubresauts; la respiration est profonde et stcrtoreuse; les nau-
st^'os se mêlent ;\ tous ces sjTtiptùmcs et les convulsions suix^ent de près ; «judquelbi-
elles éclatent tout à coup au milieu du sommeil, ou plutôt de cette stupeur ani-
male dans hupielle jette l'ingiu-gitation de l'estomac. Alors le malade peut se pré-
cipiter par la Icnétre ou se blesser dangereusement en se roulant sur le \ra\v on ^■
heurtant la léte contre les mui^ou contre le Iwis de son lit. Percy a vu iKTir AiV\
individus de cette manière.
liCs mâchoires sont serrées, le malade |K)usse des cris inarticulés ou profère d'--
liiu-oloï^ incohérentes ; il n'a pas la conscience de ce qui se passe autoiu* de lui, Kim
que queliiuefois il injurie les assistants et cherche à les frappr. Cet étil d'c\a<<i-
bation se lerniine néanmoins presque toujours d'une façon heureu2»e.
Percy recommande de tenir le malade au lit, les cuisses assujetties aiei- If-
draps passés en Iravei-s, de provoquer les vomissements par des injections ab'»ndant<^
treau tiède et non i)ar Pémétique, qui n'est pas sans danger. Plus taiil, tnx admi-
nistre les calmants.
IjCS faits qui se rap|3ortent à cette fonne ne sont pas extrêmement nrc^
MM. Lallemand et Perrin (p. 167) ont eu l'occasion d'en obsei-ver plusieurs daii^
les(|uels les convulsions se déclarèrent au milieu du sommeil avec une liolciic
telle que quatre hommes vigoureux allient de la peine à contenir le malade, auqui'l
la pâleur de la face et l'immobilité des pupilles donnaient une physionomie as^i
jwrticulière. Nous avons, pour notre compte, rencontré des cas analogues ilaib !•'-
Iiopitaux de Paris. Trop fréquemment diagnosticpie-t-on alors une attaque dV|»!-
Iej)sie.
Une autre forme, dite apoplectique, se caractérise par l'état comateux iLni-
leipiel le malade tombe en général rapidement. Le coq» est fixiid et iiuieubible, b
respiration stcrtoreuse, Tœil vitreux et atone; le jwuls est misérable, a jieiiH' j»*i-
ceptible. Sans l'odeur alcoolique ([u'exhale le malade, on jxjurrait croire à w»
liémori'liagie cérébrale. La mort est parfois rapide, sinon subite.
Il est im|K)rtantde noter que ce it'est [tas toujours à la grande quantité d*.!!!!"»!
ingérée qu1l faut attribuer ces synqHômeb différents, mais souvent à des ttinditimh
s|)éciales, et en particulier à l'action du froid. C'est, en eflet,!! la suite du pv
sage d\ui lieu chaud dans un lieu froid, en hiver, dans les pa\s tem|»éré>, ettu
toute siis4)n dans les {Kiys froids, que Ton observe la forme foudroyante ou *»[**-
plectique.
Marche^ durée et terminaison. L'alcoolisme aigu accomplit son évolutioii ^n
deux temi». Deux priodes peuvent être distinguées dans sa marche : la pn^niirn
est caractérisée par l'exaltation de toutes les fonctions organique» ; la seconde, !•»
la dépression de ces mêmes fonctions. Entre ces deux périodes ^<î trouve un étal
intennédiaire, en général de courte durée. D'aliord les idées pétillent, la gaiettW^
vive, les sécnHions et la plupart des fonctions sont exagéiivs ; arrivent le dcî<onh<'
des idées, les vertiges, l'incoordination des mouvements, le tix>uble de la pi")"'*
ALCOOLISME (ràTUOLociK). Ot^o
des l'oiiciious; c est en «(oelque sorle la période de transition ou de |H.*rvei'siou loiu -
timuielle. Eiifiii les vertige:» continuent; le visage, qvti éUiit injecté, pâlit, lus tniils
S4* décomposent, les spliinctei's se relâchent, la pupille se dilate, il y a sus|)ensioii
do rinCelligenoe, de la sonsibilité, du mouvement et des princi|)ales fonctionN' de
l'coonoaite; c'est une mort apparente, sinon réelle.
La durée de l'alcoolisme ai^ii est variable. Tant f[u*il n existe qu'une ivresse
UV'èiv, celle-ci se dissipe ordinairement au bout de (pielques heures. Dans toute
.(ulne circonstance, les effet*) de l'intoxication persistent plusieurs joui-s. Galion,
llanRiu, J. Fnuik prétendent que Tivressc habituelle n*cst pas entièrement dis-
>i[Hx u^-ant le lendemain, h l'heure à peu près où elle a commencé. Disons qu'a
(Tt égai^ il n*est rien d'absolu : la durée de Tintoxication aiguë pai* l'alcool est en
oflet sournise à des oonditions diverses qui chaiigeut toujours plus ou moins la ra-
pi<lité de sa terminaison. Un sommeil profond et ^e transpiration plus ou moins
abondante sont deux symptômes qui viennent souvent juger rempoisonnement
iiigu par l'alcool. La guérison ent ici la règle ; mais datis (|irclques cas ralooolisniô
.ii;;u laisse à sa suite des altérations telles que des liémorrhagies méningées ou en-
(vphaliques, des aflections du foie et des reins , cpii ne sont pas toujoin's sans gra-
cié: Ijft mort peut être la conséquence de Fintoxication alcoolicpic aiguë. OHIla,
Oiristison et plnsieui*s autres auteurs citent des cas de mort t*apide par suite de
riugestion d'une plus ou moins grande quantité d'eau-de-vie. M. Devei-gie signale
rivn»se comme cause déterminante de mort rapide dans quatorze cas sur quarante
.4mii. d'htjg. pnbl. etdeméd, lég.y t. XX, p. 76, 1838). M. Tardieu rapporte un
t^eiiain nombre d'exemples de cette terminaison (Ibid.^ t. XL). Celle-ci ne résulte
|ns seulement de l'action des alcooliques sur l'organisme, mais encore des chutes,
(les coups ou des blessures qui ont trop sou^-ent pour cause YéVxt d'ivresse.
Diagnostic. Le diagnostic des accidents aigus déterminés par l'abus des bois-
sons alcooliques importe tout à la fois au point de vue de la pathologie et de la
médecine l^le. Outre qu'il est un malade, l'homme Ivre est un aliéné, un
être privé de raison et de jugement, et par conséquent inca|iable de savoir ni ce
«pi'il lait, ni ce qu'ii dit {merUis non eompos). On n'ignore pas non plus que
'«Mivcnt l'ivresse est feinte jxir des individus aput intérêt a faire croire que leui^
nian%aises actions en sont la conséquence {voy. Alcoolisme, médecine légale).
L'intoxication alcoolique aiguë et légère est en général facile fi reconnuitre ; il
nVii est pas de même de l'ivresse portée à un haut degré. Certaines lésions niaté-
nelles du cerveau ou du cervelet (congestion, hémorrhagie, piralysie générale),
ceilaines fièvres à leur début, et particulièrement la fièvre typhoïde, ainsi (|ue nous
1 avons vu dans un cas, eiilin les intoxications avec ivresse , sont autant d'états
t«irticuliers qiii parfois engendrent des troubles susceptibles d'être confondus avec
)'cm|ioisonnenient alcoolif{ue aigu.
\a^ détails commémora tifs, l'odeur alcoolique exhalée |)ar le malade j suflisoiit
ordinairement pour faire éviter toute erreur de diagnostic; cefiendant un cas endnirras>*
sinl d'affection encéphalique, disent MM. Monneret et Fleury (Conip., t. V, p. 467)',
^< celui de l'homme ivre qui est pris de congestion cérébrale ou d'apoplexie* Sou-
vent le médecin croit n'avoir à combattre que l'ivresse, et s'aperçoit bientôt qu'une
ItVion plus grave existe dans le cerveau. Le diagnostic n'est pas toujours possible
en pareille circonstance. D'autres fois on croit à l'existence d'une hémorHiagie céré-
brale chez un sujet qui est entièrement rétabli le lendemain, et sort de l'hôpital.
Chez les marins et les soldats anglais, ({ui sont généralement ivrognes, il faut,
dit Trotter (Anatamy ofDrunkenneêft), beaucoup de discernement pour distinguer
<>24 ALCOOLISME {vxJuohiHiit),
rinesbju de la lièvre typhoïde ; eu tout cas la difficulté ue saurait être de lon;;ui
durée, la lièvre et ses ucce<soiros ne peuvent tarder a lever tous les dcmtc» à «vi
égard.
Parmi les nombreux agents dout les elTets sur lorganisnie peuveut sùuuitr
Tivresse alcoolique, citons les substances uarcolico-âcres, telles que la juaquiaar.
la belladone, le datura stranionium, Tivraie enivrante, et surtout le tabac, l'ofiaui
et le Uascbich {voy, ces mots).
Relativement à la œmjKiraison de Tivresse narcotique et de Tivresse alcoobqut*.
voici le tableau qu en l'ail M. Ubermann {L&s fumeurs iTapium en Chine^ Pari^.
1862): (( l/ivresse naixrotique, comme 1* ivresse alcoolique, saocompagiic dUm
stinmlation pliysique et intellectuelle ; toutes les passions individuelles sont m^
en jeu et excitées à uu haut degré ; puis, après cette ébullition, il y a réaction «pii
consiste en lui ailaiblissement ^néral, suivi d'uu sommeil profond ; seulemeol l
sounneil narcotique arrive généralement plus vite que le sommeil produit |ur
l'alcool, et s'accompagne de rêves et d'images qui manquent d'ordiiiaiiv * «y
dernier. »
ProttOsUc^ L'intoxication alcoolique aiguë n'est p>is loujoors saus gn>iU:
nous siwons que, portée à un degré extrême, cette intoxication peut déterminer b
mort, tellement que H. Devorgie a observé co mode de termiuaison qnaUira.* ftn^
sur quarante.
D'après Sussuiilcli, le nombre des individus nKM'ts à lioudi'es, pendant Tixn^
même, a été de 27 depuis 1686 jusqu'en i 710, de 499 depuis 1711 jusqu'en ITr^.
et de 631 depuis 17r>6 jusi^u'en 1758 (Roescb, loc, cit., p. 66;. Ces diiffrts, e<
licaucoup d'autres que nous pourrions citer, indiquetil suUisamment le danger dt^
alcools pris à dose toxique. Dans l'intérêt de la médecine et de la ma^ale, il »eriil
à désirer qu'on tînt loujoui*s et partout avec le même soin les tables de inoruli!'
produite par l'ivresse.
II. Alcoolisme chromqce. Synonymie. Morbus ex abusu alkohoUcarum
chronicus, moiifvjs potatorutn ckronicm. — Chronische Vergiflungen dunk
Alholwl und alkoholische Gelrànke, -^ Ivrognerie, crapule, etc.
Sons la dénomination lïalcoolisme chronique^ nous entendons une maladie t
évoluUon ordinaii'ement lente et progressive, causée par l'abus prolongé des» Un^
sons spiritueuses, caractérisée auatoniiquemeut par des inllammations spéual'^
non suppnratives, ou |jar des dégénérescences graisseuses des oi^aiies; >yni)4<>-
niati({uenient par des troubles fonctionnels divei's, portant principalement Mur h^
systèmes nerveux et digestif.
NcNMH(r»i»lilc. g 1. Appareil DK LAm^ESTioN. Les organes digestifs, a|i|N-ii'^
à recevoir et à absorber les lx)issons spiritueuses, sont par ce fait même plu» tp*
les autres viscères exposés à l'action des agents alcooliques. C*est qu'aux effets tii
l'alcool pénétrant tous les tissus ptir la circulation s'ajoute ici 1 action t<ipii|u-
il'nne substance iiritante sur la nmqueusc digestive et sur celle de Testoniv <«
particulier. L'étude des altérations de cette muqueuse doit, pour cette raisoiu |>n-
céder la description des modifications pathologiques des glandes amieies et «Vr*
a|)pareils organiques.
a. Tube digestif. Chez un bon nombre de buveurs, la muqueuse linguale ytr-
Siuitc une coloration rouge anormale, elle est fendillée, dépourvue d'épitliêliuoi.
Sis {Kipilles sont voluinincuses, liY])erti'opl liées.
(x;l étal (larticulicr, (pie plusieui-s auteurs ont ess;i^cde rattachera laiieulMii
ALCOOLISME (pathologie). 625
nous avons eu Toccasion de le noter plusieurs fois, mais uniquement chez des
buveurs qui faisaient usage de la pipe et abusaient du tabac, de telle sorte qu*il
pourrait se faire, et c'est assez notre avis, que ce dernier agent fût plutôt que
l'alcool la cause de cette lésion de la muqueuse linguale.
Les mêmes réflexions sont applicables à la muqueuse pharyngée, qui, dans les
mêmes circonstances, devient le siège d'une coloration rouge anormale et d'une
modification analogue à celle de la muqueuse de la. langue. Il ne saurait en être
de ménœ toutefois à l'égard de la muqueuse stomacale, dont l'intégrité se conserve
rarement chez les individus adonnés depuis un certain temps à l'usage des spiri-
tueux. Les modifications que subit cette muqueuse sont manifestement dues h l'in-
fluence des boissons alcooliques, et le degré d'altération qu'elle présente est géné-
ralement en rapport avec le degré de concentration des liqueurs absorbées et l'état
de plénitude ou de vacuité de l'estomac au moment de leur ingestion. Gastrite sim-
fU- ou ulcéreuse, telle est l'expression qui résume le mieux les lésions variées de
Te^tomac dans l'alcoolisme.
\a gastrite alcaoUqtie simple est une affection relativement fréquente, et que
caractérise une modification anatomique assez particulière. L'estomac conserve
rarement ses dimensions normales ; tantôt, et ceci plus particulièrement au début
d<? l'altération, la cavité de cet organe se dilate, ses parois, non indurées, sont plu»
tôt amincies; tantôt, au contraire, et en général plus tardivement, cette même
ai\ité petite, rétrécie, arrive à présenter une capacité qui ne dépasse pas celle du
ci)lon transverse. D'une façon générale, la dilatation de l'estomac se rencontre de
préférence chez les buveurs de bière, tandis que le rétrécissement appartient plutôt
aux buveurs d'eau-de-vie. La coloration de la muqueuse est changée ; à la teinte
niH^e a succédé une riche injection rougeâtre, sous forme de plaques disséminées,
occupant surtout la région voisine du cardia et la petite courbure. D'une étendue
qui varie de quelques millimètres à plusieurs centimètres, ces taches, dues A une
vascularisation extrêmement riche et vraiment remarquable , ne font ps de saillie
a)iprécial>le, mais elles sont quelquefois parsemées de points brunâtres ecchymo-
tiques. Leur présence caractérise le premier degré de l'aflection, et ce qui prouve
que cette modification est bien sous la dépendance de l'abus des spiritueux, c'est
iion-seulement parce qu'elle se rencontre surtout chez les buveurs, mais aussi parce
qu'il est en quelque sorte possible de la reproduire à volonté. Il résulte en effet
de^ expériences pratiquées par le docteur Beaumont sur son Canadien, que la
muqueuse stomacale devient au contact des alcooliques le siège d'un érythème plus
ou moins marqué, qu'elle se couvre de taches aphtheuses et de gouttelettes de
sang. Quant au suc gastrique sécrété en pareille circonstance, mélangé à une
noUble quantité de mucus et teinté de sang, il ressemble à des matières prove-
nant de l'intestin dans certains cas de dysenterie chronique.
A une période plus avancée, c'est-à-dire quand les excès ont été longtemps répé-
té>, la muqueuse épaissie, ferme et comme rétractée, présente une tciutc grisâtre
pointillée de noir (pigmentisation), sons forme de plaques plus ou moins étendues,
et disséminées dans les différentes régions de l'organe, particulièrement dans la
répon moyenne, à quelques centimètres du pylore. Les replis longitudinaux de la
muqueuse sont en général saillants, la consistante de cette muqueuse est plus
ferme, elle est tantôt indurée (Ogston, Edinh. Med, andSurg. Joiint., t. XL), tan-
tôt plus friable et véritablement ramollie (Peters, in New-York Janrn, of Med.
Science^ vol. III, n"^ 9). Sa surface interne est couverte d'un mucus épais, visqueux,
inuisparent, et parsemée de petites saillies formées par l'hypertropliie des glao.
DicT. E^c. II. 40
6*26 ALCOOLISME (patuoloqie).
dules de l'estomac le plus souvent, ainsi que nous Tavons remarqué, siomiso .*i
une dégénérescence granulo-graisseusé.
Dans certains cas, assez rares il est vrai, le tissu conjonclif sous-muqueux, )•
tunique musculeusc elle-même, participent à cette hypertrophie, ainsi que root
vu MH. Gharcot et Yulpian (Bullet, de la Soc. de Biologie), et que nous avon^
été à même de le vérifier dans plusieurs cas, et c'est alors, si on n'y prend garde,
qu'il est facile de confondre les lésions produites par les spiritueux avec une affection
cancéreuse. Hais, suivant la judicieuse remarque du professeur Leudet, de Roiien
{Des ukèf'es de Vestomac, à la suite de Vabus des alcooliques, Rouen, t863K
ces hypertrophies partielles, tantôt sessiles, tantôt pédiculées, coexistent ordiiui*
rement avec d'autres altérations, et en particulier avec des ulcérations de la mu-
queuse gastrique, circonstance qui conduit nécessairement à rapporter ces diferse»»
lésions à la même cause, c'est-à-dire à une phlegmasie consécutive aux alcoolique^.
Avec ces lésions coïncide quelquefois une véritable gastrite phlegmoneuse aiguë, mh-
ceptible de se terminer par la suppuration du tissu sous-muqueux et de donner lie»
à une infiltration purulente ou à des abcès sous-muqueux plus ou moins nombreui.
Cette altération, que nous n'avons pas eu l'occasion de rencontrer, a été obsenCr
par plusieurs auteurs, par le docteur Leudet en particulier, sur des indi^idm
^donnés aux liqueurs fortes, et ce médecin distingué n'hésite pas à la rattadier i
l'action de ces liqueurs. La gastrite phlegmoneuse serait donc, dans certains cas
un effet de l'alcoolisme. C'est une manière de voir à laquelle nous nous associons
volontiers, n'ayant aucune objection à y faire. Cependant nous ferons remarquer
que si l'inflammation adhésive est une lésion fréquente dans l'alcoolisme chroniqii<*.
l'inflammation phlegmoneuse suppurative y est au contraire extrêmement rart*, r(
n'appartient guère qu'à l'alcoolisme aigu.
La gastrite alcoolique ulcéreuse est, comme sa dénomination l'indique, es!?!*!!-
tiellement caractérisée par la présence d'une ou de plusieurs ulcérations I la sarît^r
de la membrane muqueuse. Beaucoup plus rare que la gastrite chronique simplr,
lésion habituelle aux vieux buveurs, la gastrite ulcéreuse, déjà signalée par fJo-
sieurs auteurs chez les individus qui faisaient excès d'alcooliques, a été demièn-
ment l'objet d'un travail plus spécial de la part du professeur Leudet, qui a ajout'
plusieurs faits à ceux déjà connus ; ces faits, et quelques-uns qui nous sont per»)*
nels, vont nous permettre d'essayer la description de cette manifestation.
Quelquefois simple, mais le plus souvent multiple, l'ulcère de l'estomac «^
susceptible d'occuper les différentes régions de cet organe, celles-là même» qui
ordinairement sont le siège de la gastrite simple. Le plus souvent placé au som-
met d'ampliatiou de la muqueuse superficielle, et en général borné à cette se«l^
membrane, il ne produit qu'exceptionnellement la perforation, et oonsîsie tant^
en une simple érosion de quelques millimètres, dont le plus grand diamètre cor-
respond à celui de l'estomac, tantôt dans une perte de substance plus étendu^,
à bords mousses à peine indurés, ayant plusieurs centimètres de diamètre ; d au-
tres fois, enfin, le désordre anatomiquc est en voie de réparation ; l'eu rencnntn
des cicatrices étoilées et rayonnées avec adhérence au tissu sous-jaceiit épaissi, <'t
qui, par leur teinte blanchâtre, tranchent sur la coloration noire pigmeotaire de b
muqueuse de leur voisinage. La possibilité de, suivre en pareil cas les divers-
phases du processus morbide ne peut laisser aucun doute sur l'origine ou la valeur
syniptomatique de ces cicatrices, qui sont ordinairement multiples, à peine <l<'^
primées et parfois dis|X>sées en groupes. Assez rarement, disofis-le, ces cicalrio-^
donnent lieu à un rétrécissement stomacal ou pylorique.
ALCOOLISME (pathologie). 637
Outre les caractères que nous leur avons assignés, les ulcères dont il s'agit se
font encoi*e remarquer par la coloration de leurs bords et de leur partie centrale.
Souvent il est facile, en effet, de constater à leur centre la présence d'un caillot
sanguin, rougeâtre ou jaunâtre, et sur leurs bords, au milieu d'une injection mar-
({u/'C, on trouve parfois aussi des taches brunâtres ou même de petits foyers san-
puius. Dans d'autres circonstances, le fond de l'ulcère est simplement grisâtre;
l'examen microscopique, en tout cas, nous montre au niveau de ces pertes de sub-
>tiiiœ la présence de la matière colorante du sang sons forme de grains plus ou
nioins volumineux, l'existence de quelques globules graisseux et la destmction plus
ou moins complète de la muqueuse gastrique. Li présence pour ainsi dire constante
lie rhématosine, comme aussi la disposition de certaines ulcérations sous forme de
traînées allongées, dans le sens de la direction des vaisseaux, sont deux circon-
stances qui méritent d'être rapprochées; elles semblent expliquer en effet le méca-
nisme de foimation de quelques-uns au moins des ulcères alcooliques de l'estomac,
ta indiquant que ces lésions peuvent avoir leur point de départ dans l'altération et
loblitération consécutive d'un ou de plusieiu^ des petits vaisseaux de cet organe.
Des lésions précédentes nous rapprochons le ramollissement de la muqueuse
^iibtrique (Peters, New-York Journal of New Science, vol. III, n« 7), état
morbide qui, d'ailleurs, appartient au même ordre anatomico-pathologique, et
lie doit pas en être séparé, puisqu'il est la conséquence ordinaire d'un état phleg-
masique spécial. Chez une malade dont nous avons autrefois rapporté l'observation
{Ga:>ette médicale, 1859), l'estomac, couvert de sugillations sanpruines, offrait un
amollissement notable avec coloration bleuâtre de la muqueuse dans toute l'éten-
due de la région pylorique. Le simple lavage était suffisant pour faire disparaître
«ette muqueuse en bouillie; l'impression des doigts, à plus forte raison, mettait â
au les tuniques sous-jacentes. Cette femme, qui depuis longtemps faisait abus de
vin et d'eau-de-vie, s'était livrée quelques jours avant sa mort à de nouveaux excès,
ipu cette fois amenèrent une terminaison funeste.
Des lésions du genre de celles qui précèdent se rencontrent quelquefois dans
l'intestin des buveurs, surtout au voisinage de l'estomac. C'est ainsi que Leudet
lObserv. I, lac. cit.) a observé, dans la dernière portion de l'œsophage, des ulcé-
i^tions analogues à celles qui siégeaient dans la muqueuse gastrique du même
malade; dans d'autres circonstances, la muqueuse du duodénum a paru rouge,
injectée, couverte de plaques vasculaires arborescentes ou épaissies, grisâtre, ar-
doisée, mais non ulcérée. Les glandes et les villosités de cette portion de la mu-
queuse intestuiale sont en général hypertrophiées, et quelquefois modifiées dans
leur structure.
I/intestin grêle est rarement affecté dans l'alcoolisme ; mais il n'en est pas do
moine du cœcum, où l'on voit reparaître des altérations très-analogues à celles de
l'estomac, â savoir : l'épaississement avec induration et coloration ardoisée de la
inui{ueuse, l'hypertrophie des glandules, et parfois des ulcérations. Quelques faitsT
«'établissent l'existence possible de ces lésions dans le i^estc du gros intestin; nous
le^ avons nons-même observées dans trois cas, alors qu'elles ne semblaient pas
devoir se l'attacher à une autre cause nue l'alcoolisme. La membrane muqueuse
«|ni en était le siège, plus épaisse et plus ferme, avait une coloration grisâtre ou
iitloisée.
Certaines lésions consécutives de l'estomac, et en piirticulier celles qui résultent
d'un obstacle apporté à la circulation de la veine porte, soit par une cirrhose,
>«jit |ttr une affection cardiaque, les lésions urémiqucs, propres aux malades affec-
6*28 ALC00L1S)IK (pathologie).
tés d*uue dégénérescence des reins, certaines manifestations cancéreuses etauni
tout le cancer épithélial, telles sont les altérations qui se rapprochent le plusdt^
désordres anatomiques de Testomac consécutifs à l'abus des boissons alcooliqu^^
Ces lésions se distinguent, les premières par leur coïncidence avec râiïectioii dt
l'un des organes cités, les dernières par des caractères spéciaux et par la cociis-
tence habituelle de lésions analogues dans d'autres parties du corps. Dans qup)q»<^
circonstances, cependant, on peut éprouver de (la difBculté à assigner à h \è^m
stomacale sa véritable origine. C'est quand chez un individu adonné aux liqueu^
fortes il existe une altération du cœur, du foie ou des reins, en même iem^
qu'une modification de la muqueuse stomacale. On saura alors que la pîgmentaliai
de la muqueuse, survenant à la suite d'un obstacle mécanique à la circulation,
a son siège d'élection à la région pylorique, qu'elle forme un pointillé uniforme et
non des taches disséminées et noirâtres, ainsi qu'il arrive dans la gastrite aloooliquf :
, que d'autres fois la muqueuse de l'estomac, bien qu'épaissie dans l'intoiication
urémique, ne présente cependant pas la coloration et la dureté qu'on observe dan^
Talcoolisme, où les ulcères sont d'ailieui^ plus fréquents et accompagnés de sugil-
lations sanguines qui ne se retrouvent pas lorsqu'il s'agit d'une lésion urémiqn*'
Ces sugillations, la multiplicité et le peu de profondeur des pertes de substanor.
tels sont les caractères qui permettent de distinguer anatomiquement la gastrite ul-
céreuse alcoolique de l'ulcère simple ou même de l'ulcère cancéreux de restomx.
qui sont ordinairement uniques, profonds, à bords toujours décollés ou indurés.
Les lésions intestinales pourraient être confondues , soit avec des ulcération^
tuberculeuses, soit avec certaines modifications provenant d'une intoxication uré-
mique ; mais, en général, les ulcères tuberculeux occuiient de préférence la denii^'
[jortion de l'intestin grêle, où ils revêtent fréquemment une disposition semi-cir-
culaire . Quant aux lésions urémiques , leur siège de prédilection est plultit i
dernière portion du gros intestin.
A ces différentes lésions du tube digestif correspondent en général des t^oulJ^
fonctionnels divers.
La dyspepsie est un de ces principaux symptômes ; elle revêt un cachet spkvù,
et ne larde pas à se montrer. L'appétit est troublé, il devient irrégulier et finit pr
se perdre ; des gaz se développent dans l'estomac, qui le distendent et donnent )m
à un météorisïne plus ou moins considérable ; des sensations diverses, pincement^
tiraillements, de la cuisson, de la douleur même, sont éprouvés par les malades .vi
niveau de la région épigastrique, et bientôt app:irait l'un des phénomènes di^WiS
le plus caractéristiques, la pituite , triste lot des ivrognes. Le matin est le muoieii^
où se montre ce symptôme, pour ainsi dire inséparable de la première période d*
l'alcoolisme, et que Hufeland désignait par la dénomination de vomitus matutitiMf
Après son réveil, sinon lorsqu'il descend de son lit, le buveur éprouve une sen-
sation pénible de nausée ; c'est le phénomène précurseur du vomissement. Mih
^'effectue presque aussitôt, tantôt rapidement et sans eflorts, par régurgitation • ■
quelque sorte, tantôt plus lentement et à la suite de contractions raultiple>. j'
milieu d'une toux fatigante et de violents serrements de gorge Ordinairement h
petite quantité, la matière vomie ne dépasse guère un ou deux verres. C'est w
liquide blanc, filant, visqueux, presque transparent au moment où il est rendu, pht>
tard moins homogène, floconneux, semblable à du frai de grenouille, et qui, Ioth^"-
le vomissement vient à se prolonger, prend une coloration jaune ou verditre, qu i
doit à son mélange avec une plus ou moins grande quantité de bile ; en même teiD|>^
la lx)uche est amore, la langue pâteuse, sèche quelquefois, rouge et fendillée, !■
ALCOOLISME (PAinoioctE). 629
^irvive, et, pour la satisfaire, le buveur ne manque pas d'avoir recours à sa
litpieur favorite.
Les intestins participent aux mêmes désordres; les malades éprouvent des coli-
4|ues, des flatuosités, des borborygnies ; il y a de la douleur, surtout à la région
ombilicale, et dans quelques cas une diarrhée séreuse, sinon une constipation opi-
niâtre. Ces divers troubles, lorsque les habitudes ne changent pas, pei^istent en
lîénénil pendant fort longtemps. Les coliques et les flatuosités ont souvent une
lairche intennittente (gastro-entéropathie chroni({ue) ; les pituites, toutefois, se
modifient [lar suite d*une sorte d'accoutumance de Testomac, ou mieux de l'al-
tération des organes sécréteurs ; Tappélit ne reparaît pas, survient un dégoût
prononcé {mur les aliments, et la boisson constitue presque Tunique nourriture du
malade.
Ces symptômes sont à peu près les seuls désordres locaux dans les cas de gastrite
simple; lorsqu'il y a ulcération de la muqueuse digcstive, d'autres phénomènes se
produisent généralement , mais qui sont loin d'être constints. Ainsi , pour ce qui
•çt de Testomac, la douleur est plus vive et occupe dans certains cas les régions
dorsale et xiphoïdienne indiquées par les auteurs ; les vomissements ne surviennent
plus seulement au moment du lever, on les voit apparaître <lans le cours de la jour-
'je, parfois avec une fréquence telle, qu'ils sont pour ainsi dire incoercibles,
lioiistitués le plus souvent par des matières aqueuses, plus rarement par des ma-
tières bilieuses, ils sont quelquefois noirâtres, assez analogues, quant à la coloration,
à du marc de c;ifé (Lancereaux, Gaz méd,, 1859), sanguinolents ou même san-
irlanLs. 11 s'agit aloi-s d'une véritable gastrorrha^ie. Ce dernier symptôme n'avait
pas d'ailleurs échappé à J. Frank, non plus que sa relation éliologique avec l'abus
•les spiritueux, lorsqu'il écrivait que le vin et l'alcool sont une cause fort com-
mune d'hématémèse dans les régions septentrionales (Traité de Pathol. tn/., t. Y,
p. 502). C'est qu'en effet il est l'un des principaux phénomènes de lu gastrite al-
coolique ulcéreuse. Suivant H. Leudet, la gastrorrhagic s'observe dans le plus
fjTand nondire des cas d'ulcères de l'estomac. Alors on la voit apparaître peu de
U'raps après un excès, ou sunenir tardivement et faire suite à d'autres troubles.
Elit est ordinairement peu abondante et susceptible de se répéter pendant plusieurs
jours; dans quelques cas pourtant elle a pu amener une mort rapide, ainsi que
Ta constaté Haberslion {Observ. on Diseases ofthe Alimentary Canal, p. 75) , et
ipie nous l'avons noté nous-méme une fois.
Des symptômes analogues peuvent apparaître du côté de l'intestin li^é : douleurs
parfois plus ou moins violentes , dianhées coUiquatives mêlées d'évacuations hé-
moniiagiqucs dysentériformes, ou même un véritable méléna, tels sont les désor-
dres (pi'on y observe et qui , aussi bien ([ue les troubles de l'eslomac , ne tardent
pas à être suivis d'amaigrissement et de tout l'ensemble {ihénoménal de la cachexie.
Les aiïect-ions gaslro-inU^stinales liées :\ l'alcoolisme ont en général une marclio
lente, progressive et chronique; la gastrite phlegmoneuseet quelques ulcérations
délerniiuécs par un excès énorme d'alcool sont les seules affections qui présentent
niic invasion aiguë et une évolution un peu rapide. Mais ces manifestations sont peu
fnquentes et pour ainsi dire exceptionnelles. Les recrudescences en fait d'ulcères
ne sont pas rares ; un malade observé par M. Leudet olfrit pendant plus de vingt
'M\s des recrudescences nombreuses d'accidents dus :\ un ulcère simple.
La guérison est possible; ainsi que le savant médecin de Rouen, nous avons eu
)>lusieurs fois l'occasion de constater la cicatrisation de ces lésions chez des individus
H"i!tvaient fait abus des alcooliques et ({u'une maladie intercuireute avait emportés.
Il
650 ALCOOLISilE (PiiaoLociE).
Ces alfectioQS n'ayant par elles-mêmes aucun signe pathognomonique, si ev nV:
touteTois le vomissement ou les pituites du malin, il est évident qu'en l'absenc'.' i-
CG signe leur diagnostic ne peut se séparer de celui de l'alcoolisme oxisidéré dyi^
son ensemble. Le meilleur moyen d'arri?cr i reconnaître leur origine (ft don tW
savoir tenir compte des troubles qui les accompagnent ordinairement, de rem ''i>
particulier des fonctions neneuses, dont nous aurons bientôt à nous ocxuper.
b. Glandes annexes. Le foie est, de toutes les glandes annexes du tube di^'—
tif, celle qui subit le plus tacitement l'influence des alcooliques, au point qu'il <-^
rare de rencontrer cet organe tout à fait inbct chez les buveurs.
Les autres glandes, sans être susceptibles d'une altération aussi fréquroie, ii'
sont pourtant pas à l'abri de toute espèce de modification anatomique. DansuDU'
récemment o'bservé par nous, les glandes parotides A sous-maxiliaiTes t^im'
molles, jaunâtres, et manifestement envahies dans leurs éjHtbéliums par la At-J'
nérescence granulc^raisseusc. Le pancréas, volumineux et jaunâtre, nous a \ir>-
senté six fois la même altération, le plus souvent chez des individus i'hir.<'-
d'embonpoint. Il arrive de trouver, dans les mêmes conditions, cet organe |«lil.
atrophié, ratatiné et, comme le foie, atteint de cirrbose. Sa consistance alorj >->'
ferme, sa surface indurée et bosselée, sa coloration jaune fonc^ ou brunâtre. Sj
trame fibreuse est épaissie, son élément glandulaire granuleux en voie de ir^tm-
rescence et d'atrophie.
Les lésions hépatiques {«uvent être regardées comme un tj-pe dans res|Ki>'.
elles sont de deux ordres : suivant qu'elles intéressent la trame de substance <"i<-
janclive ou les cellules prc^res de l'organe, elles constituent une hépatite ou un-
altération graisseuse. La stéatosc et la cirrhose sont en effet les <leu\ modali'-
pathologiques sous lesquelles se présente l'alcoolisme dans le foie.
La slèatose, et par ce mot nous entendons un dépôt anormal de gnn-r
au sein des cellules hépatiques, est un phénomène pour ainsi dire O0R<tiii'
chez les individus qui se livrent à des cicËs alcooliques. Le docteur Pcler^.d'
New- York, a constaté cet état anatomico-palliologique du foie chez \i% buveur^ <l
rhum cl d'eau-de-vie, dans 70 cas, et nous-mëme nous l'avons observé, sur 90 1 <-'
70 fois environ. Addison (Guys Bosp. Heports, i" série, 1. 1, page 4M, if^'
et plus tard Budd (Diseases o( the hiver), ont également signalé l'influeiiiv il-
boissons alcooliques sur ta production de cette altération qui, selon Frerichsirrir.''
pratique des maladies du foie, p. 250), aurait pour principale cause, aprîs b t'>
berculisalion, la dyscrasic ébrieuse.
L'état gras du foie conslilue donc une alléntiou di-s plus fréquentes rhn V-
ivrognes ; mais comme cette altération se rencontre A des degrés fort divers, il ^. •
qu'elle n'a pas toujours tes mêmes ellcts. A ce point de vue, il est pc^Ue A- 'ii-
UnfjncT deu\ variétés, dont l'une paraît Jusqu'à un certain point conipatiUr .<> ■
lu mmIi', tandis que l'autre serait généralement accom|>agnée de troubles dife^lll'
<\v '-M liiîxic. La première de ces variétés existe sans qu'il y ait lieu de la soup
iKi iiifi-emenlquepar la connaissance des habitudes du malade.
i:!l>' -'observe surtout chez des individus jouissant d'une santé géiiéi3leaaléri>'':
.11 :i|>|Mrence bonne, et qui, aprèsavoirabusé pendant un certain temps de bijui-
li>ri.-, 'MU été emportés tout à coup par un accès de delirium tremens spnulj" ■
>iijiiii iflicMsioniK pur un traumatisme. Pâle ou jaunâtre, mou, un peu flasq!"''
fui'.'. <l.iiis ces circonstances, est, la plupart du temps, augmenté de volume, <1 -<"
■nul iiliis épais au niveau de son bord libre. Il présente dans quelques casàlj^"''
ijection trî's-line, mais manifeste, ordiuairement sous fonnedil"'''-"
ALCOOLISMli: (pathologie). 031
étoiles, ou même de petites hémorrhagies et parfois des tadies d'un jaune intense,
ressortant plus ou moiiis sur un fond de teinte uniforme et due vraisemblable-
ment à une inégale répartition de la matière grasse. A la coupe cet organe graisse
le couteau, et sous le microscope on constate dans les cellules la présence d'une
quantité anormale de gouttelettes graisseuses. Ces cellules conservent encore leurs
formes habituelles, et leur uoyau est le plus souvent resté apparent. Fort peu
diiiérente de la modification physiologique qui se montre dans l'état puerpéral,
celte altération ne se distingue pas toujours facilement de celle qui survient dans
les fièvres graves, telles que les exanthèmes fébriles, fièvre typhoïde, pyémiey etc.;
(iîjons cependant que dans l'alcoolisme le dépôt graisseux envahit à peu près égale-
ment et uniformément le lobule tout entier, et non pas seulement la périphérie,
ainsi qu'il arrive habituellement dans ces dernières maladies; ajoutons que plu-
sieui% fois des erreurs ont été commises à cet égard.
A un degré plus avancé de l'altération dont il s'agit, le foie présente une
iDloration d'un jaune mat ou fauve ; sa surface n'est pas toujours parfaitement
lisse, mais granulée ou bosselée, ce qui tient à la proéminence des lobules infiltrés
ào graisse, au-dessus du tissu qui les entoure; la consistance est pâteuse; le tissu,
exsangue, graisse fortement le papier; jamais cependant nous n'avons constaté
que son poids spécifique fût moindre que celui de l'eau. Toujours, en pareil cas,
le^ portions de cet organe plongées dans ce liquide gagnaient le fond du vase.
A cette période, il existe une augmentation manifeste de volume, principalement
due h un accroissement en épaisseur ou suivant le diamètre antéro-postérieur do
I organe. Comme souvent le lobe gauche, plus que le droit, participe à cet accroisse-
ment, et que le bord libre est plus épais, il en résulte que la glande hépatique finit
)nr acquérir une forme prismatique rectangulaire se rapprochant un peu de la
forme cubique, sufBsamment caractéristique dans bon nombre de cas, pour diffé-
rencier cette altération des infiltrations graisseuses avancées du foie qui appartien-
nent à la phthisie pulmonaire, au cancer ou à la fièvre intermittente, et dans les-
quelles la glande hépatique, plus volumineuse, conserve néanmoins sa configuration
physiologique. Les cellules hépatiques, siège de l'altération, et remplies de matières
forasses, ont perdu leurs contours anguleux, elles sont arrondies, fortement réfrin-
ifeotes. La substance finement grenue de l'état physiologique et le pigment y font
généralement défaut ; quant au noyau, il se trouve voilé par la masse graisseuse
qui apparaît sous forme de gouttelettes plus ou moins volumineuses. Cette accu-
njubtion de graisse, qui distend les cellules et augmente le volume des dciniy
finit par comprimer les capillaires, et ainsi s'expliquent la décoloration et l'état
exsangue du parenchyme liépatique.
La bite sécrétée dans ces conditions ne paraît pas subir de changements impor-
tants. Quelquefois un peu pale et ténue, elle est le plus souvent foncée, épaisse, pois-
^nse, brunâtre ou vcrdâlre ; la vésicule renferme assez fréquemment des calculs de
clkolestérine pour que, en ne tenant compte que des laits qui nous sont personnels,
il V ait lieu de chercher à établir une relation entre l'abus des boissons alcooliques
et la formation de ces corps étrangers ; nous les avons observés beaucoup plus
auvent, en effet, chez les ivrognes jeunes que dans toute autre condition patho-
?énique.
L'abaissement du bord antérieur du foie, l'augmentation du volume de cet or-
gane, reconnus à l'aide de la palpation et de la percussion, l'absence de douleur,
certains troubles digestifs, tels qu'une digestion stomacale imparliiite, accompagnée
<l'Hn développement do gaz et de gonflement, d'un état de sensibilité ex«igérée à la
032 ALCOOLISME (patuologie).
r^on épîgastrique, de selles rares, pâles et argileuses, sinon de tendanee à la iliar-
rbée ou plus rarement aux hémorrhagies, voilà en somme l'ensemble symploin.i-
tique qui paraît !e mieux se rapporter à Tétat gras du foie, et ipii peut ooodniiv
au diagnostic de cette altération, lorsque surtout il y a lieu de suspecter les Icihi-
tudesdu malade. Notons encore avec Addison (loc. cU.^ p. 479) un certain chimie
ment dans la coloration de la peau. Ce tégument parait, 'à Tœil, pâle, exsaiif^iK
presque demi-transparent, semblable à de la cire ; au toucher, il est mou et Iîikp
comme du satin; quelquefois aussi il est gras et onctueux, ainsi que nous le dinxb
plus tard; toutefois cette modification cutanée n'est pas plus que les symptdDie>qui
précèdent la caractéristique delà stéatose bépatiquedes ivrognes; elle se renoontrc
en effet dans d* autres circonstances oii existe une altération graisseuse du foie, <*l
dans les aiïections cancéreuses en particulier ; et de là résulte que le diagnostic
de la stéatose hépatique, liée à Tabus des boissons alcooliques, ne peut être a^iiri'
qu'à la condition de tenir compte des circonstances diverses qui Taccompagneut ;
aussi importe-t-il de faire le diagnostic de la maladie si on veut arriver à connaitiv
sûrement la nature et l'origine de la manifestation. Les conditions de ce diagno«tit
seront établies plus loin.
Vhépatite qui se développe sous l'influence de l'usage prolongé ou immodéré
des spiritueux revêt, en général, du moins dans nos climats , les caractèiv^ de
l'hépatite interstitielle, chronique, cirrhose hépatique; beaucoup plus rarement
elle se montre sous la forme d'hépatite diffuse aiguë ; quelquefois enfin, m.ii^
seulement dans les pays chauds, elle arrive à la suppuration.
Il est difficile d'affirmer , sans doute, que l'hépatite suppurée puisse pruve-
uir, dans les régions intertropicales, delà seule influence des excès de boissons alnn-
liques, quand dans nos contrées l'hépatite alcoolique est pour ainsi dire toujoll^
adhésive; mais on ne peut cependant refuser d'admettre, d'après le témoigiB;!'
d'Annesley {Diseases ofthe India^ London, 1828, t. !«', p. 488), de Twinniiu:
[Diseuses ofBengal, t. I«% p. 247) , de Cambay {De la dysenterie des payschand*.
p. 27), que l'action des spiritueux contribue puissamment, dans les cout^rl'^
chaudes, au développement de cette grave maladie.
Une difficulté non moins grande se présente relativement à l'hépatite difiu^
aiguë de nos climats. Quelques auteurs, et en particulier MM. Fauconn^au-Du-
fresne {Maladies du foie et diipancréas y p. 152, 1856 ; Frerichs, Traité des mala-
dies du foie, p. 418, 1862), rangent l'abus des boissons alcooliques parmi l**^
causes de cette affection, et quelques faits éparsdansla science semblent donner un
certain fondement de réalité à cette manière de voir. Déjà, dans deux cas de j.iu-
nisse avec inflammation hépatique rapportés par Bright, il est question d'exo^ df
ce genre. Un fait analogue a été observé par Frerichs (Obs. 49, p. 331) ; Horami
{Die Gallice Diskrasie) en a vu un autre cas cpii se trouve consigné dan^ K
Mémoire de Lebert sur l'ictère typhoïde (Virchow's Arch. fur path. Anal,
vol. YIII, p. 168, 1855). Leudet en donne aussi un exemple; et, dans ces d(*ii\
derniers faits, la liaison causale panit évidente, en ce sens qur la lésion lit siiitt> i
un excès; le malade du professeur Leudet avait bu par erreur un verre daknii4.
Disons (ju'il nous est arrivé de rencontrer deux fois cette altération hépatiquo aku^
qu'aucune autre cause ({ue les excès de liqueurs fortes ne venait expliquei ><
genèse.
Quoique peu nombreux, ces faits ne permettent pas moins de penser que ï\tvy^'
tile pirenchymateuse ('.ifTuse n'est, dans certains cas, que la manife^lation d uii'
intoxication alcooliiiuo, et ce résultat ne peut paraitn* extraordinaire à qui coniuit
ALCOOLISME (pathologie). 655
racticm des liqueurs fortes sur la production de la cirrhose ou hépatite iuterstitieilc.
Du reste, si elle e;t quelquefois hypertrophiée, la glande hépatique, en pareille
circonstance, présente le plus souvent une diminution de volume, elle est pâle,
décolorée, et de consistance un peu molle, la trame en est épaissie et les cellules
hépatiques sont profondément modifiées, déformées et granuleuses, sinon détruites.
Sans doute lié à l'altération des cellules, Yictère est alors un phénomène à peu
près constant auquel s'associent généralement des vomissements, de la diarrhée, des
symptômes ataxiqnes ou adynamiques, plus rarement des hémorrhagies. Il est d'ail-
leurs un accident assez fréquent de Tivrognerie ; et, s'il n'est pas toujours^'possible
de le rattacher sûrement, dans ces conditions, à une altération matérielle du foie,
il n*en constitue pas moins une aflection aiguë dont la cause principale doit être
cherchée dans raJbus des spiritueux.
Cet icUrey ainsi que l'a fort bien indiqué le professeur licudet (Gaz. méd. , p. 455)
et que nous l'avons plusieurs fois observé depuis, n'apparaît pas immédiatement
après l'excès alcoolique, mais quelques jours plus tard. Il est précédé de troubles
^striques, de perte d'appétit, de nausées ou de vomissements fréquemment ac-
compagnés de douleurs siégeant à l'épigastre ou à l'hypochondre droit et d'une
augmentation appréciable du volume du foie. 11 se manifeste, en général , par
une coloration jaune intense de la peau ; le plus souvent apyrétique , il coexiste
quelquefois avec un ralentissement marqué du pouls, une sédation prononcée
du s)-stème nerveux, des vertiges, un état syncopal (Leudet), des tremblements
des membres, de la langue, des secousses convulsives, etc. ; il se termine ordinaire-
ment par la guérison et se manifeste surtout chez les buveurs de profession, sous
l'influence de l'usage immodéré d'une boisson alcoolique peu étendue d'eau, plus
rarement à la suite de l'ingestion d'une* grande quantité de vin ou de bière.
Des diverses lésions que produit l'alcool au sein du parenchyme hépatique, la
plus fréquente est certainement la cvrhose. La plupart des auteurs qui ont traité
des maladies du foie n'ont pas méconnu l'iniluence fâcheuse exercée par l'abus
répété des alcooliques sur la production de cette altération. Adoptée en Angleterre
surtout, où le foie cirrhotique a reçu le nom de gin-drinket^'s liver {voy. Budd,
Diseuses ofthe Liver, p. i47, 1857), l'opinion que la cinhose peut être due à
l'usage immodéré des spiritueux n'est pas davantage contestée en Allemagne. La
relation de c^nse à effet entre les excès de boissons alcooliques et cette affection :i
été établie , d'une manière si certaine , dit Bamberger (Virchow's Handhuch der
Pathologie, t. VI, p. 566, 1855), qu'on ne peut élever aucun doute à cet égard;
et plu9 loin ce même auteur prétend avoir pu rapporter dix fois sur trente-quatre
la cause première de la cirrhose à l'abus des alcooliques.
Lebert (Handb, der pract, Med.y vol. I", p. 44, 1848), Frerichs (Klinik
der Leberkrankli.j vol. II, p. 293, 1858), reconnaissent cette même origine à la
cirrhose, qu'admet encore eu Suède le savant professeur Magnus Huss(/oc. cit., 9),
Les auteurs classiques français, à la vérité, sont un peu moins afliimatifs relative,
meut à cette liaison causale; cependant Andral (Clinique médicale, 4^ édition,
Paris, 1859, p. 419 et suiv.) rapporte des obsenations de cirrhose dans lesquelles
les excès alcooliques sont notés comme l:i seule cause de la maladie. Becr|uerel
iHecherches anatomo'pathol. sur la cirrhose du foie. Arch. deméd., 1840, 3' sé-
rie, t. VIII, p. 56) place les mêmes excès au nombn^ des sources nombreuses de la
cirrhose. Requin attribue presque exclusivement lu cirrhose î\ rivrognerie, au\
excès habituels de vin, d'eau-<le-vie, d'absinthe (Sufpl.au Dict. desdict.de méd. ^
1851 , art. Cirbuose, p. 140). Nos recheixihes personnelles nous ont nppris à ce sujet
«»4 ALCOOLISME (patholocik).
I» o&etioiis généralement décrites sous le nom de cirrhcae^ toutes ne
pas pour cause des excès alcooliques, mais seulement un certain
ifY. Li drrbose alcoolique constitue ainsi dans Tespèce une variété nettement
»^ (jistiiirte de toutes les autres.
\.e 'pi t;^ c^tte altération à son origine, on ne le sait trop; mais en tout cas la
ix<m»Jirusi (fe Torgane augmente, et bientôt apparaissent des noyaux disposés stm
rnBtf i :kjts dans la trame de substance conjonctive qui circonscrit chacun des
aouL <M Ubule» hépatiques, c'est-à-dire immédiatement au pourtour des capillaire»
« ^ wae porte, des ramifications des artères hépatiques et des radicules de*
oMiÉMfc^ biliaires. Plus tard, il y a fonnation cellulaire sur ces mêmes poinb,
c «st-dhdîre dans les interstices lobulaires, d*où épaississement de la trame, r»-
s^nement et compression des vaisseaux et des cellules oonstituantes du lobule, aug-
BMQtation de volume ; puis,enfin, transformation fibreuse des éléments €ODJonctit<.
Rinât de l'organe en vertu de cette propriété d'élasticité qui appartient à tous le>
Issus fibreux de nouvelle formation, dégénérescence atrophique et grùfiBeuse de>
cvUuks, diminution plus ou moins considérable du volume de la glande liépatiqw
tout entière : telle est la sorie des transformations subies par le foie sous rinfluence
des alcooliques, telle est révolution de l'altération à laquelle s'applique la dénonii-
nation de cirrhose ou hépatite interstitielle des buveurs.
Ainsi, au début, augmentation de volume de lorgane dont la sur&ce périphé^
rique est à peine inégale ou granulée ; injection manifeste ; mais lorsque ensuilc
a lieu le retrait, les inégalités se prononcent de plus en plus, la vascularisatiott
diminue ; c'est alors surtout que la glande hépatique revêt un cachet véritable-
ment spécilique.
Atrophié le plus souvent à cette période, rarement du moins plus %'olumineui,
le foie est le siège d'une altération, partout égale. Ses deux lobes conservent les
mCmcs dimensions relatives; la capsule qui le recouvre, peu ou pas opaque «<
épissie» s'enfonce entre chacune des petites saillies ou grains assez i gaiement di»-
séniinés à sa surface. Contenus ou mieux circonscrits por une subslanœ grisâtre
ou blanchâtre, qui n'est que la trame de substance conjonctive cpais^io, les giain»
ont It* volume d une lentille, d'un gros pois ou d'un noyau de cerise, et une cuio-
ration brunâtre ou jaunâtre, suivant que la graisse ou le pigment prédomine dam
h's cellules; ils sont formés par un ou plusieurs acini que fait saillir le néopUsnit'
riHi-actile. Sur quelques points métùe les acini peuvent disparaître con)plétement.
et à leur place se substitue une trame de tissu fibreux. A la coupe on trouve par-
tout les mêmes grains jaunâtres, toujours saillants, entourés de la même sub-
slunco; la consistance est ferme, l'induration marquée, d'où la dénominatioa d'in-
duration granulée du foie, pour désigner l'affection en question, dont la fréqueno
est bien connue dans les grands centres de population, où les excès sont fréquents,
là surtout où l'usage du vin et de la bière est très-répandu.
Diverses lésions peuvent être confondues avec la cirrhose alcoolique, qui sont :
riiépatito interstitielle d'origine syphilitique, l'altération hépatique oonsécutiu
aux affections du cœur ou des gros vaisseaux, et enfin l'hépatite chronique ou cir-
rhose des fondeurs en cuivre, variété non encore décrite.
La cirrhose syphilitique diffère de la cirrhose alcoolique par sa forme extériean
el aussi pat- le siège de Ja localisation anatomique. Celle-ci, non-seulement, oocii^ti*
avec des gommes ou des cicatrices, mais elle intéresse la substance ooigoodi^i-
inter-acincuse, et surtout les cloisons fibreuses qui émanent de la capsule de Gli>-
«on, pour gagner la profondeur du parenchyme, et delà une irrégularité très-mar-
ALC00LIS31E (pathologie). 655
({liée de la surface de Torgane, de larges îlots, des sillons et des bosselures volumi-
neuses qui parfois font ressembler la glande hépatique aux reins d'un jeune
animal ; de là aussi une déformation notable de cette glande, et dans quelques cas
une atrophie qui n'est pas partout égale.
Quant à la lésion hépatique, si commune dans les affections cardiaques, elle se
distingue facilement des lésions alcooliques. Induré, parfois augmenté de volume,
et toujours congestionné, Torgane hépatique, dans ces conditions, n'offre pas à sa
surface l'état granulé du foie des ivrognes ; et s'il présente quelques inégalités sur
lune ou l'autre de ses faces, celles-ci sont accompagnées d'un épaississement notable
des tuniques qui ne se retrouve plus sur la surface de section. Lisse et poli, piqueté
de jaune et de brun à la coupe, cet organe revêt alors un aspect particulier qu'il
doit à sa coloration et qui lui a valu la dénomination de foie noix muscade {nutmeg
liver des auteurs anglais) ; la lumière des veines intralobulaires est dilatée ; jamais
on ne constate l'épaississement fibreux qui* circonscrit le lobule hépatique daiLs
lalcoolisme.
Signalons en passant une lésion hépatique fréquente chez les fondeurs en
cuivre, et qui nous semble devoir être rattachée à l'irritation produite par les
molécules de charbon qui, absorbées dans l'intestin, pénètrent jusque dans Je foie.
Spéciale à la profession de fondaur, cette lésion est d'ailleurs distincte de celle des
ivrognes. La surface du foie n'y est pas, en eflet, uniformément granulée comme
dans cette dernière affection. Chacune de ces altérations, du reste, coïncide avec
des lésions organiques fort différentes, miis sur lesquelles il est inutile d'insister.
Augmentation du volume du foie appréciable à nos moyens d'exploration, plus
tard induration alrophique de cet organe, tels sont, avec un épanchement ascitique
abondant, les principaux signes de la cirrhose alcoolique. Si l'accroissement de
volume n'est pas constant, l'ascite est un symptôme tellement fréquent qu'il a
manqué 4 fois seulement sur 55 cas de cirrhose alcoolique soumis à notre obsena'
tion. Les veines abdominales par contre et celles qui font partie du ligament rond
!)0nt en général dilatées.
Les troubles fonctionnels intéressent surtout les fonctions de la digestion et de lu
nutrition. L'appétit est faible, les digestions languissantes, pénibles ; des gaz déve-
loppés dans le tube digestif distendent l'estomac et les intestins. On constate quel-
quefois les symptômes d'une gastrique concomitante, et surtout des pituites et des
vomissements. La constipation, fréquente, peut céder le pas à une diarrhée séreuse
ou sanguinolente. Desgastrorrhagies ou des épistaxis ont été plusieurs fois observées.
L'apparition de l'ictère est exceptionnelle (5 fois sur 35 cas); mais un phénomène
constant et de grande valeur, c'est la maigreur. Aucune maladie, ou eflet, pas
même la phthisie, ne produit un amaigrissement plus rapide que la cirrhose alcoo-
lique. Non-seulement le malade qui en est affecté maigrit à vue d'œil, mais ses
organes et ses muscles en particulier s'atrophient d'une façon notable ; de même
(pie les désordres qui précèdent, ce dernier se rattache directement à la lésion hépa-
tique et à k perversion consécutive de la triple fonction du foio, qui, en môme
temps qu'il est un organe d'hématose, se trouve chargé de la formation de sucre et
de la sécrétion de la bile.
Malgré une marche habituellement chronique et lente, la cirrhose, dans quelques
cas, peut parcourir tous ses stadt-s en quelques semaines. Sa terminaison est ordi-
nairement fatiile, et son pronostic, par conséquent, très-sérieux.
Ix'tie alTection n'a aucun signe absolu pouvant dévoiler la cause qui lui a donné
naissance; mais, en revanche, elle coexiste avec des phénomènes qui, en génénil.
656 ALCOOLISME (patiiologu).
trahissent des excès alcooliques, et de plus, la glande hépatique n'offre jamais, ni à
la })alpation ni à la percussion, la dcrormatioti qui accompagne si souvent b rjr-
rlKiso syphilitique ou le cancer du foie. L'ascilc ost fréquente du ivsle, et Tictère
au contraire fort rare.
c. Pm/OîM^, Mésentère, Épiplootis, Au sein de ces membranes, Talcoo-
li<nie engendre deux ordres d'altération, des dépôts adipeux et des phlegmasies
adhésives.
Le mésentère, siège ordinaire de la surcharge adipeuse, acquiert une épaisseur
de plusieurs centimètres, et parfois la graisse y est tellement abondante que cv
repli péritonéal remplit une grande partie de la an ité abdominale. Les appendice^
gniisseux du grand épiploon, ceux du gros intestin, sont épaissis et volumineii\ ;
souvent en outre la graisse abonde sous le péritoine, principalement dans la
région postérieure, en avant des organes de la sécrétion urinaire, et dans la ré;non
antérieure derrière la paroi abdominale.
Fré(|uenls dans l'alcoolisme, ces dépôts graisseux sont au contraire assez mm
dans toute autre condition, en sorte que leur coïncidence avec les altérations ci-desMb
décrites révèle a peu près sûrement l'existence d'une intoxication alcoolique chro-
nique. On conçoit facilement que ces dépôts graisseux puissent gôner le fonction-
nement régulier des viscères de l'abdomen.
L'influence des boissons spirit lieuses sur la production de la pêntwtiie )-arjit
avoir échappé jusqu'ici aux auteurs qui se sont occupés d'alcoolisme. Dans un tra-
vail publié en 1862-65 (Arch, gén. de méd.), nous nous exprimions ain>i<(u'il
suit à cet égard : « Pendant le cours de notre inteniat, il nous est anivé d*obï<ener
(|uatre cas de péritonite cai*aotérisés par la présence de fausses membrane* m:::»-
nisées et résistantes, et entre lesquelles existait une sérosité jaunâtre soii> le
moindre f^lobule purulent. » Dans tous ces cas la péritonite était survenue spoiiL-
nément et sans cause appréciable; mais les malades faisaient depuis longtemi»
abus des liqueurs alcooliques. Depuis cette é[)orpie, le docteur Thomeuf, déjà connu
par une excellente thèse sur l'alcoolisme, a bien voulu nous envoyer deux iiou\elk^
observations qui ont avec les nôtres une analogie parfaite. En présence de ce< faits
auxquels nous ajouterons un cas rapporté par Briglit (Heclierches tur le diagn. des
adh. pétitonéales, Gaz. méd,, 4858, obs. Y), il n'est guère possible de douta"
qu'il se rencontre parfois chez les ivrognes une péritonite pseudo-membraineuâr
chronique, que sa rareté dans toute autre condition, et ses caractères pour airi^i
dire spécifiques, si on les compare à ceux des lésions alcooliques, semblent d-^iNr
rattacher à l'abus des spiritueux. D'autres membranes séreuses, d'ailleurs, «pn,
plus tard, nous présenteront des altérations semblables à la phlegmasie du jrn-
toine, viendront encore légitimer celte nouvelle localisation.
Dans ces conditions, l'abdomen volumineux et bosselé laisse échapper, au>>itài
api-ès l'incision de la paroi antérieure, un liquide séreux, clair, transparent, unp*^
jaunâtre, qui précipite abondamment sous l'influence de Tacide nitrique et «le b
chaleur. Dans un ras ce liquide contenait du sang, mais jamais le moindre gleUiV'
purulent. En général, il était contenu dans plusieurs poches formées par des (aws*^
membranes épisses, résistantes et constituées par une trame de sulistaïKe ioiij«wr-
live et des vaisseaux plus ou moins nombreux.
Uuatre fois ces néoplasmes tapissaient . toute la surface péritonéale et Cits3K-«t
.ulliérer entre eux les dilïérents viscèies renfermés dans l'alidomou. Dans les »ntpr^
euK, quebpies j^rties de la membrane séreuse avaient pu échap|«r à rallrraluti.
U'H \i«.ières iibdi ininaux ne présentèrent pas d'autres n odificalior.s que icl»»^ f"
i
ALCOOLISBIE (i'atiiolocie). 637
ont été ci-dessus décrites, le foie était gras; restomac, lésé, était une fois le
siège d*uicérations. Six fois cette affection s'est rencontrée chez des hommes âgés
de quarante-cinq à cinquante ans, depuis longtemps adonnés à des excès d'eau-
de-vie et d'absinthe ; une seule fois elle existait chez une femme livrée aux mêmes
e\cès, et qui, bien qu'âgée de trente-trois ans, n'avait pas eu d'enfants.
Douleur généralement sourde, disséminée sur différents points de l'abdomen,
accusée par la percussion, tout au moins dans la première période du mal, augmen-
tation de volume, inégalité de l'abdomen, sans dilatation des veines sous-cutanées,
sensation de flux, déplacement incomplet du liquide épanché, absence de déplace-
ment des anses intestinales à la palpation, parfois diarrhée concomitante, dyspepsie
et souvent cachexie, tels sont, en somme, les principaux symptômes observés dans
nos différents cas ; ces symptômes, qui ont presque toujours coexisté avec des trou-
bles cérébraux, hallucinations, paralysie, etc., ne pouvaient laisser aucun doute
sur l'existence â*une intoxication alcoolique; nous aurons k y revenir plus
loin.
Jamais cette aflection, dont la marche est lente et la durée de plusieurs mois,
n'a été accompagnée de l'altération des traits, ou de l'état fébrile si caractéristique
de la péritonite aiguë. L'épanchement séreux, dans quelques cas, a pu diminuer de
quantité, résorbé qu'il était sans doute par les vaisseaux contenus dans l'épais-
seur du néoplasme membraneux.
A côté de celte forme, dont la pathogénie ne paraît pas douteuse tant à cause de
ses antécédents que de la nature des lésions trouvées à Tautopsie, signalons une
larîêté de péritonite que nous avons plusieurs fois observée chez les ivrognes, et
qui, sans être sous la dépendance aussi directe de l'abus des alcooliques, pourrait
bien cependant se ressentir aussi de l'influence pathogénique de ces liqueurs, he
néoplasme, dans cette variété, n'est plus étiilé sous fonne de fausse membrane, il
constitue de petites masses granuleuses très- analogues aux granulations tubercu-
leuses de la phthisie aiguë, et ce qui prouve cette analogie, c'est la coïncidence, par-
ibis, de granulations semblables au sein du parenchyme pulmonaire. En même
lem|)s que ces lésions, sur lesquelles nous aurons à revenir, il existait une altéra-
tion graisseuse du foie, et dans un ats un ulcère de l'estomac ayant les caractères
déjà décrits. Il s'agissait, en outre, d'individus robustes et chez lesquels les anté-
cédents tuberculeux faisaient défaut.
§ H. Appabeil de la respiration. Si l'appareil de la digestion est fréquem-
ment affecté en raison du rôle qu'il joue dans l'absorption des boissons alcooli-
ques, les poumons, qui sont les principaux organes d'élimination de ces liqueurs,
présentent souvent aussi, pour cette raison, des altérations sérieuses et trè^-mani-
îestes.
Les formes que revêtent ces altérations sont celles de la laryngo-bronchite, de la
congestion aiguë du poumon avec ou sans inflltration sanguine, de la pneumonie
de l'induration chronique et de la tuberculisation granuleuse des poumons; les plè-
vres elles-mêmes n'échappent pas toujours à ces lésions morbides, et certaines
pleurésies paraissent aussi dépendre de l'alcoolisme.
a. laryngo-bronchite. Dans les cas d'alcoolisme qu'il rapporte, Hagnus lluss note
à plusieurs reprises l'altération de la muqueuse respiratoire et celle de la muqueuse
laryngée en particulier : ainsi que le savant professeur suédois, nous avons plusieurs
fois observé l'altération de ces mêmes pallies. La muqueuse du larynx est violacée,
injectée, ou même prsemée de petits [loints ecchymotiques. Elle est de plus quel-
quefois épaissie, tipissée par un épithéUum granuleux, manifestement altéré ou
658 ALCOOLISME (pathologie).
même détruit, recouverte d'un mucus épais, transparent ou grisâtre, en général
peu abondant. Cette altération vient-elie à persister et à gagner la muqueuse
bronchique, odie-ci prend une teinte grisâtre ou ardoisée, les petites brondies se
dilatent, et quelquefois il suivient de IVmpAi/j^m^. Cette dernière modification pul-
monaire se rencontre encore dans plusieurs des observations du docteur Huss.
Constatée par nous chez quelques ivrognes, elle demande, à notre avis, de nonveaux
faits avant de pouvoir être rattachée sûrement à ratooûUsme.
A rinflammation chronique du larynx tient, comme on sait, cette voix enrouée
des buveurs de profession, se vo'dant par intervalle, ne conservant que les soos
graves, et ayant pour principal caractère d*étre rauque,ou même aphone (Griaollej.
Le matin, à jeun, Tivrogne est tourmenté par une toux rauque comme sa votx,
souvent quinteuse, et suivie d*une expectoration abondante de crachats blancs,
filants, pelotonnés ou sans caractères. Il existe une oppression tout au moins légèn*
et quelquefois des râles sont entendus dans la poitrine ; mais, de plus, ces sym-
ptômes coexistent ordinairement avec une dyspepsie spéciale. Ces différents trou-
bles ont, comme la plupart des afTections alcooliques, une marche chronique et
une longue durée.
b. Congestion sanguine des poumons. Fréquente à la suite d*excès alcooliques et
dans le cours de certains accidents aigus, tels que le delirium tremens^ cette lésion
occupe principalement les bords postérieurs et la base des poumons. Plus raremeol
on la trouve dans d'autres points de ces organes. Flasque, mou, peu aéré, légcremeul
friable, mais encore insuiBable, le parenchyme pulmonaire, d'une coloration bru-
nâtre disparaissant à peine sous l'influence du lavage, est souvent, en pareil cas,
le siège d'une véritable infiltration hémorrhagique. La plèvre est parsemée de
tacites cccbymotiques; le sang est noir, fluide, comme battu; la pression £iit
sourdre un liquide noirâtre, visqueux, du parenchyme pulmonaire, qui se montre
aloi^ avec quelques-unes des apparences de l'état dit de carnification.
Dyspnée avec sensation de constriction thoracîque, toux avec expectoration mu-
queuse striée de sang, râles crépifants et sousrcrépitants, disséminés, sans soofOe
appréciable, et légère obscurité du son à la percussion : telles sont les manifestations
phénoménales de cet état qui nous semble devoir se rattacher dans certains cas
aux excès des liqueurs alcooliques, et sans doute à l'élimination de ces liqueur^
par les poumons.
Nous ne pouvons admettre que cette modification soit le résultat d'un geiu^de
mort tout particulier, et ce qui nous parait autoriser cette manière de voir, c'i^l
que cette lésion ne se rencontre pas dans toute autre circonstance où le mécanisme
<le la mort ne diflère pas de celui que Ton observe dans les faits auxquels nous fai-
sons allusion.
c. Pneumonie aiguë. Dans un des points et le plus souvent vers la partie ceu-
trale de la modification pulmonaire dont il vient d'être question, il arrive qudque-
foLs de trouver un ou plusieurs lobules indurés, de coloration tantôt brunâtre, tantôt
d'un jaune sale ou vcrdàtre, souvent mal limités, plus mous, moins friables, et
moins nettement granulés que dans la pneumonie franche. Au sein de ces lobules,
les globules de pus et la graisse sont en général en abondance.
Avec cette altération, le sang du cœur, fluide ou à peine coagulé, contient peu
de fibrine ; dans quelques points des poumons et sous la plèvre en particulier, oo
observe fréquemment des taches cccbymotiques. Dans un cas soumis à notre obwr-
vation, la coloration sale etverdâtre du tissu lésé donnait â cette altération une cer-
taine analogie avec la gangrène pulmonaire. L'absence d'odeur caractéristique iixli*
ALCOOLISME (pathologie). 639
({oait asseï qu'il ne s'agissait pas de cette dernière afTection. Toutefois, c est sans
floute à des faits Toisins de celui-ci qu'avait afluire M. le docteur Huss,lofsqtt'il dît
avoir vu dans les années les plus chaudes de ces cas de gangrène pulmonaire qui
paraissent avoir pour origine des excès alcooliques.
Il semblerait par conséquent légitime de rattacher à l*alcoolisme cette forme par-
ticulière de paecmaonie qui d'ordinaire coïncide avec des lésions gastriques, un état
gras du foie, et qu'accompagnent déplus des troubles ataxo-adynamiques assez parti-
culiers. Dans ces conditions, en elfet, les malades ont la langue sèche, noirâtre, les
dents fuligineuses ; ils sont agités, en proie au délire, tourmentés par des halluci-
nations, atteints de tremblement, état auquel succèdent trop souvent une dépres-
sion considérable des forces et la mort. Toutefois les observations qui nous portent à
l'aire de l'alcoolisme la condition pathogénique de cette lésion sont peu nombreuses,
et une étude phis étendue de la question est encore nécessaire. Stokes (Diseases
ofthe Chest)^ à la vérité, insiste beaucoup surune variété de pneumonie survenant
dicz des ivrognes affectés de deliriùm tremens, et qui communément attaqne le
poumon gaudie, particulièrement dans sa portion inférieure, et peut-être celte
variété, comme aussi cette autre dont parle Gohn [Journ. de Gunsburgy 1855,
et Canst. Jarhb,, 1855, t. III, p. 246), pourrait-elle être rapprochée de l'altéra*
lion en question. Au lieu d'admettre que le grand nombre des pneumonies obser-
vées chez les ivrognes soit un eflet direct de l'abus des liqueurs spiriluenses, quel-
ques auteurs sont portés à accuser l'action d'une autre cause, le refroidissement
surtout . On ne peut contester cependant l'influence des excès alcooliques sur la
production, la mai'che et l'issue de la pneumonie ; tous les auteurs sont unanimes
sur ce point : que l'ivrognerie est une circonstance qui aggrave toujours le pronostic
lies pneumonies (Grisolle, Traité de la pneumonie, ^'^ édition).'
Les pneumonies avec suppuration abondante, dit Royer-Collard (Th. cit., p. 19),
^'observent très-fréquemment chez les ivit)gnes ; dans ces cas, plusieurs causes
étrangères à celle qui nous occupe peuvent avoir déterminé l'inflammation du
poumon, telles que les refroidissements, les suppressions brusques de la transpira-
tion ; on ne peut s'empêcher de reconnaître cependant que l'action directe de l'al-
oool sur le tissu pulmonaire contribue puissamment à la production de ces eflets,
soit comme cause déterminante, soit seulement comme cause prédisposante;
(Ihomel cite deux cas de pneumonie consécutifs à des excès de boissons {Cl^niqu^
médicale, t. III, p. 468).
Suivant une citation de M. Laborderie-Boulou, qu'il nous a été impossible de
^-érifier, M. le professeur Grisolle parlerait, dans son Traité de la pneumonie, de
trois malades chez qui l'inflammation du poumon, déclarée à l'occasion d'excès
aktxrfiques, ne recoimut pas d'autre cause, puisque ces malades étaient placés dans
des conditions telles, que le froid ne pouvait agir sur eux. M. Gasté {Recueil de
mém. de méd,, de chir. et de pharm. milit., t. LIV, p. 220, 1845), rap-
|)orte deux observations de pneumonie survenue à la suite de T ivresse et dont le
développement paraît lié à l'influence au moins indirecte de l'alcool. Deux autres
cas observés à l'hôpital de la Charité, dans le service de MH. Gruveilhier et Rayer,
ont été consignés dans la thèse de M. Laborderie-Boulou {De la pneumonie consé-
cutive à l'intoxication alcoolique, Paris, 1859). De ces ikits et de beaucoup d'au-
tres il résulte que la pneumonie est une afTection fré:|uenle non-seulement à la suite
de l'intoxication alcoolique aiguë, mais même dans le cours de l'alcoolisme chro-
nique, où elle ofire souvent des caractères spéciaux : ainsi que l'ont reconnu la
plupart des auteurs, elle suppure plus rapidement, elle est accompagnée d'agit.**
640 ALCOOLISME (pathologie).
tioii, de délire, de phénomènes typhoïdes alaxiques oo adynaniiques, apfaml
hvniptomatique qui rappelle quelquefois le delirium tremens, complioitioo sérieuse
sur laquelle nous aurons à revenir.
Sur douze cas de pneumonie observés par nous dans ces conditions, la pneumonie
occupait sept fois les sommets, c'est-à-dire dans la moitié des cas. Cette localisilion
relativement fréquente n'est-elle pas une explication du délire qu'on a prétendu
être plus fréquent avec ce siège? Nous serions tenté de le croire.
En résumé, au point de vue où nous l'envisageons, la pneumonie est qnelquefois
une manifestation directe de l'alcoolisme ; mais alors le peu d'étendue qu'elleoccr.pe
en général, et qui rend difficilement appréciables les signes phpiques» les >ymptdmes
particuliers dont elle est accompagnée, lui donne une allure assez spéciale pour
constituer dans l'espèce une variété distincte ordinairement latente en ce qui oonceme
quelques-uns aumoinsdeseseflets ; et ce qui, à notre avis, parait encore légitimer
l'existence de cette forme pathologique, c'est son apparition dans la saison des cha-
leurs et à une époque où la pneumonie ordinaire est rare. D'autres robrinflaramation
du poumon n'est plus influencée aussi directement par les boissons alcooliques. Celles-
ci , ne jouant plus que le rôle de causes prédisposantes ou occasionnelles, lui impriment
néanmoins encore une physionomie particulière, donnant lieu à des indkatioD»
pronostiques et thérapeutiques.
d. Induration pulmonaire. Pneumonie chronique. L'induration chronique
des poumons a été observée par Hagnus IIuss (Alcoholùsmus chronicus^ p. 18) Aa
des ivrognes atteints antérieurement de pneumonies aiguës et dont la résolution avait
été lente ou incomplète. L'existence de ce fait indiqué par un auteur recommandable.
et qui théoriquement semble très-admissible, puisque cette altération pulmonaire
chronique ne manque pas d'analogie avec la cirrhose hépatique, n'a cependant pL<
été vérifiée en France ; nous ne l'avons pas constatée pour notre compte, el nou^
pensons que de nouvelles observations sont nécessaires pour établir sa rebtinn
étiologique avec l'alcoolisme.
c. Granulations tuberculeuses des poumons. Des opinions diverses ont surgi re-
lativement à l'influence des boissons alcooliques sur la production des tubeirule>
pulmonaires. L'auteur suédois déjà cité ne croit pas à cette influence ; ayant fré-
quemment rencontré des tubercules desséchés chez les buveui-s, il pense que
l'alcoolisme est susceptible d'arrêter la dyscrasie tuberculeuse. Dans un travail in-
téitissant, où sont scrutés avec soin les efTetsde l'usage des liquides alcooliques sor
le développement de la diathèse tuberculeuse, le docteur Bell, de New-Tork (Onthf
Effects of the Use of Alcoholic Liquors on Tubercular Diseases or in Constitu-
tiofis predisposed to such Diseases. Amer. Joum. of the Med. Science^ S* série,
t. XXXYIII, p. 407, i859), est arrivé à ce propos aux conclusions suivantes:
i"* L'opinion que les liqueurs alcooliques ont une influence marquée, lorsqu'il
s'agit de prévenir les dépots tuberculeux, ne repose sur aucun fondement so-
lide.
■
2* Au contraire, l'usage de ces liqueurs prédispose plutôt aux affections tuhrr-
culeuses.
7ii* Toutes les fois que la tul)erculisation existe, l'alcool ne modifie en rien si
marche.
4* Dans aucune périoile de la maladie il ne modère notablement les effets moi-
bides des tubercules sur l'économie.
Le professeur N. S. Davis (Report of tlie Influence of Alcoholic Drink^
ou the Development and the Proffress of Pulmonary Tuberculosis. Trum-
ALCOOLISME (pjltb 01.0 oie), Ml
ad, of Amer. Med. Assac. \o\. XIII, p. 565), dans un mémoire où il analyse
3f 0 cas de phlhisie pulmonaire, arrive à celle conclusion que 68 fois il y avait
eu un usage presque journalier de quelques-unes des variélés de boissons alcoo-
liques, de un à vingUdeux ans avant ra[^rition dessignes de la tuberculose ; que
91 fois l'usage de ces boissons n'avait eu lieu qu'autant que l'occasion s'en élait
prêsenlée;que 51 foisenfin Tabstention avait été complète. Quelle conséquence tirer
de cette statistique? Aucune, à notre avis, car elle a le tort de réunir sous un même
jçroupe et de confondre les différentes variétés de la tuberculose. Ce qu'il faut sur-
tout en pareil cas, c'est établir des différences entre les diverses formes de luber-
culisation pulmonaire et se demander si l'une ou l'autre de ces formes ne répond
pas h la cause en question. Or, en procédant de la sorte, on arrive à ce résultat,
que l'abus des liqueurs spiritueuses contribue puissamment au développement de
raltératÎQn décrite sous bi dénomination de phlhisie granuleuse, si toutefois il ne
l'engendre complètement au moins dans un certain nombre de cas. Déjà laltention
a été éveillée sur ce point ; le docteur Krans, de Liège, a observé deux fois celle
altération, qu'il rapporte à l'abus des .spiritueux. (Union médicale^ 2' série,
t. XIV, p. 193, 1863. Le Scalpel, n» 24, même année.)
Le docteur Lannay, du Havre (Union médicale^ p. 558), a vu des faits sem-
biaUes, avec cette différence, touteiois, que l'affection ne s'est pas toujours montrée
avec une marche aussi rapide que celle qu'elle présentait dans les cas obsencs par
M. Krans. Quinze faits du même genre ont été observés par nous, et déjà, avant
de connaître les travaux ci-dessus indiqués, la relation de causalité entre l'abus des
liqueurs alcooliques et une certaine forme de tuberculisation pulmonaire nous
paraissait évidente.
Aujourd'hui cette relation peut être établie d'après les considérations suivantes,
qui ressortent de l'analyse de quinze observations à nous personnelles : les
individus affectés étaient des hommes ordinaires, robustes, âgés de ti-eute a
cinquante ans, adonnés à des travaux rudes, faisant tous abus de liqueurs fortes,
et n'ayant dans leure familles aucun aulécédent tuberculeux. Chez eux l'altération
des poumons s'est présentée ainsi qu il suit : au début, dyspnée légère, croissant
peu â peu; respiration interrompue, l'ude, saccadée, au sommet surtout; raies
disséminés, d'abord rares, et ensuite plus nombreux et humides. Peu abon-
dante et muqueuse, l'expectoration a été plus tard purulente, la toux en général
fatigante ; dans certains cas enfin, on finit par entendre au sommet non pas seu-
lement des craquements, mais du souffle et des gargouillements. La fièvre ne se
fit jamais longtemps attendre, et lorsqu'elle survint, elle eut pour cortège habi-
tuel de l'agitation, du délire, du tremblement, phénomènes qui furent généralc-
bient suivis de la mort. Tantôt rapide dans sa marclie, cette affection peut être
désignée sons le nom de pluhisie galopante: tantôt plus lente dans son évolutiou,
elle n'a pas encore la durée de la phlhisie ordinaire. Elle ne met jamais beaucoup
plus de six mois à accomplir toutes ses phases. La lésion anatomique qui la carao-
térise consiste dans la pi'ésence de granulations miliaires, quelquefois lenticulaires
ou pisiformes, assez également disséminées au sein du parenchyme pulmonaire
congestionné, ramolli, souvent altéré et parsemé de points noihklres pigmentaires.
S'il existe des excavations, elles sont mi'es, petites, et occupent de préférence les
wmuiets. Des lésions telles qu'une gastrite chronique ou une cirrhose hépatique
aooompagiient fréquemment cette modification pulmonaire, |dus spéciale, comme
nous l'avons dit, aux buveurs robustes et occupés a des travaux un peu pénibles.
Quelquefois enfin l'affection granuleuse n'est pas seulement limitée à l'appareil
DICT. EXC. II. 41
G4â ALCOOLiSME (patrolooib).
de la respiration, elle envahît d'autres organes : le foie, la rate, les reins, le pérU
toine qui les recouvre, la pie-mère cérébrale, etc.
Serait-ce à dire pourtant que tous les cas de phthisie granuleuse reconnaissent
cette même cause? Il n'en est rien, et ce que nous tenons à établir, c*est que
le développement de la tuberculisation miliaire est dans qudques cas influencé
d'une façon incontestable par l'abus des boissons alcooliques, lesquelles Tiaisem-
blablement jouent le rôle d'irriUint pur rapport à la paroi des A'aisseaux capillaire$>
oudesramusculesbronchiques, siège habituel de la granulation tuberculeuse, ainsi
que nous l'avons établi à la Société de Biologie (année 1864). Il serait importaiil,
sans doute, de pouvoir distinguer les granulations tuberculeuses engendrées par I&
excès alcooliques de toutes celles qui ont d'autres causes, mais jusqu'ici nous ac.
connaissons aucun caractère qui puisse servir à fonder cette distinction.
f. Pletirésie. L'inflammation de la membrane pleurale est, ainsi que l'inflaiiH
mation du parenchyme pulmonaire, relativement Iréquente chez les buveon et en
particulier chez ceux qui s'exposent le plus habituellement au froid. Bien en-
tendu il ne faut pas induire de ce lait que l'alcoolbme engendre toutes les plen*
résies snnenant pondant sa durée, car rien n'est prouvé à cet égard. Co qu'il est
{lermis de penser, c'est que l'abus des boissons alcooliques est, dans quelques cas au
moins, susceptible de contribuer puissamment à la production de certaine»
formes de pleurésie que caractérisent un début assez insidieux, uae marche lente,
un épancbement peu abondant, et avant tout la présence de membranes denou-
velle formation. Cette forme pleurétique, jusqu'à un certain point comparable à b
|)éritonite des ivrognes, existe souvent sans épancbement; on ne constate plusalor>
que des adhérences unissant le poumon aux parois costales.
§ III. Appareil de l\ girculation. Les lésions déterminées au sein de cet
appareil par l'abus des liqueurs ^iritueuses intéressent tantôt le système à san^
noir, tantôt le système à sang rouge.
a. Système veineux. La veine porte et l'artkv pulmonaire sont plus que tou»
les autres vaisseaux veineux soumis à l'influence pathogénique des liqueurs spirî-
tueuses. Ce résultat de l'observation clinique s'explique facilement par ce £iit qui'
l'alcool absorbé par le système porte est tout d'alwnl charrié par l'artère pulmo*
naire, avant son arrivée dans le système artériel et son transport dans les diP
lércntes parties du corps. L'inflammation adhésive est encore l'altération qui se
rencontre le plus souvent en pareil cas. La pylépklébUe et la fhlêbartériU mewh
braneuses peuvent être par conséquent des mauifestaUons de l'alooDltsme chro-
nique.
Des faits, peu nombreux à la vérité, vu la rareté des alTections de la veine porte,
ne permettent pas le moindre doute à l'égard d'une liaison causale entre l'abi» de<
boissons spiritueuscs cl la pylêphlébite adhésive. En etfet, sur cinq cas de pylé
phlébite adhésive contenus dans le Traité des maladies du foie du docteur Budd
(p.i 80, 3" éd.) , il eu cstquatrc qui se rencontrent chez des ivrognes(Aard<(rt]iAm),
et, dans le cinquiènio, il n'est pas fait mention des antécédents du malade.
L'unique observation cpie rapporte Frerichs (p. 656) est encore celle d'un fauTenr
de longue date; un seiU cas de ce genre, observé par nous-mémc, appartient aw»i
â un malade depuis longtemps alcoolUé.
Sur sept faits pris au hasard, cette affccliou se rencontre donc six fois cliade»bo*
veurs de profession; aussi, dans de semblables conditions, l'idée d'une simple ooinct-
dence entre l'abus des spiritueux et Talturation veineuse est difficilement admissihit
ALCOOLISA» (iMTUOLOGtK). 64i
brelatiou étiologique pamll évidente, quand surtout il n'existe aucune autre cause
pour expliquer le développement de cette aiïection qui toujours s'est présentée
avec des caractères anatomiques et symptomatiques très-analogues, sinon identiques.
Dans tous ces cas, en effet, outre les congulums, d'un rouge noirâtre, que l'on
rencontrait à l'intérieur de la veine porte, de ses branches ou même des veines
!i(u^-hé|)a tiques, il y avait, dans les parties altérées qui se rapprochaient le plus
du centre circulatoire, des néoplasmes membraneux qui adhéraient à la paroi
veineuse épaissie. Dans notre fait nous pûmes nous assurer que les cordes pseudo-
membraneuses étaient constituées par une trame de substance conjonctive, au
milieu de laquelle on trouvait quelquefois des gmins d'hématine ou même des
rristaux d'hématoïdine.
Le principal signe éLiil une ascite abondante, à marche rapide, avec hypertro-
\hic considérable de la rate, refoulement du diaphragme ; l'appétit était complète-
ment perdu, la digestion diflieile; il y avait dans quelques cas une diarrhée bilieuse
et des hémorrhagies du tubedigestii.
L'ictè.e, qui s'est rencontré dans la plupart de ces faits, est le meilleur signe
dLignostique de cette affection et de la cirrhose.
Comme dans la cttTho>e la maigreur est excessive ; la marche de cette manifesta-
tion est en général rapide , sa durée est soumise au degré d'oblitération de la
veine et à la difficulté plus ou moins grande de l'établissement d'une circulation
collatérale.
Nous n'aftirmerons pas que toutes les inflammations adhésives de la veine porte
K)nt le résultit d*une irritation produite par l'abus des spiritueux. Disons, cepen-
dant, qu'il est peu d'observations relatives à cette affection où cette cause n'existe
pus ; fait remarquable, on ne la retrouve plus dans les cas de phlébite suppurative.
L'inflammation adhésive peut bien envahir d'autres veines que la veine
I¥>rtc ; nous avons noté chez un franc buveur l'existence simultanée d'une cir-
rliose hépatique et d'une inflammation membmneusede Tune des veines iliaques ex-
ternes et de la veine cave inférieure. Ge dernier siège, toutefois, est rare dans l'al-
coolisine; plus fi*équente est l'inflammation adhésive de l'artère pulmonaire.
Aucun auteur, a notre connaissance du moins, n'avait encore essayé de rattacher
cette lésion h l'abus des alcooliques, lorsque, dans une communication à là
Société de Biologie, il nous arriva de résumer ainsi qu'il suit nos recherches à
cet égard : « 11 existe une forme d'artérite anatomiquement caractéi'isée par des
firoductions membraneuses a l'intérieur du vaisseau. Cette artérite, que nous avons
toujours vue siéger dans Tartère pulmonaire, peut déterminer, en grande partie et
«l'une façon toute mécanique, la coagulation du sang et amener l'obstruction du
Vciisseau et la mort. Son existence habituelle chez les ivrognes ne parait pas for-
tuite, et tout porte à croire qu'elle doit son origine à l'abus des boissons alcooli-
ques. » (Lancereaux, Ga%. m^., 186â, p. 119.) Aujourd'hui nous avons rencon-
tré en tout cinq fois celte affection, et toujours les malades nous ont appris qu'ils
faisaient depuis longtemps des excès alcooliques. Voici, tirée de l'anaU^sc de ces
cinq faits, une description succincte des symptômes de la phlébartérite liée à
Talcoolismc.
La dt^Bjmée est un des premiers symptômes dont se plaignent les malades. Len-
tf^ment progressive, elle finit par acquérir une intensité excessive qui contraste
d ordinaire avec l'absence de signes indiquant une lésion sérieuse de l'appareil de
la respiration. H y a tantôt une cyanose manifeste, tantôt une décoloration de la
peau et des muqueuses. Lcsgamijes sont quelquefois o^dématiées; cependant l'exa-
y
644 ALCOOLISME (patuologib).
mon du cœur, ) as plus que celui des poumons, ne révèle la présence de Tune tli>
altérations que Ion est |.orté à soupço.iner, et cette discordance est piécisémenl un
signe diagnostiqua d'une grande valeur.
Le pouls est Aiible, petit, mou, irrégulier, les battements du cœur sootseuli'-
ment un peu sourds ; le second bruit de Tartère pulmonaire est renlon-é, maison
ne constate aucun bruit anormal. Quant aui iN)umoiis, ils sont partout souuiii
à la percussion, et c'est à peine si on y entend quelques râles vibrants ou humilité,
indice de bronchite ou d*un léger œdème de ces organes.
. La durée de cette aflection est soumise au degré dobstruction du vaisseau \w
le nouveau produit et par la coagulation sanguine consécutive. La terminaison |ieiU
être lente, mais le plus souvent elle est rapide et la mort pour ainsi dire siiLiU*
Deux fois, dans les faits en question, il existait des troubles cérébraux teiiaiit à uih*
lésion concomitante de Tencéphale.
. La lésion anatomique se caractérise par la présence au sein du vaisseau nu-
lade de néoplasmes membraneux qui tapissent une plus ou moins grande éUih
due de la paixH et forment des ponts ou des brides à l'intérieur de son cainl ;
une trame fibreuse, où l'on aperçoit des grains d'hématine, parfois des cristaiu
d'hématoîdine déposés dans des espaces fusiformes, telle est la coropositiou tk*
ces dépôts. Ces nouveaux produits^ comme cela se rencontrait dans un cas, peu\iiU
encore siéger entre la tunique interne et la tunique moyenne; devant eui
sont situés des caillots fibrinciix, fermes, grenus, noirâtres ou décolorés, plu> ou
moins allongés et volumineux, qui obturent une ou plusieurs des principales bran-
ches de division de l'artère pulmonaire.
b. Système artériel. Moins directement soumis à l'action irritante des akt»-
liques^ les troncs artériels qui émanent du cœur gauche n'en sont cependant |ja>
tout à fait à l'abri, et (^«rtains auteurs ont essayé de rattacher quelques-unes de laH>
altérations â l'alcoolisme. Magnus Huss signale, chez les buveurs» dans l'aoïtc
thoracique et les ai*tères cérébrales principalement, l'existence de plaques di»r-
minées dites athéromateuses, dont il recherche ensuite la nature et le mode At
formation. Or, cette altération, susceptible d'amener l'ulcération et la nqHuretln
vaisseau ou même de devenir le point de départ d'un auévrisme, nous de^oih
avouer que nous l'avons rarement observée dans les nombreux cas d'alcoolisu)''
que nous avons pu examiner.
Cependant , il nous est arrivé de trouver, principalement, dans l'aorte tbon-
cique, des plaques saillantes plus ou moins épaisses, iirégulières, et formées pi
une production de substance conjonctive. Cette substance, par suite des nH*u-
morphoses qu'elle est appelée à subir dans la suite, arrive bien à fournir b
bouillie atbéromateuse qui dans d'autres cas n'est que le résultat d'une transbniw-
tion graisseuse de la tunique moyenne des artères. Mais, à noire avis, on ne ik*»^
encore prouver que ces masses athéromateuses se rattachent sûrement à TaloooliïOii:
L'un de nos maîtres, toutefois, M. le docteur Gueneau de Mussy, a obaerré relie al-
tération à plusieura reprises chez des ivrognes, dans des cas où l'impossibilit*'
d'expliquer sa présence soit par l'âge des malades, soit pr toute autre caiH\
rendait peu douteuse l'influence des boissons spiritueuses sur sa produclMMi.
c. CcÉur H péricarde. De même que la péritonite et la pleurésie, la péricai-
dite est /quelquefois l'elîet de l'usage immodéré des alcooliques , et, comme n*^
dernières affections, elle revêt encore la forme adliésive , ainsi que nous aïons \m
le constater ; à une période peu avancée, les fausses manbranes AMoffia à U
surface duoeeur peuvent donner lieu à un bruit de frottement qui^ pbs tard , «b^
ALCOOLISME (patbologis). 645
]i»r;iU, loi'squ il y a adhérence intime du péricarde el du cœur. Les an'.écédenls
siMils el les phénomènes concomitants obsenrés chez le malade pourront conduire
au diagnostic en pareil cas.
\jc cœnr devient en général le siège de lésions variées. Celles-ci, le plus
«igront, portent sur ses parois. Plus rarement elles intéressent les valvules. Cha-
cune de ces lésions demande nne description séparée ; mais auparavant, il importe
de faire connaître la configuration extérieure du centre circulatoire dans l'alcoo-
lisme ; souvent, en effet, cette configuration présente nne physionomie spéciale.
Dons un premier degré, c'est-à-dire lorsque l'abus a été peu prolongé, le[cœur,
«n peine plus volumineux que dans l'état normal, se fait remarquer par un dé-
pôt adijieux abondant surtout à la base et sur le trajet de l'artère coronaire anté-
rienre. A une période plus avancée, ce dépôt graisseux forme une sorte de couronne
à la base du cœur et recouvre en même temps le bord ou même tout le ventri-
cule droit. Situé sous le feuillet viscéral du péricarde, la graisse ainsi amassée ,
arrive à produire, dans certains points, des appendices ou pelotons plus ou moins
volumineux, et qui ne sont pas sans gêner les mouvements cardiaques; d'autre
fvirt, par suite de sa pénétration entre les fibres musculaires el de la compression
qu'il (fétermine, il altère et atrophie les éléments essentiels à la contraction.
Le volume du cœur est alors généralement augmenté ; des plaques laiteuses
existent sur sa paroi antérieure ; la coloration du tissu musculaire est jaunâtre,
sa consbtance est molle, et sa friabilité plus grande. Une section perpendiculaire
des |)arois, à la base du cœur, rend plus appréciable l'épaisseur de la couche de
graisse, en même temps qu'elle permet de reconnautre dans la substance conlruc-
tile de cet organe la présence de petits amas graisseux de coloration jaunâtre.
L'augmentation de volume consiste ordinairement dans une dilatation des
Invités avec ou sans hypertrophie des parois. Le cœur gauche en est le siège habi-
tuel. Le plus souvent le cœur droit consen'e ses dimensions normales, ses cavités se
dilatent moins que celles du cœur gauche ; sa cavité ventriculaire, bien que suscep-
tible d'un agrandissement de plusieurs centimètres, ne présente jamais l'une de
ces dilatations pathologiques que l'on rencontre dans d'autres circonstances.
Un épaississement, rarement considérable, et qui occupe habituellement les pa-
rois du ventricule gauche et la cloison, fait déjà signalé par Magnus lluss, et
depuis observé par nous, donne à l'hypertrophie cardiaque des ivrognes une cer-
taine analogie avec l'hypertrophie consécutive aux lésions de Torifice aortique^ a
Talténition des petites artères ou même à certaines affections rénales.
On peut néaiunoins parvenir à distinguer ces lésions. Dans l'hypertrophie consé-
cutive, il n*y a pas un dépôt graisseux considérable à la base du cœur, le tissu mus- ,
culaire conserve sa coloration et devient rarement friable ; de phis, on constate l'une
ou l'autre des altérations dont Thypertrophie cardiaque n'est que la conséquence.
A ces changements de volume et de coloration correspond en généra] une modi-
lication de la structure : les fibres musculaires sont rarement tout â fait saines ; à
la surface extérieure surtout, là où la graisse est abondante, elles offrent une stria-
lion peu nette; elles sont granuleuses et manifestement altérées. La trame de sid)-
"itance conjonctive, généralement épaissie, forme, sur quelques points, des bandes
fibreuses au sein desquelles les éléments musculaires sont rares et profondément
modifiés. Cette dernière altération, que nous avons plusieurs fois constatée chez des
buveurs, nc&i Kulre chose qn'nîiemyocardite partielle chronique; cette lésion,
loat porte à le croire, pourrait bien provenir aussi, dans certains cas du moins,
de l'abus des spiritueux. Deux fiiits que nous avons été à même d'observer nous
646 ALCOOLISUE (rATooLociE).
ont paru, sous ce rappoii, très-démonstratifs; dans l'un d*eui , des concrétions
fibrineuses adhéraient à la surface du cœur.
Quant aux lésions valvulaires^ leur étude, au point de vue de Talooolismo,
n'a pas encore élé faite que nous sachions ; cependant, comme il n*est pas rare dt*
les rencontrer chez des individus intoxiqués par les liqueurs fortes et sans aptê^
cédents rfaumalismaui, nous croyons devoir mentionner ici le mode anatomiqut*
le plus souvent observé. Dans plusieurs cas soumis à notre examen, les valvule^
aortiques présentaient un peu au-dessous du tubercule d'Âranzi un léger épais*
sissement blanchâtre on grisâtre, qui allait rarement jusqu'à rétrécir ou rendrv
insuffisant l'orifice correspondant. A. l'œil nu, mais surtout à l'inspedion miao-
scopique, il était fucile de recoimailre en ce point lexistence d'une productioa
nouvelle, soiis forme de prolongements conoides, papiUaires ou disposés en rosa-
ces et formés de substance conjonctive revêtue d'un épithélium plus ou moins al-
téré. Toute superficielle d'abord, cette lésion parla suite devient plus profonde
et plus étendue, mais sans atteindre en général l'anneau fibreux qui circonscnl
l'orifice, particularité qui la distingue de l'endocardite valvulaire rfauroatisniale.
laquelle, intéressant tout à la fois l'anneau sur lequel se trouvent implantées K^s
valvules et les valvules elles-mêmes, produit en général des résultats plusiScheut.
L'occasion de constater l'altération de la valvule mitrale est beaucoup moins fré-
quente ; les lésions des orifices du cœur droit sont plus rares encore ; dans quel-
ques cas seulement la \id>iile tricuspide nous a paru être, sur plusieurs des points
voisins de son bord libre, injectée et épaissie.
Jamais les altérations cardiaques en question ne sont isolées, toujours elles coïnci-
dent avec quelque autre lésion dont lorigine alcoolique ne saurait être contestée.
Budd avait déjà été frappé de la coexistence fréquente de la cirrhose des iviognes
et des maladies du cœur ; il attribuait ce fait, en grande partie, à une tendant
qu'auraient les habitudes alcooliques à produire des aflections du cœur et des
vaisseaux tout aussi bien que des lésions de la glande hépatique {loc. ctl., p. Ii9/.
Les symptômes qui trahissent chacune de ces diflerentes altérations ne dinereiit
pas d'une Ihçon notable, si ce n'est dans leur degré d'intensité ; des palpitations
violentes, une dyspnée avec sensation d'oppression et de oonstriction thoraciquo,
l'accélération légère, et plus tard la faiblesse, l'inégalité et le ralentissement du
pouls, surtout lorsqu'il y a surcharge graisseuse, de l'œdème aux extrémités iu-
férieures , tels sont, alors, les principaux phénomènes observés auxquds succè-
dent parfois des symptômes d'asystolie; rarement on constate à Tauscoltatiou
l'existence de bruits anormaux, ce qui explique fort bien le peu d'étendue qiie
semblent acquérir, en général , dans les cas qui nous occupent, les altérations d^
valvules du cœur. Ces désordres n'ayant rien de prticulier , il importe, pour yon-
voir les relier à la cause qui leur a donné naissance, d*élre renseigné sur les anté-
cédents des malades, sur leurs habitudes, et de savoir tenir compte des mani-
festations variées qui ne manquent jamais de se présenter en pareille cir-
constance.
g IV. Appareil de i/uémopoïèse. liCs modifications que subissent les glande^
vasculaircs sanguines dans le cours de l'alcoolbme ont été à peine sij^nalées.
La plus importante de ces glandes, la rate, est ordinairement volumineuse, molle,
friable, rarement diflluente, mais souvent parsemée de petites taches hémorrfaa-
gitpies. S'il existe une cirrhose, elle est notablement hypertropliiée. Quelqaefoi>
|)etite, ratatinée, elle adhère au diaphragme à l'aide de néoplasmes memfaraneui
insérés sur sa capsule épaissie et opaque.
ALCOOLISME (patuologie). 647
Le corps thyroïde et les capsules surrénales n^oflreut généralement pas, autant
que je sadie, de lésions appréciables ; il n'en est pas de niénie des glandes lym-
phatiques. Ordinairement perdus dans une couche de graisse très-épaisse, les gan-
glions mésenlériques et prévertébraux, pour ainsi dire étouffés, sont petits,
ntatinés et souvent méconnaissables. Ils présentent à la coupe de petits amas
pisseux, disséminés à leur circonférence, et dans quelques cas de cirrhose hépa-
tique» nous avons pu observer un épaississement manifeste de leur ti-ame fibreuse.
Plus rarement il arrive de constater l'altération ganglionnaire des autres régions
<m la modification des follicules clos de l'intestin, du pharynx et des amygdales.
Mais on ne peut contester que les modalités pathologiques des glandes vasculaires
sanguines n'aient mie grande analogie avec celles qui, diins l'alcoolisme, affectent
la plupart des organes. Une étude plus approfondie de ces manifestations anatomi-
ques est encore nécessaire. Cette élude sera certainement fort utile, cnr elle est
destinée à faire connaître la part qui revient aux glandes sanguines dans la \iro-
duction de l'état cachectique des ivrognes.
Liquide sanguin. Les altérations du sang out été étudiées ci-dessus (vay, Al^
cooL, Action physiologique). Nous nous bornerons à dire que nous avons, nous
aussi, constaté l'état graisseux du sang et l'intégrité des globules sanguins, du
moins dans la période aiguë de ralcxx)lisme. Dans l'alcoolisme chronique, ces
mêmes globules, paiaitrait-il, ne seraient pas à l'abri de toute espèce d'altération-
Klencke (cité par Duménil) aurait ^ii les globules ix>uges rétractés et exprimant
en quelque sorte leur matière colorante dans le plasma ; Duménil , de Rouen {Gazette
hebdomadaire, i858), prétend avoir constate leur déformation. Mais quoi qu'il
en soit, quelques-uns de ces corpuscules deviennent parfois granuleux, se dépouil-
lent de leur matière colorante, laquelle, sous forme de granulations noirâtres,
se retrouve dans certains organes, les glandes sanguines eu particulier, ou même
dans les cellules du réseau cutané de Malpighi. De plus, nous avons souvent ob-
servé en pareil cas une augmentation tout au moins relative du nombre des globulet^
iilancs. Ajoutons que la fibrine parait aussi se modifier dans sa qualité; car, même
dans le cas de phlegmasie viscérale, on ne rencontre pas oitUnairement de caillot
libnneuK dans le cœur, et le sang reste fluide après la mort.
Aucun symptôme bien a|^rent ne traduit, au début de l'alcoolisme, les modifi-
^^ationsdu liquide sauguin ; il n'en est pas de même plus tard, où les palpitations,
rcssonfilement, l'oppression au moindre exercice, une teinte terreuse assez particu-
lièi'e révèlent l'existence d'une diminution des globules, d'une anémie avec ca-
chexie plus ou moins profonde. L'apparition de tadies ecchymotiqucs à la surface
de la peau (purptim), et principalement aux membres inférieurs, est l'indice d'une
altération subie par la fibrine, tandis que la coloration bronzée, noirâtre de la
|Mau, ou mélanodermie, accuse le dépôt de pi^îmenten question. Cette coloration
|Ktrticulière semble se lier en etTet dans certains cas à l'alcoolisme. H est à re-
marquer du moins qu'un certain nombre de malades atteints de mélanodermie sont
adonnés aui boissons alcooliques; pour se convaincre de ce fait, il suffit de consul-
1er le travail même d'Addison (On the Constit , and Local Effects ofthe Disease of
the Supra-renal Caps. London, i855).
g V. Appareil de l'ibciiervatiok. Lancisi, Sauvages, Morgsigni, Darwin
(Zoonotniey t. V, p. AM), Pinel, rattachaient à l'abus des alcooliques une
forme particulière d'apoplexie; plus récemment, Sutton, Rayer, Kopp, Dar-
kausen, Black (d'Edimbourg), J. Ware (de Boston), Dreyfuss, Léveillo (.Vm.
de VAcad. deméd , t. 1) et Cahneil {Dictionn. deméd,, 2' édit.), ont donné
646 ALCOOLISME (patiiolocie).
une excellente description du delirium trfmens. Dans ces derniers toinps enfin,
des travaux impoitants ont été produits par M. Marcel (Thèse de Paris, 1847) sur
la folie alcoolique, par Magnus liuss {loc. cit) sur les diflerentes modiGcalions wr-
Yeuses de Talcoolisme, par M. Lnsègue (Thèse de concours, Paris 185.^), par
M. J. Falret (Thèse de doctorat, Pans, 1855) sur la paralysie générale dans ses
rapports avec Tintoxication alcoolique. Mais si dans ces différents travaux on timive
une étude approfondie des manifestations symptomatiques de l'alcoolisnie, la qiie^
tion anatomico-pathologique y est à peine ébauchée, au point que le delirium ire-
fnens par exemple est regardé par la plupart des anteiuis susnommés comme une
névrose liée k un empoisonnement par Talcool. Il faut convenir que rappr&-iati<n
des lésions alcooliques des centres nerveux n*est pas sans présenter des diJliculti's
d'observation ; cependant ces lésions ne peuvent être mises eu doute ; de plus,
elles ont avec celles qui se présentent dans d'autres organes une amilogie tdle
qu'il u*est guère possible de récuser la cause qui leur a donné naissance.
A. Encéphale, — a. Dure-mère, La dure-mère crânienne devient dans cer-
taines circonstances le siège d'une altération à laquelle les boissons alcoolique
poraissent prendre une bonne part, ainsi que nous l'avons signalé aulreiois {ArA.
de méd., nov., déc. 1862 et janv. 1865) et qu'il a été vérifié depuis (Perroud,
Gaz,fnéd. de Lyon^ 1865, n''*^^ et 25; J. Clu>istian, Étude sur la packyfBénm'
gitehémoirhagiqtie, Strasbourg, 1864).
Produit d'un travail phlegmasique non suppuratif, cette altération, peu diflérenle
de II modification péritonéale dont nous avons déjà parlé, se trouve caractériaM:
par la présence, à la surface de la dure-mère, de dépôts membraneux plus ou
moins étendus, manifestement organisés et constitués par une trame de substanue
conjonctive en général parsemée de capillaires à parois minces et bellement alté-
rables. Ces néoplasmes tapissent ordinairement h portion de la dure-mère qui cor-
respond à la région pariétale; ils se présentent tantôt sous forme d*un minoe
feuillet, tantôt, et le plus souvent, sous forme de lames superposées entre leaqiieil»
on aperçoit de petites taches ecchymotiques ou de véritables caillots sanguins «pa-
cbyméningite bémorrhagique, hémorrliagie intra-arachnoidienne enkystée), seloo
la plus ou moins grande quantité de sang épanché dans leur épaisseur. Ces pio-
ductions membraneuses, par la compression qu'elles exercent sur la roasK encé-
phalique, donnent lieu, on le conçoit, à des manifestations phénoménales trèsr
variées.
Ce serait une erreur de croire que tous les néoplasmes pachyméningitiques r*
connaissent pour origine l'abus des liqueurs spiritueuses ; d'autres causes, saai
aucun doute, peuvent leur donner naissance. Déjà nous avons essayé de diflcfen-
cier anatoroiquement, au point de vue de leur origine, les productions mé-
ningiennes dont il s'agit. L'un des principaux caractères qui nous aient pira
pouvoir fonder une distinction, c'est, en cas d'alcoolisme, la grande \ii9cularité <k»
fausses membranes et leur tendance aux hémorrhagies,
b. ArachnoUde et pie-mère. Les altérations de ces membranes sont fié|iieate»,
on peut même dire qu'elles ne manquent jamais chez les vieux ivrognes qui suc^
combent à des accidents cérébraux chroniques. Elles ont un siège de prédilection
tout particulier, qui est pour le cerveau la face supérieure des hémisphères, poui
le cervelet la portion qui en circonscrit la grande circonférence. Iieurs caractères
anatomiques sont encore ceux des inflammations adhésives. A la face ouuvexf et
supérieure des hémisphères, mais principalement au voisinage du simis loogito-
dinal supérieur, on trouve ces membranes épaissies, opalines, pacaemées de points
ALCOOLISMB (pathologib). 649
(NI de petites plaques d'un Uanc laiteni, et souvent adhérentes entre elles, ou
même avec la durcHiière crânienne ; tantôt leurs vaisseaux sont dilatés et engorgés
do saug, tantôt et le plus souvent des traînées fahnchâtres existent sur leur Imjet
et leurs parois sont plus ou moins altérées (dégénération graisseuse). Pnr suite de
iTtte fdlération, on constate fréquemment dans l'épaisseur de ces «toiles des taches
iTcliymotiques de petite étendue ou des plaques jaune d'ocre, constituées par la
matim colorante du sang à l'état amorphe ou cristallin (hématoidine). Ces extra-
Tasatioiis sanguines, qui se rencontrent encore â la surface des ventricules, occu-
pe;it principalement la grande circonférence du cervelet.
Clair ou opalin, le liquide céphalo-rachidien est d'autant plus- abondant que lefi
circuQvolutions et le cerveau tout entier sont plus atropliiés, puisque ce liquide,
comme on le sait, est appelé à suppléer à la diminution de la masse cérébrale ;
tpielquefois, accumulé au niveau d'une ou de plusieurs circonvolutions, il semble
contenu dans une poche et simule fort bien un kyste. D'ordinaire, les corpuscules
de Paochioni participent à l'altération; ils sont nombreux, jaunâtres et plus volu-
mineux qu'à l'état physiologique.
Il est inutile, ce nous semble, de faire ressortir les difféi^ences anatomiques qui
séparent la méningite alcoolique de la méningite tuberculeuse. Dans oette dernière,
le proJuit nouveau apparaît sous forme de granubtions miliaires dont le siège d'é-
lection est la base du ceiTeau et la scissure de Sylvius , la substance cérébrale est
le plus souvent altérée et ramollie,ce qui estl'inverse dans la méningite alcoolique.
c. Cerveau el cervelet. Tous les points de ces centi'es ne sont pas également
accessibles à l'influence morbide des boissons alcooliques. A cet égard , on peut
établir, d'une fa^n générale au moins, que la fréquence des altérations produites
par ces liqueurs est en rapport avec la richesse vasculaire de la substance nervi use
centrale. La substance grise des circonvolutions du cerveau et du cervelet, celle des
couches optiques et des corps striés, telles sont les parties où s'observent le plus
hahituelkment les lésions produites par les spiritueux. Ces lésions se présentent
toutes avec des modes divers et des degrés variés.
Dans un premier degré, qui est celui où apparaît d'ordinaire le delirium tre-
menSy le cerveau pris en masse est à peine modifié à la simple vue ; sa consistance,
sa coloration, ont peu changé, et c'est tout au plus si les vaisseaux des méninges
ou ceux de la substance cérébrale sont plus pleins, plus volumineux, ou di-
latés , comme le prétend Magnus lluss. A cette période pourtant, le microscope
permet déjà de constater l'altération de quelques-uns des éléments anatomiques
de l'encéphale. Dans les circonvolutions, les capillaires sont rarement sains; dilatés
et sinueux, ils présentent de distance en distance, dans l'épaisseur de leurs parois et
en particulier an niveau de leurs points de bifurcation, des granules grisâtres ou
jaunâtres qui réfléchissent très-fortement les rayons lumineux et qui sont ordi-
nairement disposi-s par groupes et sous forme d'amas losangiques. Ces granules,
qui accusent une dégénératton de l'élément le plus important du capillaire, de ce
i|ui parait être l'élément contractile, sont ainsi une cause de stase sanguine et de
trouble de la circulation capillaire. Sur le trajet des parois vasculaires, dans leur
épaisseur ou à leur voisinage, existent des traînées formées de grains d'un rouge
jaunâtre provenant, selon toute vraisemblance, de la matière colorante du sang
•^xtravasé.
Les éléments cellulaires de la substance grise, ceux-là principalement qui
avoisinent les vaisseaux malades, sont en partie, et peut-être uniquement paV suite
du trouble circulatoire, aflectés de la même dégénération. Bon nombre de ces cel-
650 ALCOOLISEE (patoolocie).
Iules, eu effet, plus ou moins déformées, contiennent, outre les graoïihUons de
l'état sain, des granules brillants ayant, quelques-uns au moins, les apparetici>>
de petits globules graisseux . Des granulations analogues à celles du contenu cellu-
laire se rencontrent en outre semées çà et là en deliors des cellules nerretises.
Dégéncration granulo-graisseuse des capillaires et d*un certain nombre d'élémenU
cellulaires, telle est donc la lésion qui s*obser\'e dans les ciroonvolutions et la
substance grise centrale du cerveau. Cette lésion, on la retrouve encore dans le<ta*-
velet, au niveau surtout de la grande circonférence. Remarquons que ces désordres
anatoniiques ne donnent pas toijgours lieu à des troubles constants; cqiendant
lorsqu'on y regarde de près on voit (|ue, le plus souvent, ils coexistent avec un
léger degré d'agitation, une faiblesse de la mémoire, des rêvasseries ou même de>
liallueinalions, du tremblement des membres et des désordi'es du côté de la ^ah
sibililé.
A une période plus avancée, les lésions malérielleà de l'encépliale ne sont pla^
contestables, même à Tœil nu. Tantôt diffuses, tantôt circonscrites et disséminét^
en différents \mnis , elles ont encore pour siège de prédilection la pêripltérie ilu
cerveau ou du cervelet, les corps striés et les couches optiques.
L'une des plus fréquentes parmi ces altérations consiste dans une sorte de rab-
tinement avec induration et atrophie de la masse encéphalique {fféri'-evcéfJiûliU
difftise atrophiqué). Celle-ci est plus ferme et comme macérée dans 1 alcool.
Au-dessous des méninges opaques inliltrées de sérosité et faciles a détadier, les
circonvolutions cérébrales, celles du la face convexe des hémisphères surtout, api^
raissont petites, inégales en volume, pales ou giisâtres, plutôt que jaunâtresou losit^,
lavées, pour ainsi dire, par le liquide qui les baigne et qui vient oomUer le \'uW
produit par leur retrait; sur quelques points de leur surface on remarque paribis
une légère déperdition de substance, une sorte d'ulcération, de kyste vide dont l(^
parois membraneuses et grisâtres sont appliquées l'une à l'autre ; les ventricules sont
dilatés et pleins d'un liquide séreux, transparent ; leur membrane épaissie, opaline,
corUient dans son épaisseur de nombreux corpuscules amyloïdes.
liCs couches optiques et les corps striés sont fermes, aplatis, de petit voliuiie,
déprimésùleur surface. Dans un cas rapporté par M. Calmcil (Obs. 50, 1. 1, p. 56r»u
un kyste du \x)lume d'un pois, situé entre la couplie optique et le corps slné gaudic,
contenait une sorte de gelée mêlée à une substance micacée brilbmte, cristalfiiitt
sous forme de lamelles (cliolestérine). Un kyste analogue, soite de géode patholo-
gique, a été vu par nous dans la couclie grise périphérique. La substance bhncht
nerveuse est en générsd plus ferme, plus consistante on indurée; quelquefois pour-
tant elle est plus molle..
Assez rarement la pie-mère, adhérente à la surface des ciroonvolutioDS, ne peut
en être séparée sans entraîner avec elle une partie de la masse nei*veuse sou»-
jacente. D'une coloration grisâtre ou jamiâtre, marquée surtout an niveau de i»
grande circonférence du cervelet, la substance grise périphérique , dans a»
conditions, est souvent infiltrée et comme Ijarbouillée de sang ou parsemée de\tra-
vasatious sanguines. La substance grise centrale peut être lésée de la même façon.
Cette dernière altération, particulièrement propre à la paralysie générale aiooolii|Uf.
ne diiïere pas notablement, en somme, de la précédente. Les capillaires, la névro^',
les cellules et les tubi^s nerveux, sont également modifiés. L'hyperplasie conjonctitr,
qui a pour point de départ principal les tuniques des capillaires, occupe surlool le
ti-ajet des petits vaisseaux qui de la pie-mère pénètrent dans la substance nerveux,
d'où la formation des adhérences en question.
ALCOOLISME (PAinoLOGiic). 651
 eoii des lésions difluses, il arrive de rencontrer chez les buveurs des altéra-
tions plus limitées et mieux circonscrites (encéphalite circonscrite , transforma-
tion graisseuse) . Au sein de la masse encéphalique se rencontrent des îlots de sub-
stance nerveuse de coloration ordinairement jaunâtre» de consistance ferme ou
molle, dans lesquels on constate à Tëxamen microscopique la présence de noyaux
plus ou moins nombreux sur le trajet des capillaires, l'épaississement de la tramo
de substance conjonctive, et plu» tard la dégénération gi'anulo-graisseuse des
vaisseaux et des éléments nerveux arrivant à former une véritiiblc émulsion.
Cette encéplialite partielle a la marche chronique de toutes les aiTections alcoo-
li<]ues, et elle doit à la plus ou moins grande abondance des éléments fibreux
de nouvelle formation et à la période plus ou moins avancée de son évolution, la
différence de ses caractères anatomiques. Dans sa dernière phase, cette altération
amène quelquefois à la surface du cei-veau des dépressions plus ou moins profondes,
au niveau desquelles on trouve une sorte de bouillie crémeuse mélangée avec
des détritus de tissu cellulaire fin, comme cotonneux (Culmeil, t. II, p. 279, iM;
Lallemand, Lettres). Plusieurs fois nous avons eu loccasion d*observer cet
état anatomique qui, dans quelques cas, a pu en imposer à des observateurs distin-
gués au point de leur faire croire à un travail réparateur là où il ne s'agissait, en
réalité, que dé la phase dernière d'un processus morbide particulier.
Llnduration, le ramollissement, l'apparence kystique ou cicatricielle ne sont
donc en pareille circonstance que des modes variés, des degrés divers d'un même
processus morbide, et ne constituent pas des types différents d'altération. U y a lieu
de se demander si alors la dégénérescence graisseuse des capillaires et des élé*
ments nerveux est toujours la conséquence d^uu travail phlegmasique, ou si elle
n'est pas quelquefois primitive et indépendante de toute modification de la sub-
stance conjonctive, ainsi qu'il arrive pour les éléments cellulaires du foie et d'autre»
organes. Les faits que nous avons été à même d'observer sont jusqu'ici trop peu
nombreux pour permettre une affirmation à cet égard. Quelques-uns d'entre eux
tendent cependant a faire admettre la possibilité de la dégénération graisseuse pri-
mitive des éléments nerveux. Ainsi l'abus des alcooliques produirait dans les centres
encéphaliques les mêmes modifications anatomiques qu'il détermine au sein de la
substance hépatique, à savoir, des inflammations adliésives diffuses ou circonscrites et
des dégénérescences graisseuses.
Stmptoxrs. Lf?s troubles fonctionnels qui s'associent aux lésions précédentes
intéressent en général les trois grandes facultés de l'àme humaine : h sensibilité,
rintelligeuce et la motilité.
a. Sensibilité.. Les désot*dres de la sensibilité tiennent d'ordinaire le premier
rang dans l'ordre d'apparition des symptômes nerveux, ils varient dans leur moda-
lité, selon que la sensibilité est peiTcrtie, exagérée ou diminuée.
Vers le soir, ou plutôt quelques instants apr^ le coucher, sitôt que se fait sentir
la dialeur du lit, le malheureux buveur commence à éprouver, principalement au '
extrémités iniérieures, du malaise, des picotements, des tiraillements, des sensa-
tions bizarres, telles que celle d'un animal remuant sous la peau, tous phénomènes
dont il n'est souvent débari^assé que longtemps après s'être mis au lit et à la suite
d'une insomnie opiniâtre, d'une agitation ou même d'une angoisse prolongée. La
chaleur du lit pourtant n'est pas toujours nécessaire pour éveiller ces troubles, et on
t vu la formication se montrer sous l'influence d'un refroidissement. Ces sensa-
tions singulières, véritables hallucinations de la sensibilité, ne tardent pas à être
accompagnées ou suivies d'autres désordres, rhy{'éreslhésie et l'anesthésie.
erfS ALCOOLISME (PlT1lOL0ClE^
Vliypéresthétne est un symptùmc plus rare et toujours {lartid, c csl4-<iire qu'il
ii'(wcii})e jamais quunc petite étcudue des membres ou dn tronc, rkiis plus prti-
eulièix'mcnt les membres inférieinTS et surtout la plante des pieds ; rarement i^-.
il coexiste d ordinaire avec les fourmillements ou FanesUiésie. C'est tout d*ahoni
un état vague d'inquiétude douloureuse et erratique, qui bientôt se prtsenU*.
selon le docteur Magnus Huss, sous deux formes distinctes, Tune périf:liériipir,
Tautre intérieure. La jambe est le siège habituel de Thypéresthésie périphérique :
le malade éprouve à la peau une sensation de brûlure, une tension, une gène, un
sentiment de douleur qui va quelquefois jusqu'à lui faire jeter des cris an moindre
contact des objets extérieurs. Ces douleurs, dans quelques cas, ont pour siège tout
particulierles points d émergence des nerfs* Â ce mode de Thypérestliésic alooolii{w
semblent devoir se rapporter un certain nombre de faits donnés par les auteur^
coQ]medescasdenévralgiegénérule(uoi^.YaUeix, BulleL detiiérapetitiq.j t.XXXtV.
1848, obs., 2, 5, 4; Gaz. des liàpitaux, 6 mars 4849 et âl septembre W^i\
Leclerc, l)e la névralgie générale ^ Thèse de Paris. i852, obs. 3, 4,5).
C'est dans le mollet que se manifeste d*abord Thypérestliésie interne ; elle «m-
siste en une sensation de douleur plus ou moins violente et insupportable, aocom*
pagnéc parfois d'un sentiment de froid ou de chaud dont les muscles ou les os sont
le principal siège; exagéré par les mouvements et la pression, variable quant a »
durée, ce symptôme, dans quelques cas.coîniide avec des phénomènes paralytique^
qui peuvent persister après sa disparition et sur lesquels nous aurons à revenir.
VaneMhésie, que caractérise l'obtusion partielle ou généi aie du sentiment, dr»
bute par les extrémités inférieures et supérieures ; c'est aux mains et aux pieds qu'elle
se montre tout d'abord; pour de là s'étendre d'une façon en quelque sorte pro>
gressive vers le tronc, où d'ailleurs elle est toujours moins fréquemment observée.
Assez rare à la face, elle y est plutôt superficielle que profonde, et n'atteint pas ordi-
nairement les muscles, comme il est facile de s'en rendre compte à l'aide d'une
simple piqûre. Passagère et fugitive, quelquefois intermittente dès le débat de ton
apparition, elle cède facilement aut moyens thérapeutiques; plus tard, cootinaeet
chronique, il est plus difTicile«le la combattre. Elle appartient peu à h période ini-
tiale de l'alcoolisme, elle n'est pas, en général, contemporaine des picolements, de»
foin^milleraents et des autres troubles de bi sensibilité, mais elle vient bahitoeUe^
ment à leur suite.
Les organes des sens présentent des désordres analogues. Des scintillations, dt>
mouches, des objets à contours indécis, d'abord lumineux, plus tard Doinet
opaques, apparaissent à des intervalles p'us ou moins éloignés ; la vision devient
trouble, les objets tremblent sous les yeux, la lecture ne peut être longtemps »f»-
portée, la vue s'affaiblit ; moins sensibles à l'action de la lumière, les pupilles sont
dilatées. Peu fréquentes, les modifications de l'ouïe consistent eu des boonlonne-
menls et une faiblesse plus ou moins grande de cette fonction.
Le goût et l'odorat subissent en général fort peu de changement. On a pa con-
stater une diminution de la sensibilité des muqueuse linguale et pituitaire, et no.i*'
avons été à même de vérifier ce fait.
11 existe une céphalalgie haliituellement peu intense, et plutôt une sorte de ma-
laise que des douleurs violentes. Des vertiges plus ou moins insupportables incom-
modent le malade le matin, principalement au moment du le\er, et dans le jour,
alors qu'il vient à se tourner brusquement ; un certahi degré de titnbation ^'?
ajoute quelquefois.
V insomnie est un autre symptôme important qui n*est pas sans avoir une valeur
ALCOOLISME (rATiMLôcils). Qbô
(liagnoslique ioipoi'tante. Ls nuit, le sommeil est diiliciio » (^iiiMe nièaie; tu ma-
bde, inquiet, se tourne en lou» sens sur son lit, et dès qu^il fei*ma les yeux il e;^
tourmenté par des visions plus ou moins extraordinaires^ et in&upportalJes» ; s'il
vient à dormir, son sommeil est troublé par des rêvasseries, des songes eflrayauts,
indice d'un certain degré d'excitation mentale.
Ajoutons à cette énumération un autre symptdme sur lequel M. Mai*cet a insisté
avec raison ; c'est une sensation particulière de dyspnée qui sobserve iréquenunent
rha les mabdes atteints d alcoolisme chronique. Considérée par 1 auteur anglais
comme un phénomène purement nerveux, la difiiculté de la respiration u*est
MNivent que passagère. Le malade respire pendant quelques minutes uaturelle*
ment, puis s arrête tout à coup. Il lui semble que le iai*ynx soit le point où exista
un obstacle à la respiration. Il jette alors sa tête en arrière, aspire par la bouclie
une grande quantité d'air, et reprend ensuite la (acuité de respirer librement jus-
qu'au retour d'un nouveau spasme on d'un nouvel accès. .
b. Intelligence. Ce qu'indique déjà l'expérimentation physiologique en nous
faisant connaître Faction «'lective des boissons alcooliques sur l'encéphale et en par-
ticulier sur les ciroonvolutious du cerveau, l'observation clinique le démontre à
l'aide de la statistique. Celle-ci, en eiïet, ne hisse aucun doute relativementà la fré-
quence des troubles de l'esprit dans l'alcoolisme. Bayle attribue à l'abus des bois*
sons alcooliques un tiers des makidies mentales qu'il a observées. Sur 1079 aliénés
admis à Bicétre de 1808 à 1815, on compte ii6 malades par suite d'excès do
boissons ; sur 364 aliénations observées ches les femmes à la Salpêtrière, 26, sui-
vant Esquirol, devaient êtreattribuées uniquement à l'abus du vin; sur 150 femmes
en démence, 6 devaient leur infirmité à la même cause (Royer-Collard, p. 52).
t^asper nous apprend, d'après un rapport ofiiciel qui concerne Berlin, que près du
tiers des aliéna» appartenant aux basses classes du peuple sont tombés dans leur
tnsteétatparl'abus d6reau-d0-vie(fi^irâ^^:&ur $nedicin.StalUtikfïkrïmf 1825).
Sur un relevé de 12 007 cas d'aliénation mentale fait en Angleterre, 17^9 ou
près d'un quinsième reconnaissaient pour cause l'intempérance (Carpenter,
p. 53). HH. Deboutteville et Parcliappe (Notice statist, sur l'asile des aiié-
nés de la Setne-lnfér,^ pour la période comprise entre le 11 juillet 1825 et le
51 décembre 1845) ont trouvé, pour une période de dix-huit années, le cliilTre de
28 pour 100. M. Morel ne compte piis moins de 200 malades par 1000, chez les-
quels rafleetion mentale était due à la même cause. Sur un relevé de 1 595 cas ob-
i^enés à Haréville, 115 fois les excès alcooliques ont été incriminés (ArcbamUmlt,
Thèse de Motet, p. 11). Les statistiques qui précèdent font connaître la fréquence
de bi folie alcoolique, celles qui vont suivre en indiquent la progression : de 1820
à 1835, il est entré dans la maison de Charenton 1557 aliénés, dont 154 avaient
perdu la raison par l'abus des liqueurs fortes (Esquhol, Traité des malad. men-
tales^ P^ris, 1838), 8 pour 100. De 1857 à 1864, il a cléadmis dans la même mai-
son 1 146 malades et 277 fois ont été sigqalés des excès de Ijoîssous alcooliques, 24
pour 100 (l^agarosse, Thèse de Paris, 1864) ; à Bicétre, M. Conlessea trouvé 1000 cas
d'alcoolisme sur 5238 cas de délire variés, ce qui donne une proportion de 1 9,09
pour 100. Sur un relevé de sept années, de 1855 à 1862, le même auteur a pu
voir que Li proportion des alcooliques augmentait d'une façon surprenante, au
point qu'cUea doublé, puisque de 12,78 pour 100 elle a moule à 25,24 pour lOO.
Ces chiflres démontrent d'une façon mallieurcusemeut trop claire que l'abus des
boissons spiritueusesest l'une des causes perturbatrices les plus puissantes de la vie
morale et intelleitiielle ; ils apprennent de plus que les désordres qui se ratla-
654 ALCOOLISME (pathologie).
client à la spliere înteUectuelle sont tout à la fols nombi'eai et variés. Mais néan-
moins, malgré leur grande variété, ces troubles, lorsqu'on vient aies comparer entre
eux, peuvent être rapportés à quelques types et rentrer dans qnelques^nes des
formes morbides connues, la manie, la lypémanie, rimbécillité el la démence.
1 ^ Manie, La forme maniaque, delirium tremens et folie alcooUqne aigné d^
certains auteurs, ne se montre que chez des individus qui, depuis un temps pl'i5
ou moins long, abusent des alcooliques, et qui sont par conséquent atteints d*unc
intoxication chronique. Fort différents de Tivresse, ces accidents sont des manifesta-
tions aiguës de l'alcoolisme chronique au même titre qu'un accès fébrile peat
être le symptôme d'une intoxication paludéenne ancienne. Cette manière d'en-
visager le déHre aigu des ivrognes n'est pas généralement adoptée, cependant on
ne peut contester qu'elle soit en accord avec les faits.
Le début des symptômes est rarement brusque ; les malades toal d'afaonl sont
tristes, inquiets, ils ont le regard égaré, une faiblesse et une agitation inacooatmnée^,
du dégoflt pour les aliments, des nausées, puis éclate le délire.
Celui-ci se manifeste sous les formes les plus varices, et avec une intensité qui
est loin d'être toujours égale. Tantôt les malades, furieux, se livrent à des vielences
dangereuses pour les personnes qui les entourent ; ils dierclient à se lever de leur
lit et à se jeter par les fenêtres, à briser les objets rpii se trouvent sous leun^
mains, ou bien ils voient des êtres qui leur font peur, qui les injurient; desdiabk»,
(les sergents de ville les menacent, les uns de l'enfer, les autres de la prison; il<
n'ont ni paix ni trêve, aucune partie de leur corps n'est exemple d'agitation
(Oelosiauve, D'tin^ {orme grave de delirinm tremens, /feti(^méd.,31 avril J85ii.
Tantôt ils sont plus calmes ou s'abandonnent à une gaieté folle ; ils entrent en
conversation avec des êtres fantastiques créés par leur cerveau. QuelquesHUB re-
connaissent leurs parents et leurs amis, s'entretiennent avec eux de leurs aflàirp<
et de leurs occupations habituelles ; ^'autres, au contraire, tiennent des discoor^
et se livrent à des actions qui ne sont plus du tout en rapport avec leur profession.
à teî point ([u'ils semblent atteints d'hydrophobie dans quelques cas où ils manife^
tent une certaine horreur pour l'eau et les liquides, ainsi que nous avons pu le con-
sulter deux fois, ou bien ils sont tourmentés par une idée dominante qu'ils ctksvbent
à réaliser, et si l'on s'oppose à leurs projets ils entrent en fureiur, surtout quand «i
bs emprisonne dans la camisole de force.
Il en est d'autres, et ce sont les plus nombreux, qui, sans sortir de kur lit,
^'agitent sans cesse, balbutient quelques phrases avec une volubilité extrême. La
mémoire est ordinairement très-affaiblie et les résolutions aussi mobiles que h po*
role (Compendium de médecine, t. H, p. A). Mais en même temps que ces d^
ordres et les liallucinations de toutes sortes les assiègent, ces malades ont le
Ihries injecté, souriant ou grimaçant, les yeux hagards, les lèvres tremblantes,
la langue humide ou desséchée sur les bords. Tous les muscles de leur oorp,
et particulièrement ceux des membres thoraciques , sont animés de niouvenienl<
(t>ntinuels, inégaux, involontaires (Rayer, Mémoire sur le delirium tréjnem
p. (8); la contraction musculaire est pcn^ertie plutôt que diminuée, h précision
et la coordination des mouvements font défaut ; quelquefois enfin, lorsque l'in-
toxication est ancienne , surviennent de véritables convulsions épileptiformes qui
occupent de préférence une moitié du corps. La parole est embarrassée, brèvt*,
Mccadée, le plus souvent impérieuse; le sommeil est presque nul; la peau, aprvs^
un certain temps, se couvre d'une sueur plus ou moins abondante; le pouls est tan-
tôt accéléré et indique, avec la température de la peau, un véritable état Cftrile»
ALCOOLISME (patuologik). 655
tantôt il est calme et même ralenti ; la soif est vive et lappélit nul. Cet état dure
en général quelques jours; Ware affirme qu'il oscille cnlre 60 et 73 heures, puis
l'agitation s'apaise et est remplacée par un épuisement graduel, qui se termine
par un sommeil profond et prolongé. Au réveil, les malades sont calmes, mais cour-
baturés, brjgés; ils conservent à peine la mémoire de ce qui s'est passé pendant
leur accès, ils ont la bouche pâteuse, amère, une soif vive; ils conservent un
léger tremblement et ne recouvrent leur force et leur santé qu'après plusieurs
jours. Tel est le delirium tremens; la folie alcoolique aiguë ne difi%ré que par une
évolution plus lente.
La mort i)eut être la conséquence du delirium tremens, contrairement ft l'opinion
de Ware et de Calnieil, qui pensent qu'il meurt à peine un malade sur vingt. Des
relevés publiés en 1842 par le docteur Bougard établissent que sur 447 cas de
ielirium tremens observés à Copenhague, Paris et Bruxelles , il y eut 85 morts,
ce qui donne presque un cinquième de mortalité (Grisolle, p. 58) . Mais il est vrai
de dire que dlans cette statistique se trouvent compris un certain nombre de cas
où la terminaison funeste n'est pas l'eflet direct du délire, mais de toute autre
cause, du suicide, par exemple. La tendance qu'ont en général les malades à con-
tinuer les excès de boissons rend le délire maniaque des ivrognes sujet à récidives ;
aussi peut-on compter jusqu'à 3, 4 et 5 accès chez les mêmes individus. Il ne fau-
drait pas induire de là que la cessation de l'habitude alcoolique puisse préserver
nécessairement de ces récidives ; quelques auteurs ont pu constater l'apparition
de ces accidents chec des personnes devenues sobres ; M. Leroy de Nérioourt nous
a dit l'aviHr plusieurs fois observée chez des individus qui étaient depuis plusieurs
années au bagne de Brest ; nous avons pu nous-même vériGer l'exactitude de ce
fait chez une femme qui depuis deux ans avait mis fin à des habitudes d'absinthe.
3^ Lypétnanie. Les désordres fonctionnels qui constituent cette seconde forme
ne dillèrent pas notablement, au point de vue psychologique du moins, de ceux
t|ui appartiennent à la forme manûique. L'agitation, toutefois, est moindre, et les
conceptions délirantes ofirent ceci de particulier qu'elles sont empreintes d'un cer-
tain degré d'inquiétude et de profonde tristesse. Le malade devient sombre, défiant,
soupçonneux, jaloux; il se croit accusé, poursuivi, persécuté, condamné, attaqué
dans sa vie morale ; parfois même ses qualités physiques sont altérées, une partie
de son corps malade est devenue pour lui un objet de dégoût : il se croit pourri. . .
« Le délire dépressif, triste ou lypémaniaque, dit H. ledocteur A. Voisin {De Vètat
mental dans l'alcoolisme aigu et chroniquey Ann, de méd. et de chir,, 4" série,
t. III), se présente avec une intensité variable, tantôt revêtant le caractère de la
tristesse proprement dite, tantôt de la douleur, tantôt de la honte, tantôt du repentir
011 de rindiffér.'nce. » Et plus loin : « Les 'conceptions délirantes dominantes sont
les idéesde persécution, de culpabilité, d'influence magnétique, jointes à des halluci-
nations terrifiantes et injurieuses. » Mais le symptôme dominant de cette forme est
Vhallucinaiion avec des caractères propres et pour ainsi dire pathognomoniques.
Cette aberration de l'esprit et des sens, d'une importance extrême dans l'étude
de l'alcoolisme, présente des modes variés : tel malade voit des gens qui veulent
l'assassiner, tel autre entend des personnes qui se moquent de lui; celui-ci dit
qit*il est rempli de vapeurs sulfureuses, celui-là voit des vipères et des serpents.
ViMB femme que nous avons observée, et qui avait liabité l'Afrique, était tourmentée
l«ar la vue des grands animaux du désert; un forgeron signalait l'existence du feu
h Tun des angles de son lit; un cultivateur apercevait sans cesse des rats el des
soiiris. On n en finirait pas si l'on voulait tout raconter sur ce sujet. Ces exemples
6Ô& ALCOOLISME <i*âTa0i.oGie).
paissent suffisants pour Cure recoonaitre un ceilaia dcgro de ooiuieÛMi eaiiv
l*état lialluciimtoite et les liabitudes du malade.
Il est dirfici)e d^assiguer une limite a cette divei^ité de formes ; mau quand mi
cherche s*il est possible de rattacher à quelque lieu commun ces IraoUes en a|))n-
rence si différents, on est frappé, dit N . Naroel (Thèse de Paris, i 847;, de leur Unu-
ver un caractère connexe, je dirais presque identique. « Ainsi, en considérant toolâ
les hallucinations ipie nos malades nous ont dit avoir éprouvées et toutes celles dwil
nous avons été témoin, on reconnaît que Timmense majorité, sinon la totalité, ialé-
resse la sûreté physique et morale de Findividu ; c'est toujours une atteinle plu>
ou moins directe et qui éveille en lui des crainte de toute espèce. On pourrait dnv,
d'une manière générale, que les hallucinations chea les individus adonnés auiliquaiis
alcooliques ont pour effet constant de déterminer une impression morale fkMc,
dont la plus l^ère serait l'étonnement et la plus forte une terreur profoodr. •
Un genre d'hallucination très-fréquent est de se voir poursuivi. « Ia moiliéju
moins des malades que j'ai observés, ajoute M. Marcel, est en proie à ce ^irr
d'hallucination. Tantôt ce sont des hommes armé^ de couteaux que le malheu-
reux aliéné redoute : il entend des cris de mort qu'on profère contre lui; Uulèl
il est suivi par une foule de gens: qui l'iuaultent, qui tiennent des propos iajtt-
rieux sur son honneur et sa moralité; d'autres lois, il s'élanœ par la tniètn'
pour échapper aux poiusuites du diable qui veut s'emparer de lui. Une feounr,
que nous avons observée, quitta précipitamment THôlel^Dieu pour éviter un U-
rent qui menaçait d'inonder la salle oà elle se trouvait. Ainsi, comme ou |ieiU Ir
voir^ tout est pour le pauvre malade, un motif de crainte. Mais œ n*e.-t pas «»/
d'être poursuivi, il se trouve sous le coup de la fatale idée que ses jours sont tu
danger. Les sens de la vue et de l'oine sont ceux où se manifestent le plus hala-
tuellement les aberrations dont il s'agit ; ib sont affectés isolément ou siaiiii-
tanément. Les autres appareils sensoriaux n'en sont pas pi^éservés : l'emiu
du goût est parfois telle qu'on a vu des malades boire de J'eau pour du trois-sii.
et réciproquement.
C'est pendant la nuit que les hallucinations ont lein* plus grande fréquenu* ;
cependant on les observe aussi dans le jour et à l'état de veille, et comme elle» oiH
pour effet de jeter l'esprit dans une anxiété profonde et d'exercer sur lui une actim
dépressive , il en résulte que les idées qu'elles enfantent revêtent le même eaiacirn'
S(»nhre, le même cachet de tristesse et de fatalité; ces caractères du reste se nirou*
vent jusque dans les conceptions délirantes indépendantes des halludnatioas. De i^
les conséquences les plus fâcheuses, les tendances les plus mauvaises, dont l'aa^
des plus fréquentes est celle qui poiie le malheureux ivrogne à se suicider. Qn'
ce soit par siâte d'hallucination ou paf suite d'impulsion interne, de oQBoe|AiiHi
délirante, il est avéré que l'abus des liqueurs alcooliques apporte un lourd cootia-
gent A la statistique du suicide. Des dépouillements de 4&95-dosfiiera de suicMb,
il est résulté pour M. Renaudin que 550 individus s'étaient donné la mort par lail'
d'habitude d'ivrognerie. Sur ce nombre, 136 étaient aliénés; 53 fiiia la mao»:
du suicide et 46 fois la manie homicide ont été trvfr-bien établies {Ann. nud-
psydi.^ 2* série, t. IV, p. 375, 378; voir encore Brierre de Boismont, Traité**
suicide).
L'ivitignerie, ou dire de ScUegei, est h principale cause ihi suicide en ka^^^
terre, en Allemagne et en Russie. En 1889, 200 suicides ont eu lieu à Loudn^.
par suite de l'habitude des boissons spiritueuses. Autrefois, où le goAt de boin
était rare en Angh)terre, le suieide Tétait également, et iXi fut le .vice de l'i^n*-
ALCOOLISME (pathologik). 657
(rneneqiiî Tintroduisit vers le milieu du seizième siècle (Roesch, loc, cit.), Casper
rapporte, d'après les documents officiels, que le quart des habitants de Berlin qui
ont attenté à leurs propres jours, depuis 1812 jusqu'en 1821, étaient des gons
adonnés à la boisson. Dans les pays méridionaux, où Tusage des liqueurs spiri-
tueuses est moins fréquent, le suicide est aussi plus rare. Le même trouble men-
tul conduit encore à commettre l'homicide el pousse à l'incendie (pyromanie ,
tH>y. Huss) ; mais nous renvoyons sur toutes ces questions à la partie de l'article
Alcoolisme relative au point de vue mcdico-lcgal. (Voy, aussi Homicide, Pyro-
NAUiE, Suicide.)
Le délire lypémaniaque a une marche et une durée variables ; tantôt il procède
|iar accès qui se calment après quinze joui*s (Delasiauve) , un ou plusieurs mois
vMarcel), et reparaissent plus tard, ainsi qu'il arrive du delirium tremens; tantôt,
plus lent dans sa marche et plus continu dans son évolution, il duie des mob ou
des années ; mais alors les malades ne tardent pas à tomber dans rimbécillité, la
démence et la paralysie générale.
5^ Imbécillité et démence. Ces modes symptomatiques , qui dans quelques cas
ne sont que la conséquence pour ainsi dire obligée de l'une ou l'autre des variétés
précédentes, se montrent dans d'autres circonstances, sans avoir été précédt's Je
désordres intellectuels du moins notables. L'obtusion, la faiblesse, la diminution
graduelle de toutes les facultés intellectuelles caractérisent cet état auquel l'expres-
sion populaire à* abrutissement convient mieux que toutes les dénominations scieii-
liflques ; l'hébétude, la tristesse, la stupidité, sont peintes sur la physionomie du mal-
heureux malade; chez lui les conceptions sont lentes, les idées diificiles, la conver-
sation traînante, incertaine, ou souvent monosyllabique. Irritable, querelleur, bien-
tôt impatient, il frappe sans le vouloir, et pourtant il a encore comcience de son
infériorité, il se rend en partie compte des choses qui l'entourent; sa mémoire
et son attention ne sont pas notablement altérées, il conserve encore des désirs
et des sympathies, il reste obtus sans devenir indifférent. Cependant son peu d'é
iiergie disparaît bientôt, il tombe dans un état de profonde apathie, il s'inquiète peu
du lieu où il se trouve, il exécute machinalement tout ce qu'on lui commande de
taire. Peu à peu ses idées manquent de sens et de précision, et par degrés suc-
ces.^ifs il arrive à l'état d'enfance, d'iml)écillitc ou même de démence, il pleure
ou rit sans motifs, connaît à peine les personnes qui l'entourent, tombe dans une
sorte de torpeur intellectuelle, laisse échapper ses matières et finit par succomber
après avoir présenté le plus ordinairement les phénomènes d'une paralysie plus
ou moins généralisée (Lasègue, Arch, gén, de médec. 1853).
Dans la description qui précède, nous avons cherché à réunir et à grouper sous
quelques chefs les principaux effets des boissons alcooliques sur les facultés intel-
lectuelles. Nous avons essayé d'être aussi complet que possible sur la matière ; ce-
pendant ce serait un tort de croire que nous avons tout dit sur les nombreuses
modifications de l'état mental dans l'a'coolisme chronique. Tout récemment,
M. le docteur Voisin {loc. cit.) a décrit comme se rattachant à cette intoxica-
tion, chez des individus entièrement étrangers à la paralysie générale, une forme
spéciale de délire caractérisée par de la satisfaction, du contentement de soi-même,
une tendance à l'orgueil, par des idées de richesse el de bonheur , troubles jusqu'à
un certain point en opposition avec les conceptions délirantes dépressives générale-
ment attribuées à l'alcoolisme. Ajoutons qu'il est encore d'autres formes de dé-
lire manifestement liées à l'abus des liqueurs spiritueuses ; mais lorsqu'on y fait
attention, ces troubles si variés de l'intelligence peuvent en réalité, par les hallu-
DIGT. BNC. II. 42
<>58 ALCOOLISME (PAinoLociE).
filiations qui les accompagnent, être rattaches ù l*un des modes ci<<lcssiis éUMlic>.
Telle est l'esquisse un peu rapide des désordres intellectuels de l'alooolisnK
chronique. Le tableau suivant, que nous empruntons à la thèse de H. le docteur SItv
tet, peut donner une idée de la fréquence relative de ces manifestations divt'iM>
Ivrogiinio propre-
iiteiil dilr
Kaii-de-vic
ÏA
II.
20
12
IIK.
' ■ -
p.
5
2
KOIOKISIK.
n. p.
i ù
7 G
LIPÉliSII.
II. p.
14 1
1 >
ITCNIIÎK.
II. r.
2
KUICK.
n. p.
o .>
6 .
lima
■. p.
15 1
(> 1
II. r.
Gi i ;
38 Z 1
■
c. Motilité. Les troubles de mouvement le cèdent peu en fréquence auxiin-
ordi^cs des sphères intellectuelle et sensorialc : le tremblement, les soubrvsiuN,
les crampes, la contracture, les convulsions, la paralysie, etc., sont les pniici(uu\
modes d'altération de la motilité.
L'un des premiers parmi ces désordres, le tremblement se remarque surloiit
aux membres; il se manifeste, le matin, au moment du lever, dans le cours (k*
la journée, après l'usage de l'eau-de-vie, de Tahsinthe, du café ou de toaU" autn
substance stimulante. Passager au début de la maladie, il n'est accompagné d'aïKniiif
douleur, mais il est d'autant plus marqué que le malade fait plus d'efforts pu
rendre ses mouvements précis. Des mains où il est d'abonl limité, le trembleni''i>i
gagne jxîu à peu les bras, bientôt il envahit les pieds et les jambes; ces demi'^it*
parties toutefois sont plus rarement affectées ; la langue et les lèvres n'échappmt
pas à ce symptôme : ces organes tremblent soit d'une manière continue , snit pt
secousses convulsives ; de là résultent l'embarras, l'hésitation de la parole, un bé*
gayement intermittent ou continu, léger ou porté si loin que la prononcâtion <l^
vient inintelligible. La tête n'en est pas exempte, et c*cst encore au moment ^i
lever que le tremblement y est plus marqué.
Parmi les conséquences de cet accident il faut citer, pour ce qui est des roenHn^
supérieurs, la i)erte de la régularité et de la sûreté des mouvements ; pour W
membres inférieurs, la titubation, l'oscillation pendant la station, la diflicnllê <i^'
la marche; pour toutes les autres parties, la diminution des foi^ces de contnictit)*.
musculaire. D'abord limitée aux extrémités, la faiblesse finit par occuper i^
muscles du tronc. Les mouvemenls en général perdent leur silreté, l'elliirt
devient difficile ou même impossible ; souvent c'est seulement après un ou plu-
sieurs accès de delirium tremcns que l'on observe cette diminution de la Ton*
musculan^e, ix)uvant aller jusqu'à la paralysie.
Des soubresauts de tendons, des tiraillements spasmodiqnes accompagimii
d'ordinaii^c le tremblement ; comme ce dernier, ils font partie des première^ p^
riodes de l'alcoolisme et sont le plus souvent concomitants des fourmillement'''^
des troubles de la sensibilité. La nuit est le moment le pins favorable à leurnuni-
festalion. ]jcs muscles du mollet, les fléchisseurs des pieds sont leur siège de pn'-
dilcction. Souvent indolores, ils sont quelquefois accompagnés d'une sensation
douloureuse allant jusqu'à troubler le sommeil et provoquer chez les malades d**^
sensations et des mouvements analogues à ceux que produisent des secousse
électriques. Plus rarement ces accidents apparaissent dans le jour, et sooleiu^i
lorsque le malade se trouve dans la position assise ou couchée, jamab lorsqu'il
marche ou se tient debout.
ALCOOLISME (pathologie). 659
Les crampes, qui sont le degré le plus élevé de ces contractions douloureuses, ne
^ font jamais sentir dans les membres supérieurs (Magnus Huss). Des membres
inférieurs elles envahissent peu à peu les muscles de la région lombaire, où elles
s'arrêtent; mais les muscles du mollet sont leur siège plus spécial. Ces accidents,
«n général, affectent une sorte de périodicité ; éveillés par une forte émotion mo-
rale, ils coïncident habituellement avec un état d'hallucination ; un bon régime et
l'isolement les font presque toujoui^s disparaître. I^a roideur et la contracture ne
5ont pas extrêmement rares, elles s'observent encore aux extrémités et de préfé-
rence an niveau des extenseurs.
Les convulsions indiquent un nouveau progrès du mal; leur apparition
n'a pas de période fixe ; elles sont souvent précédées de céphalalgie avec
bourdonnement dans les oreilles et scintillement devant les yeux, quelquefois d'hal-
lucinations; elles revotent la forme de la chorée ou del'épilepsie. Dans les convul-
sions choréifbrmes, la démarche est chancelante, l'équilibre difficile, les mouve-
ments ne sont plus en harmonie. Le malade, dans quelques cas, accuse une sorte
d'ivresse continuelle ; les bras et les rausdes du tronc sont agités de secousses ou
de saccades qui reviennent par accès irréguliers se snccédant à intervalles inégaux
occasionnés fréquenunent par des émotions vives et des écarts de régime, ces ac-
cès sont suivis d'un état de prostration plus ou moins profonde. Il n'est pas sans
intérêt de faire remarquer en passant que, conformément aux belles expériences
de M. Floorens , le bulbe et le cervelet surtout sont généralement altérés en
pareil cas ; c*est du moins ce qui résulte du relevé que nous avons fait d'un cer-
tain nombre d'observations rapportées par H. Calmeil. Au lieu de convulsions
hrusques et saccadées, on observe parfois une sorte de roideur d'une partie des
muscles du tronc ou du cou, oti bien encore des secousses convulsives intéi*es-
sant momentanément la moitié ou une plus grande étendue du corps.
Vépilepsie alcoolique survient en général dans l'âge adulte, elle est a peu
près toujours précédée ou accompagnée par quelques-uns des différents symp-
tômes sus-mentionnés. C'est en général après des accès réitérés de delirium
treinmSy et consécutivement à un état vertigineux, qu'elle se déclare ; plus rare-
ment elle est précédée d'une aura consistant en une sensation de craquement des
os ou de convulsion dans l'un des orteils. Cette affection coexiste quelquefois avec
la paralysie généi*ale et se termine par la mort ; d'autres fois elle cesse avec le
ITo^rès de l'âge et le changement de régime. M. Huss rapporte qu'il a vu des ivro-
3)68 être frappés d'épilepsie par la privation d'eau-de-vic, et n'être débarrassés de
leurs accès qu'après avoir repris l'usage de cette liqueur.
Ia corrélation intime qui lie la paralysie à l'abus des boissons alcooliques est
aujourd'hui parfaitement établie ; mais lors même que celte paralysie reconnaît
une origine cérébrale, rarement on constate l'abolition complète du mouvement
volontaire, à moins toutefois d'une lésion matérielle profonde telle qu'une hémor-
fhagie ou un ramollissement des centres nerveux. C est d'abord une sorte d'incer-
titude trémulente vers les doigts qui gagne plus ou moins promptement la main ;
la pression exercée par celle-ci n'est ni régulière ni continue, mais saccadée et
intermittente; la contraction des muscles de l'avant-bras est faible, les muscles de
la région scapulaire finissent par être atteints du même relâchement, et alors se
trouve dfi plus en plus restreint le cercle des mouvements volontaires. Les mêmes
phénomènes se manifestent aux extrémités inférieures, tantôt en même temps, tantôt
oin peu après. Les mouvements persistent, mais ils sont imparfaits, faibles dans
leur >irtualité, mal coordonnés dans leur manifestation. La tendance decetie
660 ALCOOLISME (patholocif).
paralysie est de se généraliser ; elle est ordinairement pi^ressivc et, à une période
avancée, accompagnée de désordres des facultés intelloctuelles. On remaixpieun cei-
tain degré d'embarras de la parole, et quelquefois la paralj'sie des sphincters ou
même de l'œsophage. La face devient hébétée, la peau sèche et giisàtre, la teinu*
de la conjonctive se ternit. L'intelligence s'émoussc de plus en plus , l'esprit f>l
tourmenté par des hallucinations, en même temps que la sensibilité s'éteint peu à
|)eu.
Telle est la série des accidents encéphaliques causés par l'abus des boissons spin-
tueuses et auxquels la dénomination d'encéphalopathie alcoolique semUe contenir.
Ces accidents sont rarement isolés et indépendants les uns des autres, le plu^
souvent ils se succèdent, se combinent ou s'associent, vraiscmhlablemeut selon
la nature , le siège ou l'étendue des lésions organiques correspondantes La ^tr-
minence de ces lésions ne peut plus être contestée, en eiïet, malgré la diflicullé
qu'on rencontre encore lorsqu'on cherche à établir un rapport exact entre W^
désordres anatomiques et les divers troubles fonctionnels. Un caractère, du reste,
qui indique une origine commune et qui vient rapprocher la plupart de ces trou-
bles, c'est le début par les extrémités et l'envahissement progressif vers les partir
centrales.
La prédominance de tel ou tel de ces désordres s>mptomatiques sur ses «Higt-
nères crée des types divei*s, à l'aide desquels Hagnus Huss est arrivé à consti-
tuer les formes prodromique , anesthésiqtw, hypéresthésiqucy convuUive, épi-
leptiqtiey qui ne diffèrent que par l'exagération d'un ordre de phénomèiies (q-
thologiques, sans exclure néanmoins les antres.
B. Moelle épinière, — Si l'on s'en rapporte aux faits publiés , on arrive à recoo-
naitreque les lésions médullaires sont peu fréquentes dans l'alcoolisme. Cependant,
lorsqu'on étudie la symptomatologie d'un certain nombre d'alfectionsnenreiiaes liét^
à l'abus des spiritueux, on est porté à croire que la moelle est plus souvent altéra
que ne permettent de le supposer les résultats nécroscopiques connus, et TFaisemfab-
blement le microscope ne tardera pas à prouver que les lésions médullaires alcoo-
liques sont beaucoup moins rares qu'on ne l'a supposé jusqu'à présent. Sur sept n^
observés par Magnus Huss (p. 440), ces lésions se répartissent ainsi qu'il suit :
Ëpanchemcnt séreux sous la dure*mèrc, trois fois.
Congestions sanguines des vaisseaux des méninges, deux fois.
Ramollissement de la substance médullaii*e, une fois.
Dilatation des capillaires de cette substance, deux fois.
Dans un fait rapporté |)ar M. Calmeil {hc. cit., t. II, p. 70), on constata en
outre une forte colomtion de la protubérance annulaire, rinllammation et le ramol-
lissement de la moelle cervicale, l'induration de la moelle dorsale et du hulbe loBh
bnire, enfin l'inflammation de la queue de cheval. Vn cas que nous avons été '•
môme d'étudier nous a présenté une sclérose de la moelle portant plusspécialemcii:
sur les faisseaux antéro-latéraux.
De h conformité de ces altérations avec celles que nous avons vues figurer dans 1<
cerveau, ne résulte-t-il pas que les modifications anatomiques de la moelle épinit-r
dans l'alcoolisme ne dilTerent des lésions encéphaliques que par leiv moindre fn^
quence ?
Aucun symptôme bien spécial n'a été oljservé dans ces différents cas, à prt !«
faiblesse des membres inférieurs, les fourmillements et les picotements des extn^
mités i les jambes fléchissaient sous le poids du corps; la marche, d'abord rhan.^
lante, devint plus tard difficile ou impossible ; les extrémités étaient le siéfe à*
«ALCOOLISME (pathologie). 661
UxNibies sensitifs variés, les malades devenaient le jouet d'hallucinations di-
verses et présentaient la plupart des symptômes (fui se rattachent à une altération
concomitante de Tencéphale.
C'est encore à une modification de la moelle épinière (pic paraissent devoir se
rattacher certains cas de ]jaralysie qui débutent par les extrémités des membres
pour de là s'étendre peu à peu jusqu'au tronc, et qui, en général, sont précédés
ou accompagnés de troubles de la sensibilité et particulièrement d'une liypéres-
tbésie telle, que le plus léger contact d'un objet extérieur devient insupportable. Deux
cas que nous avons obserxés dans le service de clinique auquel nous sommes
attaché présentaient cette marche et cette association symptomatique. Il s'agit de
deux fenunes encore jeunes. L'une d'elles, âgée de vingt-neuf ans, avait depuis
sept à huit ans la passion de boire de l'absinthe ; elle fut prise, peu de temps après
la cessation d'un accès de delirium tremens, d'une hypéresthésie très-vive aux
l'éjL'ions des doigts et de la face plantaire des pieds, et plus tard d'une faiblesse
musculaire qui, d'abord manifeste aux muscles delà jambe et des pieds, gagna en-
suite les muscles des cuisses de façon qu'il y eut bientôt une paraplégie presque
complète; elle guérit.
L'autre malade, âgée de quarante ans, bien constituée, adonnée depuis plus de
dix ans à des excès d'eau-dc-vie, d'absinthe et de vins généreux, eut d'abord des
pituites, le matin à sou réveil ; puis elle perdit l'appétit, devint ictérique en même
temps qu'elle éprou>'ait de l'insomnie, des fourmillements et des picotements aux
extrémités. L*ictère, qui avait disparu, revint, fut accompagné de quelques vomis-
sements, et, cette fois, d'un peu d'ascite et d*œdème aux extrémités. Aux picote-
ments s'ajouta bientôt une hypéresthésie tellement vive aux mains et aux pieds,
que tout contact faisait jeter des cris à la malade ; mais en même temps apparut
un symptôme nouveau qui se développa sous nos yeux. Les mouvements se montrè-
rent plus faibles, plus difficiles, les extrémités digitales restaient abaissées, lorsque
la malade dierchait à étendre les doigts de la main; enfin elles ne purent être
volontairement relevées , il existait une paralysie manifeste des extenseurs ;
la main pouvait à peine serrer, et on ne tarda pas à s'apercevoir que les fléchis-
seui^ étaient également affectés ; quelques jours plus tard, on constatait une dimi-
nution de la contractilité électro-musculaire des parties ])aralysées, les muscles
des jambes subirent peu après le même sort. Outre l'altération de la moelle (sclérose),
l'autopsie nous révéla, aux membres, une dégénération granulo-graisseuse très-
évidente des nerfs du sentiment et du mouvement.
C. Tronca et filets neigeux, — L'altération isolée des troncs ou des filets ner-
veux peut-elle être un eiïet direct de l'alcoolisme ? C'est ce qu'il est difficile de
décider, vu le petit nombre de faits sur ce sujet et la difficulté de savoir toujoui's si
la modification auatomique du nerf est la consétpiencc d'une lésion médullaire ou
d'une action directe de l'agent toxique sur le tronc nerveux . Dans cinq cas où les
cordons nerveux ont été minutieusement examinés par Magnus Huss (p. 442), il
n'y avait aucun changement appréciable de structure.
Cependant, en présence des troubles fréquents et persistants des extrémités ner"
veases dans l'alcoolisme, il semble que de nouvelles recherches soient nécessaires
sur ce point. Tout à l'heure nous avons signalé la possibilité de cette altération.
Tne note manuscrite que nous devons à robligeancc de M. le professeur Leudet,
de Rouen, prouve que des tentatives à cet égard pourront être suivies de succès.
f>t habile observateur nous apprend qu'il a dans un cas constaté l'hypertrophie
du névrilemme et l'altération dunerfcubitalchczun individu alcoolisé qui, atteint
662 ALCOOLISME (PATiioLotiK).
d'une paralysie de ce tronc nerveux, succomba tout à coup sous rinflueuce d'une
maladie intercurrente ; il ajoute qu'il a \u au moins six cas du même genre qui mil
guéri.
Dans tous ces cas, la paralysie , localisée aux nerfs périphériques, était indépen-
dante de tout trouble cérébral, elle siégeait aux membres, le plus souvent aui
bras, quelquefois dans une seule jambe ou dans les deux. En général, elle sane
nait en peu de jours et ne s'accompagnait d*aucun trouble sensitif .
J ai rencontré aussi ces mêmes paralysies, 'nous dit M. Leudet, dans une pvtie
seulement d'un membre, dans les muscles extmiseurs d'une jambe, dans les ex-
tenseurs d'un bras ou d'un avant-bras. Elles demeurent rarement localisées daib
leur siège primitif, mais elles peuvent on quelques jours s'étendre en hauteur, li-
gnant progressivement de la périphérie au centre. Dans un cas très-remarquabW
que j'ai recueilli , la paralysie, localisée d'abord aux mains et aux pieds, a envalu
successivement presque tous les muscles des membres et ceux du tronc, voire meiDe
quelques-uns des muscles de la face. Cette paralysie, après une durée de quelque»
mois, a disparu complètement. Mes malades étaient des buveurs de profession^ nuis
aucun d'eux n'était encore arrivé à la période cachectique de l'alcoolisme.
J*ai eu recours à plusieurs moyens pour combattre la paralysie localisée. Cehu
qui m'a le mieux réussi, c'est la galvanisation ; chez un individu adonné depuis
longtemps à l'usage des alcooliques j'ai moi-même observé, peu de temps après un
dernier excès, une paralysie du nerf cubital qui finit par disparaître aprè» Lraù
semaines de traitement par Télectricité, sans avoir donné lieu a une perte absolue
de la contractilité électro-musculaire.
Des désordres se manifestent parfois du'côté des nerfs de sensibilité spéciale.
Nous avons déjà parlé des tintouins, des bourdonnements d'oreilles : nous ne fv-
viendrons pas sur ces phénomènes. En général, l'ouie est peu altérée daud l'al-
coolisme. 11 n'en est pas toujours de même de la vue ; sur 704 malades examini*» à
la cUnique de M. Desmarres, 29 avaient une amblyopie par suite du tabac ou de
l'alcool (X. Galezowski, Ann, d*oculistiquef t. XLIX, mars et avril 18(m,
Bruxelles). Dès l'année 1837, H. Siebel {Traité de rophûudmie, de la cataracU
et de Vamaurose^ p. 711, Paris, 1837) a décrit de la façon suivante une variété
d'amaurose symptomatique du delirium tremens : ¥ Les malades se plaignent do
troubles de la vision, les contours des objets leur paraissent mal dessinés et 1»
objets mêmes leur semblent nager ou trembloter ; leur vue baisse et devient plu^
courte, quelquefois ils voient des taches vermiculaires, tantôt légèrement iNfil-
lantes, tantôt grisâtres et plus ou moins sombres. Depuis lors, cette amblyo|Ne i
été souvent observée.
Voici ce cpi'a démontré, dans ces derniers temps, l'examen ophthalmosoopiqv^
dans l'amblyopic alcoolique : la rétine n'oflre tout d'abord aucune altération >[>-
préciable, mais peu à peu les veines se gonflent et deviennent tortueuses; oo
observe enfin à la circonférence de la pupille un trouble qui semble dû à ime li'^èiv
exsudation séreuse. Dans les cas où Tamaurose passe à Tétat cluonique, il arrive
de voir la pupille s'atrophier (Galezowski, Communicat, verbale).
Il est d'autres aflections de l'œil qui, si elles ne reconnaissent pas pour caus
unique l'abus des ]x)issons alcooliques, sont tout au moins influencées par cc^ li-
queurs : de ce nombre est le glaucome {Voy, Mackenzie, Traité des maladies de^
yn/ar, trad. française, 4857, t. X,p. 617. — Pamard, Thèse de doct.,P*ri$.l86ti.
Dans ces circonstances, les éléments nerveux de 1» rétine, des nerfe optique* <'
acoustiques sont rarement altérés d'une façon appréciable.
ALCOOLISME (pathologie). 663
g V[. Appareil de la locovotion. Nous comprenons dans ce paragrafrfie les al-
térations des muscles, des os et des articuLitions.
Il est ))ien entendu qu'il ne s'agit ici que des désordres du mouvement, qui se
i-apportent à une altération de la substance musculaire, puis(ju'il a déjà été parlé
d(>$ troubles de la motilité, qui peuvent dépendre d'une lésion de l'innervation.
a. Mtiscles, Dépôts graisseux entre les faisceaux musculaires ou infiltration
adipeuse interstitielle, et dégénérescence granulo-graisseuse des libres contractiles,
r'fôt en quoi consistent les changements qu'on obsei^e dans les muscles des vieux
i^Tognes indépendamment des modifications qu'ils subissent par suite d'une lésion
de la moelle ou des troncs nerveux, et d'un certain degré d'atrophie que peut ame-
ner (]ueIquefois une cirrhose hépatique. La plupart des muscles du tronc et des
membres sont disposés à subir cette altération, mais le cœur y est exposé d'une
kon toute particulière, ainsi que nous l'avons dit en parLint de cet organe. Chez
une femme aiTectêe d'alcoolisme avec aphonie ancienne, qui durant plusieurs
jours fut soumise à notre observation, les muscles du larynx étaient pâles, dé-
colorés, jaunâtres et graisseux. Dans ce cas et dans d'autres du même genre, la
fihre musculaire avait perdu sa striation et présentait à l'intérieur du myolemme
d(s granulations grisâtres et graisseuses. L'atrophie du muscle n'est pas rare dans
re> conditions, la fibre musculaire passe alors jwr trois étjits : décoloration, méta-
morphose graisseuse, atrophie.
1^ symptômes qui corresjiondent à ces modifications varient avec les fonctions
des muscles lésés ; toutes les fois que l'altération occupe les muscles des membres
ou du tronc, il en résulte une faiblesse des mouvements et de la locomotion ; lors-
«prelle a pour siège les muscles du larynx, c'est une aphonie plus ou moins pro-
noncée; enfin, quand le cœur est aiïecté, la faiblesse des battements de cet organe
et une diminution dans la force d'impulsion artérielle sont les symptômes prédo-
minants ; les douleurs musculaires et les crampes ne paraissent pas devoir se rap-
porter à cette altération, mais dépendre plutôt d'une modification du système ner-
veux.
b. Os. Les os, trop rarement examinés dans l'alcoolisme, nous offrent des alté-
rations qui ne manquent pas d'analogie avec celles que nous connaissons déjà. Ces
organes, ainsi que l'a constaté Rokitansky et que nous l'avons vérifié depuis, sont
eu îfénéral le siège d'un dépôt adi^jeux plus ou moins abondant par suite de la
multiplication des cellules de graisse aux dépens du tissu osseux. Nous ne saurions
inieni comparer cette altération qu'à celle que l'on observe si fréquemment chez
les vieillards ; nous y voyons en eflet ce qui existe généralement à un âge phis
•ivancé, à savoir la substitution de la graisse à la substance osseuse. L'os est de-
venu vieux avant l'âge ; s'il s'agit d'un os long, le canal médullaire est agrandi,
rempli par un tissu adipeux, les parois osseuses amincies sont friables et cassantes.
.Nous avons été plusieurs fois frappé de la facilité avec laquelle se tranchaient au
eouleau les côtes de bnveui*s d'eau-de-vic qui n'étaient pas arrivés à la cinquan-
laine ; nous avons souvent vu en preil cas l'ossification prématurée des cartilages
costaux, une fois le cartilage thyroïde présentait dans son épaisseur un foyer jau-
nâtre entièrement formé de substances grasses. Dans les os courts, les vacuoles
^^^^euses sout élargies et également comblées par de la graisse ; cette altération
particulière du système osseux a été rencontrée par Klencke diez des animaux
iM)unris avec le produit de distilleries de pommes de tcire.
hes douleurs parfois violentes dans la continuité des membres, nu niveau des
•'I î'ïdes cl dans la profondeur des os longs ; une friabilité plus gi*ande et par suite
664 ALCOOLISME (pathologik).
une cerbine prédisposition aux fractures, avec difficulté à la consolidatioii, tels sont
les inconvénients résultant de la modification anatomique qui survieiU ;iu
système oiseux des buveurs. S*il importe au chirurgien de ne pas ignorer Tiu-
fluence de Talcoolisme sur la solidité des os, il n'est pas moins avantageux au mé-
decin de savoir reconnaître l'ostéopathie alcoolique ; c'est en effet le moyen de
ne pas administrer un traitement inutile. Les douleurs qui siègent de préféreiHie
dans les os longs, les humérus, les tibias, sont ordinairement profondes, violente^,
et bien qu'elles n'aient pas de paroxysme marqué le soir, elles donnent lieu quel-
quefois à une insomnie qui éveille presque inévitablement l'idée de la syphilis consti-
tutionnelle. Le malade lui-même, pour peu qu'il ait eu cette maladie, oublie lacil<-
ment ses excès alcooliques et ne manque pas de rapporter à la syphilis le^
souffrances qu'il éprouve. Pour éviter l'erreur, il faut savoir tenir compte dr^
habitudes du malade et ne pas oublier que les douleurs des ivrognes ocrupenî
rarement la léte et ne présentent pas le paroxysme plus ou moins régulier des dou-
leurs ostéocopes de la syphilis.
c. AvticiUalions, L'alcoolisme donne rarement lieu à des manifestations aiti-
culaires ; Falck a cependant décrit (Virchow, Handbuch der specieli. Pathol. , t. 11.
p. 507) une arthropatliie propre à l'alcoolisme. Nous ne saurions dire au ju5te à
quels désordres anatomiques répond cette affection articulaire, mais il ncNis t^4
arrivé de constater chez les buveurs une érosion légère de la ciroonféreuoe ik&
cartilages rotuliens, et dans quelques cas l'injection de la synoviale avec un é^ou-
chement séreux peu abondant. Toutefois, les arthropatliies des buveui's ne sont |a?
toujours accompagnées d'h^darthrose. Plusieurs articulations sont ordinairen • n:
atteintes; elles piéseiUent une tuméfaction légère, sans rougeur cutanée Lien
manifeste, et elles sont le siège de douleurs profondes, lancinantes , pénétrantes,
sourdes, souvent intermittentes et différentes par conséquent des douleurs riium»-
tismales. Les mouvements étaient assez peu gênés dans trois cas qui ont passé ^u^
nos yeux, et cependant chez l'une de nos malades, car il s'agit ici de trois fenmii%
les articulations des doigts étaient très-douloureuses, mais surtout en ratijon ik
Thypéresthosie cutanée concomitante. Un état fébrile insignifiant, une fixité pll^
grande de l'altération et une durée quelquefois fort longue, sont les circoDstain''^
qui empêcheront de confondre avec le rhumatisme articulaire aigu les nianift-ï-
tations qui, dans le cours de l'alcoolisme , se pimentent assez rarement du <.• u
des articulations.
§ VII. Appareil gémto-lrinaire. a. Heins. La théorie indique d^ja que ll^
reins, dont la principale fonction est de débai^rasser l'organisme des suhstannes mu-
tiles ou nuisibles, sont par cela même exposés à subir la funeste inHueiicf i^^
boissons alcooliques. Contrairement à l'opinion de Tiedemann, Gmclin et HVôiiUrr
qui refuse aux reins la propriété d'éliminer l'alcool, S. Klencke, MM.Peni'),
Lallemand et Duroy ont démontré la présence de cette substance dans l'urine.
Dans un autre champ d'observations, Bright disait qu'aucune maladie ne tat^.'.
plus de victimes parmi les ivrognes que l'aifection rénale. Plus lard, Grn!or% <^
Christison remarquaient que l'cau-de-vie en Ecosse amenait les trois quart> un - ^
quatre cinquièmes de tous les cas de dégénérescence granuleuse des reins. i< -*
professeur CarpiMiter est d'avis que ce rapport concorde avec la pratique de$ b* |^
taux de Londres. A Stockholm , Halmsten , sur 69 cas de maladie de Bright« t*
compte 19 chez des individus adonnés aux spiritueux. Le docteur Magnus Hu» A-
tribue à l'abus des boissons alcooliques l'état granulé des reins, tout en m^ir
naissant que dans beaucoup de cas d'autres causes agissent ou coiitriliuent au tn-
ALCOOLISME (pathologie). 665
Teloppement de ce changement morbide. Il existe chez les ivrognes, nous dit cet
auteur, une telle disposition à laiïection de Bright, qu'il suffit quelquefois d une
maladie accidentelle pour en amener le développement; c'est ainsi qu'il arrive de
voir une fièvre intermittente chronique, le rhumatisme, devenir le point de départ
de la maladie granulée des reins, chez les buveurs d'eau-dorvie.
Dans le nord de l'Allemagne le rapport de la maladie de firigbt à l'alcoolisme
est à peu près le même qu'en Suède ; Frericbs a trouvé sur 42 individus atteints
de cette maladie, que 46 étaient adonnés à l'eau-de-vie. En France, cette étiologie
de la dégénérescence granuleuse est moins fréquente : sur 69 malades. Becquerel
a trouvé que 9 seulement se livraient à des excès alcooliques. Â Paris, dit H. Rayer
{Traité des maladies des reins, t. 1, p. 446, Paris, 487*0), l'abus des liqueui-s
spiritueuses comme cause d'inflammation des reins m'a paru très-rare, compara-
tivement à l'influence du froid et de l'humidité. Toutefois on a cité plusieurs cas
de néphrite simple qu'on attribue à cette cause ; mais dans tous ces cas, des mar-
ches forcées ou d'autres excès paraissent avoir agi en même temps. Deux autres
observations de Jesse-Foot paraissent plus concluantes. Il s'agit de deux hommes
exposés à l'action continuelle de vapeurs alcooliques dans une distillerie et qui fu-
rent pris d'une inflammation rénale ; l'un se rétablit promptement, chez l'autre on
trouva la substance rénale désorganisée (t. I, p. 446).
Nous partageons de tous points l'opinion de ce maître éminent; il est présiunable
en effet, pour ce qui est de l'Angleterre au moins, que la dégénérescence granu-
leuse des reins y reconnaît beaucoup d'autres influences que l'abus des boissons
alcooliques. L'habitation dessoussols, à Londres surtout, par une partie delà popu-
lation, n'est-ce pas là une condition qui par la privation de himière et l'exposition
à une humidité constante contribue puissamment au déreloppement des affections
albumineuses des reins ? En tout cas, c'est assez rarement que dans les hôpitaux
de Paris il est possible de trouver une origine alcoolique aux nombreux cas de lé-
sions rénales qui se présentent à l'observation. 11 n'en faut {xis moins reconnaître
(fue dans un certain nombre de cas la maladie dite de Bright n'a pas d'autre cause
que des excès de liqueurs spiritueuses et n'est qu'une manifestation de l'alcoolisme
chronique. Or, dans ces conditions, l'état anatomique des reins se montre sous
deux formes distinctes. Ehuis l'une, les épithéliums remplis de substances grasses
sont le principal siège de l'altération; dans l'autre, la substance conjonctive est
plus particulièrement intéressée, la lésion peut être qualifiée du nom de né-
phrite.
Le rein alfecté d'altération gf^aissettse à la suite d'excès alcooliques consene
^«uvent son volume, le poli de sa surface, la régularité de sa forme ; à une période
plus avancée il devient plus volumineux , il otfre au niveau de la substance corti-
cale une coloration jaunâtre, uniforme ou par plaques ; après l'exposition à l'air et
au début de l'idtération, une injection manifeste des glomérules de Malpighi. Pour
être reconnu à la simple vue cet état demande parfois un œil exercé ; il n'en est
pas de même à l'examen microscopique : les tnlniU , p us volumineux, sont dis-
tendus par des gianulations qui sont pour la plupart graisseuses, et contenues
dans les cellules épilhéliales volumineuses et plus ou moins déformées. Les glomé-
rules de Malpighi restent le plus souvent intacts. La substance des pyramides
participe à cette altéi*ation, mais à un degré moindre; la trame de substance con-
jonctive est peu modifiée, les vaisseaux sont quelquefois comprimés. Dans la se-
conde forme , qui est celle que nous avons le plus rarement observée , mais qui
néanmoins, au rapport des auteurs, serait la plus fréquente, les reins diminuent
666 ALCOOLISME (?atbologie).
|)cu à peu de volume et revotent un aspect granuleux tout particulier. Leur sur-
face est parsemée de grains plus ou moins volumineux et réguliers, la substano'
corticale est de plus en plus mince, la trame de substance conjouctiTe est épaisse,
surtout au pourtour des glomêrules qu'elle comprime et atrophie , les épithéUum^
sont granuleux et souvent altérés. Ce dernier mode a beaucoup d'analogie avec b
cirrhose hépatique, tandis que le premier se rapproche plutôt de l'état gras du foie
des buveurs. En quoi les lésions rénales d'origine alcoolique se distinguenl-ello
des nombreuses modifications aimtomiques dont les organes sécréteurs de l'ariw
sont si fréquemment le siège? c'est ce qu'il est difficile de préciser. La dégénération
graisseuse qui nous occtipe n'est pas sans analogie avec celle que détermine l'ein-
poisonnement par le phosphore, mais elle en diffôre cependant par une nuorhe
beaucoup moins aiguë et aussi par l'absence habituelle, sous la capsule fibreuse ou
dans son voisinage, de taches ecchymotiqués. Ces mêmes caractères serviront encore
à la distinguer de l'afiection rénale concomitante de certains ictères graves dont b
cause reste encore inconnue. Les granulations rénales dans la néphrite alco(4Jqne
sont en général plus petites et plus régulières que dans toutes les autres n^brite».
Les désordres fonctionnels qui se rattachent aux altérations dont il s*agit ne di(^
fèrent pas notablement de ceux qui appartiennent à la plupart des aflectioi^
rénales. L'anasarque, la décoloration des téguments, des modificatîoi» diverses
dans la quantité et la qualité des urines, en sont les principaux symptdoies.
Lorsqu'elles sont prises même avec modération, les boissons alcooliqnes, le vin
et la bière en particulier, activent la sécrétion urinaire. Dans l'intoxication aiguf
par l'alcool, à plus forte raison y a-t-il exagération de cette sécrétion. C'est l^*
contraire qui a lieu, en général, dans l'intoxication chronique, la sécrétion de>
urines diminue de quantité. L'usage habituel de l'alcool, dit Magendie, finit par
iunener une diminution de la partie aqueuse des urines, et de \ky suivant ce raàw
auteur, l'origine de la gravelle {Recherdies sur la gravelle, p. 57). Quoi qu'il en
soit de cette théorie, à laquelle M. Rayer a adressé des objections sérieuse^,
Ed. W. Smith (Lancet,9iày, 1861), etW. R. Basham (ibtd.,22 j. 1861) ont noté
la rareté des urines dans l'alcoolisme chronique. Et ce fait concorde avec b
plupart de nos obser\'ations.
Selon W. Smith, les urines contiennent moins d'urée, mais uniquement à cauM-
de leur moins grande abondance; l'acide urique, au contraire, y serait en plu^
grande quantité. 11 arrive souvent, en effet, de constater la présence de cet adde
dans lurine des buveurs, et en dehors de toute lésion cirrhotique du foie. Dans
les cas de dégénération graisseuse surtout, on trouve dans l'urine des cellules
épithéliales et des granulations graisseuses provenant des tuhulides reins. Traitée^
par l'acide nitrique et la chaleur, les urines, dans ces conditions, donnent lieu à
un précipité nlbumineux abondant et en général persistant. Il serait important
de savoir si le précipité ne présente pas quelques caractères particuliers; niai>
nous ne connaissons jusqu'ici aucime donnée sur ce point. L'exploration directe de-
là région est , en général, sans résultat. L'albuminurie alcoolique n'est pas eseaipc*'
des désordres cérébraux et intestinaux liés à l'intoxication urémique. Ces désor-
dres, ainsi que l'amaurose, nous ont paru se montrer plus fréquemment dans \e>
cas de dégénération graisseuse.
b. Verne. 11 serait difficile de vouloir soutenir, à l'aide des faits connus, qtx*
les excès alcooliqiies ont une influence nuisible sur la vessie, et qu'ils peuvent alt(^-
rer le réservoir urinaire ; cependant on ne peut contester que le catirrhe \'rs»cal
soit fréquent chei les ivrognes, et ce Aût mérite au moins d'être signalé.
ALCOOLISME (pATiioLOciE). 6<i7
Nous avons plusieurs fois trouvé chez les buveurs la cavité vésicale élargie,
dilatée, la muqueuse qui la tapisse épaissie, rosée ou grisâtre, parsemée de
petits points noirs ayant pour origine un pigment sanguin déposé au pourtour des
:;landules hypertrophiées. La même altération s'est quelquefois rencontrée dans les
uretères cl les bassinets. La |MH)slate, sans mettre obstacle au cours des urines, était
eu géuéral volumineuse. Ces lésions ont rarement occupé 1 attention des malades
et donné lieu à des symptômes autres que ceux d'un léger catarrhe. Assez souvent
néawnoins, on voit, par suite de la dilatation de la vessie et du peu d'énergie contrac*
lile de ses parois, l'émission des urines devenir lente et difficile, d'où une nouvelle
cauiie d'altération pour la muqueuse vésicale» Ces lésions peuvent être dues autant
à rafaondance qu'à la qualité des boissons absorbées.
c. Testicules. Roesch (Ann. d'hyg, et de méi. légale, t. XA, p. 84), l'un des^
premiers, fait mention des désordres analomiqucs qui peuvent affecter les organes
génitaux dans le coui's de l'alcoolisme. Chez l'homme, dit-il, les testicules sont quel-
quefois frappés d'une véritable atropliie ; ces organes se réduisent au volume d'mi
haricot ou d'un pois, et remontent jusqu'à l'anneau inguinal ; le scrotum et la verge
>ont flasques, et il y a non-seulement impuissance, mais même absence de désirs.
En même temps le sujet devient simple comme un enfant, et sans caractère, hes
principales causes de cet état sont, sans contredit, l'abus des plaisirs de l'amour,
l'onanisme et la gonorrhée, mais l'eau-de-vie y contribue pour sa part. Cet état,
trè;»HX)mmun parmi les troupes françaises en Egypte, fut attribué par Larrey à l'abus
de Teau-de-vie de dattes conjointement avec les excès vénériens. Schcenlein fait re-
marquer que cette boisson pourrait bieu être la cause principale de la môme ma-
ladie dans l'Asie occidentale.
Nos recherches à cet égard confirment les observations de Roesch. Plusieurs
luis il nous est arrivé d'être frappé de l'état de flaccidité et d'atrophie des tes-
ticules des buveui^; mais, en outre, nous avons pu constater, dans bon nombre de
us , chez des indiûdus ayant de trente à cinquante ans au plus, une modification
qui portait sur le contenu du tube séminifère plutôt que sur la substance conjonc-
tive interstitielle. Les cellules épithéliales des cana/icti/i, parfois plus volumineuses
ci granuleuses, d'autres fois déformées ou détruites, ne formaient plus qu'une
masse grenue à l'intérieur du tube. Cette altération est souvent inégalement répartie
dans Torgane (Union méd., 1864, t. lY, p. 45). Les vésicules séminales renfer-
maient mi Kquide sale, jaunâtre, gluant et visqueux, au sein duquel ne se rencon-
traient qu'un petit nombre de spermatozoïdes, et, en plus ou moins grande abon-
dance, les corps décrits par H. le professeur Robin sous le nom de sympexions,
Olte modification, peu ou pas différente de celle que l'on observe chez les vieil-
lards, ne doit pas moins être regardée comme un état pathologique, eu égard A
ia ibrce et a l'âge des individus qui ont servi à nos observations; d'où cette consé-
quence que l'action de l'alcool sur les organes génitaux de l'homme produit une
^éIlilité prématurée. Ce résultat, sur lequel nous aurons à revenir, n'est pas d'ail-
l«*ius particulier aux testicules.
d. Ovaires. Je ne saurais dire si les ovaires subissent, chez la femme, des
modifications analogues à celles des testicules de l'homme ; mais ce que je sais,
c'est que la menstruation cesse prématiu*ément chez les femmes alcooliques, el
que, dans plusieurs cas où cette fonction était éteinte avant l'âge, j'ai noté la péti-
llasse du volume des ovaires, et princifialemcnt de la partie corticale ou glanduleuse
de ces organes.
(juoi qu'il en soit, les désirs amoureux excités par dos libations momentanées.
668 ALCOOLISME (pathologie).
diminuent et finissent par disparaître entièrement chez les individu< dos deux
sexes qni depuis longtemps sont adonnés aux excès d*alcool.
En même temps que les appétits vénériens s'apaisent chei l'homme , Tacronh
plissement de l'acte génésique devient plus difiicile; l'érection, d'abord incompK^,
est plus lard impossible. Cette particularité trouve son explication, sui%'ant Magnip
Hussy dans un défaut de tonicité, dans une plus grande faiblesse des muscles am-
stricteurs, comme aussi dans un certain degré d'anesthésie du pénis ; mais après
ce que nous venons de dire, l'état des canalicules spermatîques semblerait \m\h
coup mieux en rendre compte.
Les troubles de la menstruation et la cessation de cette fonction sont des phéno-
mènes qui s*obser>-ent fréquemment chez les femmes atteintes d'alcoolisme din»-
nique. Nous les avons plusieurs fois notés. Des métrorrhagies répclcos et plti^ uu
moins abondantes constituent l'un des premiers dérangements, plus tard un arr^
souvent déiinitif de la fonction menstruelle, à un âge où cette fonction est m
pleine activité, entre 50 et 40 ans. Une femme âgée de S8 ans, qui a eu plusieurs
enfants, et qui depuis longtemps a pris l'habitude des excès d'al^nthe, entre à b
clinique de THôtel-Dieu pour un accès de delirium tremens , bientôt suivi d\yé-
resthésie excessive à la plante de:; pieds, d'anesthésie aux extrémités et de |Qn-
lysie des membres inférieurs. La menstruation, déjà dérangée avant l'entrée à
l'hôpital, a cessé, et n'a pas repani depuis plus de huit mois que nous avons la nu.
lade sous les yeux. Cette malade nous a, de plus, raconté avec bonne foi t\uA\e
avait, depuis plus d'un an, perdu toute espèce d'appétit vénérien. Magnus Hu<s i>
conte, de son côté, qu'une femme âgée de 52 ans, et déjà arrivée à une période
avancée de l'alcoolisme chronique, lui avait appris qu'elle avait cessé d'éprou^tr la
moindre sensation voluptueuse.
Ainsi, faiblesse ou même abolition de la ffiiction génésique, et par eonséqutnl
diminution de l'aptitude à la procréation, telle est l'un des funestes eflet^^ (k^
excès alcooliques dans l'un et l'autre sexe. D'après vingt observations rectieil)i«'
par Lippicb, le produit du mariage d'un buveur est de un à trois entants. Cet éiti-
vain a calculé que Tivro.i^nerio étouffe en germe les deux tiers des individus qui
auraient dû être procréés. Joseph Frank croit que l'abus du vin par les femD)e<.
dont le système nerveux jouit d'une si gi*ando irritabilité, est une des pi incipab
causes de l'avortement et des fâcheux accidents de la ptrturition, qu'il est si com-
mun d'observer dans les pays vignobles. Nous avons , pour noire compte, étr
plusieurs fois frappé de la fréquence des avortements chez les femmes adonnée
à l'ivrognerie. L'alcoolisme n'est donc pas seulement une maladie de l'individu,
il est encore une maladie de famille, et projette son action malfaisante josqiic sur
la race.
Influence de V alcoolisme sur la progéniture. Une loi de Carthage délotkbit
toute autre boisson que l'eau le jour de cohabitation maritale. Hippocratedoji autl
remarqué et signalé les fâcheux effets de l'ivresse sur le produit de la coiii¥|i<Kin
(t. VIII, p. soi, trad. Littré). Amyot dit, dans son langage particulier, que l'i^n^w
n'engendre rien qui vaille. Bacon, cité par Zimmermann (Traité de Vexpér., i IIL
p. 82), prétend avoir constaté que la virilité s'affaiblit chez les buveurs de hii. H
que beaucoup d'idiots, d'imbéciles sont nés de piirents adonnés à rivrognerie. A^mt
d'être impuissant, c'est dans les conditions physiques et morales de sa desoendaticf
que le buveur donne le meilleur signe de la profonde modification de son en;:-»'
nisme. Darwin (Zvonomie) avance (|ue toutes les maladies produites par 1 abu»
des spiritueux sont héréditaires, transmissibles même jusqu'à la troisième ^éwn-
ALCOOLISME (pataologie). 669
lion, et qu'elle^ s'aggravent peu à peu quand la cause persiste jusqu'à ce que la
lamille s'éteigne. Roesch, Hason Cox, Lippich, Friedrich, s'accordent à attribuer à
l'ivrognerie des parents une funeste influence sur la sanlé des enfants, qui sont dis»
posés aux congestions encéphaliques, à l'hydrocéphale, à ridiolisme, à toutes sortes
d aberrations intellectuelles, à la démence même* Peut-être aussi devrait-on tenir
compte de ce résultat de la statistique de la mortalité à Londres, que la moitié des
entants nés dans cette ville meurent avant d'avoir atteint l'âge de 5 ans, tandis
que parmi les quakers, qu'on sait être remarquables par leur tempérance et leur
sobriété, la moitié des enfants parviennent à un âge de 45 ans. Suivant Bruhl
Oamer, l'ivrognerie habituelle du père influe plus que celle de la mère sur la
constitution des enfants.
Tout récemment, les effets de l'alcoolisme sur la progéniture ont été l'objet de
nouvelles études. M. Demeaux, dans une note envoyée à l'Académie des sciences,
séance du 1^' novembre 18Ç0, conclut d'un certain nombre de faits qu'il a o\h
^rvés que l'état d'ivresse alcoolique, chez l'homme, au moment de la conception,
devient fréquemment une cause à^épilepsie pour les enfants, et que la
même cause peut produire une paralysie congénitale, l'aliénation mentale et
ridiotie. Dans la séance du 29 octobre, H. Debaut citait deux faits à l'appui de
l'opinion précédente. Le 10 décembre de la même année, H. Vousgier, de Stras-
liourg» annonçait deux nouvelles observations confirmatives des idées émises par
M. Demeaux. Ce dernier auteur, enfin, dans le mois de décembre dernier, donna
connaissance à la même académie, par l'intermédiaire de M. Velpeau,d'unarrétde
développement de l'encéphale chez un fœtus conçu dans les conditions fâcheuses de
l'ivresse.
l/individu qui hérite de l'alcoolisme est en général marqué du sceau d'une
d^énérescence qui se manifeste tout particulièrement par des* troubles des fono
tiens nerveuses. Enfant, il est emporté par des convulsions ou d'autres désordres
nerveux; il reste idiot ou imbécile. Adulte, il a un cachet spécial. Sa tête est pe-
tite (tendance à la microcéphalie) , sa physionomie est hébétée, son regard sans
expression ou stupide. Une susceptibilité ou une mobilité nerveuse plus ou moins
acv^ntuée, un état névropathique voisin de l'hystérie, des convulsions épilepti-
formes, des idées tristes, de la mélancolie ou de l'hypochondrie, tels sont ses attri-
buts. La passion des boissons alcooliques, la tendance à l'immoralité, à la dépra-
vation, au cynisme, tel est en somme le triste héritage que laissent à leurs descen-
dants un nombre malheureusement trop grand d'indindus adonnés aux boissoas
alcooliques. (Voy. Di€éHéRBscBifCB.)
g VIII. Appareil técdmentaire externe. Les dérangements morbides de cetap-
pareil varient avec les diverses phases de l'alcoolisme.
Chez beaucoup d'ivrognes on voit apparaître une coloration rouge violacé de la
peau occupant en général la partie antérieure et inférieure du nez, et parfois les
régions voisines, ce qui donne à la physionomie en même temps un peu hé-
bétée un aspect particulier que caractérise fort bien l'épilhète vulgaire d'en-
luminée.
«
Cette coloration, qui est l'effet de la dilatation des vaisseaux, se rencontre encore
dans d'autres régions lorsque partout ailleurs la peau conserve sa teinte normale.
A une période avancée de la maladie, le tégument se décolore ; d'onctueux qu'il
était, il devient sec, écailleux, ou acquiert une consistance satinée, et prend une
teinte terreuse ou jaunâtre, indices de la soufiranoe des fonctions digestives et des
glandes hémopoiétiques en particulier.
670 ALCOOLISME (pathologie).
Des organes annexes du tégument externe, les glandes sudoripwres et le>
glandes sébacées sont celles qui s'altèrent leplus souvent. Les épilhélhuns des glande^
jsudoripares nous ont plusieurs fois paru granuleux, et fréquemment nous avons
pu voir les glandes sébacées remplies par une abondance )Nnodîgieuse de graisse.
L'inflammation dont ces dernières glandes sont quelquefois le siège produit l'aciK*
rosacée. Cette atfection, qui n'est pas très-rare à une certaine période de Takoo-
tisme, se localise de préférence à la face, principalement sur le nez ou â son voisi-
nage, mais elle se rencontre aussi sur les régions où la vascularité a été augmenttV,
en particulier chez les personnes qui ajoutent à Tivrognerie des excès dans !«*
manger. Nous n'avons pas trouvé de mmÙfication appréciable dans la structure d<s
bulbes pileux ; Talopécie, d'ailleurs, est rare dans l'alcoolisme ; personne, que je
sache, ne l'a signalée, et si elle s'y rencontre parfois, rien ne prouve qu'elle aituiir
liaison quelconque avec l'alius des spiritueux.
Il est des éruptions, et l'eczéma est du nombre,^ qu'on a \x)ulu attribuer an\
excès d'alcool; mais, à notre avis, il est beaucoup plus vraisemUaMe que la nul-
propreté, si commune à la classe qui s'adonne à l'ivrognerie, en est la véritable
cause. Cette réflexion parait applicable à ces ulcères de forme phagédénique con-
nus dans les hdpitiux de Londres sous le nom A*nlcèreê du gin. Les tache*: ilt
purpura, les ecchymoses, que l'on observe quelquefois chez les buveurs, ont en
général leur existence liée à une modification des cellules hépatiques ou des gtande^^
sanguines ; il n'est pas possible, en tout cas, de les rattacher à une action dirBi^c
des boissons alcooUqnes sur la peau.
Un. phénomène assee fréquent, principalement chez les ivrognes qui sucrombenl
à la suite de Tivresse ou d'un accès de delirium tremenSj c'est lapiiaritioii, à h
surface de la peau et pou de temps après la mort, de sugillations violacées, linUn^
nient disposées, et parfois d'une teinte verdâtre, indice d'un état de décompositioo
rapide* la puti^faction nous a toujours paru, toutes choses égales d'ailleurs, se
laire plus rapidement dans ces conditions : c'est là une particularité (|ai n'est pi»
sans intérêt médico-légal, et qu'il est bon de signaler. Il semble, en ellct, quf
ridée contraire ait prévalu, et c'est à tort, à notre avis, que l'auteur de l'artidr
IvBEssB (Dict. en 60 vol. ) prétend que le cadavre d'Alexandre le Grand a pu se con-
server pendant longtemps & cause de l'abus qu'il faisait des spiritueux.
Quant aux troubles fonctionnels qui se rattachent aux lésions dont il vient d'àtr
({ucstiou, ils sont en général «ans grande importance, et consistent surtout dan«
une dimiiuUion des sécrétions cutanées.
Tissu ceUulaire sons-cutané, A une période avancée de raiooelisme, quaral
surtout les reins ou le cœur sont malades, oe tissu peut devenir le siège d'une
infiltration osdémateuse. En dehors de ces conditions, il n'est pas rare d'observei
chez certains buveurs un dépôt adipeux dont rabondance varie dans les dilK^ent<*^
régions du corps. La paroi abdominale antérieure est l'une des régions où s'aocumiH
lent de préférence les pelotons graisseux ; aussi se fait-«lle remarquer en général
par la |irésencc d'une couche adipeuse qui peut avoir jusqu'à 10 centimètre
d'épaisseur, lorsque partout ailleurs la couche cellulo-graisseuse ne dépasse guèrr
un, deux et trois centimètres. Soulevée et distendue d'abord par la graisse, la peau
se ride et se flétrit plus tard , quand, par suite d'une lésion viscérale et de la
cirrhose en particulier, le tissu adipeux vient à se résorber. Ce tissa , dans
ces conditions, prend l'aspect et la consistance d* une substance gélatineuse ou d'ouc
il^e\^ plus ou moins épaisse. La diminution du volume des parties affectées est par-
fois tellement considérable, qu'elle donne lieu de croire à une atrophie véritable.
ALCOOLISME (pathologie). 671
Mioém A'&woÈmikm et marclic. L*analyse qui précède, utile au point de
vue de la description des différentes localisations cb l'alcoolisme, ne iait con-
naître en aucune façon la succession de ces manifestations. Elle ne peut, par con-
séquent, peindre la physionomie du mal ; aussi ne permet-elle ni de recon-
naître, ni de diagnostiquer sûrement Talcoolismo. Ce qu il faut pour compléter
rétude de cette maladie, c'est un taUeau clinique, un ensemble synthétique des
lésions et des symptômes dont il vient d'être question.. Commençons par les sym-
ptômes, puisqu'ils sont la première expression clinique de l'alcoolisme.
L'ivresse, cette manifestation de l'intoxication aiguë par l'alcool, est loin de pré-
céder toujours et nécessairement la série des désordres que comporte l'alcoolisme
chronique. Souvent celui-ci accomplit son évolution indépendamment de tout
symptôme d'ivresse ; 11 se montre après un temps plus ou moins long, souvent
|îusieurs mois ou plusieurs années a partir du moment où ont conunencé les excès
de boissons. Sou début. est insidieux. En général ce sont les troubles digestifs qui
commencent la scène, l'appétit diminue d'abord et finit par se perdre, la digestion
devient difficile ou même pénible, il y a une distension gazeuse de l'estomac après
chaque repas ; chaque matin le buveur rend par régurgitation ou par vomisse-
ment un liquide blanc, filant, muqueux ou verdàtre et bilieux, accident que
le malade ne manque pas de combattre en faisant usage d'une nouvelle quantité de
boisson {vamtus nuUutinus potatorum , pituite matinale des buveurs, dyspepsie
alcoolique). Viennent ensuite les désordres nerveux; le tremblement apparadt l'un
des premiers; les doigts d'abord, puis les mains et les pieds, lu langue, enfin les
membres supérieurs et inférieurs peuvent être successivement atteints. Le nuitin
(«t encore le moment où ces symptômes commencent à se manifester. Accrus
par les efforts que fait le malade pour douner de la précision ù ses mouvements,
ils ne sont accompagnés d'aucun sentiment douloureux, mais d'une légère fai-
blesse musculaire. Surviennent eu second lieu les modifications si variées de la
sensibilité : formications, tiraillements nerveux, hypéresthésie et anesthésie, obscur-
cissement de la vue, veiliges au réveil , céphalalgie, sensation de constrictiou
thoracique, insomnie, cauchemars plus ou moins effrayants ; puis les liailuçinu-
tions se développent avec les caractères que nous leur connaissons ; arrivent par
fois des convulsions, des attaques aploplectiformes ; un délire en général bruyant
iif^rait sous forme d'accès de quelques jours de durée, et presque toujours A
propos d'un accident ou d'un état maladif quelconque. Le caractère est maussade,
irritable, emporté, les traits de la figure perdent leur expression naturelle, les
yeux rouges, injectés, sont oscillants, agités, le regard étrange, un peu hébété,
les lèvres tremblantes. Tout cet ensemble donne à la physionomie quelque chos<:
d'étrange dont la peinture est diUicile sans doute, mais que Tobservalion apprend
:« reconnaître, et qui nous a souvent mis sur la trace du mal eu question.
Quelquefois pins tôt, d'autres fois plus tard, on observe de l'ictère, des bron-
chites légères, mais persistantes, des pneumonies à forme adynamique ; les malados
accusent une dyspnée plus ou moins gênante, des palpitations, de l'essouffle-
ment, symptômes qui n'avaient pas lieu antérieurement. Les désirs vénériens
peuvent être plus ardents,- mais en général les forces géncsiques sont moindres.
MagnusUuss prétend avoir observé que la première période de l'alcoolisme est mar-
quée, chez la femme, par une impulsion erotique plus vive, quoique la sensation
du plaisir soit plus confuse. Dans cette période enGn l'embonpoint est le plus sou-
'«ent exagéré.
A ces divers phéiuMnènes d'excitation succèdent en général un état de dépi-ession
G72 ALCOOLISME (i'atiiologie)
plus ou moins marqué des différentes fonctions organiques, el des lésioib plu^
sérieuses du côté des viscères : une seconde période commence. Les appareils di-
gestif et nerveux sont toujoui^ en cause ; Tappétit est pour ainsi dire nul, it^
aliments sont difficilement supportés; arrivent des diarrhées passagères, de$hr>
matémèses ou des entéroiThagies liées à l'altération granulée du foie ou des
reins, sinon à un état de dégénérescence graisseuse de ces organes; b
troubles et la perte de la menstruation chez la femme, la perte prématuréi
des fonctions génésiques dans les deux sexes, la phthisie granuleuse , peuTenl
encore n'apparaître qu'à cette période où prédominent le plus ordinairement
les désordres ner>'eux. Plus que tous les autres troubles, ces derniers sont
caractéri^s par la dépression de la fonction. La sensibilité est diminuée ou abolie;
des extrémités où il commence à se montrer, ce symptôme gagne peu à peu )e
parties plus élevées et finit par envahir le tronc. Les mouvements sont aJTail)lis.
une paralysie le plus souvent incomplète, mais qui a la j^us grande tendance s
se généraliser, débute également par les extrémités, pour de là s'étendre m\
autres parties du corps, et à la longue, de façon à produire assez tôt un cmbam>
marqué de la parole. A cette même période appartiennent encore, dans quelques
cas, des mouvements choréifomies, des accès convulsifs ou éptleptiformes. Quel-
quefois la paralysie faisant entièrement défaut, ce qui caractérise cette dernière
phase de L'alcoolisme, c'est au point de vue physique un état spécial de cacbe\ip
et de marasme, conséquence inévitable des lésions viscérales multiples, et au
point de vue moral la manifestation des tendances les plus mauvaises, l'abolitiofl
des sentiments moraux, et trop souvent l'abrutissement le plus complet.
Cet ensemble pathologique n'appartient pas, bien entendu, à tous les cas : bnUii
les désordres nerveux sont nuls ou insignifiants, la maladie consiste prinapalemeni
dans l'altération d'un ou plusieurs des viscères abdominaux ou thoradques; tantôt,
au contraire, ces organes sont peu lésés, et les manifestations prédominantes oocih
pent l'appareil de l'innervation. De là, à Paris surtout, deux classes d'aloocrfisés qui
sont, les uns traités dans les hôpitaux de la capitale, les*autres dans les hospice
spéciaux tels que Bicétre ou Charenton.
Dans l'alcoolisme comme dans la plupart des maladies, la cause ne changeact
pas, les localisations morbides diffèrent néanmoins et dans leur siège et dans leor
intensité, selon les prédispositions individi|elles, et aussi en vertu de certaines con-
ditions hygiéniques ; ainsi s'expliquent les faces si diverses sous lesquelles se pré-
sente la S)Tnptomalologie de l'alcoolisme chronique. Naturellement laite et pro-
gressive, la marche de celte intoxication offre en outre cette particularité,
qu'elle est ordinairement troublée par des accidents à caractère aigu, et prioi>
d'une certaine intensité. Ces accidents, qui souvent apparaissent ci dispani*^
sent, pour revenir ensuite et presque toujours à l'occasion d'une cause poui
ainsi dire insignifiante, une contuMon, une plaie, un embarras gastrique, ié^
poque menstruelle chez la femme, sont généralement connus sous le nom dt
ddirium tretnem^ d'accès convulsifs ou épileptiformes. Us ne doivent |a^
étonner dans la marche de l'alcoolisme, car on retrouve leurs analogues dans |ilu-
sieurs autres maladies chroniques, telles que la scrofule, le rhumatisiiie, I in-
toxication plombique. On sait en effet que plus d'une fois des accidents aif!ih
apparaissent dans le cours de ces maladies essentiellement chroniques.
Envisagées dans leur ensemble, les lésions anatomiques se prêtent fort bien à ufr
étude générale en raison de l'analogie sinon de l'identité de nature qu'elle^
présentent dans chacun des organes. .\ ce point de vue elles sont susccp(ibl4>
ALCOOLlSMi: (PATHOLOGIE). 675
d'êtres ramenées à deuv types distincts caractérisés, l'un par l'hyperplasie de la
substance conjonctive, l'autre par la dégénérescence pisseuse des éléments actifs
des principaux organes. L'hyperplasie conjonctive constitue ces lésions variées,
inflammations séreuses ou perenchymateuses qui, dans notre description, portent
les dénominations de cirrhose, de néphrite, de péritonite, etc. , et que resserrent
un lieu et des caractères communs. L'un des principaux caractères de ces altéra-
tions, c'est leur marche lente, graduée, progressive, et le défaut de suppuration
(nous faisons exception ici pour certains cas d'hépatite et de pneumonie dont l'ori-
gine alcoolique n'est pas encore bien démontrée, et qui, en tout cas , font plutôt
partie de l'alcoolisme aigu). Ces phlegmasies, adhésivés selon l'expression de
Hunt^, sont en môme temps chroniques. Habituellement elles n'évciUent aucun
phénomène réactionnel, en sorte qu'elles peuvent, dans quelques cas, échapper
pendant longtemps aux moyens d'investigation et rester méconnues. A la surface
des séreuses comme à l'intérieur des parenchymes, des noyaux nombreux de tissu
conjonctif se développent; bientôt apparaissent des cellules et des Gbres. Ainsi se
constitue une trame de nouvelle formation, d'abord molle, peu résistante, vasculaire
tout au moins à son début. Plus tard le néoplasme alcoolique acquiert une
consistance plus grande; aussi met-il, relativement aux autres produits morbides,
un temps plus long h entrer dans les phases régressives des tissus de nouvelle for-
mation. Dans le péritoine comme à la surface des méninges et à l'intCiieur des vais-
seaux, ce néoplasme arrive à former des membranes oixiinairement vasculaires^et
susceptibles quolquelois de devenir le siège de foyers hémorrhagiques par suite dèia
rupture des vaisseaux qui entrent dans leur composition. Disséminé dans la profon-
deur des organes, ce nouveau produit détermine d'aboi*d une légère augmentation
du volume de la partie malade, une coloration grisâtre ou rougeâtre selon le de-
gré d'injection, plus tard une induration avec retrait de la portion du parenchyme
lésé, d'oJi l'inégalité de surface (foie, reins) et l'atrophie progressive.
La dégénérescence graisseuse comprend des lésions également diflTéreutes
quant à leur siège, mais qui toutes offrent ce caractère commun qu'elles sont
constituées par un dépôt et une accumulation plus ou moins abondante de gra-
nulations et de gouttelettes graisseuses au sein de certains éléments anatomiques,
et en particulier des cellules hépatiques , des épithéliums des tubes urinifères et
des capillaires de l'encéphale, et qu'elles coïncident fréquemment avec une sur-
charge adipeuse du tissu cellulaire sous-cutané, du mésentère et de la bas(; du
ooeur. Remarquons que c'est d'un dépôt d'une substance particulière qu'il s';igit
et non d'une transformation gmisscuse de la substance même des éléments ana-
tomiques.
La coexistence des modalités anatomiques dont il vient d'être question est loin
d'être rare. Dans certains cas pourtant ces lésions sont isolées et indépendantes, et
il y a lieu de rechercher les conditions qui favorisent leur développement séparé.
L'expérimentation seule est appelée à répondre sur ce point. Or il résulte d'un
grand nombre de faits par nous observés que la profession n'est pas sans influer
sur la production de l'une ou de l'autre de ces altérations. Ainsi nous avons fait
cette remarque que les individus adonnés à des travaux rudes, comme les charre.
ti»^, les porteurs à la halle, etc., sont en général affectés de cirrhose du foie
ou de granulations tuberculeuses des poumons, tandis que les buveurs dont la
profession est sédentaire (commis, écrivains, etc.) présentent plutôt l'altération
graisseuse des organes. Ce résultat, vrai pour le foie, l'est encore sans doute
pour d'autres viscères, et ainsi le genre d'exercice des individus ne parait pas
DicT. me. U. 43
674 ALCOOLISMR (pathologie).
sans action sur le développement de telle ou telle lésion morbide. A côté de octU'
cause il en est d'autres qui agissent dans le même sens. L*âge ayanoé et la gros*
sesse sont de ce nombre. L'une et l'autre de ces conditions prédisposent à la àé^d-
nérescence graisseuse ; il n*y a pas jusqu'à la nature des boissons qui ne doive are
prise en considération. Ainsi l'eau-de-vie un peu foile aurait de la tendance à pro-
duire des inflammations adhésives, tandis que la bière, par exemple, engendrenil
plutôt des dégénérescences graisseuses.
Quant au mode d'action patbogénique de l'alcool sur les tissus et les organes vi-
vants, nous devons en demander l'explication à l'expérimentation physiologique*
et h l'observation clinique. D'une part, des expériences nombreuses, celles de
MM. A. Lallemand, Perrin et Duroy en particulier, établissent que ralcool ingéra
dans Testomac, absorbe par les veines, pénètre dans le sang, et de là se répaml stns
être modifié ou décomposé, au moins en totalité, dans les organes et les tissus.
D'autre part l'observation clinique et la thérapeutique cbirurgicale apprennent
qu'injecté dans la tunique vaginale, ce même agent détermine une inflamniatioo
adhésive, c'e8t-à<-dire qu'il donne naissance à un processus anatomiqne identique â
celui qui se retrouve partout dans l'alcoolisme, tant à la surface des séreuses que
dans l'épaisseur des parenchymes. Or, si l'alcool ingéré pénètre en nature dans lo
tissus,' n'est-il pas naturel de penser qu'il agit sur les organes au sein desqneb il
est transporté, de la même façon qu'il agît au contact de la tunique vaginale, don-
nant lieu, dans tous les cas, à des elTets irritatifs tout particuliers (Voyez notre mé-
moire. Des hémarrhagies méningites, Arch, de méd. 6^ série, t. I*', 18C5)?AiiKi
peut s'expliquer, à notre avis, la formation de la phlegmasie spéciale à l'akoo-
lisme. Pour ce qui est du mode de production des dégénérescences graissenses,
nous devons reconnaître que le mécanisme nous échappe encore. Quelques autrurv
ont bien attribué à l'absorption des substances grasses que l'on trouve au sein
du liquide sanguin les altérations graisseuses dont nous avons signalé l'exis-
tence dans les principaux vbcères, et particulièrement dans les cellules épillié-
Haies. Nous croyons peu pour notre compte à cette manière de voir, qui attend en-
core une démonstration positive ; nous serions bien plus tenté de ratlacher ces
singulières modifications anatomiques à la combustion très-incomplète qui, en p»-
reil cas, s'opère dans l'organisme (v<nj. Alcool Action physiologique).
Durée et TERMiiiAisoif. La durée de l'alcoolisme est nécessairement
et ne peut comporter de limites précises. Si parfois elle ne dépasse pas quelque»
mois ou quelques années, il ne faut pas ouMier que dans d'autres cirooostjiuxs
elle est beaucoup plus longue, et qu'elle peut même s'étendre i plusieurs géné-
rations. D'autant plus courte en général que les excès sont plus abondants, elfe est
en outre subordonnée au siège de la localisation morbide , à l'importance fonc-
tionnelle de l'organe ou des organes lésés, aussi bien qu'à la luUure des boiason.'^
ingérées.
L'alcoolisme se termine par la guérison, par un certain degré d'am^ioration
ou par la mort. Le retour à la santé est compatible avec les manifestations qneno»
rattachons à la première période de l'alcoolisme; il peut s'obsener tontes les foi^
que les accidents sont limités à des désordres nerveux de courte durée et de peu
d'intensité, et lorsqu'il n'existe encore aucune lésion sérieuse des organes de Fab-
domen ou du thorax. On a pu constater d'assez nombreux exemples de guérison
par le seul fait de l'adoption d'un autre genre de vie. Plusieurs bits rapportées par
Hagnus Huss ne laissent aucun doute relativement à ce mode de terminaison que
nous avons, pour notre compte, plusieurs fois observé. Une diminolMNi
ALCOOi.I'^ME (pathologie). 675
mais prugi*essive des accidents se niaiiiresle et se continue peu à peu jusqu'à leur
disparition complète. Toutefois les rechutes sont communes , et les récidives fré-
quentes, [uisque le vieil ivrogne est presque toujours dipsomane. On a vu quelque-
fois imc affection incidente opérer une véritable crise. îfagnus Hu.«s cite des cas où
letyphusnosocomialyTérysipèle, la fièvre intermittente, auraient eu ce privilège.
H. Rcnaudin dit avoir observé un érysipèle du cuir chevelu qui vint juger une
cpilepsie alcoolique.
Lorsque Talcoolisme ne peut plus guérir, il est encore susceptible d'améliora-
tion. Ce changement qui s'opère facilement n'est habituellement qu'un temps
d'arrêt qui empêche les progrès du mal, et amoindrit les manifestation^ sans les
faire cesser entièrement. L'hypéresthésie, la paralysie, les convulsions, disparais-
sent; mais les membres sont toi^ours le siège de sensations douloureuses, ils con-
servent un sentiment de faiblesse et ne recouvrent pas la précision de leurs mou-
vements.
La terminaison par la mort peut survenir dans tout le cours de l'alcoolisme
chronique ; elle est l'issue la plus ordinaire de la seconde période de cette ma-
ladie. Les conditions variées dont elle dépend sont importantes à cotmaitre.
Tant que les excès alcooliques n'ont pas profondément modifié l'oj^anisme, la
mort est presque toujours le résultat d'une manifestation aiguë, d'un accès de
delirium tremens, d'un coup de sang, de convulsions épileptiques répétées. Le
tniumattsme lui-même est assez fréquemment un mode de terminaison en pareil
cas. On sait combien les ivrognes sont exposés aux fractures, aux plaies, aux con-
tusions, et ce qu'il ne faut pas ignorer, c'est la gravité chez eux de ces lésions,
alors même qu'elles sont légères, puisqu'elles ne manquent guère d'éveiller l'un
des accidents ci-dessus énoncés. Plus tard, la terminaison de Talcoolisme est la
conséquence du développement de lésions organiques qui ont pour siège plus spé-
cial le ceneau, le foie, les poumons ou les reins, et plus rarement l'estomac;
dans quelques cas, enfin, par suite de modifications qui se montrent au sein
des glandes hématopoiétiqucs, elle est la conséquence d' un état d'épuisement
progressif, de marasme et de cachexie plus ou moins avancée.
Parmi les maladies intercurrentes qui viennent iiivoriser la terminaison fatale,
il faut citer, en première ligne, la pneumonie, la pleurésie et certains érysipèles.
Ce serait ici le lieu de parler de la combustion spontanée^ accident dont l'idée
première est déjà ancienne et qui, jusque dans cesdemiers temps, a été rattaché à
l'abus dos boissons alcooliques {voy. Ann, d'hygiène et de médecine It^gale^
1'* série, t. XLIV, 191-363, 1850); mais cette question aura une place àpart dans
le Dictionnaire (voy. Combustion spontanée).
Séaiélptiqae. Diagnostic. Une étude analytique a seni à faire connaître les
lésions morbides et les troubles fonctionnels variés susceptibles d'être rattachés à
l'abus prolongé des spiritueux. Une description plus générale nous a permis de mon-
trer ces lésions et ces symptômes dans Tordre de succession où on les observe le
plus ordinairement, et de donner une idée aussi exacte que possible des phases
pathologiques que subissent le plus souvent les individus adonnés aux liqueurs alcoo-
liques. Nous ne reviendrons pas sur ces différents points. Ce que nous voulons
établir ici c'est le diagnostic, non plus de telle lésion organique ou de telle affection
dépendante de l'abus des spiritueux, mais de l'intoxication alcoolique en tant
qu'espèce morbide. Or ce diagnostic repose sur la connaissance des accidents
variés que peuvent engendrer les excès de boissons, sur la coexistence habituelle
676 ALCOOLISMK (patuologir).
d*un certain nombre de ces accidents, sur leur marche et les renseignements fournis
par les malades. Ainsi, absence de signes véritablement pathognomoniques, mais
un ensemble de manifestations que Tobservation apprend à rapporter à une même
cause, telles sont les données à l'aide desquelles on peut arriver à reconnaître
Talcoolisme chronique.
Prenons un exemple : un individu encore jeune est atteint d'ascite ; il a le fuie
petit, quelques troubles intestinaux , il maigrit à vue d'œil, le cœur est sain; h
lésion, non douteuse, est une cirrhose hépatique, mais le diagnostic est incom-
plet. L'origine de cette affection reste ignorée. La cirrhose en question n est-elle
qu'une modalité pathologique dépendante d'excès de boissons, ou tient-elle à toute
autre cause? Interrogez les diverses fonctions, examinez avec soin tous les appa-
reils, et rarement il vous arrivera de ne pas obtenir les éléments suffisants pour
découvrir l'origine du mal. S'agit-il, dans le cas supposé, d'un accident lié h l'akoo-
Hsme, alors avec les caractères particuliers de l'affection hépatique» vous obser-
verez des troubles spéciaux. Ce seront, pour les fonctions nerveuses, des fourmille-
ments, des picotements, de l'anesthésie des extrémités, des crampes aux mollets,
un léger tremblement des membres supérieurs, de l'insomnie, un certain de^
d'agitation la nuit, et dans quelques cas même le désordre hépatique aura été
précédé ou sera accompagné d'un délire aigu spécial ; pour les fonctions digesti\es,
des pituites, des vomituritions , des symptômes de gastrite qui souvent auroot
précédé l'altération du foie. Cette concomitance de manifestations moiiMde> >en
suffisante la plupart du temps pour arriver à reconnaître la véritable iiaturo du
mal, c'est-à-dire l'existence d'une intoxication chronique par l'alcool . Ajuutoo^
qu'en se reportant à ce que nous avons dit de l'état anatomique du foie axas
l'alcoolisme, on trouvera que cet organe pr&cnte le plus souvent des i^arao
tères physiques et des troubles fonctionnels qui viendront encore en aide au dia-
gnostic.
Pour plus de sûreté dans cette voie, une étude comparative de l'alcoolisme a^»
les maladies qui peuvent le simuler semble nécessaire. Parlons d'abord des car-
btires d hydrogène.
La benzine, l'essence de térébenthme, l'huile de naplite ou de pétrole {Am.
dliyg, 2* série, t. XXI, p. 325, 1864), et beaucoup d'autres composés du oièuir
genre déterminent, en effet, du côté des fonctions nerveuses surtout, des désordre»
qui ne sont pas sans analogie avec ceux qu'engendre l'abus des lioissons alcoo-
liques. Des étourdissements, des vertiges, l'abolition plus ou moins complète de
la motilité, un certain degré d'anesthésie ou d'hypéresthésie, commencent par las
extrémités, ainsi qu'il arrive dans l'alcoolisme , et gagnent peu à peu des partie>
plus élevées et le tronc. Différencier ces effets de ceux que produit l'akool n'tst
pas toujours facile; on y parvient cependant. Ainsi, les accidents qui résultent de
Tintoxication par l'essence de térébenthine ont d'ordinaire un début soudain, un**
marche aiguë; ils pourraient tout au plus simuler l'ivresse; ils diffèrent roanife*
tcment de l'alcoolisme chronique, dont l'évolution est lente et dans lequel \v^
fonctions digestives sont génémlenient troublées. Ces mêmes considérations ^*a|»-
pliquent à la distinction de l'alcoolisme et des accidents produits par Thuile
de naphte et les iiydrocarbures, qui, à cause de leur bon marché, ont été esKiy'^
dans la peinture pour remplacer l'essence de térébenthine (A. Qievalier fils et Poi-
rier, Compi, rend. Ac. des se, t. XLI, 1855). Les douleurs sont d*ailleur« pltK
fréciuentes et plus violentes dans les cas d'intoxication par ces derniers compcfê*.
La nUro-benzine et Vanilinej aujourd'hui employées à la fabrication de la fÎKih
ALCOOLISME (pathoi.ogik). 0^7
sine, produisent des symptômes assez peu dilTérents de ceux de Talcoolisme. L'ac-
tion nuisible de ces substances se traduit en effet par de la dyspepsie, des vomis-
sements, de la diarrhée, uu affaiblissement de la motilité avec anesthésie ou
hypérestliésie ascendante, des fourmillements aux extrémités, des bourdonnements
d'oreilles, Toliscurcissement de la vue. Toutefois, les circonstances particulières
au milieu desquelles se développent ces accidents et les coliques plus ou moins
violentes qui accompagnent la diarrhée, donneront en pareil cas des indications
diagnostiques utiles. De plus, dans l'intoxication par la fuchsine, on obsene, aux
extri'mitcs des membres et sur les bourses , des éruptions papuleuses ou vésicu-
leuses qui u'appartiemient jamais à l'alcoolisme (voy. Charvet, Thèse de Paris,
Ijos accidents produits par le sulfure de carbone, substance employée dans l'in-
dusti le du caoutchouc, se distinguent des manifestations alcooliques par lei; con-
ditions au milieu desquelles ils se présentent, par une évolution plus rapide, par
l'alis^ence ou la rareté des troubles digestifs et des hallucinations. {Voy. Delpech,
Industrie du caoutchouc êoufflé, Ann. d*hyg. et deméd. légale, i^ série, t. XIX,
p. 65; i 863.)
L'intoxication chronique par l'or^é^tc produit, dans certains cas, du côté des
fonctions nerveuses, de la roideur, du tremblement, des paralysies du mouve-
ment et du sentiment qui peuvent se rapprocher tellement des troubles dus à
l'alcoolisme, que Magnus IIuss a jugé utile d'en rechercher les caractères diffé-
rentiels. La paralysie arsenicale, en tout cas, a son siège habituel aux membres
inférieurs; elle est souvent précédée de crampes, de faiblesse, de perte delà sen-
sibilité, et accompagnée de flexion des jointures. Falconerja observé un cas dans
lequel cette paralysie était limitée aux mains et un autre où elle s'étendit progres-
sivement jusqu'aux épaules (Copland's Dict,, t. III, p. 25).
Mngnus Huss a cherché à différencier l'alcoolisme de l'empoisonnement chro-
nique par le phosphore; mais, à la vérité, il y a trop rarement lieu de confondre
ces intoxications pour qu'il soit nécessaire d'en rechercher les différences. On peut
en dire autant des accidents produits par les préparations de cuivre. Il n'en est
pas de même, toutefois, des manifestations qui se lient à l'empoisonnement par
le plomb.
Comme l'intoxication chronique par l'alcool, l'empoisonnement saturnin chro-
nique se manifeste par des troubles qui intéressent particulièrement les foQctipR$
digestives et nerveuses, et auxquels fait suite un état de cachexie spéciale. Des ^if-
fénaices importantes distinguent néanmoins ces deux maladies. Ainsi la dyspcpsiOf
Feniliarras gastrique des saturnins ne ressemblent en rien aux pituiii^i «(au
vomissement matutinal des ivrognes; et d'ailleurs, ces derniei's, à nEMMU^id'étr^
intoxiqués par le plomb, n'ont jamais le liséré grisâtre des gencives. Les accidents-
neneux eux-mêmes nous offrent des dissemblances marquées. L'aiicsthésie^
situmine ne commence pas par les extrémités ; elle n'est pas ascei^dante cooune
celle des ivrognes, mais elle occupe les diverses parties des membres, et si i^le
manifeste une préférence, c'est pour les parties externes., LesiégçdeU pf^;^-
hsie saturnine aux muscles extenseurs , l'absence d'hypérestb^i^ cutanée, V4fP-
phie nmscnlaire concomitante, et la perte de la coutracliHté électrique des
muscles paralysés, constituent autant de signes qui ne permettent pas davanUige
de confondre la paralysie de l'intoxication plombique »vec celle qu'i^ogendre
l'alius des liqueurs fortes. L'arthralgie, les convulsions, le tremblement et la ca-
chexie saturnine sont des accidents qui apparaissent en général après ua ou plu-
678 ALCOOLISME (patuulogib).
sieurs accès de coliques saturnines, et qui, dans leurs manifestations symptooij-
tiques même diffèrent de ceux qui se rattachent à l'alcoolisme.
Dans le mercurialisme^ les picotements, les fourmillements, le tremUemetit K
la faiblesse des membres sont les seuls symptômes qui pourraient faire croire I un
empoisonnement par l'alcool. Disons que ces symptômes ont des caractères distinrtx
suivant qu'ils appartiennent à l'une ou à l'autre de ces intoxications; les (ourmillr-
ments sont rares dans le mercurialisme, et ne se Font pas nécessairement sentir
aux extréniilés. Le tremblement, qui d'ordinaire est plus désordonné chez l<s
doreurs, n'est pas influencé, ainsi qu'on l'observe chez les bu\*etirs, par les einès
de boissons. Les manifestations qui s'ajoutent à ces différents symptômes sont d'ail-
leurs différentes dans l'un ou dans l'autre cas. La stomatite est particulière à l'in-
toxication mercurielle; le délire, les hallucinations, sont des symptômes del'inUni-
cation par l'alcool.
La connaissance des habitudes du malade permettra de distinguer de œtle der-
nière intoxication le narcotisme chronique. Les accidents convulsifs de l'ef^isme
et les accidents paralytiques de la pellagre n'ont qu'une analogie éloignée avec h>
affections alcooliques. L'ergotisme, la pellagre et l'alcoolisme sont d'ailleurs de<
maladies fort différentes au moins quant à leur marche.
Les accidents connus sous le nom d*urémie peuvent être confondus d'autaui
plus facilement avec l'alcoolisme que celui-ci se complique parfois de ces acciden'^.
Mais si l'urémie, ainsf que l'alcoolisme, se manifeste par des troubles des fonction^
' digestives, vomissements, nausées, diarrhées, et des fonctions nerveuses, convul-
sions épileptiformes, coma, etc., chacun de ces symptômes diflère dans l'intoxira-
tion urcmique et dans i'alcoolisine. Le vomissement, qui se montre uniquement
le matin chez l'ivrogne, survient indistinctement dans tout le cours de la jou^
née, lorsqu'il se lie à l'urémie ; les troubles de la sensibilité, les hailucinatioiis
de l'alcoolisme font complètement défaut dans l'intoxication urémiquc, où Toq
observe particulièrement des convulsions et du coma, en même temps que l'on
constate la présence d'une plus ou moins grande quantité d'albumine dam les
urines.
Nous avons déjà insisté sur la distinction à établir entre certaines manifestations
de l'alcuolisme chronique, de la syphilis et du rhumatisme, La symptomaloiogie
générale et la marche de ces maladies sont trop différentes pour qu'il soit potsihle
de les confondre.
Les liallucinations particulières aux buveurs ne s'ol)servent ni dans la s}phili>
ni dans le rhumatisme, et les troubles de la sensibilité n'y oflfrenl jamais le^
* mêmes caractères. I^es douleurs des ivrognes, même lorsqu'elles sont noctuiue»,
diflèrent encore des douleurs ostéocopes ; elles donnent au malade une sensation de
tiraillement, de coupure, de brûlure, différente de celle qui appartient aui dou-
leurs syphilitiques. Les membres et les extrémités sont leur siège de prédilection,
et non pi\s la tête, ainsi qu'il arrive dans la syphilis.
Les manifestations si variées de Vhystérie ne sont pas sans offrir quelque vn-
scmblance avec l'alcoolisme chronique. Les désordres que l'on constate dans cr^
deux maladies intéressent en effet la sensibilité, le mouvement, rintelligence et
même les fonctions digestives. L'anesthésie, toutefois, est irrégulièrement réparti''
dans l'hystérie ; elle s'observe presque exclusivement h gauche. Li paralysie ocrtJ|«
d'ordinaire les membres inférieurs, les vomissements sont alimentaires et non
pituiteux; l'hystérie est de plus une maladie des jeunes filles, tandis que l'akoo-
lismt* se ronrontre h un âge plus avancé de la vie, et principalement chef leflKMnnK**
ALCOOLISUË (PATiioLOGii:). 679
Vépileprie essenUdle^ qu'il serait possible de confondre avec la forme convul*
si\e de Takoolisme, est en général héréditaire ; elle commence en effet dans les
premiers temps qui suivent la naissance, tandis que Talcoolisme apparaît beau-
œup plus tardivement. Les tremblements, les hallucinations, les crampes, les four-
millements et la dyspepsie qui le caractérisent rendent du reste le plus souvent le
diagnostic facile.
Le diagnostic différentiel de la paralysie générale et de Talcoolisme est plus
difficile. Les antécédents, en effet, ne sont pas toujours de nature à préserver de
l'erreur sur ce point ; car, suivant la judicieuse remarque de H. Lasègue, beaucoup
de malades atteints de paralysie générale ont abusé des alcooliques, soit antérieu*-
rement à Tinvasion de la maladie, soit surtout à Tépoque où celle-ci s'annonçait
par des signes restés inaperçus ; et d'ailleurs celte variété de paralysie est, dans
certains cas au moins, sous la dépendance de l'abus des liqueurs fermentées. L'hé-
sitatiott de la parole, le tremblement de la langue, et un peu plus tard celui des
mains, sont les indices du début de la paralysie générale, taudis que dans Tintosi-
cation alcoolique l'hésitation de la parole est bien rarement le précurseur des au*
très troubles nerveux. La sensibilité est moins profondément modiGée dans la para-^
lysie générale ordinaire ; les rêves et les hallucinations y sont rares, et n*ont d'ail-
leurs pas le cachet qu'ils revêtent dans l'alcoolisme. L'ivrogne est ordinairement
abruti, ses facultés intellectuelles sont émousâèes, obtuses ; sa sensibilité, profun*
dément modifiée, n'a pas la conception délirante, ambitieuse des individus dont la
(laraiysie générale reconnaît une autre cause que l'abus de l'alcool. La marche,
chez le paralytique,, se compose d'une série d'impulsions spasmodiques; le trem-
blement est ordinairement prononcé dans l'alcoolisme. Chez les buveurs, la para-
lysie prédomine dans les extrémités des membres supérieurs et inférieurs; elle est
accompagnée de fourmillements, de crampes, de douleurs et d'anestliésie; et loi-s-
qu'il existe du délire, il est temporaire, de nature craintive, et caractérisé surtout
par des hallucinations de la vue et des visions effrayantes. La marclie de tous ces
accidents est variable, moins régulièrement continue que celle de la paralysie des
aliénés, et en rapport avec l'abondance des excès alcooliques; mais on voit de plus
apparaître, dans le cours de l'alcoolisme, des accès de delmum tremens reconnais-
sables à leurs caractères spéciaux. (Lasègue, Thèse de concours, 1853; J. Falret,
Beclierches sur la folie paralyUqu^ et les diverses paralysies générales j Thèse
de Paris, i853.)
Suivant le docteur Marcel certains désordres des fonctions nen'euses, amenés
par un excès de travail inèellectuel ou par des émotions vives, auraient une grande
ressemblance avec l'alcoolisme chronique. On conçoit toute l'importance que
peut avoir la connaissance de la cause en pareil cas. Enfin, il est des lésions ma-
iérielles de rcncépliale qui sont également susceptibles d'être coiiiundues avec
Jes accidents que détermine l'alcoolisme. On voit des tumeurs cérébi-ales provo-
quer des accès convulsifs qui ne sont pas sans présenter quelque analogie avec ceux
qui résultent des excès alcooliques. Mais ces lésions donnent ordinairement lieu à
une céphalalgie fixe; elles ne produisent ni le délire, ni les hallucinations, et n'en-
gendrent jamais l'anesthésie ou l'hypéresthésie ascendante des ivrognes. Les para-
lysies consécutives à l'iiémorrhagie ou au ramollissement du cei veau , par
suite d'excès alcooliques, sont en général précédées de crampes , de fourmille»
ments aux extrémités, et d'une altération de la sensibilité, tandis que ces symp-
tômes et les hallucinations surtout sont mres dans le cours des lésions matérielles
encéphaliques qui n'ont pas pour cause le vice de rivrognerie. Du reste, dans
680 ALCOOLISME (patholocie).
toutes CCS affections , on ne retrouTe jamais Tordre d'évolution symptomatique de
l'alcoolisme. Or il ne faut pas oublier que cet ordre successif et régulier, autant
que le mode du symptôme, doit sernr à caractériser les accidents qui se ratta-
chent à l'intoxication par l'alcool.
Pronostic. L'alcoolisme chronique est une maladie sérieuse et souTeoi fort
graTC, tant à cause de la difficulté qu'éprouvent les individus qui en sontafiectés â
cesser leurs funestes habitudes que de la faiblesse d'action de nos moyens théra-
peutiques sur les lésions matérielles qu'engendre l'abus des spiritueux. Toutes
choses égales d'ailleurs, l'intoxication alcoolique chronique offre beaucoup plus
de chances d'amélioration ou même de guérison lorsqu'elle n'a pas dépssé la
première période. A cette époque, la modification subie par l'organisme est suscep-
tible d'amendement ; plus tard l'économie revient difficilement à son type normal.
Les affections qui tiennent à une lésion périphérique de l'encéphale, les diifé-
rentes variétés de troubles fonctionnels connues sous le nom de lypémanie, de
manie, de paralysie générale, de démence, sont toujours très-graves; si on par-
vient à les améliorer, il est difficile d'éviter les récidives. Parmi les lésions hépa-
tiques, la cirrhose ne pardonne presque jamais ; cette affection, quoi qu'on ùisse^
n'en marche pas moins du même pas jusqu'à la mort ; on pourrait en dire autant
des lésions rénales. Le siège de la manifestation alcoolique n'est pas non plus sans
influence sur la gravité du pronostic; celui-ci varie nécessairement avec le degré
d'in^portance fonctionnelle de l'organe lésé. Les altérations de l'encéphale, des pou-
mons, du foie ou des reins sont toujours à redouter. Mais, de plus, l'alcoolisme
place les individus qui en sont affectés dans des conditions telles, qu'il suiBt souvent
de la moindre affection pour développer chez eux des accidents qui mettent la vie
e» danger.
Une plaie, une fractuie, une contusion même légère, sont pour l'ivrogne des
affections souvent sérieuses; un embarras gastrique, une variole discrète, une
fièvre typhoïde de moyenne intensité, un rhumatisme, une pneumonie et beni-
coiip de maladies qui dans d'autres circonstances seraient sans danger, affectent
ici un cachet de malignité toute particulière si elles ne font naître des manifis-
tittions alcooliques restées Jusque-là pour ainsi dire à l'état latent, en sorte que
l'individu chroniquement alcoolisé se trouve dans les conditions les phis désavan-
tageuses pour supporter une maladie, quelque légère qu'elle soit.
L'âge avancé et les professions sédentaires sont des conditions peu favorable»
pour supporter les excès de boissons alcooliques; l'une et l'autre prédisposent
aux lésions matérielles et principlement à la dégénérescence graisseuse, si fré-
qu^'ittc dans l'alcoolisme.
La tendance de l'alcoolisme à produire la dégénéi'ation des tissus élémentaires
est incontestablement une cause d'abréviation de la vie. Des statistiques Ciitcs en
Angleterre et dans les Indes semblent prouver d'une façon péreroptoire que b
quaulilé de vie est moindre chez les individus qui s'adonnent aux excès de boisBons
spiritueuses (Garpenter, 84). Des résultats analogues sont fournis par des stali>-
ti(}ties comparatives faites dans plusieurs provinces de la Suède, où la consoouni-
tioii de la quantité d'alcool est variable suivant les contrées (Moiel, Hagnus Duss^
Ainsi on a calculé que dans le Siideiînanland, province connue par ses c\cès, k
chifre des décès, dans une année, était de i/i9 individus, tandis que dans k
Tanitland, autre province renommée pour la sobriété de ses liabitants, la morUliié
moyenne est de une personne sur quatre-vingts. L'alcoolisme est de plus une ma-
ladie grave par les dangers qu'il ftiit courir à la société, puisqu'il ocrasioow df
ALCOOLISUE (patholocib). 681
Dttnbreuses tentatives de meurtre, de suicide, etc. ; il Test encore par son influence
pernicieuse sur les races {voff. DiGéniHESCEtiCB, Moutalité).
ÛÊioêagÊc, L'abus longtemps continué des boissons alcooliques est la grandtî
et rnnii|ue cause de Timportante maladie qui nous occupe ; mais cette cause ne se
présente jamais dans un élat de par&ite simplicité, des influences nombreuses et
variées viennent la modifier dans son action, en atténuent ou en augmentent les
effets : influences du liquide, des temps, des li.ux, de l'âge, du sexe, des mala-
dies, etc., ou Influences hygiéniques, influences pkyeiologiques^ influences
pathologiques,
A. IÂfldekces hygiéniques, a. Nature du liquide. Sous ce titre vient se
placer la cause réelle ou efficiente de lalcoolisme, c'est-à-dire l'usage immodéré
des baisâons spiritueuses. Ces boissons, obtenues les unes par la fermentation, les
autres par la fermentation et la distillation, et qui ont toutes pour caractère fonda-
mental de contenir de l'alcool en plus ou moins grande quantité, sont le vin, le
cidre, la bière, l'eau-de-vie, le rhum, le tafia, le whisky, l'arack (fabriqué avec le
riz fei mente, additionné de cachou), les liqueurs d'absinthe, de genièvre, etc.
Toutes ces boissons île contribuent pas dans une égale proportion à la pro-
duction de la maladie; mais, en général, il est possible d'évaluer leur
de^ré de nocuité par l'état de concentration de l'alcool. 11 serait toutefois peu con-
forme à l'observation de vouloir leur attribuer des eflets toujours identiqi^es.
M. le professeur Trousseau (Dict, en 30 vol.) reconnaît au vin de Champagne, à
ceux du Rhin, à l'eau-de-vie de grains et de pommes de terre des propriété spé-
ciales, fl L'ivresse du vin, dit M. Bouchardat (p. 233), exerce des modifications
moins promptes et moins profondes sur les appareils de l'innervation et de la
digestion que l'ivresse de l'eau-de-vie ; ta mort est aussi moins rapide que par l'abus
des liqueurs fortes. » Zimmermann, en parlant des vins acides qu'on récolte le long
de l'Aar, de la Reuss et de la Limât, assure qu'ils engendrent la podagre, tandis
qu'il a trouvé la gravelle et la pierre assez rares dans ces mêmes contrées pour se
croire autorisé à douter que les vins acides engendrent jamais l'affection calculeuse
(Roesch, p. 274). Uy aà dire sur ce point, que la bière est plus puissante
que le vin.
Le cidre agit un peu à la manière des vins mousseux, et porte son action sur le
système nerveux ; mais, de plus, il occasionne des maladies du tube digestif, telles
qu'indigestions, diarrhées, gastralgies, et parfois il conduite la glycosurie. La bière,
fortement alcoolisée, peut produire les mêmes eflets que le vin ; Tivressc qu'elle
détermine est généralement plus dangereuse. Cette boisson conduit à Tobésité et à
la diminution des forces vives de l'économie, llqgarth a parfaitement saisi, dans
ses caricatures intitulées : Gin-Lame and Ale-Alley, les différences qui existent
entre les buveurs de bière et les buveurs d'eau-de-vie. L'ivrogne de bière est gras,
comme on représente John Bull ; l'ivrogne d'eau-de-vie est maigre, furieux, dés-
espéré.
La bière, pour le professeur Boucliardat, est une cause prédisposante à la glyco-
surie; suivant M. Tardieu, elle peut donner lieu à de la diarrhée ou à des écoule-
ments uréthraux. Au rapport de HM..Rufz et de Huppé, le tafia produirait, chez les
TÎLMix buveurs, un état d'hébétude caractéristique, une ivresse lourde, triste, que-
rcilifuae, insolente et méchante. Aux eaux-de-vie surtout se rattachent les divers
aiddents de l'alcoolisme. Ces accidents diffèrent-ils selon la qualité et l'origine du
prmhiit? Il est permis de le supposer.
682 ALCOOLISME (pathologie).
On a dit que les liqueurs contenant de ralcool amjUque ou butyrique éUient dei
plus dangereuses ; cette croyance ne s'accorde pas toutefois avec les expéheooe$
de Daisthrôm et de Hagnus lluss. Ces observateurs ont administré, pendant plusieurs
semaines, à des animaux, Thuile empyreumatique de Teau-d^vie de pommer
de terre, accusée de produire des accidents sérieux, et ils n*oat obienu d'au-
tres eiïets qu'une soif plus grande avec constriction du gosier; à une dose un
peu élevée, un dégoât profond, des étourdissements et luie légère «ItératioD de
la vue (Magnus Huss, ioc. cit.). Il faut remarquer que cotte huile empyren
matique ne s'élève pas beaucoup au-dessus de â ou 3 centigrammes pour douieoD
quinze petits verres d'eau-de-vie. Nous devons dire néanmoins que, d'après des ex-
|)ériences nouvelles, Talcool amylique pur exercerait sur l'organisnie, à doses égales
et en prenant pour terme de comparaison le sommeil de l'ivresse, une aotioo dix i
quinze fois plus marquée que celle de l'alcool vinique^ De faibles doses loDgterapi
prolongées amèneraient, chez les animaux, le marasme avec diverses lésions du
poumons, du foie et des reins (Gros, thèse de Strasbourg: De Vaetùm de l'alcool
amylique, 486^). L*eau-de-vie de pommes de terre, en tout cas, détermine une
ivresse particulière que caractérise fort bien l'épithète abruUsoante.
Certaines liqueurs avec essences, telles que l'absinthe, la chartreuse, trt»4if4-
tées aujourd'hui, ont, suivant quelques auteurs, des effets différents de ceux qiie
produit l'alcool (Motet, Figuier, Champouillon, Legrand du Saulle). Ce serait un
tort cependant d'admettre pour ces liqueurs un empoisonnement spécial, car les
effets dominants sont toujours ceux de l'alcool. Sans vouloir soutenir avec M. Ho*
reau que Tabsinthe, à dose égale, n'est pas plus nuisible que toute autre liqueur
au même degré de concentration alcoolique, il y a lieu de penser que les huiles ou
essences contenues dans les alcools accroissent tout au plus les propriétés excitantes
de ces agents et modifient fort peu leurs expressions symptomatiques et leur pro-
nostic. A cet égard, nous adoptons de tous points la manière de voir de M. Michel
Lévy {Traité d'hygiène^ t. Il, p. 70, 1862) : « L'action particulière des boissons
alcooliques est en rapport avec la nature et la proportion des matières autres que
l'alcool qui se rencontrent dans chaque boisson ; plus faibles et plus fugitives, dk>
s'ajoutent aux effets de l'alcool, sans jamais les dominer. »
Il y aurait encore à se demander si les différentes espèces de boissons ^rituevs»
n'ont pas de tendance à localiser leur action plus spécialement sur tel on td
organe; mais nous manquons de données rigoureuses pour répondre à cette qoes^
lion. Cependant il parait résulter d'un certain nombre de faits, que l'abiîntbe el
l^eau-dc'vie agissent plus spécialement sur le système nerveux, tandis que la bière,
le cidre et le vin exercent particulièrement leur action sur les appareils digestil
el urinaire. Le moment du jour où sont prises les boissons alcooliques est loin
d'être indifférent. Il est démontré, eu effet, que l'eau-de-vie prise le matio, i
jeun, a des effets plus directs sur l'estomac et uno action plus prompte sur Ter
ganisme.
La détermination de la quantité de boisson nécessaire à chaque individu pour
amener chez lui les manifestations de l'alcoolisme chronique est toujours chotf
délicate ; il n'est pas moins difOcile d'assigner une limite à l'espace de temps qv
s'écoule depuis les premiers excès jusqu'à l'apparition des premiers accidents. U
existe sous tous ces rapports dos différences notables tenant à la qualité des Um>-
son», à la profession, au climat, à la nice, à l'état constitutionnel des buveurs (H
h une foule d'autres circonstances. Tout le monde sait qu'on supporte pfais ou
moins les spiritueux, et que l'ivresse n*est pas également prompte chri Ums \fi
▲LCOaUSUE (PATnoLOGu). 683
individoB. D*im «aire «âlé, on voit des personnes qui abusent impunément de ces
liqueurs pendant ttuie leur vie. Cette résistance est fort rare ; aussi ne prouve*
i-elle rien contre les elTet^ pernicieux de Talcool. Nous rappellerons que lessynip*
tomes de lalcoolisme se montrent quelquefois longtemps après Li cessation com-
plète des excès. Ce fait, déjà observé par le docteur Harcet, H. Leroy de Méricoiirt
nous a dit Tavoir constaté au bagne de Brest, et nous-méme Tavons plusieurs fois
vérifié. A un certain moment de Tintoiication alcoolique,. les manifestations con-
tinuent forcément leur évolution. Ainsi se manifeste un certain degré d'analogie
entre Falcoolisme et les intoxications paludéenne, plombique et aulres maladies dans
lesquelles on voit les accidents apparaître longtemps après la cessation de la cause,
souvent même persister jusqu'à la mort {vay. Auiool).
b. Topographie. Les boissons fermentées, avec des noms différents, sont connues
et goûtées de la plupart des habitants du globe. Presque tous les peuples en usent,
mais tous n*en abusent pas au môme degié. On peut dire que généralement Tusage
de ces liqueurs va en progression croissante des régions équatoriales vers les con-
trées froides : c*est dans les climats tempérés qu'elles font le moins de victimes.
U existe dans les contrées froides une appétence toute partiailière pour les
liqueurs fortes, que le besoin d*excitaots et le manque de vin dans ces régions
paraiaseut expliquer suffisamment. L'action nuisible de ces liqueurs y est aussi rela-
tivement moins grande que partout ailleurs, en raison sans doute des exercices plus
violents et delà plus grande énergie de l'acte respiratoire. L'expérience a cependant
prouvé que ces boissons donnent peu de résistance au froid (Carpenter, p. 1 42) . Dans
la campagne de Russie, en i 81 i , personne ne résistait moins aux rigueurs de la sai-
son que le^ soldats qui prenaient des lûpieurs fortes; ils succombaient dans les neiges,
en proie à une ivresse comateuse. M. le professeur Tardieu a vu mi grand nombre
d'exemples d'individus qui, en biver, sortant des cabarets en état d'ivresse, suo-
comboieot inopinément, à peu de distance, aux mêmes accidents que ceux des sot-
()at5 de Moscou (Racle, Thèse, p. 24). L'expérience a appris également aux religieux
du mont Saint^Beniard que l'alcool est la cause la plus fréquente de la mort des
voyageurs, au milieu des neiges. Une bonne alimentation composée principalement
de substances grasses, tJel est le meilleur moyen que possède l'homme pour se dé-
fendre du froid. Ainsi, s*il n'est pas possible de refuser toute utilité aux boissons
alcooliques, on peut du moins assurer que jamais ces liqueu» ne sont absolument
néceÂSuires, même dans les régions boréales.
La Suède est un des pays où l'alcool exerce les plus grands ravages, la fabrica-
tion de Teau-de-vie dans ce royaume ayant été constamment progressive depuis le
règne de Gustave il[,qui, pour aooroitre les ressources fiscales, s'empara du mono-
pole de la fabrication des eaux-de-vie. L'abus de Talcool y était tel en 1785, que
Dakihrôm, frappé des funestes effets de cet agent, faisait déjà un appel énergique
à ses concitoyens pour les éclairer sur les conséquences d'un pareil rice. En 1786,
la consommation de l'eau-de-vie était de 5,400,000 kannor (la kanna vaut 2 litres
enTiron);enl851,elleétaitde22,000,000kannor (Royer-€ollard,p.55). En 1837,
pour une population de 3,000,000 d'habitants , on comptait 170,000 distilleries,
produisant annuellement oentquatre-vingts milliers de quarters (le quarter en Suèdt*
vaut 0,32717 litres), en soi le que la part de chaque luibitanl s'élèverait, terme
moyen, à M qaariets (Zeitung des Vereins fur Heilkunde^ 1857,n*31,etRoesch,
\K 279). Depuis cette époque le mal a pris une extension considérable. Il se
fabrique annuellement en Suède (Magnus Huss , Veber die endemisdien Kranh-
heiten Sdiwedens, traduit du suédois par Gerhard van den Busch, cité par Morel,
C84 ÂLCOOLISUE (patbologii.)
p. 569), d'après les chiiïres les pins modérés, près de 300 millions de litres d*eao-
de-vio. 11 est prouvé que la presque totalité est consommée dans le pays même,
de sorte qu'en évitant de compter les femmes, les enfants et les personnes qui peu-
leur position ne se livrent pas à la boisson, on trouve que chaque habitani hit
usage de 80 à 100 lilres d'eau-de-vie par an.
En Angleterre, jusqu'en 1751 , d'après l'historien Smollett, l'intempérance éuit
}K)rtée à un tel point, que les débitants mettaient sur leur enseigne que pour la mo-
dique somme d'un penny (2 sous) on pouvait s'enivrer , pour A sous devenir mort-
ivre et avoir, par-dessus le marché, de la paille pour dormir jusqu'au retour I
Tétat normal. Pojur donner une idée de la consonunation d'alcool qui se fait au-
jourd'hui dans ce pays, nous empruntons à la Revue médicale (15 jaillet et
15 août 1863) le document suivant. « Il résulte, dit ce recueil, d'un relevé qui
vient d'être présenté au parlement britannique, que les distilleries de l'Ecosse ont
fabriqué dans le cours de l'année dernière 596,065 liectolitres d'alcool, soit phis
de 52 pour 100 de la production totale du Royaume-Uni, évaluée à 1 ,154,861 bec-
tolîtres. La quantité de spiritueux consommée comme boisson en Ecosse, en 1863,
s'est élevée à 200,012 hectolitres. 41 a été perçu des droits sur 281,534 hecto-
litres qui ont rendu 77,566,975 francs au trésor. r/)mparativement à l'exeiricv
précédent, la production s'est accrue d'une manière assez sensible, tandis qut»
Tcxportation a légèrement fléchi... Dans l'année unissant à la Saint-Michel 1862,
94,908 personnes furent citées en justice pour cause d'ivresse, et 63,255 reon-
nues coupables; 7,000 environ furent condamnées à l'emprisonnement. C est une
grande augmentation sur l'année précédente, durant laquelle 82,176 personnes
seulement furent accusées d'ivrognerie et 54,125 reconnues coupables. P»rmi
le nombre total des prévenus, l'année dernière, étaient 22,560 femmes , et pla$
de 10,000 furent condamnées. Les recherches du coroner pour Tannée 1862 ont
prouvé 211 verdicts de mort pour ivrognerie; 145 hommes et 66 femmes ont
ainsi terminé leurs jours. »
Des statistiques bien établies prouvent que le nombre des personnes qui socGom-
bent chaque année aux ravages de l'alcool s*élève en Angleterre à 50,000, et en
Russie à 10,000 (Union méd,^ p. 585, t. II, 1861, extrait de la Science pour
tous). Ajoutons que les malheureux habitants de la Pologne sont aussi tràs-wlon-
nés aux liqueurs spiritueuses; mais dans cette contrée, comme en Irlande, il nous
semble qu'à l'influence du climat il faut joindre la misère, les |Hrivalions et sur-
tout l'état d'asservissement dans lequel se trouve plongée la population.
Eu Russie, la consommation de l'alcool est énorme et malheureusement elle pa-
rait encouragée par les fermiers de l'impôt : aussi est-ce une des réformes les pin»
importantes à apporter dans le système fiscal de ce grand empire. Schloier prétendait
(Dict, des Sciences médic, art. Ivressk, p. 268), en 1764, que Saiut-Pétersboar]?
perdait annuellement 655 individus par l'eau-de-vie. Depuis cette époque Tabus et
celle funeste liqueur a progressé et s'est répandu dans les campagnes. Notre exoel-
lejit ami, le vicomte de Finie, qui, il y a un an, visita une grande partie de la
Russie, nous racontait dernièrement que rien n'était plus fréquent que de voir,
dans les villes et dans les campagnes, les paysans russes dans un état d'ivresse le
plus souvent abrutissante.
Berlin comptait eu 1822, au rapport dcRoesch, 1520 déhiUnts d'eau-de-vie; la
slatistique de Casper y signale 6540 maisons de ce genre, c'est-à-dire le quart des
habitations. La population alors de 199,285 habitants (Tardieu, Dict. dkfg.^î'ééii,
t. 1, p. 49) . Dans la Hesse supérieure, le vice de l'ivrognerie est aussi très-répandu.
ALCOOLISMIl (PATMOLOGfB). 6s5
Nons savons, dit Roesch, que depuis peu de temps la consommntion de l'eau-de-
vie a tellement augmenté dans la Hesse supérieure, que non-seulement un grand
nombre de familles, mais même des communes entières, sont menacées d une dé-
moralisation ccmiplète, si le même état de choses* persiste. Le docteur Lebniai ni
(Veber die Folgen des Missbrauchs der geUtigen Getrànke und uber die geeig-
neten MiUeU diesemu steuetti, Berne, i837, p. il) dit, en parlant de Berne :
i Le goût de Teau-de-vie s*est surtout répandu dans nos contrées depuis les ninu-
vaises années qui ont élevé le vin à un prix où il est resté ensuite, cause à lai^uellc
il faut joindre Tinfluence des hommes rentrés du service étranger, notamment on
Russie et en Hollande, d'où ils ont rapporté le goût des liqueurs iortes, et celle
des nombreux oumers répandus dans le pays... Si la passion de Teau-de-vie,
ajoute-t-il, n* était pas rare au quinzième siècle, du moins n'existait-elle pas génr-
ralement chez nousoùles villageois vivaient avec simplicité et tempérance (p. 12). »
Dans une petite ville de 1900 âmes environ, h Kislegg, on compte 26 distilleries
d'eau-de-vie de pommes de terre, et beaucoup de personnes en boivent quatre
choppen par jour {Mediz. Correspondenthlattdes Wûrtemb. aei^tlichen Vereins,
tome VII, n<» 10, Rocsch, p. 282).
Nous manquons de renseignements authentiques en ce qui concerne rAutriche,
la Hongrie et les principautés moldaves. Les victimes de Talcool n'y sont cepen-
dant pas très-rares, malgré la récolte alK)ndantc des vins.
La France mérite, à juste titre, d'attirer tout particulièrement notre attention,
car si la philanthropie nous conduit h regretter de voir se développer chez la plu-
part des peuples l'abus progressif des boissons alcooliques, le sentiment patrioti-
que nous alarme quelquefois sur le sort d'une partie de nos concitoyens ; nous
avons le regret de constater que plusieurs de nos provinces sont actuellement
décimées par le fléau de l'alcoolisme, dont les eifets funestes agissent à l'égal
de ces épidémies qu'une hygiène convenable parvient chaque jour i déracine; .
D'après un tableau emprunté à M. Boudin (Géog, statist. méd.j t. I, p. 27,
Paris, 1857), la consommation de Teau-dc-vie est représentée en France de la façon
suivante :
.4nnée 1728 368,857 hectolitres.
— 1828 906,357 —
— 1840 1,088,302 —
La consommation annuelle de 1842 à 1846 inclusivement a été en moyenne de
1,475,000 hectolitres; les relevés d'un grand nombre d'octrois indiquent que, de-
puis lors, la progression s'est accrue. Cette consommation est loin d'être également
r^rtic dans chaque département. On peut dire qu'en général les excès alcooli-
ques sont plus fréquents dans la zone du nord que dans celle du midi ; la Seine-
Inférieure, le Calvados, la Manche, le Pas-de-Calais, les Cdtes<lu-Nord, le Finistère,
la Meurthe, les Vosges, sont les départements où l'alcoolisme para!t-ètre le plus ré-
pandu. Une statistique que nous trouvons dans l'excellente thèse de H. le docteur
Mottet, relativement à la folie survenant à la suite d'excès de boissons, vient
confirmer les renseignements que nous avons recueillis à ce sujet.
Le département des Vosges, qui ne figure pas dans celte statistique, n'est cepen-
dant pas exempt du fléau. Dans certaines parties de ce département, les hommes,
les femmes, les enfants se livrent au même vice; tous les sexes et tous les
âges, dit M. le docteur Danis (Morel, loc. cit,, p. 373), sont également adonnés
au déplorable abus des liqueurs spiritueuses. La petite fille et le petit garçon bol-
6M ALCOOLISME (pathologie).
vent presque contiiuiellemont de l*eau-de-vie ; ils conserrent plus lard cette triste
habitude; aussi la consomination d*eau-de-vie qui se fait dam œs montagnes est-
elle énorme... « Dans ces lieux, je ne connais pas de causes plus fréquentes d'i-
diotisme et d'imbécillité, car, ai général, les habitations sont saines et la qualilé
des eaux excellente. »
On peut dire que l'ivrognerie est le vice dominant de la Bretagne et partiniii^
remenl des ouvriers de nos ports, m'écrivait demiàrement le docteur Thomeuf , de
Lorient. Ces derniers boivent généralement de Teau-de-vie, surtout dans le Fmislàie;
les paysans au contraire Iwivent du cidre, qui ne produit pas autant de désordres.
L'abus des boissons alcooliques, m'écrivait aussi M. le professeur Leudet, esctrès-ré-
pandu dans la ville de Rouen et dans toute la Normandie. Le mal augmenle-t-A
chaque jour? Je le crois, et cela parce que la consommation de lalooDl suit une
progression constante, comme le démontrent les relevés de Toctroi de la ville. Il sv"
débote aRouen,ditM. Jules Simon (LOuvriêre, Paris, 1861, p. 7S0),dansrespace
d'une année, cinq millions de litres d'eau-de-vie, outre le cidre, le vin et la bière. A
Amiens, ajoute le même auteur, il se consomme 80,000 petits verres d'eau-de*vie
par jour. On a calculé que c'était une valeur de 4000 francs représentant 5500 kilos
de viande, ou 12,121 kilos de pain.
Les recherches statistiques sur la ^ille de Paris, pour 1821, 1832, indiquent
qu'il existait alors dans cette ville un débit de liqueur pour neuf maisons. Be*
noiston, de Châteauneuf, a montré que la consommation en ean-de-vie v va crois-
sant d'année en année. Lescliiflres suivants, que nous empruntons â l'important
ouvrage de M. Armand Husson (Camammaiimi de la ville de Parts), font con-
naître la quantité moyenne de liquides spiritueux consonunés dans cette capitalf
pendant une longue suite d'années :
De 1825 à 1830 69,071 heclol. d'alcool pur à 45*.
De 1851 à 1835 72.315 —
De 1836 à 1840. ...... 91,538 —
De 1841 ft 1845 110,16!2 —
De 1840 à 1850 116,200 —
De 1851 à 185fc 150,047 —
Ce qui donne comme consommation moyenne pour chaque habitant :
De 1825 à 1830 8>,9A par an 0,024 par jour.
De 1831 & 1835 8,7i — 0,023 —
De 1836 à 1840 10, 15 — 0,021 —
De 1841 & 1»45. 11. 14 — 0.031 —
De 1846 à 1850 11,05 - 0.050 —
De 1851 & 1854 14,25 — 0.039 —
liCS chiffres officiels de l'octroi de Paris témoignent que depuis cette épeque la
consommation a toi^jours été progressive. Savoir quelle est la fréquence rehlive-
ment croissante des maladies et des décès qui doivent résulter de cette énonn^
consommation, est un [loint difficile à éclaircir aujourd'hui, même dans nos Mpi-
taux, où les affections alcooliques sont désignées par le nom générique de la lésise
qui en est la principale expression. Il résulte toutefois de nos reeherclies que Tal-
cooUsmo chronique doit être regardé comme une cause fréquente de mort, pvisqut*
nous avons pu recueillir depuis l'année 1858, dans les hôpitaux auxquels nmv
avons été attaché, plus de cent observatbns avec autopsie, où la mort par Tabès
des alcooliques ne paraît nullement douteuse. Les détaîbqui précèdent etquefloos
voudrions voir plus nomlireux et plus rigoureux, nous permettent néamnoim de
ALCOOLISME (fatuologie). 687
conclure que l'abus des alcooliques est très-répandu dans certaines contrées de la
France et qu'il eierce parmi nous des ravages auxquels il serait indispensable de
remédier.
L'Italie, la Grèce et surtout l'Espagne ont moins à déplorer les suites graves des
excès alcooliques. Demîèremenl il s'est pourtant établi à Turin une société de
tempérance qui semblerait indiquer un cei*taîn degré d'intempérance dans le nord
de ritalie. Les Espagnols ont une aversion profonde pour l'ivrognerie.
Quoique l'usage du bascbich et de l'opium soit la passion dominante des peu-»
pies de l'Asie, l'alcoolisme ne règne pas moins dans ces contrées, et trop souvent en-
core on a oocasioa de constater les ravages qu'il y exerce. Le savant missionnaire
Hoc parle de l'ivrognerie comme d'un vice très-répandu en Chine (V Empire thif
noUy t. II, chap. IX). Mais M. Libermann est porté â croire qu'il y a de l'exagération
dans cette affinnaiion (Iss fumeurs £ opium en Chine , Paris i862, p. 16).
Dans l'Inde, au rapport de M. Warren, le peuple n'ouMie que trop souvent sa
misère pour se livrer avec excès à l'usage du vin de palmier et à la liqueur enivrante
de l'opium (Morel, p. 385) . C'est dans Tannée anglaise que Falcool amène le plus de
désordres ; il fut un temps où cettearmée était tellenient déciméepar les alcooliques,
que les oHiciers généraux se j^aignirent des prescriptions qui faisaient entrer ré*
Mlementairament la distribution d'alcool dans le régime alimentaire des troupes,
et qu'il s'ensuivit un décret qui substitua à la ration de vin une somme équivsr
lente en argent sous la dénomination de liquor money. L'exécution de ce décret
eut les meilleurs rétaltats (Marshall, Observations on the Abuse of Spirituou»
Uquars by the European Troops in India; in Edinhurg Med. and. Surg. Joum, ,
t. XLI, p. 19, 1834).
L'Afrique n'est pas exempte du mal qui nous occupe, et, chose triste à dire, ce
mal s'est principalement accru depuis notre domination, sinon dans la race arabe,
du moins ches les Européens. On est étonné, en eflet, de voir l'extension donnée
«urtout à Tusage de l'absinthe. Nos soldats sont les victimes de l'abus de cette li-
queur qui, par ses pernicieux effets, rivalise avec le miasme paludéen. Dans le
centre de l'Afrique, phisieurs peuplades font usage de boissons fermentées. u Les
nègres idolâtres, dit Mungo-Park {Travels in Africa, .Édinb. 1842 , n. 257 ),
boivent de la bière et de rhydromd, souvent avec excès, tandis que les nègres
mahométans ne boivent que de l'eau. » Refoulés dans les contrées qu'arrose le fleuve
Orange, les Hottentots, d'une iaible constitution, achèvent de d^nérer dans l'a*
bus effréné de l'alcool et du brandy qui est l'opium du Cap. L'alcoolisme fait chex
eux des ravages au-dessus de toute expression, et, au dire de médecins observa-
teurs, on peut calculer à un avenir peu éloigné l'extinction complète de la race hot-
lentote (B. de laSœ. d* anthropologie, 1862, t. III, p. 555).
Dans certaines villes d'Egypte, mais surtout à Alexandrie et au Caire, l'abus des
spiritueux eët assez commun, du moins parmi les Européens ; les Orientaux se
livrent peu an vice de l'ivrogiierie, mais par contre ils s'adonnent à l'opium et au
haschîch.
La quantité de liqueurs spiritueuses consommées aux États-Unis d'Am^qne a
toujours été en augmentant jusqu'en 1828, époque où a oonmiencé la réforme de
rinlempéfanee. Il a été estimé que dans cette même année la consommation an-
nueUe était de 275,607,4741itres,mais d'autres calculs l'ont portée à 527,128,068
litres La population des Ëtats-Onis était alors d'environ 12,000,006 d'ha*
bitants, ce qui, en adoptant la dernière évaluation, donnerait 27 Ktres par individu.
Cette proportion augmente beaucoup si on retranche de ce nombre les femmes et
688 ALCOOLISME (iatbolocib).
les eniànls. Aussi est-il prouTÔ qu*il y avait à celle époqae, aux Élatf4Jnis, plus àf
300,000 ivrognes et que le nombre de ceux qui chaque année périssaieni Tidimes
des boissons spiritutuses s élevait à plus de 50,000 (R. Baird, p. 7). lUn iMÎ,
le docteur Samuel Forry comptait (The American Jaam. ofMed, Sdenc,, tH42,
avril et juillet) dans l'armée des États du Nord, i 370 cas d'ivrognerie, dont 5 s*éiaieiit
termina parla mort, et dans celle des Etats du Sud 2616, dont 58 avaient présenté
une terminaison funeste. Sur ces chiffres, noua trouvons le deUrium tremen* in-
diqué dans 408 cas.
Relativement au Mexique nous ne pouvons mieux faire que de rapporter k ctim-
munication suivante de Tabhé Brasseur de Bourboui^ à la Société d'anthropoloiâe
(Séance du 5 juin 1862, p. 248) : « La passion des liqueurs apritaenses est com-
mune aux Indiens de toute l'Amérique, et non moins peut-étro aux Européens de
TÂmérique du Nord. Les indigènes en fabriquaient et en fabriquent encore d'après
des recettes fort anciennes ; quelques-unes de ces boissons sont fort agréables et fort
saines lorsqu'on n'en abuse point. Dans plusieurs anciens Etats civilisés de œs con-
trées, la loi condamnait à mort celui qui en abusait avant l'âge de soixante ans. Le»
Espagnols ont aboli cette loi. L'eau de feu (eau-de-vie d'Europe), si répandue chcs
les Indiens de l'Amérique du Nord, est peu connue des indigènes du Mexique ; l'eau
de canne à sucre fermentée, sorte de rhum, le pulqué extrait de Taloès, les diver-
ses espèces d'eau-dfr'vie d'aloès qui sont fort variées, les ckiea ou bières d*anana5«
de maïs, etc. , telles sont les boissons fcrmentées dont usent les Mexicains guatemal-
tè(]ues et autres quand ils veulent s'enivrer; ils n'ont pas besoin des Enropéev
pour cela, et si l'ivrognerie est si ccmimune aujourd'hui parmi eux, la lâalc ea
est presque toute aux gouvernements. Dans une partie du Mexique et dans lou$
les États de l'Amérique centrale, le gouvernement s'est attribué le monopole, non-
seulement des eaux-de-vie de canne et d'aloès, mais de la chica et du poiqih', àt
ces dernières boissons surtout au grand désespoir des indigènes. La ferme en <?st
louée à des fermiers appelés estanqueros^ qui fabriquent des liqueurs détestal4fs
et empoisonnent littéralement les Indiens; il a été é^li dans les moindres loca-
lités des eslancos ou débits; là vont s'enivrer des malheureux qu'on attire ptf
toutes sortes de moyens. On les persécute d'une manière effrayante quand ib Mh-
quent, suivant leurs coutumes antiques, un peu de chica chez eux, â roecama
d'une fête, et ce qu'il y a de plus affreux, c'est qu'après les avoir attirés dam le
piège, on les met en prison et on leur fait payer une amende, ou bien on le^o^
cupe aux travaux publics, s'ils ont le malheur de se coucher ivres dans k rue. Le
gonvemement de Guatemala est surtout coupable à cet égard. »
<f La passion pour les boissons enivrantes et la consécration de ces botseons aux
cérémonies religieuses est un fait constaté chez toutes les peuplades sauvages, je l'ai
retrouvé dans les annales de nos Antilles. Nos vieux historiens Dntertre, Lalat àt
Rochefort, donnent là^easusde longs détails. On voit que les Garalhes a eniviainft
tout autant que les Tahitiens avec le jus de la patate fermentée ; que plus laH, lor^
qu'ils connuront nos liqueurs alcooliques, ils s'en montrèrent très-àivid», d'oà k
nom de vins donné à leurs assemblées guerrières ou religieuses. » (Rnfir, M/.
delà Soc. d'anthr&ffologiey 1. 1, 1860, p. 471). Dans un article sur les r^tet
de la dégénérescence des races indigènes de l'Amérique et de l'Ooéanie, M. Oualn-
fages met Fabus de l'alcool à côté des épidémies et de la guerre, et M . Rnfz fttme^
avec le plus grand nombre des auteurs, que l'eau de fen ou eau-de^ a été Ir
principal agent de destruction des Indiens de l'Amérique (0uff . de U See, dV
thrcp.^ 1. 1, p. 276 et suiv.). «
ALGOOLISMIi; (pATiioLOfiis). 08U
U n'y a pas jusqu'aux fortunés habitants des îles de Focéaii Pacifique qui n'aient
contracté l'habitude des boissons fermentées, depuis l'envahissement de ces iles
par les Européens. Il est un fait qu'on ne peut cacher, c est que la domination de
la race conquérante chez les indigènes du nouveau monde s'est établie plus impi-
toyablement pai' la propagation de l'eau-de-vie que par la force des armes (Horel,
588). c De toutes les habitudes sociales que montrent chaque jour les Européens au
milieu des villes populeuses et imposantes de la Nouvelle-Galles du Sud, certaines
peuplades n'ont pris que des vices et un goût désordonné pour les liqueurs fortes. »
(Lesson, Voyage méd. autour du monde^ i829, p. 220).
D'après H. Cwsent, l'une des causes de la dépopulation de Tahiti est dans l'ivro-
gnerie, devenue générale depuis l'introduction des liqueurs alcooliques dans le pays.
Une autre cause proviendrait des maladies de la peau, produites par l'abus du kava,
l)oissou qui déteimine des désordres encore plus graves dans l'économie. « Autre-
fois, dit M. Cuzent (page 85 de son livre intitulé Tahiti), les Talii tiens ne connais-
saient qu'une seule boisson enivrante, qu'ils préparaient en mâchant la racine frai-
clied'Ava (piper methysticum) et en délayant ensuite dans l'eau ses tissus déchi-
rés et imprégnés de salive. Mais vers 1796, les Européens leur ayant appris à
faire fermenter les fruits du pays et à en obtenir des liqueurs alcooliques, ils se
prirent d'une passion effrénée pour la nouvelle et bruyante ivresse que produi-
saient ces liqueurs. Dès lors ils soumirent à la iermentation le jus des oranges, de
la pomme cythère, le jus de l'ananas et de beaucoup d'autres fruits. L'invention de
ces nouvelles liqueurs et l'importation de celles que nous produisons ont rendu
l'ivrognerie, déjà assez répandue par l'usage du kava, trës-conununechez les Tahi-
tiens ; de sporadique elle est devenue épidémique. »
Les détails statistiques dans lesquels nous venons d'entrer montrent, d'une fa-
çon malheureusement trop évidente, que l'abus des boissons alcooliques se ren-
contre sur tous les points du globe et diez la plupart des peuples. Ils prouvent,
en outre, que les nations sauvages comme les plus civilisées sont soumises au ter-
rible fléau de l'alcoolisme, l'une des plus grandes plaies de l'humanité. Toutes les
races ne possèdent cependant pas au même degré le goût des liqueurs spiritueuses.
A ce point de vue, les races germanique, anglaise, chinoise et nègre, sont réputées
pour avoir au plus haut degré la passion des alcooUques ; les habitudes d'intcmpé-
mnce persistent en général chez elles, quelle ({ue soit leur position topographicpic.
A Montevideo, eu 1846 et 1847, il y avait de troupes anglaises environ 1000 hom-
mes; de troupes françaises, de 1846 à 1852, 500 à 1600. La mortalité relative
comparée à celle des Français a été au moins triple chez les Anglais, et cette
énorme différence a été attribuée avec raison aux habitudes d'ivrognerie des sol-
dats et même des ofliciers anglais (Hartiu de Houssy, Bull, de la Soc. d'anikrop, ,
1. 1, 1860, p. 553). Les plus rudes buveui-s en Amérique sont les Allemands, les Ir-
landais et les Anglais. La race nègre se l'ait partout remarquer par sa passion |X)ur
les alcooUques. Nous ne croyons pas exagérer, nous disent MM. Uufz et de Luppé
(Mém, sur la maison d'aliénés de Sainl-Pierre'Martinique, Paris, 1856), en
estimant que le talia cause les trois quarts de la mortalité des noirs. Mungo-Park
et la plupart des hommes courageux qui ont visité l'Afrique, sont explicites sur ce
point; il paraîtrait même que l'ivresse a, diez les races airicaines, quelque diose
de bestial (Voy, à ce propos : docteur Ivan, De Paris en Chine).
c. Conditions partictdières. Aux influences ci-dessus indiquées s'ajoutent des
ciruonstauces extérieures et des dispositions moi'ales individuelles. Les cirtxHistaiices
exU'ricures compreimeiit : i" certaines professions qui ex|X)scut au feu et exigent un
DILT. £.%«:. 11. ^^
690 ALCOOLISME (iatiiolocie)
déploiemeul cousidérahle de forces, comme celles des forgerons, boulangera, de. Il
est vrai que les conditioos de ces individus leur permettent de supporter plus (bci-
lenicnt les excès alcooliques ; â® les travaux rudes du corps, au grand air, comme
ceux des maçons, charpentiers, cantonniers de route, souvent des journaliers ; 3* le
çeive de profession,par exemple celles de douaniers,marehand forain, jardinier, chif-
fonnier, etc.; 4® Texemple, la mauvaise compagnie, les conseils ou de tristes préju-
gés, une fausse honte, surtout parmi les ouvriers et les jeunes gens. Lippich rap-
porte a ce sujet qu*à Laybach il est passé eu proverbe chez le bas peuple qu'il faut
donner du vin aux enfants pour faciliter le travail de h dentition, dût h nikre ven-
dre pour cela jusqu*à sa dernière jupe; 5® la condition sociale, et malheureusement
il faut citer ici la pauvreté. « Une position telle qu*il faille se passer non-seulement
de tous les agréments de la vie, dit Roesch, mais encore, en travaillant beaucoup,
des choses les plus nécessaires, n'est pas la moins fréquente des causes d'ivrogne-
rie. Pour apaiser sa faim et se rendre propre à travailler, pour échaofler son mai-
gre corps couvert de haillons, pour se mettre à même d'oubKer pendant une heure
^ misère, le pauvre a recours à l'eau-dc-vie. Ce poison ne tarde pas à passer cfara
lui en habitude; il oublie bientôt sa famille et arrive graduellement à la phis pro-
fonde dégradation physique et morale. 11 ne faudrait pas croire cependant que ]e^
excès alcooliques soient rares dans la classe aisée; mais dans cette classe l'alcoo-
lisme revêt une physionomie un peu différente , les phénomènes cérébraux y sont
prédominants, ainsi que Tembonpoint produit tout à la (ois par l'usage des bois-
sons et de la bonne chère.
Parmi les causes morales propres à engendrer rintempérance, on doit placer
avant tout l'oisiveté. C*esl pour Roesch le principal motif qui conduit les militai-
res à se livrer à la boisson, et cette remarque n'est malheurausenient que tftop
applicable à notre armée. Le goût de la dissipation, la légèreté de caractère, les
causes tant excitantes que déprimantes sont encore aiitant de eiieonstanoeB qui fa-
vorisent le vice de l'ivrognerie. La colère, le dépit, les chagrins domestiques, la
jalousie, l'amour contrarié, poussent souvent au môme vice. L'homme qui abos<^
des boissons affaiblit son organisme, et, pour réparer ses forces, il recoort nn
excitants, dont l'eau-de-vie est le principal. C'est encore avec cette liqueur qu'il
essaye de relever son estomac mahde, et, par cet usage répété, il aggrave sa fon-
tion et se prépare les voies du tombeau tout en pensant le contraire. Là est le cer-
cle vicieux pour le buveur de profession.
B. IfiFLUENCEs PHYSIOLOGIQUES, a. AçB. EnÉcosse,rhabitudededoniier du whisk}
aux petits enfants est, au rapport de Blacnish, tout à fait préjudiciable. Ceux-ci
deviennent pâles, chagrins, maigres, sujets h des convulsions, à des trooMe^
fonctionnels de l'estomac ou de l'intestin, tels que vomissement ou diarrhée. U
docteur Hunter voulut expérimenter les effets des liqueurs fermcntées sur àni\
de ses enfants, qui jusque-là n'avaient pas usé de vin {Anatomy of Dmnkemfu,
p. 502). A l'un d'eux, âgé de cinq ans, il donna chaque jour un verre de aherr},
c\ l'autre, qui était presque du même âge, il donna une orange. An bout d unr
semaine, il y avait dans le pouls, les urines et les évacuations des deux enfrnts onr
différence notable. Le pouls du premier s'éleva, les urines se colorèrent, et le^
matières intestinales ne présentèrent plus la quantité habituelle de bile. Cl»ez
l'autre enfant, il ne s'était rien produit» Ces faits ne semblent-ils p«s démontrer
que dans le jeune âge les liqueurs spiritueuses sont plus nuisibles encore que dans
un âge plus avancé? Heureusement, Tusage immod^é des boissons fennenlées est
rare à cette époque de la vie. C'est à l'âge adulte que les boissons spiritueuses sontk'
ALCOOLISME {rATnoL«iii£). 691
oiieax supportées* A cet âge ausû s'obserreiit le plus grand nombre de cas d alcoo*
lisme. Les excès y sont plus nombreux et plus multipliés, probablement parce que
les boissons stimulantes font mieux sentir leur nécessité. On a plus rarement Toc-
casiou de rencontrer cette maladie dans la vieillesse, sans doute parce que ceux qui
s adonnent à rivrognerie ne parviennent jamais à un âge avancé. Les nombreux
malades qui ont passé sous nos yeux avaient, en général, de 25 à 60 ans. 139 cas
d'alcoolisme, observés par Magnus IIuss, donnent le résultat suivant : de 23 à
29 ans, 14 cas; de 30 à 39 ans» 44 cas; de 40 à 49 ans, 57 cas; de 50 à 57 ans,
23 cas; à 65 ans, 1 cas.
b. Sexe, Les femmto sont moins souvent que les homntes atteintes des acci-
dents de TalcooUsme. Sur 132 malades traités par M. IIuss, dans Tespace de
trois ans, il y avait 123 hommes et 16 femmes. Sur de-jf cents observations re-
cueillies par H. Horel, le nombre des femmes atteintes d'alcoolisme chronique
était de 13. Sur 170 cas de deUrivm iremens^ notre maître, Bf. Rayer, ne compte
que 7 femmes. A Copenhague, Bang a observé dix fois seulement cette même
aflèctiou chez la femme, sur un total de 456 cas ; Hœgfa-Guldberg ne Ta vue qu'mie
fois sur 173 cas, et Kiuger-Hausen, 1 sur 16 (Roesdi).
Nos observations nous portent à penser qu'il y a moins de disproportion cnti*c
la fréquence de Talcoolisme chez Thomme et chez la femme, et la différence
ci-dessus signalée nous parait tenir en partie 'à la diffîcullé plus grande d'ob-
tenir des aveux étiez cette dernière. En tout cas, la passion des liquems se
montre surtout chez les femmes jennes et adonnées au plaisir, ou bien encore à
l'époque de b ménopause. M. Bouchardat a constaté que souvent, à cet âge, un
goût prononcé pour les boissons, latent jusqu'alors, se révélait tout à coup. Le mé-
decin doit être en garde contre ce penchant, car à ce moment de la vie le système
nerveux, comme tous les autres, subit un ébranlement qui rend l'abus des alcoo-
liques d'autant plus nuisible. Royer-Collard dte l'exemple d'une dame qui, ayant
été toiqours sobre et d*une conduite régulière, éprouva à quarante-deux ans les
premières anomalies de la menstruation, et en même temps une passion violente
pour le vin et l'ean-de-vie. Plus tard, les menstrues ayant cessé, il y eut aversion
pour ces boissons, et cette femme reprit ses habitudes de sobriété. La grossesse
produit, dans certains cas, une perversion du goût analogue à celle qui se montre
sous l'influence du dérangement menstruel; elle fjeut également conduire les
femmes à un abus des spiritueux souvent passager, mais malheureusement aussi
parfois persévérant. Pendant la lactation, l'usage de ces liqueura est dangereux
!$inon pour la mère, du moins pour l'enfant, en produisant chez lui des déran-
gements des organes digestifs et des convulsions. 11 résulte des observations dit
docteur North (Prodkal Obaei'valions on the Convulsions of the Infants) que
des accidents de ce genre ont guéri par le changement de nouirice (Carpcnter,
p. 238).
c. HérédUé. Nous n'avons plus à discuter ici la question de l'hérédité de Tul-
coolisme : c'est mi point déjà éclaiixû et sur lequel nous avons suffisamment insisté.
Notre intention est de rechercher uniquement les conditions qui favorisent
ou qui déterminent la transmission de l'état pathologique. Cette ti-ansmission,
au rapport des auteurs, s'est rencontrée dans deux ciix^onstanccs, la fécondation
ayant été opérée par des individus ou bien en état d'ivresse (Demeaux, loc. cil,),
ou bien fra|qpés d'alcoolisme chronique (Morel, Contessc). Il n'est guère possible de
mettre en doute les fâcheux effets de l'ivresse sur le produit de la conception.
Déjà signalés par llippociate, ils ont été de nouveau et tout récenmient ohse^\é^.
69â ALCOOLISME (patuologii).
Cependant il esl, ralativement aux fails publics :\ ce sujet, uu point d*uiie gnmde
importance, qui, faute d'avoir été traité, doit nécessairement bisser de riocertitadr
dans Tesprit, c'est celui de savoir si, dans les cas cités, il y avait ou non, en dehon
de l'ivresse, un état d'intoxication chronique de l'individu. On conçoit, en effet,
que l'alcoolisme existant déjà, l'ivresse ne joue plus qu'un rôle secondaire dans la
transmission héréditaire, qui parait se rattacher bien plutôt à la modification pn>-
(onde de l'intoxication chronique. L'hérédité de l'alcoolisme chronique est dé>
montrée par de nombreux faits; mais alors, quel est le degré d'alténtùo
de l'organisme nécessaire à l'accomplissement de œ phénomène? quel est k signe
qui nous permet de reconnaître le moment où cette transmission doit exister?
Questions importantes, mais ardues, que nous nous contentons de poser, n'ayant
pas jusqu'ici les éléments nécessaires à leur solution.
Quoi qu'il en soit de ces problèmes, les buveurs sont loin de transmettre tou-
jours l'état morbide dont ils sont affectés. Dans certains cas, les descendants n'hé-
ritent plus du mal, mais seulement des tendances à le contracter. Rien n'est plus
commun, en effet, que de voir des fils de parents ivrognes s'adonner dès leur
jeune âge à des excès de boisson. Des observations nombreuses établissent oe lait
(Ifagnus Huss, Morel, Thoraeuf, p. 10, Contesse) que nous-méme avons eu l'occa-
sion de vérifier plusieurs fois. Esquirol rapporte que Gall vit dans une iamilk
russe le père et le grand-père devenir de bonne heure victimes de leur passion
pour l'ivresse, et le petit-fils manifester dès l'âge de cinq ans un goût extraordinaire
pour les liqueurs fortes. Suivant le docteur Hagnus Huss, les mauvaises habitudes
contractées dans ces circonstances seraient plutôt le résultat de l'exemirie que de
l'hérédité. Tout en admettant cette proposition, on ne peut cependant s'empêcher
de reconnaître que ces tendances, dans certains cas, ne sontque l'effet d'une mo-
dification organique héréditaire.
d. Tempéraments ; idiosyncrasies. La question du tempérament est ici d'autant
plus difficile à résoudre que Ttisage des spiritueux modilic puissamment cet état de
l'organisme. Dans le Nord, où l'alcoolisme est fréquent, c'est le tempérament
iymphatico-nerveux qui prédomine (Huss) ; chez nous, les individus sanguins,
avides de plaisirs, s'adonnent aussi plus facilement aux excès de boisaoos. Tout
le monde sait qu'il est des peronnes qui supportent mieux que d'autres l'alios
des boissons, mais sans qu'on en connaisse toujours la raison. J'observe depui»
nombre d'années déjà des buveurs de profession dont la santé ne s'est pas modi-
fiée notiiblement. 11 est à remarquer, enfin, que les liqueura spiritueuses
deviennent un besoin à mesure qu'on en fait usage, et des personnes sont
tombées malades, même sérieusement, |K)ur avoir cessé tout à coup un usa^'t
auquel elles s'étaient depuis longtpnips accoutumées. (Royer-Gollard, Th. cit.,
p. 45.)
C h'FLUKNCKs PATHOLOGIQUES. La teudaucc à user des liqueurs fortes se montre
dans le cours ou la convalescence de quelques maladies et des affections névro-
pathiques en particulier. Esquirol (Traité des maladies mentales. Fuis, 18S8,
t. H), l'un des premiers, fixa l'attention sur ce sujet, que le docteur Morel, de
Saint- Yon, a repris plus récemment {Traité des dégénérescences de F espèce hu-
maine, Paris, 1857, p. 10). Sur 200 malades oliservés par cet habile médecin,
55 devaient à un état maladif leur passion pour les boissons alcooliques. Sur
ce nombre la paralysie générale est incriminée 10 fois; les maladies organique»
du cœur, 3 fois; rhy[iochondrie, 6 fois; l'hystérie, 4 fois; h dartre, 1 lois, elc.
Trop souvent ces causes déterminent une propension irrésistible a l'abus des
ALGOOLISMIS (pathologir). 695
boissons spiritueuses. Effet direct ou d'un penchant vicieux mal comprimé o.i
J un état maladif, ce besoin impérieux d'user des aicoolicpies a été décrit pat
Hufeland sons le nom de dipsamanie, {V&y. ce mot.)
La plupart des maladies, sans constituer précisément des prédispositions à l'al-
coolisme, influent fréquemment sur ses caractères et sur sa marche, en réveillant
ou en faisant éclater des manifestations particulières le plus souvent très-graves. La«(
lésions traumatiques comme les affections internes sont également capables d'n-
mener ces accidents; une chute, un coup notamment sur la tête, une contusion,
si légère qu'elle soit, et à plus forte raison une fracture,8ont autant de circonstances
déterminantes de la manifestation alcoolique qui se montre sous forme de deli-
rium tremens. Une opération peut, par la même raison, donner lieu à cette com-
plication, et on conçoit toute l'importance pour le chirurgien de bien connaître
les habitudes du malade qu'il va opérer. Cet accident survenant à l'occasion d'un
traumatisme ne différerait pas, de l'avis de plusieurs auteurs, parmi lesquels nous
citerons Léveillé, du délire nerveux observé par Dupuytren, Albers de Brème, e!
avant eux par Lind. Cette manière de voir semble confirmée, en effet, et par
l'aveu même de Dupuytren, qui dit avoir observé ce délire sans qu'il existât
d'affection traumatique, et par les succès que ce chirurgien a su obtenir de l'em-
ploi des opiacés. Nous sommes, pour notre compte, tout disposé à admettre
qu'il y a dans la majorité des cas au moins identité de nature entre le délire ner-
veux et le délire alcoolique. Depuis l'année 1859, oi!^ j'ai été à même de suivre
dans le service de notre savant maître, H. le professeur Laugier, un assez grand
nombre de cas de ce genre, j'ai pu m'assurer, dans tous les cas de guérison, de la
réalité des excès alcooliques antérieurs, et lorsque la mort vint terminer l'accès, je
constatai ordinairement, en même temps que des désordres matériels encéphali-
ques, une altération graisseuse du foie, des modifications de la muqueuse stoma-
cale et la surcliarge graisseuse du cœur, lésions dont la coïncidence ne pouvait
laisser de doute sur l'existence d'une intoxication alcoolique.
Dans le domaine des maladies internes, il est possible d'établir que la plupart
des affections aiguës sont susceptibles de provoquer l'accident dont il s'agit. La
fièvre gastrique, les phlegmasies du poumon, lerhumatisme,sontpourIloesch(p. 74)
des causes occasionnelles du délire alcoolique. Stœber (thèse de Strasbourg, 1 824) n
souvent vu ce délire compliquer les érysipèles de la face. M. le professeur Grisolle,
dans son excellent Traité de ia pneumonie (2* éd., p. 574), regarde l'habitude
de l'iTrognerie comme une des causes qui provoquent le plus souvent le délire
dans le cours des inflammations pulmonaires. MM. Briquet {Arch. génér., 5" sé-
rie, t. VIII, p. 272) et Rayer (Bwtt. de VAcad. royale de méd.j Paris 1840, t. IV,
p. 464) ont fait des observations semblables; Schmidt (in Mittheilung ans dem
Gebiete der gesammten Heilkunde von einer med. chir. Gesellschaft Ham-
hurg*s, 1. 1, p. 1 , 120), ayant vu survenir lejmême accident principalement dans des
phlegmasies de poitrine, rapporte en outre que Chamsing a constaté six fois sur
sept l'association du delirium tremens et d'une affection thoracique. Sibergondi cite
d^ cas dans lesquels cette complication éclata à la suite de la scarlatini;, de trou-
bles des fonctions digestives, de phlegmasies pulmonaires, d'épilepsie, etc. (in
Joum. de Hufeland ^ mai 1835). Nos observations personnelles concordent de tous
points avec celles des auteurs précités ; les maladies aiguës dans le cours desquelles
nous avons eu l'occasion de voir apparaître et de suivre cet accident sont : la
pneumonie 8 fois, l'érysipèle 4 fois, le rhumatisme 5 fois, la pleurésie 3 fois, la
tuberculiaation pulmonaire 5 fois, la péricardite 2 fois, les lièvres typhoïde et gas-
G94 ALCOOLISME (PATn<»LO€iB).
Iriquc 6 fois, h variole 3 fois, la scarlatine 5 fois, la rougeoie 1 fins. Dans tous ces
cas, ce ne fiit jamais dès le début de la maladie que se manifesta le dâîre alooolt-
que, mais bien du cinquième au huitième jour et en général vers le septièoie oo
dans la période de convalescence. C'est là un point important à eonoaitre, car il
est d'une utilité pratique immense. 11 y a donc le plus grand avantage à s'asonr
que le délire en pareil cas est un ellbt de Talcoolisme et non une oonséquenee de
la maladie. Disons qu'à ce sujet de nombreuses erreurs ont été commises, qu*il
serait facile de dévoiler.
Sur 636 cas de delirium tremens relevés dans le duché de Nassau, par le doe-
teur J. B. V. Frank, ii7 fois le délire survint dans le cours d'une mabdie, aimi
qu'il suit : pneumonie 50, fractures compliquées 1 1 , pleurésie 7, grave Ueasure 5,
êpilepsie 4, érysipèle 4, catarrhe 3, rhumatisme 3, pleurodynie 5, variole 5;
60 fois la mort survint dans lacoès, 7 fois les malades se jetèrent par h fenêtre,
1S se suicidèrent. (Voy. Dcliriow tremens.)
Tliér«|«ati4ae. Un point que nous avons cherché à mettre en évidence dans
le cours de ce travail, et qui nous paraît ressortir clairement des considérations
dans lesquelles nous sommes entré, c'est que l'alcoolisme n'est pas seulement la
maladie d'un ou de plusieurs individus, mais un mal social qui progresse et s'ac^
croit. A la société donc autant qu'au médecin incombe ToÛigation d*y porter
remède.
Deux modes de traitement sont en présence; l'un prophylactique, donC l'ap»
plication appartient surtout aux hommes éminents qui ont en main les rênes d»
États; l'autre palliatif ou curatif, qu'il est du devoir du médecin de pratiquer aver
discernement.
a. Prophylaxie, Dès les temps les plus reculés, les législateurs et le» philan-
thropes se sont élevés contre l'abus des boissons spiritueuses. On trouve les mar-
ques de cette préoccupation salutaire chez les Jui&, les Grecs, les Romains, ks
Orientaux. A une époque plus rapprochée, on voit détendre de donner à boire et i
trinquer ; et depuis Charlemagne, il y eut en France {dusieurs édits rebtifc à h
répression de l'abus des boissons spiritueuses. En Allemagne» Maximilien I* publia
en 1500 un rescrit qui défendait les associations pour boire. Des ordonnanoes
analogues furent rendues par Charles V, Maximilien H et Rodolphe ; les codé-
siasliques reçurent l'ordre d'employer la prédication pour détoumor le penple
des excès de boisson. Des mesures semblables ont été prises dans l'éleclont
de Saxe, dans le margraviat de Brandebourg, et dans le duché de WinteB-
berg IWûrtembergische Landes-Ordnung, t. XGIX, p. 128). En 1583, b vntr
de Teau-de-vie fut défendue à Francfort-sur-le-Mein, parce que les barbiers
avaient remarqué qu'elle était une des causes de laccroiasenient de la mortalité.
En 1691, l'arrêt suivant a été rendu par le duc de Brunswick : c Étant de«a»
notoire que les gens du peuple emploient l'eau-de-vie, non plus comme médicanMitt
et pour faciliter la digestion, but proprement dit dans lequel elle a été inventée et
prescrite, mais comme boisson journalière, c'est-à-dire comme instrument elmojcB
d'intempérance, et que ceux qui s'adonnent à ce genre de vie meurtrier finisKat
par perdre leur santé, leur raison et leur fortune, il est ordonné, etc. a EHbv
autres articles, on trouve celui-ci : « S'enivrer d'eau«de-vie est déiendn sons da
peines sérieuses et irrémissibles » (Roescb, lac. cU,^ p. S91.)
En 1718, un édit spécial parut, en Prusse, contre les ivrognes. A Londies, le
nombre des naissances diminua tellement en 1736, que lautorité fit
ALGOOLISMB (pathologie). 605
sur cette cause de dépopulation, et qu'on crut devoir l'attribuer à l*abus de l'eau-
de-vie. Cette liqueur fut alors frappée de nouveaux impôts, et cette mesure amena
de bons effets, ainsi c|u'on put l'observer depuis 1758. (Frank, System einer
volUtândig. medicin. Polùeiy t. Vlll, p. 241.) Des lois sévères, mais trop impar-
faitement exécutées, Bont ainsi depuis longtemps établies, en vue de réprimer
rivrasaoy dans presque tous les pays, et en particulier en Suède, en Angleterre,
dans le Wurtemberg {vcy, Roescb, p. 194); à cet égard, les deux principales
roesuies ont consisté à infliger des peines sévères aux ivrognes et en même temps
à firapper d'un impôt considérable les boissons. Ces moyens, qui ont produit de
bons résultats, n'ont malheureusement pas toujours été suffisants pour empêcher
l'extension de l'ivrognerie.
Les progrès incessants de ce vice depuis la guerre de l'indépendance américaine
ont donné lieu aux États-Unis à l'établissement des sociétés dites de tempérance.
La première de ces sociétés, qui fut instituée à Boston en 1813, avait pour but de
faire cesser l'abus des liqueurs spiritueuses et les vices qui en sont la suite, tels
que le libertinage et le jeu; d'encourager par tous les moyens possibles la tempé-
rance et la morale publique (Baird, p. 14). Mais cette association, qui défendait
l'abus tout en permettant l'usage, ne produisit que des résultats peu marqués; au
commencement de 1826, plusieurs personnes influentes se réunirent à Boston pour
former une société qui s'imposa le devoir de renoncer complètement aux boissons
spiritueuses.. En 1828, on pouvait déjà supposer que 30 000 personnes s'étaient
engagées à s'abstenir entièrement de liqueurs fortes, et à la fin de 1829 il existait
plus de 1000 sociétés de tempérance, parmi lesquelles 11 sociétés d'État. La morta-
lité, qui depuis six ans avait été annuellement de 24 1/6 pour 100, terme moyen,
n'était plus, pour les deux dernières années, que de 1 7 1/2.
Le nombre des morts parmi les personnes âgées de moins de quarante ans, qui
en 1826 avait été de 15 pour 100, n'était plus en 1828 que de 9. Pendant le cours
de 1831, on essaya de bannir entièrement les liqueurs fortes de l'armée améri-
caine, d'après la demande qui en fut faite par un grand nombre d'officiers, et après
avoir reconnu que la plupart des désertions étaient dues à l'abus des boissons
alcooliques. L'année suivante, le secrétaire d'État au département de la marine
rendit une ordonnance d'après laquelle tout matelot à bord des vaisseaux de
guerre qui renoncerait à sa ration de grog, recevrait un dédommagement journa-
lier; cette mesure eut un succès extraordinaire. Vers la fin de la même année, le
ministre de la guerre ordonna que les troupes ne recevraient plus désormais de
b<MS6ons spiritueuses, ni d'équivalent en numéraire, mais des distributions de
sucre, de café et de riz. Dans le rapport de la Société américaine de tempérance
pour l'année 1833, il fut établi en principe que l'usage des liqueurs fortes est im-
moral et qu'il l'est également de fabriquer ou de vendre à autrui les mêmes li-
queurs (p. 103). L'année suivante, il se forma à Philadelphie, sous le titre d'Union
de la tempéranUy une association dont le but était de mettre les difiérentes so.
détés en harmonie les unes avec les autres. On se convainquit à cette époque que
les bâtiments dont l'équipage vivait d'après les principes de la tempérance accom-
plissaient leur voyage d'une manière plus rapide et plus heureuse que ceux qui s'é-
taient abstenus de cette règle. Pour juger des effets produits par ces sociétéson peut
lire k VIII* rapport de la Société de tempérance américaine (1 835), on y trouvera ce
qui suit : « Deux millions de personnes à peu près ont cessé tout usage des li-
queurs fortes; plus de 8000 sociétés de tempérance comptent 1 500000 mem-
bres : 4000 distilleries au moins ont été fermées et plus de 8000 marchands ont
cm ALCOOLISME (patbologib).
quitté le oomincrcG des spiritueux; plus de 12 000 capitaines de vaisseau nVti
prennent plus à bord, et plus de 12 000 individus, naguère encore plongés dan<
l'ivrognerie, ne boivent plus aujourd'hui de liqueurs enivrantes.
L'Europe ne pouvait tarder à suivre l'exemple donné par TAmérique ; aussi en
1829 fonda-t-on a New-Ross, en Irlande, la première société de tempérance euro-
péenne, et avant la fin de Tannée il en existait un grand nombre, tant en Mande
qu'en Ecosse. En 1850, il s'en établit également en Suède et en Finlande ; un an
plus tard eut lieu l'établissement de la Société de tempérance briUnnîqae, qni
comptait dans son sein les hommes les plus distingués de l'Angleterre et prit son
siège à Londres. La Russie, l'Allemagne, la Suisse organisèrent bientdl des asso-
ciations analogues ; celles-ci se répandirent aux Antilles, aux Indes orientales, au
cap de Bonne-Espérance, dans les îles Sandwich, etc. {Vay. Baird, loc. cif.). Elles
eurent constamment ce double but : éclairer l'opinion publique sur l'inutilité ou
plutôt les inconvénients de toute espèce de spiritueux ou de boissons enivrantes, et
persuader aux hommes d'en abandonner l'usage.
Si elles n'ont pas toujours atteint leur noble but, les sociétés de tempérance
n'en ont pas moins fait beaucoup de bien, car non-seulement la mortalité a dimi-
nué dans les lieux où elles ont pris racine, mais l'état moral s'est amélioré et les
crimes y sont devenus moins fréquents.
En France, nous ne possédons aucune société de tempérance, mais des tenta-
tives ont été faites dans le but de réprimer les excès de boissons. A cette occasion
on peut citer comme bons exemples à suivre plusieurs mesures déjà prises à cet
égard. M. le maire de la ville de Versailles a proposé au conseil municipal de cette
ville et fait adopter par lui la création de prix de tempérance, destinés non-seule-
ment à récompenser la sobriété ot la bonne conduite notoires, mais encore à rame-
ner ceux qui ont failli. M. le préfet du Nord, plusieurs administrateurs du dépar-
tement du Finistère, et au premier rang M. le maire de Brest, ont pris de leur
ci^té des arrêtés qui assimilent aux contraventions et poursuivent tout scandale
causé par les ivrognes sur la voie publique. Ils ont en même temps rendu pb^
sévère la police des cabarets. Le Sénat a donné une haute sanction à ces sages me^
sures et les a formellement approuvées à l'occasion d'une pétition discutée dans
son sein au mois de mars 1861. (Tardieu, Dict.d*hyg., 2« édit., t. 1, p. 52.)
Ces différentes mesures n'ont pu cependant arriver jusqu'ici à déraciner complè-
tement le vice de l'ivrognerie. D'autres moyens, par conséquent, semblent néces-
saires. « Toutes les lois, dit avec raison Zschokke {Die Brantweinpest^ Aaraa,
1857), sont sans force pour extirper un mal qui a pris racine dans la vie du peu-
ple; c'est du peuple lui-même que doit partir la réforme des mœurs, et nul ^on-
veniement n'est assez puissant pour l'opérer, o Mais comment le peuple arrivera-t-il
à opérer celte réforme de lui-même? N'est-ce pas par une instruction et une édora-
tion meilleures? Répandez donc ft pleines mains l'instruction et les lumières parmi le
peuple,dit à ceproposM. le professeur Bouchardat (p. 307), redoublez de aàle pour
fonder des bibliothèques populaires où se trouvent les livres qui élèvent, morali-
sent et honorent l'esprit humain; ouvrez aux heures du repos des cours poUirs
et gratuits, où soient enseignées les vérités utiles aux ouvriers. Tek sont, en etfel,
les plus sûrs moyens de faire cesser le vicedel'ivrognerie, et de voir disparaître une
maladie dont trop de personnes sont les victimes volontaires. Cherrhez de phis,
suivant les sages conseils que donne un sincère philanthrope, aussi savant écono-
miste que profond philosophe, à développer chez le peuple l'amour de la pro-
priété, et a reconstituer la vie de famille. Imitez à Paris et dans beaucoup de gran-
ALCOOLISME (PATBOf.nGiB). 697
des villes l'exemple des organisateurs de la cité de Mulhouse qui en moins de six
ans a rendu près de 400 familles propriétaires d une maison avec jardin (Jules
Simon, VOuvrièrey p. 351, in-8^).
Remplacer la passion du vin par lamour de la propriété, de la famille et des
champs, telle est la transformation qu'il s*agit d'opérer pour faire cesser le vice
de rivrognerie, du moins dans la classe ouvrière. Dans les sphères élevées de la
société, où le libertinage est souvent cause de l'intempérance, la vie de famille,
les occupations sérieuses constituent le principal remède à la débauche. Il faut aussi
que le libertin ou le débauché soient un objet de mépris ou plutôt de compassion,
et que des usages funestes, tels que ceux du Connétable^ disparaissent à tout
jamais.
En résumé, les mesures suivantes sont celles qui nous paraissent devoir le mieux
atteindre le but : Punir l'ivresse dès qu'elle conduit au trouble de l'ordre, à la vio-
lence, ou devient publique; mais, à cet égard, nous demanderons aux lois françaises
une plus grande sévérité; frapper les liqueurs fortes d'un impôt de plus en plus
considérable, suivant les nécessités de l'industrie ; diminuer au contraire la taxe
relative à la ccmsommaUon des boissons simplement fermentées; n'accorder, dans
aucun lieu, l'autorisation d'établir des déhits uniquement consacrés à la vente des
eaux-de-vie et des liqueurs, quelles qu'elles soient. Instruire le peuple et inspirer
à la jeunesse l'amour du travail et l'horreur de la débauche, en lui faisant con-
naître les bons eflets de l'un et la fâcheuse influence de l'autre. Cette dernière
tâche, qui incombe surtout aux maîtres de l'enseignement, au dergé et aux méde-
rins, trouvera toujours, nous en avons la conviction, des hommes zélés et dévoués.
B. Thérapie. Le traitement curatif diiTère suivant qu'il s'adresse à l'inloxi-
ration aiguë ou à l'intoxication chronique.
l'^Dans ïakoolisme aigu comme dans la plupart des empoisonnements, l'indica-
tion principale est de faire vomir toutes les fois qu'il y a lieu de supposer que l'agent
toxique n'est pas complètement absorbé. Le tartre stibié et la poudre de racine
d'ipécacuanhasont également bien employés. Quelques médecins cependant, Ogston
en particulier, préfèrent, en tout état de choses, avoir recours à la pompe plutôt
qu'aux vomitifs. Plus tard, l'indication consiste à combattre les principales mani-
festations, car nous ne connaissons pas de contre-poison, c'est-à-dire de substances
capables de neutraliser dans le sang lui-même le principe toxique qui y est con-
tenu. Les moyens à mettre en usage sont, jusqti'à un certain point, subordonnés au
degré, à la période et à la forme des accidents. Si, dans l'ivresse simple, quelques
verres d'eau, une promenade au grand air, suffisent pour arrêter le mal ; dans
l'ivresse grave, au contraire, il faut recourir à d'autres moyens, et tout d'abord
éviter le (roid,qui trop souvent dans ces conditions a été une cause de mort. Les
exemples sont nombreux d'individus qui ont succombé au froid dans les prisons
des corps de garde, etc., où ils avaient été renfermés en état d'ivresse. Les agents
le plus généralement préconisés en pareil cas sont l'ammoniaque et ses divers
composés. On peut administrer l'ammoniaque liquide, l'acétate et le carbonate
d'ammoniaque dans une potion ou dans un verre d'eau sucrée. Quand il devient
impossible de faire avaler la potion, on peut prescrire de 30 à 40 gouttes d'ammo-
niaque en lavement. Des observations nombreuses ont montré l'utilité de ces pré-
parations, en France comme en Allemagne. (Voyez: Archiv. gén, de méd.^ t. XVII,
p. 601, 1828; Bull, thérap., t. XVII, p. ^88 ; t. XVIII, p. 36; J. Frank, (oc. cit.)
L'emploi de l'eau vinaigrée, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur, aurait aussi,' au
rapport de Hoesch, donné de bons résultats. Une forte infusion de café est un
698 AhCOOLISME (oATiioLnciR).
remède doDt usent fréquemmeat et airec a^ntage k» gens du monde : c'est un
moyen de stimuler Forganisme et de le tirer de l'élat de torpeur géoérale produit
par les alcooliques. Les sinapismes nous paraissent pouvoir rendre de grands ser-
vices dans les cas surtout où il existe des congestions manifestes des poumons et
du xserveau. On s*est bien trouvé, en certaines circonstances, de Comeatations et
d'allusions froides. Trotter dit avoir vu des matelots qui tombaient à la mer sortir
de Teau dégrisés ; mais, ainsi que le fait remarquer Roesoh, p. 245, non-seukmeot
le bain de surprise, mais le froid sont nuisibles et dangereux toutes les fiMS qu'il
s'agit d*un état de profonde ivresse. La saignée n est qu'exoeptioDnelleoient néces-
saire chez les individus sanguins menacés d'apoplexie.
Le re^ios, une diète légère, des boissons acidulées, sont des moyens avantagenae-
ment employés contre les suites de l'ivresse. Hais si des désordres fooctîoDneis im-
portants tendent à persister, suigissent des indications nouvelles appropriées àTor-
gane souffrant et à la modification anatomique qu'il peut avoir subie. C'est
que seront traités, d'une façon particulière, î'ict^, l'albuminurie et tous les
dents qui peuvent résulter d'une intoxication aigué par l'alcool.
2" En ce qui concerne Valeoolisme chronique, à Texempie du docteur Huas,
nous ramènerons à trois points principaux les indications thérapeutiques :
i^ Éloignement des causes;
2® Amélioration de la nutrition et des forces assimihtrices ;
5® Réveil de l'action nerveuse.
Aux moyens ch^lessus indiqués pour combattre le vice de l'ivrognerie» il Cnt
ajouter le suivant, qui est usité dans certains pays, en Russie, en Pologne et en
Suède, contrées où Ton abuse presque exclusivement de l'eau-de-vie de grains. Ce
procédé consiste à enfermer un ivrogne, à lui servir des boissons, des aliniHits
invariablement assaisonnés a^'ec i'buile infecte qui se trouve dans l'akool de
grains. Tout d'abord le malheureux buveur ne se plaint pas trop, mais il qitoove
bientôt un tel dégoût qu'il repousse tous les aliments ainsi aromatisés, et piilois
ce dégoût le poursuit tellement dans toute sa vie qu'il reiunce définitivement à k &tale
liqueur. Une médication non moins étrange que celle qui précède, pratiquée d*aboffd
par un médecin suédois, puis un peu tombée dans l'oubli, a été remise en rigueur
par les expériences et les observations favorables de Nasse (Zur Thérapie ier
Brantweinmissbrauchs, 1852). Elle consiste à guérir la dipsomanie par Pains
mémo de l'alcool. L'addition de cette liqueur à toutes les boissons et à tous
les aliments des dipsomanes aurait pour effet de leur inspirer le plus profond
dégoût pour le liquide dont ik abusent ; malheureusement, en pareil cas, la cure «si
souvent suiriede récidive. (Arch. deméi., 5* série, 1. 1, p. ô9, 1853.) Cette der*
nière médication, du reste, employée avec persistance, de foçon à produire des eifiels
appréciables, n'est pas sans danger, et Nasse a vu la mort survenir à k suite de
cette intoxication artificielle. Quant au premier procédé, il est d'une application
trop difficile pour qu'on puisse sérieusement compter sur les bons résultats qu'il
pourrait fournir.
Un bon régime, l'emploi des toniques et des aloaUns, tek sont les moyens qui
permettent de reconstituer les fonctions digestives troublées et afiaiblies. Les macé*
ratbns de quassia amara, de Colombo, les eaux alcalines et celles de Vichy en por*
ticulier, l'usage, dans quelques circonstances, d'un purgatif léger, voilà ce que Tob^
servatîon a appris à considérer comme pouvant donner les meilleurs résultkts.
A ces moyens le docteur Huss ajoute les préparations mercurielles, lorsqu'il existe
une augmentation du volume du foie. Dans plusieurs cas de dyspepsie alcooiii|iie»
ALCOOLISMK (PATiioLocis). 699
nmH atons pu constater les bons effets des préparalions arsenicales. Sons leur
influence, l'appétit ne tardait pas à reparaître, et le malaise diminuait notable-
ment.
Les désordres du système nerveux ont été jusqu'ici combattus par des moyens
qui, pour ta plupart, ont trouvé leur indication dans la modalité symptomatique.
Ainsi Magnus Huss administre, à la dose de 35 à 50 oentigttfnmes, en pilules ou en
potion, l'huile empyreumatique qui donne sa sateur spéciale à Teau-^e-vie de
pommes de terre {fermentoleum sdani), dans le but de faire cesser le tremblement»
la faiUesse musculaire, l'oppression de poitrine, etc. S*il existe des cramyes, des
soubresauts de tendons, des hallucinations, il donne l'opium et la morphine; dans
les cas d'épilepsie avec vertiges et étourdissement , oe médecin a recours au camphre
et à Yassafœtida; pour remédier à la faiblesse musculaire, à la paralysie, à l'anes-
thésie, à l'obtusion intellectuelle, il se sert de l'arnica, de la mûx vomique,de
la strychnine et du phosphore.
Dans le même but, le docteur Marcet préconise l'oxyde de zinc ; ce médicament,
annonce cet auteur, exerce une action des plus favorables sur les symptàmes ner-
veux de l'alcoolisme chronique. Qiez 37 malades, l'oxyde de rinc est donné à la
dose de 0,iO en poudre, deux fois par jour, une heure après chaque repas. Tous les
deux jours, la dose augmente de 0,iO jusqu'à ce que le malade prenne 0,30 â 0,40
par jour. Sous Tinfinence de ce traitement, M. Marcet a vu cesser le tremblement
du tronc et des extrémités, ainsi que la céphalalgie, les vertiges et les luillucÎDa<-
tions. La guérison a été généralement assurée après trois et six semaines. Toute*
fois la faiblesse du système musculaire persiste le plus générafement.
Cest principalement aux désordres nerveux que s'adressent les médicaflsients
dont il vient d'être question; d'autres agents thérapeutiques ont été proposés pour
combattre les manifestations des viscères abdominaux. H. Basham (Lancet^ 1861,
t . I, p. S38), voulant attaquer dès leur début les affections hépatiques, recommande,
pour le premier stade, l'ipécacuanha elle calomel à petites doses plusieurs fois répé-
tées tous les soirs ou tous les deux jours , l'hydrochlorate d'ammoniaque, la liquor
taraxaei, les ventouses scarifiées sur la région douloureuse ; dans quelques cas, les
émissions sanguines locales ou générales. Plus tard ce médecin a principalement
recours aux révulsifs.
Les avantages de quelques-unes de ces médications, sanctioimées par l'expé-
rience, ne peuvent être contestés ; cependant il n'est permis d'accorder à la plupart
d'entre elles qu'âne action palliative, mais non curative. Le plus grand nombre
des agents médicamenteux dont il s'agit s'adressent uniquement au symptAme,
lequel n'est qu'un élément morbide pour ainsi dire fatalement lié à l'existence
d'une lésion matérielle. Il y a lieu de croire, par conséquent, qu'une hygiène parti-
culière a contribué au moins autant que la médication suivie à amener la dimi-
nution ou la disparition du mal.
A notre avis, la grave question de la curation de l'alcoolisme doit être envisagée
à un autre point de vue, car ses principales indications reposent avant tout sur la
cause et la nature des lésions anatoihiques. Ces lénons, nous le savons, sont de
deux ordres. Elles consistent, les unes dans une dégénération graisseuse, sorte
de vieillesse prématurée des oignes, les autres dans une inflammation chro-
nique toute particulière. A une période avancée il sera évidemment toujours
ficile d'en obtenir la guérison, dans un cas, à cause de la profonde
subie par l'élément oiiganique, dans l'autre, à cause de l'organisation complète et
définitive du néoplasme membraneux ou parenchymaieux. Mais à Irar début.
700 ALCOOLISME (fatuolocib).
ces altérations, comme on peut le supposer, peuvent être avantageusement uiflucn-
cées par les agents thérapeutiques. Ceux-ci, toutefois, ne nous sont pas rncorc
connus. La théorie que nous avons émise relativement à h dégénération graisseuM-,
à savoir que cette altération pourrait dépendre d'un défaut à*axydation du
sang, semblerait jusqu'à un certain point indiquer l'utilité des inhalations d'oxy-
gène, employées récemment avec succès par M. le docteur Demarquay, dans
diverses afleotions, et en particulier dans l'anémie. Ce moyen, nous le proposons,
mais sans le recommander.
Par leur analogie avec certaines lésions syphilitiques, les inflammations chro-
niques ou hyperplasies conjonctives réclament sans doute l'emploi de l'un de ces
agents qui appartiennent au groupe des médicaments altérants, et qui ont la proH
priété d'agir sur la nutiition. Cet analogue de Tiodure de potassium serait-il
Tarsenic, qui nous a déjà réussi, ou toute autre substance? C'est ce que rexpérieiicf
est appelée à démontrer. Ici encore nous voulons uniquement signaler le moyen qui
nous parait pouvoir être le plus utilement applicable. Dans cette discussion, en
effet, nous recherchons simplement les données qui, suivant nous, doivent senii
h fixer la hase des indications thérapeutiques de l'alcoolisme.
Quoi qu'il en soit, il est dans l'alcoolisme des indications formelles qu'il faut ^
garder de négliger ; elles sont fournies par l'état d'anémie et de cachexie générale
dans lequel sont fréquemment entraînés les malades. A ces indications réponden(
ordinairement les préparations de fer et de quinquina. L'hydrothérapie, combioép
avec les moyens précédents, produit d'excdlents résultats. La médication par l'ean
est d'ailleurs utile dans la plupart des accidents nerveux d'origine alcoolique. D
serait bon d'ajouter Femploi de certaines eaux minérales. Sur ce point encore, les
renseignements exactsfontdéfaut. Jusqu'ici l'alcoolisme n a pas été décrit en tant
qu'entité morbide, et il n'a pu être placé au rang qui lui appartient dans le cadre
nosologique.
Enfin nous parlerons, en particulier, du traitement de la forme symptomatiqoe
qui a reçu le nom de delirium tremefu, parce que cette forme, spéciale dans «m
expression, offre également des indications qui n'appartiennent qu'à elle.
l^a saignée, préconisée autrefois, n'est généralement plus usitée. Ona reoounde
préférence à l'opium et à la digitale.
Administré d'abord par Simmons, Saunders, Sulton, Duméril, M. Rajer,elc.,
l'opium acquit bientôt une telle réputation dans le traitement du delirium tremtm
qu'il fut regardé presque comme le spécifique de la maladie (Ifonneret, t. Ill^p. 15).
Toutelbis, en Amérique, JohnWare s'est élevé contre cette prétention trop absoloe.
Sur 8 cas de delirium tremens traités par cet auteur, à l'aide de l'opium à hautf
dose, et avec l'intention d'amener le sommeil , 4 se terminèrent par la mort ; et sur
7 cas traités par des proportions moindres de ce médicament, 2 malades suooom-
bèrent. L'auleur conclut de là que si l'opium n'est pas nuisible, il est au moms
inutile. (Warc, loc. cit. et Gaz. méd., 1838, p. 684.)
En 1854, le professeur Dungliston, de Philadelphie, protestait de noovciu
contre la méthode dite spécifique et contre l'emploi immodéré ou modéré df
l'opium. Dans tous les cas, les recherches de Peddie (The Pathology of Détimm
tremens and its Treatment. FAinb., 1854), et plus récemment celles de Lajoock
(Edinb. Med. Jotirn.^ 1858), vinrent confirmer les données et les vues théorique
de Ware relativement à la spécificité de la médication opiacée dans le délire aigu
des iviognes. En effet, sur 403 individus traités à l'infirmerie royale d'Edim-
bourg, en trois ans, 101 ou 25 pour 100, sont morts; sur 28 cas traités par le
ALCOOLISMi': (PATiioLOGie). 701
docteur Laycock, dans le cours d'une année, un seul s'est terminé par la mort, et
encore le malade avait-il, antérieurement à sou admission, été soigné par les pré-
parations opiacées; à l'infirmerie de Giascow, sur 35 malades chez qui on prescrivit
l'eau-de-vie et l'opium, on compta i7 décès; sur 80 individus traités par le doc*
teur Peddie, il n'y eut pas un seul cas de mort. A l'asile de Philadelphie, 128 cas
de deUrium tremens bien caractérisés fe présentent dans l'espace de deux ans,
et un seul malade succombe. Or le traitement consiste dans l'emploi de quelques
vomitifs, s'ils sont indiqués, de quelques laxatifs et d'un bon régime.
Quand on prescrit les narcotiques, disent les auteurs du Campendiumf il faut
s'attendre à voir souvent les symptômes prendre de l'accroissement et ne pas élre
suivis tout d'abord d'une amélioration notable ; l'agitation, le délire, Tinsom-
nicy sont plus marqués, jusqu'à ce que les effets sédatifs du médicament commen-
cent à se faire sentir. Dans quelques cas, les accidents semblent redoubler jusqu'à
ce qu'onait augmenté les doses. On peut employer l'opium au début ou dans le
cours de l'afTection sans que les effets soient moins salutaires ; on se rappellera que
la disposition toute spéciale où se trouve le malade lui permettra de supporter sans
Inconvénient des doses énormes de ce médicament. Dans différents cas, la quan-
tité de cet agent thérapeutique ii été portée jusqu'à 24 et 72 grains en quaraute-
huit heures (Ware, Icc, dt.) ; mais la dose ordinaire est de 1 5 à 25 centigrammes, si
on veut arriver à modérer l'agitation et à produire le sommeil. « Nous ne voyons,
dit mon savant maître M. le professeur Grisolle (Traité de pathologie)j aucun
inconvénient à doubler cette dose, s'il est besoin, pourvu qu'on mette entre chaque
prise un intervalle d'une à deux heures; mais nous voudrions difficilement aller
au delà et imiter la pratique de ceux qui ont osé en donner jusqu'à 4 grammes.
Quand on poite aussi loin le remède, on finit toujours par assoupir les malades ;
mais ils meurent souvent dans un état comateux. »
Conseillée par un grand nombre d'auteurs, la digitale, malgré l'action prompte
que hii attribuait Spath, était néanmoins fort peu employée quand le docteur
Jones, de Jersey, fit connaître des recherches longtemps suivies sur l'action de la
teinture de digitale dans le delirium tremens. Ayant mis en usage cette prépara-
tion dans plus de 70 cas, ce médecin ne perdit qu'un seul malade, qui avait une
tumeur cérébrale ; trois fois seulement il dut recourir aux préparations opi»cées
dans le but d'obtenir le sommeil. 11 administrait habituellement une première
dose d'une demi-once, une dose semblable environ quatre heures plus tard, et
quelquefois une troisième dose de 8 grammes. Sous l'influence de celte médica-
tion, le pouls, loin de s'affaiblir, acquiert plus de force et d'amplitude, et devient
plus régulier, la transpiration cesse en môme temps que la température de la peau
s'élève, enfin les malades ne tardent pas à s'endormir pour cinq, six ou sept
heures.
L'utilité de ce traitement, employé par M. Goolden,acté confirmée par MM. Speu-
cer Wells, Ballard et Carr, cl par MM. Whitefield et Peacock, qui l'ont expérimenté
à l'hôpital Saint-Thomas. Depuis lors, plusieurs auteurs, entre autres MM. Garrey
et Williams, ont publié de nouvelles observations qui témoignent encore des bons
effets de cette médication, à propos de laquelle M. le doc.eur Peacock crut devoir
formuler les conclusions suivantes : Les doses élevées de teinture de digitale (ce
médecin ne dépasse généralement pas la dose de 16 grammes dans les vingt-quatre
heures) dans le delirium tremens ne produisent pas l'effet dépressif auquel on aurait
pu s'attendre d'après l'action des petites doses répétées. Associée à d'autres médi-
caments, la teiutui'e de digitale parait être appelée à rendre d'utiles services dans
JOi ALCOOLISME (BietcoonArnifi).
certoins cas de delirium tremeiis, notamment chez des personnes jeunes et ro-
bustes, dont les forces no sont pas brisées par des habitudes invétérées d'irro-
gnerie, et lorsque le délire a succédé immédiatement à un excès de boisâOQ. {Med.
Timeê and Gaz,, 1861, t. Il, p. 404.)
Le chiorofonne, préconisé par M. White (The Dublin Hospital Cos., 1854) et
employé par plusieurs autres auteurs, amène, parait-il, une sédation rapide et com-
plète. Ce moyen, néanmoins, n*a pas été suffisamment expérimenté pour qu'il soit
permis d'émettre une opinion définitive relativement à ses avantages.
Les évacuants n'ont d'utilité qu'autant que l'état des ofganes digestif les
réclame. Les antispasmodiques ne donnent aucun résultat avantageux. Quant à
Texpectation, que des médecins reoommandaUes (Esquifol, Gecm^et, Calmeil) ool
voulu mettre en honneur, nous connaissons ses effets ; nuis elle œ convient qu'à
un certain nombre de cas, et la détermination en est souvent difficile.
Les modifications que subissent les maladies qui surviennent cbec des indivi-
dus frappés d'alcoolisme donnent lieu à des indications spéciales. Modérer la ire-
quence du pouls, calmer le système nerveux, relever les forces, tel est le faut que
l'on doit se proposer. La digitale^ l'opium, le quinquina, sont les moyens sur
lesquels (m peut le plus compter dans ces circonstances, où le repos le pins absolu
est toujours de nécessité pour le malade.
La perspicacité du médecin, en pareil ca^, consiste à savoir distinguer œqa'
revient à Talcoolisme de ce qui ne lui appartient paa^ Cette distinction ose fais
faite, il doit décider. I/indportant, en fait d'alcoolisme chronique, est de savoir agir
assez tôt, car à cette maladie surtout s'appliquent les parok» dn poêle :
Principits obsta ; sero medidna paratur,
Quum mala per longas invalaere mans.
É. LàflCBtBAOX.
BiKLiocRAii!tB.--STti(Nieit (Hcnri). Deoretû -ntèééeata de êMelÊU. Lîpa., 1551. — Wu»-
cncs (J.). Proàlema de ebriorum affectUmt. Francof.» 1543, in-8*. -* Ssiosl. De iMeltU-
Ups., 1504. — IIagiucs. De vinolenlia ejmque maUs, Francof., 1618. — WALMcraiar. Dittert.
de ebrietate et insolentibus aliquot ejtts affectibus. Gies., 1677, Iti-4*. — Ermema. MKrf.
de temulentia, Lips., 1678, in-4*.— HAXKcaAir. Dûtsert, de ustt ei cftaiM ineMmÊtàm. Ud.
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Tubingie, 1767, in4*.~ Volker. Schâdliche Wirkung det Branntweinê wnd GeMbike iber-
liaupt, wenn sie in Ueberflusê genowen werden. In Schmucker't VerwdiMe Ckir. Seàr..
t. il, p. S04. Berlin, 1779, in-8*. — Pohl. De cailoêitéOe uentrieuli ex point ^pirUaûti atanr
Lipsise, 1771, itt-4'. — Fothergili. (A.). An Essay on the Abuse ofSpiritwmi Liqmore. Batli
1706. — Lbgœvr. Essai tur V ivrognerie. Paris, an XI, in-8*. — Trottek (T.). Am Ems^.
Médical, Philosophicaî, and Chemical, on Drunkennesê and Us Bffëeis* London, 4864, îb-S"
— Go!(QO£aAiiT (P. L. N.). Sur Vabuê des ligueurs dkooUgues, suivi, etc. Thèse de Paris, I8tl
n«45. — Abhstroiio (i.). On the Brain-Fever following Intoxication* In Ediub. Med, and Surf.
Journ,, t. IX, p. I, p. 58, 146, 1815. — Pearso:* (S. B.]. Observations on Brêfn-Fetier l^th-
wing Intoxication. Ibid., p. 326 (première publication remontant à 1601). — Svtnb. Tract
on Delirium tremens, London, 1815, in-8«.— FoRtrin (T.). Physiologkgl Hefleximu sm ttu
Destructive Opération ofSpirituous and Fermented IJquors on the Animal System. Londoii,
1812, in-8«. — Rater. Mémoire tur le delirium fremens. Paris, 1819, în-8». — Klamp l
A Memoir on Temulent Diseate. In the Amer. Med. Bead., t. I, n* 4, Philadelphie, I61S. H
rj>nd. Med. and Phys. Journ», i. XLI, p. 174, 1619. — Bmoab-GaAHUi (C. Von). Ueèeréf
Trunksucht, mit einen Vorwort von. G. W. Hufeland* Berlin, 1819, in-8*. — Saltatosi. Om-
mentatio pathologica et tf^erapeutica de ebriotitate continua, rémittente et intermittetttr.
Uobquxt 1821. ..-LiMi J. G). De delirio tremente sic dicto, obserratiomm séries m
epicrin de morbi Uidole ae tuUura, Gopenh., 1822, ia-8*.-*To»uT. Ueber die Natur mé
ëe» SiU de$ DeUrium iremetu. In HufOawFi Jaurn., t. T.Y st. Yl, p. 50, 1822. — Fabbemmst.
Ueher Deiirhm tremens ndfst MUtheihmg einer Krankençeschkihte. In Hust'ê Mag», t. XI.
p. 358, 1825. ^Blackk. A Paper on Deiirmm ebrioeUaêU. In Edimb, Med, Surg. Jmun.y
t. XII, p. 407, 1825.^PLATreH (G.). On Deiirmm tremens. In Tranê, efthe Med. tmdPhffg,
Sec efCaieuttat t. I, p. 124, 1825. — Botterlix. De delirio tremenie cnm ieiero cempliaito.
Hal», 1828, in-S». — Bamhausbr. Beobaehttmgen ûber den Sâufkrwehnsinn eder dae ikHrium
tremenê, Bremen, 1828.— MACRmi (R.). 7%^ AnatomyofDmnkennesi, Gteflcow, 1828, ÙM2,
2* édit-^WAnturoim. Patkeçenie de$ DeUrium tremene. In Rneffê JMéV-t t- ^XVII, p. 298,
1828. — LtfTEiuÉ. Uém, eur la fbUe de$ itfrognes eu sur le délire tremblanL In Mém, de
VAcad. de méd., t. I, p. 181, 1828. ~ VomiDEa. Delhrium tremen» dureh Opium bekandell.
In Huei's Meg., t. XXIX, p. 53, 1820.— Isiii. (Jeter TrunkeudU, In BuH's Mag,, t. XXIX,
p. 125, 1820. — Blaob (A.), il praeUeul Eeeag an the Diseme generaUg known uuder thé
DenemiiuUiûn af DeUrium tremem, wriitenpriueipailg, ete, London, 1830, in-8». — Wabe (i.).r
Remarkt on the History and Treatment of DeUrium tremetts, Bœton, 1831, in-8*. — Bomcn
Bo!V9KffOY. Dissert, sur Vivresu produite par les boissons aleooUques. Thèse de Strasbourg,
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de vue de Valcoolisne. Thèse de Paris, n* 190, 1864. — Pbiiiistibr (G.). De la gmstrUe dam
l'alcoolisme. Thèse de Paris, n* 59, 1865. — Plus un très-grand nomhre de dissertations
inaugurales, anciennes et modernes, françaises et étrangères, d'obserTations paiticaliérei
insérées dans les différents recueils et joumaui; nous avons seulement docmé les princi-
pales. Voir en outre la bibliographie des articles Alcool (pbysiol. et Uniool.) Aloooubh
(méd. légale), Deuriom trehrrs. Itrbsse et enfin les traités de pathologie. B. LàvaaMàMK.
Hédcciiie légale. L*alcoolisme place Âoomme daiis des coaditions |ar-
ticulières, transitoires ou permanentes, qui ont une grande importance en
médecine légale. C'est Tintoxicatiou la plus fréquente, celle vers laquelle, dans
tous les pajs, ou est entraîné par le goût le plus vif et le plus répandu; elle
modifie à la fois le physique et le moral ; elle cause la mort, elle influe sur les
maladies et sur les blessures, et s*attuquant aux facultés de rame, ce breuvage
enivrant donne l'impulsion à tous les entraînements criminels, affaiblit et sup-
prime la liberté morale.
Les questions de médecine légale se rap()ortcnt au fait même de ralooobme
et à son influence ; il faut démontrer que Tintoxication existe et mesure ses
effets; nous examinerons successiveiuent : l^la preuve de l'alcoolisme; 2* le genre
de mort et rinfluerice sur les blessures ; 3® la liberté morale et la respoosabibté.
I. Preuve de l'alcoousme. Le premier point à établir, c'est le fait de Talcoo-
. lismc ; cette question se pose dans la plupart des affaires criminelles ; la mort
subite, l'accident, aussi bien que le suicide et l'homicide, exigent ce genre de
recherche. La preuve se fait pour l'accusé et pour la victime, pendant la TÎe ou
après la mort, dans l'alcoolisme aigu et dans l'alcoolisme chronique.
L'eiK(uéte et les témoignages fournissent en général à la justice des reuseigiib-
ments suffisants, et se font en dehors du médecin ; celui-ci peut cependant donner
une direction aux recherches ; il appellera l'altenlion sur les points les plus carac-
téristiques, sur la nature des boissons, la dose probable, les conditions dans k*»-
quelles s'est produite l'ivresse, les habitudes de la victime et de la personne incn-
minée. Les preuves médicales sont fournies par les symptômes, par l'autopsie, par
les caractères chimiques.
i* Diagnostic médicoiégal. Le médecin doit reconnaître Tivresse, la distinguer
de l'ivresse simulée, de celle qui est produite par d'autres substances enivrantes, do
eflists des maladies et des blessures. Comme dans toutes les intoxications, les}m|»-
tome constitue une partie essentielle des preuves et la seule souvent, pour l'alcoo-
lisme aigu. Nous n'avons pas à reproduire le tableau de Tivresse, si fidèlenieDt
retracé plus haut, nous nous arrêterons à quelques points qui importent plu^
particulièrement à la médecine légale.
Invasion, l^s effets de Talcool sont imrlois tellement instantanés qu'on hésite
à les rapporter à leur véritable cause ; l'acte est commis au moment où Too com-
mençait à boire : dépend-il déjà de Tivresse? Il faut se rappeler ici que l'akool est
rapidement absorbé ; si la dose est notable, si l'on a bu de l'eau-de-vie, du kirscb
ou toute autre liqueur distillée, Tactioupeut être immédiate. On a m tomber mort^
des individus qui avalaient d'un seul trait un demi-htre et plus de ces brctlTlge^.
D'autres |)ersonnes arrivent tout à coup au paroxysme de la fureur, tait ph» rarv
ALCOOLISMB (hkokcinr lkgale). 705
pour la bière et pour le viu. Vingt à trente grammes d'une liqueur distillée peu-
vent déjà troubler la raison, tandis que le quadruple, dans une boisson femicntée, se
supporte facilement; les dispositions individuelles ont ici une influence décisive;
les plus rapidement atteints sont ceux qui n'ont aucune habitude des liqueurs spi-
ritueuses ou les ivrognes de profession, qu'une faible dose d'alcool jette dans
rivresse subite.
Simulation, Les preuves seront rechercliées dans les signes objectifs plutôt
que dans ceux qui dépendent de la volonté : « Ebrius non praesumitur, onus pro-
baudi incumbit alleganti ; a si les lésions d ^ rintcUigence, de la sensibilité, de la
motilité, appartiennent à l'alcoolisme, on se rappellera avec quelle facilité ces
symptômes sont reproduits par le simulateur qui a intérêt à faire croire qu'mi acte
a été commis dans l'ivresse. L'air liébété, Tembarras de la parole, la démarche
titubante, le délire des paroles et des actes, sont imités à faire ilhision. Des signes
(léc-isifs seront fournis par Tétat des fonctions organiques. Les indices de la fraude
sont Tabsence d'odeur alcoolique, de vomissement, de sueurs, d'abondante émis-
sion d'urine, de signes d'élimination. Le pouls reste calme, après une excitation
passagère produite par le mouvement ; la respiration n'est pas accéléiiée, embar-
rassée, stcartoreuse, comme elle le devient à la dernière période de l'ivresse. IjOs
profond sommeil qui est la crise de cet état, et qui se prolonge pendant plusieur
heures, forme aussi un caractère dbtinctif. L'insensibilité, poussée au point que
les blessures les plus graves, les opérations les plus douloureuses, que laccou-
cheroent n^éme, ne sont point perçus, le réveil de l'ivrogne, accompagné d'un
malaise caractéristique, le souvenir entièrement eflacé des actes les plus graves,
serviront encore d'indices. La dissimulation de l'ivresse est difficile; il faut une
force d'esprit considérable pour comprimer des symptômes, qui, sous l'influence
la plus légère, font tout à coup explosion.
Formes et durée. Ije diagnostic s'attache à préciser les degrés de l'ivresse,
excitation, perversion, stupéfaction, et le symptôme dominant, hallucination, état
convulsif, fureur. Les formes de l'ivresse dépendent de la nature des boissons et
des dispositions individuelles ; chez le même sujet, elles se reproduisent avec assez
de constance. On a intérêt à savoir combien de temps un homme peut être consi-
déré comme ayant agi sous l'action de Talcool ; quelques heures suilisent, dans les
i\resses légères, pour dissiper le délire et amener le sommeil; avec une dose
modérée d'alcool, l'influence est à son maximum au bout de trois heures; en cinq
heures elle semble épuisée (Perrin). Hais la durée est évidemment variable suivant
la dose et diverses conditions. « Ego non minori spatioquam trium dierum gênera-
it ter solvi ebrietateni dixerim, pra^sertim ad eflectum ut ad integram mentis sani-
tatem, rediisse ebrius diri potest. IxNjuor non de levi, sed de consummata ebrie*
Lite, n (Zacchias.) Ou peut encore, dans les deux ou trois premiers jours qui
suivent rivresse, reconnaître qu'elle a existé, par les symptômes consécutifs.
Espèce d'alcool. On a quelquefois intérêt à connaître quel est l'alcool employé.
Est-ce l'ivresse du vin, de la bière ou du cidre; celle de l'eau-de-vie, du kirsch,
du genièvre, de l'absinthe? Ijq délire furieux accompagne plus facilement l'usage
des boissons distillées; on dit qu'il est fréquent en Chine, sous l'influence de l'eau-
de-vie de sorgho. Quelques substances, des hniles essentielles, paraissent avoir une
action plus spéciale sur la moelle épinièrc, elles abattent le buveur au lieu de
l'exalter; ainsi certains vins du département du flauï-Rhin produisent facilement
des accidents paraplégiques. La médecine légale appliquera les connaissances
acquises sur les cflcts de ces diverse» boissons.
DICT. R!Kr. II. Ao
706 ALCOOLISME (xêdeciice légale).
La présence de l'alcool amylique dans les eaux-de-vie de grains de bettenves,
de pommes de terre, augmente Ténergie du breuvage et peut produire des dlelf
inattendus; il résulte d'expériences (Gros, Thèse de Stndwnrg, i86S) que h puis-
sance enivrante de cet alcool est décuple au moins de celle de Talcool ordinaire.
Intoxications diverses. Le médecin aura à distinguer l'ivresse alcoolique de
celle qui est refTct d'autres substances. Des accidents, le suicide, une fraude cou-
pable, des intentions perverses, sont l'occasion de ce diagnostic différentid. Le poi-
son peut avoir été employé seul ou mêlé au vin. La conftision porte le plus souvent
sur trois catégories de substances, sur l'opium, la belladone, lajusquiame, le tabar
et le datura-stramonium; quelquefois sur l'éther et le chloroforme, dont l'ivresse
est plus prompte et moins durable, et, dans des cas accidentels, sur les carinire^
d'hydrogène, l'essence de térébenthine, l'huile de naphte, la nitro-bentîne, Tani-
line. Les caractères propres de l'ivresse seront mis en rapport avec les symptômes
qui appartiennent à chacune de ces substances. La prévention occasionne ici le»
plus étranges erreurs ; nous connaissons l'observation d'un homme qui s'était em-
poisonné par de l'acide nitrique; considéré comme ivre, au milieu du désespoir
occasionné par les plus afireuses soufirances, il est abandonné et meurt sans soins.
Maladies, L'ivresse peut être confondue avec les symptômes d'une maladie,
avec le délire initial de la fièvre typhoïde, la congestion cérébrale, l'apoplexie, les
suites d'une plaie de tête. Plus d'une fois on a pris pour un homme ivre le blessé
atteint de commotion cérébrale, de contusion du cerveau, l'homme suMasaiit les
effets du froid on d'une excessive chaleur. L'erreur inverse a été commise. Le
diagnostic se base sur la présence de l'alcool et sur les signes comparés de l'intoxi-
cation et de la blessure. La difficulté est plus grande, si une maladie consécative,
l'apoplexie par exemple, s'ajoute aux effets de l'ivresse, ou si elle se compliqua
des effets d'une blessure ; il faut alors constater l'un et l'autre état et faire la port
des deux influences.
La preuve de V alcoolisme chronique ne présente pas de difficultés ; des signes
évidents confirment les témoignages: au caractèremoral de l'ivrogne, aux vertiges.
au tremblement, à l'insomnie, se joignent les signes organiques, la dyspepsie, U
gastrorrhée, la raudté de la voix, la couperose, l'embonpoint maladif, la maigreur
avec l'obésité abdominale et les diverses affections du cœur, du foie et des refn>,
qui ne laissent aucun doute sur cette triste cachexie C'est à l'article de la cem-
inistion spontanée que nous examinerons TinAuence de l'alcoolisme sur b com-
bustibilité des tissus. La question importante est de préciser le degré d'altération
des facultés mentales. Bientôt paraissent les formes si caractéristiques de la Mie
ébrieuse qui appartiennent à l'histoire de la liberté morale et de la responsabilité.
Rappeler que certaines intoxications chroniques, résultat de l'industrie, celles par
le plomb, le cuivre, le mercure, le sulfure de carbone, rarsenic, le phosphore,
exercent une action également profonde sur le système nerveux, c'est indiqutrr
sur quelles bases repose le diagnostic, et en définitive dans l'un et dans l'antre ea>
le médecin légiste est appelé à déterminer l'influence de ces agents sur l'intell»-
genoe et sur la volonté.
S® Constatation après la mort. L'individu a cessé d'exister ; la mort est«ellr
le résultat de l'alcoolisme ? Le médecin seul peut résoudre cette question ; il .^
base sur les caractères anatomiques.
La face peut présenter l'expression de l'hébétude et du sommeil; elle est sou-
vent pâle, parfois turgescent *, avec teinte bleuâtre des lèvres et des oreilles, U
langue engagée entre les arcades dentaires, lies lividités cadavériques se
ALCOOLISME (n&oecijib lécalb). 797
promptetnentei Mnî souvent trto-eonsidéntbies. On affirme que la putréiictioii
est plus lente ; nous Tavons TUe rapide dans un eas où la mort atait été ooGaskm*
née par Tingestion d'une énorme quantité de vin. Ghex un noyé de vingft-dtu
joors, en pleine putréfaction gioeuse, les aliments contenus dans l'estoiBac et im-
bibésdê liquide alcoolique, étaient parrafitement ooiiserrés.
Les principaux signes sont fournis par )e& congestions cérébrale et pulmonaire
et par l'état du'iang.
Uhfperémieeér^ale.'fcm^e à un-baiit degré, occupe principalement la pie<-
mère; jamais, dit Morgagni, pour un cas de ce genre, je n'ai tu une pareiiie plé*»
nitnd^desntîsseftiiX'de la piehmèrâ>et des plexoB choroïdes. L'hémorrfaagie mé^
niffiée est fréquente ; Mergdgvii a constaté la présence du sang dans les Tentriettltti ;
M . TiiitMeu a oluperté deux fois sur sept la même lésion et trois fois l'épandiemeiit
dannsIcpieHfnère; snr cinq autopsies, Casper a rencsniré une fois riiémorrhagie
mrinngée. Le par^fk^hyme cérébral, la substance gnsc surtout, est oangestioanée ;
d'autres fois cette injection est médiocre. Un des «gnes les plus ordinaires et que
nous ayons rencontré cinq fois sur neuf autopsies d'indÏTidos morts par suke
(riiTesse, c'est l'abondance de la sérosité cérébrale, dans les ventricules ou dans
les mailles de lapie^mère. L'hydropisie des ventricules peut dominer et être ac-
compagnée du ramollissement et de la diflluenoe de leurs parob, qui sont comme
macérées dîans le liquide. Dans un cas de mort assez prompte à la suite d'etcès
considérables, j'ai observé cette lésion, constatée deux fois par H. Tardieu. La sé-
rosité peut être trÈs-abondante sous rarachnoide et en faible quantité dans les
ventricules; chez une femme, décédée en état d'ivresse, le liquide de ht pie-mère
l'At^^nattet comprimait les circonvolutions cérébrales, au point de constituer une
véritable apoplexie séreuse.
Uk eongestûm despcnanons nous semble encore plus constante et pluscaracté-^
ristifpie que celle du cerveau; ces organes sont injectés, gorgés de sang, qui en
ruisselle esmme d'une éponge; leur couleur est d'un rouge brique (Devergie) ou
d'un bnm noirâtre; l'hypostase est considérable. M, Tardieu a observé l'apoplexie
pntaDonaire. Les brotebes sont souvent injectées, elles renferment de l'écume et
du munis. On lient supposer que l'action locale de l'alcool irrite la muqueuse et
(•st pour quelque diose dans la pneumonie . des ivrognes. En noyant des lapin»
dans l'aWool où ils périssent eh moins d'une minute, au lieu des trois ou quatre
minutes nécessaires dans l'eau > nous avons constaté que les poumons devenaient
jaunâtr4sK consistants par la coagulation de ]e\m éléments albumineux, et que
leur densité s'élevait à 0,904 et 0,956^ au lieu de 0,756, quand l'animal suc-
combe dans l'eau. Malgré l'anecdote si connue du duc de Glarence, noyé dans un ton^
neini-denialvoisie, il est peu probable qu'un accident de ce genre soit observé sur
rhominer;'màis dans les excès qui se prolongent et qui saturent pour ainsi dire
ror9Miiaiie>d'aloool, il ne serait pas impossible qu'un changement de densité se
produisît dans le poumon.
La UqndiiédMsaing efct un des caractères les plus oonstauts ; le sang est Uquide
et foncé (Casper) ; il est noir et liquide (Tardieu). Nous l'avons trouvé noirâtre et
liquide cinq fois ; liquide et d'un rooge phis ou moins foncé> trois fois, dans un
ras aotamment où la mort avait été instantanée. 11 fout s'entendre sur l'exprc»-
>ion de/fluiëité généralement admise ; elle signifie qu'il ne se forme pas un caillot
régnlier et^oonsistant, comprenant la fibrine et l'hémaiosine, avec séparation du
^énon, mai^ non que les éléments du sang soient dissous, comme ils le sont par
In potasecaustique. L'ahaool) au contraire, coagule et précipite sur place la fibrine
708 ALGÛOLISNE (MiDEcisR l£calr).
et l'albumine; le sang roifemie de petits grumeaux qui restent sur le filtre; h
fibrine est plus courte ; ses débris peuvent former des noyaux d'embolie, obtrucr
les capillaires des poumons et contribuer ainsi à la forte congestion deœs orguies.
La présence des caillots dans le sang a aussi été constatée; Petit dtsaitqne l'alootl
injecté dans les veines coagulait le sang et causait ainsi la mort. Dans une «ks
expériences d'Orfila (Toxicologie^ t. II, p. 150), le cœur droit contenait quelques
caillots gélatineux. Gasté a noté l'existence de caillots fibrineux. M. Tardïen a vu
nne fois (7^ cas) des caillots peu consistants dans le cœur droit. Gasper (obs. 219)
note que le cœur droit, et notamment l'oreillette, était goi^ de sang taaà et
coagulé. Nous avons constaté, dans des expériences et des autopsies, cette eoagnh-
tion du sang. Chez trois lapins noyés dans l'alcool, un caillot remplissait chupe
moitié du cœur et se prolongeait dans les gros vaisseaux. Deux autopsies d'individai
morts en état d'ivresse nous ont présenté des caillots rougeâtres ou noirâtres diK
la moitié droite du cœur, et une fois en même temps dans le vttitriculegandie.Le
ventricule droit est le plus souvent le siège de ces concrétions difiQuentes. Dans des
cas même où l'ivresse était combiiiéeavec des genres de mort de nature i fluidifier k
sang, nous avons rencontré ces caillots exceptionnels. Un homme quitte le cabiRt
pour se pendre ; le ventricule droit renferme un coagulum assez vdumineux ; chcs
un noyé, dont l'estomac et le sang contenaient du kirsch, on observait quekpei
caillots noirâtres dans le cœur droit ; sur deux autres noyés, morts en état d'ivrese,
le sang était chez l'un cailleboté à droite, et chez le second mélangé de caiUoli
noirâtres dans les deux moitiés du cœur. Un phthisique meurt subitement apiis
avoir bu un litre et demi de vin rouge ; le sang contenait de l'alcool, des caillots
décolorés existaient dans les deux moitiés du cœur. Si la mort est très^proopte,
malgré la présence de l'alcool, le sang peut avoir une couleur différente du» Ici
deux moitiés du cœur ; nous l'avons trouvé plus rouge i gauche cbei un noyé et
chez un pendu, morts tous deuie en état d'ivresse.
Ces modifications du sang dépendent de la proportion de l'aloool el de la npi-
dite du genre de mort. C'est dans les cas où l'agonie se prolonge, où le malade
succombe à une asphyxie lente, que l'on rencontre surtout des caillots dans k
cœur ; ainsi Morgagni (Epist. xxiv, n*^ 35) a trouvé un coagulum épais • Mf
posx eoncretiones in ventriculo cordis » diez un homme mort le 4^ jour des
suites de l'ivresse. Constatons cependant que la fluidité du sang est k lègk
même quand Vivresse a eu une longue durée et que les caillots, s'il eu existe, sont
toujours diffluents. Ou a signalé la rougeur des valvules signundes et de la tofliqse
interne des artères, qui s'explique sans doute par une plus (acile imbibition dn
sang resté liquide.
Le sang peut offrir encore d'autres caractères ; sa consistance varie, nous Ta-
vons vu poisseux ; « ftuidiot'sed crassior ■ (Morgagni, Ep. vi); oal'a trourégnis'
seux, laiteux, renfermant des globules de graisse et une plus forte proportion de
globules blancs.
V estomac peut être vide ou ne contenir qu'un liquide plus ou moins épais; daos
la moitié des cas, nous l'avons trouvé rempli d'aliments réceounent ingéris. La
vacuité semble coïncider avec les morts les (dus promptes. On sait que b
d'aliments dans l'estomac diminue l'absorption de l'alcool; les substances
ont été considérées comme ayant surtout cet eflet. Le plus souvent, dans Vh
tion aiguë , ou ne trouve pas de lésions notables de l'estomac ; la mnqueqae pent Hic
injectée par places, plus dense et friaUe, tachetée d'ecchymoses, couverte ds wêê^
sites jaunâtres, ou même sanguinolente; nous l'avons vue d'une couleur teriaie
ALCOOLISME (MiDBGlRE LéGALB). 709
par l'action du kirsch , et parsemée de petits vaisseaux contenant des coagulunis. Les
ulcères superficiels, les infiltrations purulentes, le ratatinement, les distensions du
TÎsoère, appartiennent à l'état chronique. Le foie est souvent volumineux, les reins
sont hyperémiés. L'état de la vessie est variable ; dans treize de nos cas, où l'ivresse
était évidente au moment de la mort, survenue par diverses causes, huit fois la
vessie était distendue par de l'urine, cinq fois elle était vide.
On rencontre souvent des lésions chroniques qui corroborent le diagnostic actuel
et sont la preuve des habitudes du sujet. Les phlegmasies séreuses, adbésives,
tadies laiteuses, fausses membranes, la dégénérescence graisseuse du foie, des
reins, du cœur, des vaisseaux, les lésions de l'estomac, les laryngo-bronchites,
sont communes, après l'âge de trente ans ; nous avons rencontré la petitesse
anormale du cœur. Ce n'est guère que chez les individus jeunes que l'intoxication
aiguë existe sans ces complications caractéristiques.
3* Preuve chimique. La preuve chimique de l'alcoolisme doit être introduite
en médecine légale; comme dans toutes les intoxications, la démonstration repose
sur les symptômes, les lésions anatomiques et sur l'existence du poison. L'évi-
dence absolue résulte de la réunion des trois ordres de preuves. Les symptômes de
l'ivresse sont caractéristiques et le plus souvent lèvent tous les doutes ; mais l'au-
topsie est moins concluante, les signes ne sont point pathognomoniques ; la liquidité
du sang appartient à toutes les morts subites ; les congestions cérébrales et pulmo-
naires se rencontrent dans divers cas. Sans doute le médecin arrivera presque
toqours à une conviction suflisante, en réunissant les symptômes aux lésions, mais
il trouvera le plus utile complément de preuves dans la présence de l'alcool.
Jusqu'ici cette présence n'était guère reconnue que par l'odorat ; sur le vivant,
dans l'haleine chargée d'alcool, sur le cadavre, dans l'odeur caractéristique qui
s'exhale des tissus. Lesorganes répandent une odeur alcoolique prononcée (Devergie);
trois fois sur sept, M. Tardieu a retrouvé celte odeur dans le cerveau. On l'a con-
statée dans le sang, dans le foie, dans la rate, mais ce signe peut manquer et l'ap-
préciation d'une odeur est fort arbitraire. Nous l'avons trois fois perçue dans
l'estomac, où elle est facilement masquée par une odeur acide. Certains arômes
rendent la constatation phis facile ; nous avons reconnu dans un cas l'anisette, dans
deux auti*es le kirsch. Mais depuis les travaux de MM. Perrin, Lallemand et Duroy
qui ont démontré la résistance de l'alcool â la destruction, son passage et son
séjour dsns le sang et dans les tissus, son élimination par diverses voies, la preuve
chimique de l'intoxication alcoolique doit être scientifiquement établie.
Le procédé suivant, d'une exécution facile, est appliqué par M. Hepp, dans nos
recherches médico-légales : le liquide stomacal, le sang, ou les organes réduits en
bouillie et additionnés d'un peu d'eau, sont placés dans un matras dont le bon.
chon est traversé par un tube en verre, qui aboutit par un tube en caoutchouc à
im petit serpentin, placé dans de l'eau froide ; on distille les matières dans un
bÉÎn-marie de chlorure de calcium, à la lampe à gaz ou à esprit-de-vin, en y ajou-
tant un peu de tannin pour les coaguler; le produit est reçu dans un tube de verre
au-dessous du serpentin; s'il renferme de l'alcool, il est inflan.mable, exhale un
odeur vinique et colore en vert le mélange de chromate de potasse et d'acide
sulfurique. Pour doser, on redistille et on prend à la balance la densité du produit.
% procédé permet d'apprécierquelqnes milligrammes d'alcool, dans le produit dis-
tillé. Sur le vivant, on analyse de la même manière le sang d'une saignée, ou
celui d'une blessure, l'urine et l'air expiré. L'odeur spéciale d'une liqueur alcoo-
lique, edle du kirsch par exemple, est très-sensible dans ces opérations.
710 âLCUOLISSIE (hëD£cisk léqàli).
Pendant la vie, la présence de Takool e$t ^noorë constatée pliiâeuis heures aiarè^
ringeslioade cette substance^ au bout de huit heures danslair expiréi^deqwisr
dans Turine (Perrm).Si k mort nVpas été iinniédiate, l'analyse reteou\e, au bmH
d'un teittps phis long, de vingt à trente heupes et peut être au delà, Takoo)
contenu dans les organes, piincipalemeot dans le foie. et daa&le cerveau.
Examinons la valeur de cette preuve : négativeoienjt elle est abMlne ; si ranaU»,
Cûte à temps, ne constate aucune trace d'alcool, il n*y a ni ivmsse, ni mort çauitr,
par une boisson spiritueuse. Nous avon$ pu nous servir utilement d906signB,iibifr
uae accusation de meurtre par blessure du crâne, dans un cas de strangulation eè
l'on affirmait la mort sous l'influence de l'ivresse. L'absence d'alcool (bns le m^
a fait justice de ces allégations.Ua malheureux meurt dans l'abandon^ ses voisi»
déclarent qu'il était en état d'ivresse ; l'autopsie constate une pneuinooie et Yuar
lyse chimique ne découvre aupune trace d'alcool dans l'estomac, iiidans k sang.
On. arrive ainsi à l'évidence pour des faits que l'examen anatomique seul laisserait
dans le doute.
La présence de l'alcool par elle-méni^ ne démonUe pas l'ivresse, k dose |vui
avoir été insuffisante pour produire cet effet; uiaiaayec la,çpncor(laiice des s^ol
ptôraes et des lésions anatomiqnes, la démonstration ne kis$e rien à désirer. Dum5
neuf autopsies, l'analyse du sang el des matières stomacales nous a fourni <v
complément de preuves. Une fois le sang oflrait des traces d'alcool, lorsque ïv<^
mac n'en contenait plus. La dose est un indice, mais on ne retrouve en généial
qu'une faible proportion d'alcod et il est diilioile d'en déduire la quantité dr
boisson dont on a kit usage; 4 à 5 milligrammes d'alcool pour 100 gramme
de liquide stomacal ; i à 2 par 100 grammes de sang, ont été retirés dans on vs-
d'i\Tes8e évidente. C'est surtout à k présence ou h .l'absence de ce prÔMipc iiia*
l'on devra s'attacher, en mettant ce fait en rapport avec les symptômes et les lésiwb
anatomiques.
II. Genre de mort. lartoENCE sur les blessures. L'ivcesse par elle wèrne, tM
indirectement, est une des causes fréquentes de ces morts subûcset suspectes *\^
attirent l'attention de k justice.
Mort subite. La mort peut être immédiate, foqdrojimte ; TbonMiie pilit d
tombe ; une forte dose de liqueur distillée, un demi-litre, un Utre d'eau-do^vie, !«
tout à coup, produit cet effet, au moment même de l'ingestion ; d'autcefois, c'est un
peu plus tard; une jeune fîlle qui avait pris du kirsch peutencore regagner son douit-
cile, mais arrivée à sa porte, elle meurt subitement. Ces accidents ont été compué^
à ceux que produisent les anesthésiques ; k syncope y joue nn rôle, elle s'a^t<'
brusquement aux cflets de k congestion cérébrale et de l'asphyxie, dont on retrouva
aussi les traces dans ces morts rapides ; nous avons c(mstaté ces lésions dans deui
cas de mort par le chloroforme, comme dans l'alcoolisme aigu. L'homme iur
peut aussi périr au milieu des convukions; c'est une des terminaisons de IVftf-
l^psie alcoolique. Tons les observateurs ont reconnu l'influence de i'afcodisBie <or
k mort subite; M. Devergie l'a signalée 14 fois sur 40 cas« Dans 65 autopsir',
faites à la suite de morts subites, nous avons rencontré 9 fois l'ivresse, oominc
cause évidente, 17 fois la plénitude de l'estomac, un repas récent qui laisait Mip-
poser l'influence de l'alcoolisme, 57 fois la vacuité de cet organe.
D'autrefois, et c'est le cas le plus ordinaire, la mort est prompte, sans Htt in*
stantanée ; l'homme ivre est pkcé au violon, il est couclié dans son lit, il s'endort
dans un endroit écarté, et au bout de quelques heures on le trouve sans vie. Le^
témoins, s'il en existe, déclarent que le sommeil a été profond et non interrom|«.
ALCOOLISME (MÂDECIKB LKGALIS). 711
que rembarras de la respiration, la sterteur ont toi^ours été en croissant. Une as-
phyxie lente s'est produite dans le coma ; c*est alors qu'on trouve les signes les
^us caractéristiques du genre de nioil, qu'il faut distinguer des effets des narcoti-
ques. Le médecin notera les circonstances qui ont fav.orisé l'action de Talcool, le
froid qui ralentit l'élimination et aggrave la congestion pulmonaire. L'attitude de
rivrogne peut gcner la respiration et par sa bizarrerie devenir suspecte. Nous
avons vu un idiot, mort dans un grenier par suite d'ivresse, présentant au cou un
sillon rougeâtre, trace de la cravate fortement serrée, et au bas du thona^ un sillon
analogue provenant des vêtements, double coqstriction qui sans aucun doute avait
hâté l'asphyxie.
La mort subite de l'ivrogne peut avoir lieu dans l'intervalle des accès d'ivresse,
par rupture vasculaire et apoplexie, congestion pulmonaire, affections du cœur ;
M. Lancereaux. a signalé l'influence de thromboses provenant d'artérites pseudo-
membraneuses.
Blessures. L'ivresse est cause d'accidents, de suicides, d'homicides. Ici se pré-
sentent d'importantes questions de médecine légale qui se rattachent au diagnostic
et au pronostic.
Plus d'une fois la mort par ivresse a été iaussement rapportée à des violences ;
Louis, dans deux consultations célèbres (affaires Chassagneux et HontbaiUy.) , arendu
compte d'erreurs judiciaires occasicmnées par cette confusion. Richond et Marc,
appuyés par Fodéré, ont obtenu la réhahilitation d'un homme condamné pour
meurtre, dans un cas où l'attitude siogulière de la victime et diverses cinxm-
stances avaient fait méconnaître le véritable genre de mort.
S'il n'existe aucune trace de violence, ledkgnostic est Sicile; il repose sur les
signes de l'ivresse. Lorsque des lésions sont constatées, il faut d'abord reconnaître
si elles sont traumatiques, ou si elles proviennent de l'alcoolisme.
La commotion cérébrale détermine une hémorrhagie dans les mailles de la pie-
mère ; on la distinguera de l'apoplexie méningée, suite de l'intoxication, et le
plus souvent accompagnée de fausses membranes et d'altération de vaisseaux; la
même remarque s'applique à l'apoplexie pulmonaire et aux déchirures Irauma-
tiques du poumon. Des violences peuvent contribuer à produire ces lésions, sans
en être la cause promit.
Dans les m<Nrts accidentelles, il faut faire la part de l'ivresse ; elle a pu rendre le
blessé moins adroit, moins prévoyant. Ainsi, pour les accidents qui arrivent dans les
manufactures ou aux employés de chemins de fer, il importe de hîen préciser cette
question qui déplace la responsabilité; le médecin doit être en mesure d'apprécier
uneallégation par kquelle on cherche à atténuer l'intérêt qu'inspire la victime.
On a attribué à des coups les traces de chute, les écorchures, les ecchymoses
proveoant des mouvements convulsifs de l'ivrogne ; d'autres fois, h un homicide les
blessures qu'il s'était faites volontairement. Ici la question se résout, comme en de-
hors de l'ivresse, par la considération du siège, de la direction, de la nature et de
la gravité des lésions. C'est dans un cas de ce genre que Voisin, cité par Percy, à
i-eooonu que des blessures, attribuées d'abord à un meurtre, avaient été produites
au moment où l'homme ivre se débattait et roulait sur le sol.
La prévention publique est disposée, suivant les cas, à tout rapporter ou à l'ivresse
ou aux lésions. Lorsque l'autopsie constate la coïncidence de ces deux faits, le mé-
decin doit établir la part de chacun d'eux, en mesurant l'intensité de l'ivresse et la
gravité des blessures. Celles-ci seront examinées en elles-mêmes. Sont-elles de
nature à occasionner la mort? Telle est la question à résoudre. Insignifiantes ou
712 ALCOOLISME (hkoecikk légale).
d une gravité médio<ire, piqûres, coupures, contusions légères, elles laissent toult*
sa valeur à la première cause. D'autres fois, les blessures sont telles, fractures du
crâne, contusion du cerveau, écrasement du thorax, plaies du coeur, qu'aucun
doute n'est possible, et que Fivresse, à coté de la lésion, n'est plus qu'une circon-
stance accessoire. L'appréciation est difticile, lorsque les deux causes sont ri*uni&.
sans prépondérance marquée de l'une d'elles. La blessure eùt-«lle été mortelle »ib
l'ivresse? Cette question se présente surtout pour les lésions du crâne, acoompt-
gnées de commotion. Les particularités de chaque fait fournissent les éléments de
conviction ; il est des cas où le médecin sera conduit à admettre les deux influences.
Les suites éloignées de^ blessures, aussi bien que leurs conséquences immédiates,
sont modifiées par l'alcoolisme. C'est la congestion cérébrale plus violente, quand
elle succède à la commotion qui a eu lieu dans l'ivresse ; c'est le délire nerveux,
délire alcoohque, qui complique la blessure ; on peut > oir paraître Tépilepsie, li
pneumonie, l'érysipèle, les suppurations de mauvaise natm'e, l'adynamie dans b
fièvre traumatique. C'est surtout dans l'alcoolisme chronique que l'on obsene cr»
conséquences graves de blessures, qui, par elles-mêmes, eussent été légères ; kdô-
Uriam tremens peut se développer tout à coup. Le médecin signale ces acddails ;
il indique le lien et les intermédiaires pathologiques entre la cause et reflet, et il
fournit ainsi des éléments à l'appréciation morale et juridique.
m. LIBERTÉ MORALE BT RESPONSABILITÉ. L'iutoxication alcooUque excite les pa^
sions, pervertit le jugement, anéantit la conscience et la volonté; elle est un des
mobiles les plus oi'dinaires des actions contraires à la sécurité des personnes ; elle
conduit au vice, au crime, à la folie. L'homme est-il responsable des actes qu'il
commet sous cette influence? L'ivresse est-elle un délit, une drcoiistanoe aggra-
vante, une excuse ou une atténuation? Ces problèmes se posent pour l'alcoolisnt
aigu et pour l'alcoolisme chronique. La question de principe appartient plus lu
moraliste et au jurisconsulte qu'au médecin ; mais ce dernier fournit aussi àei
éléments de conviction ; c'est une cause matérielle qui modifle l'état moral. Lors-
que la question devient individuelle et pratique, lorsqu'il s'agit d'appliquer le pria-
cipe à un cas déterminé, le médecin est appelé pour apprécier les oonséquence>
d'une intoxication, et son intervention a une réelle importance.
Nous examinerons successivement la législation et les applications médico-légale.
i"* Législation. Deux pensées semblent dominer dans les lob, l'horreur pour
ce vice, le danger qu'il fait courir aux individus et à la société : l'état mental àr
l'homme ivre qui, perdant la volonté et l'intelligence, cesse d'avoir la conscteoce de
ses actes.
En droit civil, plus qu'en matière criminelle, la jurisprudence est disposée-
i tenir compte de la perte de la liberté morale, occasionnée par l'ivresse. Le droit
canon admettait l'incapacité légale, aussi bien que l'excuse : « Ebrius non poUM
ullo modo contrahere et si contrahat, coiitractus ex ipso jure nullus est \oa
possibile contrahere matrimonium, quia consensu caret, nei|ue testamentunj
condere. » L'ivrognerie n'est pas un motif de divorce, à moins qu'il n'y ait fureui
et menace contre la vie (2accliias). La liberté du consentemeut, qui est TesseoiY
des conventions, est altérée par l'ivresse. Pothier, Toulier, Duranton, ont pensé i|o<*
rivrcsse complète était une cause de nullité des contrats. Il y a de rimmarahtc j
contracter avec uu houmie ivre. On distingue avec soin l'ivresse volontaire de œlif
qui est provoquée piir la personne à qui le contrat profite. « Lorsque l'ivresse e>^
l'elVet du dol et de la fraude ; elle est une cause de rescision des conventions et L<
preuve peut en être faite par témoins ï» (Cour de Colmar, 27 avril 1819). Des ar-
ALCOOLiSME (HiDEciNK LicAis). 713
rets analogues, Rennes, 1812, Besançon, 4819, Angers, 1833, confirment cette
distinction. En Angleterre, l'ivresse n*invalide (las un acte, à moins qu'elle n'ait
éié procurée par autrui, dans le but, d'obtenir un ayantage injuste (Guy). En
Pnisse, l'homme en état d'ivresse est considéré comme étant privé de sa liberté
morale (Gasper). Sans doute, les tribunaux ne doivent pas permettre de violer la
foi des contrats en alléguant l'excuse banale de IFivresse, mais lorsqu'il sera bien
évident que l'un des contractants était dans un état complet d'ivresse, et par con-
séquent incapable de domier un consentement, la nullité du contrat pourra et devra
être prononcée (Briand et Chaude), quand bien même l'autre contractant aurait
simplement proGté d'une ivresse qu'il n'aurait pas provoquée. L'interdiction, dans
l'alcoolisme chronique, est subonlonnée à la preuve de l'aliénation mentale.
La question suivante peut être posée à Toccasion des assurances sur la vie. Le
suicide accompli dans l'ivresse est^ii de nature à annuler le contrat ? Nous répon-
drons par la négative si l'ivresse a été complète et s'il n'est fias démontré que le
suicide ait été la conséquence d'une résolution prise de sang-froid.
Les applications an droit ci'itninel ont une importance plus générale.
L'ivresse a été considérée comme un délits comme une faute punissable en elle-
même. Les sociétés anciennes étaient sévères à cet égard ; nous ne rappelleront pas
Selon, dont les lois punissaient de mor^ l'archonte qui s'enivrait. Aristote voyait
dans l'ivresse une circonstance aggravante : < Aristoteles ex Pittaci sententia,
non modo non excusât ebrium nulle modo quum delinquit, sed majore pœna
afficiendum esse vult quaiu si idem iecisset extra ebrietatem i» (Zacchias). Inno-
cent III frappait de peines sévères les ecclésiastiques qui s'enivraient et les décla-
rait déchus de leurs charges. En Franco, un édit de François !•' (1556) punissait
d'un emprisomiement l'ivresse qui causait un scandale public, et de peines afflic-
tives et infamantes les ivrognes incorrigibles. De nos jours encore certains pays,
l'Angleterre, la Suède, la Prusse et plusieurs autres États de l'Allemagne, ont des
peines contre l'ivresse. D'après le code prussien, celui qui pr jeu, ivrognerie ou
autrement, se met hors d'état de subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille,
vi^l condamné à l'emprisonnement. Dans leMecklembourg-Schwerin(l 843) ,rbomme
ivre qui trouble l'ordre est condamné à la détention, et, en cas de récidive, à des
peines corporelles ; la dette des ivrognes pour boissons spiritueuses n'est pas re-
coimue et le cabaret leur est interdit.
En France nous n'avons pas aujourd'hui de répression légale de l'ivresse ; on
l'atteint indirectement en punissant plus sévèrement les désordres que produit
l'intempérance. Des mesures disciplinaires sont prises dans la marine, dans l'armée
de terre, dans certains établissements industriels. Quelques arrêtés préfectoraux
du Nord, du Finistère, ont assimilé aux contraventions le scandale public causé
par l'ivresse ; on poursuit aussi les débitants qui domient à boire aux individus,
ivres, ou qui reçoivent des enfants au-dessous de quinze ans. Devantles tribunaux,
une répression plus sévère attend les ivrognes de profession, les hommes violents
et redoutés qui vivent dans l'intempérance. L'ivresse en elle-même n'est pas punie ;
c'est une faute morale qui relève de la conscience et que la loi n'a pas transformée
en délit ; les conséquences de la faute sont seules atteintes. Peut-être serait-il utile
que la loi frappât diiectement Tivresse qui cause un scandale puUic. Quant à la
réclusion des dipsomanes, elle ne peut être obtenue qu'à la condition de prouver
qu'ils sont aliénés et dangereux.
L'ivresse est-elle une excuse, une atténuation des actes commis sous son in-
fluence? Cette question a été diversement résolue par les législateurs. Le Droit
714 ALCOOLISME («khecimb (i«ALi.).
romain, d*abard coDtraire à cette doctrine (JMdicia ortftnona), Ta plos tard ad-
mise {judicia extraordinaria)^ en distinguant pour Tivresse les act«s oommi»
<r dolo maio » et ceux qui l'étaient « ex animi impeta. » La peine de wmi n e-
tait pas prononcée contre les soldats qui se noutilaient ou chercbaioii à s'dtar h
vie pendant Tivresse (« de re militari.,, per vinum, ofûtalis poBoa remittoida
est ».) Le droit canon reconnaissait ratténiiation qui râiiUede T-ivoene. Zacdùae^
s'exprime ainsi : a In delictis minus punitur. Diflbit inèoc uno a demeule quk
in delictis non excusatur a culpa ». C'est dans les lois pénales de 1* Allemagne,
que le bit de l'excuse est le plus formellement indiqué. La oonstitutîoo cnmtneUe
de Harie-Thérèse admettait que la personne en état d'ivresse était incapable de dé-
lit. Un règlement de Joseph II, pour les Pa;s-Bas« considère comme exouaerivreEâe
fortuite et involontaire. Le code autrichien reconnaît que l'ivrasM invdoiiUîre, qui
conduit au crime, enlève le jugement et détruit la^ respoosaUlité; il déclaie qœ
l'ivresse doit être punie comme une transgression, quand nn a.c«Mnmi8 nue action
qui hors de ce temps serait considérée comme uncrime.fians le Wurtemheig, le dé-
vastateur d'arbres est puni de peines plus douces, s'il est ivœ, àmoioa <|a'ilnesoit
iiTogne de profession. Les codes bavarois, saxon, wurtenibergeois,badoia, hesaois,
contMnmeut des dispositions qui établissent que les crimes médités, qvaad le jo-
gement était sain, puis accomplis sous l'ittAuence d'une ivresse volontaire, entrai-
niait toute responsabilité et doivent être considérés comme ayant été oommis aveu
préméditation. On peut en conclure qu'en dehors de ces conditions Tivreiee dimi-
nue ou annule la responsabilité. Le projet de oode prussien, en 1843» contenait ane
disposition analogue; le code pénal nouveau ne mentionne plus l'ivrease et laisae
l'appréciation du fait aux jurés et aux juges. En Italie, en Espagne, en l^oitih
gai, en Hollande (Most), l'opinion favorable à l'atténuation parait aiusi prévaloir.
D'autres pays ont adopte une doctrine plus sévère. La loi anglaise a excuse p»:
celui qui s'enivre volontairement est responsable des actes qu'il comaiet daib
l'ivresse, quand bien même, à l'état sain, il n'aurait pas songé au crime. L'ivnsM^
n'a pas d'eifet légal; elle n'atténue ni n'augmente la peine attachée k la ImisgRs-
sion (Guy). La jurisprudence à cet égard s'applique avec rigueur.
La loi française ue«Ëiit aucune mention de l'ivresse ; elle ne l'adaaei pas comme
excuse légale. « U n'y a ni crime ni délit, lorsque le prévenu était en état de dé-
mence au moment de l'action...» (Code pénal, 64.) On a voulu appliquer à l'i-
vresse cette disposition du Gode pénal. L'expression de démeMce est on terne gé-
néral qui désigne tout état dans lequel la connaissance, le jugement, la Tolontt-
sooi suspendues ; c'est l'ahénation mentale, durable ou tenqioraire, primitive ou
secondaire, le délire aussi bien que la h^ ; hésiterait-on à excuser les actea com-
mis sous l'influence de la lièvre typhoïde, de l'empoisonnement par la belladone, par
le dalura? Pourquoi juger autrement qusnd il s'agit de l'akool quia dese^<
identiques sur la conscience et sur la volonté? la jurispmdenœ a toujours repoo«é
cette doctrine; l'ivresse est un fait volontaire, vicieux, réprouvé, qui ne peut
constituer une excuse légale : « si la volonté du législateur eût été de placer rhm<e
sur la même ligne que la démence et de l'élever au rang des excaws, il l'cdt
mentionné, comme il a mentionné la démence et la provocation ; son silence ré-
vèle la volonté formelle de lui refuser œ caractère » (Bnand et Chaude). La qoef-
lion de l'ivresse ne peut être soumise au jury ; en 1808, la ooor d^assises du Cher
ayant posé une question relative à l'ivresse, alléguée par l'accusé, la comr de cas-
sation a improuvé, en constatant « que l'ivresse étant un fait volontaire et répré-
liensible, ne peut jamais constituer une excuse que la morale et la loi permettent
d'accueillir. » D'aotrea arrêts du 18 mai 1815, 6avrUi8â4, 15 juillet 1843, 28
février 4845, ont prononcé dans le môme sens.
TeMe est la jurisprudence française qui rend Tbomioe responsable des crimes
oûnunis pendant rivmsse ; examinons cette doctrine au point de vue médicaL
L*ivres8e -eat une démence passagère, qui anéantit la conscienQe et la volonté ;
responsabilité et absence de Uberté xnorales sont d^s idées contradictoires ; tel est
Icprincipeabaohi. a L'ivresse, lorsqu elle estcomplète^ôteenliàrement la conscience
An bien et da mal» l'usa^ de la raison ; c'est une . sorte de démence passagère ;
rhoBune qui s'est enivré peut être coupable d'une grande imprudence, mais il est
impossible de dire avec justice, ce crime, tu l'as compris au moment de le corn-
inettie i (Rossi), L'homme qui s'enivre ne doit répondre que de l'imprudence
qu'il a faite en s'enivrant ; lui imputer les actes qu'il a commis quand il a perdu la
raison, c'est punir comme un crime un acte purement matériel^ abstraction faite
de la volonté ceupable de l'agent (Chevreau et F. Qélie). Si l'individu a perdu
toute faculté de counaitre, de juger et de vouloir, il derient incapable de disposer
et de conijracter, ses actes ne lui seront plus imputés.
Si d'une manière générale ce pipincipe n'est pas contestable, hâtonS'^ious de le
restreindre dans d'étroites limites et d'indiquer les circonstances qui en règlent
rappUeation. On doit craindre de donner le caractère d'une excuse légale à un fait
répréhensible en lui*méme, de légitimer pour ainsi dire une habitude immorale et
de préparer une excuse à tous les crimes. L'ivresse estun fait yoloutaire, cdui qui
s'y litre est teensé la vouloir, avfc toutes ses conséquences dont la possibilité ne l'a
pas arrêté. On a objecté que si l'on devait prendre en considération l'inuBoralité
du mobile, il faudrait aussi punir beaucoup d'aliénés dont la maladie provient de
causes vdonlaires ; que l'altération mentale une fois produite, on n'avait qu'à en
mesurer rinOu&nce, sans en rechercher les causes, ici l'analogie n'est pas oovipiète ;
il ne s'agit point d'une pathogénie douteuse et à longue échéance ; l'ivresse a une
cause immédiate, évidente, trè^-rapprochée de l'acte et qui y concourt : « Ebri^as
mabim f/p/nUe arxessitum^ vcluniaria quidem inêtmia. » (Zaochias) . L'ivresse altère
plus ou moins les Csicultés morales, mais l'aliéné lui-même, dans une certaine
mesure, peut être considéré comme responsable de aesactos, lorsqu'ils sont étran-
gers au délire, commis dans un intervalle lucide, et lorsque la lésion mentale est
peu profonde ou spécialisée. La même appréciation, avec plus de justesse encore,
s'applique aux effets de l'alcoolisme. N'admettons pas en pareille matière de
docbine absolue; il y a pour Tivresse des cas d'excuse et d'atténuation ; il y en a
d'auires où la responsabilité reste entière et même où elle s'aggrave. Cette opinion
n'est pas contraire à la loi. On demande aux jurés si l'accu^ estcoupaUe (C.I.G,557) ;
ils ont donc à apprécier tous les éléments de la culpabilité, qui se composent de
l'intention et de la volonté aussi bien que du fait matériel. Le jury a le droit de
reconnaître l'existence de circonstances atténuantes, sans les préciser (C. P. 465) ;
ce sont des faits non définis^ individuels, imprévus, qui représentent la moralité de
la cause, l'émotion, le sentiment du juge ; l'ivresse peut trouver place parmi les
motifs tacites de cette déclaration.
8^ ApplicaUan médico-légale. L'application du principe est subordonnée au
fait individuel. Tous les actes commis sous l'influence de l'alcoolisme aigu ou chro-
nique méritent un examen particulier. Le médecin, au point de vue de la respon.
sabilité, fournit des éléments d'appréciation qui se rapportent aux quatre points
suivants : aumoded'inébriation, aux degrés de l'ivresse, i l'accusé lui même et ù
l'acte incriminé.
716 ALCOOLISUE (nkoëcixe l£calk).
L*ivresse (leut avoir éié provoquée fSLrlviiniude : on mêle au \iode Tean-de-vie
ou toute autre substance enivrante; on abuse de la faiblesse, de l'ignonnoe, ai
poussant à boire, en faisant prendre un bremuge dont la puissance est inoonnue
L*ivresse peut être le résulkit d'une surprise; ce sont des vapeurs aloooliiiuesquî
agissent sur une personne, à son insu même; ici l'eicuse est complète. Noos trou-
verons encore quelque motifs d'atténuation dans une ivresse imprévue, aocidcotelte,
inopinée, qui éclate tout à coup, sous l'action d'un breuvage dont oo n*av«it pas
l'habitude, favorisée par des causes accessoires, par l'action du froid, du tabac,
par de vives émotions morales ; mais ici la nuance est difficile à saisir. L'iTresseest
volontiiire ; l'homme Ijoit pour le plaisir de boire ; il sait qu'il s'enivre ; il Ta déjà lait,
il subira les conséquences de In passion h laquelle il s'al^ndonne; mais l'ivresee au
moins pourra être alléguée comme excluant la préméditation de l'acte.
L'ivresse c&i préméditée ; dans un but coupable, l'homme boit pour étoofler 1»
voix de sa ct)nscicnce, pour s'e\alter, pour se donner le triste courage d'accomplir
le crime qu'il a préparé étant à jeun; l'ivresse est ici un des moyens d'exécutioo et
la responsabilité reste entière, avec la circonstance aggra^-ante de la préméditation.
Roosch a dit : « L'homme ivre peut accomplir une action résolue à jeun, sans con-
server la conscience du but, de la nature et de l'objet de l'acte. > Il le compare au
soumambule qui exécute en dormant l'acte auquel il n pensé h veille. Cette asa-
milation n'est pas admissible ; l'ivresse est voulue, le somnambuîi.'nu* est un £ûl
involontaire. On a objecté que la responsabilité devait reposer sur l'état de fa
conscience au moment même de l'acte; qu'il impoitait peu que l'homme y eût pensé
à l'avance; il suflisait qu'il ne fiU plus maître de lui en le commettant. Quoique Ir
crime fût on rjpfMirt avec son intérêt et ses passions, à jeun peut>étre il ne l'eài
pas commis ; c'i^t l'ivresse qui a transformé la velléité en volonté, la peoaée en
acte. Mais le criminel a compté sur cette dernière excitation de l'ivresse ; sous Tin-
fluence de l'alcool il a pu suivre une idée, marcher vers le but, continuer a* qu'il
avait médité à l'avance, c'est une preuve évidente qu'il avait la conscieiH'e d*un adf
011 tout concorde, préparation et exécution, et qu'il doit en porter la responsabilité
La liberté morale varie suivant les degrés de Civresse; les nuances sont diffî-
cilcs h saisir, les stades se transforment rapidement ; à quel moment perd-on b
conscience et lu volonté? Les premiers verres, dit un proverbe italien, donnent du
sang d'agneau qui adoucit, les seconds du sang de tigre qui rend furieux, les der-
niei^s du sang de pore qui fait rouler dans la boue (Casper.) Ce sont les trois ]é-
riodes de l'ivresse, excitation, perversion, stupéfaction. On ne confondra point
avec l'ivi*esse la simple excitation produite par le vin. L'intelligence est d'aboid bti-
mulée ; l'homme se sent plus libre, plus heureux, plus fort, il parle et agit en con-
séquence^ mab il devient inconsidéré, susceptible, sa volonté s'altère ; il lèsent et il
peut encore s'arrêter. Bientôt les passions s'exaltent, les instincts dominent, le jugi^
ment s'obscurcit, tous les rapports sont méconnus; c'est le délire incohérent du ma-
niaque, la fureur de l'halluciné. Alors parait la période médico-légale de l'ivreaji*.
|)endant laquelle les actes les plus odieux sont commis. La liberté morale e»t
perdue, mais l'iiomme, « voluntarius dxmon, » a lui-même décliainé les pa»ioii>
qu il ne peut plus contenir. Suivant les cii'constances du fait, on fient trouver dau^
iTt état l'occasion de circonstances atténuantes. La même remarque s'applique à
la |)ériodc de stuiKîur où une violence aveugle, frappant au hasard, un véritiblt*
délire des actes, dont il ne restera aucun souvenir, précède ou interrompt le pro-
fond sommeil qui est la crise de rivres.se. Les formes convulsivos et é|iile)itiqiie^
îtUereiit profondément li»s facultés. On a vu le délire se prolonger après TivresM
ALCOOLISJIË (xÉogcixfi l^salk). 7i7
et une manie transitoire succéder à un seul accès (Marc) ; dans ce cas to:il excop-
tionnely le diagnostic présente de grandes diificultés; c est raliéiiation mentait; cl
non Tivresse qui modifie alors la responsabilité.
L'éUU individuel sera pris en considération ; une disposition héréditaire explique
le TÎce et rend plus vraisemblable uu trouble mental. Les enfants, les jeunes goiis,
arrivent plus facilement, et sans s'en douter, à une ivresse complète ; ils sont plus
sensibles que les adultes aux efTels de l'alcool, comme à ceux des anestbésiques. La
moralité, les habitudes, les antécédents fourniront des indices. On recherchera si
l'accusé avait l'ébriation facile, le vin triste, violent, dangereux, s'il connaisssait
les effets des alcooliques sur sa personne, s'il les évitait, si déjà il avait commis
des actes répréheusibles pendant l'ivresse. On notera les maladies qui ont pu
développer le penchant à la boisson, les affections du cer>eau, les suites de l'apo-
plexie, d'une fracture du crâne, l'épilepsie, l'hystérie, la polydipsie, les accideuls
qui accompagnent la ménopause. Toutes ces conditions matérielles peuvent èlro
des motifs d'atténuation; le point important, c'est d'apprécier l'état mental, dont
l'altération préexistante est mise en évidence par l'ivresse.
Le mobile de Vaete fournit des indices. C*est rhaUuciuation ; une voix ordonne
le meurtre, le voisin pris pour un fantôme est frappé mortellement. Uu motif
insensé, une fureur aveugle, une fatale frénésie arment le bras de l'ivrogne ; des
inconmis tombent sous s^ coups. Ici l'atténuation peut être admise, mais il en est
autrement si un motif réel, si la vengeance, l'intérêt, la passion, se mêlent aux
impulsions de l'ivresse. Le suicide, le meurtre, l'incendie, le vol, l'attentat à la
pudeur, sont les actes les plus ordinaires. La décision est soudaine et imprévue :
l'ivrogne quitte le cabaret pour aller se pendre ou se jeter à la rivière ; il tue avant
de se tuer ; il veut voir du sang et il fait couler le sien, quand ou l'empêche de
frapper autrui. Le but égoïste, l'intention de nuire, le plan, la ruse, le souvenir,
la conduite après l'acte sont les éléments principaux de l'appréciation. On se rap-
pellera cependant qu'un acte odieux commis dans l'ivresse ne révèle pas toujours
la perversité; sous l'influence du vin, le poltron devient audacieux, le scrupuleux
impudique ; c'est une maladie passagère qui change le caractère moral.
La responsabilité pour Y alcoolisme chronique est à considérer pendant
l'ivresse et dans l'intervalle des accès. L'ivresse est appréciée comme dans les cas
ordinaires. L'ivrogne n'est pas admis à dire qu'il n'a pu s'empêcher de boire. La
i4>lère, la vengeance, toutes les passions ont leurs entraînements auxquels il faut
résister; sans doute chez le vicieux la volonté devient plus faible, mais clli' est
libre encore et l'imputabilité persiste aussi longtemps que la folie n'est pas dé-
montrée ! La même règle s'applique à l'intervalle des accès; il faut prouver la
folie pour faire cesser la responsabilité de l'ivrogne. Il ne suffit pas de constata
l'état physique qui accompagne l'intempérance, la lésion mentale doit être niisi*
hors de doute, mesurée dans ses degrés et dans son influence sur lès actes.
L'lH»nme adonné aux boissons spiritueuses peut conserver toute la lucidité tic
sa raison; mais bientôt sa moralité s'altère; la dureté de cœur, la bi*utulilé,
l'égoisme président à ses actes, dont il portera la responsabilité tout entière.
Une lésion plus grave ne tarde pas à se produire, la morosité, l'oubli des devoii-s,
l'inhumanité, la tendance aux actes dangereux. La surface est calme, le fond est
troublé ; Thomme ne semble avoir perdu ni la raison, ni la conscience ; mais elles
sont affaiblies. La moindre excitation l'entraîne, ses passions n'ont plus de fî-eiii.
C'est ici qu'il faut étudier les nuances, la mture de l'acte et ses causes. On se
^rardera de ooroprometti^ la médecine en donnant au vice l'excuse lianale de la
748 ALCOOLISME (médecIiie lêoalk).
folie ; mais tout en constatant que cet état est répréheanfaie et dégradant» oa
pourra parfois y reconnaître des molife d'atténuation.
La folie éclate, permanente ou temporalité; la respanabilité cosse ou e9i atté-
nuée. Des nuancés sont â établir suivant les formes deTaliénatioo. Le dépmmanr
boit parce qu*il est aliéné ; souvent, dit Esquinil, fabus des boissons 8pifi(t1lellal^>
est plutôt l'edBet que la catise des désordre» int^Ieotuels ; il en est quelqiiafiûs k
premier indice et le symptôme le plus saiillant. Cette dipsomanie essentielle est jplu^
rarepeut-^tre qu'on ne l'a pensé; elle procède du vice et il est difficile de définir le
moment où elle se transforme en folie. C'est par accès qu'éclate cette passion in-
vincible à laquelle l'ivrogne sacrifie tout. La fureur peut s'emparer du dipaomaae
auquel on refuse sa boisson favorite, comme on le voit pour le fumeur d'opium.
Le meurtre, le vol, sont des moyens devant lesquels il ne recale pas, pour sati^
laire ce goût effréné. On examinera si l'acte a du rapport avec ce mobile, ou si
nu contraire il est inspiré par des motifs d'un autre ordre. La passion de boire
seule, à quelque degré qu'elle soit portée, ne prouvera pas la foUe; il faut les aifoes
positifs d'une lésion mentale pour l'établir. C'est à des cas de ce genre ijue s'ap-
plique la doctrine de la responsabilité limitée des aliénés. La v<4onté est aOaiblie,
mais il reste assee de hbertè morale et de conscienee pour qu'il y ait «m coupable,
dont la peine sera seulement atténuée.
\jSk lypémanie êkrieuse est d'un diagnostic plus sâr. Les lialluciBatiions^ le^
conce{ftiom délinmtes expliquent l'acte incriminé; c'est an aliéné daagyreitt, dont
la folie s'ap;ii8e par moments, mais qui est sujet à de terribles rétidivQs% . loi la
réclusion dans un asile est de nécessité impérieuse; la liberté ne sera rendue
(fu'avec la plus grtmde circonspection, lorsque le temps aura consolidé la gutémon
et donné des garanties. Quand un meurtre a été commis, on peut se demander à
la société n'a pas le droit de maintenir la séquestration d'un être d'autant phi»
dangereux, que presque fatalement il retombera dans les habitudea qui ont été la
cause de sa folie.
Le delirium tremenSy forme maniaque de la folie ébrieuse, donne moina souvent
lieu à des actes de violences ; la conscience est conservée dans une certaine me-
sure; ou peut interrompre le délire, mais ici la lésion du système nerveux est
profonde, et les hallncinations jouent un rôle principal dans les déterminations du
malade, et toute responsabilité disparaît. Vépilepsie alcoolique ipeni donner lieu à
des difficultés d'appréciation, lorsque les attaques sont éléignées. Aucun doute
n'est possible sur les efYbts de la démefice et de la paralysie ^nieuâtêy demkr
terme de la dégradation morale produite par l'alcool. Quantaux folies traïuitoifes,
on les distinguera avec soin de l'ivresse, et la lésion seule de l'instinct ne suffira pa»
pour établir le diagnostic.
L'ébriétéde Isunctintedùnne aussi lieu ùcpaelqucs applications médico-Ugak»;
une personne peut-^re entraînée, trompée, poussée à son insu jusqufà f ivresse ;
on profite de cet état pour commettre un attentat à la pudeur sur unefeninie, sut
un homme, comme nous en avons vu un exemple. Sans doute, dans des pat de ce
genre, l'absence de volonté peut être assimilée à la violenee, anis la nature à'
l'excuse mérite peu d'intérêt, et appelle la discussion; iliaut distinguer les entraî-
nements de l'ivresse, oubliés le lendemain, de la perte absolue de la consoieoct'
et de la volonté. On se rappellera que l'ivresse produit des hallncinationaérotifaû»»
qu'elle peut faire croire h des violences imaginaires. Une jeune femme t^umm à
l'action du chlorolbrnie se réveille en accusant le médecin d'un acte outiagcaal
qu'il n'a pas commis ; si le fuit ne s'était pas passé en pufabc, dam une salle dia-
ALCOOLS. 719
pital, Tattitude de la prétendue viciime, Téuergie de ses plaintes, inspirées cepen-
dant par une hallucination, auraient pu conduire à une fâcheuse erreur. Des faits
semblables se passent dans l'alcoolisme, et Tallégation de celui qui s'est mis en
état d'ivresse ne doit être admise qu'avec circonspection.
On a proposé d'appliquer l'ivresse au diagnostic des maladies simulées, comme
le moyen le plus sûr de découvrir la fraude, dans les cas prétendus de paralysie,
de contractures, d'aliénation mentale, de mutké. Le médecin ne peut provoquer
un acte que la morale réprouve, pas plus qu'il n'a le droit d'exposer le simulateur
au danger des anesthésiques ; mais si l'alcoolisme se produit accidentellement, si
l'anesthésîe est pratiquée dans un but légitime, il peut alors tirer parti de l'occa-
sion pour observer le malade qui oublie de jouer son rôle, et recevoir les aveux
<(iri échappent au réveil de l'ivresse. G. Tourdes.
Bibliographie. Tous les traités généraux de médecine légale s'occupent de l'ivresse, et
principaleicént : Zacchias (lib. Il, tit. i, qusest. 11), Fodéré (t. I, 258 et 305), Orfila (t. I,
418), Devergie (t. 1, 105; t. II, 569), Friedreich (p. 4S7), Wald (t. H, p. S37), Cmper [t, I,
367; t. II, 287 et 512). La question de responsabilité est surtout ti-ailée ptr les ftliéiW0le&:
Esquirol, Marc, ftenaudin, Falret, DelasiauTe, Brierre de Boismont, et d'utiles renseigne^
menis sont fournis par les ouvrages spéciaux sur l'alooDlisme, de Roescti, Magnus Huss, Les
recherches de MM. Perrin, Lw^er, Lailemaiid et Daroy ont éolairë le côté matériel de la
question. Les ouvrages suivants ont ua intérêt plus particulièrement médico-lég«l :
LiTTBé. Observation sur une femme accoutumée à boire, morte tians V ivresse. In Mém, 4e
fAead. des Se. de Paris, 17(16. ^ Morgag:*!. De sedibus et causis morborum [ep. 6. n« 5 ;
ep. 65, n« 12). — Loua. C&nsultaiûm sur f affaire delà veuve MofUbaillp. Paris, 1787. —
BrxoffsT. Considérations générales sur la congélation pendant l'ivresse^ observée en Btissie
eu 1812. Thèse de Paris, 1817. — Marc et Bichond. Relation médico-légale d'un procès en
eondanm&fion, réviahn et réhabilitation. In Ann. d'hyg. et de méd. légale^ t. VIT, p. 568,
1833. — GiSTti. Mémoife sur l'ivresse considérée sans le doMe rapport de la médecine et de
la discipline militaire. In Recueil des mémoires de méd. et de chir, militaires, t. Ll\\ 1843. —
Tardueo. Observations médico-légales sur Vétat d'ivresse considéré comme complicatimé des bles-
sures et cause des morts subites. In-ilmt. d'hffg. et de méd. tég., t. XL, p. 5M^, 1848. — Biffllit?*
Krahib. Ueberdie Trunck-sucht, Berlin, 1819.— Clards. Itn/fi^e zur ErkemUn, und Beurtheil*
iweifelhap. Seelenzustànde. Leipsig, 1828.^ L<vbill£. De la folie des ivrognes. P4u*is, 1830.
«-Marc Im folie dans ses rapports avec les questions médico-Judiciaires, t. II, p. 565.-^
IkTtLir. Observations médico-légales sur l'ivrognerie et la méchanceté. In Ann.fd*hyg., t. XXIV.
p. yi% 1S40. — MoftT. Article Trunkenheit. In Encyclopédie der Staatsarzneikunde. Leipzig,
1840. — Marcel. De la folie causée par tabus des boissons alcooliques. Thèse de Paris, 1847^
«-Brurk bc BoisaoNT. Recherches statistiques sur le suicide dans la plie; suicide des hirognes'.
In Ann. d'hyg., t. XLIII. p. 154, 1850.— />é» hallucinations, p. 181. Paris, 1845. ^ Du MtfoUtf
et de la folie suicide. Paris, 18S6. — Deusudve. D^une forme grave du delirium tremens. Id
Revue médicale, i^^,— Diagnostic différentiel du delirium tremens ou stupeur ébrieuse. Ii)
Aon. nM.-'paychologiques, 1855. — Falhbt et Pietra-Santa. Assassinat dans un accès dé
délire alcoolique. In ^4»». d'hyg. et de méd. lég., 2« série, t. IX, p. 441, 1859. — fc)u.iifGE!>(.
Die anthropst. MometUe der Zwechnttngs-Fâhiakeit, p. 61. Saint-Gall, 1861.>-LtoRAif»Di|
Saflle. Du crime accompli par f homme ivre et des questions médico-légales relatives au
délire ébrieux. In 6at. des Hàp., 1861. — Vois». De Vétat mental dans l'atcooUsme aigu et
eiironique. In Ann. médico-psychol., 1864. — A. Fourkier. Article Alcoolisme, applicat*
médieo4égales, t. I. p. 680. In Nouveau Dict. pratique des Se. m/(f. Paris, 1864.— BErvoir, De
tabus des alcooliques, forme épiteptique. Gazette médicale de Strasbourg, mai 1865. G. T.
ALCOOLS. On nomme alcools les substances neutres capables de s unir aut
acides avec élimination d'eau, pour former des éthers comiiosés. Les alcools sont des
hydrates ; les élhers sont comparables aux sels. U existe, eu eiTet, entre Thydrate
d'éthyle ou Talcool et ses dérivés étliérés les mêmes relations qu'entre Thydnite d^
lotasse et les sels de potasse. Ces relations sont exprimées par les formules suivantes :
Îjj0« H- lia = KCl -h j}jo«
Hydrate Acide Chlonire
720
ALCOOLS.
ni-jo.
4-
IICI —
(c»H»)a +
Ilydmtc d'élhxlf.
Chlorure «réthyle
Il "
Hydrali*
de potassium.
-+-
Aride
aci'lique.
- Kl"
Acétate
de potassium.
Hydrate d'élhyl<«.
-f-
Acide acétique.
Acitilc d'éthvU.
■
il)
il
0'
-h
III
Hl
U!
œ
0'
Cette analogie entre Talcool et l'hydrate de potasse avait été reooonue depuis
longtem|)s et était exprimée parle nom même d'hjdrate doxyded'éthyle, introduit
dans la science par Berzelius, lorsque MH. Dumas et Peligot établirent en 1855 que
Tesprit-de-bois joue le rôle de l'alcool, c'est-à-dire qu'il est capable d'éthérifier J(s
acides comme lui. Depuis, on a découvert un grand nombre d'autres corps qui
sont doués de propriétés analogues et qui forment en quelque sorte le pivot de b
chimie organique, car d*innombrables dérivés viennent se grouper autour d'eu\.
Et ces alcools appartiennent à différents groupes suivant qu*ils s'unissent à une «i
plusieurs molécules d'un aciJe monobasique pour former des éthers neutres. On
nomme alcools monoatomiques ceux qui se combinent avec une seule rooléiide
d'un acide monobasique pour former un éther neutre, alcools polyatomiques ceu\
qui exigent plusieurs molécules d'uu acide pour s*éthérifier.
Alcools monoAtomlqneii. L'alcool ordinaire et ses homologues forment wic
série dont la composition générale est représentée par la formule OH'^K)'. U
tableau suivant indique la composition et les propriétés physiques des diflêrents
termes de cette série.
NOMS
ronifDLis
BNI'TniOl'ES
FORiîULES
TTPIQOKS.
DRNsrrÉs.
POIRTS
TIO».
roivTft
Dl
M»
Alcool méthvlique
(esprit-de-Dois). .
Alcool éUiylique (es-
prit-de-vin). . . .
(? Il* 0«
G* ll« 0»
0.8142
àO-
0,8095
àO*
60-66*,5
•Î8-4
n
»
Taylor. 1812
Amoldus Tiila-
noTus, 1300
Alcool propylique. .
C«H»0«
C||'o.
»
06*
»
dnncel. 18^3
Alcool butylique. . .
C« 1I«00«
0,8032
à 18«,5
lOO*
»
A.WurU.l«:'2
Alcool amylique. . .
C««il«W
H "
0 8248
àO*
130.i3«*
—20*
Scbeel^. I7>5
Alcool caproique. . .
C*«ll*«0«
T>'
0.833
àO*
1481.54-
>
Fagd. 185:.
Alcool œnantliyliquc.
C14II160*
H ^
»
105*
9
ftget. I»i:{
Alooot caprylique.. .
C«»HtW
'T>
0.823
à 17»
178-180-
1)
Bonis. 1K.M
Alcool cêtylique
(éthal]
C»IP*0*
H "
»
34 !•
.'i0-49*.5
Cbevnrul. 1^^
Alcool cérylique. . .
C»*HWO«
H ^
»
»
79-
Brodif. t^^
Alcool myricique.. .
C«H«0«
H "
9
»
8>
Brodic. tm
ALCOOLS. 721
A cette série, qui comprend les alcools monoatomiques les [dus parGûts, s'en
rattachent d'autres qui se distinguent des premiers parce qu'ils renferment moins
d'hydrogène. Ainsi à l'alcool ordinaire et à l'alcool propylique se rattachent Talcooi
acétjlique ou vinylique et l'alcool allylique :
C41»0* CTPO*
Alcool. Alcool propylique.
CMi*0« C«I1W
Alcool vinylique. Alcool allyriqu«.
Lorsqu'on soumet l'alcool allylique à l'action de Thydrogène naissant, on le
i:onvertit en alcool propylique. Cette expérience étiblit le lien théorique entre ces
(leu\ alcools. Les mêmes relations existent entre l'alcool décylique et le camplire
de menthe, et entre celui-ci et le camphre de Bomco :
(?^I1"0* Alcool décylique (le dixième de !a »êi-ie.)
f;tO||tOQl Camphre de Menthe.
C**H"0* Camphre de Bornéo.
Tous ces corps jouent le rôle d'alcools monoatomiques : ils peuvent se combiner
avec une molécule d'un acide monobasique pour former des éthers composés.
Les camphres font partie des corps aromatiques, qui sont des conlbinaison^
renfermant moins d'hydrogène que les corps qui en sont saturés et qui se groupent
autour des alcools normaux G"I1"~^'0*. Il existe plusieurs séries d'alcools aroma-
tiques. Les plus importants sont l'alcool benzylique et ses homologues.
L'alcool benzylique, découvert par M. Cannizzaro, est l'alcool de l'acide ben-
/oïque. Il est à cet acide ce que l'nlcool ordinaire est à l'acide acétique :
C**HH)* C»*HH)*
Alcool bencylique. Alcool benioiqiie.
il est homologue avec l'alcool cuminique :
Alcool benzylique .... C'WO* = (^''*'*'|| 1 0«
Alcool cuminique .... O^Il^O* = (^""'*^ | Q»
L*alcool benzylique présente des relations d'isomérie très-curieuses avec l'alcool
< ressylique ou hydrate de cressyle, que MM. Williamson et Fairlie ont découvert
en 1854, et qui est lui-même homologue avec l'alcool phénylique ou hydrate de
phényle, si bien étudié par Laurent :
Alcool phénylique ou hydrate de phényle . . C"H«0« = (G***^'^ | q«
Alcool cressylique ou hydrate de cressyle . . C"H*0*=: ^^ ii } 0'
(]es deux derniers alcools se rencontrent parmi les produits de distillation de
la houille. On les sépare du goudron de houille par distillation fractionnée. 11 est
A remarquer qu'ils présentent, indépendamment de leur fonction alcoolique, le
raractère d'acides faibles. Non-seulement ils peuvent s'unir aux acides pour les
('•thérifier, ils peuvent aussi s'unir aux alcools pour former des sels. On les désigne
sous le nom de phénols (Berthelot).
Parmi les autres alcools aromati<|ue$nous citerons encore l'alcool cinnamique ou
i'hvdrate de cinnamvlc :
Kiifin il résulte des expériences de H. Berthelot que la cliolcstrrine CH^^O* e>l
cipable de se combiner avec les acides pour former de vériLibles éthers composée,
DICT. EN€. 11. ^ 4(1
724 ALCORNOQUE.
On nomme glycols (voy, ce mot) les alcools diatomiques qui ont été déoouverU
par M. VVurtz. La glycérine {voy. ce mot) a été reconnue par H. Berthelot comme
un alcool triatoroique.
H. de Luynes a établi le caractère triatomiquc de réryibrite.
Enfm il résulte des travaux de M. Berthelot que la mannite, la glucose cl
d'autres substances analogues jouent le rôle d'alcools polyatomiques.
Les formules typiques que nous avons données sont très-commodes pour Tinter-
prétation de toutes les réactions de ces alcools. On voit que leurs radicaux tiennent
la place de la moitié de l'hydrogène contenue dans les molécules d'eau condeiis«'e>
prises pour type, tandis que l'antre moitié de cet hydrogène typique est demeurée
dans la molécule, et en quelque sorte disponible, il est remplaçable par des nidi-
eaux d'acides. Les équations suivantes montrent les modes de formation et la
constitution de quelques-unes des combinaisons que ces alcools polyatomiquesi
peuvent former avec les acides :
Givcol. Ackle acétique. Glycol diae^tique.
(C.H.r|„. , 3|-(C..™-,;|o.] ^ .^,. ..^(C|K;.rj<,
Glycrrine. Acide acélique. Gif eèrine irulétMpM.
Les alcools polyatomiques peuvent s'oxyder, et les produits de leur oxydation
constituent les acides polyatomiques et polybasiques. C'est ainsi que M. Wurtx ;i
f^nstaté que les acides glycolique et oxalique résultent de l'oxydation du glycol,
et que l'acide lactique résulte de l'oxydation dupropylglycol. Ainsi tous ces acide<
et leurs nombreux dérivés viennent se grouper autour des alcools polyatomique>
comme les acides à quatre équivalents d'oxygène, et leurs dérivés viennent s»*
grouper autour des alcools monoatomiques. Lutz.
AliOOOMATRB. On donne le nom d'alcoomètre à tont instrument propn* à
faire connaître la proportion d'alcool oonteime dans un liquide. En France, le<
pèse-€sprit de Baume et de Cartier ont été pendant longtemps les s^ils alcoom^
très usités ; l'imperfection de la graduation de ces instruments a fait renoncer Ti
leur emploi. Depuis le beau travail de Gay-Lussac (1824) dont les résultats on(
reçu Tapprobation de T Académie des sciences, et la sanction du Corps législatif,
le seul alcoomètre admis en France soit dans les applications industrielles et com-
merciales, soit dans les prescriptions pharmaceutiques, est Valcoamêtre centésimal.
Le principe de sa construction et la manière d'en faire usage seront indiqués ï
l'article aréomètres. J. R.
JkliC:OB!VOQljE. On désigne sous ce nom une écorce qui a été*apporUV
d'.Amérique en l'784; Joachim Jove la fit connaître en Espagne en 1804, fi
M. de Pondenx, en France, en 1821 ; prise d'abord par Yirey pourl'écorce IK*--
joune du Qtiercus suber; assimilée à l'écoiTc des guttiers pr M. de Pondein;
attribuée par MM. Poirct et Fée à YAlcomea latifolia de Swartx, de la Gunilled*^
Eu[)horbiacées; et par d'autres à uniVeriicm voisin de l'anti-dysentericuro. (toa
prétondu, en dernier lieu, qu'elle était produite par le Bowdichia VirgilcUes «1<*
Kunt, de la famille des Légumineuses, tribu des Cassiées, qui, d'après M. de Hum-
lM)klt, omit dans l'Amérique méridionale, sur les bords do rOrénoque^oà cet arin»'
|)orto lo nom d*Alc4n*ncco; une autre espk^e venant du Brésil est duc au Btmv/i-
chia fnajor Mart. (SMpira guaçu de Pison).
ALDÉHYDE. 725
Cette écorce se distingue par une face extérieure raclée au couteau, rougeâtre,
d'une cassure grenue, d'une saTeur astringente, amère; le Uber est jaune, mince,
fibreux, amer, et colore la salive en jaune; elle a été analysée par MM. Cadet et
Nachet, Trommsdorff et Geiger, qui ont cru y trouver une certaine analogie de
composition avec le quinquina; M. Rein a trouvé dans le liber, de la gomme, une
matière extractive, une résine et des traces d'acide tartrique.
L*écorce d'Alcomoque a été d'abord préconisée comme un spécifique de la phthi-
i^ie pulmonaire, et H . de Pondenx proposait le liber pour remplacer Tipécacuanha ;
on remployait en poudre à la dose de 2 à 8 grammes, et on prescrivait le vin Ti
(elle de 30 à 60 grammes; elle est légèrement amère et astringente. 0. R.
AIAÉHTBE (syn. hydrure d*acélyle) C^H^O'. On sait que les liqueurs alcoo-
lisées (vin, bière, etc.) mises, dans des conditions favorables, en présence de l'air
ou de l'oxygène, ces liqueurs s'aigrissent, et peu à peu tout l'alcool qu'elles
contenaient est remplacé par de l'acide acétique. Ce changement est un produit
de l'oxydation de l'alcool. En eflet :
C*H«0« -h 40 = C*H*0* 4- 2H0.
Alcool. Oxygène. Ac. acétique. Eau.
Mais cette oxydation n'a pas lieu d'un seul coup : elle se produit pour ainsi dire
en deux temps, car si pendant cette oxydation l'oxygène n'est pas en quantité
suffisante, comme cela arrive quelquefois dans les vinaigreries d'après le système
allemand, il se forme un corps intermédiaire entre Talcool et Tacide acétique, et
qui ne diffère du premier que par deux équivalents d'hydrogène en moins. C'est
fie Valcool deshydrogéné, ou aldéhyde. Ainsi :
C*H«0« 4- 20 = C*H*0« + 2H0.
Akool. Oxygène. Aldéhyde. Eaa«
Mais l'aldéhyde, corps très-oxydable, qui prend naissance dans cette première
réaction, s'empare à son tour de deux équivalents d'oxygène et forme l'acide
acétique.
L'aldéhyde a été découverte par Dœbereiner, qui ne l'a obtenue qu'à l'état
impur et qui lui a donné le nom d'éther oxygéné pesant, elle a été plus particu-
lièrement étudiée par Liebig, à qui nous devons la connaissance de sa composition
et de ses principales propriétés. Ce coqis prend naissance lorsqu'on place l'alcool
sous l'influence de corps oxydants, tels que l'acide chromique, le chlore aqueux,
un mélange d'acide sulfurique et de bioxyde de manganèse, etc.
PBÉPABATioa. Liebig prépare l'aldéhyde de la manière suivante : On distille à
une douce chaleur un mélange de 2 parties d'alcool à 80 centièmes, 2 parties
d'eau, 5^ parties d'acide sulfurique et 3 parties de peroxyde de manganèse bien
pulvérisé. Â la cornue, qui doit être assez spacieuse pour pouvoir contenir trois
fois le volume du mélange, est adapté un récipient entouré de glace. Quand la
masse ne se boursoufle plus, ce qui arrive quand à peu près trois parties du
mélange ont passé, on retire le liquide distillé, et on le rectiûe à deux reprises
sur du chlorure de calcium, en ne recueillant que ce qui passe au-dessous de 60®.
De cette manière, on obtient un liquide qui n'est presque que de l'aldéhyde, souillé
d'un peu d'eau, d'alcool et d'éther acétique et formique. On le mélange avec deux
fois son volume d'éther, et on le sature par du gaz ammoniac sec. U se sépare
bientôt des cristaux d* aldéhyde-ammoniaque, qu'on lave avec de l'éther et que
l'on fait sécher à l'air. On distille ensuite 6 parties de ces cristaux, dissous dans
r» fois leur poids d'eau, avec 5 parties d'acide sulfurique étendu de son volume
7â6 ALDÉUYUE.
d'eau et refroidi. L'acide est ajouté par petites portions, puis on chauffe légè-
rement ; on recueille le produit dans un récipient entouré de glace, et on le rec-
tifie sur du chlorure de calcium, en ayant soin que la température du bain ne
dépasse pas,t26 ou 30^.
Propriétés. L'aldéhyde est un liquide incolore, très-mobile, très-limpide,
d'une odeur éthérée particulière et suffocante. Elle possède un pouvoir réfrin-
gent assez faible. Elle bout à la température de 21®; sa densité à 18'' est de
0,790, et à O'' de 0,8009. Elle se mêle en toute proportion à l'eau, Talcool et
l'éther. Elle est très-inflammable et brûle avec une flamme blanche fort pale.
L'aldéhyde possède une grande tendance à s'oxyder et à se transformer eu acide
acétique :
C*11*0« 4- 20 = C*HH)V
Toutes les fois qu'elle est mise en présence d'un corps qui puisse céder faci-
lement son oxygène, cette transformation a lieu; ainsi sa solution aqueuse, mise
en présence de Tair, enabsorbe l'oxygène, et Tacide acétique est produit. Il en evt
de même quand le chlore ou le brome aqueux agit sur la solution aqueuse ; il } a
»lors production d'acide chlorhydrique ou hromhydrique
C*HH)« -4- 2C1 -h 2 HO =C*H*0* 4- 2H,C1.
L'acide azotique étendu, l'acide chromique, l'azotate d'argent, produisent aussi
très-facilement cette oxydation. Lorsqu'on ajoute de l'aldéhyde à une dissolution
de ce dernier sel après l'avoir neutralisé par quelques gouttes d'ammoniaque et
qu'on chauffe doucement la liqueur, on obtient un dépôt d'argent métallique qui
s'attache, sous forme d'une couche miroitante, aux parois du vase.
Lorsqu'on chauffe de l'aldéhyde avec une solution de potasse ou de soude
caustique, le mélange ne tarde pas à brunir, et il s'en sépare bientôt une matièn-
brune (résine d'aldéhyde) qui surnage et se laisse tirer en fils comme de la résine.
L'aldéhyde se combine très -facilement avec l'ammoniaque. Nous avons déjà va
la formation des cristaux d'aldéhyde-ammoniaque quand nous avons parlé de b
préparation ; ces cristaux ont la forme de rhomboèdres aigus transparents, fusjbl<'^
de 70° à 60°, et volabils, presque sans décomposition, vers 100°.
En représentant l'aldéhyde comme l'hydrure du radical acétyle,
CMl'G»
H
Bydrnre d'acêiyle.
la formation de ces cristaux s'explique de la manière suivante : i'ammonia<|ur
AzH' se combine avec l'hydrogène de l'hydrure pour former de l'ammonium, qui
se substitue à l'hydrogène de Thydrure
H t ^ '^^" — \ Azfl^
llydrutv Acéiykire
d'acélyle. Aininoaia<|ue. d'«niinoniuni.
Une propriété caractéristique de l'aldéhyde c'est de se combiner directeo^iU
avec les bisulfites alcalins et avec le bisulfite d'ammoniaque; il suffit d'agiter uiu*
solution aqueuse d'aldéhyde avec une solytion concentrée de bisulfite de soodo
pour que la combinaison se précipite en cristaux.
Dans les réactions suivantes, l'aldéhyde, que jusqu'à présent nous avons m
considérer comme de l'hydrure d'acétyle, va jouer, au contraire, le rôle d'un
oxyde d'un radical diatomique : l'élhylidèue (C^H*)" isomère avec l'élliytèoe. Lu
ALDÉIIYDRS. 727
l'flet, si i*ou chauffe Taldéhyde avec de Tacide acétique anhydre, elle s'y combine
pour former un acétate comme son isomère l'oxyde d'élhylcuc C^H^O'
t n u + . ^.»jj3^,, ) " — I (CMPO»)» ) "
Aldéhyde. Acide acétique Diacélnle d'aldéhyde
(Oxyde dV-lhjhdèae). anhydre. ou oxyde d'êthylid^iie.
Traitée par le perchlorure de phosphore, l'aldéhyde échange ses deux équi-
valents d'oxygène contre deux équivalents de chlore et se convertit en chlorure
d'éthylidènc,
C*H*0« 4- PhCl* = C*H*C1« 4- PhO*Cl5
Oxyde Perchlonire Chlorure Oxychlorure
d'élhybdène. de phosphore, d'ilhylidène. de phosphore.
Le sulfure d'éthylidène s'obtient aussi très-facilement : un courant d'hydrogène
sulfuré que l'on fait passer dans une solution aqueuse d'aldéhyde y détermine la
formation d'une substance blanche, cristalline, soluble dans l'eau et l'alcool,
douée d'une odeur alliacée et se sublimant à 45° ; c'est le sulfure d'éthylidène :
C*H*0« -h 2HS= 2H0 4- C*H*S«.
Modifications isomères de l'aldéhyde. Lorsque l'on conserve l'aldéhyde dans
des tubes fermés, il s'y dépose, surtout pendant les froids de Thiver, des cristaux
sous forme de prismes allongés, doués d'un grand éclat, sans odeur ni saveur,
insolubles dans l'eau, très-solubles dans l'alcool, se sublimant à 120°, sans fondre
d'abord, en aiguilles soyeuses, très-longues; c'est la métaldéhyde.
Le même corps se forme encore lorsque Taidéliyde, mêlée avec la moitié de son
volume d'eau et d'unç trace d'acide sulfurique, est refroidie au-dessous de 0^; il
s'y dépose bientôt de fines aiguilles ; ces cristaux ont tous les caractères de la
métaldéhyde.
La liqueur qui surnage ces cristaux a perdu l'odeur de l'aldéhyde et est devenue
insoluble dans l'eau ; c'est la paraldéhyde. C'est un liquide très-fluide, limpide,
se dissolvant dans l'alcool et l'éther. Il bout à 125° et distille sans altération.
Enfin, l'aldéhyde se convertit quelquefois, par une cause inconnue, en longues
aiguilles transparentes, fusibles à -h 2° et entrant en ébullition 5 94**; c'est
Vélaldéhyde. Ce corps ne brunit pas quand on le chauffe avec de la potasse; il
n'agit pas sur les sels d'argent et ne se combine pas avec l'ammoniaque. Tous ces
isomères de l'aldéhyde sont formés par la condensation de trois de ses molécules ;
leur formule est donc C**I1"0\ Lutz.
On nomme aldéhydes une classe de composés organiques inter-
médiaires entre les alcools et les acides. L'aldéhyde ordinaire, qui représente de
l'alcool moins 2 atomes d'hydrogène (alcool déshydrogéné) , ou de l'acide acétique
moins 2 équivalents d'oxygène (1 atome), a doimé son nom à cette classe de corps :
CmW — IP = C*H*0«
Alcool. Aldéhyde.
CMl^O*— 0» = C*IPO»
Acide ac^ique. Aldéhyde.
Ces relations existent entre toutes les aldéhydes d'une part, les alcools et acides
correspondants de Tautre. Toutes peuvent absorber 0' pour se convertir en acides,
et probablement, comme l'aldéhyde ordinaire et l'aldéhyde benzoïque, fixer 11^
pour se convertir en alcools {voy. ce mot).
On connaît des aldéhydes appartenant à diverses séries, dont la plus importante
est celle qui comprend l'aldéhyde ordinairs. Eu voici les différents termes :
728 ALDÉHYDES.
Aldéhyde acétique C* H* 0«
— propioni({ue C* H* 0*
— butyrique C»H»0»
— valérique C'^H^W
— œnanthyliquc (œuantliol). . . C**H*H)*
— caprylique C^'B^W
— laurique C«WH)«
— palmitique C«H**0«
I! existe des aldéhydes moins hydrogénées que les précédentes; ainsi Taldéhyde
acrylique ou acroléine, diiïi^e de l'aldéhyde propionique par 2 atomes d'hydn^-
gène en moins :
aldéhyde propionique C*I1*0*
aldéhyde acroléique C*I1*0*
Les aldéhydes aromatiques, dont la plupart se trouvent toutes formées dan>
certaines essences liquides ou concrètes, renferment de même moins d'hydrogène
que les aldéhydes des acides gras. Parmi ces aldéhydes, qui appartiennent à diverse-
séries, nous citerons les suivantes :
Aldéhyde benzoïque (essence d'amandes amères) . C**H* 0'
— cuminique (cuminol) C^H^W
— cinnamique (essence de cannelle) . . . C"H' 0*
Camphre des laurinées C^H^O*
11 existe des aldéhydes qui correspondentà des acides diatomiques ; ainsi l'aldéhyd»^
salicylique, ou essence de reine-des-prés, est à l'acide salicylique ce que 1 esscno*
d'amandes amères est à l'acide benzoïque :
C'*H*0* aldéhyde benzoïque. . . . C^ÏPO* acide benzoïque.
C»*H«0* aldéhyde salicylique. . . . C«*HW acide salicylique.
L'aldéhyde anisique C^HK)* constitue l'aldéhyde méthylsalicylique C**H»((?H')0^
Enfin, on connaît l'aldéhyde de l'acide oxalique : c'est le glyoxal de M. Dehm.
11 est au glycol et à l'acide oxalique ce que l'aldéhyde ordinaire est à l'alcool cl »
l'acide acétique :
Gifcol. Glyoxal.
C»H«0» — 0» = C»H«0'
Adde oxalique. Glyoxal.
Toutes les aldéhydes peuvent être obtenues par l'oxydation des alcools corrw-
pondants, dont ils ne diffèrent que par de l'hydrogène.
On peut les dériver aussi des acides correspondants par un procédé général q»«
a été découvert par M. Piria : il consiste à distiller un mélange du sel de baryte il»
cet acide avec le formiate de baryte. Ainsi, on obtient de l'aldéhyde benzoïque m
distillant un mélange de benzoate et de formiate de baryte :
C>WO« \^, ^ (?0«H ).,, C»*HW 1 ^ C»0* 1 m
Bar Bar = Hj "*" Ba*)"
Formiale Forminle lljydnire Carbonale
de btrynm. de baryum. de benaolle. de baryum.
En fixant 2 équivalents d'oxygène, les aldéhydes se convertissent en aride».
Cette oxydation s'accomplit non-seulement par l'action des réactifs oxydants, ib»»>
même par la fixation de l'oxygène libre, surtout sous l'influence du noir de pbtine.
(
ALDROVANDE. 749
Au contact de ramalgame de smlium et de l'eau, les aldéhydes pem-ent
fixer de Thydrogène et se convertir en alcools.
Vn certain nombre d'aldéhydes aromatiques se convertissent en alcools et eu
acides lorsqu'on les chauffe avec une solution alcoolique de potasse (Cannîzzaro).
2C»*H«0« 4- KHO« = C^HW -h C"H»KO*
Aldéhyde beniolque* Alcool Bftuonle
benzylique. pola»ique.
Les aldéhydes correspondant aux acides gras peuvent absorber de l'ammoniaque
[lour former des combinaisons analogues à l'aldéhyde-ammoniaque.
Les aldéhydes aromatiques se convertissent sous l'influence de l'ammoniaque en
une classe d*amides qu'on nomme hydramides :
11*1 C»M1»|
3C»*HW -+-H* Az« = C^H» Az« -+- 5H«0«.
H») C^*H«)
Aliitfliyde ben<u!quv. Hydrobcnumide.
Les aldéhydes peuvent s'unir directement aui acides anliydres pour former des
ombinaisons neutres qui sont isomériques avec les éthers correspondants des gly-
t-ols. Ainsi l'aldéhyde C*H*0' s'unit à l'acide acétique anhydre r*ii50i(0' pour
former le composé o/fiiisAïwOS isomérique avec le glycol diacétique.
Voici une des propriétés générales les plus importantes des aldéhydes : ces coqis
^*unissent aux bisulfites alcalins pour former des composés cristallisables. On
tire parti de cette propriété, dans la préparation des aldéhydes, lorsqu'il s'agit de
les séparer d'autres liquides. VVurtz.
AUIRICIHETTI OU AIVBREAHETTI (Aadrea «hcttff H aller). Né a
Padoue, d'une famille patricienne, le 3 février i573. Les études de philosophie
auxquelles il se livrait avec ardeur ne l'empêchèrent pas de profiter des leçons
du célèbre Fabrizzio d'Acquapendcnte. Nommé en 1598 professeur de médecine, il
acquit promptement une très-grande réputation, et mourut de la peste le 26 juin
1631, à l'âge de cinquante-huit ans. AIdrighetti a laissé un très-grand nombre de
manuscrits, dont le biographe Hazzuchelli a donné la liste. On lui doit d'avoir
édité les leçons de son compatriote Hercules Sassonia sur la syphilis, ouvrage
qu'il fit paraître sous ce titre : Luis venerex perfectissimus tractaUis^ ex are
Herculis Sassonix, Patavini mediei clarissimiy in Academia Patavina ordi-
nario loco jnvfessoris exceptus, Patavii, 1597, in-4, et Tractatus perfectissimus
de mcrbo gallico seu hie venerea^ privatim primo prxleclus, postmodum in
capita distinctes, indice locupletatus, lucique eocpositus opéra et studio André-
ghetti Andreghettii, Francofurti, 1600, in-8. On n'a d'Aldrighctti lui-même que
le discours suivant, imprimé aj.rès sa mort : Oratio qm illustrissime ac révérend,
Petro Valerio Patavium accedente graitdabatur, etc. Patavii, 1633, in-4°.
E. BcD.
AI<MO¥AlliDE (uiyMe.) Buffon critique beaucoup ce célèbre naturaliste ;
il le critique sur ses « contes » de coqs et de bjeufs, sur ses histoires de miracles,
sur sa superstition, sur les fables qu'il débite, ipie sais-je encore...? Mais BuiTon
a-t-il été juste en faisant passer sous sa plume critique et mordante le nom de ce
noble vieillard, qui a passé une longue existence à rassembler une ioule d'objets
d'histoire naturelle, et qui est mort pauvre, ayant eu, dit-on, pour dernier abri
750 ALEBRAM».
un lit à l'hôpital? M 'est-ce rie» d*a\oir parcouru presque tous les pays de l'Europe,
d'avoir entretenu à ses frais plusieurs peintres et graveurs, d'avoir fourni un ma-
gnifique cabinet dont les débris ornent encore aujourd'hui une des salles de l'Iih
stitut de Bologne, d'avoir laissé une immense quantité de manuscrits, et d avoir
enfin édité cinq compendieux volumes d'histoire naturelle, enrichis de planches,
qui sont à cette heure encore très-recherchés des amateurs? Sans doute les livn%
d'Aldrovande ne sont qu'une indigeste compilation d'individus placés sans ordre,
presque sans méthode, et ne sont guère qu'une copie de Gessner; sans doute kfi
planches, toutes sur bois, toutes très-grossières, représentent assez mal les in-
dividus, les insectes, surtout. Mais que l'on songe qu'AIdrovande travaillait dans
la première moitié du seizième siècle, qu'à celte époque l'histoire naturelle,
comme science, était à peu près nulle, que le génie des classifications a%ait dit ï
peine son premier mot. . . , et l'on reconnaîtra que ce médecin doit avoir droit à no-
tre respect et à notre admiration
11 naquit à Bologne, en 4527, d'une famille noble de cette ville, qni snl»st«
encore aujourd'hui, et mourut le 4 mai 1605, à l'âge de 78 ans, employante
longue existence à recueillir les matériaux de sa grande Histoire naiureUe^ qu'il
ne put cependant achever, et que sa veuve, ses élèves et ses admirateurs conti-
nuèrent après lui.
Dans le catiilogue des œuvres d'Aldrovande, il est important de faire la part de
ce qui lui appartient en propre, et de ce qui a été publié par ses continuateurs,
mais sur ses manuscrits : Ses Opéra omnia, lorment treize volumes in-folio, de
1599 à 1668. AIdrovande n'a écrit que les cinq premiers volumes de cette collec-
tion ; lesautres ont été composés depuis sa mort, mais, nous le répétons, en fiartii*
sur ses manuscrits, par différents auteurs : Corneille Merverins, Thomas Demster,
Barthelemi Ambrosinus, Montalbanus, qui sont en effet nommés sur les ti(re<.
L'ouvrage est divisé de la manière suiv-ante :
Ornithologia. 1599-1605, 5 vol.— D« insectis. 1602, 1 vol. — D^ reliqtàs animelii»
exiongtdbm, Uhri quatuor. 1606. 1 vol. Depiscibut et de cetU. 1613, 1 vol. — IV^«rfr»-
peditnu solipedibus. 1616, i \o\.^Quadrttpedum omnium Irisutcorum hitioria. 1021, 1 \vi.
— /)é quadrupedibus digitales viviparis et oviparis. 1637, 1 \q\. — Serpenium et draernam
historise libri dm. 1640, 1 xoL-- Monstrorum historia. 1642, 1 yoL— Musxum metaHicum^
1648, 1 \o\. — Dendrologix naturalis libri duo. 1668. 1 vol.
Que les amateurs sachent (fue ces édiiions-là sont celles qtfe l'on doit préférer, ei ^nii
faut chorsir pour former une colleclion; qu'il n'est pas facile de les trouver réuaiea et •»
bonne conservation, et qu'un exemplaire relié en maroquin rouge a été payé 800 franco j Jj
vente de Camus de Limare. Il est vrai qu'une autre édition, celle de Francfort i610 . 't
qui peut se relier en cinq ou six volumes, ne coûte que quelques francs. A. Canctr.
ALE. Voy. Bière.
JàUEBRAND BE PLOBENCE. Sous les numéros 3021, 1^88 el SOSi d«
fonds français, la Bibliothèque impériale possède trois manuscrits qni sont évi-
flemment du même auteur, quoique ce dernier s'y dévoile sous des noms un pi
différents, — maître Alebrans de Florence, maître Halebrandis deScenne, maître
AUbrandin^ — et quoique les prologues ne soient pas identiques. A pari ces p<»-
logues, les trois manuscrits offrent la même division, commencent et finissent |ar
les mêmes mots.
C'est un traité général de médecine et d'hygiène adressé à Béatrix de Savoie,
laquelle, ayant épousé en 1220 Baymond Déranger IV, comte de Provenoe, roounit
en 1266.U/œuvre n'offre qu'un intérêt très-médiocre, mais elle est asset bien
ALECTRYO.V. 751
ordonnancée pour l'usage que pouvait en faire une princesse qui quittait sa belle
Provence poiu* courir embrasser ses filles, Marguerite, Ëléonore, Saucie et Béa*
trix, que leurs mariages avaient conduites Tune à Paris, l'autre en Angleterre, la
Iroisi^e dans TÂnJou, la quatrième en Allemagne
Au reste, le traité de maître Alebrand a eu les honneurs de l'impression ; nous
en avons vu une édition in-folio gothique, à deux colonnes de trente-trois lignes
chacune, ne portant ni lieu ni date, et se terminant par ces mots : Cy finist le
livre que maître Alebrandin fit à la requeste du roy de France pour la cariser-
vation de la santé du corps humain.
Ce roi de France ne peut être que saint Louis.
Brunet, dans son Manuel du Libraire, la Biographie Michaud et d'autres
recueils croient reconnaître notic Alebrand de Florence dans un célèbre médecin
du moyen âge, Aldobrandino ou Dino del Garljo, professeur de médecine à Bologne
et à Sienne, auteur d'un gi*and nombre d'ouvrages, et qui mourut, comme nous
l'apprend YilLni^ le 30 septembre 4527. S'il en est ainsi, il faut avouer qu' Ale-
brand de Florence, qui écrivit son livre d'hygiène en 4256, ou même en 1234,
niounit dans un âge extraordinairement avancé et qu'il fut bien précoce comme
auteur et comme médecin d'une noble comtesse. Voy. Garbo (Dino del).
A. Ghérkau.
ALECTOBIA. VA, jubata Ach., ou Cornicularia jubata de De Caiulollo,
o>t un Lichen employé en lotions astringentes dans quelques provinces de la
France où on lui doime le nom vulgaire de Crinière. 11 guérit, dit-on, les exco-
riations de la peau. H. Bn.
AUBCTOROCTOIVIIRI. Genre de la famille des Euphorbiacées établi par
N. de Schlechtendal (Linnœa, XIX, 252) et admis par HH. Klotzsch etGarcke(7'r/-
coccXy 39), tandis que nous ne le considérons {Étude gén. des Euphorbia-
cces, 284) que comme une section du genre Euphorbe, caractérisée par des
feuilles opposées ou verticillées, des rameaux articula, ordinairement ligneux, et
des fleurs groupées en corymbes ou en panicules terminales de cymes, avec des
fleurs polygames prescfue toutes mâles, et des glandes au calice, pourvues d'ap-
pendices pétaloïdes ordinairement blanchâtres. Ce sont, comme la plupai*t des Eu-
phorbes, des plantes très-vénéneuses, dont le suc laiteux abondant tue les animaux
et entre autres les oiseaux, d'où est venu le nom générique adopté par M. dtt
Schlechtendal. L'espèce la plus connue est YEuphorbia cotinifolia de Liinié
{A, cotinifolium Kl. et Grcke), qui est considérée aux Antilles comme un poison
\iolent. VE. petiolaris Sims (E. verticillata Poir, — A.peiiolare KL.^t Grcke)
est appelé pour la même raison, aux Antilles, le Petit-MancentUier, Les Mexicains
désignent encore les espèces qui crobsent dans leur pays sous le nom de Mata-
gallinas, qui indique les mômes propriétés vénéneuses. H. Bn.
AI«BCTBTOlv. Gœrtner a donné ce nom à un genre déplantes de la Nouvelle-
Zélande, dont on ne connaît qu'une espèce, VA. exceUum. C'est une Sapindacée a|)é-
tale à fleurs polygames 5-8 andres, et à ovaire trimère, dont deux loges avortent. Dans
la loge fertile se trouve un ovule dressé. Le fruit est un akène, et la graine qu'il ren-
ferme s'entourant d'un arille hilaire qui prend bientôt un énorme accroissement, lo
péricarpe, pressé fortement par cet arille de dedans en dehors, ne peut pas toujours
résister et se brise irrégulièrement. L'arille charnu, rouge et sapide, fait alors saillir
au dehors. C'est lui qui est recherché pour sa saveur acidulé. Il a toutes les pro-
752 ALENBROTII.
priétés tliérapeutiques des fruits rouges acides de notre pays, et peut devenir d*«in<
précieuse ressource pour les navigateurs, dans son pa^'s natal. II. Bn.
GŒRT5ER, Fruct., I, 216, t. 46. — D. C, Prodrom.,1, 617. — Hoos., !coh., t. 740. — Emi
C^»., — B. et IIooK. FIL.. G/71., 410. fl. Us.
ALEMimoTH (sel). On désigne sous ce nom deux combinaisons diloro-«iuiii>-
niaco-mercurielles souvent encore employées en médecine, ce sont :
{^ Le Sel alembroth solublSy ou chlorure ammoniaca-mercuriel soluUe^ mv-
nate ammaniaco-mercuriel sobible, sel de la sagesse ou de la science^ que Ton
obtient en mélangeant parties égales de chlorhydrate d ammoniaque et de suUimr
corrosif porphyrisés. Ce mélange, quoique ne représentant pas le sel double, hii e4
préférable ; pour obtenir celui-ci pur, il faut faire cristalliser dans un excès d*
chlorhydrate d'ammoniique.
Des expérienœs nombreuses ont démontre que les chlorures alcalins,et pins parti*
cnlièrement le chlorhydrate d'ammoniaque, associés au sublimé corrosif, le ren-
dent pins soluble et plus actii ; aussi pratique-t-on cette association toutes les Soi^
que l'on veut obtenir des dissolutions très-concentrées de sublimé dansTeau: et-
moyen est souvent employé pour la préparation des bains mercuriels.
Le chlorure ammoniuco-mercuriel soluble fait partie des compositions suivante> :
Liqueur de GowlaJîd. Amandes amères, 90 gmm.; eau distillée, 500 gram.;
sublimé corrosif, 80 cent. ; sel ammoniac, 2<'',i0. On fait une émulsion d*aniand<>.
(Ml fait dissoudre les deux sels dans une petite quantité d'eau, et on mélange.
Lorsque le sublimé corrosif est mélangé avec le sel ammoniac dans les pit>-
))ortions de 1 sur 5, et dissous dans l'eau, la solution n'est pas précipitée |Kir l'eau
albumineuse, aussi la liqueur de Gowland se conserve-t-dle bien ; après quelq'»*
temps il se fait une séparation, mais le composé mercuriel reste en dissiriatâon. Lt*
coagulum iormé reste au fond du vase lorsque la proportion de sel anmMmiac e>t
plus faible, il surnage dans la formule indiquée; dans le premier cas, d'après Sou-
l)eyran, la liqueur renferme un composé albumino-mercuriel insoluble.
Li liqueur de Gowlaud étendue d'eau est un des cosmétiques le plus sou^eiii
employa contre les maladies de la peau ; elle réussit bien contre les épbélide» ;
plué concentrée, on l'a employée en lotions contre le prurigo; dans Unis les cas; ellr
est exclusivement réservée à l'usage externe. M. Mialhe a proposé les deux fcr-
nmles suivantes :
Pommade chloro-met^curique. Bichlorurede mercure, 1 ; chlorh^dnile d*aii.-
moniaque, 2 ; axonge, 7. Broyez ensemble les deux sels et mélangez.
Emplâtre chloro-mercurique. Bichlorure de mercure pulvérisé, I ; cliioHit-
drate d'ammoniaque, 2 ; cire blanche, 15 ; résine pure ; mélangez les àem sek e:
ajoutez-les à la masse résineuse fondue et à moitié refroidie.
2^ Le sel alembroth insoluble^ chlorure ammoniaea-mercuHel insoUMe^ m»
riate ammoniaco^mercuriel insoluble, oxy-chlorure ammoniacal de mercure,
mei'cure de vie^ mercure précipité blanc, précipité blanc de Pn««r, tait
mercuriel, mercure cosmétique, est un sel blanc amorphe insohihle que ri>ii
obtient en précipitant une solution de sublimé corrosif par suffisante quantité dani-
moniaque liquide ; on lave le précipité et on lait sécher. D'après Kano, ce coaipo>«'
est une combinaison de sublimé («rrosif et d'amidure de mercure, c'est-à-dirt*
qu'il est iormé de i pp. mercure (52,85), \ pp. chlore (15,95), i pp. amide(6,r»ri.
et 1 pp. de mercure (39,85), et il peut être représenté par HgCl+HgAiH*.
Lor«pi on verse de l'ammoniaque dans une solution de sublimé corrosif, la moiCn
A LÉ 01' TES. 733
fin chlore da sublimé prend un équivalent d*hydrogène à Taniinoniaque pom*
tormer de ^l'adde chlorhydrique et du dilorhydrate d*anunoniaque, et Tamide
(=ÂzH*) résultant de la décomposition de l'ammoniaque se oombine au mercure
pour former de Tamidure de mercure, qui à son tour entre en ombinaison a\eo
le sublimé non^décomposé pour iormer le sel alembrotb insoluble qui devrait être
appelé : chlùTihamidure de mercure.
Le nom de précipité blauc, donné très-improprement au sel alembrotb insoluble,
ne devrait s'appliquer qu'au protocblomre de mercure par précipitation ; celui-ci
noircit par la potasse; le composé ammoniaco-mercuriel, au contraire, qui esi beau-
a)up plus actif, ne noircit pas, il jaunit et il dégage de l'ammoniaque au contact
4les alcalis fixes ; le nom de précipité blanc, porté sur une formule, doit toujours
«Hre rapporté au protochlorure, à moins qu'on n'ait spécifié : précipité blanc de
Prusse. Celui-ci fait partie de l'onguent ou pommade antipsorique de Zeller
iseï, i ; axonge, de 8 a 16), de la pommade de Janin, etc.
C'estdans ce groupe de corps que l'on devrait placer Vammaniure de mercure,
étudié par M. Guibourt et que M. Kane regarde comme un oxyamidurede mercure
= HgO,HgÂzH*. Correspondant au cbloi*amiduro, c'est un composé très-actif K
tout à fait inusité.
L'eau albumineuse, qui est un excellent contre- poison du sublimé corrosif, se-
llait tout k fait impuissante pour combattre un empoisonnement par les composés
ammoniaco-mercuriels qu'elle ne décompose pas; il faudrait', dans ces cas, avoir
recours sm sulfure de fer hvdraté. 0. Réveil.
AMÂSfWWE» OU AiiiBOUTiEiMiinBS (Ues) (Aleutian Insein) . Groupe linéaire
•fui s'étend en arc de cercle de la pointe S. 0. de la presqu'île d'ilaska à celle du
Kamtschatka, entre le 51* et le 59* degré de latitude N., de 164 degrés longitude
E. à 155 degrés longitude 0. (mérid. de Paris). Ces îles, découvertes en 1741 par
le capitaine Bering, séparent la mer qui porte son nom du grand océan Boréal. On
les divise en trois groupes principaux, dont le plus petit ne compte pas moins de
vingt îles.
Elles sont généralement élevées, très-montagneuses, et quelques sommets sont
ouverts de neiges perpétuelles. Leur sol, considéré collectivement, a sa plus
faraude élévation au milieu de l'arc, et s'abaisse de chaque côté en se rapprochant
«le l'Asie et de l'Amérique. Cependant l'île de Bering, si l'on veut la comprendre
avec les Aléoutes, a des sommets granitiques élevés jusqu'à 2000 mètres.
Elles sont en général de formation vulcanienne. On y l'encontre fréquemment,
:ivoc le basalte et d'autres laves, le granit, le porphyre et le fer. On y Inouve aussi
du soufre et du cuivre. Plusieurs volcans sont encore en activité, tant dans les îles
'|ue dans la presqu'île d'Alaska. Les uns ont des éruptions intermittentes, les
autres donnent des jets continus de vapeurs.
11 y a un grand nombre de sources thermales à divers degrés de temptV«iture,
•pielques-unes à 60 degrés centigrades. Plusieurs déposent du soufre. On ne les a
|Kis analysées. Les indigènes n'en font point usage, plus ignorants en cela ou pins
indolents que les Indiens, qui demandent aux eaux sulfureuses des côtes améri-
caines voisines la guérison de leurs écrouelles, rhumatismes, maladies de peau,
hépatites, etc.
Le climat n'est pas rigoureux : la température moyenne est, en hiver, dr
-^ 4^. Les gelées sont peu fréquentes; les temps clairs sont extrêmement rares,
hs pluies très-abondantes. An printemps, la chaîne entière est enveloppée d'un
754 ALÉOITES-
rpais rideau de bruine ; en automne et en hiver, les gbces de la mer de Berins
obstruent les dolroits. Elles fondent au mois de mai. Dans Tété, qui- est court,
mnis cbaud et souvent serein, les plaines abritées et qui ont un sol de granit ou
de laves se couvrent d*herbes hautes et épaisses. D*autfies plaines, qui avoîsinent
(le p;rnnds marais, sont constamment occupées par les mousses.
liC capitaine Golovine dit que les îles Aléoutiennes sont absoloment sans arbres,
et «pie l'on trouve quelques taillis seulement sur l'île Kadîak et sur ses Yoiftioe^,
qui sont, comme elle, garanties de la violence des vents du nord par la proximiU'
du continent. Cependant on trouve, aux îles des Renardtj des sapins, des trembles,
des chênes, des saules; il est vrai que ces arbres y acquièrent peu d'élévation. Le&
tentatives de boisement que Ton a faites sur les autres îles n*ont aucunement réussi ,
ce qui ]>eut être attribué soit :iu climat, soit au peu de soins que Ton y a donné.
On cultive avec assez de succès certains légumes, tels que pommes de terre et
navets; mais on a vainement essayé, et à plusieurs reprisée, la culture du Ué. Les;
l^i^ins n*y mûrissent pas. II y a des fleurs, même grandes et de couleurs brillante?,
mais elles n'ont aucun parfum ; de même les baies sauvages sont aqueuses, sam
goût et sans odeur.
On trouve sur ces îles des ours, des renards noirs, gris, rouges, bleus et blancs,
des écureuils, des rennes, des castors. L'un des groupes a des rats en si grand*-
quantité qu'il en a tiré son nom. Les rivages sont fréquentés par les loutres
de mer, les morses et les phoques. Ceux-ci sont de diverses espèces : la phb
alxmdante est le phoque à fourrure {Phoca ursina), qui non-seulement sert au
vêlement des habitants, mais encore fait dans ces parages le principal objet duconh
merce de la compagnie privilégiée russo-américaine. Les haleines, trop poursui-
vies et pir les étrangers et par les indigènes, deviennent rares dans ces parago^.
Les chats de mer (anarrhicas?) viennent au printemps sur les îles Saint-PauK
Saint-Georges, Bering et Medni (île du cuivre), et s'en retournent en automne. On
ne sait pas où ils vont passer Fhiver. C'est au printemps aussi que les poissons dr
tliverses espèces, morue, turbot, saumon, brème, flétan, hareng en bancs énormes,
viennent déposer leur frai dans les rivières. On les prend par milliers; on les fait
sécher pour les provisions d'hiver. Les ours eux-mêmes les pèchent avec leurs
luttes. On voit une immense quantité d'oiseaux de mer, dont les indigènes font
leur nourriture. Ils se fabriquent aussi une sorte de robe avec les peaux de quel
qnes-ims d'entre eux.
Démographie, Comme les Kouriles sont le prolongement du Kamtschatka, de
même les îles Âléoutes sont le prolongement de la presqu'île d'Alaska. Elles foni
trait d'union entre l'Asie et l'Amérique. Aussi leurs habitants se classent entre les.
Kamtschadales et les Esipiimaux. Les ethnographes les rapportent plutdt à ce^
deniiers. lia langue aléoute est parlée dans une partie de la presqu'île : ce qui a
autorisé Balhi à la classer avec les langues américaines. Le naturaliste Esdiscbolz
en a dressé la grammaire, et il lui attribue une certaine richesse d'inflexions.
Les Aléoutiens sont de taille moyenne, lis ont le risage rond, le teint brun, k<
cheveux noirs, peu de barbe, les yeux petits, le net écrasé. Ils chassaient â l'art
avec des fl^hes ayant pour pointe une pierre aiguë, avant que les marchands
russes et anglab leur eussent apporté des fusib, qu'ils payent en fourrures. Ils
dt^meuraient sous terre en hiver, et dans des cabanes en été. Ils avaient plnsinii^
femmes et en changeaient asseï souvent. Leurs femmes ont le teint Uaoc et les
rlieveux roux. Elles ne connaissent pas la pudeur : elles satisfont aux besoins
n;«livels partout où elles se trouvent, sans souci d'être vues.
ALÉOUTES. 735
Lc-s Aléouticns se divisent en deux tribus. L'une est répandue dans les îles qui
déterminent la mer de Bering, l'autre est restreinte au petit archipel de Kadiak.
Chacune a son dialecte ; mais leurs mœurs, coutumes et traditions sont semblables.
On dit que ces deux tribus étaient autrefois très-nombreuses et trè&^errières. Les
Russes conviennent que la population de ces iles était de dix mille âmes lorsqu'ils
commencèrent à y établir des comptoirs, des forts et des garnisons. Ce nombre
diminue rapidement. Le dernier recensement constate qu'il est réduit à 4,645.
Plusieurs iles sont désertes aujourd'hui. Les auteurs cherchent la cause de ce
dépérissement dans les querelles que les rivalités de chasse etitiietiennent entre
les deux tribus (comme si ces querelles n'existaient pas avant l'arrivée des Russes),
dans la petite vérole, qui y a fait des ravages de temps à autre, notamment en
1856, dans la syphilis que les Européens y ont portée, et dont la population indi-
gène est profondément infectée, dans les tueries que les Russes exécutent pour
la sûreté de leur domination. Hais ces explications nous paraissent insuffisantes
devant l'énergie avec laquelle les populations se proportionnent normalement aux
subsistances. Il faut des causes plus profondes et plus durables pour amener la dé-
population. (Voy, Mortalité, Natalité, Popolation, Subsistances.) Au nord
comme au midi, dans l'océan Boréal comme dans la mer du Sud, les races sau-
vages s'éteignent devant la civilisation qui les poursuit, parce qu'ils en adoptent
et en exagèrent les vices, tandis qu'ils en repoussent les moyens conserva-
teurs.
Au reste, il faut convenir que le système suivi par les Russes n'est guère propre
à développer la prospérité de ces îles. Un ukase du i 6 septembre 1 821 interdit aux
étrangers Umt exercice d'industrie dans les îles Aléoutiennes et tout commerce
avec eUes. « État de choses qui (comme l'écrit le capitaine Golovine) subsiste en-
vore aujourd'hui. »
< Les Aléoutiens, dit le même officier, ont de bonnes qualités : ils sont doux,
honnêtes, hospitahers; ils aiment à rendre service. Le vol est inconnu parmi eux,
et les crimes violents y sont très-rares ; mais ils sont gloutons, paresseux et insou-
ciants. » Cette insouciance ne viendrait-elle pas de ce que « les cruautés épouvaiit
tables des premiers chasseurs ont détruit en eux tout sentiment de résistance » , tout
espoir de recouvrer leur chère liberté? Ils sont humbles devant les blancs, et osent
à peine les regarder en face. Très-impressionnables, ils ressentent profondément
les injures, et ils en poursuivent la vengeance avec opiniâtreté. Un châtiment cor-
porel est pour eux une telle ignominie, qu'ils préfèrent la mort. Au contraire, ils
subissent presque avec indifférence les maladies vénériennes dont les chasseurs et
les soldats les ont infectés.
Leur nourriture consiste en poisson sec, chair de baleine ou de veau marin, pois-
sons frais, quelques racines, des coquillages et des oiseaux de mer. Ils assaisonnent
ces mets avec du gras de baleine ou de veau marin, sans lequel ils croiraient ne
pouvoir vivi^, et dont ils font grand abus. Lorsqu'ils gagnent un peu d'argent, ils
achètent quelquefois du pain, du riz, du thé, du sucre.
Les rapports des Russes (chasseurs, marchands, soldats, employés) avec les
Aléoutiennes ont créé une population de métis, qui forme déjà plus d'un tiers des
habitants des îles. Les métis sont vaniteux, susceptibles, mais intelligents, bien
laits, souvent très-beaux, surtout à la seconde ou troisième génération. La vie dé-
bauchée qu'ils commencent à mener de très-bonne, heure les use rapidement.
L'ivrognerie surtout les abrutit. Ils ont d'ailleurs une sorte de sauvagerie et une
disposition à la paresse, qui font reconnaître en eux la race maternelle.
756 ALKOUTES.
Les conditions climatériques paraissent très-défaYorabies à la santé et méoie m\
caractère, à la constitution physique et morale de tous ces insulaires. Taudis quv
sur le continent voisin, où le climat est plus rude, mais plus pur et plus r^ruliiT,
les Indiens sont forts et actifs, grands et bien portants, les Aléoutienset les mcii^
ont une constitution lymphatique ; ils sont Dadbles, apathiques, et généralomt-nt
sujets aux maladies de poitrine. La majeure partie des métis meurt de phthisie, 4v
qu'on attribue soit à leur faiblesse native, soit à l'énorme quantité de boissons ^ri-
tueuses qu'ils absorbent et à leur penchant prématuré pour les excès vénériens, b
petite vérole, qui a fait autrefois de si terribles ravages, a disparu devant la vaccine,
que les administrateurs coloniaux ont propagée avec zàle^ et dont les indigènes ont
enfin compris l'utilité. La syphilis est aussi moins répandue, et on la guérit bien.
Les Russes qui habitent temporairement ces contrées sont surtout atteints de
maladies vénériennes, de rhumatismes, de gastrites et d'accès biliaires.
Malgré les mauvaises conditions du climat, de l'alimentation et du genre de %ii'.
les cas de scorbut sont peu fréquents, et leur guérison est rapide.
Les épidémies sont trèsHTares.
Les maladies dominantes sont les fièvres, gastrites et bronchites, les diarrliéis
les arthrites, les catarrhes, les éruptions, les furoncles, et surtout une espèce d>'
charbon, qui se manifeste par des abcès énormes le long de la colonne vertébrale vi
aux extrémités inférieures. Les médecins attribuent cette maladie à la manière doni
les Âléoulieus se nourrissent du gras et de la chair de Ijaleine. En effet, pour ^
rendre maîtres d'un de ces grands cétacés, ils se contentent de le blesser, et ii*>
cherchent pas à s'en emparer immédiatement. L'animal, dont l'eau salée enveraim
la blessure, expire quelques jours plus tard ; les vents et b mer ballottent le o
davre souvent pendant plusieurs jours avant de le jeter à la côte. Cest ainsi que (^
insulaires n'ont ordinairement que du gras et de la chair déjà en déoompobitiou.
mais que pourtant ils aiment beaucoup et dont ils mangent sans modération, fi
arrive qu'après de semblables festins des familles entières tombent malades du
charbon, et le résultat est souvent funeste.
Ils sont sujets aussi à des inflammations chroniques des yeux, causées par lat-
mosphère enfiunée de leurs huttes. Une maladie des organes res{»ratoiTes est
attribuée à la même cause.
Malgré le peu de durée de leur vie, on voit rarement plus d'un ou deux enfant
dans chaque famille. Ce fait ne peut ôtre attribué à la stérilité des Aléoutienoes;
car elles sont fécondes dans la production des métis, dont la race s'aocroit rapid''-
nient, tandis que celle des indigènes purs diminue. On suppose donc que cela pro-
vient de la faiblesse de constitution des hommes et de la mauvaise alimentation.
car non-seulement ils ne mangent pas de viande, mais souvent, quand ils waii-
quent de poisson et de gras de baleine, ils sont réduits à se nourrir de coquillai*^
et de racines.
Quelques-uns se décident à quitter leurs Iles et à se mettre à Sitka, au senrir*
de la compgnie russe. Mais, quoiqu'ils soient bien traités, peu chargés de travail,
convenablement logés et nourris, ils ne supportent pas longtemps le cèangHDcut
do pays et la contrainte de l'obéissance. S'ils ne peuvent s'en retoomer, Us Umy-
l)ent malades et meurent. Chez eux ils mènent une vie insouciante et paresseux* :
ils passent de longues heures, assis sur le rivage, à regarder la mer, et ib i^
vont à la chasse que quand ils ont épuisé leurs petites provisions de poisson sei .
di} gras de baleine, de coquillages et de choux de mer.
Les Chougatzs, les Kenaitzs,qui habitent ou fréquentent les cotes voistiic^, s«»*i'
ALESSANDRIM. 757
i^ardés comme étant de même race que les tribus aléoutiennes (Hatiouchkine,
Voyage de V amiral de Wrangel dans la mer Glaciale, II, 516). Parmi les habi-
tants des lies Kouriles, on en trouve, mais en petit nombre, qui paraissent être
des métis d'Aînos et d*Aléoutiens. Bertillon et Guillaud.
BuuoMAraiE. — Barringtox, Mucellanies. hondon, 1781, in-4*. Journal d'une expédition
espagnole. — Troisième voyage du capitaine Cook. — Voyage de Im Pérome, 1707. — Krcsek-
STER5, Vocabulaire des langues de quelques peuples de VAsie orientale et de la côte nord
de r Amérique, Saint-Pétersbourg, 1813, in-4«. — Kotzebuk (Otto), Voyage de découverte
Weiiaar, 1821. in-8'. — Lkia!«ski.~ Buchi?(g. Mag.Géogr. — Morskoï sbomilt (nevac maritime
russe) Janvier 1862. traduit dans le tome II des Archives de médecine navale f sous la direc>
tion de M. le D' Leroy de Méricourt
AIiEPTIQUE. Voy, ÂLIPTIQOE.
AliESSANUBI (François). Ce médecin était de Verceil, ville des États
sardes, à quelques lieues de Novare. C'est tout ce que Ton sait de lui. On lui
doit les deux ouvrages suivants :
I. Phasbusmediùoruiuoamiumomninomedicamentorumiamsimpliàunh quamcompositorumf
materiam, naturam, vires illustrans, etc., etc. Yenet., 1565, In-rol.; Francor., 1604, in-&" ^
1613, in-4».— 11. De Peste, Aug. Taurin., 1586.
A. ChÉREàU.
AIJE8SANDBINI (Jules). Contrairement à beaucoup d'archiatres royaux
qui n'ont pas pu trouver, dans l'exercice de leurs hautes fonctions, le temps d'é-
crire, et qui n*out ainsi rien laissé à la postérité qui pût faire juger de leur savoir
et de leur mérite, Jules Âlessandrini peut revendiquer un noble bagage scientifi-
que. Et cependant, cet homme justement estimé fut engagé, durant sa longue
carrière, dans les lourds devoirs qui incombent aux médecins des cours. Né à
Neustein, en i 506, il fut successivement attaché à Ferdinand I"^ et a Haximilien II,
roi des Romains et empereurs d'Allemagne. Ce dernier, excellent prince, qui s'est,
selon nous, immortalisé par ces belles paroles : « Ce n'est point en rougissant les
autels du sang hérétique qu'on peut honorer le père commun des hommes ; »
liaximilien II, disons-nous, répandit ses faveurs sur l'heureux archiatre, qu'il
combla de bienfaits, et auquel il permit de transmettre à ses enfants, nés illégiti-
mement, les honneurs dont il l'avait gratiûé.
Âlessandrini, qui mourut à Trente, en 1590, âgé de quatre-vmgt-quatrc ans, a
laissé les ouvrages suivants :
l. Demedidna et medico, Dialogus, libris quinqtie dist inclus, Tiguri, 1557, in-4'». — II. Sa^
fuùrium, sivede sanitate tuenda, tibri triginta très. Colon., 1j75, in- fol. Ce traité d'hygiène,
il faut le dire, n'est qu'une compilation sans portée d'une foule de choses consignées dans les
auteurs anciens. — 111. In Galeni prxcipua scrvpta, annotationes, qux comment ariorum loco
esse passunt. Basil., 1581, in-fol. — IV. Pxdotrophia, carminé. Tiguri, 1559, in-8». —
V. Ani.-argentericaproGaleno. Venet., 1552, in-4".— VI. Ant.-Argentericorum suorumadversus
Galeni calumniatores Defensio. Yenet., 1564, in-4^ — Vil. Epistola apologetica ad Remb,
Dodonseum. Francof., 1581, in-8<'.^Vin. Epistola ad Petrum Andr. Matthiolumde animad-
versionibus quibusdath in Galenum, etc. [se trouve dans le livre 1*' des Êpttres de UattMoley
p. 20^. — IX. Epistola ad Andream Camutiumy de quatuor dubiis^ etc, (se trouve dans l'ou-
vrage de Georges Marescot, 1580, in-i°V— X. Enantiomaton sexaginia quatuor Galeni TJ^er,
Venet, 1548, in-8*. — XI. Consilia medica (se trouvent dans l'ouvrage de Laur. Scholztus,
1598, in-fol.]. — Xîl. Interpretatio Actuarii Johannisde affectionibus et actionibus spiritus
animalis (se trouve dans le Methodus niedendi d'Actuarius, imprimé à Venise en 1554, in-S").
II ne faut pas confondre Jules Alessandrini avec Jean Alessandrini, qui lui est
antérieur et que Mcrcklin cite comme ayant écrit l'ouvrage suivant :
Commenta rii super epidemiorum Uippocratis Uber. Venet., 1185, in-fol.
A. CiiéULAC.
mcT. ESC. IL 47
738 ÂLET (eaux NINÉR.)*
AliEfi^Sl (Le*). On counail trois médecins de ce nom, qui innisseoi avoii
appartenu à des lamillcs dilTérentes, dont le plus célèbre est le suivant :
jUomI de Piémont, OU Alexius Pedenumianus. Vivait au seizième siècle el
mourut, suivant toutes les apparences, en 1550. 11 était riche, appartenail à U
noblesse, ne crut pas déroger en se livrant à l'étude de l'art médical, et employa
cinquante années de sa vie à des voyages, durant lesquels il recueillit une foule
de recettes et de remèdes plus ou moins empiriques. 11 eut seulement le tort dv
garder mystère de ses trouvailles, qu'il ne se décida à donner au public f{ue \ot>-
qu'il fut parvenu à l'âge de quatre-vingt-trois ans, c'est-à-dire au moment où il
allait ne plus en avoir besoin. Ces fameuses recettes, mélange curieux de pra-
tiques supei-stitieuses, de formules excentriques et d'excellents moyens eurmtil^,
trouvèrent un éclatant succès dans le titre de Secrets dont elles étaient aflublét-s.
Publiées avec cette appétissante enseigne: Secreti del Hev. Dormo Aleêsio
Pietnontese, elles eurent rapidement do nombreuses éditions (la première date de
Venise, 1555, in-8^) et furent traduites dans presque toutes les langues, notam-
ment en français (Rouen, 1588; in-16). On ne recherche plus aujourd'hui tv
livre que comme un curieux bouquin.
JJeMil (âlexakdiie) , médecin de Padouc du dix-septicmc siècle. A laissé lc>
ouvrages suivants :
I. Consiiia medica et epUome pulsuuni. Paduue, 1627, in-l". II. Libellus de nyrupo ret^to
soltUivo, Padouc, i630, in- 4". III. Cratylus morborum, sive de peeulittHum corporU kmmenà
morborum appellatùmiàus, euetUia et curatione, libri très. Padouc, 1659, in-4*,
A. Chéreau.
AE£T (Emix minérale» d'). HypotheijnaleSjprotoUieimaUs ou athemtates,
amétallites ou fen^ugineuses faibles, carboniques faibles. Âlet est un bourg du
déjiartement de l'Aude (chemin de fer jusqu'à Garcussonue, une voie ferrée en
construction de Carca^sounc :i Alet) .
Alet, dans l'arrondissemeut de Limoux, sur la rivière d'Aude, est à 200 iuètre>
au-dessus du niveau de la mer, dans une vallée étroite foiinée par les montagneN
nommées les Gorges d'Alet, La saison commence le 15 mai et finit le 1*' oc-
tobre.
Sources. Quatre sources alimentent la station minérale, elles se iionuuent : !.•
source des Bains, la source chaude^ la source fernigineuse et la source de la
Buvette. Les e;\u\ des deux premières ont les mêmes airactci*es physiques < i
chimiques , elles sont claires, limpides : l'eau de la troisième a une coloratiofi
rougeàtre, qui tient au précipité fernigineusi qui se dépose sur les parois do .*> mi
bassin de capLige, ce qui la lait désigner aussi par le nom de source Bouge. U
quatrième source, captée en 1859 et récemment analvséc par H. A. Coouuaille
(Annales de la Société d* hydrologie, séance du 26 décembre 1804), est rcmai-
quable par la quantité notable de bicarbonate de soude qu'elle tient en dissoliiliou
et qui manque complètement dans l'eau des trois autres sources d'Alet. G^s cmi\
n'ont aucune odeur; leur saveur est un (nsu fade et légèrement martiale, l.i
température de lu source des Bains est de ol^ centigrade au griflon, celle de Ij
souix.e chaude de 21° 7 ceuligmde, celle de la source ferrugineuse de 10" M tcii.
tigrade. M. Commaille n'indique point quelle est la tempéra tuixi de la source do
la Buvette. Depuis les fouilles pratiquées en 1851), le débit des quatre xiurci* c-^î
de 000,000 litres en vuigt-ipiatre heuivs, ( *est-;\-dire que 3000 bains jWUiTJK'nl
étiv administrés chaque jour.
ALET (eaux Ni.xKR.). 739
M. 0. Henry a fait l'analyse de Tcau des trois premières i^ources d'Alel ; il a
Il ouTc dans 1000 grammes d'eau :
lOOKGK DM MIR«. SOUaCI ClàODK. fODBCK rJ(lBI>U|1IKD»S
Bicarbonate de clu.« \^^ l^^ j
Sulfate de diaux. .......y i \ \
— 6oade j 0,068 > 0,070 /
— magnésie I ) \ 0,000
Cblomre de MMltum . | qq^^ \ (
Sel de potasàse. }'" | )
Phosphate insoluble ( ^^^y. ) 0,130 j
— soloble I "•"*' l } O.OSO
Silice, matière organique, fer et perte. .... 0,040 / , )
Total dks xATiiaBS fixes 0,527 0,i87 0,3fô
Gaz acide carijonique. indéterminé. indéterminé. «cn.siblc.
M. Commaille, à Alger, a dosé en 1864 les substances qu'il a trouvées dans
1000 grammes d'eau de la source de la Buvette :
Bicarlionafe de soude 0,2006
— chaui O.JWl
— magné^e.. 0,U76D
Fer 0,0073
Sulfate de soude 0,0393
— magnésie 0,0041
Phosphate triliasique de chaux 0,0440
Silice 0,0205
Total dbs matiêrbs rtxis. . • . 0,0408
.Acide carbonique libre ., iO<«,80.
En jetant un coup d'œil sur les analj'ses par trop sommaires de H. 0. Henry,
on voit qu'il faut attendre de nouveaux documents pour so faire une idée exacte de
a composition des eaux d'Alet, qui devraient être examinées aux sources mêmes.
L'établissement se compose de seize cabinets, dont quatre ont deux Inignoircs ;
chaque baignoire est alimentée par deux robinets, dont l'un verse l'eau artificielle-
ment chauffée, et l'autre l'eau à la température des souic^s. H n'y a ni piscines ni
douches.
Mode d'admikisthation et doses. — Les eaux d'Alet s'emploient en boisson et
en liains; l'eau de la source ferrugineuse ou eau Rouge e^t ])rise exclusivement à
l'intérieur. Ces eaux s'adminii<^lrent à la dose de quatre à six verres le matin à
à jeun, à un quart d'heure d'intervalle; on les conseille aussi coupées de vin aux
repas. La durée des bains est d'une heure en général.
Emploi thérapeutique. — Les eaux d'AIct en boisson ont les effets les plus
marqués sur les affections stomacales, dont la dpjiepsie est le symptôme prin-
cipi; sur les céphalalgies héniicranienncs qni sont sous la dépendance d'un
trouble de la digestion ; sur les convalescences tle maladies aiguës ou de fièvres
graves, lorsqu'il importe de ramener l'appétit, de favoriser l'assimilation et de
stimuler les organes de la nutrition. Les eaux d'Alet, et spécialement celles de la
source Rouge sont très-utilement opposées à ranéniie et à la chlorose, maladies
combattues piTsi|ue toujours avec succès, d'ailleurs, par les préparations martiales,
et principalement par l'eau des sources qui contiennent en proportion notable un
clément fenuglneux.
Les bains d'Alet ont un effet sédatif marqué, lorsqu'ils sont pris à un degré de
température un peu inférieur à celui du coi'ps ; ils agissent aussi comme toniques
et sont d'un emploi très-avantageux chez les personnes dont l'affection réclame à la
fois les antispasmodiques et les recoastituants»
f>es phosphates et les arseniates signalés dans ces derniers temps dans l'eau
n
740 ALETRIS.
d'Alet ont semblé étendre le cercle de ses iuriicalioiis. H. le tlocleur Foumior,
médecin-inspecteur de ces sources, est disposé à les essayer dans les mabdies du
tissu osseux et de Tenveloppe cutanée, par exemple. Il faut attendre les obsena-
tiens cliniques qui confirmeront ou infirmeront ces aperçus théoriques.
La durée de la cure est de 30 jours.
Les eaux d'Âlet % exportent en France et particulièrement à Paris.
A. ROTOBEAU.
BiuLiocnAPiiiE : Folrxier (Edouard). De leniploi thérapeutique de Veau d'Alet dum ta e«i-
valescence des fièvres graves et des maladies aiguës en général, 9* édition. Paris, 1864. -=
GoMMjLiLLE (A.). In Aiuiales de la Société médicale d'hydrologie de Paru, t. Il, décembre i96i.
A. R.
ALETIIIS. Genre de plantes mouocotylédones, caractérisé par des fleurs her-
maphrodites et régulières à périantUe en cloche partagé supérieurement en six divi-
sions peu profondes. Trois divisions sont extérieures, plus épaisses, terminées par
une espèce de lenflement glanduleux. Les trois autres sont alternes arec les précé-
dentes, plus minces et membraneuses sur les bords. Les étamines sont superposées
aux divisions du périanthe et en môme nombre qu'elles. Leur filet s*insère vers» V'
milieu de sa hauteur, et leurs anthères sont biloculaires, introrses et déhisœiiti^
par deux fentes longitudinales. L'ovaire est en majeure partie Ubre ; cependant one
petite portion de sa base, variable suivant les espèces, est, comme l'on dit, adiiv-
rente à la concavité du réceptacle. L'ovaire renferme trois loges superposées aui
divisions extérieures du périanthe, avec un placenta ellipsoïde axile et |4uriovak:
dans l'angle interne de chaque loge. Le style, d'abord unique, se partage en trot»
branches rapprochées dont l'extrémité peu renflée est couverte de papilles stignu-
tiques. Le fruit est une capsule qui se sépare en trois valves emportant avec elle?
les placentas. C'est la situation de cette capsule en partie infère, par rapport .ta
calice, ({ui a fait placer le genre Aletris parmi les Hœmodoracées. C'est, à ce qu'il
semble, un genre intermédiaire aux Liliacées et aux Amaryllidées, comme il j «i
a d'ailleurs plusieurs autres.
Le genre Aletris a été établi par Linné, qui a longuement disserté sur lut
dans le troisième volume de ses Anuenitates. Mais il y a fait entrer des esfècc^
hétérogènes, telles que son A. fragrans, qui est un Dracxna {vay, ce mot), et soa
i4. farinosa^ qui est nu Weltheimia. Du petit nombre d'espèces légitimes qu'on
a conservées dans le genre Aletris, une seule, Y A. farinosa, est employée en médt*-
cine. Elle doit son nom aux \mk gonflés et blanchâtres formant im duvet as& z
épais et comme écailleux sur son périanthe. C'est une plante hei*bacée à feoiUe»
radicales en rosette, lisses, lancéolées, avec une hampe allongée ayant un demi â
un mètre de hauteur, chargée d'écaillés éloignées ou de petites feuilles. Les flea»,
|)ortées par des pédicellcs courts, sont blanches, à périanthe oblong-campauulé, à
étamines courtes et à ovaire pyramidal. Les graines, très-petites, sont nombreuses.
On trouve cette plante aux Etats-Unis, dans les champs et sur la lisière des kiis.
Suivant Digelow, 1*^4. farinosa est une plante d'une amertume extrêmement
prononcée et qui l'emporte a cet égard sur tous les amers connus, même le Qiuwùi
amara. Son infusion est tonique, stomachique. On Ta aussi employée contre l«
toux, la bronchite, la pleurésie. Elle a joui d'une cciiaine réputation dans k*
traitement des rbumatismes chroniques ; mais, prise à trop forte dose, elle p in-
voque des nausées et des voniisscnieuts. II. B?i.
L., Gen., n. W8; Spjc, i5C. — Biuelow, FL fftcd. bor. am , t. 50.--Emm.., Gen,, 4ffl.—
ALEURITES. 741
AUBUSITES. Genre de plantes de la famille des Eupborfaiacées, ù fleurs
monoïques. Les fleurs mâles ont un calice gamosépale, à préfloraison valvairc,
dont la surface extérieure est parsemée de poils étoiles, et qui s'ouvre par une ou
plusieurs fentes- longitudinales inégalement espacées. Les pétales sont au nombre
de cinq, imbriqués ou tordus dans le bouton, libres, exserts et portant à la base
de leur face interne un bouquet de poils inégaux. Dans rintervalle des pétales se
trouvent cinq glandes libres, entourant la base d*unc colonne androcéenne qui
supporte quinze, vingt étamines, ou davantage, à anthères biloculaires, introrses.
Les fleurs femelles ont le même périantbe que les fleurs mâles et un ovaire libre
entouré d'un disque qui lui forme un revêtement complet et ne laisse passer par
l'ouTerture de son sommet que la base du style. Celui-ci est à deux ou trois
branches, profondément partagées chacune en deux lanières ai^iuës, stigmatifères à
leur face interne. Les loges de l'ovaire sont au nombre de deux ou trois, ren-
fermant chacune un ovule suspendu coifle d'un obturateur et dirigeant son micro-
pyle en dehors et en haut. Le finit est charnu extérieurement, partagé profon-
dément en deux ou trois coques bivalves et monospermes. Les graines, caronculées,
renferment sous des téguments très-résistants un embryon à larges cotylédons
foliacés, entouré d'un albumen charnu.
Les Aleuriles sont des plantes des pays chauds, à feuilles alternes, dont le
pétiole porte deux glandes à son point de réunion avec le limbe. Les fleurs sont
groupées en panicules formées de cymes dans lesquelles les fleurs femelles sont
ordinairement centrales et terminales.
Oik a décrit plusieurs espèces à* Aleuriles, les unes qui appartiennent à d'autres
genres de la famille des Euphorbiacées, les autres que nous croyons pouvoir toutes
rapporter à une seule plante, espèce très-polymorphe et variant beaucoup suivant
les circonstances dans lesquelles elle végète. Sa synonymie est :
Aleuriles Iriloba Forst., Char, gen., 56. — Roxb., FI. ind., III, 629. —
W., Spec. pL, IV, 590. — A, twriwcccfifl W., Spec, IV, 590. — Â. commtUala
Gbis., Mon. Crol.j 82, n. 4. — A. ûtnfciwttx Pei*s.. Syn., H, 587. — Croion
moluccanumh. fil., FL %eylan.^ W., Spec.y IV, 551. — C. panicnlalum\MiiLl
— Jugions CamtritttnLouR., FL cochinch.yUy 702. — Camirium Ruhph., Herh.
ambain.y 11, 181, t. 58. — C. cordifoliumGMKtîi.y Fnicl.y II, t. 125.
C'est le Bancoulier des Indes, arbre qui se cultive et qui s'est naturalisé dans
presque toutes les régions chaudes du globe, où on le recherche pour son fruit
nommé Noix de Bancoul ou Noix des Moluques. Ses feuilles sont tantôt entières
ou à peu près, ovales-aiguës ou cordiformes, tantôt plus ou moins profondément
partagées en deux ou trois lobes égaux ou inégaux. C'est l'albumen abondant de
la graine qui renferme en grande quantité l'huile qu'on emploie en médecine,
dans l'industrie et dans l'économie domestique.
Forst., Char, çen., 56. — Lami. Encycl., III., t. 591.— A..Jcfï.. Tftitam., 38, t. 12.—
II. D!i, Étude générale du groupe des Euphorkiacées, 5i5, t. xi, fig. 10, *20, et t. m, flg. 1-15,
H. Bn.
Phabvacologie. Les noix de Bancoul, noix des MoluqueSy Camiri des Java-
nais, sont des semences osseuses très-dures produites par V Aleuriles Iriloba
Forster, Ambinux Pers., Crolon moluccanum S., Camirium Rump. Elles sont
de la grosseur de petites noix préi>entant deux gibbosités que Ton trouve sur
les Croton aplaties ou marquées d un sillon sur le côté interne ; leur surface est
bosselée, recouverte d'un enduit hlaucb»^tre; Tépisperme est noir, épais et extrô-
742 ALEXANDER.
nieuient dur. L'amande récente est, dit-on, bonne à manger, mais on la dit indi.
geste. On en extrait par expression une huile que Ton utilise pour divers usage»
économiques, tels que l'éclairage et la fabrication des savons.
D'après 0' Rorke, l'huile extraite par expression de l'amande de la noix de
Bancoul est aussi purgative que celle de ricin; on doit l'administrer aux roèmc!»
doses. D'apràs ce médecin, elle produit moins de coliques que les autres purgatif
huileux.
Selon Rumphius, au contraire, l'amande crue purge en causant des coliques ;
lorsqu'elle est grillée elle passe à Java pour être aphrodisiaquo.
A Taïti, l'arbre s'appelle Tiaîly. L'écorce sert à faire des tissus ; avec les noix
brûlées on prépare un noir de fumée qui sert au tatouage.
Rdmpb. Am^., II, t. 58. — Lgssox. Buffon continué, II, tiZ,^ Flore médicale dm
XIX* siècle. 186i, 1, 151.
0. REVBir.
AUtUBONK, on MLBBEKHBHli. M. Hartig a désigné sous ces noms une
substance qu'il a découverte en 1855, et qui parait jouer un rôle considérable dans
la nutrition des graines et d'autres organes des végétaux. Cette substance se np-
proche de la fécule par son aspect, mais elle eu diffôi e essentiellement en ce que
l'eau la dissout ; propriété qui l'a fait échapper pendant longtemps à l'œil des
observateurs. L'aasolate de mercure la colore en rouge plus ou moins brunâtre d
l'iode en jaune plus ou moins ioncé. C'est dans l'huile, l'alcool, los éthers que Ton
peut l'observer ; elle ne s'y dissout pas. Elle est constituée par des grains qui se
composent généralement de deux portions : l'mie plus petite ordinairement arrondie,
blanchâtre, nonunée albwe ; l'autre plus considérable, amorphe, souvent ponc-
tuée et dite crisUdlotde, parce que le contact de l'eau et de plusieurs autres liquider
la transforme en une masse cristallisée quelquefois d'une maniée très-neito.
Autour de ces deux poi tions d'au même grain d'aleurone on a admis, les uns une
seule, les autres une double membrane. Ces grains d'aleurone se détmîsent peu
à peu dans les graines en germination et paraissent fournir aux produits divers
dont l'accomplissement de cette fonction s'accompagne. Mais elle ne iiarait pas
fournir par ses transformations soit des matières grasses, soit de la fécule, car elle
peut exister dans l'embryon ou dans l'albumen des graines, indépendamment de
ces corps, sans eux ou à côté d'eux. H. B^c.
AUBXAIliDEB (VMUUuntt). Qiirurgicn qui acquit, dans la seconde moitié
du siècle dernier, une certaine réputation à Edimbourg, où il mourut en 1785.
Il s'occupa surtout d'étudier expérimentalement, et souvent sur lui-même, les
propriétés physiologiques et thérapeutiques d'un certain nombre de substince».
Ayant constaté que les antiseptiques (nitre, c|uiuquina), appliqués sur le tégument,
sont absorbés, se mêlent au sang et sont rejetés par les urines, il proposa ces
médicaments contre les maladies dites putrides en application extérieure, et sur-
tout sous forme de bains. Dans ses recherches sur la putréfaction, rejetant Tinter-
vontion des insectes et l'exhalation de l'air fixe, il montre que la chaleur seule ne
saurait produire la fermentation putride, et qu'il faut surtout l'influence de
l'humidité. Voici la liste des ouvrages dans lesquels il a exposé ses observations et
ses doctrines :
KxperimenU wilh Campkire. In Phihi. TramacL of the Buy. Soc. ofLond,, t. LVII. p 6V
1707, ci Abridg., t. XII, p. Z9fi. ^ Expérimentais Essoys, etc. :\*Ontke Extemal Afplica-
ALKXAXDRE. 745
lion or AntUeplic^ in Putrid Diêeateê; 2* tiie Doies and EffeeU of Mêdieinet ; 3* On Diuretic
and Sndorifieg. London, 1768, in-8«; 3* édit. Ibid., 1770, in-8. — DtM^lo/. inaug. de Can
tharidum ttUtoriaet um, Edinb., 1769, in-8*. — An Expérimental Inquiry conceming the
Catuet which hâve generally been said to Produce Putrid DUease». Lond., 1771. — Plain
andEwg Directions for the Use ofthe Harrowgate Waters. Edinb , 1775, in-8*.
E. Bgd.
AliBXANliBE (d'Aphrodlae). Parmi les ouvrages généralement attribués
à Alexandre d'Aphrodise (philosophe de Fécole d'Aristote qui vivait vers Fan 200
après J. G.), il y en a deux dont l'auteur n*est pas connu avec certitude : le
premier est intitulé Questiom de médecine et problèmes de physique. Une foule
de raisons autorisent à le rapporter à un autre auteur. Il semble avoir été écrit par
un médecin; il renvoie à wi ouvrage qui n'est point sur la liste des écrits authen-
tiques d'Alexandre d'Aphrodise ; le style semble appartenir à une époque plus
avancée. Quelques critiques émincnts n'hésitent pas à regarder ce livre comme
étant d'Alexandre de Tralles. Mais il n'est pas vraisemblable qu'un auteur chrétien ait
composé l'ouvrage mythologique (celui auquel il renvoie) .. Au total, les questions
de médecine forment deux livres renfermant quelques observations de médecine
intéressantes, et beaucoup d'autres tout à fait insignifiantes. On en possède les
éditions suivantes, traduct. de G. Valla. Venetiis, 1488, in-fol. — I^ texte grec se
trouve dans l'édition d'Aristote, publiée par les Aides, à Venise, en 1495. — Tra-
duct. latine par Davimi. Paris, 1541, in-16. -^ Texte grec dans les Physici et
Medici Grxci minores d'Ideler ; Berlin, 1841, t. I, p. 3-81, in-8<>.
Le second ouvrage que nous avons sous le nom d'Alexandre d'Aphrodise, est
intitulé : Des Fièvres ; il est adressé à un élève que l'auteur se propose d'instruire
dans les diverses branches de la médecine. Cet écrit n'est manifestemen^pas d'A-
lexandre d'Aphrodise. (^elques historiens, Hercuriali, Sprengel, Ghoulant, pen-
sent pouvoir l'attribuera Alexandre de Tralles. Or, ce dernier a consacré le XH* livre
de son grand ouvrage à ces mêmes maladies, et il ne fait aucune mention du traité
dont il est ici question... Il appartient sans doute à l'un des nombreux médecins qui
ont porté le nom d'Alexandre. — Ce petit traité a été traduit en latin par G. Valla,
sous le titre De Febrium cattsis et differentiis, Venetiis, 1498, suivi d'assez nom-
breuses éditions nouvelles. Le texte grec parut dans le Muséum criticum de Cam-
bridge, t. H, et avec la trad. latine de Valla, ù Breslau, en 1823, in-4®. Enfin on le
trouve encore dans les Physici et Medici Grssd m nore« d'Weler, t. 1, p. 81-107 ;
Berlin, 1846, in-8^ A. W, G.
AEJBXAllillBE (d« Tralles). Pendant longtemps les historiens n'ont pas été
d'accord sur l'époque à laquelle cet auteur a vécu, et D. liCclcrc lui-même a
commis une étrange erreur en le plaçant, avec Aëtius, Oribase et Paul d'Éginc,
dans le quatrième siècle (Essai d'un plan, etc., p. 765, in Hist. delaméd.,
Amsterdam, 1725, in-4<'). C*est surtout a Freind que l'on doit d'avoir fixé ce
point de chronologie, avec autant de précision que possible (Hist, de la méd.y
\K 3, trad. de Noguez; Paris, 1728, in-4^). Comme le fait observer le savant
médecin anglais, Alexandre cite Aëtius et il est cité par Paul d'Ëgiue, il a donc
vécu entre ces deux écrivains ; or, le premier fiorissait à la fin du cinquième
siècle et au commencement du sixième ; et le second, dans la première moitié du
septième. Un témoignage plus rigoureux encore est celui d'Agalhias, qui composa
son histoire vers 565 ; il parle d'Alexandre comme d'un contemporain, et men-
tionne la |M)sition honorable qu'il occupait ù Rome, évidemment au milieu du
7U ALEXANDRE.
sixième siècle. Quant à sa vie privée nous savons seulement, et en partie par
son propre témoignage, qu'Alexandre était de Tralles, en Lydie, où son père,
nommé Etienne, exerçait la médecine ; qu'après avoir visité h Gaule et FEs-
pagne, il vint se fixer à Rome, et acquit alors une si grande réputation qu'on le
nommait, par excellence, Alexandre le médecin. Il paraît avoir été chrétien et
très-religieux. Hais, semblable à la plupart des auteurs de ce temps, profond^nent
enclin aux idées superstitieuses. 11 était déjà vieux, lorsque, mettant en pratique
les sentiments de reconnaissance enseignés dans le Serment d'Hippocrate, il com-
posa, à la demande de Cosmas, fils de son ancien maître (et non son p^ oomme,
le dit Haller par inadvertance), le Traité de médecine que nous possédons au-
jourd'hui. Son âge, c'est lui-même qui nous l'apprend (iib. Xll, cap. I), ne hii
permettant plus ]es fatigues de l'exercice professionnel, il voulut consigner dans
son livre les résultats de sa longue expérience. Notre auteur mérite, il iànt en
convenir, une place à part entre les médecins grecs qui ont écrit depuis Galien.
Ce n'est pas, comme Oribase, Aëtius et Paul d'Ëgine, un simple compilateur; ii em-
prunte bien encore çà et là quelques articles, mais quoiqu'il se montre fervent
sectateur du médecin de Pergame, il ne craint pas, tout en le traitant de trèg-
divin, de se mettre en opposition avec lui quand il en trouve l'occasion. Parfois,
enfin, il semble accepter des explications en dehors de l'orthodoxie galéniqiie;
cependant on ne peut le taxer d'appartenir au méthodisme, comme on Ta prétendu.
En véritable praticien, il s'attache surtout au diagnostic difTérenttel, à saisir
les variétés, les formes diverses des maladies dont il s'occupe, afin de les com-
battre par uu traitement spécial. On lui a reproché le nombre et l'exubérance de
ses formules ; c'était alors un vice général et qui s'est propagé presque jusqu'à nos
jours. Tous les historiens ont cité des exemples de sa crédulité au sujet des amu-
lettes et d'une foule de remèdes ridicules. Cette crédulité est d'autant phis remar-
quable, qu'elle contraste avec l'esprit d'indépendance et de libre examen dont il a
fait preuve à l'égard du maître dont le despotisme scientifique a duré si lomr-
temps.
Le Traité de médecine en XII livres ne comprend que ce que nous appelons au-
jourd'hui la pathologie interne, et les maladies y sont décrites très-méthodique-
ment, dans l'ordre dit anatomique, c'est-à-dire comme il suit : I, maladies de U
tête, inlerncs et externes ; 11, maladies des yeux; 111, maladies des narines, de»
oreilles et de la face; IV, de l'angine; V, affections des poumons; VI, de h pleu-
résie; VII, maladies de la poitrine, de l'estomac et de î'inte^in ; VIH, maladies
du foie, des voies digestives intérieures et de la rate; IX, des hydropisies, mabdîis
des reins et des parties génitales ; X, de la colique et de l'iléus ; XI, de la goutte;
Xll, des fièvres continues et intermittentes.
Nous avons encore d'Alexandre de Tralles une lettre sur les vers lombrics,
adressée à Théodore, un de ses amis, dont le fils était tourmenté par une aHW-
tion vermineusc. A l'exemple des anciens, il reconnaît trois espèces de vers : I* très-
petits ou ascarides; i^ cylindriques; 3^ plats ou en bandelettes {Uemà); il
distingue les effets produits suivant qu'il y a fièvre ou apyrexie ; quant au
traitement, il donne plein essor à son goût pour la pharmacopée. Les ouvrages
d'Alexandre de Tralles ont eu de nombreuses éditions; nous citerons les sui-
vantes :
Alexandri Yafros praclica cum exposilione gloxe (glos&ne) interUneorU Jat^i de Pûrtibwt
et Simonie Januenm, in margine posite (positaj). Lugrduni, 1504, iii-4*. et Pavw 1530. 'ut*',
YeneUis, 1522, in-loi.— En grec; acced. Rhazx lie pestitentia tiàetku, Edente J. GottpjLLute-
ALÈZE. 745
Uap, 1548, ni'loL "AlexandriTraUiani medm, Ubriduodecin: Grxee et f/ttine:J. Guinterio
AMUmaco interprète et emetidalore. Basilcac, 1556, in 8*. Celte traduction de Gontbier
d'Andemach flgure dans la collection des Medicx artiê principes de II. Etienne, 1. 1, 1507,
in-fol.. et dans celte de Haller. Lausanne, 1773. 2 vol.in-8*. — Z)^ JjimttricU, édit. H. lier-
curiali, Venetiis, 1570, in>4% et dans l'édit. de Haller, t. 11, ad finem,
E. Beaugrakd.
AUBXIPMAUAQVES) (le à).i^siy, repousser, et ^âouaxov, venin, poison. On
a donnné ce nom a des médicaments propres u préserver de Faction des poisons, h
corriger leurs cflets, à expulser du corps ceux qui y ont été inti*oduits, ou qui s*y
sont développés, de sorte que le mot alexipliarmuque est à peu près synonyme de
préser>'atif, d'antidote, de contre-poison.
lies anciens ont beaucoup écrit sur les alexipharmaques. Nicandre, écrivain grec
antérieur à Tère chrétienne, a composé sur les contre-poisons deux poèmes, in-
titulés : Âlexiphai^maca et Theriaca. La thériaque de Mithridate, au moyen de
laquelle on prétend qu il parvint à se préserver des poisons qu*il avait ingérés,
était le type des alexipliarmaqucs. C'était surtout parmi les sudorifiques qu'on cher-
citait les substances capables de résister aux poisons el aux venins ; d'autres fois
parmi les toniques et les excitants : c'est ainsi que la thériaque, l'orviétan, les
alcooliques, les cordiaux, étaient administrés avec profusion, lorsqu'on supposait
que des poisons s'étaient spontanément développés dans le cours 'de certaines
maladies dites putrides, malignes, etc. 0. Réveil.
BiouoGBAPBiE. Peaunos (J.). De alexiteriit et alexipharmaciê commentariotus. HanoTiie,
1615, in-i*. — Alderti. iVi.), De alexipharmacorum concentraiarumnoxa in febribu» matiçnis.
Halir, 1751, in-4*.— Cadet (G. Z.). Analyte des deux poèmes de f^icandre sur tes thériaques
et les alexipharmaques. In Butt. de Ph., t. II, p. 557.
0. R.
iULEX£TÈllE,etnonAliEXlTÈBE (de àltlurtpto;, secourahle : rô àltlitiTiiptov ^
sous-entendu ^oc/^.cAaxov, le médicament seoourable ou à)i;6i, je repousse, Bnp
béte venimeuse ou féroce). On emploie généralement ce mot comme synonyme
à'alexipharmaque, de préservatifs d'antidote, de contre-poison, mais il ne de-
vrait être appliqué qu'aux remèdes employés contre la morsure des animaux
sauvages ; on a encore donné ce nom à des substances volatiles, ou qui pouvaient le
devenir par suite d'actions chimiques, et fournissaient des vapeurs capables de pré-
venir ou de combattre les miasmes ; c'est ainsi qu'on nommait autrefois alexétère
ammoniacal le mélange de chlorhydrate d'ammoniaque et de carbonate de po-
tasse; alexétère acétique, les cristaux de sulfate de potasse arrosés d'acide acétique,
et les fumigations de chlore et de bioxyde d'azote (gaz nitreux) constituaient les
alexétères chlorique, nitrique, etc. 0. Réveil.
AE.ÉZB ou ALAISE. L'alèze n*est autre chose qu'un drap de lit qu'on plie en
plusieurs doubles et dont on se sort tantôt pour garnir le lit d'un malade et ga-
rantir les literies des déjections alvines, de la suppuration, etc.; tantôt pour recevoir
le sang qui s'écoule pondant une opération ; d'autres fois, pliée en cravate, elle
sert d'appareil de contention, soit qu'il s'agisse de pratiquer la contre-extension
dans la réduction d'une luxation, soit qu'on veuille, on l'attachant des deux côtés
du lit, empêcher les mouvements d'un malade agité on retenir dans une situation
fixe un membre opéré.
Dans plusieurs hôpitaux étrangers, l'alèze est remplacée par des pièces de fia-
740 A LG A ROBE.
iielle épaisse, quelquefois leiutes eu rouge, coupées eu carrés plus on moins largos,
et qui, mieux que la toile, peuvent s'imbiber du sang qui s'écoule pendant une
opération. Comme moyen de protection des objets dont on la recouvre, Talèœ est
assez souvent remplacée aujourd'hui par des tissus imperméables : toile gommée,
toile cirée, ou tissus à base de caoutchouc. L.
ALFONSlG (Alfonsia). Kuntli a désigné sous le nom d'A. oleifera (dans les
Nova gen. etspec. plant, aequinoct. de Humboldt et Bonpland, I, 246) un pal-
mier de rAmérique équinoxiale dont le fruit est comestible, et dont l'amande ren-
ferme une grande quantité d*huile que l'on emploie en frictions, et qu'on mêle à
cet effet à celle des Cocotiers, principalement dans un but hygiénique, afin de se
garantir des piqûres des insectes et des iufluences atmosphériques. Cette huile est
aussi bonne à brûler. Mais le genre Alfonsia ne paraît pas devoir être conservé et
rentre, suivant la plupart des auteurs, dans le genre Elxis, (Voy, ce mot.)
H. Bx.
ALFORMES. Yoy. MÉLANÉSIENS.
AliGAlilE. Voy, Sonde.
AlitiABOBE, ALGAROVE, ALGARO¥lLLE. On désignait vulgairement m
Espagne sous le nom d*Algaroba ou Algarova les fruits du Caroubier {vay. ce mot).
H en est résulté que les Espagnols, arrivant dans le nouveau- monde, ont imposé le
le même nom aux Légumineuses dont les gousses sont sucrées, pulpeuses, alimen-
taires, propres surtout à ftnre engraisser le bétail, et possèdent, pn un mot, à
peu près les mômes propriétés que celles du Ceratonia. Ces Légumineuses sont
toutes du groupe des Mimosées. Telles sont VAlgarobo des Andes et 1*^4. de Ckile,
ou Algarove du Chili. Ces plantes furent rapportées d'aWd par Kunth au mémi*
genre qu'une plante indienne que Linné avait nommée Prosopis {voy, ce moli.
11 est vrai que les analogies entre le type indien et les Algarobes américaine*
sont considérables. De Candolle le reconnut si bien, qu'il conserva le genre Proscfu
tel que Kunth l'avait constitué ; mais il le divisa toutefois en deux sections : I'uiip
qui renferme des plantes à anthères surmontées d'une boule glanduleuse dé|)en-
dant du connectif ; ce sont ses Adenopis^ considérés aujourd'htii seuls comn)e l«s
véritables Prosopis ; l'antre fut sa section Algarobia, dont les anthères ne sont
surmontées d'aucune dilatation glanduleuse. De nos jours, M. Bentham a fait de
cette section un genre Algarohia \n\ri\iiiemciii distinct, uniquement constitué d'es-
pèces américaines ; les fleurs y sont polygames, régulières, h calice gamos^pdc
quinquédenté ; la corolle est formée de cinq pétales libres, valvaîres dans le 1)0U-
ton et à bords légèrement enroulés en dedans après l'épanouissement. Les éta*
mines sont au nombre de dix, à filets insérés sur un très-petit disque qui eotoare
le pied de l'ovaire; libres, corrngués dans le bouton, rectilignes et exserU aprÀ
l'anthère. Les anthères sont bilocnlaires, introrses et déhiscentes par deu\ feotes
longitudinales. L'ovnire uniloculaire, supporté par un pied grêle, i^nfenne A-
nombreux ovules descendants disposés sur deux séries verticales ; il est couvert di»
poils et surmonté d'un style qui va s'atténuant jusqu'à son sommet. Ia'S fniib
sont des drupes en forme de gousses allongées, à mésocarpe chanui et pulpeux,
à endocarpe dur partagé en autant de loges qu'il y a de graines. Celles-ci renfff-
mcnt un gros embryon charnu à cotylédons auriculés. Les Algarolics sont do« ar-
A LG A ROT H. 747
bres et des arbustes de rAmériqiie tropicale ou septentrionale, ù feuilles alternes
paripennées, accompagnées de stipules souvent épineuses. Leurs fleurs sont dispo-
sées ai grappes axilîaires et supportées par de coiuMs pédicelles articulés ù leurs
deux extrémités.
Plusieui*s AlgaroMa renferment dans la pulpe de leur fruit une certaine quan*
tito de tumin qui les fait employer comme astringentes. Mais, dans la plupart,
cette pulpe est riche en matière sucrée qui les rend alimentaires. Tels sont :
i* L'A. dnlcis {Prosapis dulcix K. — Acacia Imvigata W.), espèce de la
Nouvelle-Espagne occidentale, h épines stipulaires peu développées ou caduques, à
J'euilles bipennées. Son fruit est sucré comme celui de l'espèce suivante.
2* VA, horrida {Prosopis horinda K.). C'est VAlgarobo des Andes, espèce à
épines stipubires très-longues, ù fruits toruleux.
5« VA, inliflora {Mimosa inliflora Sw. — M, piliflora Sw. — Prosopis
inliflora D. G.), est un arbre des plaines sèches de la Jamaïque, à feuilles bipen-
nées, chargées de glandes pétiolaires et accompagnées d épines stipulaires courtes
(»t épaisses. Son fruit est long de quatre ou cinq pouces, comprimé, lisse, souvent
tordu et contient l)eaucoup de graines. On le désigne souvent sous le nom d'Alga-
roviUe ou Petite Algarobe. Il est sucré, mais Swartz assure que son usage est dan-
gereux. Ce ([ui paraît cei tain, c'est que le bétail souffre après avoir mangé les
fruits ou les feuilles. Mais cela n'arrive, suivant Macfadyen, que daas des circon-
stances très-particulières. Quand le temps est sec, suivant ce médecin, les feuilles
et les jeunes pousses constituent un aliment sain, très-nutritif; les graines valent
sous ce rapport les céréales. Mais quand les fruits ont été mouillés par la pluie, ils
germent dans l'estomac des bestiaux, produisent beaucoup d'acide carbonique et
irritent le tube digestif. On assure encore que des incisions faites aux branches dé-
coule une gomme qui a toutes les propriétés de la gomme arabique. Dans sou
|wys natal, cette plante porte le nom de Cashew, II. Bn.
Kn?ctH., Mimas,, 106, t. 35 ; Nov. Gen. et Spec, pi, sequiu., YI, 306. — D. C, Prodr,, \h 446.
— SwAET»., Prodr., 8j; Flor, Ind. occid., 986.— )]acfad.,F/. /a/ffa/c.,!, 312. — E!©L.,6eii.,
11. 6823. — Bextu., pi. Hartweg., 13.
JkMMAUQTB (Poudre d*j Oxijde, diloruve d* antimoine, pondre de vie, en
latin algarotus, et à tort aJgarothif algerothus, tire son nom de son inventeur
Victor Algaretto, médecin de Vérone; elle a pour formule Sb*Cl' {Sh*0*)*,HO ; c'est
une poudre blanche amorphe, insoluble dans l'eau, soluble dans l'acidn chlorhy.
drique, qui la transforme en protochlorure d'antimoine; on l'obtient en préci-
pitant le prolorhloinire d'antimoine par de l'eau ; il se fait de l'oxyde d'antimoine
({ui se précipite, entraînant en une combinaison insoluble du protochlorure non
décomposé ; il se forme en même temps un peu d'acide chlorhydrique qui tient un
peu de protochlorure en dissolution dans la liqueur. On a remarqué que le préci-
pité blanc, cailleboté au moment où il vient de se faire, éprouve bientôt dans sa
niasse un changement moléculaire, et qu'il devient cristallin. On lave celui-ci â
l'eau froide à plusieurs reprises, et on le fait sécher.
D'après Peligot, on obtient un autre oxychlorure d'antimoine, qui a pour for-
mule Sb*CI*, 5Sb'0*, eu traitant par Teau chaude le protochlorure d'antimoine
dissous dans l'acide chlorhydrique ; il se forme des cristaux denses et brillants, qui
se déposent par le refroidissement de la liqueur.
Ces deux oxychlorures sont transformés en oxyde d'antimoine par des lavages
prolongés, mais cette transformation s'opère mieux par l'ébullition au contact des
718 ALGÉRIE.
bicarbonates alcalins; c'est ce procédé que l'on emploie pour obtenir l'oxyde duili-
moine : roxychlorure peut servir aussi à préparer Témétique.
La poudre d'Âlgaroth, autrefois employée en médecine, comme purgative et
surtout comme vomitive, n'est plus usitée aujourd'hui; elle fut proscrite, ainsi que
l'antimoine, en 1566, par arrêt du parlement de Paris. 0 Reteil.
AliCAROTTO (viet.), en latin AlgarotuSy plus connu sous le nom A'Algarolh.
Vivait à Vérone à la fin du seizième siècle. C'est à lui que Ton doit la préparation
antimonialc désignée sous le nom de poudre d'Âlgaroth. Suivant certains biographes,
Algarotlo serait mort empoisonné en i603, Ticlimc de la jalousie excitée par le
succès de son remède. . . Un an avant sa mort, Algarolto avait publié une noticf
sur ses pilules (Anvers, 1605). Au total, son neveu, nommé aussi Victor Algarotlo,
fit paraître plus de soixante ans après, un ouvrage sur le même sujet : CompenSo
délia natura^ virtu e modo d'usare una polve quint'essenui d'oro mdiicinale
del ViUorio Agarotto, Verona, 1667, et Venezia, 1671, in-S*». E. Bgd.
ALCSÉRIE (Géographie médicale). L'Algérie comprend le territoire qui,
sous la domination romaine, formait la province de Numidie à Test, de Mauritanie
Césarienne et Sitifienne à l'ouest, entre la Mauritanie Tingitane (Maroc) et la pro-
vince d'Afrique où se trouvait Carthage {régence de Tunis). Elle s'étend du 4',8
longitude ouest au 6^,56 longitude est ; de la Malouia à l'Oued-el-Zaîn. Baignéean
nord par la Méditerranée, vers le 37^ degré de latitude à l'est et le 35^ â l'oocst,
elle va se perdre au sud dans les plaines sablonneuses qui s'étendent au delà de<
oasis d'El-Aghouat, de Tuggurt et d'Ouergla,'vers le 33* degré de latitude.
Orographie, hydrographie. L'Algérie forme la partie centrale d'uue sorte de
presqu'île élevée, limitée par la mer et les sables du désert. Elle est constituée por
une double chaîne de montagnes parallèles au rivage vers lequel s'étendent les pentes
abruptes de ses contre-forts, et dont les nombreuses fissures forment les valiées in-
térieures. Un immense plateau couronne la partie élevée de ce massif énorme divisé
en trois régions principales : 1® le Tell ; i^\es hauts plateaux ; 3^ le Sahara algérien.
Le Tell, dont le nom dérive du mot latin tellus^ terre cultivable, est la région
du labourage et des moissons. Sur une largeur de 50 à 35 lieues, il est romposé
de terrasses successives qui s'étagent en descendant vers la mer*. Sur les chaînes
ah'uptes qui les séparent, les pluies d'automne, les neiges fondues projettent vers
les bassins principaux des eaux torrentielles charriant les alluvions qui exhaus^U
sans cesse le niveau des plaines, et vont former à l'embouchure des fleuves un cordon
littoral. Réduits â l'état de simples cours d'eau pendant Tété, les oueds roulent en
général leurs eaux sur uii lit large couvert de galets, entre des berges escarpées com-
posées en grande partie de cailloux. Mais après les crues rapides, les eaux retenuc<
par le cordon littoral minent les berges, en provoquent l'éboulement, et vont sur de
vastes surfaces former desdéverscmenls limités par le thalweg exhaussé des riMcn-s.
C'est à des conditions orographiquos et hydrographiques semblables qu'est due
l'impaludation des bassins inférieurs de la Macta, de la Tafna, du Chelil, du Man-
fran, de la Seybouse.
Les hauts plateaux, compris entre les deux grandes chaînes de l'Atla?, forroenl
d*immenses plaines séparées par des collines élevées parallèles à la mer, et arro-
' fiCs {,'ens de Constanline appellent Haderat, la Descente, tout le pays compris cotfT
Constantine et la mer.
ALGÉIIII::. 749
sées par des cours d'eau dont les bassins principaux aboutissent à d'immenses
dépressions transformées en lacs salés appelés diotts. Les principaux sont ceux de
Saîda, deGhergui, de Garbi. Couverts au printemps de plantes fourragères, les
hauts plateaux présentent le reste de l'année un aspect désolé, mais plein de gran-
deur ; en effet, lorsque Tévaporation des eaux a desséché les terres inondées, celles-ci
apparaissent dans toute leur nudité, couvertes de dépôts salins ou assez imprégnées
de matières salines pour an*êter toute végétation, et foi*cer les douars de pasteurs à
descendre dans le Tell.
Le Sahara, dont le nom arabe, Isra, dérive du radical raa, pâturer, est une
énorme dépression de terrain, dont la mer s'est retirée probablement à la suite des
dislocations géologiques qui ont soulevé les monts Aurès. 11 affecte, dans son aspect
général, trois formes principales : le désert des plateaux constitué par des cou-
ches horizontales de gypse et d'argile, disposées sur les bords de la mer Saharienne ;
le désert d'érosion y formé par un réseau de plateaux séparés par de larges sillons
a*eusés par les courants descendant des monts Aurès et des Zibans ; et enfin le dé-
sert de sable, appelé Souf, constitué principalement par des sables quartzeux
amoncelés on dunes de 50 à 60 mètres de hauteur ou disposés en lignes sinueuses
dont l'aspect mobile et changeant rappelle celui des flots de la mer. Immobiles à
leur base, les dunes sont animées à leur sommet d'un mouvement de cascade dont
le souflledu simoun emporte au loin les sables embrasés, qui trop souvent engloutis-
sent sous leur masse l'homme épuisé par la lassitude, la chaleur et la sécheresse.
Les eaux qui suivent les pentes méridionales do l'Atlas coulent en quittant les
montagnes sur des surfaces converties l'hiver en lacs parsemés d'ilôts com-
plètement desséchés l'été. Sur tout le pourtour de l'immense bassin formé par
l'Atlas au nord et les montagnes du sud, les eaux s'infiltrent à travei's les couches
d'alluvions, et vont former des nappes souterraines qui alimentent les oasis natu-
relles et les puits creusés à des profondeurs de 50, 60 et 80 mètres.
Les oasis des Zibans, qui, suivant l'expression de Strabon, tranchent par leur
teinte noire régulière sur le fond jaunâtre des plaines, conune les mouchetures de
la peau du tigre, sont alimentées par les sources des rivières de l' Aurès. Les pal-
miers, la tête dans le feu et les pieds dans l'eau, trouvent les conditions de leur
puissante végétation dans les nappes d'eau superficielles, et abritent sous leur om-
brage le grenadier, l'abricotier, h vigne, et une profusion de cultures ménagères.
Dans les régions plus éloignées, dans l'Oued-R'ir, par exemple, il a fallu aux
Arabes ou plutôt aux noirs, qui semblent avoir monopolisé cette industrie, forer
des puits à des profondeurs de 40, 50 et même 80 mètres.
La domination française, substituant les procédés perfectionnés de l'industrie de
l'Europe aux instruments grossiers des Arabes, a fait revivre des oasis ruinées par
l'ensablement, et créé des routes dans les régions désertiques; réalisant la pro-
phétie d'isale : « Alors des sources abondantes couleront dant le désert, et la terre
que la soif brûlait se changera en fontaines. (Isaie, chap. xxxv, vers. 6 et 7.)
Géologie. Le soulèvement du sol de l'Algérie appartient au système des Pyré-
nées, croisé par celui des Alpes occidentales et des Alpes principales. Les grandes
plaines de la partie orientale s'élèvent jusqu'à 1000 mètres au-dessus de la mer, et
les sommets les plus élevés du Babor, de TOuarencenis, du Jnrjura et de l' Aurès
atteignent 1800, 1900,2126, 3212 mètres.
Les roches anciennes etéruptives sont rares en Algérie. Les premières apparais,
sent sur le littoral. A la pointe du massif d'Alger, au cap Matil'ou, il y a des gneiss,
des micaschistes inclés de filons de granit et do calcaires cristallins d'un gris bru-
750 ALGÉniË.
^"^♦*
iiâtre. Une énorinc niasse granitique iormc rivage cntic Donc et Collo. La mas
principale du massif de TAtlas est formée de marnes scliisteu^^es grises, do calnirt*
gris compacte Irès-dur, de quartzite gris ; le tout violemment bouieva-sé et oflnnl
de rares fossiles. Malgré ces difficultés, la stratification des roches et la détermina-
tion paléontologique permettent d'attribuer la plus grande partie des terrains aux
marnes à bélemnites, à Toolithc inférieur, et aux assises inférieures des ten'aîii^
crétacés. C'est ainsi que, d'après HH. Renou, Founiel et Coquand, il faut rapporter :
i^ aux terrains jurassiques, le massif montagneux de Bougie, leJurjura, la cliainc
de Babor, la vallée de Safsaf, celle de rOuèd-El-Kebir, les dolomics magnésiennes d<*
Saïda, pétries d'ammonites; 2^ Aux formations crétacées inférieures et auxcalcairo
à nummulites, le sol de Constantine, de Sétif, de Biskra, de TAurès, de Tébessa, d •
Zaatcha, formé par un calcaire gris noir homogène caractérisé par des bippuriles,
VAfianchytes omla^ le Mkraster cor anguinum.
Dans la province d'Alger, la même formation se rencontre dans le masûf dn
Jnijnra, le sud de la plaine de la Métidja, la cliaine de Mouzaïa, de TOued-Kébir.
(l'est au milieu de terrains crétacés que se rencontrent les filons cuprifères de
Mouzaïa. Les amas de sel gemme du Djeb-e1-Sahary, qui alimentent les tribus du
centre, gisent an milieu de marnes gypseuses vertes qui confinent, vers Bogtiar, à
des calcaires blancs tachants avec silex pyromaques et Exogijza colnmbay Anan-
chytes ovata et Pecten quinqtiecostatus.
Les montsignes deTénès et de Chercbel appartiennent a la même formatioDcrélj-
ci»e traversée par des filons de fer spathique, de pjTÎtcs cuivreuses, de cuivre gri>
i*t de galène. Dans la province d'Oran, elle forme, au nord et au sud, deux ma^^i(^
principaux.
Les formations tertiaires moyennes, composées d'argile plastique grise et de grès
jaunâtres à grains fins caractérisés par Yostrea elongatOy se rencontrent à (ijeiitila.
entre Constantine et Sétif*, autour de Médéah, dans la vallée du Chelif et aux envi-
rons de TIemccn et de Mascara. Le Sahel d'Alger et les environs d'Oran sont du> à
des formations subapennines composées d'argile et de marnes à grains verts rt dt*
calcaires blancs plas ou moins marneux pétris de coquilles, principalement de
Pecten, à'ostrea hippopus.
Au-dessus des formations tertiaires, on a trouve du diluvium sur le versant mé-
ridional de l'Atlas. Au Smendou, M. Dumont a recueilli une dent molaire rappor-
tée par M. P. Gcrvais au Mastodonte brevirostris. Une molaire d'Eleplias primo-
genius2i été retrouvée à Cherchel.
Sur ces couches plus ancienne? s'étendent partout des alluvions modernes dont
l'épaisseur, sur quelques points, dépasse plus de 20 mètres. Elles forment le 9ol dt^
plaines du Tell, et, suivant M. Ville, recouvrent dans les plain(*9 du sud des alh-
viens plus anciennes, composées des débris des ten-iiins crétacés.
C'est ;\ celte composition géologi(|ue, à la grande quantité d'argile, à la rafvtc
des roches cristallines, ù l'abondance des terrains d'alluvions, que l'Afrique doit b
iécotidité de son sol et Tinsalubrité de ses plaines. Les couches d'cnu que rctim*
nent les surfaces argileuses utilisées piu* l'agriculture donnent an végétal ses condi-
tions d'existence et d'accroissement, ou servent au dévelop))emcn t et à la décompo-
sition successive des espèces de tous genres qui croissent et meurent sur un hol
abandonné.
Le Saliara offre à la géologie l'exploration d'une nier mise à sec (C. Martin^.
le Saliara, lievue des Deux Mondes, 1 5 juillet 1864) à une date réconte, puisi|w
on y trouve les coquilles des mollusques qui habitent encore la Mcdilorniice. lu
ALGÉRIK. 751
cordon litlonil de huuts-londs iuléiieurs a proljabienieut ii^olé le golle saharien de
b mer principale, qui n^est plus représentée que par les chotts Melzir, El-iladjila
Faroun, El-Fejej . Partout le sel imprègne le sol, altère les eaux. Sur les bords de lu
mer saharienne, le gypse pavimenteux forme des plaques juxtaposées simulant un
dallage régulier (C. Martins) . Dans le désert de sable il se montre plutôt en cristaux
de figures variées pénétrés de silice, qui servent de matériaux de construction
()our les maisons, Tenceinte des villes, les murs de soutènement élevés contre l'en-
vahissement des sables.
Hydrologie. La nature et la qualilé des eaux, si importantes dans les régions
chaudes, dépendent en Algérie de la disposition du sol et de la composition des
roches. La pente rapide des cours d*eau, leurs crues subites, rendent les eaux des
oueds troubles, boueuses pendant l'hiver, alors que des pluies torrentielles arra-
chent au sol des matières terreuses abondantes, et que leui' fond est remué par le
cours rapide de leurs eaux. Pendant Tété, réduits à Tétat de simples ruisseaux,
ils ne charrient (pie des eaux échau fiées, et trop souvent altérées par la décompo-
sition des matières organiques. Ces influences s'exercent d'une manière plus fâ-
cheuse encore dans ce que les Arabes du Sahara appellent dos redir^ réservoirs
creusés dans les Daia ou les oueds. Ils trompent trop souvent l'attente du voyageur
({ui trouve les réservoirs desséchés, ou remplis d'une eau trouble couleur de sable,
d'une saveur détestable et à peine potable après le filtrage. (Reboud, Gaz. méd,
de V Algérie, août 1856, p. i 05),
L'influence de la composition minéralogique du sol est autrement lâcheuse.
Quelle que soit en effet la foimalion à laquelle elles appartiennent, la plupart des
roches des provinces d'Oran et d'.41gcr fournissent aux eaux des chlorures, des
sulfates et des carbonates qui les rendent dures, séléniteuscs et souvent purgatives.
Les dépôts salins dépassent en effet les proportions qui, en Europe, sont considé-
rées comme compatibles avec l'emploi de l'eau comme boisson, c'est-à-dire environ
cinq dix-millièmes ou O^^SO par litre ; les eaux de Seine considérées comme type,
contenant seulement 0^^ 1 79.
En général d'après les travaux de M. Ville (Richesse minéralogique de l'Al-
gérie 1852), les eaux des terrains secondaires sont moins chargées ({ue celles des
terrains tertiaires. Les plus pures sont celles de l'Oued-Kébir, dans la province
d'Alger, qui contiennent 0^,170 de matières salines par litre. Les eaux les moins
potables sont celles du cercle d'Arzew dans la province d'Oran, du Ghelif dans la
province d'Oran, de TOued-Mela dans la province de Constantine.
Les eaux des terrains tertiaires contiennent en movcnne 2K',099i) de matières
salines par litre dans la province d'Oran, et 1b%02!29 dans celle d'Alger; celles
des terrains secondaires 08%o252; les eaux mixtes provenant à la fois des deux
formations 0'%9482. Les chlorures dominent dans les eaux des terrains tertiaires.
IL comptent pour ôô pour 100 des matières salines. Les sulfates, qui s'élèvent à
55 pour 100 dan^ la province d'Oran, descendent à 14 dans celle d'Alger. Les
carbonates au contraire comptent pour 10 pour 100 dans la première, et 27 pour
la seconde.
Les carbonates dominent en effet dans les eaux des terrains secondaires, les
chlorures dans les eaux des terrains tertiaires. C'est à cette corrélation qu'il
faut atliibuer la mauvaise quahté des eaux des puits, des cours d'eau et des bai-
mges du Sahara.
Les eaux de Biskra, analysées |>ar M. Tripier, lui ont fourni les résultats suivants
(Tripier. Mém. de mèd. milit. 1853 t. X, p. 255) : Chlorui-e de magnésium 1,20 ;
752 ALGÉRIE.
sulfate de clmux 0,40; sulfate de soude 0,35; carbonate de chaux 0,15; ma-
tières organiques 0,10 ; =^ 2,10.
Les eaux de Dousada sont légèrement purgatives; elles coutienueul beaucoup de
sulfate de magnésie. (xMarit. Hyg, de l'Algérie, p. 43).
Dans Toasis de M'rir, l'eau est lourde et désagréable. D'après M. Dubocq elle
contient : chlorure de sodium 1,359 ; sulfate de soude 0,695; sulfate de magné-
sie 0,382 ; carbonate de chaux 0,80E ; eau et matières organiques 996,761 = 1 000.
Celles de TouedM'zi, à Lagouath, d'après H. Ville, contiennent de 0,7449 à
0,7064 de matières salines par kilogramme. D'après H. Pélissier (jféfii. de
méd. milU., t. X. p. 170, 1860), 0,5000.
Chez les Beni-m'zab, l'eau des puits donne 1,4095. A Gucrrera, 0,5000.
Les eaux de l'oasis de Négouça sont couvertes d'elllorescenccs salines. Elles sont
lourdes, peu désaltérantes, purgatives.
Celles d'Ouergla contiennent 2«%0 de résidu par kilogramme;
Celles d'Eugla, de Kliélif, 4«%0, suivant M. Pélissier.
C'est a l'abondance minera logique des chlorures dans le sol algérien qu'il
faut attribuer non-seulement la qualité des enux potables, mais l'existence des
chotts, des cours d'eaux salines et la com()osition des eaux minérales de cette con-
trée.
Tantôt, en effet, des pluies abondantes, en lavant le sol, conduisent dans les bas-
fonds des bassins des quantités considérables de matières salines que i'évaporalîoa
rapide de l'eau met à nu sur de grandes surfaces ; butôt les sources salées rouleat
leurs eaux dans de petites vallées, abandonnant sur leurs rives du sel exploité pour
les besoins de la vie, comme à l'Oued-Amacin et l'ichkaben, entre Sétif et la mer,
et le Dayat, dans la province d'Oran ; tantôt enfin l'eau cliargée de sels n'éroer^
qu'après avoir pénétré à de grandes profondeurs, et avec une température qui lui
donne des propriétés curatives.
Les eaux minérales, désignées par les Arabes sous le nom de /tamniam, sont en
grand honneur parmi les indigènes, qui s'y rendent en foule et s'y établissent sous
la tente, obéissant à la fois à des prescriptions religieuses et aux ci*oyanccs médi-
cales des anciens possesseurs du sol, attestées par les ruines romaines placées au
voisinage des sources.
Les principales eaux minérales de l'Algérie sont (Hamel, Gaz. méd, de T Algé-
rie^ 1858, p. 17) : l"" celles d'Hammam-Mes-Koutine, près de Guelma, dans la
province de Constantine, qui fournissent des eaux à des températures variant, sui-
vant les sources, de 46** à 64*» et 90**; 2*^ celles d'Ilammam-Rira, dans la province
d'Alger, dont la température est de 20*> ; 5** celles d'Hammam-Mélouane, dans une
gorge de l'Atlas, près de Rovigo ; 4** celles d'Hammam-bou-ScUam, i^ 5 lie«ies de
Sétif, température 47** à 55"; 5* Salah-Bey, près de Constantine; 6® Hammam-
Berda, entre Bône et Constantine; 7** Ain-Hamama, près de Miliauab; 8* Ain-
BaiX)ud, près de Mouzaîa ; 9** Djebel-Kcllata, pi^ de Dra-el-Hizan ; 10* Âman-bou*
Hadjar, à 50 kilom. d'Oran ; 11** les bains de la Reine, à 3 kilom. d'Oran, désigne^
ainsi par les Espagnols, d'une température de 32», contenant 12,580 de sels pour
1000 grammes.
Un certain nombre de sources dégagent de l'acide sulfhydrique, mais m trop
laible proportion jiour cire rangées parmi les sources sulfureuses. Leur efGcacilê
paraît se rapporter principalement à leur action thermale : rhumatismes, lésioii>
traumatiques, et dans quelques cas à leurs eflets purgatifs : cadiexie paliistn-,
dysenterie chronique. M. le docteur Lelorrain a étudié avec soin l'action pliysiolo-
ALGÉRIE.
753
gk|ue et thérapeutique de celles d'flammam-Rira. Du reste, les principales sources
minéiales de TAlgérie seroqt l'objet d'articles spéciaux.
Climat, m^téobologie. Le climat de rAlgérie, considéré endeliors de données
précises mais insuffisantes à la météorologie, est remarquable par des conditions
atmosphériques presque toujours excessives. Lorsque le ciel est serein, Tair est
transparent, Thorizon étendu, il n*y a pas un nuage, à part les flocons blanchâtres
qui s^élèrent des ravins sur les flancs des montagnes ; s'il est couvert, des nuages
noirs s'étendent comme un voile qui borne la vue dans le cercle le plus étroit. Le
sol est sec jusqu'à paraître brûlé, ou inondé par des pluies diluviales. S'il vente,
c'est ou une tempête du nord-ouest qui souflle par rafales, glace et pénètre, ou le
sirocco, qui, comme l'exhalation d'un foyer, embrase l'atmosphère, brûle le sol et
renverse tout sur son passage. La chaleur accable par sa continuité, le calme plat,
les nuits aussi chaudes que le jour. Le froid humide des journées d'hiver, le vent
glacé qui vient des sommets neigeux, les tourbillons de neige produisent les
impressions les plus pénibles et ont, sous un climat habituellement chaud, causé
des désastres qui rappellent ceux de la campagne de Russie.
Suivant M. Mac-Garthy, l'Algérie présente quatre climats principaux :
i^ Qimat de la côte, qui subit à un haut degré Tinfluence de la mer, caractérisé
par une saison fraîche de novembre à avril (moyenne H-l^ifO, maximum 21,
minimum 8), et une saison chaude de mai à octobre (moyenne-H22, maximum 30,
minimum 15).
â<* Climat des plateaux intérieurs du Tell, où l'influence de la mer ne joue qu'un
rôle secondaire. Moyenne annuelle : + 16, maximum 35, minimum 0.
3"* Climat des steppes, où domine l'influence continentale.
A^ Climat du Sahara, dont la moyenne, d'après les observations recueillies à
Biskra, donne pour l'hiver >f 1 1 ,4 et pour l'été + 33. Moyenne annuelle, + 31 ,5,
minimum 0, maximum + 48.
Temp^aiure, Le climat de l'Algérie se rapproche des climats chauds, moins
par la moyenne annuelle que par le peu d'étendue des oscillations entre le mininmm
et le maximum de température.
D'après le docteur Mitchell (Mitcbell, On the Climat of Alger, In Ga%. méd, de
C Algérie f 1857, p. 36), le maximum de température varie de 31** à 35'' à Alger,
le minimum de 7<* à 8^ (différence : 24<*,65), tandis que la moyenne des variations
annuelles est de 37<' à Paris, 34'' à Rome, 33*' à Nice.
La moyenne annuelle varie d'ailleui*s suivant la latitude et l'altitude, comme
l'indique le tableau suivant :
LOCAUTA*. lUUTBUns.
Alger t:0 mètres.
Oran 50
Mostaganem 115
B6ne 35
Bougie 27
Blidah 350
Mëdéab 920
Nilianab 900
Orléansville. . . . 136
TleiDoen »
Mascara ^00
Gonstantiiie 790
Sétif HOO
Laghuuat ^^
MCT. BMC. 11.
Tl.Ml'ÉRATUItB
riTDDB>.
MOYINXR.
36,48
20,63
.15,42
16,i0
35,55
21,43
36,25
21,74
36,46
17,00
» »
17,70
» »
10,55
•» »
15,10
1 »
18,64
» 1*
24,17
0 »
19,17
» 9
17,19
]» »
17,00
3i,00
48
754
ALGÉRIE.
Saisons. MM. Moiiard et Ântonini ont judicieusement séparé les saisons de
l'Algérie en deux principales : la saison chaude et sèche, la saison froide et humide.
En effet, les températures de Thiver et du printemps sont à peu pràs égales :
hiver + 16,74, printemps i6,13, et il eiiste entre celles de Télé et <k l'autonuie
peu de différence : été +23,94, automne S5,70. M. CoUardot a (ait remarquer
qu'à partir du mois d'avril la température s'accroît de S'* en 3® par mois jusqu au
mois d'août, où elle atteint le maximum pour décroître progressÎTemeat de b
même manière.
Les saisons sont d'ailleurs plus marquées à mesure qu'on s'élève vers le^
altitudes plus élevées on qu'on descend vers des régions plus continentales. Sur les
hauteurs, la température s'âève rarement au-dessus de 35** l'été; l'hiver est froid
et humide, les brouillards fréquents, la neige, qui couvre les sommets dès le mois de
novembre, tombe souvent dans les vallées pendant plusieurs jours. Dans leSabaia,
à des étés brûlants pendant lesquels la températui-e s'élève à 43* Bousada, 47"*
Laghouat, 50® Biskra (Marit , Hygiène de V Algérie) , sucoèdentdes hivers asseï fro kk
pour rendre impossible la culture de certains végétaux ; le bananier, qui prospère
à Alger, meurt à Laghouat et dans les autres oasis.
Les observations météorologiques accusent difficilement les variations atmosphé-
riques les plus pénibles, et peut-être les plus dangereuses, quelques elSorts qu'on
ait faits pour les faire ressortir de la comparaison des moyennes mensueiks et de»
oscillations extrêmes du thermomètre d'un mois à un autre, d'un jour à «n autre
et enfin dans la même période nyctémérale.
D'après les bulletins de la Société d'agriculture d'Alger, les variations annuelles
pour 22 années d'observations ont donné à Alger les rapports suivants : Moyenne
annuelle, i9'*,i7 ; maximum, 40''; minimum, 2^.
La moyenne mensuelle a donné à M. le docteur Hitdiell les rapports suivants :
MOIS.
Janvier. .
Février. .
Mars. . .
AvrU. . .
Mai. . . .
Juin.. . .
Juillet.. .
Août. . .
Septembre.
Octobre. .
Novembre.
Décembre.
MOYENKE
DE LA
TBMrtiKATlIBR.
IMPriRESCS
KHTBE
L\ TEMPéRATORK
MOTEKNE
DIS
MOib COH»iicOTir».
(
15,10
15,00
15,58
17,81
20,97
23,06
26,89
27,81
26,05
23,25
19, H
16,01
— 0,09
-h 0.58
2,25
3,16
2.99
2,82
0,92
— 1,78
— 2,78
-4,14
— 3.10
— 0,96)
TSHPK; RATURE
TEMPÉRATURE
MAKIMim
MIRIMOM
■mrBRRB.
VOTBCIK.
•
20,1
12^4
18,8
12,6
19,4
13,8
21,6
16,3
25.2
20,3
28,5
22,4
30,9
24,7
31,1
26.1
30,8
23,3
27,7
1«,9
24,0
18,4
21,6
14.9
MrPtRIBCS
7.7
6,2
5^
5,3
4,9
6.2
5.0
7.5
8.8
5.6
6.7
Les variations diurnes successives ont donné au même observateur les r^ul-
tats suivants :
Janvier 0,93 Mars \,0à
Février 1,40 Avril 0.95
ALGÉRIE. 755
Mai 1,03 Septembre.. . . 0,U0
Juin 1,55 Octobre 0,82
Juillet .... 1,30 Novembre. . . . 0,80
Août 0,97 Déoembre. . . . 0,70
Par saison, les ^nations diurnes suocessives sout :
HWer. 0,81 Été 1,48
Printemps.. . . 1,15 Automne. . . . 0.89
Les variations nyclémérales sont celles que le tliermomètre exprime avec le
moins de bonheur. Des obsei^atious recueillies à l'ombre donnent d'une manière
insuffisante la chaleur produite par l'irradiation directe des rayons solaires cl la
l'éfleiion du sol ; et cependant peu d'hommes peuvent se soustraire entièrement à
ces influences. D'autre part, lorsque le soleil descend brusquement sous l'horizon,
alors que le thermomètre n'accuse pas d'abaissement de température, il y u dan»
l'impression pénible d'un froid subit une sensation probablement très-vraie d'un
changement sunenu dans les conditions thermales et hygrométriques de l'aii*.
A Laghouat, suivant M. Marit, ces oscillations ont pu atteindre 25** et 30''. Eu
moyenne^ elles oscillent entre 5^ et 6®. Outre les oscillations nyctéméralcsy il
existe des oscillations brusques survenant tout à coup dans la même joiuriée. Leur
expression extrême a donné à M. Toussaint les moyennes suivantes, recueillies à
Arzcw : 8° au printemps, 7^ en été, la*" en autonuie, 9" en hiver.
Mmosfkère^presswnbarométrique^ pluies. L'atmosphère est en général dune
admirable pureté. Le capitaine Rosez a compté 255 jours de beau temps par année*.
Les oscillations barométriques sont peu étendues, et paraissent surtout déter-
minées par le règne des vents. Celui du nord coïncide avec des élévations de
780 à 785; le sirocco avec des dépressions de 35 à 30 millimètres. La moyenne
à Alger est de 762; le maximum 766; le minimum 755. A Boue le maximum
est de 769. A Guelnia la moyenne est de 742 ; le maximum de 755 ; le minimum
de 707. Dans le sud la moyenne est de 756 (Marit. Hygiène deVAlgéiie, p. 72).
A Biskra, suivant M. Beylot, Le maximum de 770 ; le minimum de 740.
Sur les plateaux de l'intérieur le baromètre oscille entre 755 et 770. Vax hiver,
le baromètre atteint fréquemment une élévation considérable et présente des
excursions de 25 à 50 millimètres. En été il est beaucoup moins variable. Les
excursions diurnes élèvent le mercure vers 10 heures du matin et le dépriment
vers 4 heures du soir (Mitchell) .
Les vents dominants sont cevix du nord-ouest, du sud et du sud-est. 11 est ù re-
marquer que le sirocco suit plutôt les vallées que les hauteui^ et que d'après letu*
direction il souffle du sud dans une localité, du sud-est et même de l'est dans une
autre.
A Alger, les vents de la demi-rose nord sont à ceux de la demi-rose sud comme
957 est à 504. Le N. K. E. souffle 17 fois sur 100; le E. S. E., 22; le S. S. 0.
12;L'0. N. 0. 48.
Les vents d'ouest et du nord-ouest régnent surtout sur le littoral. Lorsqu'ils nu
se dédiaînent pas conune une tempête, ils viennent expirer sur les crêtes méri-
dionales de l'Atlas. C'est à leur règne constant qu'il faut rapporter les brises fraî-
ches qui modèrent la chaleur du jour, l'uniformité du climat du littoral et enfin
l'abondance des vapeurs qui se condensent en rosées nocturnes ou crèvent en pluio^i
diluviales. La quantité des vapeurs soulevées de l'Océan et de la Méditerranée ne
suffît pas pour saturer l'atmosphère. Le ciel d'Alger pendant toute la saison d'étr
est chaud et sec. S'il tombe une averse, l'eau s'évapore rapidement du sol qui une
iicure apits n'en conserve jdus do traces. Il résulte des oliservalions hygroni6trit|ues
75e ALGÉRIE.
de M. le docteur Mitchell, entreprises pendant les mois de mars avril et Juin
( 1 0 heuî^es du matin, 4 heures et 10 du soir) avec un hygromètre Regnault, « q[ne
la moyenne de diminution de température, jusqu'au dépôt de la rosée, a été de
4,66. Toujours la température de l'air était au moins supérieure de 2,8S I oellr
du point de rosée, de sorte qu'au moment des expériences il n'y avait jamais de
dépôt préalable de rosée. L'abaissement de température peut être estimé de 9,3!
à 8,33. Dans une seule occasion, sous l'influence du sirocco, il a été de 1S,K.
(Pietra-Santa. Influence du climat d* Alger. In Annales d'hygié^ publique et de
méd. lég., 2« série, t. XIV, p. 77 ; 1860.) »
Pendant toute la saison chaude, le sol et la végétation absorbent les qaantitè
énormes de vapeurs venues de la mer. Elles montent le matin en nuages vaporein
des vallées vers les crêtes; le soleil les dissipe et la nuit elles tombent en rosées.
Pendant les mois d'automne , il s'établit une espèce de lutte entre les vapeun qui
augmentent et la chaleur qui décroit. Les nuages s'amoncellent, promettant une
pluie désirée , passent ou crèvent en averses subites qui les dissipent, jiisqii*ao
moment où l'atmosphère également saturée laisse échapper de partout des toirenb
de pluie..
Le nombre des jours pluvieux est en disproportion avec la quantité d'eau plu-
viale. D'après le bulletin de la Société d'agriculture d'Alger, cité par H. Ibrit, h
moyenne des jours pluvieux est de 88 pour Alger, et va en diminuant vers les
régions du sud.
D'après les observations de l'Arsenal d'Alger, le minimum des jours plnvieni a
été de 52 en 1858; le maximum, 107 en 1857; la moyenne, 87.
A Coléah la moyenne des jours pluvieux est de 65 à 75; à Orléansvilie 60i 65;
Arzew 54 ; Tlemcen 50 à 60 ; tandis que d'après les travaux de l'ingénieur Don, de
M. Hac-Carthy, du Bulletin de la Société d'agriculture d'Alger, la hauteur moyenne
du pluviomètre varie de 856 à 799, maximum 1073, minimum 557.
En résumé le climat d'Afrique est chaud et sec pendant les mois qui s'écookoC
de juillet à octobre, la pression atmosphérique est faible, les courants d'air bt^.
l'atmosphère transparente, le ciel sans nuages, les jours presque sans aurore et
sans crépuscule, les nuits remarquables par la splendeur du ciel étoile et l'abon-
dance des rosées. D'octobre â juin des rafales du nord et du nord-ouest régnent
avec une violence et une étendue qui accusent l'augmentation de presdon atmoi-
phérique. L'air saturé par Tarrivée incessante des masses vaporeuses soulevées de
la mer crève en pluies torrentielles, dans l'intervalle desquelles l'atoiaipMn'
reprend toute sa sérénité pendant que de la terre abreuvée s'élèvent des trésors de
végétation.
Flore. Tandis que la composition minéralogique du sol peut être la même
sous les latitudes les plus différentes, la flore caractérise le climat. Malgré l'aqiecl
tropical emprunté à des espèces acclimatées, Agave Ameiicana L., Opuntia fiats
Indica L . , l'Algérie appartient par sa végétation aux régions tempérées, les Cumlles
dominantes étant principalement : lesLégumineuses, les Composées, les Graminées,
les Ombellifères. Sur 2553 espèces, l'élément européen et méditerranéen compte
pour 2061 : 281 sont spéciales à r.\lgérie; les autres appartiennent à l'Orienl
(Cosson, Voyage bot, en Algérie, in Ann, des se. nat., 4* série, t. V, p. 52).
D'ailleurs, la géograpliie botanique justifie la division du sol en trois régions :
le pays des dattes, Belud Djcrid; le pays des moissons. Tell, qui est aussi celui àes
forêts, et enfin les Hauts Plateaux, qui méritent seuls l'expression de Salluste, Ager
arboi i infecuudus.
ALGÉRIF. 757
TelL Le Tell, formé de bassins considéi'ablcs et de gmdiiis qui $*élèvenl siic-
resMTement jusqu'aux plateaux élevés, présente la flore la plus abondante et l:i
plus variée. La zone littorale ou inférieure est caractérisée par l'olivier, Olea Euro-
pxa L, ; le frêne, Fraxinus atustralis Gay; le Qaercm tvber L.; Quercas ilex L.;
le Pistada lerUisctis L.
I^es familles dominantes sont : les Composées, 74 espèces ; les Légumineuses, 69 ;
les Graminées, 44; les Ombellifères, 2i ; les Crucifères, 14; les Caryophyllées, 14;
les Renonculacées, 11; les Scrophulariées, 11 ; les Labiées, 10.
Le palmier nain, daum des Arabes, Chamseraps humilis L., recouvre la pins
grande étendue des plaines auxquelles ses bourgeons printaniers donnent Faspecr
de champs de céréales.
Le laurier-rose, Nerium oleander L. , le Ridnus cammunis L. , YArbutus unedo
L. , se groupent en buissons. Le Cytisus spimsus Toumefort, le Laurus nobitis L. ,
le Myrtus cammunis L. abritent les touffes de Yibumum timu L.,le Cyntus hete-
rophyUus Desf., Salvifolitu L. Les Phahris A. L., VAlopecwiis creticus Trin.,
roélés aux Medicago, aux Astragalus, aux Hedygarum^ forment des prairies natu-
relles. Pendant h saison sèche apparaissent les grandes Ombellifères, FenUa féru-
to^oDesf., Cachrys tomerUosahesi, ; des Composées épineuses, Carduus gigantetts
Desf., Atraclylis gummifera Desf., Atractylis canceUala Desf., tandis qu'à Tau-
lomne, les Ornithogales, les Salles^ les Lmicotum, VErica arborea, et quelques
Orchidées, Robertiana Lois., Longicot'nu Poir., émaillent de leurs fleurs les col-
lines et les plaines. Les haies de PhyUyraa média L., de Rubus^ sont entrelacées
de vigne, de bryone, de Smilax Maunitanica Poir., et couvrent de leur ombre
le Trachelium ccgndeum L., Campanula dichotoma L., Adiantkum nigrum L. ,
Trichomanes L., le Grammtiis leptophylla. (Munby, Flore de l* Algérie. Paris,
1847, p. 10.)
La région méditerranéenne intérieure est formée d*une succession de zones
caractérisées par des espèces ligneuses correspondantes. Les familles ont donné n
H. Cosson : Légumineuses, 48 espèces; Composées, 46; Graminées, 57; Cruci-
fères, 15; Ombellifères, 13.
Le Chamxraps humilis devient plus rare à mesure qu'on s'éloigne du littoral ;
Tolivier s'élève jusqu'à une liauteur de 1000 mètres. Au chéne-liége succède lo
chêne à gland doux des Arabes : Quercus ballota Desf., le JuniperusPhœnicea L.,
Oxycedrm L., le Thuya artiadûta Desf. C'est la région des forêts.
La zone inférieure est principalement caractérisée par le micocoulier, CeUis
australis L. , le Pistada AtlarUica Desf. , Quercus suber, baUota Desf. Sur les hau-
teurs, dans les régions montagneuses, apparaissent le Pimu Aleppensisîkst,, le
Fraxinus dimorpha Coss., le Cedrus Libani fiarrel.
Les Composées comptent, dans la région montagneuse, 98 espèces; les l.égumi-
neuses, 68; les Graminées, 64; les Crucifères, 46; les Ombellifères, 37.
Parmi les plantes caractéristiques de la région méditerranéenne intérieuie,
M. Cosson cite VArabis pubescens Poir., Astragalus geniculatus Desf., Filagtf
Ihirixi^Anarrhinumfructicosum Desf., Thymus Fontanesii^eic, — Pour la sono
des montagnes : Cistus viUosus L., Viola odaraia L., Polygala saxatilis Desf.,
Géranium tuberosum L., Linum suffructicasum L., Delphinum oriefUale Gay,
Dianthua sylvestris Wultf, Arabis vema R. Br., Calycotame spinosa Link.
Hauts Plateaux, La végétation arborescente s'arrête aux Hauts Plateaux avec
les nuages de l'Océan. Elle y est représentée principalement par le Juniperus ma-
crocttiTMiSpack, Oxycedrus Desf., Plumicea L.; dans le voisinage des Chotts, par
7:iS ALGÉRIE.
un seul arbrisseau, le Tamarix bounopœa Gay. Les familles dominankrs sont :
Composées, 87 espèces; Graminées, 65 ; Légumineuses, 58 ; Crucifères, 41 ;Ombel-
lifères, 27.
Les Salsola^ YAtriplex halimus L., le Cynomorium coccineum L., recoirrrent
les bords des chotts.
Sur les terrains plus élevés, Vhalefa des Arabes {Stipa barbata, tenacissima
Desf.) forme des touffes énormes. Dans les bas-fonds desséchés s'étalent, sur de
larges surfaces, YArtêmisia herba alba Assol., dont le duvet sert d'amadou aai
Arabes. On trouve, dans la même région, VAnthyllis tragaoinlhoides Desf..
VHemiaria fruclicosa L.
Région SaJiarienne. Tandis que les espèces décroissent sur les Hauts Pla-
teaux, elles augmentent de nombre en descendant vers les plaines du Sahara. Le»
familles y conservent le même ordre que sur les Hauts Plateaux, mais la végéCatioB
revêt un nouveau caractère. Les espèces ligneuses y sont surtout représentées fmr de>
tamarix d'un grand développement, assess pressés pour former des forêts. Dans le<
Daia croissent le Pistacia Atlantica Desf., le Zi%yphu$ lotus Lam., Junipenu
oanfcedms L.j qui abritent le Cistus Clusii Dunal, le Cynodan daclylon L. L'ha-
leia croît sur les sommets des mamelons sablonneux ; la nature des eaux se décèle
])ar les espèces particulières aux terrains salés. La région Saharienne est œUe d*'
certaines familles : les Frankeniacées^ les Zygùphyllées, les Tamaritdnéeg, lf>
FicoîdéeSy les Asclépiadées, parmi lesquelles il faut citer principalemeai le Fagn.
nia Sinaica Boiss. , Zygophyllum œmutum Goss. , Tamarix Gallica L. , Bounopatù
Gay, Mesembryanthemum nodiflarum L. , Periploca angustifolia Lafaill., Statke
Bonduellii Lestib., Atriplex halimus. Il faut y ajouter le Cleame Arabica Desf.
(Capparidées), Cucumis colocyntis Desf. (Cucurbitacées), et le lichen, désigna
sous le nom de manne du désert, Parmelia esculenta Spreng, Lecanora estn-
lenta. Entre Biskra et Toasis de Chetma croit, dans les sables les plus arides, b
rose de Jéricho, Anastatica hierachuniica Desf. ; dans le désert d'éitisiou, la pro-
portion de sel donne la prédominance aux Salsolées. L'ornement de ces terrains est
le Limoniastîiim Guyaniacum, Les plantes qui caractérisent spécialement le
Souf sont le drin, Aristida pungens Desf., et Vézel, arbrisseau de la bmille de»
Polygonées, Calligonum cotnosum Desf. (Cb. Martins.)
Pour en finir avec la flore, il ne faut omettre ni les espèces nombreuses firamies
i\ la matière médicale, ni quelques espèces véuéneuses qui ont été la cause de inê^
prises funestes. Au nombre des premières il faut placer le grenadier, le ricin, k*
daphné, la coloquinte et quelques plantes particulièrement employées par les Arabo.
M. le docteur RebouUeau a cherché à utiliser comme révulsif la résine du Tkapm
garganica L., ombellifère très-répandue sur les collines, et qui, suivant M. Ber-
bnigger (Bertherand, Gazette médicale de V Algérie, 1857, p. 44) est une véri-
table panacée pour les Arabes, a Le dr^as, bou-nefâ (père de Tutile) sert à fain-
une confiture que les femmes indigènes mangent dans le but de devenir enceintes.
Les vétérinaires préparent, avec Técorce digérée dans du goudron, une pommade
qu'ils appliquent contre les affections articulaires des chevaux. Nais c'est avant tout
comme révulsif et vésicant qu'on utilise le Thapsia garganica. Pour produire d*
dernier.effet,un morceau d'écorce de la racine fraîche est exposé sur des charbo»
ardents, et, lorsque la chaleur en a fait exsuder un liquide visqueux, ou b porte
sur la peau en la frottant avec le bois lui-même. »
Les végétaux toxiques qui ont été l'objet de méprises funestes sont, en particu-
lier, VŒnantlie safranée ^Aomi la racine a été confondue avec qnekfues-unesde nv
ALGÉKIK. 750
racîfieft comestibles, et le Coriaria myrUfolia Lin. ou le Redoul, arbuste dont les
feuilles ont souvent été introduites parmi celles du séné, avec lesquelles elles ont
beaucoup de ressemblance, et dont le fruit a quelque similitude avec celui de la
ronce. C'est aux effets du coriaria qu'il faut rapporter les empoisonnements sur-
venus, en 1851, dans Texpédition de Kabylie. TÎt)is soldats succombèrent avant
d'airiver au bivac, d autres furent plus ou moins incommodés. Antérieurement,
neuf honunes avaient péri de la même manière, entre KoUo et Djgelli. Voici les
symptômes observés par M. Geccaldi (Mémûire de médecine militaire^ 2« série,
t. XII) sur ceux qui succombèrent : « Crampes d'estomac, vomissements, écume
à la bouche, yeux hagards, pupilles très-dilatées et immobiles sous l'influence de
la lumière, peau froide, sueur visqueuse au front et à la région épigastrique,
mouvements oonvulsils rémittents et très-vidents, absence du pouls, intelligence
lucide au commencement, insensibilité, perte de l'intelligence et roideur des mem-
bres à la fin. »
Faune. Il ne saurait entrer dans le cadre de la géographie médicale d'indiquer
même d'une manière sommaire les nombreuses espèces de la faune algérienne. Elle
ost d'ailleurs, comme la flore, celle des contrées méditerranéennes, à part quelques
exceptions qui dépendent des conditions di£E&rentes du sol, des mœurs et du climat.
Les grands félis qui ont laissé en Europe leurs dernières traces dans les cavernes à
ossements du diluvium supérieur, infestent encore les ravins écartés. Lesiuge, qu'on
ne retrouve en Europe que sur les rochers de Gibraltar, est commun dans les
gorges de l'Atlas et de la Kabylie. Dans la région du Sahara vivent à Tétat ^ie
lifaorté Tàne sauvage, la gazelle, la gerboise, l'autruche. Le gibier, les rapaces, les
espèces domestiquées sont les mêmes qu'en Europe, si l'on fait exception en
faveur du chameau, qui, comme le dattier dans l'ordre végétal, semble avoir été
donné à l'homme pour satisfaire à tous ses besoins dans le Saiiara. Il sert, en effet,
de coursier rapide, d'animal de transport, nourrit le Saharien de son lait et de sa
chair et lui fournit son poil pour ses vêtements et ses tentes.
Au point de vue qui nous occupe, nous considérerons surtout les espèces nuisibles,
et en particulier la sangsue, le scorpion et la vipère à cornes.
Les petites sangsues qu'on trouve en nombre innombrable dans les marais et les
petites rivières qui s'y rendent, ont été souvent, en Algérie, la cause d'accidents,
et l'occasion de méprises. Avalées avec l'eau, elles se fixent sur quelque point de la
muqueuse pharyngienne, pénètrent dans les fosses nasales et même dans les voies
aériennes où elles se développent ; entraînant des hémorrhagies continues ou pério-
diques dont la cause peut échapper au médecin qui ignore la fréquence de ces
sortes d'accidents. L'avulsion directe à l'aide d'une longue pince, la fumée de tabac,
les efforts du vomissement suffisent en général pour en débarrasser le patient. Dans
un cas observé à Coustantine, il a fallu pratiquer la trachéotomie pour faire dispa-
. raitre les accidents graves de suffocation causés par un de ces annélides développé
dans le larynx. (Baizeau, Ardi. gén. de méd,, 6" série, t. II, p. 461 ; 1865).
Lesscorpions sont très-nombreux en Afrique. On les trouve principalement sous les
pierres, au milieu des ruines, dans les endroits frais et humides. M. Marmy {Mé-
moire de médecine militaire, Paris, 3** série, t. V, p, 215, 1861 .), qui a étodié
les accidents développés par leurs piqûres, en admet trois variétés principales : le
scorpion noir qui est le plus gros, de 27 millimètres de longueur environ ; le scor-
pion d'une couleur pâle auquel les Arabes attribuent une plus grande nocuité ; et
le scorpion rouge, plus petit, mais plus vif et plus irritable en apparence.
lie scorpion s'en|?onrdit pendant In sai«on froide, et ne reprend toute sa vivacité
•îiîO ALfiÉRlE.
(|iie dans les mois chauds ; aussi les accidents causés par oesaranéifiesse rafiporleiil-
iis principalement aux mois de juillet, d*aoûl, de septembre et d'octobre.
Les accidents causés par la piqûre du scorpion sont presque toujours aocnis pr
la terreur et le dégoût. Il résulte des faits soigneusement observa par H. Mann;
qu'ils n'ont jamais d'issue iuneste. Ib consistent en un refroidissement» une fire
douleur dans la partie blessée, et plus rarement une intnmesoeDoe générale du
membre se dissipant pai* résolution. M. Guyon {Compte rendu de P Académie deg
ScienceSy janvier 1865, n* i), a fait connaître les accidents produits snr ka ani-
maux à sang chaud par la piqûre de Yandroctonus occUanus et VandroeUnau
unestus.
La vipère à cornes, Céraste, Léfaa des Arabes, dont l'image figure sur les mo
numents les plus anciens de l'Egypte, et que Hérodote, liv. H, § 74, dit amr été
consacrée à Jupiter, est très-commune dans le Sahara algérien. Elle lecafadériae,
d'après M. Guyon, comme la gazelle et l'autruclie dans l'ordre des mammifères et
des oiseaux.
Suivant M. Teisseire (Gazette médicale de C Algérie, 1858, p. IS et suivantes),
les vipères à cornes abondent dans les endroits pierreux et semblent, contrairement
aux autres serpents, afiectionner les endroits secs et arides. Elles s'eogonrdîsaent
de novembre à mars et ne reprennent toute leur activité que dans la saison chamle.
Par leur couleur elles se confondent avec les saUes qui les couvrent en partie, et
deviennent ainsi plus dangereuses pour l'homme et les animaux. Leur morson»
inspire aux Arabes la plus grande terreur. « Ne marche jamais les pieds nus, dit
l'Arabe du désert ; les morsures des vipères sont toujours mortelles, i (G. Danmas,
Grand Désert.) M. le docteur Guyon dit qu'il n'est pas rare de voir les chameaux
et les chevaux succomber à leurs suites.
M. le docteur Warnier dit avoir vu un soldat de l'Émir mourir deux heiire>
après sa morsure. M. le docteur Teisseire rapporte que la veille de son arrivée à
Riskra, une femme arabe avait succombé à El-Amor, localité voisine. Le même
observateur s'est assuré de la nocuité du venin de la céraste. « Des couleuvres, des
souris succombèrent presqu'instantanémefft; un chien de grande taille que M. War-
nier avait soumis à la même expérience, succomba une demi-heure après la mor-
sure; une pie-grièche presque immédiatement » (Teisseire).
Lorsque la mort n'est pas instantanée ou produite par des accidents d'intoxîeatîon
générale, M. Teisseire affirme, d'après les renseignements recueillis près de dem
Arabes mutilés, l'un par la perte de deux doigts, l'autre par celle de la main, qu'il
se développe des accidents inflammatoires et gangreneux. Évidemment les témoi*
gnages d'hommes crédules et superstitieux auraient besoin d'être contrôlés par àef^
observations plus sévères. M. Blanche [Recueil de mém. de méd, mil. y 3p s^ie,
t. II, p. 596), a observé un cas de gangrène survenue par la compression exces-
sive d'un membre inférieur, à la suite d'une morsure de vipère à cornes. Les
symptômes accusés par le malade furent : douleur atroce, sentimoit de froid,
forte lassitude, malaise général avec anxiété préoordiale, sueurs abondantes, gon-
flement énorme.
Population, races, maladies des indigènes. La population indigène est» d'après
le recensement de 1851 , de 84 035 individus en résidence fixe dans les vilks ; de
2 535 855 dans les tribus. Elle est formée de deux races principales : les Berfaèits
et les Arabes, plus ou moins modifiées par les mœurs, le climat, les travaux H
surtout le mélange avec la race noire (sang esclave, Léon l'Africain).
Les Berbères, GétulesGai-ainanles des âges reculés. Kabyles des modernes, omi*
ALGÊniK. 76!
(H'iit le maNsif rnootneux situé entre Alger et Boiigic, les chaînes qui séparent les
principaux bassins de l'Atlas et enfin les oasis du i^ud. Refoulés par la conquête et
I insalubrité des plaines sur un territoira remarquable par la richesse de sa végé-
tation, mais presque insuffisant comme étendue, les Kabyles de l'Atlas ont la rudesse
et les vertus d'une population livrée à tous les labeurs de Tagricnlture et de l'in-
dustrie. Dans le sud, les Kabyles, presque toujours de mœurs dissolues, souvent
hardis vdeurs, cultivant les pahniers des oasis ou parcourent comme pasteurs on
oomme marchands les grands espaces au milieu desquels s'écoule leur vie aven-
tureuse.
Les Kabyles ont la tête moins allongée que les Arabes, plus massive et moins
sèche (Leclerc, Gaz. méd, de V Algérie^ i860, p. 101), le nez moins droit, souvent
trapu ; leurs lèvres ont une épaisseur moyenne, leur bouche est assez bien faite,
leurs dents blanches et assez souvent mal plantées (Vedrenne, Grande Kabylie.
1^ Mém. de mid. miliL 5^ série, t. II, p. 212), beaucoup ont les yeux bleus et
les cheveux d'une teinte blonde (Comptes rendm de l'Acad, des sciences^ Arago.
Guy<Mi, t. IVy p. 365; 1 837) . La vie laborieuse du Kabyle des montagnes donne à ses
membres de la vigueur et imprime \ sa physionomie quelque chose de dur (Leclerc).
Le Kabyle du désert a le teint plus foncé, il est plus élancé , plusmiuce, infatigable ;
d'une sobriété qui lui permet de se contenter de quelques dattes, d'un peu de
farine délayée et roulée en boule dans le creux de la main et de la consommation
de deux tasses d'eau (général Daumas, Sahara).
Le séjour dans les villes modifie ses traits et ses mœurs. Les Mozabites ont le
teint d'un blanc mat, le front plus large, plus découvert, de beaux yeux fendus en
amande, la face d'un bel ovale, le menton aminci, la physionomie douce et intelli-
gente ; les membres charnus, le corps souvent chargé d'embonpoint.
A part les tribus de marchands qui vivent sous la tente et y installent les instru-
ments de leur industrie, et les métiers sur lesquels les femmes tissent la laine
durant les loisirs do Tbiver, les Kabyles vivent à demeure dans des maisons con-
r^tniites de briques séchées au soleil, cimentées avec de la boue ; des poutres de gené-
vrier ou de palmier grossièrement équarries en supportent le toit, â terrasse dans
le sud, couvert de tuiles ou de chaume dans la montagne. Ces maisons n'ont accès
sur le dehors que par une porte étroite ; l'air intérieur est humide et souvent
infecté par l'incurie et la malpropreté,
L'Arabe agriculteur et pasteur répand ses innombrables douars sur l'étendue
immense des grands bassins du Tell. Pendant la saison des semailles et des mois-
sons il descend dans les plaines propres à la culture des céréales,, pour reprendre
pendant la saison de la sécheresse et de la fièvre les chenûns des chaînes montueu-
ses et des vallées intérieures. Vigoureux comme le Kabyle, l'Arabe a les membres
plus secs, moins charnus. Sa tête est allongée, son front peu élevé avec une protubé-
rance arrondie au sommet. Le profil de l'Arabe est plutôt arrondi que droit, il a le
nez aquilin, les yeux enfoncés, noirs, pleins d'ardeur, la bouche saillante, les dents
blanches, le teint basané, les cheveux noirs souvent crépus, la barbe noire bien
pbntée, amincie vers l'oreille, le cou long, les membres allongés. Dans les rilles,
l'Arabe (Tadard, Maure), en devenant artisan, marchand, lettré, prend de l'embon-
point, une démarche lourde, des membres charnus, une physionomie douce. \s
Maure a le visage pâle, peu de teint, il est sonvent imberibe ; ses yeux, toujours
beaux, ont plus de langueur que de feu. En un mot, il a conservé la beauté des
traits de sa race^ mais il en a perdu la rudesse et h grandeur.
Maladies, Tous les renseignements obtenus sur la population arabe tendent à
Wl ALGER IK.
prouver que h mortalité sévit principalement pendant Tenfiinoe. i)»ns le» pay*; de
marais, les enfants succombent en grand nombre ; ils ont presque tous le ventre
énorme, le teint terreux, la face bouffie, les membres grêles (Rodes, Topoqrafkir
de Sidi-Bel-Ahès. In Mém, de méd. mil. 2« série, t. ii; 1847).
En Kabylie, les décès en bas âge sont fréquents ; ils sont dns à la fièvre, i la
vaiiole, à la syphilis (Leclerc, Une mission médicale en Kabylie). D'apm
MM. Martin et Foley {Statistique de la colonisation algérienne. Vm», 1851 1.
la mortalité des enfants indigènes a son maximum de deux à huit ans, el elle sérit
principalement Thiver, ce qu'il faut attribuer aux ravages de la variole.
DÉCÈS CHKOLES. Htcti HCSULMA-NS.
De 6 jours à 6 mois 1476 447 ^SO 165
De 6 mois à S ans i/2 148S 440 8S3 585
De 2 ans 1/2 à 8 ans ^8 J04 J55 252
3297 ÏÔÔÔ Î3Ô8 1000
Les maladies endémo-épidémiques frappent les indigènes comme les Européens,
mais avec beaucoup moins de nocuité (Maillot, Traité des fièvres imermiii.,
p. 265). Les fièvres sévissent non-seulement dans le Tell, mais en Kabylie et dans
les régions sahariennes. Ouergla en est infectée de mai à octobre. A Tùggmt,
M. Baelen (Baelen, Notice sur Vexpéd, de Tuggurt. In Mém. deméd. mt(., 2* série,
t. XVII) signale l'aspect am'mique des habitants pauvres qui ne peuvent se aoostrare
par l'émigration à l'épidémie annuelle; presque tous sont atteints de cachexie p-
lustre. Suivant H. Limayrac (loc. cit.), il y règne tous les ans, à l'automne, une fiè%Tv
rémittente si grave que les gens du Souf, qui viennent à Tuggurt poiv leur Gom-
mcrce, s'empressent de quitter la ville. La dysenterie, les abcès du foie sont k^
lésions les plus communes aux indigènes, qui viennent mourir dans les hdptlnin.
M. le docteur Rouis (Rouis, Recherches sur le^ suppurations endémiqne* du
fne, 4860) note sept observations d'abcès du foie, six chez des Arabes, un cbei
un n^e. Mais les maladies qui ont le plus spécialement fixé par leur fitéiiiBenep
Tattention des médecins français sont l'ophtbalmie et la syphilis.
L*ophthalmie est principalement endémique sur les populations de h Kabylie el
des oasis qui habitent des maisons obscures, mal aérées et toujours infectes cl«*
malpropreté et de négligence. En Kabylie, il existe i aveugle on i borgne pont
64 individus, proportion peu différente à celle de TÉgypte, où elle esl de i sur
50 (Vedrenne, Mém* deméd. mil., 5* série, t. H). Dans l'Arba, presque tous les
habitants en portent les stigmates (Leclerc, mém. cité). La mémeobser^tionaélé
faite h Tebessa (Mulel, iftfm. de méd. mil. y 2* série, t. XX, p. 362), àLagfaoaat
(Ancindle et Marit), n Riskin (Beylot et Castaing), à Tuggurt (Baelen, Limaynci.
Les mœurs dissolues des Arabes, le défaut de réprobation pour la prastitulion,
qui est devenue pour certaines tribus une source de richesse et de notoriélé, a
étendu les ravages de la syphilis et reproduit en Algérie les fermes étranges de>
épidémies du moyen âge.
M. le docteur Arnould (Mém. de méd. trti/., 3* série, t. III) a décrit, sous le
nom de lèpre kabyle, une syphilide tuberculeuse héréditaire observée dans b
région de Dellys. Les ulcères profonds des membres paraissent à M. Marit ncoo-
naître la même origine. Pour M. Lesnr {Mém. deméA. mil.. S* série, t. VD,
p. 139), ils pourraient, dans certains cas, présenter tous les caractères de l'afeèiv
de Mozambique.
L'éléphantiasis a été également rapporté à la syphilis, pnriiabkment par le Cûl
do la coexistence fréquente des deux maladies. Les observations d*éléphantia<^ »ot
ALGÉRIE. 765
(fsiîlleiin asscK rares dans les hcVpitaiix. M. Mestre (Mém, de méd. mil,, 2* série,
t. VU, p. 347) rapporte l'histoire d'un Arabe de h vallée du Chélif qui, après avoir
clé atteint de syphilis en 1850, présentait en 1843 un énorme éiéphantiasis au
scrotum. H. Martinache rapporte (t. VIII, p. 255) Thistoire d'un jeune Arabe de
douze ans atteint de cachexie palustre et d'un éiéphantiasis au scrotum. M. Dufay
(t. Ylif, p. 259) donne l'observation d'un Arabe encore jeune traité à l'hôpital de
Cherchell pour la même affection. M. Simon fiit appelé dans la tribu des Béni-
Sour, près de Dellys, pour donner des soins à un Arabe, âgé de trentensinq ans
environ, dont la jambe gauche était le siège d'un éiéphantiasis monstrueux.
Les maladies sporadiqnes des indigènes sont, comme les maladies endémo-épidé-
niiques, les mêmes que celles des Européens. Leur imprévoyance les soumet dans
la saison froide aux influences qui développent les pneumonies graves de ce pays.
\a variole sévit dans les tribus avec toute l'extension et la gravité qu'elle atteint
sur les populations non préservées par la vaccination : la fièvre typhoïde (dothi-
nenterie), bien que i-are, ne les épargne pas; enfin, le typhus pétéchial a été
observé à l'état épidémique par MM. Léonard et Marit dans les tribus kabyles des
Beni-Aides et de l'Arrache, cercle de Sétif, province de Conf^tantine; sur près de
1000 hommes, il y eut 240 malades et 160 morts (Mém, de méd, mil., Z* série,
t. X, p. 81). Disons en terminant, comme particularité relative à l'étude des races
et des profefisions, que les plongeurs, qui ont pour profession d'aller au fond des
puits du Sahara enlever le sable qui les obstnie, sont presque tous phtliisiques; il
4*st vrai que les noirs semblent avoir monopolisé cette profession et que la plupart
de ceux qui s'y livrent s'adonnent aux abus du kief.
Population goropéen^e, acclimatement. L'Algérie appartient par sa flore et
son climat aux régions méditerranéennes, et ce que l'initiative individuelle et la
persévérance de l'administration y ont aooomfdi ne permet pas de mettre en doute
l'aptitude des races européennes «^ vivre et à se perpétuer sur les parties salubres
de son territoire ; au temps seul il appartient de décider dans quelle mesure de
nouveaux sacrifices le génie de riiomme parviendra à dompter les causes d'insalu-
brité inhérentes aux conditions orographiques et hydrographiques particulières au
[lays. Pour le médecin, plus préoccupé du côté humain des questions que du but à
atteindre, les chiffres de la statistique doivent servir à résoudre une série de ques-
tions parmi lesquelles les plus importantes sont : 1** l'influence du climat sur la
{copulation; 2"* les conditions différentes de mortalité suivant la race, les âges, les
professions; Zi^ l'influence comparée des locahtés salubres et insalubres.
Depuis trente-quatre ans d'occupation, le chiffre de la population euro))éenne n
subi un accroissement qui témoigne moins de l'existence d'un courant d'immigra-
tion vers des contrées à coloniser, que de l'occupation successive parla guerre d'un
vaste territoire et de centres importants de population.
La population européenne de l'Algérie, qui était avant la guerre, de 59 556 en
1 840, de 59 1 86 en 1 845, s'est accrue successivement ; elle compte pour : 109 400
en 1846; 105 895 en 1847; 115101 en 1848; 112 607 en 1849; 125965 en
1850; 151 285 en 1851; 145 587 en 1854; 159282 en1856; 192746en1861.
Les habitants des villes forment les deux tiers de la population. Le recensement
de 1851 donne en effet : Population urbaine, 85678; population agricole, 55 810;
rurale non agricole, 15 496. Les Français comptent pour 79 577, les races méri-
dionales pour 54 026, les races allemandes et septentrionales pour 8 971.
Ainsi les races méridionales, et principalement la race espagnole, donnent un
chiffre de popiihtion bien supérieur à celui de la population agricole, ce qui cnn-
764 Air.ËUIR.
tirme an réâulUit de 1 expérience : la supériorité du travail espagnol et rapliliide
des races méditerranéennes à s'noclimater en Algérie. Les chiffres suivants témoi-
gnent en effet d'une différence constante dans la mortalité des Françus et de^
étrangers, on eût pu dire des Espagnols :
ÉTIlAlIfiM!!. nUNÇAlS.
1847 48,4 sur 1000 h. 50,8 sur iOOO h.
1848 41,8 41,7
1849 84,5 101,5
1850 43,4 lOfi
1851 59,3 64.5
1852 40,3 55,6
1853 30,4 47,8
MoTF.NIfC. . . . 40,0 MOTENHK. . 61,0
Dans les villes, suivant MM. Martin et Foley, la mortalité est moins élevée que
dans les populations agricole et rurale. A Alger par exemple elle ne serait que de
5i,5 sur 1000, ce qui suppose pour la population rurale et agricole un chiffre de
mortalité bien supérieur à la moyenne générale et probablement irèa-rapprodu-
de la mortalité militaire.
Les chiffres de la mortalité militaire, souvent invoqués dans la question de
Tacclimatement de l'individu, sinon de la race, présentent une décroÎKanGe pro-
gressive et des oscillations extrêmes, expression numérique de la situation épidé-
mique des premières années de Toccupation et des progrès accomplis dans la
conduite des opérations militaires. Ue 1830 à 1841 elle est de 0,081 ; de 1842
à 1849, de 0,046; de 1856 à 1861, de 0,035. Elle s élève en 1837 h 0,106,
descend en 1861 à 0,010.
C'est dans les premiers mois de son séjour que Tarmée est le {dus éprouvée :
sur 1220 décès inscrits, 647 correspondent à un séjour de 0 an 5 mois 10 jours,
326 à 1 an 7 mois 1 0 jours, 247 à 3 ans 7 mois 20 jours (Martin et Foley, p. 191 ) .
Ce premier acclimatement traversé, la santé du soldat ne parait pas subir les
atteintes de la décrépitude particulière au séjour dans les pays chauds.
La mortalité de la population civile, bien que soumise aux mêmes variations
épidémiques, ne présente pas une décroissance progressive aussi favoraUe. De
1835 à 1840 elle est de 0,050; de 1844 à 1849, de 0,045; de 1853 à 1855,
de 0,048. Le chiffre des décès a été jusqu'aux dernières années supérieur à
celui des naissances.
De 1844 à 1846 on compte 1 naissance pour 1,S9 déeès.
De 1847 à 1850 -. 1 ^ 1,45 --
De 1855 à 1861 — 1 — 0,91 —
Quelque espérance qu'on fonde sur laccroissement de la population et de la
nativité et sur la diminution de la léthalité ; quelque part qu'on fasse à la souP
franco et à la misère des premiers colons, il est impossible de méconnaître que si
l'Algérie, par son climat et sa flore, appartient aux contrées méditerranéennes, elle
confine aux régions chaudes insalubres par sa mortalité et son règne pathologique.
L'étude de la mortalité considérée dans les âges et les nationalités contribuent à le
prouver.
Le climat de l'Algérie est principalement funeste aux enfiints au moment de b
dentition. Sur 1000 décès compris de 0 âge à 5 ans, )IM. Martin et Foley constatent
pour l'Algérie 868 décès de 0 âge à 2 ans, le rapport à Paris n'est que de 337. U»
nnfauts des immigrants ont principalement à subir Tinfluence destructive du dimal .
L'âge de 6 mois à 2 ans donne 0,440 de tous les déc^ de 0 âge à 15 ans. Ea
ALGËKIK.
765
Fnuice, la mortalité enfantine de 0 âge à 5 ans n*est que de 0,256 ; elle est en
Algérie de 0,454 et s'élève à 0,568 dans les colonies insalubres. D'ailleurs la mor^
talité des enfants français, 0,389, tient le milieu entre la mortalité des enfants de
race septentrionale, 0,456, et celle de race méridionale, 0,328 (Martin et Foley),
n existe en effet chez la race espagnole une aptitude d*accommodation au
climat de l'Algérie qu'accusent aussi bien l'expérience que les données statistiques.
Eu moyenne, les décès espagnols et maltais sont de 0,030, tandis que les décès
français s'élèvent à 0,043, les décès allemands à 0,056 (amiées 4855 à 1856).
Malgré ces données statistiques, l'Algérie poursuit son développement, et les
partisans de FAlgérie, si nombreux aujourd'hui à tous les degrés de la hiérarchie
militaire et civile, ne doutent pas de son avenir. Faut-il donc, omettant l'expé-
rience du passé, céder à l'opinion et à la pression de faits accomplis, ou, ne tenant
aucun compte du spectacle rassurant que l'Algérie présente aijyourd'hui, juger,
d'après les difficultés et les dangers des premières années de l'occupation, de
l'impossibilité de l'acclimatement, sur la terre des céréales et de l'olivier, des
races européennes qui vivent des mêmes cultures sur l'immense bassin méditei^
ranéen. A mon sens, la conciliation de ces deux points de vue extrêmes se trouve
dans la comparaison des régions salubres et des régions marécageuses. Sur les
collines du littoral et les pentes de l'Atlas, après les premiers mois de séjour et le
défrichement du sol, la mortalité s'abaisse à des proportions égales ou même
inférieures de la mortalité en France. Malheureusement le littoral est souvent peu
cultivaMe, sa constitution géologique se rapportant à des roches éruptives, i des
masses argileuses ou au tuf calcaire, et la population kabyle est tellement pressée
sur les massifs montagneux qu'il n'y a pas place pour l'émigration européenne.
Dans les plaines, toujours plus fertiles et plus accessibles à la colonisation, l'impa-
hidation du sol accroît les dangers du premier acclimatement, et les épidémies
annuelles ou les oscillations extrêmes de la mortalité accusent une situation anor*^
maie et dangereuse et obligent à des réserves en ce qui touche la vitalité des races
considérées dans l'avenir de leurs descendants {voy. Berti lion, art. AccuMATArioii).
Le tableau suivant met ces faits en complète évidence.
LOCALITÉS
INSALUBRES
PIlKMliBE f
•finiODB
•
1
0070
SBUItillX t
Irioo
h
s*
tsi
•s
•
S
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LOCALlTit.
knnik».
LOCALITÉ».
lS55àlS4ô
Booffarick.
770
52
1856 à 1861
UoufTaiick.
2827
135
0048
1S45
Fondouik.
540
m
0257
^^^
Fondouck.
380
15
0041
1847 i 18!»
El-Afrouo
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Bouroumi.
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26
0075
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EloAlroun
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541
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0026
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100
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OÎTO
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Ameur-el-Aiu
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0115
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Mareiigo.
715
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lhrt>ii{to.
657
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0105
Hoycnns- » • . • •
484
64
0206
Moyeniio
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ALGÉlUt.
LOCALITÉS
SAIUBRES
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BRIODl
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A.>M£Kd.
LOCILITL».
IHUàmT
Kouka.
S06
0048
1853 à 1861
Fouka.
274
9
OOGS
1Kl5à1Hi9
Kouin.
m
99
0088
—
Kouba.
96S
W
OQGS
18iiàiai6
Ste-Amélie.
U7
11
0014
—
Ste-AnéliA.
191
8
OKS
—
Si-Ferdinand
169
10
0069
St-Ferdinaiid
216
5
OBS
—
Uuled-Fayet.
«56
13
OfêO
—
Oaled-Fayet.
eo
8
QOEB
Douaouda.
«0
11
0080
— —
Douaouda.
177
«
0011
Moyeiuwf
«7
18
0061
llo)eMii«
279
8
OOKl
L'épidémie de Bône de i852 doune l'expressiou numérique d'une de oes
aggiavations subites des épidémies annu^les dans une contrée ins^ubre. La
mortalité de Bône qui était en 1850 de ii décès sur 1000, en 1851 de 31 , seA
élevée en 1852 à 85, en 1855 à 85, et est desœndue en 1854 à 48; en 1855
à 58. (Moreau, Galette médicale de t Algérie, mars 1856, p. 54). 11
semble donc établi que l'Algérie dans les régions montueuses et littorales est
un pays salubre auquel TEuropéen des régions tempérées froides paye un
tribut d'acclimatation d'autant plus élevé, qu'il est plus )euue et plus aoumi>
aux nécessités du travail. Dans les régions insalubres, la mortalité des pre-
miers temps de l'occupation s'élève à des proportions calamiteuses, ei ai elle
paraît s'abaisser après un certain nombre d'années d'occupation, le travail init'-
rieur qui s'accomplit sur un sol impaludé, les influences alternantes de phii^
abondantes et de cbaleurs excessives, peuvent ramener à des proportions épidé*
aûques le chiffre de la mortalité qui, en temps ordinaire dépasse, le chifiDne de la
mortalité en France.
COMSTITUTION MÉDICALE SAISONMIERB , BHDiVO-iPUÉMIS. Tandis qUe dans IVH
régions tempérées moyennes, au milieu des populations pressées des grandes villes,
les maladies saisonnières vont se confondre dans la masse des maladies individuelli^
et zymotiques ; aux zones extrêmes, une saison dominante développe une endéoMh
épidémie annuelle, dans un ordre régulier, et avec l'aspect saisissant qui inspin \
Hippocrate la doctrine la plus ancienne des maladies populaires
Eu Afrique, les Bix premiers mois de l'année, à part des journées très-froides i-i
très-humides, sont parfaitement salubres. Le nombre des malades du pranitr
Semestre est à celui du deuxième oonune 1 est à 2. Le minimum correspond au
printemps, le maximum à l'automne (Broussais, Mémoire deméd. mtlit,^ 1^ série,
t. L\) ; printemps^ 15,585; hiver, 14,944; été, 28,414; autonmcy 28,712.
Le mois le moins chargé de malades est celui de mars, 41; celui qui l'est «fa^aiH
lage est le mois de juillet. C'est vers la fin de juin que commence la saison épîdt-
niique ; en juillet, le nombre des malades est le double de ce qu'il était en juni
' ^1 reste i>lalioiiiiaiiv |iuur décroître au rommenceouiit du luoi^ ilc m^^
AI.GÉU1E.
767
lembre, suivant une progression régulière, de sorte que lu mois de décembre a'u
que la moitié des malades du mois d août.
Le mouTement de la mortalité suit dans le même ordre, mais à quelque distance,
raccroissement et la diminution du nombre des malade^. Le mois 1q moins diar^é
de décès est celui de mai. Celui qui Test davantage est Je mois de décembre. C'est
égalonent celui pendant lequel la mortalité est le plus élevée.
Le tableau suivant permettra de comparer la marche annuelle des entrées et de
la mortalité à Paris et à Alger. Le rapport mensuel est comparé à 1000 malades
cLà 1000 décès.
PARIS
ALGÉRIE
MOIS.
— ■ — — — — -
MALADES
«OlItS
MALADES
MORTS
smlOOO.
Kim 1000.
son 1000.
!>ot 1000.
Janvier
14
66
54
98
Février
84
75
40
65
Mars
110
104
41
64
AyriL
103
112
59
42
Mai
94
80
70
95
98
80
58
94
141
35
50
83
•
Juin
JuiUet
Août
66
75
114
100
Septembre
84
85
111
101
Octobre
75
67
136
125
Novembre
71
62
88
121
Décembre
70
66
58
106
Il est facile de donner à cette exposition numérique un sens médical. La saison
froide est celle des maladies chroniques consécutives à Tendéroo-épidémie de lannc^;
précédente; le nombre des malades est peu élevé, mais celui des décès et surtout
celui de la mortalité atteint son maximum. En même temps que s'éteignent les
malades atteints de dysenterie chronique et de cachexie palustre, apparaissent les
maladies particulières de la saison froide. Les affections sporadiques, qui ne comp-
tent que pour un cinquième des maladies de Tannée, en forment plus de la moitié
dans les six premiers mois et seulenient un septième dans la saison des chaleurs
(Broussais, ïfém. deméd. milit,^ l. LX).
Les affections les plus communes de la saison froide sont les maladies de poi-
trine. Pendant le deuxième trimestre de 1855 M. Daga {Mém., 2^ série, t. XVII), a
observé à Alger 79 maladies aiguës de poitrine sur 452 malades : bronchite
aiguë, 47 ; bronchite chronique, 6 ; 1 décès ; — pneumonie, 9 ; 3 décès ; — pleuré-
sie, 8 ; — phthisie, 6 ; 3 décès.
A Laghouat où la température descend souvent ù zéro pendant la nuit après des
journées très-çbaudes, sur 372 malades H. Marit note 10 bronchites, 7 pneu-
monieSy et 1 décès et 2 pleurésies aiguës.
Ainsi que Çlarke et Kreysig de Dresde l'ont constaté poui' d'autres pays maré-
cageux, Rome et Pavie, la pneumonie est souvent grave en Algérie (Catteloup,
Mém. de méd. milita 2« série, t. XI, p. 268), principalement chez les malades
convalescents de fièvres ou atteints de cachexie palustre. Elle se produit alors avec
les caractères des pneumonies secondaires : adynamie profonde, absence de douleur
et d'expectoration rouilléc, début insidienx, terminaison IVéqui'umient funeste. Les
768 ALG&RIE.
lésions atteigiieut les deux poumons, siègent à la base et sout constituées |nr de
rœdème ou de la splénisation sans pleurite concomitante.
L'endémo^pidémie débute avec le solstice d été. A une saison qui a tous les
charmes du printemps, la végétation, la tiédeur de l'atmosplière, la salubrité, suc-
cèdent la sécheresse, Taridilé, les chaleurs accablantes. Les hôpitaux se remplisBenl
en peu de jours de fièvres à accès rapprochés, caractérisées surtout par la chaleur,
qui, suivant Tevpression de Torti, incendium universale jamdudum âisponi ât-
monstrtU. Des éruptions cutanées fatigantes ajoutent à Tincommoditéde lasaisou.
souvent des complications bilieuses et hémorrhagiques donnent aux Bèvres l'aspect
des maladies tropicales. En septembre, les maladies moins nombreuses trouvent le>
malades plus affaiblis. Les lécidives de fièvres rémittentes, les accès pemicîettx, b
dysenterie grave, élèvent le ihiflre de la mortalité. Avec les premièanes pluies d'au-
tomne s'arrête la période croissante de l'épidénûe ; le temps se refroidit, devient
plus humide ; les fièvres se prolongent, revêtent des formes typhoïdes ; les dysen-
teries prennent la marche chronique qui, de i^echute en rechute, doit conduire le
malade à un complet épuisement ; la rate s'engorge, le sang s appauvrit, le teint
s'altère, les membres s'infiltrent et, dans les mauvaises années, chez les hûmmes
qui ont longtemps souffert, la cachexie palustre va se confondre avec le scorbut.
L'iléus sanguin (clXiô; atpcrirvcd'Hippocrate, trad. Littré, t. VII, p.281), c la bouciie
« sent mauvais, les gencives se détachent des dents, le sang coule des narines, par-
ce fois il se développe des ulcérations aux jambes : la couleur est noire, la pean
« s'amincit, le malade n'est pas disposé à marcher, ni à prendre de la peine. »
Halaoibs EKDéMo-ÉPioÉMiQDBs. Lcs affectious endémiques qui se produiaent
pendant la saison chaude sont des maladies de la peau, des muqueuses et du
les fièvres intermittentes et rémittentes.
La gale bédouine Hhabb arag, bouton de sueur des Arabes, est l'éruption
papuleuse désignée par les dermatologistes sous le nom de Lichen (ropîciu,
affection qui, d'après l'opinion de H. Bienvenu, chirurgien-major del'Arthémtse,
exige une température de 23 degrés au minimum (Leroy de Méricourt, Ardiitfes
générales de méd.y octobre 1863, p. 421). Elle atteint principalement les hoaunes»
vigoureux, les tempéraments sanguins, de sorte qu'on la considère* comme un pré-
servatif contre la fièvre (Hamel, Gazette médicale de VAlgérie^ 1857). Prêoéd»
de sueurs, de démangeaisons, la gale bédouine est carac'érisée par une éruption
souvent très-confluente, occupant principalement les épaules, les bras, la poitrine,
plus rarement le ventre et les cuisses ; formée de petites élevures rouges, taniôC
seulement papuleuses, tantôt vésiculeuses au sommet (Dauvé, Mém. deméd. milù. ,
3« série, t. II, p. 37). La durée des papules considérées isolément est de trois â
cinq jours, mais une suite d'éruptions successives peut prolonger la maladie pen-
dant plusieurs semaines.
Furoncles. Suppurations. Plusieurs médecins militaires ont été frappés de la
grande quantité de furoncles et de panaris qui se produisent en Algérie pendant la
saison chaude; tantôt isolément, tantôt en même temps que les fièvres auxquelles
ils paraissent parfois servir de crise salutaire. Je n'ai eu, dit M. Douches (Gftsettf
médicale de V Algérie j 1856, p. 66), aucun document pour formuler le chifln:
total des affections phlegmoneuses que j'ai observées au dehors et au dedans» de b
caserne. On jugera de ce qu'il aurait été, quand j'aurai dit que pour les militain»
s^eulement, pendant une période de seize mois, je compte 788 atteintes de fnnNMk>
ou d'anthrax et 25 panaris.
M. Scrive {Mém. deméd. milit,, i"" série, t. XII), en 1851, ooiist;ttaitre\i»teiia
ALGÉRIE. 7G9
de i80 cas de panaris et de 70 de phlegmons pour la garnison de Tlemcen. A
Alger, M. Félix Berlberand, sur un effectif oscillant entre cinq bommes et deux cents
hommes attachés aux batteries d'artillerie, compte 240 cas d*aflections furoncu-
leuses pour les mois de juillet et août.
M. Potier Duplessy {Mém, de méd, miUt.j 2* série, t. XYll, p. 99) obsenaità
Nemours, du 15 août au i5 décembre, 78 cas d'affections phlegmoneuses.
A Biskra, M. Beylot (Mém, de méd, milit., 2* série, t. XI, p. 253), constata la
succession des éruptions cutanées. A partir du mois d*août, la peau était couverte
d'éruptions vésiculo-papuleuses (gale bédouine). A cette éruption succédèrent de
nomln-eux iîironcles; plus tard les plaies, les ulcères et les autres lésions de la peau
guérissaient difficilement; c'était la période d'incubation de l'épidémie particulière
à la région des Zibans (bouton de Biskra). A Laghouat, à partir du mois de juin,
dit H. Marit (Mém. de méd, milit. y 2' série, t. XX), nous souffrîmes beaucoup
d'une démangeaison insupportable causée par une éruption particulière au pays.
D'après M. Masnou (GoMtte médicale de UAlgériey 1859, p. 5), à Bou-Saada et
à Laghouat, il règne comme diminutif de la maladie des Zibans une éruption par-
ticulière, caractérisée par des pustules d'une durée de quinze jours environ, lais-
sant à leur suite une cicatrice violacée persistante. Cette éruption est comme le
premier degré de l'affection étudiée sous le nom de BatUon de Biskra.
Le bouton de Biskra, bouton des Zibans, du docteur Guyon, appelé Dous el ker-
mati, maladie des dattes, par les troupes turques du temps du dey, Frina ou Hhabb
des Arabes, est une affection tubercule-ulcéreuse de la peau qui règne épidémi-
qoement à partir du mois d'octobre, principalement dans toute la région des Zibuns,
de Sidî-Ogba aux Ouled-Djellas, sur la limite nord du Sahara algérien par 34*^ de
latitude. Toutefois Tendémicité du bouton des Zibans parait moins limitée qu'on ne
l'avait cru d'abord. Suivant M. Uuyon, il règne de Tuggurt à Ouergla ; MH. Arnould,
Manoha (Goa. méd. de l'Algérie, 1860, p. 41) et Didelot l'ont observé à Laghouat
et les renseignements obtenus par M. Castaing portent à penser qu'il s'étend jus-
qu'au pays des nègres.
Le bouton de Biskra attaque les hommes de toutes les races : le Nègre, l'Arabe,
le Juif, l'Européen. H. Castaing (Mém, de méd. milit. y 3* série, t. VIII, p. 245)
dte deux observations recueillies sur une jeune négresse de trois ans et un nègre
de seize ans. En 1847, sur lagamison de Biskra, forte de 762 hommes, 105 hom-
mes furent atteints; 30 en novembre, 59 en décembre, 15 en février. En 1845,
il y eut 45 malades sur 475 ; en 1847, 105 sur 700 ; en 1851 , 7 sur 600.
Sur 56 malades, H. Masnou compte 39 hommes, 14 femmes et 3 enfants ;
45 Européens, 8 Juifs indigènes. Sur 53 cas, M.Hoflmann, 48 hommes, 3 femmes,
2 enfants ; 49 Européens et 4 Arabes. Statistiques incomplètes qui accusent le
terrain des hôpitaux militaires sur lequel elles s'exercent (M. Hamel, Mém, do
méd, milit,, 3« série, t. IV, p. 329).
Ophthalmie, L'ophthalmie se développe dans la saison chaude, parallèlement
aux maladies endémiques, avec lesr|uelles elle alterne fréquemment. Cette relation
signalée par Desgeneltes, en Egypte; par M. Wlemincx, en Belgique ; par le profes-
seur Van Hamon, de Dresde, doit faire attribuer le développement de la maladie
plutôt à la constitution médicale qu'a des causes excitantes externes : poussière,
lumière vive.
D'après les documents recueillis par H. l'inspecteur (^vy,on compte en moyenne
1 ophthalmie sur 29 malades dans le premier trimestre; 1 sur 15 dans le deuxième ;
1 sur 12 dans le troisième ; 1 sur 13 dans le quatrième.
DICT. EKC. II. 19
770 ALGÉRIE.
L*ophthalinie qui chez les indigènes frappe particulièrement le Kâbyie deTAtlas
et des Oasis, s'observe dans les colonies des régions insalubres, et sur le soldat en
garnison.
En 1839, plus de 200 hommes en furent atteints à Constatine. En juillet, aoètet
septembre 1839, elle sévit sur les troupes de la garnison de Philippeville, Icgees
dans des maisons mauresques. Les 19/20 des malades de l'hôpital atteints de fièm
et de dysenterie en subirent les efTets. En 1846, elle sévissait sur la gannoii de
Batna.
La même année, à Biskra, sur une garnison de 350 hommes accrue à k fia de
Tannée jusqu'à 600, H. Beylot (Mém, de méd. milit,, 2« série, Xl« vol., p. 836),
observait une épidémie d'ophthalmie qui de la fin d'août au mois d'octobre frwff^
1 58 militaires, en même temps que la population arabe était encore plusmaltiutée.
M. Hassip, en 1847, H. Burgkly, en 1851, M. Isnard, en 1852, assiitèreiil â
Biskra à des épidémies semblables.
De juillet à novembre 1853, Tophlbalmie régna épidémiquement iBfoe après
une épidémie annuelle de fièvres intermittentes tellement généralisée, que le tribu-
nal dut surseoir à ses séances. En 1853, elle fut observée à Lagliouat par M. Marit.
L'alternance de l'ophthalmie catarrhale avec la fièvre, la rapidité de son dére-
loppement reportent la pensée vers la congestion de l'œil développée par l'ablatian
du ganglion cervical du grand sympathique, et conduisent à soulever la queBÛm
de savoir si à côté des névralgies de la cinquième paire qui depuis C. Médicus oot
été fréquemment observées comme expression de l'intoxication palustre, les branches
organiques des nerfs vaso-moteurs ne pourraient pas être modifiées dans leur
activité par l'influence de la même cause.
Dysenterie. Les études d'anatomie pathologique peuvent seules donner une
juste idée de l'importance de la dysenterie en Algérie ; comme maladie isolée, ou
comme complication des fièvres de marais, de la fièvre rémittente, de la va-
riole, des maladies traumatiques.
Sur 42 507 maladies ayant causé 5 502 décès, la dysenterie est comptée dans kf
différents comptes rendus des services de l'Algérie, publiés dans lesÂfemotreu de
médecine militaire^ pour 11 789 malades et 1 611 décès ou pour 27 pour I M) do
malades et 45 pour 100 des décès. En Egypte le rapport est de 51 sur 100 décès.
(Griesiuger). Aux Indes le rapport est de 3t à 32 sur 100 décès (Farr.)
Tandis que les fièvres en général ne donnent que 1 décès pour 36 mabdea, k
dysenterie compte 1 mort sur 7,50 malades. Aussi la province d'Oran, où la
dpenterie est plus fréquente donne-t-elle un excès de mortalité comme l'iadkiue
le tableau suivant :
Malades en général, 4!2 507 ; 5502 décès, ou 1 sur i%io.
novixcE d'aloer.
il407 décès ] 1 dysenteiûe pour 5 fièvres,
ou > Les décès par dysenterie sont aux
1 sur 12,13. ) décès par fièvres comme 1 ,05 est â 1.
pBOMKce d'obah.
( 1816 décès ) 1 dysenterie pour 1,80 fièvres.
Malades. . . 21 095 | ou | Les décès par dysenlerie sont aux
l 1 Pur 11, iO 7 décès par fièvres comme 2,00 est à 1 .
Sur 12 851 malades observés dans la province d'Oran (Catteloop, Mém, iemèi.
militaire, 1 1« scrio. 12 vol), 5496 ont été atteints de dysenterie. A Lagliouat air
ALGÉRIK. 771
13 décès, M. Marit compte 5 décès par dysenterie (Mém, de. méd. militaire.
11* série, t. XIII). A Biskra M. Beyiot. (2« série, t. Il), constate que la dysenterie
est la maladie dominante ; elle s'aggrave ou se développe sous Tiiifluence du
siit)Cco.
La dysenterie, aiguë et grave dans la saison chaude, se produit sous des formes
plus lentes, plus chroniques et non moins funestes, dans la saison froide et humide.
Sur 5496 cas examinés au point de vue de la saison, M. Catteloup donne les rap-
ports suivants {Mém, de méd.j militaire, 11"^ série, t. VII) : 705 dans le premier
trimestre; 964 dans le deuxième; 2471 dans le troisième; 1 r)56 dans le qua-
trième : total 5 496.
Kndémique pour l'indigène et le créole, cause principale des décès de Tenfant
dans le:» premiers mois de sa naissance, la dysenterie est laflection qui sévit le
plus promptement sur TEuropéen à son arrivée en Algérie. En 1840, au moment
où les nécessités de la guerre élevaient le chiffre des arrivants à Alger, je trouvai
([ue les malades ayant moins d'u|ie année de séjour étaient aux malades plus
anciennement arrivés comme 5,35 est à 1 (Mém. de niéd., militaire^ t. LH).
5 avaient moins d'un mois; 16 avaient 1 mois; 30 en avaient 2j 28 en avaient 5 ;
1 8 en avaient 4 ; 23 en avaient 5 ; 56 en avaient 6 ; 7 en avaient 7 ; 41 en
avaient 8.
Le tableau suivant donné par H. Catteloup (Mém. de méd. militaire^ 11® série,
t. Vil) confirme mes obser^'ations personnelles et tend à démontrer que la
dysenterie est particulièrement en Algérie une maladie d'acclimatement.
t>r!>nTFinE DTsiinrcaiE
TEMPS DE SéJOUn. AIGUK. CnRORliliE.
1 an 288 115
2 ans 2-1.5 139
3 ans 150 «5
4 ans 140 88
5 ans 80 34
6 ans 13 l
7 ans 35 2
8 ans 17 »
0 ans 5 »
10 ans 2 »
Bien qu'associée fréquemment aux lièvres de marais qu'elle complique et pour
lesquelles elle constitue trop souvent : Aliqiiod insigne et ferale symptama qnod
se solo pemiciem videtur in ferre (Torti), la dysenterie est moins dépendimte que
les fièvres des conditions locales inhérentes au sol, son extension générale la ratki-
chant plutôt aux influences du climat et des saisons. Développée le plus souvent
pendant la saison chaude, la dysenterie est la cause du plus grand nombre des décès
de la saison froide et humide, la mort survenant chez Thomme épuisé par ses
fréquentes récidives comme chez les animaux soumis à l'inanition par Chossat ;
observation dont il faut tenir compte dans le traitement diététique et surtout dans
l'installation dos hôpitaux. L'expérience a prouvé en effet que, dans la situation la
plus salubre, des baraques en bois mal chauffées ne sauraient satisfaire aux né-
cessités médicales pour cette catégorie de malades.
Abcès du foie. Les abcès dn foie, qui caractérisent avec la dysenterie les ré-
gions chaudes, sont assez fréquents en Algérie i)our quo M. Rouis ait pu en réunir
254 observations. Le plus souvent méconnus pendant la vie, ils ne peuvent être
appréciés au point de vue de leur fréquence relative, qu'en tenant compte des
772 ALGÉRIE.
données de 1 analoniie pathologique. Sous ce rapport l'Algérie tient le milieu entre
la France et l'Inde.
A Paris, H. Louis a trouvé 5 abcès sur 430 autopsies ou 1,10 sur 100 décès.
Aux Indes , Macpherson , James Renald Martin {the Influence of Tropicttl
Climates), 26 cas d'abcès du foie pour 51 autopsies de dysenteries, ou en^inm
1/2 de 32 pour 100, ou 16 sur 100 décès.
En Algérie (Catteloup), 1 abcès sur 5 autopsies de dysenterie ou l/S de 45 pour
100, ou environ 9 sur lOO'décès.
Les abcès du foie sont plus fréquents dans b province d'Oran que dans ceik-
d'Alger; localités indiquées par M. Rouis :
B&. ::::::: l\\ •'■•''""«' «^'^'f*^
Oran 03
Tlemcen 50
Mascara 17 ) Province d'Oran
Mostaganem 17
Divers 59
Total . . ilT
68 cas pour la province d'Alger et 147 pour la province d'Oran.
Dans le sud, on les observe plus fréquemment encore. H. Harit, à Laghouat. sur
1 3 décès compte 4 décès par abcès du foie, ou 1 5 sur 1 00 décès.
L'influence de la chaleur, démontrée pour les différentes régions de l'Algérie, se
manifeste également en ce qui concerne les saisons. M. Rouis rapporte 89 cas a la
saison froide et 185 a la saison chaude. Les mois les plus chargés sont les mois de
juillet, d'août et septembre.
Les abcès du foie atteignent les hommes de toutes les races. Parmi les observa-
tions analysées par H. Rouis, on compte 6 Arabes et 1 nègre. Ijes Français da nord,
les individus appartenant aux races septentrionales y paraissent œpendaat plus
prédisposés; ils doimcnt 138 cas pour 71 relatifs à des Français du midi et de$
individus de race méridionale. A part un enfant de 12 ans, M. Rouis n*a troatc
que des adultes. L'Age de 23 à 27 ans pour les militaires, de 35 à 40 pour la po-
pulation civile, fournissent les cas les plus nombreux.
Les abcès du foie ne se produisent pas aussi promptement que la dysenterie ;
une action plus prolongée du climat est nécessaire à leur développement. H. Catte-
loup (Mém. de méd, militaire !!• série, t. XII) trouve le maximum de fré-
quence après 3 ans de séjour, M. Rouis entre 3 et 4 années.
M. CATTELOUP.
Moins de 1 an. ... 1
18 mois. . . 2
2 ans.. . . 5
5 ans ... 7
4 ans.. . . 4
5 ans ... 2
G ans. ...»
7 ans.. . . »
8 ans.. . . 1
H. ROUIS.
Moins de i an. . . .
1 à 2 ans..
2 à 3 ans..
3 à 4 ans..
4 à 5 ans..
5 à C ans..
0 à 7 ans..
7 à 8 ans..
8 à 9 ans..
9 à 10 ans.
10 à It ans.
15 à 14 ans.
li à 15 ans.
15 à 16 ans.
18 à 19 ans.
g
15
18
U
15
8
4
2
5
1
3
1
1
ALGÉRIE. 773
8 fois sur 43, suivant M. Haspei (Maladies de l* Algérie, Paris, 4850), les abcès
du foie eomcidenl avec des ulcérations du côlon. La dysenterie, d'après M. Rouis,
manque au début 24 fois sur 100, mais se manifeste pendant la marche de Tabcès.
Toujours est-il que la coexistence est le fait général.
La suppuration du foie semble appartenir à la disposition pyogénique accusée
par Tétat des plaies, les éruptions furonculeuses, le bouton des Zibans et enfin les
abcès de la rate étudiés par M. Hallet {Mém. de méd. mil., S"" série, t. II, p. 60) ;
lésions séparées jusqu'à ce jour, mais que Tétude des altérations du sang est des-
iinée à rapprocher et à confondre. Les recherches sur la mélanémie, la leucémie
et la thrombose des cachectiques sont les premiers pas dans cette voie scientifique.
En général, on attribue les abcès du foie à une hyperémie antérieure; j'avoue
n*en avoir jamais constaté l'existence. Les abcès que j'ai observés, plus ou moins
enkystés, étaient toujours creusés au milieu d'un pzirenchyme parfaitement normal.
Ces conditions anatomiques rendent compte de la marche latente des suppurations
du foie, presque toijyours méconnues, si on n'adopte conune règle de conduite de
soumettre à une exploration attentive tout malade atteint de fièvre nocturne avec
amaigrissement.
Fièvres, Les fièvres caractérisent principalement l'endémo-épidémie annuelle.
Elles comptent pour SO 697 sur 42 507 malades, ou pour 48 pour 100 des ma.
lades; et pour 574 décès, ou pour 1 mort sur 36 malades et 28 décès sur iOO
décès. Moinsgénéralisées que la dysenterie, elles sont assez limitées dans la sphère
d'infection des localités marécageuses, pour qu'il ne puisse subsister de doute sur
la réalité des influences nocives des marais.
Simples au début de la saison épidémique, elles se compliquent, dans les mois
les plus chauds, d'accidents bilieux, de dysenterie. Sur 100 hommes qui entrent à
l'hôpital en Algérie, 6 seulement ont échappé à toute atteinte climalérique, 20 ont
eu la fièvre, 20 la diarrhée, 54 la fièvre et la colite sous l'une de ses formes
(Casimir Broussais, Recueil des Mém. de méd. mil.).
Le type quotidien des fièvres intermittentes est au type tierce comme 2,3 est
à 1, principalement dans la saison chaude et chez l'Européen. Il résnlte en effet
des observations de M. Chassagne (Mém. de méd. mil. y S"" série, t. VII, p. 487) que
le type quarte, qui, dans les statistiques de nos hôpitaux militaires, ne compte que
pour 1/iOO, existe 7 fois sur 10 pour les Kabyles.
Les accès de fièvre pendant la saison cliaude correspondent aux heures de la
chaleur croissante. On compte, en effet, 1 ,5 accès de 6 heures du soir h 6 heures du
matin pour 5 accès de 6 heures du matin à 6 heures du soir. Les accès qui se
produisent de 6 heures du matin à midi sont à ceux qui ont lieu dans les 6 heures
suivantes comme 3 est à i . Les heures où les accès sont les plus fré (uents sont
9 heures et iO heures (Durand de Lune!, Traité des lièvres).
Le plus souvent compliquées, les fièvres inteimittentes se produisent principe*
leroent dans les mois d'août et de septembre, avec des caractères de gravité qui jus-
tifient la dénomination de fièvres pernicieuses. A part l'action incontestable de
certains marais, le caractère pernicieux ressortit principalement aux conditions de
température, de telle sorte que les jours où le sirocco souffle sont ceux dans les-
quels lès accès pernicieux sont les plus fréquents.
Torti a justement rapproché des fièvres pernicieuses la fièvre rémittente, qui
croit en fréquence et en gravité h mesure qu'on étudie l'influence des marais
dans des régions plus chaudes. Aux Indes, la fièvre rémittente compte pour 50
pour 100 des entrées, et 12 pour 100 des décès ; en Algérie, pour 1/5 environ des
774 ALGÉRIE.
lièvres ot 6 pour 100 des décès. Violente el rapide pendant la saison chaude, h
fièvre rémittente, si justement désignée dans le pays sousIadémHninatioa de fièvre
chaude, s'accompagne tantôt des aocidenls bilieux qui lui ont valu le nom de fièvre
rémittente bilieuse, tantôt d*hémorrhagies buccales et intestinales qui Tout frit
rapprocher de la fièvre jaune. Fréquente en août et en septembrci la fièvie rémit-
tente se modifie au début de la saison humide, dans sa marche qui devient plus
continue, dans sa durée qui se prolonge, et enfin dans ses a^tects qui rappeUent kt
accidents des fièvres typhoïdes des contrées tempérées. M. Haspel {Maladieê de
VAlgéi ie) a donné une excellente description de ses complications avec le sGorbiU.
La fréquence des fièvres rémittentes en Algérie soulève la question de leun
rapports nécessaires avec les influences marécageuses. Il se produit pour la fièn%
rémittente une difficulté presque semblable à celle qui reste à résoudre pour la
colique des pays chauds. A savoir, si les mômes manifestations patholf^giques sup-
posent nécessairement l'action des mêmes conditions étiologiques; ou si, au con-
traire, les maladies les plus semblables en apparence ne peuvent se produire sons
rinfluence de conditions différentes. Pour ma part, je ne doute pas que chez les
personnes qui font abus de boissons alcooliques, il ne puisse se manifester des aoci-
dents de fièvres graves tout à fait semblables à ceux de la fièvie rémàttente ; et je oam-
prends que sous la pression des faits, les médecins anglais aient rapproché dans la
même description les accidents appelés coup de soleil et la fièvre rémittente qui
leui' succède, lorsque la mort n*est pas immédiate.
Maladies sporadiques. L'expression d'endémo-épidémie, emplojée poor ca-
ractériser le règne presque exclusif de la fièvre et de la dysenterie, ifflfdiqoe b mh
tion de la rareté relative des maladies sporadiques et zymotiques. Toutefois, dans
l'examen de leur fréquence relative, il faut nécessairement tenir compte de la si-
tuation exceptionnelle qui a fourni jusqu'à 60 000 malades pour 50 000 bomaies
d'effectif et élevé la mortalité à 88, 90, 106 sur 1000, et ne se prononcer que dé-
duction faite des éléments d'erreur introduits par l'élévation des termes qui ser-
vent de base de comparaison , c'est-à-dire rapporter^ le chiffre des malades et des
morts à un effectif constant.
Bien que la saison froide ne présente pas en Algérie la multitude d'aflectioasca-
tarrhales épidémiques dans les régions tempérées froides, la pneumonie y est fré-
rpienle. H. Calteloup compte 55 décès sur 1104 décès, M. Barby 51 sur 1165,
total 86 sur 2267 ou 57 sur 1000 décès. En France, la moyenne du chiffre lélbiflfv
de la pneumonie est 39 {Annales dliygiène^ 2* série, t. XIII, 1860). Mais
comme 37 décès pour l'Algérie ne con'cspondent en réalité qu*à un eflectif de
500 hommes, et 39 à Paris à plus de 1 000 hommes, il est évident que la pneunuBÎe
&<t sinon plus fréquente, du moins plus grave en Algérie qu'en France.
C'est à peine si le rhumatisme est désigné dans les statistiques de FAlgérie. U
figure pour 107 cas sur plus de 30 000 malados, et ne fournit pas un seul déoè!».
Ce qui prouve au moins que depuis 30 ans il a paru assez peu important pour que
pas un seul des médecins militaires de l'Algérie n'ait cru devoir en fiiire une men-
tion spéciale. La rareté du rhumatisme, en regard de la fréquence de la pneu-
monie, prouve, d'autre part, que les pneumonies mortelles en Algérie sont moins
dépendantes d'une constitution inflammatoire que de l'influence de b cachetie
palustre.
Tandis que la vie du soldat en garnison a pur effet de faire dominer ks petites
épidémies périodiques de fièvres éruptives ; en campugno, la vie à l'air libre les £ût
disparaître. C'est incontestablement à cette sorte d'antagonisme reconnu par Pringle
ALGÉRIE. 775
entre ks maladies des quartien d'hiver et des camps, qu'il dut rapporter rabaisse-
ment de la mortalité par fièvres éruptives. En laissant de côté toutes les statistiques
qui n'en fimt aucune mention particulière, je trouve pour 10 années 38 décès sur
SMSdécès, ou 15 sur 1000; 0,90 décte sur 1000 hommes d'effectif. En France,
les mêmes affections comptent pour 73 décès sur 1000 décès, ou pour 1,5 environ
sur 1000 hommes d'effectif, ce qui témoigne à la fois d'une fréquence moindre et
de l'illusion produite par l'accroissement de la mmialité en Algérie.
La fièvre typhoide et la phthisie ont principalement été l'objet de l'attention,
depuis que M. Boudin a fondé sur leur eiLclusion plus ou moins complète une
théorie qui sera examinée avec le soin qu'elle mérite (voy. antagonishe).
Dans les premiers temps de l'occupation, les maladies graves et nombreuses qui
firappaient pour la première fois l'attentionné permettaient pas qu'on s'arrétâ^àrétude
des petites épidémies. Le premier, je crois, je fus irappé de l'existence et des modi-
ficati<His de la fièvre typhoïde en Algérie (Mém.deméd.fniLyi, LU). Sur 48 obser-
vations, je notai cette particularité singulière : que dans toutes le séjour en Algérie
était récent et nedépassait pas 8 mois. J'insistai sur le début par des frissons surve-
nant périodiquement, sur la rareté des taches rosées : 4 sur 48; la fréquence des
paroUdes, l'importance de la diarrhée et sa persistance : la mort étant survenue
5 ibis sur 16 pendant la convalescence, et par le fait d'une dysenterie chronique.
Depob, M. CoUin, dans im remarquable travail sur les altérations de la rate
{Mém. de méd. imï., 2« série, t< IV), exprime dans le même sens le résultat de
son observation. « En Algérie, la fièvre typhoïde a un caractère moins décidé, une
marche plus lente et une convalescence beaucoup plus laborieuse : eHe y offre pour-
tant les mêmes symptdmes qu'à Paris, sauf k rareté plus grande des taches ro*
sées lenticulaires, qui manquent ici chez la plupart des sujets, et l'époque avancée
de la maladie à laquelle survient la mort, puisque sur 41 décès 10 seulement
ont eu lieu avant, et 22 après le 30* jour.
M. Netter (Mém. de méd. mil,, 2* série, XIV vol.) insiste sur la nécessité de
séparer la fièvre typhoïde en Algérie de la forme typhoïde qu'affectent les fièvres
rémittentes palustres ; il constate que la dothinentérie débute par des accès irré-
guliers, confondus dans la masse des lièvres intermittentes. Règle générale, dit
M. Netter, l'arrivée en .Algérie estrelle récente, de moins de six mois par exemple,
il y aune grande présomption en faveur de la fièvre dotbinentérique.
Les observations médicales de Pruner-Bey, Griesinger, Schnepp, ont confirmé
pour r%ypte {Union médicale de 1861) le fait de la rareté de la fièvre typhoïde
chea l'indigène et le créole, son existence presque exclusive chez les non acclimatés,
la transformation de la mabdie, la rareté de l'éruption rosée, sinon la complica-
tion dysentérique, plus rare en %ypte qu'en Algérie.
11 appartient à la géographie médicale de rapprocher les unes des autres les
différôiles formes des fièvres continues, depuis les régions de la Suède où, suivant
Hagnus Huss, l'iléo-typhus se confond dans la même épidémie avec le pétéchial
typhus, jusqu'aux régions du sud, où les fièvres rhumatismales à Turin, climatiques
à Rome, méditerranéennes à Halte, aux îles Ioniennes, vont aboutir aux fièvres
gastro-entérites de l'Egypte et de l'Algérie. Elles semblent en effet n'avoir pas plus
de earact^^ constants dans l'espace que dans le temps, et subir à la fois l'influence
du climat et des conditions sociales.
D'ailleurs la fièvre typhoide est plutôt modifiée par l'influence du climat que par
l'action des marais. Elle est aussi peu fréquente dans les locaUtés salubresque dans
les régions marécageuses, et elle parait se développer sur place et coexister avec les
776 ALGÉRIE.
fièvres à quinquina. M. Netter l'a vue s'étendre, à Batna, sur plusieurs militaires qui
avaient eu des rapports avec un soldat arrivé récemment de France, et ealre autres
atteindre un caporal qui se trouvait en Afrique depuis plus de deux ans ei qui y
avait eu les lièvres ; dans un autre cas, coïncider chez le même sujet avec les fièvres
intermittentes.
L'épidémie de typhus observée en Kabylie par MM. Léonard et Maht ramène
d'ailleurs à un point de vue plus vrai les questions éliologiques, en témoignaiit de
ce fait que les maladies les moins observées dans un climat peuvent se développer
quand survient la cause qui leur donne naissance.
Phthisie. La question de la phthisie, au point de vue de la géographie médi-
cale, appartient à un tout autre ordre de faits que ceux qui résultent de la mise
en campagne, dans un pays chaud, d'une armée européenne qui, dans les cinq
premiers mois, fournit un chiffre de décès qui excède la mortalité des cinq années
suivantes.
Pour résoudre cette question délicate, il faudrait pouvoir Vexaminer au point de
vue dès races, des régions climatériques, et enfin des contrées saines ou intectées
par les marais. C'est à peine s'il existe, sur tous ces éléments de la questioo,des
documents recueillis à la hâte.
La population nègre de l'Algérie, peu nombreuse, mais composée en génénd
d'hommes vigoureux, n'a pas jusqu'à ce jour fourni un seul fait qui permette
d'établir qu'elle soit en Algérie plus sujette à la phthisie que la population euro-
péenne. 11 n'en est pas de même des Arabes, et principalement des métis proveinnt
de l'union de l'Arabe et des nègres. J'ai eu l'occasion de constater, à l'hôpital mili-
taire de Blidah , que les troupes indigènes principalement recrutées dans cette pvtie
de la population donnaient un chilTre de décès par phthisie au moins égal à odui
de l'armée en France.
Si les renseignements manquent pour la population arabe, il est au moîna permis
de faire une large part de l'immunité dont elle parait jouir à l'énorme mortalité
de l'enfance, qui enlève au début de la vie tout étreiaible, et enfin à une existence
accomplie dans un milieu de conditions opposées à celles qui semblent aooroitre
le degré de fréquence de la phthisie en Europe, je veux dire le séjour dans les
villes, les habitations insalubres, les professions sédentaires.
L'Arabe en captivité paye en efTet un tribut aussi lourd que Thabîtant des con-
trées les moins favorisées.
« Sur 27 décès h la prison civile d'Alger, 23 appartiennent aux indigènes; et,
sur ce nombre figurent 17 phthisies (Pietra Santa, Annales d*hygiêne jmkUque,
2« série, t. XV, p. 52;186i).
a Dans la maison centrale de l'Harrach, sur 155 décès, la phthisie compte pour
53 décès, ou 1 sur 3. »
La population européenne, en grande partie composée d'immigrants, ne fournit
A la statistique que des documents contestables, soit qu'on attribue la phthisie à
un séjour antérieur, soit qu'on explique son absence par la prédominance des nn-
ladies d'acclimatement.
Relativement à son degré de fréquence, M. Pietra Santa arrive aux moyennes
suivantes pour 100 décès : Européens, 7,06; musulmans, 6,83; israéKtes,?,)!};
hôpitaux civils, 9,03; hôpitaux militaires, 6,04; en moyenne, 7,25 pour
100 décès.
La mortalité de la population européenne est, d'après la statistique oiBcieUe, de
50 sur 1000, chiffre supérieur à ki mortalité d'Alger, 40 sur 1000, roab înRriw
ALGERIE. 777
a celle de la mortalité militaire et agricole qui fournit aux hôpitaux civils. La
moyeime des décès par phthisie étant de 7,25 sur iOO décès, h mortalité par
phthisie, pour 1000 habitants, est de 3,62.
A Paris, la mortalité par phthisie est de i sur 5 décès ; à Londres, de 1 sur 8 ;
moyenne, i sur 6,5. D'autre part, la mortalité ébmt d'environ 25 sur 1000 habi-
tants, la mortalité par phthisie sera de 1/6,5, de 25 ou de 3,80 sur 1000,
chiffre qui est assez rapproché de celui de TÂlgérie pour qu'il faille attendre une
situation plus calme pour juger une question examinée trop super6ciellement
jusqu'ici.
La phthisie est moins iréquente en Algérie qu'en France ; rien ne prouve qu'elle
le soit moins dans la zone insalubre que sur le littoml, à moins qu'on n'évalue son
degré de fréquence dans les années épidémiques, qui enlèvent jusqu'à 80, 90 et
iOO individus sur 1000. D'ailleurs, au milieu de ces désastres, les phthisiques ne
sont pas épargnés. Sur 88 autopsies, qui présentèrent à H. Catteloup des tuber-
cules pulmonaires plus ou moins avancés, la mort était due : 71 fois à la dysen-
terie, 4 fois à la cachexie palustre, 2 fois à des aflections du foie, 5 fois au choléra,
S fois à la bronchite chronique, A fois à diverses lésions.
Voici comment s'exprime sur cette question un des meilleurs observateurs des
maladies de l'Algérie (Collin, Mém. de méd, milil.y i^ série, IV'' vol., p. 102) :
« Non-seulement la phthisie pulmonaire, dans nos localités, est plus commune
qu'on ne suppose, mais encore elle ne ])réscrve nullement des fièvres paludéennes
les victimes qu'elle a choisies. »
Sur 28 autopsies, 11 fois la rate présentait les altérations caractéristiques de
l'intoxication palustre. Ainsi, tandis que M. Louis n'a trouvé la rate hypertrophiée
que 13 fois sur 100, M. Collin note la splénolrophie 44 fois sur 100. Il suffit d*ail-
leurs de parcourir les épidémies d'Hipporrate, pour retrouver la phthisie à côté
du causus et du phrénitis.
De l'endémicité dutxnia solium. Les aflections parasitaires sont peut-être, de
toutes les maladies, celles qui ressortissent le mieux aux études de la géographie
médicale, et qui sont destinées à jeter le plus de lumière sur les connaissances dos
maladies endémiques. Dans toute l'étendue de nos possessions algériennes comme
au Sénégal et à la côte d'Afrique, le txnia solium est endémique. De 1846 à 1 851 ,
pen'lant que l'armée française, servant à l'intérieur, ne donnait que 7 cas de
taenia, H. le docteur Judas (in Mém. de méd, milit.j 2* série, Xlll'' vol.) en réu<
Hissait 184 cas pour l'Algérie, savoir : 82 de 1846 à 1848, 102 de 1848 :\ 1851.
Sur ce nomiire les indigènes ne comptent que pour 10, ce qui tient plus à leur
indiflerence et à leur réserve qu'à une immunité relative. En eflet M. Moreau,
médecin des établissements civils de Bône, a pu en observer 40 cas en dix ans.
En rapport avec l'endémicité du tœnia on Algérie, il faut noter l'existence fré-
(|uente de vers cystiques et cestoîdes dans les diflérentes es{)èccs animales.
M. Drouet, vétérinaire distingué, a constaté, chez le chien, lendémicité du txnia
serrata (Tarneau, Du txnia en Algérie, Gaz. méd. de V Algérie). En 1846,
M. d'Outremer-Demargat a trouvé, dans les intestins d'un lion tué à El-Arrouch,
un taenia dont l'espèce n a pas été déterminée. VEchinococtu veterinorum est
fréquent dans l'espèce bovine, et la quantité innombrable des lièvres qui ont pu
faire désigner quelques campements sous le nom de Camp des lièvres, ne laisse
pas de doute sur l'existence du Cysticerque pisiformis, si commun dans les
viscères du genre Leptis. Il est probablement le germe du txnia serrata du chien.
Les personnes de tous les âges, de toutes les nationalités, sont atteintes en pro-
778 ALGÉRIE.
portioo de leur nombre daos la population générale, après une durée de séjour qoi
a été étudiée par H. Judas et M. Tarneau.
DORiÎE SB &ÉJOUR. «. JUDAS. V. 7A«!IZAS.
5 mois 1 »
7 mois 1 M
< an 2 1 ani/2. 3
3 ans 7 2 ans. 6
5 ans 1;'2 2 4
4 ans 4 S
5 ans 3 8
6 ans 2 4
7 ans 2 I
8 ans » 5
9 ans 1 5
10 ans 5 10
Plusieurs années 10 5
Enfants d'Européens nés en Algérie. 5 2
Total. . . 45 Total.. 54
L'extension du tœnia à toutes les races de rAlgéric, son existence chez Teniànt
dans les premières années de la vie, ne permettent guère d'attribuer son développe-
ment au Cysticerque ladrique, puisque l'espèce porcine entre pour une part mi-
nime dans l'alimentation. Faut-il admettre, avec Knchenmeister, la transfonitt-
tion en taenia de YEchinococus veterinorum , ou même celle du CysiicerqMte
pisiformis de Zeder? Toujours cst-il qu'il reste encore bien des doutes sur Yxf
plication aux faits nouveaux des connaissances acquises par les travaux de MM.Sie-
bold, Strenstrup, et principalement sur la quesUon fondamentale, à savoir, si le
leuia a nécessairement pour germe le cysticerque, ou si dans des conditions difle-
rentes de milieu, le protoscolex ne peut aboutir également à un cysticerque ou ï
un taenia. L'Algérie présente, d'ailleurs, comme la plupart des contrées oà le (siû
est endémique, un ensemble de conditions qui doivent faciliter la disséminatiao
des œufs et leur ingestion accidentelle.
De l'Algérie coNsiDiRÉE cohue climat médical. La question du climat, au point
de vue médical, comprend à la fois l'étude des modifications imprimées aux raon
humaines par l'influence des milieux, et celle de l'action exercée sur la narciie et
la terminaison des maladies. Le temps écoulé depuis l'occupation de l'Algérie n*a
pas permis qu'il se développât en face de la race française un type modiCé, sem-
blable à celui que présentent les Yankees de l'Amérique du Noixl ; maïs il suflSt Je
mettre en opposition les formes élancées et vigoureuses des races aralic et beibère
et les traits particuliers au tempérament lymphatique exagéré des haUtauts pu-
vres de nos départements septentrionaux, pour fonderies meilleures espérances fur
l'amélioration de la race humaine par l'émigration en Algérie. Nous avons rencon-
tré, chez quelques colons, de beaux jeunes gens à peau brunie par le soleil, à b
chevelure blonde, qui portaient tous les traits de cette heureuse tniisfomiation.
La question de l'action sur la marche et la durée de la phthisie, qui a principa-
lement préoccupé les médecins, se complique de la difTiculté de déterminer suffi-
samment dans quelles limites il faut circonscrire une aflection qui tantôt a toutes
les allures d'une maladie aiguë, tantôt, au contraire, se prolonge pendant une
longue existence avec des alternatives d'amélioration et d'aggravation.
Si la phthisie est plus rare en Algérie qu'en Europe, on ne saurait oublier ipt
son évolution y est en général rapide, et sa terminaison promptement funeste. Il y
aurait donc erreur de ne pas tenir compte, dans l'envoi des malades en Al^énr.
ALGHISI. 77Q
des conditions eitrômeâ du dimat, des variations considérables de température
dans la même journée et la même saison» de T influence connue de la chaleur sur
sa terminaison funeste. Aussi les médecins qui ont pratiqué en Algérie sont una*
nimes à reconnaître le danger du climat pour les phthisies à marche rapide, à
lésions profondes, étendues. Dans un pays où l'homme vigoureux vit plus vite, sous
le coup de l'excitation incessante du climat^ les malades succombent plus vite
encore. Ce qu'il y a de vraiment salutaire en Algérie, c'est la sérénité du ciel, Li
température douce de Thiver et du printemps, la possibilité, pour les valétudi-
naires, de substituer aux influences funestes de Tatmosphère confinée de nos appar-
tements, une existence passée tout entière à l'air libre ou à la promenade. Dans
ces conditions si favorables et si pleines d'impressions charmantes pour l'étranger,
les jeunes gens se développent mer\eilleusement, et tel d'entre eux qui semblait
(lorter tous les traits d'une fatalité irrémissible s'épanouit en santé et en vigueur.
L'Algérie convient également aux personnnes atteintes de phthisie à marche
chronique avec aggravation l'hiver. Nous avons constaté, pour notre part, des
améliorations soutenues pendant dix années, et ayant toutes les apparences d'une
véritable guérison. Récemment encore nous avons eu l'occasion de rencontrer un
efticier de l'armée qui, après un séjour de huit années, était rev^u guéri en
apparence de tous les symptômes d'une phthisie pulmonaire, et qui, peu de mois
après son retour en France, avait vu disparaître sou embonpoint et avait été pris
de toux et de fièvre nocturne : fait négatif qui témoigne aussi bien que les faits
positi& observés en Algérie de l'influence salutaire sinon curative du climat.
Laveran.
^OLiùùVLKfmt.^ Easphration ulenHflquê de T Algérie fendant lei amtéei 4840, 184Î,
publiée par ordre du gouvernement. Paris, 1844 et 1853, 16 vol. gr. in>8.— Bbroo. Deêoip'
lion géologique de f Algérie. In-4 avec caries. Paris, 1848. — Foubbel. Bicheue mméralo-
giqtfe de FAigérie.—yiiiE. Hecherchet sur les roches, les eaux, etc., de la province d'Oran
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son climat, sa valeur curative. Paris, 1860.>- Pietaa Santa. Annales d'Hyg. 2* série, t. XIT
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iih^. ^Comptes remlMs de l* Institut. Voir Arago, Guyon, Bory de Saint-Vincent. — lablean
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PioDifi (J. L.). Recherches sur les suppurations endémiques du foie d'après des observations
recueillies en Afrique. Paris, 1860, inS.-^ Recueil des mémoires de médecine, de chirurgie
et de pharmacie militaires^ rédigé sous la surveillance du conseil de santé det armées, de
1830 à 1864. 3 séries : V* série, 61 vol.; 2< série, 23 vol. ; 3« série, 8 yo\.— Gazette médi-
cale de V Algérie. 1857, 1858, 1859, 1860. 1861. Voir en particulier le travail de J. A. N. Pe-
rler, in E»plor. Scient, de l Alg., citée plus haut; plus, un grand nombre de thèses soute-
nues à Paris, Strasbourg et Hontpellier, par des médecins militaires. L.
jUUiimsi (TommMo). Né à Florence le 17 septembre 1669. Son père,
professeur de chirurgie, lui inculqua les éléments de cette science, et il se livra avec
ardeur à Tétudc de Tanatomie sous l'illustre Bellini. Ses talents lui valurent d'en^*
trer k TAcadémie de Florence et d*étre nommé professeur de chirurgie à Thâpital
de Sainte-Marie-la-Neuve. Alghisi s'adonna surtout à l'opération de la taille,
qu'il pratiquait par le grand appareil, suivant la méthode de Jean de Romanis.
780 ALGJDITÉ.
Arrivé à une haute réputation, Alghisi périt misérablement, le 24 septembre
i7i3, des suites de l'amputation du poignet gauche, nécessitée par une plan'
d'arme à feu. Ses idées sur Ja lithotomie sont consignées dans l'ouvrage suivant :
Utotamia ovvero del cavar la pietra. Firenze, 1707, in-4»; Tenezia, 1708, xw^^.—Uttm
del sign, Tommaso Alghisi al sign. Ant. Valliêneri, etc, nella qmfe si diMCûrre : i'^deVermi
asdte per la Yerga, e di quale sarta ; 2* di un nuovo liquûre da Sehizzare dentro i mlub
corpi per rintracciame lutte la dirimazione anehe capWari ; 3* Uella fasciaiura tngegmtit-
sima de papolo (tEgitto neW imbalsamare i loro cadaveri, etc. In Gioruale de' leltertti
d'Italia, t. YI, p. 149. Réimprimée à la suite de? fiuove Esperieuzet etc., deTaUifnien
Padoue, 17i9.
E. Bgd.
AUSIDITË (algidus, froid, glacé). On appelle ainsi, en pathologie, l'abaisse-
ment anormal de la température du corps, ayant sa cause dans un état morbide
interne. Un membre soumis à une cause directe de réfrigération, comme l'applica-
tion de la glace, pourrait être qualifié d*a1gide au sens étymologique et usuel,
mais non au sens nosologique. Il n'est pas inutile d'ailleurs de faire remarquer (car
règne à cet égard un peu de confusion dans les auteurs) que la significatioD du
mot algidité est limitée au fait même du refroidissement, et ne s'étend pas ii h
sensation du froid. Cette sensation, même portée à un haut degré et accusée par
le frisson, n'implique pas nécessairement, mais surtout ne mesure pas la dimi-
nution réelle de la chaleur. De même, la diminution de la chaleur n'implique pas
la sensation d'un refroidissement. On sait, par exemple, — surtout depuis les
observations de H. Maillot, — que, dans la fièvre pernicieuse dite algide^ le froid
glacial qui s'empare de la peau n'est pas perçu par le malade, tandis que, dans b
fièvre intermittente simple, la température cutanée ne descend pas et même s'élève
un peu (Gavarret), alors que le sujet accuse un froid intense.
L'algidité est un symptôme. On vient de voir qu'elle est un des traits de cer-
taines fièvres d'accès ; elle en est un aussi du sclérème, des obUtérations artérielle •,
de l'asphyxie prolongée, du choléra. Dans le sclérème des nouveau*nés, appeK'
cedème û/^ûtepar M. H. Roger, la température du corps peut descendre de 14 ou 15
degrés. On sait encore que le refroidissement ascendant des membres, plus par-
ticulièrement des membres infériems, est, dans les affections de quelque durée, un
des signes précurseurs de la mort. Enfin, l'algidité, quoique ne constituant jamais,
à parler rigoureusement, une maladie, prend quelquefois, par sa prédominance
dans le groupe symptomatiquc, une importance assez grande pour qu'on ait pu loi
emprunter la désignation même de l'état morbide; on a appelé algidité progremve
des nouveau-nés cet état dans lequel languissent quelques heures ou quelque?
jours, en se refroidissant de plus en plus, les enfants nés trop longtemps anal
terme ou avec une atteinte trop profonde aux organes essentiels de la vie.
La peau algide tantôt conserve sa couleur normale ou revêt une pâleur nute,
comme aux membres des agonisants ; tantôt, cl c'est l'ordinaire, prend une couleur
viplettc ou noirâtre, comme dans le sclérème, l'asphyxie, le choléra. Dans ces
deux dernières maladies, elle se couvre fréquemment d'une sueur visqueuse. lis
différences de teinte de la peau algide soulèvent des questions d*inter{>rétation pfaj*
siologique qui seront mieux placées à l'histoire des maladies où on les ohsene.
Disons seulement que cette interprétation, qui ne nous paraît pas encore pouvoir
rendre un compte entier et rigoureux de toutes les données de l'observation cli-
nique, se tire principalement des phénomènes chimiques de la respiration ri de
l'action du grand sympathique sur le système vasculaîre.
ALGIK8. 781
Nous ne dirons ricii non plus du pronostic et du traitement de l'algidité, qui
varient suivant la nature des maladies auxquelles elle s'associe. Disons seulement que
la gravité du pronostic est généralement en rapport avec le degré de lalgidité, sur-
tout quand 1* humidité visqueuse de la peau se joint au refroidissement. A. D.
AliQUBS. Groupe de plantes cryptogames, dont les limites ont considérable-
ment varié suivant les époques. Pour les anciens, les Algues étaient des plantes
vivant dans l'eau salée ; plus des végétaux à thalles celluleux, tels que des Lichens,
des Hépatiques, certains Champignons. Ainsi TOrseille était alors mmmêeAlga tinc-
toria. D'autre part des plantes aquatiques qui; pour les modernes, sont de véri-
tables Algues, telles que les Ulves, étaient, an temps de Pline, considérées plutôt
comme voisines des Housses, ainsi que semble l'indiquer le nom de ^pva, que ce
naturaliste leur applique.
Toumefort a fait une section particulière, la seconde de sa classe XYII (InstUu-
liones^ p. 565-577), }K)ur des êtres qui sont en partie des plantes cryptogames et
en partie des zoo[diytes. Le titre de cette section porte, il est vrai : De herbis mari-
fit s aut fluviatÛibus quamm flores et ftuctus tmlgo ignarantnr; mais elle
contient, outre tes genres Fucus, Alga, Corallina, les Coraux, les Madrépores,
les É()onges, les Alcyons, etc. Dans la classification de Linné, il n'y a plus d'ani-
maux rangés parmi les Algues ; mais on y trouve les Trémelles, Bgssus\ Lichen*,
Hépatiques, etc. ;et il en est à peu près de même de celle de Bernard de Jussieu (Ca-
talogue du jardin de Trianon, 1759), car on y rencontre, outre les genres réunis
par Linné, le Byssus dont il avait fait un Champignon, le Marsilea et YEquiselum.
C\si au génie universel d'Adanson que la science doit la première circonscription
exacte de la famille des Algues. A Tépoquc même où Bernard de Jussieu venait
de rédiger son Catalogue, « Adanson, dans ses Familles naturelles des Plantes t
exposait nettement les caractères de ces végétaux. 11 formait une famille distincte
sons le nom d*HépatiqueSf des Jfarc/mniûi, Jungermannia, Anthoceros, Blasia^
Ricciaf replaçait les Lichens avec les Champignons à côté des Pezizes, réunissait
le Spongia aux animaux, et groupait les Byssus, les Trémelles, les Couferves, las
Fucus et les Ulves' en deuK familles ; l'une celle des Byssus, comprenant les
ByssuSj les Trémelles et les Conferves; l'autre les Fucus, les Ulves, et quelques
genres qu'il en avait détadiés, tels que Padina, Ceramium, Virsoides, etc.... Il
classait, en outre, dans ses Byssus, deux genres de Micheli, VAspergUlus et le
Botrytis, que Bernard de Jussieu n'avait point inscrits dans son Catalogue; et bien
qu'il soit démontré actuellement (|ue ces deux genres sont des Champignons, et
non des Algues, ce rapprochement n'a rien de surprenant pour ceux qui savent
que ces moisissures se composent d'ulricules disposées en chapelet comme les
Nostocs. » (Payeb, Botanique cryptogamique, p. 54.)
On a donc lieu de s'étonner que L. de Jussieu reprenne, en 1789, dans son
Gênera fdanlarum (p. 6), la délimitation tracée par son oncle, car son Ordre H,
qui est celui des Algues, renferme, outre les Ulva, Fucus et Conferva, les Tré-
melles, Byssus^ Cyathus, Hypoxylum,Sphxria ci Lichens. Et si, dans un ouvrage
de la nature de celui-ci, nous faisons mention d'une pareille confusion, c'est uni-
quement {)Our bien montrer combien ont été de tout temps douteuses les limites
qui séparent les uns des autres, et les diiTérents groupes de Cryptogames, et bien
plus le Règne animal du Règne végétal.
De notre temps, la plupart des botanistes ont considéré, à l'exemple de Y rien,
les Algues comme une sous-classe de rembranchement des Cryptogames , et ib
782 ALGOES.
l'ont subdirisée en trois furotlks : i"* les Pli^^^de H. Montagne (IHcl, (fOrfrtjiiy,
I, 373) ou Algues submergées ; 2* les Byssoeéeê ou Algues amphibies; 3* leb
Lichens ou Algues émergées, dont il ne sera plus question ici. {Doy. Lichens).
Les Algues proprement dites sont donc actuellement des plantes crypCoganm
vivant dans Teau douce ou salée, ou dans le corps d'autres êtres organiafe, à tex-
ture cellulaire ; dépourvues de vaisseaux, sans véritables racines, nues ou enve-
loppées de substance gélatiniforme, puisant directement, et par toute leur surface,
dans les fluides ambiants, les matériaux nécessaires à leur accroissement, et possé-
dant la reproduction sexuelle, dont les organes sont connus dans ira très-gnnd
nombre ; mais non la faculté de se reproduire par des gammes proliBques déve-
loppés à leur surface, que Wallrolh a nommés Gonidies; ce qui les sépare des
Lichens ptx)prement dits.
Retirées des liquides dont le contact est indispensable à leur existence, les Algues
se dessèchent et meurent rapidement. Le milieu dans lequel elles doivent néces-
sairement vivre leur imprime des formes spéciales, dont les principales sont : ou
celle de cellules isolées ou rapprochées les unes des autres; ou celle defih-
ments déliés, capiHacés ; ou celle de lames plates, étalées, continues, ou criblées
d'ouvertuies fenétrées ; ou enfin celle de corps allongés, tantôt aplatis, rubanés,
tantôt plus épais et cylindriques comme des rameaux de Phanérogames. Onn\
peut jamais toutefois distinguer d'une manière absolue un système axile et on
système appendiculaire. Alors même que les Algues aiTectent une forme ramifiée,
et cette ramification peut se produire avec une grande régularité, on ne voit pa^
cependant de diflerence nette entre des feuilles et des branches qui porteraient les
feuilles. Le passage des unes aux autres est insensible, et ce n'est que par une
comparaison éloignée, mais foncièrement inexacte, des Algues avec les plantes
plianêrogames, qu'on applique souvent aux parties des premières les noms de
rameaux, de tiges, de folioles. L'ensemble de ces expansions plus ou moins divisées
porte le nom de Thalle; et la première chose qu'on remarque, c'est que la cooieor
de ce thalle edt extrêmement variable ; tantôt presque incolore, transparent, géiati*
neux, et plus souvent jaune, vert, d'un brun verdâtre ou d'un vert presque nohr;
ailleurs rosé ou du rouge le plus éclatant. Sa consistance est également TariaMe,
tantôt presque nulle, comme celle d'une gelée tremblante ou du tissu odlniairc
jeune des phanérogames , plus souvent celle d'une lame de pardiemin humide,
quelquefois même d'une plaque de matière cornée résistante, comme cartilagineose.
Il y a enfin quel€[ues Algues, comme les CoraUines (voy. ce mot), qui deviennent
analogues, pour Taspect et la consistance, à des madrépores ou à des coraux, fanx
que leur tissu s'encroûte de sels calcaires, quelquelbis en grande abondance ; et
c*est là surtout ce qui a longtemps porté les naturalistes à ranger ces plantes parmi
les Polypiers. Les Algues ont encore un autre point de ressemblance avec les ani-
maux : c'est la manière dont elles se pourrissent à l'air. Elles produisent alors do
émanations nauséabondes et méphytiques dont certaines plages sont infectées. On
sait d*ailleurs qu'elles peuvent agir sur les matériaux sulfatés des eaux de la mer,
et produire un dégagement d'hydrogène sulfuré dont l'odeur se mêle, dans nos
ports, h celle de leur substance organique décomposée.
La première question importante, pour la physiologie générale, qui doive nous
occuper dans l'étude des Algues, c'est donc l'établissement des limites de ce groupe,
du côte du Règne animal, si l'on peut ainsi s'exprimer. On a pu croire, il y a
quelques années, que les animaux infusoircs et les Algues unicellulécs, représen-
tant de part ei d'autre les derniers échelons de chaque Règne, différaient nettement
ALGIES. 785
les uns des autres par des caractères précis et faciles à établir, tels que le mode
d'action par rapport à Fatmosphère, la composition chimique, la sensibilité et la
rootilité. Hais on s*est ensuite aperçu qn*aucun de ces caractères différentiels ne
saurait être considéré comme absolu ; et les zoologistes se sont mis à revendiquer
des êtres que les botanistes considéraient comme ao({tiis défiin'tivement à leur do-
maine, tandis que la botanique s'attribtiait des organismes tek que les Diatomées
qu'on ne regardait plus depuis longtemps que comme des animaux. Dujardin s'est
l'un des premiers appliqué à démontrer que des êtres nombreux regardés par ses
prédéces^surs comme des animalcules, appartenaient au groupe des Algues. D'autre
part beaucoup d'animaux, tels que les Alcyonides, Iwent réintégrés parmi les
Zoophytes, en même temps qu'on démontra que des germes d'Aplysies ou d'ani-
maux analogues avaient été pris pour des plantes aquatiques. M. Berkeley, qui
représente avec tant d'éclat en Angleterre la science cryptogamique, a fait remar-
(|uer que, dès 1833, il attirait l'attention des physiolc^stes sur la possibilité de
trouver réunis, sur un seul individu et dans des circonstances diverses, ce qu'on
considérait alors comme les caractères exclusifs et de la vie animale et de la vie
végétale ; et qu'aujourd'hui les découvertes les phis récentes de nos oontemporains,
relatives aux spermatozoïdes et aux zoospores, ne modifieraient guère ce qu'il
disait alors de ce contact intime des deux Règnes. En réalité, les Algues présentent
des phénomènes vitaux qui sont caractéristiques de la vie animale, mais il n'est
pas inutile de remarquer que ces phénomènes n'appartiennent qu'à une période
relativement courte de leur existence. Il n'en est pas moins vrai que si Ton peut
attendre d'une évolution suffisamment prolongée la solution du problème qui con-
siste à déterminer si un être donné est une plante ou un infusoire, il n'y en a pas
moins un moment où cette détermination n'est pas possible avec les ressources dont
nous disposons. 11 y a une époque oà, comme l'a dit M. Dumas, i la plante se fiut
animal. »
11 y a des Algues formées d'une seule cellule, et d'ordinaire ces plantes unr-
cellulées sont rapprochées en grand nombre, mais sans union réelle entre elles.
Telles sont les Protococcus et les Pletirococcns. D'atitres sont constituées par des
cellules nombreuses, analogues chacune .\ un Protococcus; mais elles sont tontes
réunies par une sorte de gangue commune gélatineuse. C'est ce qu'on voit chez les
CoccochloriSf les Eormospora^ les Palmelles. Comme les diflerentes utriculcsqui
s'observent dans une de ces dernières plantess ont plus ou moins éloignées les unes
des autres, on n'y peut nier l'existence de la gangue ou matière intercellulaire qui
unit les différentes utricules entre elles. Or, il y a tous les degrés transitoires
entre cette disposition et celles où les cellules nombreuses qui constituent une
Algue d'organisation supérieure, sont tangentes par leurs faces et ne laissent pos
apercevoir cette matière intercellulaire. 11 y a des genres très-élevés dans l'échelle
de ces plantes, qui possèdent encore cette substance unissante très«développée et
dont les cellules sont par conséquent fort éloignées les unes des autres. D'antres
Algues sont formées de deux cellules placées bout à bout et qui résultent de la
formation d'une cloison dans une cavité primitivement iniiquc ; telles sont les
Lyngbies. Unicellulées d'abord, età peu prèssphériques, elles s'allongent en tubcetse
cloisonnent. La cloison peut être placée de telle façon qu'on voje bout à bout denx
cellules très-inégales : l'une courte, arrondie comme un Protocoeais; l'autre allongée
et tubuleuse ; c'est ce qui arrive dans les Rivularia, Dans les Conferves, ce n'est
plus une couple de cavités lubuleuses, séparées par une cloison, qu'on voit k la
suite l'une de l'autre; mais des cavités nombreuses, séparées par des doisons en
784 ALGli^S.
•
pareil nombre, moins une. Ces Coaferves ressemblent alors! de longs iilameolslu-
buleux. Hais ailleurs ils peuvent se ramifier, comme chez les i4nAa/tia, Drajmmol'
dia et comme dans un certain nombre d* Algues qu'on observe dans le corps de
Thomme et des animaux.
Quoi qu'il en soit, on ne rencontre dans la substance des Algues que du Itssu
cellulaire; et c'est lui qui prend les formes si variées qu'affectent celles de ces plantes
qui sont le plus élevées en organisation. La plupart des cellules qu'on y rencontre
sont à paroi mince et lisse. Cependant on y peut voir des dessins spiraux comme
ceux qu'on observe si souvent dans les cellules des Phanéiogames. C'est ce qui
arrive dans plusieurs Oanferves, telles que le C. melagoninnif ainsi que l'a autre-
fois indiqué Agardb. Dans certains Zygnema, ce dessin spiral, à tours irréguliers
ou à peu près réguliers, parait dû à un groupement particulier de la matière con-
tenue dans les cellules et que l'on appelle endochrome, La couleur de cette ma-
tière contenue est variable ; elle peut être verdâtre, noirâtre, rougeâtre, en un mot
elle afiecte les différentes teintes que nous retrouverons dans les spores des Algues
et qui, comme nous le verrons, jouent un si grand rôle dans certaines classifica-
tions. On a dit avec raison que toutes les couleurs des fleurs les plus brillaotes
pouvaient se retrouver dans les frondes des Algues, et il y en a même quelques-
unes qui sont d'un beau bleu. Du rose le plus tendre on passe au rouge bnmâlre
le plus intense ; et le vert-olive si foncé qui paraît presque noir mène graduelle-
ment au vert-émeraude le plus vif et de là jusqu'au vert doré le plus éclatant. Mais
quoique avec une couleur verte et une fronde extrêmement divisée quelques Algues
puissent de loin présenter tout à fait l'apparence d'une Housse, d'un Lycopode, ou
même d'un petit arbuste phanérogame, avec des branches, des feuilles et des
racines, leur tissu n'est jamais constitué que par des cellules. Dans les immenses
Laminariées qui s'attachent aux rochers sous-marins, il y a un épaississemeot quel-
quefois énorme, représentant une sorte de pivot radical, et dont le déTeloppement
répond au besoin de donner à ces plantes un point d'attache solide, afin que le
mouvement des flots ne les détache pas facilement. Cependant cette portion du
végétal n'est formée que par du tissu utriciilaire. Il en est de même de ces coq»
cylindriques ou à peu près qu'on observe dans les mômes plantes et qui ressem-
blent tant aux branches et aux rameaux de nos arbres. Ils ne sont constitués que
par des cellules. Il faut noter toutefois que MM. Kutzing et Berkeley ont vu a»
espèces de tiges et de branches s'accroître à peu près à la façon des Exogènes pha-
nérogames, par la décurrence de cellules allongées descendant des rameau\
sur les branches et des branches sur les tiges, en dehors de leurs cellules
préexistantes. C'est ce qui arrive dans les Laminaria, Callithamnùm^ Batrûcho-
spojnum.
Il y a de même des apparences de feuilles, plutôt que des organes appendiculaircs
nettement distincts d'autres organes qui représenteraient des axes. Ce sont di^»
lames aplaties, membraneuses, quelquefois très-larges, mais toujours uniquement
faites de cellules. Dans beaucoup d'espèces, ces expansions sont, dans leur portioa
centrale, entièrement pareilles aux corps cylindroîdes qui figurent des axes; niat>,
de plus, elles s'épanchent de chaque côte en une sorte de lame qui va s'amiucissinl
à droite et h gauche vers les bords. D'ailleurs, ces expansions ne se produisent p3>
avec une symétrie et une régularité prlaile, comme dans les Phanérogames. Cepen-
dant, il y a des espèces où elles sont caduques, comme les feuilles de nosarbn*s,
tombant à l'époque des Iroids, pour i*epousser au commencement de la belh'
saison, 11 en résulte que, comme beaucoup de nos arbres, certaines Algues rameuse^t
. ALGUES. 785
élevées en organisation, n'ont pas du tout la même apparence en été et en liiver.
Il est fort important de remarquer que Taction chimique des Algues sur les mi-
lieux au sein desquels elles vivent n'est pas en rapport avec les différences de co-
loration que présentent leurs frondes et leurs endochromes. Car pour celles qui
âiout vertes, le développement de la matière colorante ne paraît pas' dû à l'action de
la lumi^e solaire. H. de Humboldt a trouvé des Fucus, tels que le F. vitifoUuSy
colorés en vert intense, à une profondeur d'environ deux cents pieds dans la mer ;
Uory de Saint-Vincent a cueilli un Sargassum coloré en brunâtre, à une profon-
deur de six cents pieds, entre les îles de Bourbon et de Madagascar ; et beaucoup
d*Aigues vivent presque à la surface de Teau, sans présenter la moindre trace de
coloration verte. D'autre part, M. Aimé a démontré que, sous l'influence directe des
rayons du soleil, les Algues dégageaient une quantité considérable d'oxygène, au
point qu'il en recueillait tellement un litre, en agitant des plantes réparties sur
une surËice de deux mètres carrés. Hais la couleur de leurs thalles était indiffé-
rente pour la production du phénomène, et la quantité d'oxygène semblait être la
même, que le thalle lût vert, rouge ou brun.
Grâce à leur action sur les milieux ambiants et réciproquement, grâce à *a
longue vitalité et à la perméabilité de leurs nombreuses cellules qui leur servent
de laboratoires, les Algues produisent et accumulent dans leur intérieur des sub-
stances qui les caractérisent encore, car elles sont à peu près les mêmes dans
toutes les espèces. On y trouve une grande quantité de matières gommeuses et amy-
lacées ; Schmidt pense que les gelées qu'on retire de plusieurs espèces, telles que
le Carragahen, et dont il sera question à propos delà matière médicale, est iden-
tique par sa formule chimique avec le sucre et la fécide. Non-seulement ces C/ion-
diiu criipus et autres espèces analogues, les Iridxa edulis, Alaria esctdefUa,
Hhodynumia palmatat etc. , sont vendus tous les jours en grandes masses, sur cer-
tains marchés de TÉcosse, pour à servir l'alimentation publique ; non-seulement
plusieurs explorateurs des côtes et des îles septentrionales et orientales du Royaume-
Uni n'ont pu se procurer pendant quelque temps d'autres aliments dans leurs
voyages ; mais on a préparé avec des Rhodospermées une sorte de blanc-manger
de ' consistance albumineuse; et quelques agriculteurs anglais ont avec succès
mêlé cette gelée à l'alimentation du bétail, et surtout des porcs. Toutefois, M. Pe-
reira considère cette substance alimentaire comme bien distincte de la gomme, de
l'amidon et du sucre. En Australie, on la retrouve dans le Gigartina spedosa et
dans plusieurs espèces du genre Gracilaria, telles que les G. spinosUy lichenaides;
elle est beaucoup plus délicate et plus recherchée, dit-on, que celle qui s'obtient,
en Europe, des Rhodospermées. On sait maintenant que c'est à tort qu'on a cru les
nids des Salanganes formés, en partie du moins, de cette même substance gélati-
niforme ; il n'y a là qu'une ressemblance extérieure, et ces nids sont constitués par
une matière animale. Mais elle se retrouve dans la mousse de Corse, le Gigartina
ou Plocaria Helminthocarton, où ce n'est pas elle, sans doute, qui agit dans
l'emploi de cette plante comme médicament. Le Laver ou Laver-bread du pays de
Galles est une sorte de pain qu'on fabrique précisément avec des Algues, et auquel
on ne reproche qu'un goût particulier, auquel il faut d'abord s'habituer pour ap-
précier tontes les qualités de cet aliment. Dans les régions arctiques, on prépare
une sorte de potage avec des Algues ; en Chine, on emploie une espèce de Noitoc
au même usage, et au Chili, les frondes du Durvillxa utilis. En Norvège, en
Islande et en Irlande, le bétail est conduit sur les bords de la mer où il se nourrit,
à marée basse, des Algues que le Ilot a apportées; et l'aliment qui rend si délicate
MCI. BMC. IL l{)
786 ALGUES.
la chair des tortues marines appartient à plusieurs espèces du genre Cëderpa.
Nous ne faisons qu'indiquer, en passant, l'usage qu'on bit des Varechs pour fiuner
les terres, et l'existence des substances iodées dont il sera traité plus loin, tout
en rappelant que VjEthiôps végétal (voy. ce mot) leur doit sans doute ses pro-
priétés médicamenteuses.
Nous avons vu que les Algues ne peuvent se bien développer que dans un niiheu
liquide. Les Protococcus ne vivent que sur un sol humide ou sur une oouche de
neige. Les Nostocs disparaissent dans les temps secs et ne prennent leurs dévelop-
pements qu'après des pluies abondantes. Nos mares et nos cours d'eau sont rem-
plis de Conierves et d'autres Algues inférieures. Or, il y a longtonps qu'on a
remarqué la très-large dtlfiision de certaines de ces plantes dans les diverses ré*
gions du globe. Là où les conditions de température sont à peu près les méoies,
on retrouve iréquemment,à des distances très-grandesy ou la même espèce, ou du
moins ce qui parait être la même espèce. Le doute est en effet prudent lecaqu'il
s'agit des types infériaus, car les Calothrix, (hciliariaf et autres genres anar
logues, s'observent dans toutes les régions du globe, mais leurs otpèoes sont ma-
définies et difficiles à définir; on ne les observe souvent que sur des échantilloiK
mal conservés, et on ne saurait affirmer positivement qu'il n'y a pas entre elles des
différences spécifiques qui parfois nous échappent. M. J. D. Hooker a bit renur
qner que les Procotoccus qui constituent Ui neige rouge^ qu'on observe si abondam-
ment au pèle nord, et qui seraient faciles à reoonni^tre partout ailleurs, ne se
rencontrent pas sur les hauts pics glaoés de l'Inde orioitale, quoiqu'on y trouve
beaucoup d'autres Cryptogames, Champignons et lichens, cpéeifiqoenient ideo-
tiques à nos espèces européennes les plus communes. Tandis queks Degmidiéis
sont assez communes en Ëurope\ât dans l'Amérique du Nord, on en conoait à
peine quelques*unes provenant des* awtœs régions du globe. An contraire, il y a
des DiaUnnées partout, et en aussi grande abondance aux confias du globe, que
dans les mares des environs de Paris. Les unes sont propres à certains pys; les
antres sont au contraire oosmof)olites.< La oatière siiii^use dont eUes sont impré-
gnées conserve leurs formes et les dessins de leurs snriaces, de <&çoq qu'on peot
toujours les comparer lentre elles. i On voit ainsi que noiMeulemeni les méoie»
espèces peuvent exister à l'état vivant dans des. oentrées estrémenient éloignée»
les unes les autres, mais encore qu'elles peuvent vivre de nos jours et avoir vécu
pendant des périodes géologiques probablement tîès^anciennes.
Le point le plus important de l'histoire des Algues, sous le rapport de la phy-
siologie, et même de la pathologie, c'est l'étude de leurs mganes reprodndeun.
Ces organes ont été longtemps fort incomplètement oonmis, et Ion savait seulement
qu'à part les phénomènes de bourgeonnement, ou de multiplication cellulaire
qu'offrent ces végétaux, ils se reproduisaient par des spores, à la façon des autres
plantes cryptogames. On a plus tard étudié les différents modes de développement
de ces spores, leurs situations diverses sur le végétal, et plus récemment encan;
l'évolution des organes mâles, et le mode d'action de oea agents fécondateurs sur
les produits des organes femelles.
Les Algues qui ne sont tonnées que d'une cellule, se reproduisent par la fonna-
tion, dans l'intérieur de cette cellule-mère, d'autres otricules, ou oellulesrfillei,
qu'elle laisse ensuite échopper et qui deviennent autant d'individus nouveaux.
C'est surtout chez les Protococcuâ qu'on a suivi dans tous ses phases ce mode de
multiplication. Les observations de HH . Pohl, de Flotow, et de beaiioonp d*autrM
savants, ont montré comment la substance asotée, ou jnroîopUumiqu/e^ <pn est
ALGUES. 787
dam l'iiilériear de la paroi de cellulose des Protococcits, forme en se condensant
des masses circouscrites qui ne sont autre chose que déjeunes Algues unicellulaires
naissantes. Pur la surface extérieure, chacune de ces masses de substance azotée
' produit une couche de cellulose, à Tintérieur de laqu^le il s'en dépose ensuite
une seconde couche, puis une troisième, et ainsi de suite, jusqu'à ce que les cel-
lules-filles soient définitivement constituées, pressent sur la cellule-mère, déchirent
sa paroi et constituent autant de jounes Algues indépendantes les unes des autres.
U n*y a donc ici, à proprement parler, qu'une reproduction par multiplication in-
tracellulaire; ce qu'on a encore appelé formation cellulaire libre.
Ailleurs, comme dans beaucoup de Confcrves filamenteuses, où l'on ne voit pas
de véritables organes sexuels, la reproduction se confond avec l'accroissement du
végétal, en ce sens que les portions extrêmes se séparent de la plante mère pîir
leur base vieilKe, et deviennent libres tout en continuant de végéter par leur cxtrc-
milé. On sait que les filaments ne sont autre chose que des tubes cloisonnes, avi c
une couche protoplasmique intérieure è la paroi de cellulose, et produisant, soit
au bout, soit sur les côtés des tubes, de nouvelles cloisons qui augmeniciit graduel-
lement le nombre des cellules, le nombre des ramifications, et préparent ainsi 1 1
fomation d'autant d'individualités qui pourront plus tard quitter la plante-mère
et vivre indépendantes, lies faits analogues s'observent dans les Algues marines les
plus élevées en organisation, et pourvues d'une fronde aplatie et membraneuse.
Ainsi, dans les MacroeystiSy les Sargasmm, et d'autres genres analogues '
destinés à former de vastes prairies flottantes dans la mer, les plantes, d'abord atta-
chées aux corps sous^marins par cette portion que nous avons vue remplissant
les fonctions mécaniques d'une racine, sont arrachées parles mouvements des flofs,
et, à partir de ce moment, se multipKenlt par une division constante de la fronde,
ahsolâiiient comme les masses cellulaires des Algues infêrienres. Ce qu'on a ap*
pelé i>sproduotion des Algues par 'prolt/lcatioftô, se rapporte évidemment à des
faits de cet ordre. Les espèces vivaces, ou bisannuelles, en sont le plus ordinaire-
ment leùége. Les Pkylbphorat les Rhodymeniaf les Ceramium, présentent ainsi
des ramules des deux côtés, ou d^un seul côté même, naissant de leur portion
principale. Dans les Pdyriphaniay ce sont des espèces de racines adventives qui
joneut le même rôle. Et de même que les bourgeons des Phanérogames, aloi-s
qu'ils se développent sur les branches, peuvent être tout à fait semblables aux em-
bryons qui sortent de leurs graines, de même il y a une ressemblance complète en-
tre OGS prolificalions à leur premier âge, et les jeunes individus qui résultent de
l'accroissement d'une spore en germination. II paraît même que certains Sargas-
smHy comme le S, baccifenim, n'ont pas de spores et ne se reproduisent que par une
pnrfification indéfinie. De jeunes pousses qui ressemblent plus ou moins à des
feuilles, se développent sans cesse sur les irondes divisées et se distinguent aisé-
ment par leur teinte ]ilus claii'e des anciennes perdons colorées eu brun-roussâtre.
Quelques .Algues se développent dans les matières organiques en putréfaction,
telles sont les Leptofniitis ; d'autres, dans les litpiides du tube digestif, dans le
noeus utéhn, l'urine, l'épiderme, les milieux de l'œil, la salive, le suc gastrique.
U y en a enfin, telles que Cryptococcus cerevisix Ki)tz, qui vivent dans les
liquides en fermentation, constituant ce cpi'on appelle levùrôf et cpii paraissent
partager avec les Myoodermes le rôle important que ceux-ci jouent dans tous les
phémmièDes de fermentation étudiés jusqu'à présent. {Vay. Crvptocoqur, Fer-
ME^TATIOW.)
I.es Algues marines observent dans leur distribution gcographi(]ue u:iclM*au(oup
788 ALGUES.
plus grande régulaiité. Cette dîstributioii est souinise à des espèces de lois d^ entre-
vues depuis longtemps, mais qui n'ont jamais été mieux démontrées que fêr ïe<
admirables recherches et les voyages répétés du professeur Hanrey. Il semble que
dans la profondeur des mers chaque espèce appartienne i une lone au-dessus et
an -dessous de laquelle sa végétation devient impossible; ce qui permet de supposer
()ue chaque espèce ne peut supporter qu'une certaine somme de pression et de lu-
mière. Il y a des Algues qui flottent à la surface, telles les Ci/itateira^ les Iri-
deUy plusieurs Ulves et Conferves. Plus bas, il y a encore desOlvaoées, des GMifer-
^ces, et surtout de nombreuses Floridées à frondes rosées ou pourprées. Nous avons
vu, au contraire, des Sargassum et des Caulerpay péchés à une très-grande pro-
loiideur, au delà même des limites trop restreintes auxquelles les physiologisles
ont autrefois déclaré impossibles le dévdoppement et la vie des êtres (ogunaê^.
Chaque mer peut avoir aussi sa flore spéciale. Dans les océans Arctique et Ântarc-
ti(|ue, sur nos côtes, il y a abondance de Laminariées, représentées chei nous par
un petit nombre d'espèces, mais par une quantité prodigieuse d'individus Leur
nombre augmente encore davantage vers la côte orientale de l'Asie, ou la cote oc-
cidentale de TAménque du Nord. Dans l'océan Arctique, la plupart des Laminariétf
sont simples ; elles sont rameuses, comme les MacrocystiSj Ltssonia^ etc., dans
l'océan Antarctique. Ces Lessonia, lesDurvUlea, etc., sont inconnus dans les mers
septentrionales, et caractérisent Théniisphère austral. 11 y a des genres, tels que les
. Catderpa, qui sont à |)eiue connus en Europe; on ne les a observés qu'en Espagne
et au nord de la Méditerranée. L'espèce qui a si longtemps servi seule i la &farica-
tion de l'.Cthiops végétal, le Fucus vesiciUoms, si oonunune sur les corps sons-
marins de nos cotes occidentales, ne se trouve que flottante et détachée par les cou-
rants dans les eaux de la Méditerranée. On serait tenté de croire que les méme^
espèces doivent exister dans mie même mer, à l'ouest de l'Europe et à l'est de l'A*
niériquc; ce l'ait n'est pas absolument vrai. Le Fucus serratus, si commun cfaes
nous, ne se retrouve pas du côté du Nouveau Monde. Les F. nodasuseivesieulogus
croissent, il est vrai, des deux cotés de l'Océan. Quoiqu'il y ait beaucoup de Lami-
u:iires sur les deux rives, il y en a bien des espèces américaines qui sonttotaleaien&
incoiuiues chez nous. Mais à mesure qu'on s'avance vers le sud, on voit les
cl les Laminaria diminuer. Bientôt apparaissent les Cystoseira, puis les
gassum inconnus dans les mers boréales et formant de chaque coté de l'équatcur,
dans une étendue d'environ 40 degrés, d'immenses mers herbeuses qui se
relrouvent dans l'océan Pacifique. La température des mers n'est pas sans influence
sur cette distribution géogi'aphique ; et ce qui le prouve, c'est l'apparition de «r-
laiiies espèces propres aux mers plus chaudes, dans les eaux glacées du Nord, aux
points où certains courants viennent les réchauffer. Quelques espèces qui dépassent
i\ peine le nord de la France, et disparaissent plus au nord, se montrentde nouveau,
après une large interruption, vers le nord de l'Irlande, dans les mers réchauffées
|KU' les courants tièdes de l'Atlantique. Certains Desmaretia des côtes de l'ÉooGae
sont des plantes qui disparaissent tout le long de celles de la France et qui abon-
dent au niveau de l'Espagne ; probablement pour la même raison. 11 est vrai enfin
que d'une manière générale les grandes Algues sont des plantes des larges océans,
et que les mers étroites ne nourrissent que des espèces de petites dimensions. Les
goures de la Médilermnée n'atteignent pas de grandes proportions; ce sont des
rivées, des Céramiées, etc.; les espèces monstrueuses, bien plus déveli^ipées que
nos arbres les plus gigantesques, le DurviUea utt/is, le Laminaria Inîcdn^^
sont dos piaules du plus large des océans, l'océan Atlantique.
A LOI' ES. 7S0
•
M. Moiitagiic (I qui nous oniprunlons ces détails, a disliiiguo cotto proHficntirr,
qui ne doit passoii origine an développement d'une cellule unique, do la propm],.'
lion ou reproduction pai* p^opagules, dans laquelle l'endochronie ou coiiIcimi
d'une cellule peut lui-même végéter et devenir une plante isolée. Des fragTO(ii:>
de Vaucheriaf isolés les uns des autres, se complètent peu à peu et constituent,
suivant M. Thuret, autant d'individus distincts. Une seule cellule corticale do
Phycolapathum^ peut, d'après M. J. Âgardh, végéter et produire une nouvelle
Ironde, semblable en cela à ces bulbilles de Monocotytédones qui peuvent nnitri*
d'une cellule et devenir ensuite des plantes complètes, avec un axe et des r.p-
[?endioe8.
La simple fissiparité, d'après Meneghîni, est le mode de multiplication de cer-
taines Algues inférieures, telles que les Cyiindrocystis. fl y a même des auteurs
qui ont admis une génération spontanée des Algues les pins inférieures ; question
qui demande à être examinée sérieusement. (Voy. Gémératio.^.)
Mais c'est par des spores que les Algues élevées en organisation se reproduisent
le plus communément, par une sorte de germination qui- n'est qu'une multiplica-
tion de la cellule unique représentée d'abord par la spore. On a surtout étudié lo
mode de production de ces spores et leur manière d'être placées sur la plante,
quand on a voulu se servir de ces caractères pour classer les Algues. C'est cr qu'a
surtout fait, il y a quelques années, M. Decaisne (Essai sw une clasfiification
des Algues et des Polypiers caUnféres, d842) ; et quoique la classification pro-
|!06ée par ce savant ne soit plus admissible aujourd'hui, d'après la déclaration
d'un excellent juge en cette matière, H. Montagne, les travaux entrepris dans
cotte voie n n'en ont pas moins été, dit M. Montagne, fort utiles pouf la limitation
de certaines tribus et de certains genres d'Algues. »
i^ En considérant la spore comme l'analogue de l'embryon des végétaux pha-
nérogames, ou voit que cette spore peut être d'abord formée aux dépens de In ma-
tière contenue dans les cellules de la plante, matière que nous avons déjà désignoi*
sons le nom Sendochrùtne et dont il nous faut d'abord bien étiblir la nature.
Il peut y avoir deux choses dans une des cellules qui forment la fronde dos
Algues, sans parler des substances protoplasniiques solides ou difl1t:ontes qtii
existent dans ses utricules, comme dans toutes les autres en général : un fluido
et un solide. Le fluide est ordinairement de nature aqueuse ; le solide est niio
fiiibstance granuleuse, colorée d'ordinaire , c'est la substance gonimique ou endo-
chrome, L'endochrome peut former une masse unique dans la cellule, ou plusieurs
masses distinctes, dispositions suivant lesquelles on l'appelle ou nticléiforme, o!i
:.M'anuleux.
«
C'est cette matière solide, ordinairement verte, qui s'orgatnse dans chaqno
cellule et forme une ou plusieurs spores. Quant au nom de zoofi] ores qu'on a
donné à ces corps reproducteurs, et à celui d'Algues loosporées qti'ont reçu celtes
qui eu sont pourvues, il est dû à ce que ces spores munies d'organes locomoteur^
IKtriiculiers, que nous étudierons un peu plus loin, sont douées de mouvements
<-omperables à ceux qu'on observe chez les animaux et qui, servant à leur dissé-
mination, cessent au moment où leur germination va commencer.
2' Les Algues que M. Decaisne a nommées Synsporées sont des plantes d'eau
douce dont les cellules sont placées bout à bout, pour former des tubes cloisonnés.
b(?ux de ces tubes étant placés l'un près de l'autre et à peu près parallèles, les
cellules de chacun d'eux se gonflent du côté qui regarde le tube voisin. Les deux
;;onflenients se touchent, s'unis-;»nt ; la double paroi qui les «répare au |ioinl de
700 ALGUES.
contact disparaît, et les deux cellules n'en fout plus qu'une. L*eiidochroiiiede lunr
passe alors dans l'autre et se confond avec celui que cette dernière oootenait. ht
spore résulte de la fusion de ces deux masses, et devient dès Ion apte à germer ci k
reproduire une Algue Synspm'ée; expression qui indique bien ce mode de eopila-
tion de deux filaments voisins, mais qui a perdu sa valeur au point de vue de h
classification, depuis que M. Hassal a fait voir que la copulation des filaments
n'est pas nécessaire à la formation des spoi'es.
o"" Le mot d' Haplosporées avait été fait pour des Algues c k spore extenie.
indépendante du tissu environnanteten général acoompagnéede filaments à lalia<«
desquels elle s'insère » (Decaisne). Dans ces Algues, il y a parfois des cavités par-
ticulières ou cancqfftacles qui s'ouvrent à Textérieurpai* une petite ouverturs et qui
sont garnies intérieurement et de spores et de ûlets ou poils celluleux stériles, «i
d'organes mâles qui leur sont interposés. D après H. Montagne, « de oouvdk»
cl importantes observations, faites successivement par MM. Dickie, Cronan, et par
MM. Decaisne et Thuret, ont démontré (|ue la dénomination i'Haphtparfet n'a-
vait plus de fondement, n^
4*^ Les Algues Chovistosporées sont celles dont la spore, renfermée dans mie
utriculc interne ou externe, se partage à sa maturité en quatre corps reprodixy
teurs rouges, dont nous parlons un peu plus loin.
Ces quatre groupes ne pouvant être ainsi distingués d'ime manière aussi abaohie
qu'on l'avait cru d'abord, on peut réduire l'étude générale des corps reproducteurs
femelles à trois choses qui sont : A. les Spores proprement dites; B. lesZootpores;
C. les cavités qui renferment les unes ou les autres, et qu'on peut appekr des
Canceptacles»
A. Spores, Elles répondent aux spores ordinaires des autres Cryptogames et
représentent des sacs ù paroi de cellulose, sans appendices spéciaux à leur soriace
extérieure, avec un contenu analogue à celui des cellules en général. Il y en a de
."^impies, et d'autres qu'on appelle tétrasporeSyqm^aai simples d'abord, mais dont
l'endochrome se divise plus lard, quand la plante approche de sa maliirité, en
quatre portions qui deviennent autant de spores secondaires. Lès deux espèces de
spores peuvent se renooulrer daus une même plante, ou exister l'une sans l'autre.
Ainsi les Fl(«*idées oui des spores simples et des tétraspores. Les autres Algnas ont
des spores simples, mais peuvent, avec elles, posséder des zoospsres.
B. Zoospores. Ces corps reproducteurs si intéressants, non^eulemenl pour
la question que nous traitons ici, mais encore au point de vue de la physiologie
générale, n'oul été étudiés aussi complètement par personne que par M. Thuret,
notamment dans son mémoire couronné en 1847 par l'Académie des sciences. Le»
zoospores sont des corps agités d'un mouvement particulier qui se répandent dan$
l'eau en sortant de la plante, et qui nagent vivement au moyen de db vifaratiie».
lis paraissent alors tout ù fait sembhibles à des infusoires; mais ils en difRrem en
ce (|u'un peu plus tard on le$i voit s'arrêter, perdre leivscils vibratiles et entrer ai
germination, à la manière des spores ordinaires. Les Algues aoosporées sont bien
plus nombreuses qu'on ne l'avait cru d'abord, et l'ona reconnu l'existence des
resdansun très-grand nombre d'espèces à couleur oUvâtreouverdâtre. Ces
naissent dans des cellules, et sont toujours produits par une coagulation de la matière
contenue dans ces cavités. Cette matière s'agglomère en petites masses qui devien-
nent graduellement autant de zoospores. Chacun d'eux se présente d'abord sous
forme d'un corpuscule dépourvu de tout tégument analogue à une couche ceHa-
losique; et, conune dans les infusoires les plus simples, il y a ahtence de
ALGUES. 701
brane périphérique, kwm une goutte d'ammoniaque produit-elle chez les uns et
les autres une diffluenoe rapide de la substance hyaline qui constitue la masse; cl
celle-ci peut se segmenter et se souder aux masses voisines, sans trace ultérieure
de» points de jonction. Complètement formés, les zoospcres s'agitent déjà dans la
cavité qui leur a donné naissance, puis ils en sortent par une petite ouverture
dont la place est reoonnaissable longtemps avant le développement des zoospores.
On les voit alora lancés en masse dans le liquide ambiant, sous forme de petits
ovoïdes ayant ordinairement de ^^ à ^ de millimètre de. longueur. Les plus
f^n», ceux des Vaiichma , atteignant -^ de millimètre. Leur extrémité s'eflile
en un rostre qu'on avait considéré comme produisant, par son inflexion à droite
et à gauche, le mouvement de progression du zoospore. Hais le rostre est en réalité
immobile, et le mouvement est dû, ainsi que la découvert H. Thuret, à des cils
vibratilcs implantés, ou sur tonte la surface du zoospore, comme chez les VaU'
ekeria, ou seulement en petit nombre et insérés aux deux extrémités (Ectocarpus^
Ualigmia, Laminaria), ou plus souvent placés au nombre de quatre (VlothriXt
ChsBt€phora), on de deux (Cladophora, Sajnvlegnia) sur l'extrémité amincie du
rostre. Les mouvements de ces cils vifaratiles sont les mêmes que dans les ani-
maux ; ils obéissent aux mômes lois, s'élèvent, s'abaissent, ondulent, et possèdent
ce que Yalentin a appelé le mouvement d'oscillation. Dans notre Thès<3 de eonc«urs
sur les Mouvements dans les organes sexuels des végéUuiX (i856), nous avons
résumé ainsi qu'il suit les causes qui font varier l'intensité de cei mouvements :
<( 1® Seloii le milieu dans lequel se trouve le corpuscule; nous avons vu l'iode el
Topium les ralentir. Poussée plus loin, leur action tue les spores, qui ne sauraient
•plus germer. H en est de mtoe de l'alcool, de l'ammoniaque, des acides, etc.
: 2® Selon l'intensité de la lumière. Dès que le vase où ils se trouvent est éclairé, les
* zoospores se portent rapidement vers le point le moins obscur. Hais le contraire
arrive quelquefois. 11 peut même y avoir partage, les uns fuyant le jour, les autres
le recherchant; ces deniiers sont toujours plus actifr, plus propres à la germina*
tion (Agardh , Tbmiet) . L'émission même hors des sporanges est influencée par
la lumière. M. Thuret les a vus sortir en grand nombre quand le ciel venait à
s'éclaircir 3* Selon l'heure du jour, ce qui tient peut-être à la cause précédem-
ment signalée. A peu d'exceptions près, c'est le matin, de bonne heure, que les
spores M>rtent et s'agitent; plus tard, elles sont déjà fixées. De là, penilaiit long-
temps, l'impossibilité dans laquelle se trouvèrent les observateurs de reucontrer
ces organes. 4® Selon la température. Une chaleur modérée accélère l'émission et
les mouvements des spores; une trop liante température les tue. C'est sous l'in-
lYuence de toutes ces causes réunies que s'exécutent, pendant un temps générale-
ment fort borné, les mouvements des zoospores. Il est rare qu'ils durent au delà
d'une journée ; en quelques heures g&iéralement, toute évolution est terminée.
Alors les corpuscules tombent au fond du vase qui les contient, ou s arrêtent contre
quelque corps qui plonge dans le liquide. La période de mouvement est terminée;
les animaux deviennent des plantes. Le point qui correspond au rostre fixe le
nouveau germe qui perd ses cils vibratiies; ceux-ci une fois tombés ou désorgani-
sés, le sommet de la spore s'allonge et devient une sorte de radicule rudimeu-
taire. Ce tube radiculaire est généralement hyalin, incolore; il ne tarde pas à se
diviser en plusieurs petites radicelles. L'autre extrémité vers laquelle se réfugie la
matière chromulaire se développe et forme peu à peu une fironde semblable à celle
de la plante mère. »
C. ConceptarJes. Il n'y a ohesE les Algues zoospermées d'autres conceptaeles
792 ALGUES.
que oerlniiK's CL4lnle>, iral)or(l semblables aii& autres , puis dans l'intérieur àesr-
quelles se forment les zoospores. Dans les Conjuguées, d^ deux cellules qui jouetR
un rôle dans la formation des spores, une seule, celle qui reçoit le cooteiui di»
Tautre, joue le rôle de conceptacle. Dans la plupart des autres Algues, le coonp-
tacle est une cavité particulière limitée par des cellules et communiquant awc
lextérieur de la fronde par un pore que M. Kûtzing a nommé Carpostomium, Ce»
oonceptacle$ sont tantôt isolés, semés ^ et là sur le tissu de la fronde, tantôt, comme
il arrive dans plusieurs de nos Fucus communs, réunis en une sorte d'infloresceDoe
formant épi, ou quelque chose d'analogue, au sommet des frondes. Ou les spocanges
sont ou attachées sur les parois intérieures de cette cavité par une espèce de placen-
tation pariétale ; ou bien un corps rappelant un placenta s'avance dans l'intériettr
de la cavité, où il supporte ces sporanges; ce qui correspond à une placoitation
centrale. Ce placenta peut être court, comme dans les Polysiphonia^ ou renflé,
hémisphérique, comme dans les Thamnophûra; ou allongé en une sorte de gabe^
comme dans certains Sphxroccùcus, Outre les sporanges qui contiennent tesspor»
dans leur intérieur, le conceplacle peut encore loger des organes fécondateuismàiei
dont nous allons nous occuper maintenant; de façon que la plante présente alors
une sorte de monœcie comparable à celle qu*on observe dans les Phanérogame».
Organes mâles. Outre les corps reproducteurs femelles, analogues aux graines,
que possèdent les Algues, on connaît dans un certain nombre d'entre elles, comme
dans beaucoup de Cryptogames, des organes mâles ou fécondateurs qui sont les ana-
logues de Tandrocée des Phanérogames. De là le nom A^Anthéridies qu on a ap-
pUqué à ces organes; et comme les corpuscules contenus dans leur cavité, et qu'on
peut comparer jusqu'à un certain point aux grains de pollen, sont, comme ks
Koospores, pourvus de mouvements dus à des cils vibratÛes et^ rappelant les attri-
buts de l'animalité, on les a nommés Anthérozoïdes^ ou Phtfiozoaires^ ou Sper-
matozoïdes, Ces anthérozoïdes, également si bien étudiés par M. Tburet, depuis
une vingtaine d'années, sout de très-petits corps hyalins n'ayant guère que «i^de
milUmètre et renfermant souvent un granule gris ou rouge-orangé, bien distinct
du reste de sa masse. Ces corps ovoïdes, ou à peu près sphériques, ou en forme de
bouteille, se meuvent aussi à l'aide de cils vibratiles, ordinairement au nombre
de deux, souvent inégaux et placés, l'un en avant, l'autre en arrière. Les aotbéri-
dies sont des cellules ou des sacs qui renferment ces spermatosoïdes; et elles sont
placées dans les conceptacles au sommet de filaments ou poils articulés et ren-
versés, qui convergent vers l'ostiole du conceptacle et favorisent la sortie descorps
reproducteurs. S'il y a des sporanges en môme temps dans le conceptacle, la plante
est monoïque. Pendant longtemps on n'a connu que des Algues dioiques. La plu-
part de celles, qui contenaient des zoospores ne possédaient pas d'anthéroioïdes.
Mais on connaît maintenant wi assez grand nombre d'exemples de moncecies.
Beaucoup de nos Fucacées les plus communes ont, dans leurs conceptacles, et des
anthéridies au sommet des filaments, et des sporanges à leur base.
De l'action des anthéridies sur les spores résulte le phénomène de la fécondation
qui, si |)eu connu qu'il soit dans son essence, parait cependant pouvoir être com-
paré a l'influence pollinique sur la vésicule embryonnaire. Le contact des anthé-
rozoïdes des Fucacées avec les organes femelles est favorisé par l'action du milieu
dans lequel les agents mâles nagent par milliers lors de l'espèce d'éjaculation qui
les rond libres. D'une manière plus prticulière, des laits tels que ceux que doun
ont révélés les admirables observations de MM. Pringsheim, de Bary, etc., rebti-
voniont aux Œdogoniées, Vacthérites, etc., ouvrent ton te une série nouvelle de pbé-
Al.Cri.S. "iOTt
iioRièiies merveilleux nccoiii^ li> vers les limites des deux Règnes orgamques pour as-
surer rimprégnatioii des corpuscules femelles. Il nous suffira de citer l'histoire de
ces anthérozoïdes A*Œdogonium, tracée en 1856, par M. de Bary, dans les Mé-
moires de la Société de Fribourg en Brisgau, où les agents mâles constituent
une sorte de plantule partagée en deux logettes superposées, chaque logette don-
nant naissance à un anthérozoïde qui va nageant vers la spore le rostre en avant,
attiré comme par une force élastique, puis repoussé du sporange, finissant par se
fixer sur la papille de la spore par son rostre, se roidissant et demeurant immo-
bile, après avoir ainsi assuré la fécondité de la spore; à moins que le corpuscule
fécondateur arrivé près de la spore à une époque inopportune, ne s'épuise autoiv
d'elle en vains efforts et finisse par s'abîmer au fond du liquide, après avoir long-
temps pirouetté autour de l'organe femelle. Ailleurs M. Pringsheira nous montre
dans un Vaucheria^ tel que le V. xessilis deLyngbie, un tube commun portant à
côté l'un de l'autre un sporange et une anthéridie. Le protoplasma du sporange
se condense au centre de la cavité ; après quoi sa paroi s'ouvre au sommet par
uue sorte de rupture. L'organe femelle est prêt à recevoir l'imprégnation. Alors
l'anthéridie, sous forme d'une cavité cellulaire à sonunet allongé, incline ce som-
met vers l'ouverture femelle : sa paroi se rompt également et laisse échapper les
spermatozoïdes qui sortent de leur cellule mère et vont directement pénétrer en
face dans l'organe femelle; disposition qui i-appelle celle des étamines s'inclinant jus-
qu'au pistil qu'elles doivent féconder et qui rend à peine indispensable la présence
des rames vibratiles qu'on dbserve à la surface des anthérozoïdes.
Classification des algues. Un groupe aussi immense que celui des Algues né-
cessite une bonne classification. Beaucoup de tentatives ont été faites dans ce seas ;
mais la natm'e de cet ouvrage ne nous permet pas d'y insister. Nous ferons seule-
ment remarquer qu'il y a déjà un demi-siède, G. Agardh a proposé de distinguer
les Algues d'après leur couleur ; mode déclassement qui correspond, comme nous
le verrons, à des diflérences réelles d'organisation, et qui, dans tous les cas, est en
général fort commode à appliquer pour le médecin qui voyage et qui n'a pas ap-
profondi cette partie de la science. Toutes les Algues sont pour C. Agardh : i'* hya-
lines, 2^ vertes, 3® rouges, ou 4"" olivacées. Fries, dans son Flora scanica, ne tient
au contraire aucun compte de la couleur, pour tracer les trois grandes divisions
qu'il établit dans les Algues, et qui sont : l*" Fucacées, 3° Vlvacées, 3*" Diatomées.
Nousavons déjà montré (p. 789,790) sur quelles bases repose la classification établie
par M. Decaisne, en 1842. Elle n a point été adoptée par H. Kûtziug qui, l'annéo
suivante, a proposé les divisions suivantes, adoptées de nos jours par un grand
nombre d'algologues. Toutes les Algues y sont partagées d'abord en deux grandes
classes : les hocarpées et les Hétérocarpées. Gomme l'indiquent ces mots, les pre-
mières n'ont qu'une espèce de spores dans une même plante ; les dernières ont
deux modes de fructification et représentent à la fois ce qu'on nommait autrefois
les Floridées et ce que M. Decaisne appelle les Ghoristosporées.
La classification du professeur Ilarvey, dérivée, comme on va le voir, de celle do
C. Agardh, est la seule, à ce qu'il nous semble, qu'on puisse proposer aux méde-
cins et aux physiologistes qui peuvent avoir besoin de déterminer iadlement et ra-
pidement la place que doit occuper une Algue dans la série de ces plantes. J'syon-
terai que les hommes les plus compétents, comme le docteur Berkeley, la
considèrent même comme répondant mieux que toute autre aux caractères naturels
et à l'oi^anisation des Algues. Elle est fondée avant tout sur la coloration des
spores, qui sont : ou d'un veit-noiràlre ou olivâtre, ou roii^eâtres, ou franchement
ALGDES 795
convient d'objecter que ces Algues produisent des spores capables elles-mêmes de
donner naissance à de nouvelles générations d'êtres identiques à leurs parents. Les
principales Algues obser>'ées sur les animaux vivants appartiennent aux genres :
Chœtaphara, Eccrina, Zygnema, EnteivbryuSy Uouliniea^ Saprolegnia, Clado-
phytum, Psoropermum, Cryptococcus, Merismopedia^ Leptolhrix, Oscillaria et
Leptomites, Les cinq derniers genres ont seuls été observés chez l'homme ; et lors-
qu'il sera question isolément de chacun d'eux, nous verrons dans quelle portion
du corps humain et dans quelles circonstances leurs espèces se sont produites. Les
autres genres n'apnt encore été rencontrés que dans le corps des animaux, il
siiifit ici d'en indiquer simplement le nom. U est probuble que cette liste s'ac-
croîtra tôt ou tard de nouveaux genres, [jes Cryptococcus otfrent encore cette par-
ticularité que leur histoire est liée à celle de certaines boissons fermentées. {Voy.
UiKRE, Fermentation). H. Bailix>n.
BiBLioGRAppiE. — Il n'y a pas lieu de song^er à donner ici une bibliographie complète de
l'article Algues ; nous envoyons pour cela aux ouvrages spéciaux, et entre autres au Catalogue
de Pritiel. Mais nous indiquerons ici, seulement pour le médecin ou le physiologiste qui
veut s'éclairer sur les questions biologiques ou médicales relatives à ces plantes, les prin-
cipaux traités riches en observations et en caractères de première importance :
Adansox, Famille des plantes^ t. II, 12. Paris, 1750. — Vauchrh, Histoire des (Uinferves
deau douce, contenant le^ différents modes de reproduction^ etc. (.enëve, 1803. — Lamodroux.
Dissertation sur plusieurs espèces de Fucus, Paris. 1805. — Johoins. Wasser-Algen, Hanovre,
1816. — A6AB0H (C). Speàes Algarum, Gryphiaî, 1825-^8. — Systema Algarum, Lund., 1824.
— Gbevhxb, Algx Britannicas, Edimbourg. 1850. — Lvngbii. Hydrophytolog. Danica. Havniœ,
1810.— Zahardini. Syn. Algar. mar. Adriatici. Turin, 1841. — Saggio di elassitlcazione Alg.
Venise, 1843. — Lamouboux. Essai sur les Thalassiophytes inarticul. Paris, 1813. — Agardh (J.).
Alg. mur. Mediterr. Paris. 1842. — Spe<;., gen. et ord. Algarum. Lund., 1848. — Dbcaisni.
£Mai, etc. [voy, p. 789). — Thubet. Mémoires divers sur la reproduction des Algues, In Ann,
des Se, natur. 3- série : III, 274; XIV. 215, 212; XVI. 5. 4* Série : II, 107 ; III, 5; VII. 34;
XI, 372. — Mo!«TAGxE. Considérations générales sur les Phycées ou Algues submergées. In
Hisi nat. de Cuba de R. de la Sagra. 1838. — Art. Algcbs et Pbtcologie du Dict, univ, d'his-
ioire naturelle de d'Orbigny, t. X. Paris, 1847.— Patbr. Botanique cryptoganUgue (p. 15-54).
Paris, 1850. —ËKDLicHER, Gen. plantar. (p. 1-10]. Vienne, 1836-40. — Mmeli. Die fieuem
Aigensyst, Zurich, 1847. — A. Kutzing. Phycologia generalis. Leipzig, iSAô. ^ Spedes Algar.
Leipzig, 1849. — Ta^ii/a; phycologicœ. iS^.-- Algar. aq. dule. Decad. \tSZ6.~^Kieselschal,
Diatom. Nordhausen, 1844.— Thwaites. Mémoires divers. In Annals J., S-ag. ofNat. Hist.
Londres.— Princshbim. Ueber die Befrucht. der Algen, etc. Berlin, 1855.— Untersuch. ûber Be-
frueht,, etc. 1856. — ^it/u/iW/é;/. des Aehlya proliféra. In Act. Ac. Uopold -Cxsar,, t. XXIII»
p. 1. — Habvet. Man. of British Algse. Londres, 1841. — Phycolog, Britann.y 1846, etc. —
Nereis Australis, 1847. — iV«rm Boréal. -Americ. Washington, 1852. — Bebkelct. Glean. of
Brii. Alg. Londres, 1833. — /»/rod. to Cryptogam. Botan. Londres, 11*57 (p. 84-234).—
Peheiba. Mat, méd. (édit. 4), 2, II, 2. — Lmol. FI. med.. 630.
On trouvera un résumé concis de ce qui a éié dit des mouvements des corps reproduc-
teurs des Algues, dans notre thèse intitulée : Des mouvements dans les organes sexuels des
végétaux et dans les produits de ces organes, Paris, 1856.
Pour ce (|ui est relatif aux Algues parasites, consultez l'ouvrage remarquable du profes-
seur Ch. Robin, intitulé : Histoire naturelle des végétaux parasites qui croissent sur l'homme
et les animaux vivants. Paris, 1853 (p, 290-97)
Voyez en outre les articles: Alaeia, Galcouge, Garraoabeit, Gboudrus, Ghorda, GoRrEBVB,
CoBALLixE, Cryptocoque, DuBviiLiiE, FocoîDËES, FocDs, Gelix, Gigaetine, Haligénie, Ieid^e, Lami-
5AiftE, Leptomite, Leptotbbix, Mkrismupédib, Mousses de Cryla:!, de Gobse, perlée, etc., Nostoc,
OsciLLAiRE, Parasites, Ploclabia, Pobphyri, Hbootméxie, Ulvb. H. B?i.
PIN DU DBUX|^.MB VOMJMIi.
798
ARTICLES DU DEUXIÈME VOLUME.
ÂGLAOPiions (voy. Pivoine).
Aglemuctes [voy. Eskimaux)
Agl«8sb. Laboulbène. 190
Aghead de ScTTHiE. BailloD. 191
Aonuft Gâstus (voy. Gatiilier).
Agouie. Parrot. 191
AGomsTiQUE. 195
Agbifb. Le Fort. 195
Agricola (George). Ghéreau. 195
Agricola (George-André). Id. 196
Agricola (Jean). Id. 196
Agricola (Jean-Ammonius). Id. 196
Agriculteurs [voy Rurale (^ygiène)'
Agripaume. BailloD. 196
— [Pharmacologie). Réveil. 197
Agrippa (Hcori-Conieille). Ghéreau. 107
Agroptrox (voy. Cfiiewient).
Agrostbme. BaiUos. i9U
Agoapb (voy. Nénupfiar),
Agueba (Eaux minérales de Sauta-).
Roturetu. 190
Aguero [Bartholomeo, hidalgo de].
Beaugraod. 901
Ahouai. BaiUon. SOA
AMRoif (voy. Aaron).
Aï (voy. Dwrtes synoviales des teudms]
AiGLARTiKE (voy. AncoU^,
AiGXAH [François). Beaugrand -^
AiGRCMQure. Bâillon» .208
— (Pharmacologie). Réveil. ,20?
AiGREOKs (voy. Pyrcsis),
Aiguë (maladie). Axenleld. 203
Ajguepkrse (Eaux, minérales d' .
Rolureau. 2M
AiAURt-CaAODEs (Eaux minérales d').
Id. 204
AiGLiLLEs. Legouest. 20é
Aiguilleurs. Beaugrand. 208
.\I6U1SCUAS. Id. 208
AiKi!< (John). Id. 218
AiRiis (Gharles-Rogusou). Id. 219
Ail. Bâillon. 2)9
— (Pliaimafologie). Réveil. 224
.ViLASTHE. Bâillon. 226
— (Pharmacologie). Réveil. 226
.AiLMAUD Jean) et Ailuaud (Jean-Gaspard). ...
B^ugravd. 2^
Auj^EBousT (Jean). Id. 227
Adiaxt. Gavarret. 227
AiiiAR(Onas). Beaugrand. 228
Aine (Anatomie). Guyon. 228
— [Patliologie\ Vcrneuil. 24
AÏ50S.
AwiLiB (Whilelaw).
Api (voy. Manioc).
Air (voy. Atmosphère).
Airelle.
— (Pharmacologie).
Auucke.
Aisselle (Anatomie).
— (Pathologie).
AiTKOf (John).
Oally et Gmllat^ ^)
Baiiloa. S53
RevciL STô
TréksLL ôj5
GoyoD. oSl
Dolbeao. 3UI
BeaagnD'I. 361
Aix-kr-Provehce (Eaux minérales d* .
RoCnrem. 361
Aix>u-Cbapellb (Eaux minô-aJes d*).
Id. 363
Aix-lb5-Bain8 (Eanx minérales d').
Id. 367
Aixooy. Bailloo. jho
Ajuoa (voy. BHgle).
Akakia (les). Ghéreau. 3.o
Axée (voy. Dligltia .
AxEKsuie (Marc). Beangruid. 51^
AiuN (voy. Caloiropis).
Auis [Eaux minérales d*\ Rotiireaa. 379
Alambic. Revefl. 379
Alahgier. Bailkm. 39!
Alaxixe. Lutx. 38!{
Alanso!! [Edward). Beaugrand. 384
A lapas (voy. Bardane .
Alaro (Marie-Josepb-Jean-François).
Beaugrand. 3itl
Alaria. BailloD. 381
Alatbrbe. Id. "*♦
Alatmu (Mare-Antoine). Ghéreau. Titô
Albah (Eaux minérales de Sâun-].
Rotureau. y^^
Albanie (Géographie médicale).
Bertillon et Guillard. 38](
.Albaro-Torlno 'voy. Torino,»
Albara. Bailloo. 393
Albâtre. Réveil- 383
Alberge. 3M
.Albers [Jean- Abraham). Beaugrand. 3(»1
Albert le Grand. Chéreau 394
Alberti (Salomon). - Id. 3(^7
Albbrti (Michel). Id. 3W
ALBERTmi (Annibai). Beaugrand. 3&K
ÂLaERTCii (Barthélémy). U.
Albertixi (Bipp. Fr.). Id.
Albin ;Beniard). Ghéreau. 3»
Albin (Bernard-Sifinoi) U.
Albin (Ghri8tian<-Beiiiai^.. Id.
ùBV
ARTIGLLS DL DLUXIÈME VOLUME.
7'J9
Albi!v (Frédéric-Bernard).
Almxishb.
ÂLBITE.
ÂLBUIIE.
— (Pharmacologie).
Albosiiis (Jobannes).
Albrecit (Jean-Pierre).
Alcrecht (Jean-Guillaume).
Alkdga.
A1BUCA8I8.
Albugihé.
ALBOGOnTE.
Aliuco (voy. Comée).
Albuhem.
— (Matière médicale)
Auuih CajEcmi.
Aliomirates.
Id. 400
Trétat. 401
Réveil. 415
Bâillon. 415
Réveil. 417
Chéreau. 417
Id. 418
Id. 418
Bâillon 419
Greenhill. 419
Dechambre. 420
420
Bâillon. 4S0
Réveil. 421
421
WurU. 421
ALBuiniE. P. SchQtxenberger. 422
ALBDHiifijns (voy. Oatùn)
ALaimiKoiDBS (Substances).
P. Schûtzenberger. 428
Albqiiiiiose. 434
ALBOMoiuaiE. Gubler. 454
Alcadro. Beaugrand. 544
Alcahbst. Réveil. 545
Alcalesceuce Gubler. 545
.ALCALraiTKIE. l.utz. 540
Alcalis. Id. 552
ALCALoioE. Malaguti. 553
Alcakha. Bâillon. 560
Alcabsire (voy Kakodyle],
Alcaiab. . Chéreau. 560
ALciB. BaiUon. 560
Alcbebillb. Id. 560
Alcbibib. Chéreau. 562
Ahcmnmm ivoy. Alkmdi).
ALcaoBRis. Bâillon. 570
Alcicobhb. Id. 571
Alcbblle. Id. 571
XuMion. Beaugrand. 572
Alcool. (Chimie,. Wurtz. 573
— (Pharmacie,. Réveil. 575
•^ (Physiologie et Toxicologie).
Perrin. 576
— (Théi-apeutique). Béhier. 592
Alcoolats. Rcgiiauld. 611
Alcoolatures. Regnauld. 614
Alcool<s. Id. 615
Alcoolube (Patliologie] . Lancereaux. 615
~ (Médecine légale) Tourdes. 704
Alcools. Lutz 719
Alooubétbe. Regnauld. 724
Alcorroqub. Réveil 724
Alo<mtde. Lutz. 725
Aldéhydes. Wurtz. 727
Aldrighbtti. Beaugrand. 729
Aldrovande. Chéreau. 729
Ale (voy. Bure,.
Alebrand (de Florence). Chéreau. 730
Albctoria. Bâillon. 731
Albctoroctokum. Id. 731
Albctrtor. • Id. 731
Alemproth (Sel). Réveil. 738
Aléoutes ou Alëoi:tus»5Bs (Iles).
Bertillon et Guillard. 733
Aleptiques (voy. AUplique»),
Alessakdri. Chéreau. 737
Alessaudriri. Id. 737
Alessi (Alexandre). Id. 738
Alessi (de Piémont). Id. 738
Albt (Eaux minérales d'). Rotureau. 738
Aletris. Bâillon. 740
Aleuritbs (Botanique). Id. 741
— (Pharmacologie). Réveil. 7 il
Aleobone. Bâillon. 742
Alezahder (W.). Beaugrand. 742
Alexandre d'Apbbodise. Greenhill 743
Alexardbe de Tballes. Beaugrand. 745
ALextPHARBAQOBS. Roveil. 745
Alexitère. Id. 745
ALftzE. Le Fort. 745
Alpojcsie. Bâillon. 746
.A1.GAUE (voy. Sonde).
Algarobb. Bâillon. 746
Algaroti (Poudre d'). Réveil. 747
Algarutto (Victor). Beaugrand. 748
Algérie (Géographie médicale). Laveran. 748
Alohisi (Th.). Beaugrand. 770
Algiditk. Dechambre. 780
Algies. Bâillon. 781
l'ARib. — mr. BiMOis hj»ço> cr i.aiir., i;L'b ii'liui hth. 1.